06 Expresso 2016

Page 1

Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2017

23 02 2016

L’essentiel FRANCE

P.2

Au PCF, la question primaire

n Lundi soir, le parti communiste s’est réuni pour débattre de l’intérêt d’une primaire à gauche.

FRANCE

Facta, la librairie d’extrême-droite

# 06

La firme recule sur la protection des données privées

Apple vs FBI, la pomme cède

P.3

n A Paris, une enseigne nationaliste a pignon sur rue.

INTERNATIONAL

P.4

Syrie, un cessez-lefeu pour samedi

n Russes et Américains souhaitent apporter un répit au peuple Syrien.

eCo/conso

P.6

Rapport de Bruxelles sur le nucléaire n Pour le démentelement des centrales, la France est à la traîne.

Culture

Le photographe des rockstars

P.8

n Exposition : Renaud Monfourny présente ses portraits de stars.

portrait

Jean Imbert, star sans étoile

P.10

n Le cuisinier, vain-

queur de Top chef 2012, nous ouvre les portes de son restaurant au coeur du huppé XVIe arrondissement.

Apple a été contraint de revenir sur sa décision et accepte de négocier avec la justice américaine (DR.)

n Lundi 22 février, Apple s’est déclaré vie privée de ses clients, avait jusque

prêt à « évoquer la question du cryptage de ses appareils mobiles » avec les autorités américaines. Le géant californien, craignant une violation de la

là refusé tout accord avec le FBI, qui souhaitait avoir accès aux données personnelles de ses smartphones dans le cadre d’une enquête. Page 7


france CODE DU TRAVAIL Le Premier ministre répond à sa majorité

Valls en première ligne n « J’irai jusqu’au bout », a

promis Manuel Valls au micro de RTL ce mardi 23 février. Alors que François Hollande est en voyage officiel en Amérique Latine, le Premier ministre prend à bras le corps le projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail. Tandis que la majorité tangue, il fait de cette réforme, qui vise à assouplir les 35 heures et faciliter le licenciement économique, une affaire personnelle. Le 22 février dernier, il a publié une tribune sur Facebook où il justifie et explique l’intérêt d’une telle réforme. « Notre économie est beaucoup trop

rigide. Il faut casser la logique des demi-mesures », écrit-il. Ce qui n’est pas sans rappeler sa philosophie personnelle déjà évoquée dans son livre publié en 2008, Pour en finir avec le vieux socialisme et être enfin de gauche. Comme si cette réforme en était l’application. « L’opposition entre entrepreneurs et syndicats, entre droite et gauche ne m’intéresse pas, et n’intéresse pas les Français. Appelez ça comme vous voulez : du réformisme, du social-réformisme, du social-libéralisme. Mais il faut avancer » a-t-il d’ailleurs ajouté lundi 22 février lors d’une visite sur la plate-

forme chimique Solvay, près de Mulhouse. Exceptionnellement accompagné de la ministre du Travail Myriam El Khomri et du ministre de l’Économie Emmanuel Macron, Manuel Valls a voulu donner l’image d’un gouvernement uni pour la bataille de l’emploi. En face, on aiguise les couteaux La réforme du travail est contestée par Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste, qui ne votera pas le projet de loi « en l’état » et par Ségolène Royal qui a déclaré qu’« on ne peut pas réformer un pays avec des tensions ». Une

pétition « Loi du travail : non merci ! » a déjà recueilli plus de 320 000 signatures. Moins de deux semaines avant sa présentation en conseil des Ministres. Même s’il se dit ouvert au débat avec les syndicats, ces derniers se réunissent ce soir à 18 heures au siège de la CGT à Montreuil, pour débattre de la loi qu’ils jugent « trop favorable au patronat ». Sont présents l’UNSA, FO, CFE-Cgc, l’UNEF et la CFTC, Fsu, solidaire et l’UNL. « Il ne faut pas s’attendre à une grande décision dès mardi soir. » prévient-on la CGT. o Juliette Sausse et Quentin Ebrard

MAJORITÉ L’extrême-gauche divisée sur la question de la primaire

Quand le Parti communiste veut sauver la gauche

P

lace du Colonel Fabien : PCF. Ici se dresse un OVNI, le siège du Parti, un écrin légué par l’architecte Oscar Niemeyer. Une fois entré, on ne peut que lever la tête. Sous cette coupole scintillante, merveilleuse et apaisante, tout paraît hors du temps. Et pourtant, ils sont là. Dans l’assemblée, la vieille garde du Parti Communiste veille. Eux et leurs souvenirs de mai 68, du « traitre » Mitterrand, de la ceinture rouge parisienne, se sont réunis pour la 4ème édition des Lundis de la Gauche : un rendez-vous proposé par le secrétaire National du PCF Pierre Laurent afin de « favoriser un débat nécessaire à gauche, sur les enjeux de la période et les grands défis auxquels la France est confrontée ». Dans les rangs, quelques santiags, des bretelles, des cheveux grisonnants, des « camarades ». La salle est comble mais âgée. « J’ai adhéré au parti en 1965 » se souvient Vivianne Lebeau, une militante originaire de Seine-Saint-Denis, désormais vestige de la banlieue rouge. « Mon père avait été déporté parce qu’il était communiste ». Le parti, elle l’a dans le cœur. « Nous avons peu de jeunes, mais ils sont très dynamiques », relativise Ghilas Mohand, tout fier de sa commune de Bezons dans le Val d’Oise, aux mains des communistes depuis 1920. Pierre Laurent entre en scène, accompagné de l’écrivaine

02 - EXpresso - Mardi 23 fevrier

PC faisait 22% à l’époque […] Mitterrand nous a bien eu », rappelle Viviane. Aujourd’hui, « on regarde le PS et Sarko, c’est pareil » s’indigne-t-elle. La fracture est douloureuse.

Pierre Laurent lors des « Lundis de la gauche », le 22 février, à Paris

Marie Desplechin, de la maire d’Aubervilliers Mériem Derkaoui et du député EELV Yannick Jadot. Les souvenirs laissent place aux débats du moment : la loi El Khomri sur la réforme du droit du travail, « une mesure très grave » selon Marie Desplechin, la ligne libérale du gouvernement socialiste, la montée du FN, « trop c’est trop » s’indigne Mériem Derkaoui. Jusque là, la salle réagit à l’unisson. Un débat sur fond d’anti-PS Vient la primaire à gauche, voulue par Pierre Laurent, désireux de proposer « un candidat commun sur des engagements de gauche », comme l’avait an-

noncé Libération. Les voix sont cette fois-ci discordantes. Le député d’EELV prend la parole. « C’est bien qu’il soit là », entend-on. Mais quand Jadot pose la question : « Est-ce que le PS doit faire partie de la mobilisation ? », des « NON » prolongés et indignés fusent dans l’assemblée. Yannick Jadot répond alors : « Nous pensons que oui car ce gouvernement ne se résume pas au PS ». L’assistance est prise aux tripes, certains jettent leur stylo sur leur table, n’arrivant plus à s’exprimer par les mots. Le Parti Socialiste n’est pas la gauche à leurs yeux. Et cela remonte à loin, au programme commun de 1981, « alors que le

Pierre Laurent, le fédérateur Le secrétaire national tempère et invite à la « convergence » : « On veut tuer l’espace alternatif à gauche, la pire situation serait de laisser faire […] Je crois à un processus collectif ». Son objectif : bâtir un socle commun pour souder la gauche avant la primaire. « Il n’y a pas de gauche irréconciliable », renchérit Yannick Jadot, prenant le contre-pied de Manuel Valls qui affirmait pourtant l’inverse. Reste que la candidature de Jean-Luc Mélenchon divise : « il nous piège […] nos discussions sont houleuses dans nos réunions », indique Viviane. Au même moment un militant s’interroge : « est ce qu’on ne fait pas cette primaire pour le museler ? ». L’ambiance est cependant décontractée Pas d’invective, mais une volonté d’expliquer. Cette nuit de la gauche tourne peu à peu au meeting pro-primaire. Mais l’assistance reste divisée et difficile à convaincre. Dans un bâtiment éternellement moderne, le militantisme oldschool a du mal à se projeter dans la nouveauté politique. A la sortie, un homme susurre à sa femme « ça reste rigolo ». o Louis Duménil


france FN Le cofondateur du mouvement écrit une lettre à sa fille

Jean-Marie Le Pen menace de créer un nouveau parti n Le drame Le Pen continue. L’ancien président du Front National, Jean-Marie Le Pen, a menacé l’actuelle présidente Marine Le Pen d’agir en dehors du parti si elle ne faisait rien contre « la faille ouverte » qui attire les ambitions chez de potentiels candidats. Pour le vieux chef, ces impétrants réduiraient les « chances de figurer au second tour »

pour le Front national. « Si notre démarche n’aboutit pas, conscients des terribles dangers qui menacent notre patrie, nous ne baisserons pas les bras, et agirons alors, et à regret, en dehors du Front national », a assuré le cofondateur du parti d’extrême droite dans une lettre publiée sur son site internet ce mardi. Exclu de son parti fin août 2015

à la suite de ses propos réitérés sur les chambres à gaz, M Le Pen avait annoncé la création d’un nouveau mouvement « Bleu Blanc Rouge » lors des universités d’été du FN à Marseille début septembre. Réélu député européen en 2004, Jean-Marie Le Pen, malgré ses 87 ans, a du mal à s’imaginer en dehors de la politique. o Norberto Paredes

EXTRÊME DROITE La boutique vend des ouvrages sulfureux

Facta, libraire des écrits réprouvés

A

u 4 rue de Clichy (Paris 9ème), à deux pas de l’immense Eglise Sainte Trinité, se trouve une petite échoppe à la façade grisâtre délabrée. « Livres » peut-on sobrement lire sur la devanture. Bienvenue à la librairie « Facta », spécialisée dans les ouvrages d’extrême-droite. Dès l’entrée, le ton est donné. Un drapeau français et une caricature de Manuel Valls, clamant « Sois Charlie et tais-toi », trônent derrière le bureau du gérant, un homme brun d’une trentaine d’années. Sur les nombreuses étagères en bois ancien, on trouve des ouvrages sur toutes les figures de la droite la plus radicale. D’hier et d’aujourd’hui. Adolf Hitler, le maréchal Pétain, Maurice Barrès, ou encore Alain Soral. Ils sont tous là. Sans oublier le journal de Joseph Goebbels ou des livres sur les Waffen SS. Á l’étage, les ouvrages ont été placés dans de caisses de Saint Emilion Grand Cru. Le parquet craque et un tapis rouge d’époque, avec des motifs, orne le sol. Le bois vieilli inonde la pièce d’effluves qui deviennent presque entêtantes. A s’y méprendre, on se croirait en train de farfouiller dans un vieux grenier d’une maison de campagne. Un public masculin Mais qui sont donc les gens qui fréquentent ce lieu polémique ? Presque exclusivement des hommes, aux cheveux grisonnants, âgés d’une cinquantaine d’années.

allez-vous médecin ? » lui lance le gérant. « Vous avez encore eu des problèmes ? » lui répond-il en pointant du doigt une bombe lacrymogène située près de la caisse. J’apprendrai ensuite que la librairie a été vandalisée par des militants « antifas » en décembre 2013. Des éclats de peinture rouge sont d’ailleurs visibles sur les murs de l’entrée.

La Librairie Facta, à Paris

Á l’étage, un individu chétif, vêtu d’un pantalon noir, d’une cravate rose et d’une veste en cuir, me lance un « bonjour » très furtif, les yeux baissés. Sans doute a t-il peur d’être vu ici. Un autre visiteur, foulard bleu et pantalon beige, bouquine paisiblement dans un coin. Au rez-de-chaussée, un homme aux cheveux blancs vient de faire son apparition. « Comment

Un point de vente convivial Ici, tout le monde ou presque se connaît et se tutoie. « On se verra à la soirée de mercredi prochain » dit un client, la trentaine et l’arrière du crane râsé, au gérant au moment de partir. Peu avant 14h, un homme au teint mat, probablement originaire d’Afrique du Nord, entre dans l’échoppe. Il est venu chercher le livre Dialogues désaccordés d’Alain Soral et d’Eric Nolleau, qui va bientôt être interdit. Et puis il y a cette jeune fille, présente depuis de longues minutes. Coiffée de grandes couettes, elle porte des lunettes rondes et un sac à dos rose fluo. Elle sort en même temps que moi. Je joue les naïfs et la sonde. « C’est vraiment passionnant cette librairie, tu as connu ce lieu comment ? ». « J’avais vu des livres sur l’hindouisme en vitrine donc j’y suis entrée par curiosité mais une fois à l’intérieur, je me suis dit qu’il se passait vraiment un truc bizarre » me répond-elle. Une hindouiste dans une librairie d’extrême-droite. Une surprise de plus au moment de quitter ce lieu haut en couleurs. o Guillaume Poingt

en bref L'évacuation de la zone sud de la jungle de Calais reportée n L’évacuation du sud de la « jungle de Calais » n’aura finalement pas lieu mardi 23 février, a annoncé la vice-présidente du tribunal administratif de Lille Valérie Quemener. Cette décision fait suite à un recours en référé déposé par 250 migrants et dix associations. Ils réclamaient la suspension de l’arrêté préfectoral ordonnant aux occupants du bidonville de quitter les lieux d’ici mardi soir.

Claude Guéant mis en examen n L’ex-secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a été mis en examen mardi 23 février par le pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris pour « complicité de favoritisme » dans l’affaire des sondages de l’Elysée. Une enquête a été ouverte concernant des contrats passés sans appels d’offres à partir de 2007, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avec les sociétés de Patrick Buisson et de Pierre Giacometti.

Horreurs dans l'abattoir n L’association L214 révèle des vidéos sur les conditions indignes dont souffrent les animaux dans un abattoir « bio » du Vigan, dans le Gard. Quatre mois après avoir révélé un cas similaire à Alès, cette association dénonce, images à l’appui, des «scènes intolérables » : défaillance des électrochocs censés faire perdre connaissance, employés sadiques, animaux terrorisés. Pourtant, l’animal est classé « être sensible doué de sensibilité » depuis le 28 janvier 2015 dans le code civil à la place de « bien meuble ».

Enlèvement de Bérényss : le procès est ouvert n Eric Fauchard, le ravis-

seur présumé de Bérényss, est jugé ce mardi 23 février devant le tribunal correctionnel de Briey pour « enlèvement et séquestration ». Le quadragénaire avait enlevé la fillette de 7 ans alors qu’elle faisait du vélo. Après l’avoir retenue pendant 8 heures, le 23 avril 2015 près de Briey, en Meurthe-et-Moselle, Bérényss avait été retrouvée saine et sauve, à 75km de chez elle. L’homme encourt aujourd’hui jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

mardi 23 fevrier- Expresso - 03


international EUROPE Europol met en garde les pays de l’Union sur le Brexit

5000 djihadistes pourraient être en Europe selon Europol n « L’Europe est actuellement confrontée à la menace terroriste la plus élevée depuis dix ans ». Des propos alarmistes qui ont été tenus en début de semaine par le directeur d’Europol, Rob Wainwright, au journal allemand Neue Osnabrücker Zeitung. Selon lui, entre 3000 et 5000 djihadistes seraient actuellement en Europe. Un chiffre qui jette, un froid en pleine campagne sur le référendum autour du Brexit, alors que les pays membres se détournent d’un problème qu’ils semblaient pourtant prendre à bras le corps. Le 23 juin prochain, les Britanniques décideront en effet s’ils veulent oui ou non rester dans l’Union européenne (UE). Un duel au sommet qui voit s’affronter l’actuel Premier ministre anglais David Cameron, et le maire de Londres Boris Johnson. Le premier étant favorable au « in » et le second au « out ». Dans tout ce vacarme, les pays de l’Union semblent s’entendre sur un point : garder la GrandeBretagne dans leur cercle. Fin janvier, Rob Wainwright avait déjà mis en garde l’Europe, lors

Un combattant de l’Etat Islamique (DR)

du lancement officiel à Amsterdam d’un nouveau Centre européen de contre-terrorisme. Le Royaume-Uni en danger

« Cela deviendrait plus difficile pour le Royaume-Uni de protéger ses citoyens contre le terrorisme », avait lancé Rob Wainwright. Compte tenu des structures de renseignement qui sont le fruit d’un travail de longue haleine, tout le système britannique serait en effet chamboulé. Surtout quand on connaît la nouvelle stratégie de l’état islamique (EI) appelée

« frappes obliques ». Autrement dit, demander à un Français de faire un attentat en Allemagne ou en Espagne et, dans le même temps, demander à des combattants allemands ou espagnols de perpétrer une attaque sur le sol français. Daech partirait du principe que les pays européens n’échangent pas toutes les informations sur leurs ressortissants fichés. Une supputation révélée par l’attaque avortée du Thalys au mois d’août 2015. Loin d’être épargnée par la menace, la capitale anglaise est tristement célèbre pour son

« Londonistan » qu’elle tente de combattre. Depuis les attentats de 2005, le pays jugule la menace terroriste sans l’éradiquer totalement. En témoigne l’émergence de prédicateurs islamistes comme le médiatique Anjem Choudary accusé de soutenir l’EI. À l’inverse, une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE serait aussi un désastre pour l’ensemble des pays européens qui ont besoin des renseignements britanniques pour avancer dans la lutte antiterroriste. Les services secrets européens évoquent déjà la création d’ici le 1er juillet d’un réseau virtuel de partage d’informations qui regroupera une trentaine de pays. Avec pour objectif d’harmoniser le renseignement sur le plan européen. Que la GrandeBretagne sorte de l’Union européenne ou non, les négociations auront montré que l’Europe est capable de se fédérer autour d’une cause commune. Un point important pour la mise en place d’une coopération efficace dans la lutte antiterroriste. o Mathieu Ait Lachkar

SYRIE Le président Assad accepte un cessez-le-feu

Partie de poker entre protagonistes du dossier syrien

L

’accord proposé par Barack Obama et Vladimir Poutine pour instaurer un cessez-le-feu en Syrie devrait entrer en vigueur samedi 27 février à minuit. Le président américain a rappelé l’importance de « soulager les souffrances du peuple syrien » et de « se concentrer sur le combat contre Daech ». De son côté, le Kremlin a annoncé qu’il ferait le nécessaire pour que « la trêve soit respectée au sein des troupes gouvernementales ». Le cessez-le-feu est « un signe d’espoir pour la population syrienne » a souligné le patron de l’ONU Ban Ki-Moon, alors que le conflit syrien a déjà fait 400 000 morts depuis 5 ans. Le chef de l’Etat syrien Bachar Al-Assad a fait savoir qu’il acceptait « la cessation des

04 - EXpresso - MARDI 23 Février

hostilités sous certaines conditions ». Il a en outre annoncé l’organisation d’élections législatives le 13 avril prochain, un moyen de maintenir ses opposants sous pression. Le régime continuera ses opérations militaires pour lutter contre Daech, le Front Al-Nostra et les autres groupes terroristes. Les rebelles hostiles au raïs n’ont pas caché leur pessimisme quant au respect de cet accord par l’armée de Bachar Al-Assad. « C’est une perte de temps, c’est un accord difficilement applicable », a affirmé à l’AFP un commandant de la faction rebelle « Brigade 10 » qui combat les troupes loyalistes dans l’ouest et le nordouest du pays. Certaines alliances passées entre des groupes rebelles antiBachar et des combattants terroristes du Front Al-Nostra fragi-

Bachar Al-Assad (DR)

lisent la possibilité d’une trêve durable. Une drôle de guere entre Obama et Poutine

Désormais dans la dernière ligne droite de son mandat présidentiel, Barack Obama souhaiterait trouver une solution rapide au conflit syrien quitte à maintenir pour le moment Bachar Al-Assad au pouvoir. « Il faudra négocier avec As-

sad » avait déclaré le Secrétaire d’Etat américain John Kerry en mars 2015. La Russie, qui mène des frappes aériennes pour le régime syrien, utilise le conflit pour étendre son influence sur le Moyen-Orient. La France qui participe aux actions militaires de la coalition internationale semble quant à elle cantonnée au second rôle diplomatique. o Jean-Victor Semeraro


INTERNATIONAL INDE 19 morts après des émeutes dans le nord du pays

Le pays agité par la lutte des castes

Barack Obama veut fermer Guantanamo n Le président américain Barack Obama a annoncé son plan pour fermer la prison de Guantanamo Bay, située à Cuba, malgré l’opposition du Congrès, tenu par l’opposition républicaine. Ce lieu, symbolique de la dérive de l’après 11 septembre, accueille encore 91 détenus. Il s’agit de l’un des engagements phares d’Obama lors de sa campagne en 2008.

D

ans la plus grande démocratie du monde, la discrimination positive a pris un retour de bâton. Depuis une semaine, les membres de la caste aisée des Jats, qui représente 82,5 millions d’habitants dans le pays, sont vent debout contre ce qu’ils considèrent comme un favoritisme de l’Etat au profit des « castes arriérées » et des Dalits (caste des Intouchables). Ceux qui sont en grande majorité des producteurs terriens réclament des quotas d’emploi dans la fonction publique ainsi que des places pour leurs enfants dans les universités. La province de l’Haryana (Nord du pays), où les Jats comptent pour un quart de la population est rapidement devenue l’épicentre de la contestation. vendredi, Les manifestations se sont muées en émeutes et des milliers de soldats ont été envoyés sur place avec ordre de tirer à vue. Le bilan des violences est de 19 personnes tuées et plus de 200 blessées, a déclaré P. K. Das, haut responsable au ministère de l’Intérieur de l’Etat de Haryana. Propagation jusqu’à la capitale

Samedi, les émeutiers parviennent à obstruer un canal alimentant New Delhi, voisine de l’Etat, à hauteur de 60% de son eau potable. Les quartiers du Nord, de l’Ouest et du Sud

en bref

Migrants : Tsipras contre les nouvelles mesures n Le Premier ministre grec,

Les manifestants ont bloqué les autoroutes à proximité de New Delhi (Reuters, 21 février 2016)

sont durement touchés. Au total, 17 millions d’habitants souffrent de la pénurie. Seules quatre des neufs usines de traitement des eaux ont fonctionné ce weekend. Le chef de l’exécutif Arvind Kejriwal a réagi et déclaré sur Twitter : « L’eau doit être rationnée de manière équitable entre tous. Ecoles fermées demain ». Elles le sont restées jusqu’à hier soir. Neeraj Semwal, haut responsable des services publics de l’eau, a manifesté son objectif de « rétablir complétement sous quinze jours l’approvisionnement en eau ». Les autorités et les manifestants sont finalement parvenus à un accord lundi dans la soirée. Yashpal Malik, qui dirige un

groupe d’organisations représentatives de cette caste, s’est félicité de cette entente entre les deux parties et a annoncé la fin du mouvement. « Nous avons appelé à la fin de l’agitation puisque le gouvernement a accédé à nos demandes » a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. Le compromis trouvé a déjà créé de nouvelles dissensions inter-castes. Selon une tribune du quotidien indien de centregauche The Hindu, les revendications des Jats sont « déraisonnables » étant donné qu’ils sont « relativement prospères puisqu’ils possèdent de nombreux arpents de terre dans l’Etat ».

Alexis Tsipras, a dénoncé mardi les restrictions sur le trajet des migrants empruntant la route des Balkans, ainsi que la passivité européenne sur la question. Tsipras avait obtenu lors du sommet de la semaine dernière la levée de ces restrictions en échange de son soutien à l’accord sur le Brexit. Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrants publié le même jour, 110.000 migrants sont arrivés dans l’UE depuis janvier. 100.000 d’entre eux sont passés par la Grèce.

La Corée du Nord se montre menaçante face à l’alliance américano-sudcoréenne

o Etienne Breil

NIGER Un décompte des votes retardé aux législatives et présidentielles

Des élections laborieuses au Niger n Horaires d’ouverture des

bureaux de votes décalés, manque de matériel électoral et files d’attentes interminables à Niamey... Dimanche, les électeurs se sont rendus aux urnes dans seulement 660 des 25 000 bureaux que compte le pays. Le vote s’est poursuivi pendant deux jours dans plusieurs d’entre eux et a même été reporté au lendemain dans les régions de Tahoua, Agadez et dans le sud de Zinder. L’annonce tardive de la prolongation du scrutin, dans la nuit du dimanche, a provoqué l’ire

des membres de l’opposition. Le Mouvement national pour la société du développement (MNSD) a jugé inadmissible que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) n’informe pas les électeurs des endroits où se déroule le vote le lundi. Des résultats reportés

L’opposition rassemblée dans la Coalition pour l’alternance 2016 conteste également les premiers résultats des élections législatives et présidentielles, qu’elle juge « fantaisistes et

surprenants ». Elle dénonce un « coup de force en préparation ». Tandis que le parti au pouvoir se dit capable de passer au premier tour. Les résultats seront publiés au cours des quatre prochains jours. Ils seront annoncés en français à la télévision nationale installée sur la scène du palais des congrès Quinze candidats sont actuellement en lice, dont le président sortant Mahamadou Issoufou. Surnommé « le lion », ce dernier brigue un deuxième quinquennat. o Clarisse Duppré

Kim Jong-Un (DR) n On s’agite au pays du Matin

calme. Pyongyang a dénoncé mardi la tenue de manœuvre militaire par les armées sud coréenne et américaine. En représailles Kim Jong-Un a menacé d’attaquer la Corée du Sud, ainsi que le territoire américain. Cet exercice militaire, tenu annuellement par les deux pays, sera d’une ampleur sans précédente selon Séoul, en réaction au récent essai nucléaire.

mardi 23 FéVRIER- Expresso - 05


ECO/CONSO NUCLEAIRE Un rapport européen pointe les ratés de la transition française

Alerte sur le démantèlement

A

u lendemain de la COP21, et alors que la France voudrait se tourner vers la transition énergétique, la Commission européenne revient sur les coûts de l’énergie nucléaire. Le texte du « Programme indicatif du nucléaire » européen doit paraître dans les jours à venir. Mais certaines données ont déjà été annoncées, notamment le coût du démantèlement nucléaire des centrales à fermer. Et le verdict pour la France n’est pas glorieux. Selon ce rapport, la France qui était pionnière dans l’installation des centrales, serait largement à la traîne.

Le fort coût d’une transition énergétique

Selon Bruxelles, le coût pour maintenir les centrales européennes entre 95 et 105GW à l’horizon 2050 atteint les 500 milliards d’euros. Cet investissement en nouvelles centrales permettrait de baisser la part du nucléaire européen de 27 % à environ 20%. Pour prolonger la durée de vie des centrales, il faudrait compter entre 45 et 50 milliards d’euros supplémentaires. Outre ces coûts, la Commission s’est interrogée sur la capacité des Etats à assurer le démantèlement des centrales à fermer, ainsi que la gestion de leurs déchets. Pour déconstruire une centrale nucléaire, il faut détruire le réacteur. Une opération compliquée qui consiste à mani-

La centrale de Fessenheim devrait être démantelée en 2018(Maxppp)

puler un matériel irradié, mais aussi à enfermer les déchets nucléaires pour éviter la contamination. Il ne faut pas non plus négliger le coût social de ces démantèlements, assurer la bonne santé des salariés et leur trouver un nouvel emploi. Certains bons élèves ont déjà mis la somme requise de côté, c’est le cas de la Grande-Bretagne ou des Pays-Bas qui ont respectivement provisionné 100% et 94% des frais liés aux futurs démantèlements. L’Allemagne fait également partie des pays prévoyants, avec 83% des frais provisionnés. Mais pour la France, la conclusion est inquiétante. Elle n’aurait en effet provisionné que 31% des frais de démantèlement, ce qui est moins que la moyenne européenne qui se situe à 56%.

La France peut-elle changer sa production d’énergie ?

Même si les frais à envisager restent indicatifs, car une seule centrale au monde a été démantelée en 2005 dans le Maine (USA), il semble avéré que ce coût ne soit pas suffisamment anticipé concernant les centrales françaises. Et cela se retrouve dans les faits : alors que la fermeture de la centrale de Fessenheim était annoncée pour 2017 selon l’une des promesses de campagne de François Hollande, l’échéance a été repoussée à 2018. Par ailleurs, Ségolène Royal, ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, a évoqué à la mi-janvier, sa volonté de « programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales

lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées ». Selon elle, « il faut penser la demande nucléaire de manière intelligente dans un contexte de mix énergétique ». Mais ici aussi, la construction de L’EPR de Flamanville a pris du retard, et ne sera pas terminée en fin 2016, comme annoncé. Au regard de la loi Royal sur la « transition énergétique pour la croissance verte » et de son objectif de faire tomber à 50% la part du nucléaire dans la production d’énergie en 2025, le rapport de la Commission européenne alerte sur les réelles capacités de la France à se défaire de l’énergie atomique. Pourtant, compte tenu des 300 réacteurs qui doivent être démontés d’ici 20 ans, le marché s’annonce prometteur. o Eva Gomez

INDUSTRIE En crise de surcapacité, la seconde économie de la planète vacille

La Chine s’engage à diminuer sa production n A Bruxelles, le 22 février dernier, travailleurs et patrons de la sidérurgie européenne défilent comme un seul homme. Si l’image a de quoi étonner, l’enjeu est de taille. Ils protestent contre l’arrivée sur le marché d’un acier chinois en quantité astronomique et à des prix défiant toute concurrence. Une crise symptomatique des récentes fluctuations du cours des matières premières provoquées par la surproduction du géant asiatique. Les plans de relance qui se sont succédés en Chine depuis la crise de 2008 ont contribué à faire du pays un immense chantier à ciel ouvert. Fiscalité avantageuse, politique monétaire accommo06 - Expresso - MARDI 23 février

dante, crédit attractif, créations d’entreprises publiques, tous les moyens étaient bons pour maintenir artificiellement un taux de croissance à deux chiffres. Résultat, l’Empire du milieu a produit en deux ans plus de béton que les Etats-Unis tout au long du XXe siècle, et plus d’acier que deux fois le Japon, les USA, l’Inde et la Russie réunis. Mais en plein ralentissement économique et face à la faiblesse de la demande intérieure, la Chine ne sait plus quoi faire de ses excédents. Nombre de scieries sont donc contraintes de marcher au ralenti, un millier de mines de charbon vont être fermées, la centaine de chantiers navals du pays est paraly-

sée, et les cimenteries publiques tournent à 70% de leur capacité. Pire, la remontée des taux d’intérêts fait encourir au pays le risque d’une crise bancaire. Le protectionnisme envisagé

« Les surcapacités sont depuis longtemps une plaie de l’industrie chinoise, mais la situation a empiré avec de profondes répercussions sur l’économie mondiale et sur la croissance du pays», a prévenu la Chambre de commerce de l’UE en Chine dans un rapport publié lundi. Conscient de la nécessité de réduire la voilure, Pékin, qui souhaite par ailleurs engager une transition économique vers l’industrie technologique et les

services, a donc promis d’agir. Les normes devraient se durcir dans les secteurs concernés, les fusions-restructurations être encouragées et les subventions suspendues. Mais les administrations locales qui sont au cœur du système industriel font de la résistance, par peur de perdre de précieuses recettes fiscales et de devoir endosser la responsabilité d’un chômage croissant. De quoi mettre la pression sur le gouvernement chinois, auquel Bruxelles et Washington ont d’ores et déjà promis de répondre par des mesures protectionnistes s’il ne régule pas rapidement sa production. o Maxime Jaglin


ECO/CONSO ETATS-UNIS La justice fait pression

Apple ouvert à un accord avec le FBI

A

lors que Mark Zuckerberg, créateur de Facebook, déclarait lundi 22 février « compatir avec Tim (Cook) et Apple » dans leur combat contre le FBI et que Bill Gates, cofondateur de Microsoft, condamnait le géant californien, Apple a brusquement fait marche arrière. L’entreprise a publié un communiqué dans lequel elle s’est dite prête à « évoquer la question du cryptage de ses appareils mobiles », mettant un terme à un feuilleton de plusieurs jours avec la justice américaine. Tout commence mardi 16 février, lorsque le tribunal de Los Angeles demande à Apple de créer un logiciel capable de transmettre au FBI le contenu du smartphone d’un des auteurs de la tuerie de San Bernardino (Californie), qui a fait 14 morts début décembre. Jusque là, rien d’anormal, puisque la justice américaine peut, lorsqu’elle

enquête sur un crime, solliciter les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) pour avoir accès à des données protégées. Sauf que cette fois-ci, la firme émet un refus catégorique de collaborer. Une menace pour la vie privée des utilisateurs

Car Apple craint qu’un tel outil, capable de débloquer n’importe quel iPhone, puisse être utilisé à d’autres fins par les services de renseignement américain, menaçant ainsi la vie privée et la sécurité de ses clients. Une crainte justifiée par Tim Cook, PDG du géant californien, dans une lettre ouverte destinée à ses clients et publiée sur le site de la marque. Il accuse notamment l’ordre du tribunal de « dépasser largement le cadre légal » et voit dans la création d’un tel logiciel une « porte dérobée pour l’iPhone », une sorte de portail d’accès secret au smartphone de chaque utilisateur. Le choix

FISCALITE Le Rocher et l’UE envisagent la fin du secret bancaire

Monaco, tout en transparence

n Après la Suisse, le Liechten-

d’Apple de s’opposer à la justice américaine est rapidement salué par plusieurs associations de défense des libertés civiles, ainsi que par certains grands patrons comme Sundar Pichai, qui dirige Google. Pourtant, Apple est revenu hier sur sa décision. Contre toute attente, l’entreprise s’est montrée favorable à la création d’un groupe d’experts pour évoquer le cryptage de ses appareils mobiles, en échange d’un « effort » de la part des autorités qui devront cesser de les forcer à débloquer l’iPhone de

200 patrons contre le Brexit n Une sortie du Royaume-

Bolloré lorgne sur l’empire Berlusconi

Deux ans d’adaptation

Vue aérienne de la principauté de Monaco(AFP)

120 milliards euros d’actifs et représente 17% du PIB du pays, voit fondre le nombre ses banques, suite au départ des fraudeurs. o Jeanne Fremin du Sartel

la discorde. Cette décision, qui met un terme à un affrontement sans précédent entre Apple et la justice américaine, risque de faire date dans cette nouvelle guerre de la cryptographie. Une question particulièrement sensible aux Etats-Unis depuis 2013 et les révélations du lanceur d’alertes Edward Snowden sur le programme d’espionnage massif de la NSA. Ce scandale inédit avait placé la question de la protection des données des utilisateurs au coeur de toutes les préoccupations. o Adrien Marchais

en bref Uni de l’Union européenne « menacerait l’emploi et mettrait en danger l’économie du pays », ont averti mardi 23 février 198 patrons ou hauts responsables d’entreprises britanniques dans une lettre ouverte dans le journal The Times. Parmi eux : 36 présidents ou DG des 100 entreprises les plus cotées à la Bourse de Londres.

stein, Saint-Martin et Andorre, c’est au tour de Monaco. Lundi 22 février l’Union Européenne (UE) et la Principauté monégasque ont signé la fin du secret bancaire. A partir du 1er janvier 2018, le Rocher et Bruxelles échangeront automatiquement les informations sur les comptes bancaires ouverts à Monaco par les citoyens européens. « Le souhait du prince et du gouvernement monégasque, c’est d’en finir avec une image de paradis fiscal » a expliqué le commissaire européen aux Affaires économiques et à la Fiscalité, Pierre Moscovici. Cela fait sept ans que Monaco s’est engagé sur la voie de la transparence. Pourtant, à l’image de la Suisse, la Principauté se laisse encore deux ans avant d’automatiser l’échange d’informations. De quoi laisser aux exilés fiscaux le temps de régulariser leur situation, et au Rocher celui de trouver un autre équilibre économique. La place financière, qui gère

Le PDG d’Apple Tim Cook (DR)

n Le musée Vivendi, contrôlé par l’homme d’affaire Vincent Bolloré, a des ambitions internationales. Dans son viseur : l’Italie. Selon le Corriere della Sera, Vivendi a lancé une OPA au sein de Mediaset Premium, filiale du groupe audiovisuel appartenant à la famille Berlusconi. Le journal italien fait état d’une offre de 900 millions d’euros investis en numéraire et en actions dans l’équivalent italien de Canal+. Une offre jugée insuffisante par le clan Berlusconi.

Orange s’associe à Google pour équiper l’Afrique de smartphones n Orange et Google s’at-

taquent au marché africain et moyen-oriental en proposant le Orange Rise 31 accompagné d’un forfait 3G à 40 euros tout inclus. L’idée est d’exploiter le réseau d’Orange et les services mobiles Google afin de « développer les services et les contenus locaux » déclare Orange.

Mars rappelle ses barres chocolatées n Mars, Snickers, et bonbons « Celebrations », le géant américain du chocolat a décidé ce mardi 23 février de rappeler ses barres chocolatées après qu’un consommateur a trouvé « un petit bout de plastique » dans un de ces produits. Dans un communiqué, l’entreprise de confiseries a précisé vouloir éviter « que les clients qui ont acheté un de ces produits le consomment », et que seules les confiseries fabriquées aux Pays-Bas sont concernées. MARDI 23 février - Expresso - 07


Culture VISITE Exposition à la Maison Européenne de la Photographie

Les rockstars dans l’oeil de Monfourny

A

peine pénètre-t-on dans l’exposition Sui Generis, que l’intime se dévoile à nous. Patty Smith, la mythique « marraine du punk », est à notre gauche. Elle nous accueille détendue, avec ses cheveux toujours aussi défaits. Voici l’univers dans lequel nous invite Renaud Monfourny à la Maison Européenne de la Photographie. Il s’agit d’un monde où ces gens, ces stars du rock, sont hors de leur élément mais naturels et authentiques, à l’image de leur musique. On se situe dans l’intime, mais pas dans le malsain.

L’artiste baigne en pleine lumière, appuyé légèrement sur sa voiture, une superbe Oldsmobile ; cette photo est prise sur l’instant, alors que Monfourny accompagnait Young, qui profitait d’un répit entre deux sessions photos. Seul reproche à cette exposition, l’éclairage de la salle. Parfois trop puissant, ce qui efface la sensibilité des portraits. Un style inimitable

Des portraits naturels et décalés

Les photos sont toutes prises selon la même méthode. Délaissant les studios, Renaud Monfourny ne donne pas d’instruction à ses sujets. Certains improvisent donc un sourire, mais la plupart semblent un peu perdus, laissés face à euxmêmes. Un effet désiré, parfois accentué par le photographe. On y retrouve donc PJ Harvey en robe de soirée, en pleine campagne devant des vaches confuses ; Bobby Gillespie, droit comme un I alors que Monfourny a penché le cadre ;

La marraine du punk, Patti Smith (Renaud Monfourny)

Iggy Pop, le corps décharné, mais libre comme un oiseau après avoir échappé temporairement à la surveillance de son agent. Meg et Jack White, de White Stripes, en pause cigarette mais regardant dans deux directions opposées. « Ce qui m’a plu, c’est l’unité de noir et blanc » affirme

Michael, 38 ans. « Ca donne l’impression qu’on est dans une autre époque ». C’est vrai, le noir et blanc y est particulièrement travaillé. La lumière y est crue, mais pas cruelle. Les portraits sont sans complaisance ni concession. Une exception notable, la photo de Neil Young, prise à Los Angeles en 1997.

« Je connaissais déjà son travail, que je vois régulièrement dans les Inrocks » poursuit Michael. C’est dans ce magazine en effet que se déploie régulièrement l’art de Renaud Monfourny. Photographe de la culture rock et pop, il développe depuis plus de trente ans son propre style, Sui Generis en latin. Une façon de faire qui met la rencontre humaine au cœur de l’art, plutôt qu’une grande maitrise technique. Mais, derrière ces portraits, c’est toute une page de l’histoire du rock qui se dévoile, d’elle même. o Benjamin Alcaïde

: Exposition Sui Generis, Maison Européenne de la Photographie, disponible jusqu’au 27 mars

MIGRANTS Les artistes sont de plus en plus nombreux à s’impliquer en faveur des réfugiés

Le monde de la culture retrouve l’engagement politique n Ces derniers temps, les initiatives se multiplient. Alors que l’Europe fait face au plus gros défi migratoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde de la culture monte sur le devant de la scène médiatique. Une visibilité accrue

Dernier exemple en date, la venue de Jude Law dans la « jungle » de Calais dimanche 21 février. L’emblématique acteur est venu aux côtés de plusieurs personnalités britanniques du spectacle pour alerter l’opinion sur le sort des mineurs isolés. L’action faisait suite à une lettre ouverte au Premier ministre David Cameron destinée à attirer son attention sur ce problème. Au même moment, dans l’Hexagone, Jack Lang, Denis Podalydès ou encore Arnaud Desplechin interpellaient François Hollande sur le siège 08 - Expresso - mardi 23 février

d’Alep : « Nos générations ont accédé aux responsabilités sous le serment de ne plus laisser commettre dans l’impunité des crimes contre l’humanité. Pourtant, après Srebrenica 1995 ou Grozny 2000, Alep 2016 s’annonce comme un nouveau reniement. » « Alep vivra », proclament-ils dans Libération ; tandis que dans Le Monde, ils sont 260 à s’élever contre l’évacuation du camp de migrants de Calais. Cela fait suite à « l’Appel de Calais » d’octobre 2015, signé par plus de 800 cinéastes, écrivains, philosophes, chercheurs ou intellectuels. Et si les personnalités du monde de la culture utilisent la tribune médiatique pour alerter l’opinion publique, le réel surgit aussi dans les productions artistiques. Le retour du réel dans l’art

De Dheepan - palme d’or 2015 qui suit le quotidien d’une famille de réfugiés sri-lankais

Jude Law venu faire un discours à Calais (AFP/Philippe Huguen)

en France -, à Fuocoammare, documentaire italien sur les conditions de vie des migrants à Lampedusa et ours d’or de la Berlinale 2016, le cinéma s’empare de la crise migratoire. Pour le réalisateur Nicolas Klotz, signataire de « l’Appel de Calais », c’est une manière de lutter contre « l’immense sentiment d’impuissance » face au flux d’informations. Mais

plus largement se dessine un nouveau paradigme de l’engagement politique dans l’art. Alors que l’artiste engagé a été une figure majeure de la vie politique du vingtième siècle, il semblerait que le vingt-etunième siècle marque le retour du réel dans l’oeuvre d’art, devenue à son tour tribune politique. o Elise Koutnouyan


Sport FOOTBALL Les recours judiciaires se multiplient à quelques jours de l’élection

FIFA : le changement, c’est maintenant ?

M

A la FIFA, la passation de pouvoir ne sera pas de tout repos. C’est à peu près la seule certitude à trois jours de l’élection du nouveau président de la Fédération internationale de football. Cinq concurrents sont en lice pour succéder à un Sepp Blatter déchu. Deux hommes font figure de favori, le secrétaire général de l’UEFA Gianni Infantino et le président de la Confédération Asiatique Salman Bin Ibrahim Al-Khalifa (AFC). Mais deux outsiders sont bien décidés à leur compliquer la tâche, en multipliant les recours judiciaires de dernière minute. C’est ainsi que le Prince jordanien Ali a saisi mardi 23 février le Tribunal Arbitral du Sport

port pur et simple de l’élection. Une demande qui fait suite au refus de la FIFA de mettre en place des isoloirs transparents lors du vote, comme le demandait le Prince Ali lors d’une première saisine du TAS lundi 22 février. « Seul un isoloir transparent permettrait de prouver que chaque votant vote bien en son âme et conscience et qu’il n’y pas eu de vote forcé », expliquait samedi l’un des avocats du prince jordanien. Une requête en chasse une autre Le prince Ali de Jordanie, candidat à la présidence de la FIFA (Muhammad Hamed—Reuters)

(TAS), la plus haute juridiction sportive, pour demander le re-

Le même jour, un autre concurrent, dénonçait le nombre élevé, selon lui, « d’observateurs » de l’UEFA et de l’AFC, des fédérations acquises à la cause des deux favoris. Pour Jérôme Champagne, qui a fait remonter sa plainte au président de la

commission électorale ad hoc de la FIFA, Domenico Scala, « le grand nombre d’accréditations supplémentaires accordé, 20 pour l’UEFA et 7 pour l’AFC, entre en violation du principe d’égalité » et augmente le risque de corruption. La bataille entre les prétendants est à l’image de l’ampleur de la mission qui attend le prochain président de la FIFA. Après une succession de scandales et d’enquêtes, qui a culminé avec la suspension pour 8 ans de l’ancien président et de son successeur désigné, Michel Platini, il faudra réussir à retrouver la confiance du public et des sponsors. Et réformer en profondeur un système gangréné par l’argent, pour restaurer la crédibilité de l’institution. o Laure Hanggi

SPORTS EXTRÊMES Les spots de surfeurs des DOM-TOM menacés par les attaques de requins

Les dents de l’Outremer n Très attendue, la première compétition de surf à La Réunion depuis 2013 s’est déroulée les 20 et 21 février sur les spots des Roches Noires ou de Boucan Canot, à St Gilles les Bains. Cinq ans après le début de la « Crise des requins », le champion mondial de surf à l’initiative de l’événement originaire de l’île, Jérémy Flores, raconte « Il y a encore un an, personne ne croyait cela possible. [...] Personne ne croyait au retour du surf ». Depuis 2011, 18 personnes ont été victimes d’attaques de requins. Un arrêté préfectoral du 26 février 2013 a interdit la pratique sportive en raison de « la présence anormalement élevée de requins particulièrement agressifs » faisant passer le nombre de licenciés à la Fédération Française de Surf

(FFS) de 1600 à 400 en 2015. Les squales, menace numéro un En 2015, les Dom-Tom détiennent le triste record de mortalité due aux attaques de requins. Mardi 23 février, c’est un autre paradis du surf en Outre-mer qui a été touché. Un jeune Kitesurfeur de 21 ans a été mordu sur la côte de Nouméa, en Nouvelle Calédonie. Le lagon calédonien, très prisé des kites surfeurs qui comptent parmi les meilleurs du monde, subit fréquemment les assauts de requins- tigres qui confondent les sportifs avec leurs proies. A la réunion, ce sont les requinsbouledogues que vise le projet Cap Requins 2. Deux spécimens de près de 3 mètres ont été pêchés mercredi 27 janvier, un mois

Mick Fanning tente d’échapper à l’attaque du requin (WSL / AFP) après la pose de filets de sécurité au large des plages fréquentés par les surfeurs. Estimés à deux millions d’euros pour l’installation et 600 000 euros de maintenance chaque année, ces filets ont été salués par la

population comme par les professionnels de surf qui considèrent ces mesures de sûreté comme un tribut nécessaire à la reprise des activités sportives qui font le succès de leur île. o Juliette Bourgeois

nault possède l’Alpine depuis 1973 et les modèles de cette gamme sportive ont connu un franc succès à la fin des années 2000.

cutif de l’Agence antidopage russe (Rusada), de disparaître à 52 ans dimanche 14 février. Une succession de décès qui intrigue alors que ces deux piliers de l’athlétisme russe avaient annoncé détenir des informations sur le scandale qui éclabousse le milieu. Le 9 novembre, un rapport de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a décrit par le menu l’existence d’un dopage d’Etat en Russie.

en bref Le footballeur camerounais Roger Milla s’engage pour l’écologie n Plus vieux buteur de la coupe du monde de 1994 à 42 ans, le sportif désormais retraité participe à un projet de recyclage des déchets plastiques en une forme de ciment. Cette transformation des déchets expérimentée à Yaoundé, la capitale, a déjà permis de produire des milliers de

pavés en plastique recyclé qui possèdent l’avantage d’être imperméables.

Renault ressuscite sa mythique ligne de sport n La marque l’Alpine, dont la

production avait cessé depuis deux décennies est relancée par le groupe automobile sous le nom de « Vision ». La production de ces voitures de sport d’élite devrait être lancée en série d’ici 2017. Re-

Troublants décès dans l’athlétisme russe n Après la mort de l’ ancien patron de la Rusada, Viatcheslav Sinev le 3 février, c’est au tour de Nikita Kamaïev, ancien directeur exé


Expresso

23 02 2016

# 06

portrait L’ex-Top Chef cultive ses légumes et son originalité

Jean le généreux

P

our définir sa cuisine, Jean Imbert préfère demander à ses commis. Il y a « Raphou, Antoine et Camille », des jeunots. « La valeur n’attend pas le nombre des années », dit-il. Lui, a ouvert son restaurant « L’acajou » en 2004 à seulement 22 ans. « Quand les clients demandaient à voir le chef, et que j’arrivais, ils disaient « non je veux voir le vrai chef » et je répondais « désolé mais c’est moi ». Très tôt, Jean Imbert a voulu devenir cuisinier, une vocation. A 10 ans, il commandait au Père Noël des casseroles en cuivre. Il entre à l’école Bocuse, après un bac général puis fait ses classes dans plusieurs étoilés Michelin. Pas le temps de regarder la télévision et pourtant c’est elle qui va lui donner une autre dimension. En 2012, M6 le déclare roi de Top Chef saison 3. Parmi ses plats emblématiques, le célèbre carpaccio de fruits frais réalisé pendant l’émission. Jean Imbert, nonchalant au premier abord, assume son côté compétiteur. « Celui qui gagne c’est celui qui a le meilleur mental » dit-il. Depuis, le surnom de roi Jean est resté. Nous préfèrerons Jean le généreux.

Le virtuose des saveurs

Il nous reçoit au milieu de sa cuisine. Accoudé au plan de travail, perché sur un tabouret, le pied dans le plâtre à cause d’un match de basket, il supervise. « Camille tu gères ? je suis un

de chez lui en plein Paris, on peut trouver une cinquantaine de sortes de fruits, légumes, et herbes. Un plus grand en Bretagne est en construction. Contre la malbouffe

Jean Imbert « Ce que j’aime c’est réunir les gens » (M.Etchegoyen)

peu stressé là ». Pas de « OUI CHEF », ici c’est Jean, tout simplement. Au menu ce soir, Saint Jacques d’Erquy / Légumes d’hiver, Raviole / Foie gras / Hibiscus, entre autres. L’assiette est inspirée, graphique et moderne. Il le dit lui même « On goûte avec les yeux ». Jean Imbert est né à Paris, mais

se sent plus breton que parisien. La faute à tous ces week-ends passés dans la maison familiale de Sables-d’Or-les-Pins. Un père relieur, une mère au foyer, deux jeunes frères, et autant de bouches à émerveiller. En bon chef locavore, il veut savoir d’où viennent ses produits. Dans son potager ,sur le toit

Autre projet et autre engagement, cette fois contre la malbouffe, « Les bols de jean ». Le concept : un bol de pain remplis de produits de saisons, issus d’une culture responsable. Une sorte d’anti-fast-food. « L’an dernier on a vendu 1 milliard de burgers en France, je voulais montrer qu’on peut faire autre chose. La mal bouffe c’est mauvais pour soi et pour la planète ça fait beaucoup », s’exclame celui qui dit ne jamais avoir mis les pieds dans un Mc do. Jean Imbert est un passionné, de cinéma et de sports. Encore la compétition. Il joue au foot en division Honneur, est classé au tennis et au golf. Sa cuisine, il la vit comme un sportif de haut niveau : du travail, de la rigueur, de l’exigence, un certain rythme de vie. A l’aise dans ses baskets, il incarne une nouvelle génération de chefs à la fois branchés, créatifs, charismatiques et incollables sur la gastronomie française. Des vedettes, il en a rencontré plein. Il a même cuisiné pour ses idoles, De Niro et Johnny. Ne reste plus que Michael Jordan, le héros qu’il vénérait petit. Jean Imbert est le chef des stars, lui la star sans étoile. Sans doute son prochain défi. o Inès Lagdiri

expresso INSOLITES Augustes commodités

Micro-histoire dans la grande

Elle & Lui

n Rien n’est trop beau pour une princesse. Le Cambodge en a eu la démonstration lundi 22 février lors de la venue d’une princesse thaïlandaise qui a nécessité la construction de toilettes près du lac Yeak Lom, où se rendait sa majesté, moyennant la modique somme de 40.000 dollars, selon les autorités du pays. Coquace quand l’on sait que 60% des habitants n’ont pas accès aux latrines. Aussitôt monté, aussitôt démonté, l’équipement bien que « très moderne » et « très bien » - comme le décrit le gouverneur de la province Nhem Sam Oeun. Les WC ont dû être démontés car uniquement réservés à la famille royale et transformés en poste de sécurité pour les touristes.

n L’histoire par le petit bout de la lor-

n Elle, Brigitte Barthélémy. Lui, George

10 - Expresso - MARDI 23 FEVRIER

gnette : un livre publié par deux historiens affirme qu’Adolf Hitler était doté d’un micropénis (moins de 7cm en érection, ndlr), relaie le quotidien britannique The Telegraph. La raison de la petitesse : une malformation de l’urètre, l’hypospadias. Jonathan Mayo et Emma Craigie affirment avoir eu accès à des dossiers médicaux du dictateur allemand, dont l’exercice du pouvoir a causé la mort de millions de personnes entre 1933 et 1945. Ce qui se passait sous la ceinture du dirigeant du sombre IIIème Reich semble fasciner : en décembre un historien allemand affirmait qu’Hitler ne possédait qu’un seul testicule.

Boorujy. Un jour d’octobre 2013, Georges lance dans la baie de New-York une bouteille à la mer contenant une lettre contenant ses coordonnées et un dessin d’un cormoran, l’oiseau de mer, qu’il a lui-même réalisé en sa qualité d’artistepeintre. Le 22 février 2016, trois ans après, sur une plage d’Aquitaine, Brigitte, en goguette, retrouve la dite-bouteille et chose inouïe : elle est peintre, elle aussi. L’histoire ne se conclue pas par une histoire d’amour, mais George Boorujy, ravi que son message ait trouvé destinataire, espère avec ses bouteilles à la mer, attirer l’attention sur son combat pour la protection des animaux.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.