Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2018
12 01 2017
L’essentiel FRANCE
P.2
Yannick Jadot dans l’arène
n Contre le statu quo, le candidat écologiste présente un programme optimiste.
INTERNATIONAL
# 07
L’épidémie de grippe sature les établissements
Les hôpitaux publics pris à la gorge
P.4
Trump destabilisé avant son investiture
n Un nouveau rapport alimente les soupçons affirmant que l’élection américaine aurait été manipulée par les Russes.
eco/conso
P.6
Les ventes privées mieux que les soldes
n Les fans de shopping se tournent vers des sites offrant des promotions permanentes.
Culture/Sports P.10 L’Histoire de France vue autrement
n Patrick Boucheron et 122 contributeurs proposent un regard original dans leur ouvrage « Histoire mondiale de la France ».
Dossier spécial
Revenu Universel
n Au programme de
nombreux candidats, le revenu universel se présente comme un sujet phare de la campagne présidentielle.
n Alors que l’épidémie de grippe pour- hôpitaux à reporter les opérations non
rait culminer la semaine prochaine, Marisol Touraine a indiqué que les urgences avaient atteint « les limites de leurs capacités ». Elle a appelé les
immédiates pour les désengorger. Une situation qui se répète pourtant chaque année, provoquant la colère des médecins urgentistes. Page 3
FRANCE ECOLOGIE Une alternative « entre libéralisme débridé et nationalisme étriqué »
Jadot sème son programme
«Q
ue le programme que je porte t r o u v e l’écho qu’il mérite ». Dans cette phrase se trouve probablement l’esprit qui accompagne la campagne présidentielle de Yannick Jadot, récemment élu candidat du parti Europe Ecologie – Les Verts pour 2017. L’enjeu étant d’abord de se faire entendre alors que plusieurs candidats de la gauche se revendiquent aussi de l’écologie politique. Il a profité hier de ses vœux à la presse pour présenter son programme. L’écologie tout le temps
La planète, la biodiversité, la santé des citoyens, sont abordés « seulement lors de courts épisodes de la campagne électorale ». « Si ces promesses étaient respectées, aujourd’hui il n’y aurait plus besoin d’écologistes », se navre Yannick Jadot. Le parti écologiste se doit donc de présenter à nouveaux ses idées à la présidentielle. Pour qu’elles existent au moins une fois par quinquennat. Pour le parti des Verts, il s’agit de ne pas céder à ce qu’on nomme TINA : « There Is No Alternative » (« il n’y a pas d’alternative »). C’est à dire ce le défaitisme, le « déclinisme ». Yannick Jadot souhaite présenter un projet qui fasse fi des dé-
Yannik Jadot lors d’une conférence (DR)
bats jugés stériles. Un exemple, les menus dans les cantines scolaires : il faut contourner la question d’un second menu et opter pour un menu végétarien obligatoire. Face à « des partis qui présentent toujours les mêmes recettes » et des discours qui se clôturent par « Vive La France », Jadot propose son slogan : « La France Vive ». « Démocratie vivante »
Le programme était présenté au rez-de-chaussée d’un bâtiment
appelé « VOLUMES coworking », un espace moderne de travail en commun, choisi parce qu’il symbolise la « fascination pour les start-up » du parti écologiste. A bas l’image décroissante et anti-tout dont souffrent souvent les écologistes. Le candidat souhaite se faire le porteparole de la société civile, des associations, des projets initiés par le bas. L’écologie passer par la reconquête des territoires. Le candidat souhaite mettre l’accent sur
les infrastructures un service public digne de ce nom. Surtout, il souhaite donner 1% des bénéfices de l’agroalimentaire à la production écologique ou paysanne. Jadot les électeurs frontistes, à qui il oppose « Une France inventive et imaginative ». C’est presque à une caste qu’il semble s’adresser lorsque Yannick Jadot promet de « s’attaquer de front aux rentiers du vieux monde ». Poutine, l’Arabie Saoudite, le Quatar, autant de dictatures aux agissements sombres et dont les régimes sont nourris par le pétrole. Pour empêcher les courbettes aux « dictateurs » et reprendre en main la politique, il faut « remettre le pouvoir des multinationales et la finance dans les mains des citoyens ». Contre le « tout croissance »
Pas explicitement décroissant, Yannick Jadot doit composer avec deux tendances qui cohabitent au sein de son parti : les partisans d’une transition énergétique, une forme de plan Marshall vert, et les décroissants, partisans d’une réduction nette de la production nationale. Concrètement, il mise sur l’économie circulaire, le zéro déchets, ou encore la lutte contre la publicité à destination des jeunes. o Tom Umbdenstock
La division fratricide des écolos
EN BREF
n Cinq années de gauche au
Laurence Haïm rejoint Macron
pouvoir ont eu raison des écologistes. Europe Ecologie-Les Verts, qui était déjà sorti très affaibli de la présidentielle en 2012 avec un score de 2,31% au premier tour, a littéralement éclaté. Les reculs de François Hollande sur Fessenheim et Notre Dame des Landes ont créé une division insurmontable. Entre ceux qui ont décidé de rejoindre l’opposition en restant au sein du parti historique et ceux qui ont créé leurs mouvements en soutien au gouvernement, le divorce est consommé. Une dissonnance des discours
Alors que Emmanuelle Cosse et Jean-Vincent Placé occupent toujours leurs ministères, les membres d’EELV construisent leur programme en opposition avec le PS et le gouvernement. 02 - EXPRESSO - JEUDI 12 JANVIER
Cette dissonance des discours pourrait bien mettre de nouveau à mal le courant écologiste déjà en recherche de voix. Crédité de 1 à 1,5% des intentions de vote selon un sondage Elabe du 5 janvier pour les Echos, EELV pourrait réaliser le plus mauvais résultat d’un mouvement écologiste depuis la candidature de René Dumont en 1974. Ce score est d’autant plus envisageable que Yannick Jadot n’est de plus pas le seul à se présenter à l’élection présiden-
tielle chez les écologistes. A la primaire de la gauche, l’exprésident d’EELV et fondateur du Parti Ecologiste François de Rugy ainsi que le le leader du Front Démocrate Jean-Luc Benhammias se revendiquent du débat environnemental. S’ils ont respectivement peu de chance de l’emporter, ces deux candidats veulent démontrer que les frontières de l’écologie politique sont en train de s’effacer. o Thibault Godet
Daniel Cohn Bendit au meeting de Macron
L’ancien pilier d’Europe Ecologie-Les Verts est venu écouter l’ex ministre français de l’économie en campagne lors de son meeting à Berlin mardi 10 janvier. S’il a annoncé ne pas faire campagne pour le candidat, l’ex-leader des manifestations de mai 1968 a dit au Parisien qu’il ne resterait pas muet lors de la présidentielle. Emmanuel Macron est « le seul qui ait une chance de nous éviter un duel Le Pen/ Fillon » a-t-il déclaré en marge de l’événement.
n La journaliste d’Itélé a
annoncé mercredi rejoindre l’équipe du candidat à l’élection présidentielle où elle tiendra le rôle de porte parole. Emmanuel Macron pourra aussi compter sur l’économiste Jean Pisani-Ferry qui a démissionné de France Stratégie.
Fillon reconnait une erreur n Le candidat des Républi-
cains a annoncé qu’il referait des propositions en matière de santé et de sécurité sociale d’ici le mois de février. Sur BFM TV, il a avoué que lui et son équipe n’avaient pas été « bons » ni « clairs » en la matière.
FRANCE SANTE Les hôpitaux à nouveau pris de court face à l’épidémie de grippe
Urgence chronique Alors que l’épidémie de grippe pourrait ne pas avoir encore atteint son pic, la ministre de la santé annonce des mesures pour désengorger les urgences débordées. Le personnel désabusé regrette un manque d’anticipation systématique.
sont déjà appliquées, avec le plan « hôpital en tension » prévu en cas d’afflux massif de patients. « Mais ça ne suffit pas, 50% des personnes qui arrivent à l’hôpital se présentent directement aux urgences. Et on a de plus en plus de personnes âgées, qui restent plus longtemps ».
l n’est que 9h aux urgences du Kremlin-Bicêtre (Valde-Marne), et pourtant les couloirs sont déjà obstrués par des brancards. Les patients allongés sont pour la plupart des personnes âgées. Sous perfusion et en caleçon, une fine couverture jaune pâle les recouvre. Aujourd’hui, 27 personnes n’ont pas obtenu de lit. Avec la virulente épidémie de grippe qui sévit cette année, les urgences « ont atteint les limites de leurs capacités », a déclaré mardi Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui appelle désormais à reporter les opérations et les soins non urgents. Mais pour le Docteur Raphaël, chef de service des urgences de l’hôpital, ces annonces sont surtout de la communication. Les mesures dont parle la ministre
Pénurie de lits
I
Le casse-tête est de trouver des lits pour les patients. Dans l’immédiat, dix ont été ouverts dans le service d’urologie de Kremlin-Bicêtre pour les cas de grippe. Les médecins de différents services s’y relaient. « Quand il y a une épidémie, on passe à 30 personnes en attente de lit. Mais même en temps normal il en manque environ treize tous les jours, et ça augmente chaque année » affirme le docteur Raphaël, 30 ans d’expérience dans les urgences. Les lits ne sont pas seuls à manquer, c’est de personnel dont il aurait aussi besoin. « En ce moment j’ai deux infirmières pour s’occuper de 27 patients sans lit. Il faut les nourrir, les laver… » Sortant tout juste d’une réunion de crise, le chef de service de 57
Service d’urgences du Kremlin-Bicêtre (J.Kloeckner/IFP)
ans est surtout dépité par l’organisation du système hospitalier. « C’est comme ça tous les ans», dénonce-t-il. « Le vrai problème des urgences, c’est que tout cela est très prévisible. » Comme chaque année
Pour lui, la congestion systématique des urgences pourrait être anticipée avec la mise en place de réserves sanitaires, la mobilisation de personnel hospitalier en prévention d’une épidémie et de la défection en période de vacances. Il déplore que les urgences prennent toute la pression. « C’est le seul service qui
n’a pas de limite d’accueil, où on a des brancards dans les couloirs » argumente-t-il. Le médecin appelle aux ministères, tutelles et Agences régionales de santé à prendre leurs responsabilités. « Ils se disent que ça va passer, mais à chaque fois on a des soignants en burnout. Les infirmières partent au bout de deux ans et les jeunes ne veulent plus venir, c’est beaucoup trop dur », se désespère-t-il. Et d’ajouter : « c’est scientifique : plus les gens restent aux urgences, plus il y a de mortalité » o Joséphine Kloeckner
TRAFIC Notre journaliste en immersion écologique avec la maire de Paris
Petite virée vers la conférence d’Anne Hidalgo n Temps de trajet estimé : 7 minutes. Moteur démarré, chauffage enclenché, radio allumée, je pars de la rue Michelet du 6e arrondissement de Paris. Direction l’Hôtel de ville pour assister à la conférence d’Anne Hidalgo. Je sais d’avance qu’il s’agira surtout pour la maire de Paris de défendre ses projets de transformations de la ville. Moins de voitures, beaucoup moins de voitures, plus du tout de voitures. Je profite donc de mon trajet qui résonne comme l’un de mes derniers. Mais ma conscience écologique n’est pas pour autant touchée car j’utilise une voiture 100% électrique. Je descends le boulevard SaintMichel dans une lancée ininterrompue comme il est rare d’en profiter dans la Ville Lumière. Plaisir de courte durée, ça bouchonne en bas du boulevard. Je suis à l’arrêt pendant les feux verts mais mon impatience est rythmée par le tube I’m coming out de Diana Ross. Je fredonne en donnant des mouvements de tête, situation totalement étrange pour toute personne extérieure à
Direction les voeux à la presse d’Anne Hidalgo (Thibaut Godet/IFP)
l’habitacle de la voiture. Je gare mon Autolib’ dans la rue de Lobau dans le 4e arrondissement, où Anne Hidalgo va présenter ses vœux. J’ai essayé le bus
La maire commence sa conférence. Un passage du texte d’André Gorz « l’idéologie sociale de la bagnole » est pris en exemple. En 1973 le journaliste vilipende l’usage de masse de la voiture dans les villes. Une «
prémonition » selon la maire socialiste. « L’urgence est là. D’ici 2020 on peut encore changer les choses et mettre en application l’accord de Paris », continue la maire antivoiture. Elle insiste pour « agir sur le climat, la pollution, en accélérant la transition écologique de la ville. » Après la piétonnisation de la voie Georges Pompidou et l’obligation pour les automobilistes d’afficher la « Crit’Air », Anne Hidalgo a réaffirmé son
intention de réduire également l’accès sur les quais hauts de la rive droite. La rue de Rivoli est aussi dans le viseur et deviendra à double sens avec une piste cyclable bidirectionnelle. Je pars de la conférence en me disant qu’il est temps pour moi de renoncer au son funky de l’autoradio. Direction l’arrêt de bus. Je lève les yeux en étant gênée par le crachin qui ruisselle sur mon visage, l’afficheur d’horaire m’annonce une attente de 7 minutes, sous la pluie. Le bus est plein. Il est pourtant 12h20 mais à chaque arrêt les passagers qui descendent sont moins nombreux que ceux qui montent. La place que j’occupe contre la barre, qui s’enfonce en peu plus dans mon dos à chaque freinage, devient une place chanceuse. Diana Ross a été remplacée par les cris stridents d’un nourrisson et les toux grasses. Moins de voitures oui, à condition que prendre les moyens de transports soit plus agréable. 20 minutes après, j’arrive à destination. o Fiona Garfagnini
JEUDI 12 janvier-EXpresso- 03
INTERNATIONAL ETATS-UNIS Le président sortant ovationné, son remplaçant est mis en cause
Le jour le plus long de Trump
J
amais un Président n’aura été autant sous pression avant son investiture. Alors que Donald Trump avait jusque-là démenti toute influence russe sur l’élection présidentielle américaine, un rapport vient à nouveau étayer cette implication. Le document de trente-cinq pages, a été rendu public par le site Buzzfeed et CNN, après avoir été remis à Donald Trump la semaine dernière. Il contient des informations compromettantes, qui accréditent l’influence russe sur l’élection américaine. Le président élu s’en est immédiatement défendu : « Je n’ai rien à voir avec la Russie » s’est-il défendu sur Twitter, mercredi 11 janvier. Des documents jugés crédibles
Jusqu’à présent les médias avaient choisi de ne pas rendre public ces documents qu’ils jugeaient non-vérifiés. Pourtant ils sont désormais jugés crédibles par le renseignement américain qui les aurait diffusés à leurs services. Il comprend une série de notes datées de juin à décembre 2016. Les premières pages précisent que « le régime russe a cultivé, appuyé et assisté Trump depuis au moins cinq ans ». On y apprend que le gouvernement russe aurait eu en sa possession des informations sur les deux candidats à la présidence, mais aurait choisi de privilégier Donald Trump. La divulgation
Donald Trump s’érige comme « le plus grand créateur d’emplois que Dieu n’ait jamais créés » lors de sa première conférence de presse à la Trump Tower - Mike Segar/Reuters
Auditions capitales au Capitole Le Sénat américain a continué mercredi 11 janvier son examen des futurs membres du gouvernement Trump. La chambre haute doit en effet donner son accord aux nominations faites par le président élu. Il s’agit de la deuxième journée d’audition pour le ministre de la Justice désigné, Jeff Sessions, qui devra notamment expliquer comment il compte appliquer l’interdiction du territoire américain aux musulmans. Le potentiel ministre des Affaires étrangères, Rex Tillerson, également ancien PDG du groupe pétrolier ExxonMobil, devra lui se justifier de sa relation avec Vladimir Poutine, qu’il qualifie de « très proche ».
des emails d’Hillary Clinton, envoyés depuis sa messagerie privée, serait ainsi l’œuvre de la Russie. En échange, Donald Trump se serait engagé à soutenir la politique de Poutine en Ukraine. Selon le rapport, le président russe aurait soutenu et dirigé le magnat de l’immobilier pour « semer la discorde et la désunion à la fois aux EtatsUnis, mais plus spécialement dans l’alliance transatlantique (l’Otan) perçue comme hostile aux intérêts russes ». Autre révélation, ce serait par l’intermédiaire d’une sextape que les Russes aurait fait chanter Donald Trump. Les renseignements russes serait en possession d’une vidéo du futur président américain en compagnie de prostituées avec lesquelles il s’adonnerait à des pratiques odinistes, dans une suite du Carlton à Moscou. Le président élu ne s’attendait sans doute pas à devoir répondre à de telles accusations lors de sa première conférence de presse depuis son élection. Donald Trump a fustigé des « accusations infondées (...) qui n’auraient jamais du être écrites », mettant en cause ses propres services de renseignement. Il a préféré mettre en avant sa première réussite, la relocalisation de Ford, et a promis : « Je vais être le plus grand Président que Dieu n’ait jamais créé », balayant ainsi toute menace sur son investiture. o Quentin Bas et Alexandre Guitton
Pendant ses adieux, Obama cible son successeur n Barack Obama a prononcé mercredi 11 janvier son discours d’adieu, neuf jours avant de laisser le Bureau ovale au républicain Donald Trump. Emu aux larmes, il a su lancer un appel à la vigilance. Sans jamais citer le nouveau président élu, il a pourtant multiplié les mises en garde implicites envers son successeur.
Appelant au début de son discours à une « transition pacifique du pouvoir », le 44ème président des Etats-Unis enchaînera rapidement sur le sens de l’objectif commun : « Notre démocratie ne fonctionnera pas 04 - EXPRESSO - JEUDI 12 JANVIER
si l’on ne croît pas que tout le monde a ses chances ». Allusion indirecte à Donald Trump qui souhaite construire un mur à la frontière avec le Mexique, ou encore de restreindre l’accès des musulmans à l’immigration. Avant de poursuivre : « Les inégalités nuisent à notre idée de démocratie » et considérant qu’il faut « rejeter toutes les tentatives d’aliénation de certaines parties de la population ». Appel à la mobilisation des citoyens mécontents
Le chef de l’Etat, dont le mandat prend fin le 20 janvier, a appelé chacun à être « le gardien
de la démocratie » insistant sur le fait qu’elle est « menacée à chaque fois que nous la prenons pour acquise ». Prudemment, le chef d’Etat sortant lance un avertissement aux Américains au sujet de son successeur, les appelant à s’engager : « Si vous êtes déçus par vos élus, engagez-vous ! Faîtes signer des pétitions, lancezvous dans la politique ! ». Garantir la défense de l’environnement
C’est finalement sur le chapitre environnemental que Barack Obama aura été le plus éloquent. Il a attaqué Donald Trump sur
ses positions climatosceptiques. Le Républicain souhaite en effet remanier profondément l’accord sur le climat : « Nier la réalité du changement climatique revient non seulement à trahir les génération futures, mais aussi à trahir l’essence de l’esprit d’innovation et de recherche de solutions qui ont guidé nos fondateurs » a indiqué le président. Barack Obama a finalement été applaudi par les quelques 20 000 personnes réunies à Chicago, qui ont eu la chance de pouvoir assister au dernier saut du 44ème président des Etats-Unis. o Margaux Boddaert
INTERNATIONAL TURQUIE Les journalistes Dündar et Gül devant la justice
Sous Erdogan, la liberté de la presse à l’agonie
C
an Dündar et Erdem Gül, les deux célèbres journalistes turcs sont de retour devant la justice. Il y a huit mois, les deux compères avaient été condamnés, en première instance, à des peines de prison ferme. Ils étaient accusés d’avoir divulgué dans leurs articles un trafic d’armes organisé par les services turcs à destination de la rébellion en Syrie. Le 10 janvier, les deux journalistes ont fait leur retour sur le banc des accusés pour un tout autre motif. Dans ce procès leur sont reprochés des liens présumés avec Fethullah Gülen, considéré comme l’instigateur du putsch manqué en juillet. Depuis ce coup d’Etat militaire avorté, les
journalistes turcs connaissent des conditions de travail difficiles. « Je n’ai jamais connu pire situation pour la presse. Même pendant les périodes de junte militaire » précise Hasan Cemal, journaliste politique de renom et titulaire d’une carte de presse depuis près de cinquante ans. 777 cartes de presse annulées depuis le putsch
Le gouvernement du président Erdogan a renforcé sa politique répressive. Les derniers chiffres de l’Association des journalistes de Turquie sont alarmants pour la profession. Depuis le putsch avorté du 15 juillet dernier, 170 organes de presse ont été fermés, plus de 100 journalistes ont été placés en détention
et 777 cartes de presse ont été annulées. « Un sérieux retour en arrière »
Des mesures qui inquiètent l’Union européenne. Dans son dernier rapport d’étape sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, la Commission européenne a pointé « un sérieux retour en arrière » sur les critères d’adhésion. C’est notamment la liberté d’expression et l’état de droit dans le pays qui posent problème. La Turquie rejette ces conclusions qu’elle estime « loin d’être objectives ». Pourtant, le dernier classement de la liberté de la presse, établi par RSF en 2016, place le pays au 151e rang derrière le Tadjikistan. o Alexandre Guitton
ROYAUME-UNI Le leader travailliste à la conquête de l’opinion
Corbyn se convertit au Brexit n Il n’avait pas vraiment le
choix. Jeremy Corbyn s’est montré favorable au Brexit mardi 10 janvier devant des membres de son parti. « Le Royaume-Uni peut prospérer après le Brexit. », a-t-il affirmé à Peterborough, un bastion de l’euroscepticisme au centre de l’Angleterre. Jusqu’à présent le leader du Parti travailliste défendait la thèse inverse. Si Jeremy Corbyn a rappelé qu’il était attaché à l’accès au marché unique européen, il a précisé que le Labour n’était « pas marié avec le principe de la libre circulation des citoyens européens ». Il se rapproche ainsi de la première ministre Theresa May qui promet de restreindre l’immigration. Le travailliste s’est toutefois montré plus souple que sa rivale sur les modalités, en estimant qu’une réforme des règles de l’immigration devait aboutir à « une gestion raisonnable ». Le chef de l’opposition affiche sa conversion forcée au Brexit, alors qu’il avait été la cible de son camp qui lui avait reproché de ne pas avoir combattu en faveur du remain. Désormais en proie à une impopularité record, seuls 14% des britanniques
EN BREF Baisse du nombre de demandeurs d’asile en Allemage n Le nombre de demandeurs
d’asile a fortement diminué en Allemagne, passant de 280 000 demandes en 2016, contre le chiffre record de 890 000 en 2015, soit une baisse d’environ deux tiers. Les Syriens sont toujours les plus nombreux à effectuer ces demandes (36%), devant l’Afghanistan (17%) et l’Irak (13%).
Lourd bilan pour les enfants du Yémen n Près de 1 400 enfants sont
morts au Yémen depuis mars 2015, selon l’Unicef. Plus de 2 000 écoles ont été détruites ou sont utilisées à des fins militaires depuis le début de la guerre menée par la coalition arabe sous commandement saoudien. La représentante au Yémen de l’Unicef, Meritxell Relano, a enfin signalé que plus de 1 300 enfants ont été enrôlés par les parties en conflits.
Des pourparlers de paix le 23 janvier à Astana n Les pourparlers de paix sur
le règlement du conflit syrien auront lieu le 23 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan, indique une source diplomatique russe. L’ensemble des discussions est placé sous l’égide de la Russie et de l’Iran, soutiens du régime alAssad, et de la Turquie, du côté des rebelles. La tenue de telles négociations pourrait être remise en cause en cas de violation du cessez-le-feu entré en vigueur le 30 décembre d’après le chef de la diplomatie turque.
Le leader du Parti travailliste Jeremy Corbyn donne des signes d’encouragement au camp pro-Brexit - Justin Tallis/AFP
pensent qu’il ferait un bon Premier ministre contre 44% pour Theresa May. Décidé à recrédibiliser son parti, Jeremy Corbyn veut se montrer enthousiaste sur le Brexit pour ne pas laisser le dossier aux mains des conservateurs et du parti d’extrêmedroite UKIP. Glissement populiste
Alors que les circonscriptions du Labour comptent à la fois
les 25 plus favorables au Brexit et les 25 plus proeuropéennes, M. Corbyn est contraint à un jeu d’équilibriste pour consolider le parti. Le leader a plaidé pour un salaire minimum des travailleurs et multiplie les saillies contre l’establishment. La presse britannique s’alarme d’un glissement populiste du « Corbyn 2.0 », comme le surnomme le Guardian. o Thibault Lambert
Au Cameroun, le gouvernement élimine une centaine de djihadistes nL’armée camerounaise a an-
noncé le 10 janvier avoir tué une centaine de djihadistes de Boko Haram et libéré des centaines d’otages depuis le lancement en décembre d’une offensive d’envergure au Nigeria. Quatre kamikazes ont également été tués au Nord du Cameroun, avant de réussir à perpétrer des attentats à deux endroits distincts.
JEUDI 12 JANVIER- EXPRESSO - 05
ECO/CONSO CONSOMMATION Les clients privilégient les promotions ponctuelles
Les soldes n’ont plus la cote Comme chaque année, des centaines de clients ont fait le pied de grue, dès l’aube pour certains, devant leur boutique préférée pour décrocher l’article repéré lors d’une précédente visite.
C
’est hier, mercredi 11 janvier, qu’ont commencé les traditionnelles soldes d’hiver. Pendant six semaines, les grands magasins et sites de commerces en ligne vont proposer à prix cassés vêtements, chaussures, produits de beauté ou high-tech. Deux tendances devraient se confirmer cette année : le report des clients vers les sites et la concurrence de plus en plus féroce des ventes privées. « On a tué les soldes »
Les grands magasins font davantage les frais de ces deux phénomènes, qu’ils ont largement contribué à populariser. Le directeur du Printemps Haussmann, Pierre Pellarey, a ainsi reconnu qu’il « s’attendait à mieux » après avoir appris que le chiffre d’affaire de son magasin à 11h était en recul de 10% par rapport à l’année passée. A l’inverse, le vendeur de chaussures en ligne Spartoo affichait des ventes en hausse de 7% dès la première heure. Ces « promotions », « ventes privilèges » et autres « avant-
Les soldes attirent de moins en moins de monde /Midi Libre
premières » sont le plus souvent annoncées par mail ou SMS. Totalement légales tant qu’elles sont réservées à une clientèle ciblée et que le mot « soldes » n’apparaît nulle part, ces opérations sont bien ancrées dans les pratiques de consommation des Français. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Paris, 50% des commerçants de la capitale disent en effet avoir pratiqué des réductions avant les soldes d’été 2016. Ils sont par ailleurs bien conscients de la désacralisation qui s’opère : en juillet 2016, une vendeuse avait déclaré à la CCI « on a tué les soldes avec toutes ces promotions ». Car les clients qui se déplacent pour ces promotions ne reviennent généralement pas
pour les soldes. Ils apprécient fouiner dans les rayons, dans une atmosphère bien plus calme qu’en janvier et en juin, les deux périodes des soldes classiques, à la recherche des best-sellers des marques de prêt-à-porter, bradés entre des collections sans cesse renouvelées. Vente privée toujours en tête
Face à cette concurrence, les commerçants indépendants disposent de faibles marges de manœuvre. Ils ne peuvent pas, comme les grands magasins, compter sur l’afflux de touristes ni proposer des animations ponctuelles, telle la comédie musicale Saturday Night Fever organisée aux Galeries Lafayette. Ils n’ont d’autre choix
que de s’adapter, à leur manière, en mettant en place leurs propres systèmes de fidélité ou en proposant de donner une seconde vie aux vêtements usagés. Mais cela risque de ne pas suffire : le géant de la vente exclusive en ligne, Vente-privée. com, a vu son chiffre d’affaires quasi doubler entre 2015 et 2016, passant de 2 à 3 milliards d’euros. Lancé en 2001, le site est désormais présent dans une quinzaine de pays européens grâce à des rachats ou à des prises de participation chez des concurrents étrangers. De quoi réduire encore la file de clients qui, à chaque frimas de janvier, patientent avant l’ouverture des grands magasins. o Théo Blain
BUDGET Moins d’argent est alloué à l’achat de vêtement par rapport à 1960
Le High-tech éclipse la mode n Selon une étude de l’Insee
parue mardi, la part du budget des Français allouée aux vêtements a fortement diminué depuis 55 ans. En 2015, les ménages ont en effet consacré 7,3 % de leur budget à leur apparence, soit 3 000 euros en moyenne par an. Au sein de ce budget, le premier poste des dépenses est celui de l’habillement, mais celui-ci a fortement baissé depuis 55 ans, passant de 66 % des dépenses « apparence » en 1960 à 41 % en 2015. Une baisse globale du budget constatée
En cause, l’émergence de nouveaux besoins concurrents (loisirs, produits de beauté ou hightech). La crise économique de 06 - EXPRESSO - JEUDI 12 JANVIER
Moins de dépense pour l’habillement /homedesign
2008 a aussi provoqué la baisse du volume des dépenses en vêtements. Le bouleversement du marché de l’habillement dans les années 1990, sous l’effet de l’ouverture du commerce extérieur et du
développement des chaînes de prêt-à-porter a aussi fait évoluer la répartition des postes de dépenses. L’accroissement des prix a également été contenue par les modifications des comportements d’achat des Français. En effet, ceux-ci privilégient désormais les ventes entre particuliers ou les achats lors des soldes et promotions. Si la part du budget consacré aux vêtements a diminué, à l’inverse, la part des soins, des biens et des effets personnels a fortement augmenté sur la période étudiée. Cette hausse ne permet cependant pas d’enrayer la baisse globale du budget « apparence » des ménages. Celui-ci a diminué de moitié dans le budget total des ménages entre 1960 et 2015. o Hélène Assekour
Plus de soins à la maison La part du budget des ménages consacrée aux soins et bien personnels a fortement augmenté depuis 55 ans, jusqu’à représenter 32 % du budget « apparence », contre 9 % en 1960. Parmi ces soins, ceux réalisés par soi-même ont progressé trois fois plus vite que les soins réalisés par une tierce personne, jusqu’à représenter les deux tiers de l’ensemble des achats. Ce qui est en cause : la hausse des prix et le développement des innovations techniques permettant d’utiliser chez soi des produits professionnels comme les colorations ou les crèmes dépilatoires.
ECO/CONSO INDUSTRIE L’impact est relatif pour les équipementiers
Le monde s’arme
Alstom-Bombardier décroche un contrat en or
Après des dizaines d’années de diminution des dépenses militaires, les Etats se réarment. Les budgets consacrés à la Défense augmentent.
n Le consortium a remporté, mercredi, le contrat du RER nouvelle génération pour une valeur de 1,55 milliard d’euros. Alstom récupère 70% des parts et Bombardier 30%. Le montant total, qui correspond aux frais des études de conception, d’industrialisation et de suivi de projet, pourrait aller jusqu’à 3,75 milliards d’euros.
E
n 2015, ces dépenses atteignaient 2,3 % du PIB mondial soit environ 1,6 milliard de dollars. Elles se sont encore accrues d’un pour cent en 2016. Cette année, la France a augmenté son budget de 600 millions d’euros. Il est évalué à 32,7 milliards d’euros contre 37 milliards pour l’Allemagne (+7 %). « L’Europe, la Russie augmentent leurs budgets, la Chine aussi et l’Asie en général » constate Siemon Wezeman, chercheur à l’Institut international de recherche sur la paix à Stockholm (SIPRI). Il explique : « cette augmentation a plusieurs causes : le retour de la confiance des Etats dans leur économie après la fin de la crise de 2008, une augmentation des guerres et des tensions diplomatiques, enfin, le développement et la stabilisation économique des pays émergents tels que la Chine et l’Inde qui façonnent leurs armées ».
L’impact restreint de la hausse des budgets militaires
Face au ralentissement des besoins en armement des pays du Nord, les pays en développement constituent un marché en plein essor pour les entreprises
Airbus bat des records Véhicule équipé d’un radar par Thales AFP/MEHDI FEDOUACH
anglaises et américaines telles que Lockheed Martin (US), leader mondial. « Une bonne nouvelle » pour les entreprises d’armement françaises telles que Safran, DCNS, Airbus et Thales respectivement septième et dixième entreprises mondiales d’armement. Cependant, « tout dépendra des programmes des Etats, des choix d’équipement qu’ils vont faire » indique-t-on au sein d’un grand groupe international fournissant des équipements de communication et aéronautique de défense, « de plus, on n’est pas censé vendre des équipements militaires à certains pays sous embargo comme la Chine donc on ne peut pas commercer avec eux ». En effet, la Chine et l’Iran qui sont particulièrement demandeurs, sont soumis à un embargo sur les armes. Les entreprises d’armement françaises ne peuvent vendre à ces Etats que
des équipements duaux. C’est à dire, des biens à vocation civile et militaire comme des hélicoptères. Vincent Boulanin, chercheur au SIPRI relativise également l’effet de cet accroissement des budgets mondiaux. « Ces hausses doivent être étudiées sur un temps long. La conclusion de contrats et leur rémunération peuvent prendre 5 à 6 ans. Qui plus est, les dépenses militaires ne sont pas toujours liées à l’acquisition de matériel militaire » indique-t-il. Son collègue Siemon Wezeman confirme « une grande part des dépenses militaires sont consacrées au paiement, recrutement et à la formation du personnel militaire ». En somme si l’augmentation globale des dépenses militaires offre des perspectives alléchantes aux entreprises d’armement, les retombées économiques ne seront pas immédiates. o Morgane Bona
ENTREPRISE L’Etat vole au secours d’Engie en injectant du capital
Les géants de l’énergie en difficulté n Pour sauver Areva et EDF,
l’État va se séparer d’une partie de ses actifs au sein d’Engie.
L’État a annoncé hier avoir cédé 100 millions d’actions d’Engie, représentant 4,1 % de son capital, soit 10 millions de plus que ce qui avait été annoncé précédemment. Cette vente intervient à un mauvais moment, puisque l’action Engie est en baisse, ayant perdu près de 34 % depuis juin 2015. La vente d’une partie des actifs d’Engie par l’État intervient dans un contexte de baisse de la valeur de son portefeuille de participations cotées. Cette cession rapportera 1,14 milliard d’Euros, un apport bienvenu alors que l’État
en bref
s’apprête à mettre beaucoup d’argent sur la table pour sauver les géants de l’énergie. Embarras financiers
L’État a vu son plan de sauvetage d’Areva validé par l’Union européenne mardi. L’entreprise spécialisée dans le nucléaire était en difficulté financière. Bruxelles a donné son aval à
l’injection 4,5 milliards d’euros de capitaux, à deux conditions toutefois : la cession de l’activité Réacteurs d’Areva, et la conclusion positive des essais en cours par l’Agence de sûreté nucléaire dans la cuve de l’EPR. D’autre part, l’État prévoit d’augmenter le capital d’EDF de 4 milliards d’Euros. o Hélène Assekour
Le bourbier de l’EPR Réacteurs nucléaires de troisième génération encore à l’état de projet, quatre EPR sont actuellement en construction, dont un en France à Flamanville. Annoncé en 2004, sa mise en service était prévue pour 2012, et devait coûter 3,3 milliards d’euros. En 2015, EDF annonce un coût de 10,5 milliards d’euros et retarde la mise en service à la fin 2018. Areva, de son côté, a aussi retardé la livraison de son EPR en Finlande.
n Pour la 14ème année consécutive, le constructeur aéronautique a dépassé ses objectifs de livraison pour 2016 en remettant 688 avions à ses clients. Si Airbus a livré moins d’unités que Boeing, son principal concurrent, la firme a passé les 731 commandes, soit une cinquantaine d’unités de plus que l’aviateur américain.
Vers la fin des transports gratuits en cas de pollution
n Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-deFrance, a proposé mercredi, au syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) de supprimer la gratuité des transports en commun lors des pics de pollution. Elle propose un forfait jour à tarif réduit pour compenser la suppression de cette mesure. Le ticket pour la journée serait à 3,80 euros contre 7,30 euros habituellement.
Peines allégées pour les ouvriers de Goodyear n La cour d’appel d’Amiens a
prononcé une relaxe et sept condamnations avec sursis pour les employés de Goodyear qui avaient séquestré, leur patron, en 2014. L’avocat des accusés a déclaré qu’il allait former un pourvoi en cassation. En première instance, les salariés avaient été condamnés à deux ans de prison dont neuf mois fermes.
jeudi 12 janvier- Expresso - 07
SUPPLéMENT - LE REVENU UNIVERSEL SOCIAL En 2017, cette vieille idée fait son chemin chez les politiques européens
Revenu universel, une histoire de droite comme de gauche
Salaire à vie : L’économiste Bernard Friot a théorisé un système dans lequel les citoyens seraient rémunérés à vie selon leur niveau de qualification. C’est l’État qui se substituerait aux employeurs pour le versement des salaires.
Linda Gourjade
J. Tardivon / SIPA
Les candidats de la primaire de la gauche divisés
P. Kovarik / AFP
P
ourtant l’idée n’est pas neuve. Sous l’Empire romain déjà, le gouvernement versait une solde aux citoyens inactifs. Par la suite, l’idée va être reprise par divers courants de pensée. Plusieurs générations de penseurs progressistes alimentèrent une vision corrective de ce revenu minimal : ce dernier doit servir à corriger les inégalités produites par l’économie. À l’inverse, les penseurs libéraux eurent une vision utilitariste du revenu de base. Selon eux, l’allocation d’un revenu de base permet une compétition plus juste entre tous.
La vision progressiste du reve- un revenu minimal pour garantir Actuellement, en France, les nu universel apparaît à la Re- « l’égalité réelle des chances » deux conceptions coexistent. naissance avec Thomas More, selon l’idée libérale que tout le L’impôt négatif est défendue qui imagine dans Utopia un monde peut réussir, à condi- par le think-tank libéral Génépays dans lequel la propriété tion de ne pas être désavantagé ration libre animé par Gaspard serait abolie et où la subsis- par la naissance. Cette idée est Koenig. De l’autre côté, le tance de tous serait assurée. Au complétée par Milton Fried- Mouvement Français pour un siècle des Lumières, les pen- man. L’économiste qui inspira Revenu de Base (MFRB) plaide seurs insistent davantage sur les les politiques ultralibérales de pour un revenu universel dans inégalités agraires et l’Anglais Thatcher et Reagan plaida dès sa formule la plus généreuse et Thomas Paine imagine un reve- les années 60 pour un impôt dans le but de corriger des inénu minimum versé à tous à par- négatif. L’idée est de reverser galités croissantes. Cette double tir d’un fonds alimenté par les aux plus pauvres une partie des filiation historique du revenu propriétaires terriens. Ces idées rentrées fiscales. Une telle pra- minimal explique que l’idée insont reprises par les socialistes tique ne change rien aux grands nerve désormais autant la droite utopistes au XIXe siècle. À leur écarts de richesse mais permet que la gauche, et qu’elle trouve suite, les penseurs de gauche de ne générer aucune exclusion. de plus en plus de partisans des conçoivent au XXe siècle le Elle autorise aussi l’économie deux côtés du spectre politique. revenu universel comme une des autres aides sociales. o Quentin Bas chance d’affranchissement, à la fois des revenus du travail chez Les concepts de la discorde André Gorz, ou de la tutelle de Revenu universel ou revenu de base : l’État chez Michel Foucault. Un revenu qui serait versé automatiquement à tous les citoyens sans condition et tout au long de leur vie, pour leur permettre de Les penseurs libéraux subsister, en complément ou en remplacement d’autres revenus. également séduits L’idée fait également son chemin chez de grands penseurs Crédit social : libéraux, dont John Stuart Mill. Aussi appelé dividende universel, il consiste à diviser le total Au XXe siècle l’idée est défen- des richesses créées sur l’année et de la diviser par le nombre due par John Rawls qui propose d’habitants d’un pays afin que chacun reçoive une part égale de la croissance.
Citizenside / AFP
n Jamais la question du revenu universel n’avait occupé autant d’espace au cours d’une campagne présidentielle. Le coût annuel des aides sociales, la nécessité de réduire la dépense publique et l’entrée dans une société où l’emploi se fait rare donnent de plus en plus de crédit à cette mesure.
Hamon y est presque
Peillon n’en veut pas
Montebourg tergiverse
Valls joue à le vouloir
n Benoît Hamon propose un
n Vincent Peillon a toujours
n Arnaud Montebourg a joué
n Manuel Valls a fait parler
revenu de base d’environ 750 euros, en fusionnant plusieurs prestations sociales pour un coût d’environ 300 milliards d’euros par an. Il prévoit trois étapes (distribution automatique du RSA, puis expérimentation du revenu universel à tous les 18-25 ans, et enfin à tous les plus de 18 ans). Sauf qu’il ne pense réaliser que deux étapes en un quinquennat, et qu’il ne vise que les plus de 18 ans. Donc son objectif n’est pas exactement le revenu universel.
08 - EXpresso - jEUDI 12 janvier
été contre le principe du revenu universel de base depuis son entrée dans la bataille de la primaire. Pour lui, distribuer un revenu de base à chaque citoyen constituerait « une rupture avec le principe de solidarité ». Le candidat est « philosophiquement » opposé à ce qu’il décrit comme une « vieille idée libérale » : « Je crois à la dignité par le travail et dans le travail. Je veux une solidarité qui inclut, pas qui exclut : je te donne de l’argent et tu restes chez toi. »
à la girouette concernant le revenu universel. S’il se déclarait favorable à cette idée il y a encore quelques mois, l’ancien ministre du Redressement productif juge à présent cette mesure irréalisable, arguant que cela « n’a pas de sens » et qu’il préfère être « le candidat de la feuille de paie et du travail ». Selon lui, une telle mesure est beaucoup trop coûteuse et le principe de protection sociale remplit pleinement le rôle de subvenir aux besoins des Français précaires.
de lui en évoquant un revenu universel de base. Sa proposition s’en éloigne cependant : le candidat défend l’idée d’un « revenu décent » en fusionnant dix minima sociaux pour aboutir à un revenu de 800 ou 850 euros. Mais cette allocation serait distribuée sous plusieurs conditions comme les ressources (précaires), l’âge (18 ans) ou la résidence sur le territoire national (depuis au moins quatre ans). Donc il ne s’agit pas d’un revenu universel de base. o Laura Dulieu
Le revenu universel - supplément mais elle questionne un modèle social et financier reposant sur la valeur travail
Une idée jugée « irréaliste » par l’OFCE n Dans une note intitulée
« Le revenu universel : une utopie utile ? », parue le 15 décembre dernier, l’Office Français des Conjonctures Economiques (OFCE) s’oppose au versement d’une indemnité mensuelle sans conditions de ressources.
L
es auteurs de la note, Guillaume Allègre et Henri Sterdyniak, ont fondé leurs calculs sur un revenu fixé à 315€ par mois pour les moins de 18 ans et 1 100€ mensuels pour les plus de 65 ans et les personnes handicapées. Les adultes devraient quant à eux se voir verser au minimum 785€ par mois « pour ne pas dégrader la situation des actuels bénéficiaires (près de 4 millions de personnes) des minima sociaux ».
familiales. En revanche, les retraites, les assurances chômage et maladie ainsi que les prestations d’aides à la garde d’enfant seraient maintenues. Inconnu et risques du financement
La note prend en compte une autre possibilité, plus coûteuse. Avec une indemnité mensuelle de 300€ par enfant et de 1 000€ par adulte, soit le niveau du seuil de pauvreté, la facture nette atteindrait les 674 milliards d’euros annuels. Un revenu universel aussi élevé fait craindre aux auteurs que « le financement du revenu de base ne s’effectue au détriment d’autres dépenses publiques ou sociales ». La
L’envie d’égalité
note n’évoque par ailleurs aucune piste de financement. Les auteurs suggèrent deux contre-propositions : dans un premier temps, « alléger fortement les conditions d’obtentions du RSA », le Revenu de Solidarité Active, dont bénéficiaient 1,8 million de personnes au dernier relevé, en juin 2016. Son montant minimum est de 535€ pour un allocataire seul. Ensuite, « mettre en œuvre concrètement le droit de chacun à avoir un emploi, à court terme par une politique de relance économique ». Les chiffres du chômage faisaient état de 3 447 000 personnes sans aucune activité en novembre. o Théo Blain
Un coût trop important
Q. Bas / IFP
Dans cette optique, l’Office chiffre le coût brut du revenu universel à 588 milliards d’euros annuels. En prenant en compte les économies réalisées – 87 milliards sur les prestations et 22 milliards sur le quotient familial et conjugal –, le coût effectif serait de 480 milliards d’euros par an. Le revenu remplacerait alors les allocations logement, la prime d’activité et les prestations
Virginie Deleu du Mouvement Français pour un Revenu de Base réagit au rapport de l’OFCE. Quelle conception du revenu universel défendez-vous ? Notre approche du revenu de base rassemble toutes les réflexions qui ont pour dénominateur commun d’éviter les régressions sociales et de le définir comme une somme allouée tout au long de la vie, de façon individuelle, inconditionnelle, cumulable et inaliénable. Quel devrait-être le montant du revenu de base fixé ? Le montant varie énormément selon les courants. Alors que l’intellectuel libéral de Basquiat défend un montant minimal fixé à 450 euros pour les majeurs et à 250 euros pour les mineurs, le chercheur de gauche Mylondo préconise la somme de 1 500 euros – se basant sur le seuil de pauvreté fixé à 1 008 euros par l’Insee. Comment comptez-vous le financer ? Nous privilégions deux leviers. Le premier est le financement par prélèvements obligatoires. Le second par la création monétaire sous forme de dividende universel. Les 80 milliards d’euros versés aux entreprises par la BCE pourraient être ainsi injectés dans l’économie réelle, chaque citoyen européen recevant 150 euros. o Carole Sauvage
n Pour l’année de son cente-
naire, la Finlande est le premier pays à tester le revenu universel à l’échelle nationale. Pendant 2 ans, 2 000 chômeurs, choisis aléatoirement parmi les 5,5 millions d’habitants, obtiendront 560 euros indépendamment du fait qu’ils retrouvent ou non un travail. Alors que le coût de la vie dans le pays nordique reste l’un des plus élevés de l’Union Européenne, cette somme ne leur permettra de vivre que très modestement. À l’issue de la période de test, les autorités vérifieront que le revenu universel ne constitue pas une barrière au retour à l’emploi, en comparant le nombre de cobayes encore à la recherche d’un travail avec celui d’un autre groupe test de chômeurs bénéficiant uniquement des aides en vigueur. Les objectifs affichés par le gouvernement finlandais sont de simplifier le système socio-
fiscal jugé « complexe et inefficace » et de relancer l’emploi puisque le marché du travail deviendra ainsi plus flexible. Un budget de 20 millions d’euros a été attribué à l’expérimentation. Puisque la mesure pourrait être étendue à l’ensemble du peuple finnois, plusieurs scénarios sont à l’étude concernant son financement. L’option aujourd’hui privilégiée par les experts serait le prélèvement de cotisations supplémentaires sur les salaires sur la base d’un taux uniforme. 80 % des Finlandais soutiennent le projet
Alors qu’en France la mesure reste marquée à gauche, chez nos voisins nordiques, elle fait consensus auprès de la majorité de l’échiquier politique. C’est une coalition très à droite qui a été à l’origine du projet : une combinaison de centristes, de conservateurs et de populistes d’extrême droite, que
Ristinolla /Flickr
En Finlande, cette mesure fait l’unanimité
En 2016, le taux de chômage finlandais moyen avoisinait les 8 %
Juha Sipilä, premier ministre de centre-droit pro-austérité a formé en 2015. Même si les leaders des Vrais Finlandais (extrême-droite) et du Parti de la coalition (conservateurs) font partis des derniers sceptiques, ils comptent de nombreux partisans du revenu universel dans les rangs de leurs partis. À gauche, l’initiative est défendue par les Verts finlandais depuis 10 ans. Le montant de
l’allocation est le seul point sur lequel les partis ont eu du mal à s’accorder. Les écologistes prônaient la somme de 400 euros alors que les libéraux auraient préféré qu’elle atteigne 1 000 euros. Menacés par un chômage élevé et la crise sans précédent que le pays connait, les Finlandais soutiennent à plus de 80 % l’expérimentation qui pourrait sécuriser leur avenir.
o Valentin Le Roux
JEUDI 12 janvier- Expresso - 09
CULTURE LIVRES Histoire mondiale de la France, un ouvrage collectif
Le récit national fait peau neuve
D
ans Histoire mondiale de la France qui paraît jeudi 12 janvier, aux Editions du Seuil, Patrick Boucheron propose un nouveau récit de l’Histoire française, écrite par 122 historiens sous l’autorité du médiéviste. « Amusons-nous ! » tel était le mot d’ordre de cette immense entreprise collaborative de 800 pages, comme l’explique Patrick Boucheron dans une longue interview accordée à Libération.
Une vision novatrice de l’Histoire
L’ouvrage est divisé en 146 entrées, chacune faisant référence à une date, classées de manière chronologique. Certaines sont bien connues quand d’autres font naître la curiosité chez le lecteur, comme la mort d’Aimé Césaire en 2008, épisode qui permet à Patrick Boucheron d’évoquer « le rapport de la France avec la diversité ». Les périodes historiques sont
Patrick Boucheron fait le pari d’une nouvelle Histoire (CCorpus) restituées avec une rigueur toute scientifique. Pourtant, Patrick Boucheron a voulu accorder une part plus importante aux idées progressistes comme l’égalité, la mixité et ouvrir l’Histoire française au monde. Point de vue appuyé par Paul Veyne, grand historien spécialiste de la Rome antique, qui refuse une Histoire française auto-centrée qu’il faut plutôt concevoir comme un « échantillon de ce qu’a été l’histoire de
beaucoup d’autres pays ». L’historien se désole que l’hagiographie serve des fins patriotiques à droite comme à l’extrême droite. « Ça ne sert à rien », soupire l’auteur de Comment on écrit l’histoire tandis que Patrick Boucheron dans Libération dénonce « l’histoire réactionnaire » qui célèbre l’identité nationale.Pourtant, nombreux sont les politiques qui se sont improvisés historiens, reprenant à des fins poli-
BANDE DESSINEE Réédition du reporter au pays des Soviets
Tintin au pays du marketing
en bref Réouverture de la BNF blique, François Hollande inaugurait mardi la réouverture du site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France. Entamé en 2001, la restauration devait permettre de moderniser le lieu et de permettre de l’ouvrir à un public plus large. Situé en plein cœur de Paris, il devient un campus d’excellence dédié à l’histoire des arts et à la culture. Ses portes sont ouvertes au public du vendredi 13 au dimanche 15 janvier.
publication dans les pages du Petit XXe, supplément du journal belge Le XXe siècle, Tintin au pays des Soviets revient en couleur.
10 - Expresso - JEUDI 12 janvier
o Coline Vazquez
n Le Président de la Répu-
n 88 ans après sa première
Les Editions Casterman espèrent écouler 500 000 exemplaires de cet album vendu 15 euros. Mais certains tintinnophiles y voient une pure opération marketing de l’éditeur et de la société Moulinsart, qui gère notamment les produits dérivés. Fanny Rémi, la veuve de Hergé, et son mari Nick Rodwell, principaux ayants droit du dessinateur, sont réputés pour surveiller avec beaucoup d’attention le business des aventures de Tintin. Les albums suscitent encore un large engouement avec un million d’exemplaires vendus chaque année, soit 240 millions au total depuis sa création. Hergé est mort il y a 34 ans. Pourtant le marché autour de son œuvre n’a jamais été aussi florissant. En 2015, un collectionneur américain a déboursé 2,6 millions d’euros pour une série de dessins à l’encre de Chine, réalisés pour les pages de garde d’albums. Un record.
tiques des fragments entiers de l’Histoire pour servir leurs points de vue à l’instar de François Fillon. Comme l’explique Valérie Boyer un de ses plus fidèles soutiens le 11 janvier dans un entretien au site Epoch Time, François Fillon a pour ambition de « rétablir le récit national » notamment dans les programmes scolaires. Cette expression rappelle le désir de son ancien rival Nicolas Sarkozy, il y a quelques mois, de remémorer aux jeunes français leurs ancêtres « Gaulois et Vercingétorix » ou les références constantes du Front National à Jeanne d’Arc. Sans être jamais tranché, le débat sur l’identité nationale, bringuebalé entre les différents courants politiques, avait échoué à apporter de réponses univoques. Histoire mondiale de la France prend donc tout son sens dans une époque présidentielle où la France se perd dans son Histoire.
Un franc succès pour le reporter à houpette (Le Monde) Des aventures fructueuses
Tintin est aussi devenu l’icône d’un film d’animation hollywoodien sorti fin 2011. Avec Steven Spielberg et Peter Jackson aux manettes, Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne a rapporté 370 millions de dollars et attiré plus de cinq millions de français dans les salles. Un succès qui en appelle un autre, puisque Les Aventures de Tintin : Le Temple du Soleil sortira en salle en 2019. Produit marketing constamment rajeuni, Hergé n’imaginait pas que son personnage resterait
aussi populaire 40 ans après la publication de son dernier album. Après l’intronisation de Tintin au Panthéon hollywoodien et l’ouverture du musée Hergé, Nick Rodwell, qui préside la société Moulinsart, peut se targuer d’occuper depuis septembre les allées du Grand Palais à Paris. Jusqu’au 15 janvier, Hergé y est célébré dans une exposition rétrospective. Une main mise sur les affaires qui prendra fin en 2053, date à laquelle Tintin tombera dans le domaine public. o Tom Rossi
Jean-Pierre Elkabbach rejoint I-Télé n La retraite, très peu pour lui. Après son départ de Europe 1 le 2 janvier dernier, l’ex-intervieweur politique de 79 ans rejoint iTELE, annonce le groupe Canal+ dans un communiqué « pour le lancement prochain de CNEWS. Il assurera des interviews politiques et de grands entretiens. Il est également nommé conseiller auprès de la Direction Générale du Groupe Vivendi/Canal pour son développement », annonce la chaîne.
culture/SPORT CINEMA Sortie du long-métrage américain Fits de Anna-Rose Holmer
L’histoire en mouvements d’une jeune fille accomplie
U
n, deux, trois... Toni, jeune fille de onze ans développe ses abdominaux devant le ring de boxe qu’elle côtoie quotidiennement. La jeune athlète candide à la peau d’ébène s’applique dans l’effort pour être aussi entrainée que son grand frère Jermaine. C’est sur cette puissante scène que s’ouvre The Fits, un long métrage primé au Festival américain de Deauville. « Un, deux, trois » comme le tempo martelé par la voix des jeunes filles qui répètent à l’étage du Community Center désert d’une banlieue américaine. D’un regard voilé, Toni observe les Lionnesses (les lionnes), l’équipe féminine de drill, une déclinaison de la danse hip-hop. La petite fille finit par rejoindre le cours et peine à s’imprégner des pas de la chorégraphie. Il ne s’agit pas d’une version afro-américaine de Billy Elliot mais bien de l’histoire du décompte qui prépare le passage d’une jeune fille à l’adolescence. Transition convulsive
Dans ce décor périurbain, le temps est comme suspendu. Si l’intrigue laisse entrevoir un paysage social, peu importe où et quand elle se situe. La ges-
Royalty Hightower entre danse et boxe dans le film Fits (ARP Selection)
tuelle poétique de la boxe et de la danse raconte les corps, comme celui de la jeune héroïne incarnée par Royalty Hightower en pleine transition vers la puberté, une phrase qui l’écœure tout autant qu’elle l’intrigue. Pour illustrer cette mue, le film se laisse aller à une digression fantastique qui frise la métaphore obtuse. Tout au long du
SPORT Martin Fourcade n’a pas fait de miracle
Relais décevant du biathlon français Sans médaille mondiale depuis 2013, le relais tricolore n’a pas pu faire mieux qu’une décevante 9ème place, un mois après sa victoire à Pokljuka en Slovénie. Martin Fourcade avait prévu de ne pas participer à ce 4X7.5 km pour se concentrer sur les épreuves individuelles comptant pour le classement final de la Coupe du monde. Le patron du biathlon et leader de la compétition a finalement répondu présent à la conclusion du quatuor français à Ruhpolding en Allemagne. n
Mais le double champion olympique n’a pas fait de miracle après un premier relais de Simon Fourcade particulièrement décevant. Pour sa pre-
mière course en 2017 après une toxoplasmose, le biathlète a fini son parcours à 1’18’’ de la tête, pointant à une inhabituelle dernière position. Ses coéquipiers Jean-Guillaume Béatrix et Quentin Fillon Maillet ont rattrapé quelques concurrents pour permettre à Martin Fourcade de s’élancer dans le top 15. Le sextuple tenant de la Coupe du monde a finalement franchi la ligne à 1’43’’ de la Norvège, victorieuse grâce au dernier relais d’Emil Svendsen. Privant la Russie d’une première position qu’elle occupait depuis le deuxième relais d’Anton Shipulin. Aujourd’hui, place au relais 4X6 km féminin à partir de 14h30.
o Tom Rossi
film, les « lionnes » sont victimes de mystérieuses crises spasmodiques, une expérience qui les changera à tout jamais. La violente transition est accompagnée d’une bande originale à couper le souffle qui transpose les craintes de Toni. Un OVNI du cinéma que l’on doit à la réalisatrice Anna Rose Holmer, issue du monde du documen-
FOOT Rachat du LOSC
Nouvel horizon pour Lille
n Après un long imbroglio
autour de son rachat, le Lille Olympique Sporting Club sera officiellement racheté vendredi 13 janvier. Le futur actionnaire majoritaire Gérard Lopez et l’actuel président lillois Michel Seydoux donneront une conférence de presse commune vendredi pour l’officialiser selon le compte Twitter du LOSC. Un passage de témoin pour amorcer tout en douceur une transition nécessaire pour le champion de France 2011, modeste douzième de Ligue 1. Le club fait également face à de gros problèmes financiers puisque la masse salariale est encadrée par la DNCG, gendarme financier du foot français. o Walid Kachour
taire. Elle allie ses deux passions : la danse et la photographie. Malgré les petits moyens de la réalisation, l’image saisit aussi bien la mobilité psychologique que physique de la jeune héroïne grâce à la légèreté de la steadicam et la poésie d’un flou artistique impeccable. Un pitch très simple, le pari est tenu. o Lola Bodin Adriaco
en bref Papin en route pour Auxerre n L’ancien attaquant international pourrait devenir le directeur sportif de l’AJ Auxerre. Le président du club de Ligue 2 devait rencontrer l’ancien joueur hier aprèsmidi pour finaliser les négociations.
Zidane pour l'histoire n Le coach du Real Madrid
Zinédine Zidane tentera de battre le record d’invincibilité du FC Barcelone établi entre 2015 et 2016 . Les merengues pourraient finir un quarantième match sans défaite. Ils affronteront, ce soir, le FC Séville, en Coupe du Roi.
JEUdi 12 janvier- Expresso - 11
Expresso
12 01 2017
# 07
portrait Marguerite Hedde, parachutée dans l’équipe de Fillon
Entraînée par la présidentielle
S
i tout s’était passé normalement, Marguerite Hedde, 24 ans, serait stagiaire dans la société de communication Image 7. « Le hasard », dit-elle, en a décidé autrement. La jeune femme se trouve aujourd’hui « embedded » dans l’équipe présidentielle de François Fillon. Grosse travailleuse, elle y est comme un poisson dans l’eau. Marguerite s’est laissée prendre au jeu. Elle qui n’avait pourtant aucun attachement personnel pour le candidat, est désormais investie à plein temps dans la course à la présidentielle. Engagée « par hasard » Février 2016, Marguerite termine son cursus à l’EDHEC, l’école de commerce lilloise, et cherche activement un stage de fin d’étude. Le pôle « affaires publiques » de l’agence de conseil en communication Image 7 l’intéresse, mais son responsable ne peut l’accueillir qu’en septembre. Son conseil ? Se familiariser avec le monde politique d’ici là. Marguerite n’est pas une grande fan de politique, elle aime les débats d’idées, mais exècre l’opacité de ce milieu. Après réflexion, « pourquoi pas ». Reste à savoir où et avec qui. Personnellement orientée à droite, elle rejoindrait bien l’équipe d’un candidat. La campagne pour la primaire de la droite et du centre bat son plein. Trois sont déclarés, Alain Juppé, Bruno Le Maire et François Fillon. « Je n’étais pas fillonniste, mais c’était le seul qui ne me rebutait pas ». Une
Marguerite vit pleinement sa première expérience en politique collègue de son père fait justement partie de l’équipe Fillon. Personne ne parie sur lui, mais qu’importe. Deux jours plus tard, elle joint le directeur-adjoint de la campagne, Pierre Danon. La semaine suivante, elle intègre l’équipe. « Ça s’est fait comme ça, en trois secondes ». Au début, ils ne sont qu’une ving-
expresso INSOlites
taine de permanents, François Fillon n’était pas le mieux placé dans la primaire. La jeune fille se montre disponible et constante, et parvient à se rendre indispensable. Elle en profite pour observer le candidat. Missionnée au développement des comités de société civile, elle le regarde prendre des notes, sans décrocher un mot.
Embarquée jusqu’au 7 mai Les voyages s’enchaînent, en Île-de-France, dans la Somme, à Lille… Elle se prend au jeu. En arrivant, elle ne connaissait rien du programme du candidat. « J’ai même dit une fois au bureau que je n’allais pas voter pour lui », se souvient-elle en riant. Mais à force de comparer les projets économiques, elle finit par s’en convaincre : Fillon est « le candidat le plus à même de redresser la France en profondeur ». Lorsqu’en septembre 2016, Image 7 lui rappelle qu’un poste est libre à l’agence, elle décline. Le virus l’a saisi, impossible de décrocher. Il est 22h35 le soir de la victoire de François Fillon, lorsque sur un groupe whatsapp d’amis, elle lâche « Putain les gars… ». Un vrai cri de groupie. Pourtant Marguerite s’en défend. « Je suis sûre que ce n’est pas un monde dans lequel j’ai envie d’évoluer dans le long terme ». Une scène l’a laissée sans voix. Celle de ce parlementaire qui devait faire un déplacement avec un membre de la société civile et s’exclame : « c’est moi que les gens attendent. » Aujourd’hui pourtant, elle n’exclut pas d’intégrer l’administration de Fillon si on le lui propose, mais elle ne veut surtout pas atterrir dans une « planque, très confortable mais chiante ». En attendant, son stage s’est mué en CDD jusqu’à la présidentielle. Toujours ça de gagné. o Marie Lechapelays
Le rôle informatif des excréments de rhinocéros
Un youtubeur atteint la dernière ligne du tableur Excel
Un violeur drogue son frère jumeau pour s’évader de prison
n Si les rhinocéros utilisent des latrines
n Hunter Hobbs est peut-être rentré dans l’histoire des geeks. Ce YouTubeur américain s’est lancé le défi fou et « le plus stupide » comme il le dit dans sa vidéo. Il voulait savoir le temps qu’il mettrait à atteindre la dernière ligne d’une feuille de calcul Excel, pouvant compter plus d’un million de lignes. Le téméraire est resté le doigt enfoncé sur la touche « flèche vers le bas » durant 9 heures, 36 minutes et 10 secondes pour parvenir à son exploit aussi cocasse qu’inutile. Heureusement ceux qui voudront admirer l’exploit n’auront pas à rester toute une journée devant leur écran, puisque la vidéo de la prouesse dure seulement deux minutes.
n Michael Scofield peut aller se rhabiller,
communes, ce n’est pas par souci d’hygiène, mais pour apprendre à connaître leurs semblables. Myope comme une taupe, l‘animal à corne se fie à son odorat pour décrypter son environnement. Les déjections de ses congénères constituent notamment une source d’informations majeure. Selon les chercheurs, l’effluve des excréments permettrait au pachiderme de détecter l’âge et le sexe du déposant. S’il émane d’une femelle, il pourrait même savoir si elle est en chaleur. Les scientifiques comparent les sites collectifs de défécation à un réseau social dans le sens où ils permettent aux rhinocéros de communiquer entre eux.
12 - Expresso - Jeudi 12 janvier
la palme de l’évasion revient à Alexander Delgado. Condamné à 16 ans réclusion pour vol et viol, ce péruvien a profité de la visite de son jumeau pour s’enfuir de la prison de Piedras Gordas, à Lima. Le fugitif a d’abord proposé une boisson gazeuse remplie de drogues à son frère pour l’endormir, avant de le dépouiller de ses vêtements et de ses papiers d’identité pour sortir par la porte principale. En douze ans, personne ne s’était échappé de cet établissement. La police a décidé de garder le jumeau en détention pour complicité.