quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2013
08 02 2012
L’essentiel FRANCE
P.2
Les inspecteurs en arrêt de travail
n A la suite du suicide
d’un collègue, les inspecteurs du travail ont manifesté dans plusieurs villes de France. Un appel à la grève nationale avait été lancé par les syndicats.
INTERNATIONAL
Présidentielles au Mexique
Expresso
# 06
Colloque à Rome sur la prévention de la pédophilie
Le Vatican se confesse
P.4
Josefina Vazquez Mota représentera le parti PAN aux élections présidentielles mexicaines du 1er juillet..
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eco/conso
P.5
Le revers de la médaille allemande n É c o nomique ment
dynamique, le modèle allemand n’est pas aussi étincelant que Nicolas Sarkozy le prétend. Paupérisation, salaires en baisse sont de plus en plus prégnants.
CULTURE
Antoni Tapies s’en est allé
P.6 Le Pape Benoît XVI espère tourner la page des scandales pédophiles dans l’Eglise
L’artiste catalan Antoni Tapies est décédé lundi soir. Il était considéré comme un des derniers grands maîtres du XXème siècle.
n Un colloque sur la pédophilie a débuté lundi au Vatican. Des centaines d’experts sont convoqués pendant trois jours pour mettre en œuvre une stratégie universelle contre la pédocrimi-
nalité dans l’Eglise catholique. Le pape a plaidé pour « un profond renouveau de l’Eglise ». Avancée des mentalités ou coup de publicité ? Page 2
FRANCE SOCIAL Ils sont en grève après le suicide de deux collègues
Le ras-le-bol des inspecteurs du travail I l s’appelait Romain Lecoustre. Il était inspecteur du travail et s’est suicidé. Pour ses collègues rassemblés devant le cabinet du ministre du travail, rue de Grenelle, cela ne fait aucun doute : le suicide du jeune homme est dû à ses conditions travail et à sa hiérarchie. Un appel à la grève nationale mardi 7 a été lancé par les syndicats. Ils étaient plusieurs centaines à défiler à Paris, et des manifestations étaient organisées dans plusieurs villes de province. « Il faut que le suicide de Romain Lecoustre soit reconnu comme un accident de , service » revendique Pierre Sinigaglia, secrétaire national du syndicat Sud. « Son état de santé avait fait l’objet de multiples signalements, depuis mars 2010. Après sa tentative de suicide, en juillet 2011, sa hiérarchie a continué de le harceler, de le dévaloriser. »
Politique du chiffre
En cause selon les manifestants, « la politique du chiffre », facteur de pression et de mal-être. Un logiciel interne compte le nombre d’interventions réalisées par les inspecteurs : « On nous donne des objectifs chiffrés, on saisit nos interventions, mais cela ne correspond pas à la réalité du travail » avance Stéphanie Globez, inspecteur
dans le Nord-Pas-de-Calais. Selon Pierre Sinigaglia « certaines enquêtes sont longues. Il faut des mois pour cibler le travail intérimaire fictif, les emplois déclarés comme temporaire mais qui sont en fait permanents. Alors que vérifier les vestiaires et le chauffage dans un magasin de prêt-à-porter, ça prend quelques minutes. Pourtant, les deux sont comptés pareil. » Suppression de postes
Environ 300 manifestants s’étaient rassemblés devant le ministère
Deux suicides comme déclencheur Les syndicats exigent la reconnaissance immédiate du suicide de deux inspecteurs du travail comme accident de service. Romain Lecoustre, inspecteur du travail et militant sud de 32 ans s’est pendu le 18 janvier 2012 à son domicile, à Bovin, dans le Nord. Selon son entourage le lien entre son suicide et son travail ne fait aucun doute. De même pour Luc Beal Rainaldy, inspecteur du travail qui a mis fin à ses jours en mai 2011, dans les bureaux de la direction générale du travail, Quai de Javel à Paris.
Autre motif de mécontentement, les suppressions de postes communes à toute la fonction publique. « Les postes de secrétaire sont supprimés » regrette Mathias, inspecteur depuis 3 ans. « La charge administrative repose sur les inspecteurs, alors que la vocation de notre travail, c’est le terrain. » Les inspecteurs du travail se disent frustrés : ils ont l’impression de ne plus travailler correctement. Stéphanie Globez explique : « Les objectifs fixés par le ministère ne correspondent pas aux demandes des travailleurs. Ils nous appellent pour de l’intérim fictif, leur temps de travail… Le ministère, lui, nous demande d’évaluer les risques, la pénibilité, la parité homme-femme ou l’emploi des sénior.» Des enjeux politiques, qui passent, selon elle, avant les besoins réels. o Julie Chouteau
La décision d’expulser l’imam tunisien est reportée au 15 mai
Mohammed Hammami toujours sur la sellette Mohammed Hammami, imam de la mosquée Omar dans le XIe arrondissement, ne sait toujours pas s’il va devoir faire ses valises pour sa Tunisie natale. La commission nationale d’expulsion, abritée par la préfecture de police de Paris, a décidé mardi de reporter sa décision au 15 mai 2012, selon une source policière. Un contretemps dans la lutte du gouvernement contre l’islam radical. Le 23 janvier, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, avait requis son « éloignement du territoire français » pour des incitations à la
fidèles s’étonnent aujourd’hui de ces accusations. « Il n’y a pas de problèmes ici » résume l’un deux, à la sortie de la première prière de l’après midi. « Mohammed Hammami est un grand homme, ceux qui le critique ne le connaissent pas » renchérit un autre.
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02 - EXpresso - MERCREDI 8 FEVRier
violence contre les femmes et pour des propos antisémites. Né en 1935 en Tunisie, le religieux septuagénaire est arrivé en France dans les années 1960. Il y a créé un lieu de culte rue Jean-Pierre Timbaud, la mosquée Omar, où les
Islam rigoriste
Pourtant, au fil d’années de prêche, l’imam est devenu l’un des piliers du mouvement Tabligh, une branche rigoriste de l’islam. Celle-ci se donne pour mission de faire revivre la mission de prédication et
de transmettre littéralement le message coranique. Salah Merabti, président de la mosquée de Tours, parle du Tabligh comme d’une mouvance très fermée. « Les imams sont rarement bilingues, ses prêches ont pu être mal interprétées. Mais s’il s’agissait d’un discours politique c’est inadmissible. Il nous est interdit de faire de la politique dans les mosquées » s’indigne-t-il. Si l’expulsion de Mohammed Hammami devait être confirmée, il serait le 35e imam éloigné de France depuis 2001. o Tiphaine Honoré
FRANCE
PRESIDENTIELLE Internet s’invite dans la campagne
Candidat cherche internautes militants n Internet est un enjeu de la
présidentielle. Tous les partis politiques l’ont saisi et parfaitement intégré. Bien que Ségolène Royal maintienne qu’Obama s’est inspiré de sa web campagne de 2007, le président américain a montré la voie à suivre en 2008. C’est lui que les candidats français copient aujourd’hui. But de faire campagne sur le web : recruter. Faire en sorte que l’internaute lambda devienne un internaute militant à partir du moment où il arrive sur le site d’un candidat. Mathieu Lamarre, le monsieur web du Modem l’explique parfaitement : «Internet a un rôle d’amplificateur, il rend la mobilisation des troupes beaucoup plus simple». L’explosion de Twitter le rend incontournable. A ce petit jeu là, Hollande et Bayrou, respectivement 137 000 et 68 000 abonnés, tirent leur épingle du jeu. Autre secteur porteur pour les partis, les
applications mobiles. Le PS a son application pour iPhone et iPad, le Modem vient de lancer son appli pour smartphone alors que l’UMP se contente de l’application de ses «Jeunes Populaires». L’UMP en retard
Si tous les candidats déclarés ont lancé leur web campagne ne serait-ce que par la création d’un compte Twitter et d’une page Facebook, le démarrage de la campagne internet de l’UMP semble poussive. La faute à des ministres comme Nadine Morano ou Eric Besson plus souvent pointés du doigt pour la futilité de leurs propos que pour leur pertinence sur Twitter ? Pas seulement. Arnaud Dassier directeur de la campagne internet de l’UMP en 2007 et aujourd’hui au Modem l’explique : «On ne voit pas de sympathisants UMP sur Facebook, sur Twitter. Les seuls qui agissent sont les élus ou
Photomontage «Twitter et politiques»
les ministres.» Mais il est juge et partie. Une twittosphère de gauche
A contrario, les militants de gauche sont très présents sur le web. Le compte Twitter @humourdedroite avec 86 000 abonnés en est le parfait exemple. Il attaque l’UMP avec des blagues potaches,
Bayrou joue avec le Web R
ien de moins qu’un « écosystème digital de campagne » selon le directeur de la communication du MoDem, Jean-François Martins. Lancée dans la journée de mardi, la nouvelle mouture du site internet de François Bayrou, candidat centriste à l’élection présidentielle, se veut « ergonome, intuitive, fluide ». Pas de rubriques, une page unique sur laquelle on déroule « l’histoire de la campagne présidentielle ». « On
a voulu le meilleur », explique M. Martins, selon qui l’univers numérique « est un espace politique naturel pour Bayrou. Il a cette culture du web ». Mais pas seulement. Faire du bruit
La véritable nouveauté du site, c’est « l’espace dédié aux volontaires », une page qui se veut moins institutionnelle. Exit le noir et blanc ponctué de touches orange. Du jaune, du bleu, du rouge, et du orange
toujours. Un bouton tutoriel, une option permettant d’inviter ses amis, un tableau de bord, c’est l’interface d’un jeu vidéo en ligne qui se déroule sous nos yeux. « Les gens ne veulent pas directement s’encarter mais faire des petites choses concrètes qui permettent un engagement progressif », explique Matthieu Lamarre, responsable de la campagne web de François Bayrou. L’espace propose ainsi aux « volontaires » de réali-
une puissance de feu à laquelle les sympathisants de droite semblent avoir du mal à répondre. Reste à savoir jusqu’à quel point Internet peut peser dans la campagne car ce n’est pas le nombre de «followers» qui fera la décision mais celui des bulletins dans l’urne. oPierre Fesnien
ser une série de « missions », telles qu’imprimer et diffuser les 30 propositions de Bayrou pour l’école ou encore partager avec ses amis la vidéo du candidat sur la culture générale. À chacune de ces actions correspondent des points, « que l’on appelle ici ‘décibels’, car l’objectif est de faire du bruit pour la campagne », ajoute Matthieu. Lamarre. Une méthode qui n’est pas sans rappeler celle d’Obama en 2008. o Anthony Favalli
en bref Froid : la France manque d’électricité
La TVA sociale pour créer des emplois
Séance mouvementée au Parlement
n Avec les pics de consommation liés au froid, le pays doit une nouvelle fois faire venir de l’électricité de l’étranger. « La pointe de consommation électrique française est égale à la moitié de la pointe électrique de toute l’Union européenne» indique Pierre Radanne, ancien président de l’agence pour la maîtrise de l’énergie. La faute au chauffage électrique selon lui, et à un parc nucléaire inadapté dans cette situation.
n Le gouvernement espère que la TVA so-
n Les membres du gouvernement ont vio-
ciale permettra de créer «100.000 nouveaux emplois», a déclaré mardi la ministre du Budget Valérie Pécresse. «Nous voulons baisser le coût du travail pour produire en France». Elle appuyait ses propos sur des études de Bercy qui prévoit jusqu’à 100.000 créations d’emplois sur trois ans. Les économistes sont toutefois divisés sur les répercussions de la TVA sociale sur l’emploi.
lement quitté l’Assemblée Nationale suite à la réaction du député PS de la Martinique, Serge Letchimy à propos de la polémique des « civilisations ». « M. Guéant, vous privilégiez l’ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration », avant de s’en référer au « régime nazi » et à « la barbarie de l’esclavage ».
MERCREDI 8 FEVRier- EXpresso - 03
INTERNATIONAL en bref L’Australie sous les eaux n Comme il y a un an, l’Aus-
tralie doit faire face à d’importantes inondations. Dans les états du Queensland et de la Nouvelle Galle, notamment, des maisons ont été immergées. Plus de 2500 personnes ont du être déplacées. Le niveau de l’eau a par endroits dépassé les 14 mètres. Un record. Cette année, l’industrie du charbon, d’une importance cruciale pour la région, n’a pas été impactée. Toutefois, l’agriculture du coton subit un coup dur. Pour le moment, aucune victime n’est à déplorer.
Recherche de survivants aux Philippines n Frappée il y a deux jours par un séisme de magnitude 6,8 les Philippines sont toujours sous le choc. Le bilan se monte désormais à 52 morts, mais les recherches pour retrouver des disparus sont loin d’être terminées. Dans plusieurs zones montagneuses les secours sont empêchés d’accès par des routes coupées. Par ailleurs une partie du pays est toujours privée de téléphone ce qui rend le décompte des disparus difficile.
Des otages chinois libérés au Soudan n 29 ouvriers chinois ont été
libérés hier au Soudan, où ils avaient été enlevés à la fin du mois dernier. Le ministère des affaires étrangères soudanais a annoncé leur transfert au Kenya par la Croix Rouge internationale. Les Chinois travaillaient sur un projet de route, et ont été kidnappés par des rebelles au gouvernement de Khartoum.
La France rappelle son ambassadeur en Syrie n Après les Etats-Unis et
l’Italie, la France a rappelé hier son diplomate en poste en Syrie « pour consultations ». Une manière de répondre à l’aggravation des violences qui agitent depuis quelques jours le pays. C’est aussi une manière de réagir au rejet par l’ONU de la résolution condamnant la répression par l’état Syrien de la contestation populaire qui secoue le pays depuis plusieurs mois. L’ambassadeur Eric Chevallier est donc rentré mardi à Paris.
04 - EXpresso - MERCREDI 8 FEVRIER
VATICAN Symposium sur la prévention de la pédophilie
L’Eglise catholique face à ses démons
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vec un nombre de victimes impossible à quantifier à travers le monde, le clergé cherchet-il la rédemption ? Pour la première fois dans l’Histoire, un symposium sur la prévention de la pédocriminalité, sous le thème « vers la guérison et le renouvellement », est organisé par l’Eglise. Pour Thomas Plante, professeur en psychologie ayant collaboré à la préparation du colloque, celui-ci est important : « il inclut des évêques de tous les horizons qui parleront non seulement du problème, mais trouveront des moyens de le contrer à l’avenir ».
Sans les victimes, c’est «juste du théâtre »
« Ma foi en Dieu n’a pas été altérée », a déclaré mardi matin la seule victime invitée au colloque, l’Irlandaise Marie Collins, agressée par un prêtre à 13 ans. Christian Terras, fondateur du journal catholique français Golias, très critique vis-à-vis de l’Eglise, qualifie la rencontre « d’acte solennel fort, avec ses limites certes, mais c’est un pas en avant ». Il explique la présence de Collins: « le Vatican ne veut pas donner trop d’importance à la lutte des associations de victimes, qu’il considère menée par des ennemis de l’Eglise.
Ces assisses sur la pédophilie, qualifiées de « profond renouveau pour l’Eglise » par le pape, se sont ouvertes lundi à Rome Il se donne bonne conscience en accueillant une personne ». La convocation de ceux qui élèvent trop la voix s’est perdue à la poste. Sue Cox, coordonatrice de Survivors Voice, un regroupement de victimes européennes et américaines, estime que le colloque est « juste du théâtre. Ils n’invitent pas ceux qui ne sont pas de leur côté ». La fin de l’omerta, une réelle avancée?
Ce symposium représente un revirement pour l’Eglise. En France, avant les années 2000, un omerta régnait : les ordres religieux préféraient agir en in-
terne pour régler les problèmes de pédocriminalité. Changer les coupables d’affectation restait souvent la seule sanction. 25 ans après l’éclatement des premiers scandales d’abus sexuels, Benoit XVI porte aujourd’hui la cause comme un flambeau, pointant du doigt les coupables et les laissant aux bons soins de la justice. Mais selon Christian Terras, « le pape veut faire acte de repentance tout en entachant le moins possible l’image de l’Eglise. Il est dommage qu’il ne s’interroge pas sur ce qui permet les mécanismes de protection des prédateurs ». o Stéphanie Rochon
MEXIQUE Une femme candidate à la présidence de la République
Une dame de fer dans les pas de Calderón
n Dimanche à Mexico, les 1,8
million de militants et sympathisants du Parti de l’Action Nationale (PAN), au pouvoir depuis 2000, ont trouvé leur candidate en Josefina Vazquez Mota, 51 ans. L’ex-ministre de l’économie sociale, puis de l’éducation publique du président Felipe Calderón, s’est distinguée dès le premier tour de scrutin avec 55% des voix. Elle arrache la victoire à Ernesto Cordero, actuel ministre des Finances et poulain du président, et à Santiago Creel, ex-ministre de l’Intérieur de l’ancien président Vicente Fox. «Je serai la première femme présidente du Mexique», a t-elle déclaré à la foule après l’annonce des résultats.
«Chepina», candidate victorieuse des primaires du PAN à
Economiste de formation, elle a été chef du groupe parlementaire du PAN, comme Calderón. Pour l’heure, les sondages donnent son principal rival, Enrique Peña Nieto, favori sous
les couleurs du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI). A gauche, Andrés Manuel López Obrador, ferait office de troisième homme. «Chepina», comme la surnomme la presse, promet de tenir la ligne dure de Calderón contre les narco-trafiquants responsables des taux alarmants de criminalité, la corruption des hommes d’Etat, et l’avortement, passible de peine de prison. Selon ses propos, l’enjeu de l’élection présidentielle du 1er juillet consiste à éviter le retour du règne sans partage du PRI et par là, celui de «la corruption et (de) l’impunité». C’est avec ce credo qu’elle s’attèlera dès le 1er avril, à mener sa campagne officielle. o Kim Lévy
international PALESTINE Accord entre Hamas et Fatah pour un gouvernement de transition
Une réconciliation fragile
Mahmoud Abbas, Sheikh Hamad ben Khalifa Al Thani et Khaled Mechaal, lundi à Doha.
A
près plusieurs mois de négociations infructueuses, Mahmoud Abbas, chef de l’autorité palestinienne et Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, sont parvenus à signer un accord lundi à Doha, en présence de l’émir du Qatar, Sheikh Hamad ben Khalifa Al Thani. L’accord prévoit notamment la mise en place d’un gouvernement de transition dont Mahmoud Abbas prendra la tête en vue de futures élections législatives et présidentielle prévues en mai.
Des élections nécessaires
« Je ne sais pas si le timing sera respecté et si cet accord aboutira mais l’organisation d’élections est nécessaire » précise Olivier Damino, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique. « Les mandats (des dirigeants) sont tous arrivés à terme et plus personne n’est légitime ». Si la réconciliation suppose de nouvelles élections, elle impose aussi l’intégration du Hamas à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une condition à laquelle le mouvement est traditionnellement opposé
puisque l’OLP a ouvert des négociations avec Israël. Changement de cap
Mais d’après le chercheur, le Hamas s’inscrit depuis peu dans un « processus nouveau ». Pour preuve, Khaled Mechaal, qui fait partie de la « branche intransigeante » du mouvement, s’est rendu à Amman, en Jordanie, il y a une semaine, pour une visite officielle. Pays d’où il avait été expulsé en 1999. Un tournant dans les relations avec le royaume qui illustre « une certaine transformation au sein du Hamas, due à sa situation à l’ex-
térieur ». Le mouvement, dont l’une des branches était basée en Syrie a par ailleurs refusé de participer à la répression mise en place par le régime et la majorité des cadres palestiniens tentent de quitter le pays. Mechaal recherche donc un nouvel Etat où s’implanter. Il doit pondérer ses relations avec ses proches voisins et semble se rapprocher de la « branche modérée » du mouvement. Ce changement de cap s’explique aussi par l’appel à la réconciliation palestinienne de la part des populations qui se sont soulevées lors des révoltes arabes et qui constituent un soutien pour le Hamas. Doha s’affirme
Arabie Saoudite, Jordanie, Egypte… des pays qui interviennent fréquemment dans le processus, à l’image de l’accord de réconciliation des deux mouvements palestiniens conclu au Caire, au mois de mai 2011. Mais aujourd’hui c’est le Qatar, hôte de l’accord, qui affirme son statut d’arbitre dans la région. Une position qui renforce l’hypothèse d’un Hamas plus ouvert apte à signer un accord sous l’égide d’un pays ayant entretenu des relations économiques avec Israël pendant plus de 20 ans. o Aurore Dupont
MALDIVES La police éjecte le président
IRAN Nouvelle sanction financière de l’UE
n Coup d’état ou pas ? La situation était confuse hier sur l’archipel des Maldives, plus connu pour le turquoise de ses eaux que pour ses remous politiques. Une seule chose certaine : le président Mohamed Nasheed a présenté sa démission, affirmant que « ce sera mieux pour le pays dans la situation actuelle si [il] démissionne. [Il ne veut] pas diriger le pays d’une main de fer. » Les causes de cette éjection du pouvoir de Mohamed Nasheed sont floues, mais on peut citer pêle-mêle : la hausse du chômage, la montée de l’islamisme et les velléités de l’ancien président Maumoun Abdool Gayoom. Depuis trois semaines un bras de fer l’opposait à des manifestants, rejoints dernièrement par des policiers rebelles. Ce sont eux qui ont fait pencher la balance, en prenant le contrôle de la télévision publique.
n L’Iran va t-il céder ? Lundi, pour toucher le régime islamiste au cœur et tarir ses sources de financement du nucléaire, les États-Unis ont décidé de geler tous les avoirs de la Banque centrale iranienne en Europe. Cette décision avait déjà été prise la semaine dernière par le Conseil européen,
Coup d’état à la plage
Téhéran sous pression
Les sanctions s’accumulent Les policiers rebelles ont pris le contrôle de la télévision publique mardi.
Ce pays de moins de 400 000 habitants est donc dirigé pour le moment par le vice-président, Mohamed Waheed. Alors que l’exécutif démissionnaire dénonçait un « coup d’état », l’armée lui répliquait qu’il ne s’agit « pas du tout de cela », mais simplement d’un « conseil » qui lui a été donné. o Julien Sartre
En annonçant la mise en place d’un embargo sur les hydrocarbures iraniens, l’Union européenne avait frappé fort. Depuis le 23 janvier dernier, tout nouveau contrat pétrolier avec l’Iran est désormais suspendu. Ceux déjà en vigueur seront annulés au 1er juillet 2012. L’Union Européenne, second client de Téhéran, représente près de 25% des exportations. Le but est de contraindre le pays à renoncer à son programme nucléaire. 80% des recettes en devises de l’Etat Iranien
repose en effet sur les exportations pétrolières.L’objectif des sanctions répond en réalité à une volonté de maintenir la paix. En effet, les gouvernements occidentaux craignent fortement une opération militaire d’Israël contre les installations nucléaires iraniennes. Ils cherchent donc à anticiper une telle crise en sanctionnant Téhéran. La réponse de l’Iran
En représailles, l’Iran prévoit d’interrompre dès à présent ses exportations vers l’Europe, afin de pénaliser les européens encore tributaires. Elle a également appelé les pays producteurs de pétrole à ne pas augmenter leur production d’or noir. Sauf que l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe pourraient en trois semaines pallier les carences iraniennes en Europe. o Leïla Yaker MERCREDI 8 FEVRIER- Expresso - 05
ECO/CONSO
ANALYSE Doit-on s’inspirer de nos voisins germaniques ?
La face cachée du modèle allemand
M
algré tous les efforts de Nicolas Sarkozy pour les en convaincre, les Français restent toujours mitigés sur le modèle allemand. Selon un sondage Harris Interactive du 6 février, 50% des Français estiment que la France « devrait s’inspirer de l’Allemagne dans l’élaboration de ses politiques économiques et sociales ». L’Allemagne présente, il est vrai, un bilan économique reluisant. Pour la deuxième année consécutive, les Allemands sont leaders de l’économie européenne avec près de 3% de croissance en 2011, contre 3,7% en 2010. En comparaison, la France est à la peine et voit son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 1,5% en 2010 et de 1,7% en 2011. L’Allemagne affiche également un déficit public cinq fois moins élevé que le déficit français à 26,7 milliards d’euros, soit 1% du PIB. Côté emploi, les Allemands peuvent s’enorgueillir de voir leur taux de chômage diminuer et s’établir à 7,1% en moyenne alors que, dans l’Hexagone, il ne cesse de croître et frôle actuellement les 10%. Modération salariale
Mais ce modèle économique enviable cache un modèle social qui se dégrade aussi vite que l’économie progresse. Pour restaurer sa compétitivité, au début des années 2000, l’Allemagne a, sous l’impulsion de l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, mis en œuvre une politique de modération salariale. L’aug-
En apparence enviable, le modèle économique allemand, incarné par Angela Merkel, cache une réalité sociale peu reluisante.
mentation des exportations allemandes s’est donc faite au prix d’une diminution de 7,4% du salaire mensuel net médian en 10 ans. Sur la même période, en France, le salaire annuel moyen s’est accru de 10,8%. 12 millions de pauvres
En découle une très forte paupérisation des salariés. Les emplois créés en Allemagne lors de la dernière décennie sont, en
grande majorité, des emplois à temps partiel : leur proportion a augmenté d’un tiers outre-Rhin sur cette période alors qu’il restait stable en France. L’Allemagne compte ainsi un quart de salariés à temps partiel, dont 7 millions (19%) de « mini-jobbers ». Or, près de 90% de ces petits boulots entraient dans la catégorie des bas, voire très bas, salaires. Ainsi, 20% des salariés allemands sont payés
« Mini-jobs », trappes à pauvreté Les lois Hartz ont créé les « mini-jobs ». Ces emplois, dont la rémunération ne peut pas excéder 400 euros, peuvent s’exercer en parallèle de l’aide sociale ou en plus d’un emploi dit « traditionnel ». Ils ont pour but d’inciter le maximum de personnes sans emploi à réintégrer le monde du travail. Pour les employeurs, ces « mini-jobs » sont une aubaine puisqu’ils sont quasiment dispensés de charges sociales. Les entreprises ont donc eu tendance à substituer les « minijobs » aux contrats classiques, entraînant une forte hausse du temps partiel et une pression à la baisse sur les salaires.
à un niveau inférieur au Smic horaire français et 40% d’entre eux ont un salaire mensuel net inférieur à 1000 euros. Les chômeurs, quant à eux, ne sont pas mieux lotis. Depuis 2005, après une année de chômage, les personnes sans emploi ne perçoivent plus qu’une allocation de 850 euros, aide au logement comprise. 70% des chômeurs allemands vivent ainsi sous le seuil de pauvreté. Plus globalement, l’Allemagne compte 12 millions de pauvres, soit 15% de la population contre 13,5% en France. Le modèle allemand a donc des vertus dont la France aurait raison de s’inspirer. Mais tout copier reviendrait à mettre à bas le modèle social français, autrefois vanté par Nicolas Sarkozy pour sa capacité à avoir amorti le choc de la crise économique mondiale. o Vincent Bouquet
JEUX 1,2 million de Français au tapis en 2011
Les joueurs en ligne misent tout sur le poker n L’Autorité de régulation
des jeux en ligne (ARJEL) a présenté mardi son bilan des jeux en ligne pour 2011. Sur un total de 3,2 millions de cyber-parieurs, les joueurs de poker sont les grands gagnants avec 1,2 million d’aficionados. Un profil type
Benjamin, musicien, correspond au profil type du joueur de poker en ligne détaillé par 06 - Expresso - Mercredi 8 Fevrier 2012
l’ARJEL. Il a entre 25 et 34 ans, vit en région parisienne et joue surtout la semaine, en soirée. Il est enregistré sur Pokerstars. fr, un site agrée par l’ARJEL. « J’y joue depuis un an, mais c’est assez discontinu. C’est surtout pour passer le temps. » Le plus d’une partie en ligne ? « C’est avantageux pour les mauvais bluffeurs » expliquet-il. Erwan, 36 ans, technicien dans le nucléaire, confirme que jouer face à son écran peut par-
fois être préférable à une bonne vieille partie en chair et en os. « On peut jouer n’importe quand, tranquille chez soi, avec 200 personnes. Mais le plus intéressant, ce sont les gains : j’ai un ami qui a gagné 7000 euros avec une mise de 10 euros. » Une législation « contraignante»
Toutefois, Erwan trouve que l’encadrement législatif du poker en ligne est plutôt contraignant. « Depuis que l’Etat a mis
le nez là-dedans (…) c’est plus complexe. » Erwan fait allusion, aux fiches de renseignements demandées aux joueurs qui s’inscrivent sur les sites agréés par l’ARJEL et qui doivent être au-dessus de tout soupçon. Mis en place en mai 2010 par la loi ouvrant à la concurrence sur le marché des jeux d’argent en ligne, ce système vise surtout « à protéger les joueurs d’euxmêmes » répond l’ARJEL. o Claire Branchereau
FINANCE La spéculation dans le viseur du gouvernement
Taxe Tobin, sauce Sarkozy
en bref
Triste record du commerce extérieur n En 2011, le déficit du com-
merce extérieur français est passé à 69,59 milliards d’euros contre 51,52 milliards en 2010. Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, a estimé que « le bilan est moins mauvais qu’anticipé » (75 milliards d’euros). En 2011, les importations françaises ont progressé de 11,7% et les exportations de 8,6%, ce qui permettra de créer 90 000 emplois en 2012.
n Evoqués par Nicolas Sarko-
zy lors de son récent passage télévisé, les mécanismes de la taxe des transactions financières (taxe Tobin ou TTF) sont désormais connus. Lundi, la radio économique BFM Business a publié sur son site internet le projet présenté mercredi en Conseil des ministres, qui sera intégré au projet de loi de finance rectificatif. La taxe devrait rapporter à la France 1,1 milliard de recettes annuelles.
Taux raisonnable pour les emprunts grecs
Freiner l’instabilité des marchés
Le gouvernement vise trois activités : l’achat d’actions, le trading à haute fréquence et l’achat de CDS « nus » (credit default swaps, c’est-à-dire des produits dérivés négociés à titre purement spéculatif). L’objectif de la TTF serait de freiner la spéculation et donc l’instabilité sur les marchés. Les actions seront taxées à 0,1% et ce taux s’appliquera dès lors qu’un titre « est émis par une entreprise dont le siège social est situé en France et dont la capitalisation boursière dépasse un milliard d’euros ». Une petite centaine d’entreprises de la Bourse de Paris sont concernées. Les CDS seront quant à eux taxés à 0,01%, une mesure qui a pour but de « cibler les opérations de spéculation sur la dette des Etats ». Le gouvernement prévoit également de taxer les opérations de trading à haute fréquence, soupçonnées de servir la spéculation et qui repose sur des échanges
ECO/CONSO
n La Grèce a réussi à lever
Le gouvernement veut taxer les opérations de trading à haute fréquence, soupçonnées de servir la spéculation. effectués à la nanoseconde, à hauteur de 0,01%. L’ONG Oxfam France, association très engagée en faveur d’une taxe « Robin des bois » a publié un communiqué intitulé « La finance dit merci » : elle estime que « ce n’est plus une taxe sur les transactions financières qui est présentée mais une interminable liste d’exemptions, un vrai gruyère ». Luc Lamprière, son directeur général, regrette
que le développement et la lutte contre le réchauffement climatique soient mis de côté et qu’aucune mention ne soit faite sur l’utilisation de cette taxe. « Les objectifs internationaux de lutte contre la pauvreté et le climat sont totalement absents de cet article de loi. Avec un tel projet, le gouvernement balaye littéralement ses engagements internationaux » a-t-il déploré.
mardi 812,5 millions d’euros de bons du Trésor à un taux d’intérêt de 4,86%. La dernière émission de ce type est intervenue le 10 janvier pour 1,625 milliards d’euros à un taux d’intérêt de 4,90%, déjà en légère baisse par rapport à celle du 13 décembre. Depuis le début de la crise en 2010, la Grèce ne peut émettre que des obligations à court terme. Cette émission intervient alors que le pays est dans la phase finale des négociations en vue de rembourser 14,5 milliards d’euros avant le 20 mars et d’éviter la faillite.
Hausse du prix du tabac au 1er octobre
o Charlotte Staub
TRANSPORTS Des applications mettent en lien les voyageurs
Fin des voyages vers l’inconnu(e)
R
éserver un vol tout en « rencontrant des gens intéressants », c’est ce que propose depuis le debut de l’année la compagnie aérienne KLM, avec « Meet and Seat » (littéralement « Faites connaissance et prenez place »). Cette option permet d’accéder aux profils Facebook et LinkedIn des voyageurs présents sur le même vol, sur la base du volontariat. La vidéo de présentation, visible en ligne, met en scène deux jeunes cadres cravatés, qui profitent du vol pour enrichir leur carnet d’adresses. Du sérieux, donc. Le fonction-
nement de « Meet and Seat » rappelle cependant celui des sites de rencontre : choisir ses partenaires de voyage sur photo. La charte d’utilisation de cette application rappelle toutefois que le harcèlement est interdit... « Petits voyages entre amis »
KLM n’est pas la première compagnie à profiter des réseaux sociaux pour mettre en contact ses passagers. Malaysia Airlines, avec l’application « MHbuddy », offre à ses clients d’acheter leur billet d’avion directement via Facebook, afin de partager
cette information avec leurs contacts. En France, la SNCF a ouvert à ses usagers la même fonctionnalité, baptisée « petits voyages entre amis » afin de simplifier l’organisation de voyages en groupes. Un site internet, Planely, permet d’entrer en contact avec toutes les personnes qui prennent le même avion ou transitent par le même aéroport, pour partager un café ou un taxi avec des gens « qui ont les mêmes centres d’intérêt ». La solution pour tous ceux qui n’ont pas envie de rencontrer des gens « différents ». o Justine Salvestroni
n Les fumeurs vont devoir
mettre la main à la poche. Dès le 1er octobre, le prix du tabac va augmenter de 7,6%, comprenant le relèvement de la TVA de 1,6 point, combiné à une hausse des prix de 6% prévue dans une disposition antérieure. Le ministère de l’Economie a admis avoir réduit le taux des droits à la consommation pour contenir la hausse et ne pas se mettre les fumeurs à dos. Si les deux mécanismes étaient appliqués normalement, l’augmentation aurait été supérieure à 10% pour les fumeurs. Au final, les recettes de l’Etat augmenteront de 60 millions d’euros en 2012.
07 - Expresso - Mercredi 8 fevrier 2012
CULTURE PEINTURE Antonio Tàpies, figure de l’abstrait, est décédé hier
Disparition d’un maître du XXè siècle n Le peintre catalan, symbole de l’art abstrait européen de l’Après-Guerre, s’est éteint lundi 6 février à Barcelone, sa ville natale. Il était âgé de 88 ans.
poudre d’argile et de marbre à la peinture. Une matière épaisse qu’il creuse, entaille, scarifie au grès de ses pulsions, se libérant d’un mal enfoui. Des « champs de batailles où les blessures se multiplient à l’infini », c’est ainsi qu’il désigne lui-même ses œuvres, ponctuées de symboles récurrents comme la croix.
N
é en 1923, le peintre et sculpteur catalan, fils d’un avocat et d’une femme de lettres, trouve dans l’art un moyen d’échapper dès sa jeunesse à la maladie pulmonaire qui le cloue au lit. Il abandonne ses études de droit et suit des cours de dessin à l’Académie Valls en 1943, avant de se consacrer à la peinture et d’exposer.
Guérir de la guerre
Inspiré par le surréalisme de ses pairs, les catalans Joan Miró et Salvador Dalí, et Pablo Picasso, il se tourne progressivement vers l’art abstrait, un courant qui, pour beaucoup d’artistes, permet de faire table rase des affres de la Seconde Guerre Mondiale. Ses œuvres minimalistes, construites à partir de matériaux pauvres comme la terre, expriment toute la fragilité de l’humanité face à la cruauté. Le tableau n’est qu’un support, « le talisman qui dresse ou écroule des murs dans les recoins les plus reculés de notre esprit, qui ouvre et parfois ferme les portes
Un engagement politique
Antonio Tàpies, en mars 2010, à l’occasion de la réouverture de sa fondation (© Alberto Estevez/EPA)
et les fenêtres des édifices de notre impuissance, de notre servitude ou de notre liberté », expliquait le peintre.
« Arte povera »
Dans ses toiles, qui font écho à l’« Arte Povera » italien des années 1960, Antoni Tàpies mêle
Antonio Tàpies en quelques dates
12 décembre 1923 : naissance à Barcelone 1948 : fonde « Dau al Set » avec Joan Miró et Joan Brossa 1950 : exposition aux Galerías Layetanas de Barcelone 1984 : crée la Fondation Antoni Tàpies pour promouvoir l’étude et la connaissance de l’art moderne et contemporain 1993 : reçoit le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour son installation Rinzen 2010 : élevé par le roi d’Espagne au titre héréditaire de Marquis de Tapiès pour sa « grande contribution aux arts plastiques espagnols et mondiaux » 6 février 2012 : décès à l’âge de 88 ans.
Redécouvrir l’âge d’or d’Hollywood pour un studio qui a vu débuter certains des plus grands noms du cinéma américain. C’est à une véritable institution, fondée en 1929, que le cinéma Action Christine, dans le 6e arrondissement, rend hommage du 8 au 22 février. Pionnière dans le domaine de la réédition de films qui ont fait l’Histoire, la salle d’art et essai parisienne propose une programmation d’une vingtaine de pépites de l’âge d’or hollywoodien.
S’ouvrir à un plus large public
« RKO est une petite major qui a fait travailler de célèbres réalisateurs comme Alfred Hitchcock ou Otto Preminger, mais qui a aussi permis la découverte d’auteurs moins connus, comme Jacques 08 - EXpresso - MerCRedi 8 FEVRIER
Tourneur ou Richard Fleischer », indique Jean-Marie Rodon, le directeur de l’Action Christine. Ce n’est pas la première fois que le cinéma du quartier parisien de SaintMichel célèbre le studio au globe. Pour l’occasion, il s’est associé avec la chaîne du câble TCM. Afin d’ouvrir ces films au plus large public possible, l’Action Christine offre pour chaque entrée un ticket pour un autre film du festival.
L’ombre d’Orson Welles
Ainsi, les amateurs de comédies se régaleront devant L’impossible Monsieur Bébé de Howard Hawks, histoire d’amour loufoque entre Cary Grant et Katharine Hepburn sur fond de paléontologie. Côté musical, Ginger Rogers et Fred Astaire feront renaître sur
o Nathalie Tissot
BILLET d’HUMEUR
Cinéma Un festival parisien revisite les classiques
n RKO. Trois lettres de légende
Entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, des mots se glissent sur la surface picturale, signe de son engagement politique contre la dictature de Francisco Franco (1939-1975). Les objets, souvent présents dans ses tableaux, s’échappent peu à peu du cadre pour se transformer en sculptures à part entière, comme ce Monument à Picasso, assemblage de meubles dans un cube en verre, érigé en 1983 à Barcelone. « Tàpies était radicalement libre dans sa créativité, et cette liberté s’est manifestée aussi bien dans son travail que dans son engagement éthique dans la société », a déclaré lundi soir Alfredo Perez Rubalcaba, le chef du Parti socialiste espagnol. Antoni Tàpies laisse derrière lui 8000 œuvres, aujourd’hui exposées dans les plus grands musées.
grand écran leur complicité à l’occasion de numéros de claquettes et de danse dans Top Hat et dans Swing Time. Autre temps fort : la toute première version de King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. A sa sortie en 1933, la gigantesque créature et la gracieuse Fay Wray ont connu un grand succès et poussé RKO à investir massivement dans l’épouvante. L’ombre imposante d’Orson Welles planera également sur le festival, qui propose deux de ses classiques, Citizen Kane et La splendeur des Amberson. Deux illustrations de la liberté artistique du maître, deux visions des excès de l’âme humaine par un de ses peintres les plus brillants. o Alexis Duval
La 3D contre-attaque par Maître Yoda
Personnage de la saga interstellaire par excellence je suis. La sagesse des six épisodes de Star Wars j’incarne. Et malgré mon flegme, à l’idée de voir mon univers distordu, vert de rage je suis. Maître Yoda je suis, Maître Yoda je resterai. Et en aucun cas, comme une vache à lait être utilisé je ne veux. Même si d’un marché plus que juteux d’être l’objet j’ai conscience, cette idée de ré-exploitation des six films en 3D, qui mercredi dans les salles obscures commence, en moi de la colère suscite. Mon créateur George Lucas, par la manne financière incroyable que la numérisation des images représente, obsédé semble. De retrouver les fans ravi je suis. Mais me laisser tranquille, avec ma marionnette fripée de 1980, ne peut-on donc ? o A. D.
MEDIAS TELEVISION Les séries politiques ont la cote
Le show politique «Borgen» arrive sur le petit écran
n La politique est définitivement un bon terreau pour la fiction. Trois semaines après le lancement des Hommes de l’ombre sur France Télévisions, Arte diffuse à partir de jeudi la série danoise Borgen (litéralement, «le Parlement»)
Véritable phénomène au Danemark, le feuilleton raconte l’ascension à la tête de l’Etat d’une candidate centriste, Birgitte Nyborg. Les hommes de l’ombre, dont Nathalie Baye est l’héroïne, et Borgen ont le même modèle: la Maison Blanche, l’étalon du genre. Comme leurs sœurs américaines, ces deux feuilletons européens dévoilent les arcanes du pouvoir, le rôle des conseillers en communication (les fameux « spin-doctors ») et le fourmillement des cabinets qui s’agitent derrière chaque homme politique. Chacune des deux fictions adapte pourtant le modèle original à sa sauce. Attentat
La série de France Télévisions s’inscrit dans une vraie dramaturgie dès l’épisode pilote –le premier, qui plante le décor et
Séance maquillage pour Birgitte Nyborg, la femme politique héroïne de Borgen
l’intrigue à venir– : le président meurt dans un attentat à la bombe, victime d’un scénario qui pêcherait presque par excès de théâtralité. Plus intime, le scénario de Borgen, élaboré par Adam Price, s’attarde sur les tiraillements de l’héroïne, une femme qui lutte pour mener de front sphères publique et privée. L’humanité dégagée par ce personnage central, et les sous-
intrigues esquissées dès le premier épisode font de Borgen un objet bien souvent passionnant. Les qualités de narration, associées à une mise en scène précise, ont d’ailleurs fait de la série scandinave un vrai succès sur ses terres. Ne reste plus qu’à savoir si, comme Les hommes de l’ombre, elle trouvera son public chez nous. o Pierre Labrunie
Les fictions au féminin font peau neuve n Les femmes aux plus hautes fonctions de l’Etat, pas encore une pratique généralisée. A la télévision, les scénaristes en font un sujet de prédilection. Dès 2006, alors que Ségolène Royal et Hillary Clinton tenaient leurs chances dans la course à la présidentielle, ABC et France 2 diffusaient respectivement Commander in Chief et Etat de grâce. Mais, en privilégiant la vie privée de ces femmes, les deux premières séries du genre sont tombées dans la caricature. Et le succès n’a pas été à la hauteur. Mettre fin à la caricature
Changement de tendance en 2012. Les fictions politiques au féminin font peau neuve et insistent désormais - enfin sur l’exercice du pouvoir. Et sur ses conséquences. Borgen, record d’audience au Danemark, décrit les aventures de Birgitte Nyborg, leader du
Parti centriste découvrant les affres de la vie politique et ses rouages qu’elle franchit simplement, sans faux semblants ni chis-chis, une force tranquille qui va la conduire au poste de Premier ministre. Le créateur de la série, qui arrive sur Arte précédée d’une réputation de sérieux, a auparavant effectué plusieurs recherches de terrain, une véritable enquête journalistique. En France, la série Les hommes de l’ombre met en scène depuis deux semaines Nathalie Baye en candidate surprise, mais naturelle, après la mort du président en exercice. Gravitent autour d’elle des conseillers politiques, véritables gourous des médias, que l’un va guider, conseiller, protéger, créant presque une icône de la politique. Record d’audience, inattendu. Sur HBO, le 22 avril, est attendu Veep où Julia Louis-Dreyfus devient rien moins que vice-prési-
dente des Etats-Unis. Pour Paul Langlais, journaliste spécialiste des séries télé (notamment pour la radio Le Mouv’), « on met en scène des femmes présidentes justement parce que c’est une fiction, ce qui permet une liberté inégalée. ». Aidées par le destin
Les héroïnes de ces fictions, ditil, « sont aidées par le destin » et « il faut un élément déclencheur pour lancer la fiction ». « Voir un homme président, c’est banal. Une femme, tout de suite, on pense qu’elle a plus de mal à mettre sa famille de côté pour la politique », argumente-t-il un peu simplement. Autrement dit, une femme au pouvoir ajouterait un degré dramatique bien compris par les scénaristes. Tous des hommes. Tout un symbole. Il y a encore du chemin à faire pour améliorer les choses ... o Thibault Dubreuil
en bref Omar Sy encore primé aux Globes de Cristal
n Les Etats-Unis ont leurs Golden Globes, la France a ses modestes Globes de Cristal, dont la cérémonie s’est tenue lundi soir à Paris. Une nouvelle occasion pour Omar Sy d’être distingué pour le film Intouchables. « Merci à Olivier et Eric. Merci François Cluzet. Vous m’avez fait grandir », a-til déclaré à la réception de son prix. Chez les femmes, Karin Viard et Marina Foïs ont été élues « meilleures actrices » pour le film Polisse. L’humoriste Stéphane Guillon a, lui, reçu le Globe du meilleur oneman show. Dans la catégorie «meilleurs interprètes de l’année », on trouve Louis Bertignac et la chanteuse Izia.
La fermeture de MegaUpload relance la catch-up TV n La fermeture du site de téléchargement illégal le 20 janvier dernier ne fait pas que des malheureux. Elle fait les beaux jours de la télévision de rattrapage («catch-up TV»), ces sites Internet des chaînes télévisées qui permettent de revoir des programmes déjà diffusés. «Il semble que les utilisateurs de MegaUpload soient venus voir les séries américaines sur nos offres gratuites et légales de TV replay.», a ainsi déclaré Nicolas de Tavernost, PDG du groupe M6 dont le trafic Internet a été multiplié par quatre en deux semaines. De son côté, TF1 a aussi annoncé une hausse de 40% de la fréquentation sur ses sites de catch-up TV.
Des artistes unis contre les billets trop chers sur le Net n Zaz, Laurent Ruquier, Yannick Noah et une vingtaine d’autres artistes protestent contre la revente de places de spectacles à des prix plus élevés sur Internet. Dans une pétition, ils demandent aux pouvoirs publics d’agir pour «mettre un terme aux abus». Le texte, qui dénonce des places «revendues cinq fois leur prix sur Internet», a déjà été signé par Bénabar, Camille, Kad Merad, Pascal Obispo, Mimi Mathy ou encore Yael Naim. D’autres artistes devraient prochainement rejoindre la liste. MERCredi 8 FEVRIER- EXpresso - 09
Expresso
08 02 2012
# 06
portrait Olivier Boivin champion de France de Mah-jong
Le Général aux 144 soldats
D
ésormais, les tables de Mah-jong ne sont plus seulement réservées aux Asiatiques. Parfois L’élève occidental dépasse même le maître. Olivier Boivin, champion de France en titre, nous fait part de sa perception de ce sport cérébral. Les 144 pièces de Mah-jong, d’origine chinoise, s’alignent comme des soldats sous le commandement de ce jeune homme de 35 ans. Olivier Boivin n’a découvert le jeu d’origine chinoise qu’en 2006 lors qu’un de ses amis revenu du Laos en a rapporté un exemplaire. Pour lui, malgré la complexité des règles, le Mah-jong peut se comparer au rami et au poker. «C’est tout à fait semblable, ma grand-mère m’a appris le rami quand j’étais tout petit (…) comme au poker, les pièces de Mah-jong sont divisées en quatre familles, avec huit pièces supplémentaires, et c’est tout», dit l’adepte du jeu.
Le Mah-jong pour les nuls Cn jeu de société se joue à quatre. Il exige tactique, stratégie, calcul et psychologie, ainsi qu’une part plus ou moins importante de chance. La manche s’arrête quand un joueur fait Mah-jong, c’est-àdire quand il possède quatre combinaisons et une paire
attirer les jeunes en distribuant des brochures dans les salons de manga où se trouvent beaucoup d’amateurs de la culture asiatique. Maintenant, la moyenne d’âge des membres est d’environ 30 ans, tandis que la majorité des joueurs néerlandais, par exemple, sont âgés.
Numéro 2 mondial
Après trois ans d’expérience dans un club parisien, ouvert une fois par semaine, Olivier a décroché le titre de champion de France en 2009. Un an après, il a participé au 2e championnat du Monde à Utrecht. Après trois jours intensifs et excitants, cet informaticien de profession a terminé vice-champion, juste derrière une joueuse chinoise. D’après lui, les joueurs de chaque pays ont leurs propres
L’entrainement à domicile d’Olivier Boivin
façons de jouer. «Par exemple, les Japonais tendent à défendre tandis que les Chinois aiment attaquer», «Les Chinois, quoi qu’il arrive, sont toujours forts», dit-il. Ce sport confidentiel s’est développé depuis les années 1990. « Nos joueurs sont beaucoup plus nombreux et plus forts que
expresso insolites
Conte de fée
Qu’on se le dise, Blanche-Neige est croate n La neige l’empêchant de se rendre à
la maternité, une jeune maman croate a donc logiquement décidé d’appeler sa fille… Blanche-Neige. En hommage aux intempéries et à «sa chevelure d’ébène». En langue vernaculaire, le bébé se nomme Snejazana. L’accouchement s’est bien passé, la maman étant assistée au téléphone par un infirmier. Et si devenue adulte Blanche-Neige veut monter une comédie musicale, elle pourra aller faire son casting à Kumming en Chine. Il s’agit là d’un village fondé et habité uniquement par des nains.
10 - Expresso - Mercredi 8 Février
ceux des autres pays européens, même les Italiens, les pionniers en Europe ». Un club jeune
Afin de promouvoir son sport en France, Olivier a créé luimême un club, nommé Fleur d’Orchidée, à Villejuif, où il habite. Il cherche toujours à
Stockholm se drape de mauvais goût n «C’est dans les vieux cartons qu’on fait les meilleures nuits.» Ce pourrait être le slogan d’un produit qui connaît un succès assez inexpliqué à Stockholm, en Suède : une housse de couette qui imite un assemblage de cartons. La marque hollandaise Snurk s’est déjà vue opposer bon nombre de critiques de la part de nombreuses associations qui lui reprochent d’exploiter l’image de la misère à des fins commerciales.
Étonnemment, peu de joueurs d’origine asiatiques se retrouvent ici. « Peut-être que c’est parce que ici l’on ne joue pas d’argent, ce qui est, en revanche, très populaire en Asie », explique Olivier, « Làbas, les joueurs addicts perdent même leurs maisons et voitures en jouant de l’argent. Pourtant, le Mah-jong est un sport. Ici, on ne joue jamais d’argent. Même les médailles du championnat sont en plastique». o Shao Hue
Divertissement
Comment se débarrasser de Nicolas Sarkozy… sur iPhone n Le studio français Kriskoff semble
en avoir contre Nicolas Sarkozy. Le jeu payant intitulé Bye bye Nico, consiste à éjecter le président français de son fauteuil de l’Elysée pour l’envoyer le plus haut possible. «Une aventure incroyable, un défi épique à la gravité, où vous devrez éviter des obstacles et attraper des bonus pour tenter de battre le record que tout le monde veut dépasser: qui enverra Nico le plus loin possible ?», proclament les éditeurs du jeu. Avis à ceux qui ne veulent pas attendre mai pour dire au revoir au Président.