ExPresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2018
14 01 2017
L’essentiel FRANCE
La qualité sauve les bouchers
P.2
Alors que des scandales sanitaires touchent les abattoirs, la viande de qualité tire son épingle du jeu.
n
INTERNATIONAL
# 09
L’humanité à l’épreuve des machines
La menace robot
P.3
La guerre presque secrète d’Israël
n L’Etat hébreu a bom-
bardé hier la banlieue de la ville de Damas, une nouvelle intervention discrète dans le conflit syrien.
eco/conso
P.4
Le business des salles de sport
n Enquête sur une stratégie marketing paradoxale. Entre incitation à prendre des abonnements et à déserter les complexes sportifs.
sports
P.5
Tensions autour de la CAN
n La 31ème Coupe d’Afrique des Nations démarre samedi 14 janvier dans un contexte socio-politique difficile au Gabon.
Culture
P.8
Nuit de la lecture 2017
n Pour cette première
édition, la nocturne des librairies et bibliothèques propose des activités dans plus de 1 200 lieux à travers la France.
Le droïde R2-D2 de la saga Star Wars (DR)
n En pleine campagne de la primaire résolution doit être votée en février par la
de la gauche, seul Benoît Hamon s’est exprimé sur les robots, préconisant une taxe pour contrer la future raréfaction de l’emploi. Au niveau européen, une
Commission pour encadrer l’usage des machines. Menace ou opportunité, les avis divergent et ces évolutions tardent à être anticipées au niveau politique.Page 2
FRANCE PRIMAIRE Les sept candidats n’ont rassemblé que 3,8 millions de téléspectateurs
Un débat superficiel et peu convaincant pour la gauche
L
Europe 1
e premier débat télévisé de la primaire de la gauche a déçu. Sur le fond, les échanges ont été très convenus, sans grand relief. Sur la forme, l’organisation d’un tel débat montre ses limites. L’audience de TF1 en pâtit : 3,8 millions de téléspectateurs étaient devant leur poste pour regarder les candidats. Un score assez pâle par rapport au premier débat de la primaire de la droite et du centre, le 13 octobre dernier, qui avait rassemblé 5,6 millions de personnes. Les raisons de ce bilan très lisse sont à chercher certes sur le fond, mais aussi sur la forme. Un timing contraignant
Sept candidats se partageaient le temps de parole. A la fin des deux heures et demie de débat, chacun avait parlé moins de vingt minutes. Toutes les interventions étaient limitées à une minute trente, et chaque réaction à un propos d’un autre candidat ne pouvait excéder 45 secondes. Sous ces contraintes, difficile donc de convaincre sur le fond. Benoît Hamon l’a évoqué vendredi matin au micro de Jean-Michel Aphatie sur France Info : « Je ne suis pas très satisfait au sens où je pense que
Les thèmes économie, laïcité et terrorisme ont été abordés pendant le premier débat
l’exercice est compliqué quand on est sept, c’est difficile d’aller au fond d’un certain nombre de questions qui méritaient d’être approfondies. (…) J’ai parfois le sentiment qu’on survole certaines questions ». Jean-Luc Bennahmias a lui aussi estimé que « la formule limite les possibilités de débat ». La campagne menée sur un temps très court (trois semaines) par les candidats ne favorise pas
non plus les discussions de fond et la mobilisation. En une semaine, les électeurs devront absorber trois débats télévisés : le prochain se déroulera dimanche et le dernier, jeudi 19 janvier à quelques jours du premier tour. Pour ces trois rendez-vous télévisés constituant en fait le principal corps de cette campagne à gauche, les thèmes ont été âprement négociés par les candidats : Manuel Valls
aurait voulu que le terrorisme et la sécurité occupent le haut de l’affiche, tandis que les autres candidats étaient plus favorables aux thèmes économiques et sociaux. Finalement, tous seront survolés. Cette formule n’incite donc ni les candidats, ni les journalistes à creuser les propositions sur le fond, engendrant une désagréable impression de poudre aux yeux. o Laura Dulieu
Benoît Hamon, diviser pour présider n C’était le grand soir pour
Benoît Hamon qui voit dans le premier débat de la primaire de la gauche le moyen de décoller. Il doit se frayer une place entre les deux favoris pressentis : Arnaud Montebourg et Manuel Valls. Mais au milieu de ses concurrents, le candidat n’est pas à l’aise. Il a une minute vingt pour expliquer pourquoi il veut devenir président. Les épaules courbées, il se tient mal. Son visage reste plaqué vers l’arrière ce qui lui grossit le cou et fait apparaître un double menton qu’à l’habitude il n’arbore pas. A la fin de cette première question, Benoit Hamon clôture par « je veux que nous nous tournions avec confiance vers le futur ». Et ce futur où il serait président, le candidat le prépare depuis 02 -DÉCAFÉINÉ - SAMEDI 14 JANVIER
longtemps. Car ce breton qui a fait ses classes à Brest s’est dirigé très tôt vers les institutions menant au pouvoir. En 1993, il est président des Jeunes Socialistes et compte bien faire partie de la nouvelle génération à la tête du parti à la rose. La même année, il cofonde avec Montebourg et Peillon la tendance Nouvelle Gauche. Cela ne l’empêche pas de dealer avec François Hollande alors Premier secrétaire du parti. Il monte au sein du PS, jusqu’à en devenir le porte-parole et prend du galon en 2012 en décrochant un maroquin ministériel.
Le gang des quinquas Cet appétit du pouvoir, Benoît Hamon (49 ans) le partage avec les quinquagénaires du parti trop longtemps restés dans
l’ombre des Fabius, Royal, Strauss-Kahn et Hollande. En 2014, il participe au putsch contre Jean-Marc Ayrault avec ses complices Montebourg et Valls. Mais au fil des mois, le nouveau gouvernement sombre dans l’impopularité. Le ministre de l’éducation prend rapidement la fuite avec Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti. Manuel Valls, le capitaine, reste dans le navire. Benoit Hamon se veut alors électron libre. Il critique le gouvernement et rejoint la campagne de Claude Bartolone aux régionales. A l’époque, il dit constater à Trappes, où il est conseiller municipal, la déception envers l’équipe gouvernementale. Le frondeur prépare alors le terrain et se présente très tôt à la primaire citoyenne.
A gauche de la gauche, il fonde son programme sur une idée : la fin du travail. Il prône alors l’instauration d’un revenu universel. Les autres candidats fustigent cette réforme qui pourrait coûter près de 400 milliards d’euros par an. Lui défend cette mesure comme étant l’héritière des grandes réformes de la sécurité sociale, du RMI ou de la CMU. Pourtant le manteau du président semble grand pour ce candidat effacé par les personnalités plus médiatiques et plus expérimentées que sont Valls et Montebourg. Qu’importe! Inclu dans le trio en tête des sondages, il se prend à rêver d’une gauche unie autour de sa candidature, lui qui a plus souvent aidé à la diviser qu’à la rassembler. o Thibaut Godet
FRANCE ALIMENTATION Le succès des boucheries traditionnelles ne se dément pas
Des scandales qui tombent à point
D
direct. Nous échangeons souvent sur son travail ». Un scandale qui profite à certains
maison Verot
evant la maison Verot entre midi et deux, la file d’attente s’étend jusque sur le trottoir. Pour qui souhaite se procurer une terrine de canard, une compote de lapin ou un saucisson lyonnais chez ce charcutier, il faut donc patienter. Bien loin des scandales sanitaires qui défraient la chronique depuis plusieurs mois, les clients du XVe arrondissement ne semblent pas se méfier outre mesure de l’origine de leur viande ou de leurs conditions d’abattage. « Nous avons la chance de pouvoir suivre la viande de la terre jusqu’à l’assiette. Même si évidemment je ne peux pas aller filmer moi-même dans l’abattoir ». Gilles Verot, patron de la maison éponyme, fait référence aux multiples dérives mises au jour par des vidéos de conditions d’abattage déplorables (voir encadré). Ces images auraient eu comme vertu d’alerter les consommateurs sur le conditionnement de leur viande. Conséquence, plusieurs abattoirs ont dû fermer récemment, comme ceux d’Alès (Gard) mi-octobre, ou de Soule (Pays Basque) en mars 2016.
Gilles Verot ne souffre pas des scandales frappant les abattoirs
Au bout de la chaine, les bouchers et charcutiers sont obligés d’assurer le service après vente. « Le tout c’est de faire de la pédagogie, discuter avec les clients pour qu’ils ne se méfient pas. Ces crises nous permettent de nous rendre compte à quel
point c’est important de conser ver la confiance de nos clients », poursuit le patron de la maison Verot, sûr de lui et de l’image de sa marque qui existe depuis 1930. Il doit être rassurant : « Je vais voir régulièrement notre éleveur avec qui je suis en lien
Caméra obligatoire dans les abattoirs L’Assemblée a validé jeudi soir une mesure qui rendra la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs à partir du 1er janvier 2018. C’est grâce à l’association L214 qui a publié des vidéos dénonçant la maltraitance animale. Elles ont montré des vaches mal étourdies qui gisent la gorge cisaillée ou encore des ouvriers qui balancent des moutons agonisant par dessus des barrières.
Météo La France va faire face à une nouvelle descente d’air froid
Les bouchers et charcutiers de luxe ne connaissent donc pas la crise. Pis, leur clientèle serait d’autant plus nombreuse que les scandales éclatent. « Chez nous ça n’a aucune conséquence. C’est très bien que ces histoires sortent, ca en élimine pas mal [de concurrence] », diton même à la boucherie Bréa, un autre établissement haut de gamme dans le VIe. Il y aurait moins de compétition pour les artisans de la viande qui peuvent faire payer le prix fort à leur clientèle, et prendre le temps de contrôler leurs fournisseurs. Ce sont dans les grandes surfaces ou sur les marchés que les bouchers payent la mauvaise réputation des abattoirs.« La différence principale c’est le coût. Dans les grandes surfaces, ils veulent faire le plus de marge possible avec une industrie intensive », conclut-on. Ceux qui n’ont pas le portefeuille assez épais pour se payer une côte de bœuf labellisée doivent fermer les yeux quand ils ouvrent la bouche. Tout se paye. o Tom Umbdenstock
EN BREF
Après la tempête, des températures en baisse
Un jeune garçon radicalisé a été condamné
n Que l’on soit rassuré. Alors
n Trois ans de prison, dont
que 330.000 foyers ont été privés d’électricité dans la nuit de jeudi à vendredi, les météorologues prévoient une accalmie pour ce week-end et la semaine prochaine. En revanche, comme l’annonce Gilles Gaultier, prévisionniste à MéteoFrance, l’air sibérien qui se dirige vers l’Europe, entraînera un dégradé de températures basses du nord-est à l’ouest. La ville de Strasbourg va afficher -10 °C, alors qu’à Brest le ressenti sera d’un degré. Avec ces températures, des giboulées sont attendues pendant plusieurs jours avant que le froid sec n’arrive en milieu de prochaine. Les deux zones les plus affectées vendredi matin par la tempête, sont la Normandie et la Picardie. D’autres zones ont subi les intempéries comme le Centre, le Nord-Pasde-Calais, la Champagne-Ardenne, la Lorraine, les Pays-dela-Loire et la Bretagne. Gilles Gaultier explique que ce phénomène « s’est déplacé de
un an avec sursis et mise à l’épreuve. C’est le prix que va payer Wissem N., un lycéen de Nîmes, jugé radicalisé. Sur les réseaux sociaux, le jeune homme de 18 ans publiait des photos sur lesquelles il posait avec un drapeau de l’Etat islamique. Son changement de comportement avait été signalé par ses propres parents au début de l’année 2016.
Provin, dans le Nord jeudi 12 janvier / Voix du Nord
l’Islande vers la Manche puis vers la Belgique de manière très rapide. Ce vent violent est lié à une descente d’air froid en altitude, appelée courant-jet, qui a des répercussions en surface. », ajoute le prévisionniste. Une phénomène récurrent
Par ailleurs, le caractère exceptionnel de cette tempête est relatif selon les régions. L’épisode est fréquent en Bretagne, qui en connaît tous les hivers. En revanche en Normandie, où le
vent a atteint une vitesse de 150 km/h, ces rafales se manifestent tous les cinq ou dix ans. Les alertes rouge et orange pour vents violents ont été levées mais onze départements sont encore en vigilance orange pour neige et verglas, dont le Pas-de-Calais et le Nord. En ce qui concerne les perturbations de transports, la SNCF assure que tout sera rentré dans l’ordre pour ce week-end et qu’aucun retard n’est envisagé. o Fiona Garfanini
Retrouvailles tendues à droite n 53 jours. C’est le temps qu’a
duré le divorce entre François Fillon et Nicolas Sarkozy. Ils se sont revus le 12 janvier pour la première fois depuis novembre. Cette entrevue intervient sur fond de tension, les sarkozystes dénonçant le tournant « radical » du projet de F. Fillon. Officieusement, ils sont vexés d’avoir été mis à l’écart de l’équipe en route vers la présidentielle.
SAMEDI 14 JANVIER- DÉCAFÉINÉ - 03
INTERNATIONAL DIPLOMATIE A Bamako, Hollande rencontre 36 dirigeants
En Afrique, une politique française principalement sécuritaire
F
rançois Hollande met un point final à sa politique africaine les 13 et 14 janvier lors du sommet FranceAfrique à Bamako. Jean-Marc Châtaigner, ancien ambassadeur de France à Madagascar et directeur général de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), fait le bilan de son mandat. Quels ont été les grands principes de la politique africaine de François Hollande ? Ils rejoignent ceux du gouvernement Jospin à la fin des années 1990, à savoir les principes de non-indifférence et de non-ingérence. Cette approche a néanmoins été bouleversée par les crises politiques et sécuritaires du Mali et de la République Centrafricaine. Le souci de François Hollande était d’assainir la politique africaine de la France, lui donner une connotation moins personnelle. A-t-il incarné la fin de la Françafrique ?
En tout cas la fin de la Françafrique des réseaux. François Hollande n’a pas du tout fonctionné sur des réseaux parallèles : tout s’est fait par les canaux officiels. On a l’impression que priorité a été donnée à la sécurité sur tous les autres enjeux durant ces 5 ans… Tout à fait, ce prisme sécuritaire a notamment été lié aux événements du Mali : l’occupation d’une partie du territoire du pays par les groupes terroristes et le risque d’une attaque contre Bamako en 2013. La brutale dégradation de la situation en Centrafrique a aussi provoqué une intervention dans ce pays. Il faut souligner que ces interventions militaires ont été réalisées à la demande des pays concernés et ont ensuite été poursuivies par des missions de l’ONU. Quel est le bilan de ces interventions ? Leurs objectifs immédiats ont été atteints, puisqu’elles ont permis de stabiliser la situation
au Mali et en RCA. Cependant, les problèmes de fond n’ont pas disparu, à savoir la corruption, les problèmes narco-mafieux, la perte de confiance des populations dans leurs structures de gouvernance. Les menaces djihadistes n’ont pas disparu. On a soigné le court-terme mais les moteurs politiques et sociaux de ces conflits n’ont sans doute pas fait l’objet d’une attention suffisante. Sur la démocratie, justement, quelles ont été les relations de François Hollande avec les dirigeants africains ? On peut caractériser la politique africaine de la France de ces dernières années comme l’expression d’une realpolitik. Tous les efforts ont été concentrés sur la menace principale que représentait le djihadisme. En conséquence, la politique d’appui à la gouvernance n’a pas été intrusive. Le gouvernement français est resté prudent sur ces questions. Aujourd’hui, y a-t-il un risque
de perte d’influence pour la France ? Il y a un risque de perte de relation avec les jeunesses africaines, qui ont moins de références françaises et qui peuvent parfois s’estimer trahies ou incomprises. Elles attendent une nouveauté, un changement. Il n’est pas sûr que nos politiques aient répondu à leurs aspirations. Quels sont les enjeux aujourd’hui pour la France en Afrique ? Aujourd’hui, deux Afriques coexistent : une Afrique émergente comme la Côte d’Ivoire ou le Kenya, et une Afrique qui s’effondre avec des Etats fragiles. Il faut éviter que les poches d’instabilité ne gagnent l’ensemble du continent et n’entravent le développement. Les enjeux pour la France sont là : éviter que l’Afrique ne devienne un foyer de conflits, de terrorisme ou de réfugiés contraints à fuir leur terre d’origine. o Propos recueillis par Hélène Assekour
Cinq ans d’interventions militaires n La politique de Défense de
Opération Barkhane
François Hollande en Afrique aura été conséquente par son coût. En 2013, le président de la République a décidé d’envoyer ses troupes au Mali dans une opération baptisée « Serval ».
En juillet 2014, l’opération « Barkhane » supplante la précédente afin de combattre la menace terroriste qui déstabilise la région du Sahel. Le nombre de soldats mobilisés s’accroît pour atteindre 4 000 hommes en décembre 2016 et l’opération n’est pas terminée. Si le coût de l’opération ne peut encore être chiffré, en 2015 près de 550 millions d’euros ont été dépensés.
Opération Serval
Ce premier déploiement phare du quinquennat sur le continent visait à combattre des groupes djihadistes qui menaçaient de prendre le contrôle du pays, alors assuré par l’intérim de Dioncounda Traoré. Débutée en janvier 2013, l’opération a mobilisé jusqu’à 4 500 soldats dans ses débuts, pour diminuer progressivement. À la fin de l’intervention en juillet 2014, 1 600 soldats occupaient encore le territoire malien. Cette première apparition à l’extérieur du territoire est un succès pour François Hollande. Mais c’est également un coût conséquent pour dix-huit mois de conflit, l’OPEX chiffre « Serval » à 647 millions d’euros de dépenses, représentant la moitié du coût des opérations extérieures de la France en 2013. 04 - DECAFEINE - SAMEDI 14 JANVIER
Opération Sangaris
Un militaire de l’opération Sangaris - LP/Philippe de Poulpiquet
La face cachée de l’opération Sangaris Le 3 janvier dernier, une enquête révélant le manque de réactivité de l’armée et de la justice envers les abus sexuels commis par des militaires de l’opération Sangaris a été publiée par le site Médiapart. Des soldats sont en effet mis en cause dans plusieurs affaires de viols et abus sexuels sur mineurs, parfois en échange d’argent ou de rations militaires. Des documents internes prouvent que l’armée n’ignorait pas le recours à la prostitution de misère par certains militaires. La justice française, quant à elle, a classé un des dossiers. Sans prévenir la plaignante.
La troisième intervention phare du quinquennat a mobilisé jusqu’à 2 500 hommes en Centrafrique. L’opération baptisée « Sangaris » visait à mettre fin à la guerre civile entre confessions chrétienne - soutien à l’exchef d’Etat François Bozizé - et musulmane - fidèle au président Michel Djotodia - qui fait rage dans le pays depuis 2013.Interrompue le 31 octobre 2016, elle aura coûté plus de 500 millions d’euros. 350 soldats français demeurent impliqués dans une armée de réserve avec les missionnaires de l’ONU. o Thibault Lambert
INTERNATIONAL CONFLIT SYRIEN L’aéroport militaire de Mazzé, près de Damas, a été bombardé
La très discrète guerre d’Israël en Syrie
L
’État hébreu parvient de moins en moins à cacher son implication dans le conflit syrien. Tout en se tenant à distance de cette guerre, le pays tente par différents moyens de se protéger de ce qu’il considère comme une menace chiite à ses portes. Cette fois, l’intervention israélienne fut moins feutrée qu’à l’accoutumée. Vendredi 13 janvier, Damas a accusé son voisin hébreu d’avoir bombardé dans la nuit son aéroport militaire à Mazzé, dans la banlieue ouest de la capitale. L’attaque, corroborée par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et un journaliste de l’AFP sur place, a visé des dépôts de munitions et provoqué au moins
huit explosions. Selon le régime syrien, les tirs proviendraient du plateau du Golan, un territoire de 1 200 km² que les deux voisins se disputent depuis son annexion illégale par Israël, en 1981. La frontière du Golan se situant à une cinquantaine de kilomètres de Damas, le plateau aurait déjà servi, selon l’agence syrienne Sana, de zone de lancement pour des missiles dirigés vers la capitale en décembre dernier. En quête d’alliés, à tout prix
Ces bombardements permettent à Israël de défendre discrètement ses intérêts dans la région, en ciblant les forces chiites qui menacent ses frontières : le régime syrien et son allié depuis 2013, le Hezbollah. Cette orga-
CANADA Un remaniement surprise
Trudeau prêt pour l’arrivée de Trump n Pour maintenir une rela-
tion privilégiée avec Washington, le Premier ministre canadien est prêt à tout. Alors que l’investiture du futur président des Etats-Unis, Donald Trump, approche à grand pas, les partenaires commerciaux s’inquiètent de la politique protectionniste du milliardaire. Justin Trudeau a procédé à son plus grand remaniement depuis son entrée en fonction en novembre 2015. Une négociatrice au gouvernement
Chrystia Freeland, anciennement responsable du Commerce international, devient ministre des Affaires étrangères. Elle prend la place de Stéphane Dion, qui s’était montré très critique envers le président élu aux Etats-Unis. Un choix stratégique puisque cette dernière est parvenue, en octobre dernier, à maintenir les négociations autour du traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada (CETA). Le chef du gouvernement d’Ottawa craint une renégociation de l’accord de libreéchange (ALENA), conclu en
1994, entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Il s’agit, en effet, de l’une des promesses de Donald Trump. Fen Osler Hampson, directeur du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale (CIGI) affirme qu’ « ils ont besoin de quelqu’un qui sait communiquer de manière efficace ». Un remaniement critiqué
Les avis ne sont, pourtant, pas tous aussi positifs concernant ce remaniement spécialement organisé pour l’intronisation de Donald Trump le 20 janvier prochain. Alexandre Boulerice, député démocrate canadien, regrette le manque d’écologistes au pouvoir et craint des échanges qui ne se limiteront qu’au commerce. Le parti social-démocrate, Bloc québécois, également réticent, a qualifié ce changement de « purement cosmétique ». Pour se préparer aux possibles blocages de Donald Trump, le Premier ministre canadien Justin Trudeau ne devra pas seulement changer son cabinet ministériel mais aussi ses tactiques de politique extérieure. L’ALENA en dépend. o Justine Reix
Benjamin Netanyahu/AP
nisation chiite libanaise est en effet en guerre ouverte contre l’État hébreu, depuis sa création en 1982. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait ainsi admis en avril 2016 qu’Israël avait attaqué en Syrie des convois d’armes destinés aux
combattants chiites libanais. C’est bien la mise en avant d’une menace chiite qui dicte aujourd’hui la cadence de la politique israélienne. A tel point que Benjamin Netanyahu se dit depuis maintenant deux ans prêt à se rapprocher du « camp sunnite modéré », auquel appartiendrait la Turquie. Cette menace conduit même Israël à soigner sur son sol des rebelles sunnites, affiliés à Al-Qaida, qui combattent ses ennemis en Syrie, et des civils blessés par le conflit. En tout, depuis deux ans, l’État hébreu a hospitalisé au moins 1 500 victimes de la guerre syrienne. En oubliant presque que les ennemis de ses ennemis... sont aussi ses ennemis. o Quentin Bas
EN BREF Obama met fin au régime d'immigration pour les Cubains
Opposition sur l’avenir des troupes turques à Chypre
n Le président américain,
n En marge des discussions
Les Etats-Unis, invité des prochaines négociations sur la Syrie
Orban souhaite emprisonner les migrants
n Trois jours après la prise
grois, Viktor Orban, a annoncé, vendredi 13 janvier, vouloir une mise en détention systématique des migrants qui arrivent dans le pays. « Le gouvernement a décidé de rétablir la détention des étrangers par la police » a précisé le dirigeant conservateur. Cette mesure contraire au droit européen, est jugé nécessaire pour « protéger la souveraineté » de la Hongrie par Orban.
Barack Obama, a mis fin au dispositif, jeudi 12 janvier, qui accordait un permis de séjour aux immigrants clandestins cubains arrivés sur le territoire américain. L’abrogation de ce régime spécial, avec effet immédiat, répond à une demande de longue date du régime communiste, qui y voyait une incitation à l’exil de ses ressortissants. Une annonce faite à huit jours de la fin du mandat du chef de l’Etat américain.
de fonctions du nouveau président Donald Trump, les Etats-Unis seront invités aux négociations sur un règlement du conflit syrien, le 23 janvier prochain au Kazakhstan. C’est la Turquie, organisateur de ces pourparlers avec la Russie, qui a annoncé la présence d’une délégation américaine. Moscou ne s’est pas encore prononcé sur une telle invitation.
de Genève, qui se sont terminées le 12 janvier, le président chypriote grec, Nicos Anastasiades a déclaré que « l’armée turque doit évacuer Chypre », une fois qu’un accord sera trouvé sur la réunification de l’île. De son côté, Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a répondu qu’il est « hors de question » de retirer toutes les troupes turques. Les délégations se réuniront le 18 janvier prochain pour discuter de la question de la sécurité.
n Le Premier ministre hon-
SAMEDI 14 JANVIER- DECAFEINE - 05
ECO/CONSO
TECHNOLOGIE Travail, guerre et politique, le post-humanisme en question
Les robots menacent l’emploi
C
e n’est désormais plus de la fiction. La Commission des affaires juridiques du Parlement européen a adopté jeudi 12 janvier un texte incitant à prendre des mesures pour encadrer l’usage des robots, mais aussi la création d’une agence dédiée à ces thèmes. Cette résolution devrait être votée en séance plénière par la Commission européenne au mois de février. Même si celle-ci n’est pas obligée de suivre ces recommandations, elle devra au moins se justifier en cas de refus d’une nouvelle législation. Au cœur du débat, la place des robots dans l’économie. Personne ne peut encore, avec certitude, prédire leur rôle dans les entreprises et leur impact sur l’emploi. Mais tous les rapports sont unanimes, le marché du travail sera perturbé par l’arrivée de ces machines. Mady Delvaux, eurodéputée socialiste luxembourgeoise, est à l’origine de ce projet préconisant l’instauration d’une taxe robot et d’un revenu universel pour combler les potentielles pertes de ressources. L’idée selon laquelle la techno-
Finiront-ils par remplacer les humains? (ILEXX / GETTY IMAGES)
logie se substituera aux humains est de plus en plus présente et inquiète les salariés, tels que les agents d’entretien, les ouvriers qualifiés des industries de process ou encore les ouvriers manutentionnaires dont les emplois sont les premiers menacés. En France, c’est le candidat à la primaire de la gauche, Benoît Hamon, qui se fait l’écho de ce projet. Il propose en sus un
revenu universel, financé par la taxe robot, afin de compenser la raréfaction du travail, comme le préconisait Mady Delcaux. La destruction créatrice
Mais tout le monde n’a pas la même vision de l’avenir avec les robots. Selon le Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE), organisme de réflexion placé sous l’autorité du Premier
ministre français, moins de 10% des emplois seraient menacés par la robotique. L’étude qu’il délivre insiste sur le fait que près d’un emploi sur deux a de fortes chances d’être transformé. Il apparaît donc nécessaire d’anticiper ces futures évolutions, afin que les politiques, françaises ou européennes, ne se retrouvent dos au mur. o Margaux Boddeart
Les caissières luttent contre les automates
La guerre des machines tueuses a déjà débuté
n Des caissières remplacées
n Le texte européen voté jeudi
par des automates. C’est ce que craignent des salariés d’Auchan qui ont mené vendredi 13 janvier, une journée de sensibilisation dans trois magasins (Englos, Cherbourg et Cergy-Pontoise). À l’initiative de cette mobilisation, le syndicat CFDT a annoncé que le groupe prévoyait de supprimer 2 000 emplois de caissières ces trois prochaines années, soit « 1 500 postes 35H », près d’un quart des effectifs. La faute à la multiplication des caisses automatiques dans les magasins selon l’organisation. 2 millions d’heures de travail perdues
L’objectif d’Auchan, dont le bénéfice net a chuté de 87,2 % au premier semestre 2016, serait de faire passer à 50 % le volume des encaissements automatiques. Si la grande distribution poursuit sa robotisation, elle embauchera donc forcément moins. À la place des licenciements, l’enseigne profiterait des départs naturels d’étudiants ou des départs à la retraite. Pour la CFDT, 06 - DECAFÉINÉ - SAMEDI 14 JANVIER
ce sont 2 millions d’heures de travail qui ont été perdues entre 2008 et 2010 à Auchan, à cause des caisses automatiques, soit « 1 800 emplois équivalents temps plein ». Auchan dément
La direction de l’enseigne répond qu’il n’y a aucun plan de suppressions de postes pour les trois prochaines années mais confirme les nouvelles commandes de caisses automatiques. D’après Europe 1, 20 000 postes ont été supprimés en dix ans dans la grande distribution à cause du développement de cette automatisation. Soit une diminution de 10 % des effectifs. La robotisation ne concerne pas que les caissières : un rapport du cabinet de conseil Roland Berger de 2014 estime que d’ici 10 à 15 ans environ 42 % des emplois sont menacés. L’an dernier, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective du gouvernement misait plutôt sur 15 %. o Tom Rossi
« ne se penche pas sur les robots pouvant être utilisés comme des armes » indique le rapporteur Mady Delvaux. La question des robots tueurs n’est pas qu’un fantasme de fans de Robocop. Le développement potentiel de ces automates est étudié et combattu à l’échelle internationale. En 2013, des ONG ont lancé la campagne « Stop Robots Killing » coordonnée par Human Right Watch. Deux ans plus tard 700 scientifiques et chefs d’entreprises dont Elon Musk (Tesla), ont signé une lettre alertant du danger que représente le développement de l’armement autonome qui selon eux, pourrait apparaître sur le marché noir et tomber dans les mains des terroristes et de dictateurs. Un armement en débat
En 2016, un document de travail français de la Conférence du désarmement de l’ONU, indique que ces robots-tueurs « seraient caractérisés par une
capacité à réaliser le ciblage et un tir létal (balle ou missile) en autonomie totale de fonctionnement ». Actuellement, la Corée du Sud a placé des robots Samsung tirant automatiquement (SGR-A1) à sa frontière et certains drones décollent et volent déjà seuls. Mais des robots tuant sans aucune intervention humaine n’existent pas encore. Un autre texte publié par la mission permanente de la France auprès de la Conférence du désarmement à Genève explique que « la France estime que le développement et l’emploi d’éventuels systèmes d’armes létaux autonomes (SALA) ne peuvent pas être considérés comme intrinsèquement en contradiction avec le droit international humanitaire. Toute interdiction préventive du développement d’éventuels SALA semble prématurée ». La bataille ne fait que commencer et le destin des robots-tueurs n’est pas encore écrit. o Morgane Bona
ECO/CONSO FITNESS La stratégie paradoxale des salles de sport
Engagez-vous puis restez chez vous!
C
Une rentabilité optimisée
Florian Martinez
’est un incontournable du début d’année. Parmi les bonnes résolutions qu’on entend le plus, l’engagement de se (re)mettre sérieusement au sport. Sur ce marché, les salles se taillent depuis quelques années la part du lion : en 2016, on en comptait environ 4000 dans l’Hexagone, pour près de 5 millions d’inscrits. Et les offres s’adressent à tous : le tarif mensuel va de 10€ pour les plus basiques à plus de 200€ pour les plus complètes. Sans surprise, c’est à Paris qu’on trouve le plus de salles, pour la plupart organisées en franchises : Neoness en compte 14, le Club Med Gym, 24. Aux Cercles de la Forme, on recense « plus de 65 000 adhérents », répartis sur les 18 sites de la capitale, selon Mariem, l’hôtesse d’accueil du club de Saint-Lazare. « En trois ans, on est passé du simple au double » ajoute-elle, avant d’expliquer cette tendance par « la mode d’avoir un beau corps, une bonne hygiène de vie. » Le phénomène ne semble pas près de s’arrêter : il ne se passe pas cinq minutes sans que quelqu’un n’entre pour prendre des informations d’inscription.
Vous êtes incités à ne plus vous rendre à la salle de musculation. Entre défouloir et lieu de sociabilité
D’après les clients, les raisons de cet engouement sont plus variées. Anne, jeune retraitée, s’est inscrite il y a un an au Must Institute, à Montparnasse : « C’est un bon défouloir, tout ce dont j’ai besoin maintenant que je ne travaille plus. » Isabelle sort du cours de stretching à Saint-Lazare : « Je viens pour deux raisons: me remettre en forme après une opération, et discuter avec mes copines ». Encore essoufflé, Malik confirme : « C’est un lieu de sociabilité comme tout club de sport, on voit des per-
sonnes de tous horizons. » Tous reconnaissent que ce réseau est essentiel pour les inciter à s’entraîner régulièrement. Devant le Club Med Gym de Montparnasse, les grappes d’hommes en costume et de femmes en tailleur sont légion pendant la pause déjeuner. A côté d’eux, JeanCyril fait figure d’exception : il est venu seul. Il profite d’un jour de repos pour travailler sa condition physique, lui qui fait aussi du sport en extérieur. « Je paye quasiment 1 000€ par an, c’est cher pour la qualité des machines, mais je continue à venir car c’est à côté. »
FOOTBALL En Allemagne, les fans encouragés à prendre part aux décisions
L’actionnariat populaire séduit l’Europe n Le football européen pour-
suit son assainissement financier. Le rapport annuel de l’UEFA publié jeudi fait état d’une perte nette globale de 323 millions d’euros en 2015, contre 490 millions en 2014. Mais ces chiffres cachent des disparités entre les championnats. Alors que la Ligue 1 cumule les pertes, la Liga espagnole, la Premier League anglaise et la Bundesliga allemande engrangent les plus gros profits. Ces trois championnats ont la particularité d’avoir ouvert le capital de leurs clubs aux supporters. En Espagne, les « socios » payent tous les ans une cotisation d’une centaine d’euros pour élire le président. Au Royaume-Uni, ils achètent des actions comme à Swansea où ils détiennent 20% du capital. C’est en Allemagne que la législation est la plus ambi-
tieuse : les clubs doivent appartenir à 50%, plus une voix, à leurs fans. Ces derniers sont réunis au sein d’associations qui prennent part aux décisions. Les études du cabinet Deloitte soulignent les vertus de cette règle, gage d’équilibre : « la forte rentabilité de la Bundesliga serait le résultat d’une gestion à long terme basée sur un actionnariat stable ». La Ligue 1 française en retard
En France, Guingamp sera le 25 février le premier club à permettre à ses supporters de devenir actionnaires en adhérant à une association pour 40 euros minimum. Plus au sud, «À la Nantaise», une association de supporters du FC Nantes soutenue par la ville, attend la vente du club pour entrer au capital « en tant qu’actionnaire minoritaire, afin d’être représentés
dans le Conseil d’Administration », explique le président de l’association, Florian Le Teuff. Une première levée de fonds à hauteur de 7% du capital du club (500 000 euros) a déjà été réalisée. Une étude de l’Université de Nantes a démontré que le potentiel économique de l’actionnariat populaire au FC Nantes est de 1,7 million d’euros. Cette enquête démontre que plus de 20 000 supporters sont prêts à participer à cette initiative. Présentant un modèle économique plus stable,cette forme d’actionnariat peut être une solution pour les clubs en proie à des difficultés financières. Il peut aussi séduire ceux qui veulent profiter de leurs supporters pour augmenter leur budget et devenir plus compétitif. o Tom Rossi
Les clients assidus comme lui ne sont pas les plus rentables pour les clubs, car leur modèle économique repose, paradoxalement, sur les abonnés qui ne viennent pas. D’une part, parce que les clients fidèles le restent, tant que les machines ne sont pas prises d’assaut par les nouveaux arrivants. D’autre part, ces mêmes sportifs assidus cherchent à réduire leurs coûts d’inscription, ce qui est permis par les engagements annuels proposés lors de périodes de forte demande, à la rentrée et après les fêtes. Mais, même lorsque le client vient à la salle, tout est fait pour que le club amortisse ses investissements. Les forfaits premiers prix ne comprennent que l’accès aux machines. Il faut ensuite payer pour les cours en petit groupe, la location d’un casier, le prêt d’une serviette ou les conseils nutritionnels. Cumulée à la reprise d’une routine qui laisse moins de temps pour le sport, la facturation de ces petits plus contribue largement à la désertion des salles dès février. Peut-être autant que la durée de vie des résolutions. o Théo Blain & Fausto Munz
EN BREF
Renault dans le viseur n Vendredi 13 janvier, le par-
quet de Paris a annoncé que des juges d’instruction seront chargés d’enquêter sur les dispositifs utilisés par le constructeur automobile français pour contrôler les émissions de ses modèles diesel. Suite à cette annonce, le titre de Renault a chuté de plus de 4% à la Bourse de Paris.
Les créations d'entreprises ont rebondi en 2016 n Malgré un recul en dé-
cembre, le nombre de créations d’entreprises a augmenté de 5,5% sur l’ensemble de 2016, pour s’établir à 554.031, a annoncé l’Insee contre 525.091 en 2015. Les secteurs qui contribuent le plus à cette hausse sont ceux du transport et de l’entreposage (+55,6%), des activités immobilières (+10,4%) et de l’hébergement et de la restauration de (+8,5%).
SAMEDI 14 JANVIER- DECAFÉINÉ - 07
CULTURE EVENEMENT La France organise ce soir la première Nuit de la lecture
Les nocturnes du livre
D
epuis quand n’avez-vous pas ouvert les pages d’un livre, humé l’odeur si particulière du papier neuf ? S’il vous faut plus de quatre secondes pour répondre, et que le remord vous emplit soudain – ou pire, la nostalgie -, c’est qu’il est temps de filer dans une librairie. Ce soir justement a lieu la toute première édition de la Nuit de la lecture. Initiée par le ministère de la Culture et de la Communication, elle comptabilise déjà plus de 1 200 animations à travers la France, proposées par vos librairies et bibliothèques. Chacune décline l’événement à sa façon : une soirée jeux pour la médiathèque de Riec-sur-Bélon dans le Finistère, pyjama party à Varetz en Corrèze, lecture de contes en musique aux Taillades (Vaucluse). Une bibliothèque de
Grenoble opte pour une « Nuit des lectures interdites ». Des textes subversifs et érotiques sont au programme de la soirée (réservée au plus de 16 ans). La Bpi de Paris préfère inviter des élèves du célèbre Cours Florent à faire la lecture. La créativité, domaine où le livre est roi, n’est pas en reste. Entre les conférences et rencontres d’auteurs, on pourra s’initier au pliage des livres ou à des exercices de style comme le cadavre exquis. D’autres en profitent pour inaugurer une boîte à livres, qui invite à échanger les ouvrages déjà lus. (Re)donner le goût de la lecture
« Ca désacralise un peu les lieux et la pratique de la lecture » se réjouit Laureline, employée à la Librairie des Editeurs associés, dans le 5e arrondissement de Paris. Ici,
Photo de Mike Kemp
on propose une déambulation entre trois librairies, où le fumet du vin chaud portera le bibliophile noctambule de lectures poétiques en récits d’explorateurs. Le ministère a posé une seule condition pour cette Nuit de la lecture : la gratuité. Car cette mise à l’honneur du livre vise aussi à réconcilier les Français
MUSIQUE Le trio anglais sort un nouvel album qui varie les ambiances
Retour coloré pour le groupe The XX n Cinq ans après leur dernier
album Coexist, les trois Anglais signent leur nouvel opus I see you, très attendu du public. The XX a changé : fini l’esprit pop minimaliste et le rythme lancinant qui faisaient les belles heures du groupe britannique. Les dix titres, plus dansants, offrent une orchestration fournie de chœurs de cuivres. La construction de l’album s’apparente à une histoire d’amour :
de l’attirance (Dangerous), à la symbiose (Brave for you) jusqu’à la désillusion (On hold). Les chants plus assurés de Romie et Olivier montent en octave proposant alors une mélodie chaleureuse pour un rendu plus commercial. Jamie XX à l’œuvre
Ce tournant audacieux a été impulsé par le producteur et membre du groupe Jamie XX.
L’artiste s’est inspiré des cuivres de son album solo In Colour sorti en mai 2015. C’est ainsi qu’I See You s’est teinté d’un son plus lumineux à l’image de leur titre I Dare You. Quelques notes tombent dans les poncifs des albums pop de cette année néanmoins le groupe conserve son caractère magnétique. A découvrir le 14 et 15 février prochain au Zénith à Paris. o Lola Bodin Adriaco
MUSIQUE Le festival de danse fête ses 25 ans d’existence
Suresnes célèbre le hip-hop
Au Théâtre Jean-Vilar, « Suresnes Cités Danse » fait, comme à son habitude, la part belle au hip-hop. Ce festival fête cette année ses 25 ans et propose un programme haut en couleurs : jusqu’au 5 février, treize chorégraphes parmi lesquels Pierre Rigal, Farid Berki et Jann Gallois se produiront dans le théâtre de la place Stalingrad à Suresnes. Révélateur de talents
« On a été le premier théâtre à donner droit de cité à cette nouvelle danse née dans la rue », rappelle son directeur Olivier Meyer. Le théâtre de banlieue, précurseur en son 08 - DECAFEINE - Samedi 13 janvier
genre, accompagne depuis 2008 les jeunes talents dans leurs premières créations. Il a fait émerger plusieurs générations de danseurs contribuant à la réputation mondiale du hip hop « à la française », à l’image de Mourad Merzouki désormais à la tête du Centre chorégraphique national de Créteil. Ce week-end, le chorégraphe Pierre Rigal, en tête d’affiche, propose sa nouvelle création Scandale. Dans sa forme la plus aboutie, mélangeant street dance et danse contemporaine, le « hip hop remplit les salles », constate Olivier Meyer. o Lola Bodin Adriaco
avec la littérature, quand les études déplorent une baisse du nombre de livres lus, d’année en année. « Je suis contre un discours négatif », contredit Laureline. « Quand je prends le métro, je vois des gens lire. Il faut le prendre comme un défi, à penser le livre autrement. » Longue vie au Livre ! o Joséphine Kloeckner
en bref Rumeur d’une tournée de Daft Punk en 2017 n Dans une vidéo anonyme appelée « ALIVE 2017 », postée le 1er janvier YouTube, les fans de Daft Punk peuvent voir apparaître la célèbre pyramide du duo français sur fond de bruits de foule en liesse. Selon les internautes, la longue série de chiffres dans la description pourrait renfermer les dates d’une nouvelle tournée. Il n’en fallait pas moins pour alimenter la rumeur. D’autant plus que groupe n’a fait que deux tournées : en 1997 et en 2007. Respectant ce même laps de temps de 10 ans, 2017 pourrait bien être la troisième.
Prix France Info pour la BD « Love story à l’iranienne »
Pierre Rigal sera de la fête (Photo de Pierre Grisbois)
n La bande-dessinée Love story à l’iranienne écrite par Jane Deuxard et mise en images par Deloupy a remporté jeudi le 23e Prix Franceinfo de la BD d’actualité et de reportage. Cette œuvre publiée aux Editions Delcourt a été choisie parmi huit autres albums par les journalistes de la rédaction, succédant au livre Catharsis de Luz, vainqueur en 2016.
sPORTS FOOTBALL Climat tendu pour le démarrage de la CAN
en bref
Au Gabon, la Coupe est pleine
Fourcade triomphe encore
L
e coup d’envoi de la 31ème Coupe d’Afrique des Nations sera donné ce soir. Cette nouvelle édition accueillera pléthore de stars continentales (Aubameyang, Mahrez, Mané) suscitant comme lors de chaque tournoi l’excitation et l’attente du peuple africain, connu pour son amour du ballon rond. Mais avant même son lancement officiel, la CAN fait polémique. En plus des tensions politiques découlant de la réélection contestée d’Ali Bongo face à son opposant Jean Ping en septembre dernier, le Gabon, pays organisateur qui affronte la Guinée-Bissau en match d’ouverture, fait face à une crise économique sans précédent.
Une guerre froide autour du sport
Axel Nguema Edou, vice président de l’Association Nationale des footballeurs professionnels du Gabon dénonce l’impact néfaste du politique. « L’État se met en scène à travers le sport » dénonce-t-il. Le gouvernement gabonnais avait déjà profité de la CAN 2012, co-organisée par le pays pour retrouver une légitimité écornée après des élections 2009 contestées. Bis repetita puisque cinq ans plus tard le chef de l’État a maintenu la CAN, alors que des stades inachevés ne sont pas aux normes de sécurité. Cette fois-ci, l’opposition Ping entend utiliser l’écho médiatique pour montrer que le tournoi est secondaire
Schneiderlin rejoint Everton
Le stade Omar Bongo n’a pu être livré à temps (afriqueinside.com)
face à la crise profonde traversée par le pays. « Nous allons assister à une guerre froide autour d’un évènement sportif » décrypte l’expert. Dette intérieure record, fermeture des banques, administrations en grève, ce ne sont pas les trois semaines de foot qui vont calmer le pays. Pour redorer son image, le gouvernement Bongo achète même les places des stades « ils les redistribuent gratuitement aux jeunes collégiens et lycéens. Les proviseurs mandatés font pression sur leurs élèves en leur donnant de l’argent. Même l’armée remplit les gradins ! » raconte le chercheur. Entre amertume et passion
Loïc, étudiant d’origine gabonaise en communication à la
Sorbonne, se montre ambivalent : « au vu du contexte actuel, cette CAN est une vulgaire mascarade, mais je vais quand même regarder les matchs à la télé », explique-t-il. En effet, malgré la crise actuelle les Gabonais restent de vrais amateurs de foot, comme le confirme le doctorant : « Au Gabon, le foot se joue dans tous les recoins, de façon artisanale ». Les performances des Panthères emmenées par la superstar Aubameyang permettront peut être de calmer le temps de quelques jours un pays au bord du chaos. o Walid Kachour
Ouverture de la compétition ce samedi à Libreville, avec Gabon-Guinée-Bissau, match diffusé en direct à 16h50 sur Bein Sport 2.
TENNIS Le premier tournoi du Grand Chelem de l’année débute ce lundi
Tirage compliqué pour les Français à Melbourne n L’Open d’Australie 2017 commence lundi 16 janvier. L’occasion pour les Français d’essayer de remporter un tournoi du Grand Chelem, chose qu’ils n’ont plus fait depuis 1983 et la victoire de Yannick Noah sur la terre battue de Roland-Garros. Une tâche qui s’annonce difficile puisque le tirage au sort de ce vendredi n’a pas été clément avec les Bleus. Finaliste malheureux lors de l’édition 2008, Jo-Wilfried Tsonga (n°12) devra en effet se défaire du Croate Marin Cilic (n°7) et du Suisse Stanislas Wawrinka (n°4) pour atteindre les quarts de finale. Les autres français n’ont pas
n C’est déjà la neuvième victoire de la saison pour lui en douze courses individuelles. Ce vendredi, Martin Fourcade a remporté le sprint de Ruhpolding en réussissant notamment un 10 sur 10 au tir. Il devance l’Autrichien Julian Eberhard de dix-huit secondes et prend le large au classement de la Coupe du Monde.
été plus gâtés puisque Lucas Pouille (n°16) devrait se frotter au n°1 mondial, l’Ecossais Andy Murray, dès les huitièmes. Un stade où Richard Gasquet et Gaël Monfils pourrait respectivement affronter le tenant du titre Novak Djokovik (n°2) et Rafael Nadal (9e). Le spectacle devrait être au rendez-vous pour ce premier Grand Chelem de l’année avec un quart de finale probable entre Andy Murray et le Suisse Roger Federer (17e). Absent des courts depuis juillet, l’homme au 17 titre du Grand Chelem fêtera à 35 ans son retour à la compétition. o Bruno Lus
n Le milieu de terrain français Morgan Schneiderlin s’est engagé jeudi soir pour quatre ans et demi avec Everton, qui l’a acheté 23 millions d’euros à Manchester United. Arrivé à l’été 2015 à Manchester United, le milieu de terrain aux 15 sélections avec l’équipe de France a disputé 47 rencontres pour les Red Devils. Schneiderlin espère se relancer après une première partie de saison pendant laquelle il n’a disputé que 8 matchs sous les ordres de José Mourinho.
Victoire historique pour les handballeurs chiliens n C’est une victoire histo-
rique pour la Roja. Pour la première fois de son histoire, les handballeurs chiliens remportent un match de Coupe du Monde, face à la Biélorussie (32-28). En trois participations et 15 rencontres, la sélection dirigée par Mateo Garralda n’avait obtenu jusque là qu’un match nul, en 2011, contre la Slovaquie (29-29). L’autre rencontre de l’après-midi a également réservé une surprise puisque le Qatar, finaliste de la dernière édition, s’est incliné face à l’Egypte (22-20).
La corruption gangrène le monde du tennis n Triste record pour le tennis
Tsonga devra batailler pour rééditer l’exploit de 2008 (DR)
mondial. Dans son rapport annuel, l’Unité pour l’intégrité du Tennis relève le nombre grandissant des cas de corruption sur le court, qui n’a jamais été aussi élevé qu’en 2016. Sur les 114 126 matches joués, 292 ont fait l’objet d’une enquête et onze joueurs ou arbitres ont été condamnés. Les affaires de matchs truqués concernent les petits tournois. Aucun joueur du top 100 n’a été inquiété. Pour les tricheurs, la sanction maximale est une suspension à vie agrémentée d’une amende de 250 000 euros.
Samedi 14 janvier- DECAFEINE - 09
14 01 2017
expresso
# 09
portrait Vincent Ortiz est un fidèle soutien de Jean-Luc Mélenchon
La révolution dans l’âme
V
incent Ortiz est le co-fondateur du média Le vent se lève et dirige la cellule d’action de La France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, dans le 6e arrondissement. La campagne de Jean-Luc Mélenchon n’est pas de tout repos: visage juvénile, mais marqué par la fatigue, Vincent Ortiz ne quitte jamais son écharpe rouge. La couleur de la révolution lui sied bien. Révolté, perpétuellement dans l’action, le jeune homme de 22 ans a répondu à l’appel de l’engagement très tôt. Cet admirateur de Robespierre est séduit par les jeunesses communistes lorsqu’il est lycéen. Adolescent qui rêve de changer le monde, il trouve auprès de ses « camarades » le même refus du système qui l’anime. L’histoire d’amour prend fin quelque temps après, lorsqu’il décide d’inviter Jean-Luc Mélenchon pour une conférence. Un choix alors très mal vu par le groupe qui lui vaudra une mise à l’écart. Un mal pour un bien. C’est ce qui marquera sa rencontre avec le candidat à la présidentielle de 2017. Une personnalité hypnotisante
Lorsqu’il parle du fondateur du Parti de gauche, son enthousiasme est total. « Une personnalité extraordinaire qui incarne les idées » lâche-t-il, le regard fixe et le visage illuminé.
Vincent Ortiz co-fondateur de Le vent se lève/ Vincent Ortiz
« Pendant un an, j’étais totalement transcendé par la personne de Mélenchon », avoue l’étudiant en Master de théorie politique à Sciences Po Paris. Mais sa défaite en 2012 à l’élection présidentielle a « cassé le mythe ». Un coup dur pour ce militant de la première heure qui évoque, sans tabou, les changements de direction politique du président de La France insou-
mise. « Les critiques disent que c’est un Tartuffe, mais il faut dépasser la question de la sincérité chez Mélenchon » affirme-t-il avec vigueur. « Ce qui compte ce sont les idées qu’il porte avec force » poursuit-t-il. Une nouvelle Gauche
Alors que dans les sondages, le candidat atteint 14% des intentions de vote, Vincent Ortiz
trouve que la campagne s’essouffle. « La France insoumise a une structure qui fonctionne assez mal » confie-t-il songeur. Selon lui, l’instauration d’un parti qui fonctionne sur un modèle horizontal est une lacune. « C’est une bonne idée, mais dans les faits, il n’y a pas de structure, les actions ne sont pas réparties ce qui provoque l’immobilisme ». En revanche il reconnait que le candidat « assure » sur les réseaux sociaux. Sa conversion au numérique mobilise les jeunes et « lui permet de s’adresser à tous, même à ceux qui ne votent pas à gauche » commente-t-il. Un « buzz » qui, selon lui, intervient malheureusement trop tard dans la campagne : « Mélenchon propose un programme intéressant et courageux qu’il aurait du faire dix ans plus tôt ». Bercé par l’idée de patriotisme et de communion autour du drapeau, le jeune homme redoute de vivre une seconde défaite. Si c’était le cas, le jeune passionné de politique, « rien que la politique » comme il aime dire, envisage de participer à la recomposition d’une nouvelle Gauche avec le mouvement, provisoirement baptisé France libre qui devrait voir le jour prochainement. Constitué par des personnes issues des jeunesses communistes et des soutiens à Jean-Luc Mélenchon, il reposera sur une base sociale, souverainiste et altermondialiste précise Vincent Ortiz, sans vouloir en dire plus. o Charline Hurel
expresso le clin d’Oeil du weekend n Ce vendredi 13 janvier, Thomas Pes-
quet a effectué sa première sortie dans l’espace. Peu avant 12h30, le Français a quitté la Station spatiale internationale (ISS) en compagnie de son collègue américain, Shane Kimbrough. Les deux astronautes ont effectué des travaux sur le système électrique de l’avant poste orbital, en remplaçant notamment les batteries. Âgé de 38 ans, Thomas Pesquet est le quatrième Français à marcher dans l’espace après Jean-Loup Chrétien en 1988, Jean-Pierre Haigneré en 1999 et Philippe Perrin en 2002.
Remerciements L’astronaute français a quitté la station spatiale vers 12h 30 Capture d’écran BFM TV 10 - Expresso - samedi 14 janvier
La promotion 2016-2018 de l’IFP remercie Françoise Fressoz et Fabien Rocha pour ces deux semaines à Expresso.