Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2012
12 01 2018
L’essentiel FRANCE
P.3
Grogne des gardiens après une agression
n Une nouvelle agres-
sion inquiète les gardiens de prison à Vendin-le-Vieil, qui s’apprête à accueillir le terroriste Salah Abdeslam.
INTERNATIONAL
# 04
Derrière sa suppression, un possible impôt de remplacement
Taxe d’habitation : un cadeau en trompe l’oeil
P.4
Série de compromis pour le SPD
n Le SPD et le CDU
sont enfin parvenu à un accord de coalition gouvernemental.
eco/conso
Braquage au Ritz
P.7
n La sécruité des palaces parisiens remise en question après un spectaculaire braquage.
Place aux «Indestructibles»
P.5
n La nouvelle vague du handball français en quête d’un quatrièmesacre européeen.
Culture
P.8
Peau neuve pour le Musée d'art moderne
Principale source de revenue des communes, la suppression de la taxe d’habitation pourrait créer un vide dans leur budget
n Le Musée d’art
moderne de la ville deParis renouvelle l’ensemble de sa collection permanente.
Crédit Photo / Pariszigzag/
sports
n Promesse phare de la campagne d’Em- affirme qu’elle souhaitait que cette taxe
manuel Macron, la suppression de la taxe soit remplacée par un «impôt plus juste». d’habitation s’annonce plus périlleuse Mais très vite, elle fait machine arrière et que prévu. Jeudi, Jacqueline Gourault, assure le contraire. Un doute subiste. ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Page 2
FRANCE INFORMATION Les Français veulent réguler la publication de fake news
Haro sur les fake news
C
omment faire face aux fake news ? 79% des Français sont favorables à une régulation de ces fausses informations, selon un sondage Odoxa-Dentsu publié vendredi. De quoi conforter le président Emmanuel Macron qui a annoncé un projet de loi lors de ses vœux à la presse le 4 janvier pour lutter contre la propagation de fausses informations en période électorale. Mais sur la toile, les nombreux messages en réaction aux annonces du président exprimaient pour moitié un rejet du contrôle des contenus. Le texte déclenche également quelques frayeurs dans les
médias et chez de nombreux parlementaires. Le spectre de la censure est dans tous les esprits.
Jean-Luc Mélenchon opposé à une réglementation
Des mesures pour limiter la divulgation des fake news
Dans une vidéo publiée jeudi sur sa chaîne YouTube, Jean-Luc Mélenchon se dit opposé au projet de loi voulu par le président de la République la semaine dernière. Il se dit préoccupé par de possibles dérives en s’interrogeant sur la définition de la fausse nouvelle. « Imaginez-vous à présent que ces gens-là prétendent dire ce qui est une vraie ou une fausse nouvelle. Moi je suis contre. Je ne suis pas d’accord pour qu’il y ait un organisme officiel de l’Etat qui décide ce qui est vrai et ce qui est faux.»
Dans les grandes lignes, une fausse information pourra être supprimée, le compte utilisateur fermé, le site déférencé et bloqué après une action auprès du juge des référés. Les pouvoirs du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) pourront être renforcés afin « d’éviter toute tentative de déstabilisation par les services contrôlés ou influencés par des Etats étrangers ». Une allusion aux médias étrangers financés par des gouver-
nements comme Sputnik ou Russia Today. Cette loi pourrait entrer en vigueur d’ici les européennes de 2019, au mois de mai ou juin. D’ici là, des moteurs de recherche mis en ligne par les médias sont disponibles
pour vérifier les informations. Et des journalistes se rendent dans les écoles pour mener des campagnes de prévention. Une autre façon de lutter contre les fake news. o Manon Leterq
SOCIETE Huit Français sur dix croient à au moins une théorie du complot
Le dernier complot, les jeunes sont tous crédules ! n Les Américains ne sont jamais allés sur la Lune, le virus du sida est un produit de laboratoire, le 11 septembre a été orchestré par le gouvernement américain quant à la Terre, elle est plate. Selon un sondage Ifop publié dimanche dernier, pour la Fondation Jean-Jaurès et le site Conspiracy Watch, 79% des Français seraient passionnés par au moins une des théories complotistes les plus répandues. Les jeunes en seraient encore plus friands que leurs aînés, puisque 30% des 18-24 ans adhérent à une théorie du complot et plus généralement 27% des moins de 35 ans. Dès sa publication les journalistes se sont précipités sur le sondage, sans chercher à remettre en question sa méthodologie discutable. Ce manque de précision a eu le don d’horripiler l’enseignant chercheur Pascal Froissart, « les médias ont insinué que les Français étaient des idiots et ont stigmatisé à nouveau les jeunes » s’insurget-il. En outre, il n’était pas assez souligné que la génération Y adhère très peu aux thèses complotistes sur des enjeux actuels comme le réchauffement climatique ou le grand remplacement. Certains jeunes seraient donc « crédules » mais pas sur tous les thèmes. Une fracture générationnelle
Un fait demeure, la fracture complotiste entre les jeunes et les vieux. Comment l’expliquer ? Romy Sauvayre socio02 - EXpresso - Vendredi 12 janvier
Le billet de 1 dollars américain affole avec son triangle Illuminati. Crédit: Istock
logue et auteure de « Croire à l’incroyable » estime que les jeunes sont plus perméables à ces théories car « ils puisent dans les réseaux sociaux et internet, alors que la génération qui les précède regardait plus la télévision comme source d’information ». La journaliste Sandra Laffont, ne s’étonne pas non plus des résultats du sondage. Cofondatrice de l’association Entre les lignes, elle intervient depuis huit ans dans les collèges et les lycées pour éduquer les élèves à l’information et aux médias. « Les résultats sont complètement en lien avec ce que je constate dans
les ateliers. Mais je trouve ça plutôt bien qu’un jeune doute de la réalité et se pose des questions » commente-t-elle. Pour Pascal Froissart, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris VIII, il est inutile de chercher la réponse dans la psychologie des jeunes. « C’est parce que je suis jeune que je vais aller sur Youtube, c’est parce que je suis sur Youtube que je suis jeune. Et c’est sur ce site que circule le plus les vidéos complotistes » soutient l’auteur de « La Rumeur ». « On prête à la jeunesse une intention particulière sans
égard à sa spécificité » poursuit-il. À l’entendre, tant pis si les jeunes sont plus nombreux à croire que Kennedy est mort sous les balles de la CIA, le plus important c’est de leur donner à un moment les clés pour dépasser cette suspicion là.Pascal Froissart, rappelle qu’il n’y pas de corollaire entre le niveau d’études et l’adhésion à des théories conspirationnistes. Les résultats de ce sondage imparfait a au moins le mérite de rappeler à quel point l’éducation aux médias et au numérique reste un enjeu majeur. o Lara Pekez
FRANCE TERRORISME les failles de la prison de Vendin-le-Vieil
L’insécurité grandissante des gardiens
L
a prison de Vendinle-Vieil (Pas-deCalais), ouverte en 2015, est considérée comme un établissement de haute sécurité, mais la multiplication des agressions contre les surveillants suscite une forte grogne chez les gardiens de prison. Vendredi, le travail a brièvement cessé dans 188 établissement pénitentiaires à l’appel du syndicat l’Ufap-Unsa Justice pour réclamer des ‘personnels supplémentaires et formés’ pour prendre en charge la population de la prison, à savoir les terroristes. La veille, trois surveillants avaient été blessés à l’arme blanche par l’islamiste allemand Christian Ganczarski au cri de “Allah Akbar”. Ganczarski est considéré comme l’un des auteurs de l’attentat d’un synagogue à Djerba en Tunisie en 2002, où 21 personnes sont mortes. L’agression s’est déroulée lors de l’ouverture de sa cellule. Les surveillants ont été blessés au bras, au cou et au cuir chevelu mais sont tous sortis de l’hôpital plus tard dans la journée. Cette agression est le troisième acte de violence contre les gardiens à Vendin-le-Vieil depuis
La prison dans laquelle le djihadiste va $être transféré. Crédit: AFP
son ouverture en mars 2015. Quelques mois plus tard, le directeur adjoint de la prison avait été pris en otage par un prisonnier pendant plus de trois heures. En juillet 2016, un surveillant avait été détenu par deux prisonniers dans une cellule. L’arrivée de Salah Abdelslam inquiète le personnel
La colère des gardiens de prison est d’autant plus forte que dans moins d’un mois, le djihadiste Salah Abdelslam doit être incarcéré à Vendin-le-Vieil lors de son procès à Bruxelles qui va se dérouler à partir du 5 février. Il est le seul survivant parmi les
responsables des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Le djihadiste sera installé dans un bâtiment isolé du reste de la population pénale mais cela ne suffit pas à rassurer les gardiens. “Je pense qu’on aurait pu trouver une structure beaucoup plus adaptée et beaucoup plus sécurisée que Vendin,” explique Wilfried Fonck, secrétaire nationale du syndicat UFAP-UNSa Justice. Le leader du Front National Marine Le Pen a dénoncé “une incroyable irresponsabilité” qui mettant en danger le personnel de la prison lors d’une visite à l’établissement pénitentiaire vendredi. o Charlotte Mason
L’aéroport qui pourrait coûter cher à l’Etat Abandonner un chantier public peut se révéler hors de prix pour l’Etat. Le renoncement à l’écotaxe en 2015 lui a coûté 1 milliard d’euros car il a fallu indemniser l’entreprise Ecomouv’. L’incertain projet d’aéroport de Notre-Damedes-Landes pourrait lui aussi devenir un désastre pour les finances publiques. Le retrait du gouvernement entrainerait un remboursement conséquent de Vinci, l’entreprise chargée de la construction. Avant d’annoncer la décision finale, un ministre désirant rester anonyme affirme qu’Edouard Philippe tente de déceler une clause abusive dans le contrat. Cela afin de régler une ardoise économique et politique moins importante que prévu.
Une clause jugée abusive
Si les estimations varient, le rapport de médiation rendu public
Non-lieu pour le suspect de l’attentat de la rue Copernic n Hassan Diab, unique suspect de l’enquête sur l’attentat d’octobre 1980 devant la synagogue de la rue Copernic à Paris, bénéficie d’un nonlieu à l’issu de l’instruction. Le parquet avait pourtant requis, en décembre dernier, le renvoi du Libano-Canadien de 64 ans devant une cour d’assises. Les juges d’instruction ont estimé que les charges à son encontre « ne sont pas suffisamment probantes ».
NDDL Le gouvernement veut éviter d’indémniser Vinci
n
en bref
en décembre dernier évaluait à 350 millions d’euros maximum le coût potentiel d’un retrait du gouvernement. Un chiffre minimisé par les opposants à l’aéroport qui avancent un montant situé entre 150 et 200 millions d’euros. Cette bataille de chiffres pourrait être reléguée au second plan si le gouvernement parvenait à faire jouer cette clause léonine. L’accord prévoit que le groupe exploite l’aéroport pendant 55 ans et que l’Etat verse la somme avancée en cas de retrait. Selon le même ministre, «cette clause est tellement favorable au concessionnaire qu’elle en est suspecte». Il avance deux motifs d’annulation : «L’enrichissement sans cause» et «L’aide directe à une entreprise». Un abandon du chantier serait un désaveu politique, se retirer sans rembourser Vinci éviterait une catastrophe économique.
Hassan Diab à la sortie de son procès. Crédit AFP
Un jeune handicapé torturé par des adolescents en Normandie n En plein centre-ville de Bolbec (Seine-Maritime), un jeune handicapé de 19 ans a été séquestré chez lui, pendant un mois. Huit suspects, dont six mineurs, tous originaires de la ville, sont mis en examen pour actes de torture et de barbarie, et risquent la cour d’assises.
Fusillade à Marseille n Jeudi soir, une fusillade a
éclaté place Jean Jaurès, un quartier animé du centre de la cité phocéenne, faisant un mort et un blessé grave. Les enquêteurs privilégient la piste d’un énième règlement de compte. La voiture du ou des tireurs a été retrouvée brûlée, avec une Kalachnikov à l’intérieur, dans la nuit au Rove, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Marseille.
La ZAD est toujours défendue. Crédit: Philippe de Poulpiquet
Si en revanche la construction se poursuit et que la ZAD est détruite, Emmanuel Macron se couperait des écologistes et risquerait de voir Nicolas Hulot quitter le navire. o Louis Berthelot
Un étudiant grièvement blessé à Clermont-Ferrand n Une soirée étudiante a mal
tourné dans un bar du centre de Clermont-Ferrand (Puy-deDôme), dans la nuit de jeudi à vendredi. Un jeune homme a été poignardé à l’abdomen. Son pronostic vital est engagé. L’agresseur est toujours recherché par la police.
Vendredi 12 janvier- EXpresso - 03
international ALLEMAGNE Les sociaux-démocrates devraient gouverner avec Merkel
Coalition contrainte au SPD
F
inalement, le parti de Martin Schulz constituera pour la troisième fois un gouvernement de coalition avec le parti chrétien-démocrate (CDU) dirigé par la chancelière allemande Angela Merkel. Une étape clé pour sortir le pays de l’impasse politique. Pour la cinquième journée consécutive les deux mouvements se sont réunis cet après-midi à Berlin pour enfin conclure un accord suite à vingt-quatre heures de négociations. Il s’étaient rencontrés la veille afin de régler les derniers obstacles « de principe ». Mais une fois de plus, le SPD n’a pas su faire pencher la balance de son côté. Désirant rassurer ses électeurs, Martin Schulz s’est montré optimiste en se félicitant d’un résultat « formidable » et a émis la promesse de faire campagne toute la semaine pour convaincre les démocrates les plus sceptiques.
Une coalition par défaut
Si les deux familles politiques ont déjà gouverné ensemble entre 2013 et 2017, le SPD est loin d’avoir obtenu gain de cause dans plusieurs dossiers. En matière de politique migratoire, l’accord reprend largement les propositions des conservateurs. Les deux partis ont fait le choix d’une limitation très stricte du regroupe-
Angela Merkel et Martin Schulz sont parvenus à un accord provisoire in extremis (Michael Sohn, AP)
ment familial pour les réfugiés bénéficiant d ‘une « protection subsidiaire », ceux qui ont obtenu un titre de séjour d’un an renouvelable. Ils ont également convenu de limiter les demandes d’asile dans le pays. L’Allemagne a déjà accueilli plus d’un million de migrants entre 2015 et 2016, ce qui a valu à Angela Merkel de nombreuses critiques et a permis à l’extrême droite de percer dans l’opinion. Enfin, en matière de justice sociale, le SPD n’a pas convaincu la CDU de créer une « assurance-maladie citoyenne ». Le document de vingt-huit pages prévoit
également de «renforcer» et «réformer» la zone euro pour la rendre plus résistante aux crises. Une des rares victoires du SPD qui avait beaucoup insisté sur ce point, alors que les conservateurs étaient au départ plus réservés. Les sociaux-
démocrates, particulièrement affaiblis, étaient loin d’être le premier choix de la chancelière. Angela Merkel avait d’abord approché à l’automne les Libéraux et les écologistes. En vain. o Emilie Mendy
Dernière ligne droite Le gouvernement de coalition ne verra le jour qu’en mars. En attendant, certains rendez-vous politiques s’annoncent houleux pour le SPD. Dimanche 21 janvier se tiendra un congrès extraordinaire à Bonn au cours duquel la direction du parti devra sans grande surprise donner un avis favorable à l’accord. Les militants dont une partie était opposé à une nouvelle coalition, devront valider ou non le contrat par référendum.
EUROPE Le chancelier autrichien a été reçu vendredi par le président français
Visite rapide mais cruciale pour Sebastian Kurz n C’est une rencontre éclair à l’Elysée, ce vendredi, pour Sebastian Kurz. Le chancelier conservateur autrichien, « proeuropéen convaincu », mais à la tête d’une coalition avec le parti eurosceptique d’extrême droite FPÖ, a été reçu deux heures, par Emmanuel Macron. Il s’agit de sa première tournée européenne, depuis son entrée en fonction, le 18 décembre dernier. Vingt-cinq minutes d’entretien, qui ont été suivies d’un déjeuner de travail et d’une déclaration commune, pour réaffirmer son attachement à l’Union Européenne. Signe de cet ancrage, le parti de Sebastian Kurz a conservé le portefeuille des Affaires européennes, alors qu’il doit gouverner avec la formation eurosceptique d’extrême droite. Le dignitaire autrichien, qui a salué « l’ambition de chan04 - EXpresso - Vendredi 12 janvier
Sebastian Kurz, le nouveau chancelier autrichien. Halada / AFP
ger l’Europe » du président Macron, dans Le Figaro de ce vendredi, consacre ce déplacement à la préparation de la présidence autrichienne de l’Union Européenne, qui commence le 1er juillet prochain. Un déplacement qui revêt donc une importance cruciale, pour rassurer ses partenaires européens.
Favorable à l’Europe, contraint par le FPÖ
Si le chancelier conservateur n’est pas donc pas opposé à l’Europe, son gouvernement reste composé en grande partie de plusieurs membres du FPÖ. La formation d’extrême droite détient six postes-clés, dont l’Intérieur et les Affaires étran-
gères. Sebastian Kurz leur doit, en conséquence, des garanties, notamment sur l’accueil des migrants. C’est ainsi qu’il s’est positionné, comme son allié d’extrême droite, contre les quotas migratoires. Ce qu’a rappelé son ministre de l’Intérieur, issu du FPÖ, jeudi dernier, en préconisant le regroupement des demandeurs d’asile, dans un lieu « concentré ». Un terme qui crée une controverse, car il est perçu comme une allusion aux camps de concentration nazis. Les idées de Sebastian Kurz n’épousent donc que partiellement celles du président français, plutôt pro-européen et plus favorable à accueil des migrants. Sebastian Kurz n’a, de ce fait, pas d’autres choix que de négocier âprement, afin de pouvoir faire passer ses idées. o Toky Nirhy-Lanto
international ARABIE SAOUDITE Vent de libération pour les Saoudiennes
Le feminisme intéressé du prince
Ressource économique
Depuis 2014 et la chute du cours du pétrole, le pays a sombré
Fayez Nureldine. AFP
L
’Arabie Saoudite, nouveau chantre de la condition féminine au MoyenOrient ? On a peine à y croire. Pourtant, ces derniers mois ont vu les femmes remporter une place inhabituelle dans les choix politiques du prince héritier Mohammed ben Salman (dit MBS). Après avoir obtenu l’autorisation de conduire, les Saoudiennes vont pouvoir dès ce soir supporter leur équipe de foot préférée au stade de Jeddah (Ouest), tandis qu’un salon automobile leur est entièrement réservé. Mais il ne faut pas se méprendre, « Mohammed ben Salman n’est pas un féministe » assure Clarence Rodriguez, auteure de La Révolution sous le voile (2014), aux éditions First. « C’est grâce –pourraiton dire ‘à cause’- de la crise que les femmes occupent la place qui leur revient de droit », estime-t-elle.
Des Saoudiennes assistent dans un stade de Ryad, à une commémoration en septembre 2017
dans une crise économique sans précédent. Pour y répondre, le royaume a mis en place en avril 2016 le plan Vision 2030 : une série de réformes économiques et sociales dans lesquelles les femmes, main-d’œuvre jusquelà inexploitée, sont appelées à jouer un rôle important. Les récentes mesures en sont le prolongement. Une révolution sociétale que tout le monde attribue au prince héritier, mais dont Clarence Rodriguez tient à rectifier la paternité. « Feu roi
ETATS-UNIS Vers l’expulsion des « Dreamers »
L’immigration selon Trump n Jeudi, lors d’une réunion à la Maison Blanche sur l’immigration en présence de sénateurs, le président américain aurait qualifié de « pays merdiques » Haïti, le Salvador ainsi que plusieurs nations africaines. Il aurait ajouté que les Etats-Unis devraient plutôt accueillir des ressortissants de la Norvège. Ces propos ont été rapportés par le Washington Post, qui cite plusieurs sources anonymes. Le programme DACA questionné
Des sénateurs républicains mais aussi démocrates étaient présents lors de cette réunion dans le Bureau ovale pour discuter d’un projet bipartisan proposant de limiter le regroupement familial et l’accès à la loterie pour la carte verte. Ce projet, s’il est acté, permettrait en échange d’éviter l’expulsion des quelques 690.000 jeunes arrivés enfants aux Etats-Unis, les fameux « Dreamers » du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrival), qui a permis à ces jeunes de travailler et d’étudier en Amérique en toute légalité sans risquer l’ex-
pulsion. Les dirigeants d’une centaine d’entreprises, parmi lesquelles Facebook, Google, Apple ou encore IBM, ont adressé mercredi 10 janvier une lettre ouverte au Congrès américain pour protéger ces « Dreamers ». En septembre dernier, Donald Trump avait dit vouloir abroger ce programme, tout en retardant son application à six mois. Le Congrès a jusqu’au 5 mars pour trouver un compromis. En ce qui concerne ses propos incendiaires, l’intéressé a clamé aujourd’hui qu’il voulait une immigration « au mérite » et a assuré dans un tweet ne pas avoir utilisé exactement les mots « pays merdiques ». L’idée reste cependant la même. Le démocrate et membre du Congrès Luis Gutierrez a réagi: « Nous pouvons dire avec certitude que le président est un raciste qui ne partage pas les valeurs inscrites dans notre Constitution. » Sa collègue républicaine Mia Love, d’origine haïtienne, a dénoncé une « attitude inacceptable de la part du chef de notre Nation. »
o Joanne Girardo
Abdullah avait déjà commencé à ouvrir la porte aux femmes. Sa fille, la princesse Adila, était très investie dans les droits de la femme. C’est elle la véritable instigatrice de tout cela. » Une population secouée
Et si l’auteure de Arabie Saoudite 3.0 : Paroles de la jeunesse saoudienne (2017) salue ces réformes, elle tient à relativiser leur portée. « Le peuple saoudien est très conservateur. Il est paniqué. Cela s’est fait de ma-
nière rapide et brutale. » MBS appuie son pouvoir sur la répression brutale de toute forme de rébellion. Et en s’attirant la sympathie de la part féminine de sa population, le prince héritier pourrait compromettre son assise auprès de l’électorat masculin. D’autant que cette victoire reste précaire. Les Saoudiennes sont toujours soumises au régime du tutorat qui les place sous la responsabilité d’un homme de leur famille. o Caroline Vinet
en bref Les arrestations continuent en Tunisie
Vague d’indignation meurtrière au Pakistan
n Près de 780 personnes ont
n Depuis mercredi, la ville
été arrêtées en Tunisie depuis le déclenchement lundi des troubles sociaux provoqués par les réformes d’austérité du gouvernement. Le mouvement « Fech Nestannew » a appelé à une nouvelle mobilisation aujourd’hui, dans le centre de Tunis. Amnesty International a appelé les forces de l’ordre à la retenue.
Elections présidentielles en République Tchèque n Les électeurs tchèques votent aujourd’hui pour élire leur futur président. A 73 ans, le président en exercice, populiste et eurosceptique Milos Zeman est candidat à sa propre réélection. Parmi les huit autres candidats en lice, le principal rival de Milos Zeman est Jiri Drahos, libéral et pro-européen sans parti mais soutenu par le centre-droit. Après le premier tour aujourd’hui, le second tour est prévu demain, samedi 13 janvier.
pakistanaise de Kasur située à l’est du pays, connaît de fortes émeutes suite au viol et la mort par strangulation de Zainab Ansara, une fillette de six ans. Cet acte a provoqué une vague d’indignation dans l’ensemble du pays. A ce jour, aucun suspect n’a encore été arrêté et la population dénonce avec virulence l’inaction des autorités.
Donald Trump annule sa visite à Londres n Le président américain a
annoncé aujourd’hui qu’il annulait sa visite à Londres, destinée à inaugurer la nouvelle ambassade des EtatsUnis. Donald Trump a justifié sa décision en dénonçant le coût de cette nouvelle ambassade, construite durant le mandat de Barack Obama, une décision pourtant prise par Georges Bush. Le président américain risquait par ailleurs d’être accueilli par des manifestations hostiles.
Vendredi 12 janvier- Expresso - 05
ECO/CONSO
TAXE D’HABITATION Le gouvernement navigue en eaux troubles
Un impôt peut en cacher un autre
F
aut-il oui ou non croire à la suppression de la taxe d’habitation ? Même le gouvernement ne semble pas le savoir. Jeudi soir lors de l’émission LCP-franceinfo-Le MondeAFP, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur a déclaré qu’elle souhaitait que la taxe d’habitation, dont la suppression est annoncée à l’horizon 2020, soit remplacée par un nouvel « impôt plus juste ». Mais à 23 heures sur son compte Twitter, elle a été obligée de revenir sur ses propos : « La taxe d’habitation est définitivement abolie » et « ne sera pas remplacée par un autre » a-t-elle affirmé. Vendredi matin sur le plateau sur de RMC et BFMTV, face au journaliste Jean-Jacques Bourdin, Bruno Le Maire a tenté de clarifier la situation : « On ne supprime pas un impôt pour en rétablir un autre, c’est un principe fondamental. On ne prend pas dans la poche des Français ce qu’on vient de leur donner de l’autre main. Il n’y aura pas de nouvel impôt en France pen-
dant le quinquennat, ni d’augmentation de TVA ou des taxes locales ». Une promesse du chef de l’Etat
Si le ministre de l’Économie a particulièrement insisté sur la suppression totale de la taxe d’habitation, c’est que cette décision est une mesure phare du programme d’Emmanuel Macron. C’est une « mesure totémique (...) qui a contribué à son élection et qui constitue un marqueur structurant de sa politique », estime l’IFOP. Cependant, ce couac révèle une incertitude gouvernementale dans la mise en œuvre concrète de la réforme de la fiscalité locale. L’exonération de la taxe
d’habitation réduit considérablement le montant des impôts payé par les ménages : 600 euros en moyenne. Mais, elle prive les collectivités locales de près de 20 milliards d’euros. Un manque à gagner qui doit être compensé intégralement. Le serpent qui se mord la queue
Le gouvernement a fait voter dans son projet de budget 2018 une exonération progressive de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, conformément à la promesse d’Emmanuel Macron. « L’Etat compensera à l’euro près la perte de recettes fiscales des collectivités locales » a confirmé le ministre de l’Economie. Mais comment
Une taxe injuste La taxe d’habitation est due pour l’habitation principale et les résidences secondaires de chaque ménage. Pour la calculer, le fisc part du loyer annuel théorique que rapporterait chaque logement s’il était loué. L’ennui, c’est que ces valeurs locatives ont été évaluées en 1970 et que le marché immobilier a radicalement changé entre-temps. Autre problème, la taxe d’habitation est d’autant plus forte dans les communes pauvres qui reçoivent peu de recettes des entreprises.
peut-il compenser cette perte alors qu’il est lui-même déficitaire de 83 milliards d’euros ? Pour les 20% restants, évalués à 8,5 milliards d’euros par le ministre de l’ Économie, une solution n’a pas encore été trouvée. Sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, Bruno Le Maire fait des suppositions : « Le président a indiqué il y a quelques mois qu’on pouvait envisager d’affecter une part de recettes déjà existantes, par exemple une part de la CSG, aux collectivités. » Mais, la contribution sociale généralisée (CSG) est un impôt destiné à participer au financement de la protection sociale qui a déjà augmenté huit fois depuis sa création. Cette hypothèse semble donc périlleuse. La piste envisagée par Jacqueline Gourault est très différente. L’ex-sénatrice semble favorable à un nouveau prélèvement local, en lien avec l’activité des communes. L’inconvénient c’est que cela reviendrait à créer un nouvel impôt. C’est ce que Bruno Le Maire ne veut surtout pas. o Annabelle Martella
SANTÉ Le groupe laitier dans la tourmente doit rendre des comptes à Bercy
Les nuages s’accumulent pour Lactalis n Emmanuel Besnier, discret
patron du géant Lactalis, a été convoqué ce vendredi aprèsmidi par Bercy pour s’expliquer sur sa gestion « défaillante » de la crise du lait contaminé qui a rendu trente cinq nourrissons malades. Face à ce « dysfonctionnement majeur », le gouvernement, qui a largement repris la main sur le dossier, a appelé hier le groupe laitier à « prendre ses responsabilités ». « Lactalis n’est pas au-dessus des lois et sera sanctionné au même titre que les autres », a martelé Bruno Le Maire sur BFMTV ce matin. Plus tard dans la journée, l’Institut Pasteur a annoncé avoir détecté un cas de Salmonellose en Espagne dû à l’ingestion du lait incriminé.
Du camembert Président aux yaourts La Laitière
S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les suites de l’affaire, elle pourrait coûtait cher à l’entreprise et à son image de marque. Hormis les boîtes de lait infantile Milumel retirées 06 - EXpresso - Vendredi 12 janvier
des rayons, la quasi-totalité de la filière du produit laitier est susceptible d’être impactée à l’heure où les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité de ce qu’ils consomment. Le scandale va encore fragiliser une entreprise déjà très impopulaire. Salariés et producteurs de lait protestent régulièrement contre le mutisme d’Emmanuel Besnier. « C’est la 13ème fortune de France, et nous, on nous laisse crever ! » s’indignait jeudi un producteur sur France 3. Le grand patron ne s’est d’ailleurs pas exprimé à propos des 250 salariés de l’usine de Craon, en Mayenne, qui se retrouvent au chômage technique « pour une durée indéterminée », suite à la fermeture du site en décembre dernier. Manque de transparence
Mais le véritable talon d’Achille du groupe, c’est son opacité. Sommé de s’expliquer depuis le mois de décembre, Lactalis n’est sorti du silence qu’hier
L’usine Lactalis de Craon (Mayenne). Crédit photo David Vincent/ AP/SIPA
après-midi et n’a pas voulu reconnaître sa responsabilité dans le fiasco du rappel des produits infantiles incriminés . « Lactalis doit comprendre que la transparence est la meilleure des sécurités », conseillait ce matin Bruno Le Maire. En attendant, le ministre de l’Économie a
annoncé, ce vendredi soir, que Lactalis devra reprendre tous les produits laitiers infantiles fabriqués sur son site de Craon « quelle que soit leur date de fabrication et leur lieu de distribution ». Un camouflet de plus pour le géant du lait. o Amélie Beaucour
TOURISME La sécurité des établissements de luxe en question
ECO/CONSO
Les braquages à répétition nuisent à l’activité des palaces parisiens
P
lace Vendôme, c’est comme s’il ne s’était rien passé. L’éclairage, dernier vestige des fêtes, scintille. Le silence est comme ouaté. Calfeutrés dans leurs manteaux noirs, seuls les services de sécurité et quelques journalistes témoignent d’un fait inhabituel la veille : le Ritz, le mythique palace de la place Vendôme a été sauvagement agressé. Les témoins de la scène ont été frappés par la violence de l’attaque. Muni de haches et d’armes de pointe, les cinq voleurs ont brisé les portes vitrées, se sont introduit dans la galerie et ont dérobé l’équivalent de 4 millions d’euros de bijoux. D’une fenêtre située en face de l’établissement, Yves a pu filmer l’essentiel de la scène au smartphone : « j’ai entendu un bruit, l’un des voleurs se hissait au sommet du portail avant d’être arrêté au taser par un agent de police. Un autre est parvenu à s’enfuit à moto et échappe aux policiers dans une rue en contresens ».
Un monde d’apparence
Dans les coulisses du grand palace, c’est la loi du silence qui l’emporte. « Le Ritz ne parle jamais », indique un confrère
les fêtes de fin d’année un plan exceptionnel. Intitulé « visibilité, rencontre et dissuasion », il a permis d’arrêter des malfaiteurs, pris la main dans le sac. Motus et bouche cousue
Hôtel Ritz à Paris, place Vendôme. Crédit photo : Ritz
spécialisé dans les faits-divers. Rue Cambon, le staff de l’hôtel s’est très vite affairé à réparer et déblayer les dégâts causés. Les vitres explosées ont été remplacées en mois d’une heure, le sol est redevenu impeccable. Dans le marché très concurrentiel du tourisme du luxe, beaucoup tient à l’apparence : calme et volupté. Et pourtant, la question se pose bel et bien : comment un commando d’au moins cinq malfaiteurs armés de pistolets et de haches a t-il pu faire irrup-
WEB Le réseau social modifie son algorithme
tion avec tant de facilité dans le prestigieux établissement ? Non loin de là, dans la célèbre rue du Faubourg Saint-Honoré, un portier évoque des « agents de sécurité sont nombreux dans le quartier et des policiers en civil qui sillonnent le tout Paris ». La sécurité à tout prix
Après le braquage en 2017 de la bijouterie Chopard, installée à quelques mètres du Palace, la préfecture de police avait pris la décision de déployer pour
en bref
Mais les policiers restent encore démunis face à l’évolution des méthodes employées par les voleurs. Ceux qu’on appelait autrefois les « rats d’hôtel » ont été détrôné par des jeunes caïds armés jusqu’aux dents. Les trois suspects en garde à vue ont à peine trente ans et sont déjà connus des services de police. Leur butin a été intégralement récupéré par la brigade de répression du grand banditisme (BRB). Toutefois, le traumatisme demeure pour l’hôtellerie de luxe. Comme l’explique ce chauffeur de taxi en service : « Cela montre une image d’insécurité à Paris pour les clients étrangers et comme les histoires tournent sur les réseaux sociaux, les potentiels touristes craignent pour leur sécurité quand celle de stars internationales ne peuvent être assurées ». On peut gager qu’un geste commercial sera fait mais dans le silence, évidemment. o Marion Delpech
Facebook : les médias impactés
L’inflation au plus haut depuis 2012
Le baril de pétrole à 70 $
n Le PDG de Facebook Mark
n L’inflation s’est accélérée en
hausse, faisant grimper jeudi soir le prix du baril à un coût avoisinant 70 dollars le baril. Il s’agit de la valeur la plus élevée depuis décembre 2014, précipitée par une baisse des stocks américains plus rapide que prévue, de même que par le doute qui plane sur la décision du président américain Donald Trump relative à l’accord nucléaire avec l’Iran.
Zuckerberg a annoncé ce matin son intention de privilégier, dans les prochaines semaines, les contenus des amis des utilisateurs au détriment de ceux des marques et des médias. L’objectif est de convaincre les utilisateurs qui ont délaissé le réseau social, déçus par certains contenus, de se réinscrire. Un changement de cap total, puisqu’ au cours des dernières années, Facebook a favorisé les contenus publiés par les pages des médias et des marques afin de mieux monétiser son audience.
Coup dur pour certains médias
Ce rétropédalage est un coup dur pour les médias car les internautes s’informent désormais à plus de 51% via les réseaux sociaux, selon un rapport publié par l’Institut Reuters d’étude du journalisme en juin 2016. Mais
les répercussions varient en fonction du média. « Un média avec une marque forte comme le Monde est un peu moins exposé. Il y a encore beaucoup de gens qui se rendent sur le site internet directement », explique le chef vidéo du Monde, Olivier Clairouin qui reste assez confiant. « Les utilisateurs qui visionneront nos vidéos l’auront décidé », souligne-t-il. Un changement d’état d’esprit qui peut amener, selon lui, les utilisateurs à regarder plus longtemps leurs contenus. Cependant, pour les médias qui se déploient uniquement sur les réseaux sociaux comme Explicite, Brut ou encore Posté, les conséquences risquent d’être beaucoup plus importantes. Preuve qu’il est toujours dangereux de fonder son modèle économique sur les réseaux sociaux. o Calypso Vanier
France l’an passé, atteignant une moyenne de 1%, a annoncé vendredi l’Insee. Nulle en 2015, elle était de 0,2% en 2016, et atteint en 2017 son taux le plus haut depuis 2012. Une hausse que l’Institut explique par un regain des prix de l’énergie et de l’alimentation.
L’assurance emprunteur sera renégociable n Le Conseil constitutionnel
juge conforme à la Constitution de renégocier annuellement les contrats d’assurance emprunteur. Dispositif prévu par la loi Bourquin de 2017, il avait été suspendu après la saisine du Conseil d’Etat par la Fédération Bancaire Française. Il permet aux emprunteurs de renégocier chaque année leur contrat de prêt auprès des banques.
n Le cours du brut poursuit sa
25 suppressions de postes pour L’ Équipe n La direction du groupe L’ Équipe a annoncé jeudi un plan de suppression de 25 postes sur 135. Elles concerneront le quotidien et les magazines L’ Équipe Magazines, France Football, et Vélo Magazine. Il s’agit du quatrième plan de suppression en cinq ans. Vendredi 12 janvier- Expresso - 07
CULTURE arts Les vingt salles du Musée d’Art Moderne ont été repensées
Les collections du MAM se revisitent
I
l est rare de commander deux fois le même menu au restaurant. On prend naturellement plaisir à être surpris. Le Musée d’art moderne de la ville de Paris n’échappe pas à cette règle. L’établissement situé dans le fascinant Palais de Tokyo (XVIeme arrondissement), renouvelle sa collection permanente en mêlant des pièces dernièrement acquises aux trésors enfouies d’une réserve comprenant plus de 10 000 oeuvres. Chose rare, c’est l’ensemble des vingt salles du musée qui ont été transformées, sans se limiter aux seuls tableaux. « A chaque grand accrochage on cherche à progresser, explique Sophie Krebs, conservateur général du patrimoine, les sols ont été retravaillés, les espaces rajeunis, on utilise les atouts de l’édifice pour apporter une autre vision ». L’effet est immédiat. Si les tableaux n’ont que peu changé dans les premières salles, le réaménagement de l’espace donne de la dimension à des œuvres déjà démesurément grandes. L’utilisation astucieuse d’une lumière omniprésente permet à l’observateur d’apprécier le travail du peintre Robert Delaunay sous des couleurs qui varient à différents moments de la journée. On notera le sens du détail, comme cette Tour Eiffel aux couleurs chatoyantes du même artiste située entre deux baies vitrées offrant une vue sur la véritable dame de fer.
Vue de l’intérieur du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris - Crédit : Paris Musées Au fil des mouvements
La suite du parcours nous plonge à travers un voyage chronologique de l’art moderne. Le fauvisme d’André Derain donne de l’animosité aux paysages, les lignes droites de Picasso viennent casser les courbes des visages. Le plus célèbre des artistes espagnols a droit pour la première fois à l’exposition intégrale de la « Suite Vollard », une centaine de gravures réalisée pour le marchand Ambroise Vollard. « L’œuvre à son complet permet de pénétrer dans l’intimité
du peintre et sa relation avec Marie-Thérèse Walter, son modèle et sa maitresse » raconte Sophie Krebs. Aux frontières du réel
Le musée prend des initiatives originales en opposant un surréaliste à un autre. Complétées par une importante collection de pièce cédée par l’épouse du peintre Giorgio de Chirico, les énigmatiques tableaux de l’artiste italien font face aux œuvres de Francis Picabia, autre peintre insolite. S’en suit un nouveau réalisme où les
EDITION Le monde du livre mise de plus en plus sur le mois de janvier
La rentrée d’hiver comme nouveau souffle n Pierre Lemaitre, Delphine
De Vigan, Frédéric Beigbeder, Olivier Adam, … Cette année, la rentrée d’hiver, nom officiel de la rentrée littéraire de janvier, accueille de nombreuses signatures prestigieuses de l’édition française. Tout sauf une anomalie pour cette période de l’année qui devient de plus en plus prisée dans le milieu du livre. « Celle que l’on appelait encore, il y a quelques années, la petite rentrée littéraire n’a plus grand-chose de petit, ni en nombre d’ouvrages, ni en qualité », comme le fait remarquer Gilles Haéri, PDG de Flammarion dans les Echos. Une affirmation appuyée par le nombre de publications. Selon les chiffres de la revue spécialisée LivresHebdo, 498 livres 08 - Expresso - Vendredi 12 janvier
sont venus garnir les présentoirs des librairies durant ce mois de janvier contre 581 en septembre 2017 lors de la traditionnelle rentrée littéraire. « Il y a encore dix ans, les auteurs se battaient pour être présents en septembre » explique Gilles Haéri « aujourd’hui, ils ont pris conscience du risque d’être publiés à une telle période d’encombrement ». Un vent de fraîcheur
Pourtant, janvier ressemble à une traversée du désert pour Gallimard, Hachette et consorts. La fin d’année représente près de 80 % des ventes de livres dans l’hexagone laissant derrière un mois morose. Une sortie en janvier exclut de facto les livres pour les prix littéraires
qui rendent leur verdict en fin d’année. Aux éditeurs de bien choisir leurs auteurs. « Les livres sont généralement importants mais les éditeurs savent que les titres ne pourront pas gagner de prix et donc ne seront pas publiés en septembre » explique Perrine Therond, directrice de la librairie la Griffe Noire en banlieue parisienne. Du coup, cette rentrée autorise plus de marge à un monde de l’édition plutôt formaté. « On voit souvent des titres où l’éditeur se met un peu plus en « danger » en publiant des écrivains qui ne sont ni des auteurs à prix, ni des best-seller » poursuit Perrine Therond. Une rentrée bis qui désacralise la grande messe littéraire de septembre. o Guillaume Fournier
objets du quotidien sont transformés en œuvres d’art. Le parcours nous ramène jusqu’à aujourd’hui et s’achève sur les artistes contemporains. Cette redécouverte de l’art du XXe siècle est encore plus agréable à déguster quand on sait qu’elle est gratuite. o Bogdan Bodnar
: A quelques pas
Lieu : MAM 11, avenue du Président-Wilson, à Paris (XVIe). Horaires : 10h-18h du mardi au dimanche Gratuit
en bref Nintendo Switch bat tous les records n La Nintendo Switch a
réalisé le meilleur démarrage de l’histoire pour une console de salon. Plus de 911 000 machines ont été vendues dans l’Hexagone en moins d’un an de commercialisation.
Les mémoires du Menhir vont paraître en mars n Jean-Marie Le Pen va publier le premier tome de ses mémoires début mars. Ce tome reviendra sur les années du Menhir de 1928 à 1972. A 89 ans, le fondateur du FN a apporté ses ultimes modifications ces dernières semaines.
SPORTS HANDBALL Début de l’euro pour la nouvelle vague française
Après les Experts, bienvenue aux Indestructibles
V
ont-ils conquérir leur quatrième titre européen ? Réponse le 28 janvier à Zagreb en Croatie, pour la finale du championnat d’Europe de handball masculin. Avant cela, l’Equipe de France débute ce soir, à 20h30, son championnat face à la Norvège qu’elle a vaincue en finale du mondial 2017 (33-26). Depuis 2009, six des neufs titres à pourvoir au niveau européen et mondial, ont été emportés par l’Equipe de France. Les retraites de Thierry Omeyer ou Daniel Narcisse n’ont pas abaissé le niveau du handball français.
La performance de la formation
En France, les clubs coordonnent une arrière-boutique extrêmement efficace. « Chaque région dispose de son pôle espoirs, explique Joël da Silva, l’entraîneur de Saint-Raphaël (Var). Cette toile d’araignée tissée sur l’ensemble du pays évite de passer à côté d’un talent, et fournit chaque année aux clubs de première division des joueurs à faire émerger avec les professionnels ». Le handball dispose donc de diverses implantations géographiques, contrairement à d’autres sports collectifs, comme le basket, qui mise sur l’excellence au sein
Valentin Porte, Nicolas Claire, Nikola Karabatic sous le maillot des Bleus Crédit: A.Mounic/L’Equipe
d’un unique centre national de formation, l’INSEP (Institut national du sport de l’expertise et de la performance). La plupart des « Indestructibles » jouent en division une du championnat de France, de quoi renforcer leur cohésion. En 2008, sept des quinze joueurs sélectionnés en EDF jouaient à l’étranger, alors qu’en 2018
seulement quatre des seize retenus à l’euro évoluent hors de France. Un exemple que le rugby français n’a pas réussi à tenir avec la venue de nombreuses stars étrangères dans le championnat français. L’homogénéité des joueurs
Cette équipe de France n’est pas pressée, elle vit avec son
temps, et fait naître sans cesse de nouveaux champions. « L’équipe de France est comme le Sénat : elle se renouvelle par tiers, compare le directeur technique national, Philippe Bana. Aux tauliers se substituent lentement une classe moyenne, arrivée à maturité, puis une classe biberon, qui peut assumer le rôle de titulaire ». Pour preuve, le départ du meilleur gardien français de l’histoire, Thierry Omeyer, sera compensé par la présence dans les cages de Quentin Gérard, meilleur gardien du Mondial 2017. De même, Nicolas Claire, successeur au poste de Daniel Narcisse, jouera au côté de l’explosif et expérimenté Nikola Karabatic (289 sélections). Enfin, deux benjamins de l’équipe sont l’illustration de ce renouvellement de l’excellence au sein l’Equipe de France, Nédim Rémili, 22 ans, meilleur arrière droit du Mondial 2017, et Dika Mem, meilleur buteur du FC Barcelone. Ces nouvelles pépites du handball français témoignent d’une continuité dans la niveau de performance de l’Equipe de France. Pas de quoi faire regretter le départ en retraite mérité de nos anciens « Experts ». o Clément Fourcade
FOOTBALL La LFP suspend le contrat d’arbitrage vidéo avec Goalcontrol
Fin de partie pour la Goal line technology n Deux fautes en deux jours
auront fini d’exaspérer la Ligue de football professionnel. L’instance du football français a décidé de suspendre la Goal line technology qui permet à l’arbitre, via une montre connectée, de savoir si le ballon a entièrement franchi la ligne de but. Ces deux derniers couacs ajoutés aux déboires de fin d’année mettent en danger le contrat liant la Ligue à la société allemande GoalControl. Tandis que la montre a sonné à Troyes, alors que le ballon n’était pas rentré, elle n’a pas fonctionné à Amiens alors même que le spectateur le plus mal placé dans l’enceinte
célébrait ou se désolait, selon le camp, depuis bien longtemps déjà. « C’est un fiasco avant tout technologique avec le choix d’un mauvais prestataire » s’insurge Bertrand Desplat, président de Guingamp et membre du CA de la Ligue, dans les colonnes de L’Equipe. En effet, la goal line technology est aussi en vigueur dans les principaux championnats européens mais c’est l’entreprise Hawk-eye qui fournit ces ligues, et non Goalcontrol. Si la LFP songe à se tourner vers l’autre prestataire, il ne doit pas oublier que la Série A n’a pas non plus été épargné par les polémiques. En octobre
dernier, lors du derby importantissime entre le Genoa et la Sampdoria, la montre a vibré après qu’un joueur de la Samp a placé une tête sur la barre. Le rebond devant la ligne qui suivit ne donnait lieu à aucun doute, pas de but. Pourtant, un court-circuit a fait sonner la montre de l’arbitre. Aucune technologie, quelque soit la marque, ne semble donc infaillible. La riposte de Goalcontrol
Durement critiqué, Goalcontrol joue clairement sa survie et tente d’expliquer ses déboires. Le ballon utilisé en Coupe de la Ligue n’est pas le même qu’en
championnat, ce qui expliquerait l’erreur à Amiens. De plus, l’éclairage à Angers, lors de la rencontre AngersMontpellier, n’aurait pas été assez fort pour la technologie. « On espère que la LFP va nous donner l’opportunité de tester un nouveau modèle plus performant » confie un responsable de la société. En attendant que Goalcontrol travaille, le football français va se passer de cette technologie. En espérant pour Goalcontrol que sa prochaine innovation ne soit pas trop sensible à la lumière. o Jean-Clément Borella
Vendredi 12 janvier- Expresso - 09
Expresso
12 01 2018
# 04
portrait Dans le monde de l’édition, il fait de la résistance
Alexandre Curnier, un éditeur au front n Alexandre Curnier est un heureux papa de 28 ans. La jolie revue culturelle NOTO, née en 2014, est son bébé. Elle tient son nom d’une ville sicilienne détruite par un séisme en 1693 et reconstruite par ses habitants quelques kilomètres plus loin. Ainsi, NOTO se veut un le symbole de la renaissance de la presse écrite à l’heure du numérique, tout comme Ebdo lancé aujourd’hui, ouVraiment qui va suivre. Mais n’allez pas comparer sa progéniture, dont le 11enuméro est en préparation, à cette « presse là », vous le vexeriez. « Je suis déçu quand je vois toutes ces publications sortir, explique-t-il. La plupart n’osent pas remettre en cause ce système de diffusion une vraie plaie, qui de toute façon va s’effondrer ». Le jeune éditeur a le ton amer. Il reproche à ces journaux, bardés de « millions d’euros », de ne prendre « aucun risque » et de laisser aux petits poucets dans son genre le soin d’essuyer les plâtres.
la gratuité était le modèle le plus viable. Les diffuseurs et les distributeurs prennent 40% du prix de vente et exigent une diffusion à au moins 20 000 exemplaires avant de s’investir dans le projet. C’est ridicule », regrette-t-il. Stratège
Utopie réaliste
Son amour de la lecture, ce grand garçon à l’aspect juvénile le doit à son institutrice qui en primaire lui a donné son « premier livre de grand ». Un « saisissement » pour cet enfant élevé dans une « famille bourgeoise » près de Marseille, à mille lieux de l’agitation culturelle de la capitale qu’il découvre à 16 ans et demi, son bac en poche avec un an d’avance. Quelques années plus tard, le jeune sorbonnard
La revue NOTO « enfant chérie »Alexandre Curnier
est embauché chez Flammarion au service des livres d’art. Un « poste envié et à responsabilité »précise-t-il, jusqu’à l’annonce d’un plan social. Alexandre sait qu’il ne retrouvera pas du travail tout de suite, alors autant
se rendre utile. Son but : rendre accessible les propos des penseurs et professionnels de la culture. NOTO, revue trimestrielle gratuite, à l’aspect aussi soigné que son fondateur, voit le jour. « C’est horrible, mais
Aujourd’hui, les comptes de la petite publication sont à l’équilibre grâce à quelques gros annonceurs, mais pas de quoi faire vivre son fondateur qui continue à chercher du travail. « Avec une appli qui sonne quand ton bac à glaçons est vide, je serais au salon high-tech de Las Vegas. Mais j’ai décidé de faire un truc vieux comme la France, qui mêle les idées, la culture et la presse », proclame le jeune effronté. Sourire en coin, souligné d’une fine cicatrice, l’entrepreneur délivre sa stratégie de diffusion pour NOTO. 8000 exemplaires disséminés dans des librairies bien choisies, et si le lecteur déterminé à trouver cette perle rare revient bredouille, il n’a plus qu’à rejoindre la petite communauté des 2 000 abonnés, qui, eux, payent leur accès privilégié. Sur ces happy fews vient désormais s’appuyer une campagne de crowdfounding... comme Ebdo? « Ah non ! Nous nous avons attendu d’avoir la confiance des lecteurs avant de les solliciter », s’exclame-t-il. Comme un droit à la différenciation. o Marie Frumholtz
expresso insolite « Le boudin noir a sauvé ma vie »
La baguette au Patrimoine de l’Unesco
Gagnez de l’argent en urinant
n « Personne ne m’entendait crier, le
n Président de la Confédération natio-
n Un test de grossesse en guise de pu-
boudin noir a sauvé ma vie ! » . Drôle d’histoire que nous raconte là M. McCabe . Ce boucher anglais s’est retrouvé pris au piège de son congélateur à Totnes alors que la porte s’est refermée sur lui. Enfermé à -20°C, Chris McCabe, 70 ans, a expliqué à la BBC avoir utilisé le boudin noir congelé (utilisé comme bélier sur la porte du congélateur) pour en sortir. Cette idée lui a sauvé la vie quand on estime à 30 minutes le temps de survie d’une personne piégée à cette température.
08 - Expresso - Vendredi 12 janvier
nale de la boulangerie et de la pâtisserie, Dominique Anract souhaite porter la candidature de la baguette au Patrimoine mondial de l’Unesco. Le propriétaire de la boulangerie parisienne la Pompadour souhaite soutenir le savoir-faire des boulangers et la production artisanale de la baguette, symbole français par excellence. Une réunion était organisée ce vendredi après-midi à l’Elysée pour convaincre le président de la République de l’utilité de son action.
blicité, telle est la surprenante nouvelle idée d’Ikea. Le géant de l’ameublement suédois propose aux femmes d’uriner sur une pub du magazine féminin suédois Amelia. Celle-ci agit ensuite comme un test de grossesse. S’il s’avère positif, un nouveau montant apparaît à côté de la photo du lit pour enfant. Il est deux fois moins élevé que le prix initial. Reste que pour l’instant, Ikea ne précise pas comment faire pour bénéficier de la réduction.