EXPRESSO QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2020
10 01 2019
L’ESSENTIEL INTERNATIONAL
P.4
CB/AFP
Crise politique autour du shutdown
# 02
Après la démission de Jouanno, le flou s’installe
Le grand débat en panne d’acteurs
L’UE sanctionne l’Iran sur fond d’assassinats
n L’Union Européenne accuse l’Iran d’avoir mené des assassinats politiques sur son territoire et impose des sanctions économiques.
ECO/CONSO
P.6
Moral des ménages en berne
n Sur fond de crise des gilets jaunes, le moral des Français est au plus bas depuis 4 ans.
Leetchi, une cagnotte devenue politique
n Les gilets jaunes ont détourné le site de collecte en ligne de son objectif initial
CULTURE
La folie podcast
P.8
n Intime, immersif et pra-
tique, le podcast séduit de plus en plus de rédactions écrites et web.
SPORT
P.9
vincercc78.over-blog
Rugby: la violence d’un jeu
n Après la démission de Chantal Jouanno, le « grand débat national » souhaité par le gouvernement se heurte à de nombreux couacs : impossibilité de trouver un nouveau président pour conduire le
débat, discorde entre les ministres et les gilets jaunes sur les thèmes à aborder… Une rentrée houleuse, qui pousse l’exécutif à reporter une fois de plus ses réformes. PAGE 2
FRANCE POLITIQUE La démission de Chantal Jouanno fragilise le gouvernement
Les embuches se multiplient autour du grand débat national
n Alors qu’Edouard Philippe devait annoncer le nom du remplaçant de Chantal Jouanno mercredi 9 janvier, il est apparu penaud devant la presse. Un énième couac pour le grand débat national.
n’a pas su établir sa feuille de navigation. Au risque de voir le dialogue noyauté par les extrêmes, le gouvernement a annoncé les quatre principaux thèmes : la transition écologique, la fiscalité, le fonctionnement de l’état et l’organisation de la démocratie.
e grand débat national prend l’eau. La preuve ? Il n’y a encore personne pour le conduire. Mardi soir, Chantal Jouanno, présidente de la Commission Nationale du Débat Public qui avait été nommée directrice, a décidé d’y renoncer suite à la controverse sur son salaire. Edouard Philippe avait promis de donner le nom de son successeur mercredi après-midi. Finalement, faute d’avoir trouvé un remplaçant, il faudra attendre le 14 janvier. La veille du premier jour du grand débat... Mais, « ça n’est au fond qu’une péripétie : ce qui compte, ce ne sont pas les personnes, c’est le débat » a tenu à rassurer le Premier ministre, avant d’ajouter : « débattre, c’est permettre à chacun d’exprimer ses convictions ». Sauf que le débat, initialement prévu pour répondre aux préoccupations et revendications du mouvement des « Gilets Jaunes »,
Le dialogue verrouillé par le gouvernement
L
Édouard Philippe a pris la parole après le séminaire gouvernemental (compte
L’agenda parlementaire bousculé A l’occasion de sa prise de parole du mercredi 9 janvier, Edouard Philippe a annoncé le report de plusieurs réformes. Parmi elles, la réforme constitutionnelle, déjà déferrée plusieurs fois, la loi orientations et mobilités et le projet d’organisation territoriale. Une décision qui risque d’accentuer les différends au sein du gouvernement. Bruno Le Maire s’était déjà impatienté de la non-portée de certaines réformes, affirmant que cela « nourrissait l’impatience des peuples ».
Contrairement aux revendications de Chantal Jouanno, qui, dans une lettre du 15 décembre, déconseillait au gouvernement de fixer des lignes rouges au débat, Benjamin Griveaux a annoncé le 8 janvier « qu’on ne tergiversera pas sur les valeurs. L’IVG, la peine de mort, le mariage pour Tous ne seront pas sur la table ». De plus, une majorité de ministres ne souhaite pas embarquer sur le navire. Beaucoup craignent de possibles débordements, comme Bruno Le Maire, qui a connu le débat sur l’identité nationale en 2008 et qui a peur d’ouvrir la boite de Pandore. A l’inverse, d’autres prônent une discussion ouverte et s’insurgent des réticences de leurs collègues. A moins d’une semaine du départ, le navire est encalminé. o Esther Serrajordia
Le salaire de la discorde en débat en bref n Le salaire de Chantal Jouanno, présidente de la commission nationale du débat public, aura cristallisé toutes les incompréhensions entre gouvernants et gouvernés. 14 666 euros bruts par mois.
Elle l’assure, son salaire est « légitime » mais elle préfère s’effacer de l’organisation du débat public voulu par Emmanuel Macron pour une question de « sérénité ». Si Edouard Philippe le « regrette » et qu’Alain Juppé rend hommage à cette «décision qui l’honore», la député LREM Laëtitia Avia exprime son incompréhension : « Madame Jouanno avait l’opportunité de mettre du corps derrière sa fonction et sa
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rémunération. Finalement, elle décide de ne plus piloter le grand débat mais de rester présidente et donc de conserver sa rémunération ». Des salaires votés par le Parlement à rediscuter
La rémunération des responsables des autorités administratives indépendantes sera au menu du grand débat. Leur montant, plus élevé que celle du président de la République ou du Premier ministre, choque jusqu’au gouvernement. « Il faudra probablement remettre à plat ces conditions de rémunérations en fonction des postes et des responsabilités », a fait valoir Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. o Marion Bellal
Le lanceur d’alerte d’ArcelorMittal placé en garde-à-vue n Karim Ben Ali, qui avait dénoncé des pollutions à l’acide de la firme ArcelorMittal à Florange en 2017, est accusé d’avoir proféré des menaces à l’encontre d’un des responsables de l’entreprise contre laquelle il avait lui-même porté plainte. Il a été placé en garde-à-vue mardi soir à Thionville.
Un projet de métro entre la France et l’Andorre
Un mirage 2000 disparait au-dessus du Jura
n C’est en métro que les Français pourront bientôt se rendre à Andorre ! La chambre de commerce de Perpignan et la principauté d’Andorre ont décidé de relancer le projet d’une ligne souterraine transnationale de 7 km. Des fonds publics et privés français, espagnols et andorrans seront mobilisés pour financer le projet à hauteur de 150 millions d’euros.
n Un avion de chasse qui trans-
portait deux hommes a disparu des radars mercredi matin, après avoir décollé de la base aérienne de Nancy-Ochey (Meurthe-et-Moselle). Les recherches qui ont débutées en début d’après-midi sur la commune de Mignovillard, à 1050 mètres d’altitude, ont déjà permis de retrouver des débris dont un parachute et une carte.
FRANCE POLITIQUE Debout La France lance sa « caravane des territoires »
Pour Nicolas Dupont-Aignan, les Européennes passeront par les territoires « C’est un peu le Air Force one de Dupont-Aignan » plaisante une militante devant le camping-car à l’effigie du patron de « Debout la France » garé dans le XVème arrondissement. Ce mercredi 9 janvier, les voeux à la presse de la tête de liste du parti aux prochaines européennes marquaient une nouvelle étape d’une campagne démarrée fin septembre : le départ de la « Caravane des territoires ». 1400 étapes, dans 94 départements
Durant 133 jours, des « Amoureux de la France » (noms donnés aux militants) sillonneront le pays à la rencontre des « Français en résistance », slogan choisi pour les Européennes du 26 mai prochain. Le but ? « Mener un vrai travail d’écoute, un vrai débat sur le terrain pour trouver des solutions concrètes aux problèmes quotidiens des Français ». 1400 étapes qui permettront également à Nicolas Dupont-Aignan d’exposer son programme
européen. Un programme bâti sur une forte critique de l’Union Européenne actuelle, et de ses traités « qui font perdre aux États leur démocratie ». Pour le Président de Debout la France, ce sont d’ailleurs ces traités qui « ont tué le PS et bientôt Les Républicains ». Une aubaine pour lui, en vue du prochain scrutin. Dans plusieurs enquêtes d’opinion, le parti de Nicolas DupontAignan talonne la formation de Laurent Wauquiez. Débaucher des anciens « Républicains » est d’ailleurs aujourd’hui le principal objectif de Debout la France. Convaincu que les déçus du parti de droite les rejoindront plus facilement que le Rassemblement National, Nicolas Dupont-Aignan entend bien profiter de la « Caravane des Territoires » pour mettre en évidence « les trahisons de LR » sur l’Europe. Il accuse notamment Laurent Wauquiez de défendre des traités qu’il critiquait autrefois. En vue de mai prochain, Nicolas
Nicolas Dupont-Aignan lors de ses voeux à la presse (SN/IFP)
Dupont-Aignan n’hésite pas non plus à aborder les grands thèmes de la séquence des Gilets Jaunes. Meilleure redistribution, « redonner le pouvoir au peuple »…
Du côté de Debout la France, on espère planer sur cette crise, qui jusqu’à présent semble être favorable à son Président. o Sacha Nelken
TRANSPORTS Jean-Michel Blanquer favorable à la proposition de Valérie Pécresse
Gagner une heure de sommeil ? Les lycéens circonspects n La proposition sur Twitter
de Valérie Pécresse, présidente de la région Île de France et d’Île de France mobilités, a trouvé de l’écho. Pour améliorer le sommeil des adolescents et désengorger les transports, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, se dit prêt à expérimenter un début des cours à 9h dans certains lycées. Pas sûr que cela facilite la vie des lycéens.
A
midi, dans une rue du sixième arrondissement de Paris, entre le Jardin du Luxembourg et l’établissement Montaigne, les lycéens s’interpellent à grands cris. Ils ont commencé les cours à 8h mais certains ont dû se réveiller bien plus tôt pour emprunter les transports. « Moi je prends le RER C puis le B, franchement c’est une galère tous les matins », déclare Caliste Michaud, élève en Terminale. Ses camarades surenchérissent jusqu’à ce que Mélissa Auguste s’interpose. « Si on commence à 9h et qu’on prend les transports plus tard, ce
Embouteillage matinal pour les usagers de la RATP (LR/RATP)
sera encore pire », plaide-t-elle. Possible, selon l’agent RATP de la station Port-Royal, le RER le plus proche de ce lycée, car l’affluence record se situe entre 7h45 et 9h. Joao David, lycéen, assure qu’il devrait partir de chez lui presque à la même heure : « On serait bloqué et on devrait attendre que plusieurs métros passent avant de pouvoir monter
». Son ami Ylane Aissan suppose que cela les amènera aussi à terminer leur journée de cours plus tardivement : « Si on finit à 18h au lieu de 17h, on ne gagne quasiment rien le matin et le soir on se retrouve aussi dans les heures de pointe ». Claire Leconte, chronobiologiste, avait réagi à cette proposition sur le site de France Info en expliquant que décaler
d’une heure le début des cours ferait gagner aux adolescents un temps de sommeil le matin, « un des plus importants pour eux ». Cependant rien n’assure que cela désengorge le réseau et que les 460 000 élèves scolarisés [ndlr chiffres d’Île de France Mobilités] recourant aux transports en commun y gagnent vraiment. o Marion Bellal
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international ETATS-UNIS Donald Trump refuse tout compromis politique
Shutdown : la crise politique dépasse le mur n Le bras de fer entre Donald Trump et les démocrates au sujet du mur entre les EtatsUnis et le Mexique continue et laisse entrevoir une crise politique plus profonde et loin de se terminer.
S
hutdown, jour 19. Embourbé dans un conflit politique qui s’éternise, Donald Trump a ardemment défendu son projet de mur à la frontière entre les EtatsUnis et le Mexique mercredi. Depuis le bureau ovale, il a parlé, d’un ton solennel, « d’une crise humanitaire et sécuritaire grandissante » et de l’importance de lui accorder les 5,7 milliards de dollars qu’il réclame pour financer le mur. « Il a tenté de rallier le peuple américain à sa cause en donnant un air dramatique et urgent à son discours », analyse le chercheur à l’IRIS et professeur à l’université Paris 2 PanthéonAssas, Jean-Eric Branaa. Face à face politique
Même s’il paraît prêt à tout pour obtenir ce financement, le président américain a toutefois renoncé à mettre en place l’état
Chuck Shumer, chef du groupe démocrate au Sénat et Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants. (NSJ/NPC)
d’urgence, qui lui aurait permis de contourner le Congrès et de s’appuyer sur l’armée pour construire le mur. Les principales figures de l’opposition n’ont pas perdu de temps pour critiquer le discours du président et ont affiché leur volonté de ne pas céder sur les exigences du président. Nancy Pelosi, la porte-parole démocrate de la Chambre des Représentants, a demandé à Donald Trump de « cesser de prendre les Américains en otages et de créer
de toutes pièces une crise ». Un constat partagé par le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, « le chef de l’État vient d’utiliser le décor du Bureau ovale pour créer de toutes pièces une crise, alimenter la peur, et détourner l’attention du chaos dans son administration ». Ce conflit n’est qu’une façade qui dissimule une crise politique plus profonde. Selon Jean-Eric Branaa, le débat va plus loin que les discussions autour du mur et résulte d’une lutte de
pouvoir entre Donald Trump et les démocrates. « D’un côté, le président veut montrer qu’il est le plus fort, et de l’autre, les démocrates font tout pour bloquer son projet de mur car c’était son principal argument pendant sa campagne et lui accorder serait lui donner la victoire », explique-t-il. Aucune sortie de crise n’apparaît pour l’instant. « Trump va pousser le shutdown jusqu’au maximum. Il ne serait donc pas étonnant qu’il fasse une nouvelle déclaration choc lorsqu’il se rendra au Texas voir le mur, jeudi », analyse le chercheur. o Romain Philips
Le shutdown affecte l’économie du pays n Outre les 806 000 fonctionnaires fédéraux, les touristes, les agriculteurs et les industriels sont également touchés par le shutdown. La Bank of America Merrill Lynch a chiffré l’impact sur la croissance à 0,1 point du PIB et estime son coût à 6 milliards de dollars par semaine.
COREE DU NORD Le dirigeant coréen en visite en Chine
A Pékin, Kim Jong-un cherche un appui n Arrivé mardi 8 janvier, le dirigeant
nord-coréen est en visite en Chine jusqu’au 10 janvier. Il espère y trouver du soutien en vue de sa prochaine rencontre avec Donald Trump. La Corée du Nord n’est pas seule. C’est ce que Kim Jong-un tente de prouver en acceptant l’invitation de son homologue chinois Xi Jinping. Au matin du 8 janvier, le leader nord-coréen a débarqué de son train blindé sur le quai de la gare centrale de Pékin, avant d’être accueilli en grande pompe par le président de l’Empire du Milieu. Conformément à la tradition, Pékin a maintenu le secret sur le programme et la raison officielle de cette visite. D’autant que cette quatrième rencontre en 10 mois
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intervient avant le second sommet américano-nord-coréen prévu dans les prochaines semaines et peu après le discours de Nouvel An. Un discours où le dictateur s’est déclaré favorable au dialogue. Mais sans pour autant exclure que son pays ne prenne « une autre voie » si les Etats-Unis continuent de formuler des demandes unilatérales et maintiennent les sanctions imposées à la Corée du Nord. Un fin stratège
Officieusement, l’objectif diplomatique de Kim Jong-un est clair : « en cherchant appui auprès de la Chine, il veut montrer qu’il n’est pas isolé face aux Etats-Unis, retarder au maximum la dénucléarisation et réduire la pression internationale exercée sur son régime », explique Antoine Bondaz,
chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste des deux Corées. La date de cette entrevue s’inscrit également dans la conjoncture du premier round de négociations entre Chinois et Américains débuté ce lundi 7 janvier. « Dans le contexte actuel de tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, la valeur de la Corée du Nord aux yeux de Pékin s’accroît », constate Antoine Bondaz. Une aubaine pour le dirigeant nord-coréen qui peut jouer sur la mise en compétition des acteurs régionaux - Washington, Séoul et Pékin. Les uns contre les autres. Et ce, en vue de son prochain sommet avec Trump qui, selon certaines rumeurs, devrait se tenir au Vietnam à Hanoï. o Valentin Cebron
international IRAN L’Union européenne applique des sanctions suite à des accusations de meurtre
La coopération entre l’Iran et l’Union européenne est en berne
n L’Union européenne a in-
fligé, mardi 8 janvier, des sanctions contre les services du renseignement iranien, accusés d’avoir ciblé des dissidents dans plusieurs Etats membres.
U
n scénario digne du Bureau des Légendes. Cette fois-ci, il n’est pas question de négociations musclées sur l’accord nucléaire ou de tweet acerbe à la Trump. A présent, c’est un différend entre l’Union européenne et l’Iran qui occupe la scène internationale. Mardi, l’Union a imposé des sanctions aux services iraniens de renseignement (le VEVAK) et à deux de leurs responsables, dont son directeur Saeid Hashemi Moghadam. Conséquence : un gel
en bref
Carlos Ghosn ne sera pas libéré n Le tribunal de Tokyo a refusé, hier, de mettre fin à la détention du PDG de Renault. Mardi dernier, Carlos Ghosn avait plaidé son innocence lors d’une audience exceptionnelle devant le tribunal de la capitale japonaise, en vain. En garde à vue depuis plus de 50 jours, il est accusé de malversation financière par la justice nippone.
Un ancien ministre israélien condamné n Le ministère de la Justice
israélien a annoncé hier que Gonen Segev devrait être condamné à 11 ans de prison ferme. Ministre de l’Energie de 1995 à 1996, M. Segev a plaidé coupable d’espionnage au profit de l’Iran, l’ennemi juré d’Israël.
de leurs éventuels actifs dans l’Union. Les États membres ont fait front commun face aux deux responsables, accusés d’être impliqués dans une série de meurtres et de complots à l’encontre de dissidents aux Pays-Bas, au Danemark et en France. « L’UE reste unie, de telles actions sont inacceptables et doivent avoir des conséquences », a réagi dans un tweet le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen. Des sanctions européennes contre l’Iran
Cette décision arrive au moment où la Cour internationale de justice accuse pour la première fois Téhéran d’être impliqué dans le meurtre de deux opposants au régime iranien, en 2015 et 2017, sur le sol néerlandais.
L’Iran est sous le feu des sanctions européennes. (AP)
Cette décision peut surprendre : en août dernier, malgré le rétablissement des sanctions américaines, l’Europe a choisi de créer un dispositif pour continuer de commercer avec l’Iran. En réalité, cela fait déjà plusieurs mois que l’Union européenne estime, sur la base d’informations provenant des services de renseignement de plusieurs Etats membres, que l’Iran a probablement été impliqué dans des meurtres et des complots sur le territoire européen. Alliés, pas amis
Les services de renseignement iraniens constituent une
véritable épine dans le pied du président Hassan Rohani, qui de son côté veut dialoguer avec les Occidentaux, contrairement aux conservateurs du régime. « L’Union européenne est un vrai allié politique, important pour l’Iran », selon Bernard Hourcade, spécialiste de l’Iran et directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Pour sa part, l’Union européenne « souhaite que l’Iran soit un pays avec lequel on puisse travailler, ce qui est délicat lorsque le VEVAK organise des assassinats », conclut-il. o Nioucha Zakavati
AFRIQUE Une élection sous tension Un tribunal israélien, qui devra approuver la décision d’incarcération, devrait siéger le 11 février prochain.
Les 49 migrants bloqués en Méditerranée débarquent à Malte n Deux navires d’une ONG allemande, Sea-Eye et SeaWatch, qui croisaient dans les eaux maltaises depuis plusieurs jours vont pouvoir accoster dans le pays et débarquer les 49 migrants présents à bord. Joseph Muscat, le Premier ministre maltais, l’a annoncé hier après-midi.
A Madagascar, Andry Rajoelina confronté aux défis de son pays n L’élection à la présidence d’Andry Rajoelina a été confirmée, mardi, par la justice malgache et déjà le nouveau dirigeant est attendu au tournant.
Après une campagne présidentielle émaillée par des manifestations et des accusations de fraudes, le nouveau président de Madagascar, déjà chef de l’Etat entre 2009 et 2014, doit faire face aux défis économiques et sociaux de la Grande Ile. 78% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Les habitants déplorent une hausse de l’insécurité et, en août 2018, la Commission des droits de l’ONU faisait état d’un risque pour « la paix du pays ».
Ketakandria Rafitoson, responsable de l’ONG Transparency International – Initiative Madagascar (TI-IM), fait part de son inquiétude pour les finances malgaches. « Il (Andry Rajoelina) n’a pas voulu faire état de ses comptes de campagne, alors que va-t-il se passer dans la gestion des deniers publics ? » Une allusion à la corruption qui ronge la Grande Ile. Andry Rajoelina « a créé une attente chez la population. Il risque de se retrouver confronté à un effet boomerang et de voir la colère se retourner contre lui », ajoute Mme Rafitoson. Au risque de voir assombrie sa victoire à peine remportée. o Lola Scandella
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ECO/CONSO SOCIETE Ces derniers mois, la confiance des Français est en chute libre
Décembre n’a pas revigoré le moral des ménages
n Sur fond de crise des “gilets jaunes”, la confiance des ménages français n’a pas été aussi basse depuis novembre 2014, selon l’Insee. Lors de ses voeux aux Français le 31 décembre, Emmanuel Macron s’était adressé à ses concitoyens qui “sentent leur vie comme empêchée”, à ces “mères de famille élevant seules leurs enfants et ne parvenant pas à finir le mois”, aux “agriculteurs qui ne veulent que vivre dignement de leur travail” ou à ces “retraités modestes qui aident encore leurs enfants et ont à charge leurs parents.” Après un mois de décembre où la confiance des ménages a lourdement chuté, le président de la République ne pouvait que tenter de leur donner de l’ “espoir”. Le mois dernier, la confiance des Français a effectivement perdu quatre points par rapport au mois de novembre, tombant à 87, alors que “la moyenne de longue période est de 100”, précise l’Insee dans une enquête mensuelle de conjoncture publiée mercredi 9 janvier.
Attentats et chômage inquiètent Dans un contexte de crise, avec le mouvement continu des “gilets jaunes”, la confiance avait déjà bien chuté en novembre, à 92. La période de pic d’achats de cadeaux de Noël n’a donc pas du tout ragaillardi les Français. La part des ménages pour qui il était “opportun de faire des achats importants” a diminué de 15 points, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis juin 2013. Autre indicateur, pas moins
Le phénomène est intimement lié la crise des gilets jaunes. (JL / Getty images)
révélateur : l’opinion des ménages sur leur situation financière comparée à leur situation passée perd cinq points sur un mois. Les Français sont également davantage sceptiques sur leur capacité à épargner, puisque l’indice perd sept points, et la capacité d’épargne actuelle en perd cinq. Si la
crainte du chômage augmente de 3 points par rapport à novembre, elle reste “légèrement en dessous de sa moyenne de longue période”, explique l’organisme. Le chômage et la précarité de l’emploi font justement partie des préoccupations principales des Français, après les attentats, selon une autre
Le prélèvement à la source alarme aussi Pas sûr que le moral soit à la hausse avec l’arrivée du prélèvement à la source au 1er janvier. Dès le 25 janvier, les Françaisdécouvriront sur leur fiche de paye que leur salaire net a baissé de plusieurs dizaines, voire de centaines d’euros. Selon un sondage Elabe publié par Les Echos midécembre, les angoisses portent surtout sur la crainte de bugs techniques (51%), le manque de confidentialité (33%) et la complexité pour les entreprises (26%). En réalité, la baisse de salaire sera plutôt ressentie par ceux qui payaient leurs impôts une fois par an que par les contribuables qui avaient fait le choix de la mensualisation. Hier, les retraités ont été les premiers à expérimenter le système, en recevant leur pension.
enquête de l’Insee publiée fin décembre. L’environnement et la sécurité routière figurent le moins dans leur esprit. Pour le mois qui arrive, le début du prélèvement à la source pourrait également avoir un impact sur le mental des ménages (voir encadré). Le pouvoir d’achat en question Concentré au départ sur la révolte fiscale, le mouvement des “gilets jaunes” a mis le pouvoir d’achat au centre du débat français. Selon un sondage Elabe pour BFMTV du mercredi 9 janvier, parmi les trois thèmes que les Français souhaiteraient voir aborder en priorité lors du “grand débat national”, 48% des Français évoquent le pouvoir d’achat, suivi des impôts et des taxes (44%). Le gouvernement n’a plus qu’à espérer retrouver la confiance des Français en ces temps de crise. o A. Castillon
EMPLOI Les partenaires sociaux se réunissent pour débattre de la précarisation des CDD
Le casse-tête des contrats courts n Les négociations sont entrées dans le dur. Syndicats et patronats ont abordé mercredi le point le plus clivant de la réforme de l’assurance chômage: un système de bonus-malus pour inciter les entreprises à limiter leur recours aux contrats courts. Proposée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, la mesure consiste à faire payer davantage les sociétés où la main d’oeuvre 06 - EXpresso - jeudi 10 janvier
tourne fréquemment. Et quand les entreprises abusent des contrats courts, « elles doivent être pénalisées », a argué le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. À l’inverse, celles qui créent des emplois stables seraient moins mises à contribution. Sans grande surprise, le patronat s’y oppose fermement. « Il n’y aura pas plus de CDI. Il y aura juste moins de CDD, donc moins d’emplois », assure
Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. Pour botter en touche, le patronat a d’abord proposé des négociations branche par branche comme le prévoit le document d’orientation du gouvernement. Mais cette alternative manque d’efficacité. Peu de branches professionnelles ont annoncé avoir conclu un accord à ce sujet. Et à l’exception de la propreté, les secteurs les plus concernés
comme la restauration ne sont pas parvenus à conclure un accord. Pour éviter le blocage avec les syndicats, le patronat plaide à présent pour une négociation interprofessionnelle plus large qui serait menée en parallèle avec celle de l’assurance chômage et qui traiterait de l’accès au marché du travail. Reste maintenant à savoir si les syndicats seront convaincus. o Julie Radix
ECO/CONSO WEB Leetchi est utilisée par les gilets jaunes pour défendre leur cause
La cagnotte de la discorde n Après la clôture de la cagnotte Leetchi pour l’exboxeur Christophe Dettinger, les gilets jaunes se mobilisent et utilisent le site de financement participatif.
l
aura suffi de quelques heures pour que la cagnotte Leetchi devienne un symbole du combat politique des gilets jaunes. A peine connue la garde à vue de l’ex-boxeur Christophe Dettinger, accusé d’avoir violenté un policier, 8 000 personnes se cotisent pour alimenter une cagnotte en ligne afin de soutenir sa famille. Devant le tollé suscité, Leetchi décide de la clôturer, suscitant aussitôt une contre-attaque des gilets jaunes qui multiplient les cagnottes frisant le canular. C’est ainsi qu’on a vu fleurir une « cagnotte pour que
Schiappa la ferme », en réaction aux propos de la secrétaire d’État condamnant fermement le mouvement de solidarité en faveur du boxeur. Les contributions excèdent rarement 1€. « Pour dix centimes, j’ai bien ri ! », explique Antoine Bertetto. « C’est un moyen drôle de répondre aux élucubrations de cette ministre », précise-t-il encore. Ce détournement crée le malaise chez les fondateurs de Leetchi. Car aucune dimension politique n’était à l’origine du projet. Lorsque Céline Lazorthes a créé ce système en 2009, c’était pour combler un vide : rien n’existait alors pour collecter des fonds. Le principe est simple : chacun peut créer une cagnotte, inviter ses proches à participer, et retirer l’argent récolté. Le site prélève tout de même une commission, calculée de manière dégressive
en fonction du montant total, sauf si la somme est dépensée chez l’un de ses partenaires. En dix ans d’existence, Leetchi a attiré plus de 12 millions d’utilisateurs dans 150 pays. Le tout pour financer un anniversaire, un mariage ou encore une cause humanitaire. Une clôture polémique
Depuis le conflit des gilets jaunes, l’argent a une tout autre finalité. Dans un communiqué, Leetchi a précisé que les fonds destinés à l’ex-boxeur seraient « reversés directement sur le compte dédié de l’avocat et ce sans aucun intermédiaire » pour couvrir les frais de justice, le reste étant remboursé aux participants. Les gilets jaunes ont immédiatement protesté. « En s’appropriant l’utilisation de l’argent, Leetchi va à l’encontre de l’organisateur
LOGEMENT En France, les locations sont de plus en plus encadrées
Ces villes qui s’attaquent à Airbnb n Les tribunaux ont infligé plus de 2,1 millions d’euros d’amendes aux multipropriétaires de locations touristiques à Paris en 2018. En France, certaines villes ont déjà adopté leurs propres moyens de contrer les effets néfastes des plateformes comme Airbnb.
Depuis le 1er janvier 2019, les plateformes de location touristique bloquent les réservations des résidences principales en France qui dépassent le seuil fixé par la loi de 120 jours par an dans 18 villes dont Paris. Bordeaux a déjà mis en place une réglementation de ce type sur les locations saisonnières, les propriétaires doivent se déclarer à la mairie. Une cellule composée d’agents assermentés est en charge de traquer les contrevenants. Mais d’autres dispositifs existent déjà. Les municipalités de Nice et Cannes se sont mobilisées plus tôt et ont imposé aux loueurs actifs sur les plateformes de location de meublés entre particuliers, depuis fin 2017, d’accompagner leurs annonces de photos, d’une description précise des lieux et d’un code de 13 chiffres reçus en se déclarant à la commune. Un label nécessaire à chaque annonce, au risque d’être considéré comme
et de tous ceux qui ont donné » souligne Toma LeGredin, l’un des contributeurs. A l’origine, la cagnotte était destinée à la famille de Christophe Dettinger, sans aucune référence au paiement des frais d’avocats... En clair, les gilets jaunes accusent sa fondatrice, réputée proche d’Emmanuel Macron, de faire le jeu du pouvoir. Contactée, celle-ci n’a pas souhaité répondre à nos questions. Benjamin Bianchet, manager général de Leetchi pratique, lui, la langue de bois. « Je ne m’exprimerai pas sur cette question. Je laisse cela à la Twittosphère et au débat politique », a-t-il répondu à Quotidien, interrogé sur la moralité d’une telle clôture. Le Crédit Mutuel, actionnaire majoritaire de Leetchi, a lancé une enquête interne, en espérant que l’affaire se tasse. o Chloé Martin
en bref Nouvelle grève des chauffeurs VTC n Une nouvelle grève à l'appel de la CFDT-VTC et de FO Capa-VTC démarre ce jeudi 10 janvier pour les chauffeurs de VTC. Ils réclament une détaxe du carburant, un tarif minimum, mais aussi un numérus clausus pour les cartes de VTC. Une réglementation similaire à celle en vigueur pour les taxis depuis 1937.
Record de passagers pour Air France n Air France-KLM a franchi
Les contrevenants risquent de lourdes amendes. (AR, SIPA)
un fraudeur et d’être bloqué. A Lyon, des agents sont aussi chargés de traquer les fraudeurs, qui s’exposent à des amendes pouvant atteindre 50 000 euros. La ville a, quant à elle, imposé l’obligation de compenser tout logement transformé en meublé touristique par un bien mis sur le marché locatif classique.
Enfin, Strasbourg s’appuie sur un observatoire, une base de données qui comptabilise le nombre de logements loués en ville par ces plateformes. Une lutte que ne partage pas la majorité des villes qui n’ont toujours pas imposé de réglementations particulières. o François Willmann
pour la première fois en 2018 la barre des 100 millions de passagers transportés, a annoncé mercredi 9 janvier l'entreprise franco-néerlandaise dans un communiqué. Un record obtenu malgré un mouvement social interne au printemps dernier, et celui des gilets jaunes en fin d'année.
Chute vertigineuse des ventes de tabac
n Les ventes de cigarettes en France ont reculé de 9% en 2018 selon un bilan établi par le fournisseur Logista. La diminutation est due à la hausse des prix opérée en mars et à la politique antitabac du gouvernement. jeudi 10 janvier- Expresso - 07
culture MEDIA Un nouveau format en pleine expansion
Le podcast s’impose dans les rédactions
n Sonore, immersif et pratique, le podcast séduit de plus en plus de titres de presse écrite et web.
connectés. « Comme tous les usages numériques nouveaux, le podcast est adopté en premier par les jeunes adultes, urbains et cultivés » explique Gabrielle Ramain, coordinatrice chez Louie Media, producteur de podcasts, « mais on veut montrer que c’est facile et démocratiser son usage ». Son expansion dans les médias accélère le processus. « Même la PQR s’y met ! » se réjouit-elle en citant l’exemple de l’Yonne Républicaine.
9 janvier, 6h, le ruban est coupé. La Croix inaugure sa rubrique de podcasts natifs « L’envers du Récit » avec deux épisodes inédits sur les coulisses du journalisme. Le journal rejoint les nombreux médias à adopter ces contenus sonores diffusés directement en ligne, sans passer par l’antenne. Faustine Kopiejwski, co-fondatrice de Cheek, s’est laissé séduire par le format en mai. Elle voulait diversifier son contenu. « Concevoir des séries et donner une place à la narration ça permet d’aborder des sujets différents et plus pointus que sur papier », explique-t-elle. Avant d’être journaliste chez Usbek et Rica, magazine et diffuseur de podcasts, Guillaume Ledit travaillait à Radio France. Avec les podcasts, il a les avantages de la radio, sans les inconvénients : « je retrouve cette intimité avec l’auditeur et ça ne pose pas de problème qu’un invité parle 1h10 au lieu de 45 min ».
La Croix a inauguré ce matin sa rubrique de podcasts natifs « L’envers du Récit ». (La Croix)
Un format moderne et mobile Le podcast se télécharge puis s’écoute à n’importe quel moment. Une aubaine pour des auditeurs qui bougent sans cesse.
« Le podcast va bien dans cette culture du mouvement » estime Faustine Kopiejwski « c’est un support beaucoup moins contraignant pour l’utilisateur que le
FILM La comédie sociale est sortie mercredi
papier, le web ou la vidéo. Il faut juste se laisser porter », ajoutet-elle. Les premiers à se laisser convaincre sont les jeunes, plus
Une offre exponentielle L’engouement autour du phénomène est difficile à mesurer. Le nombre de téléchargement de podcasts exclusivement natifs n’est pas connu mais les journalistes défendent leur support « Autour de moi, tout le monde télécharge des podcasts », promet Guillaume Ledit. « C’est un mode de consommation qui s’est installé dans les mœurs » complète Faustine Kopiejwski. Tous sont d’accord « en ce moment, il y a une offre exponentielle mais à un moment ça va se resserrer autour des meilleurs », résume la journaliste de Cheek. Une « sélection naturelle » encore lointaine pour Guillaume Ledit, « Il reste beaucoup de choses à explorer ». Le podcast a encore de beaux jours devant lui.
o Coline Chauffard
APPLICATION Disponible sur Apple et Google
Les Invisibles dévoile le quotidien L’exposition « David Bowie IS » sur votre smartphone des femmes sans-abri dénonçait le gâchis alimentaire, Louis-Julien Petit met en lumière le quotidien de femmes sans-abri dans sa nouvelle comédie sociale Les Invisibles sortie mercredi sur les écrans. « J’ai eu envie de faire un film solaire et porteur d’espoir dont le cœur serait le groupe, la cohésion et l’entraide face à l’adversité », explique-t-il dans son dossier de presse. Au sein de l’Envol, un centre d’accueil de jour du Nord de la France, des femmes surnommées Lady Di, Dalida ou encore Beyoncé tentent d’échapper à la violence de la rue, qu’on devine en filigrane. Ces personnages ont connu la grande précarité et jouent pour certaines leur propre histoire avec un naturel saisissant. Elles se dévoilent avec humour dans
08 - EXpresso - jeudi 10 janvier
un film où l’improvisation est maître. Les codes de la fiction sont respectés, mais le vécu de ces actrices non professionnelles les complète. Pour Déborah Lukumuena, découverte dans Divines, il s’agit d’ « une sorte de cinéma-vérité, mais sans le travers de l’exhibitionnisme. » Les actrices Corine Masiero et Audrey Lamy s’illustrent quant à elle en travailleuses sociales, tandis que Deborah Lukumuena offre un jeu captivant dans le rôle d’Angélique, une jeune femme adoptée par la directrice de l’Envol. Entre éclats de rire et larmes, les spectateurs portent enfin leur regard sur ces femmes invisibles, qui dans ce film, s’imposent et se révèlent. Lire aussi Déborah Lukumuena, divine comédie (p.10) o Mélanie Costa
n Le 10 janvier 2016, David
Bowie mourrait. Trois ans plus tard, une application dédiée au chanteur permet de faire revivre l’exposition présentée dans douze musées dans le monde entre 2013 et 2018, dont la Philharmonie de Paris. Le visiteur pouvait y écouter la musique de David Bowie dans un casque sans fil, ainsi que des documents d’archives. L’exposition avait réuni plus de 2 millions de visiteurs à l’époque. L’application en réalité augmentée, en 3D et à 360°, est une initiative menée par Sony Music et Planeta. Intitulée comme l’exposition, l’application « David Bowie IS », permet de redécouvrir la carrière et le travail de l’artiste. Elle « offre un accès à des centaines de costumes, de vidéos, de manuscrits, d’œuvres d’art originales et plus encore,
n Après le film Discount, qui
aux millions de fans de l’interprète de Heroes qui n’ont pas pu la visiter », indique le communiqué de presse. Elle est disponible sur l’Apple Store d’Apple et le Play Store de Google pour 9 euros. o Mélanie Costa
sports RUGBY La mort d’un joueur amateur relance le débat sur les dangers de ce sport
Jouer au rugby n’est plus un jeu d’enfant n Mardi dernier, Nathan Soyeux, un joueur de rugby amateur est décédé après un match, de quoi relancer le débat dans les clubs sur la dangerosité d’un sport de plus en plus physique.
J
ouer des coudes, se fondre dans la mêlée, foncer et encaisser les chocs... Le rugby est-il trop dangereux ? Les risques liés à sa pratique inquiètent les amateurs du ballon ovale. Un joueur âgé de 23 ans est décédé mardi après avoir subi un plaquage lors d’un match disputé hors du cadre de la Fédération française de rugby (FFR). Dans ces conditions, les joueurs ne devaient pas pousser en mêlée et le jeu au pied, parti-
culièrement accidentogène, était limité. Des règles pas assez strictes pour protéger les joueurs ? Quentin Sfez, jeune arbitre du Stade Toulousain et ami de Nathan Soyeux persiste : non, le rugby n’est pas dangereux. Seulement, « le défi physique avec des joueurs de plus en plus lourds et des schémas tactiques qui se résument à se rentrer dedans (...) ont pris le dessus sur ce qui était d’abord un sport d’évitement » résumait-il dans un message posté sur Facebook. Un phénomène déjà pointé du doigt par les médecins. En décembre dans Le Monde, le neurochirurgien Jean Chazal alertait l’opinion : « On a déjà parlé des commotions cérébrales (...). Mais le rugby, tel qu’il se pratique au-
jourd’hui, expose aussi d’autres viscères de notre organisme. » Dans les clubs amateurs, ces accidents à répétition font débat. Pour Xavier Plasson, Président du Clignancourt Rugby Club, ils « sont inhérents au sport, on ne les fera pas disparaître ». Néanmoins favorable à la réglementation du rugby amateur, il préconise de plaquer en-dessous de la ceinture, ce que recommande la Fédération française de rugby (FFR) depuis le décès du joueur du XV de France Louis Fajfrowski. Pierre Thevenet, entraîneur au Club de rugby amateur de Fresnes confirme cette tendance à la sécurisation des gestes : « on apprend aux jeunes à ceinturer (attraper sans faire tomber) et privilégier l’évitement
plutôt que le contact lors des placages ». Les seniors se moquent, raconte le jeune entraîneur, « ils disent “si ta peur de te faire mal va jouer au foot !” ». Peu importe, l’image du rugby amateur est en jeu. Les directeurs de clubs pour enfants observent une baisse du nombre d’inscrits de 5 à 10%. En cause, la concurrence du football mais surtout l’inquiétude des parents. Pour y remédier, Fernand Lannes, responsable de l’école de rugby pour enfants de l’ASPTT Grand Paris, mise sur l’éducation : « je fais du rugby éducatif pour développer le sens de la règle et ne pas encourager à massacrer ! ». Un exemple que les grands devraient suivre.
o Pauline Petit
INTERVIEW Véronique Capron, deux fois championne de France
en bref
« Pour que le patinage artistique revienne médiatiquement, il faut un champion ! »
Coupe de la Ligue : Lyon éliminé à domicile par Strasbourg
À deux semaines des Championnats d’Europe de patinage artistique, Véronique Capron entraîneur du Club des Sports de Glace de Saint-Ouen revient sur ce sport qui n’intéresse pas assez les médias, peu importe le talent des sportifs.
n
Peut-on considérer qu’il y a des périodes médiatiques dans le patinage artistique ? Véronique Capron : Le patinage artistique plaît aux médias à certains moments. Surtout, quand des champions français se distinguent sur le plan mondial. On a eu un moment avec le couple Duchesnay (champions du monde en 1991) puis un moment avec Philippe Candeloro (vicechampion du monde en 1994). Pour que le patinage artistique revienne sur le devant de la scène médiatique, il faut qu’il y ait un ou une championne ! C’est un sport peu couvert médiatiquement, comment l’expliquez-vous ? V.C : Le patinage artistique n’est pas très populaire même si les gens aiment le regarder. En
n L’OL a chuté à domicile en quarts de finale de la Coupe de la Ligue contre Strasbourg (1-2), déjà auteur d’un exploit au tour précédent à Marseille. Strasbourg se qualifie donc en demi-finale.
La Russie a ouvert les portes de son laboratoire à l’Agence mondiale antidopage (AMA)
Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, champions du monde de danse sur glace, étaient en compétition à Boston, en avril 2016. (AFP)
plus, il est plutôt regardé par des femmes que par des hommes. En parlant avec certains hommes, j’ai compris qu’ils ne considèrent pas cette discipline comme sportive, mais plutôt comme artistique. Vu de la télévision, tout paraît facile. Le couple Cizeron- Papadakis, triple champions du monde a-t-il donné plus de visibilité
au patinage artistique ? V.C : J’ose l’espérer, ils méritent d’être regardés et admirés. Mais lors des derniers J.O, on pouvait regarder des sports beaucoup plus spectaculaires. Si le patinage ne fait pas d’audience, il ne fait pas d’argent, donc ni les chaînes, ni les publicitaires ne s’y intéressent. o Propos recueillis par Léa Taieb
n Une équipe d’experts s’est rendu à Moscou mercredi 9 janvier dans le but de récupérer des données techniques retenues jusqu’alors. Une première mission s’y était rendue le 17 décembre, sans succès.
Benjamin Pavard rejoindra le Bayern Munich en juillet prochain n Le directeur sportif du Bayern Munich, a annoncé que Benjamin Pavard, le latéral droit de l’équipe de France et champion du monde, jouera pour le club bavarois à partir du 1er juillet prochain. L’actuel défenseur de Stuttgart va signer un contrat de 5 ans. jeudi 10 janvier - Expresso - 09
EXPRESSO
10 01 2019
PORTRAIT L’ascension fulgurante d’une jeune comédienne
La divine comédie de Déborah n À l’affiche dans Les Invi-
par mon physique » confie-t-elle. Son honnêteté et son naturel ont conquis le réalisateur Louis-Julien Petit qui lui propose le rôle d’une travailleuse sociale venant en aide à des femmes SDF, dans sa comédie sociale Les invisibles. « Contrairement à Divines, le tournage s’est fait sans préparation. Louis-Julien voulait de la spontanéité. Il y avait une promesse de vérité excitante et effrayante. Jouer avec ces femmes qui ont vécu la misère a fait de cette expérience une véritable aventure humaine », lâche-t-elle.
sibles aux côtés de Corinne Masiero, Audrey Lamy et Noémie Lvovsky, Déborah Lukumuena s’apprête à monter sur les planches pour son tout premier rôle au théâtre.
E
lle est comme ça. Entière, généreuse, engagée. « Je ne sais pas si le cinéma m’aime, mais j’ai envie de lui dire que je l’aime terriblement ». C’était le 24 février 2017. Déborah Lukumuena recevait la consécration ultime, entourée de la fine fleur du cinéma français, salle Pleyel. Pour son interprétation de Maimouna dans Divines, film multiprimé de Houda Benyamina, elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle. La jeune femme aujourd’hui âgée de 24 ans aurait pu rejoindre le cortège des lauréats victimes de la chance du débutant et en rester là. Mais Déborah n’est pas de ceux là. Déterminée, l’autodidacte d’hier, originaire d’Epinay-sous-Sénart en Essonne, a trouvé sa voie. Elle entre alors au Conservatoire nationale supérieur d’art dramatique de Paris. Jeune, ronde et noire. À l’école elle lit Victor Hugo, à la maison sa mère lui parle lingala. Sa double culture elle l’assume mais se refuse aux rôles qu’elle juge trop communautaires. « Si je dois être un porte-drapeau, je veux être vue comme une personne qui n’accepte pas qu’on lui impose les évidences, pas plus que d’être catégorisée « actrice noire » ou
Déborah Lukumuena sera sur scène jeudi au théâtre Gérard Philippe (93)
Les premiers chiffres des entrées pour Invisibles ne sont pas encore tombés, et voilà, la jeune comédienne s’apprête à monter sur scène pour la générale d’Anguille sous roche, son tout premier rôle au théâtre. Mais que ce soit derrière la caméra ou sur les planches, quand elle joue c’est avec ses tripes. « Déborah a un truc qui déborde, elle a une force, un jaillissement que je ne saurais expliquer » nous confie Guillaume Barbot, metteur en scène. Sur scène, accompagnée de deux musiciens elle donne vie au personnage d’Anguille, personnage éponyme du roman d’Ali Zamir. Un monologue d’une heure vingt narrant l’épopée d’une jeune naufragée de dix-sept ans au seuil de la mort qui n’aspirait qu’à une chose, la liberté. « J’aimerais que mes choix de carrière reflètent un engagement. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai accepté ce rôle ». o Anouchka Crocqfer
EXPRESSO INSOLITE Un panier couvert d’or pour rendre Franck Ribéry végan
Changer l’avatar du professeur pour mieux apprendre
Teddy Riner pour sauver l’usine de Blanquefort
n L’entrecôte recouverte d’or de Franck
n Une fois les lunettes de réalité virtuelle
n Et si Teddy Riner, nouvel ambassadeur
Ribéry lui avait attiré des critiques virulentes. L’association de défense des animaux PETA a saisi l’occasion pour lui envoyer un panier garni couvert d’or et des “steaks” vegans, pour inciter le footballeur à changer de régime alimentaire. L’association a aussi rappelé que d’autres footballeurs, comme Fabian Delph (Manchester City) ou Hector Bellerin (Arsenal) n’ont pas besoin de manger de la vache pour courir comme des lièvres.
10 - EXPRESSO - JEUDI 10 JANVIER
(VR) enfilées, les garçons apprennent mieux si leur professeur a une apparence non traditionnelle (un robot ou un drone volant) alors que les filles ont montré de meilleures performances avec une enseignante virtuelle plus conventionnelle, une jeune chercheuse nommée Marie. L’étude, publiée par l’université de Copenhague, suggère aussi que plus les enfants sont jeunes, plus ils s’identifient à leur instructeur virtuel - et mieux ils apprennent.
publicitaire de Ford, pouvait sauver les travailleurs de l’usine de Blanquefort, où le constructeur américain compte mettre en place un plan social ? C’est ce que lui a demandé, “officiellement”, l’ancien candidat à la présidentiel Philippe Poutou (NPA), qui veut le rencontrer pour “lui raconter [sa] lutte” afin de sauver les 2000 emplois que représente l’usine. Reste à savoir si le champion olympique acceptera d’enfiler un gilet jaune par-dessus sa ceinture noire.