03 Expresso 2019

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EXPRESSO QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2020

11 01 2019

L’ESSENTIEL FRANCE

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GUERRO/AFP

Pour Anne Hidalgo, 2019 sera vert

INTERNATIONAL

# 03

L’élection de Félix Tshisekedi en RDC est contestée

Un vainqueur, beaucoup de doutes

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Maduro entame son second mandat

n Le président du Vénézuela prête serment dans un pays en ruines.

ECO/CONSO

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Logement : un plan à 9 milliards

n L’organisme Action

Logement a annoncé un plan pour aider les salariés les plus modestes à mieux se loger.

Boulangeries : lutter contre le gaspillage

n Le pain invendu est

transformé pour éviter le gâchis. Un nombre croissant de boulangeries s’engage.

CULTURE

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Tous scénaristes

n Les séries interactives,

SHUTTERSTOCK

où le spectateur décide du déroulé de l’épisode, prennent leur essor.

SPORT

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L’OM dans la tourmente n Après la défaite contre

Andrézieux, les supporters demandent la démission du coach Rudi Garcia

L’opposant Félix Tshisekedi a été annoncé vainqueur de l’élection présidentielle (Luis Tato/AFP)

n Après trois reports de scrutin depuis 2016, la République démocratique du Congo connaît enfin les résultats partiels de son élection présidentielle. L’opposant Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur, est

déjà contesté par une partie de la population et par l’Église catholique, qui croit en la victoire de Martin Fayulu. Une cacophonie dont les échos se font entendre jusque dans les pays étrangers. PAGE 4


FRANCE

POLITIQUE La maire de Paris a présenté ses voeux aux élus

Pour sa rentrée, Anne Hidalgo mise sur l’écologie n Depuis la grande salle des

Pas de transports gratuits pour tous

fêtes de l’Hôtel de Ville, Anne Hidalgo jubile. Pour ses derniers voeux aux élus de Paris avant les prochaines municipales, la Maire socialiste annonce qu’en 2018, le trafic automobile a connu une baisse record de 5% dans les rues de Paris. Une belle victoire dans cette « bataille pour la justice climatique » a-t-elle proclamée, dans l’espoir de faire oublier les ratages de l’année dernière autour du Vélib et d’autolib. Fort de ce chiffre historique et de sa victoire juridique concernant la piétonnisation des voies sur berge, la Mairie de Paris mise donc encore, pour cette nouvelle année, sur l’écologie. La guerre contre la voiture ne devrait donc pas connaitre de trêve. Dès Septembre, les jeunes de moins de 14 ans ainsi que les personnes atteintes de handicap âgées de moins de 20 ans ne paieront pas les transports en commun. Les collégiens et lycéens, quant à eux, pourront se faire rembourser à hauteur de 50% leurs pass navigo. Entourée de ses adjoints, Anne

La maire de Paris a annoncé ses premières mesures pour 2019. (Reuters)

Hidalgo a également annoncé la création de « rues des enfants ». Présentes dans chaque arrondissement, elles seront intégralement piétonnes et seront des lieux de rencontres, de culture et de partage. Des signaux à gauche A un an des municipales, la Maire de Paris tente aussi de donner des gages à la gauche. Elle propose notamment d’ouvrir, dans chaque mairie d’ar-

rondissement, une halte aux sans-abris, sur le modèle de celle ouverte depuis décembre à l’Hôtel de Ville. Elle insiste sur le logement social en précisant que Paris « fêtera », en 2019 la construction de son 100.000ème logement social depuis 2001. Elle tente aussi de désamorcer les critiques autour de l’ « exil » des Parisiens qui seraient de plus en plus nombreux à quitter la capitale à cause des loyers. Anne

Pour sortir de la crise du velib’ et d’Autolib en mars 2018, Anne Hidalgo avait envisagé la gratuité des transports pour tous dans la capitale. Hypothèse sur laquelle elle est revenue depuis, suite aux conclusions d’un rapport qu’elle avait commandé sur le sujet. Selon le document, la gratuité totale des transports serait trop couteuse à mettre à oeuvre et aurait un faible impact écologique. Finalement, seuls les enfants pourront donc bénéficier de la mesure initialement prévue.

Hidalgo a promis d’assigner en justice chaque propriétaire qui ne respecterait pas la limite de 120 jours par an de location sur les grandes plateformes. Des mesures qui montrent donc le cap choisi par la Maire de Paris en vue des prochaines municipales dont elle n’est finalement pas hors-jeu. o Sacha Nelken

EDUCATION Les partiels ont eu raison des contestations

Mobilisation étudiante : le calme après la tempête n 11h30 dans l’université Paris-Nanterre, les étudiants mobilisés contre la réforme relevant le prix d’inscription des étudiants étrangers arrivent au compte-goutte. Monter les tréteaux, mettre une nappe, « rouge forcément » s’amuse Lisa, organisatrice de l’assemblée générale prévue à midi. « On attend une centaine de personnes ce matin, on était 2000 fin décembre. L’idée c’est de relancer progressivement une mobilisation nationale » précise l’étudiante en master de droit en distribuant des tracts du Nouveau Parti Anticapitaliste. Les conférenciers – tous deux doctorants en sciences politiques - débutent leur présentation en entrant dans le vif du sujet : « le projet «Choose France» annoncé par Édouard Philippe, pour passer de 320.000 étudiants internationaux aujourd’hui à 500.000 en 2027 est une arnaque ». La 02 - EXpresso - JEUDI 10 JANVIER

petite quarantaine d’étudiants applaudit. La raison ? Dès la rentrée 2019 les étudiants étrangers verront leur frais d’inscription de licence annuels passer de 170 € à 2 770 € et les masters de 243 € à 3 770 €. Dans l’amphithéâtre délabré difficile de ne pas remarquer les places vides qui contrastent avec les grands blocages du printemps dernier contre la loi ORE sur les conditions d’accès à l’enseignement supérieur. À Nanterre parmi les mobilisés, on se rassure. Si les étudiants ne viennent pas c’est qu’ils révisent leurs partiels et que les fêtes de Noël ont évacué les revendications des esprits. Se succèdent à la tribune des militants trotskistes et un migrant syrien avec son traducteur. Tous appellent à la mobilisation et la grève qui sont « les moyens les plus efficaces pour se faire entendre ». Divisés sur le mouvement des « gilets jaunes », ils

Une manifestion devant le ministère de l’Enseignement supérieur. (Reuters)

préfèrent prendre leur distance. Ici les boucles WhatsApp interfacultés sont réactivées et les propositions pour communiquer sur les manifestations affluent : « chaque mobilisé doit ramener un ami cette après-midi devant le ministère de l’En-

seignement Supérieur (Vème arrondissement). » propose

Victor, étudiant en sociologie. Sur place vingt policiers font face à une trentaine de militants esseulés. Un rapport de force inégal. o Eloi Thiboud


FRANCE POLITIQUE Le président rencontre les acteurs religieux

Macron fait de la pédagogie avant la réforme de la loi de 1905 Emmanuel Macron a reçu jeudi 10 janvier les responsables de cultes à l’Elysée. L’occasion de préciser l’épineuse modification de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat pour mieux organiser le financement de l’islam en France.

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R

encontre avec le Conseil français du culte musulman (CFCM) lundi. Réunion avec tous les représentants de cultes jeudi. Jour après jour, Emmanuel Macron prépare les esprits à une refonte de la loi de 1905. En début de semaine, le président de la république a confirmé ses objectifs pour les mois à venir : « prévenir et sanctionner les discours djihadistes » en « assurant la transparence sur les financements du culte ». Les futures modifications ne visent pas l’islam, mais les dérives de l’islamisme radical. Pas question non plus de toucher au principe fondamental de la séparation des Eglises et de l’Etat. Avant d’agir, l’exécutif prend le temps de rassurer et de donner des garanties aux responsables musulmans. Des modifications en profondeur La mesure phare étudiée ? Transformer les mosquées en associations cultuelles alors que la plupart sont actuellement sous le régime des associations culturelles. Problème, le statut en place, dit « loi 1901 » laisse

en bref 20 blessés dans un incendie à Toulouse n Un incendie d’une grande violence s’est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi à Toulouse, dans un immeuble proche de la gare ferroviaire Matabiau. Le bilan est de 20 blessés, dont un en « urgence absolue », comme l’ont précisé les pompiers à l’AFP.

Une prime pour les aides-soignants n Agnès Buzyn a annoncé une prime pour les aidessoignants des Ehpad en 2019. La ministre n’a cependant précisé ni le montant de la prime, ni le calendrier des versements et a annoncé qu’elle donnerait plus de détails sur cette annonce « dans l’année ».

Pas de condamnation requise au procès Barbarin Le président doit toujours convaincre les responsables des cultes. (AFP)

moins de place au contrôle des finances que son pendant « loi 1905 ». En augmentant l’encadrement et l’obligation de transparence, la réforme vise à limiter les flux de subventions étrangères. En complément, un label pour authentifier la « qualité cultuelle » des associations pourrait être créé. Pour l’obtenir, les conseils d’administration des lieux de cultes musulmans devront accepter d’être scrutés pour éviter toute domination fondamentaliste. Quant aux incitations à la haine, elles

seraient également plus durement réprimées. Si Emmanuel Macron est désormais convaincu qu’une refonte de la loi de 1905 est indispensable pour lutter contre le djihadisme, il doit à présent en convaincre tous les acteurs religieux et les fervents défenseurs de la laïcité. Pour cela, il peut compter sur ses lieutenants. Mardi, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner avait reçu les associations laïques, toutes opposées au projet. o Aurélien Robert

MEDIA Le CSA convoque les patrons de chaîne

Le traitement contesté des gilets jaunes par la télévision

n Au dernier jour du procès

n BFMTV, CNews, LCI, Franceinfo, Euronews, France 24 et RT (Russia Today) France. Tous les grands patrons de ces chaînes ont été convoqués par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) jeudi 10 janvier pour mener une « réflexion collective » sur le traitement médiatique des gilets jaunes. Officiellement, l’instance de régulation des médias affirme qu’il n’y a « aucun problème majeur » sur la « couverture du mouvement ». Pourtant, cette convocation n’est pas due au hasard. Le traitement du conflit suscite des interrogations : les chaines d’infos en fontelles trop, au risque d’accentuer

Le retour du castor dans les Pyrénées-Atlantiques

Le 29 décembre, des gilets jaunes manifestaient devant BFMTV. (Stéphane Lagoutte)

certains évènements ? Par ailleurs, le malaise est perceptible à BFMTV où les journalistes se font régulièrement agressés par les gilets jaunes. Réunis mercredi en Assemblée générale,

ils ont obtenu la création d’un comité éditorial qui se réunira chaque semaine pour discuter de la manière de traiter la suite de la mobilisation. o Julien Gal

contre le cardinal Philippe Barbarin, la procureure adjointe de la République n’a requis aucune condamnation à l’encontre des six prévenus, dont le Cardinal Barbarin, jugé pour non-dénonciation d’abus sexuels sur mineurs. Le jugement sera rendu le 7 mars prochain.

L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONFCS) a révélé que le castor a fait son retour dans le département des PyrénéesAtlantiques, après plusieurs centaines d’années d’absence.

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JEUDI 10 JANVIER - EXpresso - 03


INTERNATIONAL REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Une élection controversée

A Kinshasa, les résultats ne calment pas les contestations n L’élection provisoire de Félix Tshisekedi suscite la controverse. L’Eglise catholique congolaise et l’Etat français ont émis des doutes sur la viabilité du scrutin.

A

peine annoncés, déjà contestés. Les résultats provisoires de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo, donnant Félix Tshisekedi vainqueur, ont fait bondir les partisans de son principal opposant, Martin Fayulu. Derrière l’apparente alternance politique, certains dénoncent une manipulation du régime de Joseph Kabila. L’Eglise catholique a été l’une des premières à réagir. Dans une conférence de presse ce jeudi, le porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), l’abbé Donatien Nshole, met en doute les résultats. « Tels que publiés par la Céni [Commission électorale nationale indépendante, NDLR], ils ne correspondent pas aux données collectées par notre mission d’observation ». 40 000 observateurs catholiques avaient été déployés dans le pays et la Cenco avait pu effectuer son propre décompte.

Le décompte de la Céni donne Félix Tshisekedi gagnant. (DR)

Dans une RDC majoritairement catholique, l’Eglise bénéficie d’une bonne opinion. « Elle est dans son rôle de berger qui prend en charge la population pour qu’elle puisse participer », estime Hénoch Tutu, journaliste congolais. D’où la prépondérance de l’Église catholique dans la vie politique. « Elle a une grande influence dans la formation de l’élite politique, avec le nombre important de séminaires », explique Michel Bandala, militant du mouvement citoyen « Les Congolais debout ».

Réaction « stratégique » La contestation de la viabilité du scrutin s’étend même à l’international, comme en France. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a déclaré ce matin sur le plateau de CNews : « il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là ». Pour Hénoch Tutu, la réaction française est « normale ». « La France a son mot à dire au vu des relations qu’elle entretien avec le Congo », explique-t-il. La RDC est en effet le premier

pays francophone du monde. La France s’est également engagée auprès de l’ONU à faire respecter la démocratie et la Constitution congolaise, à la fin du deuxième mandat de Kabila. Mais Michel Bandala voit dans cette réaction une manoeuvre politique. « La France a intérêt que tout se passe bien au Congo », analyse-t-il. « Elle a déjà choisi son candidat. Martin Fayulu est libéral, il a fait ses études en France. Ce serait une manière de redynamiser les relations franco-congolaises. Surtout quand on sait que le Congo est le principal pourvoyeur au monde de cobalt, utilisé dans les moteurs des voitures électriques… C’est totalement stratégique ». o Chloé Martin

Les présidences Kabila n 2001 : Joseph Kabila suc-

cède à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné n 2006 et 2011 : réélection de Joseph Kabila, lors d’élections organisées par les Nations Unies n 2019 : élection provisoire de Félix Tshisekedi, devant Martin Fuyulu et Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin de Joseph Kabila

AMERIQUE LATINE Maduro entame un deuxième mandat

Le Venezuela, en ruines, subit la dictature n A l’aube du second mandat de Nicolas Maduro, le Venezuela est plongé dans une crise sans précédent. « J’assume avec la plus grande responsabilité et engagement ce nouveau mandat présidentiel 2019-2025. Nous vaincrons ! », a écrit Nicolas Maduro sur Twitter. Réélu le 20 mai 2018, le président vénézuélien a prêté serment pour un deuxième mandat, le 10 janvier, devant la Cour suprême. L’investiture est fortement contestée et jugée illégitime par l’Union européenne et le groupe de Lima, qui rassemble des pays d’Amérique Latine et le Canada. Pour Eduardo Rios Ludena, chercheur spécialiste du Venezuela, les puissances internationales « gesticulent », mais ne peuvent pas apporter de réelles solutions à la crise. 04 - EXPRESSO - VENDREDI 11 JANVIER

Le Venezuela est en proie à une crise majeure depuis 2014, l’insécurité alimentaire favorisant l’exode de la population. 2,5 millions de personnes ont fui depuis 2015, soit 10% de la population totale. Un pays hors service, enlisé dans la famine et dont la population « a développé des stratégies de survie », explique le chercheur. Et de préciser : « depuis 2015, chaque personne perd 8 kilos par an ». « Négocier le changement de pouvoir » Le nouveau président de l’Assemblée, Juan Guaido, s’est engagé à « mettre en place les conditions nécessaires à un gouvernement de transition et à convoquer des élections libres ». Une mission alambiquée pour une opposition divisée par la dictature ouverte de Nicolas Maduro. Dans un pays

où la population est punie par la torture et la prison, les manifestations ne peuvent pas converger en révolte générale. Cette crise s’explique par une hyperinflation dramatique, qui a atteint 1.350.000% en 2018 ; une récession, avec un PIB qui chute de 10 à 12 % par an ; ainsi qu’une crise de liquidité en dollars. Pour Eduardo Rios Ludena, la finalité de la crise est évidente. « La question est celle du temps. » A moyen terme, « le gouvernement va devoir négocier le changement de pouvoir. Il va demander une punition de certains actes qui ont été inacceptables comme la torture ou la corruption à des très grands niveaux, mais aussi le blanchiment d’une partie importante des politiques du gouvernement. » o Mélanie Costa


INTERNATIONAL ROYAUME-UNI La semaine prochaine, un vote crucial sur la sortie de l’UE

Le Brexit en péril, May menacée n Le spectre d’un no deal

pèse de nouveau sur la Première ministre britannique, qui vient de subir un nouveau camouflet mercredi au Parlement. Le compte à rebours a commencé pour Theresa May. L’accord de sortie du Brexit passera le 15 janvier devant le Parlement britannique. L’étau se resserre de plus en plus autour de la Première ministre. Les députés ont adopté mercredi un amendement controversé qui établit qu’en cas de rejet du projet, la chef du gouvernement sera obligée de présenter un « plan B » dans les trois jours qui suivront le vote, une performance qui semble impossible. Fruit d’un an et demi de négociations et d’allers-retours entre Londres et l’Union européenne, l’accord de sortie sur le Brexit est très impopulaire parmi une majorité de dépu-

tés. Le vote, qui devait avoir lieu le 11 décembre, avait été reporté au dernier moment par la Première ministre, afin d’éviter une défaite. Un mois plus tard, la chance ne semble toujours pas sourire à Theresa May : le projet de sortie est fortement critiqué par tous les bords politiques et risque fort d’être rejeté. La menace d’un no deal Plusieurs possibilités s’ouvrent au gouvernement May en cas d’un rejet. La secrétaire d’Etat chargée du numérique, Margot James, avait suggéré que la sortie du pays de l’Union européenne, prévue initialement pour le 29 mars prochain, soit retardée. Une extension de l’article 50 du traité européen serait alors nécessaire, ce que les autorités britanniques seraient en train d’envisager, selon le quotidien britannique The Telegraph. Mais le gouvernement dément

BELGIQUE Attentat du musée juif

Théorie du complot au procès de Mehdi Nemmouche n Le procès du djihadiste

Mehdi Nemmouche s’ouvre jeudi à Bruxelles, près du musée juif, dans lequel il est accusé d’avoir perpétré l’attentat ayant coûté la vie à quatre personnes, en mai 2014. Le prévenu compte avancer « un complot » comme ligne de défense Deux mois d’audience pour faire la lumière sur les 82 secondes qui ont fait basculer la journée du 24 mai 2014 au musée juif de Bruxelles. Le principal prévenu dans cette affaire s’appelle Mehdi Nemmouche, un Français radicalisé de 33 ans, qui nie toujours l’attaque. Pour tenter de convaincre de son innocence, le jeune homme a choisi une ligne de défense tout droit inspirée de la propagande en ligne : la théorie du complot. Dès le début de l’affaire, les premières thèses conspirationnistes avaient fleuri sur la toile, notamment à travers le compte

Twitter de Tariq Ramadan : « Les 2 touristes visés à Bruxelles travaillaient pour les services secrets israéliens selon Le Soir. Antisémitisme ou manoeuvre de diversion ? », se risquait à l’époque l’islamologue. Selon les internautes conspirationnistes, M. Nemmouche aurait donc été entrainé puis envoyé par les services secrets occidentaux pour exécuter deux espions israéliens sous couvert d’une attaque terroriste. La théorie née sur internet et relayée sur les réseaux d’extrême-droite a ainsi permis à la défense de faire infuser l’idée d’un « pseudo-attentat ». Bien que l’Etat Islamique n’ait jamais revendiqué l’attaque, Mehdi Nemmouche peinera sans doute à faire valoir ses arguments conspirationnistes : lors de son arrestation, le djihadiste était en possession des armes du crime ainsi que d’enregistrements audios revendiquant l’attentat. o Salomé Dionisi

Theresa May en difficulté. (AG / AP)

fermement : d’après Martin Callanan, secrétaire d’Etat au Brexit, « la politique du gouvernement est que l’article 50 ne peut pas être prolongé ». Quant à l’autre scénario, le camp May préfère ne pas y penser. Le rejet de l’accord plongerait le pays « en terrain inconnu » d’après la Première ministre, qui brandit la menace du « no deal » pour presser les députés de voter pour le texte

de sortie. Pour les pro comme les anti-Brexit, un non accord mènerait à une véritable catastrophe. Avec notamment le rétablissement des contrôles douaniers, un « no deal » représenterait selon le député conservateur Dominic Grieve « la plus grave menace pesant en temps de paix sur le Royaume-Uni depuis soixantedix ans ». o Marie Martirossian

EN BREF Trump à la frontière avec le Mexique

Yémen : attaque de drone contre l’armée

n Donald Trump s’est rendu

à la frontière américanomexicaine dans le Texas pour présenter son projet de mur à 5,7 milliards de dollars afin d’empêcher l’immigration clandestine. Cette visite intervient dans un contexte de crise politique entre le président et les démocrates qui refusent de débloquer les fonds jugeant son projet immoral et inefficace.

Syrie : Idlib sous contrôle total des djihadistes n Les djihadistes de Hayat

Tahir al-Cham — ex-branche d’Al-Qaïda — ont conclu un accord de trêve avec des groupes rebelles leur permettant de prendre le contrôle total de la province d’Idlib située au nordouest du pays. Les villes voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié abritent toujours une myriade de groupe rebelles djihadistes.

n Les rebelles Houthis du

Yémen ont lancé une attaque de drone contre l’armée loyaliste dans le sud du pays lors d’une parade militaire. L’explosion a fait six morts parmi des militaires et 12 blessés. L’attaque a visé la base aérienne d’Al-Anad, dans la province de Lahj, la plus grande du pays dont la guerre a fait quelques 10 000 morts qui a conduit à une crise humanitaire sans nom. Elle intervient au lendemain d’un appel de l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths qui a réclamé aux belligérants des « progrès substantiels » après les accords obtenus en décembre.

VENDREDI 11 JANVIER - EXPRESSO - 05


ECO/CONSO REPORTAGE Transformer le pain pour ne pas le perdre

Les boulangers en guerre contre le gaspillage n Chaque soir, baguettes et

viennoiseries invendues sont jetées aux ordures. Aucune loi anti-gaspillage n’a été mise en place, mais un nombre croissant de boulangeries s’engage.

H

umer. Regarder confiseries, pâtisseries et viennoiseries. Hésiter entre le pain au chocolat ou la brioche aux pralines. Hésiter encore. Choisir un chausson aux pommes. Ce genre de scène se produit en boulangerie, un lieu de profusion, pensé pour les gourmands. Mais passées 19 heures, les vitrines sont vidées pour qu’il ne reste plus rien, pas même une miche de pain. Que faire des produits invendus ? Des enseignes comme Cœur de Blé « calculent et produisent en fonction des quantités qui sont consommées en moyenne » et donc réussissent à limiter le gaspillage alimentaire. Ce n’est pas le cas d’une autre boulangerie du 6ème arrondissement Julien, obligée de jeter 15 à 20 baguettes par jour et autres sandwichs. Le mercredi, des étudiants en maraude viennent récupérer les invendus, pour les redistribuer ensuite. « Les associations devraient passer plus

79kgs de pain par personne / an sont jetés en France. (HB/Oui!)

souvent, ça éviterait la poubelle » déplore le personnel de l’établissement. Sophie, écœurée par « ce gâchis » a décidé qu’à partir de 18h30, elle ferait « des offres, par exemple : deux croissants achetés, le troisième offert », des prix moins chers qui satisfont déjà les clients. La jeune femme, l’assure : « il y a des moyens

pour moins jeter. On pourrait transformer le pain en biscottes, mais le patron refuse ». Transformer les invendus

La maison Kayser, a élaboré un système assez rôdé pour éviter les invendus. La responsable de la boutique rue des Petits Carreaux dans le 2ème arrondissement, l’explique en trois points :

IMPÔT Le clivage de la future concertation

dont le début est prévu le 15 janvier ne laissera peutêtre pas tant libre cours à la parole. Mais pour répondre aux revendications des participants, la fiscalité française devra être discutée. Quel est le bon niveau de prélèvement ? Qu’est-ce qu’une fiscalité efficace et compétitive ? Comment la rendre plus simple et plus lisible ? Quel est le bon niveau de dépenses publiques ? Voici les quatre questions qui délimiteront le sujet « fiscalité » au grand débat. Des questions qui orientent le débat, en accord avec la politique de compétitivité économique d’Emmanuel Macron, mais qui se heurteront aux revendications des gilets jaunes. Dans les cahiers de doléances ouverts par l’Association des maires ruraux de France ou sur les réseaux sociaux, les idées sont nombreuses : rétablir l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF),

La fiscalité, au coeur des revendications des gilets jaunes. (GL/ AFP)

relever les droits de succession, ponctionner davantage les hauts revenus, conserver la taxe d’habitation pour les ménages dits aisés. Un « concours Lépine » pour sauver la fiscalité

Interviewé dans le Figaro, Laurent Wauquiez appelle à un « big bang fiscal ». Le

o Léa Taïeb

en bref

Fiscalité, le climax du grand débat n Le grand débat national

« nous calculons les quantités à produire en fonction des ventes de l’année dernière, on travaille aussi avec la start-up Too Good To Go, qui récupère des paniers que l’on a composé en fonction des invendus du jour et sont revendus à moins 70% sur l’application. En plus de cela, chaque soir, l’association les Restos du Cœur passe récupérer ce qui reste ». Les boulangeries font de plus en plus confiance à Too Good To Go, comme l’assure sa responsable en communication : « les boulangers et pâtissiers représentent 50% de nos commerçants partenaires, ils sont une partie très importante de notre travail ». Reste une dernière solution : « Crumbler », la machine qui broie le pain et le transforme en farine. Commercialisée par Expliceat pour 2000€. L’innovation a su séduire la Mairie de Paris qui a acheté 6 machines, mises gratuitement à disposition des boulangers pendant 6 mois. Rudy Regnery, un boulanger du 13ème arrondissement a été l’un des premiers à adopter Crumbler. Sa conclusion : « en boulangerie, rien ne se perd, tout se transforme ».

président des Républicains réclame une discussion sur la « flat tax », l’impôt sur le revenu à taux unique voulu par le gouvernement, et une réduction du nombre d’impôts en France : « Il existe aujourd’hui 350 impôts et taxes, des niches fiscales partout, le système est illisible ». Laurent Berger, dirigeant de la CFDT, défend lui la création d’une tranche supérieure supplémentaire de l’impôt sur le revenu. Pour Etienne Lehmann, professeur de sciences économiques à l’université Panthéon-Assas, la réponse se trouve dans la taxation des héritages, bien que cette mesure soit très impopulaire. Peu importe la solution au fond, l’important sera de répondre à l’exaspération des gilets jaunes face aux inégalités devant l’impôt. Les manifestants n’auront pas attendu la révélation de l’exil fiscal de Carlos Ghosn pour pointer du doigt les abus des plus riches. o Marion Bellal

Lactalis accusée de manœuvres fiscales

n Le syndicat La Confédéra-

tion paysanne accuse l’entreprise Lactalis d’avoir mis en place un mécanisme pour soustraire une partie de ses profits au fisc.

Ouverture d'intercités à la concurrence n Le

gouvernement commence à appliquer la réforme ferroviaire de l’an passé en ouvrant à la concurrence les lignes Nantes-Lyon et NantesBordeaux.

Air France absorbe sa filiale Joon n La compagnie aérienne low-cost Joon, créée il y a un peu plus d’un an, va être intégrée à Air France, avec son personnel et ses avions, a annoncé la direction jeudi. vendredi 11 janvier- Expresso - 07


ECO/CONSO HABITAT Les entreprises mettent la main à la poche

Un plan inédit de 9 milliards d’euros pour l’aide au logement n «Une initiative exceptionnelle ». C’est ainsi qu’a qualifiée Action Logement (ex « 1% logement ») la contribution de neuf milliards d’euros, « pour le logement et la mobilité des salariés », promise par les entreprises françaises. L’organisme a pour but d’aider les salariés à se loger. Action Logement encadre la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC), versée par les entreprises du secteur privé d’au moins 20 salariés. Un plan d’investissement a été présenté hier en présence du ministre du Logement Julien Denormandie. Ce dernier a loué « un exemple de travail de confiance entre les partenaires sociaux et le gouvernement ». C’est également un probable soulagement pour ce ministère dont le budget annuel a été réduit de plus de deux milliards d’euros depuis le début du quinquennat. Le dispositif s’ajoute à un autre accord d’investissement signé avec l’Etat l’année dernière et qui prévoit un apport de 15 milliards d’euros d’Action Logement pour aider les salariés à se loger. Bruno Arcadipane, le président de l’organisme, a indiqué que les neufs milliards d’euros seraient obtenus en grande partie grâce à des emprunts réalisés sur les marchés et, dans une moindre mesure, tirés des fonds propres d’Action Logement. L’Etat a participé à l’élaboration de ce nouveau plan d’investissement et n’aura pas à sortir un centime de sa poche. L’ensemble des coûts sera assumé par les entreprises et, indirectement, par leur salariés.

20 000 euros par ménages éligibles pour les aider à rénover leur logement (Creative commons) Répondre à la colère sociale

Le dispositif repose sur trois axes : soutenir la mobilité des salariés, aider à la rénovation énergétique des bâtiments et à la recherche de locaux vides afin de les transformer en logement. Ambitieux, il se donne également pour objectif de lutter contre les habitations indignes. 600 000 logements seraient concernés selon la Fondation Abbé Pierre. Surtout, ce plan ressemble à une réponse des entrepreneurs à certaines revendications sociales. Lundi dernier, le réseau d’agents immobiliers Century 21 publiait un bilan dans lequel il indiquait que les transactions immobilières continuaient de

progresser bien que le prix des logements a progressé en 2018. En ville, les prix explosent, et pas seulement dans la capitale où le prix moyen du loyer est de 1079 euros par mois. Or, beaucoup d’emplois se concentrent dans les zones urbaines. En novembre dernier, dans le quotidien Ouest France, Honoré Puil, vice-président de Rennes métropole en charge de logement, s’alarmait de cette situation. « La concentration des richesses et du développement sur quelques territoires urbains y accélère la rareté foncière et la hausse des prix de l’immobilier ». Selon lui, les nouveaux accédants à la propriété « s‘acharnent à réaliser leur rêve au prix de prêts

longues durées et de privations ». Ces problèmes de logement ont été souligné lors d’épisodes de contestation, notamment des « Gilets Jaunes ». Le gouvernement l’a compris et a mis l’accent, dans un communiqué à propos du plan d’investissement, sur « le pouvoir d’achat des ménages ». Une référence au rôle que pourrait jouer Action Logement dans la mise en place de nouveaux modes de financement des logements sociaux. Mais « les premières discussions ont commencé bien avant le mouvement des gilets jaunes », tient à préciser M. Arcadipane. C’est en tous cas un plan qui arrive à point nommé pour le gouvernement. o Lola Scandella

SOCIAL Les VTC réclament de meilleures conditions de travail

Opération escargot aux portes des aéroports

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a grogne passe la seconde. Des centaines de chauffeurs VTC ont bloqué le périphérique et l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle hier, et continuent ce matin à Orly, pour réclamer de meilleures conditions de travail. Ils exigent notamment un tarif minimum à 12 euros la course, un numérus clausus des cartes de VTC et une détaxation partielle de la taxe inférieure de

06 - EXpresso - vendredi 11 janvier

consommation sur les produits énergétiques (TICPE). «il y a deux ans, les charges liées au gasoil représentaient entre 600 et 700 euros par mois. Aujourd’hui, elles se situent entre 800 et 1000 euros», regrette Ali Lemmouchi, de la CFDT. n guise de réponse, l’Exécutif indique avoir reçu «ces derniers jours» les organisations syndicales. Il a également annoncé, qu’«une mission interministérielle» tra-

E

vaillait sur «des propositions sur l’équilibre du secteur et toutes les questions liées à sa régulation». Une concertation pour «déboucher sur des solutions concrètes» va également être mise en place. Les revendications s’inspirent de la législation new-yorkaise. En effet, la ville de New-York a instauré, en août, un tarif minimum de 17,22 dollars (15 euros) et a gelé le nombre de nouveaux permis VTC pour un an afin

d’éviter un effondrement du marché dû à la croissance exponentielle des chauffeurs. A Paris, «le nombre de nouveaux chauffeurs VTC en 2019 pourrait être entre 5000 et 6000, sur 36 000 déjà enregistrés en préfecture», s’inquiète Mickaël Cussy, représentant Force Ouvrière, qui craint un effet boule de neige et l’avènement d’un «business des fausses cartes». o Romain Philips


culture SERIES Une nouvelle manière de regarder activement des séries

D’un clic, le spectateur devient scénariste n Le dernier épisode de la

série Black Mirror change les rapports du public à l’écran.

américaine tente l’expérience. En juin 2017, elle annonçait la sortie de « L’Épopée du Chat Potté », dans sa rubrique jeunesse. L’enfant peut orienter treize fois les aventures du félin. L’épisode, conçu, entre autres, par des ingénieurs dure 30 minutes. Netflix n’est pas le seul incubateur. En janvier 2018, la chaine américaine HBO a sorti « Mosaic », une série policière interactive. Son scénariste, Ed Salomon, expliquait en avril dernier à « Télérama » les changements provoqués dans la réalisation. Les membres du casting, par exemple, n’avaient que leur propre scripte à disposition, ce qui diffère d’un tournage ordinaire où ils ont accès aux répliques des autres. Une frustration pour certains. Les séries interactives modifient non seulement nos rapports à l’écran, mais aussi les rapports humains. o Esther Serrajordia

Qui, devant son écran, n’a jamais crié au personnage de courir plus vite, de ne pas aller dans la pièce d’à côté ou encore de ne pas accepter une invitation loufoque ? Il est désormais possible de ne plus retenir son instinct. Une nouvelle génération de séries interactives propose aux spectateurs d’avoir une part de contrôle sur le scénario en sélectionnant, parmi une liste de propositions, les actions que doivent effectuer les protagonistes, voire en choisissant la fin qu’ils veulent. Si le phénomène a été imaginé en France dans les années 1980, il est sorti de la confidentialité en décembre dernier lors de la diffusion d’un nouvel épisode de la série Netflix « Black Mirror ». Créée par Charlie Brooker, elle peint une

Le spectateur a 10 secondes pour choisir la suite (Le Soir).

MUSIQUE

EXPOSITION Comprendre l’Iran à travers la photographie

société dystopique entièrement dominée par les nouvelles technologies. Ainsi, dans « Bandersnatch », le spectateur a, au bout de 3 minutes, 10 secondes pour décider ce que choisira le personnage pour son petit-déjeuner : Frosties ou Sugar Puffs ? Choisir la musique, accepter ou refuser un cachet de LSD, ca-

cher ou découper le corps ? Au fil de l’épisode, qui dure entre 60 et 120 minutes, les questions évoluent et c’est au spectateur de décider. Des changements dans la réalisation Ce n’est pas la première fois que la plateforme de streaming

Les Victoires Au BAL, l’artiste Hannah Darabi propose consacrent le rap un regard doux-amer sur la révolution iranienne n A moins d’un mois du grand

rendez-vous annuel de la musique francophone, qui se tiendra à la Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) le 8 février prochain, les artistes en lice ont été révélés mercredi 9 janvier. Le rap, absent des victoires pendant des années, s’impose dorénavant comme genre musical prépondérant. Orelsan et Eddy de Pretto sont ainsi nommés dans plusieurs catégories. Ils font partie des dix meilleurs vendeurs de disque de l’année écoulée. Les victoires de la musique, souhaitant être un réel panorama représentatif de ce qu’écoutent les Français ont aussi choisi plusieurs figures montantes à la mode comme les chanteuses Aya Nakamura et Angèle. Quelques noms indémodables tiennent toujours le coup. L’album posthume « En amont » d’Alain Bashung, disparu il y a 10 ans, est par exemple nommé dans la catégorie « album de chansons ». Enfin, Vanessa Paradis, déjà lauréate trois fois, est en lice pour le trophée « reine ». L’année dernière, Orelsan et Charlotte Gainsbourg avaient été nommés artistes masculins et féminins. o Esther Serrajordia

08 - EXpresso - VENDREDI 11 janvier

n Du 9 janvier au 11 février 2019, la photographe iranienne expose.

D

ans le 18e arrondissement parisien, le BAL, plateforme indépendante d’exposition, vient d’inaugurer une exposition sur la brève période de liberté d’expression qu’a connu l’Iran au début des années 1980. L’exposition Rue Enghelab, «la Révolution par les livres» se focalise sur les années 1979-1983, période transitoire entre la chute du régime du Shah et le durcissement de la République islamique. Hannah Darabi, photographe iranienne, y montre sa collection de livres photographiques et politiques sur l’Iran et les fait « dialoguer » avec des clichés contemporains de sa ville natale, Téhéran, des photos de famille, mais aussi des images de médias ou de cartes postales. Le mélange entre éléments factuels et photographies contemporaines est parfois déconcertant car le visiteur cherche souvent un fil conducteur, mais c’est en réalité un phénomène

Photos de manifestants et de l’Ayatollah (Nioucha Zakavati).

plus large qui est abordé : celui d’une génération qui entretient un rapport nébuleux avec ses origines. Au sous-sol, une projection montre l’artiste en train de feuilleter ses livres de photographies. Une lecture différente La période choisie n’est pas forcément connue du grand public occidental. Pour rendre l’exposition plus lisible, l’artiste a travaillé aux côtés de Chowra Makaremi, anthropologue et chercheuse au CNRS, qui éclaire la politique iranienne

et offre des clés de lecture des photographies. Comme l’explique Jeanne Poret, chargée de communication au BAL, « l’exposition est à prendre dans sa globalité ». C’est dans cette optique qu’une conférence sera organisée le 11 février, dernier jour de l’exposition. Chercheurs et artistes y confronteront leurs points de vue devant le public. La date n’a pas été choisie au hasard : ce dernier jour coïncidera avec le 40e anniversaire de la révolution iranienne. o Nioucha Zakavati


sports FOOTBALL Vague de contestation après l’élimination en Coupe de France

A l’OM, les supporters excédés

n« Garcia dégage ». Après les réseaux sociaux et les médias, c’est sur les murs de la Commanderie que les supporters de l’Olympique de Marseille ont manifesté leur mécontentement.

M

ercredi 9 janvier, les murs du centre d’entraînement de l’OM ont été recouverts de tags réclamant la démission du coach Rudi Garcia. La vague de colère fait suite à l’élimination du club phocéen face aux amateurs d’Andrézieux, qui évoluent en National 2, dimanche en Coupe de France (2-0). La défaite vient s’ajouter à la longue liste des matches sans victoire – sept consécutifs, toutes compétitions confondues – de l’OM ces dernières semaines. « La prestation des joueurs était catastrophique. Aucune envie, aucun engagement, aucune révolte. L’année dernière à la même période, quand un joueur faisait une erreur, il y

en avait toujours un derrière pour l’encourager. L’OM était un collectif mais ce n’est plus le cas maintenant », analyse Maxime Gautier, membre du groupe de supporters Commando Ultra ’84, qui a assisté à la rencontre face à Andrézieux. Les supporters cherchent des solutions Pour la plupart des supporters, le départ de Rudi Garcia est inévitable. « Il y a eu une grosse réunion entre le staff et les joueurs mardi pour remotiver tout le monde, mais rien ne changera si Rudi Garcia reste », déplore Robin Garnier, étudiant en Staps et supporter marseillais invétéré, qui juge que « le club va droit dans le mur » tant qu’un nouveau coach ne sera pas nommé. D’autres, en revanche, sont beaucoup plus nuancés sur le cas Garcia. « Il faut qu’il soit lucide et qu’il fasse le point : soit il estime qu’il peut trouver une solution et il est l’homme de la situation, soit il ne peut pas y remédier et il faut qu’il

Les supporters ont tagué le mur du centre d’entraînement de l’OM. (AFP)

ait le courage de démissionner », explique Xavier Champion, ancien entraîneur d’une équipe de football féminine et supporter de l’OM. Le match de la dernière chance Quoi qu’il en soit, Rudi Garcia est attendu au tournant dimanche soir. La rencontre qui opposera les Phocéens à l’AS Monaco au Vélodrome promet d’être explosive. Les

RUGBY Paul Willemse sélectionné pour la première fois chez les Bleus

Les naturalisations au centre de la mêlée du XV de France n La convocation de Paul Willemse, d’origine sudafricaine, dans l’équipe de France pour le Tournoi des VI nations rappelle une règle chère à Bernard Laporte, le président de la Fédération française de Rugby à XV : il faut être Français pour être sélectionné parmi les tricolores.

Avec ses 26 ans, ses 2m01 et ses 129 kg, Paul Willemse apporte de la fraîcheur aux Bleus. Sélectionné mercredi par Jacques Brunel, le deuxième ligne, qui évolue actuellement au Montpellier HR, va enfin pouvoir faire ses preuves à l’international. Il le doit à sa naturalisation, intervenue à la fin du mois de novembre. En effet, durant sa campagne pour la présidence de la fédération en 2016, Bernard Laporte s’était engagé à ce que le passeport français soit impératif pour être sélectionnable. Un souhait réitéré en octobre dernier,

lorsqu’il a déclaré sur son compte Twitter : “En équipe de France, un joueur doit être de nationalité française. C’est mon engagement et je remercie le staff qui l’a toujours pris en compte.” D’ordinaire, les règles sont plus souples en rugby : un international peut représenter une sélection sans détenir pour autant la nationalité du pays en question. La World Rugby (la fédération internationale) fixe cependant deux conditions dans ce cas de figure : résider depuis trois ans dans le pays et ne pas avoir été retenu pour une autre sélection nationale. Naturalisé début décembre, l’ailier fidjien Alivereti Raka aurait pu également faire partie des élus mais une fracture du poignet (scaphoïde droit) l’a pénalisé. Paul Willemse confiait mercredi à RMC Sport : «Je ne pense pas à la Coupe du monde [du 20 septembre au 2 novembre au Japon], je ne pense qu’au VI Nations et au premier match que

South Winners, célèbre groupe d’ultras marseillais, ont exprimé leur « ras-le-bol » dans -un communiqué, incitant les supporters à faire « preuve de résistance » et à « chanter à l’unisson “Garcia démission” ». Pour les joueurs olympiens, le match aura un enjeu double : se relancer dans la compétition et renouer avec leurs supporters. o Eline Wisnicki

en bref Mondial de handball : premier match des Bleus face au Brésil ce soir n Les Experts vont tenter d’agrémenter leur palmarès de doubles tenants du titre dans la compétition (2015 et 2017)en commençant par affronter les joueurs brésiliens ce soir, à 20h30, à Berlin. L’équipe de France masculine devra composer sans son demi-centre, Nikola Karabatic. Il est remplacé par le joueur de Nantes Nicolas Claire.

Incidents PSG – Etoile Rouge : l’UEFA va trancher Paul Willemse au GGL Stadium à Montpellier (Sud Ouest)

je vais jouer. Le plus important pour moi, c’est de bien jouer pour mon premier match.» Rendez-vous le 1er février pour la première convocation contre le pays de Galles, où le nouveau français pourra porter fièrement le maillot bleu, flanqué du coq à l’écusson rouge. o Armandine Castillon

n La commission de disci-

pline de l’UEFA doit rendre aujourd’hui sa décision sur les incidents survenus lors de la rencontre PSG – Etoile Rouge de Belgrade (Serbie) en Ligue des Champions le 3 octobre dernier. Le Paris-Saint-Germain pourrait écoper d’un huis clos partiel, voire total, pour son huitième de finale à domicile contre Manchester United mercredi 6 mars.

VENDREDI 11 janvier - Expresso - 09


EXPRESSO

11 01 2019

# 03

PORTRAIT Christophe Dettinger, jugé pour avoir frappé des policiers

L’homme aux gants noirs

pas violent», Dettinger était un collègue agréable et intégré au sein des différentes mairies dans lesquelles il a travaillé. Son casier est vierge, ses relations avec ses proches sont décrites comme excellentes par les enquêteurs. Jean-Baptiste Pugnat, directeur de cabinet de la mairie de Massy qui l’a connu à Brétigny-sur-Orge, raconte au téléphone : «C’était un agent comme les autres. Personne ne le jugeait méchant, mais il a tenté de forcer un barrage de policiers et il a sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé».

n Christophe Dettinger, que l’on voit rouer de coups deux gendarmes en marge d’une manifestation des gilets jaunes dans des vidéos devenues virales, était convoqué en comparution immédiate hier à Paris. La psychologie de l’ex-boxeur était au cœur des débats.

«M

ieux connaître la personnalité de Christophe Dettinger» : ce sera l’unique but, mais pas des moindres, de l’audience de ce mercredi soir. L’ancien boxeur professionnel de 37 ans comparaît devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, après les onze autres audiences du jour, pour avoir frappé deux gendarmes à Paris lors du dernier acte en date des gilets jaunes. Après ses deux jours de garde à vue, le prévenu a immédiatement demandé le renvoi du procès. Ce ne sont donc pas les faits eux-mêmes, mais la personnalité de M. Dettinger qui doit être esquissée - en l’espace de quelques minutes vu l’heure tardive - afin de savoir s’il doit être placé en détention en attendant le 13 février ou s’il quittera le tribunal en homme libre. Et à écouter les portraits brossés par la défense et l’accusation, la décision ne s’annonce pas aisée. Décrit tantôt comme un «boxeur de grand cœur» qui «ne supporte pas l’injustice» et «respecte le noble art» par son ancien entraîneur, tantôt comme un combattant «froid et méthodique» prêt à attaquer des hommes déjà à terre par l’accusation, Christophe Dettinger, debout bras croisés

Christopher Dettinger a fait carrière dans la boxe de 1999 à 2013. Devant les juges, il a fait amende honorable (1dex.ch) devant cinq policiers qu’il dé- Senghor. «J’ai eu la même réacpasse tous d’au moins une tête, tion que si j’avais vu une dame se ne renvoie pourtant pas l’image faire agresser dans le métro» exd’une brute épaisse. plique-t-il pour justifier l’état de Si l’éraflure qu’il arbore sur un rage dans lequel il dit s’être troucoin du crâne suggère les vio- vé après avoir aperçu une femme lences de ce samedi 5 janvier jetée au sol par un gendarme. La dernier, l’homme au dos lé- femme en question se trouve à gèrement voûté et aux grands quelques mètres de lui, sur un yeux inquiets est manifestement banc : elle assure que Dettinger troublé. Sa voix se brise au mo- lui a «sauvé la vie». ment de donner sa version des Les appréciations de ses anciens événements de cet après-midi supérieurs hiérarchiques sont sur la passerelle Léopold Sédar sans équivoque : «ferme mais

Colère inexplicable Jacky Trompesauce, ancien coach du club de boxe de Ste-Geneviève-des-Bois, affirme n’avoir pas reconnu dans l’homme apparaissant sur les vidéos devenues virales le Christophe Dettinger qu’il a connu des années auparavant. Cette colère ravageuse qui a causé une interruption de travail supérieure à huit jours à l’un des deux gendarmes, personne, que ce soit l’accusation, les juges ou M. Dettinger lui-même, ne semble vraiment se l’expliquer. La sentence tombe vers minuit : le gilet jaune aux gants de boxe sera placé en détention le temps de préparer sa défense, à cause du risque de «réitération» de sa participation au mouvement. «Les faits – qu’il ne conteste pas – ne font pas l’homme. L’homme est ailleurs» avait lancé son avocat Hugues Vigier au début de sa plaidoirie. Reste à montrer aux juges qui est vraiment cet homme. o Sarah Lapied

EXPRESSO INSOLITE Haut les mains !

L’arroseur arrosé

L’exode des cerveaux

n Et si on avait enfin mis le doigt sur les

n S’il y en a bien un qui se retrouve au

n Une étude menée par des scientifiques

raisons qui expliqueraient le fait que l’on soit gaucher ou droitier ? Selon une étude américaine de l’Université de Washington, la façon dont nous avons été nourris dès la naissance influerait sur cette caractéristique. Les enfants allaités par leur tendre maman auront plus de chance d’être droitier tandis que les enfants biberonnés deviendraient majoritairement gaucher. Doit-on supposer que nos amis ambidextres auraient eu le privilège d’un régime plus équilibré ?

10 - EXPRESSO - JEUDI 11 JANVIER

pied du mur, c’est Donald Trump. Alors que le président du pays de l’oncle Sam croit dur comme fer à un accord sur la construction de sa barrière en acier à la frontière américano-mexicaine, l’émission The Daily Show a publié une vidéo datant de 2004 dans laquelle on le voit prononcer un discours à des étudiants les encourageant à braver tout obstacle sans jamais abandonner quitte à… foncer dans le mur. Another brick in the wall (une autre pierre dans le mur) pour Mister Trump.

américains a permis d’établir un lien entre la taille de notre cerveau et notre poids. Plus la matière grise des individus observés était importante, plus ils étaient maigres. A l’inverse, moins il y avait de cerveau, et moins les sujets présentaient une tendance au surpoids. Bonne nouvelle : inutile de suer sang et eau en salle de sport pour éliminer les excès commis pendant les fêtes, creusez-vous plutôt les méninges sur des exercices de stimulation intellectuelle.


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