Expresso quotidien du master de journalisme de l’ institut français de presse - promo 2019
18 01 2018
L’essentiel NDDL
P.2
L'Etat refuse la note de frais de Vinci n Après l’abandon de
l’aéroport, les négociations ont débuté sur le montant de la rupture conventionnelle entre les deux parties.
BIOETHIQUE
# 08
Des heurts ont opposé gardiens et policiers
Le ton monte à Fleury-Mérogis
P.3
Le débat sur la fin de vie relancé
n Le cas d’Inès, ado-
lescente dont l’arrêt des soins a été validé par le Conseil d’ État contre l’avis des parents, pose question
INTERNATIONAL
P.4
AFP
Theresa May reçoit Emmanuel Macron
n Le sommet franco-
britannique réunissait hier les deux dirigeants pour débattre des questions d’immigration et de défense.
eco/conso
P.6
Ryanair se développe en France n La compagnie a
révisé ses normes sociales pour mieux réinvestir le marché français.
P.8
S.D’HERS
CULTURE
La mode masculine sur les podiums n Reportage au défilé
Valentino de la Fashion Week de Paris.
Les surveillants comptent poursuivre le mouvement / Crédit: Actu pénitentiaire
n À Fleury-Mérogis, le personnel pé-
nitentiaire se fait entendre. Au coeur des protestations: ils réclament des mesures de sécurité supplémentaires et une réforme rendant leur métier
plus attractif. Un cycle de violence engendre une frustration grandissante parmi les surveillants. Une bombe à retardement qui risque d’imploser à tout moment. Page 2
FRANCE JUSTICE Les surveillants victimes de violences quotidiennes
Fleury-Mérogis crie son désespoir
C
e jeudi, au lever du soleil, 350 gardiens pénitenciers sont postés devant la maison d’arrêt de FleuryMérogis. Les CRS chargent, les manifestants reçoivent des coups sur la tête et des lacrymogènes, Une vidéo sur YouTube tourne en boucle et montre des scènes de violences inédites.
Protestations des deux cotés des barreaux Comme les surveillants d’autres prisons de France, ceux de FleuryMérogis réclament des mesures sécuritaires plus efficaces, notamment une meilleure gestion de l’afflux des prisonniers radicalisés et une réforme de la formation du métier. À l’appel de la CGT Pénitentiaire et de l’UFAP UNSa Justice, le syndicat pénitentiaire le plus important de France, les employés de plusieurs maisons d’arrêt ont amplifié cette semaine les protestations contre la précarisation de leur métier. Depuis quelques jours, ils sont victimes d’une escalade de violence de la part des détenus radicalisés. Cette vague d’agressions a commencé après que trois gardiens ont été attaqués par un prisonnier radicalisé dans la prison de Vendinle-Vieil (Pas-de-Calais), jeudi 11 janvier. Les cas se sont ensuite multipliés, notamment dans les prisons de Fleury-Mérogis, Montde-Marsan (Landes), Tarascon (Bouches-du-Rhône) et Varces
Fleury-Mérogis, la prison la plus grande d’Europe, abrite 120 détenus radicalisés / Crédit : AFP (Isère). Au total, 16 prisons ont été bloquées pour tirer la sonnette d’alarme. « Une bombe à horlogerie » Carole Ubaldi, porte-parole de l’UFAP, dénonce une situation « compliquée et frustrante » qui provoque des émeutes comme celle de ce jeudi à Fleury-Merogis, au cours de laquelle 123 prisonniers ont refusé de regagner leur cellule après la promenade. « Il y a une surpopulation de 150 % dans notre structure et nous sommes obligés de placer deux détenus par cellule. Cela favorise la diffusion de la radicalisation des prisonniers, en les rendant plus violents. C’est une bombe à horlogerie », poursuit-elle. Les violences sont diverses : chaque jour, des surveillants se font in-
NOTRE-DAME-DES-LANDES
sulter, cracher dessus et reçoivent des excréments. Ils subissent régulièrement des violences physiques. « On en a marre de ces traitements, nous sommes des êtres humains nous aussi ! », s’exclame Carole Ubaldi. Pour un salaire moyen de 1500 euros par mois, les gardiens doivent surveiller et suivre une centaine de détenus chacun. « C’est un scandale », s’insurge encore la porte-parole de l’UFAP. Arnaud Arame, porte-parole de la CGT pénitentiaire, dénonce également un système de formation et de recrutement défaillant. « Le métier est en crise, plus personnes ne le fait par vocation. Environ 30 ou 40 % des surveillants quittent cette profession dans un délai de 3 ans », explique-t-il. Les deux syndicats proposent deux solu-
tions différentes pour sortir de ce cerle vicieux. L’UFAP voudrait multiplier les Quartiers d’Evaluation de Radicalisation (QER) pour incarcérer de façon durable les détenus radicalisés et évaluer leur taux de radicalisation. En revanche, la CGT appelle de ses voeux une nouvelle réforme afin de recruter du personnel, « tous corps et grades confondus, pour répondre aux vacances d’emplois » ; elle réclame surtout une formation spécialisée pour gérer les détenus islamistes. Les deux syndicats ont trouvé une entente et sont en train de négocier avec le ministère de la Justice. « Même si on est fatigué, on est déterminé », martèle Carole Ubaldi. « Demain matin, on protestera encore devant la prison ». o Gabriele Porrometto
L’État et Vinci s’installent à la table des négociations
Le gouvernement veut limiter les frais n Après l’abandon du dossier Notre-Dame-des-Landes, l’État va-t-il devoir rembourser 350 millions d’euros à Vinci ? Pour l’heure il veut « défendre ses intérêts », a déclaré ce matin sur France Inter le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. De son côté, le président de Vinci, Xavier Huillard, déclare avoir conclu un contrat « béton » et se dit « à la disposition de l’Etat ». L’article 81 du contrat passé entre l’État et Vinci stipule que la clause d’indemnisation de la rupture de cette convention se situe entre zéro et 350 millions d’euros. Ce 02 - EXPRESSO - JEUDI 18 JANVIER
montant figure dans le rapport des médiateurs, contesté par l’État au moment de son rendu aux autorités, en décembre dernier. Les médiateurs précisaient bien dans leur démonstration qu’il y avait beaucoup d’incertitudes juridiques sur le principe de l’indemnisation puisque Vinci n’a pas bouclé son financement, ni entrepris les travaux prévus dans le contrat. L’entreprise n’a demandé que des études d’impact, donc l’indemnisation pourrait être proche de zéro. Rationalité des deux acteurs Dans les négociations, deux élé-
ments sont à prendre en compte. L’entreprise de bâtiments travauxpublics dispose de la concession de l’actuel aéroport de NantesAtlantique et ne veut pas prendre le risque de la perdre lors d’un nouvel appel d’offres de la part de l’État. De plus, Vinci dispose de 8% du capital d’ADP (Aéroports de Paris) et souhaite reprendre les parts de l’État en cas de privatisation. Ce qui pourrait arriver prochainement. Par conséquent, les deux protagonistes de NotreDame-des-Landes ont plutôt intérêt à trouver un terrain d’entente. o Clément Fourcade
Ultimatum aux zadistes Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb souhaite que les routes autour de la ZAD soient libérées afin d’assurer la sécurité de la circulation. « Nous le ferons grâce à la discussion et la négociation » plutôt que par la force, a-t-il déclaré. Si les opposants zadistes ne libèrent pas l’axe routier « avant la fin de la semaine prochaine», le inistre a dors et déjà annoncé « le concours des forces de l’ordre ».
FRANCE BIOÉTHIQUE Les médecins décident l’arrêt des traitements
Le cas d’Inès relance le débat sur la fin de vie
L
a question de la fin de vie n’était pas le sujet plus attendu. Pourtant, elle figure à l’agenda des États généraux de la bioéthique qui s’ouvrent jeudi 18 janvier. « L’affaire Inès » l’a relancée. Inès, 14 ans, atteinte depuis sa naissance d’une maladie autoimmune affectant son système musculaire, est inconsciente depuis le 22 juin 2017. Ce jourlà, suite à un arrêt cardiaque, la jeune fille est admise au centre hospitalier régional de Nancy. Un mois plus tard, l’équipe médicale chargée de son cas diagnostique un « état végétatif persistant » et enclenche, contre l’avis des parents mais conformément à la loi Claeys-Leonetti adoptée en 2016, une procédure d’arrêt des soins. Distinguer nutrition et ventilation « En état végétatif, le patient se maintient en vie (il dort, il sent la douleur et le stress, il respire spontanément) à condition qu’on lui donne du carburant, c’est-àdire de la nutrition », explique le docteur Hubert Tesson, médecin coordonateur de la clinique de soins palliatifs Sainte-Elisabeth à Marseille. Inès, elle, n’est pas seulement nourrie mais aussi intubée : « une machine la fait respirer ». La distinction est d’importance pour le docteur Tesson. Quand la nutrition est un service nécessaire dans la mesure
POLITIQUE
où « toute personne est sûre de mourir si elle n’est pas nourrie », la ventilation mécanique est un moyen extraordinaire d’existence qui peut définir l’acharnement thérapeutique s’il est utilisé dans le temps long. Il s’agit là de « contraindre la nature à se prolonger en commandant aux poumons de se gonfler ». Les parents deux fois déboutés Le 5 janvier, le Conseil d’État a débouté la famille d’Inès, arguant que « l’état irréversible de perte d’autonomie de l’enfant (…) la rend tributaire de moyens de suppléance de ses fonctions vitales ». Dans ce cadre, poursuivre les traitements constitue une « obstination déraisonnable » et met en péril « l’intérêt supérieur de l’enfant » avancé par les médecins. Les parents d’Inès assistent impuissants à ce qu’ils qualifient de « crime ». Djamila Afiri, la mère de l’adolescente, a dénoncé sur Europe 1 l’absence d’expertise indépendante et clamé que sa fille avait « encore des chances de s’en sortir ». Elle conteste en ce sens le diagnostic des médecins : Inès n’est pas dans un état végétatif. Elle assure que son enfant est capable d’une communication minimale. Après le tribunal administratif de Nancy puis le Conseil d’État, seule reste la Cour européenne des droits de l’Homme pour faire appel de la décision du corps médical nancéen.
L’extubation, une nécessité « C’est différent de dire “il est normal d’extuber pour voir si Inès peut vivre sans ventilation mécanique”, et d’affirmer qu’elle est en fin de vie », tempère le docteur Tesson, pour qui le CHRU de Nancy a peut-être trop tôt enterré sa jeune patiente. « La réanimation est une période transitoire pendant laquelle le médecin doit tout mettre en place pour sauver la vie d’un patient, poursuit-il. C’est un cap à passer, pas un état de vie durable ». Inutile selon lui de garder un statu quo, nécessaire en revanche de faire le « test d’extubation ». Si les places en réanimation, dans les services permettant la ventilation mécanique, sont limitées, le coordonateur de la clinique Sainte-Elisabeth nie toute motivation financière à l’arrêt des traitements. « Ne rien faire, ce n’est pas vouloir que le patient meurt ! Il faut se méfier de notre identité du savoir et du pouvoir ». Refusant tout vitalisme, il affirme pourtant que « le premier principe déontologique du médecin, c’est la défense des capacités de vie de ses patients ». Alors qu’une nouvelle loi bioéthique doit être votée, le cas d’Inès révèle les angles morts de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie. Faire mourir, laisser mourir, espoir clinique limité, espoir humain, trop humain, il faudra trancher fin juillet. o Marion Gauthier
Le président et la presse épinglés par la maire de Lille
La rentrée offensive de Martine Aubry
n Connue pour ses phrases assassines, Martine Aubry n’a pas failli à sa réputation lors de ses voeux à la presse, jeudi 18 janvier. Elle a d’abord annoncé soutenir Olivier Faure, député de Seine-etMarne et président de la Nouvelle Gauche à l’Assemblée Nationale, pour l’élection du premier secrétaire du feu PS. « Ça, ça vous intéresse. Après je vais parler de Lille et vous allez tous partir pour tweeter », cingle-t-elle. Inquiète pour la presse En novembre, FranceTV menaçait de réduire le temps et la fréquence des émissions “Complément d’enquête” et “Envoyé spécial” dans le cadre de coupes budgé-
taires. De nombreuses personnalités avaient dénoncé le danger pour l’indépendance de l’information. Un avis qu’a rejoint la maire de Lille : « comment peut-on laisser faire ça ? », s’est-elle exclamée avant de revenir sur l’interview du président Emmanuel Macron par Laurent Delahousse.Trop convenu, l’entretien a été comparé aux programmes de l’ORTF, sous tutelle de l’État en leur temps. « Dans les pays anglosaxons, on a été regardés de façon négative. Ce n’est pas bon pour la France », a commenté Martine Aubry. Après la presse, c’est la politique du gouvernement qui a été clouée au pilori. « Gérard Collomb dit “fermeté et huma-
Les voeux à la presse de Martine Aubry / Crédit : Paul Larrouturou nité”. Pour l’instant, on ne voit que la fermeté », lance-t-elle à propos du Ministre de l’Intérieur. Emmanuel Macron, quant à lui, a été comparé à Margaret Thatcher. Le ton est donné. o Mahaut Di Sciullo
EN BREF 30 ans requis pour la « veuve noire » n Les assises des Alpes-Mari-
times ont requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Patricia Dagorn. La quinquagénaire comparaissait devant la Cour pour « assassinats » et « administration de substances nuisibles ». Elle est accusée d’avoir empoisonné plusieurs hommes âgés avant de les escroquer.
Berguitta touche la Réunion n La tempête tropicale Ber-
guitta a frappé de plein fouet l’île de la Réunion. Les vents violents ont atteint 140km/h et de fortes pluies ont inondé le sud et l’ouest du département. La Réunion est placée en alerte orange depuis mercredi et jusqu’à vendredi.
Copé tient tête à Wauquiez
n Jean-François Copé refuse de « faire le cadeau » de son départ aux Républicains, et ce malgré ses désaccords avec le nouveau président du parti, Laurent Wauquiez. Le maire de Meaux s’est dit inquiet de la fuite de plusieurs ténors du parti, parmi lesquels Xavier Bertrand ou Alain Juppé.
Macron croît, Philippe baisse n 59% des Français sou-
tiennent l’action d’Emmanuel Macron selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour Paris Match et Sud Radio. Une hausse de 2 points par rapport au sondage précédent, il y a deux mois. Edouard Philippe chute quant à lui de 4 points mais reste à 52% d’opinions favorables.
Non lieu requis dans le meurtre de Bouloc n Le parquet général de Tou-
louse a requis un non-lieu à l’encontre de Laurent Dejean, principal suspect du meurtre de Patricia Bouchon lors de son jogging à Bouloc, en 2011. Dejean est incarcéré depuis février 2014 pour « homicide volontaire ».
JEUDI 18 JANVIER- EXPRESSO - 03
international EUROPE Le très attendu 35e sommet franco-britannique s’est tenu sous l’oeil de l’UE
L’Angleterre joue la carte de la conciliation
B
Crédit: Reuters
rexit ou pas, la France et la GrandeBretagne sont obligées de s’entendre. Le 35e sommet franco-britannique a débuté jeudi à l’académie militaire royale de Sandhurst, en Angleterre. Dans le contexte de négociation du Brexit, l’événement était particulièrement attendu. L’occasion idéale pour Emmanuel Macron de demander à Theresa May un investissement plus appuyé de sa part en matière d’immigration et de sécurité.
Renégocier et coopérer
Le Président avait déjà évoqué sa volonté de renégocier les accords du Touquet lors d’une visite en Angleterre durant sa campagne présidentielle. En vigueur depuis 2004, ceuxci fixent la frontière britannique sur la côte française. La France et l’Union européenne (UE) estiment payer trop pour protéger cette frontière britannique. Emmanuel Macron souhaitait donc que l’Angleterre mette la main à la poche et augmente son budget pour la protection de cette frontière. C’est désormais chose faite puisque l’Angleterre a annoncé qu’elle augmentera de 44,5 millions d’euros sa contribution pour le contrôle des frontières. « Une relation solide entre nos deux pays, est dans l’intérêt du Royaume-Uni », a déclaré la première ministre britannique. Effort conséquent quand on sait que Royaume-Uni a dépensé plus de 113 millions d’euros ces trois dernières années. « Tout
Emmanuel Macron et Theresa May prônent une coopération franco-anglaise renforcée.
comme nous investissons pour nos frontières dans le reste du Royaume-Uni, il est normal de vérifier en permanence si nous pouvons renforcer les contrôles en France et en Belgique, pour s’assurer qu’ils soient aussi sécurisés que possible », a déclaré le porte-parole de l’exécutif britannique. La frontière de Calais pose éga-
lement la question des mineurs isolés étrangers (MIE). Alors que l’Angleterre devait prendre en charge la totalité des 2000 mineurs isolés de Calais, elle n’en a finalement accueilli que 769. Theresa May critiquée
En acceptant de revoir les accords du Touquet, l’Angleterre devrait, en principe, améliorer
D’autres accords lors du sommet La crise migratoire n’a pas été le seul sujet des discussions de ce sommet. Dans le cadre de la coopération militaire franco-britannique, l’Angleterre a annoncé vouloir participer et soutenir l’intervention au Sahel contre les djihadistes. Elle versera 56 millions d’euros pour le pays. Plus anecdotique, la France a également accepté de prêter sa tapisserie de Bayeux à l’Angleterre d’ici 2018. L’œuvre presque millénaire retrace l’invasion de l’Angleterre par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant.
leur intégration dans les mois à venir. Ces concessions de Downing Street ont été rapidement critiquées par la classe politique et la presse britannique. «La France demande 45 millions de livres supplémentaires pour stopper les migrants à Calais, et on nous prête la tapisserie de Bayeux comme lot de consolation», a réagi le Daily Mail, qui dénonce un «coup monté». En plein divorce avec l’Union Européenne, c’est en effet une Angleterre docile, ouverte au dialogue et au compromis, qu’a rencontrée Emmanuel Macron. Mais, à n’en pas douter, l’Angleterre attend en retour un renvoi d’ascenseur pour les négociations économiques et commerciales avec Bruxelles qui sont fixées au 29 mars 2019. oChloé Veigas
ASIE La marée noire ne cesse de s’étendre depuis le naufrage d’un pétrolier iranien
Désastre écologique en mer de Chine n Une marée noire de 101km2,
grande comme Paris. Voilà ce qu’a déclaré Pékin jeudi après le naufrage du pétrolier iranien en mer orientale de Chine, à 262 km des côtes asiatiques. Cette fuite massive de condensat, un pétrole léger, est survenue suite à la collision du tanker avec un bateau de fret chinois. Le navire transportait dans ses calles 136 000 tonnes d’hydrocarbures qui ont partiellement été libérées dans la mer à la suite du choc. 04 - Expresso - jeudi 18 janvier
La quantité massive de condensat a provoqué un incendie d’une semaine, brûlant les corps des 32 membres de l’équipage du Sanchi. Sous l’océan
Les images spectaculaires des colonnes de fumée ont fait prendre conscience à la terre entière de l’ampleur du désastre. L’incendie continue encore, alors que le pétrolier est maintenant à 116 mètres sous les eaux.
Une mauvaise nouvelle, sachant que Greenpeace avait annoncé en début de semaine que le nettoyage serait compliqué si le tanker iranien coulait. Néanmoins, les autorités chinoises tentent de minimiser la catastrophe écologique. Une communication rodée
Pourtant, cette fuite représente à l’heure actuelle cinq fois celle de l’Erika, pétrolier échoué au large de la Bretagne en 1999.
L’organisme gouvernemental chinois des océans a assuré « maîtriser l’avancée de la marée noire et évaluer son impact écologique sur l’environnement marin ». Pour Pékin, l’étendue de la pollution est de 69 km2. La communauté internationale reste dubitative face à cette annonce. Et pour cause, l’Empire du Milieu avait annoncé deux jours auparavant que la marée noire serait évitée. o A. Martella, G. Fournier
international
ETATS-UNIS L’armée restera jusqu’à l’éradiction de l’EI
en bref
Washington réaffirme sa politique syrienne
Une vision à long terme
Au delà du groupe EI, le chef de la diplomatie américaine a désigné les probables gagnants d’un retrait des troupes de Syrie. En premier lieu, c’est Bachar AlAssad qui a été mentionné. « Un retrait total du personnel américain à ce stade aiderait Assad à continuer de brutaliser son propre peuple», a-t-il expliqué, faisant pour la première
n L’eurodéputée sociale-démocrate Viorica Dancila a été nommée Première ministre mercredi par le président roumain de centre-droit Klaus Iohannis. L’annonce survient après le départ de Mihai Tudose, poussé à la démission lundi par sa majorité de gauche. Le président roumain espère plus de stabilité politique, alors que trois premiers ministres ont été remplacés en à peine un an. Crédit: AP
n On en sait désormais un peu plus sur les intentions américaines en Syrie. Dans un discours prononcé à l’Université de Stanford en Californie, le secrétaire d’Etat Américain Rex Tillerson a précisé que l’armée restera en Syrie au moins jusqu’à l’éradication du groupe Etat Islamique (EI). «L’EI a actuellement un pied dans la tombe, et en gardant une présence militaire américaine en Syrie, il en aura bientôt deux » , a-t-il déclaré. Une décision de prolonger cette présence qu’il justifie en rappelant le précédant de 2011 où « un départ prématuré d’Irak a permis à Al-Qaïda de survivre », dans ce pays avant de muer pour donner vie au groupe Etat islamique. Pourtant, derrière la façade de lutte anti-terroriste se profile l’occasion de rester un acteur de premier plan dans la région.
Une Première ministre en Roumanie
Le diplomate cible l’Iran, Bachar Al-Assad et l’Etat islamique.
fois le lien entre la présence américaine et le nécessaire départ du dictateur syrien. Pis, il a insisté sur le fait qu’un « départ » du président Al-Assad « créera les conditions pour une paix durable » dans le pays. L’ex-PDG d’Exxon Mobil en a aussi profité pour rappeler la prédominance de l’ONU dans le cadre du processus de paix. Une façon de réaffirmer que l’instance internationale reste maîtresse du jeu dans le processus de paix enclenché par la Russie avec le soutien d’Ankara et de Téhéran, ennemi proclamé du président américain Donald Trump. L’Iran, qui cristallise les tensions régionales, n’a pas
été épargné non plus. Impliqué dans le conflit syrien, la république islamique verrait le désengagement américain comme « une occasion en or de renforcer davantage ses positions en Syrie ». Un discours engagé et accusateur qui a pour mérite d’être clair. « Nous devons nous assurer que la résolution de ce conflit ne permette pas à l’Iran de se rapprocher de son grand objectif, le contrôle de la région », a-t-il ajouté. Loin des tweets impulsifs et parfois contradictoires de son président, Rex Tillerson a mis en place la feuille de route de son pays dans le bourbier syrien. o Guillaume Fournier
Les mouvements anti-Trump réjouissent Human Rights Watch
Et si le peuple était un rempart au populisme sident Trump est arrivé à la Maison Blanche, il semblait que rien ne pouvait arrêter la montée des populistes autocratiques ». C’est de cette manière que Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), a choisi d’introduire le rapport mondial 2018 des Droits de l’Homme publié jeudi. Une phrase grave certes, mais pleine d’espoir. L’ONGI (organisation non gouvernementale internationale) constate qu’en réaction à la politique démagogique de Donald Trump et à ses provocations, la population a su s’organiser pour affirmer son attachement aux droits de l’Homme. Les mesures régressives de l’administration Trump ont bien évidemment fait des dégâts aux Etats-Unis. Mais, les Amé-
Crédit: Reuters
n « Il y a un an, lorsque le pré-
Plus de 500 000 personnes avaient défilé à la Marche des femmes. ricains ont réussi à en limiter les effets. Exemples parmi d’autres, c’est grâce à une réponse forte des groupes civiques, des avocats et
des journalistes que le décret antimigration a été abandonné et les droits sur la santé sauvés. Le mépris des femmes et la stigmatisation des minorités ont permis à Donald Trump de gagner des voix mais ont aussi eu pour conséquence de révolter une partie de la population. La Marche des femmes à Washington au lendemain de l’investiture du président en est un symbole fort. Mais, ces mobilisations n’ont pas non plus réussi à contrecarrer la politique d’incarcération massive des délinquants ni à empêcher la réduction du financement mondial pour la santé sexuelle des femmes. A l’échelle internationale, les EtatsUnis ont aussi laissé un grand vide dans le combat pour les droits de l’Homme. Et ce vide est difficile à o Annabelle Martella combler.
Budapest veut taxer les ONG secourant les migrants n La Hongrie a détaillé jeudi un projet de loi visant à instaurer une taxe spéciale auprès des ONG. Elles sont accusées par Viktor Orban de faciliter l’immigration. Le Premier ministre vise les organisations financées par les étrangers et le milliardaire américain George Soros. « Escalade dangereuse »
en Ukraine
n Moscou a accusé les autori-
tés ukrainiennes de se préparer « à une nouvelle guerre ». Cette réaction fait suite au vote d’une loi en Ukraine qui qualifie d’ « occupation temporaire russe » le conflit armé qui perdure depuis plus de quatre ans dans l’est du pays. Le ministère russe a dénoncé une « escalade dangereuse » de la situation en Ukraine.
Sanctions européennes pour le Venezuela n Les 28 pays de l’UE ont
donné leur feu vert pour de nouvelles sanctions visant les hauts responsables vénézuliens proches de Nicolas Maduro. Ces sanctions interviennent en réponse à la répression de l’opposition au Venezuela. Concrètement, les « mesures restrictives » de l’UE consistent en un gel d’avoirs et une interdiction de visas pour entrer en Europe.
Série de perquisitions pour Alexeï Navalny n Une perquisition a eu lieu jeudi soir au domicile d’Alexeï Navalny, l’opposant numéro un au Kremlin. La police russe a saisi des ordinateurs, ainsi que des documents imprimés. D’autres opérations ont été réalisées dans plusieurs QG de l’opposant lors de ces deux derniers jours. jeudi 18 janvier- Expresso - 05
ECO/CONSO AVIATION Vers une uniformisation en matière de droits sociaux pour le lowcost
La volte-face sociale de Ryanair
L
e bras de fer engagé entre Ryanair et ses pilotes connaît un dénouement inespéré. La compagnie aérienne lowcost a annoncé hier la création de quatre bases d’exploitation dans les principaux aéroports français d’ici à 2019, avec un millier de navigants sous contrat français, dont 300 pilotes. Des contrats français
Cette dernière prérogative marque un véritable volteface pour le groupe qui avait toujours refusé de se plier à la législation française. En 2006, la France avait signé un décret imposant à tout personnel installé sur des bases aériennes de disposer de contrat de droit français, impliquant de facto le paiement des cotisations patronales et salariales dans l’Hexagone. Ryanair avait jusqu’ici enregistré ses salariés sur le sol irlandais, dont les charges sont réputées être parmi les moins coûteuses d’Europe. Autre avancée, la main tendue aux partenaires sociaux pour apaiser les revendications salariales. « Nous avons eu ce matin une première rencontre informelle avec le SNPL (le principal syndicat des pilotes) a annoncé le DRH Eddie Wilson. Nous leur avons dit que nous voulions créer de nombreux emplois en
Ryanair entame la reconquête du marché aérien lowcost. Crédit : Régis Duvignau
France, aux conditions locales. Ils ont paru intéressés […], nous voudrions parvenir à un accord avant de recruter. » Une décision économique
Philanthrope, Ryanair ? Pas tout à fait. Par ces mesures, le géant du lowcost devance les critiques dont elle aurait pu être la cible lors des prochaines Assises du transport aérien qui auront lieu en mars, et dont l’un des six thèmes de travail portera sur l’épineuse question de la concurrence déloyale. Ryanair entend bien remonter
dans le classement des compagnies lowcost. Les mouvements sociaux de cet automne avaient en effet fragilisé son assise, et conduit à la défection de nombre de ses pilotes pour d’autres compagnies lowcost, et à l’annulation de milliers de vols. Un manque à gagner considérable pour l’entreprise qui ne comptabilise encore que 6% de part de marché en France, contre 15% en moyenne en Europe. La compétition est relancée
L’objectif aujourd’hui est clair : doubler son trafic dans
l’Hexagone dans les « trois à quatre ans » à venir. Un coup de semonce à l’adresse de ses concurrents qu’elle espère évincer par une offre de prix imbattable, une fois la crise interne réglée. Si ces promesses sont encourageantes pour le personnel navigant, le directeur commercial, David O’Brien, n’a toutefois pas précisé ni quand ni où ces bases seront ouvertes : « Cela dépendra de la demande et des autres marchés », a-t-il insisté. Les pilotes vont devoir prendre leur mal en patience. o Caroline Vinet
SOCIAL Le gouvernement veut s’inspirer de projets réussis et les porter à l’échelle nationale
Innovation sociale : la revanche du local n Depuis son ministère de la
Transition écologique, Christophe Itier, haut-commissaire à l’Economie sociale et solidaire, a dévoilé ce jeudi un plan de soutien à l’innovation sociale et a officiellement lancé l’accélérateur national d’innovation sociale nommé French Impact, en présence de Nicolas Hulot, Jean-Michel Blanquer et Julien Denormandie, Secrétaire d’Etat au ministère de la Cohésion des territoires. A cette occasion, le gouvernement a annoncé qu’il débloquait un milliard d’euros pour développer l’économie sociale et solidaire. Du local au national
Concrètement, le gouvernement a imaginé un accélérateur d’innovation sociale qui s’appuiera sur des accompagnateurs label06 - EXPRESSO - JEUDI 18 JANVIER
lisés issus de la sphère publique et privée (ruche et incubateur d’entreprise). Les projets jugés porteurs seront dotés en financements publics ou privés puisque ce sont souvent les initiatives locales qui manquent de financement en raison de contraintes réglementaires. « Nous sommes
partis du constat que parfois, malgré les politiques publiques, l’Etat ne parvient pas à résoudre tous les problèmes de la société. Le French Impact valorise les innovations locales pour en faire des solutions nationales » explique Christophe Itier.
Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ? Reconnue par la loi du 31 juillet 2014, l’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe des structures qui cherchent à concilier utilité sociale, solidarités, performance économique et gouvernance démocratique. Ces entreprises ont pour objectif de créer des emplois, de développer la cohésion sociale et répondre à des besoins d’intérêt général. L’ESS représente 10% du PIB et emploie 2,3 millions de salariés et 13 millions de bénévoles dans 165 000 entreprises. Ses entreprises sont actives dans des domaines tels que la lutte contre le chômage ou l’illettrisme pour développer l’autonomie des personnes âgées ou handicapées, ou encore protéger l’environnement.
Un projet fou
Parmi toutes les entreprises qui misent depuis longtemps sur l’économie sociale et solidaire, le Réseau Envie était présent au lancement avec sa présidente Anémone Béres. La Fédération qui regroupe 2500 salariés s’est lancée dans le réemploi du matériel médical. « Un fauteuil roulant coûte 12 000 euros, a été attendu dix mois, et va servir deux jours en raison du décès de la personne. Aujourd’hui le fauteuil est jeté, notre travail est qu’il soit réutilisé » a-t-elle déclaré. « On n’aurait pas osé rêver du French Impact mais sans cet appui nous ne continuerions pas à travailler » a ajouté l’entrepreneuse qui attend beaucoup du French Impact pour développer son entreprise. o Léa Demirdjan
ECO/CONSO AUTOMOBILE Renault-Nissan-Mitsubishi devant Volkswagen et Toyota
L’Alliance sur la première marche du podium mondial
L
e monde de l’automobile connaît son nouveau roi. Carlos Ghosn s’est montré catégorique mercredi lors de son audition devant les députés. L’alliance RenaultNissan-Mitsubishi, qu’il préside, « est le premier groupe automobile mondial avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017, Ça vient d’être confirmé », a affirmé Carlos Ghosn. Ce sont quelques voitures de plus que Volkswagen et Toyota qui font la différence. « Il n’y a plus de discussion possible, ce n’est pas un objectif mais une satisfaction », a-t-il ajouté avec modestie. Le PDG de Renault tient pourtant là sa consécration. Il confirme la formidable montée en puissance de la stratégie de la marque au losange et de ses associés. Au-delà des frontières
En pleine internationalisation, le groupe Renault (Renault, Dacia, Alpine et Samsung Motors) carbure et affiche, grâce à l’Asie et à sa marque russe Lada, des ventes record au niveau mondial. L’international hors Europe a ainsi atteint
49,2% des ventes totales l’an dernier. Avec 76 millions de véhicules en 2017, le constructeur connaît une hausse de 8,5% en 2017. Sans surprise, c’est en Asie et en Eurasie que le groupe français enregistre sa plus forte progression, à hauteur de 17%, notamment grâce au marché iranien. L’Alliance qui incorpore pour la première fois dans ses ventes les résultats de Lada (Avtovaz), dont il est actionnaire à hauteur de 53%, a pleinement profité d’un marché automobile russe en pleine croissance, avec 335 564 véhicules vendus par le groupe en 2017. De nouveaux défis
« Notre stratégie de renouvellement de la gamme et d’expansion géographique continue à porter ses fruits. En 2018, nous poursuivrons la croissance et l’internationalisation de nos ventes en ligne », s’est félicité Thierry Koskas. Mais le groupe devrait faire face à de nouveaux défis à l’avenir. « D’abord celui de l’électrique, Renault devra être capable de s’adapter aux révolutions écologiques que vont secouer le marché de l’automobile explique Denis
INTERNET Lutter contre les contenus choquants
Youtube durcit sa monétisation n Sous pression des annon-
ceurs, YouTube sévit contre les contenus malveillants. Google a annoncé aujourd’hui le durcissement des critères d’accessibilité aux publicités pour les vidéos partagées sur le site. Concrètement, une chaîne YouTube doit désormais compter 1 000 abonnés et 4 000 heures de visionnage au cours de la dernière année afin de pouvoir bénéficier de la publicité payante. Alors que jusqu’ici, 10 000 vues sur la chaîne suffisaient pour monétiser ses contenus. Le but est de rassurer les annonceurs qui craignent que leurs publicités soient affichées à côté des vidéos indésirables ou malveillantes. « 2017 aura été indéniablement une année difficile, avec certaines situations pouvant affecter notre communauté et nos partenaires publicitaires » explique YouTube dans un communiqué. La jeune
Logan Paul. Crédit : AFP
vedette américaine de YouTube, Logan Paul, a suscité la controverse en janvier après avoir publié une vidéo qui montrait le corps d’un homme qui s’était suicidé. Un porte-parole de la plateforme explique que la vidéo n’aurait jamais contenu de publicité avec les nouvelles règles, qui imposent un contrôle manuel des vidéos populaires. YouTube espère ainsi atteindre plus d’un milliard et demi de personnes dans le monde grâce à la publicité. o Charlotte Mason
Le groupe Renault a enregistré 10,6 millions de véhicules vendus en 2017. Crédit : Chris Warham / Shutterstock.com
Lacoste Directeur de la Recherche à la Toulouse Business School, le second c’est le passage de la vente de voiture à la location. Beaucoup préfèrent se tourner vers les nouveaux
systèmes de renouvellement de location ». Le plus difficile restera encore de rester au sommet. Chez Volkswagen et Toyota, les scandales ont eu raison de leur hégémonie. o Bogdan Bodnar
EN BREF PSA acte 1300 ruptures conventionnelles
Lunettes trop chères
n Les ruptures convention-
lunettes plus chères que dans les autres pays riches, selon l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Le prix moyen est de 316 euros pour une monture équipée de verres progressifs. Emmanuel Macron avait promis, d’ici à 2022, un reste à charge zéro pour les lunettes, les audioprothèses et les prothèses dentaires.
nelles collectives (RCC) de 1300 salariés du constructeur automobile PSA ont été acceptées jeudi par une majorité de syndicats. La première application du dispositif issue de la récente réforme de la loi travail permettra aux entreprises de supprimer des postes sans licenciement.
Airbus redresse la tête n La compagnie aérienne
Emirates a annoncé une commande de 36 Airbus A380 supplémentaires. Selon les prix catalogue, le montant total serait de 13 milliards d’euros. La vente est vécue comme un véritable soulagement pour Airbus, qui avait prévu l’arrêt des A380 faute de commandes récentes.
n Les Français paient leurs
Google investit sous les océans n La firme a annoncé l’ins-
tallation de trois nouveaux câbles sous les océans d’ici 2019 pour améliorer les services cloud. Ces câbles relieront le Chili à Los Angeles, les Etats-Unis au Danemark et l’Irlande et Hong Kong à Guam.
JEUDI 18 JANVIER- EXPRESSO - 07
CULTURE mode La fashion week dédiée aux hommes s’est ouverte cette semaine à Paris
Vent masculin sur les podiums
U
n cri venu d’outre tombe déchire l’immense hall de l’hôtel Salomon Rothschild situé ème dans le 8 arrondissement de Paris. Dans la pénombre, d’étranges créatures, échappées d’un film de Tim Burton déambulent au milieu d’une foule attentive. Des modèles longilignes sont affublés de vêtements sobres et sombres. Bienvenue au défilé de Valentino, début de la fashion week masculine de Paris 2018. Nouveaux designers, nouveaux clients à séduire, nouvelles stratégies : la semaine de la mode masculine vient présenter ses collections automne-hiver. Traditionnellement placée à la marge de la semaine féminine, elle se fait une place et influence grandement les tendances vestimentaires. La semaine qui leur est consacrée arrive avant son pendant féminin dans le calendrier de la haute couture internationale, prévu fin février. Passer avant n’a rien d’anodin car les créateurs s’influençant les uns les autres, cela revient à hiérarchiser les genres dans les tendances vestimentaires.
Le marché masculin en plein essor
De nouvelles maisons se lancent dans la mode masculine à l’instar de Louis Vuitton, Lanvin et
: « les hommes sont devenus plus sûrs d’eux. Ils sont plus sensibles aux tendances et plus éclectiques dans leurs choix ». Les consommateurs sont donc éduqués à la mode et les jeunes start-up l’ont bien compris. Les jeunes pousses fleurissent
Valentino présentait sa nouvelle ligne Aristopunk hier, à l’hôtel Salomon Rothcild. Crédit: Pixelformula
Hermès. Et pour cause, le marché mondial de l’homme pèse environ 9,4 milliards d’euros en 2017, soit 30% du marché. Le vestiaire masculin se distingue par une sobriété, un attachement au basique et aux couleurs faciles à porter. Les responsables
Le succès du mélange des genres Dans les années 1920, Coco Chanel est la première à lancer la mode des cheveux courts. En 1930, elle pose en pantalon large et marinière, une tenue unisexe conçue à ses mesures. Chanel joue avec le style androgyne, avec ses tailleurs en tweed, habituellement portés par les hommes. Plus tard c’est le créateur Yves Saint Laurent qui a introduit le pantalon dans la haute couture féminine au début des années 1960 et cela a fait scandale.
LIVRE « Exit West » débarque en France
Un voyage au coeur de la crise migratoire n Publié en 2017 chez nos amis
anglo-saxons, Exit West a été un évènement. D’abord parce qu’il a été nominé pour le très convoité Prix Booker qui récompense les fictions de langue anglaise. Son sujet est aussi vecteur de passions : la fuite de deux réfugiés vers l’Eden occidental. A l’heure du conflit syrien, des annonces outrancières de Trump et du Brexit, on ne peut pas faire plus contemporain.
Fuir en Occident
L’auteur Moshin Hamid est un infatigable migrateur. Pakistanais naturalisé britannique, il partage sa vie entre Lahore, New York, Londres et la Grèce. Le livre a donc une dimension autobiographique sans pour autant perdre de son ambition 08 - Expresso - Jeudi 18 janvier
du secteur sont unanimes, depuis qu’il a été qualifié de « métrosexuel » dans les années 2000, l’homme a changé son rapport au vêtement. Il fait attention à son image. Au Bon Marché, la responsable de The Kooples concède
universaliste car c’est bien d’un roman qu’il s’agit. L’histoire est celle de Saïd et Nadia, un couple habitant une ville sans nom dans un pays non défini où la guerre est imminente. Les deux amants décident alors d’emprunter une « porte » les transportant directement en Occident. Le reste du roman suit leur exil en Grèce puis à Londres et aux Etats-Unis, toujours au travers de portails. Audelà d’apporter une touche fantastique au récit, ces « portes » permettent à l’écrivain d’ellipser le périple de nos deux réfugiés pour mettre en relief leur déracinement. Le voyage est court mais intense. Exit West, Moshin Hamid, Grasset, 208 p., 19€. o Hugo Guyon
Les marchés intermédiaires émergent depuis une décennie et les PME réveillent la mode masculine avec 55 défilés automnehiver et 30 présentations de nouvelles marques et maisons. Patricia Romatet, directrice de études à l’Institut Français de la Mode confirme : « Ces petits marchés sont très dynamiques avec une belle croissance. Ils sont de plus en plus investis par les petits créateurs. » C’est le cas de Racket, la jeune pousse de la haute couture masculine présente au défilé de Valentino. Le concept de développement est original, il s’agit de prendre les codes de la fashion week à contre-pied pour se différencier et présenter une ligne décalée et teintée d’humour. « Je viens là pour m’imprégner de l’ambiance des grandes maisons et proposer une collection un peu déjantée. On a créé une veste imperméable bleu nuit avec le mot ‘‘insécurité’’ au dos, pour se moquer gentiment des forces de l’ordre », plaisante Antoine. o Louis Berthelot et Sarah D’hers
MUSÉE Une exposition transdisciplinaire à Orsay
Valéry célèbre Degas
n Les mots et les dessins s’unissent. L’ouvrage de Paul Valéry, Degas Danse Dessin, est le fil conducteur et le nom donné à l’exposition temporaire qui se tient jusqu’au 25 février au musée d’Orsay. Degas Danse Dessin, c’est un hommage au grand peintre Edgar Degas et à son art, l’histoire d’une amitié profonde entre un peintre et un écrivain, un livre kaléidoscopique. L’exposition suit la fabrication du livre, de son ébauche à son achèvement. Le visiteur navigue ainsi entre les pensées et les esquisses du poète et les études, les peintures et les sculptures du peintre, décédé voilà cent ans tout pile. Chaque salle est conçue pour que les artistes se répondent. Les carnets à petits carreaux de Valéry ressemblent à des journaux intimes, et cette intimité communique avec la pudeur
Carnet de P.Valéry. Crédit: JG
des peintures de Degas. Parfois, les mots de l’écrivain inscrits sur les murs élucident même les formes tracées par le peintre. Plusieurs clichés fantomatiques de l’un ou l’autre alimentent aussi le parcours, vestiges d’un prestige passé. Une exposition qui rend compte de l’importance du processus de création. o Joanne Girardo
sport FOOTBALL La jeunesse chinoise se passionne pour le football
Neymar, la nouvelle Joconde
n Dans le carnet de Mila, jeune
chinoise de 25 ans, tout le programme de sa première visite à Paris est minutieusement indiqué. La Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe côtoient le Moulin rouge et Notre Dame. Parmi ces classiques figure une attraction surprenante. « Aller voir Neymar » est écrit en bord de page. « Se rendre au Parc des Princes est pour un Chinois un luxe. Essentiellement pour voir jouer Neymar, une idole dans mon pays. » Le football occidental fascine les Chinois. L’ambiance dans les stades, la Ligue des Champions, tous ses accents de fête plaisent aux jeunes. « Dans les rues de Canton et d’ailleurs, on croise des dizaines de personnes avec des maillots de Neymar mais surtout lors de son épopée barcelonaise. » confie Mila.
L’ambition du président
L’intérêt des Chinois pour le football s’est développé depuis que le pays se démène pour accueillir de grands joueurs dans son championnat. Le président Xi Jinping, grand amateur de football, finance les écoles de football et cultive un rêve : celui d’organiser, un jour, une Coupe du Monde. Mila n’est pas de ces groupies dont le seul but est d’approcher Neymar pour enflammer les réseaux sociaux.
Neymar face à la presse à Shangai lors d’une campagne promotionnelle le 31 juillet 2017. Crédit: AFP
Non, Mila est vraiment passionnée de football. Avant son séjour à Paris, elle visitait Munich et sa célèbre Allianz Arena. Il n’en reste pas moins que la présence de Neymar l’a incitée à assister au match PSG-Dijon. « Je connais aussi Di Maria et Cavani mais c’est Neymar qui plaît aux Chinois. Il est un dribbleur hors-pair, a un sens inné du spectacle et ça les Chinois en raffolent. » explique-t-elle. Comme un cadeau à l’amour que lui porte Mila, Neymar a joué, ce mercredi, son plus beau match sous les couleurs parisiennes. Quatre buts, deux passes décisives et des souvenirs plein la tête à ramener au pays pour la
jeune femme. Quand un pays aussi peuplé que la Chine veut briller dans un domaine, il ne le fait pas à moitié. « La Chine n’est pas une nation de football mais les moyens alloués pour changer les mentalités sont énormes. On voit que ça marche » note Mila. Les fédérations européennes de football ont compris l’intérêt d’accéder à ce marché immense. La Liga, le championnat espagnol, n’a pas hésité à programmer le célèbre Real-Barça du 23 décembre à 13h afin que des centaines de millions de Chinois puissent regarder le match. Il était, en effet, 20h en Chine. Mila était de ceux-là. On commence à reconnaître la stature
TENNIS L’ex-championne brille à nouveau à l’Open d’Australie
Maria Sharopova se refait une santé n Ses fameux râles victorieux
dignes d’un film d’épouvante sont de retour à leur plus haut niveau depuis deux ans. De quoi ravir ses fans présents en nombre dans les tribunes de l’Open d’Australie. « Let’s Go Maria, Let’s Go ! » pouvait-on lire sur une banderole brandie dans les tribunes, sur fond de drapeaux russes, au cours d’un de ses premiers matchs. Maria Sharapova est bien de retour dans le circuit. Elle a battu ce jeudi matin à Melbourne Anastasija Sevastova en deux sets (61, 7-6). Une belle revanche sur la joueuse Lettone qui l’avait éliminée en huitièmes de finale de l’US Open, l’an passé. Elle affrontera au 3e tour Angelique Kerber, gagnante du tournoi en 2016. Les deux ex-numéro 1 du classement WTA se disputeront une place en deuxième semaine
dans ce qui sera l’un des chocs du tournoi. Un sponsor de taille
L’actuelle 48ème mondiale, âgée de trente ans, remontait doucement la pente depuis le printemps 2017. Condamnée à une suspension de deux ans par la Fédération Internationale de Tennis à la suite d’un contrôle positif au meldonium en 2016, le tribunal arbitral du sport avait finalement réduit sa sanction à quinze mois. Lâchée par tous ses sponsors à l’exception d’un équipementier allemand, la championne russe est revenue sur le terrain en avril dernier à l’occasion d’un tournoi financé par ce dernier : le Porsche Tennis Grand Prix de Stuttgart. La wild-card ne lui avait en revanche pas été accordée pour Roland-Garros. A Melbourne,
Crédit photo: Reuters
c’est le tapis rouge qui lui a été déroulé. La joueuse s’est substituée à Serena Williams, vainqueure de l’édition précédente et forfait pour cause de maternité, pour la cérémonie du tirage au sort. La revoilà sur le devant de la scène médiatique à défaut d’occuper les première places du classement. o Marie Frumholtz
internationale d’un joueur à l’aura dont il dispose en Chine. Neymar, un rêve chinois
Voyager dans les stades européens a une saveur particulière pour tout Asiatique. « L’ambiance européenne est irremplaçable.» Attentive aux chants des supporters du Parc, qu’elle ne comprend d’ailleurs pas, Mila a réalisé le rêve de nombreux Chinois. Un autre, plus secret, est de le voir jouer un jour dans l’Empire du milieu. Lui ou d’autres très grands noms. En attendant, elle parcourt l’Europe pour voir les stars. o Jean-Clément Martin-Borella
en bref Jocelyn Gourvennec limogé n Deux jours après la défaite à domicile des Girondins de Bordeaux face à Caen (0-2), Jocelyn Gourvennec a été écarté de l’équipe. Bordeaux (13ème) est en crise après trois mois de résultats catastrophiques. Eric Bédouet prend en charge l’équipe professionelle en attendant la nomination d’un nouveau coach.
Julien Benneteau élimine David Goffin au 2ème tour de l’Open d’Australie n Le Français Julien Benneteau, 36 ans, a réussi l’exploit de ce début d’Open d’Australie en éliminant David Goffin (1-6, 7-6[5], 6-1, 7-6[4]). Le 7ème joueur mondial avait déjà perdu contre Benneteau en décembre dernier lors du Masters 1000 de Paris Bercy. JEUDI 18 janvier- Expresso - 09
Expresso
18 01 2018
# 08
portrait Cette directrice de prison s’oppose au tout carcéral
Peines perdues
L
e problème en France c’est qu’on enferme trop », ces propos pourraient sortir de la bouche d’un militant de l’OIP (Observatoire international des prisons), et pourtant c’est une directrice de prison qui les prononce. Agnès Robin, à 42 ans, a pu constater les méfaits de la surpopulation carcérale durant sa carrière. Notamment à la Santé où elle officie pendant sept ans de 2010 à 2017, d’abord comme directrice de détention du bloc A, « Un quartier où les cellules de 12 m2 accueillaient jusqu’à quatre détenus ». Avec son allure frêle et son sourire timide, difficile de l’imaginer en tant que responsable d’une des maisons d’arrêts les plus célèbres de France. Elle assiste à la fermeture progressive de l’établissement, au transfert des 600 détenus et à la réaffectation des quelques 350 personnels, et à la rénovation des bâtiments. La Santé devrait rouvrir prochainement, toujours en sureffectif. Une situation qui n’émeut pas la quarantenaire «Evidemment, le problème est tellement global qu’ils n’ont pas d’autre choix. Rien que pour le centre de semi-liberté on a 74 places pour plus de 100 détenus ».
Politique court-termiste
«Le problème en France c’est qu’on enferme trop»Crédit: Guyon-
grâce au programme d’échange Erasmus qu’elle a pu voir une façon de concevoir la prison autrement. A l’époque la Fin
expresso INSOLITE
lande menait depuis vingt ans une vaste réforme pénale pour désengorger ses cellules. « Ils ont commencé par supprimer la
Pour Agnès Robin, la directrice de prison, le problème de surpopulation des prisons se situe surtout au niveau de la politique pénale. Selon la directrice, la grande avanie de la politique pénale française réside dans ses évolutions au gré de l’actualité médiatique, symptôme du court-termisme. « Dans les années 80 et 90, on mettait le paquet sur les crimes sexuels, maintenant c’est le radicalisme et la surveillance » fustige-t-elle. Mais attention, elle n’est pas abolitionniste pour autant, « J’entends le discours mais qu’est-ce qu’on propose en remplacement ? Il y a toujours des cas où la prison est efficace ». Aujourd’hui, elle est responsable des relations internationales dans l’administration centrale où elle « participe au rayonnement de l’administration pénitentiaire française » précise-telle avec une pointe d’ironie. o Hugo Guyon
Donald Trump fait polémique
La culture à l'ère de l'high tech
Sa face en peinture
Une ministre de la Solitude
n Donald Trump a publié sur son
n Grâce à sa nouvelle fonctionnalité, «
n Le Royaume-Uni s’est doté pour la
Fake News Awards
compte Twitter son « Fake News Awards », ce qui a provoqué de vives réactions de l’autre côté de l’Atlantique. Le palmarès a fait réagir les sénateurs républicains. John McCain, sénateur de l’Arizona, a publié une tribune dans le Washington Post, accusant le président d’utiliser le terme de fake news pour « réduire au silence des journalistes ». Une accusation partagé par Jeff Flake, sénateur républicain de l’Arizona, qui déplore « Voilà où nous en sommes, un président américain qui ne supporte pas les critiques et qui doit toujours trouver quelqu’un d’autre à blâmer, trace une voie très dangereuse.»
08 - Expresso - JEUDI 18 janvier
Is your portrait in a museum? » (« Votre portrait se trouve-t-il dans un musée ? »), Google Arts et Culture s’est hissé parmi les applications les plus téléchargées aux Etats-Unis. Le principe ? L’utilisateur soumet un de ses selfies à la technologie de reconnaissance faciale Face Net, développée par le géant américain. Son visage est ensuite comparé aux 70.000 œuvres de sa base de données. Mais, les habitants de l’Illinois, du Texas et les Français, n’ont pas la possibilité de connaître leur pourcentage de ressemblance avec la Joconde. Toutes les instances de décisions en matière de biométrie ne l’ont pas encore validée.
Une première au Royaume-Uni
première fois d’une ministre qui doit combattre l’isolement social. Il s’agit de Tracey Crouch. La mesure fait suite à un rapport publié par la commission créée à la mémoire de Jo Cox, la députée britannique tuée par un militant, qui avait milité pour accroître la sensibilisation envers la solitude.
The Telegraph
L’expérience finlandaise
Elle se remémore avec nostalgie le moment décisif où elle a commencé à s’intéresser au droit des détenus. C’était en 1997, en Finlande où elle étudiait
détention comme peine de référence, ça change beaucoup de choses » détaille la directrice. Même s’il est difficile de comparer la situation d’un pays de seulement cinq millions d’habitants avec celle de la France. Ce n’est pas une raison baisser les bras selon Agnès Robin, « On a tout un arsenal de peines alternatives mais beaucoup de magistrats continuent de prononcer des peines d’enfermement à tout va ».