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1.3 Description socio-urbaine de la ville de Tunis

1.3 Description socio-urbaine de la ville de Tunis

La ville de Tunis est façonnée par deux organisations urbaines diamétralement opposées. La plus ancienne des deux est la médina de Tunis, à laquelle a été greffée la ville du 19e, construite sous le protectorat français.

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Figure 5 : Composition urbaine de la ville de Tunis, 2022, document personnel

La Médina

Le tissu urbain de la médina se développe au Moyen-Age vers l’an 698 autour de la mosquée Zitouna. Il se divise en un espace central, le cœur de la ville, et de ses deux faubourgs, au nord (Bab Souika) et Sud (Bab Jazira). La médina de Tunis, avec une superficie de 270 hectares et plus de 100 000 habitants, représentait un sixième de la surface urbanisée de l’agglomération. Circonscrite par des enceintes fortifiées que protègent des avant-postes militaires comme le fortin de la Rabta ou celui de Sidi Belhassen, la ville communiquait avec l’extérieur à travers des portes où des droits d’entrée étaient exigés pour les marchandises. Les échanges commerciaux y prenaient place, ainsi qu’aux fondouks (auberges) et aux oukalas (entrepôt).

Figure 6 : « Composition du tissu urbain de la médina de Tunis », Plan, 2022, document personnel

Les remparts

Les remparts définissent le périmètre qui englobe la ville d’origine. Tunis était constituée de deux enceintes ; l’une englobant la médina centrale et l’autre qui englobe deux faubourgs ; Rbat Bab Souika et Rbat Bab Jazira dans l’espace rural 12 .

À l’intérieur de ces deux enceintes, les habitants se répartissent entre citadins musulmans, juifs et chrétiens qui occupent les divers quartiers désignés du nom de la mosquée, des portes, des zaouias qui s’y trouvent 13 .

La seconde enceinte a été détruite sous le règne de Philipe II en 1573, afin de construire une grande forteresse entre le lac et la ville. Aujourd’hui, aucune des deux enceintes n’est présente autour de la médina, seules les portes anciennes ont été gardées.

Figure 7: « Tunis ville ronde », Gravure allemande du 17eme siècle. Auteur inconnu. La Médina de Tunis,1989, Jellal Abdelkafi.

12 Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis », 1967. 13 Revault, 1967 .

Les portes

Les portes de la médina constituent les seuls éléments restants des remparts aujourd’hui disparus. Parmi celles-ci, on peut citer la plus ancienne Bab El Jazira (au sud) qui ouvrait sur les routes du sud du pays. Bab Cartagena (Sud-Ouest) qui donnait accès à Carthage et d’où étaient ramenés les matériaux nécessaires à la construction de la ville et Bab el Bhar (Ouest) qui rattache la ville ancienne à la ville du 19e.

Figure 8 :, Représentation des portes et des anciens remparts de la médina de Tunis,2022, document personnel

Les mosquées

La médina regroupe la plupart des grandes mosquées de la capitale Leurs différents styles architecturaux témoignent de leurs époques de construction respectives. Aujourd’hui on peut en compter une quinzaine, parmi lesquelles :

- La mosquée de la Kasbah fondée en 1230 et pratiquant le rite hanafite 14 .

- La mosquée El Ksar également de rite hanéfite édifiée au 12e siècle

- La mosquée Hammouda-Pacha, construite en 1655

Figure 9 : Répartition des mosquées dans le tissu urbain de la médina, 2022, document personnel

14 Hanafite : Considérée comme la plus ancienne des écoles islamiques sunnites de droit musulman et de jurisprudence. 25

Le style architectural et la taille des mosquées varient énormément d’un édifice à l’autre. Les éléments caractéristiques de la mosquée apparus dès l’aube de l’islam ont intégré de plus en plus d’éléments issus de l’architecture des territoires conquis. Les mosquées que l’on trouve dans la médina de Tunis, suivent le plan arabe ou plan hypostyle qui est un plan à forme carrée ou rectangulaire. Il se compose d’une cour à portique, d’une salle de prière à colonnes et de nefs dirigées parallèlement ou perpendiculairement à la qibla (direction vers laquelle doit se tourner le fidèle pour la prière).

Figure 10 : Plan hypostyle d'une mosquée, « Mosquée.png», 2012, Kimdime

La situation centrale des mosquées marque l’importance de la religion au sein de la ville. Sa centralité joue un rôle important et donne un sens à l’organisation de l’ensemble des édifices de la médina. Dans la médina de Tunis, c’est la mosquée Zitouna qui occupe le centre, avec un plan hypostyle. Sa superficie de 5000 m² témoigne de son importance dans la ville ancienne. D’autre part, de nombreuses autres mosquées se sont construites à proximité de la zone centrale, mais aussi proche des portes, constituant avec les commerces, un pôle urbain structurant de la ville.

Figure 11: Plan de situation de la mosquée Zitouna, 2022, document personnel

Figure 12 : Plan de la grande mosquée Zitouna, Tunis, Mohamed Béji Ben Mami « Grande Mosquée Zitouna» , dans Discover Islamic Art. Museum no Frontiers, 2022. En ligne sur <https://islamicart.museumwnf.org >

La maison à patio

Dans la médina et ses faubourgs, l’habitation tunisoise présente des caractéristiques précises, héritées des siècles précédents. Que celle-ci appartienne aux familles les plus fortunées ou les plus pauvres, elle est constituée d’une cour intérieure et de murs externes aveugles ou avec de rares percées. Ces caractéristiques dominantes sont issues de la maison gréco-romaine. Tout d’abord avec la présence des Grecs sur le territoire de Tunis et ensuite avec celle des Romains, cette architecture installe des caractéristiques typiques de l’habitation tunisoise, à travers des éléments qui règlent l’ensemble de la vie familiale : l’entrée coudée (chicane). On distingue trois types de chicanes, que l’on retrouve selon une hiérarchie des fortunes des propriétaires. Celle-ci a pour fonction de protéger, elle constitue par ses multiples fermetures un moyen de défense général contre toute intrusion 15 .

Figure 13: Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : les éléments discrets » 2016. Les types de Chicane existantes dans la médina de Tunis, en ligne sur <issuu.com>

15 (Revault 1967, p.60)

- Oecus (équivalent du salon) - Iwan (salle voutée) - Cour : de forme carrée, rectangulaire ou trapézoïdale, la cour est généralement entourée d’une galerie de colonne. Le sol de la cour est recouvert d’un dallage de pierre avec un léger dénivelé vers le centre, servant à l’évacuation de l’eau. En son centre, on peut y trouver un arbre fruitier (un oranger ou un citronnier) ou une petite fontaine. - Péristyle (galerie de colonnes) : chaque portique d’une galerie compte presque toujours trois arcs brisés. Les colonnes en pierre calcaire, conservent le chapiteau hafside à méandres et tailloir 16 .

Figure 14 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles) : Maison type GrecoRomaine », 1967

L’architecte et historien Jacques Revault distribue la maison à patio selon quatre types correspondant à une hiérarchie de fortune : la maison commune, la maison bourgeoise, la grande demeure et le palais 17 .

16 (Revault 1967, p.61)

L’habitation commune est répandue dans la périphérie et dans les faubourgs de la médina. Sa façade extérieure présente une porte généralement encadrée de pierre avec, selon les schémas, une étroite ouverture se trouvant juste au-dessous. À l’intérieur, l’entrée se traduit par un simple couloir en « coude » qui permet l’accès à la petite cour. Parmi les pièces que l’on trouve autour de la cour, une ou deux sont utilisées par la famille en tant que chambre, (généralement couvertes en voûte ou en toit terrasse) et deux autres pièces secondaires servent de cuisine et de resserre.

Exemple : Dar terraine

Figure 15 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles : Maison commune, exemple de « Dar Terraine », 1967

La maison bourgeoise

L’entrée de la maison bourgeoise est marquée par une porte cloutée soit dans un encadrement de pierre à linteau, soit dans un cadrage en arc. Des ornements viennent décorer la base du piédroit 18. La chicane conduit à la cour intérieure, au milieu de laquelle se trouve souvent un arbre fruitier (généralement un oranger ou un citronnier). Ce type de maison n’est généralement composé que d’un rez-de-chaussée et sa particularité est visible au niveau du patio : la cour à galerie faisant face à l’entrée s’ouvre audevant de la salle de réception, entre trois arcs brisés retombant sur des colonnes de calcaire. Près de l’entrée en chicane se trouvent les servitudes (la cuisine, resserre) ; sur le côté, deux chambres rectangulaires larges et peu profondes et au fond du patio la salle principale disposée en T accueillant la salle de réception et deux autres petites pièces.

Exemple : Dar Balma

Figure 16 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles : Maison bourgeoise « Dar Balma », 1967

18 Piédroit : partie verticale de mur qui supporte la naissance d’une arcade. 31

La grande demeure

Similaire à la maison bourgeoise et fortement inspirée des palais tunisois, la grande demeure partage de nombreux points communs avec ces deux types. Son entrée se compose d’une antichambre (Driba), où le maître reçoit ses clients et amis, suivie d’un second espace (skifa) qui conduit au patio. Le vaste patio des grandes demeures est souvent dominé par un étage, dans lequel on aperçoit les portes des différents appartements. Cependant, il n’est pas toujours systématique de trouver un étage. Lorsque la cour se limite au rez-de-chaussée, la protection des terrasses de la maison est renforcée afin d’éviter les intrusions. Les appartements sont de forme rectangulaire et prennent jour sur la cour. Ils se divisent en une salle principale ainsi que deux chambres de part et d’autre. On retrouve un commun ou une courette presque à chaque fois dans la grande demeure tunisoise. Ces pièces servent pour entreposer les récoltes et les besoins les plus importants de la famille et de la domesticité.

Exemple : Dar El Hedri

Figure 17 : Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles La demeure « Dar El Hedri », 1967

Figure 18 : Jacques Revault « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles Palais : Dar El Mrabet »,1967

Les souks constituent un réseau de ruelles couvertes, bordées de commerçants et d’artisans groupées par spécialité. Les métiers considérés comme les plus nobles, tels que les marchands d’étoffes, les parfumeurs, les libraires et les marchands de laine se trouvent à proximité directe de la grande mosquée Zitouna. Les autres souks regroupant des corps de métiers bruyants et odorants se placent en particulier le long des parcours menant vers les portes de la ville.

Au nord de la mosquée Zitouna, qu'il longe en partie, s'ouvre le souk El Attarine (parfums) construit au début du 18e siècle. À partir de ce souk, une rue mène vers le souk Ech-Chaouachine (chéchias19) dont la corporation est l'une des plus anciennes du pays.

Sur le souk El Attarine s'ouvrent deux autres souks : le premier, qui longe la façade occidentale de la mosquée Zitouna, est le souk el Kmach (étoffes) ; le second, le souk El Berka, datant du 17e siècle, abrite les brodeurs et surtout les bijoutiers. Ce dernier est le seul souk dont les portes sont encore fermées et gardées pendant la nuit.

Les souks, succèdent partiellement tout le long des parcours principaux, c’est-à-dire sur les voies allant du Nord (Bab Menara) au Sud (Bab el Bhar) et d’Ouest (Bab el Jdid) à l’Est (Bab Souika).

19 Chechias : Couvre-chef traditionnel, porté par les hommes dans les pays musulmans. 34

Figure 19 : Répartition des souks dans la médina de Tunis, 2022, document personnel

On distingue deux formes différentes qui se manifestent dans les souks de la médina ; la forme de disposition en série et la forme d’addition 20 .

La forme de disposition en série des souks est un agencement linéaire précis. Cet agencement se traduit par un alignement de plusieurs cellules accolées les unes aux autres, parallèles et séparées par un chemin muni généralement de deux portes terminales.

Figure 20 : Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : addition de cellules, chemin et direction pour former l'organisme du souk » 2016, en ligne sur <issuu.com>.

Figure 21 : Roberto Berardi, « Le signe de la Médina : Multiplication de l'organisme » 2016, en ligne sur <issuu.com>.

20 « Le Signe de La Médina. La Morphologie Urbaine Selon Roberto Berardi. F. Privitera, M. Métalsi by DIDA Issuu »

Le tissu du souk se développe selon une trame orthogonale. Cette trame est définie par l’orientation de l’enceinte de la grande mosquée ainsi que celle des principaux parcours. C’est donc une addition d’éléments similaires obéissant à une règle structurale.

L’analyse de la zone centrale permet d’apercevoir le développement progressif des éléments formant un grand ensemble composé de souks.

Figure 22 :Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan souk El Chaouchia de la médina », 1992

Dans le développement urbain des souks, on remarque parfois que les fondouks se trouvent enclavés dans le tissu, reliés aux parcours principaux.

Les Fondouks sont les sièges des corporations de commerce et de l’artisanat vivants dans des communautés fermées.

Un fondouk est une hôtellerie et un entrepôt de marchandises. Construit généralement autour d’une grande cour, sa fonction consiste à entreposer les marchandises, abriter les animaux et les montures età héberger les marchands et les voyageurs. Il représente un bâtiment essentiel de la médina. Autour de la cour centrale, s’organisent de vastes maisons dont les rez-de-chaussée se composent d’ateliers et d’écuries : des lieux d’échanges entre les artisans et les étrangers de passage. À l’étage, on trouve les habitations composées de plusieurs chambres.

La cour centrale est l’environnement d’échange habituel entre les occupants. Cet espace ne communique avec l’extérieur qu’à travers un passage fermé par une porte. Cette porte ouvre sur une voie principale de passage ou sur un souk.

Figure 23 : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan rez-de-chaussée du fondouk des français », 1992

Les Medersas sont des institutions d’enseignements religieux se situant généralement proches des mosquées. Elles forment avec celles-ci des complexes religieux. Elles sont toujours administrées par un waqf 21. Celles qui ne sont pas proches des mosquées sont dispersées dans le tissu de la médina.

Figure 24 : Arch. Ali ibn Mohamed ibn al-Kacem« Plan Medersa Chammaiya,dans la médina de Tunis », Mohamed Béji Ben Mami "Madrasa Chammaiya" dans Discover Islamic Art. Museum With No Frontiers, 2022. En ligne sur <islamicart.museumwnf.org>

Les medersas s’organisent autour d’une cour, entourée d’une galerie desservant des cellules d’étude et des salles de prière. La mhida 22 se trouve dans un angle de la cour. La salle de prière est généralement située en face de l’entrée. Les étudiants venant d’autres villes ou de la campagne étaient installés dans des petites chambres individuelles ouvrant sur la cour.

21 Waqf : une donation faite à perpétuité par un particulier 22 Midha : salle d’ablutions et de toilettes

Les zaouias sont des lieux de recueillement des marabouts, ils se trouvent généralement en périphérie de la médina, proches des anciens cimetières et dans les quartiers populaires. Ils sont constitués d’une cour, de salle de prières et d’une chambre où se trouve le tombeau du marabout pour lequel l’édifice a été construit. Il s’agit souvent d’une pièce où est aménagée une chambre funéraire du saint homme, ce qui explique la présence des zaouias dans les faubourgs de la médina

23 .

Figure 25 : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : Plan de la zaouia El Khadria dans la médina de Tunis » 1992

23 (Santelli 1995, p.45)

Les Hammams sont des équipements d’hygiène. Ils constituent des édifices importants, disséminés dans le tissu résidentiel, le plus souvent le long des parcours principaux.

Figure 26 : : Serge Santelli, « Atlas des médinas tunisiennes : plan Hammam El Kachachine situé dans la médina de Tunis », 1992

Les faubourgs

Il existe deux grands faubourgs de la médina, un au nord Rbat Bab Souika et un autre au sud Rbat Bab Jazira. Anciennement, des remparts s’érigeaient le long de la distance séparant ces deux portes.

Le tissu urbain des faubourgs se différencie de celui du centre de la médina sur deux aspects. D’une part, il est constitué en majeur partie par un tissu résidentiel, disposant de larges espaces pour l’ouverture de marchés quotidiens ou hebdomadaire 24. D’autre part, la structure de distribution des maisons dans les faubourgs diffère de la constitution en ilot dans le centre de la médina : de longues impasses parallèles distribuent les rangées de maisons et infrastructures.

Figure 27 : Faubourg nord et faubourg sud de la médina , 2022, document personnel

La ville du 19e

24 (Revault 1967, p.38)

L’instauration du protectorat en 1881 entraîne une transformation importante des modèles architecturaux que l’on va trouver dans la nouvelle ville du 19e. En effet, l’arrivée des populations européennes, aux besoins et aux modes de vie différents, engendre la construction d’une ville neuve avec de nouveaux types d’habitations inspirée du monde occidental. Ces nouvelles infrastructures vont s’implanter autour du grand axe créé, appelé la promenade de la Marine. D’autres éléments, inexistants dans la ville ancienne vont faire leur apparition, tel que la place publique, les lieux de loisirs comme le théâtre et le casino. La ville créée dispose de nouvelles voies de communication et d’un nouveau paysage urbain où les immeubles d’habitation se succèdent tout le long de la voie publique.

Figure 28: Ville du 19e, Tunis, 2022, document personnel

La maison de rapport 25

Contrairement aux maisons à cour qui existent dans la médina, on voit émerger dans la ville du 19e siècle un nouveau type d’habitation : la maison de rapport 26. Elles apparaissent entre 1865 et 1875, dans un contexte urbain de transition de la ville ancienne (médina) vers la ville neuve (ville du 19e). Ces maisons de rapport sont réalisées par des architectes et entrepreneurs européens. Elles sont destinées à la location, que ce soit pour héberger une seule grande famille ou décomposées en plusieurs ensembles hébergeant des familles différentes. L’organisation de la maison de rapport puise son architecture dans celle de l’habitation type de la médina. En effet, si la parcelle est assez grande, elle est disposée autour d’une cour centrale. Généralement construite sur un seul niveau, ces maisons situées sur rue, abritent une façade commerçante et des espaces de stockages. Cependant, dans certains cas, les maisons de rapport qui ne disposent pas d’une grande parcelle sont érigées sur deux niveaux sans cour centrale. Les habitations sont toujours desservies au premier étage à partir d’un hall d’entrée directement accessible par la rue, tandis que le rez-de-chaussée est principalement dédié au commerce.

Figure 29: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : maison de rapport à courette sur deux niveaux, 64 rue El Khadhra, 1892» Archives municipales de Tunis, 2017

25 La maison de rapport : est un type architectural apparu en France au 18e siècle. Conçu pour rapporter à son propriétaire des loyers des ménages occupant dans la maison, les chambres, « L’immeuble de rapport ». 26 (Leila Ammar et al., s. d., p.98)

La façade des maisons de rapport est percée de manière symétrique de larges ouvertures, parfois avec des balcons venant ajouter du relief.

Figure 30: Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain Maison de rapport à deux niveaux avec boutiques et magasins au rez-de-chaussée et habitation à l’étage, 2 rue Sidi Soufiane, 1892 » 2017, Archives municipales de Tunis

Ces constructions vont continuer jusqu’au début du 20e siècle avant de laisser place par la suite à l’immeuble de rapport.

L’immeuble de rapport 27

L’immeuble de rapport résulte du regroupement des pièces d’habitation des maisons de rapport qui deviennent des appartements autonomes. Dans ces appartements, chaque pièce est attribuée à une fonction : salon, salle à manger, chambre à coucher, cuisine, cabinet de toilette, salle de bains. Les pièces principales dont le salon et la salle manger ainsi que les chambres s’ouvrent sur la rue, tandis que les pièces de service comme la cuisine et les chambres secondaires sont placées sur le côté cour du bâtiment. Tous les logements d’un immeuble de rapport sont conçus sur un modèle type, avec le même agencement et les mêmes mesures qui se superposent. L’immeuble est accessible depuis la rue par un vestibule qui mène à l’escalier situé au centre.

Figure 31 : Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : Immeuble de rapport à cour arrière, 5 rue de Russie 1896 », 2017 Archives municipales de Tunis

27 Immeuble de rapport : type architectural apparu en France au 18e siècle. Il est conçu pour rapporter à son propriétaire des loyers des ménages occupant dans l’immeuble des logements dont la répartition par étage est standardisée, « L’immeuble de rapport ».

Son architecture est largement inspirée de l’architecture occidentale et est notamment similaire à l’immeuble haussmannien, le rez-de-chaussée est dédié au commerce et dessert par un escalier central les appartements aux étages supérieurs. La façade se compose de grandes fenêtres, la rendant plus adaptées, au climat méditerranéen. On note une toiture terrasse dallée ainsi celle de balcons, loggias et pergolas animant la façade.

Figure 32 : Leila Ammar, « La rue à Tunis, réalité, permanences, Transformations de l’espace urbain : Façade immeuble de rapport 1921, avenue de Londres » 2017, Archives municipales de Tunis

La cour deviendra, au fil du temps, un élément de moins en moins présent dans les constructions à partir des années 1930, Cela est dû à la nécessité d’accueillir un nombre d’habitants de plus en plus important sur des parcelles avec une superficie plus restreinte. Progressivement, toutes les maisons de rapport sont transformées en immeuble de rapport. L’investissement étant l’acquisition de l’ensemble de l’immeuble de rapport, il en existe une grande variété qui se différencient selon les moyens de l’acheteur.

L’espace public

Avec la mise en place d’un nouveau règlement de la voirie par le service de la voie publique en 1882, la ville voit naître une nouvelle notion : « le public ». L’espace public prend forme sous différents aspects dans la ville, notamment à travers l’installation des différentes institutions (administrations), des voiries publiques (avenues, boulevards, quais, promenades, berges) et de nouveau lieux de partage (café, théâtre).

Figure 33: Espace public existant aujourd’hui dans la ville du 19e, 2022, document personnel

Lieux de culte

La cathédrale se situe sur la place de l’indépendance, au carrefour entre l’avenue Habib-Bourguiba et l’avenue de France, faisant face à l’ambassade de France.

Elle est édifiée en 1897 par l’architecte Bonnet-Labranche dans un style Romano-byzantin, très courant au 19e siècle. La façade est divisée en trois parties : une travée centrale et de deux tours de plan carré, couronnées par des dômes.

Figure 34: Plan de situation de l'église Saint-Vincent de Paul, Tunis, 2022, document personnel

Figure 35: « Cathédral Saint-Vincent-de-Paul de Tunis : Vue de la cathédrale dans les années 1945-1950, » photographie, auteur inconnu , 1945

Tramway et chemin de fer

Visant le développement économique et sociale de la ville, les ingénieurs mettent en place un certain nombre d’infrastructures nouvelles. Tout d’abord, une première ligne de tramway circulaire autour de la médina a vu le jour en 1886 suivie d’une seconde ligne reliant Bab Bhar à la Marine (desservant le port du lac de Tunis) en 1894.

Le réseau est électrifié en 1902, accompagnant une intensification et un développement plus important du réseau ferroviaire.

Figure 36 : Gare de Tunis et les lignes de tramway dans la ville de Tunis aujourd'hui, 2022, document personnel

Figure 37: « La Gare négatif 6 x 6 Tunisie, 1950 », photographie, auteur inconnu

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