African Business Journal 02

Page 1

PRIX public : 5 000 F CFA | Zone europe et Maghreb : 8.5 €

N° 02 • AVRIL 2012

Industries culturelles comme levier de performance économique en Afrique.

l’art est économie et l’économie est un art. business case

office chérifien des phosphates

La locomotive 44 82

2012 : l’Afrique se rend ... aux urnes Les dirigeants africains prennent-ils soin de leur santé?

page 36

kalidou kassé | artiste plasticien



Potentialités des industries culturelles en Afrique Merci pour tous ces témoignages spontanés qui sont parvenus à notre rédaction à l’occasion de la diffusion du premier numéro de notre revue African Business Journal. Vos suggestions et propositions nous seront de la plus grande utilité pour améliorer votre revue. Le deuxième numéro que vous tenez entre vos mains, vient répondre à la remarque d’un lecteur, regrettant que l’on n’y traite pas de culture. C’est chose faite, avec ce grand dossier consacré aux industries culturelles en Afrique. Qu’on ne s’y trompe pas ! L’économie de la culture est peut être un des secteurs les plus négligés en Afrique alors qu’elle regorge de potentialités et, peut être une locomotive pour le tourisme notamment. Quand on connait le taux de croissance annuel de ce secteur (7.1%) et la taille du marché de la Culture (46,1milliards d’euros), le continent africain gagnerait à s’y investir en s’appuyant sur Internet comme outil de diffusion. Cela ne pourra qu’améliorer notre attractivité touristique et partant, notre balance commerciale.

Nos opérateurs économiques gagneraient à considérer davantage ce secteur, qui est trop souvent réduit à sa connotation «maladie».

Nous consacrons la rubrique «Business Case», à l’Office Chérifien des Phosphates (OCP). Ce champion africain à taille mondiale, vient d’ouvrir des représentations en Argentine et au Brésil et illustre parfaitement que des entreprises africaines, dirigées par des africains, peuvent très bien réussir à l’international. A cela s’ajoute que l'OCP incarne de plus en plus l’entreprise citoyenne, en se préoccupant de renforcement des compétences (programme OCP Skills, destiné a développer l’employabilité des jeunes dans les villes minières) et de développement durable (la reconversion de villes minières en villes vertes, qui ressemble d’ailleurs étrangement à ce qui se fait en Asie du Sud-Est, où des villes minières en Malaisie, dédiées jadis à l’exploitation de l’étain, ont été reconverties en centres de loisirs comme Sunway Lagoon ). Toutefois, les avancées de cette entreprise confirment l’importance que le leadership a joué dans la "transformation" de la culture interne de l’entreprise pour lui permettre d’atteindre ces performances. Nous consacrons une rubrique à la Santé dans chaque numéro. Nos opérateurs économiques gagneraient à considérer davantage ce secteur, qui est trop souvent réduit à sa connotation «maladie». C’est un secteur économique où les investissements assurent un retour sur investissement des plus respectables, et qui ne doit pas être laissé entre les seules mains des professionnels de la Santé. Ailleurs, ce sont des banques et les compagnies d’assurance qui ont investi dans des cliniques en mettant à leur tête, des gestionnaires, laissant la direction médicale à des médecins. L’opportunité qu’offre ce secteur aux investisseurs africains, au regard de la pauvreté de nos infrastructures, c’est la possibilité d’effectuer des bonds technologiques, en investissant dans les toutes dernières innovations et de prendre de l’avance sur les pays dits développés, trop absorbés à "amortir" des plateaux médicaux d’anciennes générations. C’est ainsi que nous contiendrons nos sorties de devises et contribuerons à donner à la médecine africaine ses lettres de noblesse .

Alioune Gueye

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 1


PUBLICATION TRIMESTRIELLE

N°02 | Avril 2012 La Magazine de l’Afrique en mouvement

En couverture Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info

Kalidou Kassé Artiste plasticien Kalidou Kassé est un artiste plasticien. Il est également, le président de la section sénégalaise de l’Association internationale des arts plastiques (AlAP). Délégué auprès de l’Unesco et membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel du Sénégal, Kalidou Kassé fut affublé du titre de "pinceau du Sahel", par le défunt critique d’art sénégalais, Iba Ndiaye "Diadjie". Dans l’entretien qui suit, l’artiste peint son tableau des industries culturelles en Afrique avant de nous entretenir sur le dialogue des arts.

Rédacteur en chef Mohamadou Sy msy@africanbusinessjournal.info Secrétaire de la rédaction Fatimata Thiam Rédaction centrale (Maroc) Octave Doussou, Abdou Diaw, Marlène Marina, Mohamadou Sy Correspondants Ibrahima Diop (Sénégal), Valérie Haida (Cameroun), Sylvio Combey (Togo), Boureima Balima (Niger), Sidiki Dembélé (Mali), Bachir Sylla (Guinée), Fortuné Fossa (Bénin), Batoumaï Hortence (Tchad) Correcteur El Hadji Mamadou Tandiang Diouf Ont contribué à ce numéro Mohsin Berrada, Khalid Limamy, Henri-Joël Tagum Fombeno, Dr. Youssef Bouzoubaa, Mohammadou Diop Maquette Samir Tebiche - Insolite Communication tebiche@insolite.ma +212 665 24 05 48 Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité M. Diop +212 522 36 04 18/20 contact@africanbusinessjournal.info mdiop@africanbusinessjournal.info

Page 32

> Sur le fil 04 > Commerce interafricain 20% par an depuis 2001 > Après la tablette WAY-C, VMK annonce la Smartphone en juin 2012 > Maroc : un besoin de 61.000 techniciens en logistiques d’ici 2015 > Usine Renault au Maroc : 340.000 véhicules "Lodgy" par an 05 > Filière cotonnière du mali : La relance ! 06 > Mohamad MAHATIR, Ancien Premier Ministre de Malaisie : "L'Occident doit imiter l'Asie" 08 > Classe moyenne en Afrique : 313 millions selon la BAD > Côte d’Ivoire | Budget 2012 : 3.160 milliards de F Cfa > Le Codesria lance l’Institut d’Etudes Afro-arabes > Présidence de la Commission de l’Union Africaine | Duel : Jean Ping et Dlamini Zuma > Prêts au secteur privé: la palme au pays d’Afrique de l’Est 10 > Niger | Revenus projetés sur le pétrole et l’uranium : Le Budget 2012, multiplié par cinq > Tunisie | Les causes de la révolution spontanée > BRIC - TIMBI – BNP : Réalités économiques ou contenus stratégiques ?

> Conjoncture

Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse ISSN : 2230-1933 Impression OKAD El jadida - Rabat - Maroc Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 5 000 exemplaires.

12 > Uemoa | Croissance et Pauvreté : L’effet Duisenberg 14 > Macro-économie | Le modèle ghanéen 15 > République Démocratique du Congo | Le barrage «Grand Inga» peut fournir de l’électricité à toute l’Afrique 16 > Gabon | Pas de géant vers l’industrialisation > Afrique - Infrastructures > Tourisme en 2011 | + 7 % en Afrique subsaharienne et - 12% en Afrique du Nord 17 > Bénin | Programme de restructuration et de mise à niveau : Près de trois milliards pour booster les entreprises 18 > BRVM 2011 | Bilan boursier : Un repli global

2 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


> Perspectives 20 > Gabon | Fonds souverain de 500 milliards de FCFA > Accès à la 3G : 3,4 milliards de téléphones connectés à l’horizon 2015 > Cameroun : 4 lignes de chemin de fer pour plus de 8.464 milliards FCFA > Communauté économique de l’Afrique de l’Est : Le défi de la monnaie unique pour 2012 21 > Petro Plus Angola Ltd au Mali : 21 milliards de F CFA pour «déterrer» du pétrole 22 > Bourse d’Alger : vers de nouvelles entrées en 2012 23 > Politique monétaire | Faut-il (encore) rester dans la Zone CFA ? 24 > Rwanda | le Singapour d’Afrique ? > Manuel Vicente, futur Président de l’Angola ? 25 > UEMOA | Comptabilité Publique : La nouvelle nomenclature budgétaire

> Dossier 28 > Afrique | Industries culturelles comme levier de performance économique: Où en sommes-nous ? 30 > Industries culturelles en Afrique : Un constat alarmant 32 > Kalidou Kassé | Artiste plasticien: "L’art est économie et l’économie est un art"

> Business case

> Cahiers du manager

> Santé & Entreprise

48 > Le Manager idéal existe-t-il ? 49 > Rôle du Management | Rôle des Managers : Les cinq pôles 52 > Cession-Fusion-Acquisition | Comment évaluer son Entreprise ? 56 > Les règles du Gouvernement d’entreprise 59 > Manager un projet (serie2) |Planifier le déroulement d'un projet avant son lancement

82 > Les dirigeants africains prennentils soin de leur santé? 85 > Les conseils du Dr Abdérahmane Koné aux dirigeants africains 86 > Le stress fait partie de notre bagage génétique

88 > SolarNow | Une entreprise sociale

> Formation 62 > Interview | Makane Mbengue, responsable du développement formation 64 > Business Schools | Repenser la formation des managers

> Innovations 66 > Une tablette tactile à vocation médicale 68 > Sony | Une montre connectée à Internet

> Bloc-Notes 90 > Voir «Grand», commencer «petit» > La fin du leadership : Pourquoi, Il n’y aura plus de leaders dans les prochaines années?

> Social > Le Salon mondial de l’électronique 69 > La télé du futur | Bientôt le téléviseur qui obéit à la voix > Découverte | Un portable qui se recharge à la température du corps > Windows 8 sur la place 70 > Polyvalent Wireless Communication System | Téléphonie et Internet sans câble > Smart Pen | Le stylo enregistreur > IPAD 3 sur le marché 71 > La Chevy Volt : une voiture qui réconcilie économie et écologie > Samsung Galaxy Note : à la fois tablette et smartphone

92 > Professeur Raja Aghzadi | Chirurgienne, artiste, dame de cœur et diplomate 96 > Cheikh Modibo Diarra | Le Soldat du développement

> Eco-Environnement 98 > Energies | Moteurs du progrès 99 > Le Pétrole | Panorama mondial de l’or noir 100 > Projet Desertec | Une  centrale solaire gigantesque dans le désert africain 101 > RIO+20 : Sommet de la Terre | Crise économique et crise écologique 102 > Réinventons l’énergie

> Notes de lecture

> Avis d’expert 36 > L’Office chérifien des phosphates : la locomotive 38 > OCP Skills | Un engagement en faveur de l’emploi > Transporter du solide par pipeline ? > Vingt cinq projets déjà financés 40 > Office chérifien des phosphates : Un leader mondial à l’affût 42 > Analyse | L’OCP malade de sa retraite et de sa couverture sociale 43 > Programme d’investissement : 7 milliards de dollars sur 7 ans > Mustapha Terrab, un ingénieur au long cours 44 > L’Afrique se rend … aux urnes | vingt élections présidentielles en 2012: Le challenge de la démocratie

> Success Story

72 > Contrat de travail international | Ce qu’il faut vérifier et négocier 74 > L’entreprise médicale est-elle viable ? 75 > Le business model dans le dispositif stratégique

> Focus 76 > Critères de convergence et performance économique dans la Zone Franc CFA | Persistance des disparités entre les économies de l’UEMOA et de la CEMAC > Le Traité de Maastricht est-il l'idéal pour l'UEMOA et/ou la CEMAC ? 80 > Interview du Professeur Mohamed Ben Omar NDIAYE

104 > Le différentiel culturel 106 > Importance de l’évaluation de la décision publique et rôle de l’entreprise

> Livre du trimestre 108 > L’audit interne: tout simplement de Mohsin Berrada

> Epsilone 110 > Une des causes d’aggravation de la crise mondiale : un gap de croissance de 1,1% > L’OCI et la finance islamique

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 3


sur le fil

Après la tablette WAY-C VMK annonce la Smartphone en juin 2012

> Commerce interafricain 20% par an depuis 2001

La Tablette WAY-C du Congolais Vérone Mankou est désormais, en vente à Brazzaville au Congo, au prix de 150 000 francs Cfa (228 euros). Pour faciliter sa distribution au Mali, en attendant de l’étendre dans les autres pays d’Afrique, VMK l'éditeur de la Way-C, a signé une convention avec Airtel. La société de téléphonie mobile malienne offre gratuitement un mini-router avec un débit de 27 MB d'Internet à tous les clients qui achètent cette tablette congolaise. Le prochain produit de VMK, annonce Vérone Mankou, sera un Smartphone qui sera disponible sur le marché africain en juin 2012. 

Comparé au commerce intereuropéen (82%) et au commerce entre pays asiatiques (52%), le commerce interafricain se situerait à 11%, selon l’Union Africaine. Toutefois, ce chiffre ne doit pas oublier le fort taux de croissance de 20% du commerce interafricain depuis 2001.

> Maroc un besoin de 61.000 techniciens en logistique d’ici 2015

L’Afrique de l’Ouest et Australe fournissent le 1/3 des exportations interafricaines contre 1/6 pour l’Afrique du Nord. Les locomotives des exportations interafricaines sont l’Egypte en Afrique du Nord, le Nigéria dans l’Ouest; l’Angola au Centre, avec respectivement plus de 38% du volume des échanges ; le Kenya (1/4 soit $ 1,6 milliard en 2010) dans l’Est et l’Afrique du Sud (80% soit plus de $ 10 milliards en 2010) dans la sous-région méridionale. 

La logistique marocaine doit recruter 61 000 techniciens d’ici 2015 selon la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) pour combler les besoins de la chaine logistique. «Le secteur de la logistique ne connaît pas de récession et table sur une évolution de l’ordre de 15% en termes de chiffre d’affaires en 2012», précise Mohamed Talal, président de la Commission logistique/CGEM. La nouvelle stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique vise à réduire de 20% à 15%, le poids des coûts logistiques sur le PIB à l’horizon 2015. 

Usine Renault au Maroc

340.000 véhicules "Lodgy" par an A une vingtaine de kilomètres de Tanger, Renault a commencé à produire le Lodgy, son monospace de 5-7 places à 10 000 euros. L’usine, flambant neuve, aura une capacité finale de 340 000 véhicules par an et vise à exporter en Europe, 85% de sa production. L’investissement total aura été de 1,1 milliard d’euros. Durant 5 ans, Renault bénéficiera de l’exonération totale de taxes d’exportation et d’impôts sur les bénéfices. Pour le Maroc, le projet représentera à terme 6000 emplois directs et près de 30000 emplois indirects. En face, en Europe et sur les côtes espagnoles, à une quinzaine de kilomètres, les ouvriers français sont inquiets : le Renault Scénic, fabriqué à Douai, coûte près de 25000 euros, presque deux fois et demi le prix du Lodgy des ouvriers marocains. Mieux, l’ouvrier marocain coûte 250 euros net par mois là où l’ouvrier roumain coûte 450 euros.  4 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


sur le fil

FILIERE COTONNIERE DU MALI

La relance !

Par Sidiki Dembélé, Bamako

De 200 000 tonnes en 2010, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) a produit environ 400 000 tonnes de coton graine cette année 2011, en croissance de 65%. Une renaissance pour cette entreprise qui était appelée à disparaitre, selon les analystes. «Nous considérons cette saison comme un succès. 400 000 n'est pas 500 000 tonnes, mais c’est beaucoup plus que 243 000 tonnes», a déclaré Tiena Coulibaly, PDG de la Compagnie Malienne de Développement des Textiles (CMDT), en référence à la production de la saison dernière.M. Coulibaly estime que cette augmentation de la production est due à une bonne pluviométrie et à un prix d’achat plus élevé incitant les cotonculteurs, à s’investir davantage dans la filière. En effet, pour 2011, la Compagnie s'était fixée une prévision de 500 000 tonnes de coton graine. Pour atteindre ce pari, le PDG, Tièna Coulibaly et son équipe réduite après la restructuration et le départ de plus de 500 agents en 2010, avaient pris une série de mesures dont l'augmentation du prix du kilo de coton graine aux producteurs. Le prix du kilo est passé de 185 FCFA en 2010 - 2011 à 255 FCFA pour 2011-2012. Aussi, il y a eu le paiement des arriérés à certains anciens producteurs qui avaient quitté la filière sans oublier les facilités sur l'acquisition des intrants et engrais. « Malgré tous ces efforts, notre ambition n'a pu être réalisée à cause d'un certain nombre de fac-

fessionnelles plus puissantes, enfin l’adoption d’un plan social pour le personnel et la restructuration de l’entreprise en quatre nouvelles sociétés cotonnières, en guise de préparation à la privatisation.

teurs dont la mauvaise pluviométrie enregistrée dans une bonne partie de notre pays», regrette le PDG qui sourit tout de même avec ses 400 000 tonnes de coton graine. Il faut souligner qu’au Mali, la culture du coton fait vivre environ 3,5 millions de Maliens, renseigne t-il. Le processus de privatisation en cours En attendant la fin de la campagne, le PDG de la CMDT assure que le processus d'égrenage a déjà commencé au niveau des 17 usines de la compagnie. Des efforts visant à privatiser la CMDT sont en cours depuis 2007. Ce projet a impliqué la création d’un cadre stratégique national du secteur du coton, un soutien pour des organisations interpro-

Après un appel d’offres international, une entreprise chinoise (Yue Mei) exploitera deux de ces entreprises. Le processus de privatisation devait se terminer en fin 2011. Malheureusement, toutes les unités n’ont pas encore d’acquéreurs et avec la relance de la cotonculture, l’on se pose beaucoup de questions sur l'opportunité de la privatisation de cette société. En plus des problématiques de productivité et de non valorisation de la matière première coton, la parité fixe du franc CFA à l’euro et la dépréciation du dollar constituent également des facteurs exogènes pesants sur la compétitivité du coton de la zone UEMOA. Créée en 1974 sous forme de société d’économie mixte, la CMDT assure jusqu’à maintenant, la gestion de la filière coton à travers l’organisation de la production et de la commercialisation sur l’ensemble du territoire du Mali. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 5


actualité

sur le fil Mohamad MAHATIR, Ancien Premier Ministre de la Malaisie :

"L'Occident doit imiter l'Asie" Traduit de l'anglais par Florent Joly

Selon un dicton malaisien : "Lorsqu'on perd son chemin, il faut revenir au point de départ et repartir de zéro." J'ai l'impression que tout le monde s'est égaré en essayant de trouver une solution à la crise financière, et l'Occident en particulier a besoin de repenser certains fondamentaux. Le monde reste eurocentré : la façon dont l'Europe gère la crise financière a une résonance globale. J'ai cependant des doutes sérieux quant à "l'infaillibilité" des Européens. Je n'aime pas leur politique de deux poids deux mesures. Plusieurs siècles d'hégémonie les ont convaincus que l'Europe sait ce qui est bon pour tout le monde: les valeurs européennes sont considérées par eux comme universelles ; les valeurs asiatiques, elles, seraient "non pertinentes". Cela explique les solutions simplistes que les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est se sont vu proposer lorsque les cambistes les ont appauvris. On a conseillé à la Malaisie d'augmenter ses taux d'intérêt, de maintenir un budget excédentaire, de laisser les banques et les entreprises en difficulté faire faillite, etc. C'était la solution à tout. Pourtant, lorsque les Etats-Unis et l'Europe se sont heurtés à leur propre crise financière, ils ont adopté toutes les mesures qu'ils

avaient déconseillées à la Malaisie comme à l'Asie du Sud-Est. Ce qui a marché en Asie ne fonctionnera pas en Occident. Pendant près de deux siècles, le "grand récit" du capitalisme était clair et univoque en Europe. Les produits manufacturés européens ont saturé les marchés mondiaux. L'Europe a dominé le commerce mondial et les Européens ont joui des plus forts hauts niveaux de vie au monde. Cette croissance aurait pu se prolonger, si le Japon d'après-guerre n'avait pas commencé à conquérir des parts de marché grâce à des produits à bas coûts et de bonne qualité, très vite suivi par Taïwan, la Corée du Sud puis la Chine.

6 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Dans l'incapacité de faire face à la nouvelle concurrence, les Européens, mais surtout les Américains, ont fait le choix de la financiarisation de l'économie. Ils ont inventé des produits financiers inédits comme les ventes à découvert d'actions et de monnaies de change, les crédits à risque, la titrisation, les investissements à effet de levier au travers de fonds spéculatifs, et une multitude d'autres produits leur permettant de continuer à croître et à prospérer. Mais, la finance de Marché ne génère aucune croissance réelle et crée peu d'emplois. Devenus trop gourmands, les spéculateurs ont abusé du système en manipulant le Marché, afin de générer des profits de plus en plus importants.


En 2008, la bulle a éclaté: les banques, les compagnies d'assurances, les fonds d'investissement et même certains pays firent faillite. S'il n'avait pas été la devise de référence pour les transactions internationales, le dollar se serait effondré.

à la suite de la dévaluation de leur monnaie, ils se sont mis à vivre selon leurs moyens. Certains ont fait appel aux institutions financières internationales, mais la Malaisie a fixé le taux de change et fait en sorte que les négociants en devises

«Les Européens, mais surtout les Américains, ont fait le choix de la financiarisation de l'économie» Comme les pays de l'Asie du SudEst, il y a quelques années, ceux d'Europe et d'Amérique se sont appauvris. Parce qu'ils refusent cet état de fait, les Européens et les Américains rejettent les mesures d'austérité. Ils manifestent et organisent des grèves, ce qui ne fait qu'empirer les choses. Les pays asiatiques, eux, ont adopté une tout autre attitude Quand ils sont devenus pauvres

ne puissent toucher au ringgit (monnaie Malaisienne). Les observateurs ont prédit la fin de notre économie et de notre accès au crédit. Au lieu de cela, la Malaisie a été la plus rapide à se relever de la crise. Dans les autres pays d'Asie du Sud-Est, les populations ont donné leur argent et leurs bijoux, pour que les gouvernements réduisent l'endettement public.

Les salariés ont travaillé davantage et accepté des niveaux de vie précaires. Pour mettre fin à la crise financière, les Européens doivent admettre qu'ils sont désormais pauvres. Puis ils doivent se remettre à faire ce qu'ils faisaient auparavant: produire des biens et vendre des services. Salaires, bonus et autres incitations doivent être diminués afin de devenir compétitifs. Le marché financier doit être encadré et contrôlé par l'Etat. De nombreux produits financiers doivent être régulés, voire interdits. Le monde a besoin d'un nouveau Bretton Woods reposant sur une juste représentation des pays pauvres et d'un étalon d'or servant de référence à une monnaie de change internationale. Le système financier doit être standardisé afin de venir en aide à l'économie réelle. Les jours de l'eurocentrisme sont comptés.

La Malaisie en bref... La Malaisie, en malais Malaysia, est un pays d'Asie du Sud-Est, constitué de la Malaisie péninsulaire ou Malaisie occidentale (péninsule Malaise) et de la Malaisie orientale (nord de Bornéo). Elle est située à environ 200 km au nord de l'équateur. Sa capitale est Kuala Lumpur et sa superficie atteint 329 750 km2. La Malaisie fait partie des tigres asiatiques, elle est passée en 25 ans du stade de pays en voie de développement à celui de pays développé. Le développement de la Malaisie s'articule autour de plans quinquennaux. En mars 2006, le gouvernement a lancé le 9e plan de développement. Le gouvernement a pour but d'arriver en 2020 à une nation pleinement moderne et développée. 'Malaysia 2020' constitue un véritable leitmotiv pour le pays. L’essor économique de la Malaisie se réalise grâce à la modernisation des transports (Metro à Kuala Lumpur, autoroutes, ponts, ports de commerce), des communications et des infrastructures énergétiques, ainsi qu’au développement de zones industrielles et aux incitations fiscales pour les investisseurs dans des industries d’exportation.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 7

sur le fil

actualité


sur actualité le fil

Classe moyenne en Afrique

313 millions selon la BAD

Pour la Banque Africaine de Développement, «la classe moyenne en Afrique est à peu près de la taille de la classe moyenne en Inde ou en Chine ». Les Africains de la classe moyenne ne représentaient qu’un quart de la population en 1980. Ils sont aujourd’hui à 34,3%. En nombre, ils étaient 111 millions en 1980, ils étaient 313 millions en 2010. Eduqués, ses membres sont souvent salariés ou petits entrepreneurs. Ils vivent en ville, dans des maisons en briques dotées d'équipements modernes. Ils constituent maintenant un vrai marché intérieur pour les entreprises locales. Elle est un marché pour le commerce international de biens manufacturés : «La vente de réfrigérateurs, de postes de télévision, de téléphones mobiles et d'automobiles ont nettement augmenté dans presque tous les pays ces dernières années», précise l’étude de la BAD. Le continent souffre toutefois encore de ses inégalités profondes: sur une population d’un milliard d’habitants, 100 000 personnes s’octroient 60% du PIB du continent.

NEWS Côte d’Ivoire Budget 2012 : 3.160 milliards de F Cfa Le budget 2012 du gouvernement ivoirien se chiffre à 3.160 milliard FCFA, en hausse de plus de 100 milliards comparativement à celui de 2011 qui était de 3.050 milliards FCFA. Sur ce budget, 600 milliards FCFA (soit 1/3) sont prévus au titre des investissements. C’est le plus haut niveau jamais atteint depuis une trentaine d’années.

8 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Présidence de la Commission

Duel : Jean Ping Quatre tours de scrutins n’ont pas pu départager les deux candidats- le Gabonais Jean Ping et la Sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma, au poste de Président de la commission de l’Union Africaine (UA). Pour éviter un blocage institutionnel au sommet, le président congolais Denis Sassou Nguesso a proposé à ses pairs, que Jean Ping conduise les affaires jusqu’en juillet 2012, date à laquelle, les chefs d’Etats devraient procéder de nouveau, à l’élection du président de la commission. Un bras de fer qui laisse entrevoir les deux visions


sur le fil

Le Codesria lance l’Institut d’Etudes Afro-arabes

Par Sidiki Dembélé, Bamako

Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), le Programme d’échanges Sud-Sud pour la recherche sur l’histoire du développement (Sephis) et l’Institut des études africaines (IEA) de l’Université Mohammed V-Souissi de Rabat (Maroc) ont lancé du 12 au 23 mars 2012 sous la direction du professeur Shamil Jeppie de l’Université de Cape Town (Afrique du Sud), l'Institut d’études sur les relations afro-arabes. Cet institut, dont la périodicité est annuelle, s’inscrit dans le cadre d’un grand programme du Codesria, «l’Initiative Arabophone», dont le but est la promotion des échanges entre les chercheurs africains dont la langue de travail est l’arabe et ceux dont les langues de travail sont le français, l’anglais ou le portugais. Un ouvrage collectif en vue Une des dimensions importantes de cet institut sera notam-

ment de s’intéresser aux liens, aux convergences, aux complémentarités, aux solidarités humaines, historiques, culturelles, économiques, religieuses, sociales, politiques entre l’Afrique au Nord et au Sud du Sahara. Les participants à l'Institut, venant des différentes parties

ommission de l’Union Africaine

e t Dl a m i n i Z u m a de l’Afrique, comme à la naissance de l’OUA en 1963 (club de Monrovia et d’Addis-Abeba) d’une part, et d’autre part, qui pose en filigrane, la question genre dans les instances de décisions africaines et, celle des aires linguistiques (anglophone, francophone). «Stimuler et améliorer le commerce interafricain», qui était le thème de ce 18éme sommet, peut encore attendre. Par ailleurs, le président béninois, Yayi Boni, a été élu nouveau président de l’UA lors de ce 18e sommet de l’UA (29-30 janvier 2012 à Addis-Abeba).

de l’Afrique et de la diaspora se sont retrouvés pendant dix jours à Rabat (Maroc) pour travailler autour de la problématique de «l’économie politique changeante des relations afroarabes», avec l’objectif de produire un ouvrage collectif sur le sujet.

Prêts au secteur privé: la palme aux pays d’Afrique de l’Est Selon le Fonds monétaire international (FMI), les réformes adoptées il y a une dizaines d’années par le secteur bancaire des cinq pays de l’East African Community (EAC) ont contribué à une forte augmentation des prêts au secteur privé. Le taux de croissance annuelle des prêts au secteur privé sur la période 2002-2010 a été de 28% en Ouganda, 32% en Tanzanie et 15% au Kenya, note le FMI.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 9


Niger Revenus projetés sur le pétrole et l’uranium

Le Budget 2012, multiplié par cinq Pour 2012, le budget du Niger est en hausse, de plus de 50% grâce aux recettes attendues de l'uranium et du pétrole, a annoncé le gouvernement. Examiné par les députés, le projet de loi de Finances 2012 est "équilibré en recettes et en dépenses" à environ 1.425 m i l l i a r d s   F C FA , contre quelques 940 milliards FCFA en 2011 "soit une augmentation de 52,74 % par rapport à 2011", a indiqué le ministre des Finances, Mahamadou

O u h o u m o u d o u ". Le Niger s'apprête à commercialiser en 2012 son pétrole, qui sera extrait d’une zone désertique de la région de Diffa (est) par des compagnies chinoises .Classé parmi les plus importants producteurs mondiaux d'uranium, le pays doit faire exploiter l'an prochain, une nouvelle mine près d'Ingall (nord), également par la Chine. Pour rappel, la priorité du président Issoufou Mahamadou est de gérer les consé-

quences sécuritaires et économiques du conflit libyen, en mettant en œuvre l'Initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) qui consiste à développer les infrastructures et de relancer l’agriculture.

Tunisie les causes de la révolution spontanée «Il sort chaque année près de 80.000 diplômés de l’enseignement supérieur alors que l’économie tunisienne ne peut en absorber que 25.000. Le système met donc chaque année 50.000 diplômés dans la rue. Et c’est cette accumulation qui a fini par exploser et se transformer en révolution spontanée pour la dignité, l’emploi et la liberté », a soutenu Salah Hannachi, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon, lors de la Triennale 2012 de l’Association pour le développement de l’Education en Afrique (Adea), qui s’est tenue du 13 au 17 février 2012 au centre international de conférence de Ouagadougou (Burkina Faso).

10 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

BRIC - TIMBI - BNP

Réalités ou cont Ces acronymes désignent des ensembles de pays partageant les mêmes caractéristiques  économiques. Avec en toile de fond, des intérêts géostratégiques. Revue de presse. Les "BRIC", pour "Brésil, Russie, Inde et Chine", sont un terme inventé en 2001 dans une note par Jim O'Neill, économiste à Goldman Sachs, pour désigner les quatre nouvelles grandes puissances économiques de la planète à l'horizon 2050, suivant une logique assez simple. Ils comprennent les deux Etats les plus peuplés de la planète (plus d'un milliard d'habitants chacun), la Chine et l'Inde, considérés comme les principaux futurs pourvoyeurs de produits manufacturés, ainsi que les premier et cinquième pays les plus étendus de la planète, la Russie (l'ancienne seconde superpuissance résurgente), et le Brésil (pays le plus peuplé d'Amérique Latine), considérés comme les deux principaux pourvoyeurs de matières premières à l'avenir. Leur désignation repose essentiellement sur des critères d'ordre démographique et géographique. Un autre acronyme, le dernier en date, les "TIMBI", pour "Turquie, Inde, Mexique, Brésil et Indonésie". Son inventeur, Jack A. Goldstone s'appuie sur les pays peuplés et ayant un Produit national brut (PNB) relativement important. Ainsi, Goldstone re-


économiques enus stratégiques ?

Par Abdou Diaw

la quarantième et la soixantième place mondiale, qui paraît ridicule par rapport à leur taille. Demain les BNP ?

Rio de Janeiro - Lagos et Islamabad > BNP

prend deux des quatre "BRIC" et les remplacent par la Turquie, le Mexique et l'Indonésie. Dans son argumentation, le sociologue Jack A Goldstone indique que la main d'œuvre va stagner dans un futur proche, en Russie et en Chine. Ce qui devrait, toujours selon lui, réduire leurs perspectives de croissance économique, d'autant qu'ils sont dirigés par des régimes autoritaires. La Réplique des Occidentaux Cependant, Laurent Chalard, docteur en géographie de l'Université Paris IV-Sorbonne, dans un article paru dans «Le Monde Diplomatique du 30/12/2011», estime que la désignation des "TIM-

BI" repose à nouveau, largement sur des critères démographiques, témoignant de l'importance de ce facteur sous-estimé par les économistes, qui s'intéressent aux biens plus qu'aux hommes. Or, rajoute t-il, parmi les pays les plus peuplés de la planète, trois d'entre eux manquent à l'appel, qu’il propose de dénommer les "BNP", pour "Bangladesh, Nigeria et Pakistan". Ces derniers comptent plus de 150 millions d'habitants, soit plus que la Russie ou le Japon, et devraient dépasser en population à moyen-terme le Brésil. Leur absence des diverses listes de puissances émergentes ne relève pas d'un oubli, mais s'explique tout simplement par leur pauvreté, avec un niveau de vie faible et un PNB global, entre

Les "BNP" pour Brésil-Nigéria et Pakistan, concentrent en outre des problèmes internes importants, que ce soit d'ordre politique (Pakistan et Nigeria) ou d'ordre naturel (Bangladesh). Cependant, leur situation actuelle, un niveau de départ du PNB très faible, permet d'émettre l'hypothèse que ces Etats sont, pour des raisons statistiques, potentiellement les "champions" de la croissance économique du XXIe siècle, s'ils arrivent à surmonter leurs problèmes internes. Le Nigeria, avec ses importantes richesses en ressources naturelles et sa localisation favorable au cœur du futur quatrième grand foyer planétaire de peuplement du golfe de Guinée, pourrait rapidement devenir le leader de l'Afrique subsaharienne. Le Pakistan devrait bénéficier de sa situation de débouché naturel de la Chine intérieure sur l'Océan Indien et de sa proximité d'avec le principal pôle d'expansion indien (la côte occidentale du Gujarat au Kerala). Le Bangladesh, a priori le moins bien loti, en maîtrisant son cadre naturel, pourrait se transformer en "Pays-Bas" de l'Asie du Sud, à la tête du deuxième foyer économique de la région, explique le géographe Laurent Chalard. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 11


Uemoa | Croissance et Pauvreté

L’effet Duisenberg

Dans l’espace Union Monétaire Ouest Africaine (Uemoa), les taux de croissance sont positifs d’année en année sans que cela ne se traduise en amélioration du niveau de vie des ménages. Et si le déphasage se trouvait dans l’angle d’approche des déterminants de la croissance du Produit intérieur brut (Pib). Par Mohamadou SY Siré

Certes, dans le court terme, la croissance accroit la pauvreté. Mais, dans le long terme, le fort d’un taux de croissance du Pib positif sur plusieurs années consécutives , est d’éradiquer ou du moins, de réduire considérablement la pauvreté. Seulement, d’année en année, les taux de croissance, d’un pays à l’autre, dans l’Uemoa, sont positifs. Mais parallèlement, des pans entiers de la population ouest africaine basculent dans la pauvreté. C’est ce qu’on appelle en Economie, l’effet Duisenberg (l’extérieur est embelli alors que l’intérieur est "pourri"). Le problème pourrait se situer au niveau de l’angle d’approche dans le calcul des déterminants de la croissance. En effet, de Karl Marx à Keynes en passant par les Néo-classiques, les taux de croissance sont calculés à partir du modèle économique de type libéral : Y (croissance du

Pib) = C (consommation) + I (Investissements) + G (dépenses publiques) + X (exportations) – M (importations). Suivant la structure économique de chaque pays, l’angle d’approche varie en fonction du niveau de son économie. Soit, on peut mettre l’accent sur les politiques de Gestion de la Demande (politiques fiscales, budgétaires et monétaires) quand nous sommes dans une économie distributive. Soit, on

12 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

peut mettre l’accent sur les politiques de l’Offre et de la Demande (production, consommation, exportation) quand nous sommes dans une économie de mise à niveau. Différence de structure économique Ainsi, les pays développés, qui sont à un stade d’économie de (re)distribution, donnent la priorité, aux Politiques de Gestion de la Demande. Les pays de la Zone Uemoa mettent

eux aussi, l’accent sur ces mêmes déterminants que les pays développés (fiscalité, budget et monnaie «?») dans le calcul des taux de croissance ; alors que les structures économiques ne sont pas les mêmes (économie extravertie contre économie intravertie). Or, une croissance du Pib, axée et supportée essentiellement par les Politiques de Gestion de la Demande, ne porte le Développement que


pour une économie qui a suffisamment produit. Tout le contraire dans la Zone Uemoa, dans laquelle le niveau de production reste faible et où celui des importations reste très élevé. C’est donc l’angle d’approche du modèle, pour apprécier les déter-

Parce que l’augmentation de la richesse nationale (croissance du Pib) est assise sur la fiscalité (taxes et impôts), sur les dépenses (de prestige) publiques; alors qu’elle devrait reposer sur les Politiques de l’Offre et de la Demande (produc-

Taux de croissance du PIB réel dans la Zone Uemoa Togo 2009 3,2

2010 3,4%

2011 3,7%

2012 4%

2010 4,2

2011 4,5

2012 5

2010 5,5

2011 4,9

2012 11,5

2010 2

2011 -7,3

2012 5,9

2010 4,5

2011 5,4

2012 5,3

2011 6,5

2012 6,2

2010 3,6

2011 4,5

2012 4,8

2010 2,1

2011 2,5

2012 3,7

Sénégal Niger

Mali Sénégal Guinée Bissau

Burkina Fasso Bénin Côte d'Ivoire

minants de la création de richesse, qui explique en grande partie, le «trickle up» (croissance vers le haut) dans l'espace UEMOA , en lieu et place du «trickle down» (croissance de ruissellement) qu’on devrait avoir. Retour à l’économie réelle Les politiques économiques ainsi menées dans l’espace Uemoa permettent seulement d’atteindre des taux de croissance positifs parce qu’elles restaurent les grands équilibres, maitrisent l’inflation mais ne génèrent pas le Développement, quelle que soit la maîtrise des éléments quantitatifs (modèles, variables, instruments).

Togo

tion, consommation et exportation) qui règlent du coup, le problème de l’emploi. D’où l’importance dans les politiques publiques, du renforcement des communautés d’affaires (secteurs privés nationaux forts) dans l’espace Uemoa, à l’image de la zone d’Afrique australe et orientale qui semble s’en tirer mieux. Et pourtant, les ingrédients de la théorie du diamant de la performance (conditions des facteurs, contexte de la stratégie et de la rivalité, branches connexes et d’assistance et conditions de la demande) de Michael Porter, sont réunis dans la zone Uemoa. Reste la volonté politique au plus haut niveau.

2009 2,2

Niger 2009 -1,2

Cote d’Ivoire 2009 3,7

Mali 2009 4,5

Burkina Faso 2009 3,2

2010 5,7

Guinée Bissau 2009 3

Bénin 2009 2,7

(Source : Perspectives Economiques Africaines) http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/countries/west-africa/

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 13


Par Abdou Diaw

Macro-économie

Le modèle ghanéen Considéré  aujourd’hui comme un modèle de réussite en Afrique, le Ghana est devenu une place de choix pour les investisseurs.

La Vision 2020 En 1994, le gouvernement d’Accra lance «La Vision 2020», guide de sa politique économique. Celle-ci doit permettre de combattre l’inflation, d’accélérer le programme de privatisation, de mettre en œuvre les réformes structurelles, de diversifier l’économie, d’attirer des investisseurs et de créer des emplois. La bonne gouvernance s’est enracinée. Au plan économique, le taux de croissance du produit intérieur brut est de l’ordre de 5 % depuis plus de cinq ans. Le Ghana est le deuxième producteur mondial de cacao. Son sous-sol regorge de diamants et de gisements de pétrole non encore exploités.

L’agriculture, les services et l’industrie en bonne place L’économie ghanéenne est essentiellement basée sur l’agriculture, avec une prédominance des plantations paysannes. L’agriculture représente 40 % du PIB et occupe 60 % de la main d’œuvre. Le cacao est la principale culture d’exportation du Ghana. Il représente 35 à 45 % des recettes d’exportation du pays. La production ghanéenne de cacao est passée de 450 000 tonnes dans les années 60 à 1 million de tonnes en 2011. Les autres produits agricoles du pays sont le café, l’huile de palme et le sucre.

Le secteur minier occupe également une place de choix dans l’économie du Ghana (6 % du PIB) avec

14 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

CHIFFRES L'agriculture représente

40%

du PIB et occupe 60% de la main d'oeuvre

Le Ghana a retrouvé le chemin de la croissance économique, grâce à une situation politique stable et l’instauration d’un climat favorable à l’investissement.

d’importantes mines de diamant, d’or et de manganèse. Viennent ensuite les services et l’industrie avec respectivement 32 % et 25 % du PIB. Flux de capitaux étrangers Les succès économiques du Ghana tiennent aussi pour une bonne part, de l’apport de capitaux privés étrangers, à travers l’Acte de promotion des investissements du Ghana (1994), qui garantit aux investisseurs étrangers, la liberté d’établir des entreprises dans les secteurs potentiellement lucratifs tels que : le gaz naturel, l’hydro-électricité, l’agriculture, la transformation alimentaire, la conserverie de poisson, les industries agrochimiques, pharmaceutiques, et les technologies de l’information. 


République Démocratique du Congo

C’est de la RDC que pourrait venir la meilleure solution au déficit énergétique qui plombe la croissance économique du continent. Sa riche hydrographie lui confère un potentiel hydroélectrique estimé à 106 000 MW, soit 37% du potentiel total du continent africain et près de 6% du potentiel mondial. Le site d’Inga représente à lui seul 44% de ce potentiel. La centrale Inga I a été mise en service en 1972, sa puissance installée est de 351 MW, avec une hauteur de chute de 50 mètres ; tandis que Inga II est opérationnel depuis 1982 avec une puissance installée de 1429 MW sur une hauteur de chute de 58 mètres.

Inga III, un débit de 6600 m3/s La réalisation de la centrale hydroélectrique Inga III, selon le gouvernement de la RDC, nécessite une enveloppe globale de 8 milliards USD. Selon l’étude de préfaisabilité que nous nous sommes procurés, la centrale aura une puissance installée de 4320 MW, soit deux fois plus que la puissance des centrales Inga I et Inga II réunies. La hauteur de la chute sera de 70 mètres, les conduites d’amenées d’eaux auront 13 mètres de diamètre et une longueur de 6700 mètres, avec 16 tunnels. Son débit sera de 6600 m3 par seconde. Ainsi, Inga III permettra d’augmenter les exportations d’électricité jusqu’à 20 TWh, contre 2 TWh actuellement. Il pourrait générer des revenus annuels de plus d’1 milliard USD.

© International Rivers

Le barrage «Grand Inga» peut fournir de l’électricité à toute l’Afrique

Inga I et Inga II: 1,775 MW Deux centrales, Inga I et Inga II, sont déjà en place pour une capacité de production de 1,775 mégawatt (MW), mais ne fonctionnent pas à leur niveau optimal. Pour ce faire, un projet Inga (une chute d'Inga sur le fleuve Congo dans l'ouest de la RDC et plus grand bassin hydrographique naturel au monde), barrage hydroélectrique dans la République démocratique du Congo (RDC), a le potentiel de changer radicalement la situation d'approvisionnement en énergie de l'Afrique centrale en particulier et de l’Afrique subsaharienne de manière générale, estime la Banque Africaine de Développement (BAD). Le Grand Inga: 40000 MW La BAD indique qu’un consortium franco-canadien a démarré une

étude pour un coût de 15 millions de dollars Us, pour la mise en place de deux projets : Inga III et le Grand Inga. Selon Reuters, l'usine d'Inga III pourrait avoir une capacité de production comprise entre 4300 et 5000 MW, tandis que le Grand Inga barrage pourrait générer jusqu’à 40.000 MW. Il a été estimé que les pays aussi éloignés que l'Afrique du Sud, l'Egypte et même l'Europe, pourraient se ravitailler en électricité à partir des barrages d'Inga. «La décision de mettre sur pied les barrages de Inga III et le Grand Inga est entre les mains du gouvernement de la RDC sur la base des différents éléments techniques et financiers impliqués », dit Hela Cheikhrouhou, directeur de l'énergie, de l'environnement et du changement climatique à la BAD.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 15


actualité

> Gabon | Pas de géant

vers l’industrialisation

Avec l’ouverture officielle de la Zone économique spécial (ZES) le 9 septembre 2011, le Gabon a fait un pas de géant vers son industrialisation.

de 1,1 milliard USD d’investissements directs étrangers par an –soit l’équivalent du quart du budget annuel du Gabon. Basée à Singapour, la multina-

Tourisme en 2011

+ 7 % en Afrique

subsaharienne et - 12% en Afrique du Nord

Fruit d’un partenariat public –privé signé en août 2010 entre la République Gabonaise et Olam International Limited, multinationale Singapourienne leader mondiale dans les chaînes de distribution et d’approvisionnement des biens agricoles consommables, la ZES plurisectorielle de Nkok, qui s’étend sur 1126ha, est principalement dédiée aux industries de transformations du bois. D’un coût initial de plus de 200 millions USD, la ZES de Nkok devrait attirer près

tionale Olam a également établi avec le gouvernement gabonais, un partenariat pour développer l'industrie du pays d'huile de palme grâce à un projet de palmeraie dans les zones de savane dans les régions de Mouilla, la Ngounié, Tchibanga et Nyanaga ; la construction de 1.000 km de routes reliant Libreville à Franceville et un projet de cinq mille logements à Libreville, confié à la société indienne M3M, pour un montant total de cent millions de dollars. 

> Afrique - Infrastructures Les derniers chiffres de l’étude « Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (Africa Country Diagnosis – AICD) nous apprennent que le déficit infrastructurel freine la croissance économique de 2% chaque année ainsi que la productivité des entreprises jusqu'à 40%. Pour combler le déficit infrastructurel, il faut annuellement au continent, 93 milliards de dollars USD, lit-on dans le rapport de la BM. 16 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

En 2011, selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), l’industrie touristique. en Afrique subsaharienne s’est distinguée par une hausse de 7% de la fréquentation des visiteurs internationaux. L’Afrique dans son ensemble, avec 50 millions de touristes, a connu une croissance nulle en 2011, en dépit de la bonne performance de l’Afrique subsaharienne. «La hausse de deux millions de touristes dans les destinations de l'Afrique subsaharienne (+ 7 %) a été neutralisée par les pertes en Afrique du Nord (- 12 %)», selon Taleb Rifai, secrétaire général de l’OMT.L’Europe, première destination, s’octroie la moitié du marché mondial avec 503 millions de touristes en 2011, en croissance de 6%. Le tourisme représente 5% du PIB mondial.


actualité

Bénin | Programme de restructuration et de mise à niveau

Près de trois milliards pour booster les entreprises

Par Fortuné SOSSA, Cotonou

Rendre plus compétitives les entreprises sur le marché international, cette idée fait école au Bénin depuis quelques années. Ceci, grâce au Programme Communautaire de Restructuration et de Mise à Niveau (PRMN) initié par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), avec l’appui de l’Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (Onudi). Nous avons constaté que, dans la configuration béninoise, beaucoup d’entreprises ont des salariés non déclarés. »

Mis en œuvre par le Bureau de restructuration et de mise à niveau, le Programme de restructuration et de mise à niveau (PRMN), a porté son choix sur quatorze entreprises agro-industrielles. Selon Airy Lucius Tonato, directeur du Bureau de restructuration et de mise à niveau, l’Uemoa a demandé, à la phase pilote du programme, de procéder à un essai avec quinze entreprises agro-industrielles au Bénin où à peine, 12 à 14% du Produit intérieur brut (PIB) est généré par les industries. «Il fallait que la sous-région ait un programme spécifique pour aider les indus-

tries des huit pays membres, à se préparer à l’ouverture des frontières devant se produire inéluctablement dans quelques années », déclare Airy Lucius Tonato. Les critères les plus importants pour la sélection des entreprises sont, entre autres, l’existence légale dans l’espace Uemoa depuis au moins deux ans; la certification des bilans et la preuve que l’entreprise dispose d’au moins, dix (10) salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). « Malheureusement, informe le directeur, c’est sur ce critère qu’on a eu le plus d’ennuis pour la sélection.

Le plafond des appuis fixé à 51 millions F Cfa Il y a d’abord, les investissements immatériels. Ils concernent les renforcements de capacité, les études de marché, la mise en place d’une comptabilité analytique, l’informatisation du système, les questions de démarche de certification aussi. Sur ces investissements immatériels, le PRMN finance chaque entreprise, à hauteur de 80% gratuitement, mais plafonné à 51 millions F cfa. Du coup, il est prévu un cumul de plus de 2 milliards.770. F cfa dont plus de 997 millions est pris en charge par le PRMN et le reste (plus d’un milliard F cfa), à la charge des entreprises pour cette restructuration et mise à niveau, qu’il s’agisse des investissements immatériels comme matériels.Face à l’hésitation des banques, un fonds de garantie a été mis en place. Le plus gros problème que rencontre le PRMN est la réticence des banques à accompagner les entreprises. «Dans leur structure de financement, rapporte Airy Lu-

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 17


actualité

cius Tonato, les ressources dont disposent les banques sont des ressources de courte durée. Or, les projets industriels sont des projets à long terme.» Ainsi, ce qui est difficile pour les banques, c’est de prendre des ressources que le client qui a déposé peut récupérer à court terme pour financer une action qui, elle, se trouve à long terme. Mais, face à cette difficulté, l’Uemoa a déjà anticipé en décidant de la création d’un Fonds de restructuration et de mise à niveau et d’un Fonds de garantie». Cinq banques parties prenantes Ce fonds va permettre de payer gratuitement les diagnostics qui sont faits ainsi que les primes. En outre, il permettra aux banquiers de financer les investissements à des taux classiques. Ainsi, souligne le directeur général du BRMN, «ce ne serait plus des ressources qu’on prendrait aux épargnants». Le deuxième aspect est la création, comme c’est le cas en Europe, d’un Fonds de garantie qui vient suppléer «les biens propres que l’entrepreneur peut apporter pour bénéficier de fonds pour pouvoir financer ses plans». Un troisième fonds mis en place est «le Fonds d’investissement de capital risque». La stratégie est de trouver des investisseurs privés prêts à rentrer dans le capital d’une entreprise en y apportant de l’argent frais. Pour l’heure, les échanges ont abouti à la désignation de points focaux dans cinq banques primaires à savoir, Bank of Africa (BOA), Banque Internationale du Bénin (BIBE), Société Générale de Banque au Bénin (SGBBE), Diamond Bank et Ora Bank. 

BRVM 2011 | Bilan boursier

Un repli global Fortement impactée par la crise post-électorale ivoirienne, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (Brvm) de l’UEMOA termine l’année 2011, en baisse globale sur l’ensemble de ses indicateurs, hormis la capitalisation boursière du marché obligataire. Cette crise avait même contraint la BRVM à suspendre ses activités sur la 2ème quinzaine du mois de février pour se redéployer sur un site de repli à Bamako (Mali) où elle a opéré, à travers un plan de continuité, du 1er mars au 13 mai 2011 avant de regagner Abidjan pour un redémarrage effectif le 16 mai 2011. Ainsi, les indices BRVM 10 et BRVM Composite affichent un recul annuel de 13,53%, à 158,49 points et de 12,83%, à 138,88 points, respectivement. Ayant confirmé, en début d’année, l’embellie qui avait été observée en 2010, la BRVM a décroché à partir du 11 janvier 2011 pour amorcer une tendance à la baisse dont elle ne se relèvera pas jusqu’à la fin de l’année, comparativement aux valeurs des indices de référence à cette date. Les indices BRVM 10 et BRVM Composite affichaient, à ladite date, leurs plus hauts niveaux annuels, soit 205,41 points et 174,89 points, respectivement. La capitalisation boursière de l’ensemble des titres cotés et celle des valeurs composant l’indice BRVM 10 reflètent cette contreperformance en enregistrant des baisses annuelles de 8,47%, à 3 177 milliards de Fcfa et de 12,72%, à 2 406 milliards de Fcfa, contre 3 471 milliards de Fcfa et 2 756 milliards de Fcfa en fin 2010, respectivement. Le volume des transactions enregistré par la BRVM sur l’année 2011 a également connu une baisse relativement importante de 36,36% pour 17 988 860 titres négociés (contre 28 265 619 titres en 2010) représentant une valeur globale de 58,91 milliards de Fcfa (contre 65,02 milliards de Fcfa en 2010), soit un repli annuel de la valeur annuelle des échanges de 9,4%. 

18 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


AFRIcan business journal | janvier 2012 | N째01 | 19


perspectives

GAbon | Fonds souverain de 500 milliards de FCFA Le Fonds pour les générations futures est devenu depuis le 4 février 2012, Fonds souverain de la République Gabonaise (FSRG), doté d’un capital initial de 500 milliards de F CFA (760 millions euros). L’objectif de ce fonds sera de financer des grands projets d'aménagement et de développement. Le financement du capital initial du fonds sera assuré par « un prélèvement de 10% sur les recettes pétrolières annuelles prévues dans la loi des finances ». S’ajouteront 50% de toutes les recettes budgétaires annuelles excédentaires ainsi que les dividendes du portefeuille des participations de l'Etat qui compléteront la dotation du fonds. Une fois le capital initial atteint, le fonds sera « alimenté par 25% des revenus générés par ses placements et toutes les recettes pétrolières additionnelles correspondant à un dépassement des hypothèses de base de la loi de finances.» Pour rappel, le Gabon est le 4e producteur de pétrole (220 à 240 000 barils jour) en Afrique subsaharienne.

Accès à la 3G : 3,4 milliards de téléphones connectés à l’horizon 2015 La croissance des services Internet se développe en Afrique à une vitesse extraordinaire. Aujourd’hui, plus de 500 millions de personnes ont accès à la 3G selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) qui estime que ce nombre atteindra les 3,4 milliards d’ici 2015. Une récente étude menée par le groupe Ericsson estime à 3 milliards, le nombre de téléphones portables soit presque le double (1,2 milliard) du nombre de connexions Internet dans le monde. A terme, les connexions à Internet via mobile représenteront plus de 80% des connexions. Ce qui conférerait aux mobiles, la position de premier moyen de connexion à internet dans le monde.

Cameroun : 4 lignes de chemin de fer pour plus de 8.464 milliards FCFA Le plan directeur ferroviaire national visant à améliorer le réseau actuel long seulement d'un millier de kilomètres, envisage de construire 4 lignes de chemin de fer prioritaires à court terme, d'un coût de 8. 464 milliards de FCFA (soit près de 17 milliards de USD).

Communauté économique de l’Afrique de l’Est : Le défi de la monnaie unique pour 2012 L'East African Community (EAC, Communauté économique de l’Afrique de l’Est), comprenant le Kenya, la Tanzanie, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi, ont lancé en juillet 2010, la mise en œuvre complète d'un marché commun et ambitionne d’adopter en 2015, une monnaie unique. Les discussions politiques autour de la nature de l'autorité monétaire, ainsi que les institutions qui sont nécessaires pour cette union monétaire ont duré quatre jours et ont eu lieu au Mont Meru Hôtel à Arusha, en Tanzanie. L'objectif initial d'une monnaie commune dans la communauté économique de l’Afrique de l’Est, a été fixé en 2015, avant d’être ramené à 2012. Le communiqué de l’EAC a ajouté que la monnaie unique permettra de lever les coûts liés aux transactions dans des devises différentes et le risque de mouvements défavorables des taux de change pour le commerce au sein de l'Afrique orientale. La monnaie unique permettra aussi de réduire les coûts et les risques de faire des affaires à travers les frontières nationales des pays membres de l'EAC, indique le communiqué de l’EAC.

20 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


perspectives

Petro Plus Angola Ltd au Mali

21 milliards de F CFA pour «déterrer» du pétrole Par Sidiki Dembélé, Bamako

La société Petro Plus Angola Ltd vient de signer une convention avec le gouvernement malien pour l’exploration des hydrocarbures dans le Bassin de Taoudeni, au nord du Mali. La société s’engage à investir sur les blocs 1A et 1B, environ 56 milliards de F CFA, de 2012 à 2015. La société Petro Plus Angola Ltd s’est vue attribuée des licences d’exploration sur les blocs 1A et 1B du bassin de Taoudéni par le gouvernement malien. Le ministre des Mines du Mali, Amadou Cissé et Vincent Miclet, président de la société PétroPlus Angola Ltd ont signé une convention par laquelle, la compagnie angolaise s’engage à investir sur quatre années, 50 millions de dollars Us dans l’exploration de bloc 1A, et 42 millions de dollars Us sur le bloc 1B. Le président de la société PétroPlus Angola Ltd, Vincent Miclet explique qu’il est convaincu que «ça sent du pétrole dans cette zone du Mali». Dans son plan d’investissement, la société indique que, «les travaux prévus sur le bloc 1A dans lequel seront investis 21 milliards de FCFA, durant les quatre ans du permis de recherche sont : le traitement et l’interprétation des données sismiques existantes afin de déterminer d’éventuelles structures profondes favorables à l’accumulation des hydrocarbures ; la réalisation d’une campagne sismique 2D sur 1000 kilomètres linéaires pour détecter les éventuelles zones profondes et la réalisation d’un forage, durant la quatrième année».

Pour le ministre des Mines du Mali, «C’est une fierté que d’accueillir Petro Plus Angola Ltd, une société africaine pour la recherche du pétrole au Mali. Nous allons prendre toutes les dispositions pour aider la société à réaliser notre rêve à tous, le pétrole au Mali».

 Le ministre des Mines, Amadou Cissé, et le représentant de la société angolaise PetroPlus Angola Ltd, Vincent Miclet, ont signé une convention de recherche, d’exploitation, de transport et de raffinage des hydrocarbures liquides ou gazeux par cette société angolaise dans les blocs 1A et 1B du bassin de Taoudéni.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 21


perspectives La société Petro Plus s’est par ailleurs engagée à promouvoir les opportunités d’investissements pétroliers au Mali et à effectuer un transfert de savoir-faire aux cadres maliens du secteur pétrolier. Sonangol envisage une prise de participation de 20% « La société paiera des redevances à l'Etat malien sur la production journalière conformément aux prescriptions de l'article 46 du Décret N° 04-357/ P-RM du 8 septembre 2004, fixant les modalités d'application de la Loi n° 04-037 du 02 août 2004 au Mali», a expliqué le ministre malien Amadou Cissé. Selon le président de la compagnie angolaise, Vincent Miclet, le partenaire technique de Petro Plus Angola LTD est la société chinoise MI Energy Corporation, qui figure sur la liste des sociétés cotées à la bourse de Hong Kong. Il a signalé également que le groupement Petro Plus-MIE mène des travaux d'exploration pétrolière en Chine, en Angola et au Kazakhstan depuis 2001. Il est également spécialisé dans l'exploitation des puits pétroliers marginaux. Et M. Vincent Miclet de préciser que le groupement n'exclut pas une prise de participation de la société nationale des hydrocarbures de l'Angola (Sonangol) dans le groupement, à hauteur de 20%. Lueur d’espoir A Taoudeni, comme dans tout le reste du pays, la signature de cette convention suscite un nouvel espoir pour les populations qui rêvent de voir le pétrole couler à flot dans ce pays. «Notre vœu le plus cher aujourd’hui est que cette société puisse découvrir le pétrole. Le nord Mali est très pauvre. Nous vivons uniquement de tourisme qui connait des difficultés majeures avec l’insécurité. Si on découvrait le pétrole aujourd’hui, ce serait un ''ouf ''de soulagement et une opportunité de développement pour nos localités», relève Mohamed Ould Anta, notable de Taoudeni. Par ailleurs, le ministre malien des Mines, Amadou Cissé, a soutenu que les travaux sur les blocs 4 et 20 avancent à grands pas et que les résultats fournis jusque-là par la société Eni-Sipex sont positifs. Un premier forage serait envisageable fin 2012.  22 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Bourse d’Alger

Vers de nouvelles entrées en 2012 Octave DOSSOU

La Bourse d’Alger pourrait enregistrer plusieurs nouvelles introductions de sociétés industrielles au cours de 2012 qui devraient effectivement dynamiser les investissements domestiques et étrangers potentiels, a indiqué la revue Oxford Business Group (OBG), dans son édition de février 2012. Selon Oxford Business Group, ‘’à mesure que les recommandations du comité chargé de la réforme des marchés de capitaux se précisent et se traduisent par une amélioration des réglementations, plusieurs nouvelles sociétés peuvent entrer en bourse’’. Sous le titre «Algérie : Dynamiser la bourse», OBG a également mis en relief le rôle que pourrait jouer la Bourse d’Alger dans le développement de l’économie du pays, au vu «des importantes ressources naturelles disponibles et l’intérêt croissant des investisseurs étrangers pour l’Algérie enregistré ces dernières années». Le gouvernement algérien tente d’ores et déjà, de persuader davantage des sociétés privées, à envisager une entrée en bourse, en proposant des mesures incitatives, notamment une réduction des frais de transaction, écrit la revue OBG.

La même revue cite la déclaration du président de la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob), M. Nouredine Smaïl, qui a annoncé les premières conclusions d’un programme de réforme des marchés de capitaux avec un coût de 5,1 millions de dollars visant à relancer la Bourse, mené avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce projet, d’une durée de 14 mois, mentionne OBG, s’inscrit dans le cadre d’une stratégie gouvernementale dirigée par le ministère des Finances, visant à diversifier l’économie pour réduire la dépendance excessive du pays à l’égard des importations d’hydrocarbures. 


perspectives

Politique monétaire Faut-il (encore) rester dans la Zone CFA ? Par Jean-Paul Pougala , Directeur de L'Institut d'Etudes Géostratégiques de Genève (Suisse)

Comment expliquer que pendant 52 longues années depuis les indépendances, des pays d'Afrique aient été privés de l'instrument de politique monétaire pour créer la richesse? Il existe une légende métropolitaine en Afrique savamment véhiculée et selon laquelle, à cause des accords signés avec la France, il serait impossible de sortir du Franc CFA. Mais, sur le plan pratique, aucun texte, aucune loi, aucun accord, aucun décret ne peut empêcher un peuple de prendre sa souveraineté dès lors qu'il est conscient qu'elle lui avait été volée, dès lors qu'il comprend ce qu'il perd sans ladite souveraineté. La vérité est que ces pays semblent préférer la subordination à la souveraineté. Deux contre-exemples nous le prouvent. EN AFRIQUE DU NORD A l'indépendance des pays africains, tous les pays d'Afrique du Nord étaient eux aussi liés à la France par les mêmes accords monétaires et militaires. Au Maroc : Pour avoir prétendu l'indépendance du Maroc et à la sortie du Franc, le roi du Maroc Mohammed V BenYoussef sera déporté avec toute sa famille d'abord en Corse, puis à Madagascar le 8 Avril 1954. La France installe au trône son oncle. Mais la population refuse et reste soudée derrière son roi, même exilé de force. La France est contrainte de le ramener en 1955. L'indépendance est proclamée l'année d'après. Deux ans après l'indépendance, le Royaume dit

au revoir à la monnaie française et crée la sienne, le Dirham en 1958, malgré l'hostilité de la France. En Tunisie, on a observé les mêmes résistances de la France pour concéder une véritable indépendance. Mais comme au Maroc ce sont les dirigeants tunisiens qui ont fait comprendre à la France qu'un pays ne peut pas se dire indépendant alors qu'il utilise la monnaie d'un autre pays, et qu'il a sur son propre territoire la base militaire d'un autre pays. En 1956, c'est l'indépendance formelle du pays, mais c'est toujours la France qui contrôle la monnaie tunisienne, le Franc. Dès 1958, la France est contrainte d'accepter que la Tunisie quitte la zone Franc pour créer sa propre monnaie le Dinar Tunisien. Cependant, elle refuse d'évacuer ses troupes de Bizerte. En 1961, le président Bourguiba, lance un ultimatum aux Français avant de déclencher la guerre qui fera un millier de morts, presque tous des Tunisiens, pour chasser les Français de cette base militaire de Bizerte. Un an après, le 25 Juillet 1962, le Président Bourguiba obtient gain de cause, six ans après l'indépendance, le Président français De Gaulle annonce que la France accepte de mettre fin à quatre vingt deux ans de présence militaire en Tunisie. En Algérie, en 1962, c'est l'indépendance formelle, comme partout, c'est la France qui contrôle la monnaie. Mais les Algériens insistent que sans la monnaie, ce n'est pas une vraie indépendance.

La France est obligée de concéder la finalisation de l'indépendance algérienne avec la création de sa propre monnaie, le Dinar Algérien, le 1er Avril 1964. à MADAGASCAR En 1972 à Madagascar le Président Ratsiraka, douze ans après l'indépendance, quitte par décret présidentiel la zone CFA pour créer le Franc Malgache, comme monnaie transitoire vers le Ariary, le temps de laisser la population s'habituer à ce changement. Lorsque Madagascar quitte la Zone Franc CFA en 1972, le Franc Malgache est immédiatement déclaré inconvertible en novembre de cette année et un système de réglementation des changes est mis en place. Depuis le 31 juillet 2003, l’unité monétaire malgache est devenue ARIARY (Ariary = 5 Francs malgaches). Toujours en 2003, le Président Ratsiraka exige le départ des troupes françaises et l'évacuation de la base militaire d'Ivato avant le 1er septembre 1973. Le colonel de l'armée française Cazaillet remettra la base militaire aux autorités malgaches un jour avant la date exigée par le Président Ratsiraka. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 23


perspectives

Rwanda le Singapour d’Afrique ?

L'exemption de visa, un aéroport aux normes internationales, une présence policière rassurante, un pays à faible taux de criminalité et un bon réseau routier, amènent le rapport de Renaissance Capital à écrire que "l'ambition du Rwanda à devenir le Singapour de l'Afrique est en bonne voie". Dans les années 1960, Singapour avait un PIB par habitant d'environ 400 USD. Le pays était vulnérable aux conflits et trop dépendant de l'aide étrangère.

Singapour, a cependant, réussi à se transformer grâce à de saines politiques macroéconomiques, à la planification des infrastructures, à la création d'une banque de développement économique, à la construction de parcs industriels pour attirer les investissements, et même l'embellissement de l'aéroport et de la ville pour donner aux investisseurs étrangers, une première impression positive. Le rapport note que la Banque Rwandaise de Développement a

utilisé le produit des privatisations pour financer un réseau à large bande en fibre optique, lancer une zone économique à un kilomètre de l’aéroport, construire des infrastructures routières à travers le pays, y compris les routes transfrontalières reliant le Rwanda à la Tanzanie, au Burundi et à la République démocratique du Congo. Le Rwanda (11 millions d’hts) cherche aussi à se transformer en une destination de conférence, avec la construction d’un centre de conférence d’un coût de 300 millions USD, un nouvel aéroport international et un hôtel (Marriott) cinq étoiles, pour un retour sur investissement projeté à 100 millions USD par an, par le biais du tourisme d'affaires. Sur le front de l'éducation, le Rwanda a prolongé la scolarité gratuite, qui passe de 12 à 15 ans. Le rapport note également que le pays est ouvert à l'immigration afin de fournir au pays, les compétences dont il a besoin. Renaissance Capital, une banque d’investissement d’origine russe, est active sur le continent depuis Marlène MARINA 2007. 

Manuel Vicente, futur Président de l’Angola ? Manuel Vicente, le technocrate qui a transformé la compagnie pétrolière angolaise Sonangol en une véritable multinationale, quitte la présidence de la société après 12 ans de service. Il prend la tête du Ministère de la coordination économique, un poste clé qui devrait lui permettre d’appliquer à la gouvernance de l’Etat les mêmes recettes d’efficacité qui lui ont réussi à la tête de la compagnie pétrolière. Beaucoup d’observateurs voient dans cette nomination, une étape décisive dans la préparation de la succession

de Dos Santos. Ministre d’Etat, il rendra compte directement au Président. Manuel Vicente devra éga-

24 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

lement s’imposer auprès de la vieille garde issue, de la guerre de libération, qui ne voit pas toujours d’un bon œil, ce monsieur de cinquante cinq ans franchir les échelons sans avoir combattu comme eux. Sous sa présidence, la compagnie pétrolière Sonangol s’est développée au Brésil, au Venezuela, en Irak et en Iran, accumulant un véritable trésor de guerre devenu de fait, un fonds souverain doté, notamment, de participations significatives dans les fleurons de l’économie portugaise.  M.M


perspectives

UEMOA | Comptabilité Publique

La nouvelle nomenclature budgétaire Mohamadou SY Siré

Après s’être largement inspirée de la comptabilité commerciale, la comptabilité publique des Etats membres de l’Uemoa passe d’une comptabilité de droit constaté vers une comptabilité de droit liquidé et ceci, depuis le 1 janvier 2012. La traditionnelle dualité Administration publique/ Secteur privé, Droit public/ Droit privé est plus une question de nature (organisation) que de degré (fonctionnement). Tant il est vrai que les principes, les règles et les outils de management du Secteur privé sont monnaies courantes dans les Administrations publiques et leurs démembrements. De part et d’autre, les objectifs sont les mêmes: rentabilité financière pour l’entreprise contre efficacité économique pour l’Etat et ses démembrements. D’un point de vue juridique, ceux qui ont toujours défendu l’idée selon laquelle l’Etat devrait être davantage défini et senti par son Service

Les Ministres en charge des finances dans les pays de l’Uemoa ne sont plus dorénavant, les seuls ordonnateurs principaux du budget.

public (Léon Diguit, l’Ecole de Bordeaux) semblent avoir raison sur ceux qui ont toujours perçu les missions de l'Etat dans son rôle de puissance publique et de détenteur des prérogatives exorbitantes de droit commun (Maurice Haurio). La déconcentration du pouvoir d’ordonnateur principal Du point de vue des acteurs, les Ministres en charge des finances dans les pays de l’Uemoa ne sont plus dorénavant, les seuls ordonnateurs principaux du budget de l’Etat. Chaque ministre devient ainsi, l’ordonnateur principal du budget alloué à

son ministère. Du côté des régies financières, les Directions générales des impôts et/ou des domaines se voient transférer, les compétences du recouvrement des recettes fiscales directes dues à l’Etat (Impôt sur les sociétés, sur le revenu, sur les valeurs mobilières et les taxes assimilées notamment la patente et la contribution des licences) qui étaient jusque là, dévolues aux Trésors publics. Les comptes en mouvement La classe zéro reste et demeure une classe Hors c o m p t a b i l i t é  g é n é r a l e (résultats des lois de règlement et comptes d'or-

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 25


perspectives dre). La classe 3 qui est un compte de stocks dans le Syscoa devient un compte de liaison (comptabilisation des cessions entre les structures d'une même entité mais qui tiennent des comptabilités autonomes) dans la nouvelle nomenclature. La classe 8, Hors activité ordinaire «Hao» au Syscoa devient un compte pour les mouvements de valeurs inactives. La nouvelle nomenclature budgétaire de l’Uemoa préconise également, la suppression de la classe 9 (un compte de comptabilité analytique aussi bien dans le Syscoa que dans la Comptabilité publique, et qui retrace l’exécution de la loi des finances communément appelée budget, en recettes et en dépenses) et recommande, l’utilisation directe des comptes de patrimoine (classe 1, 2, 6, 7) par les comptables principaux (centralisateurs). Depuis 1999, les comptables supérieurs (exclusivement) exécutaient le budget de l’Etat à partir de la classe 9. En fin d’année, comme l’exécution du budget dans son ensemble donne naissance à des rentrées (recettes) et des sorties (dépenses) qu’on appelle dans le jargon, mouvement de fonds, les comptables supérieurs (Trésoriers payeurs régionaux dans les régions, Trésorier général au plan national) passaient, en fin d’année, des (ré) écritures dans les comptes de la classe 1 (Dettes), 2 (Immobilisations), 6 (Charges), 7 (Produits) pour solder (vider) le compte de la classe

9. C’est ce qu’on appelle, dans le milieu de la comptabilité publique, la réflexion. Seulement, cette opération de régularisation restait lourde et très complexe. Est-ce la raison pour laquelle l’Uemoa l’a s u p p r i m é e ?    C e r t a i n e ment. En tout cas, avec la suppression de la classe 9 dans la comptabilité publique des Etats membres de l’Uemoa, les comptables supérieurs passent directement les écritures dans les comptes de patrimoine respectifs (1, 2, 6,7). . Comptabilité en partie double Avant 1999 (directive n°5/98/CM/ Uemoa du 22 décembre 1998), la comptabilité publique des Etats membres de la Zone Uemoa était en partie unique (comptabilité de droit constaté). Depuis 1999 (Directive n° 01/2009/CM/ Uemoa du 27 mars 2009 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2012 et qui se poursuit jusqu’en 2017), les différents plans comptables nationaux des Etats membres de l’Uemoa sont passés en partie double (comptabilité de droit liquidé), tout en prenant en considération, pour certains comptes (classe 0 et 8), de la spécificité de l’Etat, de la puissance publique détentrice des prérogatives exorbitantes de droit commun. Chaque année, à partir de cette présente gestion budgétaire (2012), les Etats membres devront produire des états financiers (compte de

26 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

gestion, bilan et annexes). Dorénavant, on appréciera les finances des Etats de la même manière qu’on apprécie les finances des Entreprises, c'est-à-dire de par ses états financiers, passés à la loupe des ratios de l’Analyse financière, à des variables prés.

Produire des bilans de gestion budgétaire sous entend que les comptables publics dans l’espace Uemoa vont désormais faire des dotations pour provisionner les créances douteuses et établir un plan d’amortissements pour les immobilisations.

La production de bilan : tout un exercice L’Uemoa instruit aux Etats membres, la production des états financiers (Compte de gestion, Bilan et Annexes). La nouveauté est donc la production de Bilan par les Etats, car le TOFE (tableau des opérations financières) est le pendante pour le Public, du Compte de gestion dans le Privé. Produire des bilans de gestion budgétaire sous entend ainsi, que les comptables publics dans l’espace Uemoa vont désormais faire des dotations pour provisionner sur les créances douteuses (recettes et taxes fiscales) et établir un plan d’amortissements pour les immobilisations afin de produire en fin d’exercice budgétaire, des états financiers. Comme cela se fait dans le privé. Seulement, si le bilan a pour objet, à un instant déterminé, de présenter de manière exhaustive, le patrimoine (ensemble des actifs et des passifs) d’une entreprise, par quel calcul, les comptables publics dans l’espace Uemoa, donneront t-ils une valeur financière à des valeurs comme la mer, les parcs nationaux, les forêts, le domaine public maritime, aérien, terrestre? Tout un exercice! 


AFRIcan business journal | avril 2012 | N째02 | 27


© Rouquette Amandiers

dossier

P ro d uction , Distribution et C onsommation d e biens et ser v ices culturels Présenté par Mohamadou SY siré

Afrique : Industries culturelles comme levier de performance économique

Où en sommes-nous ? En 1992, les Chefs d'Etat et de gouvernement de l’OUA avaient adopté le Plan d'actions de Dakar (Sénégal) sur les industries culturelles. En décembre 2005 à Nairobi (Kenya), s’était tenue la 1e session de la conférence des ministres africains en charge de la Culture, suivie d’une seconde session à Alger (Algérie) en octobre 2008 (du 9 au 23). Depuis lors, c’est le silence radio au plus haut sommet, sur la politique des industries culturelles et créatives en Afrique. Même si les acteurs eux, se battent sur le terrain. Dans la foulée de l’adoption du Plan de Dakar, onze pays (Ile Maurice, Namibie, Niger, Algérie, Kenya, Cameroun, Djibouti, Zambie, Tanzanie, Afrique du Sud et Nigéria), avaient adopté

une législation spécifique, pour faire des industries culturelles et créatives dans leurs pays respectifs, un levier de performance économique dans le cadre de leurs politiques publiques. Le

28 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

CHIFFRE

6%

Participation du secteur de la culture au PIB du Mali en 2006

plan d’actions d’Alger (2008) avait été élaboré sur la base de tous les programmes et conventions sur le développement culturel adoptés par les différentes institutions panafricaines et internatio-


© Chloé Sonderfost

dossier

nales, y compris le sommet mondial de Copenhague sur le développement social; la déclaration de l’ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et les cibles établies pour 2015, le sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable en 2002, la Convention de l’UNESCO sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles; la Vision stratégique de la Commission de l’Union Africaine (2004-2007) et sa Charte sur la renaissance culturelle africaine. Les objectifs visés L'objectif premier de ces plans d’actions sur les industries culturelles en Afrique était, d'exploiter à bon escient, le vaste potentiel économique et social des ressources cultu-

relles et créatrices africaines dans le cadre du processus de développement global africain et, de favoriser une amélioration tangible des niveaux de vie des artistes et créateurs africains et de leurs familles, y compris les communautés, tout en contribuant au développement durable et équitable et à la réalisation des OMD à travers la création d'emplois et l’autonomisation de la communauté. Le second objectif consistait à assurer l’organisation, la production, la promotion, la distribution, l’exposition et la sauvegarde des industries culturelles et créatrices africaines et, à positionner le secteur de la culture en Afrique, dans des perspectives où elle peut entièrement bénéficier des stratégies de développement, des technologies et des marchés futurs.

Six pour cent dans le Pib du Mali en 2006 Le poids des filières de la culture dans le monde est estimé à 264 milliards d’euros par an. Aux Etats-Unis, le secteur de la Culture contribue pour environ 10% du produit intérieur brut. Une étude réalisée par l’Union européenne en 2006 sur le Mali montre que le secteur de la culture contribue pour 6% à son Produit intérieur brut.  Malheureusement, dans la majorité des pays africains, le piratage constitue une véritable industrie et un manque à gagner qui pénélise durement les artistes. En Afrique du Sud, il touche 33 % des revenus du secteur de la musique. Au Mali, neuf cassettes sur dix sont piratées et au Burkina Faso, 90 % des films sur support vidéo le sont également.

 Vêtue d’un bel ensemble et d’un grand pagne orangé sur la tête, la beauté de la Diva malienne Oumou Sangaré n’a laissé personne indifférent. Ici en visite le 22 juillet à Nuits d’Afrique, sur la scène du Parterre du Quartier des Spectacles de Montréal.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 29


dossier

Industries culturelles en Afrique

Un constat alarmant En 2004, l'association Culture et Développement a réalisé pour l'Organisation internationale de la francophonie, une étude : «les industries culturelles des pays africains et l’enjeu de la diversité culturelle», réalisée par Marie-Lise Alleman, Francisco D'Almeida. Le constat qu'elle dresse concernant la situation en Afrique est globalement alarmant. Si une capacité de production existe bel et bien, l'absence de stratégies économiques et de politiques publiques favorables, empêchent les pays de saisir les opportunités de développement dans un marché mondial des industries culturelles en pleine expansion.

© Messanlive

Un marché encore largement dominé et peu structuré Selon les statistiques des agences des Nations unies, la demande mondiale de biens culturels croît régulièrement depuis plus de vingt ans à des taux allant jusqu'à 6 %. En conséquence, le dynamisme des échanges dans ces filières constitue, pour les pays du Sud, une opportunité à saisir pour bé-

Centre artisanal Kpalimé-Togo

Si l'adoption de la Convention internationale pour la diversité culturelle par les pays membres de l'Unesco constitue une avancée considérable, la réalisation de ses objectifs en Afrique dépendra d'abord de la capacité des industries culturelles des pays africains à produire, distribuer et diffuser les œuvres correspondant aux attentes et à l'identité de leurs publics. Elle dépendra aussi de leur capacité à se confronter à la compétition internationale surtout lorsque les marchés ne sont pas protégés.

Seule l'existence d'une production vivante et bien distribuée peut garantir la pluralité culturelle de l'offre, sans enfermement culturel ni inexistence sur les scènes du monde. Dans cette perspective, quelle est la place des industries culturelles africaines sur leurs propres marchés et sur le marché international? Quels facteurs déterminent leur situation et leur compétitivité? L'étude sur les industries culturelles des pays du Sud réalisée par l'association Culture et développement, tente de répondre à ces questions.

30 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

«Le Burkina Faso, la Côte-d'Ivoire, le Sénégal et le Gabon ont élaboré des politiques sectorielles pour le cinéma, la télévision et la presse».

néficier des retombées positives de la mondialisation. Toutefois, ce dynamisme des échanges mondiaux de biens culturels est très concentré et déséquilibré. Il se réalise entre un nombre limité de pays : les États-Unis, le Royaume Uni, l'Allemagne, la France, le Japon d'une part, et d'autre part,


dossier l'Inde, la Chine, le Brésil, le Mexique, la Malaisie, les Philippines, la Corée du sud, l'Égypte et l'Afrique du Sud. Les autres pays d'Afrique peinent à exister sur le marché mondial des biens culturels hormis quelques exceptions musicales ou cinématographiques. Néanmoins, il existe dans certains pays africains une capacité de production dans les filières de la musique, de l'édition et de l'image confirmée par l'évolution positive de la production (Burkina Faso, Mali, Sénégal, Gabon, Afrique du Sud). Un marché ignoré par les politiques nationales publiques En somme, la situation des industries culturelles en Afrique présente les caractéristiques d'un marché dominé, peu structuré et quasi ignoré par les politiques publiques nationales. Les industries culturelles des pays francophones d'Afrique subsaharienne sont handicapées par l'étroitesse des marchés nationaux, la taille démographique restreinte ou encore le faible pouvoir d'achat des populations. À cela, il faut ajouter la fragmentation linguistique et culturelle des marchés locaux ainsi que l'insuffisance d'infrastructures techniques. Tous ces facteurs limitent le potentiel de production et de diffusion des produits locaux et leur rentabilité.

En outre, résultant d'une représentation dépréciative de l'artiste, l'absence de statut d'artiste et la précarité de leur situation, liées à une faible culture du droit d'auteur, marginalisent socialement, politiquement et économiquement, les filières qui les emploient. Un environnement financier défavorable Par ailleurs, par manque d'environnement financier favorable et de personnels techniques adéquats, les industries culturelles d'Afrique subsaharienne ne peuvent pas encore assurer tous les maillons de la chaîne économique de la culture. Confrontées à des difficultés d'accès aux finances locales, les entreprises culturelles manquent de capacités à répondre à la demande locale et internationale. L'importation d'intrants à un prix souvent inadapté au prix d'achat local et le taux prohibitif des taxes alourdissent les coûts de production, pénalisent les filières entreprises culturelles et découragent l'investissement local dans ces filières. L’insuffisance de politiques de soutien L'absence d'un environnement institutionnel adéquat freine le développement des industries culturelles d'Afrique par un régi-

«A l'exception de l'Afrique du Sud qui a élaboré une stratégie globale consacrée aux industries culturelles, aucun autre pays ne dispose d'une politique industrielle de la culture articulée à celles de l'emploi, de la formation, du commerce, de l'éducation».

me douanier et fiscal pénalisant, l'insuffisance ou l'inexistence des politiques de soutien, l'absence d'une stratégie économique qui leur soit expressément consacrée. Et les États se privent ainsi, des ressources qu'offrent les maillons où se réalisent de fortes valeurs ajoutées. Le potentiel productif, les obstacles à la compétitivité ainsi que les enjeux qui en découlent, posent le problème du rôle de l'État en matière de politique culturelle, et singulièrement en ce qui concerne l'économie de la culture et des entreprises qui exercent une activité dans ces filières. 

Des actions à mener, des pistes à explorer Le développement des industries culturelles africaines nécessite plus encore des actions de structuration du cadre juridique et institutionnel, d'accompagnement et de soutien aux entreprises culturelles. Pour contribuer à la création de richesses et d'emplois, les industries culturelles ont besoin d'un accompagnement global à travers des programmes de soutien économique et de conseil, comme en Afrique du Sud où le Comité "Arts and Culture Trust" élabore des programmes de développement des marchés et d'information sur le développement des publics. À ce propos, l'absence généralisée de données statistiques fiables est pleine de significations. Elle traduit l'ignorance de l'impact économique de la culture, en même temps qu'elle reflète la faible volonté politique de mieux connaître les réalités de ce secteur d'activités pour en faire une catégorie nécessitant une intervention de la puissance publique. Il est donc urgent pour les pays d'Afrique, de participer eux aussi, à la production de contenus représentatifs de leurs histoires et leurs aspirations culturelles, d'abord sur leurs marchés nationaux et régionaux, ensuite sur les marchés de niche, en misant sur les opportunités qu'offrent la mondialisation, mais aussi les diasporas à la recherche de liens avec leur culture d'origine. Ce défi requiert des politiques publiques incluant la prise en compte des industries culturelles appelées à prendre une importance grandissante dans l'économie de la culture, constate cette étude.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 31


dossier

"L’ar t e st é conomi e e t l’é conomi e e st un ar t "

Kalidou Kassé

Artiste plasticien

Kalidou Kassé est un artiste plasticien. Il est également, le président de la section sénégalaise de l’Association internationale des arts plastiques (AlAP). Délégué auprès de l’Unesco et membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel du Sénégal, Kalidou Kassé fut affublé du titre de «pinceau du Sahel», par le défunt critique d’art sénégalais, Iba Ndiaye «Diadjie». Dans l’entretien qui suit, l’artiste peint son tableau des industries culturelles en Afrique avant de nous entretenir sur le dialogue des arts. Selon vous, l'art s'apprend ou bien il est un don en soi? Être un artiste plasticien, c’est d’abord un don de Dieu, un don du Ciel. Cependant, même si la créativité ne s’apprend pas dans une école, il faut ensuite se former, même si on a des dons. Il faut à l’aller l’école pour apprendre au moins, les techniques ou les tendances et comprendre

certaines évolutions dans ce qu’on fait. Avez-vous appris l'art plastique? J’ai été formé aux Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès, dans la section art lissier-tapisserie, dans les arts décoratifs. C’est ce que j’ai toujours fait. Et depuis lors, je continue mon parcours pour être un plasticien. C’est

32 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

là où j’ai fait ma formation. J’insiste sur la nécessité de se former parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui se disent artistes et souvent, ils ont tendance à répéter qu’ «ils sont artistes peintres autodidactes». Je dis c’est bien. Mais autodidacte, on pouvait le dire dans les années soixante, mais pas actuellement, avec toutes les possibilités de formation qui existent.

De quelle école artistique se réclame Kalidou Kassé? Dans mes œuvres, je ne suis pas un artiste figé. J’évolue avec le temps et l’espace. J’évolue avec l’actualité. J’ai eu à traiter plusieurs sujets dans mes œuvres. J’ai travaillé sur la fracture numérique. Je me rappelle que j’ai fais un tableau sur l’excision en 1982. C’était ma deuxiè-


dossier me exposition au Centre culturel Blaise Senghor de Dakar. C’était une sorte d’alerte, eu égard à une douloureuse situation que j'avais vécu avec ma petite sœur qu’on avait excisée. Cela m’avait fait tellement mal que j’avais peint un tableau sur le sujet. De l'an 2000 jusqu’en 2011, quand le phénomène de l’excision commençait à prendre de l'ampleur dans les média, je me suis rappelé que c’est un thème que j’avais déjà traité. Récemment, j’ai eu à monter une exposition sur les Objectifs du millénaire pour le développement. J’ai pris part en octobre 2011, à une exposition à Los Angeles (Usa), sur les violences faites aux femmes. Je fais de l’art pour le progrès. Quels sont les objectifs que vous fixez à l’art ? Le premier objectif que j’assignerai à l’art, c’est le progrès. Pour

d’aucuns, la création ne doit avoir ni contrainte, ni but lucratif. Raison pour laquelle, le chef de file du Parnasse soutenait que tout ce qui est utile est laid. Pour d’autres, l’art devrait permettre de «vivre de son art», de nourrir son homme. Aujourd’hui, la situation a évolué et les artistes ont une claire conscience de leur mission de créateurs et de porteurs de développement. Ce n’est pas par caprice de riche que Manet, Monnet, Picasso, Vinci sont courtisés à travers la planète… Pour ma part, je me positionne sur la ligne de crête de ces deux courants artistiques. Car, j’y retrouve toute la latitude d’un art plus ample. Comment  cernezvous, la fonction économique de l’Art ? L’art joue un rôle déterminant dans les économies des différents pays du monde, de par sa

Dans la majorité de ces pays, le piratage constitue une véritable industrie. En Afrique du Sud, il touche 33% des revenus du secteur de la musique. Au Mali, neuf cassettes sur dix sont piratées et au Burkina Faso, 90% des films sur support vidéo le sont également.

contribution en termes d’impôts et d’autres taxes dans l’escarcelle de l’État. Même si, sa fonction créatrice du beau, du rêve et de la mémoire pour perpétuer des valeurs fondatrices de notre humanité, ne sont pas prises en compte par la comptabilité publique. Les arts génèrent des emplois à travers ce qu’il est convenu d’appeler, les industries culturelles. L’approche dualiste entre les arts et

l’économie peut heurter le profane avec une vision réductrice de l’Art et de l’artiste , ignorant que l’Art embrasse des disciplines aussi multiples que diverses, comme les arts plastiques, l’architecture, la musique, la danse, la mode, l’artisanat, le cinéma, le théâtre, les éditions etc… Ce n’est pas non plus un hasard, si aujourd’hui en France, il est question d’imposer les œuvres d’art acqui-

BIO EXPRESS Le pinceau du sahel  Né en 1957, Kalidou Kassé, surnommé le "pinceau du sahel" est, sans conteste, l’artiste plasticien qui a réussi la prouesse d’être aussi bien connu à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays, le Sénégal. Sa formation aux Manufactures des arts décoratifs de Thiès, de 1976 à 1979, lui a permis de maitriser les différentes techniques de son art. Kalidou Kassé va connaître son heure de gloire au début des années 90 aux Etats-Unis, au cours d’une série d’expositions et de rencontres. Il prend subitement conscience de la dimension culturelle de l’art ainsi que de la nécessité d’opérer une rupture par rapport à la mouvance généralisée du mimétisme abstrait. Grâce à une recherche de tous les instants sur les ressources incommensurables de l’acrylique et du mélange des couleurs, Kalidou Kassé parvient à offrir au public, des images d’une poignante sincérité. Il sait jouer avec raffinement avec les tons et, arrive à créer des contrastes saisissants qui donnent à ses tableaux, leur extraordinaire expressivité. En 2009, Kalidou crée «Taggat», la première école privée des arts visuels du Sénégal, , après avoir muri l’idée et le projet pendant vingt ans.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 33


dossier

ses par les particuliers et, conservées jalousement dans les coffresforts des banques. C’est parce qu’elles sont des valeurs refuges pouvant traverser allégrement les zones de turbulences de l’économie et, demeurer éternellement jeunes et vierges. Comme l’or, voire plus, car ce dernier est souvent sujet aux fluctuations du marché, l’œuvre d’art constitue un bon placement. En effet, depuis plusieurs décennies, certains pays se sont rendus compte de l’importance de la création artistique dans l’économie. Ce n’est pas pour rien que les œuvres de Picasso et d’autres grands maîtres sont minutieusement gardés dans les coffres-forts de banques ou des musées les plus réputés au monde. Au demeurant, que serait la cité sans art ? Certainement une maison sans enfants avec leurs parfums, leurs cris, leurs éclats de rires. Comment se porte le marché des industries culturelles en Afrique ? Le marché des arts au Sénégal, se porte bien, mais reste toujours informel par manque d’or-

ganisation et de statistiques pour une meilleure visibilité de la contribution des arts sur le plan économique. Au niveau sous-régional, plusieurs rencontres culturelles ont gagné en crédibilité sur le plan international. Je veux parler de la Biennale de Dakar, le Marché des Arts du spectacle Africain (Massa) d’Abidjan, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) au Burkina et les rencontres de Bamako, qui sont de véritables plateaux d’échanges pour redéfinir nos différentes visions sur l’art. Comment les arts plastiques, scéniques, graphiques dialoguentils? Existe-t-il un pont entre l’art moderne et les cultures traditionnelles africaines? Aujourd’hui, les arts se complètent en termes de créations (le Cinéma, les Arts Visuels, la Danse, le Théâtre, la Photographie, le Design etc). L’art étant transversal, englobe toutes les sensibilités, les arts visuels sont présents dans les arts scéniques en termes de design, de décor et de

34 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

En 2010, le marché de l’art s'est établi à 43 milliards d’euros. Les Etats-Unis, avec prés de 34% de ces parts, occupent la première place de l’art et des antiquités. Ils sont suivis par la Chine avec 23% des parts. Le Royaume-Unis occupe la troisième place.

performance artistique (face painting). Il y a toujours eu, une confrontation entre l’art moderne et les cultures traditionnelles, compte tenu de l’évolution du monde. L’art académique est arrivé en Afrique dans les années d’indépendance, avec la contribution des coopérants et par la création d’écoles des Beaux-Arts, en référence à l’Ecole des Peintres de Poto-Poto de Brazzaville (Congo), fondée en 1951, par Pierre Lods. L’Ecole de PotoPoto eut dès 1952, une audience internationale et une influence notable sur celles de Dakar (Sénégal) et de Lubumbashi (RDC). Les masques africains avant les indépendances étaient exportés en Occident et exposés dans les cabinets de curiosité. Et ce fut les premières découvertes par les Occidentaux, des masques Africains. Cela dit, la fonction rituelle du masque a été dé-

tournée de son objectif sacré. Ce fût les premières créations de Picasso sur les masques africains en référence aux demoiselles d’Avignon. Peut-on avoir une idée sur le coût d’une exposition? Beaucoup  d’argent. Je dis beaucoup d’argent, parce qu'une exposition professionnelle ne peut se faire véritablement sans catalogues, sans des critiques d’art, sans des écrivains, des philosophes, des journalistes culturels. Par exemple, si on prend un bon catalogue, il ne peut pas coûter moins de 3 millions F Cfa. Je ne parle pas d’une plaquette, mais d’un catalogue. Si on y inclut un cocktail et tout ce qui tourne autour, c’est facilement 6 ou 7 millions de F Cfa pour organiser une exposition grandeur nature. 


AFRIcan business journal | avril 2012 | N째02 | 35


Soumeya Amrani Marlène Marina Badya Khalid

business case

business case

L’Office chérifien des phosphates

la locomotive

Contributeur de poids dans le produit intérieur brut du Royaume marocain (3%), l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) est également la locomotive qui tire les wagons de l’économie marocaine. Première entreprise industrielle du pays, devenue société anonyme (S.A) en 2008, tout en restant sous contrôle du Royaume marocain qui est actionnaire direct à hauteur de 94% via le groupe Banque centrale populaire, l’OCP assure près du quart des exportations du Royaume. L’OCP, premier exportateur mondial de phosphates (44% des parts de marché en 2009,

L’OCP, premier exportateur mondial de phosphates et troisième producteur mondial de phosphates derrière la Chine et les États-Unis, pèse trois points dans le PIB du Maroc. contre 38% en 2008) et troisième producteur mondial de phosphates (24 millions de tonnes/ an) derrière la Chine

36 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

(30,7 millions de tonnes /an) et les États-Unis (30,1 millions de tonnes / an), pèse 3 points dans le PIB du Maroc. Sans

ses performances exceptionnelles enregistrées ces dernières années, le déficit de la balance commerciale, qui s’est notablement creusé en 2011, passant de 148,4 milliards de dirhams à 185,5 milliards de dirhams, aurait pu être encore plus substantiel. En 2009, l’OCP a enregistré un chiffre d’affaires de 20,7 milliards de dirhams (1,85 milliard d’euros). Pour l’exercice


business case

6, 8 milliards d'euros (75 milliards de dirhams marocains), c’est le montant de l’ambitieux programme d’investissement du Groupe pour les dix prochaines années (2010-2020).

2010, l’OCP a annoncé un bénéfice de 8,85 milliards (786,8 millions d’euros) pour un chiffre d’affaires de 46,3 milliards de dirhams (4,1 milliards d’euros). Une performance portée par l’explosion des exportations des engrais naturels et chimiques qui ont doublé, progressant de plus de 1,7 milliards de dirhams, de février 2010 à février 2011. L’acide phosphorique et les phosphates ne sont pas en reste, s’améliorant respectivement de 25,5% et 49,5%, selon les chiffres fournis par la Direction générale de l'OCP. Le secteur minier, l’un des principaux moteurs de l’économie marocaine, emploie quelque 20.000 personnes. Un effectif appelé à gon-

fler avec l’intégration en cours, dans le cadre d’OCP Skills, de 5.800 jeunes marocains. Effet d’entraînement et préférence nationale L’OCP, au-delà du rôle majeur qu’il joue dans la politique de création d’emploi, a aussi un effet d’entraînement sur les autres secteurs. Ainsi, «le programme d’investissement que l’OCP a lancé devra profiter majoritairement à l’économie nationale», annonce Nordine Znibi, le directeur achats du pôle industriel à l’OCP. D'après lui, «le groupe a réalisé 70% de ses acquisitions en biens et en services auprès de sociétés nationales, notamment d’importants marchés attribués à des Pme marocaines, dans

Sur les 5,15 milliards d'euros (56,6 milliards de dirhams marocains) engagés pour les quatre prochaines années, 1, 7 milliards d'euros (18,5 milliards de dirhams marocains) sont destinés au Pôle Mines et 1,5 milliards d'euros (16,7 milliards de dirhams marocains) au Pôle Chimie.

L'OCP mène une politique qui rapporte aux PME marocaines, des gains allant entre 200.000 dirhams (18000 euros) à 1 million de dirhams (91000 euros). Sur les 2200 fournisseurs du Groupe minier, 1500 parmi eux sont des PME marocaines. le cadre d’appels d’offres à des achats ne présentant pas un enjeu stratégique comme la sécurité, le nettoyage, la maintenance». Une politique qui rapporte aux PME marocaines, des gains allant entre 200.000 dirhams à 1 million de dirhams. En 2010, sur les 2200 fournisseurs du Groupe minier, 1500 parmi eux sont des entreprises marocaines. Et quand ce sont de grandes entreprises étrangères qui remportent un appel

d’offres pour un projet de grande envergure, l’OCP a trouvé la parade pour favoriser la collaboration avec les petites structures locales, avec une clause spéciale de préference nationale qui stipule qu’en en valeur, un minimum de 30% doit être réalisé par des entreprises marocaines. L’objectif étant de garantir à ces sous-traitants des débouchés, parfois pour plusieurs années, en recréant un cercle vertueux de production locale. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 37


business case

OCP Skills Un engagement

en faveur

de l’emploi

Dans le cadre de son programme OCP Skills, l’Office chérifien des phosphates entend faire former de jeunes marocains, dans tous les métiers de sa chaîne de valeur. Cette stratégie d’un budget estimé à 500 millions de dirhams (environ 46 millions d'euros), est censée accompagner son plan de développement industriel et social sur les cinq prochaines années. Ce dispositif s’articule autour de trois volets majeurs et s’inscrit dans l’optique de créer de nouveaux postes, d’augmenter les possibilités d’emploi ainsi que le travail autonome des jeunes. Pour le premier axe, l’OCP ambitionne à

pourvoir, pour l’année 2012, un emploi à quelque 5800 personnes : «de nouveaux postes pour les besoins industriels et de services au niveau des sites OCP, dans tous les métiers et à tous les niveaux», déclare-t-on au niveau du département communication du Groupe.

Le deuxième axe porte sur la formation comme moyen d’améliorer l’employabilité. Sous ce rapport, l’OCP a convenu avec des institutions de formations, de monter des cursus à même de préparer les candidats au marché du travail. Les formations offer-

tes sont orientées vers différents secteurs et en adéquation avec les réalités économiques du royaume. Certaines formations s’étaleront sur une à deux années, durant lesquelles, les apprenants percevront une bourse, allant jusqu’à

Transporter du solide par pipeline ? Dans l’imaginaire collectif, un pipeline n’est construit que pour conduire un corps liquide (pétrole) ou gazeux (gaz naturel). Que nenni, un pipeline peut aussi drainer un corps gras, particulièrement de la boue, grâce à l’effet de la pesanteur. Le cas des phosphates de l’Office chérifienne le démontre. Mais comment trans-

porte-t-on le phosphate par pipeline? En effet, en tant que roche, il est moins liquide que l’eau ou le pétrole. Toutefois, les phosphates extraits se présentent sous forme de boue constituée d’eau à concurrence de 60%. Et ce n’est pas tout. Et comme la nature fait bien les choses et qu’entre entre Khouribga et Jorf Lasfar, la différence d’altitude

38 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

est de 800 mètres, la boue de phosphates va s’écouler par la force de gravitation, sans besoin de sources d’énergie. La mise en service du pipeline est annoncée pour la mi-2012. Le montant de l’investissement est de 3 milliards de DH. Pour les gisements de Youssoufia et Benguérir, l’OCP envisage de construire un pipeline en direction de Safi, à l’horizon 2015 ou 2020,

indique la direction générale. Avec ses importantes réserves et la maitrise de ses coûts de production, l’OCP pourra peser davantage sur le marché mondial, quant il parviendra à maintenir les prix à la tonne de phosphate aux alentours de 150 à 200 USD, pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée, c’est-à-dire, maximiser les profits plutôt que le volume. 


business case 1800 dirhams, en plus des frais de la formation qui seront totalement pris en charge par l’OCP. L e    t r o i s i è m e   a x e consiste en l’appui aux porteurs de projets, en leur allouant le budget, l’appui et le suivi nécessaire». «Un programme qui bénéficie des moyens financiers nécessaires puisque nous avons pris l’initiative de prendre en charge la totalité des coûts de formation des candidats et avec une contribution au financement et aux frais d’accompagnement des porteurs de projets éligibles», annonce Hassan

Berranoun de la direction de communication de l’OCP. Une initiative que Mustapha Terrab, le Pdg de l’OCP, qualifie «d’aventure qu’il est fier de commencer», précisant que ce n’est qu’un début et que l’OCP promet  l’accompagnement d’autres projets. Une soixantaine de projets serait déjà mis en œuvre pour l’année en cours. Pas moins de 15.000 personnes sont concernées par les deux derniers axes de cette stratégie censée apporter une réponse globale à la problématique de l’emploi au Maroc. 

Groupe OCP : le champion marocain Le groupe OCP, premier exportateur mondial du phosphate et de ses produits dérivés (acide phosphorique et de roche de phosphates), est une entreprise marocaine fondée en 1920. Ces activités vont de l’extraction des roches du phosphates jusqu’à sa transformation en différents produits (engrais chimiques et acide phosphorique). Au centre du pays, dans le bassin de Khouribga, se trouve le plus grand gisement de phosphate du Maroc. Le Groupe OCP, première entreprise du royaume chérifien, emploie directement, 18 000 salariés. Moteur de l’économie marocaine, la production toute confondue de l’OCP, représentait en 2010, près d’un quart des exportations marocaines en valeur et 3,5% du PIB.

vingt cinq projets déjà financés Pour concrétiser l’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans la réalisation de leurs projets, une convention tripartite a été signée entre l’OCP, le Crédit Agricole du Maroc et la Fondation des jeunes entrepreneurs. A l’occasion, vingt cinq porteurs de projets bénéficiaires de «OCP Skills» ont déjà reçu un apport de 20.000 dirhams (1800 euros) par porteur de projet. Les projets éligibles vont de l’agriculture (élevage) à la petite industrie (soudure, plomberie, électricité, marbre, menuiserie aluminium) en passant par les services (café, cyber…). Tous ces projets sont situés non loin des sites de production du groupe minier, à Khouribga, Oued Zem, Boujaâd et Benguérir. Prix à la production Le rythme de croissance des prix à la production du secteur minier est en hausse de 3,4 points, passant de 1,1% en moyenne durant la période 1998-2002 à 4,5% en moyenne durant la période 2003-2010. Cette tendance haussière s’est marquée aussi bien au niveau de l’indice du coût de la vie remplacé à partir de 2009 par l’indice des prix à la consommation. Exportations La part des exportations des phosphates et ses dérivés, est passée de 19,5% en moyenne durant la période 19901997 à 16,7% durant la période 1998-2002 avant de s’inscrire dans une phase haussière durant la période 20032010, où elle s’est établie en moyenne à 20,4%. Les parts des phosphates bruts, de l’acide phosphorique et des engrais naturels et chimiques ont respectivement augmenté de 5,5%, 6,7% et 4,5% à 5,9%, 8,7% et à 5,8% entre les deux périodes 1998-2002 et 2003-2010. Source : Direction des Etudes et des Prévisions Financières, tableau des indicateurs macroéconomiques, mai 2011

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 39


business case

Office chérifien des phosphates (OCP)

Un leader mondial à l’affût

L’Office chérifien des phosphates, tout en adoptant de nouveaux process (pipeline, OCP Skills), s’oriente également, vers de nouveaux marchés (Afrique et Amérique Latine). Business model : maximisation du profit par la maîtrise des coûts Le phosphate marocain représente 70% des réserves mondiales et occupe 33% des parts de marché sur l’international. Pour en conquérir davantage, l’Office chérifien des phosphates (OCP) du Maroc s’oriente vers une intégration en amont, par la production d’acide phosphorique et d’engrais. Depuis 2006, l’orientation prise est celle de la maximisation du profit plutôt que du volume: d’abord penser à la marge bénéficiaire plutôt qu’aux parts de marché. En d’autres termes, le business model est de vendre au prix le plus élevé et de produire aux coûts les plus bas, pour soutenir les cours, affirmait en 2009, le Président directeur général de l’OCP, Mustafa Terrab. Management stratégique : repli sur le marché Africain Le géant marocain des phosphates et des engrais a longtemps donné la priorité à ses clients européens, in-

diens et chinois. Mais depuis l’arrivée en 2006 de Mustafa Terrab à la direction générale du groupe, l’Office chérifien des phosphates (OCP) s’est réorienté vers l’Afrique et veut y faire progresser ses ventes. Ce repli tactique sur le continent pourrait s’expliquer par le fait que l’Afrique représente 18 % des terres arables du globe pour seulement 1 % des engrais consommés. Une immense opportunité commerciale pour l’OCP, que d’aller à la conquête du marché de ces pays qui ont opté pour une redynamisation de leur politique agraire (Ghana, Mali, Éthiopie, Kenya, Sénégal). Stratégie industrielle: Pipeline à la place du train Sur le site de Khouribga, la tonne de roche de phosphate est produite entre 10-12 dollars puis, elle est transportée par train à 9 dollars la tonne sur une distance de 200 km environ. Grâce au pipeline dont la construction a commencé en début 2010 et dont la mise en service est annoncée pour la mi-2012,

40 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

le coût du transport depuis le site de Khouribga jusqu’au site de Jorf Lasfar, sera ramené à 1 dollar la tonne. Conséquence, la roche marocaine deviendra la plus compétitive du marché. Le pipeline drainera les produits phosphatés finis extraits des sites de Khouribga, Youssoufia et Benguérir, vers le site de Jorf Lasfar. Toujours au niveau de la production, le Groupe OCP veut passer de 30 millions de tonnes par an actuellement, à plus de 55 millions durant les dix prochaines années, grâce à ses sites qui regorgent d’énormes réserves (60% des réserves mondiales) comme Youssoufia, Ben Guérir Boukraâ et surtout Khouribga où la capacité de production devrait doubler, passant de 18 millions de tonnes à plus de 35 millions à l’horizon 2020. Politique commerciale: vendre du phosphate et du savoir faire Le Groupe OCP ne se contente plus d’exporter le minerai mais aussi de vendre du conseil et du savoir-faire: conception et construction de com-

plexes phosphatiers. Premier client, Libya Africa Investment Portfolio avec qui, il a signé un mémorandum de faisabilité. Le projet, d’un montant d’un milliard de dollars, porte sur la création de trois unités dont l’une va produire un million de tonnes/an d’acide phosphorique; une deuxième unité à Jorf Lasfar qui va produire de l’engrais DAP (phosphate di-ammonique) et une troisième qui va produire de l’ammoniaque en Libye. Cap sur l’Amérique latine (Brésil et Argentine)... Toujours dans sa politique de diversification, le Groupe OCP a ouvert en 2011, un bureau de représentation à Buenos Aires en Argentine- OCP de Argentina-, après avoir ouvert un an auparavant, un bureau à Sao Paolo, au Brésil- OCP Do Brazil-, détenu conjointement avec Maroc Phosphore à hauteur de 70 % et 30 % respectivement. L’OCP prendra une participation de 50 % du complexe industriel et portuaire de Yara à Rio Grande (Sud du Brésil) qui comprendra une unité de production


business case d’engrais phosphatés, le plus grand terminal d’engrais de la région, ainsi que des capacités de stockage d’engrais. Ce choix s’explique par le potentiel de croissance qu’offre cette région. En effet, selon les estimations de l’OCP, les importations de l’Amérique du Sud en engrais phosphatés devront passer de 1,8 millions de tonnes en 2009 à 3 millions tonnes en 2019, soit un taux de croissance de 5,3 %.

...et en Asie du Sud-est Par ailleurs, la deuxième région dans laquelle l’OCP cherche à se renforcer est celle de l’Asie du Sud. Dans cette zone, qui comprend la Chine comme concurrent et où le marché devrait croître de 2,5% à 4,9 millions de tonnes d’ici 2020, l’OCP y dispose d’un bureau de représentation à New Delhi, en Inde, dont l’activité est actuellement limitée à des prestations de conseil et de veille commerciale. 

Mines 1. Production et utilisation des phosphates (En milliers de tonnes) Production marchande Ventes locales Exportation 2. Production et exportation de l’acide phosphorique Production (En milliers de tonnes) Exportation (En milliers de tonnes) Exportation (En millions de dh) Prix moyens à l’exportation (En dh/tonne) Taux d’exportation des phosphates (1)

2005

2006

2007

2008

27254 13888 13385

27386 13834 13399

27834 24861 18307 26603 14007 12034 12569 16444 14204 11824 5825 10221

3390 2164 6880 3179 49.1

3409 2064 6999 3391 48.9

3456 2133 8175 3833 51.0

2771 1530 21096 13786 47.6

2009

3077 1833 7188 3921 31.8

2010

3998 2245 12650 5636 38.4

3. Chiffre d’affaires à l’exportation du groupe OCP (En millions de dh) 16202 17508 22269 51378 18743 18743 Part des produits dérivés des phosphates (En %) 71.8 71.0 72.8 65.5 72.5 72.5 Source : Direction des Etudes et de la Planification Financière

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 41


business case

A n A l y s e L’OCP malade de sa retraite et de sa couverture sociale

Mohamadou SY siré

L'externalisation de 82% des pensions du caisse interne de retraite de l'OCP (estimé à 28 milliards de dirhams) vers le Régime collectif d'allocation de retraite (Rcar) qui a hérité de 32.169 pensionnés et 11.847 cotisants, n’a pas pour autant, encore réglé la question de la couverture sociale des retraités de l’Office chérifien des phosphates (OCP). A l’OCP, ils sont 20.000 pensionnés sur un effectif de 25.000 actifs dont environ 1.000 partent en retraite chaque année. C’est cette détérioration du taux démographique qui est à l’origine de toutes les difficultés au niveau de la couverture sociale des retraités ainsi que de la modicité de leurs pensions de retraite. Jusqu'au milieu des années 90, l'Office n’appliquait que le régime à «capitalisation avec solidarité». Or, ce type de régime ne prend pas en compte, le rapport démographique sous-jacent, parce que ne provisionnant pas les montants correspondants aux engagements des retraites à servir. Conséquence, expliquait le président de la FNAR, Salaheddine Benjelloun dans Finances News Hebdo (15/12/2011), l’OCP va financer par ressources propres, 18,6 milliards sur les 28 milliards de dirhams, et le reste, par crédits bancaires.

Modicité des pensions de retraite Environ 20 % des pensionnés OCP (420 retraités et 6.190 ayants-droit) reçoivent une pension mensuelle dont le montant est inférieur à 1.000 Dirhams, alors que le montant de la «pension minimale» a été

fixé à 1.000 Dirhams. La moitié des 33.166 pensionnés de l'OCP perçoivent une pension dont le montant ne dépasse guère 3.000 Dirhams, affirmait Salaheddine Benjelloum lors des journées de réflexion organisées par la FNAR en 2010. C’est dire que les revenus des retraités OCP demeurent insuffisants pour assurer une couverture décente. Les mesures annoncées pour 2012 Les mesures arrêtées par le Protocole d’accord 2011 et qui devaient entrain en vigueur en janvier 2012 sont: l’élargissement de la liste des maladies graves et chroniques, le déplafonnement des prestations pour les pensionnés et la délivrance des prises en charge au profit des pensionnés. A l’issue du protocole d’accord signé entre l’OCP et la Caisse de dépôt et de consignation (CDG)

42 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

dont sa filiale RCAR exécute le dit contrat, il a été décidé que la couverture médicale des actifs et retraités de l’OCP connaîtra deux transitions. La première s’opérera vers un système unique de couverture (actifs et retraités). La deuxième transition correspondra au basculement vers l’Assurance Maladie Obligatoire, conformément aux dispositions de la loi 65-00. Le cadre institutionnel prévoit, pour les populations OCP, l’affiliation au dispositif de la Caisse Nationale des Organismes de Prévoyance sociale intégrant huit (8) mutuelles sectorielles. L’importance des effectifs de l’OCP (actifs, retraités et leurs familles, soit environ 250.000 personnes) ne militerait-elle pas en faveur de la création d’une mutuelle du secteur des phosphates et produits dérivés? 


business case Programme d’investissement

7 milliards de dollars sur 7 ans L’OCP a lancé en 2011, un important programme d’investissement, d’un montant total de 7 milliards de dollars sur 7 ans, pour l’extension de sa capacité de production. Il s’agit à travers ce programme d’investissement, de réaliser la construction de quatre nouvelles usines de production d’engrais, d'une capacité d’1 million de tonnes par an chacune et dont la construction et la mise en service s’étaleront en intervalles de six mois sur la période de juillet 2013 à juillet 2015. Cette extension permettra au Maroc d’augmenter sa capacité à produire le DAP (phosphate diammonique)/MAP(phosphate mono-ammonique), qui devra passer de 3 millions de tonnes par an actuellement à 9 millions de tonnes/an. L’objectif ciblé à travers ces investissements lourds est de faire du Maroc, un des plus importants fournisseurs mondiaux de phosphate, d’acide phosphorique et d’engrais phosphatés et azotés facilement soluble pour toutes cultures que sont le DAP et le MAP. Ce programme comprend aussi l’augmentation de la capacité d’extraction minière de 30 à 50 Millions de tonnes/an et, l’augmentation progressive de la capacité de valorisation, qui devrait passer de 9 à 38 millions de tonnes/an. Sans oublier, l’extension des installations portuaires, afin de transporter jusqu'à 35 millions de tonnes de produits par an. 

Mustapha Terrab, un ingénieur au long cours Mustapha Terrab a réussi à la tête de l’OCP, une révolution managériale sans précédent dans la gestion globale d’une entreprise publique marocaine. Sa Majesté le Roi Mohamed IV aura vu juste de le rappeler au Maroc et de le nommer à la tête de l’OCP en 2006, après qu’il ait quitté en 2002, la tête de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications. Avec une méthode et un style de management à la M.I.T, donc américaine, Mustapha Terrab a fait de l’OCP, une entreprise repliée sur elle-même à une entreprise communicante. Il a aussi imposé, une nouvelle orientation stratégique à l’OCP qui, tout en faisant le cap sur les Marchés porteurs du continent, prend pied dans les Marchés du futur (Amérique latine) et diversifie les cœurs de métiers de l’OCP (en plus du phosphate et des engrais, l’OCP vend également un savoir- faire industriel mondialement reconnu). Le tout, dans une vision prospective réconciliant compétitivité et protection-préservation de l’Environnement (ville verte à Benguérir, Pipe line à la place du train). Une réussite dans la transformation organisationnelle (OCP Skills) et dans la vision stratégique (extension) qui mériteraient de déboucher sur un livre à mettre au programme de la formation des futurs cadres Africains dans nos Business Schools. Mustapha Terrab, actuel Président Directeur Général du Groupe est natif de la ville de Fès, en octobre 1955. Il est titulaire d’un (PHD) doctorat d’Etat en Recherche opérationnelle du Massachusetts Institute of Technology (MIT, Cambridge, USA), d’un master en ingénierie dans le même institut (1982). Il est également titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris en 1979. Mustapha Terrab a intégré Bechtel Civil (1983/85) et Minerals Inc, à San Francisco en Californie, en qualité d’analyste en systèmes de transport où il était responsable des études planning pour le projet de construction de l’aéroport international de Damman (Arabie-Saoudite) et membre de l’équipe chargée des études économiques liées au projet de la liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar. Il a également exercé en tant que professeur assistant et chercheur au Massachusetts Institute of Technology de septembre 1986 à août 1989 et consultant au laboratoire Draper de Cambridge au Massachusetts de septembre 1989 à juillet 1993. Ses qualités professionnelles lui valent, en 1988, le prix Frederick Hennie III pour «sa contribution exceptionnelle» au programme d’enseignement du département d’ingénierie électrique et informatique du MIT. Il exerça dans l’enseignement jusqu’en 1992 après avoir été professeur assistant au Rensselear Polytechnic Institute, Troy à New-York. En 1992, il est chargé de mission au Cabinet royal. En 1995, il est nommé Secrétaire général au secrétariat exécutif du Sommet économique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (Maroc).Sa Majesté feu Hassan II le nommera en avril 1996, membre du groupe de réflexion auprès de lui avant de le porter à la tête de l’ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications). Le 15 février 2006, Mustapha Terrab est nommé PDG de l’OCP. Mohamadou SY Siré

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 43


analyse

actualité

Octave DOSSOU

L’Afrique se rend … aux urnes vingt élections présidentielles en 2012 :

Le challenge de la démocratie

Pour l’année 2012, pas moins de vingt élections présidentielles auront lieu en Afrique, après que le printemps arabe eut donné le ton, à la fin de l’année 2011. Après la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Niger, le Nigeria et la Centrafrique, Sao Tomé et Principe, le Cap-Vert, la Zambie, le Cameroun, le Liberia, la RDC, le Sénégal, ce sera au tour du Mali (avril 2012), de la Sierra Leone (septembre 2012), du Ghana et du Kenya (décembre 2012), de Madagascar, de la Li-

bye en juin 2012 et de l'Angola (2012) d'organiser des scrutins présidentiels. C’est donc un véritable challenge démocratique qui se présente au continent où certaines élections à la magistrature suprême sont toujours des moments à haut risque pour la stabilité sociale et le progrès économique. Les dix neuf

44 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

élections présidentielles qui ont eu lieu déjà en 2012 sur le continent, n’ont produit que six nouveaux présidents élus. Le printemps arabe a révélé deux nouveaux venus dans le champ politique : les mass-média et la société civile avec qui, les partis politiques devront désormais composer. .../...


analyse

01

06 07

10 09

08

03 11 13

12

04

02

Nature de l’élection Législative Générale Assemblée constituante Présidentielle Locale

05

parution | Afrique : le mirage démocratique Il est de bon ton de considérer que la démocratie progresse en Afrique subsaharienne. Pour l’auteur, la réalité́ est beaucoup plus contrastée. Putsch militaires, coups d’État, refus de certains présidents de quitter le pouvoir ponctuent régulièrement la vie politique de nombreux pays africains. L’obsession de l’Occident pour des échéances électorales considérées comme une fin en soi et non comme l’aboutissement d’un long processus a créé́ une illusion dont il faut désormais se défaire : les simulacres électoraux auxquels on assiste suffisent à relativiser la démocratisation réelle du continent africain et témoignent de la bienveillance complice de la France, de l’Union européenne et des États-Unis. Ce respect formel des normes démocratiques masque mal un enlisement, voire une régression des pratiques politiques africaines. Les exemples sont nombreux : dérives dynastiques au Gabon, en RDC ou au Sénégal, refus de Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir en Côte d’Ivoire, bricolages constitutionnels permettant à des chefs d’État d’être réélus indéfiniment, déni du fait ethnique qui demeure une réalité́ politique incontournable, acceptation du «modèle» rwandais associant croissance économique et répression des opposants. Le populisme, la réécriture magnifiée de l’Histoire et la martingale coloniale qui expliquerait les difficultés africaines actuelles : tout est bon pour alimenter le mirage démocratique en Afrique. Un essai dérangeant mais bienvenu au moment où̀, en un saisissant contraste, les peuples arabes se lancent, eux, dans l’aventure démocratique.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 45


analyse Corrélation entre instabilités politiques et développement économique

Faibles

1

2

4

5

6

7

Risques commerciaux

Faibles

Elevés

A

B

C

Appréciation du risque par Le Ducroire, 25/05/2011

RDC: Opérations d'exportation Risques politiques

1

2

3

4

5

Risques commerciaux

6

7

Faibles

Elevés

A

B

C

Appréciation du risque par Le Ducroire, 06/08/2010

Elections en Afrique, un couteau suisse ?

Libye : Opérations d'exportation

Faibles

Risques politiques

1

2

3

4

5

Risques commerciaux

6

7

Faibles

Elevés

A

B

C

Appréciation du risque par Le Ducroire, 16/01/2012

Tunisie : Opérations d'exportation

Faibles

Risques politiques

1

2

3

4

5

Risques commerciaux

6

7

Faibles

Elevés

A

B

C

Appréciation du risque par Le Ducroire, 24/02/2011

Kenya : Opérations d'exportation Risques politiques Faibles

Depuis le démarrage de ce que l’on appelle les «transitions démocratiques» avec le discours de la Baule en 1990, les élections en Afrique francophone se déroulent dans un contexte de pluralisme politique qui leur donne une toute autre signification, celle d’une compétition et d’un libre choix entre diverses formations politiques et non pas seulement d’un affrontement entre individus. Désormais, les partis au pouvoir commencent à perdre les élections. L’alternance n’est plus interdite et leurs résultats sont acceptés même lorsqu’ils sont défavorables aux sortants (Bénin, Madagascar, Congo, Sénégal, Cap-Vert). Par un curieux retournement, les élections qui avaient été considérées comme une voie privilégiée de sortie de crises et d’expression du pluralisme retrouvé, se voient attribuer la responsabilité des tensions voire des ruptures de consensus qui affectent la vie politique en Afrique. 

3

Elevés

Risques politiques

Faibles

Selon différentes études, le risque politique, entendu comme la probabilité de violence politique, a un effet négatif sur la croissance économique. Par exemple, l'instabilité politique est une fonction croissante de la pauvreté d'après Londegran et Poole (1990) ou décroissante du taux de croissance de l'économie d'après Alesina et al. (1992) et d'après Calipel et Donsimoni (1994). Il apparaît notamment dans ces publications, que les dépenses de santé et le taux de scolarisation primaire réduisent significativement le risque politique, alors que les dépenses militaires l'accroissent.

Côte d'Ivoire : Opérations d'exportation

1

2

3

4

5

Risques commerciaux

6

7

Faibles

A Appréciation du risque par Le Ducroire, 18/11/2011

46 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Elevés

A

B

C


analyse Corrélation entre instabilité politique et croissance économique du Pib

> Côte d'Ivoire Années

2010

2011

2012 (projeté)

2%

-7,3%

5,9%

Taux de croissance

Sources: AfDB Statistics Department, Various domestic authorities; IMF World Economic Outlook (march 2011)

Les perspectives économiques et sociales de la Côte d'Ivoire à moyen terme dépendent largement de la pacification du pays et de la bonne mise en œuvre des programmes d'urgence de reconstruction. En effet, malgré la crise sociopolitique des dix dernières années, les partenariats économiques entre la Côte d'Ivoire et les pays émergents avaient connu une nette progression, en particulier avec les pays d'Asie notamment la Chine, la Corée, l'Inde, Singapour, la Thaïlande, le Brunei-Darussalam, l'Indonésie et la Malaisie. L'Asie est le troisième partenaire commerciale de la Côte d'Ivoire (12.5%), après l'Europe (44%) et l'Afrique (29%). La Chine, au premier rang des partenaires asiatiques, détient une part encore modeste (3.2%), comparativement à ses performances globales en Afrique.

> République Démocratique du Congo Années

1990

1991

1992

1993

1994

1995-96

1997

1998

1999

Taux de croissance

-6,6%

-8,4%

10,5%

-13,5%

-3,9%

0,7%

-6,4%

-3,5%

-4,3%

Du fait de la crise politique qui a sévit durant la decennie1990-2000, la République a basculé dans la récession économique. L'indice des prix à la consommation a augmenté en moyenne de 28% entre 1997 et 2000.Et en 2001, il est tombé à 99 %. Cette crise a été caractérisé par: une pauvreté extrême (malnutrition, maladies, mortalité) de la population en contradiction avec les potentialités du pays ; une économie de survie repliée sur des activités de subsistance et des activités informelles et des exportations qui se rétrécissent chaque année depuis une dizaine d'années ; des marchés des capitaux et de change non opérationnels et des conflits armés et guerres meurtriers ayant entraîné la mort de plus de quatre millions de Congolais et les déplacements massifs des populations.

> Libye Années

2010

2011

2012 (projeté)

Taux de croissance

7,4%

-19%

16%

La facture du conflit sera très lourde pour la Libye. Avec d’énormes revenus pétroliers pour une population relativement restreinte, et grâce à une politique de redistribution comprenant un système très complet de protection sociale et des subventions aux produits de base, la Libye jouissait du troisième revenu national brut (RNB) par habitant d’Afrique et affichait les meilleurs indicateurs de développement humain (IDH) du continent. En 2010, la Libye a enregistré une croissance robuste estimée à 7.4 % et maintenu cette trajectoire jusqu’à l’éruption du conflit. Les autorités programmaient une augmentation de la production de pétrole à 2.5 millions de barils par jour (b/j) à l’horizon 2015, mais l’extraction et les ventes ont été interrompues par la guerre civile.

> Tunisie Années Taux de croissance

2010

2011

2012 (projeté)

3%

1,1%

3,3%

Les déficits budgétaire et courant devraient se creuser, à cause des effets de la révolution sur le tourisme et l’investissement étranger. Avec la fin de la crise et le début de la normalisation, l’augmentation des dépenses, le solde budgétaire s’est dégradé en 2011 (-5.2 % du PIB) et est projeté en 2012, à (-4.8 % du PIB) alors qu’il était resté modéré en 2009 (-2.7 % du PIB) et en 2010 (-2.6 % du PIB). L’inflation qui a été de 4.4 % en 2010, a dépassé l’objectif initial fixé à 3 % et, devrait s’est maintenu à 4.7 % en 2011. Le déficit commercial courant a fortement augmenté, passant à 7.6 % du PIB en 2011, contre 4.7 % en 2010 et 2.8 % en 2009. Cerrtains indicateur macroéconomiques donnaient le bon signal : déficit et monnaie maitrisés, inflation modérée, dette quasiment soutenable et réserves rassurantes mais le taux de chômage des jeunes diplômés ( 35%) était devenu préoccupant.

> Kenya Années

2006

2007

2008

Taux de croissance

6,3%

7,1%

1,7%

Les résultats contestés des élections générales de 2007 ont conduit le pays aubord de la guerre civile, illustrant de manière flagrante sa fragilité économique et politique et a compromis l’exécution de la Vision 2030. La crise a désorganisé l’activité économique et miné la confiance dans les milieux d’affaires. Le tourisme, principale source des recettes en devises et d’emplois, a chuté brutalement. En février 2008, les principales agences de notation ont révisé à la baisse la cote du crédit souverain du Kenya de B+ à B ( hautement spéculatif). En dépit des chocs externes et du manque d’efficacité du secteur public , le pays a enregistré une croissance économique ininterrompue durant les années 2000, alimentée notamment par la capacité du secteur privé à identifier et exploiter de nouveaux créneaux, tels que l’horticulture et les TIC. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 47


les cahiers du manager Présenté par Marlène MARINA

Le Manager idéal existe-t-il ? Non, répond Eric Delavallée, enseignant à l'Institut d'Administration des Entreprises de Paris et intervenant auprès de nombreuses entreprises dans leur démarche de changement organisationnel et salarial, dans son livre «Le manager idéal n’existe pas!». Morceaux choisis. L’auteur part de quatre (4) postulats et de trois (3) hypothèses pour démontrer sa position selon laquelle, le manager idéal n’existe pas. Au chapitre des postulats, Eric Delavallée affirme que le management est un savoir empirique qui prend ses sources il y a plusieurs millénaires; qu’il n’y a pas de «One Best Way» absolu dans le management; que le manager de la vraie vie ne peut avoir toutes les qualités des managers idéaux cités dans certains livres et enfin; le management, à l’instar du mot compétence, est une notion galvaudée, utilisée pour décrire dif-

férents concepts et théories. L’auteur du livre «Le manager idéal n’existe pas» retient trois hypothèses: - les lecteurs sont des managers de proximité de type opérationnels, - le manager lisant l’ouvrage a des doutes sur ses propres compétences et s’interroge sur son travail, - l’apprentissage du management se fait principalement via ses propres expériences professionnelles. Le Management : une action collective finalisée. Dans sa préface, Pierre Morin, consultant en organisation et en gestion

48 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

du management écrit que ce livre dicte ce que l’on doit garder en mémoire en tant que manager, c'est-à-dire l’essentiel afin d’assumer son rôle et non pas des règles, normes et composantes du «management livresque». En effet, le but n’est nullement de dire que l’enseignement du management est inutile ou obsolète, renchérit Pierre Morin. L’important, ditil, n’est pas les règles, techniques, méthodes de contrôle et de planification mais l’adaptation et l’application de cellesci dans des situations et

contextes d’entreprises. Ces derniers étant souvent imprévisibles et fructuants. On parle alors de management situationnel. Quelque soit ce dispositif dit scientifique, le manager reste indispensable afin d’orienter la décision et choisir. C’est lui qui pose les hypothèses et prend en compte l’ensemble des contraintes. De ce fait, deux qualités sont à attendre d’un manager : l’obsession des objectifs aussi divers soient-ils et l’art de les concilier malgré cette diversité. 


  les cahiers du manager

Rôle du Management- Rôle des Managers

Les cinq pôles

Le management comporte cinq (5) rôles : Valorisation des Ressources Humaines, Pilotage d’une unité, Développement des personnes, Animation d’une équipe et Coordination avec l’extérieur. 1. Valoriser les ressources humaines C’est son rôle premier. La valorisation se fait en augmentant la valeur d’une ressource humaine, ressource possédée par les collaborateurs (temps, compétences, énergie, etc.) et valorisée par la mise en place d’un contrôle à 4 étapes : • Fixation d’objectifs individuels, • Suivi des activités, • Evaluation des résultats, • Rétribution des performances obtenues. Le contrat de travail de chaque salarié stipule qu’il leur est versé un salaire contre un travail dans le cadre d’un lien de subordination. Mais, l’Entreprise peut mettre en place un système de rémunération des performances via un système de prime ou de bonus. Ce qui est une notion parfois difficile à assimiler par certains Directeurs des Ressources Humaines (DRH), du fait de l’opposition avec une démarche de minimisation des coûts salariaux. A travers ce système, l’Entreprise cherche à valoriser des ressources humaines et non des ressources financières. 2. Pilotage d’une unité C’est son second rôle. Le but étant de mettre en place, un dispositif de suivi de l’activité pour analyser les écarts afin

de mettre en place des actions correctives si besoin est. Cela permet de faire le point à intervalles réguliers. Mais, il ne faut pas oublier que tout n’est pas prévisible au moment où sont posés les objectifs. Piloter, c’est prévoir. Mais, c’est aussi s’ajuster, ajuster les objectifs ou les moyens pour les atteindre. «Planification et contrôle sont les deux mots clés du pilotage». 3. Développement des collaborateurs Ceci est le premier rôle du management centré sur les personnes. L’autre étant l’animation d’une équipe. Autant ce rôle premier est à caractère individuel, autant le second est basé sur le moyen et le long terme et vise à accroître l’autonomie des collaborateurs par le développement des compétences et la satisfaction de leurs compétences. Le manager doit s’assurer de la mobilisation de ces compétences pour produire une performance. Ici, se trouve la différence entre la compétence et la performance. De plus, les tâches à effectuer pour réaliser cette performance ne sont pas systématiquement motivantes. 4. Animation d’une équipe Ceci est le quatrième rôle du

management. Il a pour but, de transformer un ensemble d’individus en un «groupe vivant et vivable». Cette équipe est supérieure à la somme des individus qui la composent. Ici il n’y a pas de règles à tenir, il n’y a que des cas particuliers. Chaque individu étant lui-même un cas particulier. 5. Coordination avec l’extérieur C’est le cinquième et dernier rôle du management. Celui-ci est à la fois manager et managé, responsable et subordonné à la fois. Chacun de ces rôles sont interdépendants. Cela permet d’assurer une coordination au sein de l’Entreprise. De ce fait, le manager est «une courroie de distribution». Les organisations fonctionnant comme un réseau maillé de managers. Ici, le rôle du manager est d’assurer une cohérence entre le point de vue, les exigences et obligations de ses pairs et vis-àvis de sa hiérarchie d’une part, et envers ses collaborateurs de l’autre. Le manager doit défendre les intérêts des deux parties et se trouve donc, au point de jonction entre des logiques et intérêts souvent divergents. Il se doit de les accommoder en arbitrant entre les divers objectifs. Le responsable hiérar-

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 49


  les cahiers du manager chique n’est pas la seule personne «extérieure» au service. Ce dernier a des clients et des fournisseurs. Le manager est donc redevable des résultats et informations vis-à-vis de ceuxci. Ce cinquième rôle s’avère être le plus politique des cinq, du fait des multiples intérêts divergents des différentes parties. Le manager se transforme alors en négociateur. Complémentarité et convergence Ces cinq rôles sont interdépendants, complémentaires et convergents mais également, potentiellement antagonistes du fait de logiques et d’intérêts souvent divergents. Ces rôles «consomment tous le même carburant» : le temps. Le manager se doit de prioriser et d’arbitrer en fonction des objectifs et situations mais également, du contexte dans lequel se trouvent son service et l’Entreprise au moment donné. Certains managers cependant, mettent plus l’accent sur l’animation et le développement, d’autres sur le pilotage. Chacun doit trouver son équilibre même si ce dernier évolue avec le temps. Division horizontale du Management Mais les cinq rôles peuvent être répartis entre plusieurs managers et donc faire l’objet d’une division horizontale du management : l’un anime, l’autre pilote. Le rôle de chaque manager est une partie ou la totalité des 5 rôles du management, malgré que tous doivent être remplis pour obtenir une performance. C’est en ce sens que le manager de la «vraie vie» est imparfait. Il lui faut "bricoler" pour pallier à cette imperfection. «Le management tient plus du bricolage que de la science, …, le mana-

Collectif

Animation d'équipe

Pilotage d'unité

Personnes

Performances Développement des collaborateurs

Valorisation des ressources

Individuel Coordination avec l'extérieur

ger est un champion du système D». Etre un bon manager, c’est d’abord s’avouer son imperfection.On peut remarquer que les formes de division du travail de manager se multiplient. Ceci

du fait de l’accroissement de la complexité des organisations. Il faut plusieurs managers de la «vraie vie» pour faire un manager idéal.

Le manager est d’abord un "problem solver" Le manager est un ''problem solver'' qui passe ses journées à "mettre de l’huile dans les rouages" et les problèmes peuvent être regroupés en 4 catégories : L’incertitude : Le manager doit le plus souvent décider avec incertitude, en ayant une rationalité limitée du fait de l’environnement mouvant et imprévisible.Son intuition est donc irremplaçable. Les arbitrages : Les objectifs résultent d’un ensemble de négociations entre des acteurs dont les intérêts sont divergents. Ils ne peuvent être tous atteints simultanément. Il faut donc les prioriser en arbitrant. Le temps : Le problème est de gérer continuellement une pénurie de temps, ressource extrêmement rare du fait qu’il y a toujours quelque chose à faire, des choses très diverses à effectuer toujours dans l’empressement. « Le management est intrinsèquement chronophage ». La dépendance : Le problème vient de l’obtention de résultats de personnes qui dépendent moins du manager que le manager ne dépend d’eux. Le manager a besoin de ses collaborateurs afin de produire cette performance tant voulue puisque c’est le manager qui est responsable de celle-ci.

50 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Eric Delavallée, Le manager idéal n’existe pas!, Edition d'Organisation, 2004


  les cahiers duactualité manager

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 51


les cahiers du manager Mohamadou SY siré

Cession-Fusion-Acquisition

Comment évaluer son Entreprise ?

Face aux contraintes du Marché, les Entreprises optent soit pour des stratégies de croissance externe (fusion, apport partiel d'actifs, rachat) soit pour des stratégies de croissance interne (augmentation de capital). Dans l’une comme dans l’autre, la première étape consiste à une préalable évaluation (réelle) de l’Entreprise. De la valeur de votre Entreprise L'évaluation d'entreprise est un exercice financier à la fois difficile et relatif, vu la pluralité des méthodes pouvant être pratiquées selon l'approche choisie. Dès lors, à côté de l'exercice purement technique, il est important

de procéder à un diagnostic global de l'Entreprise. Lequel cherche à cerner plusieurs aspects: l'environnement économique et l'analyse stratégique, l'outil de production et la technologie, le marketing et le commercial, les éléments juridiques et fiscaux, les ressources humaines, les fi-

52 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

nances et la comptabilité. Toutes ces sources d’information concourent à permettre à l’évaluateur, de mettre en œuvre la méthode choisie. Il a en effet, le choix entre les méthodes basées sur le patrimoine, les méthodes fondées sur le rendement ou encore les méthodes composites.


  les cahiers duactualité manager I- L'évaluation basée sur les actifs Il s'agit d'évaluer ce qui appartient à l'Entreprise. Cette approche patrimoniale du bilan compare ce que l'Entreprise a (actif) et ce qu'elle doit (passif exigible). Sous ce rapport purement comptable, il convient de procéder à certaines corrections, de façon à évaluer au mieux, la réalité du patrimoine. Les méthodes fondées sur le patrimoine ont été considérées comme obsolètes, comparées aux nouvelles techniques d'évaluation. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce rejet, parmi lesquelles: le principe d'enregistrement au coût historique, qui ne rend pas compte de la valeur réelle des immobilisations, l'absence de certaines valeurs (marques, fonds de commerce..) au bilan, les politiques de lissage des résultats entre autres. Il s'y ajoute que l'approche par le patrimoine ne tient pas compte de la qualité du management, de la position de l'Entreprise sur son marché et de ses possibilités futures. Mais, avec le développement des Offres Publiques d'Achat (OPA), les reprises d'Entreprises avec effet de levier, les liquidations ou privatisations, ces méthodes connaissent un certain regain d'intérêt. En effet, bien souvent, les actifs récupérés servent de garantie, de moyen de financement ou de réserve de sécurité dans les montages imaginés par les repreneurs. La technique consiste donc à opérer des corrections et redressements afin de pouvoir construire un tableau de synthèse reflétant la situation réelle de l'Entreprise. Cet exercice bilanciel est complété par le sort réservé au résultat. A-Les différentes valeurs d'actifs L’évaluation n'est pas uniforme. Elle fait intervenir, en fonction de la nature de l’élément d’actif,

plusieurs types de valeurs d’approche. 1- La valeur de liquidation forcée de l'Entreprise Elle comporte deux variantes : optimiste et pessimiste. Dans la variante pessimiste, il s'agit de la valeur à la casse qui correspond au prix de vente des équipements considérés comme hors d'usage. C'est en quelque sorte, une forme extrême de la valeur de liquidation. Dans la variante optimiste, la liquidation est progressive et l’Entreprise réduit sans hâte, son activité et ses moyens. Les actifs sont cédés à un prix négocié. La valeur liquidative sera le produit de la vente des biens auquel il faut ajouter les créances dans un contexte de liquidation progressive, avec défalcation (moins) de l'impôt sur les plus-values de cession nettes des moins-values, mais sans charge exceptionnelle de restructuration. Il y a comme une sorte de tentative de poursuite de l'activité. En pratique, il s'agit d'appliquer aux actifs, une décote globalement estimée en fonction de leurs natures, suivant une échelle normative, donc adaptable. Il convient de préciser que ces décotes sont purement indicatives et ne traduisent que des fourchettes de travail. 2- La valeur d'usage Elle intègre également plusieurs variations : valeur vénale, valeur à neuf, valeur d'acquisition, valeur d'utilisation. Le plus souvent, la valeur d'usage se ramène à la somme des valeurs vénales pour les biens hors exploitation ainsi que les valeurs d’utilisation des biens directement liés à l’exploitation et dont la vente ne pourrait guère se concevoir dans l’optique de la continuité.

3- La valeur d’assurance Son calcul est soutenu par un rapport d’expertise. En pratique, elle subit souvent un abattement de 30% compte tenu de son caractère gonflant. Toutes ces méthodes d’approche de la valeur permettent de calculer l’actif net comptable (anC) ou valeur mathématique (différence entre les actifs réels et les dettes réelles ou capitaux propres diminués des actifs sans valeur et augmentés des passifs sans valeur). C’est l’actif net comptable qui permettra donc d’arriver à un actif net comptable corrigé (anCC), par le jeu des déductions et des réintégrations d’impôts sur les sociétés (IS) latents. B- L’affectation du Résultat Lorsque les derniers documents font apparaître un résultat important ou lorsque le bénéfice distribuable est conséquent en raison de la mise en report des résultats des précédents exercices, il est essentiel de connaître l’affectation de ces sommes pour les traiter selon le cas, comme une dette à court terme (part distribuée) ou comme capitaux propres (part non distribuée). Il est toutefois nécessaire de tenir compte de l’impôt. II- L’Evaluation fondée sur la capitalisation des flux Elle est basée sur le rendement. Pour l’acquéreur, elle revient en fait à apporter une réponse à la question suivante : compte tenu du rendement financier de l’Entreprise, combien suis-je disposé à investir ? La réponse entraînera de facto trois autres questions : à quel taux faut-il actualiser ? Quel flux faut-il retenir ? Sur quelle durée doit porter le calcul ? Ces trois questions sont la mise en œuvre de deux principaux types d’approche : l’approche par le bénéfice et l’approche par le rendement.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 53


  les cahiers du manager 1- Choix du taux d’Actualisation Cette approche fait appel à la valeur de rentabilité (comptabilisation du bénéfice moyen futur à taux d’actualisation connu), la méthode boursière (bénéfice courant et fonction de croissance associés dans une analyse de Price earning ratio «Per»). La détermination du taux d’actualisation a un caractère plus ou moins arbitraire. Pour l’acquéreur, il peut être le coût actuel du capital ou une simple exigence de rentabilité. Les investigations menées à l’intérieur de l’Entreprise permettant bien souvent de modifier le taux arrêté.

La zone de valeur où il faut se maintenir En définitive, dans la négociation entre l’acheteur et le vendeur, apparaissent des limites au delà desquelles, il ne peut y avoir accord. Pour le vendeur, l’actif net réévalué constitue un minimum alors que pour l’acheteur, l’opération s’analyse comme un investissement dont la rentabilité doit être comparée à la rentabilité minimale d’un placement d’un même montant sur le marché sans risque. Les méthodes qui viennent d’être présentées permettent de fixer un prix qui se situe entre ces deux limites, en donnant des poids différents à l’actif et à la valeur de rentabilité. Il s’agit bien là de la fameuse zone de valeur dans laquelle, chaque partie veut se maintenir.

2- Choix du flux à actualiser Une fois le flux choisi, il est corrigé d’une façon extra comptable par des éléments exceptionnels. Les résultats sont alors variables: résultat courant après impôt sur les sociétés (IS) théorique, résultat d’exploitation après IS théorique, excédent de trésorerie d’exploitation (ETE) après IS théorique, dividende ou capacité d’autofinancement (CAF). Le choix est largement influencé par le type d’Entreprise : investissements industriels, société cotée en bourse, titres sociaux d’une PME. Cette méthode fondée sur les flux financiers (discounted cash flow, sinking fund) part de la formule de base suivant laquelle, la valeur de rendement d’une entreprise correspond à son dividende, avoir fiscal compris, divisé par (/) par le taux de rendement attendu. Sa formule mathématique donne : V (valeurs)= d (dividendes) / r (rendement).

(t), la durée (n). Pour évaluer la valeur de l’entreprise (v.e), la formule de calcul sera : v.e= r1-(1+i)-n/i.

3- Choix de la durée Cinq (5) ans est souvent une durée retenue pour le calcul des flux prévisionnels. Il s’agit alors d’actualiser la valeur de l’Entreprise dans les cinq (5) ans, laquelle dépend des flux futurs : soit r le Résultat à actualiser (r), le taux d’actualisation

1-L’évaluation indirecte du goodwill Appelée aussi méthode des praticiens, elle suppose une certaine complémentarité destinée à combler les insuffisances des deux principales techniques d’évaluation, en faisant la moyenne arithmétique

III-L’Evaluation fondée sur les méthodes composites Henry Ford disait que les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan de l’Entreprise : sa réputation et ses hommes. L’évaluation fondée sur les méthodes composites est principalement inspirée de la notion de «goodwill». En effet, selon les anglo-saxons, il y a des éléments de l’Entreprise qui ne figurent dans aucun état financier : le climat social, la notoriété, la bonne organisation de la production, dynamisme d’une équipe de commerciaux ou de chercheurs, croisement fertile des compétences. C’est ce qu’on appelle le «goodwill» et qui peut être évalué indirectement ou directement. A l'inverse, il y a aussi le "Badwill".

54 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

ou la ventilation en pourcentage de la valeur de rendement. Souvent utilisée par l’administration fiscale, elle permet une évaluation indirecte du superprofit. 2- L’évaluation directe du goodwill Le goodwill étant un supplément de résultat par rapport à la rentabilité théorique de l’actif engagé, il convient d’adopter une démarche assez délicate et progressive: déterminer l’actif engagé, déterminer la rentabilité théorique, calculer le super bénéfice ou rente de goodwill, capitaliser l’écart et enfin choisir une période de capitalisation. Les méthodes directes intègrent des schémas très divers (méthode des anglosaxons ou méthode simplifiée de l’Union des experts Comptables européens). Dans tous les cas, l’acheteur devra intégrer dans l’évaluation, l’incidence de l’effort financier qu’il devra fournir, en engageant dans le futur, ses capitaux pour rééquilibrer la structure financière et financer le développement. Il devra alors fixer les investissements et les besoins de fonds propres nécessaires pour faire face aux exigences de sécurité. 


  les cahiers duactualité manager

>>> Boite à outils Les ratios sont des outils de comparaison qui visent à analyser la gestion, la rentabilité et la structure financière de votre entreprise. Les ratios contribuent à déceler rapidement les forces et les faiblesses de votre entreprise en ce qui concerne son autonomie et son indépendance financière, ses performances, sa solvabilité et sa trésorerie. Il existe de multiples possibilités pour établir des ratios. Sont présentés ci-après des ratios de structure financière, des ratios de performance et des ratios de trésorerie..

Ratios de structure financière Il permet de connaître la capacité de l’entreprise à se financer par ses propres moyens (capital social, réserves). Ratio d’indépendance = Capitaux propres/Capitaux permanents Pour être jugé acceptable, ce ratio doit être supérieur à 50 %. • Le ratio d’autonomie financière Ce ratio mesure la part de financement propre de l’entreprise par rapport à l’ensemble des financements. Ratio d’autonomie = Capitaux propres/Total bilan

• Les ratios de rentabilité par rapport à l’activité Ratio de rentabilité = Bénéfice net/Chiffre d’Affaires HT Ratio de rentabilité = Capacité d’autofinancement (CAF) / Chiffre d’Affaires HT • Le ratio de rentabilité par rapport aux capitaux investis Ratio de rentabilité = Résultat net/Capitaux propres

Ratios de trésorerie

Un ratio d’un niveau cmpris entre 20 et 25 % est considéré comme satisfaisant. • Le ratio de remboursement des dettes à long terme

Ils mesurent les délais de règlement des clients et des fournisseurs ainsi que les besoins financiers nécessaires à l’exploitation.

Ratio de remboursement des dettes = Dettes à long terme / Capacité de remboursement (CAF)

Délai de règlement clients (Nombre de jours de CA TTC) = (Créances clients fin d’exercice + EENE* x 360) /Chiffre d’affaires annuel TTC

Un multiple égal à 3 ou 4 signifie que 3 ou 4 années de résultat de l’entreprise (CAF) seront nécessaires pour rembourser les dettes à long terme. Un tel niveau est jugé correct par les financiers.

Ratios de rentabilité Deux notions de rentabilité doivent être distinguées : • le résultat (bénéfice net ou capacité d’autofinancement) par rapport à l’activité (ventes) ; • le résultat par rapport aux moyens financiers mis en œuvre (capitaux permanents, capitaux propres). Les ratios obtenus sont à comparer avec ceux obtenus dans d’autres entreprises du même secteur d’activité.

*EENE : effets portés à l’escompte et non échus Délai de règlement fournisseurs (Nombre de jours d’achats TTC) = (Dettes fournisseurs x 360)/Achats TTC Ratio de besoin en fonds de roulement (en nombre de jours de CA) = (Besoin en Fonds de roulement x 360) /Chiffre d’affaires annuel TTC

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 55


  les cahiers du manager

Les organisations sont de plus en plus prises dans un tourbillon environnemental, elles ont besoin, dès lors, d’organiser le système de gouvernance pour améliorer leur prise de décision. Il s’agit d’un véritable mode de régulation des comportements des dirigeants basé sur la transparence, l’éthique et l’engagement vérifiable. La gouvernance implique que l’organisation concernée s’organise différemment, crée et utilise des outils appropriés.

Les règles du Gouvernement d’entreprise Par Mohsin Berrada Directeur CREOG Conseil en Restructuration Organisation et Gestion creog@creogmanagement.net

56 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


  les cahiers duactualité manager même que l’efficience dans l’usage des ressources disponibles. La gouvernance d’une organisation atteint son objectif lorsque chaque instance remplit ses missions dans l’intérêt général commun des membres de l’entreprise.

L’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) définit la corporate governance comme l’ensemble des « règles et pratiques auxquelles les organisations économiques répondent aux problèmes d’informations et d’incitations inhérents à la séparation de la propriété et du contrôle dans les grandes entreprises». La gouvernance est, donc, la mise en œuvre du système par lequel les entreprises sont dirigées et contrôlées. C’est un processus de direction et de contrôle de l’entreprise qui concilie au mieux, performance de la gestion, sécurité pour les actionnaires et pérennité de l’entreprise. C’est une boîte à outils pour améliorer la prise de décision en entreprise et les relations entre actionnaires, managers et partenaires de l’entreprise. Deux types de gouvernance

coexistent nécessairement dans une organisation. Le premier, «Gouvernance Corporate», guidé par la séparation des fonctions de propriété et de gestion définit les dispositifs par lesquels les actionnaires mandants contrôlent les dirigeants mandatés ; le second, « Gouvernance Opérationnelle », définit la relation entre les dirigeants, les fonctions supports et les métiers et filiales, acteurs dans la création de valeur de l’organisation. Le système permet ainsi de mobiliser tous les intervenants en faveur de l’entreprise et de prévenir toute destruction de valeur pouvant se révéler coûteuse. L’objectif de la gouvernance est de renforcer la capacité et l’efficacité des instances (assemblée générale, conseil d’administration, direction générale) dans la définition et la mise en œuvre de la stratégie, de

Une bonne gouvernance est d’abord une affaire de principes, de valeurs, avant d’être un domaine réglementaire. La bonne gouvernance exige une certaine responsabilité des gestionnaires vis-à-vis de la direction générale, et de celle-ci vis-à-vis des actionnaires et des différentes parties prenantes. L’OCDE, utilise le terme responsabilité pour désigner « l’obligation faite à ceux qui sont investis de missions précises d’en rendre compte et d’en assurer la responsabilité. » Un système de bonne gouvernance devrait reposer sur un comité d’audit efficace, une direction digne de confiance, des auditeurs tant internes qu’externes indépendants et objectifs et des systèmes de contrôle et de management des risques performants. Les différents acteurs de la gouvernance devraient veiller à l’instauration d’un climat relationnel mesuré et équilibré autour de systèmes de communication et de compte-rendu réguliers et fiables. Les principaux éléments de la bonne gouvernance sont:

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 57


  les cahiers du manager - l’obligation de rendre compte : du bas de l’échelle au sommet de la hiérarchie, toute personne de fonctions confondues doit rendre compte de ses actions et de ses décisions par rapport aux objectifs convenus ;

leur gestion (cartographie et plans d’actions);

- la transparence : les actions et les décisions sont ouvertes à l’examen par toute entité de contrôle ou de management ou de direction ;

Le comité d’audit n’a pas de pouvoir de décision sur les sujets relevant de sa mission. Il présente au Conseil des avis et des recommandations. Son rôle est purement consultatif. Il est fortement impliqué pour :

- l’efficacité et l’efficience: l’amélioration continue doit animer l’esprit de chaque membre de l’entreprise dans l’exécution de son travail au quotidien; - la réceptivité : l’esprit de communication ainsi que l’acceptation d’idées nouvelles différentes aux nôtres doit constituer un plus et une richesse pour le groupe ; - la primauté du droit : le droit est au-dessus de toutes autres considérations et de ce fait doit être respecté à la lettre et sans aucune concession. Le comité d’audit est l’émanation du Conseil. Il a pour mission de faciliter la décision du Conseil dans trois domaines, en assurant le suivi: - du processus d’élaboration de l’information comptable et financière, conformément aux exigences légales et réglementaires; - de l’efficacité du dispositif de contrôle interne et de l’analyse des risques et de

- de l’indépendance de l’audit interne et externe et de la coordination de leurs efforts pour une communication efficace.

- proposer la désignation des commissaires aux comptes, leur rémunération et s’assurer de leur indépendance ; - valider le niveau de compétence et l’organisation de la fonction finance tout en s’assurant de l’adéquation des ressources ; - veiller à la bonne application du code d’éthique ; - évaluer les procédures de contrôle interne et de suivi des risques ; - prendre connaissance de l’état annuel des contentieux importants ; - examiner les hypothèses retenues pour les arrêtés de comptes, étudier les comptes consolidés avant leur examen par le Conseil, en ayant pris connaissance régulièrement de la situation financière, de la situation de trésorerie et des engagements de la sociét ; - évaluer la pertinence du choix des principes et méthodes comptables ;

58 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

- examiner les programmes annuels de travaux des auditeurs internes et externes; - examiner les rapports d’audit interne et de commissariat aux comptes ; - réaliser des visites périodiques des entités du groupe et du management, le cas échéant ; - prévenir et détecter la fraude en adoptant et en diffusant un certain nombre de grands principes d’éthique et de comportements et les véhiculer; - mener certaines investigations et faire appel à des experts sur des points spécifiques ; en relation avec le comité des nominations et des rémunérations, créer un plan de succession pour les membres du comité d’audit et son Président. La composition est fixée exclusivement par le Conseil (deux à trois membres en plus du président): - 2/3 des administrateurs doivent être indépendants, n’exerçant pas de fonctions de direction au sein de l’organisation; - un président choisi parmi les administrateurs indépendants. La composition du comité d’audit doit répondre à deux critères essentiels: l’indépendance et la compétence. 


manager un projet SERIE 2

feuilleton managérial

  les cahiers du manager

2- Planifier le déroulement d'un projet avant son lancement Khalid LIMAMY Consultant en Management de Projet khalidlimamy@gmail.com

SERIES 1- Bien préparer un projet 2-Planifier le déroulement du projet 3- Gérer et piloter un projet 4- Manager l’équipe projet

La Planification est souvent perçue comme un processus fastidieux que la plupart des managers essayent d’éviter: elle prend du temps, nécessite des efforts de réflexion et implique de la rédaction. En plus, elle engage le manager et son équipe sur des résultats et des délais précis. Pourquoi alors planifier ? La question est d’autant plus justifiée que la réalité a tendance à s’éloigner des prévisions. Pour Adil MEDKOURI, Directeur Général du groupe Marocain Three Comp, la réponse tient en une phrase: «Ce qui n’est pas planifié est souvent ingérable». Il ajoute que, le groupe a institutionnalisé une planification détaillée, selon un modèle formalisé, pour tous les projets déclinés de la stratégie. La planification sert en effet à produire le plan du management du projet qui constitue la référence de base pour le suivi, le contrôle et la maitrise du projet. Le plan est une sorte de feuille de route qui sert également à : • Décrire le déroulement du projet et la manière dont il sera exécuté, maitrisé et clôturé ; • Guider la réalisation du projet ; AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 59


  les cahiers du manager • Faciliter la communication avec et entre les parties prenantes ; et • S’approprier de façon collective un même référentiel. Ceci dit, comment planifier un projet? Par quoi commencer? Quelle démarche suivre? «Project Management Institute», dans la dernière version de son référentiel PMBO décline la planification en 20 processus liés à plusieurs domaines : le contenu, les délais, les coûts, la qualité, les ressources humaines, les communications, les risques, les approvisionnements et l’intégration. 20 processus, 9 domaines de connaissances, des entrées des outils et des livrables pour chaque processus! Rassurez-vous nous n’allons tout de même pas vous y noyer. Nous vous livrons plutôt, la planification sous forme d’une démarche claire et pragmatique matérialisée par la succession de 10 étapes.

Rédiger la charte de planification. Les éléments de la planification doivent être produits et interprétés de la même façon par tous les acteurs concernés par le projet. Les conventions établies, les choix effectués et les hypothèses adoptées pour planifier sont

à préciser et à communiquer à l’ensemble des parties prenantes. A cet effet, le manager du projet invite son équipe à rédiger une charte qui précise notamment : • Le calendrier du projet et les horaires à adopter ; • Le mode de représentation des plannings ; • La codification des activités ; • Les unités adoptées pour les durées, les charges et les coûts.

 Identifier le contenu du projet. Définir le contenu consiste à préciser le travail à effectuer dans le cadre du projet. Ce qui revient à identifier l’ensemble des activités nécessaires pour produire les livrables du projet. Pour y arriver l’équipe procède généralement à un découpage progressif du projet selon une démarche ascendante. Le découpage se fait, dans la plupart des cas selon une logique fonctionnelle ou selon une répartition métier. On aboutit ainsi à une arborescence qui regroupe l’ensemble des activités : le WBS (Work Breakdown Structure).

matrice des rôles est alors produite. Elle précise pour chaque activité particulièrement : • Les personnes chargées du contenu ; • Les ressources matérielles affectées, • Les ressources financières dédiées ; • L’acteur responsable de l’activité et éventuellement celui qui approuve le travail réalisé.

 Estimer les durées et les charges de travail. La durée de l’activité et sa charge de travail sont deux variables distinctes mais liées par le taux de mobilisation de la ressource affectée. Certains managers partent de la durée pour retrouver la charge alors que d’autres préfèrent estimer d’abord la charge de travail. Dans tous les cas l’estimation nécessite une expertise de la part des responsables des activités. A défaut d’expérience et de données historiques, on recourt généralement à la méthode DELPHI (estimation des experts) ou à la méthode analogique.

 Affecter les ressources.

Préciser les liens de dépendance entre les activités.

Une fois le WBS élaboré, précisez de façon formelle l’affectation des ressources aux activités du projet. Une

Les liens ne correspondent pas à des conditions temporelles, ce sont les critères logiques qui conditionnent

60 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

l’enchainement des activités. Ils reflètent des contraintes techniques engendrées par la nature des activités. Ne retenez que les dépendances obligatoires de façon à réaliser le maximum d’activités en parallèle pour gagner du temps.

Elaborer l’échéancier du projet. L’échéancier consiste à élaborer un planning permettant de préciser, pour chaque activité ses dates de début et ses dates de fin. Utilisez la méthode PERT méthode de GANTT (voir figure cicontre), car elle est relativement plus simple à appréhender par les parties prenantes.

Optimiser les délais et les charges. L’optimisation commence par la vérification des disponibilités des ressources affectées en fonction du planning établi. Ce qui nécessite une grande discipline de la part du planificateur. Les problèmes de surcharge et de conflit de ressources (entre projets) sont à identifier et à résoudre. Le planning détaillé est également confronté aux contraintes de l’environnement et aux objectifs de délais et de coût. Le manager de projet


  les cahiers du manager

doit compter à cet effet sur de véritables qualités de négociateur. Un diagramme de GANTT cohérent, complet et bien présenté est un outil précieux à utiliser pour étoffer le projet en ressources nécessaires en vue de compresser les délais tout en prenant en considération le budget alloué.

Elaborer le budget du projet. L’élaboration du budget se fait en trois étapes : 1. L’estimation des coûts des ressources mobilisées pour réaliser les activités du projet. 2. L’estimation des coûts externes regroupant les achats et acquisitions nécessaires à la réalisation des activités. 3. L’estimation du coût

indirect : coût subi du fait du projet non dû à la réalisation des activités 4.L’incorporation des provisions pour risques et autres provisions 5.La consolidation de l’ensemble des charges et dépenses

Elaborer le plan de communication projet Le manque de coordination des membres de l’équipe du projet est souvent à l’origine de grands gaspillages. Pour l’éviter rien de mieux que d’établir, avant le lancement du projet, un plan de communication détaillé. A cet effet les responsables des activités précisent d’abord leurs besoins en informations. L’équipe définit qui fournira quelle information, à quel moment

et via quel support. Une première partie du plan de communication est alors élaborée. Elle sera complétée en intégrant les besoins en informations de toutes les parties prenantes du projet.

Communiquer la référence aux parties prenantes Les différents éléments produits lors de la planification sont alors consolidés pour donner le plan du management du projet. Une fois validé par le commanditaire, ce plan devient la référence pour la mesure de la performance, du suivi et de la maîtrise du projet. Le manager de projet a donc tout intérêt à communiquer la référence à toutes les parties prenantes du projet. Vous devez donc communiquer la

référence, mieux, à la «vendre» à toutes les parties prenantes du projet : « une référence bien acceptée et approuvée par toutes les parties prenantes est un véritable facteur clé de réussite du projet ». A ce stade, vous pouvez enfin lancer votre projet. Une fois lancé vous serez amené à le surveiller et à le maîtriser. Un autre défi à relever. La série 3 de votre «Feuilleton : manager un projet» vous y aidera. Ce sera dans le prochain numéro de votre magazine «African Business Journal». A suivre.

K. L

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 61


formation

Avec MindManager, le cerveau réconcilie les deux lobes émotif et rationnel Makane Mbengue, Responsable du Développement Formation

On ne peut qu’être séduit à la fois pour son apparence ludique et sa capacité à synthétiser des idées variées. Nous vous invitons à découvrir ce logiciel dont vous ne pourrez plus en passer. Logiciel en vogue dans les Multinationales, le MindManager y est l’outil de travail le plus communément partagé. A la découverte d’un logiciel avec Makane Mbengue, le Responsable du Développement au Cabinet Priorité Formation.

C’est quoi le Mindmapping? M.M : Le Mindmapping, mot anglais, traduit en français sous le nom de carte heuristique ou carte mentale, est une technique de prise de notes et d’organisation graphique des idées. Dans les années 70, un modéliste du nom de Tony Buzan, psychologue anglais, suite à des recherches sur le fonctionnement du cerveau, rend populaire, la méthode de la carte heuristique qui participe de la créativité à la cartographie de l’information en passant par la prise de notes. Son principe est simple et amusant. Il reprend en cela, le fonctionnement du cerveau dont le lobe droit est le siège de l’émotion et des intuitions et le lobe

gauche, celui de la raison et de la réflexion. En effet, avec cette méthode, le cerveau réconcilie les deux lobes émotif et rationnel et, développe en cela, la mémorisation. Ainsi, La lecture d’une Map débute par une idée principale et fait exploser celle-ci dans toutes les directions, par association, en une multitude d'idées secondaires. Il semble que derrière la création du logiciel Mindmanager, il y a une fabuleuse histoire humaine entre ce logiciel et son créateur. Voulez-vous nous la raconter ? M.M : Effectivement, MindManager a été a créé en 1994 en Allemagne par Mike Jetter, un programmeur informatique, alors qu’il luttait contre la leucé-

62 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

mie et venait d’être hospitalisé pour une deuxième greffe de la moelle osseuse. Avec son système immunitaire affaibli à la fois par la maladie et le traitement, il était dans une chambre d'isolement d’un service de cancérologie. Dans cette solitude, il lui fallait d’une part, garder un esprit vif de la meilleure façon qu'il savait (donc en tant qu’informaticien, programmeur) et d’autre part, il fallait qu’il apprenne à communiquer, à exprimer ses sentiments, ses états, autrement que par la voix. Avec sa survie incertaine, il concentre donc ses énergies à essayer de développer une nouvelle façon de structurer ses pensées, plutôt que de dévoiler les idées de manière linéai-


formation re. Il s’est dit «pourquoi ne pas les poser toutes sur une même toile?». Il lui fallait donc un programme pour organiser et présenter ses idées. Il s’est basé sur le Mindmapping de Tony Buzan. Il se concentra ainsi sur ce qu’il a appelé «son héritage», à savoir la création d’un logiciel qui, en reflétant la façon dont fonctionne l'esprit humain, apportera des gains énormes en matière de créativité et de productivité. Le résultat a été MindMan 1.0, rebaptisé par la suite MindManager, logiciel qui va permettre désormais, de faire du Mindmapping sur un ordinateur: autrement dit, d’établir une passerelle entre les idées sur papier et le PC quand vous essayez de résoudre un problème, de communiquer visuellement, de partager votre travail avec d’autres, d'organiser votre information pour mieux la retenir, de définir des situations complexes ou simplement, d'établir une liste de choses à faire. Cette histoire fabuleuse a fait l’objet d’un ouvrage intitulé «The cancer code » rédigé par Mike Jetter et sa femme. Quelles sont les différentes fonctionnalités qu’offre le logiciel Mindmanager ? M.M : Mindmanager est un logiciel pas comme les autres. En effet, avec ce logiciel, vous pouvez: • Planifier un projet, • Récolter un maximum d'idées lors d'un brainstorming, • Structurer vos réunions, vos présentations et vos projets visuellement et clairement, • Partager vos idées avec tout le monde en les diffusant sous formats PDF interactifs, • Exporter vos maps vers Word, Powerpoint, • Créer des présentations dynamiques, • Les publier instantanément

sur des sites Web…, • Synchroniser avec Ms Outlook, • Importer des données depuis Excel, • Gérer vos projets sous forme de diagramme de Gantt, • Analyser des données par cette possibilité que l’on a d’avoir à la fois une vision globale et détaillée. Peut-on dire que le Mind Manager est un tout dans un ? M.M : Oui nous pouvons dire que Mindmanager est un outil intégré, car il est à la fois : • Outil de communication • Outil de conducteur de réunion • Outil de conducteur de projet • Outil de planification • Outil de travail en équipe • Outil de décision • Outil de synthèse • Outil de présentation Au-delà du monde de l’Entreprise, en quoi le logiciel Mindmanager pourrait-il être utile pour des élèves et étudiants ? M.M : Une enquête réalisée dans 41 pays portant sur les compétences des élèves à l’école, a fait ressortir que la Finlande est numéro UN, dans tous les domaines. Pourquoi? Parce que les élèves finlandais apprennent en utilisant comme technique d’enseignement, la carte mentale. Grâce à cette méthode de prise de notes, non seulement ils apprennent à synthétiser et résumer; mais en plus, ils retiennent l’information plus longtemps, grâce à la cartographie. Vous imaginez donc, avec des logiciels de Mindmapping comme Mindmanager, et l’apparition des tablettes, les élèves, les étudiants ont un excellent outil (technique) pour apprendre mieux, plus vite et longtemps sans faire trop d’effort, (pratique pour les paresseux…)

même pour les matières que l’on peut trouver rébarbatives et ce, partout et n’importe quand. En effet l’outil leur procure : • Une facilité de prise de notes en classe, pendant les cours, lors des recherches, lors des préparations d’exposé … • Une facilité d’apprentissage, de structuration et de réorganisation des idées • Une facilité de mémorisation • Une facilité de synthèse pour les fiches de lecture, les cours, • Une facilité de communication lors des exposés, des entretiens à l’oral… • Une aisance pour développer sa créativité… • … mais surtout une mémorisation de grande qualité. Tout ceci avec un gain de temps incroyable et de manière ludique et stimulante. Les élèves, étudiants gagneraient à utiliser l’outil, car cela leur permettrait d’être efficaces dans toute sorte de travail à réaliser, pas seulement dans le domaine des études, mais également sur le plan personnel. Par exemple : • pour une remise en question sur soi • pour penser à ses projets • pour établir une stratégie • lors d’un entretien d’embauche Finalement, le logiciel Mindmanager, au-delà de l’outil pour Manager qu’il est, est une sorte de mode d’emploi pour la vie... M.M : C’est vraiment un outil révolutionnaire au service de l’efficacité, sur le plan personnel, professionnel et familial.Il faut rappeler qu’à côté de Mindmanager, il existe une foule de logiciels permettant de faire des cartographies sur son ordinateur. Pour ne citer que Ie Mindmap de Tony Buzan, Dropmind, Brain…. Propos recueillis par Octave DOSSOU

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 63


formation

Business Schools

«Repenser la formation des managers» Les changements organisationnels profonds intervenus au cours des dernières décennies au sein des entreprises (écrasement des pyramides hiérarchiques, fonctionnement en mode projet, etc.) ont considérablement fait évoluer la fonction de manager, si bien qu’elle requiert aujourd’hui, une extrême souplesse d’adaptation aussi bien qu’un grand sens des repères, un mélange subtil d’obéissance et d’esprit critique, un sens affirmé de l’écoute et du dialogue, ainsi qu’une conscience claire de son impact sur la collectivité, de ses responsabilités et de ses devoirs. Parce qu’elles ont vocation à former les futurs cadres et dirigeants des entreprises, les Business Schools ne sauraient rester à l’écart du processus de questionnement, survenu depuis la crise financière de 2008. Les recommandations de l’Institut de l’Entreprise, parues dans ses notes de juin 2010. 1. Renforcer la transversalité des enseignements Puisque l’on reproche aux jeunes managers d’être trop manifestement conditionnés par le schéma disciplinaire au moyen duquel les savoirs théoriques qu’ils possèdent leur ont été transmis, il faut être particulièrement attentif à ce que l’enseignement dispensé vise au décloisonnement des compétences plus qu’à la partition des savoirs. Il convient de ne pas cesser d’envisager les passerelles entre les disciplines enseignées, et de proposer aux étudiants des situations d’évaluation qui mettent en jeu, leur habileté à transcender le cadre disciplinaire (sujets sans préparation, improvisation, sujets de synthèse, etc.). 2. Promouvoir la culture générale dans les enseignements Cette volonté se prolonge dans une réflexion plus large sur la culture générale et sur le rôle des sciences humaines. La culture générale remet en perspective des vérités qui, dans l’enthousiasme de l’instant, sont présentées comme fermement établies, et

permet au cadre de pouvoir lire son environnement (social, économique, géographique, culturel, etc.), selon des modes d’analyses complexes et appropriés. Par ailleurs, les sciences de gestion ont beaucoup à retirer des sciences humaines, précisément parce que la longue expérience dont ces dernières bénéficient, leur octroie la possibilité de juger les méthodes des premières. Enfin, la culture générale est fondée à tenir un rôle prépondérant dans la formation au commandement. 3. Favoriser l’esprit critique Décloisonnement et culture générale convergent vers la promotion de l’esprit critique, c’est-à-dire de la pratique autonome, rigoureuse et éclairée du jugement. Y contribue aussi, l’intégration d’une expérience de recherche dans les divers programmes de formation: la pratique autonome de la recherche a pour objectif, de rendre le futur cadre sensible à l’exigence de précision, de réflexion, et d’exhaustivité inhérente à cette activité, et de l’extraire d’une temporalité souvent trop immédiate, pour lui faire apercevoir les bienfaits et les contraintes liés au

64 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Abdou DIAW

temps long. Y contribue aussi, la construction d’études de cas reflétant davantage la complexité des situations réelles auxquelles aura à faire face le futur manager. 4. Repenser la formation des managers en matière de communication Ces trois principales orientations impliquent deux corollaires dont le premier réside dans le rapport que les cadres doivent entretenir vis-à-vis de la communication. La communication (c’est-à-dire l’habileté à construire une argu-


formation mentation, à l’exposer en respectant les critères formels usuels, à s’adresser à un auditoire aussi bien restreint que nourri, et à écouter ses interlocuteurs) doit faire l’objet d’une attention décuplée tant au sein de chaque enseignement que lors de sessions spécifiques. 5. Repenser les enseignements relevant des « soft skills » Second corollaire, les savoirs théoriques se résolvent dans des compétences relationnelles : celles qui permettent d’organiser, d’entreprendre, de respecter l’altérité, de s’intégrer dans la collectivité. Poser les fondements d’une éthique managériale, ici se situe le point de jonction entre savoir théorique et conscience éthique. La question de l’éthique est complexifiée par l’intrication des notions de morale personnelle, de norme sociale et de déontologie professionnelle. 6. Distinguer déontologie et éthique et inclure l’éthique dans l’ensemble des enseignements. La déontologie, la morale professionnelle doivent faire l’objet d’un enseignement spécifique. En effet, l’obéissance à une déontologie, qui fait partie intégrante de l’esprit dans lequel sont enseignées la médecine ou les matières juridiques, ne va pas de soi pour les sciences de gestion. Il convient donc de préciser, auprès des futurs managers, en quoi leur activité professionnelle est soumise à un encadrement déontologique fort, et de théoriser la portée prescriptive de ce dernier. Enfin, l’éthique doit faire l’objet, autant dans les écoles que dans les entreprises, du même traitement que la sécurité : elle est à la fois l’affaire de tous (tous les départements, toutes les disciplines, tous les enseignements). Les écoles de management et de gestion doivent investir le champ intellectuel et doivent proposer à leurs étudiants, un véritable dessein de pensée libre pour qu’ils deviennent, grâce à une formation audacieuse, enthousiasmante, complète, et responsable ; des managers

Vous voulez : • Structurer vos réunions, vos présentations et vos projets de manière : - à ne pas s’éterniser, - ne pas perdre le fil, - à aboutir à un plan d’actions et à le faire respecter • Planifier et gérer vos projets à partir d’un tableau de bord ; • Synthétiser vos idées (rapport, compte rendu…) ; • Avoir un outil d’aide à la décision ; • Développer votre créativité ; • Gagner du temps dans la prise de vos notes et dans votre réflexion ; • Récolter un maximum d'idées lors d'un brainstorming ; • Partager vos idées avec l’équipe en communiquant mieux et en les faisant adhérer selon votre vision ; • Avoir la possibilité de passer d’une vue globale à une vue détaillée lors de vos présentations.

Alors ... Participez à ce séminaire que nous organisons : Mindman ager : Co mment synthétiser vo s idé e s, maitrise r le déroule ment de vos réunions, p roje t s e t o ptimise r vo tre pro ce ssus de dé cisio n. Session 2 : du 15 au 27 mai 2012 à Casablanca Session 3 : du 01 au 13 août 2012 à Casablanca Session 4 : du 14 au 26 novembre à Casablanca NB: Cette formation est aussi réalisable en intra. Pour vous ins crire , m e rci d'e nvoye r un ema i l à Monsieur Makane MBENGUE m m be ngue @ lafrique quios e .com Tel: (212) 522 360418/20 AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 65 Ce ll: (212) 6 6 1313010


© Anne Mireille Nzouankeu

itechnologiques nnovations

Après le congolais Vérone Mankou et sa tablette VMK, le camerounais Arthur Zang invente Cardiopad.

Une tablette tactile à vocation médicale Un jeune ingénieur camerounais, Arthur Zang, a crée en 2010, une tablette tactile qui pourrait sauver des milliers de vie de patients atteints de maladies cardio-vasculaires. Cardiopad, le nom qu’il a donné à son invention, cherche des financements pour une production en masse de l’appareil.

66 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


innovations technologiques Cardiopad, tablette tactile à vocation médicale, pourrait sauver de nombreuses vies en Afrique, explique son créateur, le camerounais Arthur Zang qui rajoute que dans son pays, «les médecins spécialistes en cardiologie sont au nombre de trente (30) pour 20 millions d’habitants et, sont tous basés à Douala ou Yaoundé, les capitales économique et politique du pays. Les patients cardiaques doivent souvent voyager à travers le pays pour une consultation, avec un rendez-vous à prendre plusieurs mois à l'avance. Ce qui peut conduire à la mort de certains patients». Selon le concepteur de la tablette tactile à vocation médicale, Cardiopad résout ce problème en permettant d'effectuer des examens médicaux à distance et la transmission des résultats par voie électronique, économisant ainsi aux patients, les tracas d'avoir à se rendre en ville. Arthur Zang explique que le Cardiopad est avant tout un projet scientifique. Il a commencé ses recherches il y a trois ans et a effectué plusieurs tests scientifiques qui ont été validés par la communauté scientifique camerounaise. «La fiabilité du Cardiopad est de 97,5%», dit-il. Consultation à distance Dans la pratique, le Cardiopad est un dispositif qui peut effectuer des tests tels que l'électrocardiogramme (ECG) et d'envoyer les résultats par fichier, au médecin spécialiste pour interprétation. La tablette est utilisée comme un dispositif électrocardiographe classique: des électrodes

Fiche Technique Cardioglob est un système d’acquisition, de traitement et de transmission via le GSM du signal cardiaque s’étendant à l’échelle nationale. Il fonctionne grâce à un appareil électronique compact à usage médical appelé le CardioPad. Cet appareil permettra d’effectuer les examens cardiaques dans les villages et de transmettre les résultats aux cardiologues distants via le réseau téléphonique mobile (GSM/GPRS). La tablette (Tablet PC) possède les fonctionnalités suivantes : • Réalisation des Examens ECG aux patients (acquérir le signal ECG qui vient du patient, le numériser, le traiter, l’afficher et imprimer un rapport d’examen). • Transmission des résultats des examens ECG aux cardiologues distants via le réseau GSM • Présentation d’une interface conviviale et adéquate au cardiologue et apport des éléments d’aide au diagnostic (traiter le signal ECG afin d’en extraire les informations nécessaires aux diagnostics et présenter ces informations au cardiologue via une interface homme-machine naturelle et conviviale) • Stockage des informations des Examens ECG et gestion des notifications Le CARDIOPAD sera capable de stocker les informations liées aux examens ECG dans une base de données SQL server Compact et de recevoir et signaler des messages de notifications envoyés au cardiologue à travers le réseau GSM l’informant ainsi d’une nouvelle consultation à interpréter. • Suivi à distance et monitoring

Quand un examen médical est effectué sur un patient dans un village éloigné, par exemple, les résultats sont transmis à partir de la tablette de l'infirmière à celle du médecin qui les interprète.

sont placées sur le patient et connectées à un module qui, à son tour, se connecte à la tablette. Quand un examen médical est effectué sur un patient dans un village éloigné, par exemple, les résultats sont transmis à partir de la tablette de l'infirmière à celle du médecin qui les interprète. Numérisé et transmis «Les logiciels intégrés à l'appareil permettent au médecin, de donner un diagnostic assisté par ordinateur», explique le jeune ingénieur qui rajoute qu’il n'était pas possible d'envoyer ou d'enregistrer les résultats par voie électronique. Mais, avec le Cardiopad, les résultats sont numérisés et transmis. «Il n'est pas nécessaire de les imprimer, le médecin cardiologue peut les interpréter, même à distance, à partir de sa tablette, puis envoyer le diagnostic et le traitement qu’il prescrit», fait savoir l’ingénieur.

Le Coût d’acquisition : 982.500 F Cfa contre 2 millions 500 mille F Cfa «Le Cardiopad permettra de réduire le coût de l'examen. Nous avons l'intention de vendre l'appareil à 982.500 F Cfa (1500 euros), tandis que le prix moyen d'un dispositif d’électrocardiogramme est de 2 millions 500 mille F Cfa (3800 euros). Si les hôpitaux en Afrique, achètent le Cardiopad, ils seront en mesure d'abaisser le prix des examens médicaux», renchérit Arthur Zang. Cependant, pour faire face à la question de l'énergie, dans des zones qui n'ont pas accès à l'électricité, le Cardiopad est équipé d'une batterie qui a une autonomie de sept (7) heures, assure l'ingénieur. Marlène MARINA

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 67


innovations technologiques

Sony | Une montre connectée à Internet Le géant japonais Sony a présenté lors du salon mondial 2012 de l'électronique grand public (CES) à Las Vegas, une montre permettant de consulter ses emails, d'écouter sa musique et qui est dotée de multiples fonctions. Internet peut désormais être accessible sur son poignet, sous la forme de «montre intelligente» équipée du système d'exploitation informatique Android conçu par Google pour fournir bien plus que l'heure.Le géant japonais Sony et une startup italienne, I'm Watch, ont chacun présenté des appareils susceptibles de fournir sur le poignet un accès au courriel, à la musique, ou à des sites internet. La SmartWatch de Sony est annoncée pour fin mars 2012, alors que I'm Watch a été lancé au CES.«C'est le bon moment pour cette montre», dit le co-fondateur et patron de I'm Watch, Massimi-

liano Bertolini: «tout le monde veut avoir de la technologie qui soit aussi accessoire de mode», dit-il. «C'est ça le secret d'Apple: fournir des appareils dont les gens tombent amoureux». Ceux qui la portent sont alertés en temps réel quand ils reçoivent de nouveaux courriels ou que s'affichent de nouveaux «statuts» sur Facebook ou Twitter. Ils peuvent

accéder à des applications gratuites de Google comme Calendar, ainsi qu'à des albums photos. En revanche le petit écran tactile ne permet pas d'envoyer de messages. La SmartWatch de Sony, vendue à partir de 149 dollars, est également tactile, et reliée par Bluetooth. Sony a précisé que des applications seraient conçues sur mesure pour cet appareil. 

Le Salon mondial de l’électronique CES Le virtuel interagit de plus en plus avec le monde réel. Ce n’est pas une nouveauté, mais une tendance qui se confirme avec les innovations présentées lors du Salon Mondial de l’Electronique à Las Vegas. Impossible d’être exhaustif sur les nouveautés présentées lors de ces rencontres high-tech. Outre les adieux de Microsoft et la traditionnelle absence d’Apple, on peut noter l’arrivée d’Intel dans le segment portable qui va lancer des puces encore plus rapides ; la technologie des cristaux organiques adaptée à des écrans de télévision grand format notamment ceux de LG qui offre aussi une version 3D ; des myriades d’accessoires compatibles avec les appareils d’Apple ; l'ordinateur portable HP Envy 14 Spectre qui décroche le prix du

Fiche technique de l’international CES 2012

meilleur ordinateur ; les bottes motorisées spnKiX (Acton) qui permettent de courir à 16 km/heure : l'appareil de scupture en 3D MakerBot qui peut sculpter des objets à partir d'un dessin ; un tas d’application pour l’électroménager intelligent, comme une fonction «gestion des provisions» sur un réfrigérateur ; ou encore une série de montres intelligentes, développées par Sony et une start-up italienne, I'm Watch.

68 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Evénement: International Consumer Electronics Show 2012, appelé courtement, l’International CES Organisateur : Consumer Electronics Association (CEA) Edition : 45e Date : Du 10 au 13 janvier 2012 Lieu : Las Vegas Convention Center, Las Vegas, Nevada, US Exposants : 2700 organismes de 140 pays Nombre de visiteurs : 140 000 visiteurs Le grand absent : Apple Inc


innovations technologiques La télé du futur

Bientôt le téléviseur qui obéit à la voix

Une start-up américaine veut lancer dès cette année, un assistant personnel à commande vocale pour téléviseur. C’était lors du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas, qui s’est tenu le 12 janvier 2012. Contrôler sa télévision avec sa seule voix, ce sera sans doute bientôt possible: La start-up américaine Vlingo Vlingo compte ainsi lancer en 2012, un assistant personnel à commande vocale pour téléviseur, dans la même veine que le programme Siri pour l'iPhone 4S, dernière vedette d'Apple. "Vous pouvez commander votre téléviseur, votre décodeur ou votre câble, tout en restant assis sur votre canapé, avec le simple

contrôle de votre voix", a expliqué Chris Barnett vice-président de Vlingo au grand salon mondial de l'électronique grand public de Las Vegas. "Votre télé vous répondra avec son programme d'assistance vocale virtuelle: demandez ce que vous voulez et l'assistant cherchera ce que vous souhaitez. C'est comme le Siri d'Apple mais en mieux, pour votre téléviseur". Apple a lancé en octobre 2011, son nouvel iPhone 4S avec Siri, un puissant assistant personnel à commande vocale qui fait fureur. L'idée de Vlingo est d'étendre le marché de la reconnaissance vocale à la télévision en équipant dès 2012, les écrans ou les télécommandes de micros capables de recueillir les desiderata des téléspectateurs. 

Découverte Un portable qui se recharge à la température du corps Aux Etats-Unis, des chercheurs du centre de nanotechnologie et des matériaux moléculaires de l’université de Wake Forest en Californie ont mis au point un système thermoélectrique permettant de transformer la chaleur du corps en courant électrique. La technologie baptisée «Power Felt» est composée de nanotubes de carbone minuscules enfermés dans des fibres plastiques souples comme du tissu. Elle utilise les différences de température (température ambiante par rapport à la température du corps par exemple) afin de créer une charge. Ainsi, ils ont crée un téléphone portable qui se recharge au contact du corps humain. Il suffit de le mettre sous les aisselles. Mais pour une recharge plus rapide, il faut s’asseoir dessus, si l’on ne pèse pas trop lourd bien sûr.

Windows 8 sur la place

Microsoft a dévoilé sa nouvelle mouture de Windows, Windows 8, dans le cadre du Mobile World Congress de Barcelone, du 27 février au 1er mars 2012. Le système d’exploitation, basé sur le noyau de Windows 8 et baptisé «Consumer Preview», est également décliné sur les tablettes, là où Windows Phone 8 le sera pour les smartphones.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 69


innovations actualité technologiques Polyvalent Wireless Communication System

Smart Pen | Le stylo enregistreur

Téléphonie et Internet sans câble

L’invention consiste en un système de communication polyvalent sans fil, le PWCS (Polyvalent Wireless Communication Systems), une technologie qui permet à partir d’une connexion haut débit satellitaire, de distribuer trois services que sont la téléphonie, l’internet et le transfert et la réception d’images, sans recourir au moindre câblage. L’Afrique d’abord Cette invention est l'œuvre du laboratoire Ka-Technologies, grâce à l’ingéniosité et à dix années de recherche de son directeur, Dr Victor Kossikouma Agbégnénou. Ce génie africain est sur le point de bousculer les idées reçues, l’ordre mondial de la technologie. Dr Kossikouma Agbégnénou, s’est vu proposer en 2010 par des américains et suisses, le rachat de son brevet. “Ils sont venus me voir dans mon labo situé au sous-sol d’un immeuble sur l’avenue des Champs Elysées à Paris. Après de longues heures de discussions tendues, confie t-il, je leur ai dit que même si je dois vendre la licence, ce sera assorti d’une condition indiscutable, celle qu’ils acceptent d’exploiter le produit partout ailleurs dans le monde, à l’exception de l’Afrique, me

Après le smartphone, place au smartpen, un stylo enregistreur et transcripteur qui ne cesse de remporter des récompenses depuis 2008. Imaginez un stylo qui enregistre tout ce qu’il entend et tout ce qu’il écrit et qui les transcrit directement sur un bloc notes dédié. Cette innovation est devenue réalité en Malaisie à travers ce qu’il est convenu d’appeler le smartpen Pulse. Un enregistreur à distance, une mémoire compris entre 2 et 4 GB, un micro très sensible, un port Usb pour transférer les textes que le stylo écrit et les éléments sonores qu’il enregistre et une caméra infra-rouge, sont intégrés au «bijou» Pulse smartpen. Cerise sur le gâteau avec ce stylo d’un genre nouveau, vous pouvez sauvegarder vos notes sur votre ordinateur Mac ou Word que vous pourrez même enregistrer sous format Pdf ou en format fichier audio. Cette technologie, développée par la société Livescribe, est commercialisée avec son papier, car il n’est compatible qu’avec ce papier spécial.  laissant ainsi le droit de traiter en personne avec le continent noir” explique t-il. Mais face à l’intransigeance de ses visiteurs qui tenaient à retourner à tout prix à New York avec le brevet, l’inventeur a mis fin au deal : “Vous savez, je suis déjà dans une cave, je ne peux pas descendre plus bas”. Et l’affaire fût close.

Dr Victor Kossikouma Agbégnénou, la quarantaine, est vétérinaire de formation, diplômé de l’Académie de Moscou et de l’Ecole supérieure de MaisonsAlfort en France. Ce docteur ésanimaux a par ailleurs, quatre brevets d’invention en son nom, dans le domaine médical.

IPAD 3 sur le marché Apple a dévoilé officiellement, le mercredi 7 mars 2012, les caractéristiques de son nouvel iPad, l’iPad 3. Présenté par Tim Cook au Yerba Buena Center de San Francisco, l’iPad 3 dispose d’un processeur A5X quad-core, d’un écran Retina affichant une résolution de 2048 X1536, soit 3,1 millions de pixels, d’une web-cam de 5 mégapixels et qu’il supporte la 4G LTE, la 3G et le Wi-fi. Aux Usa, l’iPad 3 avec Wi-fi coûte 499$ pour la version 16 Go contre 599$ pour la 32 Go et 699$ pour la 64 Go. Par contre, si vous voulez l’iPad version 4G, ce sera plutôt 629$ pour la 16Go contre 729$ pour la 32 Go et 829$ pour la 64 Go.

70 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


innovations technologiques actualité

La «Chevy Volt» Une voiture qui réconcilie économie et écologie La voiture «Chevy Volt », inventée par le Nigérian, Jelani Aliyu, est considérée par l’industrie automobile aux Etats-Unis, comme le véhicule le plus sophistiqué qu’ait jamais produit le géant General Motors (GM). Le véhicule «Chevy Volt» utilise un moteur à gaz pour produire un supplément d’électricité. La technologie à la base du concept Volt, le Système E-flex de GM, permet une production d’électricité à partir de l’essence, de l’éthanol, du biodiésel ou de l’hydrogène, contribuant ainsi à trouver une solution globale à la diversification des sources d’énergie pour le transport. Reçu en 1990 au Collège des Etudes Créatives (CCS) de Detroit, dans le Michigan, pour étudier la conception automobile, le nigérian Jelani Aliyu a in-

tégré GM en 1997, au sein d’une équipe de concepteurs pour le modèle Buick dont il a été le principal concepteur d’intérieur, avant d’être affecté en Allemagne pour travailler au

département de GM en Europe, en 1999. Marié et père de deux enfants, Jelayni Aliyu est né en 1966 à Kaduna, dans le nord du Nigeria. x 

Le nouveau Samsung Galaxy Note

A la fois tablette et smartphone Pour se distinguer de l’uniformisation actuelle sur le segment Smartphone, Samsung s’est lancé dans le grand, très grand écran avec un produit clairement hybride, à la fois smartphone et tablette. Avec son grand écran de 5.3 pouces, sa configuration et son stylet bien exploité, le Samsung Galaxy Note propose un concept séduisant entre smartphone et tablette. Suffisant pour se démarquer de la concurrence et cibler des utilisateurs en quête d’une solution hybride. Grand écran haute résolution, configuration matérielle solide notamment pour les jeux 3D, rapide et fluide, bonne autonomie, capture vidéo et photo performante et offre logicielle en natif. Samsung s’engouffre dans le sillon du « Smartpad » creusé par Dell avec sa Streak 5 qui n’avait pas su attirer les clients. Galaxy Note, de l'avis des spécialistes, a de nombreux arguments pour séduire. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 71


  avis d’expert

Henri-Joël TAGUM FOMBENO Docteur d’Etat en Droit, Spécialiste en Droit social

Avec la mondialisation des économies, la mobilité internationale des salariés a fortement progressé. La nécessité d’accéder aux marchés internationaux est devenue un enjeu stratégique pour les entreprises. Le transfert d’un salarié d’un pays vers un autre soulève une série de questions, souvent fort complexes tant sur le plan juridique, social ou fiscal. A cet effet, le salarié doit être assez vigilant lors des négociations qui précèdent la signature de son contrat de travail, en accordant une attention toute particulière à la négociation de certaines clauses. Mais, il convient au préalable de s’accorder sur la notion de contrat de travail international. 1. La notion de contrat de travail international Un contrat de travail est dit international lorsqu’il possède des éléments d’extranéité qui le rattachent, ne serait-ce que partiellement, à un ordre juridique étranger. Il n’existe pas de contrat de travail international type auquel on peut se référer. Le type de contrat varie avec les conditions relatives à l’emploi à l’étranger. En général, les parties établissent un contrat qui combine les dispositions du droit du travail local et des avantages liés au statut d’expatrié. Plusieurs situations peuvent être envisagées : - Le salarié est recruté spécifiquement pour partir travailler à l’étranger. Dans ce cas, un contrat de tra-

Contrat de travail international

Ce qu’il faut vér vail particulier est conclu, celui-ci peut être à durée indéterminée ou à durée déterminée. Dans cette hypothèse, le salarié est soumis à la loi d’exercice de l’activité du pays d’accueil. - Le salarié est déjà en poste au sein d’une entreprise qui décide de l’envoyer à l’étranger pour une durée limitée. Dans cette hypothèse, l’entreprise peut se suffire d’une simple lettre de mission s’il s’agit d’une mission de courte durée. Pour des séjours un peu plus longs, la rédaction d’un avenant au contrat de travail initial est conseillée ; on est alors en présence d’un détachement (1) . Attention ! Il revient aux parties de négocier la loi qui régira leurs relations contractuelles. Lorsque le contrat de travail n’a pas précisé la loi applicable, c’est celle du lieu du travail qui s’applique, sauf s’il existe des conventions internationales ou des lois d’ordre public locales s’opposant à ce principe auquel il est impossible de déroger. Aussi, pour éviter de se perdre dans les méandres d’un conflit de lois à l’issue incertaine, les parties ont intérêt à choisir la loi applicable à leur contrat. A ce sujet, le salarié doit éviter un choix hasardeux, car la loi du lieu de travail peut parfois s’avérer moins favorable que celle du pays d’origine. Quelle que soit l’option qui sera retenue, il faut soigner la rédaction du contrat de travail.

72 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

2. La rédaction du contrat : les points essentiels Certaines informations, considérées comme essentielles, doivent figurer dans un contrat de travail international. Ces informations portent, principalement sur l’identité des parties le lieu de travail, le titre ou la fonction du salarié, la durée de la mission à l’étranger, les conditions de travail, de rémunération et de rapatriement. Aussi, le salarié a tout intérêt à négocier particulièrement certains points de son contrat. Rémunération : Le salarié doit négocier le montant et la composition de sa rémunération (salaire de référence, prime d’expatriation, prime différentielle de coût de vie, garantie de change, …), ainsi que les modalités de paiement. Dans certains pays, par exemple, la monnaie n’est pas convertible et les conditions de change ou de transfert sont très strictes. Dans ce cas, il faut envisager qu’une partie du salaire soit versée dans le pays d’origine et une autre dans le pays d’accueil. Aussi, pour éviter certaines surprises, la salarié doit négocier un salaire net des charges sociales et une clause d’égalisation fiscale, surtout s’il est appelé à servir dans un pays où le taux d’imposition est très élevé. Cette clause permet d’assurer au salarié un revenu net après impôts, identique à celui qu’il aurait reçu en


  avis d’expert

rifier et négocier restant dans son pays d’origine. En outre, la prime d’expatriation doit tenir compte d’un certain nombre de paramètres dans le pays d’accueil, tels que les conditions de vie, la scolarité des enfants, l’état sanitaire, les risques politiques, etc.  Conditions de travail : Le salarié doit négocier la prise en charge par son employeur des billets aller-retour pour lui-même et sa famille, à l’occasion de ses congés payés. En cas de détachement, il est recommandé au salarié, à travers une clause de reprise d’ancienneté, de faire mentionner dans son contrat que les périodes de travail à l’étranger seront prises en compte dans le calcul de son ancienneté.  Rupture du contrat de travail : Le contrat de travail doit régler un certain nombre de problèmes : le rapatriement, le non-renouvellement du permis de séjour ou de travail, etc. Il peut arriver que le permis de séjour ou de travail du salarié ne soit pas renouvelé. Il faut déterminer, d’une part, sur qui reposera l’obligation d’accomplir les formalités en vue du renouvellement, et, d’autre part, les conséquences du non-renouvellement sur le contrat de travail. Le rapatriement n’est jamais acquis, surtout lorsqu’on est en situation d’expatriation. Le rapatriement peut avoir pour cause la rupture du contrat ou, comme cela est souvent

le cas, hélas, la situation politique du pays qui rend presque impossible la poursuite de l’exécution du contrat de travail. Par conséquent, il est vivement conseillé de négocier et de trancher cette question. A défaut, il faut penser à souscrire une assurance individuelle.  Protection sociale (2) : Le choix du statut du salarié est déterminant dans le système de protection sociale. Si le détachement permet de maintenir l’affiliation du salarié dans son pays d’origine, l’expatriation entraîne une rupture avec le système de protection du pays d’origine et soumet le salarié au régime de protection du pays d’accueil. Dans tous les cas, le salarié doit s’assurer que sa famille et lui-même sont bien couverts. En cas de besoin, il ne doit pas hésiter à négocier une assurance complémentaire, si la couverture sociale qui est appliquée est insuffisante.   Autres  points  à  négocier : Lorsqu’on envisage de faire une carrière internationale, il est important de valider son projet avec sa famille. Cette étape est souvent négligée ou effectuée au dernier moment, pourtant, elle doit être le préalable à toute décision. Le projet international du salarié doit prendre en compte sa situation familiale ; l’épanouissement du salarié ainsi que son rendement en dépendent. En général, une expatriation est indiquée en début de carrière quand

les enfants sont encore jeunes, l’intégration étant plus facile, ou en fin de carrière, lorsque les enfants sont déjà grands et n’ont plus besoin de suivre leurs parents. Il faut également régler la question du déménagement. Qui prendra en charge vos frais de déménagement à l’aller comme au retour ? Il faut aussi penser au logement. Qui se chargera de vous trouver un logement ? Qui supportera le coût ? Il ne faut pas oublier que dans certains pays africains, un dépôt de garantie d’un an est souvent exigé pour obtenir un logement. Voilà, de façon succincte, les questions à valider avant son départ pour une carrière internationale. 

(1) La durée maximale du détachement varie suivant les législations africaines. En général, elle ne dépasse pas 2 ans. Voir CLEISS, Rapport statistique 2010, pp. 364 – 366. (2) Elle apporte aux salariés des garanties minimales de prise en charge des conséquences de ces risques sociaux (maladie, maternité, accidents du travail ou de la vie privée, invalidité…)..

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 73


  avis d’expert

Dr Youssef BOUZOUBAA Clinique Anoual, Quartier des Hôpitaux Président de Moroccan Society of NeuroSurgery Casablanca

La santé n’a pas de prix mais la préserver a un coût et toute publicité est strictement interdite ! La médecine n’est pas un commerce mais une structure hospitalière publique ou privée, une véritable Entreprise qui doit sa survie à ses performances. En matière de santé, la performance est le fait de conduire le patient à un état physique ou mental le plus parfait possible quel qu’en soit le coût ! la médecine est une obligation de moyens mais pas de résultats : peut on dépenser alors indéfiniment pour un malade espérant un jour aboutir à son rétablissement parfait , partiel et parfois à une situation «catastrophique» (après plusieurs efforts et après des dépenses faramineuses), à un handicap physique ou mental voire un état de coma végétatif prolongé (nécessitant non seulement des dépenses interminables mais aussi un personnel de santé dédié) et des conséquences psycho affectives de l’entourage du patient. Autant de vérités qui sont a priori contradictoires. Egalement, la problématique classique : dépenser indéfiniment pour une maladie orpheline dont le résultat est aléatoire ou sauver des milliers de personnes par des vaccins d’efficacité certaine? La structure de soins dite privée est soumise à toutes ces contraintes mais doit elle-même survivre! Cette entreprise extrêmement complexe se doit de gérer non seulement son fonctionnement et ses possibilités financières, mais aussi les malades et leurs familles, sans avoir droit à l'erreur médicale. Celle-ci étant ir-

L’entreprise médicale est-elle viable ?

rattrapable. Dès lors, comment une entreprise de santé pourrait–elle subsister? - En ayant recours à des subventions étatiques? - En élargissant la couverture sociale et en augmentant le montant des cotisations d’assurance et de mutuelle? La plupart de nos pays africains sont défaillants dans cette démarche. - En établissant un modèle de soins et en demandant aux professionnels de la santé et aux sociétés savantes médicales, d’établir des protocoles de prise en charge des maladies, en tenant compte de l’impact financier? Mais la médecine est en perpétuelle avancée et des changements avec des mises à jour régulières sont nécessaires. - En assurant une formation médicale continue qui garantit un meilleur rendement en minimisant les erreurs diagnostiques et donc thérapeutiques. Ainsi donc, faire des économies en médecine est a priori incompatible avec cette discipline. Peut on alors envisager une médecine à deux vitesses (pauvre et riche) voire autrement? Dépenser pour la santé comme dans un restaurant, demander un menu de diagnostic et de traitement en fonction des moyens financiers du malade ? Le patient dans l’entreprise médicale bénéficie de deux types de prestations : la première est hôtelière et obéit déjà à ce principe. La seconde, principale est médicale et jusqu’à nos jours, reste sous la

74 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

réglementation inflexible de l’éthique et de la déontologie médicale. Mais jusqu’à quand cette réglementation va-t-elle résister à la loi du Marché des finances qui, de nos jours, continue à piétiner tous les principes sacrés humanitaires et moraux? L’Entreprise médicale se doit de se défendre afin d’échapper à ce géant qui détruit tout sur son chemin qu’est l'appât du gain! Il faut qu’elle survive. Mais comment? C’est à la charge d’une nouvelle génération de professionnels de la santé de trouver les réponses. L’éthique et la déontologie médicale avaient déjà décrété depuis Hippocrate : le médecin demande des honoraires en fonction du rang social du malade. N’est –il pas là une sentinelle à explorer? Jusqu’à nos jours, l’Entreprise médicale est à nos yeux, un moyen et un outil de travail qui ne peut être rentable à lui seul, c’est au professionnel de la santé compétent, en perpétuelle formation, de la rentabiliser par sa technicité et par son savoir médical. La médecine reste par ailleurs, une science inexacte à nos yeux et dont les résultats restent aléatoires, en contradiction avec une gestion financière qui elle se doit d’être rentable. 


  avis d’expert

Le business model dans le dispositif stratégique La diffusion croissante d’Internet et la contagion du low cost sont deux changements majeurs de ces dernières années qui modifient profondément la perception que nous avions du business model. Ce dernier apparaît de plus en plus comme l’ADN de l’entreprise à la différence que ce code génétique est amené constamment à évoluer sous la pression conjuguée de la multiplication des concurrents, de l’élévation du niveau d’exigence des consommateurs et de la variété des manœuvres stratégiques des acteurs en présence. En effet, Internet, du fait qu’il supprime les contraintes de temps, de distance, de coût et de volume, a conduit à une « désintermédiation » sans précédent qui donne aux consommateurs, directement accès aux offres, tout en leur permettant sans bouger de chez eux de comparer des offres alternatives. La Révolution Internet Cette situation a complètement reconfiguré le paysage concurrentiel avec un impact variable selon les secteurs d’activités. Ainsi, les secteurs comme la banque, la santé, l’édition, les voyages ont vu leur business model complètement révolutionnés. Car, pratiquement tous les services offerts par les acteurs de ces secteurs ne nécessitent pas une interaction physique et un déplacement, et peuvent passer par Internet. D’autres secteurs sont également touchés quoique dans une moindre mesure, car dans ces cas Internet joue un rôle support dans le business model, en termes d’informations notamment, mais le business model traditionnel persiste. Quoiqu’il en soit, Internet et le low cost replacent la notion de business model au cœur des préoccupations stratégiques des entreprises, à la croisée des chemins entre les avancées technologiques qu’il faut surveiller et les stratégies d’entreprises comprises comme l’ensemble des «possibles» pour l’entreprise en question.

Mohammadou DIOP Consultant en Marketing Afrique Events

vent faire face les entreprises. En effet, plusieurs secteurs étaient «enracinés» dans des logiques d’offres qui les enfermaient dans une forme de surdité aux desiderata des clients. Aujourd’hui, cela est de moins en moins possible, car l’avènement d’une concurrence pure et parfaite permise par Internet rend possible l’universalité et la transparence des offres faites par les acteurs du monde entier. Dès lors, le rapport de force s’infléchit au profit des clients qui peuvent sélectionner en toute connaissance de cause les offres les plus appropriées. Le secteur de la santé est l’un des secteurs qui illustre le plus cette mutation. Aujourd’hui beaucoup de patients avant d’aller dans un cabinet médical consultent auparavant des forums spécialisés sur Internet, voire sollicitent des avis, ce qui leur donne une posture «d’expert» quand ils rencontrent leur médecin traitant; alors qu’auparavant, ils se contentaient d’accueillir le diagnostic et les prescriptions médicales sans être «armé» pour y répondre. Le business model, permet également de mieux comprendre que la notion d’ancienneté et d’expérience ne sont plus les garants de succès. N’a-t-on pas vu en dix ans des entreprises comme Google, Yahoo, E bay et Amazon atteindre des capitalisations que d’autres entreprises ont mis des décades à atteindre. Ces entreprises de la nouvelle économie avec des business model audacieux ont pu parfois remettre en cause la suprématie d’entreprises installées de longue date sur le secteur et dont on ne pensait qu’elles pourraient être défiées aussi facilement. Le business model est donc devenu un outil de management qui prend toute sa place dans le dispositif stratégique de l’entreprise et dont la valeur client est le pilier essentiel. 

Concurrence pure et parfaite Le business model permet de mieux comprendre également, le changement de logique auquel doiAFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 75


Critères de convergence et performance économique dans la Zone Franc CFA

Persistance des disparités

entre les économies de l’UEMOA et de la CEMAC Par Abdou Diaw

Plus de quinze années après la dévaluation du franc Cfa survenue en 1994, quel est l’état (ou le degré) de convergence des économies dans chaque union économique et monétaire (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine «Uemoa» et Communauté Economique et Monétaire des Etats d’Afrique Centrale «Cemac»), suivant les critères ainsi définis? A cette question, l’étude du Professeur Mohamed Ben Omar Ndiaye, Maître de conférences, Agrégé en Sciences Economiques, intitulée «Respect des critères de convergence vs harmonisation des critères de convergence : étude comparative des performances des indicateurs de convergence économique dans la zone Franc en Afrique, (UEMOA et CEMAC)» apporte plus de visibilité. Synthèse. Dans la Zone Franc, la mise en place de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté Economique et Monétaire en Afrique

Centrale (CEMAC), depuis 1994, avait pour objet, le rapprochement des comportements (indicateurs) des différentes économies en matière de taux de

76 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

croissance du PIB, de déficit budgétaire, de taux d’inflation, d’endettement, d’investissement en pourcentage du PIB etc., c’està-dire, de réaliser la convergence


FOCUS aussi bien réelle que nominale des économies des Etats membres. En d'autres termes, il s'agit de réaliser la convergence des variables réelles (des niveaux de PIB par tête, par exemple) et la convergence des variables nominales (des taux d'inflation, par exemple). Cependant, l’évolution de la Zone Franc et les thèses sur les unions monétaires optimales ont montré que les pays membres des unions économiques et monétaires de la Zone Franc en Afrique ne connaissent pas encore les harmonisations et les efficiences attendues de l’intégration économique et monétaire. Bien que des progrès aient été enregistrés pour certains critères de convergence, des disparités persistent aussi bien entre les différentes économies des Etats membres au sein de chaque union, qu’entre les deux unions économiques et monétaires elles-mêmes. La Zone UEMOA la plus structurée, la Zone CEMAC la plus performante La dévaluation du franc CFA de 1994 par rapport au franc français témoigne des faibles performances des économies de la Zone Franc. Ces dernières étant très influencées (vulnérables) par la conjoncture internationale, évoluent ainsi dans le contexte d’un espace monétaire africain non optimal, marqué par de profondes disparités. Cependant, même si les pays membres des unions économiques et monétaires de la Zone Franc en Afrique ne connaissent pas les efficiences attendues de l’intégration économique et monétaire, un processus de convergence de leurs économies semble se manifester de part et d’autre des deux sous-régions UEMOA et CEMAC, surtout à partir de 1994. Par ailleurs, ce processus de convergence, voire d'harmonisation, connaît des avancées plus manifestes dans

la zone UEMOA que dans la zone CEMAC, même si cette dernière réalise les meilleures performances en terme de respect des critères de convergence économique ainsi retenus. Ce phénomène est dû aux spécificités des économies de chaque sous-région, notamment de la structure de leurs exportations. Les critères de convergence les plus affirmés : l’endettement, les taux d’inflation A la suite de cette analyse, on peut dire que les pays membres des deux unions économiques et monétaires de la Zone Franc ont généralement entamé un processus de convergence de leurs politiques économiques, même si parfois ce processus est relativement lent. Les convergences les plus affirmées, aussi bien dans l’UEMOA que dans la CEMAC, ont été remarquées au niveau des taux d’endettement et des taux d’inflation annuels moyens et dans une moindre mesure des soldes (déficit) budgétaires. Cependant, dans l’UEMOA, la convergence la plus marquée est notée au niveau du taux d’endettement alors que dans la CEMAC, c’est avec le critère solde budgétaire sur PIB que la convergence se réalise. Ce phénomène traduit le fait que dans l’UEMOA, la politique d’ajustement et les mesures d’accompagnement ont contribué à réduire considérablement les arriérés de paiement sur la dette dont les variations sont, dans la plupart des pays, nulles ou négatives. Dans la CEMAC, le secteur des hydrocarbures a connu des investissements importants à la suite de la dévaluation, favorisant non seulement des rentrées de devises dans la sous-région, mais aussi des prélèvements fiscaux considérables qui ont amélioré de ce fait les soldes budgétaires.

Le casse-tête dans les deux Unions : l’équilibre budgétaire Ainsi, que cela soit dans l’UEMOA ou dans la CEMAC, la convergence, si elle existe, se fait souvent vers la référence la moins performante. Ce qui reflète le caractère relativement lent de ce processus dans toutes les deux unions. A l’opposé, les divergences les plus notoires dans l’UEMOA sont notées au niveau des taux d’investissement et dans une moindre mesure au niveau des soldes budgétaires. Dans la CEMAC, cellesci sont notées au niveau des taux d’endettement. Ce phénomène soulève la question de la gestion de la dette et des difficultés à réaliser l’équilibre budgétaire dans toutes les deux unions. Toutefois, les meilleures performances ont été enregistrées en zone CEMAC, pour la plupart des indicateurs qui ont fait l’objet d’étude. Cependant, le processus de convergence (ou d’harmonisation) est plus avancé dans l’UEMOA. L’explication qu’on pourrait donner à ce phénomène est relative au fait que l’installation des structures économiques d’intégration connaît une plus grande avancée dans l’UEMOA et, de ce fait, les politiques économiques y sont mieux harmonisées que dans la CEMAC. Globalement, les indicateurs de convergence nominale sont plus performants que les indicateurs de convergence réelle. Les politiques économiques fortement tributaires aux structures économiques Cette situation est caractéristique de la Zone Franc en général, quand on sait que les pays membres sont depuis longtemps liés dans le cadre d’une coopération monétaire avec la France et pratiquent des politiques économiques communes, essentiellement la politique monétaire et budgétaire, par exemple. La

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 77


FOCUS dévaluation du franc CFA de 1994 et la création de l’UEMOA et de la CEMAC ont, entre autres objectifs, favorisé l’harmonisation des politiques économiques nationales, même si des retards ont été constatés dans l’installation des structures économiques. Par exemple, les traités instituant l’UEMOA et la CEMAC datent de 1994, alors que la Commission de l’UEMOA n’a été opérationnelle qu’à partir de 1998. Ensuite, les structures de l’UEMOA sont plus en avance par rapport à celles de la CEMAC. C’est la raison pour laquelle les politiques économiques nationales connaissent une avancée plus importante par rapport à l’installation des structures économiques. La dévaluation plus profitable à l’économie de la Zone CEMAC qu’à la Zone UEMOA Les meilleures performances de la CEMAC sont dues essentiellement à un phénomène conjoncturel lié à la nature des expor-

tations dans cette sousrégion. Pendant que dans l’UEMOA, les exportations ont été essentiellement agricoles, dans la CEMAC, elles ont concerné plutôt les produits pétroliers. L’évolution plus favorable des cours de ces derniers sur cette période, accompagnée d’une bonne tenue du dollar américain sur le marché international, à la suite de la dévaluation du franc CFA de 1994, a permis aux pays membres de la CEMAC d’enregistrer des gains substantiels de compétitivité plus importants que ceux connus par les pays membres de l’UEMOA. Toutefois, on peut espérer que les performances économiques de l’UEMOA et de la CEMAC s'améliorent de plus en plus : les structures étant progressivement installées de part et d’autre. C'est dans cette dynamique d'intégration économique que s'inscrivent les stratégies de développement des économies membres des unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc.

Dans l’UEMOA, la convergence la plus affirmée est notée au niveau du taux d’endettement alors que dans la CEMAC, c’est avec le critère solde budgétaire sur PIB que la convergence se réalise.

Rentes pétrolières en Afrique Centrale contre rentes agricoles en Afrique de l'Ouest. L’étude des critères de convergence des politiques économiques dans la Zone Franc en Afrique montre que des possibilités de convergence économique existent aussi bien dans la zone UEMOA que dans la zone CEMAC. Cependant, l'évolution et la vitesse (ou le rythme) de convergence d'un critère dépendent de la nature des économies qui sont souvent des rentes pétrolières en Afrique Centrale ou des rentes agricoles en Afrique de l'Ouest. Par ailleurs, le processus d'harmonisation des critères de convergence est plus avancé dans l'UEMOA que dans la CEMAC. Toutefois, cette harmonisation se fait vers des valeurs qui ne respectent pas souvent les valeurs fixées des critères de convergence. Cependant, quelle que soit la sous-région considérée, on note souvent des tendances à la divergence ou

Le Traité de Maastricht est-il l'idéa Par Abdou Diaw

Faut-il accorder la priorité à la convergence nominale ou à la convergence réelle? La question ici est, faut-il considérer la convergence nominale comme principale étape vers l'Union économique et monétaire (UEM) ou bien faut-il accorder la priorité à la convergence réelle? Quelle est alors, la meilleure voie pour attein-

dre cette UEM? Ces questions préoccupent les pays africains de la Zone Franc et donc, les deux unions économiques et monétaires concernées, dans la mesure où celles-ci utilisent depuis plus de 40 ans, une monnaie commune et, veulent maintenant, réaliser l'intégration économique, en plus de l'intégration monétaire déjà

78 | AFRIcan business journal | Avril 2012 | N°02

établie. Par conséquent, la voie tracée par le Traité de Maastricht (convergence nominale d’abord, convergence réelle ensuite) est-elle l'idéal pour l'UEMOA et/ou la CEMAC? En réalité, les unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc sont caractérisées par des taux d'intérêt identiques, un


FOCUS de résistance à la convergence des politiques économiques nationales. Une restructuration profonde des économies s'avère donc nécessaire dans le sens de renforcer le système déjà établi de convergence économique et de parachever le processus d'intégration économique dans les unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc, en particulier, et en Afrique, en général. Variables nominales plus performantes que les variables réelles Des indicateurs (critères) comme le taux d’investissement, le taux d’inflation annuel moyen et, dans une moindre mesure le solde budgétaire, ont été les plus performants sur la période 1980-2000. Plus spécifiquement, les critères de second rang, relatifs à la structure des dépenses publiques, ont été plus "performants" que ceux de premier rang, relatifs aux contraintes de soutenabilité des déficits budgétaires et de la dette

dans les deux unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc. De même, les variables (critères) nominales de politiques économiques (ou conjoncturelles) sont plus performantes que les variables réelles. Globalement, les variables nominales ont été plus performantes que les variables réelles durant la période 1980-2000. Ces constats sont la conséquence - toutes proportions gardées - de l'amélioration dans l'allocation des ressour-

ces publiques (ou dans la structure des dépenses publiques) surtout à partir de 1994, d'une part, et à l'opposé, des difficultés rencontrées dans la gestion de la dette dans cette période, d'autre part. Ces critères nominaux comme réels (de premier rang et de second rang) ont ainsi connu des évolutions assez différenciées, aussi bien à l'intérieur d'une même sous-région qu'entre les deux unions économiques et monétaires africaines de la Zone Franc prises dans leur ensemble.

DATE

1994 Année de la dévaluation du Franc CFA

al pour l'UEMOA et/ou la CEMAC ? taux de change fixe par rapport à l'euro (1 euro= 655,59 F Cfa), une politique monétaire commune et des taux d'inflation faibles. De ce fait, elles semblent plus préoccupées, à la suite de réformes de 1994, par l'objectif de convergence des variables réelles, donc de leurs structures, que par celui de la convergence des va-

riables nominales, lesquelles font l'objet d'un suivi assez harmonisé dans le cadre de la Zone Franc. Toutefois, cette situation (de "convergence nominale") n'a pas pour autant, favorisé après plus de 40 ans d'intégration monétaire, la convergence des structures (des variables réelles) dans les unions économiques et mo-

nétaires africaines de la Zone Franc. Pire encore, les divergences structurelles semblent persister. Ces propos sont ainsi confirmés par les travaux de Bamba N. L. et Diomande K. (1998), relatifs à l'interaction entre "convergence réelle" et "convergence nominale" dans les pays de l'UEMOA.

AFRIcan business journal | Avril 2012 | N°02 | 79


" Nous devons traduire les objectifs de respect des critères de convergence et d'harmonisation des économies en objectifs de croissance économique et de développement." Propos recueillis par Abdou Diaw

I n t e r v iew

FOCUS

Le Professeur Mohamed Ben Omar NDIAYE, auteur de l’étude «Respect des critères de convergence vs harmonisation des critères de convergence : étude comparative des performances des indicateurs de convergence économique dans la zone Franc en Afrique, (UEMOA et CEMAC)», est par ailleurs, le Directeur Général de l’Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (AMAO, en anglais, West Afican Monetary Agency «WAMA»), basée à Freetown, en Sierra Leone. Dans l’entretien qui suit, le Pr NDIAYE décline ses propositions, à la suite de son étude.

Quelles sont les propositions que vous préconisez dans l’optique de la mise en place d’un espace économique et monétaire élargi, intègré et stable ? Mes propositions se résument à réaliser "la convergence" des économies nationales. Certains critères évoluant en fonction des recettes fiscales , par exemple, nous paraissent très instables car celles-ci sont généralement dépendantes, dans le cas de la Zone Franc, de phénomènes conjoncturels peu ou pas maîtrisés. Ensuite, nous devons éviter des perturbations d’origine externe comme les importations d’inflation ou de déficit public insoutenable. Par exemple, en incitant l’adhésion de nouveaux membres, définir et exiger des conditions strictes "d’alignement" préalables d’un pays tiers aux critères ainsi retenus. Egalement,

nous pourrons renforcer le contrôle de l’évolution des critères de convergence en vigueur et définir des instruments (ou mesures) d’ajustement en cas de non respect ou de déviation majeure à la suite d’un choc externe, par exemple. L’espace économique et monétaire de la Cemac et de l’Uemoa gagnerait aussi à renforcer la convergence des taux d’inflation afin d’éviter des différentiels de compétitivité très importants entre les Etats membres de la zone intégrée; d’accorder une considération plus importante aux variables structurelles dans les objectifs de convergence économique dans la mesure où celles-ci connaissent généralement du retard dans leur mise en œuvre et des disparités parfois persistantes entre les nations membres d’une même sous région. Toutefois, il serait intéressant de pousser cette analyse plus loin et

80 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

d’étudier les déterminants supplémentaires d’accélération de la convergence économique. Une autre question encore aussi importante est d'étudier les mécanismes de respect et de transmission des performances des critères de convergence dans un objectif de développement économique. En d'autres termes, comment traduire les objectifs de respect des critères de convergence et d'harmonisation des économies en objectifs de croissance économique et de développement? Dès lors, il est souhaitable de déterminer le seuil pour chaque valeur de référence à partir duquel, chaque pays de l’Union est susceptible de converger vers un équilibre haut (et stable), caractéristique de développement. Cela reviendrait à déterminer pour chaque indicateur stratégique du développement, la dynamique d’impulsion en termes de montant de transfert à allouer.


FOCUS Quels sont les leviers à activer pour une économie intégrée dans la Zone Franc ? Je pense que nous devons aller vers un meilleur suivi des indicateurs de convergence nominale (les indicateurs de convergence de politique économique essentiellement) car, même si ceux-ci sont plus performants que les indicateurs de convergence réelle, ils n’ont pas encore favorisé la réalisation de cette convergence réelle. Nous devrons favoriser l’investissement privé (et public) national comme étranger dans le cadre de l’Union douanière et le développement du marché financier. La mise en place d’infrastructures et d’institutions appropriées, c’est-à-dire d’un cadre macroéconomique incitatif, favoriserait mieux le développement de l’investissement direct étranger notamment. Nous devrons restructurer les dépenses publiques afin de permettre des déficits soutenables mais aussi, d’orienter ces dépenses plutôt vers des investissements publics que vers des options favorisant la consommation finale. Ainsi, avec l’harmonisation des programmes d’investissements publics, ceci pourrait aider à la convergence des politiques budgétaires dans leur ensemble et aussi des soldes (déficits) publics notamment. Je pense également qu’il y a lieu de définir un nouveau mode de gestion de la dette et de son service mais aussi, et surtout, une nouvelle forme de négociation de la dette et des arriérés de paiement, avec la création d’actifs négociables sur un marché de la dette, par exemple. Au chapitre de l’économie réelle, la Zone Franc Cfa, l’Uemoa et la Cemac devraient renforcer et harmoniser les politiques agricoles nationales dans un contexte de spécialisation régionale ou sous régionale. Ceci permettrait d’obtenir une production stable qui ne dépend pas de phénomènes conjoncturels, climatiques ou saisonniers, et susceptible de dégager suffisamment de valeur ajoutée. C’est cette valeur ajoutée qui pourrait, à travers une "manifestation électrique", stimuler l’industrie et favoriser la convergence

économique vers de meilleurs niveaux de vie, par exemple. La Zone Franc CFA a connu ses Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) dans les années quatre vingt puis la dévaluation dans les années quatre vingt dix, sans pour autant que l’équation du développement ne soit résolue. Où est ce que vous situez la difficulté ? Les pays de la Zone Uemoa et de la Zone Cemac doivent s'écarter totalement des méthodes adoptées jusqu'ici et qui ont conduit dans une impasse totale, pour s'approcher d'une solution de redressement de l'économie de la Zone Franc. Cette dernière est loin d'être une solution de second rang ("second best") ou un palliatif, à l'image de celles souvent apportées aux problèmes des mêmes mécanismes du système de change actuel, mais une reformulation profonde avec une définition précise des conditions nécessaires et préalables (mais non suffisantes) à la construction économique et monétaire de l’Afrique. Dans l’espace Uemoa et Cemac respectivement, la libre circulation des personnes et des biens reste problématique malgré tout cet enthousiasme dans les discours politiques. A votre avis, où se situent les obstacles? J’estime que les Chefs d’Etat respectifs de la Zone Uemoa et de la Zone Cemac devront renforcer l’Union douanière et le marché financier et augmenter les facilités de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Cette recommandation est une condition nécessaire, mais non suffisante, à l’exercice des autres aspects fondamentaux du processus d’intégration économique. Il faut reconnaître que comparée à la zone CEMAC, la zone UEMOA a connu beaucoup plus d'avancées significatives dans le domaine de la libre circulation des biens des personnes et des capitaux, et également dans le domaine du développement et de l’interconnexion des systèmes de paiement.

La solidarité interrégionale de même que les systèmes de communication intra zone peuvent être un gage de la détermination et de fidélité des peuples dans les réalisations des objectifs d’intégration et de développement économique. Cette recommandation s’inscrit dans la logique d’éliminer, voire de réduire à leur strict minimum, le phénomène de passager clandestin («free rider») qui pourrait exister dans une union économique et monétaire et réduirait de ce fait, l’efficacité de la zone intégrée. Je pense également qu’il nous faut mettre en place, une politique régionale de solidarité favorisant les pays les plus pauvres, afin de leur permettre d’améliorer leur croissance économique. Est-ce qu’il n’existe pas un levier non économique mais aussi déterminant pour un Développement convergent et harmonieux dans la Zone Franc, je veux parler de la stabilité politique ? Toutes ces recommandations, pour jouer pleinement leur rôle, doivent coexister avec des situations de stabilité politique et sociale incarnées par des libertés d’opinion et d’expression à travers des régimes politiques démocratiquement installés. Cette batterie de recommandations, qui est loin d’être exhaustive, s’inscrit ainsi dans la perspective de faire place à des conceptions novatrices qui seraient empreintes d'un esprit de responsabilité individuelle, qui doit animer chaque pays et imprégner profondément les peuples et les dirigeants, qui seraient désormais placés devant les conséquences de leurs choix et de leurs actes. Au demeurant, la réussite de tout projet d’intégration exige un engagement sans faille de la part des dirigeants et, de la part des peuples, une adhésion forte et confiante. Cette exigence considère l'avenir de la zone CFA, et même du continent africain en général, en le situant par rapport aux nécessités de performance et de développement économique du continent à court, moyen et long terme. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 81


Les dirigeants africains prennent-ils soin de leur santé?

Présenté par Octave DOSSOU

Entre volume de travail, obligation de résultats, stress, contraintes familiales et pression sociale, les dirigeants africains prennent-ils soin de leur Santé? Certainement pas.

A cela s'ajoute "l'idéologie du leadership"qui interdit trop souvent aux dirigeants, de s'épancher sur leur problème de santé. «Je n'ai pas le temps d'être malade» est une réflexion entendue des milliers de fois. Pour-

82 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

tant le capital-santé du dirigeant est le premier capital immatériel d'une entreprise (surtout PME et PMI). Cette vérité, souvent oubliée ou méconnue, est tous les jours vérifiable lorsqu'un dirigeant d’entreprise

souhaite emprunter de l'argent à la banque. La première chose qu'il remplit est... un questionnaire santé! Alors, deux conseils : faites régulièrement votre bilan de santé (check up) et…. partez en vacances.


santé & entreprise Les 8 facteurs de risques cardiovasculaires :

Pourquoi prendre des vancances Une des premières raisons pour lesquelles les vacances font du bien, c’est parce qu’elles vous permettent de changer de rythme et plus particulièrement de le ralentir. Vous vous levez plus tard que lorsque vous travailliez. Vous prenez plus de temps pour les repas et vous soulagez votre corps. Vous aérez votre esprit et vous «rechargez les batteries». Que vous alliez à l’autre bout du monde, à quelques kilomètres de chez soi ou que vous restiez tout simplement à la maison, les vacances sont une cure de santé. Le temps qui vous permet de passer plus de temps avec vos enfants, vos proches, la famille et les amis qu’on ne voit pas beaucoup tout au long de l’année, est une source de bien-être que l’on ne retrouve que grâce aux… congés. Pour le bilan de santé, suivez les conseils du Dr Abdarahmane Koné (page 86), spécialiste en médecine du travail. 

1. Trop de cholestérol 2. Hypertension 3. Diabète 4. Surpoids 5. Tabagisme (ou arrêté depuis moins de 3 ans) 6. Traitement hormonal substitutif 7. Antécédent personnel d'accident vasculaire 8. Antécédent familial d'accident cardiovasculaire A quelle fréquence effectuer un bilan cardiovasculaire, en fonction des facteurs à risques trouvés dans la liste ci-dessus : 0 facteur : un bilan cardiovasculaire doit être effectué tous les 5 ans (glycémie, cholestérol, triglycérides, tension, poids...). 1 facteur : un bilan cardiovasculaire doit être réalisé tous les 3 ans. 2 facteurs ou plus ou 1 facteur majeur (antécédents cardiovasculaire, diabète) : effectuer un bilan cardiovasculaire absolument tous les ans.

Les modèles de stress au travail: La notion du stress professionnel s’appréhende sur la base de deux modèles reconnus : celui de Karasek et celui de Siegrist. Manque d’autonomie et de soutien social : Le premier modèle aborde le stress selon trois composantes principales : les exigences du travail (quantité, complexité et contrainte de temps), l’autonomie (capacité d’influencer et possibilité de choisir) et le soutien technique et émotionnel que l’individu peut recevoir. Il en ressort que le stress n’est pas seulement lié aux exigences liées au travail, mais bien davantage du manque d’autonomie et du manque de soutien social. Relation effort-récompenses: De son côté, Siegrist fait émerger un autre modèle qui repose quant à lui, sur la relation efforts- récompenses qu’un salarié perçoit à travers l’exécution de son travail. Ainsi, le stress professionnel ne s’appréhenderait pas seulement en fonction des contraintes associées au travail et des moyens mis en place pour y faire face, mais aussi en lien avec les récompenses (l’estime, le statut et les gratifications monétaires) qu’un employé en retire, et ceci, en compensation des efforts qu’il déploie.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 83


santé & médecine

84 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02


santé & entreprise

Effectuer régulièrement des bilans de santé globale. Dr Abdérahmane Koné conseille aux dirigeants africains, d’effectuer des bilans de santé (chek up), après avoir situé les comportements à risque. Les pathologies les plus décelées dans la population des Cadres et Dirigeants Africains Avec une lourde charge de travail (plus de 50 heures par semaine) et un climat d'incertitude, le dirigeant est le premier capital immatériel de l'entreprise. Parmi les troubles de la santé rencontrés dans ce groupe des populations de l’entreprise, hormis les lésions musculo-squelettiques liées à l’ergonomie des sièges et bureaux de travail, ce sont les maladies chroniques, que l’on désigne sous le sinistre vocable des «tueurs silencieux», par une mauvaise hygiène de vie, portant sur l’alimentation et le sommeil aggravés par un sédentarisme avec une absence d’exercices physiques. Ainsi, on retrouve l’excès de poids, l’hypertension artérielle et les maladies dites métaboliques par excès de sucre (diabète), de cholestérol, d’acide urique (la goutte avec ses douleurs « réveil matin » siégeant au gros orteil. Par ailleurs, ce n’est jamais avoué ou bien ses symptômes sont méconnus, le stress est là en lame de fond avec les particularités africaines de la perception et gestion du

pouvoir : harcèlement et violence au travail Régime alimentaire et pratique du sport On est ce que l’on mange, Chez soi et… au travail ! L’Organisation International du Travail estime qu’une alimentation inadaptée peut entraîner jusqu’à 20% de perte de productivité et être responsable d’une augmentation de la fréquence des blessures et maladies ! Alors, nous disons que pour être Alerte, Concentré, Vigilant et Productif au travail : - Prendre le temps de bien déjeuner, -  Le matin il faut des fibres (amandes, fruits secs, figues, dattes, etc.) pour fournir une énergie stable et tenir jusqu’au dîner sans avoir faim ! - Manger léger le soir pour préserver la qualité du sommeil. S’agissant du sport, la palette est large selon le temps ressource. Mais, il faut s’efforcer, en dehors des 15 minutes d’étirement à la descente du lit le matin, de s’astreindre à la marche, au moins trois fois par semaine, à faire 2 km en moins de 45 minutes !

DIGEST Dr Abdéramane KONE, 61 ans, est spécialiste en Médecine du Travail. Il a effectué trente ans aux Industries Chimiques Sénégal (ICS), en qualité de Chef du service médical. Expert Conseil et Formateur en Santé, Sécurité et Environnement au Travail pour les Entreprises, les Collectivités Locales et les Associations, Dr Koné est diplômé du CES (Certificat d’Etudes Spéciales) de Médecine du Travail de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) et gradué Maître es Sciences Appliquées en Santé au Travail de l’Université Mc Gill de Montréal au Canada. Dr Koné a une expérience professionnelle riche dans le domaine de la promotion de l’Hygiène, de la Santé et de la Sécurité au Travail, à travers l’animation de multitudes de sessions de formation, d’information, d’éducation et de communication en vue d’un changement de comportement. Il est le promoteur de l’Ecole de Formation aux Métiers de Sécurité Santé et d’Environnement du Travail (EFMS-SET), au Sénégal.

Causes , Manifestations et conséquences du stress Le schéma qui suit définit le cadre : ENTREPRISE = Lieu de production et de distribution de ri-

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 85


santé & entreprise chesses et de pouvoir. LOI DU RENDEMENT légitimant la course à la compétitivité et la performance. ETAT DE SOUFFRANCE MENTALE à tous les niveaux de l’organisation. Quel que soit le facteur initial, privé ou professionnel, il est à considérer avec la même importance et la même urgence, car les deux vont de pair. Les effets se répercutent à trois niveaux : • Effets  physiologiques: symptômes  cliniques (troubles gastriques, céphalées, lombalgies…) • Effets émotionnels : perte de confiance en soi, état dépressif, perte de concentration • Effets comportementaux: ils facilitent la consommation d’alcool, tabac, drogue… Conséquences du stress : • L’usure professionnelle: le travailleur agit par automatisme, fatalisme, est incapable de réactivité à l’imprévu par épuisement physique, psychique ou/et émotionnel ; • Perte de contrôle de soi, de ses capacités ou de son action sur l’environnement ; • Troubles physiologiques et/ou mentaux De la Prévision à la Prévention Prévenir un risque, c'est l'empêcher d'exister ou tout au moins, essayer par tous les moyens d'arriver à ce résultat. Prévoir un risque, c'est penser qu'il pourra exister à un moment donné et prendre des mesures en vue de son apparition. Conseil : Pour ce faire, il faut dépister et surveiller les effets prévisibles des facteurs de risque sur la santé. Ce qui justifie le recours périodique à des examens médicaux (check up) visant à évaluer le capital santé ! 

«Le stress fait partie de notre bagage génétique » Dominique Steiler, spécialiste du stress professionnel

Dominique Steiler, grand spécialiste du stress professionnel donne des pistes de réflexions sur le stress en entreprise : comment le comprendre? Comment le mesurer? Le stress est-il inévitable pour être efficace ? Cette question est très souvent au cœur du débat mettant aux prises deux parties. D’un côté, le patronat qui a tendance, de manière ambivalente, à penser qu’une personne sous stress devrait réussir à donner le meilleur d’elle-même, tout en considérant le stress comme une pathologie individuelle. De l’autre, les partenaires sociaux qui ne voient dans le phénomène qu’un déséquilibre organisationnel. Les choses sont évidemment plus complexes que cela, mais si nous sommes aujourd’hui sûrs d’un fait, c’est que le stress ne permet d’être efficace qu’à court terme en situation «de survie» et ne peut en aucun cas fournir une performance durable. C’est en état de bien-être associé à une activation adéquate que la personne peut offrir sa meilleure performance à long terme. Est-ce le même stress pour les managers, les employés, les sportifs de haut niveau? Peutil y avoir du «bon stress»? De manière générique, le phénomène de stress est le même pour tous, il fait partie de notre bagage génétique. Par contre,

86 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

ce qui va changer, ce sont les causes potentielles, le contexte dans lequel il va survenir, les capacités de la personne à y faire face efficacement et les conséquences personnelles ou organisationnelles. Ainsi, disons de façon lapidaire que le stress du cadre dirigeant est souvent lié à son isolement et l’impression que Tout repose sur ses seules épaules, sans possibilité de soutien. Pour le manager intermédiaire, c’est plus l’impression d’être coincé entre le marteau et l’enclume. Enfin, pour l’employé ou l’ouvrier, les causes sont plutôt centrées sur le manque de contrôle ou de latitude décisionnelle quant à sa propre vie professionnelle. Il ne décide rien de ses activités ou de ses temps de repos. Dans le langage commun, un employé qui parle de stress ne dit jamais qu’il va bien. C’est la première chose à considérer. Le bon stress serait le niveau d’activation optimal pour permettre la performance la meilleure… Mais comment juger de cela ? Quels sont les pays modèles en termes de gestion du stress? Il semble que les pays nordiques soient les plus avancés dans ce domaine, certaine-


santé & entreprise

ment parce qu’ils ont une vision très large et systémique des choses. On retrouve ainsi de très bons travaux sur la gestion du stress dans l’enseignement, pour les élèves comme pour le corps enseignant en Finlande. La Norvège a intégré depuis très longtemps l’approche ergonomique du stress, elle a évité ainsi de nombreux troubles musculo-squelettiques et la Suède a été l’un des premiers pays à légiférer sur la question. On peut cependant espérer que les efforts du gouvernement viendront se conjuguer à la prise de conscience plus large des personnes, employeurs et employés, pour progresser dans ce domaine. Comment sensibiliser les entreprises à leur responsabilité sociale vis-à-vis du stress ? Cette question est apparue très tôt pour les spécialistes du domaine, convaincus qu’ils étaient de l’ampleur du phénomène et dépités du faible investissement des entreprises en la matière. Plusieurs niveaux de réponse ont été mis en œuvre et chacun a apporté sa contribution. Il en

est ainsi de la sensibilisation à l’impact financier du stress professionnel, premier argument employé. Les études sur les coûts du stress ont permis une réelle prise de conscience des acteurs et la compréhension des pertes qu’il pouvait provoquer. Les décisions gouvernementales ont bien entendu leur rôle à jouer, même si dans un premier temps, elles peuvent être perçues comme des contraintes. L’insistance mise sur les démarches préventives, par les chercheurs et les entreprises impliquées, commence à porter ses fruits. Le coaching, et plus largement, le développement personnel est certainement un facteur encore bien peu exploité. Il est pourtant au cœur du sujet. Enfin, l’ampleur du phénomène «développement durable» est petit à petit en train de faire son chemin et, si le volet social n’a pas encore complètement pris sa place, la société dans son ensemble commence à percevoir combien l’économie, l’écologie ET le bien-être de l’homme sont au cœur du futur de nos vies. 

France : Observatoire de Santé des dirigeants de PME Malakoff Médéric, leader de la protection sociale en France, le Centre des Jeunes Dirigeants et l'Observatoire Amarok de santé des dirigeants de PME, ont lancé depuis le 17 mai 2011, une expérimentation inédite sur l'état de santé des dirigeants en France, dans le cadre d'un partenariat sur trois ans. Selon les responsables de Malakoff Médéric, «l'amélioration ou la préservation de la santé au travail engendre des bénéfices partagés pour les différentes parties-prenantes: salariés, entreprises, assureur santé et prévoyance». Pour Michel Meunier, président du CJD, «la lutte contre le stress est une source de performance et de différenciation dans le cadre de la stratégie globale de l’Entreprise». Selon Olivier Torrès, Président fondateur d'Amarok, «il y a plus de statistiques sur la santé des baleines bleues que sur celle des entrepreneurs !».

Source les Editions-Retz AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 87


 success story Un nouveau modèle pionnier de crédit apporte l'énergie solaire à des milliers de personnes en Afrique rurale

SolarNow Une entreprise sociale

Par Laure EGO , (Médiaterre)

Le projet Global Village Energy Partnership (Gvep) a uni ses forces avec la Fondation Rural Energy, une ONG néerlandaise qui vise à accélérer le développement du marché de l'énergie solaire en Afrique sub-saharienne, pour piloter un nouveau modèle de crédit basé sur la location-vente. Grâce à ce dernier, une nouvelle génération de détaillants spécialisés est en mesure d'offrir à prix abordable des systèmes solaires domestiques à des milliers de ménages ruraux.

Plus de 70% de l'Afrique subsaharienne n'a pas accès à l'électricité. Dans les régions rurales, ce taux dépasse souvent les 95%. Des millions de personnes à travers le continent continuent à s'appuyer sur les combustibles nocifs comme le kérosène pour éclairer leurs maisons et leurs boutiques à la nuit tombante. Bien que des solutions alternatives modernes telles que l'énergie solaire existent, la plupart des ménages dans les zones rurales n'ont pas suffisamment de liquidités pour acquérir un système domestique, ni souvent les compétences techniques pour les

88 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

installer. Willem Nolens de SolarNow, l'entreprise sociale créée par la Fondation Rural Energy (REF) pour s'attaquer à cette question, explique que l'un des principaux obstacles pour les entreprises solaires est le manque d'accès au financement. " Alors que les institutions de microfinancement ont essayé de mettre en place des systèmes de prêts pour augmenter l'utilisation de l'énergie solaire dans les zones rurales, aucun ne s'est avéré pouvoir être répliqué", dit-il. Ainsi, REF et GVEP ont récemment fait équipe pour piloter un nouveau modèle de crédit, dans lequel REF a créé une so-

ciété de location-vente, vendant des systèmes solaires domestiques de qualité pour les ménages ruraux à travers un réseau de détaillants spécialisés. Trente détaillants sélectionnés Trente détaillants sélectionnés ont été impliqués dans le projet pilote, qui a eu lieu en Ouganda de Mai à Décembre 2010. Alors que GVEP a financé une partie des frais d'exploitation liés au projet, REF a établi un fonds de crédit pour soutenir un système de location-vente permettant de rendre le système solaire plus abordable dans les zo-


 success story nes hors réseau en milieu rural. 12 versements de 32.000 F Cfa chacun Pour Willem Nolens le pilote de location-vente s'est rapidement avéré être un succès, permettant à un grand nombre de personnes d'alimenter en électricité leurs maisons et leurs commerces pour la première fois. "Le principe de location-vente permet au client de louer le système pour une période prédéterminée, après quoi la propriété leur est transférée une fois que les coûts de REF ont été amortis." Le prix total du système, y compris l'installation et l'entretien, est d'environ 480 mille Cfa (960 dollars Us) avec le système de location-vente. Une caution de 112 mille F Cfa (224 dollars Us) est payable d'avance - suivie par 12 versements mensuels de 32 milles F Cfa (64 dollars Us). Chiffre d’affaires élevé Pour de nombreux détaillants solaires tels que Moïse Okera en Ouganda, de bonnes affaires peuvent être faites à partir de l'utilisation de la puissance du soleil: "L'énergie solaire est la meilleure option pour de nombreux Ougandais vivant en milieu rural. Un système solaire peut faire économiser beaucoup d'argent dépensé autrement à payer des factures de kérosène ou en carburant pour alimenter les générateurs. Et une fois que cela a été payé, le système solaire de-

vient la propriété de nos clients. " Grâce à la facilité de la location-vente, les détaillants ont augmenté leur chiffre d'affaires mensuel parfois de 200%, tout en profitant des niveaux élevés de satisfaction de la clientèle. Basile Okera a été impressionné et a décidé d'acheter l'équipement de Moïse pour créer sa propre entreprise de salon de coiffure et de recharge de téléphone. Il a profité du système de crédit " Solar Now " pour faire marcher son entreprise: "Je vais verser un acompte de 25% aujourd'hui, puis un autre dans trois mois, et je vais payer le reste dans l'année. Grâce à son système désormais

installé Basile est optimiste quant à son avenir. "Même si je suis nouveau dans ce métier, je pense vraiment gagner de l'argent. " Transformation du projet (REF) en société (SolarNow) Selon James Wakaba, directeur régional de GVEP, " le projet pilote de location-vente a été un tel succès qu'il a complètement changé tout le modèle d'affaires de REF. La prochaine étape évidente pour eux était de créer une société de locationvente, qui opère aux côtés de leur réseau de  concessionnaires, rendant le crédit des prêts disponibles pour leurs clients, qui seront alors desservis par

leurs réseaux de concessionnaires locaux. " Suite à son succès REF a en effet transformé le programme en une entreprise sociale appelée SolarNow. Offrant des systèmes solaires domestiques standardisés à des ménages ruraux avec des facilités de crédit à 12 mois, SolarNow apportera une contribution significative au développement du marché de l'énergie solaire en Afrique, tout en réduisant la dépendance sur les subventions, explique James Wakaba. "Je crois que le modèle d'affaires SolarNow peut considérablement augmenter l'adoption de l'énergie solaire en Afrique. "

EN BRef... SolarNow est une entreprise qui vend et distribue des systèmes solaires domestiques avec une facilité de location-vente, en Ouganda, en Tanzanie, au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso. Au cours des trois dernières années, la Fondation Rural Energy (REF) a aidé plus de 443.000 personnes à accéder à l'électricité, en travaillant avec des détaillants spécialisés pour fournir des systèmes solaires de haute qualité (75 Wp), l'installation et la maintenance, grâce à un nouveau système de crédit pionnier - à un coût revenant à moins de 2.135 F Cfa ( 4.27 dollars Us) par personne connectée. Depuis sa fondation en 2007, REF a vendu plus de 57 000 systèmes solaires domestiques et 36.000 lanternes solaires; économisant 5 millions de litres de kérosène et évitant 12 000 tonnes d'émissions de CO2.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 89


d’Alioune GUEYE bloc-notes Voir «Grand », commencer «Petit» Beaucoup de nos institutions et grands projets pêchent par leur «dimensionnement». Il n’y a qu’à regarder l’Union Africaine ou encore le NEPAD, ce « mort vivant » qui n’a pas encore donné lieu à la construction d’une seule petite salle de classe, encore moins d’une route ou d’un pont ; alors que ce projet qui avait suscité tant d’espoirs au début des années 2000, était censé contribuer à l’émergence une Afrique moderne et développée. Les difficultés de l’Union Européenne aujourd’hui confrontée à l’une des plus graves crises financières de son histoire, révèle à quel point la politique d’élargissement tous azimuts visant à intégrer des pays de l’ex bloc de l’est montre ses limites. Au point que plusieurs pays n’hésitent pas à envisager de se retirer de l’Union et à se recroqueviller sur la Nation. Cela pose la question de la taille critique d’une communauté pour qu’elle soit profitable à l’ensemble sans trop contraindre les pays membres de la dite communauté. C’est ce que réussissent admirablement trois pays andins au sein d’une Alliance «The Andean Three» : le Chili, la Colombie et le Pérou. Ces trois pays ont décidé d’intégrer leurs marchés financiers et commerciaux. Ils ont déjà signé des accords de libre échange et d’investissement. Mieux, en 2011 leurs bourses ont fusionné pour donner naissance à MILA (Marché Intégré d’Amérique Latine) qui revendique la deuxième plus large capitalisation boursière de la région après celle du Brésil et la première place en matière d’entreprises cotées. Le Chili est maintenant classé 11e mondial en matière d’attractivité des investissements tandis que le Pérou et la Colombie se sont hissés respectivement au 41e et 45e rang mondial. Nous gagnerions à nous inspirer de ce type d’expérience en nous appuyant sur deux voire trois pays au début, avant d’élargir à d’autres, plutôt que de commercer avec 30 pays dans un grand élan de solidarité et de n’avoir pas les moyens de Sa politique par la suite.  90 | AFRIcan business journal | Avril 2012 | N°02

La fin du leadership : Pourquoi, Il n’y aura plus de leaders dans les prochaines années? 2012 est l’année de toutes les élections en Afrique avec vingt scrutins. Jamais l’Afrique n’aura eu autant besoins de leaders face à des enjeux économiques, agricoles, militaires, sanitaires, technologiques de tout premier plan. Pourtant à ceux qui attendent à la tête de nos pays et de nos organisations de grands messies, ils devront se raviser. Notre conviction est qu’il n’y aura plus de leaders d'envergure dans les années à venir de la trempe des Nelson Mandela, Nkwameh Nkrumah, Gamel Abdel Nasser, Steve Jobs et autres Jack Welch, et ce, pour une raison très simple qui tient à la définition même du leader. On distingue en effet deux types de leaders, les leaders innés et les leaders révélés par les circonstances. Pour la première catégorie, on en a un tous les cinquante ans. Quant à la seconde catégorie, après que Francis Fukuyama, aie décrété la fin de l’Histoire, il ne faut plus rien en attendre. En effet, le libéralisme l’a emporté sur le communisme et devient l’horizon indépassable de l’humanité. La bataille des idéologies si propice à révéler des leaders «historiques» est terminée, laissant la place à la Pensée unique. En outre, les dirigeants d’aujourd’hui ne peuvent plus promettre monts et merveilles dans un environnement où la crise est devenue le quotidien, face à des citoyens devenus plus experts, donc exigeants. L’avenir est à l’humilité, à l’éthique, à la bonne gouvernance, et à la reddition des comptes, face à la complexité de l’environnement sur lequel, grands patrons et leaders politiques ont très peu prise. L’avenir ne secrétera désormais «que» des gestionnaires disposant de liberté d’action circonscrite, en lieu et place d’éventuels leaders au charisme contagieux. L’environnement commande l’émergence de dirigeants sobres et humbles, gestionnaires disciplinés de la chose publique ou du patrimoine de l’entreprise, tout en incarnant la complexité de l’environnement dans lequel on vit. L’ère des grands leaders est révolue. 


www.lafriquequiose.com AFRIcan business journal | janvier 2012 | N째01 | 91


Propos recueillis par Marlène MARINA

Professeur Raja Aghzadi

Chirurgienne, artiste, dame de cœur et diplomate Le Professeur est une référence africaine, voire une experte mondiale dans la chirurgie des cancers du sein. En dehors du bloc opératoire, la chirurgienne devient artiste et "transforme" le bistouri en pinceau, taquinant l’art contemporain en ne peignant que des…. portes. La dame de cœur, passe le plus clair de son temps à prodiguer des soins, à sensibiliser et à susciter l’espoir. La diplomate, sans s’en rendre compte, est en train de poser les jalons de "la diplomatie médicale Sud-Sud". Entretien avec une femme exceptionnelle.

92 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


 social

Aussi loin que vous pouvez remonter dans vos souvenirs, peut-on se faire une idée de votre «royaume d’enfance» ? Oh ! Là, on remonte bien loin et c’est magnifique. Quand je me rappelle mon enfance et mon adolescence qui ont été très courtes, s’il y a une chose qui m’a le plus marquée, c’est l’éducation que m’ont donnée mes parents, à qui je dois tout ce que je suis. Ils ont inculqué en nous, mes deux frères et moi, le principe du travail : rien que le travail, toujours le travail, la rigueur et l’honnêteté. Ce sont là, les fondements de mon enfance et j’insiste beaucoup sur la notion du travail, parce qu’il n'y avait pas autre chose que le travail, dans mon éducation. La devise était : travailler pour réussir sa vie, avoir un certain niveau intellectuel et être utile à la société. A quel moment précis de votre vie, avez-vous senti la nécessité de choisir le métier de «couper et coudre» le corps humain ? Cela remonte à mon enfance. Je m’étais fixée l’idéal du médecin qui avait une "aura", qui devait avoir un visage lumineux, qui incarnait en lui une lumière et une âme, belle et généreuse. Je suis une personne qui aime relever les défis. C’est ce que j’ai vécu dans toutes les étapes de ma vie. Tout enfant, à l’âge de 4 ans je me rappelle, c’était l’image du chirurgien qui m’avait marquée avec sa barbe ou sa moustache. Pour moi, c’était dés lors un défi de montrer qu’une femme pouvait bel et bien devenir «chirurgien». J’étais subjuguée par cette image du chirurgien, détenteur de la vie et de la mort du patient. "Couper" comme vous le dites, c’est une force physique, psychique surtout. Affronter la vie

et la mort, sauver des vies, pour moi, c’est le plus beau métier au monde. Et je ne pouvais me voir qu’en «chirurgien». Votre cursus est exceptionnel : à 7 ans vous êtes déjà au lycée, à 15 ans et demi, vous êtes bachelière, à 21 ans vous êtes Médecin et à 30 ans, Professeur Agrégé des facultés et des hôpitaux. N’est-ce pas ? Je nourrissais un rêve depuis mon jeune âge, celui de soigner les gens, de soulager leurs peines, leur apporter du bonheur et de la joie. Ainsi, dés que j'ai eu mon bac, je me suis naturellement orientée vers les études de médecine, en m’inscrivant à la faculté de Médecine de Rabat. En 1975, je menais en parallèle avec les cours que je suivais, des stages en chirurgie. J’étais toujours dans les blocs opératoires, dès mes premières années de médecine. J’étais la taupe des urgences, et la chirurgie qui est une science qui permet de rentrer dans le corps de l’être humain, m’a toujours attirée. A l'époque, la chirurgie était une affaire d'hommes, et l'arrivée d'une femme dans ce domaine était d'une part une surprise, et d'autre, une difficulté de plus. C'est vers le début des années

80, que j’ai décidé d'embrasser la carrière de chirurgien. J'étais major au concours d’entrée au CHU. Pour une femme, c’était une première dans l’histoire de l'internat. Puis j’ai suivi une formation solide, exigeante et astreignante. J’ai le souvenir d'un grand maître qui, en me recevant dans son service m'avait dit: pour être un bon chirurgien il ne faut pas dormir, ni s'asseoir, et encore moins manger : il faut à peine respirer et travailler. C'est ainsi que les bases de la chirurgie m’ont été inculquées, dans la rigueur, et le professionnalisme. En 1986, je suis de nouveau major au concours, pour assurer les charges de chef de clinique. Cinq ans plus tard, je postule pour la délicate fonction de professeur de chirurgie et toute une année durant, j'ai travaillé dur sans répit,avalant livres et articles, m'entraînant à exposer les cours pour les étudiants, et à définir les meilleures attitudes chirurgicales selon le cas du malade. En 1991, je suis professeur de chirurgie à la faculté de Médecine de Casablanca, avec plus de 200 articles parus dans des revues nationales et internationales. J’ai occupé plusieurs postes de responsabilité à la faculté de médecine et au département de chirurgie.

AFRIcan business journal | JANVIER 2012 | N°01 | 93


 social Quel est l’emploi du temps du Professeur en chirurgie que vous êtes ? Ouf ! Moi, vingt- quatre heures ne me suffisent pas en général (rires). Il faut se lever très tôt parce que le bloc opératoire commence à huit heures, et il faut être là avant, pour voir le malade et le réconforter d’abord. Ensuite, il faut retrouver l’équipe médicale, la coacher, mobiliser les énergies et vérifier que tout le matériel est en place. Il y a d’une part le bloc et d’autre part, les consultations. En dehors, ce sont des réunions scientifiques ou alors, je suis impliquée dans le social. Le chirurgien connait l’heure à laquelle il doit rentrer au bloc opératoire, mais ne sait jamais l’heure à laquelle il va en sortir. Beaucoup de choses peuvent se passer lors

à comprendre pourquoi elles ne venaient qu’à des moments critiques de leur maladie, à un moment où le traitement est illusoire. Je me suis rendue compte qu’elles avaient des difficultés pour aller à l’hôpital. Soit elles habitaient dans des zones très reculées du Maroc, soit elles appartennaient à des classes sociales défavorisées, démunies. Cela m’a fait interpeller et je me suis dit que c’est nous (Ndrl : les chirurgiens) qui devions aller vers elles. Vous savez, quand une femme apprend qu’elle a une tumeur dans son sein, c’est tout son monde qui s’effondre. Elle est angoissée. Ce constat est à l’origine de la création de l’association «Cœur de Femme», pour aller dans les zones enclavées du pays, rentrer dans les chaumières, les cases et les grottes pour sensi-

C’est cette envie d’être solidaire avec la femme africaine qui me donne des ailes.

d’une opération. Finalement, le temps ne compte pas, seul compte le travail bien fait. Une journée ordinaire pour moi, commence à huit heures le matin et se termine à vingt et une heures le soir. Professeur Raja, quelles sont les motivations qui vous ont poussée à créer l’association «Cœur de Femmes» au Maroc. Toujours un défi à relever. En ma qualité de chirurgienne à l’hôpital, j’ai été frappée par une chose qui s’imposait à nous médecins, surtout à moi femme particulièrement. C’était de voir des femmes malades, arrivées au stade terminal du cancer du sein. J'ai cherché

biliser, dépister et opérer les femmes atteintes de cancer du sein, classé premier cancer au monde. Nous préparons en ce moment, sous l’égide de l’Association «Cœur de Femmes», la sixième édition de la «Course de l’Espoir» qui sera un moment fort de communion, de soins médicaux et de sensibilisation. Vous avez étendu votre générosité et votre don de soi à la Femme Africaine au sud du Sahara. Ne posez- vous pas là, les jalons d’une «diplomatie médicale sudsud» ? Concernant nos interventions en Afrique au sud du Sahara, un ami

94 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

m’avait proposé de faire les mêmes actions de solidarité que nous faisions à travers «Cœur de Femmes» au Maroc. Nous avons tenté cette aventure au Mali en octobre 2003, où plus de mille femmes ont été examinées et sensibilisées, une vingtaine opérées et traitées contre le cancer du sein à Bamako. A partir de ce moment là, je me suis dit que la femme Africaine démunie, au sud du Sahara, rencontrait les mêmes difficultés que la femme marocaine. Notre deuxième action dans la zone a eu lieu au Niger en janvier 2006, où l'échange entre les deux associations marocaine et nigérienne, a permis de mettre en place un programme national de lutte contre le cancer. L'enseignement tiré est qu’il faut multiplier ce genre d'actions, car le rapprochement socioculturel de nos pays, permet de mieux nous comprendre et de réaliser des choses ensemble. Nous avons aussi décidé d’élargir nos actions de solidarité au Ghana, à l'Ouganda et à la Gambie où nous allons organiser au mois de mars 2012, une grande mobilisation pour la lutte contre le cancer du sein. C’est cette envie d’être solidaire avec la femme africaine qui me donne des ailes. Il y a également, un côté plus diplomatique que politique. Car, je pense profondément, que l’avenir de l’Afrique, ce sont les relations sud-sud que nous devons développer. On a à apprendre de part et d’autre, et je me considère comme une fervente militante des relations Sud-Sud, la meilleure politique pour l’Afrique. Le continent africain, possède des richesses insoupçonnables en matière de ressources humaines et une politique de santé basée sur un échange équitable, permettra de pallier les failles dans certaines zones d'Afrique. La plupart des pays se rapprochent par leur religion, leur culture, et surtout par la géographie. Le coût élevé des soins en Europe et aux USA prive


 social la majorité des citoyens d’un droit élémentaire à la santé. Par exemple, le Maroc a fait de gros efforts en améliorant ses plateaux techniques, et en développant la médecine de pointe, pour être une plateforme d'échanges sans commune mesure pour les pays subsahariens. Le temps est venu de matérialiser ce partenariat sanitaire sud- sud par un plan d’actions concrètes, qui permettra de trouver des solutions régionales à nos problèmes de santé. Il serait intéressant que l’on arrive à avoir une cartographie sanitaire des pays africains et un benchmark régulier des meilleurs établissements de soins. Vous êtes également artiste peintre. N’est-ce pas pour évacuer le stress lié à votre profession ou pour parler comme Malraux, vous voulez (re)créer votre monde en face du monde réel? Disons une amatrice. C’est peutêtre les deux. Je ne nie pas qu’il y a beaucoup de stress dans notre métier. Le chirurgien est soumis au stress. L’évacuer d’une manière élégante, je crois qu’il n'y avait pas pour moi, meilleure activité que la peinture. Créer un monde, effectivement, avec nos couleurs, nos sensibilités. Quand on peint son tableau, on le touche, on le retrouve, on l’observe, on l’améliore. C’est comme la chirurgie (rires)….. Sauf que moi je peins la porte. Car, derrière chaque porte, il y a une histoire, un secret, un monde. Si vous passez à la Médina (Ndlr : un quartier de Casablanca, au Maroc), si vous tapez à chaque porte, il y a une histoire. Je peins la porte, peut –être que je me lance un autre défi à cinquante ans. Vous êtes Consul honoraire de Gambie au Maroc. En quoi consiste votre mission diplomatique ? C’est un réel plaisir et un honneur inestimable pour moi, d’être nommée par un Etat africain comme la Gambie, Consul honoraire au Ma-

roc et comme citoyen Gambien. C’est une marque de confiance de la part de son Excellence Yaya Jammeh, pour que je sois à côté de l’Ambassadeur de la Gambie au Maroc qui se trouve à Rabat. Ma mission de Consul honoraire consiste à apporter aide, soutien, assistance et services, aux citoyens gambiens au Maroc et plus particulièrement aux résidants dans la région de Casablanca, ou en transit au Maroc et à échanger avec mes collègues à Banjul. Après une trentaine d’années passées dans le monde médical, je verrai bien ma reconversion professionnelle dans la diplomatie au service de l’Afrique. Dans tout ce que je fais, je crois beaucoup aux relations humaines, à la communication et aux flux d’ondes positives qui peuvent exister entre les êtres.

Je me considère comme une fervente militante des relations Sud-Sud. Ayant eu la chance et l’honneur d’être reçue par un certain nombre de Chefs d’Etat et responsables africains, j’ai appris que tout se fait avec amour et passion. Donc, c’est un devoir que je me donne en tant que Consul honoraire, d’aller en Gambie comme j’ai eu à aller dans d’autres pays Africains, pour diagnostiquer, soigner et opérer des femmes atteintes du cancer du sein. En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, quels sont les évènements qui vous ont le plus marquée tout au long de votre riche carrière ? Aujourd'hui, quand je regarde mes trente années de bloc opératoire, je

suis d’abord saisie par le sentiment d'avoir accompli ma mission et d’avoir persévéré dans un domaine difficile, ensuite je suis fière de porter le nom de femme de défi par le quel on me définit souvent. Côtoyer la douleur, la misère des malades a fait naître en moi un sentiment très fort, pour aider son prochain. Parfois un simple sourire, une parole gentille peut soulager. La qualité de l'être humain se mesure par sa capacité à partager. Ainsi, depuis plus de quinze ans, j'ai pris mon bâton de pèlerin, invitant collègues et bonnes volontés à se joindre à mon combat. J'ai sillonné la presque totalité du territoire marocain, allant dans les zones les plus reculées du pays, là où les besoins en matière de santé sont immenses. J'ai vu et vécu des situations insoutenables dans lesquelles, l'être humain est réduit dans sa douleur et sa misère à moins que rien, impuissant, souffrant dans le silence, attendant une mort certaine. Le bonheur apporté dans le cadre de ces actions humanitaires à ces personnes malheureuses, m’encourage à faire encore plus. C'est ainsi qu'il y a prés de dix ans, j'ai fondé l’association «Cœur de femme» pour mieux structurer ce travail de terrain, et pour m'occuper spécifiquement d'une maladie qui fait des ravages dans le monde, le cancer du sein. Depuis lors, plus de trente six mille femmes ont été examinées, plus de deux cent vingt sept opérations chirurgicales effectuées à domicile, avec le transfert de technologies auprès de ces femmes déshéritées. L'association se réjouit aujourd'hui de compter plus de deux cent médecins et volontaires à travers le pays, et des centaines de membres d’honneur. Notre vœu le plus cher, est de trouver des bailleurs pour construire au Maroc, un centre africain de référence en matière de traitement du cancer du sein, qui va accueillir et héberger les femmes africaines atteintes de la maladie. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 95


portrait

 social

Cheikh Modibo Diarra

Le Soldat du développement

Après avoir quitté le Sahara (Africa) pour la Nasa (America), Cheikh Modibo Diarra est candidat au palais de Koulouba. En s’alignant sur la ligne de départ à l’élection présidentielle au Mali, prévue le 29 avril 2012, Cheikh Modibo Diarra confirme la tendance de cette diaspora africaine qui après Ibrahima Fall, ancien sous secrétaire général des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, candidat à l’élection présidentielle sénégalaise du 18 février 2012, considère que la Politique ne doit pas être seulement une affaire de politiciens professionnels.

Par Ibrahima Diop, Dakar

Le 6 mars 2012, Cheikh Modibo Diarra lançait, à l’américaine, sa campagne électorale à travers son propre parti politique, le Rassemblement pour le développement du Mali, créé en novembre 2010. Dans toutes les activités que je mène, dit-il, c’est d’abord Dieu, ensuite la Patrie et vient après, l’activité que nous avons à mener. «Une fois qu’on a fait la part de Dieu, nous sommes allés à la Patrie en entonnant l’Hymne national et en saluant le Drapeau. Et

96 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

ensuite, on s’est attaqué aux affaires courantes, c’est-à-dire l’activité de lancement du parti ». « Je me lance en politique ». Selon «le soldat du développement» comme il se définit lui-même, «la politique ne doit pas seulement être une affaire de professionnels», convaincu qu’il est, qu’on «n’improvise pas dans la gestion d’une nation. Il faut que les gens fassent de la prospective. Voir les différents scenarii et choisir

le meilleur scénario en fonctions des ressources dont nous disposons». Avant de déclarer que la politique en Afrique «a été déviée de son sens étymologique. Par politique, il s’agit avant tout de résoudre les problèmes de la Cité». Et sous ce rapport, Modibo entend faire de la politique autrement : «ma campagne à moi n’est pas une opportunité de faire du tape à l’œil avec du tam-tam, des photos et affiches un peu partout ... Pour moi, une campagne consiste à informer


 social mes concitoyens, à leur donner toutes les informations par rapport au projet de société que je leur propose afin qu’il puissent faire un choix éclairé». L’homme des trois continents Cheikh Modibo Diarra est actuellement, un des rares scientifiques africains à jouir d’une réputation mondialement reconnue. Pour la plupart des Africains, il est même un modèle. Un modèle de réussite dans un univers interplanétaire. Ainsi, après avoir obtenu son bac, Cheick Modibo Diarra quitte son pays natal et débarque à Paris où il s’inscrit à la fac de Jussieu (Université Pierre et Marie Curie). Il y étudie les mathématiques, la physique et la mécanique analytique et obtient une licence, puis un Master. Une fois ses diplômes en poche, il quitte la France, déçu par le système et l’absence de perspectives. Il parcourt le monde à la recherche de sa voie, et finit par se poser aux Etats-Unis. Le véritable déclic vient plus tard, quand il intègre l’université Howard de Washington. Et c’est là que la Nasa (National Aeronautics and Space Administration) le remarquera, alors qu’il y enseignait, entre autres, la mécanique spatiale. Il va découvrir à la Nasa, d’autres méthodes, davantage basées sur

Quand je reçois un appel de Bamako, les mots me viennent spontanément en bambara, car l’appel a certainement une composante sociale c’est-à-dire un décès, un mariage, une cérémonie quelconque. Dés qu’il s’agit de conceptualiser, de réfléchir à un problème complexe en utilisant la dialectique, les mots me viennent naturellement en français. En revanche, quand il est question d’action, les mots ne peuvent me venir qu’en anglais. Je suis donc polyglotte non pas en ce que je parle plusieurs langues, mais en ce qu’en fonction des situations, je pense et utilise des langues différentes.

l’expérience. En 1988, le centre californien de la Nasa lui offre deux emplois : il choisit «navigateur interplanétaire». Pour la beauté du titre, dit-il, qui le remplissait «d’une jubilation si intense qu’aujourd’hui encore, malgré toutes ces années écoulées, elle n’est pas tarie». En 1999 il demande et obtient de la Nasa, le droit de travailler à mi-temps, afin de se consacrer au développement de l’éducation en Afrique. Il crée dès lors la «Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement», et s’investit depuis, dans de nombreux projets éducatifs en Afrique. En 2002, il prend un congé sabbatique afin de développer au Mali, un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire pour alimenter en électricité les villages pauvres. En 2006, Microsoft le nomme au poste de président de Microsoft Afrique.

Le navigateur interplanétaire Le monde entier découvre Modibo Diarra, lorsque la mission d’exploration du sol martien par la sonde spatiale Pathfinder, se révèle un succès total. Un véritable exploit que de calculer et de programmer l’itinéraire de la sonde, de sa base de lancement à Cap Canaveral à la Vallée d’Arès sur Mars. Le monde découvre avec surprise que, parmi les milliers d’Américains qui tiennent, depuis la terre, le gouvernail du véhicule qui se déplace gauchement sur la planète rouge, figure un Malien venu de Ségou, à 200 km de la capitale Bamako. Le scientifique s’était illustré auparavant, dans d’autres projets spatiaux, notamment en guidant les sondes Magellan vers Vénus en 1989, et dans les années suivantes, Galileo vers Jupiter, Ulysse vers le soleil et Observer vers Mars.

«Un cerveau fuit pour aller où ?» L’astrophysicien malien fut le premier président de l'Université virtuelle africaine, basée au Kenya, qu’il a quittée en 2005 pour co-fondateur de l'Université  numérique francophone mondiale. L’homme récuse le terme de «fuite» des cerveaux. Il vous répondra dans un ton sarcastique : «un cerveau fuit pour aller où»? Et de dire que c’est une notion issue des salons ou des grandes institutions onusiennes. «Qui est fou au point de rester dans un endroit où l’odeur de la terre mouillée par la pluie ne lui inspire rien?» «Pour rien au monde, je ne serais parti ailleurs si j’avais trouvé dans ma ville de Ségou, les moyens de trav+ailler!» dixit Modibo Diarra. Sacré Cheick ! 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 97


actualité Dossier réalisé par Mohamadou SY Siré

énergies | Moteurs du progrès Deux catégories d’énergies existent. La première, les énergies dites de stocks parce qu’issues des gisements de combustibles fossiles (charbon, gaz naturel et pétrole) et d’uranium, sont puisées dans le sol. Ces ressources sont épuisables. La seconde catégorie, les énergies dites de flux ou renouvelables, est générée par des processus naturels (vent, soleil, biomasse). Ces ressources sont inépuisables. L’économie de l’énergie, en pleine évolution, s’ouvre de plus en plus à la concurrence. Le pétrole et le charbon, longtemps un domaine stratégique relevant uniquement de l’Etat, se «privatise». Sans oublier l’énergie électrique (électricité) et l’énergie gazière (gaz naturel) qui depuis 2000, sont entrées dans une phase de marchandisation et de financiarisation. Le point sur le pétrole communément appelé "L'Or Noir".

défi: les réserves mondiales / Exemple de la disponibilité du pétrole

98 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


l'économie de l'environnement

Le Pétrole

Panorama mondial de l’or noir xx

L’énergie primaire répond aux besoins énergétiques de quatre catégories de consommation: production d’électricité, usage domestique, industrie et transport. Le pétrole demeure encore largement en tête comme source d’énergie primaire. Focus sur le pétrole communément appelé l’or noir. Le pétrole (petroleum, du mot grec petra, roche, et du latin oleum, huile) est un liquide d'origine naturelle, une huile minérale composée d'une multitude de composés organiques, essentiellement des hydrocarbures, piégé dans des formations géologiques particulières. L'exploitation de cette source d'énergie fossile et d'hydrocarbures est l’un des piliers de l’économie industrielle contemporaine, car le pétrole fournit la quasi totalité des carburants liquides (fioul, gazole, kérosène, essence). En décembre 2009, la production mondiale de pétrole s'est élevée à 83,88 millions de barils par jour, répartis essentiellement entre la Russie (12,3 %), l'Arabie saoudite (9,84 %), les États-Unis (8,95 %), la Chine (4,73 %), l'Iran (4,47 %), la CEI hors Russie (3,84 %), le Mexique (3,49 %), le Brésil (2,98 %) et l'Irak (2,90 %).

côtes d’Ecosse, de Norvège ou des Pays- Bas, puis vers des raffineries qui transforment le pétrole brut en produits blancs (essence, diesel, kérosène) en produits noirs (fioul, bitume) et en gaz de pétrole liquéfié ( butane et propane).

Le parcours d’un baril de pétrole L’itinéraire d’un baril de pétrole du gisement à la pompe à essence est long et complexe, explique Ludovic Mons, consultant en énergie, dans son livre «Les enjeux de l’énergie». Le Brent (pétrole de la mer du Nord) est produit à partir des plate-formes pétrolières qui l’extraient des champs situés à plusieurs dizaines de mètres sous l’eau. De là, il est acheminé par des pipelines jusqu’aux terminaux situés sur les

La formation du prix du pétrole Trois références de pétrole servent d’index à la formation des prix : le Brent (pétrole de la Mer du Nord), le WTI (West Texas Intermediate) et le Dubayy (pour l’Asie et le Moyen-Orient). Chacun de ces pétroles sert de référence pour une région : l’Europe et l’Afrique pour le Brent, les Amériques pour le WTI et l’Asie et le Moyen-Orient pour le Dubayy. Le prix de tous les autres pétroles est indexé sur ces trois indices. Il existe deux compartiments de

marché pour le pétrole. Le premier est un Marché à court terme (Marché Spot) parce que les transactions sont inférieures à moins d’un (1) mois et concernent surtout les opérateurs pétroliers qui s’échangent des cargaisons (le plus souvent déjà en haute mer) en fonction de leur besoin et de leur activité. Le second compartiment est le Marché à terme dont les plus importants sont le NYMEX (New York Mercantiles Exchange) et l’IPE (International Petroleum Exchange) à Londres. Sur ce Marché, les transactions sont réalisées par deux types d’acteurs : les compagnies pétrolières et les spéculateurs. Les premiers utilisent ce Marché pour se couvrir contre les risques de volatilité des prix alors que les seconds (banques, gestionnaires de fonds) jouent sur les fluctua-

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 99


l'économie de l'environnement tions des cours en essayant d’anticiper leurs évolutions. L’estimation des réserves de pétrole : Le Moyen-Orient en tête Le Moyen-Orient, avec ses réserves prouvées de 754,2 milliards de barils de pétrole, caracole en tête et concentre à lui seul, 56,6% des réserves et se retrouve en termes de couverture en années au rythme de la production actuelle, à 84,8 ans. Vient en seconde position, l’Amérique centrale et du Sud, avec des réserves évaluées à 198,9 milliards de barils de pétrole, soit l’équivalent de 80 années au rythme de la production actuelle. L’Afrique, avec des réserves estimées à 127,7 milliards de barils de pétrole, soit l’équivalent de 36 années au rythme de production actuel, se classe en troisième position ; suivie de l’Ex-Urss qui est à 122,2 milliards de barils de pétrole de réserve, soit l’équivalent de 28,5 années au rythme de production actuelle. Quant aux réserves de l’Amérique du Nord (Usa, Canada, Mexique), elles se situent à 73,3 milliards de barils de pétrole, soit l’équivalent de 15 années au rythme de production actuelle; là où l’Asie est à 42,2 milliards de réserves de barils de pétrole, soit 14,4 années au rythme de production actuelle. L’Europe ferme la marche avec des réserves estimées à 14,7 milliards de barils de pétrole, soit l’équivalent de 10 années au rythme de production actuelle. Ce sont là, les chiffres de BP Statistical Review of Worl Energy 2010. Toutefois, indique HSBC, dans "48 ans" (en 2050), il pourrait ne plus rester de pétrole exploitable sur terre, "même si la demande n'augmente pas", dans un rapport de prospective publié le 22 mars 2011 et écrit par Karen Ward, Senior global economist au sein de la Banque mondiale.

Projet Desertec Une  centrale solaire dans le désert africain Desertec est ambitieux : construire une centrale solaire de plusieurs milliers de kilomètres carrés dans le désert africain. Pour palllier au déficit énergitique structurel du continent africain, de nombreux projets sont en cours : centrales solaires de plus en plus grandes, panneaux photovoltaïques géants flottants sur les mers, centrales dans l’espace pour éviter l’intermittence,… et exploitation des immenses surfaces faiblement peuplées et fortement ensoleillées que sont les déserts. C’est l’ambition de la Fondation Desertec, soutenue par une vingtaine d’entreprises allemandes (Deutsche Bank, RWE, Siemens,…) qui ont crée en juillet 2009, un consortium pour construire une centrale titanesque en Afrique. On estime en effet que seul un vingtième de la surface du Sahara couverte de capteurs solaires suffirait à approvisionner la planète en électricité (la consommation mondiale est d’environ 18 000 TWh/an). Mais Desertec ne se limitera pas à la production d’énergie : il participera aussi au développement des pays d’accueil grâce à la création d’emplois locaux et à la construction d’usines de désalinisation de l’eau de mer pour les populations. Un défi technologique et économique La centrale, qui serait éri-

100 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

gée en Afrique du Nord ou au Proche-Orient, pourrait connaître une première mise en service vers 2020, mais la totalité du projet coûterait la somme astronomique de 400 milliards d’euros d’ici 2050, selon l’Institut de thermodynamique technique du centre aérospatial allemand. Le transport de l’électricité jusqu’à l’Europe en serait notamment la raison, compte tenu qu’acheminer 2 GW coûte environ 500 millions d’euros sur 1000 km. Pour l’instant, le projet ne serait donc pas rentable, mais les experts misent sur la raréfaction annoncée des énergies fossiles. Dans dix ans, l’électricité solaire pourrait ainsi être l’une des plus intéressantes. Quant à la


l'économie de l'environnement

gigantesque n

technologie utilisée, il s’agirait de l’énergie solaire thermique : des miroirs paraboliques produisent de la vapeur d’eau à très haute température et sous forte pression, et une turbine fabrique de l’électricité. Les écologistes allemands ont salué le projet, tout comme Greenpeace. Selon l’ONG, Desertec rendra «superflues la construction de nouvelles centrales thermiques et la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires», et les émissions de CO2 pourraient être réduites de 4,7 milliards de tonnes d’ici 2050, soit six fois la production annuelle de l’Allemagne. 

RIO+20 : Sommet de la Terre Crise économique et crise écologique

Par delà le choix A l'issue de la conférence sur le climat à Durban (28 novembre au 9 décembre 2011), aucun des grands pays émetteurs de gaz carbonique (CO2), Chine, Etats-Unis, Inde, Russie, Japon, Canada, n'a pris d'engagements. On aura retenu de ce sommet, l’abandon du protocole de Kyoto par le Canada et le principe d’un accord contraignant qui pourrait être signé en 2015 pour une entrée en vigueur à partir de 2020. Le rêve né à Kyoto en 2007, tant voulu à Jo’Burg en 2002, espéré à Copenhague en 2009, s’est envolé à Cancun et avant que Durban 2011 n’en fasse un passé (irrémédiablement) dépassé. La fin du réchauffement climatique n’est pas pour demain. La faute aux dynamiques centrifuges.

"On ne négocie pas avec la Nature." Les logiques de Kyoto et de Copenhague ont mis en avant, le principe de la compensation par les pays industrialisés, à leurs émissions carbone, par la création d'un fonds climatique vert de 30 milliards de dollars par an qui sera porté à 100 milliards à partir de 2020. Or, les pays occidentaux traversent une crise économique aigue. Alors, comment pourraient-ils tenir leurs engagements? De plus, de par le passé, ce sont les

pays du Sud les plus aidés qui se sont le moins développés. Le problème n’est donc pas une question d’argent. Mais plutôt, un problème de production d'énergie d'origine fossile et dans la déforestation des territoires. C’est un faux débat que pose le capitalisme financier international, qui le pose en termes de choix: ou la crise économique ou la crise écologique. Or, l’économie et l’écologie ne sont pas opposées, mais se nourrissent mutuellement parce qu’étroitement enlacées. Et c’est la non acceptation de cette vérité qui est (et qui sera) à l’origine de l’échec de tous les (futurs) sommets de la Terre. Car, chaque partie défend ses propres intérêts et oublie les intérêts de la Terre. Rendez-vous est pris en cette année 2012, à Rio de Janeiro, pour un énième sommet mondial de la Terre. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 101


l'économie de l'environnement

Réinventons l’énergie

Par Jeffrey D. SACHS Economiste et Directeur de l’Institut de la Terre à l’Université de Columbia (New York)

radiations solaires massives peut fournir des quantités d’électricité importantes à une grande partie du reste du monde. Des centrales solaires dans le désert de Mohave en Amérique, par exemple, pourraient satisfaire les besoins en électricité de plusieurs pays. Des centrales solaires en Afrique du Nord pourraient fournir de l’énergie à l’Europe de l’Ouest et aux pays du Maghreb.

L'économie mondiale est maltraitée par une forte hausse des prix de l’énergie. Et sous tous ses aspects. Les prix des denrées alimentaires, par exemple, augmentent à mesure que ceux du pétrole explosent, en partie à cause de l’augmentation des coûts de production mais aussi parce que les terres arables dans le monde passent de la production alimentaire à celle des biocarburants. Face à cela, il n’y a pas de solution miracle. Car, la hausse des prix reflète les conditions de l’offre et de la demande, notamment en provenance d’Asie. Le charbon est plus abondant que le pétrole et peut être transformé en carburants liquides pour le transport. Mais c’est un substitut

d’énergie et qui représente donc une source dangereuse de bouleversement du climat. Si l’on veut que les pays en développement continuent de connaître une croissance économique rapide et que les pays riches évitent la crise, il faudra mettre au point de nouvelles technologies énergétiques. La plus prometteuse à long terme est l’énergie solaire. Les radiations solaires totales touchant la planète représentent environ 1.000 fois l’utilisation énergétique commerciale du monde. Cela signifie que même une partie réduite de la surface terrestre, notamment dans des régions désertiques, recevant des

102 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Et d’autres au Sahel, au sud du vaste Sahara, pourraient fournir de l’énergie à une grande partie de l’Afrique de l’Est, de l’Ouest et du centre. En matière d’efficacité énergétique, on peut citer le projet très prometteur de « technologie hybride plug-in » pour les voitures, qui devrait pouvoir tripler l’efficacité énergique des voitures neuves dans les dix prochaines années. Le principe serait que les voitures roulent principalement grâce à des batteries rechargées chaque nuit sur le réseau électrique, avec un moteur à essence hybride pour les soutenir. La principale technologie permettant d’utiliser le charbon tout en respectant l’environnement est la capture et le stockage géographique du dioxyde de carbone des centrales électriques qui utilisent ce combustible. Cette capture et séquestration du carbone, ou CSC, est nécessaire dans les principaux pays consommateurs de charbon, surtout la Chine, l’Inde, l’Australie et les Etats-Unis. Les technologies clés pour la CSC ont déjà été mises au point, il est temps de passer des projets aux vrais centrales de démonstration.


l'économie de l'environnement   Consommation mondiale d'énergie primaire / Les consommateurs d'énergie

Réserves prouvées de pétrole et de gaz dans les pays d'Afrique subsaharienne. fin -2007

Pour exploiter toutes ces technologies pleines de promesses, les gouvernants doivent consacrer des fonds à la science et aux coûts élevés des premières étapes de tests. Sans un financement public au moins partiel, l'implantation de ces nouvelles technologies sera lente et inégale. Or, il est choquant et inquiétant que ces financements publics demeurent insignifiants. Un exemple: selon les données les plus récentes de l’Agence internationale de l’énergie, en 2006, le gouvernement des Etats-Unis

a investi seulement 3 milliards de dollars dans la recherche et le développement énergétiques. Cela représente un déclin d’environ 40 % depuis le début des années 1980 et cela équivaut aujourd’hui aux dépenses militaires des Etats-Unis d'un jour et demi. Le financement consacré par les Etats-Unis aux énergies renouvelables (solaire, éolienne, géothermique, de l’océan et la bioénergie) ne représente que 239 millions de dollars, soit trois heures de budget de la défense américaine. Les dépenses pour

la capture et la séquestration du carbone équivalaient à juste 76 millions de dollars et celles consacrées à l’efficacité énergétique de tout type (construction, transports et industrie) étaient estimées à 352 millions USD. Le développement de nouvelles technologies énergétiques n’incombe naturellement pas aux seuls Etats-Unis. La coopération mondiale est nécessaire. Non seulement ce serait bénéfique d’un point de vue économique, mais également sur le plan politique. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 103


notes de lecture « Le management des risques en Afrique : réalités et perspectives » d’Octave Jokung Nguena

Le différentiel culturel Par Mohamed Fall | Journaliste Consultant

L’approche occidentale de classification et de notation des risques d’entreprise est-elle adaptée au contexte africain ? L’approche occidentale de classification et de notation des risques d’entreprise  est-elle adaptée au contexte africain ? L’essayiste camerounais Octave Jokung Nguena traite de la problématique dans son dernier ouvrage intitulé «Le management des risques en Afrique: réalités et perspecti-

«Ce n’est pas l’Afrique qui refuse le Management mais ce dernier qui ne parvient pas à s’implanter en Afrique», répond M. Nguena ves». L’objectif visé, audelà de la mise en place d’une méthodologie appropriée pour le continent, qui détient 0,5% du Produit National Brut 104 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

mondial, représente moins de 1,5% du commerce mondial et attire un peu plus de 1,2% des investissements directs étrangers, est «d’africaniser le risk management». Exercice qui requiert donc une approche spécifique dans un continent où le risque relève plus du sacré que de l’homme. Les Africains, comme d’ailleurs, les Asiatiques, ont tendance à appréhender le risque par rapport à la peur qui l’accompagne, constate l’auteur qui met en opposition l’attitude occidentale. Les Américains possèdent une culture de l’optimisme qui leur donne cette tendance à vouloir toujours maîtriser les risques, alors que dans le vieux continent l’on voue un culte à la peur. Pas question donc pour les européens de «privilégier l’aventure comme leurs cousins américains; ils alimentent plutôt le pessimisme», selon M. Nguena, également auteur de plusieurs ouvrages en Finance et en Management.

Protection et compréhension Dès lors que l’attitude par rapport au risque est différente d’une culture à l’autre, il est pertinent de se demander si l’approche classique des compagnies d’assurance, à savoir la standardisation des contrats, est la meilleure. Les employés et membres d’une entreprise africaine auront plutôt tendance à considérer l’entreprise comme une collectivité au sein de laquelle ils exigeront protection et compréhension, concourant ainsi à reporter leur peur du risque sur l’entreprise, ce qui ne correspond en aucune façon au mode d’organisation dans le monde occidental. «Le faible contrôle de l’incertitude et l’importante distance hiérarchique que l’on rencontre sur le continent africain conduisent à privilégier, dans le cas des structures africaines, un management personnalisé couplé avec l’adoption du principe de famille élargie en tant que mode


notes de lecture

d’organisation. Dans ce contexte, le risque culturel est à son paroxysme», souligne M. Nguena. Le processus IVTS ou Identification, Valorisation, Traitement et Suivi Or, l’approche traditionnelle du risque qui identifie celui-ci en fonction des produits d’assurance, proposés par les assureurs ne prend pas en compte le facteur culturel. De plus, le recours à la mutualisation dans le cadre de la gestion des risques par les assureurs présente des problèmes d’inadéquation car il est élaboré en général dans un contexte occidental. Le professeur recommande de sortir de l’approche européenne curative ou assurantielle, dont

le continent noir a hérité avec la résistance culturelle que l’on sait, pour adopter l’approche préventive basée sur le processus IVTS ou Identification, Valorisation, Traitement et Suivi. Ce processus est approprié au cas de l’entreprise africaine, car il s’appuie sur l’approche systémique des risques et considère l’entreprise comme un système ouvert, organisé, finalisé, dynamique et régulé. L’approche conduit à considérer l’ensemble des risques auxquels le système est soumis, y compris le risque culturel, sans oublier le risque d’inadéquation. Concrètement,  avec l’IVTS, il y a un management global des risques qui procède de l’identi-

fication, l’évaluation suivie de la hiérarchisation, le traitement et le suivi. Les risques sont mesurés en termes de survenance et d’impact. Ceux qui sont jugés inacceptables en l’état, selon l’appétence de la direction générale de l’entreprise, sont réduits et si possible transférés. De leur réduction dépend leur acceptabilité et plus tard, leur transfert. Reste à savoir maintenant si cette approche IVTS triomphera là où d’autres ont échoué. «Ce n’est pas l’Afrique qui refuse le Management mais ce dernier qui ne parvient pas à s’implanter en Afrique», répond M. Nguena, qui rappelle que de nombreux auteurs se sont posé la même question, justi-

fiant cette spécificité par l’esprit communautaire propre aux Africains, la distance hiérarchique, en passant par le mythe du chef, sans oublier le rapport au temps et au sacré. En réalité, l’échec de la transposition du management occidental met en évidence l’importance du degré d’acculturation des entreprises africaines, mais pas l’impossibilité de gérer l’incertitude sous nos cieux. «Comment pouvait-on accepter qu’en Afrique la somme ne soit pas supérieure au tout, alors qu’elle l’est sous d’autres cieux?», s’interroge le Professeur Nguena qui conclut par un soupir sur cette Afrique, éternelle terre de paradoxes. 

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 105


grille de lecture Par Mohamadou SY siré

Importance de l’évaluation de la décision publique et rôle de l’entreprise

Introduction L’approche décisionnelle est aujourd’hui, au cœur de la théorie des organisations et des processus de pouvoir. La fonction de l’Etat ne se réduit pas à la domination légitime, mais à sa capacité d’agir et de décider pour répondre aux sollicitations multiples et faire face à la complexité des temps modernes. L’Etat est créé pour produire du bon Droit, de bonnes règles et de bonnes décisions. C’est sa fonction vitale. La décision est donc un moyen privilégié d’action publique. Dès lors, comment produire de bonnes décisions de nature à agir positivement au niveau des zones critiques de changement et de transformation sociale, quand l’évaluation de la décision publique, quant à elle, s’impose

comme une nécessité absolue, dans un «environnement où le principe de rendre compte» fait cruellement défaut. On procédera ici, à une analyse d’impact de la décision publique sur le développement en nous interrogeant d’abord, sur le rôle de la décision publique en matière de production des projets de développement, mais surtout, sur l’intérêt et la nécessité de son évaluation. Contraintes à la décision publique La conduite de l’action publique se heurte à un certain nombre de contraintes. La confusion des rôles, la multiplicité des centres de décision, la faiblesse de la capacité de contestation des partis politiques et leur auto-marginalisation dans les sphères de pouvoir. L’opinion publique africaine n’arrive pas

106 | AFRIcan business journal | AVRIL 2012 | N°02

à comprendre pourquoi on confie des postes de responsabilité à des personnes inexpérimentées ou insuffisamment compétentes. Le poids des règles et des procédures qui au demeurant, se trouve aggravé par un prisme bureaucratique très prononcé. D’une façon ou d’une autre, les différents services qui participent à la décision cherchent à intégrer en priorité, la défense de leurs intérêts propres. Dans ce contexte, le processus décisionnel est miné par les foyers d’inertie et de formalisme qui empêchent l’action publique, d’atteindre les niveaux de performance recherchés. On peut parler d’une crise de décision. Le déficit de professionnalisme. En effet, l’Administration africaine, en mal de ressources humaines motivées, constitue le terrain de prédilection de comportements attentatoires aux exigences de l’éthique et de la déontologie. On attend de l’Etat, qu’il se dote d’une bonne gouvernance administrative associant efficacité et performance, évaluation et résultats. L’éclatement du processus décisionnel. L’émergence de nouveaux acteurs, régionaux et internationaux (BM, FMI, ONU, BTT…) et la montée en puissance de contre-pouvoirs (collectivités locales, ONG,….), non seulement ont modifié le rapport à l’Etat, mais agissent directement ou indirectement dans la prise de décisions.


grille DE LECTURE La souveraineté décisionnelle de l’Etat s’est éclatée puisque la décision est devenue un enjeu majeur au centre de ramifications multiples. Ainsi, au nom de l’autorité de l’Etat et des pouvoirs confiés à ses représentants, le pouvoir de prise de décision et de formalisation des choix publics est confisqué. Ceux qui sont appelés à décider n’ont pas suffisamment les compétences qu’il faut, et ceux dont les compétences sont confirmées ne peuvent pas prendre de décisions. Les jeux de l’irrationnel et du bricolage Une analyse psychosociologique nous aidera à mieux comprendre les zones de dysfonctionnements inhérents aux processus de décision. Il faut d’abord souligner les comportements inappropriés du décideur public face à la complexité de la réalité d’aujourd’hui. On notera d’abord, un déficit de discernement face aux jeux informationnels. Très souvent, les critères qu’il utilise sont prédéterminés, et l’on tente de retrouver des informations supposées exactes, alors qu’elles sont déjà dépassées lors de leur utilisation. En outre, les positions d’autosatisfaction affichées de manière intempestive et opportuniste à l’égard de certaines décisions, annihilent à l’avance, leur pertinence et conduit à les considérer comme bonnes et utiles pour l’intérêt général alors qu’au fond, elles ne sont que l’expression d’une manipulation ou de calculs politiques. Par ailleurs, les décideurs s’enferment dans une solitude extrême et se heurtent à des difficultés pour recueillir les avis, se confier et consulter. Enfin, la gestion publique a trop tendance à être soumise à la dictature du court terme et de l’urgence. Dans bien des domaines, chômage, analphabétisme, bidonvilles, urbanisme, santé, sécheresse, les décisions sont prises au coup par coup sous la

pression des contingences et des événements. Mutations affectant les décisions publiques. Les principales mutations relèvent de la gestion de la complexité de la décision publique. Une série de faits et de tendances, décentralisation, légitimation du rôle de la société civile, multiplication des activités administratives, l’émergence de nouveaux acteurs socioprofessionnels, témoignent de ce phénomène. Le décideur public ne saurait à lui seul, apporter des réponses adéquates à la multitude de questions qui se posent en société. Même s’il a l’exclusivité de l’orientation publique, la traduction effective de celle-ci nécessite le concours d’autres acteurs. A cet effet, la contractualisation est la modalité juridique des négociations par excellence, quand elle est assortie de la mise en place de procédures formalisées de comptes-rendus, de mesures de performance et des structures de changement et d’évaluation. Rôle de l’évaluation en matière de valorisation des décisions publiques L’utilité de l’évaluation en matière de responsabilisation et de valorisation de la décision publique n’est plus à démontrer. Pourtant, les difficultés surgissent dès lors qu’il s’agit de la mettre en pratique quand évaluation il y a. Quoiqu’il en soit, évaluer une politique ou un programme public qui en découle consiste à les questionner du point de vue de la pertinence, de la cohérence, de l’efficacité, de l’efficience ainsi que de l’impact sur les bénéficiaires. L’un des plus grands atouts d’une meilleure efficacité des politiques publiques consiste à « bien utiliser le passé afin de l’étudier et de l’évaluer pour acquérir des bases solides, fiables et reproductibles dans un contexte similaire ».

Portée pratique de l’évaluation Il est clair que l’évaluation peut recouvrir des processus variés. Trois situations peuvent en découler. La première situation désigne les activités de collecte et de traitement de l’information permettant la mise en œuvre d’un programme. La seconde situation est plus complexe car, elle révèle que les décisions publiques se prennent plus sur la base de compromis et de négociation que sur celle de résultats scientifiques. La dernière situation présente l’évaluation comme un processus social et politique à travers lequel, l’évaluateur devient un médiateur qui soutient et anime les processus d’apprentissage et de négociation. Bien sûr, la portée réelle de l’évaluation est à chercher au-delà de son déroulement, car elle n’a de sens que si elle trouve un écho chez le décideur. Limites de l’évaluation des décisions publiques L’évaluation peut être critiquée pour la non-objectivité des données utilisées ou la qualité des évaluateurs. Les résultats d’une évaluation n’échappent pas aux tentatives d’instrumentalisation politique. D’où la nécessité d’une institutionnalisation de l’évaluation, dont l’intérêt réside dans l’enrichissement du débat public. Conclusion L’évaluation fait partie intégrante des conceptions nouvelles de la gestion publique. Il ne s’agit pas là d’un effet de mode, mais d’une recherche continue d’efficacité. Les nouveaux projets de modernisation des secteurs publics qui visent à inoculer une culture de performance à ces secteurs consacrent le principe d’évaluation comme paravant à un ensemble de dérapages.

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 107


livre du trimestre

L’audit interne: tout simplement de Mohsin Berrada

L’actualité nationale et internationale nous sert en permanence la faillite d’entreprises sur fond de récits de dérapages comptables, de fraudes de dirigeants et de manquements à l’éthique. L’incompétence et l’opportunisme de certains dirigeants, ainsi que la mauvaise gestion, représentent, en effet, des situations favorables à la disparition des entreprises. Ces événements, notamment, les crises financières mondiales, ont mis en évidence la nécessité d’un audit interne performant au sein des structures de gouvernance des entreprises. L’audit interne est considéré comme une bonne pratique, il est axé sur l’appui à la gestion interne et l’amélioration des processus de contrôle interne, du management des risques et du gouvernement d’entreprise. Il crée de la valeur pour l’organisation parce qu’il participe à la réduction des asymétries d’information, partage

le savoir et les bonnes pratiques, il avorise ainsi la communauté des pratiques et permet à l’entreprise de progresser. L’objectif de ce livre est donc d’attirer l’attention du lecteur, qu’il soit dirigeant, manager ou opérationnel gestionnaire quant aux avantages et bénéfices qu’ils peuvent en tirer. Les liens et les frontières entre l’audit interne, le contrôle interne, le management des risques et le gouvernement d’entreprise sont aussi présentés et expliqués. Sans prétendre à l’exhaustivité, la contribution de l’auteur à la compréhension des dispositifs énoncés ainsi que leur évaluation par l’audit interne, a essentiellement pour but de clarifier les concepts pour une meilleure utilisation en entreprise. Le livre se veut didactique, il est rédigé sous forme de questions – réponses accompagnées de schémas explicatifs.

Pour vous le procurer contacter Mouhamadou DIOP: aevents@lafriquequiose.com ou contacter le +212 522 36 04 18/20

ERRATUM

Dans le premier numéro d’ABJ, il fallait lire à la page 66, au 3e intertitre, «D’un contrôle interne jouant son rôle de dissuasion» en lieu et place «D’un audit interne jouant son rôle de dissuasion». Toutes nos excuses à l’auteur de l’article, Mohsin Berrada.

La Revue

C ’est pour vous et avec vous...

Des idées, des expériences et des réflexions à partager. priX pubLic : 5 000 F cFa | Zone europe et Maghreb : 8.5 €

SuR LE FIL

N° 01 • JANVIER 2012

L'éCONOMIE DE L'ENVIRONNEMENT

NOTES DE LECTuRE

NOTE DE SYNTHèSE Pourquoi je crois au progrès de l’Afrique. Crédo d’un banquier africain

iNDustRies extRaCtives, aGRoBusiNess, BioCaRBuRaNts

CôTE D’IVOIRE L’économie reprend de plus belle Ni l’argent ni les structures ne manquent pour un redémarrage de l’économie ivoirienne. Au lendemain de la crise, le Trésor public ivoirien avait lancé un emprunt obligataire auprès des institutions financières internationales, pour mobiliser 100 milliards de F Cfa. Au finish, les banques ont prêté à l’Etat ivoirien… 160 milliards F Cfa. Le 15 Septembre dernier, le FMI, la BAD et la BM, ont appelé à un dispositif macro-économique couvrant la période 2011-2014, par la mise sur pied d’une Facilité Elargie de Crédit qui pourra permettre à la Côte d’Ivoire, de bénéficier de 300 milliards F Cfa de prêts, d’ici novembre 2011.

AIR AfRIquE L’histoire d’une catastrophe aérienne

chine, la locomotive

52

D’abord, les forêts en Afrique (et en Amazonie) sont au cœur de l’enjeu commercial de la biodiversité. En effet, les ressources génétiques des forêts africaines et amazoniennes renferment les molécules et substances nécessaires aux industries pharmaceutiques (les médicaments), cosmétologiques (la cosmétique) et biotechnologiques (les produits alimentaires) des pays Nord. Et ces substances n’existent nulle par ailleurs. Si ce n’est dans les forêts denses en Afrique centrale surtout et dans les forêts équatoriales de l’Amazonie, en Amérique du Sud.

du cacao aux planteurs ivoiriens dit «prix bord champ», fixé à 1 000 FCFA/Kilo (1,52 euro/kilo), accuse une baisse de 9,86 % par rapport à la précédente campagne.

gestion de la filière. De cette reforme dépend en partie, le déblocage des financements du FMI. Pour les dix millions de planteurs et les financeurs de la filière, les principaux prix de la campagne cacao 2011-2012 sont fixés. Le prix d’achat

Le droit unique de sortie (DuS), principale taxe d’exportation collectée par les transitaires SDV SAGA (groupe Bolloré) et SIVOM (groupe Billon) pour le compte de l’Etat, demeure à 22% du prix du chiffre d'affaires. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao avec 1,5 million de tonnes, pèse près de 40% du marché. Cette culture assure 40% de ses recettes d’exportation et 20 % de son PIB. 

Cultures biocarburants contre cultures vivrières Ensuite, pour contenir le réchauffement climatique, les pays riches s’orientent de plus en plus, vers la culture de l’éthanol (avec moins de 30% d’émission de Gaz à effet de serre « Ges » avec le blé, moins de 32% d’émission de Ges avec la betterave et moins de 88% d’émission de Ges avec la canne à sucre) pour obtenir du biocarburant, en lieu et place du polluant et coûteux carburant pétrolier (gasoil

Le Mali, pays hôte

Sous le thème «l’auto entrepreneuriat, véritable levier pour développer l’entreprise en Afrique», se tiendra le 1ére édition du Salon de l’Entreprise et de l’Entreprenariat en Afrique, dont le Mali en est le pays hôte. Ce sera le 1er, 2 et 3 mars 2012, au parc des expositions de l’office des changes de Casablanca, au Maroc. Durant ce salon, renseigne Zakaria Fahim, président au plan international du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) et initiateur du salon, les échanges et partages d’expériences porteront sur la création d’entreprise, la micro-franchise, le elearning, le financement, le développement et la transmission d’entreprise familiale. Le salon sera également axé sur l’auto-entrepreneur, comme modèle de rupture à la financiarisation de l’économie et pour une meilleure redistribution des richesses.

Pr. Alioune SAll Directeur De l’inStitut DeS FuturS AFricAinS :

«La prospective est un outil au service du décideur et de l’entrepreneur» E-lEarning : au cœur dE la prochainE révolution dE l’Education

4 | AFRIcAn busIness jouRnAl | janvier 2012 | n°01

abj-01-v21.indd 4

de Jean-Claude MASANGU MULONGO

Par Souleymane Racine Wane Président Directeur Général CS (Conseils et Solutions)-STRATéGIES, Paris

A la quête de ressources alternatives au coûteux et polluant carburant pétrolier et pour la satisfaction de la demande sans cesse croissante de matières premières de leurs industries agro-alimentaires, pharmaceutiques, cosmétologiques et extractives, les économies développées ont fait du continent africain, le nouveau « Far West ». Explication.

Première édition du Salon de l’Entreprise et de l’Entreprenariat en Afrique

plus JAmAIs çA ! 28

Le nouveau «far West»

Selon les projections faites par le FMI, les prévisions de croissance en Chine pour 2011 sont projetées à 9,6 %. Le taux de croissance du PIB américain ressortirait à 2,5% en 2011 contre 2,8 % en 2010. Le Japon enregistrerait un taux de croissance du PIB de -0,7 % en 2011. Cette situation est imputable aux effets dévastateurs du tremblement de terre survenu dans ce pays en mars 2011. Dans la Zone euro, le taux de croissance du PIB a été révisé à la hausse de 0,4 point de pourcentage pour se situer à 2,0 % en 2011 contre 1,7 % en 2010.

La preuve par la filière café-cacao En raison de son importance pour l’économie, le Chef de l’Etat ivoirien, le président Alassane Ouattara devrait bientôt annoncer une réforme majeure de ce secteur par la création d’une unique entité de

afrique,

Taux de croissance Zone Euro, Usa et Chine

En chiffrEs

30 millions de Km2 1

millard d'habitants

16,14% de la population mondiale

et super). Dans cette ruée vers les terres africaines, les Etats-unis opte pour la financiarisation de l’Environnement, avec notamment la bourse carbone. L’union européenne, quant à elle, préconise l’atténuation (ratification par les Usa et la Chine, du protocole de Kyoto qui recommande de ne pas dépasser, pour les pays riches, plus de 5% de leur niveau de pollution de 1990) et, l’adaptabilité par les pays du Sud, de leurs structures économiques, aux énergies propres dans

le processus de leur industrialisation. La Chine quant à elle, traverse l’océan indien pour construire en Afrique, des Infrastructures (routières, ferroviaires, aéroportuaires, hydroélectriques, maritimes), moyennant la concession de milliers d’hectares.

Le marché du livre regorge de livres sur l'économie et plus spécialement sur celle du continent africain. Il restait un créneau pour un ouvrage d'éléments d'économie politique en français, qui s'inscrive dans une tradition africaine humaniste. L'ouvrage de Jean-Claude Masangu Mulongo comble cette lacune. Les historiens savent que toute évolution est le fruit d’une déviance qui a réussi et dont le

Les industries agroalimentaires : produire 12 millions de tonnes Selon Moussa Seck, ingénieur agronome au Programme Agraria Africa, ce «retour à la terre» pourrait

102 | AFRIcAn busIness jouRnAl | janvier 2012 | n°01

AFRIcAn busIness jouRnAl | janvier 2012 | n°01 | 107

05/12/2011 11:31:14

abj-01-v21.indd 107

développement transforme le système où elle a pris naissance. Ainsi de l’évolution de l’économie congolaise, que des modifications importantes dans le passé ont contribué à désorganiser et réorganiser en la transformant. Comme nous l’explique G. Bateson dans la cérémonie du Naven, les grandes transformations sont des morphogénèses créatrices de formes nouvelles. L'économiste a un devoir de mo-

destie tant cette science humaine est incertaine et échoue dans ses prévisions. Comme toute discipline scientifique, l'économie politique tend vers la vérité. Cette vérité très justement, chez ce brillant économiste congolais est d'abord faite d'humanité. Or, le travail que nous livre ici Jean-Claude Masangu Mulongo est émouvant à plus d’un titre : parce qu’il évoque pour commencer, cette aventure économique qui est sa vie, en partant comme Montaigne d’une auto-observation. Jung a pu écrire que « L’humanité souffre d’une immense carence introspective », l’auteur n’hésite pas ici à se livrer tel qu’il est et à peindre son « passage ». Il veut saisir la vérité fugace de son expérience sans jamais dissimuler sa propre errance. Celui qui est le premier des banquiers de la RDC, explique avec une remarquable sérénité son parcours personnel. Voici un homme qui est d'abord un fils puis un époux et un père de famille comblé, qui n’hésite pas à nous faire partager un parcours d'une richesse incomparable. Le Congo très aimé de son enfance mais aussi la formation en Belgique en France aux états-unis puis l'appel irrépressible du pays, sont les déterminants forts qui forment les racines d'une compétence qui s'affirme peu à peu. Sans cesser d’être l’unité élémentaire d’une institution, celle de la Citibank puis celle surtout de la banque centrale congolaise,

05/12/2011 11:35:14

abj-01-v21.indd 102

merci d’envoyer votre texte à : msy@africanbusinessjournal.info / siresy@gmail.com 108 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

05/12/2011 11:35:10


  rendez-vous Du 5 au 7 Avril 2012 à Casablanca-Maroc Hub Africa, 1er salon des entrepreneurs et des entreprises d’Afrique Ce salon a pour thème : L’auto-entrepreneuriat, véritable levier pour développer l’entreprise en Afrique. Il se tiendra au Parc des expositions de l’Office des Changes de Casablanca. Les pays membres de l’UEMOA seront les pays à l’honneur de cette première édition 1er du salon des entrepreneurs et des entreprises d’Afrique. Une caravane acheminera en autocar, plus de 200 jeunes entrepreneurs africains ou incubés, à partir du Sénégal et du Mali.

rence se déroulera en anglais, en français et en portugais.

Du 9 au 12 mai 2012 à Addis-Abeba - Ethiopie Forum économique mondial sur l'Afrique Addis-Abeba, la capitale diplomatique de l'Afrique et la maison de l'Union africaine, abritera la 22e Forum mondial économique sur l'Afrique. Les discussions porteront sur le thème «Connecter l'Afrique». Ce forum parlera également sur «Comment adopter un nouvel agenda continental et une plus grande intégration régionale pour stimuler les possibilités sans précédent, allant des industries de consommation d'agro-industrie et des mines à l'énergie alternative?

Du 8 au 10 juin 2012 à Libreville - Gabon 1st The New York Forum Africa Richard Attias and Associates (co-organisateur du Davos), exportent le New York Forum en créant «The New York Forum Africa», qui se tiendra sous forme de forum, les 8-9 et 10 juin 2012 à Libreville, au Gabon. Cet évènement se voudra être le plus grand rassemblement de décideurs économiques, jeunes entrepreneurs, fonds souverains et fonds d’investissements, décideurs politiques, des média leaders, experts et économistes intéressés par le continent africain.

Du 18 au 27 mai 2012 à Casablanca - Maroc Salon professionnel de l’automobile Ce salon professionnel de l’automobile se tiendra à l’Office des foires et expositions de Casablanca (OFEC), sise à la rue Tiznit, face à la Mosquée Hassan II. Ce salon se veut professionnel et a lieu tous les 2 ans.

Du 9 au 16 juillet 2012 à Lilongwe – Malawi Sommet de l’Union Africaine Le prochain sommet de l’Union africaine (UA) aura lieu du 9 au 16 juillet 2012 à Lilongwe, la capitale du Malawi, a annoncé le président du comité d’organisation du sommet panafricain, M. Sididik Mia. Ce sera l’occasion pour les dirigeants Africains, de départager quid de Jean Ping ou de Dlamina Zuma présidera la Commission de l’UA.

Du 19 au 21 mai 2012 Mai à Dakar- Sénégal Forum sur l’énergie électrique La capitale sénégalaise Dakar abritera du 19 au 21 mai 2012, un forum sur l’énergie électrique en Afrique. La rencontre se veut comme une «occasion pour tous les opérateurs en Afrique du Nord du Centre et de l’Ouest, d’analyser les tendances générales du secteur, de débattre des enjeux les plus pressants et de définir le cadre d’une stratégie de coopération commune», selon les promoteurs qui rajoute que le dit forum se tient pour la première fois en Afrique de l’Ouest après trois éditions tenues à Marrakech et une en Tunisie. Du 23 au 25 mai à Cotonou - Bénin E-Learning Africa 2012 E-Learning Africa 2012 se déroulera au Bénin, au Palais des Congrès de Cotonou à partir de 23 au 25 mai 2012. Les thématiques porteront sur l'Education, le Développement et la Durabilité. La confé-

Du 30 mai au 1 juin au Cap Town-en Afrique du sud Exposition Commerce du futur World Trade Center Cape Town et the World Trade Centers in Africa font la promotion du commerce intra-africain à travers la rencontre des entreprises africaines évoluant dans le secteur privé, à travers le concept de centre de commerce mondial pour l’Afrique.

Les 5 & 6 octobre 2012 à Abidjan - Côte d’Ivoire Africa Télécom People 2012 La 8e édition du Salon Africa Télécom People se tiendra les 5 et 6 Octobre 2012, à Hôtel Ivoire, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ce rendez-vous ambitionne de stimuler les échanges et de consacrer les meilleurs dans le domaine des télécoms en Afrique. Arusha en 2012 et Marrakech en 2013 Assemblée Annuelle de la BAD La 47e Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) et la 38e assemblée du Fonds africain de développement (FAD), se tiendront à Arusha (Tanzanie), avant de passer le témoin au Maroc qui va organiser la grande messe de la Bad en 2013 dans la ville de Marrakech. AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 109


actualité PSILONe

Une des causes d’aggravation de la crise mondiale : un gap de croissance de 1,1%

Mohamadou SY siré

siresy@gmail.com

Depuis  la Grande récession de 1929, l’économie mondiale devait, sur 70 ans (jusqu’en 1999), produire une moyenne de croissance d’au minimum 3,2%, pour ne pas connaitre une seconde crise de l’ampleur de la crise de 1929. Or, l’économie mondiale n’a pu réaliser sur cette période (70 ans), qu’une moyenne de croissance de 2,1%. C’est ce gap de 1,1% qui est en grande partie, une des cause d'aggravation de la crise financière de 2008, de la récession mondiale de 2009, de la crise des dettes souveraines de 2010 et du pic de la crise du capitalisme financier international en 2011. Si l’Asie s’en sort le mieux, elle le doit à son commerce intra-asiatique et par le fait qu’elle répercute les coûts de la hausse des produits pétroliers sur les produits qu’elle vend sur le Marché. Idem pour l’Amérique du Nord (Canada et Usa) et la Zone Euro qui répercutent sur le Marché, tous leurs chocs exogènes et endogènes. C’est l’Afrique qui est le plus grand perdant dans cette crise. Car, sur ses matières premières qui devaient lui permettre d’engranger des gains, elle n’en détermine pas, ellemême, les prix.

L’OCI et la finance islamique La planification, en tant que mode opératoire de gestion, a été portée par une idéologie (le communisme) et un instrument politique (le parti unique). L’économie de marché est encadrée, protégée et portée par une idéologie (le libéralisme) et ses institutions économiques internationales (le Fonds monétaire et la Banque mondiale). Si le «monde islamique» ambitionne d’imposer la finance éponyme comme une alternative pérenne à la finance conventionnelle, elle devra être portée par un instrument politique, OCI (Organisation de la conférence islamique) et son idéologie (Solidarité-Partage). Sans quoi, la finance islamique restera anecdotique dans son vécu. Car, en termes de volume d'engagements, Londres est la capitale de la Finance islamique et, la plupart des pays à forte majorité musulmane dans la Zone Uemoa, ont plus recours à la finance conventionnelle. Institutionnellement et politiquement, l’OCI (56 Etats membres) doit porter le combat de la finance islamique. Car, au-delà de son aspect purement économique, la «bataille» de la finance islamique face à la finance conventionnelle est avant tout, une «bataille» éminemment philosophique, au sens de Weltanschauung – donc de vision du monde - et une guerre des lobbies. Avant d’être un enjeu économico- social. 

110 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02

Journaliste-Economiste


actualité

AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02 | 111


b uactualité lle t in d ’ abonnemen t

L e m a g a z i n e d e l ’A f r i q u e e n m o u v e m e n t A c o m p l é t e r e t r e t o u r n e r a v e c v o t r e r é g l e m e n t s o u s e n v e l o p p e a f f ra n c h i e o u p a r f a x : Abonnement & Publicité

Tél : +212 522 36 04 18/20 | Email : contact@africanbusinessjournal.info | Fax : +212 522 36 31 41 3, rue Mansour Saadi Quartier Racine Casablanca Maroc Type d'abonnement Entreprise Organismes Administration Sociétés

Nombre d’exemplaires 1 5 15 +20

Tarif en C FA / Unité 5 000 4 700 4 250 4 000

Tarif en Euro / Unité 8,5 7 6,5 6

Etudiants Universités Centres de Recherche Think Thank

1 5 15 +20

3 500 3 325 2 975 2 750

6 5 4,5 4

Particuliers

1 5 15 +20

4 000 3 800 3 600 3 200

7 6 5,5 5

 

Oui, je m'abonne à African Business Journal pour 1 an (soit 4 numéros) Nombre d'exemplaires : ...........................................................................

Mon règlement par :  Virement bancaire à l'ordre de Afrique Challenge Compte bancaire N° SN 100 01001 00100292000462 SWIFT Code: AFRISNDA BANK OF AFRICA, 4 Avenue Léopold Sédar Senghor BP 1992 RP - DAKAR SENEGAL 

Merci de m'adresser une facture acquittée.

Mes coordonnées : Mme Mlle Mr Nom : ..................................................................................................... Prénom : ................................................................................................ Raison sociale : ....................................................................................................................................................................................................... Adresse : ................................................................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................................................................................ Ville : ............................................................................................................. Code Postal : ................................................................................... Pays : ...................................................................................................................................................................................................................... Tél : ................................................................. Email : ................................................................@........................................................................ Date et Signature Au sommaire de chaque numéro : • Tableaux de bord de la Conjoncture et des Perspectives économiques en Afrique et dans le Monde • Un Grand Entretien • Des Business Case • Les Cahiers du Manager et le Feuilleton Managérial • Des Focus sur un Etat Africain (Economie politique) • Un Cahier «Economie de l’Environnement» • Une rubrique «Innovation Technologique».

112 | AFRIcan business journal | avril 2012 | N°02


3, Rue Mansour Saadi Racine 20100 Casablanca Maroc | Tél: +212 522 36 04 18/20 • Fax: +212 522 36 31 41



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.