PRIX public : 5 000 F CFA | Zone europe et Maghreb : 8.5 €
N° 07 • JUILLET-Août-septembre 2013
Une leçon africaine d’IT4D M-Pesa mobile banking 34 Prévalence du chômage en Afrique : Une croissance qui ne génère pas des emplois 62 Management interculturel : Les sept grands modèles
page 48
Création d’emplois
En finir avec la mondialisation de connivence… Place à une mondialisation entrepreneuriale ! L’agenda des dix prochaines années doit mettre l’accent sur la «Transformation» structurelle de nos économies. Y parvenir équivaut à mettre un terme à l’économie de connivence ou de rente dénoncée dans notre précédent numéro. Dénoncer l’économie de rente, c’est d’abord dénoncer des contrats miniers mal ficelés, qui réduisent des villages et régions entiers à la paupérisation à proximité de puits de pétroles, de mines de diamants, de gisements d’or, de bauxite et du ‘’coltan’’. Si nous ne voulons pas être de simples spectateurs au banquet de la transformation qui s’engage aujourd’hui, il nous faut renouer avec une mondialisation entrepreneuriale. Celle-ci s’appuie sur un capitalisme concurrentiel qui redonne sa place à l’énergie entrepreneuriale. Pour y parvenir, il faut certes des entrepreneurs innovants, mais l’Etat a un rôle central à jouer à travers une fiscalité imaginative, la création d’un écosystème propice à l’innovation et une régulation intelligente et juste.
Alioune GUEYE
Le nombre d’emplois crées n’est plus un critère d’exigence suffisant ; la qualité des emplois générés doit aussi être prise en compte.
Cette mondialisation entrepreneuriale est celle qui redistribue la croissance. On le sait, aucun produit n’est fabriqué entièrement dans un seul pays. Un smartphone vendu à 500 USD dans le monde entier intègre du design graphique californien, de l’intelligence logicielle française, du métal précieux bolivien et de l’industrie microélectronique singapourienne. Ce produit ne rapporte pourtant que 20 USD à la Chine qui en assure l’assemblage. Ce qui compte c’est donc bien la capacité à tracer la valeur ajoutée dans le processus de fabrication des biens de manière à bien identifier le siège de cette valeur ajoutée et ainsi, choisir les spécialisations appropriées qui se traduiront en emplois plus qualifiés pour nos jeunes. Aujourd’hui, l’inadéquation entre la formation délivrée par nos institutions de formation, et les besoins de l’économie, couplée à une méconnaissance de la dynamique des filières et des métiers mondiaux, marginalisent une partie importante de la population jeune en Afrique, réduite à l’inactivité, alors que partout ailleurs une population active jeune est un atout considérable.. Dans les contrats relatifs à nos mines, nos terres arables et autres grands chantiers d’infrastructure indispensables à notre décollage économique, il faut veiller à ce que dans le partage de la valeur, nous mettions l’accent sur la valeur retenue localement, autrement dit, à celle qui bénéficie au continent en termes de revenus immédiats, certes, mais aussi, de technologie transférée, de développement de la filière concernée en termes de courbe d’expérience, de renforcement des capacités indispensable à une insertion dans la mondialisation. A cet égard, le nombre d’emplois créés n’est plus un critère d’exigence suffisant; la qualité des emplois générés doit aussi être prise en compte. Le secteur de "l’offshorring", dans lequel beaucoup de nos pays se sont précipités, en est une illustration. Voir des postes de télé-conseillers occupés par des masters là où des Bac+2 auraient suffi constitue une mauvaise allocation de ressources humaines qui auraient pu contribuer au développement d’autres secteurs plus prometteurs. Car, c’est bien là l’enjeu de la transformation structurelle: créer massivement des emplois à plus ou moins forte valeur ajoutée pour nos jeunes afin de «transformer» notre vitalité démographique en développement socioéconomique inclusif.
AFRIcan business journal | N°07 | 1
PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°07 | Juillet-Août-Septembre 2013
Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Mohamadou Sy msy@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Fatimata Thiam Rédaction centrale (Maroc) Octave Doussou, Abdou Diaw, Marlène Marina, Mohamadou Sy Correspondants Ibrahima Diop (Sénégal), Valérie Haida (Cameroun), Sylvio Combey (Togo), Boureima Balima (Niger), Sidiki Dembélé (Mali), Bachir Sylla (Guinée), Fortuné Sossa (Bénin), Batoumaï Hortence (Tchad) Correcteur Van Manchette Ont contribué à ce numéro Roland Portela, Matthieu Indanda, Dr. Aziz Alaoui Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com
> page 36
Création d’emplois : un défi majeur en afrique Plus de 70% des Africains gagnent leur vie en exerçant un emploi précaire, du fait que les économies continuent de dépendre fortement de la production et de l’exportation de produits primaires. Les investissements restent concentrés dans des industries extractives à forte intensité de capitaux financiers, avec peu de liens en amont et en aval avec le reste de l’économie.
> Sur le fil 04 > Huajian Group veut faire de l’Ethiopie un cluster mondial de la chaussure 04 > La nouvelle philosophie pour la philanthropie en Afrique 06 > Transformation en Afrique : «le changement, c’est maintenant!» 08 > Côte d'Ivoire : Total trouve du pétrole 09 > Dak'Art : 11e Biennale de l’Art Africain Contemporain 10 > Transfert de technologie : L’Algérie à l’école allemande 10 > Cent mille jeunes du Malawi en renfort de l’économie sud-coréenne 11 > Le Groupe Marocain Sefrioui s’installe au Burkina Faso 11 > La Malaisie : l’un des plus grands investisseurs asiatiques en Afrique, devant la Chine et l’Inde 11 > Afrique : 129 nouveaux centres commerciaux d’ici à 2017
> Conjoncture
Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse ISSN : 2230-1933 Impression OKAD - Maroc Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 10 000 exemplaires.
2 | AFRIcan business journal | N°07
12 > Transformation en Afrique : Les initiatives à l’épreuve du terrain 13 > Guinée Équatoriale : Un lion africain à la croissance rugissante 14 > Etude d’Ernst & Young : L’Afrique, de plus en plus attractive 16 > Afrique : Réduction des achats de riz de 10 % 17 > Rapport 2012 de l’OCDE sur les APD : L’Afrique touchée de -9,9 % 18 > Aide Publique au Développement : L’Europe en ordre dispersé 19 > Renault-Nissan : Bilan 2012 positif pour l'usine de Tanger
> Perspectives 20 > L’indien Tata veut faire croître ses activités en Afrique de 30% par an 22 > Turquie : création d'un cadre assurantiel robuste pour protéger ses entreprises de BTP en Afrique 23 > Rwanda : fini l’exportation à l’état brut place à la transformation 25 > Nigéria : Eko Atlantic, une île artificielle dans la lagune de Lagos
> Avis d’expert 58 > Comment vaincre la procrastination? 59 > Comment procéder à une analyse SWOT de votre carrière 60 > La régulation comme mode de gestion d’une économie en transition 61 > Comment résoudre un conflit de manière élégante
> Formation 90 > Les nouveaux modèles de la formation en ligne 92 > CBAO-Groupe AWB: Inauguration de l’académie de formation 93 > Un simulateur de réseaux et services
> Innovations
> Cahiers du manager 62 > Management interculturel : les sept grands modèles 65 > Faire émerger un état d’esprit constructif 70 > Le modèle PDG 72 > Suivre et piloter la réalisation des objectifs (3e serie)
> Success Story 27 > Les ressources naturelles : clef de la transformation économique de l’Afrique
> Grand entretien 28 > Kelvin Tan, Membre fondateur de la Chambre de commerce Afrique-Asie du Sud-est
> Focus 34 > Prévalence du chômage en Afrique : une croissance qui ne génère pas d'emplois 35 > Emploi des jeunes en Afrique : une bombe sociale à retardement 36 > Création d’emplois : Un défi majeur en Afrique 38 > Quel est le meilleur secteur pour investir en Afrique? 39 > La croissance en Afrique n'arrive pas à créer des emplois productifs 42 > Les déterminants du chômage et du sous-emploi 44 > Afrique subsaharienne : atelier sous-régional sur l’emploi des jeunes
> Grille de lecture 75 > Bagoré Bathily : Un vétérinaire entrepreneur social
> Social
100 > Ndongo S. Sylla : le scandale du commerce équitable
> Eco-Environnement
78 > Bertin Nahum : 4e entrepreneur le plus révolutionnaire au monde en 2012 80 > Entrepreneuriat social : quand Muhammad Yunus trace la voie 82 > Africa Progress : une fondation qui favorise l’entrepreneuriat contre la pauvreté
> Santé & Entreprise
> Bloc-Notes 46 > Une célébration pour rien…. Visas…Intégration régionale.
> Business case 51 > Mobile banking : les facteurs clés du succès 52 > La BCK dans la percée du Mobile banking : un cadre légal et réglementaire propulseur 54 > Performances Kenyanes 55 > Mobile banking et paiement mobile en Afrique : la bataille des usages et des innovations 57 > Du M-Pesa au M-Kesho
94 > Neformily : un logiciel au service des malades atteints d’Alzheimer 96 > Internet : Wi-Fi gratuit pour tous les New-yorkais 97 > La Montre gadget qui fait vidéo MPEG4 > Mini projecteur multimédia HD > Une variété de sorgho qui résiste à la sécheresse 99 > Prix 2013 de l'innovation pour l'Afrique : AgriProtein, Saphon Energy et Sanoussi Diakité primés
104 > Deux étudiants de 2iE mettent au point un savon qui protège du paludisme 105 > Innovation de l'OCP : Téractiv, un fertilisant 3E > Un sac solaire pour transporter et purifier dix litres d’eau en six heures 106 > De l’urine pour remplacer le diesel : une idée insolite de quatre écolières nigérianes
> Livre du trimestre 84 > Mutuelle santé en entreprise : mode d'emploi 85 > Le médecin du travail : un acteur clé au sein du Service Santé au Travail 87 > Sécurité et santé des salariés 88 > Assurance - Santé communautaire : le pari réussi par le Rwanda 89 > Télémédecine: demain, la Kinect
108 > Management des entreprises dans les pays du Sud, Caroline Minialai
> Epsilone 110 > L’emploi des jeunes en Afrique : Le potentiel, le problème et la promesse
AFRIcan business journal | N°07 | 3
sur le fil Huajian Group veut faire de l’Ethiopie, un cluster mondial de la chaussure Dans le cadre d’un programme d’investissement de 2 milliards US $ étalé sur 10 ans, qui comptera à terme 100.000 salariés éthiopiens, Huajian Group, un important exportateur mondial de chaussures, lance les travaux d’extension de sa première unité industrielle en Ethiopie. La société qui emploie 25.000 travailleurs en Chine et fabrique des chaussures pour les marques Guess, Tommy Hilfiger, Naturalizer ou Clarke, a ouvert sa première implantation dans la banlieue d'Addis-Abeba en 2012 pour profiter de faibles coûts salariaux, capitaliser sur des tarifs commerciaux préférentiels entre Ethiopie et les pays occidentaux et être au plus près de ses fournisseurs. Le financement de cette nouvelle ville dédiée à l’export de la chaussure est assuré par le fonds de private equity "China Africa Development Fund" et "China Development Bank".
prix des Nations-Unies au service public
Le RCAR décroche le prix dans la catégorie "Prévention et lutte contre la corruption"
Le Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR) du pôle prévoyance de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) du Maroc, a remporté le prix des Nations-Unies du service public, dans la catégorie "Prévention et lutte contre la corruption". Le prix a été remis lors du Forum des Nations-Unies pour la fonction publique, qui a eu lieu le 23 Juin 2013 à Bahreïn. Ce prix représente la plus haute distinction internationale pour l'excellence et l'innovation dans le secteur public et le management public.
Prochaines Assemblées annuelles de la BAD Ce sera à Kigali en 2014, à Abidjan en 2015 et à Lusaka en 2016 L’une des décisions prises lors des Assemblées annuelles 2013 de la Banque Africaine de Développement qui se sont tenues à Marrakech au Maroc, du 27 au 31 Mai dernier, est la désignation des pays qui vont accueillir pour les trois prochaines années, cette grande messe de l’économie africaine. Ont été désignées respectivement pour 2014; 2015 et 2016, les capitales Kigali (Rwanda), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lusaka (Zambie). Par ailleurs, l’Assemblée des gouverneurs a entériné le retour de la BAD de Tunis à Abidjan, à partir de 2014. L’assemblée des gouverneurs a aussi adopté la stratégie décennale (2013-2022) de la BAD.
Africapitalisme
La nouvelle philosophie pour la philanthropie en Afrique Une nouvelle philosophie de l'aide est en train de se dessiner en Afrique et portée par des Africains et selon laquelle, les fondations privées et les philanthropes doivent surtout œuvrer pour favoriser l'aide au développement, à travers des principes et méthodes propres au secteur privé. Appelé "philanthro-capitalisme", "philanthropie intelligente", ou "la philanthropie de risque", le mouvement avance l'idée selon laquelle le capital philanthropique pourrait être utilisé à des fins de développement, avec une nouvelle approche du développement en Afrique qui implique le secteur privé qui doit relancer l’écosystème économique, par le biais d’investissements à long terme qui créent une prospérité économique et une richesse sociale
4 | AFRIcan business journal | N°07
Par Mohamadou SY ‘’Siré’’
Philanthropie et développement: Où sont les milliardaires de l'Afrique ?
invite à l’Africapitalisme Ce fut l’un des thèmes des différents séminaires dans le cadre des 48e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement qui se sont tenues à Marrakech au Maroc, du 27 au 31 Mai 2013. Introduit par l'économiste nigérian, Tony Elumelu, ce dernier estime que "la philanthropie ne doit plus se limiter à la charité en Afrique, soulignant que cette forme d’aide financière doit plutôt servir à stimuler l’agenda du développement du continent, notamment par la création d’emplois". Tony Elumelu a aussi expliqué que ‘’loin d'être une simple opération lucrative, la philanthropie doit au contraire faire en sorte que les populations bénéficiaires soient autonomes financièrement et sentent les retombées de cette aide financière dans leur vécu quotidien’’. ‘’Au début des années 60/70, bon nombre d'Africains pensaient que l'Aide était fondamentale pour accompagner le continent dans son développement’’ a-t-il rappelé, déplorant le fait que la philanthropie telle qu'elle existait n'a jamais aidé l'Afrique à se développer. Il a invité le secteur privé africain à investir à long terme dans des entreprises pouvant favoriser le bien être social des populations africaines, avant de s'interroger ‘’dans quel domaine la charité reçue en Afrique a eu un impact certain sur la vie des populations?’’. Il n'a pas manqué de donner en exemple, la création de United Bank for Africa qui a, selon lui, permis de créer de nombreux emplois partout sur le contient. "Africapitalisme", l’exemple par la UBA Tony a plaidé avec conviction pour "l’Africapitalisme", en racontant comment un investissement de 5 millions USD dans l’UBA il y a 17 ans, a donné naissance à une multinationale, une institution financière panafricaine qui a créé 25.000 emplois, généré de la richesse pour les communautés à tra-
vers l’Afrique, augmenté les moyens financiers pour le commerce, créé une infrastructure financière plus solide pour la croissance de l’économie et des investissements, rapporte des taxes aux gouvernements nationaux et locaux pour soutenir les services publics, et donné à des millions de clients, le contrôle sur leur vie financière. Il a comparé l’investissement au flux annuel de l’aide caritative en Afrique – s’élevant à plusieurs fois l’investissement de 5 millions US $ initié par l’UBA – pour montrer que l’implication du secteur privé est une façon largement supérieure et plus efficace de relever les défis liés au développement de l’Afrique. Ces entrepreneurs"Africapitalistes" Le récent investissement de 300 millions US $ de Heirs Holdings, la société d’investissement de M. Elumelu, dans une centrale électrique au Nigéria constitue un autre exemple d’un investissement à long terme et motivé par le profit qui favoriserait le développement de l’Afrique. M. Elumelu a mentionné d’autres stratèges visionnaires qui jouent également un rôle important pour guider le développement du continent grâce à leurs investissements commerciaux: Aliko Dangote et Mike Adenuga au Nigéria, Lucien Ebata en République démocratique du Congo, Reginald Mengi en Tanzanie, Patrice Motsepe en Afrique du Sud, Kofi Amoabeng
au Ghana, sont des entrepreneurs qui ont créé des dizaines de milliers d’emplois, autonomisant des individus, des familles et des communautés entières. La philanthropie, une philosophie de vie Le milliardaire américain Ronald Lauder, à la tête de la Lauder Fondation, un des panelistes du séminaire, a indiqué dans son intervention qu'il ne suffit pas d'être milliardaire pour être philanthrope, soulignant que la philanthropie doit être une philosophie de vie. Les milliardaires africains sont à New York et autres places financières mondiales, a–t-il assuré, invitant les gouvernements africains à assouplir les mesures fiscales pour aider à rapatrier les fonds thésaurisés dans les banques étrangères. La participation des philanthropes de l'Occident et de l'Afrique dans les efforts nationaux et régionaux de développement est de plus en plus importante au moment où les budgets de l'aide pour l'Afrique continuent de baisser. A noter qu’une grande partie de l'aide philanthropique en Afrique est destinée au secteur social, en l'occurrence la santé et l'éducation. Pour rappel, Tony Elumelu, un ancien d’UBA, est actuellement président de Heirs Holdings, une société privée d’investissement et fondateur de la Tony Elumelu Foundation.
AFRIcan business journal | N°07 | 5
actualité
sur le fil Par Mohamadou SY ‘’Siré’
Groupe Afrique Challenge / Forum des Dirigeants Africains
Transformation en Afrique :
«le changement, c’est maintenant!»
La 13ème édition du Forum annuel des Dirigeants d’Entreprises Africaines s’est tenue à Marrakech (Maroc), du 24 au 26 Avril 2013, sous le thème: "Transformation économique et stratégies de rupture: Quels programmes, quelle démarche, quels outils pour réussir l’émergence économique." Synthèse. une dynamique; une vision commune et partagée et le passage à l’action car, une vision sans action n’a aucun sens et s’avère totalement inutile. En somme, le décollage ne sera possible que si nos décideurs et les cadres opérationnels parviennent à réfléchir de manière plus audacieuse, et à aligner leurs paroles et leurs actes sur le terrain.
Le premier constat des participants à ce forum est de se rendre à l’évidence que l’Afrique est loin du compte de l’émergence du fait que les performances ne sont pas à la mesure du potentiel de développement du continent. Le second constat c’est que le continent est certainement attractif et c’est
6 | AFRIcan business journal | N°07
aux africains de s’organiser pour le rendre encore plus attractif et générateur des conditions de l’émergence. De l’avis des panélistes, les trois conditions qui permettent de réussir la transformation sont: une pensée nouvelle qui doit être forgée dans le cadre d’une révolution de la pensée et pouvant générer
Repenser le modèle de développement L’Africain doit être capable de repenser son modèle de développement pour faire face aux conceptions conservatrices et obscurantistes et qui cassent «le courage d’espérer». Le premier maître mot à cet exercice est celui de la cohérence et de la rigueur et le second, «l’inclusivité» qui permet de réduire pour ensuite éliminer les inégalités, les injustices et les disparités. C’est un impératif d’efficacité économique et de survie. Le troisième impératif, c’est qu’il y ait un système de pilotage de l’ac-
tion fondé sur un bon dispositif de bonne gouvernance qui mette aussi en place les outils de pilotage. Dans cette perspective, renchérissent les panélistes, les conditions de succès seront: une collecte de données pour avoir des éléments fiables de diagnostic; un système d’analyse de ces données pour visualiser les nouvelles dynamiques ; un dispositif de validation des données avec une évaluation plus précise des indicateurs quantitatifs. Tout en gardant de vue que tout ce qui a de la valeur n’est pas forcément mesurable, comme par exemple le facteur humain ou la question des valeurs. D’un avis partagé, les Africains doivent apprendre à avoir une culture de l’anticipation et de la prospective à des fins de décision ou de réduction des incertitudes. «Le changement, c’est maintenant!» L’Afrique a renoué avec la croissance, après des années de stagnation. En fait, le changement s’opère sous nos yeux depuis sept ou huit ans. D’un continent sans espoir, l’Afrique est devenue un continent en éveil et par conséquent, le temps de l’Afrique serait venu. Pourquoi en est-il ainsi? Parce que l’Afrique tire actuellement un meilleur parti de la mondialisation, ce qui n’était pas le cas durant la période de l’après indépendance du fait que l’Afrique semblait mal intégrée dans le marché mondial. Cette lecture optimiste est celle des agences d’aide toujours à la recherche de «success stories» et c’est aussi la lecture de la BAD et de la CEA. Pour ces agences, ce changement est d’abord la résultante des efforts des Africains au premier plan mais aussi des agences qui les ont
Les Axes du Forum Axe 1: Questions autour de la transformation. Quel programme? Quelles activités ? Pour quels projets? Y a-t-il un écosystème préalable? Si oui comment le susciter? Quels leviers faut-il actionner pour créer un déclic? Axe 2: Benchmark des meilleures pratiques de transformation (Singapour-Malaisie-Brésil). Quelle démarche? Quelles ont été les priorités? Quels ont été les facteurs clés de succès? Quelles leçons en tirer? Quelles limites à la transférabilité? Axe 3: Les Outils de la Transformation? Quel leadership? Comment promouvoir les investissements? Comment susciter le développement du secteur privé? Comment mobiliser les capitaux financiers? Par où et quoi commencer? Comment s’insérer dans l’économie mondiale?
« Concilier une logique économique avec une nouvelle logique sociale et relationnelle ». aidés à assainir leurs cadres macroéconomiques via des programmes d’ajustement structurels qui ont été douloureux certes, mais qui portent des fruits. "L’embellie actuelle dont se réjouit tout le monde, serait le résultat d’une mondialisation heureuse et cette dernière se trouve du coup réhabilitée malgré ses effets pervers et parfois pernicieux". Cependant, il faut prendre les visions triomphalistes avec des pincettes en comprenant que les conditions de la transformation ne sont jamais
irréversibles dans la mesure où une seconde lecture exige de l’Afrique de "faire mieux, plus vite et dans la durée". Pour cela, il faut rompre avec la mondialisation subie et passer à "une mondialisation négociée" qui prend en compte le renouvellement générationnel, les flux d’aide dans une optique de sélectivité et de conditionnalité, et une société qui ne serait pas uniquement gérée par le marché. Dans ce cadre, il faut être capable de "concilier une logique économique avec une nouvelle logique sociale et relationnelle".
AFRIcan business journal | N°07 | 7
sur le fil
actualité
sur actualité le fil
Automobile
Le top 10 des voitures les plus vendues dans le monde en 2012
Le cabinet américain de surveillance du marché automobile, Polk, a publié son classement des voitures les plus vendues dans le monde en 2012. Ainsi, le top 10 se présente comme suit :
© Photo D.R.
1 - La Ford Focus: 1,02 millions d'exemplaires 2 - La Toyota Corolla: 872.774 exemplaires 3 - La Ford F-Series: 785.870 exemplaires 4 - La Wuling Zhiguang: 768.870 exemplaires 5 - La Toyota Camry: 729.793 exemplaires 6 - La Ford Fiesta: 723.130 exemplaires 7 - La Volkswagen Golf: 699.148 exemplaires 8 - La Chevrolet Cruze: 661.325 exemplaires 9 - Honda Civic: 651.159 exemplaires 10 - Honda CR-V: 624.982 exemplaires
World Travel Awards Marrakech: Meilleure destination africaine
Les gagnants pour l'année 2012, des 19e "World Travel Awards", choisis (par vote) par les agents de voyages à travers le monde sont connus. La ville de Marrakech a été élue "Meilleure destination africaine". La ville ocre, qui devient la 1ère ville marocaine à remporter ce titre, succède à la ville sud-africaine, Cape Town, qui régnait sans partage sur ce classement avec 12 titres au palmarès. A noter que Marrakech était en lice avec, outre Cape Town, Durban et Johannesburg (Afrique du Sud), Luxor (Egypte), Mont Kilimandjaro (Tanzanie) et les chutes Victoria (Zambie).
8 | AFRIcan business journal | N°07
Côte d'Ivoire Total trouve du pétrole Le géant pétrolier français Total a annoncé depuis Avril 2013, avoir découvert un gisement de pétrole lors de son premier forage exploratoire effectué au large de la Côte d'Ivoire, où il dispose de plusieurs permis de recherche. Le groupe révèle avoir détecté une couche contenant du pétrole de "bonne qualité" d'une épaisseur de 28 mètres, dans un puits foré à une profondeur de plus de 5.000 mètres (dont 2.280 mètres d'eau), non loin des eaux ghanéennes où d'importants gisements ont été décelés ces dernières années, a-t-il précisé. © Photo D.R.
© Photo D.R.
NEWS
sur le fil
7e édition des Trophées African Banker 2013
Les lauréats
Ministre des Finances de l'année S.E. Nizar Baraka, Maroc Gouverneur de banque centrale de l'année S.E. Sanusi Lamido Sanusi, Nigeria Carrière exemplaire (Life Achievement Award) Jean Louis Ekra
Equity Bank, Kenya - Afrique de l'Est First Bank, Nigeria - Afrique de l'Ouest Afrasia Bank, Ile Maurice - Afrique Australe Deal de l'année Umeme IPO - cfc Stanbic (Kenya) and Fieldstone Emission obligataire Ghana Seawater Desalination Project - Standard Bank (Afrique du Sud)
African Banker Icon Michael Joseph, un des pionniers de M-Pesa Banque africaine de l'année GTB Banque, Nigeria
Banque d'investissement de l'année Rand Merchant Bank Fond d'investissement de l'année Citadel Capital, Egypt
Meilleure banque régionale Attijariwafa Bank, Maroc - Afrique du Nord BGFI, Gabon - Afrique Centrale
© Photo D.R.
Nigeria 1 milliard US $ pour des incubateurs technologiques Un montant d’1 milliard US $ a été investi par le Nigéria pour construire plusieurs incubateurs dont 2 sont déjà opérationnels, à Lagos et à Calabar, depuis Mai 2013. L'objectif de ces incubateurs technologiques est de faire émerger d’ici 2015, un nombre de 25 start-up et PME dans le secteur des TIC et, de renforcer la contribution de ce secteur au PIB du Nigeria (PIB 2011: 239 milliards US $, Population: 162 millions d’hts). Le ministre Nigérian des nouvelles technologies, Omobola Johnson, souhaite reproduire le succès de l’industrie du logiciel indien qui génère chaque année, un volume de 50 milliards US $ de valeur ajoutée à l’économie indienne.
Trophée de l'inclusion financière Africa Guaranty Fund, Kenya Banque la plus innovatrice de l'année Ecobank, Togo Banque socialement responsable de l'année Nedbank, Afrique du Sud
Dak'Art 11e Biennale de l’Art Africain Contemporain La capitale sénégalaise, Dakar, accueillera la 11e édition de la Biennale de l'Art Africain Contemporain, le Dak’Art, qui aura lieu du 09 Mai au 08 Juin 2014. Cet évènement accueillera de nombreux artistes et professionnels des arts visuels de l’Afrique et du monde. Le Dak’Art est la plus grande biennale d’art contemporain en Afrique et offre une plateforme d’expression et de partage aux professionnels des tendances artistiques africaines. Pour rappel, la Biennale de Dakar a un nouveau Secrétaire Général en la qualité du professeur de philosophie, Babacar Mbaye Diop, qui animera lors de cette 11e Biennale, un séminaire du 11 au 13 Juin 2013 sur le thème «Les métiers de l’Art». © Photo D.R.
Banquier de l’année Aigboje Aig-Imoukhuede, Access Bank, Nigeria Joao Figueiredo, Banco Unico, Mozambique (Performance et Leadership)
AFRIcan business journal | N°07 | 9
Sécurité sociale
Transfert de technologie
L’Algérie à l’école allemande En partenariat avec la firme al-
au Sénégal
Six assureurs forment un pool de microassurance santé pour le secteur informel
lemande Liebherr, la Société des matériels de terrassement et de levage (Somatel), vient de mettre sur le marché son premier engin de terrassement et de © Photo D.R.
chargement d’une puissance de 250 CV et doté d'une capacité de godet de 4 m3. Ce matériel fait partie d’une gamme de 7 engins qui seront développés au cours des © Photo D.R.
prochaines années: bulldozers de 350 chevaux, pelles sur chenilles, pelles sur pneumatiques, chargeuses sur pneus. Selon Cherif Rahmani, ministre algérien de l'Industrie, ce partenariat avec l’entreprise Liebherr permet à l’Algérie, de bénéficier du transfert de technologie en vue d’accélérer son ’’alphabétisation industrielle’’, de réduire considérablement la facture d’importation de matériels destinés aux chantiers de BTP et de consolider la filière industrie mécanique.
émigration
© Photo D.R.
cent mille jeunes du Malawi en renfort de l’économie sud-coréenne Plusieurs sources font état d’un partenariat possible entre le gouvernement du Malawi (PIB 2011: 5,7 milliards US $; Population: 15,3 millions) et la Corée du Sud (PIB 2011: 1.116 milliards US $ ; Population: 49,7 million) pour tenter d’organiser et de planifier la migration de 100.000 jeunes pour répondre au besoin de main d’œuvre de la Corée du Sud. Ces jeunes âgés de 18 à 35 ans, sélectionnés dans le cadre de ce programme sont censés y accroitre leur revenu et développer leurs compétences. Ce sont 36 jeunes hommes et femmes malawites qui partiront les premiers en Corée du Sud. Ils gagneront un salaire minimum de 1000 US $ dont une partie sera transférée en leur faveur au Malawi pour y être consigné en attendant leur retour au bout de 4 ans 10 mois, a laissé comprendre Wezi Kayira, un haut fonctionnaire du ministère du travail. Cette initiative est rejetée par une partie de la classe politique du Malawi qui y voit une fuite de responsabilité du gouvernement qui n’arrive pas à créer les conditions d’une croissance inclusive.
10 | AFRIcan business journal | N°07
Cnart Assurances, Askia Assurances, Nsia Sénégal, Cga Assurances, Ass Assurances et Salama Assurances se sont regroupés dans la cadre du Pool Micro Assurance Santé (PMAS) pour toucher les 80% de la population du Sénégal (PIB 2011: 14,3 milliards US $; Population: 12,7 millions d’hts) ne bénéficiant pas d’une couverture médicale. L’objectif du PMAS étant de porter à 50%, la couverture santé des Sénégalais d’ici à 2015. Le PMAS propose 4 produits de micro assurances aux groupements professionnels organisés du secteur informel. «Le PMAS vise à l’inclusion des artisans, des commerçants détaillants, des paysans, des pêcheurs, des éleveurs, des artistes et des élèves des banlieues et des zones rurales» a expliqué le Directeur du pool, Abdoul Aziz Fall. La tarification produit, par personne, est comprise entre 1290 FCFA/an (2,58 US $) à 30.900 FCFA/an (61,8 US $) et les garanties concernent la prise en charge des interventions chirurgicales, des soins de santé, les analyses médicales.
Le Groupe Marocain Sefrioui s’installe au Burkina Faso Après la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la Guinée, le groupe cimentier marocain, Ciments d’Afrique (CIMAF), s’installe au Burkina Faso, dans la zone industrielle de Kosodo à Ouagadougou. Ce projet qui nécessitera un investissement de 30 millions d’€ et développera une capacité de production de 500.000 tonnes par an, est piloté par une entité dédiée baptisée CIMAF Burkina Faso. Le président de CIMAF, Anas Sefrioui, a également annoncé que le Groupe Addoha, à travers une société de droit local baptisée Addoha Burkina Faso, va s’implanter au «pays des hommes intègres» Un accord de principe aurait été trouvé d’ores et déjà entre le Groupe Addoha et les autorités Burkinabés pour la construction de 1.000 logements sociaux en plein centre ville de la capitale Ouagadougou.
La Malaisie
© Photo Photo D.R. D.R. ©
l’un des plus grands investisseurs asiatiques en Afrique
La Conférence des NationsUnies sur le Commerce et le Développement révèle que la Malaisie était devenue en 2011, le premier investisseur asiatique en Afrique avec 19,3 milliards US $ d’investissements devant la Chine qui totalisait 16 milliards US $ et l’Inde 14 milliards US $. En 2011, les Malaisiens, bien que discrets, se classaient au 3e rang mondial des investisseurs étrangers en Afrique, derrière la France et les Etats-Unis, mais devant la Chine et l'Inde. Les investissements directs de Kuala Lumpur dans le monde ont
ainsi plus que quintuplé ces dix dernières années pour atteindre 106 milliards US $ à la fin 2011. Ce rapport présenté en prélude du 5e sommet des BRICS qui s’est tenu à Durban (Afrique du Sud) en Mars 2013, a aussi indiqué que les investissements directs étrangers vers les 5 principaux pays émergents ont atteint 263 milliards US $ soit 20 % du total des investissements directs mondiaux contre 6 % il y a 10 ans. «Au cours de ces dix dernières, les BRICS ont émergé comme des acteurs majeurs de l'investissement mondial», a expliqué James Zhan, directeur de la division de l'investissement à la CNUCED. Quant aux pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa), ils ont investit 126 milliards US $ à l’étranger dont 29 milliards US $ dans les pays du Sud.
Grande distribution en Afrique
129 nouveaux centres commerciaux d’ici à 2017 Avec l’émergence de la classe moyenne africaine et l’accroissement de l’urbanisation, le cabinet Sagaci Resarch projette que 129 projets de centres commerciaux pourraient être réalisés en Afrique (hors Afrique du Sud) d’ici à 2017. Les pays ayant le plus grand potentiel pour accueillir ces nouveaux investissements sont l’Egypte, le Ghana, la Zambie, l’Angola, le Nigeria, l’Algérie, le Maroc… avec plus d’une dizaine de nouveaux centres commerciaux par pays. Quelques opérations récentes illustrent l’intérêt des grandes enseignes internationales pour la conquête du consommateur africain, notamment la joint venture CFAO et Carrefour pour développer sur 10 ans, 75 supermarchés dans 8 pays d’Afrique occidentale et d’Afrique centrale ou l’acquisition en 2010 par le géant américain WalMart, de 51 % du capital de Massmart, n°2 de la grande distribution en Afrique du Sud, avec 331 magasins et une présence dans 12 pays africains.
AFRIcan business journal | N°07 | 11
Transformation en Afrique
Les initiatives à l’épreuve du terrain
Par Roland Portella
La volonté politique affichée des Etats et Institutions en Afrique pour stimuler les activités de transformation, se heurte à l’absence de synergies et au déphasage entre les déclarations et la mise en œuvre d’instruments d’incitation pour que les entrepreneurs privés s’y lancent ou diversifient leurs activités. De surcroît, rares sont les Etats qui créent des écosystèmes réels de production industrielle.
© Photo D.R.
dans la réalité, les chiffres soient complètement inversés. La volonté récente des gouvernants serait que les usines de bois se structurent et réalisent des chaînes de fabrication de bon niveau technique pour réaliser des produits finis. Mais, ont-ils donné des tendances de chiffres sur le marché national ou sous-régional de la demande des différents produits transformés, pour que les entreprises puissent avoir un cadre général afin de réaliser leurs propres études de marché?
Le Cacao au Cameroun 95% du cacao étant exporté contre 5% de transformation locale, le Cameroun s'est donné comme challenge de transformer au moins 50% de la production nationale dans les années à venir. Jusqu’en 2012, le pays ne disposait que d’une seule usine de transformation, Sic Cacaos (filiale de Barry), située à Douala alors qu’il existe une vingtaine d’exportateurs. Le Bois au Congo-Brazzaville Le code forestier congolais voté en 2000 oblige les sociétés forestières à transformer localement 85% de leurs productions de bois et de n'exporter que 15% sous forme de grumes. Toutefois, il semble que
12 | AFRIcan business journal | N°07
Le Bois en Côte d’Ivoire Le ministre des Eaux et Forêts, Clément Nabo, avait déclaré en 2011: «A partir du 1er Janvier 2013, le bois sera transformé sur place en Côte d’Ivoire. Les usines doivent être créées ici, et cela donnera de l’emploi aux jeunes». En 2013, cette décision n'est toujours pas effective. Les Bioénergies, Biocarburants - L’UEMOA a introduit dans son budget 2013-2015, des montants de travaux en maîtrise d’ouvrages déléguée pour 2 milliards de FCFA. Ce qui semble faible pour aider les Etats et les entreprises de la zone à bénéficier d’aides ou de subventions pour réaliser des études de faisabilité de projets au regard des défis d’indépendance pétrolière et de transition énergétique.
- Le Sénégal avait élaboré un plan de bioénergie sur 2007-2012. Ce pays utilise plus de 500 millions de litres de diesel par an. Ce qui pèse sur ses importations et sur l’environnement. L’Etat veut favoriser la plantation d’au moins 1 milliard de plantes de Jatropha Curcus sur 300.000 hectares. Ce programme est estimé à plus de 140 millions US $ et devrait créer 100.000 emplois directs! Pourtant, on est bien loin du compte. Textile L’UEMOA a adopté en 2010 «l’Agenda 2011-2020» de la relance de l’industrie textile avec l’objectif de 25% de taux de transformation du coton en 2020. Farine de Manioc Le Nigéria a adopté une loi en Janvier 2005 qui oblige les boulangers à incorporer 10% de farine de manioc dans la farine de blé pour fabriquer du pain. L’objectif en Afrique l’Ouest est d’arriver rapidement à un taux de substitution de 10%. Car, les 6 millions de tonnes d’importations pèsent très lourd. Les économies annuelles pour l’industrie boulangère de la Zone seraient de 43 millions US $. Il faudrait donc des unités de production de farine de manioc qui utiliseraient des procédures de fabrication plus mécanisées.
Guinée Équatoriale
Un lion africain à la croissance rugissante
Par Marléne Marina
Lorsqu'il s'agit d'évoquer le palmarès des régions enregistrant les taux de croissance du PIB les plus élevés de la planète, la plupart des observateurs s'accordent spontanément pour mentionner certains pays asiatiques, plus connus sous les vocables de dragons et tigres économiques (Chine, Corée du sud, Taiwan, Thaïlande, Vietnam, Inde, Philippines, Malaisie, Indonésie). Et pourtant, le recordman mondial de la croissance du PIB au cours des vingt dernières années n'est pas asiatique, mais africain. Un lion plutôt qu'un dragon. Ce pays, c’est la Guinée équatoriale. La croissance économique équatoguinéenne était de 7,8% en 2011; 5% en 2012 et est projeté à 6,6% en 2013 par Perspectives Economiques en Afrique, après les pics de croissance économique de l’ordre de 30% en 2004; 18,6% en 2005 et 20% en 2007. La Guinée équatoriale détient le PIB par habitant (19,79 milliards de US $ en 2011) le plus élevé d’Afrique subsaharienne. Petit pays d'Afrique Centrale de 28.000 km², pour une population estimée à 720.000 habitants en 2012 par la Banque mondiale, la Guinée Équatoriale demeure peu connue du plus grand nombre. Après avoir accédé à l’indépendance en 1968, le pays a longtemps vécu sur ses exportations de cacao et des revenus de ses expatriés basés en Espagne, au Cameroun et au Gabon. 1991, le miracle de l’or noir Jusqu'en 1991, à la veille du grand bond en avant, le PIB de ce petit pays agricole était de 147 millions US $. Puis vint le miracle de l'or noir, avec la découverte d'importantes réserves de pétrole et de gaz naturel. Depuis, avec l'exploitation de ces nouvelles ressources, la croissance carbure. Les découvertes importantes ont alors attiré les majors américains ExxonMobil, Hess, Marathon, Chevron qui sont les pre-
miers investisseurs dans le pays. La Guinée équatoriale est aujourd’hui, le 4e producteur de pétrole au Sud du Sahara, derrière le Nigeria, l'Angola et le Soudan. Le pays est devenu un véritable "émirati tropical", envié et courtisé et propulsé en à peine deux décennies, au cœur de la mondialisation. Contribuant à 78% à la formation du PIB, le secteur pétrolier aura joué le rôle déterminant. Entre 1991 et 2010, le PIB équato-guinéen est passé de 147 millions US $ à 14,547 milliards US $ (estimations du FMI, voisines de celles de la BM), soit une progression de près de 10.000%, grâce au pétrole qui lui vaut d’être le troisième pays producteur en Afrique subsaharienne après le Nigeria et l’Angola. Le pétrole équato-guinéen, 99% de ses exportations et 78% de son PIB L’économie équato-guinéenne est entièrement tournée vers l’exploitation d’hydrocarbures, qui représente 99% de ses exportations et 78% de son PIB. La production de pétrole brut – autour de 400 000 barils/jour – devrait se maintenir jusqu’en 2016 avant de commencer à décliner. Outre le pétrole, la Guinée équatoriale produit du méthanol et du gaz naturel liquéfié. Le gaz et le pétrole
sont exploités par les entreprises anglo-saxonnes (Hess, ExxonMobil, Marathon, Noble Energy) et, dans une moindre mesure, japonaises. De nouvelles réserves de pétrole pourraient être découvertes sur les blocs actuellement explorés par diverses sociétés étrangères (Gazprom, Repsol). Le potentiel gazier ne fait aucun doute. L’entreprise britannique Ophir Energy a annoncé la découverte de gisements portant à 70 Mdm³ le volume total de gaz récupérable. Les premières livraisons issues de cette exploitation pourraient être effectuées en 2016. Le BTP, second secteur de l’économie Le BTP est le second secteur de l’économie équato-guinéenne (5,2% du PIB en 2011). Son activité est largement soutenue par d’importants investissements publics dans les infrastructures. Les autres activités (agriculture, pêche, sylviculture) ont été marginalisées et ne représentent que 2% dans la formation du PIB. Le gouvernement a lancé depuis 2007, un programme de diversification des sources de la croissance à l’horizon 2020, fondé sur le développement de l’énergie (raffinage et hydroélectricité), de la pêche, de l’agriculture, du tourisme et des services financiers.
AFRIcan business journal | N°07 | 13
Par Abdou Diaw
étude ''Africa Attractiveness Survey’’ d’Ernst & Young
L’Afrique, de plus en plus attractive Le cabinet Ernst & Young a publié en Mai 2013, sa 3e édition de son étude ''Africa Attractiveness Survey’’ en combinant une analyse des investissements internationaux en Afrique au cours des cinq dernières années, à une enquête menée en 2013 auprès de plus de 500 chefs d’entreprises à propos de leur opinion sur le potentiel du marché africain. Les dernières données montrent que nonobstant une baisse du nombre de projets, de 867 en 2011 à 764 en 2012 (ce qui correspond à la tendance mondiale). La part mondiale des IDE sur le continent est également passée de 3,2% en 2007 à 5,6% en 2012. Malgré l’impact de la situation économique mondiale actuelle, la taille de l’économie africaine a plus que triplé depuis 2000. Les perspectives semblent aussi positives, avec la région dans sa globalité qui devrait connaître une croissance de 4% en 2013 et de 4,6% en 2014. Plusieurs économies africaines devraient conserver certaines des croissances les plus rapides au monde dans un avenir proche. Le rapport note également que 86% des répondants qui ont une présence établie sur le continent pensent que l’attractivité de l’Afrique en tant que lieu pour faire des affaires continuera à augmenter. Ils ont classé l’Afrique seconde destination d’investissement la plus attractive après l’Asie. Forte progression de l’investissement intra-africain L’investissement intra-africain a été particulièrement impressionnant pendant cette même période, avec un taux de crois-
14 | AFRIcan business journal | N°07
sance cumulé de 33%. L’Afrique du Sud a été en première ligne de la croissance du commerce intra-africain et des investissements accrus des marchés émergents (le plus grand investisseur en projets d’IDE hors d’Afrique du Sud). Le Kenya et le Nigéria ont également fortement investi mais on prévoit que d’autres, à l’instar de l’Angola, avec un fonds souverain de 5 milliards US $, deviendront des investisseurs de plus en plus présents sur le continent au cours des prochaines années. Ajen Sita, Managing Partner Afrique chez Ernst & Young, explique: «Il y a une confiance et un optimisme croissant chez les Africains eux-mêmes au sujet des progrès et de l’avenir du continent».Un important changement s’est également produit dans l’investissement sur le continent ces dernières années, tant en termes de marchés de destination que de secteurs. Tandis que l’investissement en Afrique du Nord a largement stagné, les projets d’IDE en Afrique sub-saharienne ont augmenté à un taux de croissance cumulé de 22% depuis 2007. Parmi les pays «stars» attirant un nombre croissant de projets, on compte le Ghana, le Nigéria,
le Kenya, la Tanzanie, la Zambie, le Mozambique, l’île Maurice et l’Afrique du Sud. Des investissements croissants des marchés émergents L’investissement des pays développés dans des projets d’IDE a chuté de 20%. Bien que les projets d’IDE du Royaume-Uni aient augmenté (de 9% par année), ceux des États-Unis et de la France (les deux autres grands marchés développés investisseurs en Afrique) ont considérablement diminué. En revanche, l’investissement des marchés émergents en Afrique a encore augmenté en 2012, poursuivant la tendance des trois dernières années. Depuis 2007, les projets d’IDE des marchés émergents en Afrique ont augmenté à un taux cumulé conséquent de plus de 21%. En comparaison, l’investissement des marchés développés n’a augmenté que de 8%. Les plus grands contributeurs des marchés émergents sont l’Inde (237), l’Afrique du Sud (235), les Emirats Arabes Unis (210), la Chine (152), le Kenya (113), le Nigéria (78), l’Arabie Saoudite (56) et la Corée du Sud (57), tous classés parmi les 20 plus grands investisseurs sur cette période.
Par Abdou Diaw
gouvernance des ressources naturelles
Revenue Watch Institute classe vingt et un pays africains Les pays africains restent mal classés dans «l’Indice de gouvernance des ressources naturelles 2013» publié le 15 Mai 2013 par le Revenue Watch Institute, une ONG dédiée à la résolution des problèmes spécifiques aux pays dépendant du pétrole, du gaz et des mines.
Aucun pays africain ne figure dans la catégorie des pays ayant des normes satisfaisantes de transparence et de redevabilité en matière de gestion des ressources naturelles, selon le classement qui a touché 21 pays du continent sur un total de 58 pays répartis sur toutes les régions du monde. Le Ghana, pays africain le mieux classé, arrive à la 15e position. Il se situe dans la catégorie des pays qui respectent partiellement les normes de transparence et de responsabilité sociale dans la gouvernance des richesses de leurs sous-sols, aux côtés du Libéria (16e dans le classement général), de la Zambie (17e), de l’Afrique du Sud (21e) et du Maroc (25e).Les 16 autres pays africains concernés par le classement figurent tous dans la catégorie des pays dont la gouvernance des ressources naturelles est mauvaise ou catastrophique. Ce sont en effet 11 pays africains qui figurent dans la liste des 20 pays les plus mal notés: Egypte (38e dans le classement général), Nigéria (40e), Angola (41e), RD Congo (44e), Algérie (45e),
Mozambique (46e), Cameroun (47e), Soudan du Sud (50e), Zimbabwe (51e), Libye (55e), Guinée Equatoriale (56e). Quatre critères d’évaluation Les 58 pays étudiés ont été jugés selon quatre critères: le cadre juridique, les niveaux de transparence, les mécanismes internes de contrôle et le contexte d’ensemble de la gouvernance. Seuls 11 pays sur les 58 classés par le Revenue Watch Institute ont des normes satisfaisantes de transparence et de redevabilité en matière de gouvernance des ressources naturelles. La Norvège est le pays le mieux classé. Le deuxième pays exportateur mondial de gaz est talonné par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, le Brésil, le Mexique, le Canada, le Chili, la Colombie, la République de Trinité-et-Tobago et le Pérou. Les auteurs du rapport signalent que six des 11 pays les mieux classés sont des pays à revenu intermédiaire : le Brésil, le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou et Trinité-et-Tobago. «Cela démontre qu’être riche n’est
pas une condition préalable à une bonne gouvernance», précisent-ils. Les 58 pays étudiés représentent environ 85% de la production mondiale de pétrole, 90% de celle de diamant et 80 % de celle de cuivre, selon le document, qui signale que «l’avenir de ces pays dépend de leur capacité à gérer leur pétrole, gaz et minerais». Dans le chapitre recommandations, le Revenue Watch Institute invite les gouvernements des pays dépendants des ressources naturelles à «publier les contrats signés avec les sociétés d’extraction» et à «veiller à ce que les organismes de régulation publient des rapports complets et en temps opportun sur leurs activités, y compris des informations détaillées sur leurs revenus». Il leur recommande également d'«étendre l’obligation de transparence et les normes de responsabilité aux entreprises publiques et aux fonds spéciaux de ressources», de «faire un effort pour arrêter la corruption, améliorer l’Etat de droit et garantir le respect des droits civils et politiques, y compris la liberté de presse».
Aucun pays africain ne figure dans la catégorie des pays ayant des normes satisfaisantes de transparence et de redevabilité en matière de gestion des ressources naturelles.
AFRIcan business journal | N°07 | 15
Transition économique en Tunisie
Le coût est de 14% du PIB
Le coût de la transition économique, 2 ans après la révolution, a atteint 14% du PIB, soit une perte de croissance de 7,5% en 2012, et 6,5% en 2011, selon Mustapha Kamel Nabli. Ce coût est extrêmement élevé par rapport à ce qui a été prévu (10% sur les 2 années "2011 et 2012"), a-t-il estimé au cours d'une conférence-débat. Ces pertes de croissance sont dues essentiellement aux perturbations sociales et à la baisse de la croissance des secteurs sinistrés tels que les mines et phosphates, l'extraction du pétrole, le tourisme et le transport (-17,3% en 2011).
Investissement
Le Japon promet 24,2 milliards d'euros pour soutenir la croissance africaine Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a promis 3200 milliards de yens (24,2 milliards d’euros) pour "soutenir la croissance africaine dans les 5 ans à venir" dont 1400 milliards de yen (10 milliards d’euros au titre de l’aide publique. L’effort financier se portera sur les infrastructures de transports avec un volume de 650 milliards de yens (environ 5 milliards d'euros) en 5 ans pour le développement des infrastructures. En retour, le premier ministre japonais a demandé aux pays africains, de bien vouloir soutenir la candidature de Tokyo aux Jeux Olympiques de 2020.
Téléphonie mobile en Afrique
Un marché majeur
68.000 km de câbles sous-marins à fibre optique, plus de 615.000 km de réseau de dorsales nationales, 1 milliard d’utilisateurs et 650 millions d’abonnements au mobile, le marché africain du mobile est plus important que celui des Etats-Unis ou de l’Union européenne d’après un rapport conjoint de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) publié en Décembre 2012. En Algérie par exemple, le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile est passé de 13,6 millions de personnes en 2005 à 28,3 millions en 2011.
Afrique
Réduction des achats de riz de 10% L’Afrique subsaharienne devrait importer 11 millions de tonnes (Mt) en 2013 contre 12 millions l’année dernière, soit une diminution de 10% . Le Nigéria, premier importateur mondial, espère réduire de 20% ses achats grâce à une amélioration de sa production et une augmentation des taxes à l’importation. En Côte d’Ivoire et au Sénégal, respectivement 2e et 3e importateurs africains, les achats devraient aussi baisser grâce à des conditions climatiques plus favorables aux cultures. En revanche, l’Afrique australe, notamment l’Afrique du Sud, devrait enregistrer une hausse de ses importations qui atteindraient 1 Mt.
16 | AFRIcan business journal | N°07
Par Octave Dossou
Le rapport 2012 de l’OCDE sur les APD
L’Afrique touchée de -9,9 %
Les apports bruts (c’est-à-dire avant déduction des remboursements de prêts) d’Aide Publique au Développement (APD) en 2012 des pays membres du CAD sont évalués à 138 milliards de $, en recul de 5,2% en valeur réelle en 2012, après avoir baissé de 2% en 2011. Ce sont là, les principales informations du rapport 2012 du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans plusieurs pays, la poursuite de la crise financière et les turbulences dans la zone euro ont conduit les pouvoirs publics à donner "un tour de vis" budgétaire. On observe en outre, un redéploiement notable de l’aide des pays les plus
pauvres vers les pays à revenu intermédiaire. En 2012, les APD ont totalisé 138 milliards de US $, en baisse de 5.2% en valeur réelle par rapport à 2011.Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes :
Pays
Pourcentages
Observations
Australie
+ 9.1%
pour respecter les engagements pris par le pays au niveau international d’accroître son aide afin d’atteindre un rapport APD/RNB de 0.5% en 2017
Canada
+ 4.1%
grâce à une augmentation des opérations d’allégement de dette et au maintien de ses engagements envers des initiatives régionales
Islande
+ 5.7%
évolution traduisant la montée en puissance globale du programme d’aide islandais
Japon
- 2.1%
à cause du fléchissement des dons bilatéraux et du recul des contributions versées à des organisations internationales
Corée
+ 17.6%
Nouvelle Zélande
+ 3.0%
résultat de l’accroissement global des apports d’aide décidé pour porter le montant de l’APD à 600 millions NZD
Norvège
+ 0.4%
---------------------------------------------
Suisse
+ 4.5%
dû à l’accroissement global des apports d’aide décidé pour atteindre un rapport APD/RNB de 0.5% d’ici à 2015.
Turquie
+98.7%
aide octroyée aux nombreux réfugiés affluant de Syrie et intensification du soutien accordé aux pays d’Afrique du Nord (printemps arabe)
EAU
+30.6%
en raison de l’accroissement global de l’aide bilatérale
en raison de l’accroissement global des apports d’aide décidé pour atteindre un rapport APD/RNB de 0.25% d’ici à 2015
AFRIcan business journal | N°07 | 17
Aide Publique au Développement (APD)
L’Europe en ordre dispersé L’APD émanant de quinze pays de l’UE s’est établie à 63,7 milliards de US $ en 2012, chiffre en baisse de 7,4% par rapport à 2011. En pourcentage de leur RNB cumulé, leur APD a été ramenée de 0,44% en 2011 à 0,42% en 2012. En 2012, le montant total de l’APD nette cumulée versée par les 27 États membres de l’UE s’est chiffré à
64,9 milliards de US $, soit 0,39% de leur RNB cumulé. Les apports nets versés par des institutions de l’UE à des pays en développement et à des organisations multilatérales sont ressortis à 17,6 milliards de US $, soit une progression de 8,0% par rapport à 2011, dûe pour l’essentiel à une augmentation des prêts.
Pays
Pourcentages
Autriche
+ 6,1%
Belgique
- 13,0%
Danemark
-1,8%
à cause d’une réduction des dons bilatéraux
Finlande
- 0,4%
-------------------------------
France
- 1,6%
-------------------------------
Allemagne
- 0,7%
du fait d’une réduction des contributions versées aux institutions multilatérales
Grèce
- 17.0%
Irlande
- 5,8%
en raison des restrictions fiscales ayant conduit à amputer le budget alloué à l’aide
Italie
- 34,7%
à cause d’une diminution de l’aide accordée aux réfugiés arrivant d’Afrique du Nord et d’une réduction des dons consentis au titre de l’allègement de la dette par rapport à 2011
Luxembourg
+ 9,8%
sous l’effet d’une hausse des dons bilatéraux
Pays-Bas
- 6,6%
en raison d’une réduction du budget global consacré à l’aide
Portugal
- 13,1%
à cause de réductions sans précédent des apports d’aide consécutives à la crise financière
Espagne
- 49,7%
à cause de la crise financière
Suède
- 3,4%
en raison d’une diminution de souscriptions au capital des organisations internationales, bien que les montants versés à ces organisations aient augmenté
Royaume-Uni
- 2,2%
dû au fait que des engagements budgétaires fermes ont été pris pour garantir des dépenses d’APD équivalant, en volume, à 0.56% du RNB en 2012 et 0.7% du RNB à compter de 2013
18 | AFRIcan business journal | N°07
Observations imputable à des opérations d’allègement de la dette au profit de l’Afrique subsaharienne sous l’effet d’une réduction du budget global alloué à l’aide
à cause des mesures d’austérité
Renault-Nissan
Bilan 2012 positif pour l'usine de Tanger Inaugurée le 9 Février 2012, l’usine Renault-Nissan de Tanger (Maroc) a assuré la production de plus de 49.000 Lodgy et Dokker au terme de l’année 2012 dont 47.000 unités ont été exportées vers 23 destinations notamment la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Autriche, la Belgique, la Pologne, la Turquie, la Suisse… L’usine a produit en moyenne, 200 véhicules par jour au courant l’année 2012, avec un objectif à terme de 600 voitures par jour. Avec plus de 4.000 collaborateurs recrutés fin 2012, la première ligne de l’usine de Tanger est totalement opérationnelle alors que l’état d’avancement des travaux de la deuxième ligne situe son inauguration courant 2013. Cette dernière, qui sera dédiée à la production d’un nouveau modèle Dacia, renforcera la capacité de production de l’usine de Tanger pour atteindre les objectifs fixés: Pour rappel, Renault a investi 600 millions € (6,5 milliards DH) pour la construction du site de Tanger. A partir de 2014, ce sont 340.000 véhicules qui sortiront chaque année des chaînes de l’usine pour en faire la plus grande usine d’Afrique.
L e g o u v e r n e m e n t a l g é r i e n confirme avoir procédé à l’annulation des dettes d’un montant de 902 millions US $ qu’il détenait sur 14 pays membres de l’Union africaine. "Ce geste concret d’entraide s’inscrit dans le cadre de la solidarité africaine et illustre la volonté politique du gouvernement algérien d’assumer pleinement son engagement en faveur de la promotion économique et sociale du continent" a annoncé Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Algérie (PIB 2011: 188,6 milliards US $; Population: 36 millions d’habitants).Les pays concernés sont le Bénin, le Burkina Faso, le Congo, l’Ethiopie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Mali, la
© Photo D.R.
© Photo D.R.
> Alger annule la dette de 14 pays africains sans leur exiger de contreparties
Mozambique, le Niger, Sao Tomé et Principe, le Sénégal, les Seychelles et la Tanzanie. L’année dernière, plusieurs journaux algériens ont indiqué que le président Bouteflika avait discrètement décidé d’annuler une dette cumulée de 3 milliards US $ sur 10 pays africains. L’Algérie a accordé au FMI l’année dernière, un prêt de 5 milliards US $.
Le Brésil annule 900 millions de dollars de dettes pour 12 pays africains La présidente brésilienne Dilma Rousseff, n’est pas venue les mains vides à Addis-Abeba, pour le 50eme anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine devenue l’UA (Unité Africaine). Douze pays africains bénéficieront d’une remise de dettes très anciennes (certaines remontent à plus de 40 ans…), parmi lesquels la Tanzanie, débitrice de 237 millions de US $. Ont également été cités parmi les bénéficiaires, la République du Congo et la Zambie. ‘’Avoir des relations spéciales avec l’Afrique, c’est stratégique pour la politique étrangère brésilienne’’, a déclaré Thomas Traumann, porteparole de la présidente brésilienne. Mme Rousseff en a profité pour rappeler que les BRICS étaient devenus les premiers partenaires commerciaux et les premiers investisseurs du continent africain.
AFRIcan business journal | N°07 | 19
perspectives
© Photo D.R
© Photo D.R
Par Hortence Batoumaï
L’indien Tata veut faire croître
ses activités en Afrique de 30% par an D’ici à 2017, Tata Group veut faire passer sa présence de 13 à 20 pays africains et y accentuer son développement dans les secteurs des infrastructures, de l’hôtellerie, de l'automobile et des mines. Présent en Afrique depuis 1977 à travers 5 sociétés, le puissant conglomérat indien y a réalisé des investissements de l’ordre de 1,7 milliard US $. «Nous avons fait des investissements de l'ordre de 1,7 milliard US $ en Afrique et nous allons continuer à augmenter nos investissements. Les domaines d'intervention seront les projets dans l’énergie, les télécommunications, l'automobile, les mines et l’hôtellerie», a déclaré Raman Dhawan, Directeur Général de Tata Africa Holdings, filiale de Tata International.Concernant l’automobile, Tata envisage des joint-ventures en Tunisie et au Kenya pour opérer des usines d’assemblage de véhicule léger et utilitaire. Déjà présent sur le marché sud-africain, Tata Motors développera aussi l’assemblage et la commercialisation de bus.A partir de ses deux hôtels 5 étoiles en Zambie et Afrique du Sud, Tata
20 | AFRIcan business journal | N°07
a l’intention de se déployer rapidement dans d’autres pays. 7 métiers et 450 mille collaborateurs dans 80 pays Exerçant 7 métiers, employant 450.000 collaborateurs dans 80 pays, Tata a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 100,09 milliards US $ dont 58,5 milliards à l’international. Selon Raman Dhawan, le groupe Tata «ne visait pas dans l’immédiat» le secteur des hydrocarbures mais «ne pouvait non plus l’exclure». «Nous ne nous comparons pas aux Chinois lors de nos recherches d’opportunités à l’étranger», a-t-il réagi, à un commentaire sur les investissements à petite échelle du groupe comparativement à ceux des sociétés chinoises. «Les sociétés chinoises se déploient à l’étranger en étant soutenues par l’Etat», a-t-il dit, ajoutant: «Nous sommes une société privée et notre approche des affai-
res est autre». Le groupe, créé en 1868 par Jamsetji Tata compte au niveau mondial, plus de 100 entreprises dont 32 sont cotées en bourse avec une capitalisation proche de 97 milliards US $. Le revenu du groupe, pour l’exercice 2011-2012, est estimé à 100,09 milliards US $ avec 58% générés par les activités à l’étranger. Les entreprises du conglomérat Tata Group Tata Steel Tata Motors Tata Consultancy Services Tata Power Tata Chemicals Titan Tata Communications Tata Global Beverages Indian Hotels Tata Teleservices
perspectives étude: Immobilier en Afrique
De belles perspectives dans les grandes capitales Selon l’étude Knight Frank intitulée "Africa Report 2013", la demande en immobilier haut de gamme émerge en Afrique, autant dans le résidentiel que dans l’immobilier d’entreprise.
© Photo D.R
années, dans des pays comme la Zambie, le Ghana, le Kenya ou encore le Nigéria, les principales grandes villes ont vu s’inaugurer des centres commerciaux modernes, et la mise en chantiers de surfaces marchandes toujours plus grandes serait à prévoir. En effet, la demande en la matière est permanente, alimentée aussi bien par les grandes enseignes internationales que par les chaînes sud-africaines qui cherchent à s’étendre hors de leurs frontières.
Grâce à une croissance annuelle du PIB de 5% depuis plus de 10 ans, l’Afrique voit sa demande en immeubles de qualité exploser dans les zones urbaines les plus peuplées. Centres commerciaux, centres d’affaires, parcs technologiques, quartiers résidentiels poussent comme des champignons dans les grandes villes comme Lagos, Nairobi, Accra, Dar es Salaam, Casablanca, Abidjan, Dakar…La pénurie de bureaux a fait bondir les loyers, particulièrement dans les capitales de pays pétroliers où les prix avoisinent ceux des grandes capitales internationales. Les grands projets résidentiels et urbanistiques se multiplient également, à l’image d’Eko Atlantic à Victoria Island au Nigéria, de Tatu City à Nairobi ou de la Cité du Fleuve à Kinshasa. Pour Matthew Colbourne, Associé et Directeur du Département Recherche du Cabinet Knight Frank, «si l’on fait la somme des firmes étrangères qui cherchent à s’implanter sur le marché africain avec le nombre d’entreprises africaines en pleine croissance, on aboutit dans les grandes villes, à un besoin en immeubles haut de gamme particulièrement fort». La montée en puissance des surfaces commerciales En matière de commerce, l’élévation du niveau de vie et l’exigence accrue des consommateurs contribuent à l’ouverture de boutiques modernes et de centres commerciaux bâtis sur le modèle occidental. Ces dernières
Les loyers des bureaux flambent En termes de bureaux, l’étude démontre que beaucoup de villes pâtissent d’une insuffisance de superficies adaptées aux attentes des sociétés internationales, le boom technologique ouvrant de nouvelles perspectives de diversification économique et attirant ainsi de nombreuses entreprises. Cette pénurie a fait bondir les loyers, notamment dans les villes où la demande provient des entreprises gazières et pétrolières. De fait, les loyers des immeubles haut de gamme à Luanda (Angola) et Lagos (Nigéria) figurent parmi les plus élevés du monde. A Luanda, les loyers Prime restent très hauts puisqu’il faut compter mensuellement 150 $ par mètre carré, un niveau bien supérieur aux tarifs pratiqués à Londres, New-York ou Hong-Kong. Des projets résidentiels haut de gamme Le marché résidentiel connaîtrait quant à lui une forte demande en grands volumes haut de gamme. Beaucoup de quartiers, à la périphérie des grandes villes, sont actuellement en construction, citons les projets «Eko Atlantic» à Victoria Island au Nigéria, «Tatu City» à Nairobi et «La Cité du Fleuve» à Kinshasa. Ces projets peuvent, selon Knight Frank, soutenir une vague de développement urbain pour l’Afrique. «L’élévation du niveau de vie de la classe moyenne africaine aspire la demande par le haut. Les magasins et les logements d’habitation doivent obéir à des normes de qualité de plus en plus exigeantes. Si l’on fait la somme des firmes étrangères qui cherchent à s’implanter sur le marché africain avec le nombre d’entreprises africaines en pleine croissance, on aboutit, dans les grandes villes, à un besoin en immeubles haut de gamme particulièrement fort», observe Matthew Colbourne, Associé et Directeur du Département Recherche de Knight Frank à Londres.
AFRIcan business journal | N°07 | 21
perspectives Turquie
Par Octave Dossou
création d'un cadre assurantiel robuste pour protéger ses entreprises de BTP en Afrique Après avoir déployé son réseau diplomatique (33 ambassades en Afrique en 2012 contre 2 seulement en 2005 ), ouvert des lignes aériennes (33 capitales africaines desservies), la Turquie (PIB 2011: 773 milliards US $, Population: 74 millions d’hbts) sécurise davantage la montée en puissance de ses investissements et échanges commerciaux en Afrique. qui a rappelé, comme exemple d’exposition aux risques, que 150 entreprises de construction turques ont suspendu la réalisation de 388 projets en Libye en raison des troubles politiques et sécuritaires. A ce jour, Turk Eximbank fournit déjà une multitude de programmes d'assurances, y compris des prêts à l'exportation, des lettres de crédits, des garanties spécifiques. D’ici 2015, la Turquie vise 50 milliards US $ d’échanges commerciaux avec l’Afrique.
© Photo D.R.
L'Agence de Crédit aux Exportations Nationale (Turkish Eximbank) a renforcé son partenariat avec la MIGA et Islamic Corporation for the Insurance of Investment and Export Credit pour proposer un programme d’assurances couvrant à l’international, les entreprises de BTP turques contre les risques politiques (révolution, insurrection, troubles civils, terrorisme, guerre). L’annonce a été faite par le ministre de l'Economie, Zafer Çağlayan,
© Photo D.R.
Aviation africaine elle soutient 6,7 millions d’emplois et tire la croissance mondiale du secteur
A l'occasion des Assemblée générales 2013 de l'Association internationale du transport aérien (IATA, qui regroupe quelque 240 compagnies aériennes assurant 84% du trafic aérien mondial) qui se sont tenues du 2 au 4 Juin der-
22 | AFRIcan business journal | N°07
nier en Afrique du Sud, plusieurs leaders de l’industrie ont livré leurs analyses sur les perspectives de développement de cette industrie en Afrique. Le transport aérien apporte une contribution décisive à la croissance économique de l’Afrique en facilitant la mobilité des biens et des personnes. En ajoutant l’impact économique du tourisme, le transport aérien soutient quelque 6,7 millions d’emplois de qualité en Afrique et 67 milliards US $ du PIB africain. "Il est tout à fait à propos de regarder vers l’avenir et d’envisager l’Afrique, comme
le prochain siècle de l’aviation commerciale", a ajouté M. Tyler. Cette analyse a reçu une confirmation de John Leahy, Directeur commercial d’Airbus pour qui, dans 10 ans, le marché du transport aérien en Afrique sera l’équivalent du Moyen-Orient aujourd’hui. Airbus a estimé l’année dernière que les compagnies d’aviations opérant en Afrique auront besoin d’acheter 957 avions supplémentaires d’ici 2031, pour faire face à un triplement du trafic voyageur. Ceci pourrait représenter un marché de 118 milliards US $.
perspectives
Angola
Un potentiel pétrolier de 12,667 milliards de barils de réserves prouvées
Le Japon propose à l’Afrique un marché gagnantgagnant à deux milliards de dollars US A l’issue d’une conférence internationale consacrée à l’investissement en Afrique, le Japon (PIB 2011: 5870 milliards US $; Population: 128 millions) a exprimé sa volonté de réaliser rapidement, 2 milliards US $ d’investissements en Afrique au cours des 5 prochaines années pour sécuriser son approvisionnement en minerais et produits énergétiques. Le "deal" que propose le Japon à l’Afrique est de créer un partenariat gagnant-gagnant où l’Afrique pourra se hisser au top de
© Photo D.R.
la technologie japonaise pour accélérer son développement. En contre partie, les entreprises japonaises développeront en Afrique, des projets
Prenant en compte les récentes découvertes en eaux profondes et ultra-profondes, les estimations portent à 12,667 milliards de barils de réserves de pétrole prouvées, rapporte Angola Press.
énergétiques et miniers respectant des standards de qualité supérieure. L’approche de la troisième puissance économique mondiale pourrait représenter une alternative intéressante
L’information a été délivrée à l’occasion du discours du ministre angolais du Pétrole, Botelho de Vasconcelos, au cours de la session réservée à son pays au 7e forum d'énergie germano-africain, tenu en Avril 2013 à Hambourg en Allemagne. Selon M. Vasconcelos, l’Angola s’est fixé pour la période 2013-2017, des priorités qui visent le maintien de l’équilibre entre les réserves et la production à travers des appels d’offres sur les blocs pétroliers et l'application de nouvelles technologies d'exploitation et de production.
aux pratiques chinoises qui sont de
En outre, l’Angola veut promouvoir les investissements dans l'exploration et la production du gaz naturel, le développement de l'industrie de gaz de sorte à permettre au pays de commencer à produire du gaz naturel liquéfié et le renforcement du «Local Content» dans le secteur pétrolier par des partenariats avec des entreprises nationales et étrangères.
parfois "une obligation et pas un choix
plus en plus décriées notamment en matière de respect des critères sociaux et environnementaux. Les dirigeants africains présents à cette conférence ont fait remarquer que le partenariat avec les Chinois ou d’autres pays était délibéré". "Quand vous n'avez pas d'amis, n'importe quel ami est un bon ami" a justifié le ministre des mines du Zimbabwe, Chimanikire.
AFRIcan business journal | N°07 | 23
perspectives Fusion-absorption Barclays et Absa bank
© Photo D.R.
Barclays Africa Group veut devenir une grande banque panafricaine
L a b a n q u e s u d - a f r i c a i n e A b s a Group Limited et sa maison mère Barclays ont présenté le contour du rapprochement de leurs filiales africaines qui a pour but de créer une banque panafricaine avec 14,4 millions de clients, 1300 agences, 43.000 collaborateurs et 10.400 distributeurs automatiques. Pour ce faire, Barclays Plc renforce sa participation dans Absa Group de 55,5% à 62,3% par cession de ses participations de ses filiales
bancaires au groupe Absa qui règlera l’opération en titres à hauteur de 129.540.636 titres Absa, soit (1,6 milliard €). Les filiales africaines de Barclays Plc concernées sont: Botswana (67,8%), Kenya (68,5%), Seychelles (99,8%), Ile Maurice (100%), Ouganda (100%), Ghana (100%), Tanzanie (100%), Zambie (100%) et la totalité de la représentation de Barclays en Afrique du Sud, Absa Group continuera de garder en direct 100% d’Absa Bank Limited, 95,8% de Barclays au Mozambique et 55% de la National Bank of Commerce en Tanzanie. A l’issue de ces opérations, Barclays Africa Group devient le nouveau branding d’Absa Group et sera présent dans près de 12 pays représentant 22,5% de la population africaine et 30,5% de son PIB.
Assemblées annuelles 2013 de la BAD La transformation structurelle de l’Afrique "coûtera" 100 milliards US $ Les 48e Assemblées générales de la Banque africaine de développement (BAD) ont vécu, avec la préoccupation majeure pour le continent, de convertir la phénoménale croissance de l'Afrique (en moyenne 5% l’an depuis 2000) en une transformation réelle, à savoir une croissance forte, partagée et écologiquement durable. Dans ce sens, Donald Kaberuka, le gouverneur de la BAD a plaidé pour que les pays membres africains de la banque de développement panafricaine acceptent d’apporter 2% de leurs réserves de changes pour constituer un fonds Infrastructure de 10 milliards US $ qui permettrait de catalyser des investissements privés et publics, pour la réalisation de 100 milliards US $ de projets. Ce qui correspond au volume financier estimé pour réaliser la transformation structurelle de l’Afrique. Organisées sous le thème "La transformation structurelle de l'Afrique", ces assemblées annuelles 2013 ont connu la participation de plus de 2500 délégués représentant plus de 70 pays.
Le Fonds africain de garantie prévoit de sécuriser deux milliards de dollars USD de prêts bancaires aux PME africaines African Guarantee Fund (AGF), lancé en Juin 2012, a totalement engagé son capital initial de 50 millions US $ pour offrir des garanties partielles de crédits aux banques qui ont financé les PME à hauteur de 110 millions $ sur des maturités
24 | AFRIcan business journal | N°07
moyennes de 5 ans. Pour répondre à une forte demande de couverture de risque de défaut crédit et fonds propres, AGF souhaite lever 450 millions US $ afin de permettre à l’industrie financière, d’engager 2 milliards US $ de fonds supplémen-
taires auprès de 10.000 entreprises africaines. A ce jour seulement 20% des PME africaines ont accès au crédit bancaire du fait notamment de la faiblesse des garanties présentés par les entrepreneurs et d’une insuffisance de fonds propres£. M.M
© Photo D.R.
perspectives
Nigéria
Par Claire Arsenault
Eko Atlantic, une île artificielle dans la lagune de Lagos Le changement est d’importance puisqu’il s’agit de construire, à partir de rien, une île dans la lagune de Lagos. Baptisée Eko Atlantic, cette ville du futur a pour premier but, d’amortir l’assaut des vagues de l’Atlantique qui érodent le littoral. La première phase des travaux a été lancée en présence notamment de Bill Clinton, l’ex-président américain.
AFRIcan business journal | N°07 | 25
Les choses ont été faites en grand, à la mesure du Nigéria. Eko Atlantic sort petit à petit, mètre par mètre, de l’océan Atlantique. Ce projet immobilier gigantesque qui devrait à terme accueillir quelque 250.000 habitants sur 9 km2, est avant tout, présenté comme un plan de sauvetage pour la métropole Lagos et sa lagune. Menacées par les coups de boutoir de l’Atlantique, les terres du littoral sont littéralement englouties. Pour arrêter le processus, l’idée d’un barrage est naturellement venue aux responsables. Mais tant qu’à faire, autant construire une structure qui soit à la fois une protection contre l’océan, un espace habitable et… une opération financière rentable. Le projet Eko Atlantic était né. Eko étant le nom de la ville de Lagos en yoruba. Et ce qui n’est encore qu’une langue de terre sableuse qui s’allonge depuis l’île Victoria, représente le plus gros chantier du pays et le seul projet de reconquête des terres à cette échelle sur le continent africain. Ici, tout se compte en millions ou en milliards: les tonnes de sable arrachées au fond de l’océan, les mètres cubes de béton coulés et bien sûr, les dollars… L’admiration de Bill Clinton Les travaux de dragage ont été lancés en 2009 par la plus importante entreprise chinoise du secteur, la China Communications Construction. La première phase du projet immobilier, sur le point d’être lancée sur l’île artificielle, vient d’ailleurs d’être officiellement inaugurée le 21 Février 2013. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a voulu pour l’occasion, marquer l’ampleur du projet en conviant pour l’occasion, Bill Clinton. L’exprésident américain via sa fondation Clinton Global Initiative avait d’ailleurs, dès 2009, reconnu le projet comme un des plus enthousiasmants et des plus ambitieux en Afrique. « Je pense que d’ici à cinq ans, les gens viendront de partout
26 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
perspectives
xxx
juste pour admirer l’ouvrage », a déclaré Bill Clinton lors de l’inauguration. Et l’ouvrage a en effet de quoi épater les foules. Un immense barrage, le "Grand mur de Lagos" comme l’ont baptisé les habitants de la mégapole, protège l’île artificielle sur 4,5 kilomètres de long; à terme, il s’étirera sur 7 km tournant le dos à l’océan, à 9 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce dispositif de brise-lames, à la fois immergé et émergé, est constitué de blocs de béton dits «accropode» destinés à absorber l’énergie des vagues. Les différentes étapes du colossal chantier sont assurées par un consortium de compagnies chapeauté par le groupe Chagoury, incontournable dans les milieux d’affaires nigérians et par sa filiale South Energyx. Trois grandes banques nigérianes participent à l’opération ainsi qu’une banque française, BNP Paribas. Pour l’ingénierie hydraulique, les néerlandais de Royal Haskoning ont été choisis, tant leur suprématie en la matière reste prééminente. Eko Atlantic entend rivaliser avec Dubaï Par contre, toujours sur le site, la page destinée à séduire de potentiels investisseurs est bel et bien disponible. On y fait miroiter tous les avantages que peut of-
frir le Nigeria et singulièrement la ville nouvelle à ceux qui sont à l’affût de placements rentables. Pour ceux qui ont de l’argent et qui ont confiance dans la solidité du "Grand mur de Lagos" prévu, assurent ses constructeurs, pour résister au moins deux siècles aux plus fortes tempêtes, pour ceux-là effectivement, il y a des opportunités à saisir dans cet investissement à 6 milliards US $, entièrement monté avec des fonds privés. Eko Atlantic, qui entend rivaliser avec Dubaï, proposera de luxueux appartements, trois marinas, des centres commerciaux et des bureaux où travailleront 150.000 personnes. Traversée par une voie navigable large de 30 mètres, la cité sera autonome tant en énergie qu’en approvisionnement en eau et disposera d’une sécurité privée. La ville de Lagos est en effet soumise à une formidable pression démographique: ses 15 millions d’habitants sont rejoints chaque année par 600.000 autres. Loin de fléchir, la population de la conurbation de Lagos devrait atteindre dès 2015 plus de 25 millions d’habitants selon les projections des Nations unies. Les deux tiers des habitants de la capitale économique du Nigeria vivent aujourd’hui dans des bidonvilles.
perspectives Perspectives économiques en Afrique 2013-2014
Les ressources naturelles : clef de la transformation économique de l’Afrique
Par Abdou Diaw
Les ressources agricoles, extractives et énergétiques de l’Afrique sont la clef de l’accélération de sa croissance économique; qui plus est, d’après les Perspectives économiques en Afrique (PEA) 2013-2014, publiées en Mai dernier, leur exploitation efficace et équitable pourrait être la solution pour conjuguer croissance économique et développement humain. Les perspectives économiques du continent pour 2013 et 2014 sont prometteuses: elles confirment tant sa résilience face aux chocs internes et externes, que son rôle comme pôle de croissance dans une économie mondiale atone. En 2013, l’Afrique devrait croître de 4.8%, puis de 5.3% en 2014 en moyenne, indique le rapport Perspectives Economiques en Afrique 2013-2014, publié chaque année par la Banque Africaine de Développement, le Centre de développement de l’OCDE, la Commission Economique pour l’Afrique et le Programme des Nations-unies pour le Développement. Toutefois, le rapport note que cette croissance ne suffit pas à réduire la pauvreté, le chômage, les inégalités de revenus ni, dans certains pays, à enrayer la détérioration des niveaux de santé et de l’éducation. « C’est le moment d’accélérer le rythme de la transformation économique, pour que les économies africaines deviennent plus compétitives et créent plus d’emplois rémunérateurs », écrivent les auteurs du rapport; « pour cela il est essentiel de diversifier les sources d’activité économique. » D’après le rapport, c’est en exploitant mieux et davantage la richesse de leurs sols que les
pays du continent pourront distribuer les bénéfices de leur croissance soutenue à l’ensemble des populations. Selon toujours les conclusions de ce rapport 20132014 des PEA, les deux exigences d’un développement durable erstent : diversifier les économies et investir davantage dans le capital humain. Les conditions de base pour la transformation économique Pour atteindre ces objectifs, les auteurs identifient quatre priorités. Tout d’abord, réunir les conditions de base pour la transformation économique : l’infrastructure, l’éducation et des marchés plus grands et plus ouverts. « L’accès aux marchés est essentiel pour mettre en œuvre un processus de transformation structurelle basé sur les ressources naturelles : l’intégration régionale et un meilleur accès aux marchés des grands partenaires pourraient changer la donne », dit Emmanuel Nnadozie, Directeur de la Division de la politique macroéconomique de la CEA. Deuxièmement, optimiser l’exploitation des ressources naturelles –y compris l’agriculture -par une meilleure gestion de la propriété foncière, des systèmes
d’imposition équilibrés et efficaces, ainsi que des incitations concrètes à accélérer et diversifier les sources de la croissance. Il s’agit par exemple d’améliorer l’offre de transport, d’engrais ou de semences résistantes pour augmenter la productivité du secteur agricole : aujourd’hui, l’Afrique détient 24 pour cent des terres agricoles mondiales, mais elle ne représente que 9 pour cent de la production. Troisièmement, les gouvernements et les investisseurs doivent s’assurer que les revenus des ressources naturelles et des industries extractives bénéficient à l’ensemble de la société. Par exemple, ces revenus peuvent être investis dans la formation de la main d’œuvre, afin qu’elle trouve à s’employer dans de nouvelles activités à plus forte valeur ajoutée. Enfin, le rapport suggère que les gouvernements peuvent promouvoir activement le changement et la diversification, par exemple en développant une offre cohérente d’énergie, de moyens de transport et de communication au niveau territorial. Cela passe notamment par une dépense budgétaire prévisible et transparente.
AFRIcan business journal | N°07 | 27
Kelvin Tan Membre fondateur de la Chambre de commerce Afrique-Asie du Sud-est
"Le modèle économique de Singapour peut inspirer les pays africains" "Singapour a beaucoup à apprendre des pays africains" © Photo D.R.
Interview réalisée par Mohamadou SY «Siré»
actualité
28 | AFRIcan business journal | N°07
le grand entretien Kelvin Tan est membre fondateur de la nouvelle Chambre de commerce Afrique-Asie du Sud-est (ASEAC) créée en 2013 et dont le siège est à Singapour. L’ASEAC a pour objectif, l’établissement de liens stratégiques entre les entreprises des régions émergentes en Afrique et celles des pays d'Asie du Sud-est. L’ASEAC se veut aussi, une ressource et une plate-forme de soutien à l'investissement et les flux commerciaux entre l’Afrique et l’Asie du Sud-est. Sous ce rapport, Kelvin Tan a visité 11 pays et, de concert avec "African Business Group"de la Fédération des entreprises de Singapour, il reçoit régulièrement des dirigeants et hommes d'affaires africains à Singapour. Il fait aussi partie du Comité de pilotage de la "Singapore Business Forum Afrique" et du "Forum des Affaires Afrique-Singapour". Dans ce grand entretien qui suit, Kelvin nous explique les déterminants de la transformation économique de Singapour et en quoi cette "success story" asiatique peut-elle inspirer le continent. Sans oublier l’état des lieux du monde des affaires dans l’axe Afrique-Asie du Sud-est.
Toutes les stratégies de politiques publiques et de gouvernances économiques de Singapour sont empreintes de "pragmatisme", voire même "d’utilitarisme". Tout d'abord, il convient de préciser que le "pragmatisme" est en quelque sorte, l’ADN du peuple de Singapour. Ce pragmatisme auquel vous faites allusion est caractéristique des asiatiques de manière générale et plus particulièrement, des Singapouriens, dans leur vie de tous les jours. Ainsi, ce pragmatisme n’a jamais été un objectif à proprement parler dans nos différentes politiques ni aussi le seul facteur clé de succès du développement de Singapour. Car, je voudrais vous faire remarquer que, autant nous avons été pragmatiques, autant nous avons également été entreprenants, avec la prise de risque et l'audace de rêver qui sont consubstantielles à l’acte d’entreprendre. Dans le même temps, comme toutes les décisions prises par un pays jeune, il y a eu des moments où nous avons manqué de jugement, avons priviliégé le court terme voire avons été trop prudents. Ce qui est important finalement selon moi, en termes de gouvernance, se résume en trois choses: Premièrement, nous les Singapouriens, nous n'avons jamais été obsédés par les idéologies (Gauche/ Droite), ni friands des prêts-à-penser importés.
Deuxièmement, durant tout le processus d’évolution économique de Singapour depuis son indépendance, nous étions "agiles" et suffisamment souples pour faire des ajustements rapides aux objectifs prédéfinis, et d'ajuster notre stratégie en permanence aux besoins et à la capacité du pays. Troisièmement, nous avons beaucoup investi et développé notre capacité de mise en œuvre et de transformation de nos idées en actions et, par conséquent, notre habilité à traduire nos rêves en réalités. Pouvez-vous nous en donner quelques exemples concrets ? Pour vous donner un exemple, penchons-nous sur la décision, en 1965peu de temps après la séparation de Singapour de la Malaisie- qui nous a permis d’acquérir notre indépendance politique, les droits d'importation ont été supprimés sur toutes les marchandises entrant à Singapour. Bien que les droits d'importation aient généré des revenus substantiels pour Singapour en tant que jeune nation, nos dirigeants ont évité la politique de substitution aux importations et ont ouvert les ports de Singapour au monde. Ce faisant, nous avons capitalisé sur les forces naturelles de Singapour en tant que centre commercial. Ce choix stratégique a généré des retombées pour l'économie en termes de services portuaires, de réparation navale, de financement du
commerce, d'entreposage et de la logistique. Des emplois ont été créés et des personnes, des biens, des talents et des idées, ont afflué vers Singapour. Comme Singapour a évolué, nous avons développé nos structures étatiques. Pourquoi avoir une pléthore de ministères quand parfois il suffit juste d’avoir une structure de gouvernance optimale adaptée aux besoins du pays? Quand les ressources pétrolières sont la clé de la compétitivité pour un Etat, il lui faut allouer des ressources considérablesles ressources à la fois financières et humaines- à une agence pour gérer ses concessions pétrolières, ses réserves et sa production, sans oublier les compagnies pétrolières appartenant à l'Etat, afin d'optimiser en aval et en amont, ses activités commerciales. Par contre, quand un pays n'a pas de ressources naturelles comme Singapour, il lui faut travailler sur son capital humain et investir massivement dans l'éducation et les services. Et c’est ce qu’a fait Singapour. Qu’avez-vous entrepris à travers ses deux leviers (Education-Formation et développement de l’économie des services) pour vous positionner dans les chaines de valeurs de l’économie mondialisée ? Pour le cas de Singapour, on aurait pu créer plusieurs organismes dédiés à l'éducation et à la dynamisation des PME. En fait, nous avons procédé
AFRIcan business journal | N°07 | 29
le grand entretien ainsi, en matière de main-d'œuvre et d'emploi. Le Conseil de Développement Economique (EDB) de Singapour, a promis aux premiers investisseurs d’Europe, du Japon et des Amériques, d’avoir accès à l'échelle locale et à la base, à une main-d’œuvre très bien formée et à des talents nécessaires pour travailler dans leurs usines à Singapour. Nous avons demandé aux entreprises étrangères qui souhaitaient venir s’installer à Singapour, de nous faire savoir les niveaux de compétences et les profils techniques, stratégiques et opérationnels dont ils auraient besoin pour leurs activités, sur toute leur chaine de valeur. De notre côté, l'EDB a travaillé avec les universités et l'Institut de l'enseignement technique, afin
parce que Singapour, contrairement à de nombreux pays surtout d'Afrique, souffre de réelles contraintes en termes de ressources naturelles et d’espaces fonciers. Chaque mètre carré de terre est optimisé. Les pratiques non durables et non respectueuses de l'environnement sont lourdement sanctionnées. En quoi l’expérience et les pratiques de Singapour pourraient-elles inspirer les pays africains ? Je n'irais pas aussi loin pour affirmer que l'expérience ou le "modèle" de Singapour peut être entièrement exporté vers les pays africains. Il existe des différences inhérentes à la taille de la population, à la langue, à la
© Photo D.R.
© Photo D.R.
" Pourquoi avoir de nombreux ministères quand parfois il suffit d’avoir juste une structure de gouvernance optimale adaptée aux besoins du pays ? "
de s'assurer que les programmes enseignés dans nos Universités et nos Instituts soient adaptés et en phase avec les besoins des industries qui allaient s’installer dans notre pays. De la même manière, nous avons assigné à nos centres de recherche nationaux, à nos instituts de recherche et à nos universités, de travailler sur des R & D qui répondent aux besoins industriels à Singapour. Pour aller plus loin, nous avons même des aménagements dans lesquels des PME bénéficient dans leurs structures, d'un détachement de scientifiques et de chercheurs en R & D dans des domaines de pointe. En termes de développement durable et de gestion de l’environnement, j'ajouterais qu'une attention particulière leur est accordée par nos gouvernants. C'est
30 | AFRIcan business journal | N°07
culture, aux trajectoires historiques et au contexte. Les pays africains ont beaucoup de ressources naturelles et des terres arables avec des superficies habitables. Nous n'en avons pas. Il y a des pays africains enclavés tandis que Singapour est une "VillePort" qui a prospéré grâce au commerce maritime. Les pays africains profitent de la diversité culturelle en ce qu'ils ont de nombreux groupes ethniques et des langues différentes dans un même pays, alors que Singapour a relativement moins de diversité (nous sommes un mélange d'autochtones et d'immigrants chinois, indiens, eurasiens et de races malaises). Par exemple, les stratégies et les méthodes de recherche d'un consensus ou d’un compromis (social, politique, culturel, économi-
que) ne sont pas les mêmes dans un pays avec 40 ethnies différentes que dans un pays avec 4 ethnies différentes. Les pays africains francophones étaient d'anciennes colonies françaises, tandis que Singapour était une colonie britannique. Les héritages coloniaux- Français et Anglais-, ont laissé derrière eux, le Droit civil et le Common law, qui ont donné lieu à de grandes différences dans les approches, que ce soit dans le domaine de l’entreprise que dans celui des biens et des droits de propriété foncière. Cela dit, tous les pays du monde sont invités à apprendre les uns des autres et "à être inspirés par" les histoires des uns et des autres. Singapour a aussi beaucoup à apprendre des pays africains et vice-versa. De plus en plus, les Etats africains s’orientent vers la mise sur pied de fonds souverains. Quelles seraient selon vous, les erreurs de management à éviter ? Une évolution intéressante est la tendance à la hausse pour les pays africains à créer leurs propres fonds souverains (SWF). Selon JP Morgan, il ya 15 fonds souverains africains à ce jour. Des pays comme l'Algérie, le Nigeria, le Botswana, le Gabon ont déjà créé des fonds souverains de tailles différentes et pour des objectifs différents. C’est un grand pas en avant dans la bonne direction, car il permet aux pays africains de diversifier leurs sources de revenus publics et d'utiliser le levier SWF comme outil de discipline commerciale. Ce que les fonds souverains africains peuvent apprendre de l'expérience de Singapour, c’est de ne pas confondre gestion publique et gestion privée. Les entreprises et les biens détenus par la SWF doivent être gérés séparément par une équipe de gestion et de conseil compétents, pas nécessairement par des fonctionnaires, en tenant compte des besoins et des objectifs du fonds. Bien que les actifs et les entreprises du SWF relèvent techniquement de l'Etat, les
le grand entretien responsables gouvernementaux doivent réduire leur intervention dans la gestion de ces fonds souverains.
vers l’Afrique alors que l’ASEAN est aujourd’hui si dynamique économiquement ?
Que renferment le sens et la symbolique de votre expression "être inspiré par", en termes de "benchmarking" des "best practices" ?
Bien que Singapour soit une plaque tournante "naturelle" et dynamique dans l’ASEAN, l'Afrique offre de nouvelles possibilités en termes de connectivité, de commerce et de relations d'investissement. Notre force a toujours été dans notre capacité à jouer un rôle de courtage entre les deux parties (Afrique-Asie), qu'il s'agisse, par exemple, entre les pays d’Asie du Sud-est et d'Europe, ou plus récemment, les marchés émergents en Afrique, en Russie, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Dans le maintien de la diversité des liens et des relations qui est notre
Justement, quels sont les objectifs visés par Singapour en se tournant
© Photo D.R.
" Quand un pays n'a pas de ressources naturelles comme Singapour, il lui faut travailler sur son capital humain et investir massivement dans l'éducation et les services. " © Photo D.R.
Je pense que l’expression la plus appropriée dans ce contexte serait de dire ‘’être inspiré par". Par exemple, en termes de développement de la main-d'œuvre, il pourrait y avoir des similitudes dans l'approche, quand on regarde les pays moins peuplés comme le Gabon, le Congo (Brazzaville), la Namibie, et même les pays comme la Guinée Bissau. Dans ces pays, la priorité devrait être accordée au développement du capital humain et à la création d'emplois pour tous les niveaux de la population. Dans le même temps, une politique réglementée au profit des travailleurs migrants pourrait être mise en place sur le long terme - pour assurer une bonne mixité et la disponibilité des talents dans tous les secteurs et segments de l'économie. Pour les plus grandes économies africaines comme le Nigéria, l'Afrique du Sud, l'Ethiopie et le Congo (Kinshasa), la politique des "expériences" pourrait être menée dans des villes et des zones dédiées, comme des projets pilotes- pour voir si les résultats de la déréglementation pourraient transformer les structures économiques locales. De nouvelles villes "pilotes", des industries, des centres d'éducation, voire des centres d'affaires pourraient être créés par la suite. Une fois une démarche mise en place, les résultats pourraient être facilement généralisés dans le reste du pays. Enfin, les blocs régionaux africains économiques comme la CEMAC, la CEDEAO, la CAE et la SACU, pourraient se tourner vers l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) pour un partage d’expériences.
Le commerce de Singapour avec l'Afrique subsaharienne dans son ensemble, dépasse aujourd’hui plus de 11 milliards US $ tandis que les investissements directs à l'étranger sont également supérieurs à 9 milliards US $. La plupart de nos exportations et des importations sont des produits énergétiques, des matières premières et des produits agricoles. En termes de projets sur le continent africain, il y a plus de 30 entreprises Singapouriennes impliquées dans plus de 45 projets en Afrique sub-saharienne, dans les secteurs allant des ports, à l'agro-industrie, en passant par les services aux consommateurs, les mines, les services financiers, l'énergie, l'eau, la logistique, l'expédition, l’information et la communi-
avantage naturel, la proposition de valeur de l'Afrique est évidente à Singapour. D'une part, Singapour est située stratégiquement, au berceau des flux commerciaux Afrique-Asie. Comme centre financier et logistique pour les matières premières, il ne peut qu’ajouter de la valeur aux entreprises africaines, à mesure qu'elles renforcent leurs liens avec l'Asie et cherchent de nouveaux partenaires pour le capital, les débouchés, le savoir-faire et la technologie. En termes de partenariats commerciaux et économiques, quels sont les secteurs d’activités qui intéressent le plus Singapour en Afrique et quelles sont vos régions cibles (Ecowas, Sadec, Maghreb, Afrique Centrale, Afrique de l’Est) ?
cation, les services éducatifs, les BTP, le pétrole et le gaz. La plupart des entreprises de Singapour, affiliées à la Fédération des entreprises de Singapour (International Enterprise Singapore), ont pratiquement visité toutes les régions d'Afrique et continuent de le faire aujourd'hui. En termes de visites bilatérales, nous avons eu des chefs d'Etat de la Tanzanie, du Burkina Faso, du Togo, du Congo (Brazzaville), d'Afrique du Sud, du Kenya, du Gabon, du Botswana qui ont aussi visité Singapour. Je dirais que nos liens avec l'Afrique francophone ne sont pas aussi forts qu'ils devraient l'être, mais je peux vous assurer que nous y travaillons. Au moment où nous parlons, une nouvelle chambre de commerce Afrique-Asie a été mise en place à Singapour pour catalyser
AFRIcan business journal | N°07 | 31
le grand entretien les échanges et les investissements entre nos deux régions. Nous allons aussi vers la 3eme édition de la "Singapore Business Forum Afrique" qui se tiendra à Singapour en 2014, ainsi que le Forum Oil et Gas Afrique Singapour qui doit se tenir en 2013. Notre relation avec l'Afrique aujourd'hui s'étend au-delà du commerce. Il y a d'autres domaines de coopération allant de l'échange d'étudiants, des programmes d'immersion à l'entrepreneuriat social et au sport. Par exemple, un Singapourien dirige l’équipe nationale de cyclistes Kenyans nommé "Riders kenyans’’, qui ambitionne un jour de gagner le Tour de France. Plus de 7000 responsables africains ont été formés à Singapour dans le cadre du Programme de coopération de Singapour, dans les domaines allant de la gouvernance, la
la mobilité des personnes et les flux commerciaux de façon exponentielle. Les Accords relatifs aux services de transport intra-africains devraient également être plus poussés, pour permettre le développement du commerce intra-Afrique. Aujourd'hui, il y a peu de compagnies aériennes directes entre les "hubs and spokes" en Afrique. Par exemple, pour aller d'Abidjan (Côte d’Ivoire) à Dar-EsSalaam (Tanzanie), on est obligé de passer par Johannesburg (Afrique du Sud), faute de ligne directe. En outre, il n y a pas à ce jour, de lignes directes entre l'Afrique occidentale et le Brésil. En plus, les échanges entre citoyens asiatiques et africains devraient également être renforcés. L'Union africaine et la Banque Africaine de Développement pourraient, par exemple, prendre l'initiative de
© Photo D.R.
© Photo D.R.
" Les dirigeants et les décideurs Africains doivent aussi aller audelà de la rhétorique de «l'Afrique est arrivée» au réel de «nous avons réalisé ceci et cela». "
promotion des investissements, des douanes, de la gestion des ports, de l'environnement et de la santé. Comment surmonter les barrières objectives (langues différentes, distance géographique, décalage horaire) pour dynamiser ce partenariat ? Une meilleure connectivité de nos espaces aériens serait le meilleur moyen de consolider le partenariat croissant Afrique-Singapour. On pourrait faire plus en matière de libéralisation des accords de services aériens bilatéraux. Les Etats africains doivent s'engager activement à libéraliser leur secteur des services aériens et maritimes afin d'améliorer
32 | AFRIcan business journal | N°07
travailler avec le secteur privé africain et singapourien, pour créer des bourses Afrique-Singapour qui permettraient un jumelage d'étudiants des deux côtés. Pendant ce temps, un Centre d'études en Afrique est à l'étude avec les partenaires potentiels à Singapour. Un tel centre pourrait stimuler une plus grande prise de conscience et la connaissance de l'Afrique et de Singapour pour les acteurs des deux côtés. Singapour est une île. En termes de gestion de l’environnement et de développement durable, que peut apprendre l’Afrique de Singapour et particulièrement le Maroc, dans le cadre de son projet de ville verte à Ben Guérir ?
Que ce soit une ville verte de Ben Guérir au Maroc ou une ville bleue à Douala au Cameroun, tant que c'est une ville qui vit, elle va attirer des talents et créer des emplois durables. Mais, il faudra au préalable que ce soit une ville bien structurée. Ne nous laissons pas emporter par de belles visions et des dessins imaginés par les développeurs et les architectes. Il faut regarder les chiffres. Une ville ou un village de 10.000 personnes peuvent-ils se développer de la même manière qu’une ville d’1 million de personnes? Quel est le taux de croissance organique de la population? Que faut-il faire, au-delà de belles copropriétés, pour que la ville vive vraiment? Le gouvernement va dépenser des ressources dans l'énergie, les routes et les infrastructures sociales telles que les écoles, les parcs, les hôpitaux et les installations sportives? Dans la conception d'une ville, le planificateur doit bien intégrer le rapport espace / démographie, pour que dans le futur, des tensions sociales ne surviennent pas au fur et à mesure que la ville grandit. Le modèle Dubaï - compte tenu de son contexte - n'est pas transposable à toutes les villes et pays du monde. On affirme de plus en plus que le temps de l’Afrique est arrivé. Etesvous du même avis? Comment traduire cette exclamation dans les faits? Comment l’Afrique pourraitelle en tirer pleinement profit? J'ai remarqué que c’est un discours de plus en plus fréquent concernant l’Afrique. On dit que l’heure de l'Afrique "est arrivée" et on parle du "potentiel" de l'Afrique. Personnellement, j’attends de voir les résultats et les actions qui démontrent de telles hypothèses. Que ce soient les Africains vivant en Afrique et les non-Africains qui voyagent en Afrique, nous sommes tous, tout à fait conscients des changements qui se produisent à travers le continent. Dans les fora et autres rencontres internationales, les dirigeants et
le grand entretien les décideurs Africains doivent aussi aller au-delà de la rhétorique de "l'Afrique est arrivée" pour communiquer sur des réalisations "nous avons réalisé ceci et cela". C’est la grande question à laquelle on doit s’atteler. Même si on est d’accord sur le fait que l'Afrique bouge, quelle est la prochaine étape? Quels sont les pays qui se sont vus nouvellement attribués de bonnes notes par les agences internationales de crédit? Où sont les "marques" africaines au-delà des compagnies aériennes et des banques? Quand pourrons-nous voir, pas seulement 40 "Lions" africains (comme dans le rapport BCG), mais 4000 "Lions, Tigres, Ours et Eléphants" africains? Quand est ce qu’un pays africain deviendra
Selon vous et vu de l’extérieur, est ce qu’il faut en Afrique, pour passer de continent sous-développé à continent développé, élever économiquement le niveau de vie des populations d’abord pour élever ensuite leur niveau de Culture d’entreprise et d’entreprenariat (ensemble de valeurs, d’aptitudes et d’attitudes, de savoirs, de savoir-être, de savoir-faire et de faire-savoir) ou passer par la Culture pour accéder au développement économique ? Ma réponse est que cela dépend. Chaque pays est différent et unique. Un des plus grands obstacles que j'ai observés en Afrique, c’est l’adhésion culturelle à des loyautés tribales et ethniques. Cette culture est plus forte que tout lien politique, que la démocratie à l’occi-
© Photo D.R.
© Photo D.R.
" En Afrique, c’est l’adhésion culturelle à des loyautés tribales et ethniques. Cette culture est plus forte que tout lien politique, que la démocratie à l’occidentale. "
un pays donateur? Quand allonsnous enfin briser la monolithique "Afrique" et commencer maintenant à parler de chacun des pays, voire des régions au sein des pays? Quand y aura t-il enfin un canal média panafricain? Le chemin est encore long… L'autre jour, j'ai vu une publicité sur un bus public à Singapour, vantant les atouts touristiques d’une province en Chine. Cette province chinoise, inconnue il y a une dizaine d'années, a maintenant ses propres ressources pour faire de la publicité au niveau mondial. Je suis étonné. Quelle province aujourd'hui dans un pays africain, peut prendre une paroi entière de publicité d’un métro parisien?
dentale. Sur cette note, l'Afrique devra trouver son propre modèle politique, sans emprunt aux notions occidentales. Ma compréhension est que les tribus et groupes ethniques s'étendent au-delà des frontières nationales. Il y a par exemple des groupes au Togo et au Ghana qui parlent la même langue. Compte tenu de cela, mon sentiment est que les pays africains doivent aller au-delà de leurs frontières nationales, à travers des méthodes d’intégration régionale plus souples, basées sur le sens de la parenté, la culture commune et les valeurs partagées, qui pourraient être une source de force plutôt que de division. La clé est de trouver les sources sous-jacentes et des raisons d'être et de travailler ensemble et à partir de là, susciter progressivement une prise de
conscience panafricaine. Un autre domaine dans lequel les gouvernements africains pourraient envisager d'investir, réside dans la capacité à mettre en œuvre des projets et à les exécuter, sur la base d’une idée et d’une vision. Il devrait y avoir des investissements plus importants en termes de processus et de suivi, à tous les niveaux de l'Administration, que ce soit au sein du gouvernement ou du secteur privé. Pour être plus agile et plus proche des besoins du marché, les gouvernements peuvent envisager la création d'organismes dédiés à la formation et à la construction d’une expertise et d’un savoir-faire opérationnels. Les Universités en Afrique pourraient être amenées à travailler sur des projets opérationnels - permettant ainsi aux étudiants et aux professeurs, de faire des travaux pratiques. Les organisations régionales et internationales peuvent également jouer un rôle déterminant dans ce grand chantier du capital humain.
BIO EXPRESS Kelvin Tan a servi comme Directeur adjoint au ministère du Commerce et d'Industrie de Singapour, chargé de missions économiques et commerciales de Singapour de près de 90 pays répartis sur les régions de la Russie/Asie centrale, MoyenOrient, en Turquie et en Afrique. Au cours de ces sept dernières années, il a négocié des accords commerciaux avec l'Inde, le Pérou, l'Ukraine, les pays d'Asie du Sudest. Il a également géré les platesformes stratégiques avec Abu Dhabi, en Russie et en Afrique. Kelvin a obtenu en 2002, une maîtrise en architecture "summa cum laude" de l'Ecole Spéciale d'Architecture, et en 2003, un MSC en Stratégie et Management de l'Investissement Immobilier de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Il a également suivi le programme de leadership (Gestion de la Haute Direction) de la "Harvard Business School". Il est aussi diplômé de l'Université de Tsinghua (Pékin), le Centre for Creative Leadership et de l'Université nationale de Singapour.
AFRIcan business journal | N°07 | 33
© Photo D.R.
prévalence du chômage en Afrique
Une croissance
q u i n e g é n è r e pas
d'emplois
préparé par la rédaction centrale, casablanca
Les émeutes de la faim en Afrique Subsaharienne et le printemps arabe ont démontré combien le chômage et l’exclusion des jeunes sont à la fois un gâchis pour les performances économiques et un facteur de déstabilisation sociale. Avec un taux de croissance estimé à 4,5% en 2012, l’Afrique est une des régions du monde les plus dynamiques sur le plan économique. Pour autant, cette forte croissance a un impact trop limité sur l’emploi et notamment l’emploi des jeunes. La croissance de l'Afrique doit générer des emplois. En 2035, l’Afrique aura plus de force de travail que la Chine et l’Inde. D’ici à 2015, les jeunes devraient représenter plus de 75% de sa population active. Ce rajeunissement devrait se poursuivre sur au moins, une vingtaine d’années. Ce chiffre doit servir de repère pour comprendre les atouts indéniables de l’économie africaine face à la compétition internationale. Mais, pour que cet atout démographique ne devienne pas un boulet impossible à traîner, l’Afrique doit se défaire de la situation paradoxale qui est la sienne actuellement: celle d’une région qui génère une croissance forte, mais qui crée (beaucoup) trop peu d’emplois. D’un autre côté, la plupart des jeunes en Afrique n’ont que peu ou pas de compétences et sont donc pratiquement exclus de la vie économique et sociale. Ceux qui ont été plus ou moins formés ont acquis des compétences devenues obsolètes voire plus en phase avec les nouveaux métiers des marchés nouveaux du travail, alors même que les exigences en compétences théoriques et pratiques réduisent des millions de jeunes sans qualifications, au chômage ou en situation de sous-emploi. Comment surmonter ce dilemme ?
34 | AFRIcan business journal | N°07
FOCUS
Emploi des jeunes en Afrique
Une bombe sociale à retardement Faute de processus politiques qui leur permettent de s’exprimer et d’influer sur l’action publique, c’est l’instabilité qui menace, comme ce fut le cas des émeutes de la faim et du printemps arabe. Le moment est donc venu de réorienter l’agenda des pays africains vers une stratégie de croissance inclusive, créatrice d’emplois et durable, dont l’objectif premier est de répondre aux besoins spécifiques des jeunes. Avec près de 300 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique possède la population la plus jeune du monde, et celle-ci s’accroît à vive allure. Le nombre de jeunes en Afrique aura doublé d’ici 2045. De 2000 à 2008, la population en âge de travailler (15-64 ans) est passée de 443 millions à 550 millions, soit une hausse de 25%. Sur une année, cela équivaut aussi à une augmentation de 13 millions, soit 2,7% (Banque mondiale, 2011). Si cette tendance se poursuit, la main-d’œuvre du continent sera d’un milliard de personnes en 2040. Ce sera la plus nombreuse au monde, dépassant celle de la Chine et de l’Inde (McKinsey, 2010). Même si de nombreux emplois ont été créés, ils ne sont pas suffisants pour répondre à la demande des jeunes en recherche d’emploi. Selon les estimations de l’Organisation internationale du Travail, de 2000 à 2008, quelque 73 millions d’emplois ont été créés en Afrique, mais seulement 16 millions pour les 15-24 ans. En conséquence, de nombreux jeunes Africains se retrouvent sans emploi
© Photo D.R.
L’Afrique affiche depuis une dizaine d’années, une croissance supérieure au taux mondial. Cependant, une forte croissance ne suffit pas à garantir un emploi productif à tous. De vastes pans de sa population, en particulier les jeunes, se sont retrouvés laissés-pour-compte et frustrés.
ou, plus fréquemment, en sous-emploi dans le secteur informel, où la productivité et la rémunération sont faibles. Quelque 60% des chômeurs africains sont des jeunes et, dans la plupart des pays africains, le taux de chômage des jeunes est deux fois plus élevé que celui des adultes. Les niveaux d’instruction progressent Les jeunes sont non seulement de plus en plus nombreux en Afrique, mais leur niveau d’instruction progresse également. D’après les tendances actuelles, en 2030, ce sont 59% des 20-24 ans qui auront reçu un enseignement secondaire, contre 42% actuellement. On aura donc, pour cette tranche d’âge, quelques 137 millions de jeunes diplômés du secondaire et 12 millions du tertiaire selon les
Perspectives Economiques Africaines. Même si de graves problèmes de qualité demeurent, si l’on arrive à juguler les talents de ce réservoir de capital humain en pleine croissance et à les orienter vers les secteurs productifs de l’économie, cette tendance créera des opportunités uniques pour le développement économique et social. Toutefois, si l’Afrique ne parvient pas à créer des opportunités économiques et d’emplois suffisants pour offrir des conditions de vie décentes à cette catégorie de la population, cette tendance peut aussi induire un risque non négligeable et menacer la cohésion sociale et la stabilité politique. Et c’est toute la dynamique du renouveau d’un continent aux énormes potentialités qui se jouera avec la question on ne peut plus actuelle de l’emploi des jeunes.
AFRIcan business journal | N°07 | 35
FOCUS création d’emplois
Un défi majeur en Afrique Selon ce rapport qui porte sur le thème "Tirer le plus grand profit des produits de base africains: l’industrialisation au service de la croissance, de l'emploi et de la transformation économique", la création d’emplois reste un défi majeur, compte tenu de la récente croissance de l’Afrique, tirée par les produits de base, a une faible capacité de créer des emplois. Plus de 70% des Africains gagnent leur vie en exerçant un emploi précaire, du fait que les économies continuent de dépendre fortement de la production et de l’exportation de produits primaires. Les investissements restent concentrés dans des industries extractives à forte intensité de capitaux financiers, avec peu de liens en amont et en aval
© Photo D.R.
La création d’emplois demeure un défi majeur en Afrique, selon l’édition 2013 du rapport économique sur l’Afrique publié par l’Union Africaine et la Commission Economique pour l’Afrique (CEA).
avec le reste de l’économie, souligne l'étude. La plus grande majorité des jeunes en Afrique sont encore à l’école, mais les opportunités
d’emplois décents sont toujours peu nombreuses au regard de ceux qui sont sur le marché de l’emploi, notamment dans les pays pauvres. Dans les pays à faible revenu, seulement 17% des jeunes qui travaillent ont un emploi salarié à plein temps contre 39% dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et 52% dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, note le rapport. "Les questions de l’emploi des jeunes diffèrent d’un pays à l’autre, portant plus sur la qualité dans les pays à faible revenu, où le chômage, les emplois à temps partiel et l’emploi indépendant sont élevés et plus sur la quantité dans les pays à revenu intermédiaire, qui ont un taux de chômage plus élevé", relève la CEA dans son rapport.
Prévisions du BIT Taux de chômage des jeunes
2012
2017
Dans le monde
12,7 %
12,9 %
Afrique du Nord
27,5 %
26,7 %
Afrique subsaharienne
12 %
11,8 %
Amérique latine et Caraïbes
14,6 %
14,7 %
Asie de l’Est
9,5 %
10.4 %
Asie du Sud
9,6 %
9,8 %
Asie du Sud-Est et Pacifique
13,1 %
14,2 %
Economies développées
17,5 %
15,6 %
Europe centrale et du Sud-Est
16,9 %
17 %
Moyen-Orient
26,4 %
28,4 %
36 | AFRIcan business journal | N°07
FOCUS
Les statistiques du chômage et les chiffres de l’emploi • Dans le monde, le taux de chômage global des jeunes a été de 12,7% en 2012, soit au moins un point de plus qu’en 2007. Près de 75 millions de jeunes sont aujourd’hui au chômage dans le monde, soit une augmentation de plus de 4 millions depuis 2007. Les projections à moyen terme (2012-2016) indiquent peu d’amélioration pour les jeunes sur le marché du travail. D’ici à 2016, le taux de chômage des jeunes devrait toutefois demeurer à un niveau toujours aussi élevé. Bureau International du Travail (BIT) • L’Afrique, sur la période 2011-2015, mettra sur le marché de l’emploi chaque année, quelques 17 millions de jeunes actifs. Ils seront 330 millions d’ici à 2025, soit quasiment la population actuelle des États-Unis. Et il ne s’agit pas de simples projections: ces nouveaux actifs sont déjà nés! (BIT) • L’Afrique au Sud du Sahara est la seule région où la population active continuera à croître après 2050, avec 36 millions de nouveaux actifs prévus à cette date. En revanche, les flux diminuent d’ores et déjà en Europe, en Asie de l’Est et en Amérique latine. Ils diminueront en Asie du Sud à partir de 2035, et se stabiliseront en Amérique du Nord vers 2040. PNUD • Au Sénégal, ce sont près de 300.000 jeunes qui atteignent l’âge actif chaque année, soit plus de 5 millions sur 15 ans (deux fois et demie la population de Dakar aujourd’hui). BIT • Au Maroc, chaque année, 200.000 jeunes arrivent sur le marché du travail alors que l’économie ne crée que 120.000 postes. Selon la Banque Mondiale, le Royaume doit en créer 400.000 par an sur 10 ans pour résorber le chômage. Rida Lamrini, Président de la Fondation du Jeune Entrepreneur, Maroc.
• En Guinée Equatoriale, la création d’emplois reste limitée, en raison de la modeste taille du secteur non pétrolier, mais aussi parce que le secteur pétrolier (78% du PIB) n’absorbe que 4% de la main-d’œuvre. Ce qui fait que le problème du chômage des jeunes se pose avec acuité. Entre 2010 et 2020, ce seront de 25.000 à 49.000 jeunes qui devront chaque année, entrer sur le marché du travail. Perspectives Economiques Africaines • En Egypte, une estimation faite projecte à 17,4%, le coût économique du chômage des jeunes en utilisant la tranche d’âges 15-29 ans. Chaaban, 2008. • Au Gabon, ce sont plus de 9.000 entreprises qui ont été créées en 2012. Sur ces 9.000 nouvelles entreprises, il y a beaucoup de PME/PMI mais aussi des grandes entreprises. Anicette Nanda Oviga, PCA du Centre de Développement des Entreprises. • En République Démocratique du Congo, le taux de chômage est estimé à plus de 80% (bien que les autorités le considèrent légèrement en dessous de cette barre). Ce taux était de 8,4% en 1984. Les choses se sont dégradées avec le temps à la suite notamment des mauvais choix politiques des autorités du pays. Pour créer une entreprise en RDC, il faut 10 procédures, 84 jours pour un coût de 735,1% du revenu par habitant, soit 7 années d’un revenu moyen, uniquement pour payer les frais administratifs. En Afrique subsaharienne, il faut en moyenne 8,9 procédures, 46,2 jours pour un coût de 95,4% du revenu moyen, soit une année d’un revenu moyen, pour créer son entreprise. Oasis Kodila Tedika, économiste congolais.
Emploi des jeunes L’année 2015 sera t-elle l’année de tous les dangers? Pour l’Afrique subsaharienne, le Bureau International du Travail (BIT) prévoit une baisse de la productivité avec 2,5% entre 2012-2013 qui passerait à 1,9% entre 2014/2016. Pour les mêmes périodes, elle passe de 0,8% à 2,8% en Afrique du nord. La moyenne mondiale est passée de 2,6% à 3,2%. La part des activités industrielles dans le PIB en Afrique subsaharienne a augmenté, passant de 25,1% en 1990 à 30,2% en 2010, stimulée par l’activité économique dans les industries extractives et le secteur de la construction durant les années qui ont précédé la crise économique mondiale. Cependant, la part des activités manufacturières dans le PIB a baissé sur cette même période, passant de 12,2% à 9,8% (BM, 2012). L’emploi dans l’industrie ne représente que 8,5% de l’emploi en Afrique subsaharienne, et cette part a légèrement baissé durant les années 1990. Sur la décennie 2000, on a pu observer une légère augmentation de cette part, de 0,6 point en pourcentage sur dix ans, mais le niveau reste très bas en comparaison avec les autres régions. En 2015, l’Afrique risque d’avoir le taux de chômage le plus élevé avec les salaires les moins élevés. La faute incombera alors au continent tout seul. C’est la stratégie des dirigeants africains actuels qui sera remise en cause. L’autosatisfaction ne marchera plus, prévient le BIT.
AFRIcan business journal | N°07 | 37
FOCUS
Quel est le meilleur secteur pour investir en Afrique? Par Paul Armand MENYE, Chargé de Programme, PNUD
La puce m’a été mise à l’oreille alors que je venais d’être embauché comme consultant par un richissime propriétaire de chaines de restaurants dans un pays d’Afrique centrale. Il voulait une étude technique pour savoir comment rentabiliser les milliers d’hectares de cacao qu’il dirigeait en tant que responsable d’une mutuelle agricole. J’ai passé presque trois mois sur le sujet et très vite les résultats ont mis en lumière le fait que des possibilités énormes et presque pas du tout exploitées dans le pays existaient pour donner un autre destin à ce cacao que la vente des fèves séchées couramment pratiquée. Je n’entrerais pas dans les détails d’une stratégie, mais j’avais été fort surpris de me rendre compte que le secteur agricole pouvait livrer d’autres secrets.
38 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
Quel est le meilleur secteur pour investir en Afrique? Je ne compte plus le nombre de fois où des Africains de la diaspora m’ont posé cette question, parfois avec quelques liasses de dollars ou d’euros en main. Plusieurs avaient fait des tentatives, mais finalement, tout cela s’avérait difficile. D’ailleurs même à l’intérieur du continent, la question continue de se poser. Je relativise en général et même pour ce genre de questions, des réponses nuancées me semblent être plus sages. Cependant, il y a un secteur qui mérite qu’on s’y intéresse attention et qui étrangement, est peu exploité par les Africains.
" Vous serez étonné de voir ce que le monde agro-pastoral peut vous offrir. " Quelques années plus tard, une collègue à moi m’a présenté une jeune femme d’affaires qui voulait investir sur ses 4 hectares de terrain et qui pensait à quelque chose de précis, le «Gnetum africanum» qui est constitué de feuilles alimentaires
très connues dans les pays côtiers comme le Gabon et la Côte d’Ivoire. En réalisant l’étude du projet, nous nous sommes rendus compte que cette plante, cultivée presque à 98% de manière traditionnelle et sauvage dans le pays, avait un po-
FOCUS tentiel d’affaires incroyable alors qu’elle nécessitait très peu d’investissements. Plus tard encore, entre Bucarest et Budapest, j’ai discuté avec un chef d’entreprise. Un Monsieur d’un certain âge qui m’a raconté son histoire. Il n’était pas très riche, mais avait trouvé le moyen d’investir dans la transformation du cacao en chocolat. Années après années, son entreprise avait grandi et finalement, elle était devenue l’une des entreprises artisanales chocolatières les plus importantes de la Roumanie. Quelques années encore plus tard, j’ai retrouvé un proche parent qui a décidé de retourner vivre en campagne. Il y a lancé l’élevage «sportif», deux ou trois poules, juste pour la forme. Il a progressivement augmenté le nombre de bêtes et nous faisions hier le point…Après trois ans, il a ouvert trois fermes de plusieurs milliers de têtes chacune et vient de s’acheter sa première voiture. Lors d’une récente réunion de travail, un ami me racontait l’expérience qu’il a vécue avec des consultants. Ceux-ci devaient produire une étude sur l’élevage dans un pays d’Afrique de l’Ouest. Après avoir parcouru le pays et exploité les données, le consultant a été si étonné par les résultats qu’il a immédiatement acheté du bétail et ouvert lui-même une ferme. Quel est le meilleur secteur pour investir? Vous serez étonné de voir ce que le monde agro-pastoral peut vous offrir. Prenez votre temps pour le découvrir. Entrez-y par une bonne étude. Il y a peu de chances que vous soyez déçu…Ce faisant, non seulement vous lanceriez une belle affaire, mais aussi vous emploieriez plusieurs de vos concitoyens.
Selon la Banque mondiale La croissance en Afrique n'arrive pas à créer des emplois productifs… « La croissance en Afrique n'arrive pas à créer des emplois productifs pour absorber le chômage. Ce sont les prix des matières premières qui conduisent la croissance. Les pays de la région sub-saharienne dépendent des industries minières pour leurs recettes d'exportation», explique Irina Astrakhan, Senior Private Sector Development Specialist de la BM. Autre problème en Afrique, renseigne Irina Astrakhan, le taux de chômage qui touche 200 millions de jeunes. Chaque année le marché du travail accueille 10 millions de jeunes en plus, renseigne Irina Astrakhan. «La productivité est la clé du succès du développement. Il faut pouvoir transposer la richesse de l'industrie minière dans le développement du capital humain et la création d'emploi. L'Afrique est aussi confrontée à des infrastructures insuffisantes et à des coûts de logistique élevés». Selon une étude de la BM, la première contrainte du secteur privé en Afrique sera en fait l'accès à l'électricité, suivi de celui à la finance et des pratiques informelles.
...malgré des indicateurs macroéconomiques au vert Pour rappel, l’Afrique compte 875 millions d’habitants dont 300 millions issus de la classe moyenne. Toujours sur le continent, 16 pays restent enclavés et représentent au total, 30% de la population africaine. La croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en Afrique était estimée à 4,6% en 2012. «Le taux de croissance en Afrique est retourné à son niveau de pré-crise», a déclaré Irina Astrakhan. Les perspectives de croissance à moyen terme restent bonnes en Afrique Sub-saharienne, selon la Banque mondiale. Dans l'ensemble, la région est projetée en croissance à son niveau d'avant crise de 5% en moyenne sur la période 2013-2015 (4,9% en 2013, se renforçant progressivement à 5,2% en 2015). Hors Afrique du Sud, la croissance moyenne de la région sera de 6% sur la période 2013-2015.
Chômage des jeunes au Maroc, en Algérie et en Tunisie Un certain nombre de facteurs fondamentaux ont induit ou exacerbé le chômage des jeunes au Maghreb, indique un rapport 2011 de la BAD "Comment lutter contre le chômage des jeunes au Maghreb". Au Maroc, en Tunisie et en Algérie, note ce rapport, les situations sont variables, mais quatre facteurs sont communs à l’ensemble de ces pays quoique ces pays fassent tous face à des défis et des opportunités distincts dans la lutte contre le chômage des jeunes. 1- Une poussée de la population jeune (23% en Algérie, 18% au Maroc et 21% en Tunisie en 2005). Cette poussée va évoluer d’années en années jusqu’en 2020 (Gubert et Nordman, 2009). 2- Le déséquilibre des qualifications entre les produits du système éducatif et les besoins du monde économique. 3- Une pénurie d’emplois décents dans la région 4- La crise économique mondiale
AFRIcan business journal | N°07 | 39
FOCUS
Des stratégies pour l’emploi des jeunes en Afrique Les décideurs et dirigeants africains pourraient s’engager de façon résolue dans une stratégie intégrée de croissance et de création d’emplois en se focalisant sur : • L’affirmation de l’importance de l’emploi dans les stratégies de développement en lui accordant la place qu’il faut dans les documents stratégiques de réduction de la pauvreté, les cadres budgétaires et la gestion axée sur les résultats. • L’accélération de la croissance économique dans la région en renforçant la compétitivité des économies et leur attractivité pour les IDE, en accordant une attention particulière à l’intégration commerciale notamment intra-régionale, mais aussi avec le voisinage.
• La valorisation du potentiel des secteurs porteurs notamment l’agriculture, les mines et l’énergie, le tourisme et les TIC. Cette valorisation doit être fondée sur la connaissance en encourageant le transfert de technologie depuis sa frontière, la concurrence et l’innovation, la productivité de la main-d’œuvre et la défragmentation des marchés intérieurs et extérieurs. • Le développement de stratégies d’éducation pour l’employabilité avec l’amélioration substantielle de l’accès, de la qualité et de l’efficacité externe du système éducatif, en mettant en place les incitations à la performance et en renforçant la transparence et la redevabilité. • L’introduction d’approches par les compétences et la définition de standards et de cadres de certification,
l’expansion de l’offre de formation technique et professionnelle tirée par le secteur privé qui devient lui-même de plus en plus un acteur prépondérant de l’offre, et la mise en place systématique d’instruments de l’insertion des diplômés du système sur le marché de l’emploi. • La mise en place d’institutions d’intermédiation du marché de change, en encourageant la participation du secteur privé. • L’élaboration de programmes intégrés de politiques actives d’emploi des jeunes permettant de promouvoir l’entreprenariat, l’emploi salarié dans le secteur privé –à travers des aides ou des mécanismes incitatifs, par exemple fiscaux- ou dans des programmes publics à haute intensité de main-d’œuvre,
En Afrique, si des emplois décents ne sont pas générés pour absorber les jeunes dans l’économie, cela aura des coûts importants tant pour la société qu’au niveau individuel, à savoir le gaspillage des ressources humaines, le chômage structurel des jeunes, le développement de l’informel dans l’économie et éventuellement l’instabilité sociale et politique. L’Afrique vit avec l’emploi des jeunes, la même situation qu’a vécue avec succès, l’Asie de l’Est entre 1965 et 1990. Selon l’enquête sur les entreprises de la Banque mondiale 2007, seuls 17% des entreprises en Algérie et 25% au Maroc offrent une formation réelle à leur personnel, ce qui est en dessous des niveaux enregistrés dans la région MENA (27%), les pays de l’Asie de l’Est (47%), les entreprises d’Europe de l’est (35%) et la moyenne mondiale (35%).
40 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
FOCUS
• La mise en place d’une zone de libre-échange et aller au-delà des tarifs pour traiter des barrières non tarifaires, de l’investissement, des infrastructures, de la facilitation et de la logistique mais aussi développer des politiques sectorielles qui améliorent les échanges inter et intra-industries. • En Afrique, si des emplois décents ne sont pas générés pour absorber les jeunes dans l’économie, cela aura des coûts importants tant pour la société qu’au niveau individuel, à savoir le gaspillage des ressources humaines, le chômage structurel des jeunes, le développement de l’informel dans l’économie et éventuellement l’instabilité sociale et politique. L’Afrique vit avec l’emploi des jeunes, la même situation qu’a vécue avec succès, l’Asie de l’Est entre 1965 et 1990.
Le niveau actuel de la part mondiale de la valeur ajoutée manufacturière de l’Afrique subsaharienne est estimé à 0,82% en 2010 alors que la région Asie de l’Est et Pacifique représentait 21,87%, l’Amérique latine, 7,13% et 17,57% pour la Zone Euro pour la même année.
Avec un taux de croissance estimé à 4,5% en 2012, l’Afrique est une des régions du monde les plus dynamiques. Pour autant, cette forte croissance a un impact trop limité sur l’emploi et notamment l’emploi des jeunes.
AFRIcan business journal | N°07 | 41
FOCUS
Les déterminants du chô Une dynamique démographique générant une forte demande d’emploi, une croissance économique insuffisante aussi bien en niveau qu’en structure, une faible adéquation entre la formation et les besoins de l’économie, une absence de structuration du marché de l’emploi, et une insuffisante prise en compte de la problématique dans les stratégies et programmes de développement, seraient les causes majeures du chômage et du sousemploi en Afrique, selon l’économiste mauritanien Zeine Ould Zeidane, Haut conseiller au FMI, ancien premier ministre de la Mauritanie et exgouverneur de la Banque Centrale de son pays. Explications.
La dynamique démographique, marquée par des taux de fertilité autour de 5 enfants par femme (le double de la moyenne mondiale), fera de la région Afrique, la seule à continuer à connaître un accroissement du taux de la population jeune et du nombre annuel de demandeurs jeunes d’emploi (2,2 millions entre 2006-2010). La population en âge de travailler augmentera plus rapidement en Afrique que partout ailleurs, réduisant le taux de dépendance et positionnant l’Afrique dans une situation comparable à celle des tigres asiatiques, il y a quelques décennies, où cette structure a contribué dans ces régions, à créer un cercle vertueux où la participation des actifs a accru le revenu par tête, l’épargne domestique, la mobilisation de ressources budgétaires intérieures, la compétitivité de l’économie et l’accélération de l’investissement. Il s’agit du dividende démographique. L’autre possibilité, vécue dans la région arabe, explique Zeine Ould Zeidane, est le cercle vicieux du non-emploi et de la faible croissance du revenu par tête qui mène à la violence et à l’instabilité qui à leur tour, découragent l’investissement et les exportations, et réduisent les revenus de l’Etat, freinant par ricochet la croissance et amplifiant le non emploi. L’insuffisance de la croissance économique en volume et en structure L’Afrique a enregistré une des meilleures performances régionales en termes de croissance économique, au cours de la décennie écoulée. Cependant, précise Ould Zeidane, elle reste limitée par des taux d’investissement plus faibles, une moindre accumulation du capital humain mais surtout, une dégradation de la productivité globale des facteurs, estime l’économiste Zeine Ould Zeidane.
42 | AFRIcan business journal | N°07
Les progrès réalisés dans le domaine de la gestion macroéconomique a permis de dégager, au cours de la dernière décennie, davantage d’épargne publique pour le financement de l’investissement qui a bénéficié de façon substantielle, de l’évolution de l’aide internationale. Les retards dans l’amélioration de l’environnement des affaires, l’attractivité des IDE, et le faible dynamisme dans la création d’entreprises affectent négativement l’accumulation du capital. L’absorption intérieure, notamment la consommation privée dans un contexte d’élargissement de la classe moyenne et la demande extérieure en matières premières de la part des pays émergents, ont contribué à tirer la croissance. Cependant, l’Afrique, en dehors des ressources naturelles, se marginalise dans le commerce international et son degré d’intégration reste limité, constate Ould Zeidane. La structure de la croissance, les principaux secteurs porteurs et leur contenu en emplois, la question de la transformation et du contenu local des industries extractives, ainsi que le développement des PME, méritent à ses yeux, une attention particulière. La structure du PIB et l’organisation du tissu économique pourraient expliquer, entre autres facteurs, la faible élasticité de l’emploi par rapport à la croissance, la moitié de la valeur pour la région MENA. Absence d’une véritable stratégie d’éducation pour l’employabilité L’absence d’une véritable stratégie d’éducation pour l’employabilité est une des faiblesses importantes dans la région, renseigne l’économiste Zeine Ould Zeidane. Plus de la moitié des enfants n’ont pas un cursus scolaire complet. La qualité du système éducatif laisse à désirer. Seule la Tunisie participe aux programmes inter-
FOCUS
nationaux d’évaluation des acquisitions et sa performance est désastreuse. Le système de formation technique et professionnelle est peu développé et insuffisamment orienté vers les besoins des entreprises. Par ailleurs, la situation nutritionnelle et sanitaire, notamment de prévalence du HIV, affecte négativement la productivité d’une part importante de la main-d’œuvre. Une des grandes difficultés en Afrique est l’absence de structuration du marché de l’emploi où l’offre et la demande peuvent se rencontrer. Les coûts d’intermédiation peuvent être élevés pour les entreprises, pouvant les décourager à la création d’emplois surtout dans un contexte où les rigidités réglementaires sont importantes à l’embauche et au licenciement. Dans le même temps, l’absence de transparence pour l’accès à l’emploi est souvent une cause d’inactivité et de frustration importante comme cela vient d’être une des causes de la révolution en Tunisie. De même, cette situation limite les capacités de suivi de l’emploi et de l’adéquation de la formation, note-il. Des politiques d’emploi disparates et non intégrées L’emploi n’est pas toujours considéré comme une priorité de l’action publique au contraire de la protection du travail qui introduit des rigidités considérables à l’embauche et au licenciement, et par conséquent au comportement des entreprises. Tel est l’avis de l’économiste Zeine Ould Zeidane qui estime que la plupart des pays conduisent des politiques actives d’emploi mais elles restent disparates et non intégrées dans un cadre cohérent avec ses instruments de suivi et d’évaluation. Par exemple, seuls 11 des 21 documents de stratégie de réduction de la
© Photo D.R.
ômage et du sous-emploi
pauvreté examinés par (Economic Commission for Africa, 2005) contiennent une analyse du chômage des jeunes. De même, l’évaluation des programmes des politiques actives pour en tirer les enseignements et accroître l’efficacité et l’efficience des interventions futures est rare. Les coûts élevés des révolutions en Afrique du Nord, en termes de croissance économique et de transferts vers les ménages pour stabiliser la situation, sont certainement supérieurs à ceux des programmes de 5 politiques actives d’emploi bien structurés permettant de résorber le chômage tout en améliorant le potentiel de croissance. Par ailleurs, il est essentiel que les leaders et décideurs en Afrique, aillent au-delà de la dimension de l’emploi pour développer des stratégies intégrées pour la jeunesse, incluant, entre autres, l’amélioration de leur participation à la vie politique et à l’action sociale, conclut Zeine Ould Zeidane.
L’Afrique, en dehors des ressources naturelles, se marginalise dans le commerce international et son degré d’intégration reste limité.
AFRIcan business journal | N°07 | 43
FOCUS A f r i q ue subsa h a r ienne
Atelier sous-régional sur l’emploi des jeunes
Des autorités en charge des questions d’emploi et de jeunesse, venues de 12 pays d’Afrique, ont pris part du 4 au 5 Juin 2013 à Dakar au Sénégal, à un atelier sous-régional sur l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne. Pendant deux jours, les participants ont échangé sur les stratégies à mettre en œuvre pour promouvoir davantage l’emploi des jeunes dans la sous-région. A l'initiative du Centre régional du Programme des Nations-unies pour le développement (Pnud), cette étude visait à partager les expériences et les bonnes pratiques dans les pays bénéficiaires du Programme régional pour la cohésion sociale et l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne (Yerp). Cette rencontre a été une occasion de réflexion collective de tous les acteurs, sur les solutions à apporter à l’employabilité des jeunes pour la valorisation du programme mais aussi, pour faire une évaluation critique susceptible d’impulser une nouvelle dynamique avec des orientations nourries par les leçons apprises.
Emprunter les raccourcis qu’offrent les progrès techniques Au cours de cet atelier, les experts ont échangé sur les orientations du nouveau Pacte de l’Union africaine pour l’emploi des jeunes et des femmes, adopté en Avril 2013 et celles du plan stratégique 2014-2017 du Pnud. Le constat unanimement partagé a été que la problématique de l’emploi des jeunes reste dans nos pays, un enjeu économique, social et politique majeur que tous les pouvoirs publics s’attèlent à juguler. La perspective dégagée par les participants à cet atelier sous-régional renseigne que l’Afrique subsaharienne ne doit pas être en reste, encore moins une exception, elle se doit, bien au
contraire, d’emprunter les raccourcis que lui offrent les progrès techniques et technologiques actuels pour profiter pleinement de la croissance économique. En d’autres termes, il s’agit de repenser tous les "business models" dans tous les secteurs de l’activité économique, à l’aune des Technologies de l’information et de la communication (TICs) et des avancées techniques. Pour rappel, s’était tenue du 17 au 19 Septembre 2012 à Paris, la conférence de l’Organisation de coopération et de développement économique sur l’emploi des jeunes pour chercher des solutions concrètes pour que les économies africaines soient davantage créatrices d’emploi.
Afrique Taux de chômage, chiffres de 2011 et/ou de 2012 • • • • • • • • • • • • •
Afrique du Sud, 24,4% Algérie, 10,02% Angola, 26% Bénin, 30% Botswana, 7,5% Burkina Faso, 50% Burundi, 20% Cameroun, 30% Cap-Vert, 12,2% RCA, 8% Comores, 44,5% Congo Brazz., 32,4% RDC, 32,23%
• • • • • • • • • • • • • •
RCI, 18% Djibouti, 35% égypte, 12,5% érythrée, 3% éthiopie, 24,9% Gabon, 21% Gambie, 40% Ghana,11% Guinée, 72% G-Bissau, 30% G.équatoriale Kenya, 40% Lesotho, 40% Liberia, 70%
• • • • • • • • • • • • • •
Libye,30% Madagascar, 8% Malawi, 40% Mali, 30% Maroc, 8,8% Maurice, 8,0% Mauritanie, 30% Mozambique, 21% Namibie, 51,2% Niger, 16% Nigeria, 21% Ouganda, 8% Rwanda, 42%
• • • • • • • • • • • • •
Sénégal, 48% Seychelles, 4% S. Leone, 60% Somalie, 50% Soudan, 17,8% Soudan du Sud, NC Swaziland, 40% Tanzanie, 8% Tchad, 30% Togo, 21,4% Tunisie,17,4% Zambie,14% Zimbabwe, 95%
S.T. Principe, 50% Source : Perspectives Economiques Africaines
44 | AFRIcan business journal | N°07
FOCUS
Tribune. L'emploi des jeunes en Afrique L’Afrique est une des régions du monde les plus dynamiques. Pour autant, l’emploi des jeunes ne parvient pas à décoller. Points de vue.
"Considérant que le nombre de jeunes en Afrique est appelé à doubler d’ici 2045, il est impératif que les pays africains donnent une nouvelle impulsion à la création d’emplois en aidant la jeunesse à acquérir de nouvelles compétences. Car, l’emploi des jeunes sera le moteur des dynamiques du maintien de la croissance économique et de la cohésion sociale en Afrique. La création d’emplois productifs pour les jeunes africains, dont la population est en rapide augmentation, est certes un immense défi mais c’est aussi la clé de la prospérité future du continent". Rapport 2012, Perspectives économiques en Afrique
"Le chômage des jeunes en Afrique continue d’augmenter, si on ne réagit pas rapidement en faisant de l’emploi des jeunes une priorité, afin de transformer ce capital humain en opportunité économique, les jeunes peuvent constituer une menace non négligeable à la cohésion sociale et la stabilité politique dès lors qu’ils n’arrivent pas à bénéficier de conditions de vie décentes". Banque africaine de développement (BAD)
« xx »
"Entre 2000 et 2008, malgré des taux élevés de croissance économique, considérés parmi les plus performants au plan mondial, et en dépit d’une jeunesse mieux formée, l’Afrique n’a créé que 16 millions d’emplois pour ses jeunes de 15 à 24 ans". Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique
"Aujourd’hui, les jeunes représentent 60% des chômeurs du continent, soit 40 millions d’individus à la recherche d’un emploi, dont 22 millions, des femmes pour la plupart, ont définitivement baissé les bras. Cette situation paraît d’autant plus inacceptable que l’Afrique dispose d’un potentiel impressionnant de jeunesse, de talents et de créativité". Mthuli Ncube, Économiste principal et Vice-président de la BAD
"Une croissance élevée ne suffit pas à elle seule, à créer de l’emploi productif. Le chômage des jeunes en Afrique résulte en grande partie d’un déficit qualitatif dans les pays à revenu faible et d’un problème quantitatif dans les pays à revenu intermédiaire. Dans les pays à faible revenu, la plupart des jeunes travaillent mais n’arrivent pas s’affranchir de la pauvreté. Dans les pays à revenu intermédiaire tels que l’Afrique du Sud ou les pays d’Afrique du Nord, il y a de plus en plus de jeunes sans emploi, malgré l’amélioration des niveaux de l’éducation". Mario Pezzini, Directeur au Centre de développement de l’OCDE.
" Mais la compétitivité n’est pas, hélas, le seul frein à l’emploi des jeunes en Afrique, qui pâtit également d’une faible diversification de production. Pour l’essentiel, la production africaine se limite à l’agriculture et au secteur minier. Les économies ouest-africaines souffrent de deux fragilités endémiques: l’insuffisance des investissements productifs et un taux de bancarisation très limité (12% en Afrique de l’Ouest)’’. Deux fragilités qui sont, au moins en partie, liées aux problèmes d’accès aux financements pour les entrepreneurs". Tiémoko Meliet Kone, Gouverneur de la BCEAO
"La croissance de l'Afrique doit générer des emplois. En 2035, l’Afrique aura plus de forces de travail que la Chine et l’Inde. Ce chiffre doit servir de boussole pour comprendre les atouts indéniables de l’économie africaine face à la compétition internationale. Mais pour que cet atout démographique ne devienne pas un boulet impossible à traîner, l’Afrique doit se défaire de la situation paradoxale qui est la sienne actuellement: celle d’une région qui génère une croissance forte, mais qui crée (beaucoup) trop peu d’emplois". Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD)
"L’emploi des jeunes est un investissement dans l’avenir car il contribue à la réduction de la pauvreté, à la création de richesse, au bien-être et à la cohésion sociale". Pedro Conceição, Économiste principal au Bureau régional de l’Afrique du PNUD
"Education, compétitivité, spécialisation, transformation. Autant de facteurs où se jouent en profondeur l’avenir de l’emploi des jeunes en Afrique. Il n’y a rien de mauvais en Afrique qui ne puisse être corrigé par ce qu’il y a du bon en Afrique". Bill Clinton, ancien Président des USA
AFRIcan business journal | N°07 | 45
d’Alioune GUEYE bloc-notes
Union Africaine, une célébration pour rien... L’Union Africaine vient de célébrer son cinquantenaire en grande pompe. Une commémoration (symbolique) aurait largement suffi au regard d’un bilan fort mitigé de cette institution. Seule bonne nouvelle, l’annonce d’une décennie consacrée à l’emploi des jeunes et une plus grande intégration africaine. Ce qu’il manque comme toujours, ce sont les dispositifs de déclinaison de ces nobles objectifs en retroplannings, budgets et plans d’actions concrets. Autrement dit, il faut davantage de discipline d’exécution: trop de rapports et de recommandations qui s’empilent dans les tiroirs sans un début d’application; voilà ce qu’il faut changer. Cela permettrait de réconcilier l’Institution avec les innombrables institutions sous-régionales qui se chevauchent et agissent de manière non concertée entre elles donnant le sentiment d’un immense gâchis, comme le fût en son temps le NEPAD.
Visas…Intégration Régionale Il n’est plus une conférence relative au continent où on ne déplore le manque d’intégration régionale entre les pays du Continent. Que peuvent faire aujourd’hui 54 Etats morcelés devant des géants comme, la Chine ou l’Inde? Non seulement nos pays n’échangent pas suffisamment entre eux, mais en plus ils n’ont pas de stratégie commune face aux grands défis de l’heure. Ce qui se traduit par l’expression d’égoïsmes nationaux là où l’unité devrait prévaloir. L’exemple type est la création de micro compagnies aériennes nationales condamnées d’avance là où une mutualisation des moyens aurait été plus appropriée. La disparition d‘Air Afrique devrait être matière à réflexion et ne l’est toujours pas, à un moment où le transport aérien enregistre des records. Comment expliquer que chaque pays se dote de ses propres facultés de médecine, de lettres, de mathématiques, livrant ainsi des cohortes de jeunes au chômage? N’aurait-il pas mieux fallu mettre en place des centres d’excellence en veillant à un meilleur équilibre régional? Ainsi, la faculté de médecine serait au Sénégal, celle de mathématiques en Côte d‘Ivoire, et l’ingénierie au Congo Démocratique, l’agriculture au Nigéria ou en Guinée et l’Institut des Mines en Afrique du Sud? Par ailleurs, l’intégration passe par une meilleure circulation des biens et des personnes sans entraves inutiles et sans harcèlement et/ou racket aux frontières d’un espace qu’on dit unique. Le Rwanda, encore une fois de plus, est de ceux qui donnent l’exemple. C’est ainsi que le Président Kagamé a annoncé aux récentes Assemblées de la Banque Africaine de Développement qui se sont tenues à Marrakech en Mai dernier, avoir supprimé les visas pour tous les ressortissants africains désirant se rendre au Rwanda. Voilà un bel exemple à suivre, si on veut réussir l’intégration économique qui, elle, précède l’intégration politique jusque là restée un vœu pieux.
46 | AFRIcan business journal | N°07
Du 23 au 30 septembre 2013
Au cœur de la Transformation
du sud-est asiatique
M-Pesa -mobile banking
Une leçon africaine d’IT4D
M-Pesa! Rien que le nom est accrocheur… Mais détrompez-vous. Il ne s’agit pas d’une invite à un tourisme d’aventures en safari dans l’une des plus belles réserves naturelles en Afrique, mais bien de partir à la découverte de la société de téléphonie mobile kenyane, Safaricom (filiale de Vodafone), dont l’un des produits phares s’appelle le "M-Pesa" (M pour "mobile", et Pesa, un mot swahili qui signifie "argent"). M-Pesa est un service de banque en ligne qui a été conçu pour permettre aux utilisateurs d’effectuer des transactions bancaires de base, sans mettre pied dans une agence bancaire. Aujourd’hui, ce service de transfert d’argent, basé sur le SMS, est l’un des plus populaires au monde. "Cas d'étude"sur une "Innovation Technologique for Development" (IT4D) où les innovations technologies de l’information et de la communication sont au service du développement. En moins de 15 ans, l’Afrique est passée d’un "no man’s land" à "l’éldorado" en matière d’innovations technologiques, en faisant des téléphones portables, des porte-monnaies électroniques. La leçon par le Kenya.
48 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
business case
Réalisé par Mohamadou SY "Siré"
business case
Les facteurs clés du succès éclatant du M-Pesa Commodité et accessibilité: Il est possible de gérer son compte directement sur son téléphone mobile 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Marché extensible: Les TPE et les PME peuvent élargir leur marché car plus de 30.000 agents de transferts sont présents dans le pays, contre seulement 400 agences bancaires. Faibles coûts des transactions: Pour 500 dollars envoyés, M-Pesa ne prélève que 6 $ de frais, quand Western Union en prélève 17 $. Absence de frais de gestion de compte: Aucun frais de gestion demandé. A noter qu’un autre effet de ce type de solution est d’encourager la concurrence entre opérateurs de transfert d’argent, ce qui conduit à une baisse des commissions et donc des coûts de transferts d’argent. Transactions plus rapides: Les transferts d’argent ou paiements ont lieu en temps réel (temps de la transmission d’un SMS) et vont directement au receveur, sans intermédiaires. Une plus grande sécurité: Il n’est pas nécessaire de se déplacer avec de grosses sommes d’argent liquide sur soi. Création d’emplois: le M-Pesa participe également à la création d’emplois, avec en moyenne, 500 nouveaux agents qui sont recrutés chaque mois et les opportunités d’emplois dans les zones rurales de plus en plus élevées.
Le Kenya, laboratoire des services financiers de demain Avec 42% de sa population ayant accès aux services financiers, le Kenya fait figure d’exemple sur le continent africain et même au-delà. À l’origine de ces bons résultats, une rupture technologique: le service de paiement mobile M-Pesa et les multiples utilisations qu’en a fait le secteur bancaire. L’expérience kenyane illustre que la technologie n’est pas seulement une affaire de "gadgets", mais peut faciliter l’accès aux services financiers dans un pays en développement. Surtout si c’est un produit né de la demande et qui répond à un vrai besoin. Avec le M-Pesa, ce n’est pas le marché qui s’adapte au produit mais l’inverse. Et c’est ce que l’Afrique apporte aux télé-technologies.
Paiement mobile et mobile banking M-Pesa, mode d’emploi Sur leur téléphone portable, 24h sur 24 et 7 jours sur 7, près de 20 millions de Kenyans ont la possibilité d’envoyer et de recevoir de l’argent. Simple à utiliser, le service le plus répandu, M-Pesa, développé entre 2003 et 2006 par Sagentia, entreprise spécialisée dans le développement de produits technologiques pour le compte de Safaricom, filiale de Vodafone, satisfait à la fois les lettrés et les illettrés. Il suffit juste de savoir utiliser les fonctions primaires d’un téléphone portable pour souscrire gratuitement au service M-Pesa. Une fois abonné, le client dispose sur sa carte SIM d’un e-compte dans lequel il peut verser de l’argent, le recevoir ou encore le transférer à un tiers. Dès sa mise en service en mars 2007, M-Pesa se limitait à la réception et à l’envoi d’argent via le téléphone. Le service est très vite adopté par les populations kenyanes. Son marketing repose sur un simple slogan de trois mots: Send money home. Il séduit cinq millions d’abonnés dès les deux premières années de lancement. Et le succès va aller crescendo.
AFRIcan business journal | N°07 | 49
business case Safaricom : Prix et Distinctions 2011 Meilleur service d'argent mobile pour les non-bancarisés 2011 Prix du Mobile Money - Dubaï 2011 Prix AfricaCom - Afrique du Sud 2011 GSMA meilleur service de transfert d'argent mobile 2011 Prix du Mobile Money - Dubaï 2010 Meilleur service de transfert mobile 2010 Prix de contenu mobile, le meilleur service de transfert d'argent mobile 2009 Meilleur service de transfert mobile 2009 Prix de contenu mobile, le meilleur service de transfert mobile 2009 Business Award ONU-Habitat, Meilleures pratiques d'affaires 2008 Meilleure diffusion commerciale 2008 Meilleure utilisation de Mobile pour le développement social et économique 2008 World Business & Development Award, Contribution aux Objectifs du Millénaire 2008 Stockholm Challenge, catégorie Développement économique 2008 Prix de l'Africom, la meilleure solution d'affaires pour les services en milieu rural 2007 Kenya Banking Awards, l'innovation produit
SAFARICOM : TABLEAU DE BORD Nom
Safaricom Limited
Description de l'activité
Fourniture de services de télécommunications mobiles; vocaux, de messagerie, de données et de haut débit fixe
Date de création
3 Avril 1997
Chiffre d'affaires
Ksh59.1 milliards de dollars au 30 Septembre 2012
Clientèle
19,2 millions au 30 Septembre 2012
Cotation
Bourse de Nairobi
Structure de l'actionnariat
Gouvernement du Kenya 35%; Vodafone 40%; Flottant 25%
Capitalisation boursière
Ksh164 milliards au 30 Septembre 2012
Employés
2660 employés au 30 Septembre 2012
Siège
Safaricom House, Waiyaki Way, Westlands, PO Box 66827, Nairobi, Kenya
50 | AFRIcan business journal | N°07
business case Mobile banking
Les facteurs clés du succès Les facteurs clés du succès du mobile banking au Kenya sont à la fois une combinaison d’un environnement conjoncturel favorable (le boom du mobile), d’innovations permanentes (simplicité et accessibilité) et d’une marraine à la fois accompagnatrice, protectrice et facilitatrice (Banque Centrale du Kenya). Ce succès rencontré par M-Pesa, aujourd’hui cité comme exemple dans le monde entier, est la résultante de trois facteurs: le boom de la téléphonie mobile dans le pays; la simplicité, l’accessibilité et ses faibles coûts; et enfin l’action de la Banque Centrale Kenyane pour la validation du service. Le boom du mobile Au 30 Juin 2012, on dénombre 29,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile au Kenya. Et ce sur une population d’environ 43 millions d’habitants. Une progression de 17,5% par rapport à l’année précédente. Ce qui a occasionné une croissance de 2,73% du nombre d’abonnés au paiement mobile dans le pays. Dans l’ensemble du Kenya, toujours au 30 Juin 2012, l’on y compte, d’après les chiffres rapportés par Capital FM, 19,5 millions d’abonnés aux services de transfert d’argent par le mobile, et le total des dépôts financiers via le mobile, a atteint 192,73 milliards de dollars, représentant une croissance de 4% par rapport aux 185,36 milliards enregistrés l’année précédente. Il est donc évident, expliquent les experts, que la réussite de M-Pesa est d’abord prédicable au boom de la téléphonie dans le pays. Car le nombre de téléphones mobiles est passé de presque zéro en 1999 à près de 21 millions en 2010. Plus encore, en 2010, la Banque mondiale estimait que le Kenya représentait le marché de la téléphonie mobile le plus développé de l’Afrique de l’Est. Une étude du FMI montre également qu’au Kenya, 17% des ménages sont tributaires des envois de fonds comme source principale de revenu, et qu’avec
un taux d’urbanisation modéré (22%), les liens ruraux-urbains sont solides au point d’exiger d’importants transferts entre les zones rurales et les zones urbaines. Simplicité et accessibilité Un autre facteur de succès de M-Pesa est la simplicité d’utilisation du service. Tout le monde peut l’utiliser et les coûts sont raisonnables. Bref, plus bas que ce que proposent les agences de transfert d’argent. Pour 500$ envoyés par exemple, M-Pesa prélève 6 dollars de frais quand Western Union en prélève 17, relève l’étude Réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement: outils et produits financiers pour le Maghreb et la Zone franc, menée par l’association Epargne sans frontière pour le compte de la Banque africaine de développement. En plus, il n’y a aucun frais de gestion de compte comme dans les banques. Les abonnés peuvent gérer leurs comptes directement depuis leur téléphone mobile 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Ils peuvent s’appuyer sur le vaste réseau de Safaricom qui, début 2012, comptait environ 30.000 agents de transferts dans le pays, contre seulement 400 agences bancaires. Le choix est donc vite fait. Une étude du FMI sur le sujet indique que M-Pesa offre ses services par le biais d’un réseau d’agents, chacun ayant en moyenne 500 clients/utilisateurs. Ces agents sont, d’après le FMI, structurés en groupes à partir de leur localisation, avec ou sans ‘’agrégateur’’ centralisé, qui est soit une agence bancaire soit un agent non bancaire de premier plan.
La Banque Centrale Kenyane comme marraine L’implication de la BCK dans la réussite de M-Pesa a été déterminante. Faute d’une réglementation appropriée pour ce service novateur, elle a dû peser de tout son poids pour que le service soit lancé. Ce qui n’était pas du goût des banques, qui y voyaient une incursion dans leur champ de compétence en estimant qu’un opérateur mobile ne pouvait exercer une activité bancaire sans licence de la BCK. Pour trancher entre les populations et les médias, qui se sont lancés dans un débat sur le cadre légal du paiement mobile au Kenya, et surtout du MPesa, la BCK avait publié le 27 Janvier 2009 un communiqué expliquant que "la réglementation traîne généralement derrière l’innovation, et qu’une approche pragmatique a été adoptée concernant la révision du produit MPesa". Avant de donner son accord au lancement du service M-Pesa, la BCK a néanmoins demandé des garanties afin d’éviter le blanchiment d’argent (définition d’un montant maximal de dépôt), de protéger les consommateurs et de sécuriser les produits et les agents. La banque principale du Kenya a aussi engagé le M-Pesa au respect de la réglementation une fois établie. Safaricom devait aussi nouer un partenariat avec un établissement bancaire (Equity Bank) pour que les fonds des clients y soient déposés. Ses dépôts et intérêts sont placés sur un compte en fiducie à but non lucratif (une société en fiducie exploitée par Safaricom a été créée pour cela).
AFRIcan business journal | N°07 | 51
business case La BCK dans la percée du Mobile banking
Un cadre légal et réglementaire propulseur
L’Alliance pour l’inclusion financière (AFI), un réseau mondial regroupant des banques centrales et d’autres instances politiques en charge de l’inclusion financière des pays en développement, a effectué une étude de cas sur le traitement de M-Pesa par la Banque Centrale du Kenya (BCK). Pour délivrer la lettre de non-objection du M-Pesa à Safaricom, relève l’AFI, la BCK s’était référée à la loi l’instituant qui lui conférait l’autorité de formuler et de mettre en œuvre, «les politiques les plus appropriées pour promouvoir l’établissement, la régulation et la supervision de systèmes de paiement efficaces et rentables, de compensation et de règlement». Que serait donc le succès du M-Pesa sans la BCK? Dans son communiqué de Janvier 2009, la BCK rassure d’ailleurs que "le produit a été soumis à une vérification sérieuse et détaillée d’Août 2005 à Mars 2007, date de son lancement. Le travail de vérification s’est concentré sur les obligations du cadre légal et réglementaire, sur la faisabilité du produit, les procédures d’identification du consommateur et la sécurité du produit/consommateur/agent".
chiment d’argent, la protection du consommateur et les Technologies de l’information et de la communication, expliquait la BCK, qui précisait d’ailleurs qu’elle n’a aucun rôle de surveillance réglementaire sur les opérateurs téléphoniques autorisés par la Commission sur les communications du Kenya. Pour cette dernière, le point d’interaction de la BCK avec les opérateurs de téléphonie mo-
A ce jour, M-Pesa reste encore la meilleure expérience de m-banking dans le monde. Cependant, l’inquiétude principale de la BCK était relative au besoin d’un cadre légal et réglementaire favorable pour l’activité de transfert de fonds par téléphonie mobile qui permettrait de protéger les intérêts des consommateurs et d’assurer la durabilité du produit. Un cadre légal et réglementaire favorable pour cette activité devrait aussi incorporer un cadre légal afin de superviser les systèmes de paiement, les contrats électroniques, les activités de blan-
52 | AFRIcan business journal | N°07
bile avait lieu au travers des banques commerciales réglementées, offrant une plateforme pour les services financiers via téléphonie mobile. 8800 agents en activité en 2011 L’action de la BCK a donc été déterminante pour la réussite de M-Pesa. D’ailleurs, en 2010, elle a approuvé un nouveau plan permettant à des "agents" d’exercer des activités bancaires au nom d’établissements financiers. En 2011, ce sont quelques
8800 agents qui étaient déjà en activité, dont 6740 pour des opérations bancaires mobiles (67% dans les zones rurales). Cette implication des pouvoirs publics est d’ailleurs recommandée par l’Union Internationale des Télécommunications qui, dans son rapport annuel 2012 intitulé "Tendances des réformes dans les télécommunications", indique que "les décideurs, les législateurs et les régulateurs eux-mêmes pourraient opérer des changements plus importants afin de créer un environnement favorable aux services bancaires sur mobile. Ces changements favoriseraient l’ouverture aux modèles de services bancaires sur mobile et renforceraient la certitude en ce qui concerne les cadres réglementaires dans lesquels ces modèles fonctionnent". Sans doute, d’autres facteurs ont participé à la réussite et au succès de M-Pesa. Si la Banque mondiale avait choisi en 2011 Michaël Joseph, l’ancien PDG de Safaricom, pour être son conseiller en termes de mobile banking, c’est dire que son expérience au Kenya mérite attention. A ce jour, M-Pesa reste encore la meilleure expérience de mbanking dans le monde.
business case Safaricom
9e entreprise la plus innovante au monde en 2013 Fast Company, groupe de média américain spécialisé dans l’innovation technologique, a publié en Février dernier, son palmarès annuel 2013 des 50 entreprises les plus innovantes du monde. Dans le top 10, une seule entreprise africaine figure à la neuvième place. Il s’agit de l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom. A l’actif des bons points de Safaricom qui lui vaut cette place, il faut ajouter outre le M-Pesa, le service M-Shwari lancé en 2012 et qui permet aux consommateurs de M-Pesa, d’ouvrir un compte électronique dans une banque (Banque Commerciale d’Afrique en l’occurence) puis de le contrôler et de le mouvementer (débit/crédit) à partir de son téléphone portable. Enfin, Fast Company a aussi pris en compte, le service Daktari 1525, élaboré par Safaricom et qui permet d’entrer rapidement en contact avec un medecin, en cas de besoin. Safaricom a ainsi mis à la disposition des populations, une cinquantaine de medecins qualifiés. Le top 10 de Fast Company se présente comme suit: Nike est premier, suivi d’Amazon, viennent ensuite Square, Splunk, Fab, Uberm Sproxil, Pinterest, Safaricom et Target. Par ailleurs, première en 2012, Apple se retrouve cette année à la 13eme, tandis que Google a chuté de la troisième à la 11eme place.
M-Pesa, la leçon kenyane au monde Fin 2009, ce sont 9 millions de personnes (40% de la population adulte du Kenya) qui avaient adopté le M-Pesa depuis son lancement au milieu de l’année 2007. Au 1er Mars 2012, M-Pesa comptait en effet, presque 15 millions d’utilisateurs actifs, soit un Kenyan sur trois et 650 millions $ de transactions chaque mois (soit environ 20% du PIB kenyan sur une base annuelle). L’adoption très rapide de M-Pesa constitue une preuve manifeste de la confiance de la population à l’égard de la nouvelle technologie et démontre qu’il existe une importante demande latente de services d’envois de fonds. Récemment, M-Pesa a commencé à autoriser les paiements institutionnels, permettant aux entreprises d’utiliser le système pour verser les salaires et recouvrer les paiements de factures.
Retours d’expériences Tout d’abord, le M-Pesa montre que le recours à la technologie mobile permet à d’importants groupes de populations pauvres dépourvus de services bancaires, d’accéder aux services financiers. Ensuite, il montre combien il est important d’utiliser des modèles de recettes basés sur l’utilisation plutôt que sur les valeurs, en recouvrement pour fournir des services financiers à la clientèle pauvre. Contrairement aux banques classiques qui font généralement une distinction entre les clients rentables et non rentables selon le solde probable de leur compte et leur capacité à absorber des prêts, M-Pesa est accessible à tous les clients du réseau mobile de Safaricom qui ouvrent un compte. Enfin, l’expérience M-Pesa met en évidence, la nécessité de disposer d’une plateforme de transaction à faible coût, permettant de répondre aux besoins de paiement des clients à faible revenu.
Après M-Pesa, le Kenyan Safaricom lance M-Shwari En Décembre 2012, Safaricom et la Commercial Bank of Africa ont lancé un nouveau service d’épargne et de prêt, M-Shwari, qui s’annonce comme un succès de plus dans l’écosystème Kenyan. Le terme swahili Shwari, qui signifie calme, tranquillité, a été utilisé pour nommer le service bancaire qui permet d’épargner et d’emprunter de l’argent grâce à un téléphone tout en recevant des intérêts sur l’argent économisé. M-Shwari permet également à ses clients d’avoir accès à des prêts d’urgence. Le service a enregistré plus de 70.000 utilisateurs le jour du lancement, et à peu près 40.000 nouveaux abonnés chaque jour de Janvier à Mars 2013.
AFRIcan business journal | N°07 | 53
business case
Performances Kenyanes
© Photo D.R.
• La pénétration au cœur des zones rurales est un élément clé du succès de M-Pesa et autres solutions de m-money. Elle s’appuie sur un réseau de 50.000 agents. Ces intermédiaires sont parfois propriétaires d’une petite épicerie de proximité, parfois revendeurs de mobiles, ou employés d’un "corner" dédié dans une pharmacie ou un cyber-café. Ils ouvrent les comptes M-Pesa sur simple présentation d’une carte d’identité, et surtout, effectuent les dépôts et les retraits de cash. Ils sont également l’interface qui aide à résoudre tout problème avec le service. Si bien qu’une majorité écrasante de Kenyans sait comment utiliser M-Pesa, de l’étudiant à Nairobi au fermier Luo, en passant par l’éleveur Masaï.
• En moyenne dans le monde, 1 adulte sur 2 dispose d’un compte bancaire. Ce chiffre tombe à moins d’un sur 4 en Afrique subsaharienne, selon les statistiques publiées par la Banque Mondiale en 2012. En Afrique Subsaharienne pourtant, un pays fait figure d’exception: le Kenya. Avec 42% de taux de bancarisation, il arrive en deuxième position sur le continent, derrière l’Afrique du Sud (54%), devant le Maroc (39%) et le Nigéria (30%), qui abritent pourtant tous deux de puissantes banques commerciales et d’affaires. • En fin 2008, le paiement par mobile M-Pesa était utilisé par 5 millions de personnes. Un an après, le double. Fin 2012, la Banque Centrale Kenyane faisait état de 20 millions de clients. Selon la Banque Mondiale, 68% des Kenyans déclarent avoir utilisé leur mobile pour des services financiers sur les 12 derniers mois, contre 16% en moyenne pour l'ensemble du continent africain.
54 | AFRIcan business journal | N°07
• "M-Pesa a révolutionné le pays, s’enthousiasme Betty, la trentaine, salariée d’une grande entreprise à Nairobi. Avant, pour donner de l’argent à ma famille restée à la campagne, je devais faire venir ma sœur tous les mois, ce qui engendrait des coûts importants et prenait du temps. Sans compter les risques qu’elle se fasse voler sur le chemin du retour… Avec M-Pesa, c’est instantané, pour des frais minimes". • Le succès de M-Pesa a stimulé depuis deux ans, l’émergence de services financiers s’appuyant sur la technologie de Safaricom. C’est en particulier le cas d’Equity Bank, troisième banque du pays, qui connaît une croissance très rapide. En 2010, elle a créé M-Kesho, un compte bancaire connecté au compte M-Pesa qui facilite les transferts d’argent de l’un à l’autre et incite à l’épargne, le compte M-Kesho étant rémunéré. Ce sont quelques 800.000 comptes qui ont été ouverts, pour un dépôt moyen de 10 euros. Depuis, d’autres banques au Kenya ont lancé des services similaires (PataCash pour Postbank, BCK Bank Connect…).
business case Mobile banking et paiement mobile en Afrique
La bataille des usages et des innovations Le potentiel du paiement mobile en Afrique est énorme. Les entreprises de mobile ainsi que les banques selon les pays, s’investissent pour le contrôle de ce marché. La possibilité d’accéder à des services financiers élémentaires, comme les dépôts et les transferts, à partir de n’importe quel téléphone mobile sans avoir besoin d’un compte bancaire classique, offre une opportunité potentiellement révolutionnaire pour les populations non bancarisées, encore nombreuses sur le continent. En Côte d’Ivoire et au Cameroun, la bataille des opérateurs En Côte d’Ivoire comme au Cameroun, la bataille concerne MTN et Orange sur un marché dont le taux de bancarisation ne dépasse pas les 8% et dont le nombre limité d’agences bancaires a favorisé les services financiers offerts par les leaders de la téléphonie mobile. Les deux opérateurs y revendiquent environ 1 million d’abonnés au mobile banking chacun, et un réseau de 1000 points de vente répartis sur tout le territoire. Au cœur de la stratégie, ne pas se laisser dépasser dans la concurrence et offrir à chacun de leurs six millions d’abonnés respectifs, des services innovants. Maroc, la technologie comme catalyseur Au Maroc, la bataille du mobile banking n’est pas le fait des opérateurs de téléphonie, mais plutôt celui des banques. Lorsqu’en 2011 la Banque Populaire y lance son offre ‘’Pocket Bank’’, qui permet notamment de consulter le solde de son compte, d’afficher l’historique des dernières opérations effectuées ou
encore le paiement des factures et le transfert d’argent, elle entre dans un marché où se trouve déjà Mobicash, une offre de transfert d’argent et de paiement développée par Maroc Telecom, Attijariwafa Bank et le groupe Banque Populaire. Dans la même lignée, la BMCE Bank a, de son côté, élargi son offre mobile banking ‘’Lilkoul’’ de transfert d’argent. Au Maroc, la forte poussée technologique et l’arrivée sur le marché des smartphones (téléphones intelligents) ont poussé, dans une certaine mesure, les banques à s’adapter aux nouveaux besoins de leurs clients (Mobitrans de HPS).
duisait la limite quotidienne de retrait en espèce. Le 30 Mars 2012, la CBN a introduit le paiement de frais sur tout retrait au-dessus de la limite. Ayant rendu de plus en plus difficile l’obtention des liquidités en banque pour effectuer des paiements pour les consommateurs, l’option pour les transactions sans numéraire s'est appréciée. En Novembre 2012, le gouverneur de la CBN, Lamido Mallam Sanusi, a révélé que la valeur des transactions par le biais des services bancaires mobiles a augmenté de manière significative, de 20 millions de nairas au début du phénomène à 4 milliards par mois en Décembre 2012.
Nigéria, soutien affiché de la Banque Centrale Au Nigéria, sept banques, dont Standard Chartered et First Bank, détiennent aujourd’hui des licences de services bancaires et de paiements sur mobile. Au Nigéria, c’est la Banque Centrale du Nigéria (CBN) elle-même qui a pris le leadership de la pratique. Le 1er Janvier 2012, elle a lancé le ‘’Cash-Less projet Lagos’’, un projet qui intro-
Egypte, conservateurs mais séduits L’Egypte est également entrée dans les services bancaires mobiles. Comme dans de nombreux marchés émergents, un facteur de croissance aura été le revenu des ménages, essentiellement basé sur un système de caisse, avec seulement 10% de la population détenant des comptes bancaires et un taux de pénétration du mobile bien
AFRIcan business journal | N°07 | 55
business case au-dessus de 80%. Les transferts d’argent via le mobile ont été autorisés par la Banque centrale, ce qui permet aux utilisateurs de transférer jusqu'à 3000 livres égyptiennes par téléphone. Depuis lors, Mobinil et Vodafone ont lancé des services en collaboration avec BNP Paribas et la Banque de Développement du Logement, pour capitaliser sur le potentiel latent du pays. Mais, le mobile banking fait face à de nombreuses résistances. Selon une étude menée par Rehaballah Elbadrawy et Rasha Abdel Aziz de l’Université d’Alexandrie, ces résistances sont le fait de la tradition et de la psychologie des populations, qui ont du mal a intégré la nouvelle donne. L’Afrique du Sud maîtresse chez elle et chez ses voisins L’Afrique du Sud a su tirer avantage de la technologie du mobile pour faire de la banque virtuelle. Son avantage, un taux exceptionnel de couverture de 100% d’utilisateurs de mobile et un secteur bancaire en guerre pour conquérir le moindre segment de personnes non bancarisées. Mais, loin de se limiter au plan local, les banques sud-africaines ont étendu leurs produits à leurs filiales du Lesotho, de la Namibie et du Botswana, qui ont totalisé à elles toutes, plus de 2,4 millions de transactions par téléphone. Les banques ont été les moteurs de cet essor du paiement mobile. Elles ont financé des programmes qui permettent de faire de la banque mobile quel que soit le type de téléphone utilisé. Les offres dans ce pays vont plus loin. OltiO, une joint-venture entre l’opérateur panafricain de téléphonie MTN et la Standard Bank, a lancé un concept qui permet, via son mobile, de régler des factures en ligne et d’acheter plus facilement sur Internet.
56 | AFRIcan business journal | N°07
Les différents types de modèle de relation entre banque et télécoms Plusieurs modèles de relation, non exclusifs, entre banques et télécoms sont observés sur les marchés locaux et semblent être favorables au développement des paiements mobiles. Modèle de complémentarité: les banques et les opérateurs proposent chacun un mode de paiement mobile mais s’adressent à des cibles différentes. Un modèle de complémentarité que l’on retrouve surtout en Europe, notamment avec le système des SMS surtaxés, des modèles Gallery, hérité du modèle audiotel. Modèle de substitution: En Afrique en général, les acteurs du marché des télécoms se substituent, voire concurrencent le secteur bancaire, en particulier dans le cas où des solutions «orientées mobile» sont développées. L’opérateur contrôle toute la chaîne de valeurs: de la création et de la gestion du compte au paiement. En Afrique, 60% des 400.000 villages africains sont couverts par le réseau télécom, alors que les agences bancaires ne sont souvent présentes que dans les grandes villes. Modèle de concurrence: une relation de compétitivité s’installe entre les deux catégories d’acteurs en s’adressant aux mêmes segments clients avec des solutions concurrentes. Modèle de coopération: les banques et les opérateurs télécoms sont amenés à réaliser des partenariats tout en gardant leurs rôles initiaux sur la chaîne de valeur du paiement mobile. En effet, les offres «orientées banque» où la banque se charge de la création et de la gestion du compte et l’opérateur télécom du transport des données et de la distribution de l’offre, proposent aux souscripteurs la consultation des comptes, le transfert local d’argent d’un compte bancaire à un autre via le mobile, le paiement de factures, etc. L’exemple du MTN Money services né du partenariat de MTN avec une division de la Standard Bank en Afrique du Sud. Modèle de fusion: les acteurs peuvent fusionner, ou sinon acquérir la possibilité d’être à part entière un opérateur ou une banque respectivement (Japon). Le modèle japonais se base sur un modèle de «fusion» entre le secteur financier et le secteur télécom. Depuis 2004, l’opérateur télécom NTT DoCoMo propose des services de paiement sans contact sur mobile qui transforment les téléphones portables en porte-monnaie électroniques. Pour ce faire, la compagnie a racheté une banque pour la création des comptes bancaires et la gestion des problématiques de crédit. Ainsi, dans ce modèle, cet acteur télécom contrôle toute la chaîne de valeurs.
Source: www.bearingpoint.fr
analyse
Du M-Pesa au M-Kesho C’est avec Equity Bank, une banque commerciale offrant des services de microfinance, que M-Kesho a été lancé. Moins de deux ans après, 700.000 comptes ont été ouverts pour un total de quelque 8 millions US $ de dépôts. Sur le site web de l’entreprise (www.safaricom.co.ke), on peut constater que ce n’est plus la seule possibilité d’avoir un compte bancaire. A travers le service "M-Pesa to Bank" ou encore "Bank to M-Pesa", il est possible aux abonnés du service d’avoir accès à leur compte bancaire ou d’effectuer des opérations bancaires à partir de leur téléphone portable. Les banques concernées sont Barclays Bank, Commercial Bank of Africa, Consolidated Bank, Cooperative Bank, Equity Bank, Family Bank, Housing Finance, BCK Bank, K-Rep, National Bank, NIC Bank, Post Bank, Standard Chartered et Transnational Bank. "Avec M-Pesa to Bank et Bank to M-Pesa, les clients ont la possibi-
© Photo D.R.
Comme on peut le constater sur son site web (www.safaricom.co.ke), M-Pesa ne se limite plus seulement au transfert d’argent. Depuis 2010, l’opérateur Safaricom a mis sur pied M-Kesho, un service supplétif à M-Pesa, qui permet d’avoir un compte bancaire (épargne) dans une banque traditionnelle à travers son téléphone portable.
lité de déposer de l’argent sur leurs comptes bancaires à partir de leur M-Pesa, et de retirer de l’argent de leur banque pour le mettre sur leur compte M-Pesa sans visiter la banque", lit-on sur le site de Safaricom. Le coût des transactions M-Pesa banques est fixé par les banques et diffère d’une banque à l’autre.
Safaricom, une longueur d’avance sur ses concurrents Ce succès a même suscité la concurrence entre les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, qui ont lancé des services similaires au M-Pesa. Ainsi, trois autres banques (BCK Connect, Pesa-Connect et Family Bank’s Pesa Pap) ont introduit des produits de paiement mobile, et les opérateurs de téléphonie mobile tels que Zain ou Essar ont également lancé leur service: Zap pour Zain et Yu Cash pour Essar. Ils n’ont cependant pas connu le même succès que M-Pesa, qui a une longueur d’avance sur ses concurrents. M-Pesa permet désormais de payer les frais de scolarité, des factures (supermarchés, taxis, billets d’avion, hôpitaux, etc.), d’effectuer des prêts sociaux, ou encore de collecter des fonds. Plus encore, en 2010, le service M-Pesa incluait déjà la possibilité d’envoyer de l’argent via Western Union dans 45 pays.
"Avec le M-Pesa (transfert d’argent), le M-Kesho et le M-Shwari (épargne et prêt), l’Afrique prouve sa capacité d’appropriation et de domestication de la technologie et le Kenya est le laboratoire des services financiers de demain." "Les 9 millions d’utilisateurs de M-PESA transfèrent en moyenne 320 millions US $ par mois." "M-PESA traite davantage de transactions au Kenya que Western Union dans le monde entier."
Les chiffres du M-PESA
Plus de 14,6 millions d’utilisateurs actifs en Mars 2012. 650 millions de dollars $ de transaction mensuelle. 10 milliards de dollars ont transité par M-Pesa en 2012. 80% des adultes ont accès aux systèmes financiers en 2012, contre 20% en 2006.
AFRIcan business journal | N°07 | 57
actualité avis d’expert
Par Van Manchette, Rédacteur en Chef du site www.afrik-online.com
«Qui reporte à demain trouvera malheur en chemin». Cette maxime résume bien le sujet sur la procrastination. C’est le cauchemar du calendrier. La manie de systématiquement reporter à plus tard ce qu’on avait projeté de faire maintenant. Dans certains cas elle devient maladive. Est-ce votre cas aujourd’hui? Si oui, ne désespérez pas. Il est possible de limiter les dégâts. Comme pour toute autre pathologie, pour en guérir, l’étape préliminaire et non moins significative est la prise de conscience de son handicap, l’acceptation du fait. Une fois que vous avez accepté que vous avez un problème, il est plus facile pour vous d’envisager des solutions. Comment savoir si on est atteint de la procrastination? • Vous trouvez qu'une tâche est coriace, du coup vous la remettez à plus tard? • Vous abandonnez facilement lorsque vous rencontrez des difficultés dans ce que vous faites? • Il vous arrive de vous demander souvent si cela vaut la peine de se tuer à la tâche? • Vous appréhendez de commencer un travail? • Vous avez une fâcheuse habitude à vouloir faire plein de choses en même temps, à telle enseigne que vous n'avancez pratiquement sur rien? • Tout travail peu motivant vous rebute? • Vous vous débrouillez pour vous trouver des excuses de faire autre chose que ce vous avez à faire? • Commencer un travail, ça vous savez faire mais le plus difficile, c’est que vous ne le terminez jamais?
58 | AFRIcan business journal | N°07
Comment vaincre la procrastination?
• Vous vous confortez à l’idée, qu’après tout, le ciel ne tombera pas si vous ne vous mettez pas au travail tout de suite? • Vous avez une liste de choses à faire sur un pense-bête mais vous ne savez pas par où commencer? • Vous avez du mal à vous concentrer sur ce que vous êtes en train de faire et avez l’impression d’être ailleurs? Si vous avez répondu par l’affirmative à la plupart de ces questions, c’est que vous avez une propension à la procrastination. Quelques conseils pratiques • Ne soyez pas trop durs envers vousmêmes. Dites-vous bien que vous n’êtes pas le seul dans cette situation et changez votre façon de voir les choses. • Revoyez vos priorités en établissant une liste de tâches à faire par ordre d’importance. • Adoptez la «Agenda attitude», pensez à programmer l’essentiel. • Commencez par abattre le plus dur, il vous sera alors plus aisé d’effectuer les plus simples besognes. • Supprimez de votre environnement tout ce qui est susceptible de vous gêner dans votre travail. • Fixez-vous des objectifs raisonnables et atteignables. • Engagez votre loyauté à finir la tâche que vous vous seriez assignée. • Savourez votre «victoire» en vous offrant une petite récompense, à la fin de chaque tâche. • Considérez comme exploit le fait de terminer une activité, pour vous motiver davantage.
• Mettez-vous au travail dès que vous vous sentez en forme, cela rendra votre tâche moins difficile. • Répartissez vos tâches en plusieurs étapes, pour ne pas vous laisser intimider. • Dites-vous qu’il n’y a aucune honte à s’autoriser de petites pauses. Bien évidemment, cette liste n’est pas exhaustive et est susceptible d’être augmentée.
avisactualité d’expert
Comment procéder à une analyse SWOT de votre carrière
Une Carrière est définie par le Oxford English Dictionary, comme la manière dont une personne «court ou progresse dans la vie (ou une partie distincte de la vie)». Elle peut également se rapporter à un métier ou une profession. En un mot, votre carrière est votre vie, choisissez judicieusement! Comment pouvez-vous être sûr de la bonne voie à suivre dans votre carrière? Un concept utile - une analyse SWOT de votre carrière. L'analyse SWOT est un outil commercial très utilisé en planification stratégique pour évaluer un projet ou une entreprise commerciale. Le mot SWOT est un acronyme qui signifie Strengths (les Forces), Weakness (les Faiblesses), Oportunity (les Possibilités) et Threats (les Menaces). Cet outil de planification stratégique peut être adapté au processus de planification de carrière pour donner des résultats utiles. Ce qui rend particulièrement puissante l’analyse SWOT est qu’avec un peu de temps de réflexion, elle peut vous aider à découvrir les possibilités que vous n'aurez pas repérées. Et partant, la compréhension de vos faiblesses. Vous pouvez gérer et éliminer les menaces qui pourraient nuire à votre capacité à aller de l'avant. Si vous vous regardez vous-même en utilisant le cadre SWOT, vous pouvez commencer à vous démarquer de vos pairs, et à développer des talents et des aptitudes dont vous avez besoin pour faire progresser votre carrière. Un guide rapide sur la façon de mener une analyse SWOT de carrière Points forts: Les points forts (Strengths), ce sont les aspects positifs de votre
Par Segun Akiode, Coach
carrière qui sont sous votre contrôle et sur lesquels, vous pouvez baser votre processus de planification de carrière. Ces domaines comprennent (mais ne se limitent pas à) la qualification pédagogique, la certification professionnelle / affiliation, l'expérience professionnelle, la connaissance technique de votre domaine, les caractéristiques personnelles, spécifiques des compétences peuvent être transférées. L'idée ici, est de jouer sur vos points forts. Fa i b l e s s e s : L e s p o i nt s fa i b l e s (Weakness), ce sont les aspects négatifs de votre carrière qui sont sous votre contrôle et sur lesquels vous avez l'intention de vous améliorer. Ces domaines comprennent, mais sans s'y limiter, le manque d'expérience professionnelle, le niveau faible dans la formation, la faiblesse des connaissances techniques, la faiblesse des compétences de recherche d'emploi. L'idée n'est pas de se concentrer sur vos points faibles, mais de les reconnaître et de trouver des moyens de réduire leur impact sur votre carrière. Opportunités : En multipliant les possibilités, nous nous référons aux conditions extérieures positives sur votre carrière et qui ne sont pas sous votre contrôle, mais que vous pouvez envisager d’utiliser à votre avantage. Celles-ci incluent la croissance économique dans un domaine qui mène à la création de plus d'emplois, le progrès technologique et la mondialisation, l’opportunité de développement professionnel dans votre domaine. L'idée ici, est de vous
permettre de maximiser ces opportunités à votre avantage. Menaces : Par menaces, nous nous référons aux conditions extérieures négatives sur votre carrière et qui ne sont pas sous votre contrôle, mais vous pouvez envisager de réduire leurs effets sur vos aspirations professionnelles. Elles incluent les tendances économiques négatives qui peuvent conduire à la guerre des talents, une réduction des effectifs, des demandeurs d'emploi qui ont des compétences supérieures / expérience aux vôtres. L'idée est pour vous, de planifier votre carrière afin de réduire ces menaces autant que vous le pouvez. La liste ci-dessus de l'analyse SWOT n'est pas exhaustive, n'hésitez plus et faites votre propre analyse de carrière par la méthode SWOT. Une fois que vous avez le résultat de votre analyse SWOT, vous pouvez l'utiliser comme un guide pour choisir une carrière ou postuler à un emploi. L'objectif d’une analyse SWOT est d’être mieux armé dans le processus de planification de sa carrière et de se réconcilier avec le fait que vous pouvez effectivement la prendre en main.
AFRIcan business journal | N°07 | 59
actualité avis d’expert
Par Pr Abdoulaye Sakho, Agrégé des Facultés de Droit, Université Cheikh Anta Diop
La crise financière de 2008 a permis aux citoyens du monde entier de se familiariser un peu plus avec le concept de régulation et surtout, de comprendre son utilité dans les économies contemporaines. La régulation est un mode de gestion d’une économie en mutation. Ce qui est tout à fait la caractéristique des économies africaines surtout en Afrique de l’Ouest depuis la fin des années 80: on est dans une sorte de système hybride où ni l’Etat, ni les Privés, ne se sont imposés en termes de leadership dans l’influence quant aux déterminants et à la conduite des politiques publiques. Lorsqu’on y ajoute le fait que les entreprises s’organisent de plus en plus sur des bases non pas Nationales mais Régionales voire même Continentales et qu’en plus elles ont besoin d’une certaine interconnexion entre elles, on ne peut que s’en remettre à la régulation pour gérer tous les intérêts en présence dans les différents secteurs clés de l’activité économique. Ainsi, l’extension géographique de l’assiette de l’investissement des entreprises, du territoire national vers le territoire régional, imprime un intérêt particulier à la question de la régulation. C’est ce qui en fait un objet d’analyse pertinent dans la perspective d’appréhender «le droit comme enjeu dans le développement économique en Afrique». La régulation est susceptible d’être appréhendée selon trois axes de réflexion qui concernent respectivement l’économique, le politique et le juridique. La régulation dans les espaces d’intégration communautaire en Afrique est aujourd’hui une nécessité économique avérée, une
60 | AFRIcan business journal | N°07
La régulation comme mode de gestion d’une économie en transition
exigence politique souhaitée et, progressivement, une obligation juridique dont l’effectivité est très souvent mise à rude épreuve. Ce qui n’est pas du tout propre au Droit de la régulation et qui est liée à la question globale de l’application du Droit en Afrique. Nécessité économique et exigence politique Cela dit, il est en effet symptomatique de remarquer que depuis quelques années, la nécessité économique et l’exigence politique de régulation sont en train de trouver des traductions juridiques par le biais de catégories de normes très peu utilisées jusque-là, tels que l’Acte Additionnel ou l’Acte Uniforme que le système OHADA a introduit dans le corpus juridique africain. La régulation devient dès lors une démarche de conciliation d'intérêts et de principes qui peuvent être divergents voire contradictoires. Une démarche à la fois de prévention et de correction des déséquilibres. Elle passe donc par un travail approfondi et rigoureux mais aussi et surtout par une quête permanente de la solution, la meilleure, au mieux des intérêts de tous. La théorie de la régulation appliquée au politique et au processus contractuel de l’administration (marchés publics, délégation de service public, contrats de partenariat) apparaît comme souhaitable en ce sens qu'elle propose de soumettre l'Etat à des principes de bonne gouvernance ou à des principes relevant de la garantie des droits et libertés publiques dans le but de garantir sa neutralité. Le Droit est aujourd’hui en première ligne
de la construction des grands ensembles économiques. En Afrique, c’est de plus en plus le Droit qui va structurer et impulser les nouveaux rapports susceptibles d’assurer l’intégration économique, condition de notre sortie du tunnel de la marginalisation face à la mondialisation de la production et des échanges.
avisactualité d’expert
Le modèle de résolution des conflits : comment résoudre un conflit de manière élégante
Les psychologues sont d’accord sur le fait qu’il faut résoudre les conflits si on veut prévenir une impasse et une récrimination dans la perspective de restaurer une stabilité dans les relations et renouer le fil du dialogue. Mais la question est: Comment y parvenir? En principe, il y a six (06) différentes façons de traiter une situation de conflit: la fuir, y faire face, abandonner/renoncer, esquiver et s’en remettre à un arbitre, le règlement à l’amiable et parvenir à un consensus. 1- Fuir ses responsabilités: c’est chercher à s’échapper face au conflit. Avec cette attitude, le conflit n’est pas résolu et la situation revient toujours à la case départ. Les choses sont dans l’impasse et tout le monde est perdant. Nous sommes dans une situation perdant-perdant. 2- Faire face à la situation: Ceux qui traitent un conflit avec un seul objectif et un seul but visé, le gagner, peuvent faire fausse route. Car, pour autant vous avez gagné, pour autant quelqu’un a aussi perdu. Cette approche du gagnant-perdant n’est pas source de tout repos parce que portant en elle-même, les germes de la résistance du vaincu sous toutes ses formes. Nous sommes dans une situation de gagnant-perdant. 3- Abandonner/ Renoncer: Ceux qui abandonnent ou renoncent à prendre position dans un conflit croient la résoudre en se dérobant. Ils ont perdu. Dans ce genre de cas, nous
sommes dans une situation de perdant-gagnant. 4- Esquiver et s’en remettre à un arbitre: Ceux qui se sentent dépassés par un conflit délèguent souvent la prise de décision (et la confrontation aussi) à une tierce personne, à une autre autorité généralement à un niveau supérieur. Ce pouvoir permet de résoudre le conflit pour eux, mais pas forcément à bon escient, et pas nécessairement et toujours dans l’intérêt de celui qui délègue. Il y a un risque que les parties des deux côtés du conflit, ne se retrouvent pas dans la décision de l’arbitre. Nous sommes dans la situation du perdant-perdant.
Par Mikael Krogerus et Roman Tschappeler, Co-auteurs
consensus est une situation gagnantgagnant pour les deux parties parce que personne n’aura perdu la face et ne serait revenu en arrière. Dans le même temps, les parties en conflit développent une "troisième voie" ensemble. Source: The Decision Book
5- Opter pour un règlement à l’amiable: Cela dépend de comment les deux parties vont la percevoir. Une compromission peut être une solution acceptable pour les deux parties même si elle n’est pas la solution idéale qu’on aurait voulue, elle est quand même raisonnable dans les circonstances et pour les parties: Nous sommes dans une situation de gagnant-perdant/gagnant-perdant. 6- Parvenir à un consensus: Le consensus est basé sur la recherche de solutions qui ont été développées par les deux parties. Il s’agit là de trouver une plage de convergence entre les parties et de ne retenir en définitive que ce qui les unit en lieu et place de ce qui les divise. A la différence du règlement à l’amiable, parvenir à un
AFRIcan business journal | N°07 | 61
les cahiers du manager
Par Patrice Langenier / CNAM Paris
Management interculturel
Les sept grands
modèles
Sept grands modèles de management interculturel peuvent être distingués, auxquels il serait possible d’associer d’autres sous modèles. 1. Le modèle africain Il n’y a pas de modèle unique de management africain et diverses formes de sociétés coexistent. Certains facteurs communautaires (aides mutuelles) sont des freins à l’évolution de l’entreprise mais le sens de la solidarité crée de la cohésion sociale et permet souvent d’éviter les conflits. La parole a une valeur sacrée et, associée à l’hospitalité, offre à l’entreprise des éléments d’intégration et d’adaptabilité. 62 | AFRIcan business journal | N°07
2. Le modèle anglo-saxon Dans ce modèle, la société est composée de vainqueurs et de vaincus résultat de la compétitivité (loi de l’offre et de la demande), du besoin d’abondance, d’individualisme et de valeurs patriotiques. La priorité est donnée au financier au détriment du social. La communication reconnue est écrite. Le formalisme et la bureaucratie caractérisent le système de fonctionnement, le temps est l’élément central de la productivité.
3. Le modèle latin Pour comprendre le modèle latin, il faut évoquer le grand contraste entre le rôle centralisateur de l’Etat et le comportement rebelle de ses citoyens. La logique du profit et du bénéfice à tout prix est soumise à des critères sociaux. La notion de succès personnel est liée au respect des traditions et aux valeurs ancestrales du groupe. Les relations sont de type paternaliste entre le chef et ses subordonnés. La culture d’en-
les cahiers duactualité manager
© Photo D.R.
© Photo D.R.
© Photo D.R.
© Photo D.R.
© Photo D.R.
© Photo D.R.
© Photo D.R.
treprise est dominée par la créativité, un équilibre entre le social et l’économique. 4. Le modèle asiatique La Chine : philosophiquement parlant, le modèle chinois utilise les points forts contre les faiblesses des autres (stratégie militaire). En entreprise, des objectifs communs doivent être partagés de tous au sein d’une même famille. Les qualités essentielles pour un manager chinois sont: le savoir, la sincérité, l’abnégation, le courage et la fermeté. La structure des organisations chinoises est simple et informelle avec un mode de prise de décision intuitif, unilatéral et autoritaire. Le Japon : les employés sont excessivement loyaux vis-à-vis de leur entreprise dont le niveau de production est élevé et l’organisation très hiérarchisée. Le système japonais est extrêmement compétitif, assure la sécurité de l’emploi et fonctionne sur des décisions prises d’un commun accord entre toutes les personnes consultées. La Corée : le système de valeurs est binaire, basé sur le Yin et le Yang et influence dans une certaine mesure le management. Mais les manifestations individualistes ne peuvent pas être détachées du groupe. Les groupes se forment sur le principe de la confiance mutuelle, sont formels ou informels. Le système de management est caractérisé par des décisions prises au plus haut niveau, un leadership paternaliste, la recherche de l’harmonie de l’individu dans le groupe, la flexibilité et la mobilité. 5. Le modèle indien L’Inde pratique une culture dite de «haute distance», avec un mode de management clairement hiérarchisé. Le pouvoir est
très concentré et il établit des relations de dépendance vis-à-vis du manager. L’organisation est basée sur les castes, donc sur une segmentation sociale profonde. La culture de l’Inde est complexe et variée; pourtant le collectivisme est une caractéristique commune à l’ensemble du peuple indien. Les grandes valeurs de l’Inde sont: les valeurs spirituelles, cosmiques (la nature humaine), sociales (le groupe) et humaines (personnelles). 6. Le modèle musulman Quatre niveaux d’existence reflètent le monde musulman: une prise en compte de ses intérêts personnels, des règles de conduite strictes, la prise de conscience du mal, un esprit en parfaite harmonie avec les désirs et besoins essentiels. Ces niveaux d’existence ont des conséquences sur le management et les différents systèmes d’organisation: stratégies adaptées, mode de récompenses, motivation. Les idéaux de justice et de morale expliquent la pratique répandue du «marchandage». Toute forme d’incertitude doit être exclue d’un contrat ou d’une transaction. 7. Le modèle slave Les valeurs slaves se situent entre collectivisme et justice sociale (idéologie socialiste). La motivation est fondée sur les idéaux de progression collective. Le mode de fonctionnement des entreprises est autarcique et des économies parallèles et souterraines se développent. Avec la mort du système socialiste de l’Union soviétique, les pratiques de management se sont libérées et transformées, bénéficiant de la loi de l’offre et de la demande du commerce international. Peu à peu la structure des organisations se démocratise. AFRIcan business journal | N°07 | 63
actualité les cahiers du manager
Les sept dimensions du management interculturel Les auteurs, Fons Trompenaars et Charles Hampden, dans leur ouvrage "Riding the Waves of Culture", distinguent sept dimensions du management interculturel. Le modèle de culture est composé de trois niveaux : un niveau" observable", un niveau "médian" et un niveau "implicite" expliquent-ils dans le livre précité. Dimension 1, la distance du pouvoir: il s’agit du degré d’acceptation d’un pouvoir réparti inégalement entre les individus. Dimension 2, l’Evitement de l’incertitude: cette dimension permet de mesurer les différences de choix des Nations en matière de lois et de régulations visant à éliminer les cas d’ambiguïté. Dimension 3, l’Individualisme face au collectivisme: nous distinguons d’une part les cultures individualistes des pays développés, où c’est la solitude de l’individu qui domine en dépit de la richesse matérielle (Etats-Unis, Australie, Europe), d’autre part les cultures collectivistes (Chine, Japon, Inde) où la crainte du rejet hante les esprits. Là bas, la famille et les objectifs de groupe occupent une place importante à la famille, aux objectifs du groupe. Dimension 4, les Cultures masculines face aux cultures féminines: la culture masculine est globalement individualiste, la culture féminine se veut collectiviste. Dimension 5, Dimension 5, l’orientation à long terme face à l’orientation à court terme: il s’agit du niveau où les personnes croient au consensus, d’où l’autre appellation de ‘’dynamisme confucianiste’’. Cette dimension fait référence à la stabilité personnelle, au respect de la tradition selon les enseignements de Confucius. Les 5 premières sont liées aux problèmes avec autrui: l’universel et le particulier, le groupe et l’individu, l’objectivité ou la subjectivité, le limité ou le diffus et les réalisations ou la position sociale. Dimension 6, elle est liée au temps qui passe. Dimension 7, elle est relative à l’environnement. 64 | AFRIcan business journal | N°07
Analyse des compétences interculturelles dans l’entreprise La compétence interculturelle s’inscrit dans le cadre des compétences professionnelles. Quatre niveaux différents de compétences professionnelles existent : techniques, sociales, participatives et méthodologiques. L’inter-culturalité repose sur la mise en œuvre de comportements communicatifs divers en acceptant la diversité de ses participants : tolérance et attentes positives sont essentielles. Pour développer des compétences interculturelles il faut : • De la transversalité au sein de l’entreprise (fonctions multi disciplinaires). • Des possibilités d’interactions multiples entre les individus. • Un sens développé de l’ouverture relationnelle. La compétence interculturelle est caractérisée par trois niveaux: émotionnel, cognitif et comportemental. Elle se traduit par la notion primordiale «d’adaptation transculturelle», reposant sur trois phases essentielles pour l’individu dans son activité professionnelle que sont le diagnostic, la relation et la confrontation.
les cahiers du manager Synthèse / Octave Dossou
Faire émerger un état d’esprit constructif Notre façon spontanée de gérer les situations difficiles est le plus souvent.. de ne pas les gérer! Notre créativité est sans limites pour nous donner l’illusion que nous assumons notre responsabilité et prenons en charge la résolution du problème. Mais en réalité, dans beaucoup de situations délicates, nous agissons inconsciemment de façon à éviter le problème, conduisant la situation à perdurer. Petit à petit, nous nous persuadons que les choses ne peuvent pas changer, et qu’il est vain d’essayer. Quatre postures à adopter pour faire émerger un état d’esprit constructif, selon Chris Argyris dans son livre "Organizational Traps". Lorsqu’une situation insatisfaisante s’installe dans la durée, un réflexe naturel est de nous convaincre que nous n’y pouvons rien: c’est la faute des autres, d’un contexte difficile, des impondérables, de la culture d’entreprise…Pourquoi réagissons-nous de façon aussi peu constructive?
Les psychologues montrent qu’il s’agit d’un phénomène humain très partagé, qui permet de nous protéger. En essayant de ne pas changer les choses, nous ne nous exposons pas au risque d’échouer, et nous pouvons ainsi incriminer la fatalité plutôt que nous-mêmes. Dans le même temps, nous
aimons nous croire courageux et penser que nous avons le sens des responsabilités… C’est pourquoi nous avons tendance à nous voiler la face en étant sincèrement convaincus que nous faisons de notre mieux, mais subissons des contraintes totalement hors de notre portée. AFRIcan business journal | N°07 | 65
les cahiers du manager
© Photo D.R.
xxx
Rejeter le reflèxe de la victime C’est ainsi que prédominent dans beaucoup d’entreprises, des comportements consistant à récriminer contre une situation, tout en s’y conformant au nom de la fatalité et de l’impuissance – contribuant de fait à la pérenniser. Aborder les problèmes de façon constructive commence par rejeter consciemment cette posture de victime. De fait, nous avons presque toujours une marge d’action, qu’il ne tient qu’à nous de saisir. Chris Argyris, dans son livre "Organizational Traps", recommande pour cela, de prendre note des pensées qui nous traversent l’esprit lorsque nous sommes face à une situation indésirable. Cette démarche permet de prendre conscience des 66 | AFRIcan business journal | N°07
tentations de rejet de la responsabilité sur d’autres personnes ou sur "le système". On peut alors délibérément prendre le contre-pied de cet état d’esprit. Si par exemple, vous vous dites: "Il ne veut décidément pas comprendre", réagissez et forcez-vous à vous demander: "Qu’ai-je mal expliqué? Comment pourrais-je reformuler la situation pour l’aider à s’approprier le problème? Quelle part de sa vision des choses pourrais-je intégrer dans mon raisonnement?" De même, si vous ressentez de la lassitude face à des résultats catastrophiques sur un marché en crise, vous gagneriez à "retourner le problème" pour adopter une posture active: "Dans ce marché en plein bouleversement, quelles
sont les opportunités que nous pourrions saisir?". Pratiquer régulièrement ce changement de vision permet de développer de nouveaux réflexes, plus propices à prendre ses responsabilités face aux difficultés plutôt que de les subir. Aborder ouvertement les problèmes Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on observe souvent que les véritables problèmes sont rarement discutés. Fréquemment, le débat porte sur un sujet connexe, un "faux problème" qui donne le sentiment de s’affronter de façon constructive et de savoir trouver un terrain d’entente. Ce phénomène a connu son paroxysme chez Intel sous la direction d’Andrew
les cahiers du manager Grove. Celui-ci s’était entouré de personnalités brillantes dont il attendait qu’elles aient le courage de leurs convictions. Il décrivait son mode de management comme exigeant et transparent, récompensant la performance individuelle sur des critères objectifs, et non sur la qualité de la relation personnelle. Or, dans les faits, cette posture rendait taboue toute discussion portant sur les relations entre personnes. Tout un pan des problèmes qui ont émergé était donc occulté. Les échanges, en apparence directs, dissimulaient les enjeux relationnels des sujets abordés. Les subordonnés de Grove ajustaient ainsi leur propos pour se conformer à ce que leur patron voulait entendre. Convaincu d’être à l’écoute des opinions de son entourage, celui ci ne comprenait pas les blocages qu’il constatait. Être conscient de ce piège oblige à s’interroger de façon systématique. Est-ce que je soulève réellement les problèmes qui me tiennent à cœur? Mes propos exprimentils vraiment ce que je veux dire ou minimisent-ils le problème? Aborder les problèmes de façon constructive implique en effet d’accepter d’engager des discussions inconfortables et de prendre le risque de ne pas maîtriser la réaction de son interlocuteur. Mais, c’est à ce prix que l’on aura une chance de traiter des vrais sujets. Identifier ses contradictions Lorsque nous voulons changer les choses, nous nous efforçons le plus souvent d’incarner les nouveaux comportements que nous promouvons. Mais, les difficultés surviennent lorsque
nous sommes stressés, dans l’urgence où pour mieux maîtriser les risques, nous revenons à nos comportements réflexes, sans nous en rendre compte. Beaucoup de managers qui prônent la délégation et valorisent la prise d’initiative se trouvent dans ce cas de figure. Inévitablement, il arrive un moment où, pressé par le temps ou désappointé par une erreur commise par un subordonné, le manager reprend les choses en main: il reprend en direct une partie du dossier, demande un reporting plus complet, souhaite valider plus de décisions, commence à micro-manager. Pour autant, il continue à valoriser en théorie la délégation, et continue à l’affirmer haut et fort. Lorsqu’elles sont inconscientes, ces contradictions peuvent être dangereuses : elles laissent penser que les exhortations à changer ne sont pas sincères, suscitant alors la défiance de l’entourage. Le plus constructif dans de telles circonstances est de reconnaître l’existence de ces contradictions et d’en assumer la responsabilité. Certes, il serait préférable de se montrer toujours cohérent avec ses intentions, mais plutôt que de vouloir sauver les apparences, mieux vaut accepter que ce n’est pas toujours le cas. Cela favorise la lucidité en recherchant activement où se situent les contradictions. Des erreurs de raisonnement peuvent ainsi apparaître. Surtout, les contradictions peuvent alors être évoquées et discutées, laissant moins de place à l’interprétation et au cynisme. Réévaluer les croyances à l’origine des problèmes Face à un problème, la tentation
est forte de trouver rapidement une solution. Ce faisant, le risque est grand de se contenter d’une rustine qui cédera dès que la pression remontera. Une attitude constructive et responsable requiert au contraire de rechercher une solution durable au problème. Pour cela, on ne peut pas se contenter de décider de changer ses comportements, ou d’exhorter son interlocuteur à le faire. Il faut impérativement rechercher les motivations qui ont poussé à adopter ces comportements. Thomas est un dirigeant à qui l’on reproche de ne pas jouer suffisamment le jeu collectif. De fait, il reconnaît qu’il a tendance à prendre ses décisions unilatéralement. Lorsqu’il est convaincu du choix à faire, il peut négliger de consulter ses collaborateurs. Pour lui, faire le contraire serait en effet fictif et hypocrite, puisqu’il connaît déjà sa décision! D’autant plus que l’entreprise évolue dans un marché mouvant: perdre du temps en consultations superflues peut faire manquer des opportunités. Pour autant, il admet que l’esprit d’équipe est fondamental au succès, et s’engage à collaborer plus. Reformuler ses valeurs pour favoriser un état d’esprit constructif: Des valeurs à revisiter Aussi louables soient-elles en apparence, les valeurs universelles auxquelles la plupart d’entre nous essayons de nous conformer peuvent être interprétées de façon à ancrer des réflexes défensifs. S’interroger sur leur sens profond permet de créer les conditions d’une culture de prise en charge constructive des problèmes. AFRIcan business journal | N°07 | 67
les cahiers du manager Aborder ouvertement les problèmes ne signifie pas être brutal • Appuyez-vous sur des faits plutôt que de présenter des jugements qui pourraient braquer votre interlocuteur. À noter: vos ressentis constituent un état de fait. Ex: "Je n’ai pas reçu votre rapport d’activité la semaine dernière. C’est la deuxième fois en un mois. Je suis agacé, mais aussi un peu inquiet." • Présentez votre perception de la situation comme une hypothèse, et non comme une conclusion sans appel. Ex: "Je m’interroge: prenez-vous suffisamment au sérieux le besoin de reporting?" • Utilisez un style direct et explicite. Évitez les euphémismes. Proscrivez le style passif ou impersonnel. Parlez à la première personne. Ex: "Le retard de votre rapport me gêne’’ plutôt que ‘’Les retards sont pénalisants". • Exprimez aussi vos doutes et vos interrogations. Cela ouvrira le débat. Ex: "Avez-vous rencontré une contrainte que j’ignore?" • Identifier les inévitables contradictions entre les valeurs proclamées et certains des comportements observés permet d’en minimiser l’impact. "Vous dites travailler en toute confiance avec M. X. Comment se fait-il que vous n’arriviez pas à lui faire part en toute sincérité de vos griefs?" "J’essaie d’être transparent. Mais dans une situation comme celle-ci, j’ai un devoir de confidentialité et je ne peux pas vous donner tous les éléments. Je vous en reparlerai dès que possible". "Nous valorisons tous la confrontation des idées. Cela ne veut pas dire que les conflits sont agréables à vivre! Nous nous sommes énervés Essayons de reprendre les choses de manière constructive".
Quatre conditions doivent être remplies pour promouvoir un état d’esprit constructif. 1- Refuser de se positionner en victime. 2- Aborder ouvertement les problèmes. 3-Identifier ses contradictions. 4- Réévaluer les croyances à l’origine des problèmes
68 | AFRIcan business journal | N°07
A partir de situations réelles, interrogez-vous sur : >> Quels bénéfices vous procurent les comportements que vous essayez de changer? Que craignezvous si vous y renoncez? Ex : Je ne délègue pas assez. Cela me donne un sentiment de contrôle. J’ai peur en déléguant que la qualité dont je suis responsable ne soit pas assurée.. >> Quelles sont les hypothèses fondamentales qui sous-tendent votre raisonnement? Avez-vous validé ces hypothèses? Ex : Je suppose que la qualité prime avant tout et ne souffre pas d’exception. Je suppose que je suis le mieux à même d’assurer cette qualité. >> Avec quels autres engagements votre désir de changer est-il en conflit? Ex : Je dois assurer un travail de qualité irréprochable. >> Comment pourriez-vous reformuler vos hypothèses pour les rendre compatibles avec le changement désiré? Ex : Je dois assurer un travail de qualité sur la durée. Seul, je risque de ne pas y parvenir. Je dois donc former mon équipe pour assurer cette qualité.
les cahiers duactualité manager
Agir plutôt que de subir
Accompagnement au changement
Conflits, manipulation, rejet de responsabilité sur les autres, manque de transparence… Ces comportements sont omniprésents dans les organisations. Pour autant, ils ne sont pas nécessairement révélateurs de personnalités dysfonctionnelles ou mal intentionnées soulignent certains psychologues des organisations.
Traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est. Traitez-le comme il doit et peut devenir, il deviendra ce qu'il doit et peut être. Goethe.
Le plus souvent, il s’agit de la conséquence bien naturelle de réflexes profondément ancrés chez l’être humain: des mécanismes de défense censés nous protéger, mais qui s’avèrent contre-productifs dans le contexte de l’organisation. Prendre conscience de ces réflexes est une première étape pour mieux les maîtriser et adopter un état d’esprit constructif. Les comportements dysfonctionnels sont légion dans les organisations. Conflits larvés, dissimulation d’information, jeux politiques et résistance passive sont la norme plus que l’exception. Parfois partie intégrante de la culture d’entreprise, parfois regrettés par la majorité, mais subis comme s’ils étaient inévitables. De fait, confrontés aux comportements défensifs, nous nous sentons démunis. Chacun, en son for intérieur, aimerait que les choses se passent autrement. Mais la croyance partagée est qu’il serait vain de tenter de changer ces comportements. ‘’C’est toujours pareil’’, entend-t-on dans les couloirs. ‘’Ils n’écoutent jamais. Ils refusent de prendre en compte les contraintes des autres. Ils défendent leurs intérêts au détriment du collectif’’. De telles récriminations surviennent lorsque nous nous sentons piégés par une situation qui ne nous convient pas, mais à laquelle nous ne voyons pas d’issue. Nous abdiquons et composons avec des normes de comportements insatisfaisantes, mais omni-
Traditionnellement, on parle de changement dans une organisation lorsque "quelque chose ne va pas". Ce qui amène à une logique de "résolution de problèmes" où l'organisation elle‐même est considérée comme un problème à analyser puis à surmonter en mobilisant dessus l'attention et l'énergie du groupe. Sans occulter les dysfonctionnements, l'Investigation Appréciative propose de les aborder autrement en considérant au préalable que : • Quelque soit le niveau de difficulté auquel un système est confronté, il y a quelque chose en son sein qui fonctionne bien. • Le futur dépend de ce sur quoi nous concentrons notre attention. •Nous avons plus confiance dans notre futur si nous emmenons avec nous des éléments du présent et tant qu'à choisir, autant prendre ceux qui sont positifs. • Il est important de valoriser nos différences.
L'investigation appréciative
présentes. Pire, nous nous adaptons: si les autres défendent avant tout leurs intérêts, il serait suicidaire de ne pas chercher à défendre les nôtres! Sans nous rendre compte que ce faisant, nous contribuons à notre tour à faire de ces comportements, la norme partagée. Une culture de responsabilité Les travaux de psychologues des organisations montrent qu’il est possible d’inverser cette tendance. Il est réaliste et productif de faire les premiers pas pour insuffler une culture de responsabilité. Certes, un individu ne peut à lui seul changer la culture d’une entreprise. Mais prendre le risque d’une attitude constructive a un effet rapidement bénéfique et souvent contagieux. À titre individuel, tout d’abord: se donner les moyens d’agir, plutôt que de subir une situation désagréable, est source d’énergie. Et montrer la voie a souvent un effet d’entraînement: beaucoup aspirent à une ambiance de travail constructive et se révèlent ainsi prêts à suivre à leur tour. Pour cela, il faut en premier lieu prendre conscience des réflexes défensifs qui nous poussent à adopter des comportements contre-productifs. Reste alors à promouvoir par l’exemple un nouveau modèle comportemental, plus propice à la confrontation constructive, à la discussion ouverte des problèmes, et à l’apprentissage.
AFRIcan business journal | N°07 | 69
le modèle pdg
Performance-Développement-Gestion
Le modèle PDG (Performance -Développement-Gestion), élaboré par le Laboratoire de Recherche sur la Performance des Entreprises (LaRePE) de l’Institut de Recherche sur les PME (IRPME) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), se décline en 3 articulations: le modèle PDG Leadership, le modèle PDG Manufacturier et le modèle PDG pour les Services industriels.
70 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
les cahiers du manager
les cahiers duactualité manager Le modèle PDG Leadership C’est un modèle permettant au Chef d’entreprise de se connaître en tant que Leader. Il présente l’évaluation que le dirigeant fait de son propre leadership et la met en parallèle, avec celle effectuée par des membres de son entourage qu’il a préalablement identifiés. Le modèle PDG Leadership permet d’obtenir un portrait des forces et des faiblesses du Chef d’entreprise en évaluant 30 compétences clés en matière de gestion des ressources humaines et de leadership regroupées en six catégories : Gestion stratégique et direction générale d'entreprise. Gestion opérationnelle centrée sur les résultats. Résolution de problèmes et prise de décision. Gestion des ressources humaines. Relations interpersonnelles et influence. Gestion de soi. Le modèle PDG Manufacturier C’est un outil de diagnostic et de gestion stratégique pour les PME manufacturières. Il évalue plus d’une cinquantaine de pratiques d’affaires et façons de faire par rapport à un groupe témoin constitué d’entreprises ayant adopté la même stratégie de développement. Ce modèle mesure l’efficacité de l’entreprise à partir de 17 indicateurs de performance spécifiques. Ce modèle permet aussi de faire une vision panoramique de l’ensemble des fonctions de l’entreprise en vue d’identifier des sources possibles d'amélioration afin d’optimiser la performance de l’entreprise et réduire sa vulnérabilité. Le modèle évalue les fonctions suivantes de l’entreprise: Gestion des ressources humaines. Production. Innovation. Ventes/marketing.
L'investigation appréciative
les cinq étapes
Définition : Choix du thème de l'intervention et mise en place de la structure de pilotage du projet.
Gestion et contrôle ainsi que la situation d’ensemble sous les angles de la performance globale et de la vulnérabilité globale. Le modèle PDG pour les Services Industriels Ce modèle de diagnostic et de gestion stratégique est conçu pour les PME des Services industriels. Il évalue la capacité de l’entreprise à remplir sa mission en relevant les deux défis suivants: développer le dynamisme des marchés et de la clientèle et assurer sa pérennité en favorisant l’innovation. L’efficacité de ces pratiques est commentée à partir de 10 indicateurs de performance précis ainsi que de 13 mesures de la vulnérabilité des entreprises. L’outil identifie des sources possibles d’amélioration, dans le but d’aider l’entreprise à remplir sa mission principale: satisfaire les besoins de la clientèle actuelle et potentielle et assurer sa pérennité grâce à une offre de produits/services renouvelée, appropriée et pertinente. Il fournit ainsi au dirigeant, des pistes de réflexion prioritaires concernant des actions à mener les mois suivant le diagnostic afin d’améliorer sa performance ou de réduire sa vulnérabilité.
Découverte : "Apprécier et valoriser le meilleur de ce qui est". Faire ressortir à l’aide d’entretiens, le cœur positif de l'organisation (ses forces et Valeurs fondamentales, ses réussites, ses espoirs et ses attentes). Générer au sein de l'organisation un état d'esprit constructif. Dream : "Donner une vision de ce qui pourrait être". Faire émerger une vision partagée qui repose sur le cœur positif et qui s'ouvre aux nouvelles opportunités. Design : "Dialoguer sur ce qui devrait être". Traduire la vision commune en propositions concrètes innovantes et stimulantes qui propulseront l'organisation vers l'atteinte de ses objectifs. Destinée : "Amener la création de ce qui sera". Faire vivre le rêve et les propositions innovantes en entretenant l'élan de la démarche.
AFRIcan business journal | N°07 | 71
Manager par Objectif Série 3 : suivre et piloter la réalisation des objectifs
© Photo D.R.
Khalid LIMAMY
Expert Consultant en Management de Projet khalidlimamy@gmail.com
Kevin MANDARANO Chef Division Dépôt, Pétro Gabon
72 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R.
© Photo D.R.
Fodé SOUMAH
Kodjo KONDO
Aifale MELEDJE PEDIA
Chef Division Roaming, Togo Cellulaire
Chef de Service Autonome, Direction Générale de l'Economie de Côte d'Ivoire
© Photo D.R.
SG Ministère des Postes et Télécommunications, Guinée
© Photo D.R.
1- Formuler des objectifs 2-Passer le contrat de Résultat 3- Suivre et piloter la réalisation des objectifs 4- Mener l’entretien d’évaluation
© Photo D.R.
SERIES
© Photo D.R.
Réalisé avec la collaboration de
Pepe Patrice LOUA
Coordinateur général Adjoint, Société des Eaux de Guinée
Agba GBANDI
Chargé de recrutement à l'Asecna - Sénégal
feuilleton managérial
les cahiers du manager
les cahiers du manager Objectifs
Pilotage
Formuler des objectifs stratégiques et les décliner en objectifs
MPO
Anticiper et redresser les objectifs
Contribution/ Rétribution Champs d’amélioration Evaluation des résultats Le cycle du Management Par Objectif Faisons une rétrospection en nous remémorant brièvement l’essentiel des deux précédents épisodes de notre feuilleton « Manager Par Objectif » : Suite à un processus de déclinaison qui part des objectifs stratégiques, votre unité s’est vue assignée des objectifs annuels devant traduire sa contribution à la stratégie de l’entreprise. Vous avez décliné à votre tour les objectifs de votre unité en objectifs individuels pour chacun de vos collaborateurs. Chaque collaborateur a donc pris connaissance de son objectif, formulé en résultat à produire dans un délai donné. (voire ABJ n°5 « Manager par Objectif », série 1 Vous avez par la suite mené un entretien de résultats avec chacun de vos collaborateurs pour l’amener à s’approprier ses objectifs. Vos collaborateurs ses sont engagés sur les résultas à produire et vous sur les moyens à mettre à leur disposition. Vous avez validé les résultats par-
tiels et le cap à suivre en vue d’atteindre les objectifs annuels. (voire ABJ n°6 « Manager par Objectif », série 2) Situons-nous maintenant dans le cycle du MPO (voir figure en haut): vous venez de franchir le premier bloc: le bloc « objectif », et vous plongez dans le deuxième: le bloc pilotage. Les feed-back sur les réalisations guident l’action Place maintenant à la mise en œuvre sur le terrain. Les collaborateurs se doivent d’exécuter les plans d’action en vue d’atteindre les objectifs fixés. Pour vous aussi la situation est loin d’être de tout repos : vous devez suivre et piloter les réalisations afin de rectifier le tir au bon moment si cela s’avère nécessaire. Piloter les objectifs consiste à examiner régulièrement les résultats obtenus pour les comparer ensuite aux résultats voulus. « Pas de résultat final conforme à ce qu’on veut réaliser sans feed-back sur les résultas partiels enregistrés chemin faisant», affirme un spécialiste de l’accompagnement dans la mise
en place du MPO dans les organisations. Ce sont donc les feed-back sur les réalisations qui guident l’action. Mais quels sont concrètement les outils à utiliser pour piloter les objectifs? Selon Fodé Soumah, SG Ministère des Postes des Télécommunications de Guinée, deux instruments sont incontournables pour un bon pilotage: Les points d’avancement et les réunions de pilotage. La «charte Méthode» clarifie les règles de suivi de l’avancement et du pilotage L’atteinte des objectifs dépend également de la rigueur du système mis en place pour suivre les réalisations. Pas de place à l’improvisation! Dès le départ, le manager doit s’entretenir avec son équipe pour clarifier les règles de fonctionnement. Le bloc pilotage démarre ainsi par l’élaboration d’une «charte méthode» qui précise les modalités de préparation et de déroulement des réunions d’avancement et de pilotage, notamment:
AFRIcan business journal | N°07 | 73
les cahiers du manager
Les réunions d’avancement permettent de se positionner et de se projeter par rapport aux prévisions Reporting vient du verbe anglais «to report», ce qui peut être traduit en français par "rendre compte". Le reporting est en effet, une entrevue avec le manager pour rendre compte de l’avancement des réalisations. Le collaborateur se doit de reporter clairement l’avancement des réalisations et d’éventuels dérives. Concrètement, deux questions essentielles sont abordées : Où en est-on? et Où va-t-on? Les réunions d’avancement permettent ainsi de se positionner et de se projeter par rapport aux prévisions. Il ne faut surtout pas évoquer les problèmes rencontrés. C’est l’objet des réunions de pilotage ou réunions de résolution de problèmes. M. Kevin Mandarano, chef division dépôt Petro Gabon, prévient dans ce sens: «ils ne faut pas confondre réunion d’avancement et réunion de résolution de problèmes. En règle générale, un point d’avancement ne doit pas dépasser vingt à trente minutes».
74 | AFRIcan business journal | N°07
Lors du pilotage, les jalons (résultats intermédiaires datés) posés lors de l’entretien de résultat sont à suivre de très près. A la date de chaque jalon, vérifiez si le résultat est produit conformément aux prévisions. Si ce n’est pas le cas, déclenchez la sonnette d’alarme : des dispositions urgentes sont à mettre en œuvre pour éviter le décalage exponentiel des autres jalons. © Photo D.R.
• La périodicité des réunions d’avancement; • La durée moyenne d’une réunion; • Le contenu des fiches de «reporting»; • Les recommandations nécessaires pour assurer la fiabilité des informations. La charte permet d’uniformiser le système du reporting. En plus, elle marque, dès le départ l’importance que revêt la phase de suivi et de pilotage des réalisations. Tous les collaborateurs doivent participer à l'élaboration de la charte pour mieux s’approprier les méthodes utilisées, explique Pepe P. Loua, coordinateur général adjoint de la société des eaux de Guinée.
Les réunions de pilotage permettent de maîtriser les dérives La réalité a cette fâcheuse propension à s’éloigner des prévisions: On a beau planifier, rien ne se passe exactement comme prévu. Des imprévus et des manquements surviendront. Il faut alors réagir convenablement pour éviter l’impact sur le résultat final. C’est l’objet de la réunion de pilotage. Une épreuve redoutée par la plupart des managers. Et pour cause, les nombreux pièges auxquels elle expose: s’éterniser sur des faux problèmes, culpabiliser le collaborateur ou d’autres personnes, «psychologiser» l’affaire, ne pas canaliser les efforts vers la recherche de solutions… Une règle infaillible pour les éviter: la loi des 10/80/5/5 • 10 % du temps est consacré à l’énoncé du problème, • 80 % à chercher et trouver des solutions sous forme d’actions sur lesquelles on peut agir rapidement, • 5 % pour évaluer l’impact potentiel des solutions, • 5 % pour planifier la mise en œuvre sur le terrain, • 0 % à discuter des choses qu’on ne peut pas maîtriser et • 0 % à désigner des coupables.
Piloter c’est aussi savoir maintenir l’engagement des collaborateurs Si on doit résumer la mission d’un manager en une phrase, ce serait de «faire réussir ses collaborateurs». Une mission qui prend tout son sens dans cette phase de pilotage des objectifs. En effet, audelà des outils et des instruments, piloter c’est aussi savoir obtenir et maintenir l’engagement de ses collaborateurs. Pour ce faire, rien ne compensera votre intelligence émotionnelle et votre leadership. Pour les développer, deux termes clés sont à retenir : proximité et exigence. Etre proche de ses collaborateurs signifie s’y intéresser sincèrement en tant que personnes, les aider, les encourager et les soutenir. Mais tout étant émotionnellement proche de vos collaborateurs, montrez que vous n’acceptez pas l’échec et que vous êtes obsédés par les résultats. Et faites preuve des mêmes exigences envers vous-même. C’est cet équilibre très subtil qui vous permettra de mener à bien la phase de pilotage. Une phase qui vous conduira jusqu’à la fin de l’année. Pour autant votre feuilleton se poursuit avec une autre phase toute aussi essentielle: l’évaluation des résultats. Ce sera l’objet de la quatrième et dernière série du feuilleton «manager par objectif». A suivre...
© Photo D.R.
success story
Bagoré Bathily PDG de "La Laiterie du Berger"
Un vétérinaire entrepreneur social Dans le domaine de l’industrie laitière au Sénégal, la société de Bagoré Bathily, La Laiterie du Berger (LDB), fait figure de pionnière. Elle est la seule unité productrice qui collecte le lait auprès des éleveurs en vue de sa transformation industrielle.
AFRIcan business journal | N°07 | 75
success story
76 | AFRIcan business journal | N°07
slogan du consommé local, en réalité palpable sur le terrain. Avec deux autres associés, ils réunissent 700 millions de F CFA (fonds propres, capital-risque et crédit bancaire) pour construire une usine à Richard Toll. Devant la floraison d’entreprises laitières orientées vers l’importation du lait en poudre, elle se démarque par sa démarche novatrice, en exploitant le potentiel du terroir. Actuellement, LDB demeure la seule société à s’approvisionner exclusivement en lait local auprès des éleveurs du Sénégal, plus particulièrement dans toute la région nord du pays.
un réseau de collecte du lait frais sur un périmètre de 50 km, l’usine installée au niveau de Richard Toll procède à la pasteurisation et au conditionnement du lait collecté et fait vivre environ 600 éleveurs. ‘’La collecte se fait matin et soir avec des pick-up et le coût du transport est pris en compte dans la fixation du prix d’achat du lait aux éleveurs afin de rester compétitif par rapport à la poudre de lait importée », souligne-t-il. Avec une durée de conservation qui ne dépasse pas une dizaine de jours, les commerciaux font des prévisions, ce qui permet de fixer la quantité à produire et d’éviter les invendus.
"Nous achetons aux plus pauvres pour revendre aux plus riches, mais avec une démarche équitable". Le travail est long et difficile à cause des pistes cahoteuses et l’absence de système moderne de collecte. Quoiqu’il en soit, le promoteur, droit dans ses bottes, tient la barre. Dans un long processus, la LDB collecte le lait qui, par la suite, est traité et conditionné sur place, avant d’être acheminé sur Dakar dans des camions frigorifiques pour y être commercialisé. "Nous achetons aux plus pauvres pour revendre aux plus riches, mais avec une démarche équitable!", résume-t-il. Avec
La LDB bat ses concurrents non seulement sur le plan social, mais également sur l’aspect sanitaire. De l’avis des nutritionnistes "les produits laitiers à base de lait frais traités et conditionnés ont des propriétés nutritives et un goût de loin meilleurs que le lait reconstitué à base de lait en poudre importé".
© Photo D.R.
A force de persévérance et d’abnégation, Bagoré Bathily finit par imposer "sa" Laiterie du Berger (LDB) dans le paysage de l’industrie laitière sénégalaise. Ni la modestie des moyens, encore moins les contraintes liées à la collecte et à la distribution du lait, n’ont émoussé l’ambition de ce vétérinaire sénégalais qui a eu l’idée de mettre à profit, les potentialités endogènes pour impulser le développement. A travers son entreprise, Bagoré Bathily est un exemple réussi de transformation économique de nos richesses sur place, du passage d’une économie de convoitise et de rente à une économie de création de richesses. Bagoré Bathily fait partie de cette génération ‘’d’entrepreneurs africains de la transformation’’. L’aventure démarre en Décembre 2006. Né d’une mère française et d’un père sénégalais, Bagoré Bathily a fait l’essentiel de son cursus scolaire à Dakar où il décroche un baccalauréat scientifique. Il s’envole pour la Belgique et embrasse des études de vétérinaire à l’université de Liège. "Après une expérience de vétérinaire en France, je pars travailler en Mauritanie au service d’une ONG où je développe un savoir-faire spécifique à l’élevage pratiqué par les populations semi-nomades de la région du fleuve Sénégal", renseigne-t-il. Cette expérience va conforter son souhait d’aider les populations autochtones qui ploient sous la misère alors qu’il existe des potentialités en jachère. C’est absurde, explique-t-il que ‘’le Sénégal importe 90% du lait consommé sous forme de lait en poudre, alors que 30% de la population sénégalaise -soit 4 millions de personnes- vivent exclusivement de l’élevage’’. L’idée de Bagoré Bathily, de créer la LDB est partie de ce constat. Le vétérinaire décide de passer à l’action et prend le pari de réaliser son ambition. La Laiterie du Berger est née. Elle traduit le
Chiffre d’affaires, de 8 millions de FCFA en 2009 à…. 1 milliard 400 millions de FCFA en 2012. Grâce à l’opiniâtreté de son promoteur, la Laiterie du Berger est devenue une référence sur le marché des produits laitiers au Sénégal. En 2009, la LDB produisait 2000 litres
success story
© Photo D.R.
par jour tous produits confondus et collectait du lait auprès de 800 éleveurs. En 2012, La LDB vend chaque jour, environ 7 tonnes de produits qui sont distribués dans près de 8000 points de vente au Sénégal. La LDB dispose à ce jour, de deux autres sites au niveau de Dakar qui abritent ses services administratifs, de commercialisation et de distribution, confie Bathily. En raison des difficultés de conservation du lait frais, la LDB se concentre sur le lait caillé. Au cours de la même période, elle affichait de bons résultats avec un chiffre d’affaires qui est passé de 8 millions de FCFA en 2009 à 1 milliard 400 millions de FCFA en 2012, avec de belles perspectives pour 2013.
F CFA, nos concurrents se procurent la poudre servant à reconstituer l’équivalent d’un litre de lait à 190 F CFA. Et ils n’ont pas les mêmes contraintes que nous, qui avons à notre charge, le transport et la conservation", rappelle-t-il. A cela, s’ajoutent les contraintes pour les producteurs d’acheminer le lait vers les consommateurs en raison de l’éloignement de la zone agropastorale des centres urbains qui constituent les marchés principaux où sont écoulés les produits laitiers. "L’autre obstacle au développement de la filière locale est le caractère saisonnier de la production", renseigne Bagoré Bathily. C’est seulement pendant la saison des pluies que le plus gros de la
C’est absurde que "le Sénégal importe 90% du lait consommé sous forme de lait en poudre, alors que 30% de la population sénégalaise - soit 4 millions de personnes - vivent exclusivement de l’élevage". "L’autre obstacle au développement de la filière locale est le caractère saisonnier de la production" Sur le marché des produits laitiers, seul "Lacta" avec sa ferme à Wayambam, produit du lait élaboré à base de lait frais. Mais, à la différence de LDB, Lacta s’approvisionne à partir de sa propre ferme avec des vaches importées d’Europe et a une capacité de production journalière qui tourne entre 2000 et 5000 litres. Cela dit, des contraintes multiformes continuent d’étouffer le sous-secteur. Par exemple, les marges sont moins importantes que celles des entreprises utilisant la poudre de lait. "Alors que nous achetons le litre de lait au producteur 200
production est assuré avant d’être suivi par une production de vache maigre. De tels problèmes ont poussé Nestlé à abandonner la collecte de lait et à délocaliser son usine de production au Ghana. De même plusieurs fabriques de produits laitiers d’envergure importante telles que Saprolait, Saflait et Soca ont fermé boutique. Pour cause de diverses infortunes. 130 salariés et une forte potentialité de croissance Cette initiative à vocation sociale et économique est aujourd’hui montrée en exemple un peu partout en Afrique. En dépit de certaines contraintes, la LDB connaît un franc succès et rafle les distinctions. En 2012, la LDB récolte le
prix "Africa Awards for entrepreneurship" dans la catégorie de la Meilleure des petites entreprises en croissance décerné par "African Leadership Network". Au cours du point de presse annonçant le prix, Bagoré Bathily visiblement comblé dira: "il faut que les entreprises émergent et créent des emplois. C’est ce qu’on essaie de faire avec La Laiterie du Berger qui emploie actuellement 130 salariés". Malgré les très faibles quantités achetées à chaque éleveur, l’impact de la laiterie est visible dans la région. Le litre de lait est acheté à un prix fixe de 200 francs CFA qui garantit une relation de confiance avec les éleveurs. "La laiterie fournit également du fourrage aux éleveurs leur permettant de nourrir leurs bêtes pendant la saison sèche et d’éviter de partir en transhumance, mais aussi un encadrement technique (services vétérinaires et d’insémination)", explique Bagoré. Cet esprit de solidarité se retrouve à tous les échelons de l’entreprise, du fondateur au collecteur. Les collecteurs ont, par exemple, pris l’habitude de rendre des petits services aux éleveurs lors de leurs visites quotidiennes, tels que la recharge de portables en crédits d’appel ou l’achat de pain en ville. C’est d’ailleurs pour cet accent mis au social que LDB est soutenue par Danone Communities -le fonds d’investissement socialement responsable du groupe français qui possède 25% du capital de l’entreprise, soit 340 millions de F CFA. Aussi dans le souci d’optimiser l’investissement qui s’élève désormais à 2,5 milliards de F CFA, l’entreprise a dû s’appuyer sur d’autres bailleurs de fonds, notamment des banques et des agences de développement économique. En dépit du chiffre d’affaires de 1,400 milliard FCFA réalisé par la Laiterie du Berger en 2012, Bagoré soutient que l’entreprise n’est pas encore rentable. Mais, il compte se battre pour la rendre plus compétitive.
AFRIcan business journal | N°07 | 77
© Photo D.R.
portrait
Par Mohamadou SY "Siré"
Bertin Nahum PDG de Medtech
4e entrepreneur le plus révolutionnaire au monde en 2012 Il est né au Sénégal, originaire du Bénin et réside en France. Il est classé quatrième entrepreneur le plus révolutionnaire au monde par le magazine scientifique Discovery Series en Septembre 2012, juste derrière les Américains Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Lui, c’est Bertin Nahum, 43 ans, patron de la TPE Medtech.
78 | AFRIcan business journal | N°07
Bertin Nahum, patron de Medtech, a été classé quatrième entrepreneur le plus révolutionnaire au monde par le magazine scientifique Discovery Series en Septembre 2012, juste derrière les Américains Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Contrairement aux autres lauréats, Bertin Nahum n’est ni spécialisé dans les réseaux sociaux, ni dans l’informatique, mais dans l’assistance robotique à la neurochirurgie. En 2007, il met au point Rosa, un robot capable d’assister un chirurgien lors d’une intervention sur le cerveau. "C’est une sorte de GPS si vous voulez. Grâce à cette machine, l’opérateur va pouvoir atteindre avec précision une zone du cerveau et au lieu d’effectuer l’opération à main levée, c’est le bras du robot qui va agir, explique Bertin Nahum, le PDG de Medtech. Cela peut s’avérer très utile pour poser une électrode ou réaliser la ponction d’une tumeur", ajoute-t-il. Parmi les critères de sélection établis par Discovery Series, l’entrepreneur devait amener une innovation révolutionnaire et améliorer la vie des gens. "C’est sûrement pour ces raisons qu’ils nous ont retenus, suppose-t-il. D’ailleurs, je pense qu’ils ont entendu le témoignage d’une patiente atteinte d’une tumeur au cerveau et opérée grâce à notre machine l’année dernière". D’origine béninoise, Bertin Nahum est né au Sénégal. C’est lors de ses études à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon que son projet mûrit: "En fin de cursus, j’ai participé à la conception d’un logiciel capable de détecter automatiquement des lésions crâniennes à partir de scanners. Ce sentiment d’utilité m’a donné envie de
© Photo D.R.
social
"C’est sûrement pour ces raisons qu’ils nous ont retenus, suppose-t-il. D’ailleurs, je pense qu’ils ont entendu le témoignage d’une patiente atteinte d’une tumeur au cerveau et opérée grâce à notre machine l’année dernière."
consacrer ma carrière aux patients, mais du côté des techniciens, à travers la création de robots susceptibles d’accompagner les chirurgiens dans leurs opérations". Une quinzaine d’hôpitaux équipés En 2002, il crée Medtech et se lance dans le développement d’un robot de la chirurgie du genou. Repéré par une société américaine de chirurgie orthopédique, il revend son portefeuille de brevets à Zimmer, ce qui lui permet d’investir dans le projet Rosa. La première machine est commercialisée en 2009. Depuis une quinzaine d’hôpitaux dans le monde en sont équipés. "On a des machines en Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis, au Canada mais
aussi en Chine et bientôt au Japon et au Moyen Orient", détaille ce chef d’entreprise qui emploie une vingtaine de salariés et qui enregistrait un chiffre d’affaire de deux millions d’euros en Mars 2012. Un robot pour la chirurgie de la colonne vertébrale en ligne dans le collimateur "Ce classement est important car c’est enfin une forme de reconnaissance", réalise-t-il. Grenoble, Nantes, Strasbourg, Paris, au total, sept CHU français utilisent le robot Rosa, qui coûte 300.000 euros. Bertin Nahum compte développer le même type de robot pour la chirurgie de la colonne vertébrale, toujours dans une "optique internationale".
AFRIcan business journal | N°07 | 79
social
"L'entrepreneuriat social, modèle de développement pour l'Afrique"
Quand Muhammad Yunus trace la voie
Participant aux Assemblées 2013 de la Banque africaine de développement, le professeur Muhammad Yunus a donné sa vision de l'entrepreneuriat social et de ce que ce modèle pourrait apporter au développement de l’Afrique. En quoi consiste l'entrepreneuriat social? Comment ce modèle économique a permis de transformer la vie de plusieurs milliers de personnes au Bangladesh? Comment l'Afrique peut, à son tour, s'en inspirer? C'est à ces questions que Yunus, à l'origine de ce projet, a répondu. Au cours du séminaire de haut niveau sur le ‘’développement de l'entrepreneuriat social’’ organisé dans le cadre des Assemblées 2013 de la BAD, Muhammad Yunus, originaire du Bangladesh, prix Nobel de la Paix en 2006, a encouragé les Africains à développer l’entreprenariat social, un système économique à but non lucratif qui a pour seul objectif, de résoudre les problèmes des populations et d'améliorer leurs conditions de vie. "L'entrepreneuriat social, ce n'est pas de la charité ni de la philanthropie", a tenu à souligner le professeur d’économie, Muhammed Yunus. "C'est un système qui a pour but de résoudre les problèmes des populations au quotidien sans faire de dividendes". Selon lui, l'argent ne doit pas être une fin en soi, mais doit servir à transformer la vie des gens. "Tous les bénéfices que nous générons servent à améliorer leurs conditions de vies". Lutte contre la manultrition L'organisme de Yunus s'est aussi engagé à réduire la malnutrition au Bangladesh, en scellant un partenariat avec le groupe français Danone qui produit des yaourts très vitaminés pour les enfants mal-
80 | AFRIcan business journal | N°07
nultris, à des prix très accessibles, notamment en faveur des plus défavorisés. Des écoles ont aussi été créées pour améliorer le niveau d'éducation dans ce pays parmi les plus pauvres du monde. Toutes ces opérations ont poussé Muhammad Yunus à s'intéresser à l'Afrique pour encourager ce type d'initiative sur le continent. Depuis quelques années, il intervient dans de nombreux pays africains avec lesquels il partage son expérience et développe des projets adaptés en faveur des populations les plus démunies. L'Afrique est l'avenir du monde L'entrepreneuriat social peut permettre à l'Afrique de se développer, Yunus en est convaincu. "L'Afrique est l'avenir du monde. C'est un continent avec beaucoup de ressources mais qui n'ont pas été pleinement exploitées", a-t-il affirmé. Selon lui, "il faut mettre en place des structures pour libérer les énergies et développer la créativité. L'Afrique va devenir le grenier du monde". Volontairement optimiste, Yunus assure qu’aujourd’hui "tout est possible en Afrique: les femmes sont déjà très actives, elles gèrent les finances, travaillent beaucoup et sont très impliquées dans le développement. Toutes
les conditions sont réunies. L'Afrique est prête pour le changement. Il suffit d'y croire". Même lorsque Richard Attias, qui anime sa présentation, le titille, lui demandant quels sont les limites de ce système ? Il répond: "Il n’y en pas ! Pourquoi toujours faire des profits au détriment des autres? L’argent ne doit pas être une fin en soi mais utilisé pour transformer la vie des gens". La créativité est le cœur de l’entreprenariat social Muhammad Yunus n’est pas un adepte de la charité. Loin de là. Pour lui, "il ne faut pas toujours attendre que le gouvernement ou que des ONG fassent des choses pour vous. Les citoyens peuvent par leurs propres initiatives changer leur vie. La créativité est le cœur de l’entreprenariat social tandis que la charité étouffe la créativité et met l’individu qui réclame de l’aide dans une position de dépendance". Au contraire, selon celui qui a passé les premières années de sa vie dans son village natal, où il a vu le jour en Juin 1940, "il faut mettre en place des structures pour libérer les énergies et développer la créativité. Telle est la solution qu’il propose pour l’Afrique. Un continent auquel il s’intéresse de plus en plus.
social
© Photo D.R.
De cette union, naitra sa première fille, Monica Yunus. Il finira par divorcer d’elle dix ans plus tard avant de se remarier avec Afrozi Yunus, professeur de physique à l’université de Jahangirnagar, avec qui il a eu sa seconde fille, Dina Yunus. En 1971, après la proclamation de l’indépendance du Bangladesh, Yunus qui avait milité aux côtés des indépendantistes, décide de rentrer dans son pays pour contribuer à son développement.
Grameen bank, la banque des pauvres Muhammad Yunus n’est pas du genre à douter de ce qu’il fait. Un optimisme à toute épreuve qui l’a poussé à créer sa banque d’investissement, la Grameen bank en 1976. Elle fonctionne comme une banque traditionnelle et a à son actif 25.000 employés, accordant des microcrédits aux plus démunis à des taux d’intérêts très faibles. Elle a permis à des millions de femmes de créer leur propre entreprise et de sortir de la pauvreté. Ce système de micro-crédit, basé sur la confiance, l’ex-professeur d’économie l’a mis sur pied après avoir prêté son propre argent aux plus pauvres durant plusieurs mois, voyant qu’ils n’avaient pas accès aux services bancaires. "J’enseignais des grandes théories économiques à l’université et en sortant de chez moi je voyais des pauvres partout. Cette situation m’était devenue insupportable. Je suis allé voir les banques et leur ai dit: "pourquoi vous ne prêtez jamais aux pauvres alors qu’ils ont besoin d’argent?" Elles m’ont ri au nez et dit: "depuis quand les banques prêtent aux pauvres?". Quand Mohammad Yunus révolutionne le crédit C’est depuis cet épisode, qu’il s’est promis de développer le concept du
micro-crédit à travers la Grameen. "La banque des pauvres" fait tout le contraire de ce que font habituellement les banques traditionnelles: Ces dernières "prêtent aux riches, nous nous prêtons aux plus démunis. Elles ne s’intéressent qu’aux hommes, nous nous privilégions les femmes. Elles ne sont présentes que dans les villes, nous, nous sommes dans les villages." Pour Muhammad Yunus ce n’est pas aux gens d’aller vers la banque mais à la banque d’aller à leur rencontre. "C’est ce qu’on a fait en allant rencontrer les femmes dans les villages. Sous l’autorité de leurs maris, elles n’auraient jamais pu se rendre seules à la banque". Chef d’entreprise à 21 ans Issu d’une famille aisée, dont le père gérait une bijouterie dans la deuxième ville du Bangladesh, Chittagong, entreprendre semble une seconde nature chez lui. Troisième d’une lignée de quatorze enfants, dès l’âge de 21 ans, il crée une usine high-tech d’emballage et d’impression du Pakistan oriental. L’affaire est concluante mais il abandonne la gestion à deux de ses frères pour aller étudier aux Etats-Unis. Il y rencontre sa première femme, une jeune américaine d’origine russe, Vera Forostenko, avec qui il se marie en 1970.
Débarqué par force à la tête de sa banque La mise en marche du développement de son pays à travers l’entrepreneuriat social était loin d’être une mince affaire. Il a fallu six ans à l’ex-professeur d’économie pour convaincre les femmes, au début réticentes, à s’engager à prendre un crédit. Beaucoup d’entre elles craignaient de ne pas pouvoir rembourser. En 2011, c’est le gouvernement de son pays qui lui met les bâtons dans les roues, voyant d’un mauvais œil ses activités et l’ascension de sa notoriété. Il lui somme de quitter la direction de la banque alors qu’il est âgé de 70 ans, arguant que l’âge maximum légal pour exercer ces fonctions est de 60 ans. Menacé d’être renvoyé, Muhammad Yunus porte l’affaire devant la Haute Cour de Dakka, la capitale du pays. Mais celle-ci le condamne le 8 Mars 2011 à tirer sa révérence. Il accepte cette décision et quitte ses fonctions de Directeur général, laissant sa place à son adjoint. Aujourd’hui, le théoricien du micro-crédit est bien loin de tout cela. Il est optimiste pour l’avenir et croit beaucoup en la capacité des jeunes à changer les choses dans les parties du monde les plus pauvres: Afrique, Asie, Amérique latine. Le soldat de l’entrepreneuriat social a des projets pleins la tête. Il fourmille d’idées pour inciter les gens à prendre leur destin en main.
AFRIcan business journal | N°07 | 81
actualité social
Africa Progress
Une fondation qui favorise l’entrepreneuriat contre la pauvreté
© Photo D.R.
Par Marlène Marina
Africa Progress, c’est le désir de susciter l’ambition d’entreprendre auprès des jeunes. C’est en voyageant en Côte d’Ivoire et suite à de multiples rencontres qu’elle a succombé au charme de l’Afrique. Mais le constat de la pauvreté est alarmant, elle décide de s’engager. Rencontre avec la promotrice et dirigeante d’Africa Progress, Céline Valensi, pour évoquer le programme de sa fondation et ses ambitions.
82 | AFRIcan business journal | N°07
actualité social
© Photo D.R.
Entrepreneuse avertie, Céline Valensi est convaincue que c’est en donnant de la valeur au travail et en suscitant la création d’entreprise que les africains pourront rebondir et espérer un avenir meilleur.
Céline Valensi dirige une agence de communication à Paris et décide donc de se lancer dans l’aventure de la fondation. C’est après une solide réflexion qu’elle sollicite son réseau afin d’avoir l’appui et l’expertise de nombreuses personnalités et spécialistes du continent Africain. Ainsi la rejoignent, Théo Lam, Victor Vogt, Pascal De Souza, Thierry Guertin, Jacques Nicolaï, Augusto Jantarada, Jean-Michel Brinon, Franck Heurteau et bien d’autres. Très vite, elle décide alors d’ouvrir un bureau à Abidjan avec l’aide de son collaborateur M.N’Dri Brou René, à l’initiative de la première conférence d’appels à projets postcrise en Décembre 2011. Elle met en place un premier programme destiné à venir en aide à la population à travers l’entrepreneuriat. Entrepreneuse avertie, Céline Valensi est convaincue que c’est en donnant de la valeur au travail et en suscitant la création d’entreprise que les africains pourront rebondir et espérer un avenir meilleur. Grâce à une équipe locale dirigée
par N’Dri Brou René et au soutien de ses donateurs, Africa Progress a permis à 30 porteurs de projets, de créer leur propre emploi en 2012. L’ambition de Céline est claire: "Il faut faire passer un message fort concernant l’importance pour les Ivoiriens, mais également pour les Africains en général, d’utiliser l’entrepreneuriat comme un facteur de réussite et de lutte contre la précarité. Nous y croyons également car il est un facteur de croissance pour la Nation. Nous voulons rassembler à travers cet événement des porteurs de projets, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes autour d’un idéal: celui de réussir à bâtir une Afrique forte. Le travail est colossal mais si les gens et les entreprises se fédèrent autour de projets communs les choses deviennent possibles". Tout est dit. L’entrepreneuriat en ligne de mire et les entreprises en toile de fond A comparaison égale, l’entrepreneuriat se développe comme le micro-crédit a su aussi le faire
ces 10 dernières années et le potentiel est là: donner sa chance à chacun en suivant de près chaque projet. Telle est la philosophie qui imprime les actions de la Fondation Africa Progress. De nombreuses questions se posent à la Fondation Africa Progress et nécessitent des réponses claires: Comment susciter l’envie d’entreprendre dans des pays touchés par la crise et la pauvreté? Comment mobiliser toutes les ressources pour arriver à un résultat? Quelles sont les structures d’accompagnement qui permettent de soutenir de tels projets? Comment intégrer une démarche durable? Autant d’interrogations auxquelles Africa Progress essaie de répondre en développant des solutions personnalisées applicables pour chaque situation, en connectant les jeunes, les entreprises et les gens de bonne volonté pour que la situation évolue de manière positive, avec l’entrepreneuriat en ligne de mire et les entreprises en toile de fond. AFRIcan business journal | N°07 | 83
© Photo D.R.
Mutuelle santé en entreprise
Par Marlène Marina
Mode d'emploi
Il existe deux types de mutuelle: la mutuelle santé individuelle et la mutuelle de groupe. La seconde est également connue sous le nom de mutuelle entreprise. Elle est proposée aux employés d’une entreprise déterminée à couvrir leurs éventuels frais de santé. Vous êtes peut-être vous-même dans une entreprise qui vous propose une mutuelle santé de groupe, mais vous ne comprenez pas comment cela fonctionne? Lisez pour comprendre ce qu’est une mutuelle entreprise. Mutuelle de groupe: comment ça marche? Les mutuelles d’entreprise ont été créées pour couvrir les risques de santé des salariés et de leurs familles, aussi bien sur leur lieu de travail qu’au quotidien. Les formules proposées sont souvent adap-
84 | AFRIcan business journal | N°07
tées à la fois aux besoins de santé des salariés qu’au profil de l’entreprise. Basé sur un système solidaire, le contrat de mutuelle d’entreprise offre les mêmes garanties à tous les employés d’une même entreprise. Ces garanties s’étendent également à la famille du salarié (mais ne sont pas obligatoires pour ces derniers). On parle souvent d’une mutuelle obligatoire, ce qui signifie que la souscription à ce type de contrat n’est pas négociable à l’entrée des salariés dans l’entreprise. Elle reste néanmoins facultative pour les personnes pré-
sentes dans l’entreprise avant sa création. Le principal avantage de ce type de mutuelle est avant tout économique. Ce système est pratique puisqu’un grand nombre d’adhésions permet de négocier des tarifs réellement avantageux. De plus, les cotisations sont partagées entre l’employeur et les salariés, ce qui réduit encore le tarif pour les assurés. Enfin, le principe de base de ce système solidaire participe au renforcement de la cohésion sociale de l’entreprise, impactant par la même occasion sur le rendement positif de la société.
santé & entreprise
Le médecin du travail
Le médecin du travail, dans le cadre de son indépendance médicale et technique, exerce ses missions au sein d’une équipe pluridisciplinaire pour développer la prévention surtout primaire (qui vise à supprimer les facteurs de risques), secondaire (qui porte sur la surveillance du milieu de travail et de la santé du travailleur), à défaut tertiaire (qui minimise les conséquences des attentes de la santé du fait du travail). Au sein de son service, il participe à la commission médico-technique qui conseille le Service Santé au Travail sur les orientations et les actions collectives à mener. Son rôle essentiel est: d’assurer le suivi médical individuel des salariés lors des différentes visites, de développer des actions en milieu de travail, par l’évaluation des risques professionnels et de proposer des solutions d’ergonomie correctives ou mieux de conception, de participer
© Photo D.R.
Un acteur clé au sein du Service Santé au Travail
à la prévention collective en collaborant à la veille sanitaire, en s’inscrivant dans le plan régional et national de santé au travail par la réalisation d’enquêtes, d’études épidémiologiques ou le listing des maladies à caractère professionnel, de réaliser ou de transférer des actions de pré-
vention dans les entreprises, d’alerter sur des altérations de la santé du fait de ses expériences auprès des autres secteurs d’activité, de par sa connaissance de l’histoire de l’entreprise (le Médecin du Travail, membre de droit du CHSCT est souvent la mémoire du fonctionnement de l’entreprise).
L'assurance complémentaire santé L'assurance complémentaire santé, appelée souvent "mutuelle santé", permet de compléter les remboursements de soins effectués par la Sécurité Sociale. La politique de déremboursement de certains médicaments laisse une part croissante des coûts aux malades, d'où l'importance d'avoir une bonne mutuelle santé. Une bonne mutuelle santé est un élément de fidélisation et de motivation des salariés. Les avantages d'une mutuelle santé collective L'avantage majeur d'un contrat de mutuelle santé collective est la réduction du coût des prestations complémentaires. En effet, une mutuelle santé collective permet de bénéficier d'un tarif de groupe
attractif basé sur un risque mutualisé. Pour l'employeur, la cotisation est exonérée de cotisations sociales patronales et constitue une charge déductible du bénéfice imposable. Par ailleurs, généralement, les mutuelles de santé collective sont des mutuelles de qualité prenant en charge les principaux postes de santé. L'assurance complémentaire santé, appelée souvent "mutuelle santé", permet de compléter les remboursements de soins effectués par la Sécurité Sociale. La politique de déremboursement de certains médicaments laisse une part croissante des coûts aux malades, d'où l'importance d'avoir une bonne mutuelle santé. Une bonne mutuelle santé est un élément de fidélisation et de motivation des salariés. Offrez donc une couverture sociale de qualité à vos salariés!
AFRIcan business journal | N°07 | 85
santé & entreprise
Sécurité et santé des salariés
Par Hortence Batoumai
L’employeur doit assurer la sécurité et la santé de l’ensemble de ses salariés. Cette obligation pesant sur l'employeur est une obligation de résultat. Dans ce cadre, il doit tenir compte de l’ensemble des risques professionnels rencontrés par ses salariés. La nature et l’importance de ces risques est fonction : • du secteur d’activité de l’entreprise (avec certains secteurs comme l’industrie et le BTP qui font face à un nombre important de risques spécifiques); • de la nature des tâches allouées aux salariés; • des conditions de travail des salariés (environnement, équipement, technologies); • des procédés et méthodes de travail; • de l’exposition des salariés à des agents chimiques, physiques et biologiques. Personnes concernées Assurer la sécurité et la protection de la santé des salariés au travail implique: • l’employeur, qui doit prendre les dispositions nécessaires; • le travailleur désigné, nommé par l’employeur pour être le référent en termes de santé et sécurité dans l’entreprise; • tous les salariés de l’entreprise, qui doivent pouvoir s’exprimer librement quant à leurs conditions de travail, y compris les salariés sous CDD et les salariés intérimaires ou faisant l’objet d’un prêt temporaire de main-d’œuvre; • le délégué à la sécurité, qui propose librement des mesures de protection et prévention et qui est consulté par l’employeur pour 86 | AFRIcan business journal | N°07
les questions relatives à la sécurité et la santé au travail; • le coordinateur de sécurité, qui met en œuvre les prescriptions de sécurité et de santé sur les chantiers où interviennent au moins 2 entreprises. • Modalités pratiques Principes généraux Les mesures mises en œuvre pour assurer la sécurité et la protection de la santé des salariés doivent notamment avoir pour objectifs: • d'éviter les risques et les combattre à la source; • d’adapter les postes en ce qui concerne l’ergonomie, les équipements et les méthodes de travail; • de prévenir les risques; • de supprimer les dangers ou, le cas échéant, les réduire au maximum. Lors de la mise en œuvre de mesures de sécurité et de protection de la santé, l’employeur doit veiller à: • tenir compte de l’état des évolutions techniques; • donner la priorité aux mesures de protection collective plutôt que de protection individuelle; • donner les instructions appropriées aux salariés, sans préjuger de leur connaissance des risques encourus; • tenir compte des capacités des salariés en termes de sécurité et de santé lorsqu’il leur confie une tâche; • coopérer avec les autres entreprises présentes sur un même site de travail et aussi informer
leurs salariés et représentants respectifs. Prévention des risques professionnels Dans le cadre de la prévention des risques professionnels, l’employeur doit : • nommer au moins un travailleur désigné responsable des activités liées à la protection et à la prévention des risques professionnels de l’entreprise ou de l’établissement; • consulter le délégué à la sécurité; • informer et consulter ses salariés sur les risques et les mesures de sécurité; • former les salariés sur la santé et la sécurité au travail en fonction de leurs activités et responsabilités ; • recourir à des compétences externes à l’entreprise dans le cas où elle ne dispose pas des compétences nécessaires en interne; • évaluer les risques professionnels; • restreindre l’accès aux zones de risque grave et spécifique aux seuls salariés ayant reçu des instructions adéquates; • déclarer tout accident du travail à l’Association d’Assurance contre les Accidents ; • organiser les premiers secours, la lutte contre les incendies, l’évacuation des travailleurs, l’exposition aux dangers graves et immédiats. • L’employeur doit protéger les salariés contre les effets du tabagisme passif.
AFRIcan business journal | N째07 | 87
santé & entreprise Par Hortence Batoumai
Assurance - santé communautaire
Le pari réussi par le Rwanda Le gouvernement rwandais a rendu obligatoire depuis 2007, l'adhésion à une assurance santé. Et depuis, presque tous les Rwandais (98%) ont accès aux soins et l'espérance de vie a augmenté. Dès lors, la couverture santé a permis de faire passer l’espérance de vie de 48 à 52 ans grâce une modeste cotisation (2 $ soit 1,6 euro par an). Comment le Rwanda a-t-il relevé le défi?
En Juillet 2007, le Rwanda a adopté une loi obligeant toute la population à adhérer à une assurance maladie. Aujourd’hui, le taux d’adhésion aux mutuelles de santé et autres assurances privées atteint 98%. Les prestations de services ont plus que doublé et l’espérance de vie est passée de 48 à 52 ans en moins de dix ans, avec le projet pilote des mutuelles de santé au Rwanda qui a démarré en 1999 dans trois districts. Le Rwanda est un pays divisé en plusieurs entités administratives. De la plus grande (province) à la plus petite appelée en langue locale, Nnyumbakumi, qui veut dire 10 maisons, il y a des élus qui représentent le gouvernement. Certains d’entre eux sont chargés des affaires sociales, de la santé et de l’hygiène. Dans chaque village, ces représentants sont appuyés par les sages-femmes traditionnelles, dont le rôle est passé de l’assistance à l’accouchement à domicile à la sensibilisation à l’adhésion aux mutuelles de santé ainsi qu’à l’accouchement assisté par le personnel de santé. Dans les plus petites entités, ces élus locaux travaillent bénévolement. Les Maires comme relais de l’Etat Le succès de leur travail est renforcé par la signature du ‘’contrat de performance entre les élus locaux et le président de la République’’. Dans ce contrat, les Maires s’engagent à mettre en application tous les objectifs du gouvernement. Un contrôle strict dans tout le pays accompagne cet acte et l’échec de la réalisation de ces objectifs mène à une démission forcée. La compétition des élus locaux est féroce
88 | AFRIcan business journal | N°07
et pousse certains Maires à utiliser davantage de moyens pour y arriver. On enregistre notamment la mise en place d’amendes très élevées allant jusqu’à l’emprisonnement abusif pour ceux qui ne veulent pas respecter la loi. Les mesures de sensibilisation n’étant pas suffisantes, le Parlement a décidé d’élaborer les textes régissant les "mutuelles de santé" et la "Rwandaise d’assurance maladie" pour les fonctionnaires. Après l’élaboration du document stratégique intitulé "Politique de développement des mutuelles de santé au Rwanda" en 2004, les députés votent une loi, promulguée en 2007, date à laquelle l’adhésion à une assurance maladie est obligatoire au Rwanda. La proximité de services sanitaires Le taux d’adhésion dépend de l’accessibilité des services sanitaires. Plus la population est proche des centres de santé ou des hôpitaux, plus elle est motivée. En vue d’augmenter le nombre d’adhérents aux mutuelles de santé, le gouvernement rwandais a fait beaucoup d’efforts dans la construction d’hôpitaux, de maternités et de centres de santé. D’après le rapport des activités du gouvernement publié sur le site de la primature rwandaise, entre 2003 et 2009, 8 nouveaux hôpitaux, 75 centres de santé et 2 maternités ont été construits. Selon les mêmes sources, les services sanitaires ont été renforcés par plus de 10.300 agents. Ainsi, le Rwanda est passé de 1 médecin pour 50.000 habitants en 2003 à 1 médecin pour 18.000 habitants en 2009.
Les plus pauvres et l’accès au crédit Les frais d’adhésion aux mutuelles de santé sont élevés par rapport au pouvoir d’achat de la population rwandaise. Le montant total par personne, qui a progressé au fur et à mesure, atteint aujourd’hui 2.000 francs rwandais/personne (2,39 €) et par an. En moyenne au Rwanda, une famille est composée de 7 personnes. Au mois de Juillet 2011, le coût va passer de 2.900 RWF à 3.400 RWF (3,46 à 4,06 €) selon les classes sociales. Aujourd’hui, le gouvernement rwandais et les ONG prennent en charge 27% de la population, un taux qui ne couvre pas toutes les personnes vivant dans la pauvreté extrême (37%). Pour aider la population, la banque populaire, qui est représentée dans tous les districts, a accordé des crédits à un taux d’intérêt très minime par rapport aux banques commerciales. Les bénéficiaires de ces prêts remboursent la banque lors de la récolte. Le succès de ce système risque d’être toutefois compromis par le fait que les banques populaires, qui étaient les banques d’épargne jusqu’en 2010, sont devenues des banques commerciales. Seuls les systèmes de micro-finance représentés également sur toute l’étendue du pays peuvent être en mesure de remplacer les banques populaires. Certains ne peuvent pas rassembler 2 $ Un obstacle plus pragmatique à l’établissement d’un système d’assurancemaladie est le fait que la plupart des pauvres du monde, y compris ceux du Rwanda, résistent à l’idée inconcevable de payer d’avance pour quelque
chose dont ils ne bénéficieront peut-être jamais. "Parfois, ceux qui ont versé les 2 $ et n’ont pas été malades pendant l’année, veulent se faire rembourser", fait remarquer Anja Fischer qui conseille le ministère de la Santé du Rwanda au nom de la GTZ, l’agence de la coopération allemande au développement. Le ticket modérateur peut aussi s’avérer trop élevé, renseigne t-elle. Payer 5 $ pour une césarienne est parfois trop lourd pour des gens qui sont dans la précarité extrême comme les Yankulijes, qui vivent de la culture de haricots et de patates douces. "Beaucoup vivent du troc et ne peuvent même pas rassembler 2 $", confirme le Dr Damas Dukundane, qui travaille dans une zone rurale déshéritée. "Comme le gouvernement n’accepte que les espèces, les patients se rendent parfois chez les guérisseurs traditionnels, qui peuvent être de dangereux charlatans et qui acceptent de se faire payer en chèvres ou en poulets." Même s’il n’est que de 2 $, le coût de l’assurance peut donc constituer parfois une charge importante pour certaines familles. Le fait qu’il soit le même pour les riches et les pauvres est parfois aussi mal vécu. "Il est totalement insensé que ma mère paie le même montant que la femme qui nettoie sa maison", affirme le Dr Binagwaho, du ministère de la Santé. La loi est en train de changer.Mais, s’il est un domaine où le Rwanda peut donner une leçon aux EtatsUnis, c’est en matière d’assurance-maladie. "Il y a de la solidarité dans notre système, se félicite le Dr Binagwaho. Dans une société, vous ne pouvez pas vous sentir heureux si vous ne vous organisez pas pour que les gens qui vivent à côté de vous ne meurent pas de misère."
© Photo D.R.
santé & entreprise
Télémédecine
Demain, la Kinect La Kinect, comme outil de télémédecine pour améliorer le secteur de la santé, pourrait être utilisée à des fins médicales pour sauver des vies dans des régions reculées et réduire la surcharge des hôpitaux. Même si d'après le "US Census Bureau" il existe aux USA, environ 25.750 cliniques de santé et 7.600 hôpitaux, tous les patients n'y ont pas facilement accès, et beaucoup meurent ou voient leur état s'aggraver en raison du manque d'accès aux soins médicaux. De nombreuses régions souffrent en effet d'une pénurie de spécialistes à un moment où ils sont le plus nécessaires en raison de la croissance démographique et du nombre grandissant de personnes souffrant de maladies dites "de vieillesse". Toutefois, pour Janet Bailey chercheuse à l'Université d'Arkansas, cette difficulté d'accès aux soins médicaux pourrait être résolue par l'utilisation de la technologie Kinect. Celle-ci s'est en effet associée avec Microsoft pour créer un système économique de télémédecine utilisant cette technologie. Une technologie accessible Pour cela, l'équipe en charge du projet affirme qu'un simple ordinateur portable, une caméra Kinect à 150 $, une connexion "Azure", et un compte Office 365 – le tout coûtant quelques centaines de dollars – pourraient remplacer ou compléter les systèmes de télémédecine déjà existants qui coûtent des dizaines de milliers de dollars. "La Kinect permet aux médecins de contrôler le système via de simples gestes et des commandes vocales, et cela, sans casser le champ stérile" explique l'équipe d'experts travaillant sur le procédé. "A terme, l'objectif est la réduction du coût de transport des patients qui vivent loin, et des infections associées aux soins de santé dans les hôpitaux et les patients" expliquent-ils. Selon eux, ce système pourrait permettre de réduire de près de 30 milliards $ la facture de santé américaine. Une technologie fiable Par ailleurs, l'équipe a démontré que le système fonctionne même lorsque la connexion est faible. Leur système Kinect, connu sous le nom de Collaboration et Annotation d'Images Médicales (CAMI), "ne devrait pas être une panacée pour l'environnement de télémédecine, mais un outil puissant et abordable dans toutes les collectivités qui possèdent la technologie et l'infrastructure de communication nécessaires" comme le souligne l'équipe. Il est vrai qu'apporter "Azure" et la Kinect dans l'arsenal de la télémédecine ouvre des portes intéressantes. On peut imaginer des médecins faisant du bénévolat quelques heures ou une journée pour aider Médecins Sans Frontières ou encore des médecins vivant dans des régions éloignées qui, grâce à cette technologie, seraient formés par les écoles de médecine des États-Unis.
AFRIcan business journal | N°07 | 89
formation
Par Abdou Diaw
Massive Online Open Courses
Les nouveaux modèles
de la formation en ligne
Les MOOC signent-ils la fin de l'enseignement supérieur tel que nous le connaissons? Annoncent-ils la démocratisation de l'accès à la connaissance? L'enseignement en ligne présente-t-il toutes les caractéristiques nécessaires à un apprentissage réussi? En quoi pallie-t-il certaines lacunes de l'enseignement présentiel? Comment le caractère "massivement connecté" des apprenants peut-il déboucher sur de nouveaux modèles d'apprentissages tout au long de la vie? Quels sont les modèles économiques sous-jacents? Comment les DRH doivent-ils se positionner par rapport à cette activité pédagogique pratiquée hors temps de travail et hors plan de formation? Plus globalement, comment assurer la qualité de l'enseignement pour un très grand nombre d'utilisateurs? Quelle est la
90 | AFRIcan business journal | N°07
valeur des certificats délivrés à l'issue de ces cours? Peut-on vraiment se passer du présentiel? Les MOOC sont-ils radicalement différents des dispositifs d'e-learning ou en sont-ils le prolongement naturel? Peut-on les considérer comme une simple évolution ou, à l'inverse, une innovation de rupture? Quels sont les points communs entre les deux approches? Ces questions mériteront une attention toute particulière durant les années à venir. Vers un enseignement 100 % en ligne et gratuit demain? Dans leur grande majorité gratuits et accessibles à tous par Internet, les cours en ligne ouverts et massifs (Massive Open Online Course) ont déjà séduit plusieurs millions de personnes dans le monde. Certaines
© Photo D.R.
Venue des plus grandes universités américaines (MIT, Harvard, Stanford, Princeton...), la révolution MOOC (Massive Online Open Courses) est en marche. Au-delà des seuls étudiants, le MOOC s'adresse désormais à toute personne souhaitant approfondir une matière donnée et ce, de manière gratuite.
universités françaises ont déjà lancé leurs propres programmes. La grande question reste à savoir comment l’Afrique va-t-elle se positionner? Une large majorité des inscrits aux MOOC sont des personnes déjà diplômées, le plus souvent des salariés en poste. La fonction RH devra prendre en compte le phénomène des MOOC dans le cadre de la formation et du renforcement des capacités des travailleurs.
formation
Edouard Baldé, Analytics seo
"34% des internautes cliquent sur le premier lien naturel d'une page de résultats" Lorsque nous faisons une recherche sur internet, nous utilisons un ou plusieurs des centaines de moteurs de recherche. Généralement, 2/3 des utilisateurs se limitent à la première page de ce que les moteurs de recherche leur présente. Comment faire pour être dans ce "Top 5" des pages de recherche, c’est tout le sens du SEO (Search Engine Optimization) ou référencement naturel en français. Un spécialiste et promoteur d’un logiciel de référencement nous explique.
Est-ce qu’il y a une démarche de type "mode d’emploi" pour bien se référencer sur les moteurs de recherche? Je répondrai par l’affirmative en ce sens que les étapes sont d’abord l’analyse du contexte et des concurrents, ensuite l’élaboration de la stratégie, suivi de la recherche de mots clés pertinents et l’analyse des volumes de recherche et enfin, viennent l’optimisation des pages du site internet, le netlinking: stratégie des liens, le suivi et reporting grâce à un outil de statistique de site web. Quant à l’étape de Netlinking, celle-ci est cruciale dans le SEO. Cette étape consiste à créer des liens externes de bonne qualité qui pointent vers votre site. Plusieurs paramètres en-
trent en jeu et sont pris en compte par les moteurs de recherche qui ont un algorithme différent et qui changent fréquemment. Quelques paramètres pris en compte sont la source des liens, la position du lien dans la page ou encore le texte d'encrage. Le Netlinking est ainsi l’étape qui nécessite le plus de travail. Votre star-up, Analytics SEO, vient de mettre sur le marché et en destination des pays africains francophones, un nouveau logiciel online de référencement qui inclut une fonction d’analyse des sites de réseaux sociaux, ce qui est une première dans les pays francophones. Voulez-vous nous expliquer quels sont ses avantages comparatifs? Analytics SEO est à la fois le nom de notre start-up et en même, notre produit phare: un logiciel online, incorporant une centaine d’outils sous une même interface et il se paramètre en moins de 5 minutes. Avec Analytics SEO, vous pouvez démarrer le monitoring de vos campagnes SEO, vous connecter à Google Analytics, choisir vos mots-clés et moteurs de recherche et le logiciel automatise le reste. Pour les fonctions clés du logiciel Analytics SEO ou ce que vous appelez avantages comparatifs, il y a : • Des classements de mots-clés et recherches. Nous vous aidons à affiner vos stratégies de mots-clés, analyser les opportunités de recherche universelle et trouver des mots-clés à fort potentiel.
© Photo D.R.
C’est quoi le SEO (Search Engine Optimization) ou référencement en français? La position sur les moteurs de recherche est une des principales sources de création de trafic sur un site web aujourd'hui. En effet, il permet aux internautes d'accéder à un site sans connaître son adresse. Un bon référencement sur Internet est essentiel puisque "34% des internautes cliquent sur le premier lien naturel d'une page de résultats". L'afflux principal provient des moteurs de recherche. Il faut aussi dire que les objectifs à atteindre doivent être définis dès le début d'un projet afin de mettre en place des stratégies adaptées, ce qui fournira un meilleur retour sur investissement initial.
• Un audit technique quotidien. Le logiciel analyse vos sites quotidiennement. Il fait automatiquement des recommandations et vous alerte en cas de modification dans votre position concurrentielle où pour tout autre évènement pouvant avoir un impact positif ou non sur votre SEO. • Des analyses des liens entrants et netlinking. Développez une stratégie de netlinking efficace et effectuez des analyses approfondies d’écarts concurrentiels en visualisant les liens de vos concurrents. • Pour le gestionnaire de projet. Gérez de multiples campagnes SEO depuis un seul et même endroit. Observez en détail ce qui a été fait et ce qui a besoin d’être suivi. Supervisez des prestataires spécialisés dans la construction de liens (tierces parties) et évaluez leur efficacité et résultats. • Pour l’analyste de positionnement. Positionnez votre site par rapport à vos concurrents. Suivez les liens de concurrents et inspirez-vous de leurs campagnes SEO.
AFRIcan business journal | N°07 | 91
formation
CBAO-Groupe AWB: Inauguration de l’académie de formation
Un pari sur la qualité Soucieuse de la bonne qualité de son capital humain, la CBAO Groupe AttijariWafa Bank (AWB) a ouvert une académie de formation à Dakar. Celle-ci a pour mission de former l’ensemble des collaborateurs du groupe en Afrique de l'Ouest dans divers métiers de la banque. La CBAO Groupe Attijariwafa bank a dévoilé au grand public, son académie de formation. L’inauguration a eu lieu le samedi 25 Mai 2013 à l’agence Kermel à Dakar qui abrite les locaux de cette académie. A travers cet acte, la CBAO mise sur le capital humain pour son expansion et la satisfaction de sa clientèle. Cette académie, inspirée de celle de la maison mère est une école ayant pour vocation d’offrir une formation diplômante à l’ensemble du personnel de la banque dans la sous-région ouest-africaine. Mais, elle se veut aussi un outil de placement pour la culture du partage et la diffusion du savoir et du savoir-faire. "Faire en sorte que chaque collaborateur
du groupe dans la sous-région ouest africaine puisse évoluer, s’enrichir de nouvelles compétences en ligne avec les réalités de l’entreprise et ses évolutions futures, permettre aux managers internes de partager leurs compétences: voilà quelques uns des grands défis de cette académie", a déclaré Abdelkrim Raghni, Administrateur, Directeur général du Groupe AWB. Dans un monde marqué par le renouvellement rapide des savoirs et un secteur appelant à une mise à jour constant des connaissances, la CBAO opte pour la formation continue de ses agents, tout au long de leur carrière. L’objectif étant de suivre cette dynamique évolutive du secteur bancaire. Devant le parterre
d’employés très enthousiasmés, venus étrenner cet outil, M. Raghni a soutenu que "l’académie est appelée à jouer un rôle important dans un secteur bancaire qui va être marqué par des changements continuels". L’école de l’entreprise La nouvelle école de l’entreprise de CBAO et de ses filiales dans la sousrégion, veut comme le soutiennent ses promoteurs "être une source de développement et de renforcement de compétences". L’académie a également pour vocation de participer à la conversion et à la reconversion de ressources nouvelles et anciennes aux métiers de banque. Celles proposées aux bénéficiaires peuvent ouvrir
Ethiopie: LG Electronics va ouvrir un collège technique LG Electronics a annoncé qu’il va ouvrir un collège de formation et d’enseignement technique en Septembre 2013. D’une valeur d’un million de dollars, cet établissement offrira des cours sur les technologies de l’information, l’électronique, la maintenance télé et téléphonique. D’après Yong Geun Choi, le représentant bureau de LG en Ethiopie et Directeur de la RSE pour le Moyen Orient et l’Afrique de l’Est, le collège offrira aussi des cours additionnels en agriculture. Yong Geun Choi a fait ces révélations lors du lancement du Village de l’Espoir de LG à Sendafa, le 16 Avril 2013. Il faut préciser que les cours de maintenance télé et téléphonique seront spécifiques aux produits LG, alors que le reste des cours seront généraux. LG fournira le matériel d’enseignement mais la compagnie compte utiliser des instructeurs éthiopiens. Les contenus des cours ont été discutés le 15 Avril 2013, lors d’une rencontre entre une délégation de LG, constituée de Young Kee Kim, le vice-président exécutif de l’entreprise et Yong Geun Choi, et Demeke Mekonnen, le vice-premier ministre, ministre de l’Education, Tefera Derebew, le ministre de l’agriculture et plusieurs autres personnalités comme Dibaba Abdetta, l’ambassadeur d’Ethiopie en Corée.
92 | AFRIcan business journal | N°07
formation IctNetSim
© Photo D.R.
© Photo D.R.
Un simulateur de réseaux et services fondés sur les télécommunications / TIC
aux métiers de manager, de caissier, d’agent de guichet, de gestionnaire de portefeuille, de gestionnaire de point de vente, de rédacteur commercial, de gestionnaire de ressources humaines etc. Une panoplie de métiers de la banque est prévue par cette école. Les profils divers et variés des 1.100 agents du Groupe seront bien pris en compte par les modules dispensés, renseigne le top management de la banque. En plus du renforcement des connaissances des agents, l’académie puisera dans la pépinière de jeunes élèves en fin de cursus, pour les former, en fonction de leurs profils, aux métiers de la banque. Le recrutement de ces "agents maisons" permettra de renforcer l’esprit d’entreprise. Au regard des missions fixées à l’académie, Abdelkrim Raghni, estime que celle-ci "s’inscrit en droite ligne au dispositif du plan stratégique de la banque, aux orientations de la direction générale et aux mutations organisationnelles".
Un code de déontologie adopté Le top management du Groupe va mettre en place un code de déontologie rédigé en français et en wolof. "Outil qui a fait l’objet d’une adhésion massive de tous les agents de la société", selon Abdelkrim Raghni. Pour l’élaboration du document, Faiza Kaitouni, Déontologue du groupe à Casablanca a piloté les travaux. "Nous avons formé une quarantaine de formateurs qui ont formé à leur tour, plus de 1.000 agents", renseigne-t-elle. Appelant à la moralisation du climat des affaires, Faiza Kaitouni invite les entreprises à être socialement et éthiquement plus responsables. Au niveau de la succursale sénégalaise, l’ancien agent, parti à la retraite, Abdourahmane Niang qui a fait 34 ans dans l’entreprise a été rappelé pour occuper ce poste stratégique de déontologue.
Pape Gorgui Toure est un ingénieur sénégalais qui a développé un simulateur de réseaux et services fondés sur les télécommunications / TIC appelé ictNetSim. Ce simulateur bilingue (Français, Anglais) a la particularité de reconstituer le réseau d’un opérateur et de restituer l’architecture complète du réseau de l’opérateur, et bien plus encore. En intégrant, par exemple, les OPEX, les CAPEX et le coût du capital d’un opérateur, les flux de trafic des différents commutateurs du réseau, etc., il parvient à déterminer, entre autres, les tarifs basés sur les coûts réels de production par minute de chaque service vendu et ce, quelles que soient la nature et les technologies des réseaux. Pour en savoir plus : http://www.tactikom.ch
AFRIcan business journal | N°07 | 93
it n n o v a t i o n s e c hn o l o g i q u e s
© Photo D.R.
actualité
Côte d’Ivoire: la technologie au service de la santé
Neformily un logiciel au service
de s m a l a de s at t e i n t s
d’Alzheimer
Des étudiants ivoiriens ont créé un logiciel pour guérir les malades atteints d’Alzheimer et des troubles de la mémoire. "Neformily", c’est le nom du logiciel créé par de jeunes étudiants ivoiriens et qui permet aux malades atteints d’Alzheimer, de reconnaître leurs proches par un système de reconnaissance faciale et vocale. Cette application a d’ailleurs remporté la finale locale du célèbre concours Imagine Cup organisé par Microsoft le 6 Mars 2013 à Abidjan. L’équipe Kernel de l’Ecole ENSIT Farandole, qui a conçu cette technologie, a représenté la Côte d’Ivoire à la finale régionale qui a eu lieu le 15 Avril 2013 à Dakar.
94 | AFRIcan business journal | N°07
Depuis de nombreuses années, le thème général de la compétition "Imagine Cup" est "Imaginez un monde où la technologie aide à répondre aux enjeux les plus cruciaux de notre société". Selon Mme Djiba Diallo, Developer and Platform Manager à Microsoft West and Central Africa, cette année la thématique spécifique mentionne: "If you can dream it, you can built it" (si vous êtes capables de l’imaginer, alors vous pouvez le concevoir). Les jeunes étudiants ivoiriens ont en effet démontré cette affirmation de fort belle manière. Lors de la finale locale ivoirienne du 6 Mars 2013, il y avait en compétition 6 équipes d’étudiants qui ont présenté des logiciels dont le but est de changer le monde ou d’aider les populations les plus vulnérables. Après une demi-finale très disputée entre des projets technologiques rivalisant d’innovation et d’ingéniosité, les membres du jury ont déclaré l’équipe Kernel vainqueur de la 11e édition d’Imagine Cup, un concours mondial de technologies et de l’innovation numérique destiné aux jeunes étudiants du monde entier. "Neformily" diminutif de "Never Forget your Family" C ô t é p e r f o r m a n c e , c e r t a i n e s équipes ont développé des outils aidant à améliorer le quotidien des personnes souffrant de maladies régénératrices, tandis que d’autres ont tenté d’endiguer la crise alimentaire en permettant de faire une agriculture saine et plus productive. Certains groupes ont aussi créé un réseau social qui récompenserait les personnes les plus actives dans l’action sociale. A propos du logiciel qui a été primé, "Neformily" diminutif de "Never Forget your Family", M. Mian Antoine, membre du jury, a déclaré: "Ce qui a fait la différence c’est que Neformily est d’abord un projet de cœur. L’un des candidats a un pa-
© Photo D.R.
innovations technologiques actualité
rent qui souffre de troubles de la mémoire et il a pensé lui apporter une solution en utilisant la technologie. En plus, il veut aussi que cette solution puisse soulager les autres malades du monde entier. Ensuite, le projet est bien construit du point de vue de la recherche technologique et de la construction du modèle économique". Pour rappel, le but d’Imagine Cup dont la finale mondiale aura lieu à Saint-Pétersbourg (Russie) en Juillet 2013, est de permettre à de jeunes développeurs de recevoir un financement allant de 5 à 25 millions de francs CFA afin de concrétiser leurs projets et de réaliser leur plein potentiel dans trois domaines fondamentaux: l’éducation articulée à l’intégration numérique; l’innovation et l’employabilité puis l’entrepreneuriat. Les équipes en lice: 1. Genius (Université FHB) dont le projet ‘’Helpsuit’’ permet aux aveugles de faire des recherches sur Internet
2. IndieHood (Groupe EDHECAbidjan/ HEC LA Roche), avec le projet du même nom, a proposé une application qui permet aux utilisateurs de créer leur propre jeu vidéo. 3. Kernel (ENSIT Farandole) a conçu "Neformily", "Never forget your family", une application qui permet aux malades d’Alzheimer de reconnaître leur proches par un système de reconnaissance faciale et vocale. 4. New direction (INP-HB) a créé "Yebedi" un logiciel qui permet, à l’aide d’un petit robot, d’optimiser l’exploitation des terres cultivables afin de lutter contre la famine dans le monde 5. Srancity (AGITEL/HEC La Roche) a proposé de mettre en place un réseau social destiné aux actions sociales, notamment en matière d’éducation et de l’aide à son prochain. 6. The 3A-Mboy (Université FHB), avec le logiciel "Health Project" qui permet de rationaliser la gestion des hôpitaux et la prise des rendezvous par les patients.
AFRIcan business journal | N°07 | 95
innovations technologiques
Afrique
un marché très prometteur pour les tablettes numériques
Les possibilités que ces appareils offrent dans divers secteurs comme la santé, l’éducation, la banque et l’entreprise ont séduit le continent. Selon Georges Ferreira, le vice-président et chef de l’exploitation de Samsung Electronics en Afrique, c’est l’arrivée de nombreux câbles sous-marins en Afrique, dopant le potentiel Internet du continent, qui a tout changé. Avec cette "quantité pratiquement infinie de la bande passante", le potentiel innovateur du marché encore largement inexploité est apparu aux Africains et aux investisseurs internationaux. A travers une demande croissante, les marchés africains des technologies de l’information et de la communication veulent traiter avec des "fabricants qui sont en mesure de fournir aux particuliers une expérience unique. Les gens veulent des contenus à valeur ajoutée et des fonctionnalités matérielles qui leur permettent de bénéficier de la télémédecine, l’éducation mobile, et ainsi de suite", explique Georges Ferreira. Il ajoute" que seules les entreprises qui auront compris l’environnement africain avec ses besoins spécifiques pourront se démarquer de la concurrence." Georges Ferreira pense à cet effet que l’heure n’est plus aux
© Photo D.R.
Après le mobile, l’Afrique se positionne une fois de plus comme un marché porteur pour les tablettes tactiles.
ordinateurs de bureau. Mais plutôt aux appareils mobiles, capables de fonctionner avec des énergies telles que le solaire dont dispose à suffisance l’Afrique surtout au Sud du Sahara. Il conclut que les prochaines années verront des changements significatifs dans la mobilité en Afrique et "qu'il sera passionnant de voir comment les utilisateurs, plus que par le passé, vont tirer profit des technologies disponibles de manière efficace".
© Photo D.R.
I n t e r n e t: W i-F i g r at u i t p o u r t o u s l e s N e w-y o r k a i s Gowex, entreprise leader dans le développement des Villes Wi-Fi Intelligentes (Wireless Smart Cities) et du Wi-Fi dans les moyens de transport, offrira le WiFi gratuit à New York, depuis Février 2013, grâce à un maillage étendu de 1.953 zones Wi-Fi (Smart Zones). Grâce à cette initiative, les près de 20 millions de New-Yorkais, ainsi que les 52 millions de touristes qui visitent chaque année la ville, disposeront d'un accès gratuit à Internet grâce aux centaines de hotspots répartis à Manhattan, dans le Queens, Staten Island, Brooklyn ou encore le Bronx..
96 | AFRIcan business journal | N°07
innovations technologiques La Montre gadget avec fonction vidéo MPEG4
© Photo D.R.
Cette montre gadget est un condensé de tous les petits appareils en vogue et indispensables qui emplissent et déforment vos poches. Voici ses fonctions: • lecteur MP3, • lecteur vidéo, • visionneuse photo, • dictaphone, • lecteur de e-book (livre électronique), • sans oublier la fonction Karaoké! Cette montre est aussi un superbe lecteur vidéo MPEG, sur un écran OLED Haute Résolution de 128x128pix et 260k couleurs! Vous pourrez télécharger vos séries ou films de famille sans aucune difficulté à l'aide du logiciel de conversion vidéo fourni.
mini projecteur multimédia HD
© Photo D.R.
Appréciez ce mini projecteur multimédia HD pour vos cours, vos présentations ou encore pour apprécier des vidéos sur un mur à plusieurs. Sa mémoire interne de 2Go et son porte micro carte SD vous permet de stocker des heures d'enregistrement audi, vidéo ou images, tandis que les connectiques AV vous permettent de projeter des vidéos depuis votre lecteur DVD, lecteur MP4, ou autre appareil ayant un port AV. Fonctionnalités Source de lumière: LED Flux lumineux. Résolution: 640 x 480 pixels Affichage: 4:3 Contraste: 200:1 Taille de l'image projetée: jusqu'à 200 pouces Distance de projection: jusqu'à 5m Focus: Entrée AV - Sortie audio Compatibilité avec les médias: -Image: JPG, BMP, GIF, PNG - Vidéo: WMV, ASF, AVI, MP4, MPG, MPEG, 3GP - Audio: MP3, WMA, WAV .
Une variété de sorgho qui résiste à la sécheresse
© Photo D.R.
Le Professeur Gebisa Ejeta est un phytogénéticien éthiopien et père de la première variété hybride commerciale de sorgho d'Afrique qui résiste à la sécheresse. Avec un de ses collègues, il a découvert la base chimique de la relation entre la mauvaise herbe parasitaire mortelle striga et le sorgho. Grâce à cette découverte, il a été en mesure de produire des variétés de sorgho qui résistent à la sécheresse et au striga. En 2009, il a remporté le ‘’World Food Prize’’ (Prix Mondial de l'Alimentation) pour ses contributions majeures à la production de sorgho, entre autres distinctions.
Saviez-vous quelle est la différence entre http et https ? HTTP signifie "HyperText Transport Protocol", communément appelé un protocole pour les informations transmises entre les serveurs web et leurs clients. C’est la lettre S qui fait toute la différence entre HTTP et HTTPS. Le S est synonyme de Secure (sécurité). Si vous visitez un site web ou une page web, regardez bien l'adresse dans le navigateur web, si elle commence avec le texte suivant: http://... S’il en est ainsi, cela signifie que le site est en communication avec votre navigateur à l'aide du protocole non sécurisé. En d'autres termes, il est possible pour une personne de voir sur votre ordinateur votre conversation avec le site web... Si vous remplissiez un formulaire sur ce site, n'importe qui pourrait voir toutes les informations que vous envoyez à ce site... C'est la raison pour laquelle vous ne devez jamais entrer votre numéro de carte de crédit ou autre numéro : votre numéro de sécurité sociale par exemple, dans un site web http. Par contre, si l'adresse du site web commence par https:/ /…, cela signifie que votre ordinateur est en communication avec le site Web en toute sécurité et que personne ne peut voir ce que vous faites sur votre ordinateur. Si un site web vous demande d'entrer votre numéro de carte crédit ou des informations sur votre carte, vous devriez automatiquement vérifier si l'adresse du site web commence par bien par https:/ /..... Sinon, il n'existe aucun autre moyen de vous protéger.
AFRIcan business journal | N°07 | 97
innovations actualité technologiques
Prix 2013 de l'innovation pour l'Afrique
AgriProtein, Saphon Energy et Sanoussi Diakité
p r i m é s
Des spécialistes de toute l'Afrique sont invités à développer des solutions orientées vers le marché pour répondre aux enjeux liés à l'assainissement, au paludisme, à l'énergie, et bien d'autres, tout en stimulant la croissance économique sur le continent. Telle est la philosophie du Prix de l’innovation pour l’Afrique dont la vocation est d’amener les innovateurs africains, à développer des solutions pratiques pour résoudre certains des problèmes les plus cruciaux du continent. Pour 2013, ceux sont AgriProtein, Saphon Energy et Sanoussi Diakité qui ont été récompensés.
98 | AFRIcan business journal | N°07
© Photo D.R. © Photo D.R.
Choisie parmi plus de 900 candidats de 45 pays, l’équipe d’AgriProtein a remporté le Prix de l’innovation pour l’Afrique 2013 doté d’un montant de 100.000 $. La solution d’AgriProtein collecte des déchets biodégradables pour alimenter des mouches, qui à leur tour produisent des larves qui sont moulues en protéines afin d’obtenir un type d’aliment pour animaux plus respectueux de l’environnement et naturellement présent. Cette approche améliore la valeur nutritionnelle de la viande et réduit le coût des aliments pour animaux pour les producteurs et agriculteurs africains. Le PIA 2013 a également récompensé les deux ex-aequo pour leurs contributions à l’innovation africaine. Dans la catégorie "Po-
© Photo D.R.
Les lauréats du Prix de l’innovation pour l’Afrique (PIA) 2013 ont été annoncés lors d'un dîner de gala qui s’était tenu le 7 Mai dernier au Cap, en Afrique du Sud, et organisé par la Graduate School of Business de l'Université du Cap et par la Sekunjalo Development Foundation.
tentiel commercial", ce sont Hassine Labaied et Anis Aouini de Saphon Energy qui ont été primés (25.000 $) pour la création d’un convertisseur éolien sans pales. Dans la catégorie "Impact social", c’est Sanoussi Diakité qui a été récompensé (25.000 $) pour avoir conçu une machine à alimentation thermique capable de décortiquer 5 kilogrammes de fonio – une céréale d’Afrique occidentale – en seulement 8 minutes. Créé par la Fondation africaine pour l’innovation et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le PIA se concentre sur le renforcement des capacités de l’Afrique en investissant dans l’entreprenariat local. Le Prix mobilise des leaders de tous les secteurs – secteur privé, donateurs et gouvernements – afin de promouvoir et d’investir dans le développement africain au travers de l’innovation. L’appel à candidatures pour le PIA 2014 sera annoncé en Juillet 2013 sur le site: http://www.innovationprizeforafrica.org.
innovations technologiques actualité
Les dix finalistes du PIA 2013 Sélectionnés parmi plus de 900 candidatures venues de 45 pays, les dix finalistes du Prix de l'innovation pour l'Afrique (PIA) 2013 représentent des exemples pratiques du potentiel d'investissement de l'Afrique. De la Tunisie à l'Afrique du Sud, les finalistes du PIA 2013 sont des leaders dans les domaines de l'agriculture, de l'environnement, de la santé, des TIC et de la production. Ils sont: Le convertisseur éolien sans pales (Tunisie) – Les innovateurs Hassine Labaied et Anis Aouini de Saphon Energy, une start-up tunisienne de R&D, ont développé une éolienne sans pales qui ne tourne pas – elle utilise une technologie inspirée des voiliers pour créer une énergie rentable par le biais d'un mouvement de va-etvient en 3D. SavvyLoo (Afrique du Sud) – L'innovateur Dr. Dudley Jackson a développé des toilettes sèches pour les zones rurales et les campements provisoires qui séparent les liquides et les solides pour améliorer l'impact environnemental, réduire les risques de maladies, limiter les odeurs pestilencielles et assurer une meilleure élimination. Le filtre à eau TBag (Afrique du Sud) – L'innovateur Prof. Eugene Cloete a créé un filtre à eau qui utilise un matériel en forme de sachet de thé électrofilé pour s'assurer que même l'eau la plus polluée soit totalement potable. Le kit de diagnostic pour le paludisme pf/PAN (pLDH) (Afrique du Sud) – L'innovatrice Ashley Uys a créé un nouveau test pour le paludisme qui indique en 30 minutes si un traitement est efficace ou pas. Ce kit de diagnostic est un des neuf à avoir été développé dans le monde entier et est le seul test de ce type à être entièrement détenu par une société africaine. La décortiqueuse de fonio (Sénégal) – L'innovateur Sanoussi Diakite a développé une machine électrique et thermique qui décortique 5 kilogrammes de fonio – une céréale d'Afrique occidentale – en seulement 8 minutes. Le système de construction Novatech (Cameroun) – L'innovateur Njokikang Faustinus a créé un processus de construction efficace. Son produit vedette est une presse à briques manuelle qui fabrique 3.000 briques emboîtables par jour. Mobenzi (Afrique du Sud) – L'innovateur Andi Friedman et son équipe ont développé un logiciel qui fournit une solution mobile de collecte de données et d'études de terrain, permettant de déployer des moyens de recherche sophistiqués dans toute l'Afrique par le biais d'Internet ou de téléphones mobiles. La production d'énergie solaire à partir du mimosa (Nigéria) – L'innovateur Jus tus Nwaoga a développé une nouvelle manière de recueillir l'énergie solaire renouvelable en utilisant la racine de mimosa pudica, une plante médicinale africaine. La ferme modèle d'agroforesterie (Soudan) – L'innovateur Muna Majoud Ma hoamed Ahmed a créé une ferme modèle d'agroforesterie à Khartoum qui génère des sources de revenu innovantes à partir des feuilles et des graines de moringa et des graines de jatropha. AgriProtein (Afrique du Sud) – Une équipe de chercheurs innovante d'AgriPro tien Technologies a développé une nouvelle source de protéines destinées à l'alimentation animale réduisant ainsi le coût de l'alimentation pour les fermiers et les producteurs africains.
Quelques chiffres sur l'univers mobile d'Apple • Plus de 50 milliards d'applications téléchargées sur l'App Store • 10 milliards de dollars reversés aux développeurs, dont 5 milliards juste sur la dernière année. • 900.000 applications dans
l'App Store, dont 375. 000 pour l'iPad. • 575 millions de comptes App
Store. • 240 millions d'utilisateurs de
GameCenter. 300 millions iCloud.
de
comptes
• 800.000 milliards d'iMessages
ont été envoyés et 7.400.000 milliards de notifications push. • 600 millions de terminaux iOS
ont été vendus Les utilisateurs d'iPhone utilisent leur smarpthone 50% de plus que les utilisateurs Android. • 93% des utilisateurs d'iOS
sont sous iOS6.
AFRIcan business journal | N°07 | 99
grille de lecture Ndongo S.Sylla, L’Harmattan-Sénégal 2012
Le scandale du commerce équitable Samir Amin | Economiste
Je ne peux que fortement recommander la lecture de ce livre à tous ceux qui se demandent si les initiatives prises au cours des dernières années en faveur de ce ‘’commerce équitable’’ méritent d’être soutenues ou pas. Ndongo Samba Sylla a donné la réponse à cette question par la conduite d’un travail de recherche absolument sérieux, une enquête très approfondie et la lecture critique d’une documentation sur le sujet qui paraît exhaustive. Ce qui en est résulté constitue le meilleur ouvrage dans ce domaine, à ma connaissance. Ce sont donc les conclusions de cette recherche convaincante que je reprends dans ce qui suit. 1.Les initiatives en faveur de la promotion du commerce dit équitable s’inscrivent parfaitement dans la logique de déploiement du "néo-libéralisme", dominante depuis trois décennies. Cette logique est définie par l’adoption du principe de ‘’retrait de l’Etat’’ de toute intervention active dans la gestion de la vie économique des nations en faveur d’une liberté sans restriction donnée aux ‘’marchés’’. Et, lorsque la liberté des marchés – dont le principe général n’est pas remis en question – vient à produire des effets sociaux déplorables (mais toujours considérés comme ‘’transitoires’’, la liberté des marchés étant supposée devoir produire nécessairement à plus long terme la meilleure solution aux questions sociales), alors il revient à la ‘’société
100 | AFRIcan business journal | N°07
civile’’, et non à l’Etat, de corriger ces effets. Telle est la logique de principe des politiques dites de ‘’réduction de la pauvreté’’ entreprises dans un cadre général qui ne remet pas en question les principes fondamentaux du néo-libéralisme, mais au contraire, souhaite leur donner leur pleine vigueur censée être ‘’favorable’’ à la solution appropriée aux problèmes sociaux. Ndongo Sylla apporte la preuve que le libéralisme constitue bien le cadre de référence des acteurs du commerce équitable et il le fait par son analyse précise et scrupuleuse des méthodes mises en œuvre pour le calcul du ‘’prix équitable d’une production durable’’ (pages 124 et suivantes). J’y renvoie tout simplement le lecteur de cette note brève. 2.Dans ces conditions on ne peut que poser la question qui en découle: qui sont les bénéficiaires de l’expansion du commerce dit équitable? Les producteurs, les consommateurs, les agents qui délivrent les labels de qualité, les intermédiaires commerciaux? Ici encore, Ndongo Sylla procède à une analyse fine de la répartition de la valeur des produits en question entre les partenaires énumérés. Il accompagne
ce travail de recherche empirique par un retour sur l’histoire de l’émergence et de la constitution du réseau des organisations qui certifient les produits du commerce équitable en question et délivrent les autorisations aux producteurs concernés de faire usage de leurs labels. Ces organisations ont été mises en place dans les pays du Nord au cours des dernières décennies. Elles constituent, aujourd’hui, un ‘’lobby’’ important qui, de surcroît, bénéficie d’une résonance médiatique amplifiée. Pour réussir dans leur entreprise, ces ‘’producteurs de labels’’ ont été amenés d’une part à identifier dans les régions productrices des candidats possibles, capables de se conformer aux prescriptions labellisées et auxquels des prix garantis préférentiels sont offerts en contrepartie; et d’autre part à négocier avec les intermédiaires qui opèrent dans le commerce mondialisé des produits en question (les ‘’traders’’ qui achètent en masse le café, les bananes etc.) et avec les grandes chaines de distribution (les supermarchés). Concernant ces derniers – les traders et les chaines de distribution – il va de soi que les raisons qui les motivent pour entrer dans le jeu sont purement mercantiles. Ils n’entrent donc dans le jeu que si celui-ci est rentable, c'est-
grille DE LECTURE à-dire leur procure des profits analogues à ceux qu’ils tirent du commerce des produits ordinaires, non labellisés "équitable". Ndongo Sylla constate – études empiriques précises à l’appui – qu’il en est bien ainsi et que les marges que s’octroient ces intermédiaires absorbent une proportion majeure des valeurs ajoutées produites au cours du cycle entier qui va du producteur au consommateur final. Concernant les premiers – les agriculteurs recrutés pour fournir les produits labellisés objets du commerce équitable - Ndongo Sylla constate leur concentration sur quelques produits (en particulier le café et la banane) et quelques pays, situés principalement en Amérique latine (Mexique par exemple) et beaucoup plus rarement en Afrique et en Asie. Ce choix est-il le produit des hasards de l’histoire de l’intervention des personnes et des organisations qui ont initié le mouvement? On pourrait le penser quand on sait qu’il s’agissait souvent d’hommes religieux– en particulier associés au courant que la théologie de la libération anime – plus présents en Amérique latine qu’ailleurs. Mais, il ne s’agit là que d’un trompe-l’œil. Car, ce choix révèle en définitive ce que sont les conditions véritables qui permettent à certains producteurs d’entrer dans les circuits du commerce équitable, tandis que d’autres sont éliminés. Deux caractères majeurs favorisent une région productive plutôt qu’une autre C’est ce que Ndongo Sylla met en relief avec des arguments convaincants. On trouve en effet dans certaines régions de l’Amérique latine des agriculteurs qui sont déjà accoutumés à s’organiser en coopératives ou en groupements de producteurs. Ceux-ci ne sont pas les plus pauvres parmi les pauvres mais se situent plutôt dans la frange des relativement mieux lotis. On constate également que les produits labellisés proviennent principalement des pays du Sud qui ne sont pas à titre principal des exportateurs de ce type de produits agricoles tropicaux, mais des exportateurs d’une gamme
de productions diversifiées, en particulier de produits manufacturés. Le Mexique, l’un des champions du commerce équitable, en constitue le plus bel exemple. Par contre les PMA (ceux que l’ONU qualifie de ‘’moins avancés’’) qui pour beaucoup d’entre eux dépendent exclusivement ou principalement des exportations de ces produits agricoles tropicaux, sont à la traine et occupent dans le volume global du commerce équitable des positions mineures. Or, c’est ici que se retrouvent les paysans les plus pauvres de la planète, parmi les plus pauvres des pays du monde.
à la sauvegarde de ce qu’ils pensent garantir une reproduction écologique saine des terroirs concernés. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Car les bénéficiaires réels du système sont les traders et les chaines de distribution qui savent qu’il existe une tranche de consommateurs qui donneront leur préférence à des produits labellisés et qui tirent des profits additionnels de l’expansion du marché de ces produits, même si le commerce équitable ne constitue qu’une fraction négligeable du commerce mondial des produits de l’agriculture tropicale d’exportation.
Pour réussir dans leur entreprise, ces "producteurs de labels" ont été amenés d’une part à identifier dans les régions productrices des candidats possibles, capables de se conformer aux prescriptions labellisées et auxquels des prix garantis préférentiels sont offerts en contrepartie; et d’autre part à négocier avec les intermédiaires qui opèrent dans le commerce mondialisé des produits en question (les "traders" qui achètent en masse le café, les bananes etc.) et avec les grandes chaînes de distribution (les supermarchés).
Pour ces pays l’intervention des organisations qui promeuvent le commerce équitable s’inscrit donc dans une logique qui ne se propose pas de faire sortir les pays concernés de leur spécialisation internationale dans ces productions. Au contraire cette intervention contribue à les enfermer davantage dans cette condition. Or, en sortir constitue le préalable incontournable à toute amorce d’un développement quelconque. De cette manière encore, on voit que le commerce équitable s’inscrit parfaitement dans la stratégie globale de déploiement de la mondialisation libérale. Les consommateurs finaux des pays relativement opulents font-ils réellement le choix d’un sacrifice (en termes de prix payés) motivé par les raisons éthiques que les médias invoquent pour les convaincre? Certainement, en toute bonne conscience, ces consommateurs sont motivés dans leurs choix par d’honorables considérations éthiques et par leur souci de contribuer
Finalement donc, les bénéficiaires majeurs du système ne sont pas les paysans concernés. Comme on le verra, un autre système de commercialisation de leurs productions qui a existé dans le passé avant d’être abrogé par le triomphe du libéralisme et qui pourrait être reconstitué à l’avenir – en meilleur – a pu être – et pourrait être – bien plus avantageux pour les paysans du Sud, toujours victimes, y compris du «commerce équitable. Les bénéficiaires réels appartiennent à deux catégories d’agents d’intervention économique. D’abord les traders et les chaines de distribution, c'est-àdire des groupes oligopolistiques qui sont à l’origine du néo-libéralisme imposé contre le développement. Ensuite la nébuleuse des ‘’ONG’’ – des agents qui promeuvent ce commerce. Ici encore, au sein de cette nébuleuse, les individus qui en toute bonne conscience sont parfaitement honnêtes se comptent certainement en grand nombre. Cela n’exclut pas que ces ONG ‘’vivent’’
AFRIcan business journal | N°07 | 101
grille de lecture de cette activité, devenue professionnelle. Ndongo Sylla est parvenu à ces conclusions que traduit le sous-titre de son ouvrage – ‘’le marketing de la pauvreté au service des riches’’ – et parle donc du «scandale du commerce équitable». Je n’hésiterai pas pour ma part à qualifier ces pratiques de véritable escroquerie politique. 3.Quelle est donc l’alternative d’une politique d’intervention qui pourrait être mise au service à la fois de la réduction de la misère des producteurs paysans, du respect de la reproduction écologique et de l’amorce d’un développement digne de ce nom pour les paysanneries? On doit ici commencer par relire l’histoire du passé antérieur au triomphe néolibéral. Il y a eu dans ce passé, qu’on veut faire oublier, des Centrales d’achat ou des Caisses de compensation (publiques) garantissant des prix réels de facto meilleurs que les prix payés aujourd’hui à ces mêmes producteurs, y compris aux moins mal placés d’entre eux, bénéficiaires du commerce équitable. Il y a eu des amorces de constitution de groupements internationaux de pays producteurs, toujours combattus par les forces du capitalisme dominant, dont les échecs ne peuvent être attribués exclusivement à la «bureaucratisation irrationnelle» de leur gestion comme le discours libéral veut le faire croire. Ces modes d’intervention dans le commerce international étaient parfois parvenus à atténuer la volatilité des prix et à réduire les effets destructeurs de la spéculation. Ici encore le discours néolibéral, qui prétend que le ‘’marché libre’’ atténue l’ampleur des fluctuations s’inscrit contre toutes les constatations de faits. Comme d’habitude, ce discours idéologique dogmatique ne mérite en rien d’être qualifié de réaliste. Je ne suggère pas de "retourner au passé". Avec plus d’ambition je propose de faire mieux. On le peut si on part de la nécessité incontournable de
102 | AFRIcan business journal | N°07
concevoir dans les pays concernés la mise en route d’un projet souverain, qui s’inscrit contre le libéralisme et contraint ses défenseurs au repli, ou tout au moins à la négociation. Dans cette perspective on pourrait penser des politiques de développement agricole et rural radicales, fondées sur l’objectif d’amélioration continue de la productivité du travail social associé à une amélioration parallèle et continue du revenu réel des paysans concernés. On pourrait – et devrait – articuler ces politiques sur des stratégies d’industrialisation et de sortie des spécialisations imposées par l’impérialisme contemporain. Et ignorer les illusions du ‘’commerce équitable’’. Dans mon ouvrage ‘’L’implosion du capitalisme contemporain (Delga,
meilleure réponse au défi passe par la négociation internationale conduite par l’Etat. Les Etats exportateurs des produits agricoles spécifiques (café, thé, coton, bananes etc.) doivent imposer aux consommateurs étrangers des prix convenables. A ces consommateurs de se retourner à leur tour contre leur Etat pour lui imposer de réduire sa taxation lourde de ces consommations, contre ses traders et ses chaines de distribution pour leur imposer de réduire leurs marges. La mise en œuvre de l’internationalisme des travailleurs et des peuples passe par cette voie, pas par celle de la charité. Bien entendu rien de cela n’est pensable si on ne se libère pas des dog-
Le thème de "l’Etat contre la nation", repris sans réfléchir par des segments importants des mouvements de protestations, produit de l’anarchisme de droite nord américain anti-Etat, est ici au coeur de notre critique. La pratique réelle de la liberté émancipatrice associée à l’égalité et à la solidarité exige l’intervention d’un Etat fort (non au sens policier) engagé dans la démocratisation de la société, non sa dissolution au profit d’une prétendue "société civile" amorphe, incapable par elle-même de transformer les rapports sociaux d’exploitation et d’oppression.
2012, pages 123 et suivantes), je suggère des formules de négociations collectives entre les paysans (dont les productions seraient réorientées en priorité vers le vivrier pour assurer la souveraineté alimentaire du pays), les consommateurs urbains nationaux, les fournisseurs d’inputs et les chaines de distribution qui permettraient d’offrir des prix convenables socialement et favorables au développement. Dans la mesure où, dans cette reconstruction sociale certains inputs devraient être importés (du Nord ou du Sud émergent industrialisé) et aussi loin que le pays concerné continue à être exportateur de produits agricoles spécifiques, la
mes libéraux qui exercent encore leur emprise. Le thème de ‘’l’Etat contre la nation’’, repris sans réfléchir par des segments importants des mouvements de protestations, produit de l’anarchisme de droite nord américain anti- Etat, est ici au cœur de notre critique. La pratique réelle de la liberté émancipatrice associée à l’égalité et à la solidarité exige l’intervention d’un Etat fort (non au sens policier) engagé dans la démocratisation de la société, non sa dissolution au profit d’une prétendue ‘’société civile’’ amorphe, incapable par elle-même de transformer les rapports sociaux d’exploitation et d’oppression.
AFRIcan business journal | N째07 | 103
l'économie de l'environnement
Deux étudiants de 2iE mettent au point un savon qui protège du paludisme Karité, citronnelle et autres herbes tenues secrètes sont les composantes d'un nouveau savon qui protège du paludisme, l’une des maladies les plus meurtrières du continent africain. Le Burkinabé Moctar Dembélé et le Burundais Gérard Niyondiko, tous deux étudiants à l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et l’Environnement (2iE) Ouagadougou sont les auteurs de cette innovation.
© Photo D.R.
Par Hortence Batoumaï Djigatchong
Le paludisme tue près d'un million de personnes dans le monde chaque année et un enfant en Afrique chaque minute. Nombreux sont ceux qui rêvent de trouver des remèdes efficaces pour mieux s'en protéger. Deux jeunes Africains, un Burkinabé, Moctar Dembélé, et un Burundais, Gérard Niyondiko, ont réussi ce pari. Ensemble, ils ont inventé un savon de protection contre le paludisme. Le Burkinabé Moctar Dembélé et le Burundais Gérard Niyondiko sont les premiers jeunes africains à remporter le concours Global Social Venture Competition, doté d’un montant de 25.000 $ pour le premier prix et 1500 $ pour le prix du public. La victoire à ce concours, qui récompense des 104 | AFRIcan business journal | N°07
projets d’entreprise innovants et sociaux de grandes écoles dans le monde, devrait leur permettre de lancer leur entreprise, Faso Soap. Faso Soap, "une solution simple et efficace" Faso Soap, c’est, selon ses auteurs, "une solution simple et efficace" contre une maladie transmise par les piqûres de moustiques, à laquelle plus de la moitié de la population mondiale est encore exposée. L'impact social et écologique est d’envergure: en se lavant avec un savon élaboré entièrement à base d’éléments naturels et locaux, la population se nettoie et se protège des parasites devenus résistants à plusieurs médicaments antipaludéens.
Des composantes naturelles tenues secrètes Repousser le plasmodium, le parasite responsable du paludisme, n’est pourtant pas tâche aisée. Vaccins et médicaments n’y sont pas encore parvenus totalement à ce jour. Sans parler des anti-moustiques, bien souvent peu efficaces. Les deux jeunes lauréats espèrent, eux, changer la donne. Les composantes du savon, tenues secrètes –seuls ont été révélés quelques ingrédients, comme la citronnelle ou le karité-, ne sont pas encore définitivement arrêtées. Le savon a été testé sur un échantillon de la population à Ouagadougou, en collaboration avec le médecin de leur école, et les retours ont été plutôt positifs."Les moustiques et les larves des moustiques se développent dans les nombreuses eaux stagnantes de la ville, explique Lisa Barutel, chargée d’entrepreneuriat chez 2iE; utiliser le savon et le mettre dans les lessives évite la contamination." Etudiants entrepreneurs L’argent du concours va servir selon les lauréats, à lancer une seconde étude plus poussée, en collaboration avec le Centre national de lutte contre le
insolite Un sac solaire pour transporter et purifier DIX litres d’eau en six heures Deux étudiants américains, Ryan Lynch et Marcus Triest, ont inventé un système portable bon marché, qui en utilisant les ultraviolets du soleil peut rendre potables près de 10 litres d’eau en six heures. Ces deux étudiants américains en design industriel ont conçu un prototype de système solaire portable de purification d’eau qui pourrait sauver un bon nombre de vies pour seulement quelques dollars l’unité. Le sac solaire est un concept qui utilise les rayons ultraviolets du soleil pour éliminer les contaminants biologiques nocifs. L’eau est traitée lors du passage des rayons ultraviolets à travers la couche extérieure en polyéthylène translucide du sac; la doublure intérieure est noire pour accélérer le processus de filtration grâce à la chaleur d’où près de 10 litres d’eau sont rendus potables toutes les six heures. Le design général fait penser à une sacoche standard.
© Photo D.R.
Fonctionnel et tendance Le sac est tout autant fonctionnel que tendance. Il est inspiré par les sachets alimentaires hermétiques et peut être posé à plat pour exposer l’eau à encore plus de rayons ultraviolets. Ses inventeurs affirment que le sac solaire offre également des performances nettement supérieures au standard de purification. "Les gens le faisaient déjà avec des bouteilles en plastique (des bouteilles de soda de 2 litres, par exemple) sur les toitures, mais il faut deux jours pour que l’eau devienne potable. Notre polyéthylène est beaucoup plus fin que celui d’une bouteille de 2 litres, et la doublure noire accélère le processus", a souligné Ryan Lynch. Le duo est à la recherche d’investisseurs pour produire le sac solaire en série et estime que son coût sera inférieur à 5 dollars. Source: www.smartplanet.fr
paludisme du Burkina Faso, pour analyser les éventuels effets secondaires. Les étudiants souhaitent finaliser leur produit et monter leur entreprise d'ici la fin de leur master, avec l’aide des laboratoires proches de leur école. Ensuite, ils procéderont à la distribution. Chaque savon sera vendu au même prix qu'un savon ordinaire, soit 300 francs CFA (46 centimes d’euros), dans les réseaux de vente habituels. Une fois le produit utilisé par la population, la seconde étape consistera à cibler une population encore plus exposée à la maladie. Les deux étudiants envisagent de prendre contact avec les ONG en lutte contre le paludisme à ce stade. Pour Moctar Dembélé et Gérard Niyondiko, le prix est une consécration. Fiers de faire partie d’une "Afrique qui défie les clichés", ils comptent redoubler d’ardeur pour donner vie à une innovation sociale conçue sur mesure pour les besoins de leur continent.
Innovation de l'OCP
"Téractiv", un fertilisant 3E L’Office Chérifienne des Phosphates (OCP) du Maroc, leader mondial sur le marché du phosphate et de ses produits dérivés, vient de mettre sur le marché, "Teractiv", une solution fertilisante intégrée et adaptée aux besoins des terres et des agriculteurs. La solution "Téractiv" est destinée directement à répondre aux besoins des sols, principalement acides (Amérique Latine, Asie du Sud Est, Afrique). Sa proposition de valeur est basée sur ce que l’OCP a baptisé les 3 "E": Economique (cost effective présentant un rapport qualité-prix optimal, à travers le ratio gain/ coût); Ecologique (réhabilite les sols à travers un apport en calcium et en souffre); Ergonomique (formules prêtes à l’emploi pour diverses cultures tropicales : cacao, coton, maïs). Une cargaison de 10.000 tonnes déjà livrée à la Côte d’Ivoire L’OCP a livré en Avril 2013 à Abi-
djan, la première cargaison de 10.000 tonnes d’engrais "Teractiv Cacao" à la Côte d'Ivoire. Cette livraison est le fruit d’un partenariat stratégique portant sur le développement de la culture du cacao en Afrique de l'Ouest, signé en Novembre 2012 à Abidjan par l'ensemble des acteurs clés de ce secteur à l’occasion du 1er Forum Mondial du Cacao. L’OCP a mis en exergue son ambition de se positionner comme le fournisseur de référence de solutions fertilisantes dédiées à la cacaoculture en Afrique et ce, pour répondre aux besoins spécifiques des planteurs de la région avec la nouvelle solution fertilisante, "Teractiv Cacao". Pour rappel, l’OCP est présent sur toute la chaîne des valeurs. L’OCP extrait, valorise et commercialise du phosphate et ses produits dérivés. Le Groupe OCP a réalisé un chiffre d’affaires de 59,3 milliards de dirhams en 2012.
AFRIcan business journal | N°07 | 105
l'économie de l'environnement Par Abdou Diaw
De l’urine pour remplacer le diesel
Une idée insolite de quatre écolières nigérianes
© Photo D.R.
Quatre collégiennes ont mis au point un générateur d’électricité qui carbure à l’urine plutôt qu’au diesel. Une alternative crédible au pétrole?
Le système mis au point par Duro-Aina et ses camarades de classe a l’avantage de la simplicité: une cellule électrolytique est trempée dans de l’urine, pour séparer l’hydrogène qu’elle contient avant de la purifier dans un filtre à eau. Une fois isolé, cet hydrogène d’origine 100% naturelle est poussé dans le générateur qu’il alimente. Avec cet ingénieux système fabriqué dans le cadre de leurs cours de chimie, les quatre collégiennes nigérianes affirment pouvoir alimenter en électricité quelques ampoules, une télévision et un ventilateur pendant six heures. Tout cela avec un seul litre d’urine. Les quatre camarades de classe avaient déjà fait sensation en novembre 2012 à la Foire des inventeurs de Lagos, la capitale du pays. La mégalopole de 15 millions d’habitants consomme près de la moitié de l’électricité nationale mais vit au rythme des coupures de courant. Problèmes logistiques, vétusté des centrales, sabotages; délestages sont fréquents et n’épargnent même pas les aéroports. Le projet des quatre jeunes filles, encore au stade expérimental, suscite beaucoup d’espoir. "C’est une alternative non toxique, transportable et abordable", s’enthousiasme la journaliste Sally Magnusson, auteure britannique de "Life of Pee" (La vie du pipi). L’urine comme carburant L’urine comme carburant, ce n’est pas une idée si nouvelle que cela. Des recherches sont menées depuis plusieurs an-
106 | AFRIcan business journal | N°07
nées en Europe et aux États-Unis où le traitement des eaux usées coûte une fortune (1,5% de l’électricité produite aux États-Unis est consommée par les usines de retraitement). "On perd de l’énergie pour traiter l’urine, alors qu’on pourrait produire de l’énergie avec l’urine", résume le professeur Shanwen Tao. Avec ses étudiants de l’université Heriot-Watt, en Écosse, il a donc concentré ses recherches sur l’urée, un composé organique naturellement présent dans l’urine des êtres humains (environ 2%). Utilisée dans les poids lourds pour réduire leurs émissions en CO2, l’urée est aujourd’hui fabriquée industriellement à partir d’ammoniac et de dioxyde de carbone. "Les êtres vivants produisent 38 milliards de litres d’urine chaque jour", ont calculé des chercheurs britanniques du Bristol Robotics Lab. De quoi alimenter des millions de carburateurs écologiquement. Le "facteur beurk" Devant la moue dubitative de nombreux scientifiques qui rappellent qu’il est encore difficile d’obtenir une urée "pure" et naturelle en quantité industrielle, les chercheurs britanniques rétorquent que les résistances sont essentiellement culturelles. "La perception des gens est un frein important. Ils ne veulent pas utiliser leurs eaux usées comme source d’énergie", a expliqué le biolgiste Robert Goodfellow à la BBC. Il appelle cela le "facteur beurk". "On produit des millions de litres d’urine chaque année aux États-Unis, tonne Earl Braxton, gérant américain d’une entreprise de toilettes mobiles. Extraire l’urine serait beaucoup plus profitable qu’extraire de l’or ou du pétrole". Pourtant, même la Nasa a dû lutter pour convaincre ses astronautes que l’urine recyclée de la station était réutilisable, voire consommable. Il reste encore beaucoup à faire avant d’espérer pouvoir produire, à grande échelle, des carburateurs et des piles à combustibles utilisant de l’urine. Les chercheurs britanniques et les collégiennes nigérianes restent pourtant optimistes. Les chiffres sont étonnants. Un adulte produisant entre un et deux litres d’urine par jour, ces chercheurs estiment que chacun d’entre nous produit assez d’urée sur une année pour faire rouler une voiture sur 2700 kilomètres.
l'économie de l'environnement Par Sophie Pilgrim
Vente des sacs plastiques
Le Mali et la Mauritanie l’interdisent
Les ravages de ces "sachets"comme ils sont souvent appelés en Afrique sont enfin combattus de manière forte avec des interdictions formelles. PPour 2013, la Mauritanie et le Mali ont pris une résolution. Depuis le 1er Janvier, la production, la commercialisation et l’usage de sachets plastiques sont désormais interdits. Une mesure qui fait de l’Afrique le continent le plus répressif envers ces sacs nocifs pour l’environnement. La Tanzanie, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Kenya ont d’ores et déjà banni les sachets de petite taille. Plus radicaux, le Rwanda et la Somalie les ont, quant à eux, totalement interdits. La mesure d’interdiction prévoit des peines de prison ferme pouvant aller jusqu’à un an et des amendes atteignant un million d’ouguiyas (2.500 euros) pour les fabricants, importateurs et utilisateurs de sachets plastiques, a affirmé l’Agence mauritanienne d’information, citant le ministre mauritanien de l’Environnement, Amedi Camara. En cause, les effets nocifs des sacs en polyéthylène sur l’environnement. Ces derniers ont même été qualifiés de «fléau désastreux» et de "menace à la santé publique" par les autorités maliennes. Au Mali justement, comme ce fut le cas au Bangladesh – premier pays abolitionniste en la matière – les sachets jetés dans la nature obstruent les systèmes d’évacuation, entraînant des inondations dans les villes. Un danger pour les animaux L’autre raison invoquée par les autorités est l’impact sur le milieu naturel. Le ministre mauritanien de l’Environnement a ainsi indiqué que "la quasitotalité (des) déchets d’emballages plastiques se retrouvent dans le milieu naturel, terrestre et marin, où ils sont parfois ingérés par quelques
espèces marines et le bétail, entraînant leur mort". Parmi les victimes, les tortues de mer qui confondent les sacs plastiques avec des méduses, mais aussi les chameaux. Aux Émirats arabes unis, environ la moitié des animaux à bosses périssent des suites de famine causée par la consommation de plastique. En Mauritanie, même problème. "Près de 80% des bovins tués aux abattoirs de Nouakchott sont porteurs de sacs plastiques dans leur panse" a déclaré le ministre mauritanien de l’Environnement. Aux Émirats arabes unis, désormais, seuls les sacs plastiques biodégradables sont autorisés. Partie immergée de l’iceberg La matière plastique représente 25% des 56.000 tonnes de déchets produits annuellement par la ville de Nouakchott, selon des statistiques officielles. Selon les écologistes, l’argument d’une alternative ne tient pas. Les sacs en papier, bien que plus écologiques, nécessitent plus de temps, d’énergie et de ressources naturelles pour être fabriqués. Pour ce qui est des sacs réutilisables, qui eux, ne sont pas biodégradables, ils doivent être utilisés correctement, c’est-à-dire gardés à vie. Et pour faire du plastique jetable un lointain souvenir, l’interdiction la plus efficace n’implique pas une suppression du sac, mais plutôt une taxe. La loi initiée en Irlande en 2002 impose aux consommateurs de payer 15 centimes d’euro par sachet. En quelques semaines, l’utilisation de ce dernier avait chuté de 15% et 90% des clients apportaient leur propre sac pour faire leurs courses.
Oxfam accuse 10 agroindustriels de ne respecter ni les petits agriculteurs, ni l’environnement "La face cachée des marques", c’est le titre du rapport publié le 26 Février 2013 par Oxfam et qui accuse les 10 leaders mondiaux de l’agroalimentaire dont Coca- Cola, Danone, Kellogg’s, Mars, Nestlé, Pepsico ou encore Unilever, de ne pas suffisamment respecter les droits et les intérêts des agriculteurs locaux et de mener des politiques environnementales médiocres. "Aucune de ces sociétés ne s’est dotée de politiques permettant de protéger les communautés locales contre les accaparements de terres et d’eau", déplore Oxfam qui estime que ces grandes compagnies "restent excessivement opaques concernant leurs chaînes d’approvisionnement". Oxfam accuse également ces 10 agro-industriels de ne respecter ni les petits agriculteurs, ni l’environnement agricoles et déplore le fait qu’"aucune ne soit engagée publiquement à payer un prix décent aux agriculteurs ou à leur accorder des conditions commerciales plus justes".
Le charbon devrait détrôner le pétrole en 2017 "Si aucun changement n'est apporté aux politiques actuelles, le charbon rattrapera le pétrole d'ici une décennie", selon l’Agence Internationale de l'Energie (AIE) qui prévient que le charbon deviendra en 2017, la première source d’énergie dans le monde avec 4,3 milliards de tonnes équivalent pétrole brûlées par an. C’est une mauvaise nouvelle pour la planète puisqu’il s’agit du plus polluant des combustibles fossiles. Pour Maria Van Der Hoeven, la directrice exécutive de l'AIE, "les abondantes réserves et la demande insatiable des pays émergents, le charbon, ont atteint près de la moitié de la hausse de la demande mondiale d'énergie au cours de la première décennie du 21ème siècle".C'est la Chine et l'Inde, qui tireront la croissance de la consommation de charbon dans les 5 prochaines années. Toutefois, l'utilisation mondiale du charbon devrait ensuite baisser progressivement une fois ce pic passé, selon les prévisions de l’AIE.
AFRIcan business journal | N°07 | 107
livre du trimestre Management des entreprises dans les pays du Sud 12 études de cas réelles du Maroc, Coordonné par Caroline Minialai Les études de cas sont un moyen efficace de découvrir ou approfondir une problématique. Les pays du sud en général, et le Maroc en particulier, sont des terrains encore mal-connus par les enseignants, les décideurs ou futurs décideurs. Pourtant, les acteurs marocains d'aujourd'hui ne se cantonnent plus à des opérations de sous-traitance. Ils s'internationalisent, exportent, créent des marques et des concepts, innovent dans leurs pratiques managériales tout en tenant compte de leur environnement. C'est pour mieux connaître ces îlots de prospérité et d'innovation que cet ouvrage a été conçu. En effet, si le Maroc n'est pas en soi une exception managériale, il n'en demeure pas moins qu'il dispose, d'une part, de spécificités socio-économiques et culturelles et qu'il est souvent difficile, d'autre part, d'adapter, dans leurs globalités, les théories et pratiques utilisées et développées dans les pays dits plus avancés. Cet ouvrage, fruit du travail collectif de chercheurs du CESEM, le centre de recherche de HEM (Première Business School privée marocaine), propose 12 études de cas tirées de situations d'entreprises marocaines réelles. Petites, moyennes ou très grandes entreprises du Royaume, vous les découvrirez confrontées à des problématiques de management tout au long de leur cycle de vie, et dans des domaines aussi variés que la stratégie d'ouverture vers l'Afrique, la gestion d'un réseau de franchise 100 % marocain ou encore l'adoption d'une stratégie «verte». Que vous soyez étudiant, enseignant ou décideur, au Sud ou au Nord de la Méditerranée, cet ouvrage est un moyen d'enrichir vos connaissances et de mieux appréhender les challenges managériaux actuels dans les pays du sud !
Le jaune et le noir de Tidiane N'Diaye
Poor Numbers de Morten Jerven
La stratégie millénaire et récente de la ChinAfrique, sa traite intercontinentale et son racisme olympique, cette ChinAfrique à qui le passif colonial occidental sert de cheval de Troie, avec ses gigantesques dévastations aux pillages subtilement organisés: voici l'enquête historique de l'anthropologue franco-sénégalais Tidiane N'Diaye qui fait éclater, preuves en main, un nouveau scandale planétaire, comme à la lecture de ses trois livres précédents publiés dans "Continents noirs". Traduite et largement débattue dans le monde entier, l'œuvre de Tidiane N'Diaye n'a de cesse de nous montrer les dessous de l'Histoire. Ici, c'est le néo-colonialisme chinois, "deal non regardant" pour la prédation économique et l'implacable domination, qu'il met en lumière crue. "C'est presque réussi, l'épopée africaine de Pékin ressemble à une conquête triomphale".
Ce livre remet en cause l'exactitude d e s s t a t i s t i q u e s économiques sur l'Afrique. Des voix expertes s'élèvent p o u r m o n t r e r que les données publiées mésestiment souvent la réalité économique du continent. "Il y a des mensonges, de sacrés mensonges, et puis il y a...les statistiques africaines" écrit-il. Dans son ouvrage, l'universitaire norvégien, Morten Jerven, explique combien les statistiques sur le développement brillent par leur inexactitude. Avant lui, une équipe de chercheurs de la London School of Economics avait montré, grâce à des méthodes de calcul innovantes, qu'au Sud du Sahara, le niveau de vie avait augmenté de 3% à 4% par an en 20 ans, soit une progression de 3 à 4 fois plus rapide que ce qu'indiquent les données existantes. Les chiffres transmis par le FMI et la BM donneraient-ils le flan à l'inexactitude ?
108 | AFRIcan business journal | N°07
Les 5 Clés du Management Transversal de Vincent Dicecca Le livre que tout manager transverse doit lire avant de démarrer sa mission! Un texte clair et simple, de nombreux exemples analysés, une mine de conseils techniques et managériaux pour organiser et mener sa mission transverse jusqu’à l’atteinte des objectifs. Coécrit par un expert en management (Vincent Dicecca ) formant chaque année des centaines de managers transverses et une journaliste, l’ouvrage donne les cinq clés de la réussite de toute mission transverse (Clé 1: Agir en architecte; Clé 2: Agir en capitaine; Clé 3: Agir en stratège; Clé 4: Agir en leader; Clé 5: Agir en communicant). Après des expériences de manager d’équipe et manager transversal dans la communication, Vincent Dicecca rejoint CSP Formation où il intervient en tant que consultant. Ses domaines d’expertise sont le management d’équipe, le management transversal, le leadership et l’art du changement.
rendez-vous Kigali en 2014, Abidjan en 2015 et Lusaka en 2016 Prochaines Assemblées annuelles de la BAD L’une des décisions prises lors des Assemblées annuelles 2013 de la Banque Africaine de Développement qui se sont tenues à Marrakech au Maroc, du 27 au 31 Mai dernier, est la désignation des pays qui vont accueillir pour les trois prochaines années, cette grande messe de l’économie africaine. Ont été désignés respectivement pour 2014; 2015 et 2016, les capitales Kigali (Rwanda), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lusaka (Zambie). Du 4 au 5 Juillet 2013 à Paris, à l’Hôtel Méridien Étoile Le Forum économique de l’Afrique gagnante Le Forum économique de l’Afrique gagnante en sera cette année, à sa 25e édition. Organisé par le Conseil International des Managers Africains anciennement Club des Managers Africains, ce forum met en exergue, le patriotisme économique comme premier vecteur du développement et le partenariat comme locomotive dans l’émergence économique. Du 9 au 21 Juillet 2013, à Montréal, Canada 27e édition Festival International Nuits d’Afrique Avec plus de 500 artistes venus de 30 pays différents, cet événement propose toutes les musiques d’origine africaine, à savoir les musiques traditionnelles et actuelles d’Afrique, des Antilles et d’Amérique Latine. Avec plus d’une cinquantaine de concerts en salle et 4 jours d’activités gratuites au cœur du centre-ville, sur le Parterre du Quartier des Spectacles, ce festival est le plus important événement multiculturel au Canada.
Du 26 Juin au 3 Juillet 2013, Sénégal, Afrique du Sud et Tanzanie / Tournée africaine de Barack Obama Ce sera la première grande tournée africaine du président américain. Barack Obama va se rendre au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie, entre le 26 Juin et le 3 Juillet 2013. Lors de son premier mandat démarré en 2008, le président des Etats-Unis, dont le défunt père était Kényan, n'avait pu se rendre qu'au Ghana pour une très courte visite en Juillet 2009. Du 25 au 27 Septembre 2013, Montréal, Canada Forum Africa du magazine Afrique Expansion La 6e édition du Forum Africa 2013 se veut un rendez-vous économique international entre les décideurs et hommes d’affaires en Afrique et ceux en Amérique du Nord (Canada, USA). L’édition de cette année portera sur le thème: L'Afrique émergente: investissements et opportunités d'Affaires. 500 participants sont attendus. Du 10 au 14 Novembre 2013, Abu Dhabi , E.A.U Abu Dhabi National Exhibition Centre Pendant 4 jours, Abu Dhabi National Exhibition Centre abritera Abu Dhabi International Petroleum Exhibition & Conférence, une rencontre dédiée aux acteurs de l’énergie (conventionnelle et renouvelable), du pétrole et du gaz (extraction pétrolière, extraction de gaz, raffineries, produits pétrochimiques, transports, pompes, technique offshore).
La Revue
C ’est pour vous et avec vous...
Des idées, des expériences et des réflexions à partager.
Merci d’envoyer votre texte à : msy@africanbusinessjournal.info / siresy@gmail.com AFRIcan business journal | N°07 | 109
actualité PSILONe L’emploi des j eunes en Afri q ue
Le potentiel, le problème et la promesse à la concurrence industrielle asiatique. Dans les industries manufacturières, les prix de production sont globalement 2 à 3 fois plus chers en Afrique qu’en Asie. Les causes de ce déficit de compétitivité sont aussi une forte pression fiscale, des coûts de facteur élevés et des infrastructures inexistantes et/ ou faibles. Une faiblesse structurelle qui est la cause des deux fragilités endémiques des économies africaines: l’insuffisance des investissements productifs et un taux de bancarisation très limité (-10%).
Mohamadou SY "siré"*
msy@africanbusinessjournal.info
L’Afrique compte 300 millions de jeunes âgés de 15 à 30 ans, soit plus de 37% de sa population en âge de travailler. Ces jeunes représentent près de 60% des chômeurs. Le continent connaît une croissance rapide de sa population et est entré dans une phase de lente transition démographique qui va augmenter la pression à laquelle les pays seront confrontés en termes de création d’emplois. Toutefois, la jeunesse africaine ne forme pas un groupe homogène et ses perspectives d’emploi varient en fonction de plusieurs facteurs (région, sexe, niveau d’instruction, etc.). Ce qui implique des interventions différenciées de la part des pouvoirs publics. Les goulots d’étranglement Pourquoi les économies africaines ne créent pas suffisamment d’emplois? Parce que le premier et principal handicap de l’emploi en Afrique est lié au déficit de compétitivité, notamment face
110 | AFRIcan business journal | N°07
Faible diversification de production Mais la compétitivité n’est, hélas, pas le seul frein à l’emploi des jeunes en Afrique. Le continent pâtit également d’une ‘’faible diversification de production’’, parceque la production africaine se limite pour l’essentiel à l’agriculture et au secteur minier. Les Politiques en Afrique, doivent mettre en œuvre de véritables ‘’politiques industrielles’’ tout en mettant l’accent sur le tissu de PME. Telles sont d’ailleurs les conclusions des actes de la 13éme édition (2013) du Forum d’excellence des Dirigeants Africains, organisé à Marrakech par le ‘’Groupe Afrique Challenge l’Afrique qui Ose!’’, qui prévient que l’économie africaine doit réinventer son business model et se repositionner de manière concertée en faveur de l’emploi des jeunes. Telles sont aussi les conclusions du rapport 2012 de McKinsey ‘’L’Afrique au travail: création d’emplois et croissance inclusive’’ qui précise que la compétitivité africaine n’est possible que si les pays parviennent à trouver des ‘’niches de compétitivité’’. McKinsey cite l’exemple du Maroc et de son
entrée récente dans le marché de la fabrication de petites pièces automobiles. Selon McKinsey, deux stratégies doivent aller de pair pour dynamiser de manière significative l’emploi des jeunes en Afrique: renforcer la croissance, mais aussi et surtout, faire en sorte que les exportations de ressources génèrent des emplois locaux et qu’au moins une partie de la transformation soit réalisée sur place. Des actes concrets sinon…. Il s’agit de faire avancer l’emploi des jeunes en Afrique, au-delà des discours d’intention pas toujours suivis d’effets, par des solutions concrètes pour faire face à l’urgence de la demande sociale, dans une logique de construction d’une Afrique connectée à l’économie mondiale. Education, compétitivité, spécialisation, transformation, autant de facteurs où se jouent en profondeur, l’avenir de l’emploi des jeunes en Afrique. Comme le disait le président américain Bill Clinton, "il n’y a rien de mauvais en Afrique qui ne puisse être corrigé par ce qu’il y a du bon en Afrique". Redonnons confiance aux générations présentes et futures parce que les jeunes sont pour le continent Africain, à la fois, un potentiel, un problème mais aussi une promesse et une chance. Un avantage compétitif et comparatif. Un risque majeur et une bombe à fragmentations. * Journaliste-Economiste
b uactualité lle t in d ’ a b onnemen t
L e m a g a z i n e d e l ’A f r i q u e e n m o u v e m e n t A c o m p l é t e r e t r e t o u r n e r a v e c v o t r e r é g l e m e n t s o u s e n v e l o p p e a f f ra n c h i e o u p a r f a x : Abonnement & Publicité
Tél : +212 522 36 04 18/20 | Email : contact@africanbusinessjournal.info | Fax : +212 522 36 31 41 3, rue Mansour Saadi Quartier Racine Casablanca Maroc Type d'abonnement Entreprise Organismes Administration Sociétés
Nombre d’exemplaires 1 5 15 +20
Tarif en C FA / Unité 5 000 4 700 4 250 4 000
Tarif en Euro / Unité 8,5 7 6,5 6
Etudiants Universités Centres de Recherche Think Thank
1 5 15 +20
3 500 3 325 2 975 2 750
6 5 4,5 4
Particuliers
1 5 15 +20
4 000 3 800 3 600 3 200
7 6 5,5 5
Oui, je m'abonne à African Business Journal pour 1 an (soit 4 numéros) Nombre d'exemplaires : ...........................................................................
Mon règlement par : Virement bancaire à l'ordre de Afrique Challenge Compte bancaire N° SN 100 01001 00100292000462 SWIFT Code: AFRISNDA BANK OF AFRICA, 4 Avenue Léopold Sédar Senghor BP 1992 RP - DAKAR SENEGAL
Merci de m'adresser une facture acquittée.
Mes coordonnées : Mme Mlle Mr Nom : ..................................................................................................... Prénom : ................................................................................................ Raison sociale : ....................................................................................................................................................................................................... Adresse : ................................................................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................................................................................ Ville : ............................................................................................................. Code Postal : ................................................................................... Pays : ...................................................................................................................................................................................................................... Tél : ................................................................. Email : ................................................................@........................................................................ Date et Signature Au sommaire de chaque numéro : • Tableaux de bord de la Conjoncture et des Perspectives économiques en Afrique et dans le Monde • Un Grand Entretien • Des Business Case • Les Cahiers du Manager et le Feuilleton Managérial • Des Focus sur un Etat Africain (Economie politique) • Un Cahier «Economie de l’Environnement» • Une rubrique «Innovation Technologique».
112 | AFRIcan business journal | N°07
Prix : Zone CFA 2 000 F CFA | Maroc : 25 DH | Zone Europe : 3.5 €
Hors-série • n°01 • JUillet 2013
... prochainement au mois de Juillet 2013