#4: Réussir de l'Intérieur

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INSPIR’ NEWS Le colle a lancé ctif O.S.E.R le recr le 24 Avr . l’Afrique sadeur utement de il dernier aine.Ces de la jeun s ambasront po s ambassa esse africle Carn ur rôle de prdeurs aul’Afriqu et de la Jeu omouvoir contrib e. Si vous nesse pour de dem uer à batir souhaitez généra ain et à eng l’Afrique n’hésitetion dans c ager notre team O z pas à re es efforts, joindre .S.E.R. la

La B eni amer sity ic est déso an Univ tione rmai lle. s op ersont Les éra o Avril uvertes inscriptio d n e let pr t s’arrête epuis le s ro o 2 à eux chain. Le nt le 5 Ju 2 s i 2012 débutero cours qu lan n . le sit N’hésitez t le 20 Ao t e u p vous internet as à visi t t souh aitez de l’école er vous inscr si ire.


INSPIR’ NEWS Eth édi nicia i t 79 à : “La nitie u B pon 249 e eauté n con u cia ible d ros p illim cept i n i a a la b au cho ns un r moi tée”. D pro eauté ix, le p espac s, et di e les fiter à illimi assep e Ethn so t le c presta sa g ée pe rt po iu u r age entre tions ise d met r d e p , pos soins de be ropo tout e es d cap auté sées es ’ext : ens illaire maqu par ion s et i . aut llres

Ligh t A (L.A n .W.A d Wa ter dans .) re f c activ le cadr rute de or Afr e ic s i amb tés! Si v de ses bénévo a it le o par ieux, m us êtes prochain s le d o e rejoi dévelop tivé et ynamiq s u g p tre c nez L.A ement préoccu e, d .W vàc p onta .A en e e l’Afriq é ct@l u awa. nvoyant e, fr vo-



CONSTRUIRE DE L’INTÉRIEUR. Et si on remettait les compteurs à zéro ? Nous vous avons présenté jusqu’ici des entrepreneurs tout aussi remarquables les uns que les autres, excellant dans des domaines diversifiés. Le point commun récurrent entre ces jeunes personnes ? Le cursus académique. Comme nous l’avons si souvent mentionné, la jeunesse africaine est la plus mobile du monde, en ce qui concerne les études supérieures. Ainsi, nos protagonistes ont pour la plupart commencé ou terminé leurs études à l’extérieur du continent, avant d’y retourner, pour une partie d’entre eux. Alors, c’est bien gentil tout ça, mais qu’en est–il de ceux qui préfèrent créer des opportunités sur place? C’est un peu injuste de les avoir oublié n’est ce pas ? Il est donc question de rectifier le tir ce mois-ci. Oui, certains d’entre nous choisissent délibérément de continuer leur formation académique sur place, malgré les difficultés que cela peut impliquer. Dans le contexte de mondialisation dans lequel nous baignons, faire le choix de RESTER peut sembler plus surprenant que le contraire. On a envie d’aller à la découverte de l’autre, de changer d’air, d’avoir accès à des connaissances encore hors de portée, etc. Peu importe les raisons qui nous motivent, PARTIR s’avère parfois être un réflexe culturel plus qu’autre chose. Nos invités du mois nous font comprendre que tous les chemins mènent à Rome. Que l’on choisisse d’aller à la conquête du savoir ou que l’on décide de promouvoir les acquis que l’on possède déjà, le résultat sera le même, pour ceux là qui auront décidé de changer le visage de la terre mère. Kweku, Bethléem, Amy, Mariam, quant à eux, ont opté pour le premier choix et le revendiquent. Pour terminer sur une note sympathique, j’en profite pour lancer un petit jeu ! Deux nouvelles rubriques apparaissent dans le journal ce mois-ci. Saurez-vous deviner lesquelles ? Je suis sûre que oui ! Bonne Lecture ! Joan Y.


Be

R


8 COUP D’ COEUR INSPIRE Découvrez Dora Moti 10 INSPIR’ ASSOCIATION Africa Rising Foundation, L’héritage de Mandéla?

12 INSPIR’ INTERVIEW ethlehem Tilahun Alemu, Au Service de l’environnement 16 FOCULTURE UMOJA, Le Refuge des Femmes 18 INSPIR’ START-UP L’ aventure cinématographique d’Henri Mélingui

22 INSPIR’ POLITIC’ Redonnez Espoir au Mali avec Mariam Diallo Drame 26 INSPIR’ CAREER Amy Maiga, Femme d’action 28 INSPIR’ THOUGHTS Elise Mballa Meka 30 4 QUESTIONS A Steve Amara, sur Mwanamke Afrika



COUP D’ COEUR INSPIRE que i n h c e T Fiche

Moti a l a k u o : Dora M

Nom

ns Age: 24 A

déliste o M e t s i l n: Sty Professio is

n Ville: Tu

unaise o r e m a C Ivoiro: é t i l a n o Nati

Après 3 ans d’études en stylisme et son diplôme en poche, cette ravissante jeune fille décide de monter en 2010, sa ligne de vêtements et d’accessoires. Avec quelques économies, elle se lance. Dora n’en est qu’à ses débuts, mais provoque déjà l’enthousiasme sur sa page Facebook avec plus de 1000 fans en un an.

Dora est une véritable adepte du système D. Elle fait venir ses pagnes de la Cote d’Ivoire, et vend ses créations un peu partout, notamment en Tunisie et au Maroc. Malgré les difficultés, Dora ne se laisse pas abattre: “Au début il y a des personnes qui t’encouragent, mais beaucoup qui te découragent. Il faut savoir peser le pour et le contre et ensuite foncer. Il Du dessin à la conception, elle s’occupe faut toujours aller de l’avant”. seule du processus de création de ses vêtements et accessoires, faisant de Dora ne possède pas encore de site intemps en temps appel à des artisans spé- ternet, mais vous pouvez aller visiter cialisés en ce qui concerne la fabrication sa page Facebook. Comme elle le dit si des chaussures. bien, “il y’a de belles choses à voir.” Joan Y.


INSPIR’ ASSOCIATION

REDEFINIR L’IMAGE DU CONTINENT En tant qu’Africains, nous avons tous eu

nent. Les membres de l’association sont de jeunes africains lassés de voir une Afrique droit à ce genre de questions cliché : « y’atoujours relayée au rang de « continent t-il des immeubles en Afrique ? » « As – tu touristique ». déjà touché un lion ? ». Nombreux sont ceux qui ne voient encore en l’Afrique qu’une réPour créer ou plutôt façonner cette nouvelle serve d’animaux de la jungle ou de paysages image, l’association a lancé un programme exotiques. Africa Rising a été fondée dans le de leadership qui se focalise sur des élèves en but de casser cette vision. classe de terminale. Selon Samke Zondo, un des membres du conseil d’administration, Après un voyage en France en 2009, Ndaba ce programme est nécessaire car « nous et Kweku Mandela ont été interpellés par la avons besoin de former des personnes éduperception parfois erronée qu’on les euroquées et qualifiées, qui pourront être compéens sur l’Afrique : « Nous avons entendu pétitif à l’international ». Aujourd’hui de tellement de questions invraisemblables sur nombreux jeunes en Afrique n’ont pas acl’Afrique, de la taille des animaux à la sencès à une éducation de base. Ils ne peuvent sation qu’on pouvait éprouver en étant en par conséquent pas rivaliser avec le monde présence de l’un d’eux » extérieur. Ainsi Africa Rising veut soutenir En rentrant en Afrique du Sud, les 2 cousl’éducation en se concentrant sur les élèves, ins décident de faire quelque chose pour les étudiants, les enseignants et autres prochanger le regard que l’ « extérieur » porte fessionnels des métiers de ce secteur. sur l’Afrique. Pour eux, il devient désormais crucial de montrer l’évolution du continent La finalité ici est de motiver les étudiants à et de prôner la fierté d’être Africain. se connaître et à connaître leur culture. Ils sont sensés avoir confiance en eux-mêmes Constituée de 9 administrateurs et de 120 et savoir qu’ils sont l’avenir du continent. membres, le but d’Africa Rising est donc Etre africain aujourd’hui implique un cerclair : changer le regard porté sur le contitain nombre de responsabilités, il va falloir


INSPIR’ ASSOCIATION désormais intégrer cela. La stratégie d’Africa Rising consiste à mettre à la disposition des jeunes étudiants tous les outils disponibles et nécessaires à une excellente éducation. Par ailleurs, il s’agit aussi de créer une compétition saine entre eux, de manière à les préparer à faire face à n’importe quel challenge. L’association tient aussi à assister les professeurs, en leur donnant la possibilité d’avoir le matériel nécessaire pour enseigner. Ils ont entre autre besoin de prendre connaissance des nouvelles techniques d’enseignement et de pédagogie. Le programme de leadership permet enfin de rassembler les jeunes entrepreneurs, de manière à ce qu’ils parrainent les étudiants dont ils s’occupent. Ce mentorat est supposé les inspirer et leur permettre d’être de meilleures personnes. Africa Rising est aussi très impliquée dans des campagnes médiatiques. Quoi de plus efficace pour changer l’image que de passer par l’image? L’association veut mettre en avant toutes les potentialités du continent. Une de leur plus intéressante campagne à propos se nomme “Walk With Me” (Ndlr: Marche ave moi). Le programme propose à des enfants vivant dans des zones peu développées de photographier une image et de l’interpréter tout en mettant en relief leur communauté. Les clichés sélectionnés seront exposés par l’association et des professionnels pourront choisir d’embaucher les meili

leurs de ces photographes juniors. Les membres de l’association reconnaissent toutefois que la diversité du continent peut constituer un obstacle à l’expansion de l’organisation. Néanmoins, ils sont tout aussi conscients du fait qu’une association ne puisse à elle seule changer la donne. De fait, Africa Rising souhaite créer des synergies avec d’autres organisations basées en Afrique Centrale, de l’Ouest et de l’Est. En d’autres termes, ils sont prêts à aborder chaque pays par une approche culturelle adéquate. Kweku Mandela Amuah porte le nom et l’héritage de son grand père Nelson Mandela. Il est fier de ce nom et en reconnaît les avantages. Toutefois, il ne se considère pas spécialement différent des autres : « Nous sommes ce que nous sommes, et la société, tout autant que nos familles et nos amis attendent énormément de nous. Nous essayons de ne pas réfléchir par rapport au nom que nous portons ; nous apprécions l’intérêt et l’affection que les gens lui portent, mais ce n’est pas ce qui motive nos décisions. L’association n’a pas été créée à partir de ce nom, mais plutôt à partir de la foi en un continent riche et prospère» Africa Rising n’est pas nécessairement la continuité de l’entreprise de son grand père. Simplement, en tant que jeune africain, Kweku a voulu agir non seulement pour son pays, mais aussi pour son continent. Chrys N.


INSPIR’ INTERVIEW AU SERVICE DE LA COMMUNAUTE, AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT

Elle fait partie des lauréats des Awards Africains pour l’entreprenariat. SoleRebels,

compagnie de textile bio, est aujourd’hui l’un des symboles du commerce équitable en Afrique. Reconnue et accréditée par l’Organisation Mondiale du Commerce, elle se veut porteuse d’une nouvelle dynamique,« le business éthique ». Rencontre avec Bethlehem Tilahun Alemu, Directrice générale et créatrice de SoleRebels.

Comment a commencé l’aventure SoleRebels ? SoleRebels a été créée en 2004, avec pour objectif de créer des emplois dans la communauté de Zenabwork, un petit village à Addis Adeba (Ethiopie). A force de voir nos familles se battre pour subsister, nous avons décidé de créer un meilleur cadre de vie pour tous. C’était l’impulsion qu’il nous fallait pour mettre en avant les nombreux talents de nos artisans locaux, tout en leur apportant les avantages du commerce équitable. Nous avons décidé d’associer la richesse de notre tradition artistique au travail d’artisans éthiopiens ayant une sensibilité plus moderne, dans le but de créer des chaussures « universelles ».

Pour SoleRebels, fabriquer de belles chaussures est aussi une manière de créer non seulement des richesses, mais aussi de l’espoir. La chaussure, bien plus qu’un produit, semble avoir une signification particulière chez vous. Laquelle est-ce ? Pourquoi avoir choisi uniquement des chaussures et non pas des vêtements par la même occasion ? C’est une très bonne question ! L’idée du nom de la marque nous est apparue à la suite d’une pièce de théâtre. Il y était question de donner à des personnes qui autrefois n’avaient aucun espoir, une chance de devenir indépendants, en fabriquant des chaussures originales, à base de coton organique, de pneus, et de


INSPIR’ INTERVIEW

pleins d’autres matériaux naturels. Nous nous sommes immédiatement dit : « Voici l’essence même de SoleRebels ! » Nous avons choisi de produire des chaussures car il s’agissait là d’une excellente plateforme pour partager avec le monde nos talents artisanaux dans une logique de respect de l’environnement. Par ailleurs, avec cette approche, nous avons la possibilité de tout produire sur place, sans avoir à délocaliser ou à importer de la matière première. Ceci nous a donc permis de recréer et réinventer les fameuses chaussures « Selate » et « barabasso », dont les semelles sont fabriquées avec des pneus recyclés. Ces chaussures existent depuis très longtemps en Ethiopie. A l’époque, elles étaient portées par les

véritables « SoleRebels » qui ont combattu les envahisseurs et permis à l’Ethiopie, d’être la seule nation africaine à n’avoir jamais été colonisée ! Vous basez votre travail sur l’artisanat traditionnel. Comment réussissez vous à concilier traditions et modernité ? L’un de nos objectifs chez SoleRebels est d’impliquer totalement le consommateur. En combinant à la fois des savoirs faire traditionnels et modernes, nous permettons à nos clients de se reconnaître, mais aussi d’apprécier tous les éléments qui ont contribué à la création de la chaussure. Dans un environnement d’ultra consommation, où la majorité des entreprises délocali-


INSPIR’ INTERVIEW sent, SoleRebels se tient fièrement debout pour proposer une meilleure alternative. Nous prenons le parti du respect de l’environnement, tout en améliorant les conditions de vie en communauté. Notre stratégie consiste à maximiser la production locale en créant une importante chaïne de consommation, ainsi qu’un nouveau style, une nouvelle identité. De manière concrète, chaque artisan fabri-

tes ? En réalité, notre manière de travailler comporte un avantage comparatif: Le fait de privilégier l’authenticité semble de plus en plus attirer les gens, et rares sont ceux qui peuvent se revendiquer complètement authentiques. On peut dire que cette authenticité, associée à notre attachement au commerce équitable constitue notre ADN, ADN que nous avons voulu partager avec tous, de la manière la

que personnellement chacune de nos paires de chaussures à la main. Ce qui assure un processus totalement sain, avec zéro émission de carbone. Contrairement à la majorité des usines qui achètent des pièces préfabriquées pour leurs chaussures, nous recyclons des matériaux naturellement présents dans la nature (surtout ceux issus des véhicules) pour les intégrer à notre processus de fabrication. Comme on l’a expliqué, les pneus par exemple, nous servent à fabriquer des semelles, de même, de nombreuses firmes sous-traitent jusqu’aux designers de chaussures. Chez SoleRebels, nous prenons en charge tout le processus de production, de la conception à la réalisation. En plus de proposer des chaussures originales, vous prônez le commerce équitable et le respect de l’envionnement. Comment cela se passe-t-il au niveau des coûts et des quantités de production? Etes-vous désavantagés par rapport à vos concurrents qui n’ont pas les mêmes contrain-

plus transparente possible. Ainsi, en 2006, à la suite d’un long processus, nous sommes devenus la seule marque de chaussures dans le monde à être certifiée par l’OMCE. Cette reconnaissance est importante pour nous, car la certification OMCE prouve à nos consommateurs que notre compagnie pratique des conditions de travail et de salaires conformes aux exigences du commerce équitable. Aujourd’hui, tout le monde est concerné par la réduction de son empreinte carbone,


INSPIR’ INTERVIEW ce qui est une bonne chose. Chez SoleRebels, nous avons la conviction que les gens attendent plus des marques auxquelles ils sont fidèles. Ils ont besoin de voir que les marques auxquelles ils font confiance se soucient autant de l’environnement que de la vente de leurs produits. Nous avons la certitude qu’être réellement concernés par l’environnement et le préserver est un véritable style de vie qui ne passera jamais de mode!

en France, au Japon, en Malaisie, en Italie, en Thaïlande et en Israël. Racontez nous une journée type de travail chez Sole Rebel. Nous n’avons pas vraiment de journée type chez SoleRebels. Nous nous contentons de faire au mieux pour fabriquer les chaussures les plus «cool» et les plus confortables qui soit, toujours obsédés par le moindre petit

détail. Que pouvez-vous dire à tous ces jeunes qui veulent se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat mais qui n’en ont pas le courage? Je leur dirais que le plus important dans un premier temps est de recevoir une bonne éducation. Ensuite seulement, il faut songer à s’orienter vers ce qui les passionne le plus. Ce n’est peut-être pas évident à déterminer du premier coup, mais il faut essayer plusieurs fois et se poser les bonnes questions. Autre chose: ne jaDans combien de pays êtes vous implantés ? Nous livrons aujourd’hui dans 40 pays environ. Nous avons également lancé le 1er Septembre 20011 notre premier site de vente en ligne SoleRebels! Basés à Addis Abeba, cette boutique interactive sert de «boutique HUB » pour nos différentes franchises à travers le monde. Récemment nous avons implanté des franchises en Suisse, et à Taïwan. Nous sommes en pleines négociations avec des partenaires aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne,

mais être effrayé par la masse de travail. Croyez-moi, le succès n’est jamais immédiat. Soyez prêts à travailler dur pour l’obtenir. Soyez prêts à faire tout ce qu’il faudra pour que votre clientèle prenne plaisir à consommer votre produit. Si cela signifie rester éveillé tard, ou mettre les mains dans le cambouis, vous devez vous y résoudre.Pour terminer, ne soyez jamais effrayés de voir les choses en grand. De rêver. Au contraire, trouvez la force nécessaire pour réaliser vos rêves.


FOCULTURE UMOJA: LE REFUGE DES FEMMES On a tendance à penser que le féminisme est un concept tributaire des sociétés « modernes ». Que nenni ! Bienvenue à UMOJA, village où l’émancipation des femmes s’est développée de manière particulièrement intéressante.

Bien entendu, la création d’UMOJA a provoqué la polémique. Les hommes de la région se sont sentis défiés et humiliés par le fait de voir une communauté entière de femmes se former à leur insu. Pire ! Ces malheureuses ont osé mettre sur pied, sans leur concours, un système d’organisation hiérarchisé ! Pas Situé en plein désert au Nord du Kenya, étonnant dès lors que Rebecca Lolosoli ait UMOJA est un village entièrement peuplé reçu des menaces de mort par dizaines. par des femmes. Toutes ont fui de leur village d’origine pour échapper aux mauvais Il faut aussi reconnaitre que le succès traitements de la gente masculine d’UMOJA est dû ausens des affaires qu’on (mariages forcés, excisions, développé ces femmes. Elles violences, etc) ont compris que pour perpé tuer la communauté, il fallait UMOJA a été crée il y’a 10 qu’elles acuiert une autonoans parRebecca Lolosoli, la ma mie financière. Elles ont ainsi -triarche du village. En Swahi décidé de faire du village un li, UMOJA signifie UNITÉ. carrefour culturel incontourCette dernière constitue la nable pour tout touriste se règle d’or des femmes du rendant à la fameuse réserve village : rester soudées, peu importe les cir- nationale de Samburu. Statuettes, outconstances. La plupart d’entre elles ont été ils traditionnels, chaussures artisanales, violées, puis abandonnées par chacune des femmes d’UMOJA confecleurs époux, sous prétexte qu’ tionne des objets qui seront mis en vente elles avaient «fait honte» à la communauté. les jours de visites. Grâce aux revenus récoltés, nombreuses d’entre elles ont pu enAinsi, ce qui a commencé comme étant une voyer leurs enfants faire des études pour la simple démarche d’affranchissement est première fois. Certaines ont même engagé devenu l’un des symboles du mouvement des hommes pour transporter du bois, ce féministe au Kenya. Aujourd’hui, le village qui était un travail réservé aux femmes ! compte environ 36 femmes.


FOCULTURE

En réponse à cet affront, un groupe d’hommes de la région de Samburu a décidé de créer un équivalent d’UMOJA. Leur leader, Sébastian Lesinik affirme que la création du village UMOJA remet en question l’essence même de la culture kenyane. Il déplore les dérives de la société moderne, qui justifient des comportements de « personnes dérangées comme Lolosoli ». D’après un dicton kenyan, « Les hommes sont la tête du corps et les femmes en sont le cou ». En d’autres termes, chacun sa place et les moutons seront bien gardés ! Sébastian avoue quand même que la version masculine d’UMOJA n’a pas eu autant de succès que le projet initial, même si il pense que c’est un simple « coup de chance ».

Une action qui ébranle ainsi le pouvoir des hommes, ne peut s’expliquer par le facteur chance. Les femmes d’UMOJA sont simplement déterminées à en finir avec les inégalités criardes qui existent depuis des siècles dans leur communauté. Elles se battent pour obtenir le droit de changer les choses, et ça marche ! Rebecca Lolosoli est convoquée chaque année depuis 2005 à la conférence des Nations Unies, pour prendre la parole et défendre les droits des femmes. Elle a été encouragée devant le monde entier, et ce malgré les nombreuses menaces qu’elle reçoit. Elle a même désormais la possibilité de proposer des lois aux membres du parlement kenyan dans ce sens.

Evidemment, il n’est pas question de chance. Amma O.


INSPIR’ START-UP L’AVENTURE CINEMATOGRAPIQUE D’ HENRI MELINGUI A 22 ans, Henri Melingui peut déjà se targuer d’être réalisateur de films. Ce qui est impressionnant, lorsqu’on voit la masse de travail qu’il faut fournir pour mener à bien un projet cinématographique. Mais ce qui force le respect, c’est que ce jeune camerounais ait décidé de réveiller à lui tout seul, une industrie du cinéma complètement endormie depuis bientôt 30 ans. Sur les traces du nouveau Jean Pierre Bekolo ? Entretien.

Bonjour Henri. La plupart de nos lecteurs ne te connaissent pas. Peux -tu te présenter brièvement? J’ai 22 ans, je suis réalisateur-scénariste, mon premier film était Sexe, Champagne & Chocolat que nous avons tourné fin 2010 et qui est actuellement disponible en téléchargement sur notre site h7films.com ainsi que sur la plateforme de VOD 100% africaine africafilms. tv.

fornia) à Los Angeles, où j’ai obtenu mon Bachelor en Business et Cinéma.

Aujourd’hui tu es à la tête d’une société de production de films. Comment en es tu arrivé là ? Quel a été le déclic ? J’ai tout simplement crée ma propre structure à Yaoundé, il y a bientôt 2 ans de cela, afin de pouvoir mener à bien la conception de mes projets cinématographiques. Le déclic est né à partir du moment où j’ai compris Quel a été ton parcours académique ? que personne ne ferait ce travail à ma place Après avoir eu mon bac au Cameroun, j’ai (en tout cas pas au Cameroun). J’ai donc déétudié à USC (University of Southern Cali- cidé de le faire moi-même.


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Concrètement, qu’est ce qu’on fait chez H7films ? On travaille essentiellement sur l’écriture de projets avant de se lancer à la recherche d’investisseurs potentiels. On est actuellement très avancé dans le développement de web-séries pour une entreprise de télécommunications camerounaise. Je suis également le rédacteur du blog cinéma de notre site internet (www.h7films. com) qui connaît un succès grandissant, et sur lequel je parle de l’actualité cinéma avec un regard décalé. Tu es rentré au Cameroun très rapidement si l’on puis dire. As tu été déconnecté en arrivant ? Sur le plan culturel as tu remarqué des améliorations ou les choses ont –elles plutôt régressé ? Très sincèrement, je pense que quelqu’un qui a vécu au Cameroun pendant de nombreuses années et qui y revenait souvent durant son temps libre ne sera pas particulièrement déconnecté en s’installant ici. Par contre quelqu’un qui a essentielle-

ment vécu en Occident aura effectivement besoin d’une certaine période d’adaptation. Les choses progressent trop lentement à mon goût, mais elles progressent quand même. C’est déjà ça. Aujourd’hui il n’ y a pas de salle de cinéma au Cameroun. Comment expliquer cela ? N’est – il pas risqué dans ce contexte, de se lancer dans l’industrie du cinématographique ? S’il n’y a pas de salles de cinéma au Cameroun, c’est pour une seule raison : les industries liées à la culture ne sont une priorité pour aucun opérateur économique. Également, nous sommes très réticents ici à l’idée d’innovation, de faire quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire. On imite plus que l’on innove. C’est pour ça qu’on a des rues où 3 pharmacies ou 3 bars se font face, sans parler du nombre de callbox qui sont à tous les coins de rue. Dès que quelque chose marche un tout petit peu, tout le monde veut faire pareil, sans chercher à changer la donne.


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Ton premier film, Sexe, Champagne et Chocolat est sorti en 2010. Quel a été l’accueil du public ? Malheureusement, en raison du manque de soutien des medias camerounais notamment, le film a bénéficié d’une exposition relativement faible auprès du grand public. Cependant les réponses auprès des professionnels de l’industrie ont été globalement positives, ce qui est encourageant et nous pousse à continuer.

Avec Internet qui permet de télécharger illégalement film et musique. Comment comptes- tu rentabiliser tes films ? En dépit du piratage, les plateformes de téléchargement légales gagnent chaque jour du terrain et voient leurs revenus augmenter. Le piratage, comme la contrefaçon pour les produits de luxe fait un peu partie des « risques du métier » et n’empêche pas le marché numérique d’être profitable.

Comment t’es venue l’idée du scénario ? Assez simplement en fait. Pendant une de mes nombreuses séances de brainstorming (en fait, quand un scénariste vous dit qu’il a passé la journée à écrire, il l’a probablement passé sur internet à réfléchir au lieu de vraiment écrire), je me suis demandé ce qui se passerait si deux amis platoniques décidaient de passer une nuit ensemble sans conséquences, mais que malheureusement une panne du côté du mec venait compliquer les choses. Je me suis dit « pourquoi pas ? » et me suis lancé dans l’écriture du projet.

A quand le prochain film ? Le scénario du prochain film est officiellement bouclé. On est actuellement à la recherche de coproducteurs sur le marché français et US. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas en parler avec plus de détails.

Combien de temps as tu mis pour le réaliser ? 3 semaines assez intensives.

Un mot pour ceux qui comme toi souhaitent se lancer dans la production de films ? Bonne chance. Littéralement. Parce que dans ce milieu, le facteur chance joue un rôle très important.

Joan Y.


INSPIR’ POLITIC’ Mariam Diallo Drame: « Il faut une masse critique de jeunes intellectuels pour tirer vers le haut ceux qui n’ont plus d’espoir » Cette jeune malienne est dans le jeu politique depuis fort longtemps. D’abord présidente du parlement des enfants, elle s’illustre aujourd’hui à travers des associations qui ont pour but d’impliquer davantage la jeunesse à la vie politique. Rencontre.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, qui est Mariam Diallo Drame? Je suis Mariam Diallo Drame, 31 ans, mariée et mère de deux enfants. Je suis la troisième d’une fratrie de cinq enfants. Je suis actuellement coordinatrice régionale Afrique du réseau International de Connaissances sur les femmes en politique, iKNOW Politics. Il s’agit d’un réseau mondial pour promouvoir les femmes en politique. Je suis par ailleurs, présidente de l’Association Femmes Leadership Et Développement, AFLED. Vous vous êtes très tôt intéressée à la politique, notamment en étant présidente du parlement national des enfants du Mali qu’est-ce qui vous a motivé à choisir cette voie? J’ai en effet été présidente du parlement des en-

fants. Nous étions très jeunes, entre 13 et 14 ans. Nous étions conscients des problèmes auxquels les enfants étaient confrontés. Grace au soutien et à la formation de nos encadreurs, nous sommes devenus des défenseurs de la convention relative aux droits des enfants. Nous avons mené de nombreuses activités en faveur des enfants défavorisés et des mendiants. Nous travaillions de façon bénévole. Aujourd’hui je suis attristée lorsque les jeunes exigent des moyens de transport à disposition ou de l’argent, pour participer à des activités de développement communautaire. Il faut réapprendre aux jeunes l’importance de s’impliquer dans des causes d’intérêt général.En étant au Parlement des enfants nous avions le privilège de rencontrer les hautes personnalités du Mali et d’ailleurs. Par exemple, j’ai pu rencontrer le Prési-


INSPIR’ POLITIC’

dent Rawlings du Ghana, ainsi que de nombreuses autres autorités. Cela a démystifié en quelque sorte le monde politique, et m’a donné envie de m’engager d’avantage. Je crois que quelque part, le choix de m’orienter en science politique n’était pas fortuit. J’ai vu des hommes et des femmes qui m’ont beaucoup inspiré. Il est important de s’intéresser à la vie publique pour ne pas subir les décisions. Il ne suffit pas de critiquer, mais d’être au cœur des décisions et de contribuer au débat politique. C’est ce que je m’efforce à enseigner aux jeunes. Chaque jour, je vois émerger de nouvelles figures de leaders, ainsi que l’enthousiasme des membres de mon association. Cela me permet de continuer et de rester motivée. Vous militez pour que la femme occupe une place plus importante dans la société malienne, en étant présidente de l’AFLED. Quelles actions menez-vous concrètement sur le terrain? Comment valorisez-vous l’entreprenariat et l’engagement des femmes maliennes? C’est vrai, je milite doublement en faveur de la femme à travers mon travail de coordinatrice d’iKNOW Politics, mais aussi avec AFLED. Au Mali, les femmes ont

toujours été avant-gardistes. On ne saurait dire qu’elles sont totalement écartées de la vie publique. Dans notre histoire, les femmes ont posé des actes majeurs. Lorsque la promotion des droits de la femme a commencé, elles étaient présentes : je pense notamment à Assa Diallo et à Ba Aminata Diallo. Elles ont participé à toutes les grandes conférences, notamment celle de Mexico en 1975. Aujourd’hui, le problème se situe au niveau du passage du flambeau. Il s’agit pour cette génération de femmes leaders de prendre sous leurs ailes des jeunes femmes prêtes à poursuivre le combat. La création d’AFLED sert avant tout à faire émerger cette nouvelle génération de leaders. Pour cela, nos premières activités ont consisté à nous faire un nom auprès des organisations feminines et de faire notre plaidoyer. Aujourd’hui que cela est acquis, elles nous associent à leurs événements. Nous avons d’autres projets qui touchent à l’éducation, notamment le soutien scolaire des jeunes filles, car nul n’ignore que l’éducation est la meilleure arme qui soit. Dans le contexte difficile que traverse le Mali actuellement, nous défendons aussi les jeunes filles victimes de viol dans le Nord du pays. Nous sommes entrain de lever des fonds pour une assistance psychologique et matérielle.


INSPIR’ POLITIC’ Pouvez-vous nous en dire plus sur l’IKNOW politics? Comment sensibilisez-vous les gouvernants sur le rôle de la femme? L’objectif principal visé par iKNOW Politics est d’accroître la participation politique des femmes. Notamment grâce à notre site web qui permet aux femmes politiques de rester en contact et d’échanger leurs expériences. Sur le continent, on constate que les femmes sont faiblement représentées dans les instances de décisions. Les pays qui font exception à cette règle sont le Rwanda, la Namibie et de manière générale les rares pays qui ont adopté la loi sur les quotas. En fait, il faut analyser les différents cas de figure pour fournir de nouvelles pistes de solutions et encourager les femmes politiques à se battre pour atteindre la parité. Le Sénégal par exemple a adopté la parité, grâce à des initiatives comme celles là. Travailler avec les hommes permet aussi de les sensibiliser à l’égalité du genre. Ce concept est souvent mal appréhendé, à cause de l’amalgame fait avec le féminisme. En réalité, l’égalité du genre ou égalité homme/femme favorise une meilleure démocratisation à travers la prise en compte de toutes les sensibilités. De plus, lorsque l’on en vient au plan des politiques sectorielles, la prise en compte du genre est un puissant outil de développement et de croissance économique. Il faudrait que les femmes elles mêmes poursuivent leur formation dans ce sens. Nos organisations partenaires, ONU femmes, PNUD, et NDI offrent de nombreuses formations pour qu’une masse critique d’hommes et de femmes puisse mettre en avant ce concept à tous les niveaux. L’Afrique y gagnerait énormément. Le Mali est actuellement secoué par une crise de scission territoriale, entre le gouvernement et les différentes forces rebelles du nord. Quel est votre sentiment sur la situation? Et quelle solution pourriez-vous préconiser? Le coup d’état est vraiment regrettable. En ce qui me concerne, ce qui est le plus à déplorer c’est le manque d’anticipation. Les signes annonciateurs d’une crise étaient pourtant là, mais tout le monde les ignorait. Comment parler d’élections alors qu’une grande partie de la population est déplacée ou menacée de mort ? Pendant que l’armée est prise au piège et démotivée ? J’aimerai quand même souligner la part de responsabilité majeure de la classe politique malienne, qui a faillit à son devoir. Elle n’a pas critiqué le régime en place, préférant que l’on se précipite aux élections, que chacun espérait remporter. Cette situation de « consensus » qui régnait depuis 10 ans n’a malheureusement pas servi notre démocratie et aujourd’hui tous les leaders politiques en payent le prix fort. J’espère que désormais nous aurons une opposition et une société civile forte, détachée du pouvoir en place.


INSPIR’ POLITIC’ La solution aujourd’hui reste la concertation : l’accord cadre qui a été signé doit être respecté par toutes les parties prenantes. Aujourd’hui, le capitaine dont nous avons compris les motivations – qui étaient celles de renverser le régime d’Amadou Toumani Touré - doit aussi se rappeler des propos qu’il a tenu au lendemain du coup d’état. Il ne veut pas le pouvoir, dans ce cas qu’il laisse la gestion de la transition aux civils. Il est vrai que la CEDEAO ne s’est pas totalement conformée à l’Accord cadre en désignant Mr Dioncounda comme le président de la transition pour une année, cependant cela a été fait pour un retour rapide et effectif à l’ordre constitutionnel. De plus, pendant que ces querelles intestines minent le climat de Bamako, nos frères et sœurs du nord se sentent délaissés et à juste titre. J’invite donc toutes les parties impliquées et la population à mettre de coté leurs rancœurs. Le seul combat qui vaille maintenant c’est celui du Mali. Quel est votre vision de l’Afrique dans vingt ans? Et quel message voulez-vous transmettre aux jeunes femmes et jeunes hommes qui veulent s’investir dans la vie politique de leur pays? Ma vision de l’Afrique d’ici 20 ans est celle d’une Afrique qui se sera développée en prenant conscience de ses potentialités. Pour cela nous devons bien négocier avec nos partenaires, défendre nos intérêts dans les accords commerciaux et surtout développer les échanges sur le continent lui-même. J’ai participé au forum du Président Obama avec les jeunes africains et une déléguée du Ghana lui a clairement dit que nous voulions un « win-win partnership ». Je vois aussi une Afrique où les jeunes seront bien formés et où nous allons construire des grandes universités. Les naufragés qui essayent de fuir la misère en rentrant clandestinement en Europe ne seront plus qu’un mauvais souvenir. C’est ça la promesse de l’Afrique, et nous pouvons y arriver. Nos jeunes manquent cruellement de motivation. Lorsque l’on crée une association aujourd’hui, c’est pour trouver des fonds qui seront mal gérés ou pire, pour s’allier au parti politique le plus offrant. C’est la théorie de la « passe » comme le disent les jeunes eux-mêmes, il faut se placer auprès du gagnant pour recevoir la balle ! À cela je dis non ! C’est vrai, dans mon cas, je peux me le permettre parce que j’ai un diplôme et un boulot, je suis indépendante. Pour ceux qui n’ont pas d’emploi, c’est difficile, mais je leur dis ceci : investissons dans l’avenir pour plus de transparence. Il faut que malgré la pauvreté nous puissions rester dignes et nous battre pour la justice. Le véritable problème c’est qu’il n’existe pas de méritocratie au Mali : tout s’obtient à travers les réseaux et les connaissances. Les jeunes ont donc abandonné toutes leurs convictions. Quant aux jeunes qui ont la chance d’avoir fait de bonnes études et de travailler : tendez la main à vos frères et sœurs qui sont en difficulté. Ne vous cachez pas derrières vos occupations pour ne pas participer à la vie publique. Il faut une masse critique de jeunes intellectuels pour tirer vers le haut ceux qui n’ont plus d’espoir. A tous les jeunes, l’espoir c’est nous ! Refusons de négocier nos convictions et notre dignité, travaillons ensemble pour développer notre continent.

Entretien Préparé par Karl N.


INSPIR’ CAREER Aujourd’hui juriste, Amy Maiga n’a jamais quitté le Niger. Elle est entre autres, activiste au RADI (Ndlr: Réseau Africain pour le Développement Intégré) pour la promotion et la défense des droits de la femme, et membre fondatrice de Global Youth Innovation Network (GYIN). Autant dire que cette jeune femme de 31 ans aime se battre pour des causes. En réalité, elle s’appelle Daouda Hainikoye Aminatou. Amy Maiga était, selon elle, un moyen de communiquer plus facilement avec les autres. « Il vaut mieux choisir un nom court et simple à retenir ». De même, la jeune femme n’a pas reçu une formation initiale de juriste. Elle est à l’origine journaliste, mais a décidé de démissionner de l’institut national d’audiovisuel en 2001, pour se concentrer sur son engagement associatif. A partir de là, obtenir une formation complémentaire en tant que juriste pour défendre les droits des femmes et des jeunes est apparu comme une évidence. Son projet actuel au RADI porte sur « L’effectivité des droits économiques des femmes ». Concrètement, il s’agit de mener des enquêtes sur le terrain, sur les activités des femmes et leur contribution réelle à l’économie globale. En sa qualité de défenseuse des femmes, elle est ravie de constater les nombreuses avancées sur leurs conditions de vie, en particulier au niveau de la scolarisation des jeunes filles, ainsi qu’au niveau politique : l’adoption de la loi

sur les quota, l’institutionnalisation du poste de conseillère du genre à la présidence de la république, la parité, etc. Amy a fait tout son cursus scolaire au Niger, et le revendique : « Je suis fière d’être un produit du système éducatif nigérien ». Elle avoue toutefois qu’après son baccalauréat, elle a voulu, _ comme la plupart des bacheliers au Niger _ poursuivre ses études à l’étranger. Pourtant, son père l’en a dissuadée, et aujourd’hui elle se déclare satisfaite de ce choix. Selon elle, les études sont toujours plus faciles à surmonter lorsqu’on a un soutien moral et financier provenant de la famille. De plus, elle affirme qu’il est plus simple au Niger de trouver des opportunités de travail lorsqu’on est sur le terrain et qu’on a une certaine connaissance du pays en lui-même. Le seul problème des systèmes scolaires africains en général réside dans le manque de pratique. La majorité des enseignements s’appuient uniquement sur de la théorie. Par


INSPIR’ CAREER

ailleurs les infrastructures supposées renfoncer le travail éducatif (bibliothèques, laboratoires, centres culturels, etc.) sont peu existantes. Mais pour Amy, tout cela n’est qu’une question de temps et d’organisation. Alors, lorsqu’on lui demande si il est plus facile de réussir sur le continent avec des diplômes étrangers, sa réponse est claire : « Tous ceux qui ont réussi au Niger ne sont pas forcément allés en l’occident. C’est une variable souvent secondaire dans les critères de sélection des recruteurs ».

jeunes ne sont pas suffisamment intégrés dans leurs pays. Le Niger n’échappe pas à la « règle ». Les conditions de création d’entreprise n’y sont pas assez flexibles pour les jeunes, et l’environnement juridique ne prend pas en compte la spécificité de leur groupe. Le plus compliqué pour eux reste surement l’accès au capital. « Les jeunes ne sont pas accompagnés dans cette démarche. Peu importe la pertinence de leurs projets, il leur est très souvent demandé une garantie bancaire qu’ils n’ont pas les moyens de fournir ».

On vous l’a annoncé, Amy Maiga aime défendre des causes. Depuis 2001, elle fait partie des ambassadeurs du GYIN, initié sous l’impulsion du Président de la république du Bénin. Cette association vise la réduction de la pauvreté au sein des populations jeunes dans les PVD, peu importe leur situation géographique. La finalité est de contribuer à un développement sur le long terme de communautés au sein desquelles les jeunes (entrepreneurs) sont de véritables acteurs de changement. En effet, ces

La détermination d’Amy Maiga et son action au sein du GYIN ont suscité l’intérêt du président OBAMA, qui l’a convié au dernier forum annuel des jeunes leaders africains qui se tenait à Washington. Du Niger à la scène internationale, il n’y a qu’un pas.

Joan Y.



INSPIR’ THOUGHTS ELISE MBALLA MEKA: LA CULTURE EST CREATRICE DE RICHESSE

Présidente de la SOCILADRA et organisatrice d’évènements culturels au Cameroun, Mme Elise Meka Mballa s’invite dans Inspire Afrika pour parler encore et toujours de culture, mais aussi pour nous présenter son dernier festival, qui aura lieu très bientôt dans la capitale Camerounaise. Elle fait partie de ces aînés qui prônent l’alliance entre la modernisation et la culture. Pour elle, celle-ci est la source de notre richesse. Ecoutez plûtot . Cliquez ici


4 QUESTIONS A UNE SOLUTION POUR LES “PETITS” ENTREPRENEURS:

Nous avons rencontré pour vous Steeve Amara, fondateur de l’association Mwanamkame Afrika, qui soutien l’entreprenariat des femmes, et des micro-projets en général. En quelques mots qu’est-ce que Mwanamke Afrika ? Mwanamke Afrika signifie en Swahili Femmes Africaines. De façon synthétique, Mwanamke Afrika est un fond d’investissement ayant pour mission de donner aux femmes africaines la possibilité d’entreprendre dans l’industrie alimentaire (agriculture, agro-industrie, ou tout autre secteur se rapprochant de près ou de loin à l’agro-alimentaire). Nous fournissons donc

à ces femmes des fonds d’amorçages pour qu’elles puissent démarrer leurs activités. Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez concrètement ? Nous travaillons actuellement sur 4 projets. Le premier et le plus avancé est une structure de multiplication de porcs modifiés en Ouganda, dans la région de Nakaséké. Le second est un projet de multiplication d’élevage de poulets au Burkina Faso. Le


4 QUESTIONS A troisième se déroule aux Tchad : nous souhaitons y mettre en place un programme d’accompagnement des agricultrices sur 10 ans. Enfin, le dernier projet est une répartition sur 60 hectares de trois types d’exploitation agricoles : 30 hectares de Manioc, 20 hectares dédiés au plantain, et 10 hectares dédiés à l’Aviculture. Comment sélectionnez-vous les différents projets ? Il faut dire que nous accueillons et étudions tous les projets. Quand nous recevons un résumé opérationnel, nous vérifions si le projet est lié d’une façon ou d’une autre au développement d’un secteur proche de l’industrie l’alimentaire et s’il peut contribuer de façon significative à l’augmentation de la sécurité alimentaire en zone rurale. Ensuite, nous vérifions si le projet à un réel potentiel de développement de l’autonomisation des femmes. Enfin, nous analaysons le possible retour sur investissement à 5 voire 10 ans, sachant que lui manquent. En échange, nous aurons notre objectif c’est de multiplier par deux, un quart du capital de la société. En plus voire deux et demi, notre investissement. de cela, nous l’accompagnons durant tout le processus de création et de professionComment se passe le financement ? nalisation de son entreprise (gestion de Le financement c’est de l’investissement l’exploitation, mise en valeur des produits, classique à la seule différence que nous ne promotion, etc.) demandons pas d’investir des sommes ex- Le but ultime est que 5 ans ou 10 ans plus orbitantes. Cependant la logique reste la tard, nous puissions sortir de la compagmême : Une femme souhaitant créer un nie en donnant à la jeune entrepreneure, la élevage de poulets à Yaoundé voudrait ré- possibilité de se retourner vers des investisunir 2 millions pour démarrer son activité. seurs avec une entreprise plus solide. Malheureusement, elle n’a à sa disposition qu’ 1,5 million de francs CFA. Nous apportons à la dame les 500 mille francs qui Chrys N.


www.facebook.com/InspireAfrika INSPIRE AFRIKA Le Magazine en ligne des jeunes entrepreneurs Africains Bienvenue dans notre monde.


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