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HORSD’OEUVRE

le journal de l’art contemporain en bourgogne, mars, avril, mai 1999

n°4

REC / PLAY / REW / FF / STOP / EJECT / PAUSE


L’Égypte de Ange Leccia L'exposition Alexandrie — Seule la ville est réelle — Le Caire, la terre qui boit la rosée, a été réalisée à l'initiative du Musée Niepce de Chalon-sur-Saône, en collaboration avec l'AFAA (1), dans le cadre du programme France-Égypte, horizons Ange Leccia © Musée Niepce, Chalons/Saône

partagés (2). Elle est le fruit d'un travail effectué par Ange Leccia, au Caire et à Alexandrie en 1996 et 1997 et répond à la volonté de confronter deux regards sur L'Égypte. Les images que l'artiste a rapportées sont associées aux photographies du XIXe siècle appartenant au fonds du musée. Le concept de l'exposition repose donc sur la confrontation de ces deux visions : celle des photographes du siècle passé, et celle d'un artiste contemporain. L'Égypte est, avec l'Italie, le pays qui a été le plus photographié. Dès l'invention du

daguerréotype (3) en 1839, elle inspire et séduit. En outre, l'intensité lumineuse y est telle qu'elle permet de réduire considérablement le temps de pose. Les égyptologues mettent en mémoire des centaines de hiéroglyphes et les clichés alimentent les expositions coloniales. Vestiges archéologiques, portraits d'égyptiens en costumes posant avec cruches, tapis, instruments de musique, ces tirages anciens au caractère quelque peu anecdotique témoignent d'une Égypte aujourd'hui disparue, mais aussi révèlent l'imagerie et la vision colonialiste de l'époque. L'Égypte de Ange Leccia est tout autre ; abordée de manière moins documentaire, plus personnelle, plus respectueuse aussi. Toutefois cette approche n'est pas totalement éloignée des images anciennes, par les sujets choisis (portraits, paysages, vestiges archéologiques). Les quatre œuvres présentées ont été réalisées avec les moyens techniques les plus avancés : une caméra numérique, petite et discrète (un sérieux avantage comparé au matériel lourd et encombrant des daguerréotypistes). À la fois caméra et appareil photographique, elle permet à Ange Leccia de visualiser immédiatement ce qu'il vient d'enregistrer.

La première vidéo Moulid del Rifa a pour thème un rituel religieux (entrer en transe pour approcher Dieu), auquel l'artiste a assisté. Il a préféré employer des effets abstraits (des reflets colorés qui scintillent et tournent), plus à même d'évoquer le spirituel de la cérémonie. La bande son, une musique soufie lancinante enregistrée dans la rue, nous plonge directement dans l'atmosphère bruyante et vivante d'une métropole égyptienne. La dernière salle du musée, obscurcie, résume les impressions d'Égypte de Ange Leccia. Sur quatre moniteurs défilent, en boucle, la tête d'une statue de l'époque de Toutankhamon. Le

Bourgogne 3 Jérôme Maigret, A Bad Boy... Jérôme Maigret présentait du 21 novembre au 5 décembre 1998 An Erotic Game à l’Appartement/Galerie Interface à Dijon. Éxposition ou expérience ? Le choix de ce jeune dijonnais était guidé par les lieux : concept d’appartement et de galerie dont la confrontation est prétexte au(x) jeu(x) érotique(s) de l’artiste. Avant et pendant le temps de l’exposition, Jérôme Maigret vivait dans l’appartement qui devenait galerie à la venue des visiteurs ; lui-même ayant quitté les lieux. De la cuisine à la chambre, nous sommes invités à partager des bribes de son intimité : vidéo, correspondance et vie quotidienne étaient à la disposition de tout un chacun. Une image/un scénario est une frame vidéo photographiée : l’artiste a saisi l’instant d’une fiction créée par lui et invite le spectateur à imaginer le scénario. Erotic Game for Video témoigne de la subtilité du système relationnel mis en place : l’artiste a téléphoné à ses proches afin qu'ils lui confient leurs fantasmes sexuels qu’il a enregistrés à leur insu. Cette pièce marque les limites de la confidence, joue sur les non-dits. Les voix enregistrées et codées suivent la logique du jeu érotique mis en scène. Une complicité se crée entre l’artiste et le public, aux limites du voyeurisme. Les textes retrouvés sont punaisés au bas des murs : il s’agit de correspondances personnelles, uniformisées par la transcription dactylographique, l’identité de leurs auteurs étant réduite à leurs initiales.

Jérôme Maigret, an erotic game, 1998 © Gérald Petit, Appartement/Galerie Interface, Dijon

An Erotic Game offre plusieurs niveaux de lecture : la cohabitation virtuelle entre Jérôme Maigret et le spectateur induit la notion d’échanges. Les traces laissées au fil du temps dans la galerie (piles de linge propre et tas de linge sale) matérialisent la dualité présence/absence. La notion d’érotisme réside, selon l’artiste, dans « l’érotisme de l’absence » et dans « l’érotisme du croisement ». L’œuvre est un espace à parcourir : l’appartement devient un lieu de rencontres spontanées. Le visiteur est invité à s’y installer pour lui donner tout son sens. Dans le monde que construit Jérôme Maigret, les objets font partie intégrante du langage : les pièces Bad Girls, Bad Boys et Boys (peluches avec sexe en tissu, piercings ou faux-cils, accrochées au bout de tubes au-dessus de l'évier de la cuisine, des toilettes ou dans la chambre) et The Team Of Leaders (peluches avec sexe en tissu entourées de leurs « trésors » : trophées, bijoux fantaisie, pièces en chocolat et billes) surprennent par leur pouvoir singulier, sèment trouble et confusion ; interrogent enfin nos désirs. Cette exposition favorise la sociabilité, les pièces prises une à une permettent des rencontres inattendues, à mi-chemin entre fantasmes enfantins et jeux d’adultes.

Le complexe jouxte le simpliste et la simplicité se frotte au compliqué. Cette exposition d’art contemporain à Altkirch rassemble huit artistes (1) à l’expérience, au niveau et aux propos très différents. L’amateur d’art change d’univers en même temps que de salle. La singularité côtoie le convenu sans que le spectateur soit gêné pour passer de l’une à l’autre. Le tout fonctionne plutôt bien et l’impression d’ensemble est assez satisfaisante. Le visiteur est accueilli par une baudruche publicitaire de Lilian Bourgeat, va des photos de vieilles dames dans leur intérieur de Martine Locatelli (ou « les petites filles » de Virginie Marnat, soixante ans après !) aux photocopies d’aquarelles épinglées au mur, réalisées par Pascal Pilot. Au passage, il tente un « trois points » dans la sculpture/structure d’un Bourgeat décidément très joueur. À l’étage il se trouve nez à nez avec une foule d’amis du très présent Gérald Petit — portraits grand format en noir et blanc — rassemblés en polyptyque et en couleur, des créatures étranges ponctuent le couloir menant à une salle une où est accorchée une de ses peintures. Le dispositif Gratos Land (du collectif General Genius) à l’esthétique très tendance d’il y a deux ans offre un lieu de gratuité totale, où l’on peut prendre à son gré des ronds en mousse, des friandises et des cintres en plastique. Serge Stephan rassemble aussi des pièces très diverses dans ce qui se veut être une installation. Pierre-Louis Aouston présente de la peinture qu’il agence afin d’évoquer le cinéma et enfin, Virginie Marnat détourne ses photos-reportages de mariage en satire sociale. Cependant, l’anodin et la tristesse du commun ne sont pas dérangeants pour autant qu’ils ne sont pas travestis à grand coups de mises en scène malhabiles, aux références cinématographiques vieilles comme Niepce, où la pesanteur anéantit l’intérêt limité d’un témoignage maintes fois proposé et souvent mieux réalisé. La sincérité de l’artiste ne sauve pas toujours son travail et, quelquefois, une intelligence mise au service d’un opportunisme assumé, même mal camouflé, en offre plus. Ils sont des questionnements si personnels qu’ils ne devraient pas sortir du contexte privé du carnet de croquis, du recueil de poésie ou de l’intimité de l’atelier. Certaines idées sont si fragiles qu’elles sont mort-nées au moment de leur matérialisation. Il apparaît que certaines prétentions d’installations desservent leur auteur, malgré un habillage artificiel coloré au E104, E122, E124, aromatisé à la poudre aux yeux et au sirop de sucre

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Carole Puéo Une exposition de Jérôme Maigret, 25 yrs old, aura lieu du 5 au 19 mai 1999 à l’ENBA de Dijon, salle « Point P » (commissaire Sophie Lautru, contact : 03 80 49 95 59). Jérôme Maigret, an erotic game (détail : The Team Of Leaders), 1998 © Gérald Petit, Appartement/Galerie Interface, Dijon

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mouvement de caméra anime et humanise cet objet muséal d'ordinaire figé. Un grand triptyque vidéo (15 x 3 m) clôt l'exposition : trois paysages baignés par la lumière rougeoyante du soleil couchant sont projetés, filmés en travelling depuis le train reliant Alexandrie au Caire. Qui d'autre que Ra, dieu du soleil, pouvait le mieux symboliser l'Égypte ? La qualité essentielle de cette exposition, outre la beauté des images, réside dans son caractère didactique. Le parallèle qu'elle nous invite à faire entre les œuvres anciennes et contemporaines, nourrit notre réflexion sur le sens du mot contemporain.

Vous l’avez rêvé, Art’copal l’a fait ! Tout droit venus de ce vivier bourguignon qui s’intéresse à la production des jeunes artistes de cette fin de millénaire, les membres d’Art’copal (1) ne sont pas de mauvais garçons.

Nathalie Glaudat (1) Association Française d'Action Artistique. (2) Permettre aux publics égyptien et français de mieux connaître la culture de l'autre, tel était l'objectif principal du programme France-Égypte, horizons partagés, qui s'est déroulé entre 1997 et 1998. Sous l'égide du Ministère des affaires étrangères français, et du Ministère de la culture égyptien, avec les commissariats de Jean-Jacques Aillagon et de Kamel el Zoheiri (directeur de la Bibliothèque du Grand Caire), se sont plus de cent manifestations qui ont vu le jour, aussi bien en France qu'en Égypte. (3) Procédé primitif de la photographie inventé par Daguerre, par lequel l'image était fixée sur une plaque métallique.

Alsace 1 mélassé, enrobé d’une proposition sans même un embryon de réponse plausible. Si en algèbre, (-) x (-) = +, de mauvaises peintures mal installées ne donnent pas de très bons résultats. Robert Mitchum dans La nuit du chasseur, vulgaire escroc se faisant passer pour pasteur, cherche tout au long du film quelque chose qu’il avait sous les yeux. Pierre-Louis Aouston devrait se souvenir que ce film se termine mal pour l’usurpateur aux stratagèmes compliqués qui ne trompent que leur auteur. Toutefois, certaines pièces semblent échapper à ces règles et n’oublient pas d’être simples. L’évidence de certains propos exposés ici n’est pas l’expression d’une faiblesse mais bien celle d’un parti pris. Le beau, le drôle, voire le conformisme, sont autant de vecteurs qui renvoient à des réflexions singulières tout en n’oubliant pas d’être généreux. Comme ce monstre chamarré de Lilian Bourgeat qui se gonfle dès que l’on entre dans l’exposition, composé de sacs plastiques aux marques de grandes enseignes soudés les uns aux autres et chaussé de caddies. À l’instar du consommateur nourri aux slogans publicitaires et abreuvé continuellement d’affiches, prospectus et autres spots, ce monstre, tantôt boulimique, tantôt anorexique, ressemble à ces gens du samedi traînés par leurs courses. Mais c’est également un gros clown avec lequel on joue à cache-cache en essayant de ne pas le réveiller et en évitant de se faire détecter par sa cellule radar. Ce type de confrontation révèle l’importance du contexte artistique régional et son impact sur les artistes locaux ; mais également celle du Conseiller aux arts plastiques de chaque région et de son travail avec les artistes.

1 Frédéric Pintus

(1) Lilian Bourgeat, Martine Locatelli, Virginie Marnat, Gérald Petit (Bourgogne), Pierre-Louis Aouston, General Genius (Bonaccini, Fohr, Fourt), Pascale Pilot, Serge Stephan

C’est en 1997 que Hugues Allamargot donne le ton de l’association et investit dans l’achat d’un lieu à Chagny. Soutenu juridiquement par Colas Amblard — son cousin germain — et artistiquement par Joseph Spinelli — un ami de longue date — ils « brainstorment » ensemble sur un projet de Centre Ouvert Pour Artistes Libres ; le lieu étant une ancienne coopérative agricole, la COPAL, ils décident de baptiser leur collectif Art’copal le 3 novembre de la même année. Fondé sur la loi de 1901, Art’copal accueille des artistes en résidence pour qu’ils produisent des pièces. Ceux-ci disposent d’un atelier de fabrication équipé (110 m2), d’un deux pièces cuisine (avec WC, SdB, baignoire à trois places) au rez-de-chaussée et de 325 m2 de surface d’exposition au premier. Envolée le 13 juin 1998. Une exposition collective pour inaugurer le lieu. Pas de problème, l’atelier bat son plein et les pièces de Hugues A., Joseph S. et Florence Arrieu — une artiste invitée — montent à l’étage. Projections d’images, diffusions sonores, dispositifs interactifs, tout y est…

Deuxième expo le 7 novembre 1998 (2) ; Matthieu Manche fait briller le lieu avec une vingtaine d’objets chirurgicaux déposés sur seize tables en résine laquée blanc. Nickel chrome. Ses objets, composés de métal et de mousse polyuréthanne enrobée de silicone couleur chair — procédé cher à l’artiste car il en est l’inventeur — ne sont pas sans rappeler des instruments de supplice. Toutefois, par leur inefficacité à faire du mal, plutôt qu'à des fins torturantes, ils renvoient davantage à une ironie poétique. L’éclairage aux néons, qui surplombe les tables, accentue le côté « clinique » de la pièce. Afin de rebondir sur une exposition collective intitulée Organic, Matthieu, aidé des membres d’Art’copal — on ne change pas une équipe qui gagne — se lance dans la fabrication de nouvelles pièces semblables. Elles sont montrées en décembre 1998 au Musée de la médecine à Toulouse. Pour les initiatives à venir, no soucy, on peut leur faire confiance, Art’copal a dans l’idée d’accueillir plusieurs artistes : trois résidences par an. En attendant, le collectif s’agrandit et d’autres veulent se lancer dans l’aventure. Pierre Dohey s'occupera du studio son/vidéo, Sylvain Guelinotte de l’atelier sérigraphie et Aurélien Vairet des relations publiques. Un atelier pédagogique sera également mis en place par Valérie Pszonka et Evangélie Zifa. On n’aurait pas pu rêver mieux. Art’copal a fait de cette ancienne coopérative un lieu de production attendu, un « label éclatant » pour artistes libres qui auraient la chance de passer par là. Luc Adami (1) Art’copal, 20 route de Remigny, 71150 Chagny - tél. 06 80 33 17 41 (2) Matthieu Manche, Freddy, 7 novembre 1998 - 30 janvier 1999

Champ 9 - Alsace / Bourgogne 05/12/98 - 17/01/99 CRAC Alsace, Altkirch - © Buchheit Guy

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Matthieu Manche Freddy, Art’copal, Chagny, 1998 © André Morin / Art’copal




De Appartement occupé à World Cup, des HLM au Transpalette Claude Lévêque est un de ces artistes qui se dévoile peu, préférant la mise en scène à tout autre langage, utilisant les objets comme des mots. Il aime à travailler sur des lieux qui sont de prime abord peu conçus pour l’exposition, mais chargés de référents forts, d’un contenu. Déjà en

1993/1994 pour Appartement Occupé, c’est un immeuble HLM des quartiers nord de Bourges qu’il choisit d’exploiter et à travers ses dispositifs nous en dévoile tout le contenu référentiel. Cinq ans plus tard, en collaboration avec Emmetrop, il revient

à Bourges, pour présenter World Cup. Il investit cette fois-ci Le Transpalette, nouvel espace qui propose de concilier l’architecture d’un ancien bâtiment industriel avec les réalisations d’artistes contemporains. Un lieu dont le passé et les ambitions ne pouvaient laisser Claude Lévêque indifférent. Pour nous et en raison de cette exposition (du 23 janvier au 28 mars 1999) ; il a accepté de répondre aux questions de Jérôme Poret et Karine Noulette. Jérôme Poret/Karine Noulette : E n

quoi l’expérience de Appartement Occupé a-t-elle été unique pour toi ? Claude Lévêque : Elle a été unique parce qu’elle a marqué un tournant dans mon travail, dans le principe de l’installation, du lieu réel et de sa forme. Tout a débuté par une rencontre avec l’association Emmetrop et par une envie commune de réaliser une exposition d’art contemporain dans un lieu spécifique, chargé d’un vécu et où je pouvais aborder des sujets de la vie. Notre choix s’est donc porté sur les quartiers HLM, où j’ai moi-même vécu, parce qu’ils impliquent un mode d’existence extrêmement intéressant me permettant de développer un dispositif. Je m’y suis installé et j’y ai préparé plusieurs interventions sans contrainte extérieure. Il n’y avait par conséquent aucun artifice, l’essentiel étant de pouvoir rencontrer directement les gens et de les faire accéder aux appartements.

J.P./K.N. : Peut-on parler d’une installation en relation directe avec l’être humain ? C.L. : Oui, car ce qui m’intéresse, c’est que les gens soient

impliqués. Or, pour Appartement Occupé, j’ai conçu deux installations qui avaient un rapport avec l’environnement de l’homme. De ce fait, celui qui observe se trouve davantage dans une situation de perception que de contemplation. Les limites sont incertaines, ce qui entraîne des interrogations sur cet environnement. De plus, le fait même d’intervenir dans ce type de lieu chargé d’un vécu implique que la nature du dispositif ne peut pas être la même que lorsque l’on intervient dans une galerie, un « white cube ». On est obligé de tenir compte de référents très forts.

J.P./K.N. : Pourquoi es-tu passé de l’objet et de l’habitat à la lumière et au site ? C.L. : Depuis toujours, la lumière, l’objet et le site sont présents dans mes réalisations. Il n’y a pas eu véritablement de rupture. Simplement, les choses se sont déplacées. C’est une évolution naturelle. Aujourd’hui, je n’interviens presque plus sur les lieux. J’introduis des éléments qui sont de l’ordre du trouble visuel, donc moins d’objets, plus de son et de lumière. Auparavant, la lumière était pour moi un élément en rapport à la mémoire. Maintenant, elle agit davantage sur nos sens et la perception que l’on a des choses, donc sur l’instant. D’ailleurs, selon moi, une exposition est réussie lorsque les gens ne restent que quelques minutes dans le lieu. Si ils commencent véritablement à regarder, il y a déperdition de sens. J.P./K.N. : Cela revient donc à l’idée d’un

travail éphémère. Est-ce important pour toi ? C.L. : Pour moi, le rapport au temps est très important. J’aime surtout que les choses existent dans leur nature propre et qu’elles nous font réagir par rapport à l’époque dans laquelle on vit. Si mes installations avaient autant d’impact dans trente ans, ce serait davantage de la conservation. L’idée d’une œuvre qui resterait avec le temps, en fait, me terrifie. Je pense qu’il y a suffisamment de traces avec les catalogues pour que mon travail perdure. C’est pour cela que la commande publique ne m'intéresse pas. J.P./K.N. : Cinq ans après Appartement Occupé, tu interviens de nouveau à Bourges avec World Cup. On passe ainsi

d’un appartement des quartiers HLM à une friche industrielle : Le Transpalette. Comment pourrais-tu situer ton intervention ?

C.L. : Cette exposition est en rapport avec Game Over que j’ai réalisé à la Galerie du Jour à Paris, en septembre-octobre 1998. Elle lui fait suite car elle reprend l’idée d’une relation au jeu. Dans la Galerie du Jour, je développais l’idée du mouvement par la circulation du visiteur qui participe au mouvement, et par là même au dispositif. Il en modifie en quelque sorte le contenu. Je trouve cela extrêmement important que le spectateur ne soit pas contemplatif. L’artiste devrait toujours se poser la question du public avant d’envisager un travail. Pour l’exposition World Cup, j’ai évidemment voulu adresser, à travers cette sphère, un clin d’œil à la Coupe du monde, mais pas seulement ; en même temps, je voulais que l’on s’interroge sur l’espace, sa dimension et surtout la façon dont on le voit et le vit. Il y a mise en abîme. La sphère génère plusieurs types de lecture. Cela n’a pas été facile de travailler au Transpalette. C’est un lieu magnifique, avec une architecture extraordinaire, mais il est difficile d’y cerner l’espace dans sa globalité. On peut le voir sous des angles très différents. Aussi, j’étais obligé, pour capturer le lieu, d’être le plus léger possible. Mon travail a davantage consisté en une modification des perceptions par un geste, un seul élément : la sphère.

Bernard Borgeaud : La présence de Bernard Borgeaud à Pougues-lesEaux (1) s’inscrit dans la programmation du Centre d’art, lequel souhaite, cette année, présenter différents points de vue sur la peinture. Le premier étant celui de l’artiste, avec une réflexion sur les relations entre image photographique et image peinte, suivi de celui d’un critique d’art, Jean-Marc Huitorel, commissaire de l’exposition Les règles du jeu, le peintre et la contrainte. Ce cycle s'achèvera par une proposition de Danielle Yvergniaux (directrice du Centre d'art) qui invitera des jeunes artistes, peintres pour l’essentiel, à travailler sur l’image. Danielle Yvergniaux a choisi d’inviter Bernard Borgeaud (2) et de montrer deux aspects de sa pratique artistique : les photographies plus connues et les dessins, peu montrés à ce jour. Le propos de l’exposition est de retracer son parcours, depuis l'exploration atypique de la photographie, menée de 1969 à 1993, jusqu’à la pratique du dessin, commencée en 1994.

Propos reccueillis par Jérôme Poret et Karine

Noulette, adaptés par Agnès Gillier.

Claude Lévêque, World Cup, 1999 sphère gonflable, tubes fluos, film miroir, bande sonore © Marc Dommage / Le Transpalette, Bourges.

Tableaux de bord Message Voici le texte en question. Il pourrait être introduit par un petit préambule du genre « Le Pavé dans la Mare à, B e s a n ç o n accueillera S.L. (autrement dit moimême) pour une exposition du 22 avril au 19 mai 199. Il nous demande, en avant propose de cette manifestation, de publier telle quelle la préface du livre Administration réseau sous Linux (Éd. O'Reilly), système d'exploitation dont il fera usage dans son installation ». J'ai bien conscience de l'incongruité qu'il peut y avoir a faire paraître dans un journal d'art contemporain un texte qui traite de tout autre chose. D'autant plus que les termes employés relèvent parfois du jargon. Mais c'est justement cette incongruité qui me séduit, je l'envisage autant comme un détournement (que l'accointance avec la photo et sa légende — projet — pour l'installation « Tableaux de bord » accentuera) que comme une présentation concise de ce qui sera donné à voir. La stratégie consiste à produire une intrigue et, par là, une motivation pour venir voir l'exposition (je sais, j'aurais du faire du marketing…). Un texte trop descriptif (sur ce qui ne sera peut-être même pas montré) au contraire abolira l'intrigue et risque, pour ceux qui iront voir l'exposition, de décevoir si le contenu n'est pas le même et d'exclure toute surprise s'il est le même.

À bientôt. Sloan Leblanc

Préface Vous êtes sur le point de vous embarquer dans une fantastique aventure : vous allez entrer dans le monde Linux. Pour résumer, Linux vous rappellera l'esprit qui régnaient dans les premiers jours de la microinformatique, où programmateurs géniaux et bidouilleurs passionnés passaient des nuits blanches avec un oscilloscope et un fer à souder pour construire leur propre micro-ordinateur. Les temps ont changé, les outils aussi ; les débogueurs ont remplacé la soudure, mais l'état d'esprit est toujours présent. Linux est né de cette passion et grâce à lui vous disposez d'un système UNIX pour votre micro-ordinateur, n'ayant rien à envier aux autres implémentations. Malgré ses origines, Linux a évolué et n'est plus réservé aux programmateurs avertis. Chaque jour des milliers de personnes, de toute culture informatique, adoptent ce système d'exploitation pour toutes sortes d'applications techniques, scientifiques, éducatives et… bien sûr, pour le plaisir aussi. Mais comment Linux a-t-il pu devenir aussi perfectionné et performant, aussi célèbre et apprécié, sans être développé par une équipe de professionnels surpayés ? Le FBI devrait-il ouvrir une enquête sur ce mystère ? Que se cache-t-il là-dessous ? La coopération. Tout le secret est là. Linux est libre, dans tous les sens du terme. Cette idée de liberté partagée par tous les programmateurs ayant rêvé de posséder un jour leur propre système UNIX, a permis de réaliser des miracles, chacun apportant sa pierre à l'édifice. Demandez à n'importe quel développeur pourquoi il passe des nuits entières à travailler sur les sources de Linux. Tous auront la même réponse : la passion de programmer et d'offrir le meilleur à la communauté, librement, sans contraintes. Vous ne réalisez peut-être pas qu'en utilisant Linux, vous contribuez à l'essor du logiciel libre, dans le monde

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Révélations et aveuglements Dans les anciennes écuries et les ateliers d’artistes, seront exposées les dernières pièces de la période photographique de Bernard Borgeaud. Elles sont composées d’une juxtaposition de clichés d’un même objet ou événement, saisis avec un léger décalage du point de vue. L’ensemble des modules produit une image illisible. L’artiste veut ainsi créer un espace qui génère une vision à la limite du tactile, une vision Bernard Borgeaud, Carré noir, 1990 haptique (3) conduisant 240 x 240 cm - photo n&bl., montage sur plexiglas le spectateur à s’abîmer Kunstverein, Fribourg, 1990 dans la contemplation des profondeurs de l’image. Les dessins exposés, réalisés pour la plupart en

1998, ont été conçus pour le lieu dans l'économie du geste et son de l’ancienne usine, en prenant en efficacité maximale, cette considération ses dimensions et démarche évoquant le travail de Bernard Borgeaud, Force ascendante, 1994 ses contraintes. Ils sont le résultat Lee Uhan du mouvement de 385 x 385 cm - huile solide sur vélin d’Arches de positionnements dans l’espace, Monoha. Galerie Art Attitude, Nancy, 1994 de traçages assez rapides (entre Le travail de Bernard Borgeaud, trente et soixante minutes sur un format de 3 x 4 m) qui oscille entre concentration et explosion, réussit le faisant suite à un travail préparatoire minutieux et à rapprochement entre deux pratiques a priori une concentration intense. Debout sur la toile posée différentes : l’acte accompli, prise de vue ou au sol, Bernard Bourgeaud trace vigoureusement, à passage appuyé de bâton de peinture sur la toile, l’aide de gros bâtons de peinture à l’huile noire, des est aussi fulgurant qu’a été sa longue maturation. lignes épaisses et profondes. L’espace pictural est à Marie-Cécile Burnichon la fois enrichi et déterminé par les différentes textures qui dialoguent : la réserve (partie non utilisée de la Article réalisé à partir d’un entretien téléphonique avec Bernard Borgeaud en toile), le mouillé (encre et essence versées ou janvier 1999. projetées) et le sec (matières solides). (1) Éxposition du 2 mars au 4 avril 1999 au Centre d’art de Pougues-les-Eaux puis à la Galerie Édouard Manet à Genevilliers et au Musée de Calais. Trois grands diptyques, deux sur toile et un sur (2) Né en 1945, Bernard Borgeaud est professeur à l’École Nationale des papier coréen seront également montrés. Le travail Beaux-Arts de Cergy-Pontoise. (3) Du grec « aptô » signifiant « toucher », voir Logique de la Sensation, Gilles de Bernard Bourgeaud est influencé par le monde Deleuze, Éditions de la Différence, Paris. asiatique, dans le choix des matériaux (encre de (4) Bernard Borgeaud a effectué plusieurs voyages au Japon et en Corée. Chine, papier de riz, papier coréen) (4), comme

Les sculptures momentanées de Erwin Wurm ou quand le corps peut faire sculpture Pour sa prochaine exposition (du 16 avril au 29 mai 1999), le Fonds Régional d’Art Contemporain de Bourgogne a donné carte blanche au sculpteur autrichien Erwin Wurm (1). On a déjà pu voir un aspect de son travail dans ce lieu, lors de

entier. Le libre accès aux programmes, avec la possibilité de les modifier et de les distribuer sans restrictions, est considéré par beaucoup comme un droit fondamental de tout utilisateur d'ordinateur ; au même titre que les droits de l'homme, la liberté, la recherche de plus gros disques durs et le digestif après le café. Le logiciel définit comment sont utilisées les machines, le système d'exploitation en étant le tout premier exemple. En choisissant un système, vous déterminez la manière dont votre ordinateur fonctionnera, depuis l'interface utilisateur jusqu'aux pilotes de périphériques. Linux a l'énorme avantage d'être développé par et pour ses utilisateurs. Le marché du logiciel n'a aucune influence sur ses orientations : ce sont les besoins des utilisateurs qui les définissent. Cette situation est bien plus saine que de tenter de conquérir un « marché », ou de réaliser des profits. Cela ne convient sans doute pas à tout le monde, mais tous ceux qui l'utilisent peuvent avoir une influence sur son avenir. Pour tout cela Linux est votre système d'exploitation personnel, domestique, bien à vous. Ce sera votre compagnon de tous les jours. Que trouver de mieux ? Power to the people. Linux is here. Matt Welsh Coordinateur du groupe de documentation Linux, 9 novembre 1994 (Éd. O’reilly). Texte publié sous licence publique générale (GNU, version 2, juin 1991 Sunsite.doc.ic.ac.uk/public/computing/comms/tepip//Tricklet/GNU.LICENCE/).

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l’exposition collective Poussière (dust memories) (2) où il présentait des socles recouverts d’un infime dépôt de poussière avec, en réserve, une forme attestant de la présence/absence d’un objet posé là auparavant. Cette pièce, économe, minimum dans sa forme et les matériaux employés, est assez représentative de la démarche de l’artiste qui, depuis les années 80, pose la question de l’éphémère et de la mémoire, de l’avant et de l’après, de l’apparition et de la disparition, en mettant en œuvre, ou plutôt devrait-on dire « en scène », le corps en même temps que le quotidien à travers des comportements et des objets familiers. Erwin Wurm est sculpteur même si, paradoxalement, il utilise souvent la photographie et la vidéo, en plus d’objets aussi prosaïques qu’ une pièce de vêtement. Ainsi, suite à un méticuleux pliage, un simple pull-over est transformé en haut-relief accroché au mur par des clous, puis retrouve son état initial de vêtement après décrochage. Sur une vidéo et toujours avec le même « matériau », on assiste à l’élaboration d’une autre sculpture, au sol cette fois : un personnage enfile un pull mais en dehors des conventions, puisque ce sont les jambes qui prennent la place des bras. Avec la vidéo ou la photographie, Erwin Wurm peut visualiser et fixer le temps d’apparition de l’œuvre, l’intervalle-temps avant l’œuvre et après celle-ci. Il peut aussi aborder le thème de la présence de la statuaire aujourd’hui absente dans notre espace urbain, en présentant, par exemple, sur une façade d’immeuble deux immenses posters ayant pour thème un individu maigre et le même individu gros. Pour le Frac Bourgogne, Erwin Wurm propose la

« réédition » des One Minute Sculptures, une série qu’il a commencée à concevoir en 1997-1998, où il met en acte le corps à travers des objets quotidiens (seau, balai, chaise...), des caisses ou des cloisons de bois aménagées avec des ouvertures, qui en permettent l’extension dans l’espace. Le « modèle » doit garder la pose une minute — le laps de temps nécessaire à l’apparition de l’œuvre — dans des postures très simples et parfaitement incongrues, l’artiste n’hésitant pas à se mettre lui-même en scène. Sur la série de photographies réalisées parallèlement, une femme repose, les bras en croix, sur des oranges ; ailleurs elle est allongée, face contre terre, le torse dissimulé sous une valise ; ou bien, toujours allongée mais les jambes relevées, ses pieds servent de socle à deux tasses. Face au mur, c’est Erwin Wurm qui s’y colle en jouant au clown équilibriste, un ballon sous chaque pied, tandis qu’un autre personnage tient entre les dents une chemise sur un cintre. En dehors de l’aspect

ludique présidant à leur réalisation, un équivalent du jeu «Jacques a dit », les

One Minute Sculptures sont la réminiscence de la sculpture antique et classique, particulièrement de la statuaire, puisque c’est le corps, sa mise en espace, qui en est le thème central, mais à travers des attitudes moins nobles et volontiers grotesques. Au Frac Bourgogne, Erwin Wurm installera un dispositif constitué entre autre d’estrades — ou plutôt des piédestaux — qui serviront de socles pour les scupltures à venir, avec, posés dessus, des objets ready-made à activer. Un livre « mode d’emploi », décrivant les postures à adopter sera mis à disposition afin de guider « les acteurs/modèles », en l’occurrence les personnes volontaires parmi le public visiteur qui pour une fois auront l’occasion de se comporter autrement qu’en regardeurs : leurs performances conditionneront le contenu de l’exposition. Le travail de Erwin Wurm sera présenté également extramuros avec l’affichage de posters en ville. Pour Erwin Wurm, la sculpture s’entend comme la possibilité, pour l’individu, d’expérimenter son environnement à travers son propre corps, en dehors et à l’encontre des conventions et des codes sociaux. Il faudra donc se rendre au Frac Bourgogne à Dijon pour y vivre quelques instants exceptionnels en participant concrètement, une fois n’est pas coutume, à la réalisation des œuvres. Laurence Cyrot Un catalogue raisonné (dessins de l’artiste) a été publié en coproduction avec la Kunsthaus de Bregenz, le CAN Centre d’art de Neuchâtel et le Frac Bourgogne : Erwin Wurm, on minute sculptures (296 p., 23 x 31 cm, ill. n&bl., 150 Fr). (1) Né en 1954, il vit et travaille à Vienne et à New-York.

(2) L’exposition Poussière (dust memories) s’est déroulé au Frac Bourgogne à Dijon du 13 juin au 5 septembre 1999 puis à la Galerie du Théâtre Nationale de Bretagne (Frac Bretagne) du 19 septembre au 31 octobre 1999.


auxerre Artothèque, Musée d’art et d’histoire

Le miroir des limbes de Frédéric Kahn et l’ensemble Passerelle*

Why Note Depuis 1996, année de sa fondation, le festival de musique contemporaine de Dijon Why Note, créé par Philippe Lalitte et Jean-Michel Lejeune, explore une thématique : la voix humaine (1996), les percussions (1997) puis, en 1998, la voûte céleste, les planètes et les étoiles, grandes sources d’inspiration symbolique, mythologique, religieuse, sonore et spatiale pour de nombreux compositeurs du XXe siècle.

Ainsi, le public a pu écouter des œuvres de référence de nature très diverse, comme Le piano lunaire de Schoenberg, les chants carnatiques hindous de Ravi Prasad, des pièces d’orgue de Maessien, Tisné, Leguay. D’autre part, il a pu apprécier des œuvres magistrales mêlant musique instrumentale et électroacoustique, dirigées par les compositeurs eux-mêmes : Ariès et Tierkreis sur le thème du zodiaque, de Karlheinz Stockhausen ; Jupiter et En écho, dédiées aux planètes, de Philippe Manoury. Outre une programmation diversifiée, le grand mérite du festival est d’avoir passé commande à trois jeunes compositeurs sur le thème choisi, les pièces étant interprétées par l’ensemble dijonnais Passerelles, un quatuor d'instrumentistes nouvellement constitué (1). Lors du concert donné à l’Atheneum par cette formation, Le miroir de limbes du dijonnais Frédéric Kahn (né en 1966) a frappé l’auditoire par son climat sonore, nuageux, sombre et expressif, très différent des propositions limpides et légères de Christian Jost, ou contradictoires et heurtées de Anton Kirchner. Dans ses propositions antérieures (2), Frédéric Kahn déployait sa musique autour de textes (poèmes de Luis de Gongora ou d’Aloysius Bertrand, collection de proverbes d’Annette Messager, pièce d’Arrabal). Dans Le miroir de limbes ce sont deux significations différentes du mot « limbes » : « zone obscure, indifférenciée où rôdent

2 place Saint Germain, 89000 Auxerre ouvert de 10 h à 18 h 30 sauf mardi. A partir du 01/10 : de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h tél. 03 86 51 09 74 ➤ « Tim Hôtel » François Schmitt : 18/07/98 - 26/10/98 besançon

les âmes vagissantes des enfants mort-nés ou des suicidés » ou « bord lumineux d’un disque astral » (3) qui ont inspiré la structure du morceau en deux parties symétriques. La deuxième partie reprend, en miroir, l’écriture de la première et suscite une perception différente du temps. Pour Frédéric Kahn, il s’agit « d’un procédé d’écriture utilisant de petites cellules sonores répétées à l’identique ou inversées, placées en reflet ou en écho dans toute la pièce, parsemant une sorte de pâte sonore assez homogène de petits nodules réversibles ou non ». À l’arrière-plan, le piano constitue le support fondamental de tout l’espace sonore. Les timbres des vents (flûte, clarinette, trombone) se fondent dans la même nuance, en créant un environnement sonore grave et obscur, allant crescendo. Au milieu de l’œuvre, instant de coupure et de retournement, métaphore du rebord lumineux d’un astre, c’est le trombone seul qui, en deux mesures et en un glissando acéré, remplit tout l’intervalle, de la note la plus aiguë à la plus grave, avant de se fondre à nouveau dans l’épaisseur des sons graves, subtilement différentiés, produits par l’ensemble instrumental. Le raffinement des timbres, la création de climats poétiques oppressants qui évoquent l’attente et l’errance dans le temps et l’espace des âmes perdues, sont le fruit d’une collaboration étroite entre Frédéric Kahn et ses quatre interprètes. Premier envol réussi de ce jeune compositeur dans le ciel de Why Note 1998. Marie-France Vô-Cheylus * Nous tenons à remercier tout particulièrement Frédéric Kahn, ainsi que Martine Charlot, flûtiste, Bernard Metz, trompettiste, Éric Porche, clarinettiste et Thierry Roseach, pianiste, professeurs au CNR de Dijon, pour leur participation chaleureuse et active à l’élaboration de ce texte. (1) Susciter des œuvres écrites pour leurs instruments, rencontrer et dialoguer avec les créateurs, lancer des ponts entre musique d’hier et d’aujourd’hui sont les objectifs de cet ensemble. (2) Il s’agit de Solitudes (1996), La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d’ébène (1993), Au delà d’un regard moiré (1994), Le jardin des délices (1997). (3) définitions extaites du dictionnaire Le Petit Robert.

Why Note

LES ANNONCES DE INTERFACE PERDU Andy, chien de garde, tatouage oreille gauche COK, 1967, signe particulier : albinos tél. moi Lou au 03 80 65 19 07 TROC Échange 2 monochromes blancs contre 1 bleu : contacter Robert VENTE Achète tout urinoir faïence bon état; Contacter Marcel À SAISIR Lot de téléphones portables pour jeunes artistes - autonomie illimitée, couleurs flashs. Courrier à Mr Louis rue Weiss, 75013 Paris RECHERCHE Curator français recherche plasticiens - 25 ans (français s’abstenir). S’adresser au journal sous réf. 21000 IDÉES Recherche projet conservateur alliant folklore et technologie pour fêter l’an 2000. Contacter l’élu de votre circonscription.

Le Pavé dans la Mare

6 rue de la Madeleine, 25000 Besançon ouvert du mar. au sam. de 14 h à 18 h, tél. 03 81 81 91 57 ➤ Delphine Coindet : 05/02 - 05/03/99 ➤ « Tableaux de bord » Sloan Leblanc : 22/04 - 19/05/99 bourbon-lancy

Bulletin

Interface, Association loi 1901 Nom, prénom : .................................................................................................................................. Adresse complète : ............................................................................................................................. ......................................................................................................................................................... Montant (100 f minimum) : ................Date :......................................................................................... Au 104 de la rue de Mirande à Dijon, l’association Interface met un appartement à la disposition de jeunes créateurs. Ils disposent ainsi d’un espace pour réfléchir sur leur démarche, pour montrer leur travail, rencontrer des gens, échanger des points de vues. Par cette souscription, vous devenez membre bienfaiteur de l’association pendant une année civile à compter de la date de versement. Vous serez enregistré(e) dans notre fichier adresses et recevrez une invitation pour la totalité des expositions organisées par l’association.

Double page intérieure : Philippe Cazal Parallèle(1/2/3/4), février 1998 dimensions variables

Pour l’art contemporain

Musée Municipal, Église Saint-Nazaire 71140 Bourbon-Lancy ouvert le mar. 14/03/99 et sur rdv du 14/03 - 10/04/99 de 10 h à 12 h et de 15 h à 18 h 30 - tél. 03 85 89 03 70 ➤ « Le printemps et l’amour (Le printemps des musées) » Beguine, Perron, Guillaume bourges

Publié avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne, de l’association Interface et de l’ensemble des structures annoncées dans l’agenda Impression : ICO Dijon Horsd’œuvre paraît 3 fois par an Tirage 2 000 exemplaires

La Box

9 rue Edouard Branly 18006 Bourges ouvert de 15 h à 19 h sauf dim. tél. 02 48 69 78 78 ➤ Steven Parrino : 25/03 - 23/04/99 Le Transpalette / Emmetrop

26 route de la chapelle, 18000 Bourges mer. jeu. 15 h à 19 h, ven. 15 h à 22 h sam. dim. 14 h à 18 h tél. 02 48 50 38 61 ➤ Claude Lévêque : 23/01 - 28/03/99 chalon-sur-saône L’Espace des Arts

5 bis, avenue Niepce 71100 Chalon-sur-Saône ouvert de 14 h à 18 h 30 sauf mardi tél. 03 85 42 52 00 ➤ « Janviers en Bourgogne Xn 99 » : 24/01 - 04/04/99 ➤ Daniel Brandely « O + R » : 24/04 - 27/06/99

28 quai des Messageries 71100 Chalon-sur-Saône ouvert de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 18 h 30, sauf mardi tél. 03 85 48 41 98 ➤ « Les icônes de Narcisse, 1850-1940 » ➤ Florence Chevalier : Prix Niepce 98 : 13/03 - 24/05/99

Le Carré, La Chapelle du Genêteil

Rue du Général Lemonnier 53200 Château-Gontier tél. 02 43 07 88 96 ouvert de 15 h à 19 h, sauf mardi ➤ Daniel Nadaud : 09/01 - 21/03/99 ➤ Marie Denis : 10/04 - 20/06/99 clermont-ferrand FRAC Auvergne

Ecuries de Chazerat 4 rue de l’Oratoire 63000 Clermont-Ferrand tél. 04 73 31 85 00 ouvert de 13 h 30 à 17 h 30, sauf dimanche et jours fériés ➤ Stéphane Couturier (Ed. cat.) : 10/03 - 10/05/99 ➤ Histoire d’une collection - 40 œuvres majeures de la collection du FRAC Auvergne (Centre Culturel Larbaud, Vichy) : 18/03 - 25/04/99 ➤ Photographies E. Poitvein, P. Kern, A. Deguelle, Aziz+Cucher, S. Couturier... (Musée Crozatier, Le Puy-en-Velay) : 22/04 - 13/06/99 delme Synagogue de Delme /

Centre d’art contemporain 33 rue Raymond poincaré 57590 Delme tél. 03 87 01 35 61 ouvert de 14 h 30 à 18 h 30, sauf lundi ➤ Simone Decker : 07/02 - 27/03/99 ➤ Horst Münch « Étude / Éssai » : 03/04 - 06/06/99

L’Espace d’art contemporain Place de l’Église 71150 Demigny tél. 03 85 49 45 52 ouvert de 14 h à 19 h, du ven. au dim. ➤ Stefan Allenburger : à partir de fin avril 99

Musée d’Art Contemporain

81 quai Charles de Gaulle, Cité Internationale 69006 Lyon tél. 04 72 69 17 18 ouvert de 12 h à 19 h sauf lundi et mardi ➤ « Musiques en scène - Le paysage sonore USA / Canada » 17 installations sonores (La Monte Young, et Marian Zazeela, Ian Carr-Harris, Bill Vorn, Peter Sinclair, Christian Marclay...) : 12/02 - 11/04/99 mâcon Musée des Ursulines

20 rue des Ursulines 71000 Mâcon ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h sauf mar. et dim. matin tél. 03 85 39 90 38 ➤ « Parcours contemporains 99 » George Koskas, Frédéric Meynier, Yan Pei-Ming : 06/03/98 - 03/05/99 metz Faux Mouvement

4 rue du change, BP 84131, 57041 Metz Cedex 1 tél. 03 87 37 38 29 ouvert de 13 h 30 à 18 h30 sauf dimanche et lundi ➤ Bertholin : 12/02 - 10/04/99 montbéliard

Association Bourguignonne Culturelle (Hall de l’ABC)

Passage Darcy, 21000 Dijon ouvert du mar. au ven. de 10 h à 19 h, sam. de 14 h à 18 h tél. 03 80 30 59 78 ➤ « Visages d’Afrique » Tchif : 05/03 - 27/03/99 ➤ « La ferme du Garet » Raymond Depardon : 29/03 - 24/04/99 (Hall de l’ABC & Château de Marsannay) ➤ « Hop ! » Luc Adami : 28/04 - 18/05/99 ➤ « De l’histoire à l’architecture » œuvres du Frac Bourgogne : 21/04 - 26/05/99 Interface

104 rue de Mirande, 21000 Dijon visites sur rdv, tél. 03 80 65 19 07 ➤ Philippe Cazal : 23/04 - 22/05/99 ➤ Véronique Verstraete : juin 1999

49 rue de Longvic, 21000 Dijon ouvert du lun. au sam. de 14 h à 18 h tél. 03 80 67 18 18 ➤ Daniel Firman « Nature d’un lieu (à propos d’un écart... » (sur un projet de l’association Interface, Dijon) : 27/02 - 26/03/99 ➤ Erwin Wurm « One Minute Sculptures » : 17/04 - 29/05/99 Galerie Barnoud

château-Gontier

lyon

dijon

Frac Bourgogne Musée Nicéphore Niepce

demigny

de souscription

HORSD’ŒUVRE n° 4 édité par l’association INTERFACE 104 rue de mirande 21000 Dijon tél. / fax 03 80 65 19 07 Comité de rédaction : Luc Adami, Frédéric Buisson, Laurence Cyrot, Stéphanie Jeanjean, Laure Temmerman, Marie France Vô-Cheylus Coordination et mise en page : Frédéric Buisson Ont participé à ce numéro : Luc Adami, Marie-Cécile Burnichon, Laurence Cyrot, Agnès Gillier, Nathalie Glaudat, Grand Public, Sloan Leblanc, Carole Puéo, Marie-France VôCheylus Remerciement : Frédéric Mary, Clairelle Lestage, Jérôme Poret Couverture : y.an / 1998

27 rue Berlier 21000 Dijon visites sur rdv - tél. 03 80 66 23 26 ➤ Georges Rousse : 05/03 - 17/04/99 ➤ Didier Dessus : 24/04 - 26/06/99 Musée des Beaux-Arts

Palais des États de Bourgogne 21000 Dijon, ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h 00 à 18 h sauf mar. tél. 03 80 74 52 70 ➤ « Reflets d’argent : L’orfèvrerie en Bourgogne du XIVe au XXe siècle » : 27/02 - 26/04/99 dole FRAC Franche-Comté / Musée des Beaux-Arts

85 rue des Arènes, 39100 Dole tél. 03 84 72 89 46 ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, sauf lundi ➤ Jacques Monory : 12/03 - 23/05/99

Le 10 neuf, CRAC

19 avenue des Alliés 25200 Montbéliard ouvert de 14 h à 19 h du mar. au sam. mer. de 14 h à 20 h, dim. de 15 h à 19 h tél. 03 81 94 43 58 ➤ « Les états de la sculpture » JeanLouis Gerbaud, Claire-Jeanne Jézéquel, Alain Kirili, Didier Marcel, Anita Molinero, Vladimir Skoda : 06/03 - 25/04/99 pougues-les-eaux Centre d’Art Contemporain

Parc Saint-Léger, avenue Conti 58320 Pougues-les-Eaux tél. 03 86 90 96 60 ouvert de 14 h à 19 h sauf lun. ➤ Bernard Borgeaud : 02/03 - 04/04/99 ➤ « Les règles du jeu » (le peintre et la contrainte) J.F. Dubreuil, S. Hantaï, J.P. Lemée, P. Millotte, F. Morellet, R. Opalka, B. Piffaretti : 02/03 - 04/04/98 s t s a u ve u r e n p u i s aye Château du Tremblay

89520 Fontenoy-en-Puisaye ouvert de 14 h à 19 h sauf lun. tél. 03 86 44 02 18 ➤ « 30 artistes contemporains icaunais » : 28/03 - 02/05/99 semur-en-auxois Musée de semur-en-Auxois

Rue Jean-Jacques Collenot 21140 Semur-en-Auxois ouvert tous les jours de 14 h à 17 h tél. 03 80 97 24 25 ➤ « Regards sur l’art contemporain » œuvres du Frac Bourgogne : 27/02 - 05/04/99 sens Galerie Abélard

15 rue Abélard 89100 Sens ouvert sam. et dim. de 15 h à 19 h et sur rdv tél. 03 86 95 49 79 ➤ « Portraits Visages (Leroy, Warhol, Combas, Pincemin, Gerbaud, Arman, Erro, Baselitz, Ming, Morisson...) » : 06/03 - 28/03/99 troyes

joigny Atelier Cantoisel

Passages

32 rue Montant-au-Palais, 89300 Joigny ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 19 h, sauf lundi et dimanche matin tél. 03 86 62 08 65 ➤ « Ecart et proximité » Isabelle Blatrise, Luc Bouzat, Olivier Gourvil, Jean-Pierre Valette : 13/03 - 06/06/99

9 rue Jeanne d’Arc 10000 Troyes ouvert de 14 h à 18 h sauf dim. tél. 03 25 73 28 27 ➤ Mischa Kuball : 28/01 - 02/04/99 ➤ Marie-Hélène Le Ny : 21/04 - 22/05/99 vassivière

le creusot Centre d’Art Contemporain LARC, Scène Nationale

Place de la Poste, 71200 Le Creusot ouvert de 13 h 30 à 19 h, du mardi au vendredi, samedi et dimanche de 15 h à 18 h - tél. 03 85 55 37 28 ➤ René Gruau : 04/02 - 21/03/99 ➤ Jean-Michel Wilmotte : 09/04 - 30/05/99

Si vous souhaitez que vos manifestations soient annoncées dans l’agenda du prochain numéro, une participation de 100 f minimum est demandée.

87120 Vassivière tél. 05 55 69 27 27 ouvert tous les jours de 11 à 19 h ➤ Bernard Calet, Valérie Belin : 13/02 - 07/04/99 ➤ Ddider Marcel, Jérôme Schlomoff : 17/04 - 27/06/99 villefranche Centre culturel de Villefranche

Espace Arts Plastiques 170, rue Grenette - BP 301 69665 Villefranche-sur-Saône Cedex ouvert mar. jeu. ven. sam. de 14 à 18 h, mer. de 9 h à 12 h et de 14 à 18h ➤ Philippe Dereux : jusqu’au 06/03/99 ➤ Yves Rozet : 12/03 - 30/04/99


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