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Le rendez-vous médical

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Le pari en ligne

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Le rendezvous médical

«Demain, les professionnels du rendezvous médical bénéficieront d’outils administratifs de pointe» Par Martin Daniel Cofondateur de Covidliste

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Nous avons donné carte vitale et carte blanche à cinq experts pour qu’ils nous livrent leur diagnostic sur les futures évolutions du rendez-vous médical. Demain, les professionnels de santé pourront se consacrer à la santé. Ils seront enfin déchargés des lourdes tâches administratives qui gâchent leur temps précieux et pour lesquelles ils ne présentent aucune valeur ajoutée. Par exemple, une petite application codée en une semaine peut éviter de devoir croiser à la main des données issues de cinq bases de données différentes. Au lieu d’avoir quatre personnes à temps plein sur ce travail, on n’a plus qu’une personne, quinze minutes chaque jour.

Pour libérer le personnel soignant de ces activités répétitives, il va falloir continuer à décloisonner l’innovation publique. Les 2 milliards d’euros du plan de relance du Ségur de la Santé vont faire éclore des initiatives. En s’appuyant sur les infrastructures développées par la puissance publique – l’État, les bases de l’Ademe, etc. –, des acteurs privés vont pouvoir concevoir des solutions open source qui simplifient le monde du soin. Pour demain, il nous faut ce que Mariana Mazzucato appelle une « Mission Economy » : que le public et le privé unissent leurs forces pour apporter aux problèmes sanitaires de notre ère des réponses aussi audacieuses que celles trouvées ensemble pour aller sur la Lune. Le futur du rendez-vous médical sera peut-être porté par des initiatives citoyennes, qui sait ? Travailler sur des solutions open source participe de ce que Bernard Stiegler appelle « l’individuation » : la motivation, ce n’est pas de gagner de l’argent, mais de devenir un individu et de se transformer soi-même en transformant le monde.

«En rendez-vous médical, on prescrira du sommeil sur ordonnance» Par le professeur Isabelle Arnulf Neurologue, directrice de l’unité des pathologies du sommeil de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Demain, le sommeil sera une thérapie en soi, qui permettra de soigner des maladies. Endormi, notre corps travaille : il stabilise la pression artérielle et le système cardio-vasculaire, fait grandir les os et les muscles, élimine les graisses, crée des anticorps et tue les cellules nocives. Cela fait des années qu’on essaie de changer le slogan « Manger, Bouger» en « Manger, Bouger, Dormir». Le père fondateur de la médecine, Hippocrate, rappelait déjà qu’une bonne santé dépend d’une « bonne nourriture », d’un « bon exercice » et d’un « bon sommeil ». Il ajoutait même une « bonne sexualité » dans l’équation !

Le sommeil est aussi le temps d’un travail cérébral offline, via les rêves. Sur les sept à huit heures que nous dormons, cinq au moins comprennent des rêves. Les scénarios produits par le cerveau développent notre empathie, préfigurent de futures menaces – une fonction darwinienne ! –, régulent nos émotions et stimulent notre créativité. Thomas Edison, inventeur de l’ampoule, cultivait déjà ses états hypnagogiques de semi-conscience lors de l’endormissement. Quand un problème lui résistait, il s’endormait avec une balle de métal dans la main : alors qu’il sombrait, la balle tombait et le réveillait. Il avait alors la solution au problème. En reproduisant cette technique aujourd’hui, nous constatons que dans 88 % des cas, une phase de sommeil permet de résoudre des énigmes.

Demain, on peut facilement imaginer le développement de cabines d’optimisation du sommeil. Grâce à des lits à balancier réglés à basse fréquence, on pourrait augmenter les fuseaux de sommeil, vecteurs d’une meilleure mémorisation. Aujourd’hui, le sport arrive déjà sur ordonnance. Demain, au même titre que les courbes de poids ou de taille, les courbes de sommeil des enfants seront inscrites sur les cahiers de santé. Un grand Plan Sommeil verrait enfin le jour, et la sieste en entreprise se démocratiserait. Mais surtout, l’avenir du sommeil sera low-tech et décroissant. Nous apprendrons enfin à respecter les conditions du bon déroulement de cette fonction naturelle : obscurité, fraîcheur, position, état d’esprit. Mais sans pour autant devenir des bonnets de nuit !

«Le rendez-vous médical sortira du cabinet du médecin» Par Vincent Vercamer Responsable Market Access & Affaires Publiques chez Withings

Demain, chaque individu pourra assurer une partie de son suivi médical lui-même, et ce, depuis le confort de son foyer. Grâce à un éventail de capteurs médicaux connectés, il réalisera des automesures à domicile, lesquelles seront transmises directement au médecin grâce à une petite carte SIM glissée dans l’appareil. Grâce au confinement, nous savons que 20 % des problèmes médicaux sont gérables en téléconsultation ; en ajoutant les dispositifs connectés, ce pourcentage pourrait atteindre 90 % des consultations. Un tel fonctionnement permettra de rééquilibrer une relation médecin-patient qui a pu être très paternaliste et très top-down par le passé. Le patient va devenir un « patient expert » et le médecin son allié incontournable.

La qualité de la consultation va également changer : libéré du temps de recueil des données de mesure, le rendez-vous médical sera un temps 100 % qualitatif. À l’avenir, les médecins devront donc être payés non plus nécessairement à l’acte, mais pour le suivi du patient. Pour le secteur de la santé, le gain d’efficacité sera colossal. Pendant l’épidémie de Covid-19, la mise en place d’auto-tests en ligne avait déjà permis de diviser par huit le nombre d’appels au Samu et de désengorger les urgences. Sans oublier que la plupart des pathologies coûtent bien plus cher à soigner lorsqu’elles ne sont pas anticipées.

Non seulement le télésuivi n’éloignera pas le patient de son médecin, mais il permettra d’aller chercher les habitants des déserts médicaux pour les remettre dans le circuit des parcours de soins. Sans wi-fi ni téléchargement requis, des outils de check-up complets connectés par une carte SIM seront également très faciles à prendre en main par les personnes âgées, à domicile ou en mairie. Demain, nous serons tous sur les rails d’un parcours de soin plus intégré.

«En rendez-vous médical, on explorera notre part de magie» Par le docteur Pierre Canouï Pédopsychiatre, psychiatre et psychothérapeute, président de la Fédération française de psychothérapie et psychanalyse

L’une des grandes découvertes du XXIe siècle, c’est que l’humain ne pense pas qu’à travers des idées, mais avec ses émotions. Les récentes découvertes en neurosciences, psychologie et physiologie ont prouvé que les idées venaient après les émotions et perceptions. C’est aussi la découverte d’un nouvel inconscient qui rompt avec celui de la pensée freudienne et lacanienne pour inclure des dimensions un peu mystérieuses.

Plus que jamais, nous saurons demain qu’il n’y a pas une, mais « des » psychothérapies. Il existe en tout plus de 400 méthodes ! Et la profession ne cesse de s’ouvrir : il n’y a qu’à voir ce qui se passe avec l’essor des psychothérapies transculturelles pour les patients imprégnés d’autres cultures. Grâce à des médiateurs culturels, la thérapie est mêlée aux croyances et aux rituels issus de la culture du patient : rites chamaniques, sorcellerie, envoûtements, etc. Cela marques les limites de la rationalité à tous crins et de l’approche scientifico-technologique.

Cette part de mystique et de mystérieux en l’Homme, concerne tout le monde, quelle que soit sa culture. Hier, la question du « sens de la vie» n’émergeait que dans 10 à 15 % des consultations de psychanalyse. Désormais, comme s’ils comprenaient enfin l’absurdité de l’individualisme et de l’hédonisme, les patients cherchent à explorer leur interdépendance avec leurs pairs et leur environnement. Il y a une quête de la méditation psycho-corporelle, de l’introspection analytique avec ou sans thérapeute, notamment à travers l’hypnose. On passe d’un soin passif à une démarche active, qui gagne en autonomie grâce au regain d’intérêt porté à l’auto-analyse. Car même le plus rationnel des individus dispose en lui d’une dimension mystérieuse et d’une certanine pensée magique. «Demain, le rendez-vous médical plongera les patients dans des voyages psychédéliques» Par Stéphanie Chayet Journaliste indépendante à New York et auteure de Phantastica, ces substances interdites qui guérissent (Grasset, 2020)

En 2030, les thérapies à base de champignons hallucinogènes arriveront sur le marché, même en France ! Après avoir beaucoup intéressé les médecins américains de l’après-guerre, la psilocybine – principe actif des champignons hallucinogènes – avait été interdite. Mais après trente ans de traversée de désert, les expérimentations ont repris dans les années 2000, et pour cause, la molécule est particulièrement prometteuse. N’entraînant ni addiction ni neurotoxicité, la prise de champignons hallucinogènes permet au contraire une baisse des symptômes anxieux et dépressifs, des idées suicidaires, de la dépendance à l’alcool, au tabac, aux opiacés, ainsi qu’une amélioration globale de l’état psychologique et du lien à la nature. Un bandeau sur les yeux, un casque sur les oreilles, le patient prend une gélule et s’allonge sur le canapé. Il suit alors le déroulement d’une playlist musicale concoctée pour lui pendant trois ou quatre heures et se voit accompagné par des thérapeutes qui restent présents pendant toute la durée du voyage.

Pour être efficace, la prise de substances psychédéliques demandera de réinventer les conditions de déroulement d’un rendez-vous médical. Sous l’emprise d’une substance active qui modifie la perception de son environnement, le patient devra être placé dans un cocon bienveillant. Loin des néons blafards des salles de soins traditionnelles, les futurs cabinets seront de petits boudoirs confortables, avec tapis, plantes vertes et lumière tamisée. On peut même imaginer des séances en pleine nature. Sous emprise, le patient expérimente une altération très importante de ses perceptions sensorielles. Le monde extérieur change d’apparence, il peut percevoir le pouls ou la respiration d’un individu à 30 mètres de lui ; sa conscience évolue et lui permet d’accéder à des souvenirs refoulés et au hors-champ de sa conscience. Certains vivent un moment mystique, éprouvent un sentiment d’unité avec la nature ou le cosmos. L’expérience est telle qu’une séance peut suffire à débloquer des malaises que dix ans de psychanalyse n’auraient pas réussi à résoudre.

«en 2030, les thérapies à base de champignons hallucinogènes arriveront sur le marché, même en France!»

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