Le pays voironnais | Patrimoine en Isère | inventaire N°10 | Supplément numérique

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QUE INVENTAIRE NUMÉRO 10

LE PAYS VOIRONNAIS

Sous la direction d’Anne Cayol-Gerin

PATRIMOINE EN ISÈRE

Afin de ne pas alourdir la publication sur papier, nous avons choisi de dématérialiser certains textes pointus et certains encarts. Synthèse sur une entreprise ou notice sur une demeure de qualité complètent ainsi leur chapitre propre. Cette technologie offre au lecteur la possibilité de satisfaire aisément sa curiosité, c’est pourquoi il nous a paru opportun d’inclure également sous ce format la réédition des courtes monographies d’édifices médiévaux réalisées par le même service en 1982 et 1986 dans « Archéologie chez vous » n° 1 et n° 4. Ainsi le très riche patrimoine médiéval n’est-il pas réduit à la portion congrue !


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / SOMMAIRE

Le Pays voironnais. DAO E. Bournay.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / AUX RACINES DU PAYSAGE

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LA PROTOHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE ET CONTEMPORAINE / LE MONDE URBAIN

PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE ET CONTEMPORAINE / LES GRANDES DEMEURES

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE ET CONTEMPORAINE / ARTISANAT & INDUSTRIE

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS

PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / TABLE DES MATIÈRES INTERACTIVE

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AUX RACINES DU PAYSAGE p. 07 • Lac de Paladru p. 08 • Aux racines du paysage LA PROTOHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ p. 11 • De la prospection en archéologie LE MOYEN p. 15 • p. 16 • p. 18 • p. 20 • p. 21 •

ÂGE Le partage du comté de Sermorens Du comté royal à la féodalité dauphinoise Le conflit delphino-savoyard L’ascension d’une grande famille de la noblesse dauphinoise : les Clermont Bibliographie

LE MOYEN p. 23 • p. 26 • p. 27 • p. 32 • p. 33 • p. 36 • p. 42 • p. 43 • p. 44 • p. 46 • p. 47 • p. 47 • p. 52 • p. 54 •

ÂGE / ASPECTS RELIGIEUX DU MOYEN ÂGE Chirens, église prieurale La Buisse, clocher de l’église Moirans, couvent des Cordeliers La Murette, chapiteau de l’église Saint-Martin Rives, prieuré-cure Saint-Vallier Saint-Geoire-en-Valdaine, église paroissiale Saint-Georges Saint-Jean-de-Moirans, ancienne chapelle des Hospitaliers Saint-Nicolas-de-Macherin, église paroissiale Tullins, église Saint-Laurent Tullins, chapelle Notre-Dame de l’hôpital Voissant, prieuré-cure Notre-Dame Voreppe, abbaye Notre-Dame de Chalais Voreppe, église Saint-Didier Vourey, église Saint-Martin

LE MOYEN p. 57 • p. 59 • p. 60 • p. 61 • p. 65 • p. 66 • p. 67 • p. 68 • p. 70 • p. 72 • p. 75 • p. 76 •

ÂGE / FORTIFICATIONS ET HABITATS DU MOYEN ÂGE La Bâtie-Divisin, site de Châteauvieux ou Le Châtelard Chirens, motte de La Louvatière Chirens, motte de La Poype Chirens, tour de Clermont Merlas, motte de La Poype à Saint-Sixte Merlas, fortification de terre de Papon Montferrat, château La Murette, château dit des Champs ou de Vachon Paladru, château Rives, motte de La Poype Saint-Étienne-de-Crossey, château de Tolvon Saint-Étienne-de-Crossey, maison forte de Charconne


p. p. p. p. p. p. p.

78 80 82 83 84 85 86

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Saint-Geoire-en-Valdaine, château de Clermont Saint-Julien-de-Ratz, bâtie de La Perrière Saint-Nicolas-de-Macherin, château d’Hautefort Voiron, tour Barral Voiron, bâtie de Monclar Voreppe, Châteauvieux Vourey, maison forte de La Bâtie

LE MOYEN p. 89 • p. 93 • p. 96 • p. 98 • p. 101 •

ÂGE / BOURGS FORTIFIÉS ET VILLENEUVES Réaumont, Château et ville neuve Rives, Château et bourg fortifié Tullins, un château et ses bourgs Voiron, une ville et ses fortifications Voreppe, la ville neuve

p. 105 •

LE MOYEN ÂGE / NOTES

LE MONDE URBAIN p. 111 • Le développement urbain de Voreppe depuis 1950 LES GRANDES DEMEURES p. 117 • La Buisse, Maison noble du Pansu p. 118 • Chirens, La Garangère p. 120 • Saint-Etienne-de-Crossey, Le Vivier p. 122 • Saint-Geoire-en-Valdaine, Hauterives p. 124 • Tullins, Saint-Jean-de-Chépy LE PATRIMOINE ARTISANAL ET INDUSTRIEL p. 127 • L’ÉNERGIE HYDRAULIQUE AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL DEUX SIÈCLES DE TEXTILE DANS LE VOIRONNAIS p. 129 • Dompter la main d’œuvre UNE HISTOIRE DU PAPIER ET DE SON PATRIMOINE p. 132 • Moirans, Papeterie Barjon p. 132 • Rives, Société BFK - Blanchet Frères et Kléber p. 133 • Voiron, Papeteries Guérimand p. 133 • Voiron, Papeterie de Paviot

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / AUX RACINES DU PAYSAGE

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Le lac de Paladru. Photo D. Lachas.

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Aux racines du paysage LE LAC DE PALADRU Alain Morel

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Aujourd’hui propriété d’une quarantaine de particuliers, il est géré par une Société civile immobilière (S.C.I. du Lac) fondée en juin 1874 qui réglemente les activités qui y sont pratiquées. Les principales mesures (gestion, aménagement…) se font sous la tutelle du syndicat de pêche du lac. Au début des années 1990, une procédure de Contrat de bassin versant a été initiée pour la Fure, lac inclus, en vue d’améliorer l’assainissement des communes et de mieux connaître le fonctionnement du réseau hydraulique. Un contrat de bassin a été signé en 2001 par le syndicat mixte du lac de Paladru et le syndicat intercommunal à vocation unique de la Fure. Par ailleurs, ce territoire est devenu en 1991 Pays d’Art et d’Histoire (PAH) des Trois vals-lac de Paladru, label étendu en avril 2013 à la Communauté d’agglomération du Pays voironnais (CAPV) et à Virieu. Ce lac naturel, le cinquième de France par la taille, constitue un atout important pour la pêche, les possibilités d’activités sportives et les trésors archéologiques qu’il recèle.

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’occupation humaine y est ancienne. Les fouilles archéologiques ont montré que 2 700 ans av. J.-C., une communauté s’était fixée sur sa rive, profitant d’une baisse du niveau des eaux. Vers la fin du Xe s. à la faveur d’une nouvelle baisse du niveau, trois habitats sont installés, « Grands Roseaux » à Paladru, « Colletière » à Charavines et « Ars » au Pin, générant une importante déforestation.


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / AUX RACINES DU PAYSAGE

Répartition des emplois dans les communes du Pays Voironnais en 2017 Nombre d'emplois Charancieu

inf à 200 200 - 1000

La Bâtie-Divisin

1000 - 3000 3000 - 8000 sup à 8000

Velanne

Source : INSEE RGP 2013 mise à jour juin 2016

Voissant

Paladru Saint-Bueil Montferrat Saint-Sulpice-des-Rivoires Saint-Geoire-en-Valdaine

Le Pin

Bilieu Merlas

Massieu Charavines

Chirens Saint-Nicolas-de-Macherin Saint-Aupre

Saint-Blaise-du-Buis

Réaumont Rives

Voiron

La Murette

Saint-Cassien

Saint-Étienne-de-Crossey

Coublevie Saint-Julien-de-Raz

Charnècles Saint-Jean-de-Moirans La Buisse Pommiers-la-Placette Vourey

Moirans

Tullins

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· © SIG - Pays Voironnais Mai 2017

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Répartition des emplois dans les communes du Pays Voironnais en 2017. © SIG - Pays Voironnais Mai 2017 (source INSEE RGP 2013 mise à jour juin 2016).

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / AUX RACINES DU PAYSAGE

Densité de population dans les communes du Pays Voironnais en 2017 Densité de population (hab/km²) inf à 100

Charancieu

100 - 200 200 - 300

La Bâtie-Divisin

300 - 500 sup à 500

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Source : INSEE RGP 2013 mise à jour juin 2016

Voissant

Paladru Saint-Bueil Montferrat Saint-Sulpice-des-Rivoires Saint-Geoire-en-Valdaine Le Pin

Bilieu Merlas

Massieu Charavines

Chirens Saint-Nicolas-de-Macherin Saint-Aupre

Saint-Blaise-du-Buis

Réaumont Rives

La Murette

Voiron

Saint-Cassien

Saint-Étienne-de-Crossey

Coublevie Saint-Julien-de-Raz

Charnècles Saint-Jean-de-Moirans La Buisse Pommiers-la-Placette Vourey

Moirans

Tullins

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· © SIG - Pays Voironnais Mai 2017

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Densité de population dans les communes du Pays Voironnais en 2017. © SIG - Pays Voironnais Mai 2017 (source INSEE RGP 2013 mise à jour juin 2016).


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LA PROTOHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ

STAUPRE

ST-NICOLASDE-MACHERIN

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Site à tegulae

Sépulture

Trésor monétaire (localisation indéterminée)

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Découvertes antiques à Saint-Étienne-de-Crossey. DAO E. Bournay (plan J.-P. Moyne, d’après les prospections de S. Bleu et J. Berry).

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Villa

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Site en grotte


La protohistoire et l’Antiquité DE LA PROSPECTION EN ARCHÉOLOGIE Annick Clavier

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La pratique de la prospection est aujourd’hui réglementée ; elle demande d’obtenir une autorisation officielle de l’État, ainsi que l’accord du propriétaire du terrain. Elle prohibe l’usage du détecteur de métaux. Elle a connu des améliorations méthodologiques qui en font une démarche scientifique tout à fait reconnue : mise au point de protocoles de ramassage, élimination des éléments provenant d’épandages par divers calculs, précision du lieu de découverte grâce au GPS, représentation normalisée des zones prospectées…

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a prospection consiste à rechercher dans les champs labourés des éléments indiquant la présence humaine, à les localiser précisément, les décrire et les dater. Une prospection poursuivie pendant plusieurs années à Saint-Étiennede-Crossey a permis de repérer une dizaine de sites archéologiques potentiels pour la période gallo-romaine. À Voreppe, quatre sites antiques ont été identifiés par l’association Corepha. L’un d’eux comprenait des ruines encore en élévation lors de la réalisation du cadastre de Dupuy vers 1756-1759, qui les décrit ainsi : « terre plantée de hautins d’Anthoine Genin Jaquard, au mas de lachar, dans laquelle il y a des vestiges d’un ancien château fort et plusieurs souterrains ». Une telle mention signale sans doute des aménagements importants avec pièces voûtées ou hypocauste.


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LA PROTOHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ

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Objets ramassés lors de prospections, La Brunerie (Voiron), Ier-IIIe siècles ap. J.-C. Coll. Dépt. de l’Isère. Photo D. Vinçon. Anneau, épingle, applique en bronze, perles de verre à décor en forme de drupes. Prospection J. Berry et S. Bleu, vers 1985.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LA PROTOHISTOIRE ET L’ANTIQUITÉ

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Statuettes et fibule animalières, La Tivolière (Voreppe). Coll. particulière. Photo D. Vinçon. Le chien accompagne habituellement le dieu Sucellus. Souvent offrande lors des rites funéraires, le porc ne paraît le symbole d’aucune divinité dans les religions gauloise ou romaine (datation : époque romaine). La fibule en forme de dauphin joueur (il tient une balle dans sa gueule) constitue un exemplaire unique ; une pièce assez ressemblante trouvée à Viuz-Faverges date des Ier-IIe s. ap. J.-C.


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE

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Portail de l’église, détail (Saint-Geoire-en-Valdaine). Photo D. Lachas.

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Le Moyen Âge LE PARTAGE DU COMTÉ DE SERMORENS EN 1107 Jean-Pierre Moyne

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Après l’échec d’une première tentative de conciliation au concile d’Autun (16 octobre 1094), Hugues en appelle à l’arbitrage de Rome. Le pape Urbain II approuve l’évêque de Grenoble, lui remet l’intégralité du territoire et ordonne à tous, clercs et laïcs, une obéissance exclusive à l’entreprenant prélat. Il fallut cependant l’intercession du comte Guigues d’Albon pour convaincre Guy de Bourgogne de rendre effective la transaction. L’apaisement est de courte durée puisque, deux ans plus tard, l’archevêque occupe militairement le terrain. Le conflit n’est définitivement réglé que dix ans plus tard, en 1107 donc, par le pape Pascal II. Tel Salomon, le pontife partage le Sermorens entre les deux prétendants. Cependant le texte, plutôt que d’énumérer les 120 à 130 paroisses du territoire, s’appuie sur une entité territoriale laïque et attribue onze châtellenies à l’évêque de Grenoble et autant à l’archevêque de Vienne. En partageant de cette manière l’objet du litige, le pape fait preuve d’une habileté certaine et d’une bonne connaissance du dossier. Sous couvert de stricte égalité, il attribue en effet au prélat rhodanien un territoire qui compte deux fois plus de paroisses que celui remis à son concurrent grenoblois… Le dossier documentaire rassemblé par l’évêque Hugues, composé d’actes anciens probablement copiés dans les principaux monastères de la région, constitue le premier cartulaire de l’église de Grenoble, une source d’archives irremplaçables pour l’histoire de cette période.

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n document daté de 1107 partage le comté de Sermorens entre l’évêque de Grenoble et l’archevêque de Vienne. Ce vaste territoire délimité par l’Isère, le massif de Chartreuse et le Guiers, s’étendait jusqu’à la Valloire et la plaine de la Bièvre et recouvre largement la collectivité actuelle du Pays voironnais. Au XIe siècle, les limites géographiques des diocèses ne sont pas toujours précises, ce qui génère toutes sortes de conflits entre évêques, chacun souhaitant bénéficier du plus grand nombre de paroisses possible pour asseoir son prestige et pour percevoir la dîme consacrée à l’Église (taxe correspondant en théorie à un dixième sur les récoltes). En 1094, Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne, revendique le territoire de l’ancien comté, considérant qu’il est détenu injustement par l’Église de Grenoble. Hugues de Châteauneuf, évêque de ce siège, rétorque qu’il appartient depuis au moins cent ans à son évêché mais qu’il ignore de qui il relevait auparavant. Notons simplement pour notre part que le lien entre l’église de Voreppe et Vienne (vocable, prieuré) et celui entre Saint-Vincent-du-Plâtre et Grenoble (vocable du groupe épiscopal, prieuré) constitue une disposition assez remarquable, probable souvenir de l’ancienne limite entre les deux diocèses… À la date où se noue le conflit, on peut considérer que les deux prélats possèdent chacun un certain nombre de droits : Hugues sur Moirans et Tullins et l’archevêque, plus près de Vienne, sur Beaulieu, Faramans, Saint-Hilairede-la-Côte ou La Frette.


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE

DU COMTÉ ROYAL À LA FÉODALITÉ DAUPHINOISE Jean-Pierre Moyne

En 1011, le roi de Bourgogne Rodolphe III dispose du vaste territoire fiscal de Sermorens dont il cède une partie en sponsalitium (ou douaire : donation de biens en usufruit par l’époux à sa femme) à sa nouvelle épouse Ermengarde1. Au cours du XIe siècle toutefois, des familles aristocratiques démembrent et s’approprient cet ensemble, sans que l’on sache exactement comment, les archives étant trop éparses pour les XIe et XIIe siècles. Les terres ont-elles été confiées par le roi à ses vassaux ou bien s’agit-il d’une mainmise de grandes familles sur des biens peu ou mal administrés ? L’interprétation de ce mouvement repose sur des hypothèses issues d’une lecture régressive des textes, depuis le XIIIe siècle. À cette date, toute la partie nord de notre territoire se trouve sous la domination de quelques lignages : les La Tour tiennent la seigneurie éminente sur le lac, avec pour vassaux les Virieu et les Paladru2. Les Clermont sont installés en Valdaine qu’ils semblent dès l’origine tenir en alleu, c’est-à-dire en bien propre, sans reconnaître de seigneur supérieur. Quelques indices dans les textes laissent soupçonner que cette situation remonte aux siècles précédents. Berlion, probable ancêtre des La Tour possède déjà des droits sur Charancieu en 1032, par la suite paroisse du mandement de Virieu3. La famille d’Hauterives-Clermont tient les châteaux de Clermont et Saint-Geoire au début du XIIe siècle4. Le seigneur Vitfredus de Viriaco (Guiffrey de Virieu), premier membre connu pour cette lignée, signe un acte en 10435. C’est aussi un dénommé Guiffrey qui porte le patronyme de Paladru que l’on voit témoin d’un acte de Soffred de Clermont entre 1150 et 11596. Tous ces personnages appuient leur pouvoir sur un château dont ils portent le nom, castrum mentionné dans le partage de 1107.

La situation de Tullins n’est pas explicite : le dauphin renonce à ses droits sur ce territoire en 1276, au profit de Guy de Tullins, qui tente de constituer une seigneurie homogène autour de son château et du bourg prospère qui l’accompagne12. En 1079, Aténulphe de Tullins fait partie des proches du comte d’Albon, étant qualifié « d’homme fidèle » de Guigues le Gras13. Il est seigneur du château de Tullins d’après un acte de 1091 par lequel il cède à l’abbaye Saint-Pierre « hors les murs » de Vienne, la chapelle castrale dédiée à Saint-Barthélémy ainsi que l’une des deux églises sans doute paroissiales, Saint-Laurent et Saint-Maurice14. Les Rives sont probablement originaires du sud viennois15, mais les liens avec les comtes d’Albon sont difficiles à établir : au XIIIe siècle, ces derniers ne tiennent qu’un droit de péage, avant de conforter leur implantation par l’échange avec Guy de Tullins en 1276. Un certain Armand de Rives entre à l’abbaye

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Toute la partie sud du Pays voironnais paraît dominée par les comtes d’Albon, futurs dauphins, essentiellement installés à Voreppe et Moirans. Aucun doute pour Voreppe dont la possession est avérée fin XIe et début XIIe siècle mais moins de certitude à Moirans9. En 1016, lorsqu’Humbert d’Albon, évêque de Grenoble, cède l’église Saint-Pierre à l’abbaye de Cruas, il a parmi ses témoins son oncle Guigues (d’Albon dit le Vieux), qui tenait sans doute un droit éminent sur cette localité10. Ici également, une famille éponyme apparaît à la fin du XIe siècle. Ses liens avec la lignée des dauphins ne sont pas clairement établis par les textes : elle possède des terres (six manses tenus du comte à Saint-Donat, Drôme) et des droits (Meylan, Moras, Saint-Sorlin-en-Valloire) dans des zones clairement sous domination comtale11. Les Moirans paraissent donc des vassaux ou des cadets des Albon. À l’extinction de la branche aînée durant le troisième quart du XIIIe siècle, le mandement de Moirans retourne sans contestation dans le domaine delphinal.

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Tolvon et Voiron sont sous suzeraineté savoyarde au XIIIe siècle. Certains auteurs expliquent cette situation par la personne de la reine Ermengarde citée plus haut, qui aurait été une proche parente voire une sœur du premier comte de Savoie Humbert-auxBlanches-Mains7. Au décès d’Ermengarde en 1058, les biens de sa dot seraient alors revenus par héritage aux Savoie. Toujours est-il que le comte possède des droits sur Tolvon dès 1113-1123 : il cède alors une terre à Saint-Laurent du Désert (du Pont) à l’abbaye de Chalais. La présence de son mistral - officier secondaire du territoire - parmi les témoins montre qu’il

s’agissait d’une seigneurie directe et non remise en fief. Des familles se donnant les noms de Tolvon et de Voiron (sans doute de la parentèle des Savoie), participent aux donations qui entourent la fondation des monastères de La Grande Chartreuse et Chalais à la fin du XIe siècle8 mais elles disparaissent assez tôt de la documentation, les Tolvon dès le début du XIIe et les Voiron à la fin du même siècle.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE

de Bonnevaux en même temps qu’Amédée d’Hauterives et Berlion de Moirans : si elles ne sont pas apparentées, ces trois familles appartiennent au même cercle de pouvoir. Pour Planaise, les données sont encore plus confuses : un texte cite les Hauterives-Clermont comme détenteurs de ce territoire au début du XIIe siècle mais on n’en trouve plus mention par la suite. Avant 1236, les Templiers en sont seigneurs16 ; selon un processus classique, les dauphins acquièrent petit à petit des droits (de garde) puis l’hommage de l’Ordre (1275) 17 avant de se rendre maître de ce château où ils fondent une ville neuve en 1311. Un certain nombre de lignées de moindre importance sont connues dès la fin du XIe siècle. Un des membres des Garcin, Anselme, apparaît dès 1086 en compagnie des autres donateurs de la Grande Chartreuse18. Il était donc apparenté aux Voiron et aux Miribel. Vers 1140, un descendant, Pierre, est installé à Tolvon19. Au XIVe et au XVe siècle, la famille est possessionnée à la fois dans le mandement de Voiron-Tolvon (maison forte de Montagnieux-la-Roche à Saint-Étiennede-Crossey) et à la Chapelle-de-Merlas dans le mandement de Saint-Geoire. La famille de Voissant porte le nom d’une paroisse de la Valdaine où d’ailleurs sont visibles les vestiges d’une fortification dite « de Bellegarde ». Anselme de Voissant, premier membre connu, teste en 1129 dans un acte de donation des Miribel et des Voiron20. Pierre de Voissant assiste à une donation au prieuré de Domène vers 1147. Au XVe siècle, la famille de Voissant possède une maison forte à Coublevie et celle de Papon à Merlas, une maison dans le bourg de Voiron, et des terres et autres droits dans la Valdaine. La similitude des prénoms, Anselme et Pierre, ainsi que la proximité des possessions aussi bien dans la région de Voiron que dans le mandement de Saint-Geoire permettent de suggérer avec prudence une commune origine entre les Garcin et les Voissant.

Borrel est le nom de l’ancêtre du siècle précédent, Nantelme, père d’un autre Odon de Voiron et d’Humbert de Miribel. Falcon Borrel, probablement fils de Rostaing, apparaît comme témoin lors d’un accord entre Chartreux et Calésiens en 117321. Un chevalier Rostaing est connu grâce à une inscription obituaire provenant de l’abbaye de Saint-Pierre de Vienne à laquelle il fait don, avec son épouse Aude, de huit sous de cens à Charnècles 22 et à une mention dans le nécrologe de la même abbaye23. Ce même document épigraphique mentionne également deux moines appelés Falcon qui financent leur anniversaire par des cens, pris les uns à Burcin et les autres à Maloza (Saint-Cassien). On peut raisonnablement estimer que cette pierre concerne bien la famille Borrel : elle a pu être gravée sous l’abbatiat de Guillaume III Borrel, abbé de Saint-Pierre de Vienne entre 1197 et 1207 et probable membre de cette lignée. À Moirans, la charte de franchises de 1164 nous permet de connaître un certain nombre de chevaliers vassaux du seigneur de Moirans : Lantelme de Vourey, Guigues et Guillaume Gautier, Guifred Coet, Rostaing Sevenes, Humbert de la Rovoire et Aymon Véhier. Ce dernier porte le nom de sa fonction à la tête de la véherie de Moirans ; ses descendants possédaient d›ailleurs une maison forte dans le bourg. En 1209, la famille Chenillard fait son apparition dans la confirmation des franchises en compagnie des descendants des familles citées précédemment ; elleaussi tenait une maison forte voisine de la Véherie.

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La famille Borrel, basée elle-aussi à Tolvon, est présente dans plusieurs actes du XIIe siècle. En particulier, entre 1155 et 1165, Rostaing Borrel est rappelé à l’ordre par Humbert III, comte de Savoie, qui lui demande de respecter les possessions des moines de Chalais dans le mandement de Tolvon. L’admonestation concerne aussi Odon de Voiron, son probable cousin. En effet,


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE

LE CONFLIT DELPHINO-SAVOYARD EN PAYS VOIRONNAIS

Jean-Pierre Moyne

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Enfin, le 27 mai 1337, une paix durable est signée à Chapareillan après les interventions du roi de France et du pape. Peu après le Dauphiné devient français mais quelques affrontements ponctuent l’apaisement en cours. Ainsi, en 1354, alors que des négociations sont en cours entre le roi et le comte de Savoie, les Dauphinois assiègent Voiron et prennent la ville, immédiatement reprise par Amédée VI, puis sont sévèrement défaits par les troupes du comte aux Abrets. Ce nouveau conflit précipite les négociations et en janvier 1355, un traité est signé à Paris. Le comte de Savoie remet toutes ses possessions du Viennois, à l’ouest du Guiers et au sud du Rhône, en échange de quoi, le roi lui donne le Faucigny et les châtellenies de la Bresse et du Bugey. Ce traité met définitivement fin au conflit delphino-savoyard. L’imbrication des zones d’influences des deux rivaux les a évidemment obligés à fortifier davantage leurs frontières. Le comte de Savoie Amédée V renforce à la fin du XIIIe siècle les châteaux et les bourgs de Septème, Saint-Jean-de-Bournay et Voiron puis crée (début XIVe siècle) les bourgs fortifiés d’Heyrieux, de Vénissieux ou de Châbons. Dans le mandement de Voiron, pour contrôler les vallées et les voies d’accès, il fait édifier les bâties de La Perrière et de Montclar, cette dernière pour surveiller les possessions du seigneur de Clermont fraîchement rallié à son adversaire. Côté dauphinois, le renforcement est essentiellement l’œuvre du dauphin Jean II qui fonde entre 1312 et 1315 plusieurs villes neuves et châteaux dans la plaine de Bièvre comme Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, Izeaux et Réaumont. À Voreppe, le bourg autour du prieuré est privilégié au détriment de l’ancien château et de son bourg castral, plus proches de Grenoble. Chaque création s’accompagne de l’octroi d’une charte de franchises apportant aux habitants des droits non négligeables, mais surtout des devoirs militaires (entretien du rempart, garde des murs et par-

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Hospitaliers à Saint-Jean de Moirans le 10 juin 1314 et chez les Chartreux de la Silve Bénite en 1329), la guerre chaque fois se rallume. En 1333, alors que les Savoyards reprennent la bâtie italienne de Paladru en Piémont (lieu-dit Bastia, commune de Gravere), le dauphin Guigues VIII met le siège devant le château de La Perrière (Saint-Julien-de-Ratz) où il trouve la mort.

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avoie et Dauphiné, une longue et tumultueuse histoire… Ces deux États voisins et rivaux se structurent en parallèle dès les débuts de la féodalité. Mais l’imbrication de leurs possessions et leurs ambitions territoriales et politiques vont être, dès le XIIe siècle, sources de conflits qui durent jusqu’en 1355. Le Pays voironnais se trouve particulièrement concerné par cette rivalité. Le comte de Savoie y possède les châteaux de Voiron et de Tolvon, ainsi que Charancieu, à l’extrémité nord. Le dauphin est implanté dans les vallées de l’Isère et de la Fure avec les châteaux de Moirans, Voreppe, Rives et Réaumont, ainsi que dans le nord avec les fiefs de Virieu et de Paladru, tenus par les Clermont et les deux familles éponymes. Seule, la seigneurie de Tullins est aux mains d’un seigneur indépendant. En 1140, pour des raisons mal connues, un premier conflit éclate et entraîne la mort du dauphin Guigues IV au siège de Montmélian. En Viennois, la situation devient particulièrement critique par le double jeu des acquisitions territoriales delphinales (Voreppe en 1226 et en 1276, Rives, Moirans, Vourey et Saint-Quentin) et savoyardes (Septème et Fallavier en 1249 et 1250). En 1282, le dauphin Jean Ier meurt sans postérité. Sa sœur Anne, épouse d’Humbert, seigneur de La Tour, hérite de la principauté et son époux prend le titre de dauphin. Le duc de Bourgogne Robert II conteste aussitôt en revendiquant lui-aussi la province. Ce changement de dynastie a des conséquences sur le jeu des alliances et plusieurs seigneurs dauphinois se rallient au parti bourguignon24. C’est le cas par exemple d’Aymon de Beauvoir, seigneur de Villeneuve-de-Marc et de La Palud (Saint-André-leGaz), dont les terres qui comprennent la paroisse de Charancieu, deviennent fief savoyard. En 1283, la guerre qui oppose le duc de Bourgogne et son allié le comte de Savoie au seigneur de la Tour que soutient le comte de Genève conduit à l’incendie du bourg de Virieu. Les hostilités reprennent en 1289 et les combats se déroulent en Viennois et en Bresse. En 1299, le conflit est relancé sur les fronts du Grésivaudan, du Viennois et du Faucigny. Les terres du seigneur de Clermont sont attaquées par les troupes savoyardes. Un traité signé en 1305 entre Geoffroy de Clermont et le comte Amédée V met fin à ce conflit annexe25, alors que le Viennois vient d’être dévasté par les troupes d’Édouard de Savoie. Malgré plusieurs tentatives de paix en terrain neutre (chez les

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ticipation aux chevauchées). Les deux souverains ne se privent pas d’enrôler les hommes de leurs bourgs dans des opérations d’attaques et de destructions des possessions ennemies les plus proches. Plutôt que de longs sièges incertains, les forces en présence préfèrent mener une guerre d’épuisement économique. En 1319, les Savoyards incendient les moulins de Réaumont, tuent le bétail d’un agriculteur de Moirans en 1330 et brûlent les battoirs de Rives (1333). De

leur côté, les Dauphinois endommagent, probablement la même année, l’église de La Buisse. Ils avaient déjà entièrement détruit le village installé au pied du château de la Perrière et en1320, lors du siège de Voiron, ils brisent les écluses de la retenue d’eau des moulins afin que les eaux sapent le rempart26. La même année, le bourg de Voreppe est incendié par les Savoyards27.

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Mandements et conflits au XIVe s. DAO E. Bournay (recherche J.-P. Moyne).


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L’ASCENSION D’UNE GRANDE FAMILLE DE LA NOBLESSE DAUPHINOISE : LES CLERMONT Jean-Pierre Moyne

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de compléter et unifier sa seigneurie de Valdaine : il reçoit en échange en toute propriété les paroisses de Saint-Alban et Saint-Martin-de-Vaulserre ainsi que le Mont-Velanne. À la même période, les donations d’Amédée V et de son fils Aimon permettent aux Clermont d’agrandir la seigneurie sur Burcin (mention en 1312)36 et à l’est de Clermont sur Saint-Nicolas-deMacherin (Hautefort) avant 134037. Geoffroy, à partir de 1317, se tourne vers le dauphin Jean II38. Les Clermont en sont vassaux pour Paladru, Virieu, Saint-Étienne d’Envelump (Chélieu) et Saint-Germain de Cormerouze (Le Passage). Mais c’est à son fils Ainard qu’il revient d’accomplir la rupture avec la politique de balancier jusque-là mise en œuvre par sa famille. Cette alliance est scellée en 1340 par un traité qui permet aux Clermont de recevoir la vicomté de Trièves avec les châteaux de Clermont (Monestier-de-Clermont) et de Roissard, le titre de premier baron du Dauphiné et de capitaine des armées du dauphin39. Une place éminente qui s’explique par la position stratégique de la seigneurie de Valdaine, aux confins des deux principautés rivales et par le poids politique et économique pris par la lignée des Clermont. Une puissance confortée par le retour des terres ancestrales d’Hauterives dans le giron des Clermont, au décès sans héritier direct de Ponce d’Hauterives en 132040. En affirmant ainsi leur rang au sein de la noblesse du Dauphiné indépendant, les Clermont assurent leur avenir, une fois le Dauphiné devenu français en 1349. Ils font partie des très grandes familles de la principauté qui surent trouver une place auprès des nouveaux souverains et peu à peu accéder à une position d’envergure nationale. Au cours du XVe siècle, leur politique matrimoniale reste provinciale : alliance avec les Bressieux et les Tallard qui leur apportent la vicomté éponyme (actuel département des Hautes-Alpes). Le mariage de Bernardin avec Anne de Husson en 1496 ouvre une nouvelle page de l’histoire familiale : le comté de Tonnerre (Bourgogne) entre dans la famille. Leur fils Antoine reçoit le titre comtal par lettres patentes pour ses possessions dauphinoises en 1547 ; il fait édifier le prestigieux château d’Ancy-le-Franc. La famille tient, dès lors, son destin national, même si plusieurs de ses membres occupent encore des fonctions dans leur province d’origine (archevêque de Vienne, gouverneur du Dauphiné…).

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a famille de Clermont paraît pour la première fois dans les textes au milieu du XIIe siècle, mais son origine remonte à une époque bien plus ancienne… Il faut chercher sa trace dans l’histoire de la famille d’Hauterives (Drôme). Entre 1150 et 1159, Soffred de Clermont conteste la donation d’Amédée d’Hauterives à l’abbaye de Bonnevaux (monastère disparu, Villeneuvede-Marc) d’une vigne à Tersanne (mandement d’Hauterives)28. Cette première mention indique un lien de parenté entre les deux familles, que rapprochent par ailleurs de nombreux points communs, comme le recours à une même gamme de prénoms. Avant 1070, Soffred d’Hauterives confirme une donation sur Crépol (Drôme) où apparaissent ses droits sur le château29, mais en 1203, c’est Guillaume de Clermont qui possède cette seigneurie30. On connaît le nom des fils de ce Soffred d’Hauterives par un acte de 1070 : Amédée, Guillaume, Siboud et Guigon31. Vers 1120, Amédée entre à l’abbaye de Bonnevaux et acquiert une réputation de sainteté. Pour conserver sa mémoire, les moines relatent son histoire au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, texte connu par une copie du XIIIe s.32. Amédée y est dit possesseur de tout ou partie des châteaux d’Hauterives, Charmes, Lemps (Le Grand-Lemps), Planaise (Réaumont), Clermont et Saint-Geoire-en-Valdaine. Il n’eut qu’un seul descendant portant le même nom, qui devint abbé de Hautecombe puis évêque de Lausanne. Son frère Siboud fut doyen du chapitre cathédral de Vienne. On peut assez raisonnablement penser que l’héritage familial revint en partie à Guillaume. De cet ensemble de remarques nous concluons que les Clermont constituent une branche cadette des Hauterives. En 1203, Guillaume de Clermont dispose de trois châteaux : deux dans le nord-est du Sermorens (Clermont et Saint-Geoire-en-Valdaine) et un dans le sud Viennois (Crépol)33. Ce personnage engage la politique d’expansion de la famille. En 1220, il arrange le mariage de son fils Siboud avec Béatrice, fille de Martin de Virieu, ce qui leur permet de recueillir les trois quarts de cette seigneurie34. Avant 1250, Siboud achète la seigneurie d’Aiguebelette (Savoie) à Berlion de Chambéry. En 130535, Geoffroy négocie avec le comte de Savoie Amédée V au sujet de Pont-de-Beauvoisin et cède tous ses droits sur ce lieu (poype, marché, péage, montagne et pâturages) afin

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BIBLIOGRAPHIE

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Le chœur de l’église prieurale (Chirens), fin du XIe ou début du XIIe siècle. Photo D. Vinçon.

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ASPECTS RELIGIEUX DU MOYEN ÂGE

L’ÉGLISE PRIEURALE DE CHIRENS 41

Alain de Montjoye

la plus ancienne et la plus intéressante du monument. De belle ampleur, voûtée en cul-de-four, elle présente un décor intérieur de hautes arcades en plein cintre à colonnes engagées pourvues de chapiteaux qui forment une série d’une exceptionnelle qualité. Ce type de décor, particulièrement réussi à Chirens, est relativement rare en Dauphiné. Dans le département de l’Isère, on le trouve à Saint-Arey, à l’église paroissiale de Notre-Dame-de-Mésage (fin du XIe siècle ?), SaintPierre-d’Allevard, Penol, Salaise-sur-Sanne. En l’état actuel de nos connaissances, on est tenté de placer l’abside de Chirens parmi les manifestations les plus anciennes de la sculpture romane dauphinoise à la toute fin du XIe ou au début du XIIe siècle.

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Edifice classé Monument historique, 1973.

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es textes connus sont d’une singulière rareté qui concernent cet important prieuré dont l’église figure parmi les plus représentatives d’un art roman régional achevé. De ce monastère bénédictin dédié à Notre-Dame, au diocèse de Vienne, on trouve la première mention dans un acte de 1374, et on sait qu’au XVe siècle, il était dans la dépendance de l’abbaye de Saint-Chef. Comme la plupart des prieurés dans la région, celui de Chirens assurait une fonction paroissiale qui a cessé avec la désaffectation à la fin du XIXe siècle. L’église qui nous est parvenue, restaurée avec bonheur par son actuel propriétaire, n’est pas un monument homogène. Dans son état roman, elle devait se composer d’une nef simple terminée par une abside en hémicycle, au-delà d’un transept vraisemblablement pourvu d’absidioles orientées. La nef a été très remaniée à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, le croisillon nord entièrement remodelé au XVe siècle. Le croisillon sud qui portait le clocher s’est écroulé vers la fin du XIXe siècle. C’est l’abside qui constitue la partie


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Chapiteau, chœur de l’église prieurale (Chirens). Photo D. Vinçon.

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Église prieurale (Chirens), tableau de fondation d’une chapelle. Photo D. Vinçon.


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LE CLOCHER DE L’ÉGLISE DE LA BUISSE 42

Alain de Montjoye

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a première mention connue d’une église à La Buisse se trouve dans le cartulaire de l’église cathédrale de Grenoble dressé par les soins de saint Hugues vers 1100, mais elle poursuit une longue tradition religieuse puisque des tombes sous tuiles (IIe – VIIe siècles) y ont été trouvées. L’église figure au cartulaire sous la simple appellation ecclesia de Buxia. C’est peu après qu’elle tombe sous la dépendance des religieux bénédictins de l’abbaye de Saint-Chef puisqu’un acte du cartulaire de l’abbaye de Chalais daté de 1127 désigne un prieuré à La Buisse. Une communauté religieuse s’y maintiendra jusqu’au dernier quart du XVe siècle. L’établissement dut avoir dès l’origine le statut de prieuré-cure c’està-dire que l’église abritait également le service paroissial. Cette dernière dédiée à Saint Martin a fait l’objet d’une reconstruction complète (avec une orientation différente) en 1846-1847, qui a cependant épargné le clocher. Celui-ci, de plan carré, surmontait à l’origine la croisée du transept. Il présente deux étages de hauteurs inégales percés de baies ouvertes en plein cintre d’allure romane. La haute flèche en tuf qui le couronne, certainement très postérieure au Moyen Âge, perpétue un type gothique caractéristique de la région et qui est resté en usage sans grandes modifications jusqu’au XIXe siècle. Le rez-de-chaussée qui sert aujourd’hui de sacristie à l’église moderne porte la marque d’une importante reprise en sousœuvre qui pourrait remonter au XIVe siècle. En témoignent les grandes arcades brisées, aujourd’hui obturées, qui étaient celles de la croisée du transept, et la voûte sur croisées d’ogives à nervures toriques retombant sur des culs-de-lampe décorés de masques.

Clocher de l’église Saint-Martin (La Buisse), XIVe siècle.

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Édifice inscrit Monument historique, 1983

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LE COUVENT DES CORDELIERS DE MOIRANS Alain de Montjoye

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précédents45. Deux nouvelles campagnes d’études archéologiques des élévations en octobre 1999 et en juin 200146 ont fourni les données nécessaires à une restitution argumentée des dispositions originelles du monastère médiéval et de leurs transformations au cours du temps. Ainsi est apparu que le mur goutterot sud de l’église conventuelle, composée de cinq travées voûtées dont la dernière constituait le sanctuaire, était conservé sur toute sa longueur et les trois-quarts de sa hauteur ; que ce mur portait les traces des toitures successives (XIIIe et XVIIe siècles) de la galerie de cloître qui y était adossée et que le bâtiment commencé de démolir en 1987 n’était autre que l’aile orientale des bâtiments réguliers. La baie géminée, qui seule apparaissait avant notre première intervention de 1987, s’est révélé appartenir au dispositif classique des ouvertures sur le cloître d’une salle capitulaire : une porte cantonnée de deux baies. Le bel appareil régulier de grandes briques, l’alternance dans les baies géminées de colonnettes à fûts cylindriques et à fûts de section octogonale permettent d’affirmer que cet ensemble est un témoin particulièrement typique d’une architecture locale des premières années du XIIIe siècle47. Concernant l’église, le rapprochement s’impose avec la collégiale Saint-André de Grenoble, commencée de bâtir en 1228 : plans au sol presque identiques, même formule de transept bas pourvu, au moins du côté sud, d’une chapelle rectangulaire (qui à Grenoble servait de sacristie et de Trésor). La comparaison de leurs chevets plats – celui de Moirans est connu par une photographie ancienne – ajourés d’un élégant triplet montre avec évidence la grande parenté des deux édifices, celui de Moirans pouvant être considéré avec vraisemblance comme un peu plus ancien que l’autre. Une particularité a priori déconcertante est que le volume placé symétriquement au bras nord de transept, s’est révélé ne communiquer d’aucune manière avec la nef. Ce dispositif qui, de l’extérieur était perçu comme un véritable bras de transept prolongé d’une chapelle orientée rectangulaire, constituait, attenant à l’aile des moines dont il était cependant séparé par un étroit passage à ciel ouvert, un oratoire réservé aux religieux. Quoiqu’elles n’aient jamais eu de fonctions paroissiales, les églises des franciscains et celles des autres Ordres mendiants, étaient largement ouvertes à tous les fidèles désireux de suivre les offices. Cette fréquentation passablement perturbante peut expliquer la nécessité éprouvée par la communauté

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endus à la Révolution comme Biens nationaux, les bâtiments du couvent des Cordeliers furent achetés par une famille locale qui y installa un établissement de charité, à l’origine de l’actuelle maison de retraite. Vers le milieu des années 80 du siècle dernier furent entrepris des travaux de reconstruction de cet établissement. Il était parfaitement connu alors que le site était celui de l’ancien couvent franciscain, d’autant qu’un des bâtiments montrait encore une baie géminée incontestablement médiévale. C’est précisément ce bâtiment qui fut visé en premier par les projets de démolition, projets qui reçurent l’agrément de l’Architecte des Bâtiments de France, lequel préconisa seulement la conservation de la baie médiévale, sans préciser d’ailleurs ce que devaient être les modalités de cette conservation. Alerté, le Centre d’Archéologie historique des Musées de Grenoble et de l’Isère obtint, non sans réticence de la part de la direction de la maison de retraite, de pouvoir conduire en 1987 une étude du bâtiment déjà condamné sans procès. Cette étude révéla, sans surprise, que celui- ci était pour l’essentiel conservé dans sa substance médiévale. Cependant, aucun des arguments des archéologues ne put fléchir la volonté butée de la direction de l’établissement (partagée par le maire de l’époque) qui se hâta de procéder à la démolition. Celle-ci devait être interrompue le lendemain par un arrêté de classement d’office parmi les Monuments historiques, procédure qui n’est utilisée que de manière tout à fait exceptionnelle. Dans le cas présent, elle était largement justifiée. Même s’il convient de se montrer très circonspect à l’égard des légendes qui entourent l’introduction dans nos régions de l’Ordre des Frères mineurs fondé par François d’Assise43, il est peu douteux que la maison de Moirans, tout comme celle de Grenoble, a été parmi les toutes premières établies de ce côté des Alpes : l’une et l’autre figurent parmi les institutions légataires du dauphin André, dans son testament du 4 mars 123644. Les caractères de la construction permettent d’assigner aux parties les plus anciennes des vestiges une datation probable dans la deuxième décennie du XIIIe siècle. L’avènement d’une municipalité soucieuse du patrimoine historique de sa commune et les études complémentaires qu’elle a commanditées, après acquisition des restes médiévaux, ont permis depuis, des progrès considérables dans la connaissance des vestiges archéologiques délibérément mutilés par les décideurs


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d’un lieu préservé des agitations du monde. Seule une porte étroite, percée dans le mur nord de la chapelle orientée rectangulaire, donnait passage depuis l’oratoire dans le sanctuaire de la grande église. La chapelle rectangulaire qui abritait évidemment l’autel est la seule partie de l’oratoire qui nous soit parvenue. Le corps principal à l’ouest, en forme de faux transept a été détruit dans le courant du XIXe siècle. Si le mur oriental de la chapelle n’existe plus non plus, du fait de transformations opérées au XVIIe siècle, ses parois nord et sud sont apparues suffisamment préservées pour qu’une restitution de l’état primitif puisse être proposée. Cette chapelle, dont la paroi sud était ajourée de deux fenêtres ouvrant sur le passage à ciel ouvert déjà mentionné et dans laquelle deux niches ou placards liturgiques étaient aménagés, présentait un couvrement en simple berceau dont les départs se lisent clairement au sommet des murs nord et sud. Toutes les parois de cette chapelle étaient revêtues d’un remarquable décor peint, datable du XIVe siècle, dont d’importantes plages sont apparues préservées,

en dépit des nombreuses transformations réalisées sans la moindre précaution au cours des XIXe et XXe siècles48. Les destructions brutales de 1987 font qu’il n’est plus possible aujourd’hui de restituer l’organisation du rezde-chaussée de l’aile orientale, dont seule a été identifiée la salle capitulaire. En revanche, l’examen de l’étage, avant ces destructions, a révélé trois fenêtres rectangulaires ouvrant sur la cour du cloître, éclairant un unique volume qui ne peut avoir été que le dortoir. Les observations plus approfondies conduites sur ce qui restait en 1999 et en 2001 ont apporté la démonstration que cet étage correspond à un ajout dans le courant du XIVe siècle. La question reste donc posée de l’emplacement premier du dortoir. Aujourd’hui, l’ensemble des vestiges conservés du couvent des Cordeliers peut être admiré par tout promeneur empruntant le passage public créé dans l’axe de l’ancienne galerie nord du cloître. Edifice inscrit Monument historique, 1989

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Décor peint, couvent des Cordeliers (Moirans), XIVe siècle. Photo J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes. Ce décor ornemental peint dans l’embrasure d’une fenêtre de la chapelle sud, emploie une gamme de couleurs limitée : ocre jaune et rouge, blanc, noir.

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Croquis de restitution du premier état du monastère des Cordeliers (Moirans). DAO et dessin A. de Montjoye.


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L’aile ouest pendant les travaux, couvent des Cordeliers (Moirans).

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La baie jumelée de l’ancienne salle capitulaire, couvent des Cordeliers (Moirans), XIIIe siècle.


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CHAPITEAU SCULPTÉ PROVENANT DE L’ANCIENNE ÉGLISE SAINT-MARTIN DE LA MURETTE Alain de Montjoye

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hapiteau sculpté provenant probablement de l’ancienne église de La Murette, entièrement reconstruite au milieu du XIXe siècle. L’abaque est entaillé par trois dés en fort relief sur chaque face et décorée de motifs en creux évoquant un damier. La corbeille s’orne de tiges à deux brins encadrant trois feuilles d’acanthe réunies par deux ligatures. Ce fragment présente toutes les caractéristiques d’une production localisée en Grésivaudan, datable de la seconde moitié du XIIe siècle, dont l’ancienne abbaye des Ayes à Crolles, l’église Saint-Laurent de Grenoble et celle de SaintIsmier fournissent d’autres exemples remarquables. Édifice inscrit Monument historique, 1983

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Chapiteau sculpté, ancienne église Saint-Martin (La Murette), 2e moitié XIIe s. Photo Y. Bobin

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LE PRIEURÉ-CURE SAINT-VALLIER DE RIVES

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thiques les mots « Ave Maria ». Quant au clocher, abattu sans remords au début du XXe siècle, c’est à une date plus tardive qu’invitent à le placer quelques cartes postales anciennes, à dire vrai peu précises. Il y a peu à dire des bas-côtés, non voûtés, tant les transformations successives les ont défigurés : les fenêtres et portes ouvertes dans leurs murs goutterots sont toutes du XIXe siècle ou postérieures. La façade, en revanche, vaut d’être remarquée. Elle suggère un état de l’église antérieur à l’aménagement de la nef centrale et de la chapelle sous le clocher. La partie centrale de cette façade, correspondant au vaisseau principal, est en légère avancée. Au centre s’ouvre le portail, surmonté d’un large oculus et d’une petite fenêtre en arc brisé. Les murs fermant les bas-côtés sont chacun ouverts en leur centre d’une porte à encadrement rectangulaire aux arêtes chanfreinées, surmontée d’une fenêtre en tiers-point à feuillure interne trilobée. Malgré les réparations grossières effectuées au XIXe siècle, tant au portail qu’aux piédroits des portes latérales, l’ensemble de la façade paraît pouvoir être daté du XIVe siècle.

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Façade de église Saint-Vallier (Rives), XIVe siècle.

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ommée avec son vocable de Saint-Vallier (Valerius), ainsi que la chapelle Sainte-Marie du château, dans le pouillé de saint Hugues, l’église paroissiale de Rives est devenue, on ne sait quand par la suite, le siège d’un prieuré de l’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Vienne. La plus ancienne preuve de ce fait n’est fournie qu’à l’extrême fin du XIIIe siècle, par la mention, dans une charte, d’un prieur de Rives. L’ancienne église prieurale et paroissiale est restée en usage jusqu’en 1897, date à laquelle le culte fut transféré dans une nouvelle église bâtie à quelques pas. Après diverses affectations qui n’ont pas peu contribué à l’enlaidir et la dégrader, elle a été rachetée, voici quelques années, par une société animée de l’espoir, louable mais resté déçu, de pouvoir la restaurer. Le bâtiment se compose d’une large nef centrale, accompagnée de collatéraux, celui du sud plus large que l’autre. Un long chevet plat prolonge la nef centrale, flanqué au nord d’une chapelle rectangulaire plus courte. Chevet et chapelle sont, de toute évidence, le produit de remaniements très postérieurs au Moyen Âge. La nef centrale constitue la partie la plus homogène et la mieux conservée. Elle est formée de deux travées, presqu’aussi profondes que larges, précédées, à l’ouest, d’une autre de même largeur mais deux fois plus courte, dans laquelle était probablement aménagée une tribune. Ces trois travées sont voûtées sur croisées d’ogives dont les nervures diagonales et les doubleaux retombent en pénétration sur des supports engagés dans les piles des arcades ouvrant sur les collatéraux. C’est par ces arcades, montant presque jusqu’à la hauteur des voûtes, que se fait indirectement, l’éclairage du vaisseau central. D’après la modénature des arcs, le profil des nervures, les clés des voûtes des grandes travées ornées des monogrammes JHS (Jhesus) et MA (Maria) en lettres gothiques, c’est de la fin du XVe siècle ou du début du suivant qu’il faut dater la nef principale. De la même époque était la chapelle carrée flanquant au nord la dernière travée avant le chœur et qui formait le rez-de-chaussée du clocher. De sa voûte sur croisée d’ogives aux élégantes nervures, subsistent, du côté de la nef, deux retombées amorties sur des culots d’angle sculptés. Celui de droite (ouest) porte un décor de pampres et de grappes, l’autre, un cartouche sur lequel se détachent en belles lettres go-

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Clé de voûte, église Saint-Vallier (Rives), fin XVe siècle. En caractères gothiques, les lettres IHS en général traduites par « Jésus Sauveur des hommes ».

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Culots sculptés, église Saint-Vallier (Rives), fin XVe siècle.


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L’ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-GEORGES DE SAINT-GEOIRE-EN-VALDAINE

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partie la plus récente de l’édifice, orientent plutôt vers une datation de la première moitié du XVIe siècle. En dépit d’apparentes incohérences, qui tiennent aux contraintes que faisait peser sur l’implantation la volonté de conserver une partie de la construction romane, et, tout autant sans doute, à une conception du décor où le souci de variété l’emporte sur celui de symétrie, une réelle homogénéité stylistique caractérise le chevet de Saint-Geoire. Les forts doubleaux, de section rectangulaire, et les nervures diagonales, de profil pentagonal, retombent alternativement sur des culots sculptés ou sur des chapiteaux de colonnes engagées. Que l’on considère le profil des arcs doubleaux et ogives dont la réplique presqu’exacte se retrouve à l’église Saint-Hugues de Grenoble, les culots ornés de masques, fort comparables à un exemplaire de la cathédrale, ou encore le chapiteau à feuilles de chêne qu’on peut rapprocher de ceux du portail de Saint-André de la même ville, c’est la période du XIIIe siècle plutôt qu’à celle du XIVe, proposée par E. Rabut, que renvoient l’architecture et le décor du chevet de l’église de Saint-Geoire. Comportant cinq travées, à l’origine, la nef de l’église de Saint-Geoire a été allongée d’une sixième au XIXe siècle. Cet allongement s’est accompagné d’un déplacement vers l’ouest du portail. Cinq arcades au sud mais quatre seulement au nord, du fait de la préexistence du clocher, séparent le vaisseau central des collatéraux. Ces arcades se composent de grands arcs légèrement brisés portés par des colonnes octogonales. L’ensemble est couvert de voûtes sur croisées d’ogives, une par travée. Dans la nef centrale, nervures et doubleaux retombent sur des consoles engagées dans les écoinçons des grandes arcades. La modénature des arcs et des nervures est celle du gothique le plus tardif. Dans les motifs sculptés qui ornent les culots on observe à plusieurs reprises des figurations d’enfants nus qui sont directement inspirées de l’art renaissant italien. La seule présence de ces « putti », dans une construction qui, pour le reste, appartient encore totalement à l’art français de la fin du Moyen Âge, nous conduit à proposer une datation dans le second quart du XVIe siècle. Le grand portail de façade, contemporain de la nef, ne paraît pas avoir subi d’altération grave du fait de sa dépose et de son remontage au XIXe siècle. Mais la manière dont il est aujourd’hui perçu, dans une large façade écran, lui ôte beaucoup de l’effet qu’il devait produire à l’origine. En effet, comme le révèle l’exa-

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st-ce à son statut au Moyen Âge de siège d’archiprêtré que Saint-Geoire-en-Valdaine doit de posséder une église dont les dimensions et l’ornementation font un monument peu commun dans la région ? On peut considérer toutefois que la disparition massive des églises médiévales que possédaient les paroisses voisines nous prive d’éléments de comparaison. L’église de Saint-Geoire est un monument complexe, formé de parties d’âges divers s’échelonnant sur plusieurs siècles. La chronologie de l’édifice proposée avec pertinence par E. Rabut en 1972 nous paraît pouvoir, en certains points, être légèrement modifiée. C’est le clocher qui contient les parties les plus anciennes, datables du XIIe siècle. Les étages ajourés et la flèche ayant été reconstruits au XIXe siècle, ne nous intéresse ici que la souche. Cette dernière, loin d’être homogène, révèle deux campagnes distinctes. La plus ancienne, représentée par les parois est et sud, est seule d’époque romane. À l’est, se remarque le départ d’une voûte en berceau, appareillée en blocs réguliers de tuf, dont le profil plein cintre a laissé son empreinte dans le mur sud, encadrant une porte aujourd’hui très mutilée. Des restes d’enduit tapissent encore ces deux parois sur lesquels se distinguent les traces d’un ancien décor polychrome. On ne saurait dire si cet espace voûté était à l’origine une simple chapelle latérale ou portait déjà un clocher. Le chevet est du début de la période gothique. Voûté sur croisées d’ogives, il est formé de deux travées droites fermées par une abside à cinq pans. Des cinq baies en arc brisé qui l’éclairent, seules celles du fond de l’abside se sont maintenues intactes : leurs ébrasements internes et externes, identiques, sont à double rouleau, les arêtes étant abattues en chanfrein. La forme de ces baies, le profil des nervures de voûtes, la décoration sculptée nous incitent à proposer une datation dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Quant à la nef, c’est beaucoup plus tard qu’il convient d’en placer la construction. Comme l’a bien vu E. Rabut, l’extrême irrégularité de son plan tient au fait qu’elle a dû s’adapter au chevet et au clocher préexistants. Or ce clocher qui, on l’a vu, incorpore des restes de l’église du XIIe siècle, n’est pas à notre avis, antérieur au XVe siècle. Ses murs nord et ouest, très différents des deux autres, sont solidaires de deux gros contreforts d’angle dont la position et les dimensions sont caractéristiques de l’architecture gothique tardive. Voûtement, modénature et décor de la nef,

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men du dallage à l’intérieur de l’église, ce portail était en sensible avancée par rapport au reste de la façade fermant les bas-côtés. Bâti en bel appareil régulier de calcaire, il occupe toute la largeur de la nef centrale sur laquelle il s’ouvre. Amorti en plein cintre, il s’orne de multiples voussures qui se prolongent sur les piédroits sans l’intermédiaire de chapiteaux. Les retombées s’effectuent sur des faisceaux de bases prismatiques portées par un haut socle pourvu de banquettes. Sous l’arc prend place un tympan orné de trois niches, soutenu par un trumeau. Deux élégants contreforts et une corniche horizontale encadrent le portail que surmonte un gâble percé d’un oculus. Aux dais et consoles des niches ornant tympan, trumeau et contreforts, aux pinacles qui surmontent ces derniers, aux rampants du gâble et à la corniche, partout foisonne une sculpture profondément et finement ciselée où nul motif renaissant n’apparaît encore, en dépit de la date tardive. On en observe, en revanche, décorant l’attique et le fronton triangulaire qui le surmonte, lesquels sont une adjonction, probablement de la seconde moitié du XVIe siècle.

Façade de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), XVIe siècle. Photo J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes.

Édifice classé Monument historique, 1907

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Intérieur de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine). Photo Pays voironnais.


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Plan chronologique de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), XIIe-XIXe siècles. Dessin N. Esperguin d’après Senes, Département de l’Isère.

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Décor peint, église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), milieu du XIVe siècle. Photo J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes. Crucifixion : le Christ entouré de la Vierge et de saint Jean, avec de part et d’autre du cartouche INRI (« Jésus de Nazareth roi des Juifs ») une représentation classique du soleil et de la lune.

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Culot sculpté de la nef de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), 2e quart du XVIe siècle. Photo Pays voironnais.


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Culot sculpté de l’abside de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), XIIIe siècle. Photos J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes et Pays voironnais.

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Culots sculptés de l’abside de l’église Saint-Georges (Saint-Geoire-en-Valdaine), XIIIe siècle. Photos J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes et Pays voironnais.


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L’ANCIENNE CHAPELLE DES HOSPITALIERS DE SAINT-JEAN-DE-MOIRANS

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Église des Hospitaliers (Saint-Jean-de-Moirans), fin du XIIe siècle.

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de restituer ici, plutôt qu’une fenêtre, une autre porte faisant pendant à celle ouverte au nord. Enfin, au sommet du pignon est de la nef sont conservés un bel oculus appareillé en tuf, ainsi que la corniche rampante qui assurait l’étanchéité du raccord entre nef et toiture de l’abside. Architecture très sobre et de grande qualité, ce monument peut être daté de la fin du XIIe siècle.

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n ne dispose que de très rares données concernant l’histoire médiévale de la commanderie d’Hospitaliers de Saint-Jean-de-Moirans, jadis sur le territoire de la paroisse de La Buisse. La plus ancienne mention s’en trouve dans l’acte de fondation en 1260, par Béatrix de Savoie, de la commanderie des Échelles dans les possessions de laquelle elle est incluse. C’est dans la chapelle des Hospitaliers de La Buisse que fut réglée, en 1293, la cession du Faucigny au comte de Savoie, lequel renonçait en échange à toute prétention sur la baronnie de La Tour. De l’ensemble des bâtiments qui composaient à l’origine le monastère des Hospitaliers, qu’on devine avoir été important, ne subsiste plus que la chapelle amputée de son abside. Engagée sur son flanc nord dans les murs d’une grange bâtie après la Révolution et aujourd’hui convertie en habitation, l’église a subi de nombreuses altérations qu’une restauration consciencieuse par ses actuels propriétaires tend à réparer peu à peu. Elle se compose d’une nef unique rectangulaire, de 11,85 m sur 5,85 m, à l’extrémité orientale de laquelle s’ouvrait à l’origine, par un grand arc plein cintre, une abside probablement hémicirculaire couverte en cul-de-four. La nef simplement charpentée était éclairée primitivement, de chaque côté, par trois fenêtres fortement ébrasées vers l’intérieur, arquées en plein cintre. Une seule d’entre elles subsiste intacte du côté nord. Une fenêtre semblable, au milieu de la façade ouest a été restaurée, au-dessus de la porte principale. Cette dernière, soigneusement restaurée également, présente, encadrant un tympan lisse, une archivolte simple à l’arête moulurée, extradossée d’un cordon en relief qui se retourne horizontalement vers l’extérieur dans le prolongement des impostes. La retombée de l’archivolte devait se faire, à l’origine, sur des colonnettes logées dans les piédroits, aujourd’hui disparues. Les restes très lisibles d’une seconde porte s’observent du côté nord, au milieu du mur. Du côté sud, près de l’extrémité est, les traces d’une ouverture cintrée apparaissent dans laquelle ont pu être remontés les éléments d’un arc complet retrouvé en remploi dans des maçonneries tardives. La fenêtre ainsi reconstituée, beaucoup plus large que les autres et plus basse, s’orne d’une archivolte tout à fait semblable à celle de la porte principale. Nous sommes tentés

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L’ÉGLISE PAROISSIALE DE SAINT-NICOLAS-DE-MACHERIN

Jean-Pierre Moyne

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e cette église mentionnée au début du XIIe siècle, le seul élément médiéval conservé est le chœur. La nef a été reconstruite en 1831 et le clocher médiéval s’est écroulé en 1889. Le chœur est composé de deux travées de plan quadrangulaire, voûtées sur croisée d’ogives à nervures prismatiques retombant sur six culs-de-lampe sculptés d’un décor végétal ou historié. Les motifs représentés (personnage assis, monstre, singe, masque feuillu…), à rapprocher des grotesques, ne sont pas sans rappeler le chœur de l’église de Saint-Geoire-en-Valdaine, tout comme le profil des nervures. Ces édifices dépendants tous deux de l’ancienne abbaye de Saint-Chef, on peut envisager que les travaux ont été mis en œuvre à une même période (seconde moitié du XIIIe siècle) voire réalisés par un même atelier. Des chapiteaux provenant de la démolition du clocher ont été conservés dans une propriété privée.

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Chœur de l’église (Saint-Nicolas-de-Macherin).


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ÉGLISE SAINT-LAURENT DE TULLINS

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Clocher classé Monument historique 1930, reste de l’édifice inscrit 1965.

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quée par un arc doubleau plus fort que les autres et retombant sur des piles engagées ; l’arête de cette arcade est abattue en chanfrein. L’ensemble est voûté sur croisée d’ogives dont les nervures retombent en pénétration contre les murs sur des culs-de-lampe sculptés. Dans un second temps ont été bâties la chapelle qui flanque le clocher au nord et prolonge le bas-côté, et celle qui lui répond au sud. Puis d’ouest en est ont été élevées l’une après l’autre les chapelles flanquant la nef au sud, qui donnent l’illusion d’un second bas-côté. Chevet, bas-côté nord et chapelles sont éclairés par de grandes baies à remplages flamboyants, dont le style assez homogène traduit une construction échelonnée sur peu d’années. L’église décrite dans le pouillé de 1497, avec sa multitude de chapelles privées, ne devait pas être très différente de celle qui nous est parvenue.

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ar une charte du 9 septembre 1091, on apprend l’existence à Tullins de deux églises et d’une chapelle située au château. Cette chapelle, dédiée à saint Barthélémy ainsi que l’église Saint-Maurice, proche de celle de Saint-Laurent, sont par cet acte données à l’abbaye Saint-Pierre de Vienne, par un nommé Aténulphe et les siens, avec l’encouragement de l’archevêque de Vienne, Guy de Bourgogne et de l’évêque de Grenoble, saint Hugues. Alors que l’église Saint-Maurice semble disparaître très vite – elle n’est plus mentionnée dans aucun des pouillés de Grenoble, y compris celui de saint Hugues – celle de Saint-Laurent s’est maintenue jusqu’à nos jours. En 1108, elle est cédée aux bénédictins de Saint-Chef lesquels y établissent par la suite un prieuré. Aux bénédictins on doit une reconstruction, sans doute complète, de l’église, vers le milieu du XIIe siècle, dont le beau clocher porche demeure l’unique vestige. Se développant sur cinq niveaux, il était, à l’origine, dégagé sur trois faces, formant donc une forte avancée sur la façade primitive. Le rez-de-chaussée qui fait fonction de porche, voûté d’un lourd berceau, s’ouvre par un large portail dont l’arc plein cintre à simple rouleau retombe sur de fortes colonnes en délit logées dans les piédroits. Dans les angles extérieurs du porche sont placées d’autres colonnes, pourvues de chapiteaux montant jusqu’au cordon soulignant l’étage. La partie supérieure de la colonne de droite et le chapiteau qui la surmonte ont été taillés au XIIe siècle tandis que toutes les autres colonnes, aux diamètres inégaux, sont visiblement des tronçons remployés, provenant très certainement d’un édifice gallo-romain ; de même pour les gros blocs placés au bas des murs et sur lesquels reposent les colonnes, et ceux, plus petits, qui à gauche, tiennent lieu de chapiteaux. L’étage supérieur, orné à l’extérieur d’une arcature de type « lombard » et éclairé d’une étroite fenêtre en façade, était occupé à l’origine par une chapelle. La belle ordonnance des trois étages supérieurs, celui du bas orné d’arcades aveugles, les deux autres ajourés et ornés de colonnettes, font du clocher un des plus remarquables spécimens de la région. Le reste de l’église, d’un style gothique évolué, n’est pas antérieur au XVe siècle. Plusieurs phases de construction, probablement rapprochées dans le temps, s’y lisent. Dans un premier temps, on a bâti d’un seul jet la nef, prolongée d’un chevet plat de même largeur, et le collatéral nord, adoptant en cela un parti résolument dissymétrique. Nef et bas-côté se déploient sur quatre travées. La séparation entre la nef et le chœur qui comprend deux travées est mar-

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Église Saint-Laurent (Tullins), milieu XIIe siècle. Photo J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes.


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CHAPELLE NOTRE-DAME DE L’HÔPITAL DE TULLINS

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e n’est pas avant le XIIIe siècle qu’on voit se fonder dans les villes ou les bourgs importants ces institutions de charité vouées à l’accueil des indigents et au soin des malades que sont les hôpitaux. Tullins s’en dota de manière précoce, comme en fait foi un acte d’albergement de terres, par le recteur de l’hôpital, en 1328. Le grand pouillé de 1497 mentionne sa chapelle, sous le vocable de la bienheureuse Marie, comme toute nouvellement construite par les paroissiens et lieu d’accomplissement de nombreux miracles. Cette chapelle, bien datée de la fin du XVe siècle est restée debout, attenante à des parties de bâtiments de l’ancien hôpital dont les portes et fenêtres accusent le style du début du XVIe siècle. Cet ensemble, heu-

reusement restauré, il y a quelques années par son propriétaire, constitue un des plus beaux ornements de la ville. La chapelle elle-même, de dimensions modestes, est bâtie sur un plan rectangulaire, presqu’aussi large que long, sans souci d’une orientation exacte que rendait difficile son imbrication dans l’ensemble des constructions. La façade qui regarde approximativement vers le sud, est ouverte d’une porte à encadrement mouluré amorti en plein cintre et, juste au-dessus, d’une fenêtre de dimensions analogues, au remplage compliqué. Le côté ouest porte les arrachements – arc de porte et jambage de fenêtre – d’un bâtiment jadis accolé.

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Chapelle Notre-Dame-de-l’Hôpital (Tullins). Photo J.-M. Refflé, Drac Auvergne-Rhône-Alpes.

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LE PRIEURÉ-CURE NOTRE-DAME DE VOISSANT

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Les dispositions générales de l’édifice sont des plus sobres : la nef rectangulaire simplement charpentée est prolongée d’une travée de chœur plus étroite et plus basse, voûtée d’un berceau plein cintre, sur laquelle s’ouvre une abside en hémicycle. Si volumes et proportions se sont maintenus à peu près tels qu’à l’origine, toutes les fenêtres sont des percements récents dont l’emplacement et les dimensions sont sans rapport avec l’état initial. Au premier regard, seuls les arcs ouverts à la fin du XVe siècle et au début du suivant, dans les flancs sud de la nef et du chœur pour desservir des chapelles privées, fournissent des indices chronologiques sûrs établissant l’antériorité de l’église. En effet, revêtue intérieurement et extérieurement d’un épais crépi de ciment coloré, celle-ci n’offre plus la moindre possibilité de lecture. Il faut aujourd’hui monter dans le comble de l’actuelle sacristie pour observer encore intacte une portion du goutterot sud de la nef où une baie ancienne est conservée. La réfection intérieure a détruit les enduits anciens, leurs relations avec les reprises de maçonneries et ouvertures d’époques diverses pour lors réapparues : tous éléments susceptibles d’informer sur l’histoire du bâtiment. Non seulement aucune étude archéologique n’a accompagné ces travaux, mais le traitement infligé aux parois, foncièrement inadapté, constitue en soi une altération grave à peu près irrémédiable.

Portail de l’église Notre-Dame (Voissant), fin du XIIe siècle.

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Ce n’est malheureusement qu’un au sein d’une longue liste d’exemples navrants dans la région, qui montre assez que la conservation du patrimoine architectural ancien, si maltraité depuis plus d’un siècle, nécessite des compétences de spécialistes – archéologues, restaurateurs – et ne doit plus être abandonnée à la seule bonne volonté des usagers, quelque dévouée et sympathique soit-elle.

Pour estimer valablement l’époque où fut construite l’église romane, on ne peut plus guère aujourd’hui que se fonder sur les caractères de son portail de façade. Dans le ressaut de ses piédroits sont logées deux colonnettes qui reçoivent les retombées d’une archivolte en plein cintre. Celle-ci, dont l’arête s’orne d’un tore, est extradossée d’un cordon en relief qui se retourne vers l’intérieur pour former les tailloirs. Ce mode de composition se retrouve à plusieurs exemplaires dans la région, avec bien sûr quelques variantes. Citons les portails de Monsteroux-Milieu et Viriville, les fenêtres des églises de Marnans et Saint-Pierre-de-Surieu qui présentent des traits assez proches. Le premier peut être daté du milieu du XIIe siècle, tous les autres exemples appartiennent à la fin du même siècle. Au vu de son appareil régulier de molasse, c’est cette dernière datation que nous proposons pour le portail de Voissant.

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auf erreur d’interprétation, l’église Sainte-Marie de Voissant fait partie de celles dont la possession fut confirmée à l’abbaye de Saint-André-le-Bas, par le pape Calixte II, en 1120. Cependant cette appartenance fut de courte durée car, en 1172, Voissant dépendait de l’abbaye de Saint-Chef. Mais on ignore quand fut érigé auprès d’elle le prieuré bénédictin dont le pouillé de 1275 fait état. Nulle trace ne se lit plus aujourd’hui d’une quelconque occupation monastique et l’on a grand peine même à reconnaître la structure romane de l’église, conservée pourtant en grande partie.

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L’ABBAYE NOTRE-DAME DE CHALAIS À VOREPPE

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Edifice inscrit Monument historique, 1974

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Il s’en faut que le bâtiment nous soit parvenu intact. Déjà en 1412, il paraissait si délabré que le dauphin Louis 1er enjoignait au trésorier de sa province d’octroyer d’importants subsides aux Chartreux aux fins de le réparer. Mais ce sont les guerres de Religion qui ont laissé les marques les plus profondes au vieux sanctuaire, anéantissant deux travées de la nef qui ne seront jamais relevées. Une restauration générale du monastère fut effectuée par les soins des Chartreux vers 1640, suivie de plusieurs réparations successives. L’église béante fut fermée d’une assez médiocre maçonnerie qui tient lieu désormais de façade. L’église se compose aujourd’hui d’un chevet rectangulaire précédé d’un chœur prolongeant le volume de la nef réduite à une travée. Les deux croisillons d’un transept bas ouvrent par des arcades sur la travée de chœur. Ces croisillons sont pourvus de chapelles non saillantes à l’extérieur. L’ensemble, à l’exception du chœur, est voûté de berceaux brisés. Simplicité des volumes et de leurs articulations caractérisent donc ce monument visiblement inspiré de l’architecture cistercienne de la première moitié du XIIe siècle (Clairvaux, Fontenay…). Cette inspiration, qui se vérifie dans les autres monuments connus du petit ordre de Chalais, trouve sa confirmation dans le désir qu’eut la communauté chalaisienne de se voir rattacher à l’abbaye cistercienne de Bonnevaux, vers 1170, en un temps où elle connaissait ses premières graves difficultés. Cependant un certain luxe du décor qu’on observe à la voûte d’ogives du chœur et dans les supports engagés de la nef, introduit une rupture avec l’esthétique sévère d’esprit cistercien. Une étude a mis en évidence deux campagnes de construction successives à la première desquelles appartiennent chevet, transept et ébauche des murs de la nef, la seconde correspondant à la mise en place de la voûte sur croisée d’ogive du chœur et à la construction sur un plan modifié des trois travées de nef. L’analyse stylistique conduit à situer la première campagne dans le troisième quart du XIIe siècle, la seconde, marquée notamment par l’influence des sculpteurs valentinois, dans les premières années du XIIIe siècle.

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ituée sur l’un des balcons les mieux exposés du massif de Chartreuse, l’abbaye de Chalais a derrière elle une longue histoire : c’est à 1100-1101 que remonte sa fondation par saint Hugues 1er, évêque de Grenoble, qui fut l’ami constant des religieux de toute vocation. De cette histoire passablement tourmentée, nous retiendrons : la phase bénédictine, au cours de laquelle la maison fut le chef d’un ordre delphino-provençal qui compta jusqu’à dix abbayes et trois ou quatre prieurés ; puis de 1303 jusqu’à la Révolution, la phase cartusienne où, simple chartreuse au sein de l’ordre fondé par saint Bruno, son rôle fut beaucoup plus effacé ; enfin la phase dominicaine avec le « couvent d’études » des Frères prêcheurs (1844-1881) et, récemment, la communauté des moniales d’Oullins qui s’y est établie en 1961. Il n’est pas douteux que, des trois phases, c’est la première qui présente le plus d’intérêt archéologique. En effet, affinités cisterciennes d’une part, souci d’éviter des communautés trop peuplées de l’autre - et certainement aussi médiocrité des ressources – tout cela permet de comprendre la prédilection des Chalaisiens pour un style architectural et un système de décoration dont le dépouillement rappelle le Cîteaux primitif : on peut les admirer dans ce qui subsiste de Chalais, amputée de trois travées au XVIe siècle, ainsi qu’à Boscodon, Lure et Valbonne. De ces quatre abbatiales à nef unique et transept bas encore debout, le sobre style roman, tout baigné de Provence, se retrouve à Clausonne et Clairecombe, malheureusement en ruines, voire à Puyredon (celle-ci sans transept), et il n’a pas dû être différent pour Albeval et Prads. Bien connus maintenant des archéologues qui en ont assuré le sauvetage, les quatre premiers édifices (comme ceux qu’il n’a pas été possible de sauver) ont une longueur comprise entre 30 et 35 mètres (Puyredon II, 13,50 m seulement), et ils se situent presque tous dans la tranche chronologique d’environ 1150 à 1220, l’exception étant constituée par le prieuré de Lavercq, probablement plus ancien mais très mutilé. Quant au décor (clés et cordons de voûte, par exemple), il est obtenu par des moyens essentiellement architectoniques, avec en plus, pour Chalais, une ouverture discrète sur la sculpture de la vallée du Rhône. Cette pauvreté voulue, compensée il est vrai par la pureté des lignes, traduit à merveille l’idéal qui fut celui du « nouveau monachisme » à l’aube du XIIe siècle, et qui apparente les Chalaisiens aux Cisterciens, aux Chartreux et à quelques autres…

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Intérieur de l’église de Chalais (Voreppe).


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CLÉ DE VOÛTE NOTRE-DAME DE CHALAIS

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Clé de voûte de la croisée de transept, église de Chalais (Voreppe), début XIIIe siècle. Photo COREPHA.

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tus. À ces dernières, montent s’appliquer les nervures toriques de la voûte prolongées de têtes de lions qui mordent les bords de la clé. Les caractères stylistiques – vigueur du modelé, silhouettes trapues, emploi du trépan – de même que le thème iconographique manifestent une influence de l’art roman provençal. La graphie de l’inscription confirme la datation (début du XIIIe siècle). Cette œuvre, sans atteindre la qualité des modèles arlésiens ou viennois, constitue néanmoins un des plus beaux morceaux sculptés en terre dauphinoise.

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ette pièce sculptée formée de six dalles de molasse juxtaposées constitue l’ornement le plus remarquable de l’église. Au centre, dans un médaillon circulaire, est sculpté l’Agneau mystique accompagné de l’inscription Agnus dei qui tollis peccata mundi dona nobis pacem (Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix) ainsi que la signature magister garinus me fecit (maître Gerin m’a fait). Les quatre figures du tétramorphe cantonnent le carré central, sculptées dans des dalles rectangulaires aux angles extérieurs abat-

Alain de Montjoye

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CULOTS SCULPTÉS DU CHŒUR NOTREDAME DE CHALAIS Alain de Montjoye

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lors que les nervures de la croisée d’ogives retombent du côté ouest sur le premier dosseret des supports engagés de la nef, du côté du chevet elles reposent sur des culots sculptés en forme de protomés animaliers. On y reconnaît figurés par leurs avant-trains un bœuf, la langue plaquée sur le museau, et un lion, curieusement doté de cornes de bélier. Ces animaux qui font partie du bestiaire courant de l’art roman provençal sont peut-être également un rappel des figurations d’évangélistes de la clé. Leur facture atteste d’autre part la main du même artiste.

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Culots sculptés de l’église de Chalais (Voreppe), début XIIIe siècle. Photos COREPHA.


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L’ÉGLISE SAINT-DIDIER DE VOREPPE

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aint-Didier de Voreppe devait déjà appartenir aux bénédictins de Saint-Pierre de Vienne à l’époque où elle apparaît dans la liste des églises (pouillé) du diocèse de Grenoble établie vers 1100 à l’initiative de l’évêque Hugues. Mais c’est dans un acte du 7 septembre 1109 figurant au cartulaire de l’église cathédrale qu’il est pour la première fois fait mention de la présence de moines, preuve de l’existence d’un prieuré. On peut supposer à ce dernier une certaine prospérité puisqu’on choisit de lui rattacher, peu après 1286, l’abbaye de Chalais alors en plein marasme. Charge trop lourde cependant et les prieurs de Voreppe ne porteront le titre d’abbé de Chalais qu’une quinzaine d’années. Après le rattachement de Saint-Pierre de Vienne à l’abbaye de Saint-Chef en 1780, le prieuré de Voreppe est supprimé. Les bâtiments réguliers en même temps que l’ensemble des biens dépendant de l’ancien prieuré furent vendus au titre des Biens Nationaux en 1791 et seule subsiste l’église, témoin d’une certaine splendeur au XIIe siècle. Dressée au milieu du cimetière, celle-ci a cessé d’abriter le culte paroissial qui y était assuré depuis la construction à un autre emplacement dans le dernier quart du XIXe siècle de l’église néogothique encore en usage. En dépit d’une restauration complète et assez peu

discrète en 1863 par les soins du comte d’Agoult, descendant des derniers seigneurs de Voreppe, qui en fait la chapelle funéraire de sa famille, l’ancienne église Saint-Didier demeure un des monuments majeurs de l’art roman régional. Elle impressionne par ses larges dimensions, son plan basilical (peu fréquent en Dauphiné) à nef centrale très large et collatéraux très étroits couverts de trois berceaux en plein cintre renforcés par des doubleaux dont les retombées s’effectuent sur des colonnes engagées dans les murs goutterots et les piles composées de grandes arcades. Un transept non saillant également voûté en berceau donne naissance à une croisée régulière couverte d’une coupole sur trompes au-dessus de laquelle se développe le clocher. Un ensemble très riche de chapiteaux sculptés renforce l’intérêt de l’église. Dominant l’ensemble de sa masse puissante, le clocher constitue la partie la plus impressionnante du monument. Il présente, émergeant de la toiture, quatre étages percés de baies accompagnées d’arcatures aveugles et de niches d’un remarquable effet plastique. La restauration qu’il a subie en même temps que le reste de l’édifice n’a guère modifié son allure primitive connue par des gravures du début du XIXe siècle. Les travaux récents lui ont restitué une silhouette plus proche du plus ancien aspect connu. Édifice classé Monument historique, 1908.

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Église Saint-Didier (Voreppe) XIIe siècle. Vue d’ensemble depuis le sud. L

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Plan de l’église Saint-Didier (Voreppe). Extrait de BARRUOL (G.) – Le Dauphiné roman. p. 108.

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Chapiteau sur colonne engagée recevant la retombée de l’arc doubleau, église Saint-Didier (Voreppe), XIIe siècle. Photo G. Drevet, CAHMGI.


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L’ÉGLISE SAINT-MARTIN DE VOUREY

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Clocher de l’église Saint-Martin (Vourey).

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a reconstruction à neuf de l’église de Vourey au XIXe siècle n’a épargné que le clocher et l’abside. Entièrement crépie à l’extérieur et lourdement enduite à l’intérieur, cette dernière n’est reconnaissable qu’à sa corniche en tuf et à son appareillage de galets apparents en quelques endroits. Bien que très probablement éclairée à l’origine, elle ne présente plus, dans son état actuel, la moindre trace de fenêtre. On ignore si la chapelle, communiquant aujourd’hui avec la nef par un grand arc, juste avant l’entrée dans l’abside, et au-dessus de laquelle se dresse le clocher, avait son symétrique au sud de manière à former un transept. Le clocher, puissante construction en moyen appareil de tuf, présente un seul étage de baies. Chaque face est ornée de deux ouvertures géminées amorties en plein cintre dont les rouleaux externes dépourvus de décor retombent sur trois colonnettes à section tantôt circulaire, tantôt octogonale, conformément à une mode décorative évoquée plus loin. Un second rouleau en retrait, à arêtes vives et dépourvu d’impostes réduit l’ouverture des baies. Si clocher et abside ne peuvent être ceux de l’église donnée en 1034 au prieuré Saint-Pierre-de-Moirans, ils appartiennent certainement à une reconstruction effectuée au XIIe siècle. La flèche couronnant le clocher, d’un modèle tout à fait traditionnel, est beaucoup plus récente et peut être comparée à celle de Saint-Pierrede-Moirans (XVIIIe siècle). Signalons pour finir l’existence d’une chapelle latérale, accolée à l’ouest du clocher et ouvrant sur la nef par un grand arc brisé. Fortement restaurée semble-t-il au XIXe siècle, elle pourrait avoir été construite à la fin du XVe. Un des culs-de-lampe sur lesquels s’effectuent les retombées des nervures de la voûte porte un écu frappé aux armes de la famille Lattier, originaire de Vourey.

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Géographie religieuse du Moyen Âge. DAO E. Bournay (recherche J.-P. Moyne).


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Fortifications au Moyen Âge. DAO E. Bournay (recherche A. Clavier, J.-P. Moyne).

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FORTIFICATIONS ET HABITATS DU MOYEN ÂGE

LE SITE DE CHÂTEAUVIEUX OU LE CHÂTELARD À LA BÂTIE-DIVISIN Annick Clavier

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année sur la paroisse voisine de Charancieu58. On peut poser pour hypothèse (sans certitude) que la fortification est dès lors édifiée et qu’elle constitue son lieu de résidence. À proximité il tient une grange où l’acte est signé. La maison forte paraît nommément dans les textes d’archives en 132159 par une mention peu ordinaire et intrigante : le dauphin Humbert II remet en fief à Geoffroy, seigneur de Clermont (commune de Chirens) « la moitié de sa maison forte de Divisin laquelle moitié etoit separée et distinguée de l’autre moitié ». Cette histoire de moitié de forteresse suggère soit un partage concret du bâtiment (on connaît ailleurs de tels procédés qui amènent à construire un mur de séparation...), soit un partage du territoire et des droits ; est-ce entre ce Guiffred Malis et Geoffroy de Clermont ou entre le dauphin et le seigneur de Clermont ? L’accord de 1321 concerne également Clermont et Hauterives (Drôme) et prévoit de plus des circonstances assez particulières : au cas où la dite maison de Divisin viendrait à être démolie, le vassal sera tenu de la rebâtir dans un autre lieu, du nom de Cort. Nous sommes alors dans une période de fortes tensions, au cœur des guerres delphino-savoyardes virulentes dans cette zone. Ce site de Cort fut en effet édifié entre 1340 et 1342 ; il a été identifié avec

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a maison forte ou bâtie de Divisin, qui a donné son nom à la commune, est également appelée « Châteauvieux » sur le cadastre de 1817, tandis qu’un toponyme « Le Chatelard » est mentionné plusieurs fois dans le parcellaire du XVIIe siècle. Une étude attentive permet de placer ce lieudit au nord du château, séparé de ce dernier par un bois, près de la limite avec Charancieu. Aménagé au nord du hameau des Monins, le site occupe une avancée de la côtière qui domine la plaine des Abrets. Des pentes vives protègent les lieux sur trois côtés (nord, est et sud), ce qui a permis de limiter les travaux de terrassement sur le dernier côté, moins bien défendu. Il s’agit en effet d’une fortification de terre se présentant sous la forme d’un tertre massif portant une terrasse plus ou moins circulaire, d’une trentaine de mètres de diamètre. Assez proche dans sa morphologie de la motte de La Louvatière sur la commune de Chirens, elle paraît prendre une forme proche du rectangle à la base du tertre. La motte encore bien lisible dans le paysage en 1980 est aujourd’hui envahie par les bois et ne se distingue plus. Un dénommé Guiffred Malis, damoiseau, se dit seigneur de Divisin en 1306 : il accepte à cette date de tenir en fief du comte de Savoie divers revenus et les corvées de quarante bœufs et trente hommes chaque


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l’imposante fortification de terre connue sous le nom de La Motte, sur la commune du Passage. L’édifice de Divisin, encore appelé château, forteresse ou fortification selon les diverses mentions rencontrées, est accompagné d’un village ou bourg d’après deux d’entre elles (1338 et 134060). Les limites du petit mandement qui en dépend sont assez précisément décrites en 141361, même s’il est difficile aujourd’hui de retrouver certains points de repère comme un pommier ou une grosse pierre... Il recouvre les paroisses de Recoin et la chapelle de Peyrin et paraît assez proche du territoire de la commune actuelle. En 1433 se déroule une cérémonie particulière : le châtelain de La Tour-du-Pin se rend de château en château pour faire hisser les bannières peintes aux armes du dauphin sur les possessions d’Aynard de Clermont62. Au Passage, les bâtiments sont trop ruinés

pour que l’on puisse accomplir cet acte à forte charge symbolique mais ce n’est pas le cas à La Bâtie de Divisin, bien au contraire. Les émissaires se présentent devant la porte qu’ils trouvent fermée ; le garde Pierre Moreni refuse de les recevoir. Ne pouvant voir les armoiries delphinales fièrement flotter au sommet du donjon et de la plus haute tour, selon les ordres qu’ils avaient reçus, les envoyés se contentent de clamer à haute voix, devant témoins, les lettres exposant les droits du prince et d’apposer une bannière sur la porte du dit château... En 1474, la « maison forte dite bastide » est en bon état puisqu’elle sert de résidence à Louis, fils du seigneur de Clermont63. On ne sait quand la fortification disparut : elle est inhabitable en 168464.

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Localisation du site de château vieux sur le cadastre napoléonien (La Bâtie-Divisin).

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LA MOTTE DE LA LOUVATIÈRE À CHIRENS Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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mplantée sur une colline molassique des contreforts sud de la vallée de l’Ainan, La Louvatière se présente comme un tertre tronconique aux pentes accusées, avivées de main d’homme. Il porte d’après le cadastre ancien le toponyme de « La côte et Pouêpe » et « Le Château » d’après la tradition orale. La terrasse sommitale de 35 mètres par 20, de forme presque rectangulaire, était probablement entourée par un fossé aujourd’hui comblé. Plusieurs campagnes de fouille ont été menées sur la plate-forme entre 1974 et 1980, explorant près d’un dixième de la surface. Ces travaux permettent d’évoquer la présence de deux bâtiments : l’un en terre et bois de plan rectangulaire, l’autre en galets n’a pas été fouillé. Le mobilier recueilli comporte des ossements animaux, de la céramique grise bien caractéristique et un bel ensemble de matériel d’équitation, fers et clous.

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La Louvatière (Chirens).


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LA MOTTE DE LA POYPE À CHIRENS

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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e site occupe le sommet d’une butte isolée, entre le hameau de Clermont au sud et celui de Bozon au nord. Il se trouve à faible distance de la fortification de terre du Châtelard et du château de Clermont. Il se présente comme un tertre plutôt modeste, souligné par un fossé au nord, dont les pentes vives ont été accentuées pour dégager une terrasse ovalaire de vingt mètres de diamètre environ. Les microreliefs observables sur cette plate-forme

(légère dépression centrale) suggèrent qu’une enceinte de terre ou de bois entourait les bâtiments en matériaux périssables qui devaient s’y dresser. Avec Le Chatelard et La Louvatière, La Poype est une fortification rattachée au contexte historique de l’An Mil. On n’en connaît aucune mention dans les textes d’archives et sa durée d’occupation paraît avoir été assez limitée, au vu de la faiblesse des traces relevées lors des sondages réalisés en 1992.

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La Poype (Chirens). Relevé P. Mille. Plan du relief en courbes de niveaux et coupes montrant le profil de l’éminence.

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LA TOUR DE CLERMONT À CHIRENS Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

cheminée et l’ouverture de latrines en encorbellement dont les deux corbeaux sont encore en place. Le doublement de l’enceinte, la construction de la tour d’angle et la surélévation de la motte pourraient être rapportés à la période de tension qui précède le traité de Paris, mais sans certitude. C’est également une période faste pour la famille de Clermont, qui fait construire de nombreux édifices dans la première moitié du XIVe siècle : château et ville neuve de Vaulserre et de Chirens, bâtie de Hautefort. De part et d’autre du tertre se développent deux basses-cours ceintes chacune d’un mur. Celle du nord – qui semble la plus ancienne, avec les vestiges d’un parement de tuf comme au donjon – laisse deviner les traces de plusieurs petits bâtiments dispersés ; l’un d’eux a fait l’objet de sondages en 1991 qui ont révélé les vestiges de la chapelle castrale, dédiée à NotreDame et mentionnée en 117265. Le château est cité pour la première fois en 1107, lors du partage du comté de Sermorens entre l’archevêque de Vienne et l’évêque de Grenoble. En 1203, Guillaume de Clermont l’engage avec ceux de Crépol (Drôme) et de Saint-Geoire-en-Valdaine auprès de l’archevêque de Vienne66. Après avoir connu, semblet-il, une occupation réduite à la fin du Moyen Âge, le château a été définitivement démantelé après la promulgation en 1633, dans le cadre de la politique de Richelieu qui visait à imposer l’autorité royale et à réduire le pouvoir des grands seigneurs, de l’ordonnance de M. de Simiane, gouverneur du Dauphiné.

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Édifice classé Monument historique, 1983

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e château de Clermont se trouve placé à 600 mètres d’altitude, au sommet d’une colline aux formes douces, dominant les vallées de la Fure et de l’Ainan. Il s’agit d’un ensemble vaste et complexe (1,5 hectare), doté de trois enceintes. Au centre du dispositif, un donjon sur motte est associé à une puissante courtine qui entourait le sommet du tertre. Les observations réalisées en 2003 sur cette maçonnerie permettent d’avancer de nouvelles hypothèses concernant l’évolution du bâtiment. Deux phases de construction ont été repérées : d’abord on élève le donjon et un premier mur d’enceinte contemporain. Dans celui-ci ont pu être observés les vestiges de deux fentes de tir (ou archères) placées plus bas que la surface actuelle de la motte. Dans un second temps, la courtine est surélevée et renforcée par une tour de flanquement de plan circulaire, intervention qui obture les archères de la phase précédente. La tour de Clermont devait s’élever à l’origine sur un tertre plus bas d’environ quatre mètres au moins : sa porte se trouvait alors placée en hauteur et non au niveau du sol. Cette interprétation permet de reculer la datation proposée pour le donjon qui présente des caractères d’ancienneté marqués : plan pentagonal, position de réduit défensif, faible surface, étages planchéiés sans aucune ouverture sur deux niveaux, accessibles par de simples échelles. On possède une mention de 1218 qui signale des travaux envisagés à Clermont : « si on construit un mur de courtine autour de la poipe ». Nous proposons avec prudence de dater l’édification du donjon et de la première enceinte de la campagne qui fit suite à ce projet, dans la première moitié du XIIIe siècle. Encore conservé sur près de quinze mètres de hauteur, le donjon est un édifice remarquable, bâti avec grand soin. Son parement intérieur comme extérieur en tuf, dont les blocs de belle taille sont ornés de bossages sur sa paroi externe (en partie haute) révèle que des moyens importants ont été consacrés à sa construction. Le plan en pentagone irrégulier permet de présenter un éperon saillant du côté le plus faible, sans doute celui de l’entrée de l’ensemble fortifié à l’époque de la construction. Quatre niveaux partageaient l’espace dont un sous-sol aujourd’hui enterré dans la motte, sans aucune ouverture, et un rez-de-chaussée (autrefois premier étage), aveugle, accessible par une porte plus étroite que l’actuelle. Au-dessus se trouve l’étage noble, réservé à l’habitation, couvert par une voûte en berceau plein cintre et pourvu d’éléments de confort : deux fenêtres, une


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Évolution de la courtine de Clermont (Chirens). DAO P.-Y. Carron. La première courtine contemporaine de la tour XIIIe siècle est doublée et confortée d’une tour au XVe siècle, plus tard, le mur d’origine disparait.

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Écorché de la tour de Clermont (Chirens), XIIIe siècle. DAO P.-Y. Carron. La tour présente plusieurs caractères d’ancienneté : sous-sol aveugle, porte d’accès à l’étage, voûte soutenant une terrasse.


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Tour de Clermont et sa courtine (Chirens), XIIIe siècle. Photo prise en 2004 pendant les travaux de restauration.

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Plan du château de Clermont (Chirens). Relevé P.-Y. Carron. Donjon pentagonal sur motte, double enceinte et bâtiments épars dans la basse-cour.

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LA MOTTE DE LA POYPE DE SAINT-SIXTE À MERLAS

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787 mètres d’altitude, cette fortification de terre est aujourd’hui perdue en plein bois. Le site occupe une crête bien dégagée des reliefs environnants, orientée quasiment est ouest, qui domine d’un côté le lac de Saint-Sixte et de l’autre le Val d’Ainan. Dans un contexte archéologique riche, on se questionne sur les raisons d’une telle installation: dense occupation à la période antique, site funéraire ou religieux pour l’époque paléochrétienne avec les inscriptions de Saint-Sixte et enfin église sur crypte pour le XIe siècle, on peut soupçonner que la fortification s’est implantée pour surveiller un établissement d’importance ou un point de passage… Dans sa morphologie, le site est également intéressant : c’est avec Châteauvieux (Châtonnay) l’un des rares ensembles connus en Isère de motte double. En effet, sur la crête protégée par des pentes assez

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

soutenues, un tertre a été aménagé à chacune des deux extrémités. Le plus important, placé à l’ouest, est constitué d’une terrasse ovalaire protégée par une enceinte de terre et un fossé profond. À 70 mètres à l’est du premier, un second ensemble comprend une terrasse un peu irrégulière (peut-être perturbée par l’érosion ou un glissement de terrain) et une succession de deux fossés séparés par une levée de terre. On ne connaît que deux mentions, non du lieu mais de personnages appelés « de Saint-Sixte », pour les XIe et XIIe siècles67. L’identification de ces nobles personnages avec le site de Merlas est plausible mais non démontrée. L’un paraît dans l’entourage des Clermont, l’autre est vicomte pour le prince de Savoie.

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La Poype de Saint-Sixte (Merlas). Relevé P. Mille. Plan du relief en courbes de niveaux et coupe montrant le profil à double motte.


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LA FORTIFICATION DE TERRE DE PAPON À MERLAS

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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’abbé Chapelle a publié dans la Petite Revue Dauphinoise, entre 1887 et 1889, une série d’articles consacrés à l’histoire du territoire sur lequel il exerçait son ministère, la commune de Merlas68. Son intérêt pour l’archéologie et le passé ancien l’amène à signaler de nombreuses découvertes – qui demanderaient confirmation – parfois décrites avec une précision suffisante pour en proposer une interprétation fiable. Il avait pu de plus avoir accès à des archives privées, aujourd’hui non localisées ou disparues, dont il fournit souvent des extraits développés. Ainsi rapporte-t-il avoir vu combler « le canal des eaux entourant le mur d’enceinte » et « raser jusqu’au sol les murs des tours » de la maison forte de Papon, ancienne résidence de la noble famille de Voissant au début du XVe siècle. Il précise que ce site porte le nom de « château de la Chanas » dans

des reconnaissances et un terrier rédigés entre 1400 et 1421 et qu’il appartenait à ces dates à Bosonet de Voissant69. Au lieudit Papon on peut en effet voir les traces d’une fortification de terre de plan circulaire, arasée ou érodée mais encore discernable. Il s’agit d’un tertre d’à peine trois mètres de hauteur portant une plate-forme sommitale d’une dizaine de mètres de diamètre. À la base de cette butte se devine la présence d’un fossé fort humide par endroits, souligné côté extérieur par une légère levée de terre ; fossé et levée entourent la motte sur un peu plus de la moitié de son pourtour. On notera que ce site correspond à une anomalie parcellaire sur le plan cadastral de 1817 : une parcelle en forme de losange, enclavée dans une autre plus vaste.

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Site de Papon (Merlas).

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Annick Clavier

d’une période particulièrement tendue des conflits delphino-savoyards. Pour l’avenir, Humbert prévoit que si jamais la part du mandement de Paladru ou juridiction qui relève de son père Guillaume, lui revenait par héritage ou autrement, cette portion de la seigneurie serait annexée à la dite maison forte qui, dès lors, « deviendrait château ». C’est là qu’on viendra hisser les bannières aux cas prévus (changement de seigneur ou de vassal) et pour tout cela, un seul hommage sera nécessaire. L’acte, solennel, est passé dans le bois de hêtres de Saint-Didier, qu’on appelle Montferrat, en présence de neuf témoins dont un juriste et de Guillaume Lambert, notaire de Saint-Geoire en Valdaine. Par la suite, Humbert de Paladru se dit « seigneur de Montferrat » : on peut supposer que, abandonnant le site du château de Paladru au châtelain mis en place par les Clermont, la famille se retire dans sa maison forte de Montferrat, autour de laquelle elle resserre ses possessions et constitue une minuscule seigneurie. Le lien de dépendance avec les Clermont est rompu en 1338, puisque Montferrat relève désormais directement du dauphin à qui Aynard de Clermont a cédé ce fief71. Cette cession ne dura pas : en 1388, alors qu’on hisse les bannières delphinales en signe de majeure seigneurie sur l’ensemble des châteaux de Joffred de Clermont, récemment décédé, Montferrat est concerné. Le vice-mistral de Pont-de-Beauvoisin, accompagné d’un notaire et de trois témoins, fait hisser le drapeau aux armoiries du prince, au sommet de la tour principale, sous l’œil attentif d’Aymar de Paladru, seigneur du lieu. Le texte précise qu’une seule paroisse constitue le petit territoire dépendant du château de Montferrat, celle de la chapelle de Recoin ; Saint-Didier dépend toujours de Paladru. Semblable cérémonie se répète en 1433, dans un acte qui nous apprend que cette tour se trouvait dans la partie ouest du château72. En 1540, la dernière descendante des Paladru fournit le dénombrement des biens qu’elle tient directement ou au nom des enfants qu’elle a eu de son époux décédé, Georges de Torchefelon ; parmi ceux-ci le château, terre et seigneurie de Montferrat, avec toute juridiction, cens et rentes, lui rapporte environ 100 charges de blé chaque année (soit un total de 1,2 à 1,5 tonne)73. Certains auteurs rapportent que c’est Joseph-Marie de Barral, président du Parlement de Grenoble et propriétaire du lieu depuis le début du XVIIIe siècle, qui fit raser les derniers vestiges de l’ancienne fortification.

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’ancien château de Montferrat dont il ne reste pas pierre sur pierre occupait une butte isolée de toute part, à 200 mètres au sud-est du village groupé autour de son église paroissiale. Il se trouve dans le parc de l’actuel château dont les parties les plus anciennes pourraient remonter au XVIIe siècle. Les pentes abruptes sont entaillées de replats aménagés sans doute à une époque récente pour servir de promenade et une rampe d’accès a été installée entre le nouveau château et le site ayant porté l’ancien. À 579 mètres d’altitude, la plate-forme sommitale, de plan pentagonal, présente de vastes dimensions (environ 4800 mètres carrés). Elle est tenue par un mur de soutènement – aujourd’hui en partie effondré – renforcé par endroits d’arcs aveugles, employant de beaux claveaux de tuf. Ce type de dispositif a été observé en plusieurs lieux (châteaux de Bressieux, Beauvoiren-Royans, Vallin à Saint-Victor-de-Cessieu, site de la maison forte de Voissant à Coublevie) ; il paraît destiné d’une part à agrandir la surface de terrasse disponible tout en la rendant stable et rigide, d’autre part à diminuer la quantité de maçonnerie nécessaire à sa construction : les piles s’appuient en profondeur pour renforcer la structure, mais l’arc permet de limiter l’épaisseur du mur. Sur la terrasse parfaitement plane on ne devine aucune trace des bâtiments de la fortification disparue ; un monticule informe élevé de quelques mètres placé dans l’angle nord-ouest, rappelle peut-être l’existence de la « tour majeure » que signalent deux mentions anciennes. Des terrassements menés vers les années 1990 ont montré la présence d’un mur en arc de cercle, large de deux mètres. Alors que l’église Saint-Didier de Paladru est citée depuis 1200, la maison forte de Montferrat paraît soudainement dans les textes en 131370. Cet acte a retenu l’attention des historiens du Moyen Âge en raison d’une clause originale qui éclaire la différence de statut entre un château et une maison forte. De quoi est-il question précisément ? Humbert de Paladru, damoiseau, fils du chevalier Guillaume de Paladru, reconnaît tenir de « noble et puissant homme, le seigneur Guifred de Clermont », sa maison forte qu’on appelle Montferrat, avec toutes ses dépendances, en fief rendable. L’engagement vaut pour le suzerain en titre et ses successeurs comme pour les héritiers d’Humbert, selon une formule classique pour ce type d’acte et précise que l’édifice sera remis au seigneur majeur à toute réquisition, de jour comme de nuit. Il faut sans doute voir dans ce détail les effets

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LE CHÂTEAU DE MONTFERRAT


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LE CHÂTEAU DIT DES CHAMPS OU DE VACHON À LA MURETTE

Édifice inscrit Monument historique, 1982

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famille Vachon, qui acquiert le bâtiment en 1661 et plus précisément datée par le mariage de Gaspard de Vachon avec Françoise Eyraud, sans doute vers 1680. C’est peut-être dans un troisième temps que disparaît le corps de logis qui refermait la cour à l’est, tandis qu’une nouvelle aile est édifiée dans le prolongement de l’aile nord. Elle abrite notamment une chapelle domestique, citée dans le testament de Françoise Eyraud en 1705. Le château s’ouvre alors largement sur sa terrasse. Au XIXe siècle enfin, on édifie sur cette terrasse un bâtiment rural en pisé, pourvu d’un beau séchoir à noix en sacoche sur sa face sud. Un pouillé de 127574 mentionne pour la première fois le prieuré et la paroisse de Saint-Martin de La Murette, archiprêtré de Valdaine au diocèse de Vienne. C’est seulement en 146075 que la présence de la famille Gumin, connue par ailleurs pour son implantation en Bas Dauphiné (Bourgoin, La Tour-du-Pin) est attestée dans la paroisse de La Murette ; deux de ses membres en sont prieurs. La maison-forte n’apparaît pas clairement dans les textes, même si un Pierre de Gumin est dit « seigneur de La Murette » en 1579 par aliénation du Domaine76. C’est la famille de Fillon qui succéda aux de Gumin à la tête du château au début du XVIIe siècle77. Elle le revendit en 1661 à la famille de Vachon, dont on peut voir les armes au-dessus la porte de la tour d’escalier. La propriété vendue comme bien national en 1794 est partagée entre de nombreux propriétaires : huit au moins habitent le château. L’acte d’adjudication permet de dresser un plan de l’usage des différentes pièces à cette date. Le nom de « château des Champs », tardif et anecdotique, a été gardé afin de bien différencier ce site de l’autre château de La Murette, aussi dit Francoz ou La Rondière, également propriété de la famille Vachon aux XVIIe et XVIIIe siècles.

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Il est bâti en dehors du village, à plus de 700 mètres de l’église, dans une position dominant la route de Voiron au lac de Paladru. Il se développe dans un coteau orienté plein sud, dans une pente marquée, ce qui a justifié l’aménagement d’une terrasse portée par un haut mur de soutènement. L’édifice se compose aujourd’hui de deux ailes disposées en équerre, résultat d’une longue évolution. Le bâtiment d’origine, édifié probablement dans le courant du XVe siècle, était organisé à l’intérieur d’une enceinte quadrangulaire sans doute cantonnée de tours circulaires, ceinte d’un fossé et accessible depuis une porte placée au centre du mur sud. Elle ouvrait sur une cour centrale, tandis que deux corps de logis orientés nord-sud s’appuyaient sur l’enceinte, de part et d’autre de la cour. La présence d’une porte (aujourd’hui obturée) débouchant sur le vide, au second étage du logis ouest, suggère l’existence d’un chemin de ronde ou d’un accès à une bretèche protégeant l’entrée. L’organisation générale de cet ensemble rappelle par exemple celui, mieux conservé, du château de Boutières sur la commune de Morêtel-de-Mailles en Grésivaudan. Le plan quadrangulaire cantonné de tours d’angle circulaires apparaît dans notre région à la fin du XIVe siècle ou au début du XVe et connaît un certain succès jusqu’au XVIIe siècle (Château du Carre à La Terrasse : vers 1376 – Château Bayard à Pontcharra : 1404 – Château de Bon Repos à Jarrie : 1470). Le logis ouest abrite au rez-de-chaussée une grande salle qui a conservé son décor d’origine, de simples lés de couleur imitant une tenture. Cette phase de construction est caractérisée également par des ouvertures à encadrement de calcaire blanc, défendues par des grilles pour celles du rez-de-chaussée : simples jours quadrangulaires placés en hauteur côté nord, fenêtres à traverses pour la salle ouest, une fenêtre à croisée au premier étage. Traverses et meneaux ont disparu mais les appuis moulurés sont conservés. Au XVIIe siècle, le tiers nord de la cour centrale est bâti et on édifie une tour d’escalier en vis permettant de desservir aussi bien le corps de logis ancien que les nouveaux espaces. Cette tour ouvre sur la cour par une belle porte en calcaire blanc, cantonnée de pilastres à redents supportant une architrave sur laquelle repose un cadre rectangulaire où sont logées les armoiries des propriétaires ; il s’agit d’un écu parti surmonté d’un casque à lambrequins. Ce tableau est encadré par deux balustres portant un globe. Cette transformation importante peut être rapportée à la

Annick Clavier

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Château dit des Champs ou de Vachon (La Murette), XVe siècle. Photo Y. Bobin. Le décor, des bandes de couleur verticales, est peut-être inspiré des armoiries du propriétaire (famille de Gumin).

Plan des deux états de construction, château dit des Champs ou de Vachon (La Murette) XVe et XVIIe siècles. Relevé P.-Y. Carron.

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Relevé du décor de la grande salle du logis ouest, château dit des Champs ou de Vachon (La Murette), XVe siècle. Relevé P.-Y. Carron.


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LE CHÂTEAU DE PALADRU

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littorale des Grands Roseaux (Montferrat), contemporaine de celle fouillée à Colletière (Charavines) et du Pré d’Ars (Le Pin), toutes trois datées du début du XIe siècle. Deux autres habitats de même époque ou du XIIe siècle ont été identifiés par prospection, l’un non loin du tertre des Trois Croix et l’autre au lieudit Le Rozey, près de l’église Saint-Pierre. Les églises paroissiales Saint-Pierre et Saint-Michel sont attestées toutes deux vers 120078. On peut penser, en raison de la dédicace à l’archange, souvent associée aux sites de hauteur ou de fortification, que la seconde a été fondée après le château, mais ce n’est qu’une hypothèse. Le château de Paladru lui-même paraît dans l’Histoire à l’occasion du partage du Sermorens, en 1107, acte qui cite le nom des vingt-deux châteaux de ce comté ; il fait partie du territoire qui est déclaré revenir à l’archevêché de Vienne, par la bulle du pape Pascal II79. Une famille éponyme est attestée par quelques actes au XIIe siècle : Bellesina, qui est dite fille de Guigon de Septème et sans doute épouse d’un Paladru, cède des terres à l’abbaye de Bonnevaux dans le secteur de Jonage. Un chevalier du nom de Guitfred de Paladru est témoin de donations faites à la même maison religieuse ainsi qu’au prieuré SaintRobert de Cornillon, près de Grenoble80. Son prénom et le milieu dans lequel ce personnage évolue suggèrent qu’il appartient à une branche de la famille de Virieu. Au XIIIe siècle, ce sont les membres de celle de Clermont qui reconnaissent tenir en fief des seigneurs de La Tour (du Pin), la seigneurie de Paladru. Si l’on en croit Pierre Comte, l’un des témoins d’une enquête réalisée en 125181, cette terre aurait été remise aux Clermont par les La Tour, en augment de fief. De ces quelques mentions on peut conclure, avec prudence, que Paladru fut, dès l’origine une fortification des La Tour, remise en fief à une petite famille noble qui en prend le nom. Aucun texte ne permet de savoir si le château tint une place dans les conflits delphino-savoyards de la première moitié du XIVe siècle et s’il eut à subir siège ou incendie. La chose paraît peu probable tant les Clermont, jouant de leur double alliance, surent protéger leurs biens : les textes ne mentionnent qu’une seule attaque de leurs terres par les troupes savoyardes en 1300, mais sans plus de précisions82. Toutefois le dauphin s’engage en 1309 à entretenir cinq soldats au château de Paladru pour lequel les frères Berlion et Humbert seigneurs de Paladru et fils d’autre Humbert, viennent de passer un nouvel hommage les engageant à aider le parti delphinal

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n bordure de la rupture de pente du plateau de Sonnière, qui domine d’une centaine de mètres le village actuel de Paladru, l’ancien château occupe un monticule aujourd’hui couvert de bois et taillis. C’est une éminence de plan elliptique, haute de huit à dix mètres, aux flancs très pentus, d’environ trente mètres par trente-six. La plate-forme sommitale, qui n’excède pas 600 mètres carrés, est par endroits encore délimitée par des murs en galets maçonnés, ruines d’une enceinte formant mur de soutènement. Elle paraît homogène et constituée de pans de murs droits reliés entre eux par des angles obtus dessinant un polygone, selon un plan original évoquant celui observé au château de Quinsonnas (Sérézin-de-La-Tour). Du côté du plateau, au nord-est, ce mur d’enceinte se raccorde aux vestiges d’une tour de plan circulaire, probable donjon élevé au point le plus vulnérable du site. L’irrégularité de la surface de la terrasse témoigne de la présence de plusieurs autres bâtiments effondrés. À l’extérieur de cette enceinte, plusieurs aménagements aujourd’hui visibles sous forme de levées de terre, de tertres, de replats et de dépressions, invitent à restituer un chemin d’accès à la forteresse, bien défendu par le système de l’adextrement. Depuis le chemin de Sonnière à l’est du site, on montait par un sentier creux assez raide, longé côté plateau par une levée. Au pied de la fortification, il faut passer entre la base talutée du mur d’enceinte et une défense avancée (tour ?), puis longer les murs (sans doute hauts et pourvus de merlons et créneaux) avant d’arriver à l’entrée. Là se dresse un autre ensemble de défenses difficiles à comprendre en l’état actuel (fossé, levée de terre, motte : barbacane ?). Du côté du plateau, au nord, les pentes qui portent le réduit défensif sont très marquées ; elles devaient être soulignées par un fossé désormais comblé. On manque d’informations pour décrire plus précisément le château, qui comptait au moins deux tours importantes : celle dont on peut voir les traces sur le site, et une autre défendant le portail d’entrée situé à l’ouest, comme le précise l’acte de mainmise de 1433. Quant à la chapelle Notre-Dame du château, pour laquelle on ne connaît pas de mention antérieure à 1523, elle signale la fondation assez tardive de l’édifice dont seul le chœur est conservé, au pied de la butte des Trois Croix. On ne saurait évoquer le château de Paladru sans restituer le contexte archéologique dans lequel il s’insère. En bordure du lac à ses pieds se trouve la station

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en cas de guerre. Bien caractéristique des manières de la noblesse dauphinoise, réputée belliqueuse et prompte au conflit, cet Humbert de Paladru (père) entretint peu avant son décès, une guerre privée contre les Bressieux ; il pille et ravage la terre du GrandLemps, portant son butin au château de Paladru. Une transaction clôt cet épisode certes anecdotique, en octobre 131083. Après 1313, la famille de Paladru obtient l’autorisation de se transférer dans sa maison forte de Montferrat qui ainsi (disent les textes) « devient château »84. Les Clermont gardent la haute main sur la forteresse de Paladru, où ils sont représentés par

un châtelain. Il est possible que la fortification ait dès lors été moins bien entretenue. En 143385 on hisse les bannières delphinales sur la tour du portail : le donjon est-il d’ores et déjà trop dégradé pour ne pouvoir assumer son rôle de tour majeure ? De manière tout à fait classique, la structure politique et administrative se maintient cependant et Paladru reste pendant tout l’Ancien Régime, le centre d’un petit mandement de trois paroisses : Saint-Michel, SainPierre de Paladru et Saint-Dider de Montferrat.

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Le site du château (Paladru), vue aérienne par drone. Photo D. Lachas, S. Mexmain, Visadrone.


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LA MOTTE DE LA POYPE DE RIVES Annick Clavier

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Ce site pose un réel problème d’identification et pourrait être relié à deux périodes différentes : soit la pré ou la protohistoire, soit le Moyen Âge… Plaide pour la première hypothèse sa morphologie, qui relève plus de l’éperon barré que de la motte castrale et le contexte archéologique large : au lieudit Le Plan a été découvert en 1882 un ensemble funéraire assez exceptionnel, attribué à la période gauloise (Tène moyenne). Mais un étrier des IXe - Xe siècles a aussi été mis au jour en 1874 sur un coteau prochei. Rappelons enfin le toponyme significatif de La Poype. Pour conclure on peut évoquer la possible occupation du site aux deux époques…

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e site occupe, en rive droite du ruisseau de la Fure, une crête orientée nord-est/sud-ouest délimitée par une boucle du cours d’eau. Des pentes naturelles, abruptes, protègent l’espace sommital sur trois côtés ; le seul accès possible par le sudouest est marqué par un relief en creux, plus ou moins comblé, qui évoque l’existence d’un fossé aménagé au point le plus étroit du promontoire. Une fois passé le fossé, un vaste espace bien plan (aujourd’hui simple prairie) est surmonté à son extrémité d’un tertre aménagé, de cinq à six mètres de hauteur. Cette partie haute présente une terrasse supérieure ou motte, de faible surface (huit à dix mètres de diamètre) et une inférieure ou basse-cour, plus importante, qui a malheureusement été en partie arasée récemment.

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Motte de La Poype (Rives).


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Le site de Tolvon (Saint-Étienne-de-Crossey), vue aérienne par drone. Photo D. Lachas, S. Mexmain, Visadrone.

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LE CHÂTEAU DE TOLVON À SAINT-ÉTIENNE-DE-CROSSEY

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Hugues au début du XIIe siècle était placée sous le vocable de Saint-Denis d’après le pouillé de 149789. La visite pastorale de l’évêque Laurent II Allemand en 1540 la trouve entièrement découverte et ruinée90. La croix dressée en contrebas du site perpétue le souvenir de ce petit édifice religieux dont elle porte le vocable. Comme à Voreppe, on peut parler de rocca pour Tolvon, site perché et isolé, bâti sur un éperon rocheux barré par un fossé. Rattachées au premier mouvement de la féodalité autour de l’An Mil, ces ensembles défensifs s’accompagnent souvent d’un habitat paysan groupé à proximité ; ce pourrait être le cas à Tolvon où la partie nord du site, en contrebas du réduit fortifié a peut-être été occupée. L’existence d’un point d’eau et d’une zone qui paraît artificiellement aplanie suggère cette hypothèse. C’est peut-être là que se trouvait l’église du bourg de Tolvon, citée - comme la chapelle castrale - vers 1115 et devant verser une taxe de douze deniers. Au rebours d’affirmations anciennes, il paraît peu convaincant d’accepter le site de Tolvon comme lieu de naissance de l’archevêque Thibaud, sacré à Vienne en 957 ; plus vraisemblablement s’agit-il de Tournon, sur le Rhône. On peut toutefois proposer une datation assez haute et précise pour la création du château, entre 1023-102491 et 1107, date du partage du Sermorens… Le mandement de Tolvon comprenait à l’origine six paroisses : Saint-Étiennede-Crossey, Saint-Nicolas-de-Macherin, Saint-Aupre, Sainte-Marie de Villette, Saint-Laurent-du-Pont dont faisait partie Saint-Joseph-de-Rivière et Saint-Julien-deRatz. À la création du château de Saint-Laurent sur la butte qui domine la ville neuve fondée autour du pont sur le Guiers Vif, vers 1270, deux paroisses de l’ancien mandement de Tolvon sont détachées pour constituer l’assise territoriale de cette nouvelle fortification. Les paroisses restantes sont rattachées à la châtellenie de Voiron, avec laquelle Tolvon demeure unie jusqu’à la Révolution française.

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itué à deux kilomètres à vol d’oiseau de Voiron, le château de Tolvon surveillait le débouché oriental des gorges de la Morge et maîtrisait les circulations et passages des vallons qui relient Chirens, Saint-Étienne-deCrossey et Coublevie. À 698 mètres d’altitude, la fortification occupait un promontoire étroit et isolé de toute habitation, présentant sur son flanc sud-ouest un abrupt rocheux impressionnant et de tous côtés des pentes inaccessibles. C’est un véritable nid d’aigle dont l’accès se trouve aujourd’hui quasiment impossible ; boisements denses et érosion n’autorisent aucune restitution du chemin qui permettait de rejoindre la plate-forme sommitale. Étroite et longue (80 mètres de long pour 20 à 40 mètres de large), protégée par un fossé souligné d›une levée de terre lui donnant la morphologie d’un éperon barré, la terrasse ne porte plus aujourd’hui que quelques mouvements de terrain évoquant la présence des bâtiments disparus. De ceux-ci nous ne savons que fort peu de choses ; une seule visite des maîtres des œuvres a été effectuée en 141787. Elle demande la réalisation de travaux sur la tour – ce qui semble prouver qu’il n’y en avait qu’une – dont on doit refaire à neuf l’escalier et réparer le plancher du bas. D’après un prix-fait de 1360, cette tour avait été recouverte avec un millier d’essendoles (tuiles de bois) tandis qu’on renforçait ses deux guérites par quatre poutres88. Toujours en 1417, l’enceinte en maçonnerie doit être reprise et élevée d’une toise et demie de hauteur supplémentaire (environ trois mètres) et renforcée de pentures. Une autre portion devra être fermée par une bonne palissade et on construira sur la porte d’entrée une échiffe, petite structure en encorbellement généralement en bois. Ces informations suggèrent que la fortification peut encore être réparée. Des fouilles clandestines menées en 1973, ont mis au jour les vestiges d’un édifice pourvu d’une abside en hémicycle, interprété comme la chapelle castrale. Celle-ci, mentionnée dans le cartulaire de saint

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne


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LA MAISON FORTE DE CHARCONNE À SAINT-ÉTIENNE-DE-CROSSEY Annick Clavier

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e site de Charconne se trouve à près de trois ki- place un écu sculpté, malheureusement illisible. Un lomètres du cœur du village de Saint-Etienne, en petit bâtiment flanquait l’escalier de l’autre côté ; bas de pente de la colline de Montmain. Les bâ- les dimensions réduites de ce volume évoquent une timents sont installés sur une terrasse retenue par fonction bien particulière : salle d’archives, chapelle un mur de soutènement et regardent vers l’est. privée ? Une fenêtre à meneau et traverses à encaEncore en état d’être habitée au début du XIXe drement de calcaire blanc, avec arêtes abattues d’un siècle, la maison forte est aujourd’hui en ruines, enva- chanfrein et appui soigné, vient remplacer une ouverhie par la végétation et elle ne possède plus ni toiture ture plus ancienne sans doute jugée trop modeste, à ni planchers. Cependant les élévations conservées – l’étage de la tour originelle. Enfin l’ensemble connaît qui mériteraient une véritable étude archéologique des transformations importantes au XVIIe siècle, avec avant complète disparition – présentent des éléments l’adjonction du dernier corps de logis qui vient referremontant très certainement au XIVe siècle. Les ob- mer la cour au sud, le percement de plusieurs fenêtres servations très partielles qui ont pu être menées per- à meneau et traverses plats et l’installation d’au moins mettent de proposer une interprétation sommaire de une cheminée. l’évolution architecturale En 1374, un certain Jean de cet édifice. de Charconne assiste Il adopte un plan en U, à l’hommage d’André si l’on fait abstraction du Garcin, damoiseau et habâtiment placé le plus au bitant de Saint-Etienne de sud, grange ou étable Crossey. On ne peut pas non encore édifiée en relier ce personnage à la 1819 et absente du plan maison forte, qui n’appacadastral. Deux corps de raît dans les textes qu’à logis rectangulaires encala fin du XVe siècle. Cette drent une cour centrale. famille éponyme dispaEn dépit de cette apparaît sans doute assez rente régularité, trois rapidement puisqu’elle phases de construction demeure inconnue des sont aisément reconnaisrecueils d’armoiries. On sables. Dans un premier ne sait comment le site temps (XIIIe ou XIVe siècle) passa dans la famille est édifiée une tour quadu Mas, attestée pour drangulaire, sur quatre la première fois dans le Maison forte de Charconne, (Saint-Étienne-de-Crossey), niveaux au moins, dont XIVe siècle. mandement de Voiron en un de cave voûtée. Elle 1458. D’après Georges renferme un ensemble de dispositifs bien connus pour Fauchon, c’est un certain Amieu du Mas qui est dit ce type de construction : porte haute couverte par un « homme puissant, chevalier, seigneur de la maison arc brisé, étroites fentes de tir ou arbalétrières, pla- forte de Charconne dans la paroisse Saint-Etienne de cards muraux, traces de latrines en encorbellement. Crossey ». Malheureusement, il ne fournit ni la réféLa mise en œuvre est également caractéristique, avec rence ni la date de cette mention. Il précise plus loin l’usage de beaux blocs de molasse taillée pour les qu’Amieu a épousé en 1491 Catherine de Boussay, encadrements externes, de tuf pour les embrasures et fille du châtelain de Voissant. L’Armorial du Dauphiné encadrements internes, ainsi que pour les chaînages indique qu’Amieu a testé en 1512 en faveur de son d’angle. Le gros de la maçonnerie emploie des blocs, fils Jean, lequel présenta un dénombrement pour sa des dalles et des galets non équarris, avec parfois un maison forte de Charconne, située dans le manderang de tuf en assise de réglage. ment de Clermont. La famille se serait éteinte au moVers la fin du XVe siècle, on ajoute sur l’angle sud- ment de la Révolution française. ouest de la tour primitive, un escalier en vis logé dans une tour circulaire. Il ouvre sur la cour par une porte couverte d’un linteau sculpté en accolade où prend

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Maison forte de Charconne - St Etienne de Crossey - Façade ouest Légende C

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Maison forte de Charconne, façade ouest (Saint-Étienne-de-Crossey), XIVe siècle. DAO Arkhaia (croquis A. Clavier).


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LE CHÂTEAU DE CLERMONT À SAINT-GEOIRE-EN-VALDAINE

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tion de la fin du XIXe siècle, autorise à proposer une hypothèse : au point le plus haut et dominant directement le fossé, se dressait une tour aux murs épais (1 m 20), cantonnée de quatre tourelles dont trois sont encore visibles sur le cadastre. Il ne fait aucun doute que cet important château d’une famille puissante connut des transformations et des évolutions quasi permanentes. La belle tour d’escalier en vis que l’on peut voir aujourd’hui et sur les photographies anciennes est éclairée par de grandes fenêtres à croisée dont la baguette d’encadrement retombe sur des culots sculptés de petits motifs animaliers pleins de verve. Organisation et thèmes décoratifs s’inscrivent pleinement dans l’art gothique finissant. Cependant le cadre de porte encore très gothicisant se voit flanqué de balustres géants à double poire, reposant sur des pieds en étoile par des bagues cannelées qu’on retrouve sous des chapiteaux de fantaisie, typiques des premiers essais renaissants, ornés de feuilles et fleurs. Au vu de la moulure feuillagée qui enserre le tympan pour se glisser toute amaigrie sous l’appui de la fenêtre, ainsi que de l’uniformité de matériau des fenêtres à croisillons et du dessin de leurs moulures intérieures, au vu du nombre de ces fenêtres aussi, on propose de dater la construction de cette tour du tout début du XVIe siècle. A cette période, Bernardin de Clermont qui a reçu 9000 livres de dot grâce à son mariage avec Anne de Husson dispose des moyens nécessaires à ces travaux. Il peut entreprendre une campagne de construction à la fois à Saint-Geoire et au château de Tallard (Hautes-Alpes). Chambellan de Louis XII, il a peut-être séjourné en Italie et se tient au courant des dernières modes architecturales… Dans la plus haute pièce de la tour d’escalier sont conservés les vestiges d’un décor figuratif organisé en panneaux dont l’encadrement imite le marbre ; l’ensemble, très dégradé, n’est sans doute pas de la main d’un grand maître et il emploie une gamme de coloris assez limitée. Il mériterait cependant restauration, ne serait-ce que pour identifier les scènes représentées : on a pu reconnaître Saint-Georges terrassant le dragon devant la princesse de Trébizonde sur le panneau le mieux conservé. Ce décor, comme la grande cheminée aménagée dans l’ancienne tour, avec son manteau reposant sur des colonnes, doivent remonter au XVIIe siècle. D’importantes rénovations sont alors commandées par le seigneur de Clermont, dont rendent compte une dizaine de baux à prix-faits signés entre 1653 et 1659, étudiés par Alain Belmont95. Cet auteur signale que la chapelle, une nou-

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473 mètres d’altitude, le château de Saint-Geoire, presqu’entièrement reconstruit au XIXe siècle, se dresse à l’emplacement de l’ancienne fortification médiévale, à l’extrémité d’un promontoire bordé au nord par le ruisseau de Tuery (ou de la Cascade) et au sud par le Verderet, malheureusement entièrement canalisé et recouvert aujourd’hui. Côté nord-ouest, le seul accès aisé se trouve protégé par un profond fossé naturel, sans doute renforcé par une motte qui venait barrer l’éperon. Sans être inexpugnable, le site est bien choisi et bien défendu. La terrasse sommitale, vaste et bien plane (150 mètres par 100 environ) est close par un mur formant soutènement, encore conservé. Il présente par endroits quelques pans de son parement d’origine, en beaux blocs de tuf de moyen appareil, taillés et assemblés avec soin. Il faut bien sûr l’imaginer se poursuivant en élévation sur une hauteur d’au moins six mètres et portant un couronnement défensif de type crénelage ou hourd. A l’intérieur de cette vaste enceinte prenaient place les bâtiments du château, dont nous savons fort peu de choses… Au vu de la surface disponible, on peut penser que plusieurs enclos successifs assuraient la défense et que les constructions se répartissaient autour de cours subordonnées les unes aux autres. Dans la basse-cour s’élevaient sans doute les dépendances (cuisine, celliers et greniers, écuries et étables, logements des domestiques) et peut-être les maisons des nobles attachés au service du seigneur. En partie haute, où se trouvent aujourd’hui les bâtiments, devait prendre place la résidence des seigneurs de Clermont, dotée d’une chapelle déjà citée en 1332, placée à côté de la chambre où Geoffroy de Clermont signe alors son testament. Elle est dédiée à saint Christophe en 1496 et transférée à cette date dans l’église paroissiale92. Un château même de modeste importance ne pouvant se passer d’un lieu de culte privé, il est probable qu’un nouvel édifice fut alors bâti. Il était sans doute dédié à la Vierge : la Piétà (aujourd’hui disparue) et la Vierge à l’Enfant conservée dans l’église, deux sculptures datées du début du XVIe siècle, retrouvées «enfouies avec d’autres décombres dans le sol près du vieux château de SaintGeoire»93, en provenaient certainement. Les textes ne révèlent pas beaucoup de l’aspect général de la fortification : mention de la cour devant la cuisine en 1455 et de la salle basse en 146294. L’observation du plan cadastral de 1818 et des bâtiments actuels, principalement issus d’une large reconstruc-

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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Le château de Clermont (Saint-Geoire-en-Valdaine).

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Porte d’entrée du château de Clermont (Saint-Geoire-en-Valdaine), XVIe siècle.

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velle fois reconstruite, s’inspire de celle d’un couvent de Tullins (Notre-Dame des Grâces probablement, bâtie en 1645) et que le château adopte un plan classique avec corps de logis central flanqué de deux ailes dotées de toitures en pavillon, le tout couvert d’essendoles (tuiles de bois). Le XIXe siècle mériterait également qu’un vrai travail de recherche soit mené sur les aménagements réalisés à la demande de M. André Michal-Ladichère, neveu de l’industriel local, maire du lieu et sénateur de l’Isère. Les décors intérieurs, cheminées monumentales, boiseries, vitraux, sols colorés évoquent un Moyen Âge troubadour dans la lignée de Viollet-le-Duc. Des rapprochements avec le château de Pupetières (Virieu) où il a œuvré, sont peut-être à envisager… Le château de Saint-Geoire est mentionné pour la première fois dans le partage de 1107. La Vita de saint Amédée d’Hauterives (lieu d’origine des Clermont, Drôme), dont le texte a été rédigé vers 1150, cite Saint-Geoire parmi les six oppidae appartenant à la noble famille de ce vénérable personnage96 ; le terme peut ici être considéré comme un archaïsme et n’a pas de signification particulière. En 1203, il constitue avec Clermont (Chirens) et Crépol (Drôme), le territoire que Guillaume de Clermont remet en fief à l’archevêque de Vienne et à son chapitre97 : le choix de cette suzeraineté participe de la stratégie des Clermont qui préservent ainsi leur indépendance face aux puissances montantes de la Savoie et du Dauphiné. L’organisation féodale est dès lors bien en place : du château dépend un territoire appelé mandement, qui couvre peut-être l’ensemble de la Valdaine, dont le nom paraît dans une des copies de cet acte. La volonté des Clermont de constituer à partir de cette vallée une seigneurie indépendante se confirme en 1218, lorsque le même Guillaume rachète pour une somme non négligeable (10 000 sous) les droits de son cousin Amédée de Chatte98. Saint-Geoire acquiert une place importante dans le territoire des Clermont : la paroisse est siège d’un archiprêtré avant 128199 et les textes mentionnent le nom de quelques chevaliers dits «de Saint-Geoire», signe que les seigneurs s’entourent d’une troupe de fidèles guerriers qui résident peut-être au château. C’est le cas de Jean de Challes, qui passe reconnaissance de ses biens à Antoine de Clermont en 1462100, notamment pour sa maison dans le castrum. Le bourg est fortifié, puisqu’une taxe est levée en 1302 pour sa construction ou réfection101. Les seigneurs de Clermont résident volontiers au château, sans doute l’une de leurs résidences favorites : signature du testament en 1332 et de plusieurs reconnaissances au XVe siècle.


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LA BÂTIE DE LA PERRIÈRE À SAINT-JULIEN-DE-RATZ

Annick Clavier

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ont sauvegardé la mémoire. À l’issue d’un véritable siège avec machines de guerre transportées par bateau jusqu’au port de Moirans avant d’être convoyées puis dressées au pied des murailles, la place est prise, la garnison savoyarde passée au fil de l’épée et les fortifications arasées. Le siège de 1333 paraît marquer la fin du château de La Perrière, qui n’a sans doute pas été reconstruit par la suite. Cet épisode a laissé de nombreuses traces ; une douzaine de boulets de pierre ont été repérés aux alentours du site et des ramassages ont permis de rassembler de nombreux carreaux d’arbalète et pointes de flèches en fer. Un éperon à molette est conservé dans les collections du Musée dauphinois.

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e château de La Perrière a été bâti à 768 mètres d’altitude, sur la butte située à l’ouest du hameau actuel du même nom ; il s’agissait d’évidence de maîtriser le passage du col de la Placette, distant d’un kilomètre à peine. Le site est bien protégé par des abrupts naturels côtés est, sud et ouest, tandis qu’au nord, où la pente est douce, on a concentré les défenses sous forme de levées de terre et de fossés, donnant à l’ensemble un aspect proche de l’éperon barré. Il est difficile de s’en faire une idée précise car les carrières d’extraction de molasse implantées dans les pentes est et ouest ont perturbé la morphologie des lieux, emportant sans doute près d’un tiers de la surface fortifiée. Le réduit défensif peut être approché par un chemin qui le contourne suivant le procédé dit de l’adextrement. On y arrive par le nord et l’accès à la bassecour est barré par des défenses imposantes : premier fossé, levée de terre, grand fossé profond de 4 à 5 mètres et enfin le château lui-même, qui présente de ce côté un mur droit sans doute très élevé à l’origine, renforcé par une tour de plan circulaire, que les textes du XVe siècle disent haute de quatre niveaux. Derrière ce mur formant bouclier, la plate-forme principale ou basse-cour, d’une surface de 50 mètres par 20 aujourd’hui et sans doute plus proche de 1 500 m2 à l’origine (soit 50 mètres par 30) était ceinturée par un mur d’enceinte. Les édifices entièrement arasés (les matériaux de construction ont probablement servi à construire de nombreuses maisons rurales) ne signalent plus leur existence passée que par de légers mouvements de terrain. Le château de La Perrière constitue un exemple caractéristique de forteresse strictement militaire, édifiée dans le contexte des guerres delphino-savoyardes à la fin du XIIIe ou au tout début du XIVe siècle. C’est une fortification de frontière commandée par les comtes de Savoie pour renforcer la limite sud de leurs possessions et menacer Voreppe, avant-poste de Grenoble, capitale du Dauphiné. Le site appelé « molard » puis « bâtie » est mentionné pour la première fois en 1312102. Il connaît plusieurs épisodes violents, se trouve pris par les dauphinois en 1325 puis repris par la Savoie en 1329103. L’un d’eux en 1319 signale la destruction d’un village dont l’emplacement reste inconnu. L’histoire du siège de La Perrière aurait sombré dans les oubliettes de l’Histoire, si le dauphin Guigues VIII n’y avait trouvé la mort en 1333 : cette affaire a donné lieu à des récits plus ou moins romancés qui en

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Carreaux d’arbalète et éperon à molette, La Perrière (Saint-Julien-de-Ratz), XIVe siècle. Coll. particulière (carreaux), coll. Musée dauphinois (éperon). Photos D. Vinçon.


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LE CHÂTEAU D’HAUTEFORT À SAINT-NICOLAS-DE-MACHERIN

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de terres dont la localisation n’est pas fournie ; cet arrangement pourrait être à l’origine de l’installation de la famille de Clermont dans ce secteur. En 1340105, le même Aynard de Clermont déclare tenir de l’Église de Vienne le village et la forteresse de Hautefort. Dans l’hommage au dauphin de 1349, il évoque « bastide, village et forteresse » de Hautefort. La datation du site et le contexte de sa création restent des questions non résolues : s’agit-il d’un château ancien, créé comme de nombreux autres au XIe siècle, alors que la pression démographique amène à conquérir de nouvelles terres exploitables ? Ou bien d’un site né des conflits delphino-savoyards dans la première moitié du XIVe siècle, qu’il convient alors de rattacher à un type de fortification à vocation strictement militaire comme le sont les bâties et autres châteaux de position stratégique ? En dépit d’une morphologie évoquant un site perché, du type rocca, qui n’est pas sans rappeler celle de Tolvon (Saint-Étiennede-Crossey), un site pour sa part anciennement attesté, on penche pour la seconde hypothèse. Mais les preuves manquent.

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a forteresse de Hautefort se trouve située à 670 mètres d’altitude, sur une crête étroite et longue, difficile d’accès et éloignée de tout lieu habité. Elle domine le hameau de Hautefort et porte sur la carte IGN actuelle le nom du lieudit « Le Pavillon », tandis que sur le plan cadastral de 1819, le toponyme – guère plus significatif – est celui de La Rivoire. Cependant, une parcelle située au nord est dite « derrière Château Vieux ». Un chemin permettait autrefois d’y accéder par son flanc est, suivant un parcours qui mettait l’arrivant à la merci des défenseurs. Sur la crête étroite (dix à douze mètres de large), le site s’étend en longueur sur environ cinquante mètres, mais il n’a laissé que de vagues reliefs qui suggèrent la présence d’un bâtiment au moins et de fossés barrant l’éperon à ses deux extrémités. Une enceinte maçonnée ceinturait la plate-forme sommitale, dont on devine la présence çà et là, au vu de quelques amas de moellons et de galets.Le château de Hautefort fut probablement créé par démembrement du territoire dépendant de Voiron et Tolvon. En 1338104, Aynard seigneur de Clermont, reçoit en augmentation de fief d’Aymon, comte de Savoie, un important ensemble

Annick Clavier

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LA TOUR BARRAL À VOIRON

Jean-Pierre Moyne

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a tour « Barral » est l’unique témoin du château du XIIIe siècle commandé par le comte Philippe de Savoie et pensé par maître Jacques de SaintGeorges dans les années 1274-1275. Elle est encore en élévation sur deux niveaux. La paroi extérieure est appareillée en moellons de tuf, de grosses dimensions en partie basse (soixante centimètres de large sur trente-cinq de haut), plus petits à partir de l’étage. La base talutée et parementée avec des blocs de tuf est conservée sur une bonne partie de son pourtour. L’accès au rez-de-chaussée se fait par une porte haute et étroite, à l’encadrement en blocs de molasse couvert par un arc segmentaire, dont l’angle est abattu par un petit chanfrein. Elle ouvre sur un passage voûté en berceau, en briques, desservant un escalier en vis logé dans l’épaisseur du mur et une belle salle que couvre une coupole. De petits jours rectangulaires pouvant aussi servir d’arbalétrières, à encadrement de molasse comme la porte, éclairent

l’escalier. Côté ville se distinguent aisément les pierres d’attente d’un mur partant de la tour ; cependant, aucune trace d’autre maçonnerie qui permettrait de confirmer sa position comme tour de flanquement. Les deux grandes baies sont des transformations récentes côté extérieur, qui reprennent côté intérieur le large ébrasement des ouvertures originelles, véritables archères ou arbalétrières.

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La tour Barral (Voiron), vers 1275.


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LA BÂTIE DE MONCLAR À VOIRON

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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u nord de la vallée orientée est-ouest qui met en communication Saint-Étiennede-Crossey et Chirens, à la limite des possessions des Clermont et des comtes de Savoie, les Savoyards font édifier Montclar avant 1338. Le site retenu, à la pointe nord du mandement de Voiron, est un mamelon aux pentes abruptes, séparé du versant nord, moins raide, par un fossé. La fortification est constituée d’une courtine quadrangulaire (28,5 mètres par 32), renforcée à chacun de ses angles amont par deux contreforts perpendiculaires, tandis que côté aval, la maçonnerie se prolonge pour former un mur-bouclier. Ces dispositifs originaux étaient peut-être destinés à porter de petites structures de bois en encorbellement, d’où des soldats pouvaient tirer afin de protéger la base des murs. Les maçonneries présentent une épaisseur d’environ deux mètres quarante et sont appareillées, en général, avec des galets de toutes origines, tandis que l’un des contreforts conserve encore quelques blocs de tuf. Aucune trace d’ouverture n’a été repérée, même dans l’élévation sud dont le parement extérieur est intact, sur une hauteur d’environ dix mètres par rapport au sol extérieur. Ce mur d’enceinte sert également de soutènement à la terrasse intérieure où l’on peut voir une butte qui évoque soit l’existence d’une motte ou d’un premier édifice, antérieurs à la construction de pierre, soit les vestiges d’un bâtiment imposant placé au centre de l’enceinte, laquelle au-

rait alors eu fonction de chemise. La question de l’interprétation d’un tel site reste donc ouverte : motte du XIe siècle puis (ou bien) bâtie du XIVe ? La construction de cette forteresse par les Savoyards s’insère dans le cadre du conflit entre Savoie et Dauphiné, qui oblige les adversaires à fortifier leurs frontières en profondeur. Cependant les mentions du site sont rares. En 1338, douze charpentiers sont payés par le châtelain de Pont-de-Beauvoisin, à la demande du bailli de Voiron, pour exécuter des travaux à la bâtie neuve de Voiron106. Peu après, le site est jugé suffisamment important pour avoir son propre châtelain, Hugues Taberne de Rivoire (Ravoyria), damoiseau, entre 1338 à 1347. Il rend des comptes pour travaux menés dans l’année 1340. Exécutés sous la direction de Pierre Fabri de Saint-Étienne-de-Crossey, ils durent jusqu’en 1342107 et doivent correspondre à la construction que nous pouvons encore observer, qui paraît homogène. Ce lourd investissement constitue la réponse des Savoyards à la prise de position de la famille de Clermont du côté dauphinois, comme le signale le nom même du site, ironique inversion de celui de cette « traîtresse » lignée. On ne sait quel fut le destin de la fortification ; elle est totalement ruinée en 1645 : « qu’il y avoit autrefois un château en la paroisse de Sermorens qu’on appelloit Montclar duquel il ne restoit que quelques vieilles masures remplies de buissons »108.

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Mur du château de Montclar (Voiron), début XIVe siècle. E ÉM NT

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LE CHÂTEAUVIEUX À VOREPPE

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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350 mètres d’altitude, le château vieux de Voreppe se présente comme un véritable nid d’aigle, perché sur une crête étroite, aux pentes abruptes qui deviennent falaise côté nord. Le seul accès possible depuis l’est et les flancs de la Chartreuse est aisé à surveiller ; il oblige tout visiteur à longer le réduit défensif en présentant son flanc droit, selon le procédé dit de l’adextrement. Au sommet de l’éperon se dressent encore quelques vestiges de maçonneries qui disparaissent doucement. Désormais, seule une fouille archéologique permettrait de mieux connaître l’organisation interne de la fortification qu’il est, à ce jour, difficile de comprendre. L’association Corepha, par l’observation minutieuse du relief, en propose une restitution assez vraisemblable, qui a servi de base à la réalisation d’une maquette par l’AVIPAR109. Une enceinte bordant les abrupts fermait la petite surface disponible : il paraît clair qu’une partie de la terrasse s’est éboulée dans la pente. Côté est, au point le plus haut, s’élevait le donjon peut-être de plan pentagonal, comme celui de Clermont (Chirens) : une sorte d’éperon faisait face à l’accès. À l’intérieur, on devine l’emplacement de quelques murs et d’une citerne. On ne saurait situer l’emplacement de la chapelle, mentionnée au début du XIIe siècle. Sur le château lui-même nous savons peu de choses : il dût être déserté petit à petit, après la fondation de la ville neuve en 1314, assez tôt pour que les textes n’en fassent plus guère mention. Les chartes de libertés sont d’ailleurs concédées aux habitants du

castrum qui vont s’installer dans la nouvelle fondation, consacrant ainsi le projet d’abandon de l’ancien site. On a beaucoup glosé sur l’existence, dans une chambre, d’une cheminée assez monumentale pour retenir l’attention d’un scribe écrivant qu’on pouvait y faire quatre feux en même temps110, mais il est difficile de proposer une interprétation de cette remarque un peu anecdotique. Cette pièce se trouvait peut-être à côté de la grande salle (aula), citée en 1316111. En 1334, on vient chercher les chiens du dauphin retenus dans la « chambre du dauphin à Voreppe » mais sont-ils bien encore dans le vieux château ou dans une maison du bourg ? La seconde hypothèse paraît plus vraisemblable, d’autant que lors d’une phase de conflit aiguë, on y abrite des machines de guerre : rien ne justifie qu’on hisse jusqu’à l’ancien castrum des engins de retour de l’attaque de La Perrière112. Durant le XVe siècle, les visites des maîtres des œuvres ne concernent que la maison delphinale (ou de la châtellenie), proche de la porte de Grenoble. En 1537, la ruine est consommée : « que ledict chasteau est tout ruyné et deffaict et ny a aucune habitation ne chambre pour y habiter et ny a aultre chose que la place et vieilles murailles ruynées »113. Par sa situation et sa morphologie, le site de Châteauvieux évoque une rocca. Il a peut-être abrité les maisons d’un premier village, avant que se développe, plus bas, un groupement d’habitat lui-même protégé par une enceinte. Château et villages sont peu à peu abandonnés après la naissance de la ville neuve qui se développe près du prieuré Saint-Didier.

Monnaies, Châteauvieux (Voreppe). Coll. particulière. Photo P. Girard, Corepha. De gauche à droite : Denier en argent de l’archevêque de Vienne (1032-1039). Droit : + S.MAVRICIVS, croix pattée. Revers : + VRBS.VIENNA, dans le champ C et H liés, monogramme de Conrad II le Salique.

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Denier en argent immobilisé de l’archevêque de Vienne (1120-1150). Droit : +S.M. VIENNA, tête barbue à gauche. Revers : MAXIMA GALL (L et A liés), croix pattée.


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LA MAISON FORTE DE LA BÂTIE DE VOUREY

Annick Clavier

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d’extraction locale, utilisé comme pierre de taille pour des surfaces de maçonnerie importantes, se retrouve dans les enceintes du château d’Iseron (en construction en 1339) et du bourg de Saint-Marcellin ou aux châteaux de La Sône et de Saint-Quentin-sur-Isère ; il s’agit d’un matériau particulièrement utilisé dans la vallée de l’Isère au Moyen Âge. En ce qui concerne son plan, le modèle d’une construction massive, quadrangulaire cantonnée de tours d’angle circulaires (ici sur deux angles seulement) paraît prendre la suite de celui de la maison-tour. Les exemples connus sont plutôt à dater de la fin du XIVe ou du XVe siècle (Le Carre à La Terrasse, Boutières à Morêtel-de-Mailles, Bon Repos à Jarrie). On se trouve donc à La Bâtie avec un exemple de construction de belle qualité, précoce dans sa conception.

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ette petite tour de plan circulaire constitue l’unique vestige d’un édifice plus imposant, connu par des photographies prises avant sa démolition dans les années 1970. Il s’agissait d’un massif corps quadrangulaire cantonné sur ses deux angles nord de tours de plan circulaire. Le bâtiment s’élevait sur trois niveaux, rez-de-chaussée, étage et combles percés de petites fenêtres sous toiture, évoquant un chemin de ronde. La construction bien datée par les textes entre 1307 et 1317114 paraît homogène. Avec son appareil soigné en tuf, la Bâtie de Vourey rappelle la mise en œuvre des fortifications de Voiron (Tour Barral) et de Moirans (tour dite romaine), toutes deux de dimensions plus importantes car appartenant à des sites fortifiés majeurs. L’usage du tuf, sans doute

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Maison forte de La Bâtie (Vourey), XIVe siècle.


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Vue à vol d’oiseau des tours de Réaumont en 1854. Gravure accompagnant l’article de G. Vallier (cf bibliographie p.21).

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BOURGS FORTIFIÉS ET VILLENEUVES

CHÂTEAU ET VILLE NEUVE DE RÉAUMONT

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France Philippe-le-Bel engage l’affaire qui aboutit au procès des Templiers et à la disparition de cet Ordre, que le dauphin met la main sur Planaise. Il y fonde presqu’aussitôt un château et une ville neuve sous le nom de Réaumont. La charte de franchises de 1311 est parfaitement explicite, c’est une véritable charte de fondation : moyennant 12 deniers de cens, chaque habitant a droit à une maison avec un jardin de 10 toises sur 8 (20 mètres par 16), une quartelée de terre et le droit de prendre du bois de construction dans les forêts du prince. Celui-ci s’engage à faire construire murailles et fossés ; four, moulin, marché sont mentionnés. Mais il est possible qu’une bâtie ait précédé l’édification du château et de la ville neuve. En effet, en mars 1301, une chevauchée partie de Pont-deBeauvoisin attaque la Bâtie de Planaise (ad bastiam de Planeysia) et en 1303, les Savoyards réclament sa démolition lors de négociations de paix. Quoi qu’il en soit, les travaux de la ville neuve avaient commencé avant l’attribution de la charte de franchises : en 1310, les comptes de châtellenie nous apprennent que les fossés du bourg ont été creusés «du côté de Voiron» et que le rempart et les portes ont été édifiés. Le transport de pieux ainsi que le paiement des ouvriers qui les ont plantés établissent clairement que cette première fortification consistait en une simple

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ous le nom de « castrum Planilla », le château de Planaise est cité parmi les onze du territoire relevant de l’archevêque de Vienne, d’après le texte du partage de Sermorens en 1107. La Vie du vénérable Amédée d’Hauterives rédigée à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, le mentionne parmi les six «oppida» que tient cette puissante lignée d’où est issue la famille de Clermont. Mais avant 1236, c’est l’Ordre du Temple qui possède le lieu, puisqu’un commandeur de Planesia fait partie des témoins d’une donation du seigneur de Moirans à la maison que ces moines-chevaliers tiennent à Vienne. Non loin, les religieux possèdent également Vourey, où ils fondent bientôt un établissement. Les dauphins ne tiennent que très peu de droits dans ce territoire au XIIIe siècle ; d’après la grande enquête que fit réaliser Guigues VI (1250-1260), ils y perçoivent 10 setiers d’avoine pour droit de garde. En 1276, la dauphine Béatrix négocie un échange de biens avec le seigneur de Tullins et dans le cadre de ces négociations, les Templiers reconnaissent tenir des dauphins le château de Planaise avec l’ensemble du mandement, de même que Vourey. C’est probablement à l’occasion de la confiscation des biens de l’Ordre du Temple, alors que le roi de

Annick Clavier et Jean-Pierre Moyne


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totale était de plus de 7 mètres, et sa cime découronnée s’élevait à près de 8 mètres. L’intérieur était creux, mais non vide ; car, soit par l’action du temps, soit par celle d’un événement tombé dans l’oubli, il était rempli de décombres qui, en disparaissant peu à peu, laissèrent bientôt distinguer une construction d’une allure peu ordinaire. L’intérieur de la tour avait 2 mètres de largeur. Il semblait reposer sur un massif à la hauteur de 2 m 20 au-dessus du terrain extérieur; mais bientôt on découvrit, au milieu de la maçonnerie, un passage circulaire ayant 1m de largeur sur 0 m 65 de profondeur, et ce goulot, semblable à celui d’une bouteille, conduisait perpendiculairement à un réduit voûté de 2 m75 de hauteur sur 1 m 65 de largeur. Tout ce réduit, sans autre ouverture que celle dont je viens de faire la description, était occupé par des décombres comme la partie supérieure de la tour. Après avoir déblayé les débris, il a pu être observé la présence d’ossements humains et animaux. Une marmite tripode en bronze a également été retrouvée ; elle possédait deux goulots opposés à tête de dragon et deux têtes humaines servaient de réceptacle à une anse disparue. Les trois pieds étaient en forme de griffe (D panse 21 cm ; H 20 cm, datation : XVIe siècle ?). La tour centrale plus imposante que ses voisines possédait des murs de 3 m 50 d’épaisseur. Son diamètre était de 12 mètres pour une élévation encore en place de 25. On y voyait encore une petite porte à plein cintre s’ouvrant sur le rempart qui la reliait à la tour située du côté de Réaumont et, à quelques mètres plus haut, une fenêtre à plein cintre aussi, dégradée et prenant vue sur la campagne. Des poutres et quelques solives carbonisées ainsi que des moellons de tuf ont été relevés dans la démolition ». D’autres objets ont également été découverts : une épée brisée en plusieurs fragments, « un canon de mousquet de 80 centimètres de longueur et d’environ 0 m 5 de diamètre et pouvant recevoir une balle d’un centimètre » ainsi que sa sous-garde et sa culasse, une moitié d’écuelle en étain, des fers de lance et de javelot, une clef ainsi que quatre monnaies de billon d’Henri III et trois monnaies de François et Henri de Bourbon, princes de Dombes et ducs de Montpensier. Ces dernières permettent de dater l’incendie de la fin du XVIe siècle au cours, peut-être, d’un épisode des guerres de religion. La troisième tour, à l’ouest, était, toujours selon Gustave Vallier, construite en maçonnerie pleine, du moins dans sa partie encore visible et présentait un coup de sabre la séparant du rempart, semblant indiquer plusieurs phases de construction. On pourrait mettre cette observation en relation avec la campagne de travaux des années 1344-1348 qui mentionne l’achèvement de la grande tour et la construction de merlons sur le rempart entre cette dernière et la tour d’Albon .

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palissade. On ne sait pas très bien ce que devint l’ancien château de Planaise : a-t-il servi de base à la construction de celui de Réaumont ou se trouvait-il à un autre emplacement ? A-t-il rejoint les biens de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui recueillirent ceux des Templiers et prirent leur suite ? Les choses ne sont pas très claires… Dès 1313, les religieux cèdent au dauphin tout leur bien au château de Réaumont et son mandement et on n’entend plus parler de Planaise par la suite … Il est difficile au pouvoir delphinal de rassembler les sommes nécessaires à l’édification de la nouvelle fortification : en 1340 et 44, la grande tour n’est pas achevée et le bourg reçoit seulement sa première enceinte maçonnée. Cent livres sont d’ailleurs octroyées par le dauphin à la communauté des habitants afin qu’elle se charge de la construction. Pourtant le secteur connaît les dégâts liés au conflit delphino-savoyard : les moulins ont été brûlés en 1320 et les textes mentionnent la présence d’hommes d’armes pour garder le château, en 1334 et 1339. Au-dessus de l’actuel tunnel ferroviaire, la fortification est aménagée sur un éperon orienté nord-sud, barré du côté le plus vulnérable (au nord) par un fossé dont on devine encore l’existence. Surmontant le fossé se dressait le château proprement dit et ses principaux éléments défensifs. Il n’en reste aucune partie identifiable, mais plusieurs documents permettent d’en restituer l’aspect : description détaillée de 1537, plan cadastral de 1810 et observations et dessins réalisés par Gustave Vallier lors de sa destruction en novembre 1854. L’ensemble s’organise en un quadrilatère de 65 mètres sur 35 environ. Le mur nord, du côté du plateau, se trouve défendu par trois tours de plan circulaire, placées en flanquement très saillant sur la courtine. Au centre se dresse la grosse ou grande tour qu’encadrent la tour d’Albon sur l’angle ouest et la tour du Ratier sur l’angle est. Dans cette dernière tour se trouvait une salle voûtée, accessible par un étroit passage, où l’on doit peut-être reconnaître une glacière. Dans la courtine ouest s’ouvrait une porte, dotée d’un pont-levis en 1321. Une tour semi-circulaire ouverte à la gorge (ou « fausse tour ») renforçait le front est ; on refait sa couverture en tuiles de bois (ou essendoles) en 1435. Un puits cité dès 1323 assurait l’alimentation en eau. Nous en savons plus sur les trois tours du château de Réaumont, grâce au récit accompagné de deux plans, que fit Gustave Vallier lors de leur démolition : « On attaqua d’abord la petite tour située du côté de Voiron. Constatons en passant que les murs, du côté du fossé, avaient 3 mètres d’épaisseur et 2 m 50 dans la partie attenante au rempart. Sa largeur

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Plan et coupe des tours de Réaumont en 1854. Gravure accompagnant l’article de G. Vallier (cf bibliographie p.21).


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son usage audit lieu de Reaumont pour la seureté du chateau dudit lieu ». Cette formulation rappelle que les maisons fortes quoique privées, pouvaient venir renforcer la défense d’une place. Une nécessité dans le contexte tendu de cette période : les habitants du bourg de Réaumont sont exemptés de certaines taxes en 1356, afin de leur laisser les moyens de reconstruire leurs maisons, gravement détruites pendant les guerres. L’abandon de Réaumont demeure mal connu. Encore en bon état en 1483 et 1495, le château est en cours de dégradation en 1537 : la tour ouest se trouve découverte c’est-à-dire sans toiture et la courtine présente des brèches sur toute sa longueur. En 1657, le château est ruiné. Quant à la ville neuve, si un certain Louis Richard est encore autorisé à construire une maison dans la partie ouest de la ville en 1510, il n’est ensuite plus fait mention ni du bourg ni d’habitations dans son enceinte. L’abandon a dû être effectif au cours des XVIe-XVIIe siècles.

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Les textes ne permettent pas de localiser l’emprise du bourg. Nous proposons de le placer dans l’enclos directement attenant au réduit défensif, côté sud, sur la terrasse portée par de puissants murs de soutènement où s’élève le château actuel, reconstruit à la fin du XIXe siècle. On ne saurait dire si ce village fortifié connut un certain développement et combien de maisons s’y trouvaient ; la révision des feux de 1383 évoque 44 feux solvables pour l’ensemble de la paroisse. Le four, seul équipement public attesté, est mentionné pour la première fois en 1321. Deux maisons fortes sont citées dans les textes du XIVe siècle. Celle de Soffred d’Arces - un proche des deux derniers dauphins abrite le séjour de l’évêque de Grenoble lors de sa tournée pastorale en 1339. La visite de 1537 la situe au sud du château, probablement à l’emplacement de l’actuel bâtiment. L’édification d’une seconde fortification est envisagée en 1350, mais on ne sait si elle fut réalisée : le dauphin Charles remet 100 sous de rente à Hugues de Commiers, écuyer, « à charge pour lui de construire une maison forte propre pour

Croquis du château et du bourg de Réaumont. Plan J.-P. Moyne. Retour

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CHÂTEAU ET BOURG FORTIFIÉ DE RIVES

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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évoque deux salles, haute et basse, chacune agrémentée d’une cheminée, deux fenêtres, ainsi que la chambre des damoiseaux. Confronté à la réalité du terrain, on se rend compte que l’espace réservé au château se trouvait très limité par rapport à la surface de la terrasse sommitale actuelle, qui devait porter également des maisons villageoises, comme celle appelée du Molard en 1357. Un fossé séparait sans doute l’enclos castral du village, au moins à partir de 1356 où un texte signale qu’on le fait creuser (ou recreuser). Une description tardive (1577117) permet de préciser sa position, du côté nord, entre la chapelle et la muraille. La terrasse principale, où s’élevaient château et premier village, est bordée de pentes vives au sud et à l’ouest et par un mur de soutènement élevé côté est, dominant lui-même deux replats étroits et allongés. Dans ces pentes et terrasses bien exposées s’est développé un habitat, lui-même fermé par un mur d’enceinte en partie conservé. Toujours dans l’acte de 1357, on mentionne « le bourg du château » et les clôtures du bourg. Cette enceinte présente par endroits un parement de galets de grosses dimensions, disposés en épis en assises régulières intercalées une sur deux de galets plus petits placés à plat ; cette mise en œuvre qu’on retrouve à Montclar (Voiron) ou à Vaulserre (Voissant) paraît signe d’ancienneté, bien qu’aucun élément de datation assuré (ouverture) n’ait été relevé. Une large porte couverte en plein cintre, dont l’encadrement de blocs calcaire présente une arête abattue par un chanfrein avec congé, datable du XVIe siècle, a l’air insérée dans la maçonnerie. C’est toutefois en ce point, au plus près de l’actuelle route à flanc de coteau qui va de La Poype au pont Charra, que devait se trouver l’accès principal au site fortifié : d’une part les pentes sont entaillées à partir de ce point de légers mouvements de terrain qui évoquent l’existence de chemins montant en pente douce, d’autre part la partie amont de la porte présente de beaux blocs de tuf taillés, qui pourraient remonter à un premier état de cette ouverture. Un certain Humbert de Rives – orthographié Ripis – fait partie des témoins qui apposent leur sceau ou signature sur l’acte d’une donation faite en 1080 à l’abbaye de Saint-Barnard de Romans : cet acte suggère qu’il s’agit d’un personnage non négligeable, certainement un représentant de l’aristocratie. Le château lui-même est attesté dans l’acte de partage du Sermorens en 1107 ; il compte dès lors un édifice religieux, nommé église et non chapelle, dans le

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faible distance de la fortification de terre de La Poype, élevée en rive droite de la Fure, c’est sur un relief de morphologie comparable mais placé en rive gauche que se dressait la forteresse ainsi que le village fortifié de Rives, au lieudit évocateur de Châteaubourg. L’ensemble paraît éloigné de l’église paroissiale dédiée à saint Valère (ou Vallier) édifiée de l’autre côté du torrent, sans que l’on sache très bien si des chemins de parcours aisé permettaient de la rejoindre. Le site aujourd’hui déserté constitue le parc du seul édifice ayant subsisté sur place, une maison forte dont les parties visibles les plus anciennes ne paraissent pas remonter à une période antérieure au XVIe siècle. Il occupe l’extrémité sud d’un promontoire orienté nord-est, sud-ouest et bordé de pentes vives sur trois côtés (est, sud et ouest). En dépit de remodelages sans doute récents liés à l’aménagement du parc, on peut proposer une lecture du site à partir des reliefs, abrupts, replats, murs de soutènement encore visibles. Le point le plus haut, à l’altitude de 360 mètres, portait le réduit défensif, c’est-à-dire le château-fort proprement dit ; il se compose d’une terrasse bien plane d’environ 100 mètres par 50 - les limites en sont difficiles à fixer au nord – de plan ovalaire ou rectangulaire, portant une motte massive, haute de 10 mètres pour un diamètre à la base de trente-cinq mètres. Ce tertre pose question : il paraît renfermer d’importantes portions de maçonneries, dont un espace voûté encore préservé bien qu’inaccessible et pourrait être constitué des matériaux de démolition d’un bâtiment imposant ou d’un petit ensemble fortifié. L’interprétation du site comme une fortification de terre à motte et basse-cour, paraît peu crédible. En 1357, à l’intérieur d’une enceinte resserrée, longue de 100 mètres (dont 20 en bois) pour 8 de hauteur, prenaient place, la tour, une étable et cellier et un puits115. Cette tour n’a pas une grande élévation : avec ses 7 toises (14 mètres) de hauteur, elle évoque plutôt une salle, sans doute d’origine ancienne puisqu’elle n’est accessible qu’à l’étage. En 1486116, on commande une échelle de 4 toises (8 m) pour y accéder ; peut-être s’agit-il de remplacer l’escalier mentionné dans la visite de 1357. Elle mesurait probablement dix mètres par huit environ, si l’on interprète la dimension des trois douzaines de poutres achetées pour refaire son plancher (1486). À l’intérieur on trouve un espace voûté au rez-de-chaussée. Le restant de la description n’est pas clair : il


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à Grenoble, en l’église neuve des frères prêcheurs, en présence de nombreux dignitaires123. Le dauphin Humbert se rend sur place à deux reprises, nomme rapidement un premier châtelain et accorde des franchises aux habitants en 1340. C’est sans doute lui qui fait construire la grande enceinte du bourg, celle que nous pouvons voir encore aujourd’hui. D’après l’étude que M. R. Clément a consacrée à Châteaubourg, nous savons que le château de Rives, que visitent les maîtres des œuvres du Dauphiné, a connu des travaux d’entretien sérieux lors des conflits delphino-savoyards. On creuse notamment les fossés du château ; les battoirs de Pont Charra furent incendiés en 1356124. Il est encore difficile d’évaluer les effets sur le peuplement du castrum de Rives qu’eurent d’une part la ponction démographique opérée par la grande peste et ses résurgences à partir de 1348 et les événements liés à la guerre… La visite pastorale de l’évêque Aimon de Chissé en 1399125 mentionne l’existence de 110 feux (ou foyers) pour la paroisse, mais ils ne sont plus que 23 ménages soumis à l’impôt en 1427 et 41 misérables. Les comptes de châtellenie constituent une série bien suivie jusqu’en 1500, ce qui prouve que la terre de Rives n’a jamais été engagée, c’est-à-dire remise en gage à un seigneur indépendant, souvent plus intéressé par les revenus que par l’entretien des édifices. Pourtant, comme pour bien des ouvrages militaires d’un usage stratégique limité, les visites des maîtres des œuvres évoquent assez tôt une dégradation avancée : en 1386 déjà, il faut changer la charpente et toiture de la tour126. En 1430 on parle du vieux bourg, ce qui tendrait à montrer que son abandon est en cours. La chapelle du château, placée sous la protection de Sainte-Marie, a perdu son statut paroissial en 1497 et dépend du prieuré127 ; à cette date, le village sans doute déserté n’a plus besoin d’un service religieux. Quant au château lui-même, un texte de 1548 dit : « Ainsi tout est ruiné tellement qu’il n’est pas possible d’y habiter et qu’il y a plus de cent ou six fois vingt ans que personne n’y a habité ».

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pouillé de 1115, en plus de Saint-Vallier. Cette remarque nous incite à suggérer qu’à cette haute période, le château de Rives possède déjà une certaine importance et agglomère autour de lui des maisons et des fidèles, justifiant l’existence de cette fondation paroissiale. Comme en bien d’autres exemples, on peut donc imaginer un développement du village en deux pôles : l’un autour de l’église ancienne, siège d’un prieuré bénédictin et peut-être installée sur un site antique ou du haut Moyen Âge et l’autre autour de la fortification, de création plus récente. Pour le XIIe siècle encore, c’est un dénommé Alaman ou Armand de Rives (peut-être deux personnages distincts) qui apparaît dans l’entourage de la puissante famille de Hauterives (Drôme, plus tard installée à Clermont, commune de Chirens) dans les actes de l’abbaye de Bonnevaux. Ce même nom est encore porté par les membres de la famille sans doute seigneuriale jusqu’au milieu du XIIIe siècle. La terre de Rives passe alors aux mains de la famille de Tullins ; tenu par un cadet, le territoire du castrum de Rives constitue (au moins en partie, sur Renage et Vourey), un fief que le plus jeune reconnaît tenir de son aîné en 1257118. Ce dernier le cède en 1276 à la famille delphinale, afin de conforter sa propre position à Tullins : voici que les dauphins ont un pied à Rives119. Le mandement connaît petit à petit un démembrement qui le réduit à deux paroisses. Après Vourey et Renage rattachés à Tullins, le terroir de Charnècles est vendu à Philippe de Savoie, archevêque de Lyon en 1266120. Le seigneur rivois doit également tenir compte de l’ordre du Temple, qui possède le château de Planaise à Réaumont et des droits importants autour de sa maison de Vourey. Un accord est passé avec Ogier de Pierre-Châtel, commandeur du Temple, concernant les limites entre Vourey et Rives en 1296 : on y retrouve précisément citées les actuelles limites des deux communes, passant par Mollard Rond, le Bois vert et le ruisseau d’Olon. En 1306, des difficultés financières obligent le chevalier Guigues, seigneur de Rives et son épouse Béatrix, à céder l’ensemble de leurs biens à Rives et Renage au seigneur de Tullins pour 140 livres destinées à régler une partie de leurs dettes121. Cette même Béatrix, devenue veuve, récupère Rives en 1314, dans le cadre des échanges et arrangements que négocie le seigneur de Tullins, qui prépare la création de la villeneuve de Beaucroissant122. Guy, le dernier des seigneurs de Tullins ayant mené une politique ambitieuse, décède avant 1322 et ne laisse que des filles. Dans les disputes qui naissent autour de son héritage et fragilisent la seigneurie, Rives rejoint en 1338 et pour toujours, le Domaine delphinal. On peut penser que la chose était d’importance : le transfert est conforté par un acte solennel passé

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Châteaubourg (Rives), croquis de restitution. Plan J.-P. Moyne.

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Les remparts de Châteaubourg (Rives).


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TULLINS, UN CHÂTEAU ET SES BOURGS

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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hypothèse paraît vraisemblable puisque l’existence des fortifications est certaine à cette date. L’obligation d’entretien des remparts est rappelée aux Tullinois, exemptés toutefois de l’impôt affecté à cette tâche (le vingtain)130. De surcroît, nous savons que dès lors se développe un groupe d’habitat hors les murs, autour de l’église Saint-Laurent. Nous proposons donc de dater la construction de la première ligne de fortification villageoise peu après la première concession de libertés (fin du XIIIe s.). Cette première enceinte longeait l’actuelle rue du Général-de-Gaulle et se trouvait protégée par le ruisseau du Rival qui alimentait une portion des fossés. Le raccordement entre cette fortification villageoise et le château n’est pas facile à localiser, en particulier côté sud ; le tracé proposé reste très hypothétique. À l’intérieur des murs, une rue principale, qui suit autant que possible une même altitude pour rendre son parcours commode, abrite maisons à boutiques et halle, laquelle lui a laissé son nom. D’autres voies perpendiculaires délimitent de grands îlots oblongs, bordés de maisons avec espaces non bâtis en cœur. En dépit des contraintes topographiques imposées par la pente, une certaine homogénéité se perçoit dans l’organisation de l’espace : centralité de la halle, rues assez droites et larges. Il paraît vraisemblable que l’installation de ce village a été réfléchie, sous l’impulsion des seigneurs de Tullins. La seconde enceinte est plus identifiable, car elle a laissé des vestiges : la porte de Saint-Quentin, encore conservée et celle de Fures, dont le départ de voûte est bien visible au croisement des rues Le Tellier et de Parménie. Comme à Moirans, Voiron ou Voreppe, les voies sont ici tracées avec régularité, perpendiculaires les unes aux autres et dessinant des îlots plus petits donc mieux desservis. Tous les critères qui rappellent l’existence d’une ville neuve sont réunis, même si sa première mention certaine date de 1334-1335131. On peut cependant supposer que le seigneur de Tullins prit soin de fortifier son bourg de résidence, avant de se lancer dans l’aventure d’une création ex nihilo à Beaucroissant en 1312. Chacun des deux bourgs, vieux et neuf, abrite un four et de nombreux métiers sont signalés par les textes : maçon, charpentier, forgeron, chaudronnier, tanneur, boulangers et divers marchands… Moulins et autres artifices recourent à l’eau du Rival et de la Fure, dont un martinet pour fabriquer du fer (1373), un battoir (1431) et le pressoir à huile de Malatrait (1436)132.

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300 m d’altitude, le château de Tullins occupait un éperon orienté quasiment nord-sud. Bien dégagé du relief des premières collines de Chambaran par le torrent du Rival, plutôt encaissé à cet endroit, il dominait la plaine de l’Isère de près de 80 m. Le site est imposant et vaste : 165 à 170 m de longueur pour une largeur de 20 à 70 m. On peut imaginer que toute la surface de l’éperon, étroit au nord et plus large au sud, était occupée par un ensemble fortifié complexe et bâti en plusieurs temps, incluant peut-être (au moins aux plus hautes périodes) un véritable village. À la fin du Xe siècle, Tullins constitue le chef-lieu d’un territoire nommé ager. En 1091, un acte confirme sa place éminente128. On voit alors apparaître un seigneur qui en porte le nom et un château doté d’une chapelle dédiée à saint Barthélémy, tandis que deux églises accueillent la pratique religieuse des populations. L’une, placée sous le vocable de Saint-Laurent, se trouvait sans doute à l’emplacement de l’actuel édifice toujours dédié à ce martyr ; tout à côté prenait place un second bâtiment sous le titre de Saint-Maurice. Ce phénomène qui se rapproche de celui observé pour le haut Moyen Âge dans les groupes cathédraux suggère la précoce christianisation du lieu. L’organisation du site en deux pôles distincts paraît donc assurée au XIe siècle. En bas de pente, prenant la suite d’un site antique attesté par une fouille de sauvetage réalisée en 1987 dans la rue Victor-Hugo, s’élèvent les deux églises paroissiales entourées de leur cimetière. Entre le château et les édifices religieux, sur tout le flanc est de la crête, s’étend une pente assez marquée qui ne paraît pas avoir porté de constructions. Comme à Voiron, cette zone tampon entre village et château devait être plantée de vignes. Plus bas s’installe un ensemble d’habitations, fortifié avant 1304. L’agglomération connaît un développement certain ; elle est pourvue des établissements charitables nécessaires, hôpital et maladrerie, qui reçoivent des legs par le testament du seigneur de Tullins en 1281 et accueille des foires, citées en 1293. Les habitants sont fidélisés par la concession de franchises en 1286 et la présence d’un notaire est attestée en 1303129. En 1304 sont confirmées les libertés accordées aux habitants du « castrum », bourg et mandement, une formulation qui doit être interprétée avec précaution. Sous le nom de castrum on peut imaginer soit un village perché sur la crête avec le château, soit un premier ensemble clos en bas de pente. Cette seconde

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Plan de Tullins au Moyen Âge. DAO E. Bournay (recherche J.-P. Moyne, A. Clavier). En marron : l’enceinte castrale ; en orange : l’enceinte du bourg vieux ; en gris : l’enceinte du bourg neuf.

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Porte de Saint-Quentin (Tullins).


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VOIRON, UNE VILLE ET SES FORTIFICATIONS

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de création de villes neuves et d’agrandissement de bourgs comme à Voiron. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une création ex nihilo, l’extension engagée entre la rue des Terreaux et la Grande-Rue, est pensée et organisée comme une ville neuve (plan régulier aux îlots délimités par un réseau de rues orthogonales). Elle est d’ailleurs qualifiée comme telle dans deux actes, en 1266 et dans la charte de franchises de Réaumont, accordée en 1311. En règle générale, le bâti ne s’appuie pas sur le rempart, un espace de cours et de jardins s’étendant à son pied. La plupart des rues d’orientation est-ouest sont mentionnées dans les textes du XVe siècle, comme celles du Muret, du Rouet ou la rue Haute nommée carreria fontis de Pissechet  en 1441 ; ce même acte nomme encore la Grande-Rue (magnam carreriam publicam) et la rue Genevoise (carreria de Genevesis). La rue Saint-Vincent qui mène à la porte du Marché ou de Saint-Vincent (route de Chambéry) est citée en 1444 dans une révision de feux. Les neuf voies descendantes orientées nord-sud du parcellaire de 1672 se retrouvent sur le cadastre de 1819 : rue Blancherie ou rue des Tanneurs (déjà mentionnée en 1470), rue Rose-Sage ou rue du Four (connue en 1444), rue Venise (rue du Fil dans le terrier de 1441 et dans les extraits des protocoles de notaires en 1494), rue Carabonneau, anciennement rue Brocherie, rue Banche-de-Cour, rue des Écuries, rue de l’Ancienne-Poste, rue des Escaliers, anciennement rue des Ratz (du nom d’une famille qui y résidait). D’autres voies sont également mentionnées dans la partie haute de la ville, en particulier celles qui permettaient l’accès au château. Cet inventaire nous autorise à affirmer qu’au bas Moyen Âge, la trame urbaine est en place et que les transformations ultérieures ont affecté l’organisation interne des îlots plus que la disposition générale. Le bâti, beaucoup plus aéré que de nos jours, offrait en 1441 de nombreux espaces de cours et de jardins autour des maisons, tandis que des élargissements de rues faisaient office de places : l’un se situait vers la porte des Moulins au départ de la rue Haute (place de la Fontaine ou place aux Herbes) et l’autre vers la porte du Marché ou de Saint-Vincent (place Bouverie au XVIe siècle). La ville étant installée en flanc de colline, des problèmes de pente ont dû être résolus comme l’indiquent les remblaiements visibles rue Rose-Sage et rue Haute où une opération de fouille préventive a montré leur importance. Le terrier de 1441 et le parcellaire de 1672 révèlent

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’ensemble défensif de Voiron est complexe et s’organise en trois parties. Au point le plus élevé du site, la partie nord, sorte de polygone irrégulier d’une surface de soixante-dix ares en pente, est close d’une enceinte incluant dans sa partie est la tour Barral. Côté nord, renforcée par deux flanquements carrés, elle surplombe les gorges de la Morge. À l’est, une barbacane complète le dispositif défensif tandis qu’au sud, cette zone est séparée de la suivante par un mur dans lequel s’ouvre une poterne. La tour Barral est l’unique témoin du château ordonné par le comte Philippe de Savoie et pensé par maître Jacques de Saint-Georges dans les années 1274-1275133. On saisit mal l’articulation entre cette zone sommitale et le replat ouest où se développe, d’après les textes, le château proprement dit, occupé par l’hôpital aujourd’hui. Cette vaste aire de 4 hectares est séparée de la ville par une maçonnerie dont le toponyme « rue du Muret » garde la mémoire. Là s’ouvrait la porte d’accès. Si l’enceinte à l’ouest n’a laissé que peu de traces (elle était déjà ruinée au XVIIe siècle), sa partie est se trouve toujours en élévation sur une grande longueur. Flanquée d’une tour semi-circulaire ouverte à la gorge, elle comporte encore une archère aménagée au fond d’un ébrasement parementé en tuf couvert en plein cintre. Des bâtiments de la forteresse savoyarde ne subsiste qu’une tour de plan circulaire, incluse dans l’hôpital, d’un diamètre sensiblement égal à celui de la tour Barral et probablement édifiée en même temps. Enfin, au point le plus bas, s’étend le bourg qui couvre une surface de six hectares, entourée d’un rempart de 650 mètres de long. L’agglomération s’est constituée en deux temps. Au XIe siècle, les premières habitations occupent une forme concentrique au sud du château, sans ordre apparent, mais en tenant compte de la pente. Au moment de l’édification du rempart à la fin du XIIIe siècle, un premier bourg couvrant un espace compris entre la Grande-Rue au sud, le canal des moulins à l’ouest et le quartier Saint-Vincent à l’est existait déjà. Il était traversé par un axe unique, la rue Haute sur laquelle se greffent quelques ruelles (du Muret, du Rouet) ; elle s’élève en lacets vers l’est, en raison d’une forte pente. Il est possible que ce noyau initial ait été fortifié au niveau de la Grande-Rue comme le suggère un abrupt marqué au sud de cette voie. Après avoir reçu en apanage les seigneuries de Bocsozel, Saint-Symphorien d’Ozon, Tolvon et Voiron en 1254, Philippe de Savoie lance un programme

Jean-Pierre Moyne

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Plan de Voiron au Moyen Âge. DAO E. Bournay (recherche J.-P. Moyne).

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publique à partir du XVIe siècle. En contrebas d’une seconde tour dont le soubassement est encore visible s’ouvrait la porte de La Buisse. Après cette porte se dressaient deux tours semi-circulaires ouvertes à la gorge. La première a fait l’objet d’une fouille préventive en 1988. Incluse dans une maison, la seconde, encore en élévation sur deux niveaux, conserve trois archères à encadrement de molasse, à hauteur du rez-de-chaussée actuel. Cent mètres plus loin, le rempart se réoriente vers le nord. À cet emplacement se trouvait un petit moulin accolé au vingtain, sans que l’on puisse affirmer s’il faisait partie du système de défense. Quelque 60 mètres plus loin, le rempart présente une irrégularité en forme de baïonnette. C’est le passage du canal qui pénètre dans la ville et coule sous une voûte basse de tuf en plein cintre. À proximité, les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem possédaient un enclos dans lequel une tour, citée dans le

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une certaine hiérarchie des îlots ; la partie haute de la ville (rue Haute et rue Grande) étant dévolue à l’habitat noble dont seules quatre maisons-tours (domus turris des textes du XVe siècle) – étaient conservées en 1819. Parmi les rares éléments architecturaux médiévaux, on a remarqué une fenêtre trilobée dans une maison aujourd’hui démolie de la Grande-Rue et quelques portes avec linteaux en accolade dont deux dans la rue Haute. Grâce au plan parcellaire de la fin du XVIIe siècle et au plan cadastral de 1819 ainsi qu’aux nombreux vestiges encore visibles, nous pouvons, sans trop d’erreurs, restituer le tracé du rempart. À l’est, un fragment de la « porte Saint-Vincent » ou « porte du Marché » conserve une ouverture murée correspondant à une poterne (accès piéton) placée à proximité de la porte charretière. La courtine descend ensuite en ligne droite vers le sud, où une tour a porté l’horloge


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cartulaire de Chalais en 1287, participait au système de défense. En 1641 elle est décrite comme un grand édifice carré à trois étages planchéiés, confrontant le canal des moulins. Ce dispositif tend à montrer que le canal et la tour étaient déjà en place au moment de l’édification du rempart. Non loin se trouve la porte des Moulins flanquée de la tour du même nom et qui joignait à la mouture pratiquée dans sa partie basse un rôle défensif en partie haute. De ce passage enfin partaient deux murs qui se prolongeaient jusqu’au parapet du pont sur la Morge. Plus haut dans la pente s’ouvrait la portelle qui a donné son nom au quartier. Un acte tardif (1630), albergeant le « riverage du béal des moulins » laisse penser qu’elle permettait d’accéder aisément à la Morge et d’entretenir le canal et l’étang. Elle se trouvait en partie abattue en 1684, par un particulier qui en avait récupéré les éléments. On franchissait le bief par une simple dalle de pierre. Concernant l’aspect matériel de cette enceinte, on notera l’épaisseur moyenne, mais régulière de la

maçonnerie (1,40 m) et sa construction soignée mais simple. Entre deux parements en blocs non taillés, le blocage interne comprend des galets issus du soussol, noyés dans un mortier abondant et de qualité. La pierre de taille y est rarement employée. Une datation des mêmes années que pour le château paraît vraisemblable (vers 1275). La portion ouest qui longeait la Morge était déjà édifiée en 1283. Sauf dans la zone où la Morge constituait une défense suffisante, des fossés cernaient la muraille, y compris dans la pente entre la tour Barral et le bourg, au moins à partir de 1417. Le nom de la rue « des Terreaux » qui occupe leur emplacement en rappelle la présence. Entre la porte de La Buisse et le quartier de la Blancherie, une escarpe large d’environ 14 mètres a permis l’édification (pas avant le XVIIIe siècle) d’une rangée de maisons adossées au mur d’enceinte.

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Relevé de la fouille d’une tour de l’enceinte (Voiron), 1988. Relevé P. Mille et N. Esperguin, Dépt Isère. E ÉM NT

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LA VILLE NEUVE DE VOREPPE

Annick Clavier, Jean-Pierre Moyne

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Saint-Vincent et de Grenoble. Ce tracé – qui desservait également Château Vieux – paraît avoir remplacé l’ancienne voie romaine qui circulait plus bas dans la plaine, le long de laquelle sont localisées de nombreuses découvertes archéologiques alors qu’aucune n’est signalée dans le bourg. À une date qu’il est difficile de cerner, un embranchement se crée pour desservir une voie plus directe et moins pentue : c’est la grande rue, large et bien droite, plus tard reprise par la route royale (XVIIIe s.). Le restant du réseau viaire paraît s’être mis en place à partir de ces deux axes, sans doute à la création de la ville neuve en 1314. Son tracé montre que l’organisation a été réfléchie. Plutôt larges, les circulations se coupent souvent à angle droit, mais selon une orientation différente de part et d’autre de la route primitive. La volonté de rationalisation qui a présidé à la mise en place de la voirie a été contrainte par son tracé. Cette différence d’orientation pourrait également être interprétée comme le signe d’un décalage chronologique. Une première « opération urbaine » aurait procédé au lotissement de la pente, entre l’église et la voie initiale, puis dans un second temps, on aurait aménagé la zone basse à partir de la fourche. Les indices pour étayer cette hypothèse sont toutefois modestes. Sur le cadastre Dupuy, les parcelles paraissent d’une surface plus importante dans la zone basse, mais les mesures annoncées par la charte de franchises ne sont identifiables en aucun point. Les rues déterminent des îlots souvent de plan allongé qui renferment (toujours d’après le cadastre Dupuy) d’étroites venelles que les textes anciens nomment « plassages », encore appelées « randons » en patois. Il est difficile de savoir si ce dispositif remonte au Moyen Âge. Ces espaces ne sont pas réellement des ruelles, mais plutôt des vides sanitaires pour la circulation des eaux usées, peut-être utiles également pour éviter la propagation du feu en cas d’incendie entre des toitures couvertes de matériaux périssables (chaume ou bardeaux). Ces petits passages, dont la propriété n’est pas précisée sur l’atlas de 1759, sont partagés et attribués aux maisons mitoyennes sur le cadastre de 1820. On retrouve dans cette privatisation de l’espace public l’esprit de la Révolution française dans sa défense de la propriété privée, lequel aboutit aussi, à une tout autre échelle, au partage des communaux. Le bourg de Voreppe n’est pas densément peuplé, plus de la moitié des surfaces disponibles sont occupées par des jardins et même quelques vergers. Une écluse

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En 1314, le dauphin Jean II décide de fonder la ville neuve de Voreppe. Comme toujours dans ce genre d’entreprise, le seigneur commence par s’assurer la maîtrise foncière du lieu, déboursant 230 livres pour défrayer les différents possesseurs des terrains. Il accorde simultanément une charte de franchises, véritable acte de naissance de la ville, aux habitants présents et futurs. Ceux-ci construiront les murailles et les portes à ses frais, mais l’entretien de l’ensemble restera à leur charge. Le prince s’oblige à les mettre en possession d’un terrain de 10 toises de long et 8 de large (soit 20 m par 16) où ils pourront édifier un logis avec une cour, sous le cens de 12 deniers viennois. Il leur fournit la chaux pour construire les maisons et l’accès gratuit aux forêts delphinales pour les bois d’œuvre et de chauffage. Un rafour (four à chaux) est d’ailleurs construit en 1315134. L’emplacement choisi répond à un enjeu défensif dans le contexte des guerres delphino-savoyardes. En effet, la position de Château-Vieux ne pouvait répondre à la menace savoyarde venue de Voiron ou de Saint-Julien-de-Ratz. En retenant le site du prieuré Saint-Didier, les Dauphinois renforcent la frontière et s’assurent le contrôle de la cluse de l’Isère, du pont sur la Roize (qui protège aussi un flanc de la ville) et du débouché vers le col de la Placette. De l’église paroissiale entourée de son cimetière jusqu’à l’actuelle rue Achard, entre le parc du château et la Roize, s’étend la nouvelle agglomération fortifiée. La zone urbanisée adopte la forme d’un trapèze irrégulier, occupant une pente abrupte dans sa partie amont puis de plus en plus douce en descendant vers la plaine. L’organisation actuelle du cœur de bourg ne livre pas des données très explicites sur l’histoire du développement urbain, aussi la lecture proposée ici est-elle en partie hypothétique. Elle s’appuie principalement sur la mise en regard de la topographie avec les plans anciens (cadastre dit atlas Dupuy vers 1759, ancien cadastre 1820) et reprend les divers travaux de l’association Corepha sur cette question135. Il paraît vraisemblable qu’un premier groupement d’habitats s’installe sur le replat au sud de l’église. Maisons et bâtiments prieuraux furent peut-être protégés par un enclos. Dans la pente en contrebas, le réseau viaire est structuré en deux ensembles de rues perpendiculaires, de part et d’autre d’un axe qu’on peut considérer comme le plus ancien. Il traversait la rivière à l’emplacement actuel, remontait la rue du Docteur-Rome pour emprunter à flanc de coteau, la rue Porte des Pallaches en direction du Chevalon, de


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permet de retenir l’eau d’un canal alimentant des moulins et facilitant l’arrosage des jardins, nombreux dans ce secteur ; l’implantation des maisons est ici plus anarchique. À l’intérieur du bourg, rares sont les maisons médiévales conservées. Tout au plus voyonsnous quelques éléments rappelant la fin du Moyen Âge (tour d’escalier en vis, portes au linteau sculpté en accolade, fenêtres à croisée). Mais nous savons que si les façades subissent de nombreuses reprises, les murs intérieurs (notamment de refend) renferment souvent des vestiges de leur construction. Gageons que bien des découvertes pourront encore être faites par les techniques de l’archéologie du bâti…

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Les habitants disposent d’un certain nombre d’équipements collectifs : un four, judicieusement placé à proximité du béal par crainte du feu, un hôpital destiné à l’accueil des pauvres et des voyageurs (et non des malades comme aujourd’hui). Il est probable qu’existe aussi une halle, mais les textes n’en disent mot. Quelques noms de rue sont connus, notamment celle des Tupinières, qui rappelle la présence d’artisans potiers ou de marchands de poterie (ou tupin). Près de la porte de Grenoble s’élève la maison du châtelain où se trouve, entre autres, une tour servant de prison. Cette dernière est pourvue d’un escalier entre 1495 et 1537 dont on trouve cette description : « une belle visette neuve par laquelle on montoit jusques au plus haut de la maison et par toutes les chambres de ladite maison couverte d’ardoise »136.

Quant à l’enceinte de Voreppe, il n’en subsiste que quelques portions de murs peu caractéristiques, avec notamment la trace de l’une des quatre portes, juste en dessous de l’église. La proposition de restitution qui en est faite s’appuie essentiellement sur l’atlas de Dupuy où le mur d’enceinte est encore représenté. Il s’agit d’un mur droit, sans aucun flanquement, à l’exception d’une tour semi-circulaire ouverte à la gorge placée sur l’angle nord, à côté de l’édifice cultuel. Sa construction prit au moins trois ans, les portes ne recevant leurs vantaux dotés de ferrures qu’en 1318. L’enceinte est le plus souvent libre de toute construction : un chemin à son pied permet un accès rapide aux défenses sommitales en cas d’attaque. Cette éventualité n’est pas qu’hypothétique, car nous savons que Voreppe fut assiégée et brûlée en 1320… C’est peutêtre pour réparer les dégâts que des travaux ont lieu en 1321-1322 : construction de la porte de Racin (ou de Saint-Laurent) et de quatre échiffes (petites structures de bois en encorbellement), peut-être placées au-dessus des quatre portes. Peu après l’attaque du château de La Perrière, proche forteresse savoyarde (Saint-Julien-de-Ratz), le bourg accueille un temps les engins de sièges, rassemblés dans la maison delphinale137. Les textes rapportant cet épisode accusent les habitants de Voreppe de l’assassinat de la garnison…

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Plan de Voreppe au Moyen Âge. DAO E. Bournay (recherche J.-P. Moyne, A. Clavier).


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Porte à décor gothique flamboyant de la tour d’escalier, maison 12 place Saint-Nizier (Voreppe).

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1 - sponsalitium ou douaire : donation de biens en usufruit par l’époux à sa femme. AD Isère 1 G 11, original parchemin. 2 - VALBONNAIS (J.-P.) - Histoire de Dauphiné, tome I, p. 191-192, pièce LL. 3 - D’ESTIENNOT (C.) - Fragmenta historiae Aquitanicae, tome VI, BnF ms lat. 12768 (Microfilm 1135), f° 121-3 (XVIIIe siècle d’après cartulaire perdu de l’Église de Belley). 4 - DIMIER (A.) – « Vita venerabilis Amadei Alta Ripa (+ c. 1150) auctore monachos quodam Bonaevallensis synchrono et oculato », Studia Monastica, volume V, fascicule 2, 1963, p. 265-304 (original BM Lyon, fonds Morin-Pons, n° 127, carton XXIII, Châtelard 2, copie XIIIe siècle). 5 - Historiae Patriae Monumenta : chartarum. Tome I, Turin, 1836, charte CCCXXI, col. 549-550. 6 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux…, charte 314, p. 146. 7 - RIPART (L.) - Les fondements idéologiques du pouvoir des comtes de la maison de Savoie (de la fin du Xe au début du XIIIe siècle), Université de Nice, 1999, vol. 1, p. 54 et note 140 ; DEMOTZ (F.) « Aux origines des Humbertiens : les Rodolphiens et le royaume de

juillet 1264 qui avait institué son père comme héritier si tous ses héritiers directs venaient à disparaître (CHEVALIER (U.) - Inventaire (…) Dauphins,…, charte XV, p. 42 : substituo eis heredem Hugonem ducem Burgendie) / RICHARD (J.) - « L’accession de la maison de la Tour au Dauphiné de Viennois, la guerre bourguignonne de 12831285 », Bulletin Philologique et Historique, 1951-52, p. 249-263. 25 - AD Savoie SA 9600, comptes de châtellenie de Pont-de-Beauvoisin, 1299-1300 : Item libravit ad expensis trescentum et quatraginta clientes de Chandeu qui venatur ad mandamentum dicti baillivi pro offendendo in terra Aynardi de Claromonte ipsi baillivi ut per litteram ipsius de recepta et data die lune ante……domini anno a Nativitate M° tercentesimo quam reddit VII libras XX denarios viennensis ; 1305 : AD Savoie SA 18, original parchemin ; AD Isère B 2904, f° 68-74 ou 2 Mi 41 (vidimus de 1452). 26 - 1319 : AD Isère 8 B 351: item pro molendinis que sint combusta per Sabaudias ; 1333 : AD Isère 8 B 281, f° 11-15r°: de tela firme baptitorium non computat que per Sabaudiensis sunt combusta tempore guerre ; Perrière : CHEVALIER (U.) – Regeste Dauphinois. T. IV, n° 20601 ; 1320 : AD Savoie SA 9607. 27 - AD Savoie SA 10522, comptes de châtellenie de Yenne et Chanaz : Libravit in stipendiis suis et sex sociorum cum ipsum equitum cum armis habentum quibus magnum equm quod finiter apud Voyrone et apud Vorapium qui fuit combustum... 28 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux… charte 314 p. 146. 29 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Saint-Barnard de Romans, Romans, 1898, charte 150 p. 174-175. 30 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire du chapitre de Saint-Maurice de Vienne, Valence, 1891, n° 254 p. 51-52. 31 - AD Isère 11 H 101, original parchemin (46 x 31 cm) de 19 lignes (Vienne).

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Bourgogne », Aux origines des Humbertiens : les Rodolphiens et le royaume de Bourgogne, 2003, Ripaille, 2005, p. 26-43. 8 - Hugues de Tolvon, Odon de Voiron ainsi que son frère Humbert de Miribel font partie des premiers donateurs de la Grande Chartreuse (BLIGNY (B.) - Recueil des plus anciens actes de la Grande-Chartreuse, acte I, p. 1-8 -9 décembre 1086). 9 - MONTEYNARD (C. de) - Cartulare monasterii (…) Domina, charte 33, p. 37-38. 10 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble, cartulaire A, charte XXXIII, p. 75-77. 11 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble, cartulaire B, charte LV, p. 126-128 (Saint-Donat) ; charte CXXVIII, p. 181 (Meylan vers 1110) ; CHEVALIER U., Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux… charte 229, p. 111-112 (Saint-Sorlinen-Valloire vers 1122). 12 - CHEVALIER (U.) - Inventaire des Archives des dauphins de Viennois à Saint-André de Grenoble en 1346. Nogent-le-Rotrou, 1871, n° 174 p. 37-38. 13 - BERNARD (A.), BRUEL (A.) - Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Paris, 1876-1903, 6 volumes, n° 3542, p. 669-670. 14 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye de Saint-André le Bas de Vienne. Lyon, 1869, appendice p. 277, charte 66*. 15 - Sur Moras-en-Valloire : CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux…, p. 17-214, n° 207 p. 106 (vers 1122) et n° 217 p. 108 (1141-1146). Sur Montmiral (Drôme) en 1080 : GIRAUD (P.-É.) - Essai historique sur l’abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans accompagné de pièces justificatives, complément, Lyon, 1856, n° 266 p. 62-63. 16 - AD Isère B 3008, copie du XIVe siècle, f° 235v°-236 r°. 17 - AD Isère B 2662, registre des droits du dauphin dit « probus », f° 17 r° et CHEVALIER (U.), Inventaire des Archives des dauphins de Viennois à Saint-André de Grenoble en 1346, Nogent-leRotrou, 1871, n° 409 p. 81.

18 - BLIGNY (B.) - Recueil des plus anciens actes de la Grande Chartreuse (1086-1196), acte I, p. 1-8 - 9. 19 - PILOT de THOREY (E.) – « Cartulaire de l’abbaye bénédictine de Notre Dame et Saint Jean-Baptiste de Chalais », Bulletin de la Société de Statistiques de l’Isère, tome VIII, 2e série, Grenoble, 1879, p. 1-110, charte XVII p. 190-191. 20 - BLIGNY (B.) - Recueil des plus anciens actes de la Grande-Chartreuse (1086-1196), Allier, Grenoble, 1958, acte XV, p. 36-41. 21 - PILOT de THOREY (E.) – « Cartulaire de l’abbaye bénédictine de Notre Dame et Saint Jean-Baptiste de Chalais », Bulletin de la Société de Statistiques de l’Isère, tome VIII, 2e série, Grenoble, 1879, p. 160-284, charte XXIV p. 498-499. 22 - FAVREAU (R.), MICHAUD (J.) et MORA (B.) - Corpus des inscriptions de la France médiévale 15, n° 89 p. 88-89. 23 - AD Isère 1 Mi 45, f° 24. 24 - La baronnie de la Tour (La Tour-du-Pin, Isère) était située à 25 km à vol d’oiseau de Voiron et était limitrophe de plusieurs terres du comte de Savoie. Son seigneur était richement possessionné en Bas-Dauphiné, en particulier à Bourgoin, dans la région de Fallavier ou dans le Velin. Pour plusieurs de ses terres, il devait l’hommage au comte de Savoie. Le duc Robert pour revendiquer le Dauphiné se référait au testament du dauphin Guigues VII du 17

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE / NOTES 32 - DIMIER (A.) - Vita venerabilis Amadei Alta Ripa (+ c. 1150) auctore monachos quodam Bonaevallensis synchrono et oculato. Studia Monastica, volume V, fascicule 2, 1963, p. 265-304 (original BM Lyon, fonds Morin-Pons, n° 127, carton XXIII, Châtelard 2, copie XIIIe siècle). 33 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire du chapitre de Saint-Maurice de Vienne. Valence, 1891, n° 254 p. 51-52. 34 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome II, n° 6550 (1220), n° 8699 (avant 1250). 35 - AD Isère B 2904 = 2 Mi 41 f° 68-74 (vidimus de 1452). 36 - AD Isère, 27 H 82, acte du 10 juin 1312 (copie en 1732 collationnée sur une copie du 29 décembre 1470). 37 - AD Isère B 2617, f° 228. 38 - VALBONNAIS (J.-P.) - Histoire de Dauphiné… preuves p. 57-58, pièce D. 39 - AD Isère B 2617, f° 228 et sequitur. 40 - AD Isère B 4028 f° LIIII. 41 - Archéologie chez vous n°1. Antiquité et Moyen Âge en pays voironnais, 1982, p. 47. Références : FAUCHON (G.) - Le pays voironnais…, p. 144-145 ; FOIX (M.H.) - « Quelques pierres racontent », Nouvelle Actualité Dauphiné, 1975, p. 16-17 ; HAMON (P.) - Églises de l’Isère, Paris : Nouvelles éditions latines, 1977, p.6 ; MACE (A.) - Guide itinéraire. Grenoble : Maisonville

1990, p. 51-52. RABUT (E.) – L’église de Saint-Geoire-en-Valdaine. Congrès archéologique de France, 1972, Paris, 1974, p. 440447 ; MASELLA (S.) - L’église de Saint-Geoire-en-Valdaine. Mémoire de maîtrise sous la direction de Martine Jullian, Université Pierre Mendès-France, Grenoble, 2003-2004 51 - Archéologie chez vous n°5. Cantons de Rives et de Tullins, 1986, p. 41-42. Références : CHEVALIER (U.) - Cartulaires des Hospitaliers et des Templiers (coll. des Cartulaires dauphinois 3) 1875 ; DUBOIS (M.) – « La Commanderie de Saint-Jean de Jérusalem et ses rapports avec l’église Notre-Dame des Échelles (Savoie) ». Bull. Soc. Ethno. Isère. T. 27 (1930), p. 9-16 et 33-62 ; PRUDHOMME (A.) - Notice historique sur la ville de Bourgoin. Vienne, 1881, p. 7-8. 52 - Archéologie chez vous n°5. Cantons de Rives et de Tullins, 1986, p. 40. Références : CHEVALIER (U.) - Regeste…, n° 2523 et 3006 ; MARION (J.) - Cartulaires…, charte AV, p. 9 et charte XIII, p. 334 ; PILOT de THOREY (E.) - Les prieurés…, p. 392-400. 53 - Archéologie chez vous n°5. Cantons de Rives et de Tullins, 1986, p. 45-46. Références : 1328 : CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, t. VII, n° 3571 ; 1497 : MARION (J.) - Cartulaires… p. 336. 54 - Archéologie chez vous n°8. Du pays d’Aoste à la Valdaine. 1990, p. 40. Références : 1120 : CHEVALIER (U.) - Cartulaire de

et fils et Jourdan, 1860, p. 38-60. 42 - Archéologie chez vous n°1. Antiquité et Moyen Âge en pays voironnais, 1982, p. 38-39. Références : COLARDELLE (M.). - Sépultures et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècle ap. J.-C. dans les campagnes des Alpes françaises du Nord (Drôme, Isère, Savoie, Haute-Savoie). Grenoble : Dardelet, 1983. p. 207 ; FAUCHON (G.) - Le Pays voironnais…, p. 50-51 ; PILOT de THOREY (E.) - Les prieurés…, p. 36-39. 43 - MERAS (M.) – « Aux origines de l’Ordre franciscain en France : la fondation du couvent des Cordeliers à Villefranche-en-Beaujolais ». Bulletin philologique et historique, 1982-1984, p. 149-158. 44 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois. n°7496. 45 - Cette attitude ne faisait que prolonger une funeste tradition locale de vandalisme. Il suffit seulement de rappeler que l’ancienne église des franciscains de Moirans, encore entière en 1957, a été froidement abattue cette année-là pour faire place à une école primaire. 46 - MONTJOYE (A. de) – Moirans (Isère) ; étude archéologique des vestiges, conservés en élévation, de l’ancien couvent des Cordeliers : rapport de synthèse, Conservation du Patrimoine de l’Isère, dactyl., mars 2000 ; Moirans (Isère) ; étude complémentaire des vestiges de l’ancien couvent des Cordeliers : rapport de synthèse, Conservation du Patrimoine de l’Isère, dactyl. septembre 2001. 47 - Cf. notre article - L’architecture de briques à Grenoble et dans sa région aux XIIIe et XIVe siècles. La Pierre et l’Écrit, n° 1, 1990, p. 49-85. 48 - Ces peintures ont été dégagées, consolidées et restaurées par les soins habiles et compétents de Mme Christine Guilloud, restauratrice professionnelle. 49 - Archéologie chez vous n°5. Cantons de Rives et de Tullins, 1986, p. 44. Références : PILOT de THOREY (E.) - Les prieurés…, p. 239-245.

Saint-André-le-Bas, n° 197 – 1275 : CALMETTE et CLOUZOT, Pouillés…, p. 281. 55 - Archéologie chez vous n°1. Antiquité et Moyen Âge en pays voironnais, 1982, p. 47. Références : AUSSIBAL (A.), TERREL (M.) - Abbayes sœurs de l’Ordre de Chalais. La Pierre-Qui-Vire : Zodiaque, 1980 ; CROSNIER-LECOMTE (M.-L.) – « Un atelier de tailleurs de pierre et de sculpteurs du Valentinois en Isère ; l’abbatiale Notre-Dame de Chalais », Revue drômoise, 1979, p. 344 et suiv. ; MOLLIN (J.) - « Dominant plateaux et plaines du Bas-Dauphiné, le monastère de Chalais », Évocations, 1969 ; PILOT (J.J.A.) - « Notice sur l’ancien couvent du Chalais », Bulletin de la Société de Statistiques de l’Isère, 1843, p. 175-187 ; PILOT de THOREY (E.) - Abbaye Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste de Chalais – Règle de Saint-Benoît, chef d’ordre. Grenoble, 1874. 56 - Archéologie chez vous n°1. Antiquité et Moyen Âge en pays voironnais, 1982, p. 39. Références : BARRUOL (G.) - Dauphiné roman, coll. « La nuit des temps, Zodiaque », La-Pierre-qui-Vire, 1992, p. 108 , BLANCHARD et BALLIN (A.-T.) - Quatre vues des environs de Voreppe, dessins et lithographie précédées d’une carte et d’un texte statistique et historique. Paris, 1824 ; JACQUART (E.) - Un coin du Dauphiné : Voiron, Moirans, Voreppe, Saint-Laurentdu-Pont, montagne du Ratz. Voiron, 1892 ; PILOT de THOREY (E.) - Les prieurés… ; p. 450-459 (1884). 57 - Archéologie chez vous n°5. Cantons de Rives et de Tullins, 1986, p. 42. Références : 1034 : CHEVALIER (U.), Regeste Dauphinois, t. 1er, n°1768 ; Famille Lattier : RIVOIRE DE LA BATIE - Armorial du Dauphiné, Lyon, 1867, p. 339. 58 - AD Savoie SA 22, pièce parchemin, transcription J.-P. Moyne. 59 - AD Isère B Inventaire Marcellier, Saint-Marcellin, tome 1 = 2 Mi 970, f° 133. 60 - VALBONNAIS (J.-P.) - Histoire de Dauphiné…, tome 2, Genève, 1722, Pièce justificative n° CLI, p. 421-424.

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50 - Archéologie chez vous n°8. Du pays d’Aoste à la Valdaine.

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314, après 1150-1159 et ch. 49, 1185, DIMIER (A.) - Cartulaire…, charte 181, 1164. CHEVALIER (U.) - Nécrol. de St -Robert, 18. 81 - VALBONNAIS (J.-P.) - Histoire de Dauphiné... Tome I, p. 191. 82 - AD Savoie SA 9600, comptes de châtellenie de Pont-de-Beauvoisin, 1299-1300 : Item libravit ad expensis trescentum et quatraginta clientes de Chandeu qui venatur ad mandamentum dicti baillivi pro offendendo in terra Aynardi de Claromonte ipsi baillivi ut per litteram ipsius de recepta et data die lune ante……domini anno a Nativitate M° tercentesimo quam reddit VII libras XX denarios viennensis. 83 - 1309 : AD Isère 3 E 1499/2 = 2 Mi 2830 non paginé - 1310 : AD Isère, 1 J 920, pièce 1. 84 - AD Isère B 4028 = 2 Mi 455 f° lxv (65). 85 - SALVAING DE BOISSIEU (D. de) - De l’usage des fiefs et autres droits seigneuriaux. 2 volumes, Grenoble, 1731, tome 1, p. 83-88. 86 - CHARVET (B.) – Essai de reconstitution d’époque et d’origine d’un étrier en fer trouvé à Rives. Bulletin de la Société d’anthropologie et de biologie de Lyon. 1886, p. 42-45. 87 - AD Isère B 3122 f° 75-76. 88 - AD Isère 8 B 375, f° 144-146, comptes de châtellenie de Voiron, transcription Jean-Pierre Moyne. 89 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble… p. 184 (pouillé de 1110), p. 339 (grand pouillé de 1497). 90 - AD Isère 4 G 264/2 = 2 Mi 277. 91 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble… charte 21, p. 32-33 : cet acte fait partie de la compilation des chartes commandées par l’évêque Hugues pour soutenir ses prétentions sur les paroisses du Sermorens contre l’archevêque de Vienne. Il s’agit d’une donation datée de 1023-1024, de deux terres (manses), situées dans le territoire de villae appartenant au pays (pagus) de Grenoble dans le comté de Sermorens. Aucune mention de Tolvon qui apparaît seulement dans le titre ajouté pour permettre de localiser plus précisément les lieux évoqués. 92 - 1332 : CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, tome V, n° 25683. 1496 : Arch. Nat. 259 AP 55 (533 Mi bobine 11) = AD Isère 1 Mi 582, Inventaire des titres des Clermont en 1743, f° 158162, n° 606. 93 - VALLIER (G.) – Réflexions sur les excès commis pendant les guerres de religion. Lecture à l’Académie delphinale lors de la séance du 5 mai 1865. Bulletin de l’Académie delphinale. t. 1, 3e série, Grenoble 1865, p. 15 note 1. 94 - Bib. mun. Grenoble X 3041, n° 24 et 25 (34 pages vidimées et imprimées en 1656 à la demande du Parlement de Grenoble : copie imprimé d’un terrier des Clermont établi entre 1450 et 1462). 95 - BELMONT (A.) - L’histoire des toits « dauphinois ». Quelques résultats de recherches. Le Monde alpin et rhodanien, 4e trimestre 1994, p. 7-24. 96 - DIMIER (A.) - Vita venerabilis Amadei Alta Ripa (+ c. 1150) auctore monachos quodam Bonaevallensis synchrono et oculato, in Studia Monastica, volume V, fascicule 2, p. 265-304. 97 - CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, tome I, n° 5830 et 5831. 98 - GAIGNIERES (R. de) - BnF , ms franç. 22243, tome II, f° 34 (copie). 99 - CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, tome III, n° 12336. 100 - BM Grenoble X 3041 n° 25.

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61 - AD Isère Inventaire Marcellier, Viennois vol. 3 = 2 Mi 962 f° 57 r°. 62 - SALVAING DE BOISSIEU (D. de) - De l’usage des fiefs et autres droits seigneuriaux. Grenoble, 1731, tome 1, p. 83-88. 63 - AD Isère B 2755 : révision des feux, f° 98 r : Primo magnifficus et potens dominus Clarimontis habet in dicto mandamento suis domum fortem dictam bastide in quo residet dominus Ludovicus eius filius. 64 - AD Isère 4 E 338/2, parcellaire : Le seigneur comte de Clermont (possède) un chateau inhabitable, terre et bois appellé le chateau de Recoing. 65 - VELLEIN (G.) – « Notice sur Saint Theudère et la fondation de son abbaye suivie de documents inédits », Bulletin de l’Académie delphinale, 5e série, XX, 1929, p. 55-85. 66 - CHEVALIER (U.) - Cartulaire du chapitre de Saint-Maurice de Vienne, Valence, 1891, n° 254 p. 51-52, Aud. folio 88 v°, 2e col.; HAURÉAU Barthélémy, Gallia Christiana, tome XVI, Instrumenta, n° XLVII, Didot, Paris, 1865, p. 38. 67 - GIRAUD (P.-E.) - Essai historique sur l’abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans accompagné de pièces justificatives, 1ère partie, Preuves, Lyon, 1856. N° 15 p. 41 (troisième quart du XIe siècle). GUIGUE (M.-C.) - Petit cartulaire de l’abbaye de Saint-Sulpice en Bugey suivi de documents inédits pour servir à l’histoire du diocèse de Belley, Mougin-Rusand, éditeur, Lyon, 1884, Charte III p. 5-6 (vers 1130). 68 - CHAPELLE (abbé A.) - Notice historique…, tome III, 18881889, p. 43 et note 8. 69 - D’après l’abbé Chapelle : cahier de 17 feuillets conservé en 1888 chez M. Alphonse Garon, habitant de Merlas. 70 - Vers 1200 : CHEVALIER (U.) – Cartulaire de l’abbaye Saint-André le Bas... Appendice II a, Charte 128* p. 35*-36* ; 1313 : AD Isère B 4028 = 2 Mi 455 f° lxv (65). 71 - Humbert, seigneur de Montferrat en 1332 : CHEVALIER (U.) Regeste dauphinois. N° 25683. 1338 : CHEVALIER (U.) - Inventaire des Archives des dauphins … en 1346, n° 143 p. 31. 72 - 1388 : AD Isère B 2974, f° 239-240. 1433 : SALVAING DE BOISSIEU (D. de) - et autres droits seigneuriaux. 2 volumes, Grenoble, 1731, tome 1, p. 83-88 : in donjono et summitate magnae turris dicti castri a parte occidentali situatae. 73 - AD Isère Inventaire dit Marcellier, Viennois vol. 3 = 2 Mi 962 f°291. 74 - CALMETTE, CLOUZOT - Les pouillés... p. 281. 75 - BM Grenoble : ms R 5833, copie du 29 janvier 1648 : Conventions entre noble Jean de Gumin, prieur de La Murette, et les habitants de Réaumont au sujet des dîmes. 76 - FAUCHON (G.) - Le pays voironnais... p. 158 77 - Toutes les références les plus récentes proviennent de FRANCK (Y.) - Notes manuscrites : conservées au Service du patrimoine culturel. 78 - Vers 1200 : CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Saint-André le Bas... Appendice II a, Charte 128* p. 35*-36*. 79 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble… cartulaire A, charte I. 80 - Bellesina : DIMIER (A.) - Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux… charte 6, 1117-1141, Guitfredus : CHEVALIER (U.) - Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de Bonnevaux… charte


PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / LE MOYEN ÂGE / NOTES

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de l’abbaye de Saint-André le Bas de Vienne, Lyon, 1869. Appendice p. 277, charte 66* (d’après Valbonnais, Ve registre ms, n° 14). 129 - Testament 1281 : CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois n°12325 (testament de Guigues seigneur de Tullins). Foires 1293 : CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome III, n° 14224. Franchises 1286 : AD 38 B 3961, confirmation de 1347. Notaire 1303 : CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome III, n° 16257. 130 - Franchises 1304 : VAILLANT (P.) - Les libertés… p. 173-174. Maison 1302 : CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome VII, n° 2355 : vente par Guillemette Cahortin et Jean Cornet, son époux, à Hugues de Quaix (Ques), chapelain, d’une maison et jardin contigu, situé à Tullins auprès du cimetière de St-Laurent. 131 - Octobre 1334-octobre 1335 - AD Isère 8 B 590, f° 2-9, comptes de châtellenie de Tullins rendus par Mathieu de Saint-Bonnet au nom de Guichard de Clérieu, seigneur de Tullins, (sur papier à la hache), transcription J.-P. Moyne : f° 6 v° : Item computat pro firma furni burgo veteris XXX s. gross. Item computat pro firma furni burgo ville nove XXI s. gross. 132 - Martinet : AD 38 B 4456 f° 6 v° (minutes d’Humbert Trolliet notaire) – Battoir : AD Isère 8 B 450, f° 202 v° (comptes de châtellenie) – 1456 : AD Isère 8 B 454, f° 61 v° (comptes de châtellenie). Transcriptions J.-P. Moyne. 133 - Pour toutes les références sur Voiron, se reporter à la thèse de J.-P. Moyne, Les bourgs fortifiés savoyards du Viennois (XIIIe-XVe siècles). Presses Universitaires du Septentrion, 1996. 134 - 1314 : CHEVALIER (U.) - Inventaire des Archives des Dauphins…, n° 545, p. 103-104 ; Franchises : VAILLANT (P.) - Les libertés des communautés dauphinoises…, p. 185 ; Rafour 1315 : AD Isère 3 B 6, f° 85 v°. 135 - Cadastre Dupuy (1751-1759), AM Voreppe, déposé aux AD Isère : 4 E 543/G27 (minute) ; 4 E 543 / G 28 (atlas) ; 4 E 543 / G 30 (parcellaire). En ligne sur www.histoire-voreppe.com (numérisation Arch. dép. Savoie). Cadastre 1820 : AD Isère 4 P 4/233. LANNAUD (B.) – « Les remparts du bourg de Voreppe », Corepha raconte, janvier 2012 et « Voreppe, 1314 : création d’une ville-frontière en Dauphiné. », Corepha raconte N°18, spécial 700 ans, octobre 2014. 136 - AD Isère B 3130, 2 Mi 1246, f° 81 r° : visite de Pierre Galeys, vimaître des œuvres, le 2 juin 1495 ; AD Isère, Inventaire Marcellier, Grésivaudan t. 9, 2 Mi 259 f° 507 r°. 137 - 1318 : MANTEYER (G. de) - Les finances delphinales - Documents (1268-1370). Gap, 1944, p. 159. Règlement définitif en 1316 ; 1320 : AD Savoie SA 10522, comptes de châtellenie de Yenne et Chanaz (transcription J.-P. Moyne) : Libravit in stipendiis suis et sex sociorum cum ipsum equitum cum armis habentum quibus magnum equm quod finiter apud Voyrone et apud Vorapium qui fuit combustum ; 1321-1322 : AD Isère 8 B 353, f° 50 v°-51 r°; CHEVALIER (U.) – Regeste Dauphinois, T. V, n° 26966 : Comptes de Lantelme des Granges, chevalier, châtelain de Voreppe, où une maison renfermait les machines et mantelets (manteli) du dauphin.

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101 - Arch. comm. Saint-Geoire-en-Valdaine, carton S.7 102 - On trouvera toutes les références aux sources d’archives dans l’article COLARDELLE (M.), MOYNE (J.-P.), VERDEL (E.) – « La prise du château de la Perrière, épisode de la guerre delphino-savoyarde (1333) », Château-Gaillard n° XIX, Actes du colloque international de Graz (Autriche), 22-29 août 1998, Caen, 2000, p. 27-32. 103 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome IV, n° 22589 (1325) ; AD 73, SA 9611 (1329) 104 - Regeste Dauphinois n° 29272 ; BnF ms. fr. 22243. 105 - AD Isère B 2617, f° 227-241 (1340 et 1349). 106 - AD Savoie SA 9619. 107 - AD Savoie SA 5716-5718 (inv. 32, nos 40-42), 9 comptes : 1338-1343 et 1346-1355. 108 - AD Isère B Inventaire 6711 dit Marcellier, f° 428 v°-429 r°. 109 - AVIPAR : association de valorisation et d’illustration du patrimoine régional, 19 rue Prosper Mérimée 38100 Grenoble, 04 76 87 90 67, avipar@orange.fr. 110 - ROMAN D’AMAT (J.-C.) - Les chartes de l’ordre de Chalais (1100-1400), dans Archives de la France monastique. 1923. Tome II, charte CXIX, p. 46-47 (jeudi 12 juin 1231) : Actum est hoc in castro Vorapii, in camera in qua est fornellus in quo quatuor foc/ ci possunt insimul fieri. 111 - CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, tome IV, n° 19464 : Fait au château Vorappii, en la chambre près la salle (aula). 112 - CHEVALIER (U.) – Regeste dauphinois, tome V, n° 26746 (chiens) et 26966 (machines). 113 - 20 octobre 1537 - AD Isère B 3064, 6e registre des aliénations, f° 707-741 r° : vente de la seigneurie de Voreppe à noble Joseph Pérolier. Transcription Jean-Pierre Moyne. 114 - CHEVALIER (U.) - Inventaire des Archives des Dauphins de Viennois à Saint-André de Grenoble en 1346, n° 459 p. 91. 115 - 18 juin 1357 - AD Isère B 3465, rouleau parchemin : remise du château de Rives à Aymar de Clermont avec visite et description. Transcription Jean-Pierre Moyne. 116 - AD Isère B 3127 f° 264-265, visite de Pierre Galeys. 117 - Notice dactylographié M. R. Clément, f°16-17. 118 - AD Isère B 4157 (vidimus du 10 mai 1339). 119 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois n° 11574. 120 - AD Côte-d’Or, B 713, recueil de Peincedé, tome 21, f° 105. 121 - AD Isère B 4162, pièce parchemin, transcription Jean-Pierre Moyne. 122 - BM Grenoble R 355, tome IX. 123 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois n°29650. 124 - CLEMENT (R.) – Châteaubourg. Notice dactylographiée, sd, vers 1980 f° 6. 125 - CHEVALIER (U.) - Notes analytiques sur le cartulaire d’Aymon de Chissé aux archives de l’Evêché de Grenoble, Colmar, 1869, p. 80. 126 - CLEMENT (R.) – Châteaubourg. Notice dactylographiée, sd, vers 1980 f° 8. 127 - MARION (J.) - Cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble… p. 335. 128 - 975/76 : MARION, Cart. de Grenoble…, p. 26 ch. XVI « ipse campus est in comitatu Gratianopolitano in agro Taulianense, in villa similiter». 1091 : CHEVALIER Ulysse (chanoine), Cartulaire

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Porte à décor gothique flamboyant de la tour d’escalier, maison 12 place Saint-Nizier (Voreppe).


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Extrait de vue aérienne (Voreppe), vers 1950. Le bourg ancien en haut, le petit séminaire du Sacré Cœur au sud. Coll. particulière.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE & CONTEMPORAINE / LE MONDE URBAIN

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Le monde urbain LE DÉVELOPPEMENT URBAIN DE VOREPPE DEPUIS 1950 Brice Lannaud

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ntre 1945 et aujourd’hui, la population de Voreppe est multipliée par près de quatre. La mutation urbaine qui en résulte connaît plusieurs changements d’orientations au cours de la période, au gré notamment de la vision qu’ont les aménageurs du rôle que doit désormais jouer le bourg fondé au Moyen Âge.

Maison du lotissement Plein Soleil (Voreppe), vers 1953. Coll. particulière. Composée d’un seul volume longitudinal en rez-de-chaussée, elle est construite en panneaux de béton préfabriqué posés sur un soubassement du même matériau, et couverte d’une toiture à deux pans en tuile. Au centre de la façade sud, une « loggia » percée d’une porte-fenêtre anime la modeste habitation et permet un accès direct au jardin par un emmarchement en moellons de pierre. L’esthétique dépouillée de cette architecture est le résultat de la standardisation de la méthode constructive, mise en œuvre de manière massive après la Seconde Guerre mondiale. Cette maison préfigure la « maison des jours meilleurs » que l’Abbé Pierre commande à l’architecte Jean Prouvé en 1956. MENT

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Maison du lotissement Plein Soleil, (Voreppe), 2017.

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DE L’APRÈS-GUERRE À 1960, UNE DÉCENNIE DE CONSTRUCTION DE LOGEMENTS EN PÉRIPHÉRIE DU BOURG ANCIEN Sous l’effet du baby-boom et du dynamisme du pôle économique grenoblois, la population augmente considérablement dans l’immédiat après-guerre, passant de 2 600 habitants en 1946 à 3 900 en 1962. Face à l’urgence des besoins, la municipalité organise la construction de logements sociaux autour du bourg ancien, avec une dimension novatrice puisque Voreppe est la première commune du département à les faire réaliser sous la forme de pavillons. Sont alors construits en 1953 le lotissement de Plein Soleil, composé de 33 maisons, un immeuble H.L.M. de 8 appartements et en 1959 le lotissement des Bannettes comprenant 40 pavillons et 84 appartements1. PleinSoleil est inauguré en présence de l’abbé Pierre, qui avait été un des responsables locaux de la Résistance aux côtés d’André Demirleau, alors premier adjoint de Voreppe, puis maire de 1959 à 1976.


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Vue aérienne de Voreppe depuis l’ouest, le bourg ancien en haut, emplacement du lotissement des Banettes au centre à droite. Photographie sans date. Coll. particulière. Si Plein Soleil (visible au fond) vient remplir une « dent creuse » de l’urbanisation, les Banettes s’installent dans une zone vide mais en position symétrique par rapport à la Roize et en utilisant l’espace délimité par la déviation routière (en bas).

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zone d’activité entre Voreppe et Moirans et d’une zone d’habitat à proximité (quartier de Tivolière vers la Buisse), ainsi que l’aménagement d’une autre zone dédiée à la recherche dans la plaine (entre Brandegaudière et Beauplan). Ce projet ne se réalise que pour partie ; ainsi après la crue de 1948, les barrages et les dragages permettent de maîtriser la rivière et rendent possible l’implantation d’activités économiques sur les anciennes îles. Et l’on imagine à la limite des deux communes partenaires la zone d’activité de Centr’Alp, sur une surface de 300 ha, qui va attirer des firmes déjà présentes non loin. La zone bénéficie en effet aussi du desserrement industriel grenoblois et accueille notamment le centre de recherche de Péchiney, la papeterie Guérimand, le constructeur de transports par câble Pomagalski (Poma), l’électronique de Merlin-Gerin (Schneider). D’importants programmes de construction de logements sont mis en œuvre en 1965-66 (Volouise, Bourg-Vieux). De petits lotissements complètent par la suite ces grands ensembles pour former une zone urbaine continue des bords de Roize jusqu’au Chevalon. Plusieurs équipements publics tels qu’écoles, stade, gendarmerie ou parc, viennent structurer en quartier cet habitat.

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1960-1980 : UN PROJET DE DÉVELOPPEMENT URBAIN ET DE DÉPLACEMENT DU CENTRE-VILLE Sur ces deux décennies, la municipalité organise une urbanisation continue entre les deux centres anciens que sont le bourg et le Chevalon, et prévoit en conséquence un déplacement du centre-ville entre eux. Au début des années 1960, la ville met en place un schéma directeur d’urbanisme commun avec Moirans. Il vise à prévenir la transformation de Voreppe en banlieue-dortoir de Grenoble2. En effet, le nombre d’emplois diminue suite à la fermeture des usines de tissage et à la réduction du nombre d’employés de la cimenterie. De plus, près de la moitié des Voreppins salariés travaillent hors de la commune. Pour enrayer le phénomène, les deux communes ont l’ambition d’organiser un développement urbain et industriel qui permettrait d’accueillir 21 800 habitants à Voreppe en 1990 (elle en compte 9 600 en 2013). Elles font aussi dès 1962 le choix de l’intercommunalité. Une planification fonctionnaliste est établie, qui prévoit d’affecter à chaque espace une fonction spécifique de l’activité économique ou sociale. À cet effet, sont envisagés l’édification de logements entre bourg et Chevalon, le déplacement du centreville dans le quartier de l’Hoirie, la construction d’une

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Lotissement des Banettes. Photo sans date. Coll. particulière. Il est composé d’un ensemble de maisons individuelles non uniformes (modèle Plein Soleil, de type « californienne » avec toiture à un pan et pavillons plus classiques) et d’un immeuble collectif, desservis par un seul chemin.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE & CONTEMPORAINE / LE MONDE URBAIN

Maquette du centre de recherche Péchiney dans la zone d’activité Centr’Alp. Photo début des années 1960 (?). Coll. particulière. Elle présente un ensemble d’immeubles à quatre niveaux et des ateliers à sheds.

D’autres établissements publics (collège, gymnase) sont installés entre Plein Soleil et l’Hoirie près du lieu pressenti pour le déplacement du centre. Il est même un temps envisagé de détruire l’église paroissiale de 1863 pour la remplacer par un édifice fonctionnel en béton plus près du futur centre3. À partir du milieu des années 1970, la crise et la fin du baby-boom ne permettent plus d’escompter une évolution démographique et économique conforme au plan initial. Les projets de zone de laboratoires entre Le Fontanil et Voreppe et de zones résidentielles dans le secteur de Tivolière sont ainsi abandonnés. Par ailleurs, le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de l’agglomération grenobloise adopté par l’État en 1973 contraint au respect d’une « coupure verte » entre Le Fontanil et Le Chevalon afin d’éviter une urbanisation continue entre Voreppe et Grenoble alors que la construction de l’autoroute en 1975 rapproche les deux villes.

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2000-2016  ; L’ÉLARGISSEMENT DU CENTRE RÉUNIT LES DEUX LOGIQUES DE DÉVELOPPEMENT ANTÉRIEURES Le renforcement du centre passe depuis lors par un élargissement de son périmètre qui englobe désormais la zone ciblée dans les années 1960 comme emplacement de son déplacement prévu5. Y sont réalisés des équipements tels que l’espace Voreppe Enfance, la nouvelle mairie (à la place de l’ancienne usine de tissage), la salle des fêtes l’Arrosoir et des logements. Le projet de ZAC à l’Hoirie, initié en 2011 combinant centre commercial et logements, doit parachever cette évolution. Parallèlement, le Chevalon connaît une certaine revitalisation. La situation économique conduit en effet la cimenterie à fermer en 1987 tandis que le centre éducatif et professionnel Beauregard cesse ses activités au début des années 1990. Sur son emprise (importante) sont accueillis des logements, les services techniques municipaux et la gendarmerie.

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1980-1995 : CONFORTER LE CENTRE ANCIEN Dans un contexte désormais moins favorable à l’expansion, il importe d’offrir à la population un centreville porteur de services4. Un contrat de petite ville est conclu à cette fin avec le Conseil régional en 1984. Une réhabilitation du bourg est entreprise via des aménagements d’équipements (école de musique, villa des Arts, salle de cinéma Arts et plaisirs) ainsi que

par des constructions (poste). L’accès est facilité par la création de parkings périphériques, l’agrément par la piétonnisation de la Grande Rue, le ravalement des façades et la réhabilitation de l’habitat. L’implantation de nouveaux logements, la restauration de l’église romane et la création de la médiathèque Stravinsky complètent l’opération.

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE & CONTEMPORAINE / LE MONDE URBAIN NOTES 1 - CHARVET (B.) – Essai de reconstitution d’époque et d’origine d’un étrier en fer trouvé à Rives. Bulletin de la Société d’anthropologie et de biologie de Lyon. 1886, p. 42-45. 2 - Voreppe, 6 Années d’Administration Municipale, 1959 (A.M. Voreppe). 3 - Rapport Plan d’aménagement des communes de VoreppeMoirans, 1960 (A.M. Voreppe) ; COGNET J., Agence d’urbanisme de l’agglomération grenoblois, rapports relatifs à Voreppe, 1961, 1966, 1967, 1969 (A.M. Voreppe) ; Plan directeur d’urbanisme de Voreppe, 1962 (A.M. Voreppe). 4 - Le canton de Voiron, 1973 (A.M. Voreppe). 5 - DUFOUR C. et ARANGO-SIERRA A., Etude préalable à la révision du POS de Voreppe, 1986 (A.M. Voreppe) FEUGIER G., Un espace au développement … 6 - PLAN LOCAL D’URBANISME DE VOREPPE, Rapport de présentation, Diagnostic stratégique, 2013

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Vue de Voreppe depuis le belvédère de Chalais. Urbanisation contemporaine entre Le Chevalon et le bourg ancien.


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Chalet Feydelière (Montferrat). Photo D. Lachas. NUMÉ

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PATRIMOINE EN ISÈRE / PAYS VOIRONNAIS / PÉRIODE MODERNE & CONTEMPORAINE / LES GRANDES DEMEURES

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Les grandes demeures MAISON NOBLE DU PANSU À LA BUISSE

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Maison noble du Pansu (La Buisse), façade à tour d’escalier.

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a maison forte du Pansu se trouve édifiée au pied de la Côte de Voiron, le long du chemin de La Buisse à Saint-Jean. Il faut imaginer que l’actuelle route départementale D 1075, principal accès au bourg de Voiron depuis Grenoble de nos jours, n’existait pas en 1821, lorsqu’on réalisa le premier plan cadastral. Elle est donc desservie par l’une des deux voies anciennes menant à Voiron depuis la plaine de l’Isère. Le bâtiment est aujourd’hui couvert par un enduit épais qui ne permet aucune lecture archéologique des élévations. Cependant l’organisation générale et en particulier celle des toitures, la présence de belles fenêtres à croisées sur certains murs et non sur d’autres, suggèrent que l’édifice originel se composait d’un corps de logis rectangulaire, partagé par un mur de refend auquel s’accrochait la tour hors-œuvre de l’escalier. La tour de plan octogonal, encore conservée, porte une toiture à pans coupés que termine un épi de faîtage qui émerge au-dessus des autres couvertures de la bâtisse, marquant la position noble de la famille. Cette disposition assez classique pour le XVIe siècle permet de séparer deux espaces intérieurs desservis par le même escalier, l’un vaste abritant cuisine et salle de réception, l’autre plus modeste pour les chambres. Le bâtiment est élevé sur quatre niveaux : rez-dechaussée sans doute de service, deux étages nobles, combles ouverts avec régularité de petites fenêtres carrées. Les grandes ouvertures des étages réservés à l’habitation sont systématiquement des doubles croisées (deux fenêtres séparées par un trumeau), soit à meneau et traverses plats, soit avec des encadrements ornés de moulures (étage 2, face est). La molasse est

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Annick Clavier


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employée pour toutes les pierres de taille : chaînes d’angle et encadrements d’ouvertures. Comme il est d’usage, la tour d’escalier bénéficie d’un décor un peu plus raffiné - encore que sobre ici - avec des fenêtres à meneau simple placées sur un angle entre deux pans et pour l’une d’elles, quelques moulures avec congés ornés de bases prismatiques. L’ensemble pourrait remonter à la fin du Moyen Âge ou au début du XVIe siècle, avec de nouveaux percements au XVIIe siècle. A l’arrière de la maison noble elle-même, le cadastre ancien montre que deux bâtiments ruraux assez massifs venaient prendre place. Ils ne sont que très partiellement conservés. Les montants du portail installé sur la rue au XIXe siècle sont encore debout : ces deux piles en pierre de taille à bossages plats devaient être surmontées d’éléments décoratifs comme des vases et

reliées par une grille en fer forgé, disparue. Une maison forte appelée «Sous la Côte» est mentionnée pour la première fois en 1360, dans le testament d’Aynard Burdin. Ce toponyme est celui de la pente qui domine le site, qu’on appelle Côte de La Buisse. Le rapprochement effectué entre cette mention et le bâtiment présent au Pansu est confirmé par le fait que l’édifice est possession de la famille de Galles jusqu’au troisième quart du XVIIe siècle. Or cette famille a hérité des biens des Burdin en 1366, notamment de la mistralie de Voiron. De ce premier édifice il ne reste aucune trace observable. Après l’extinction de la famille de Galles, la propriété passe un temps dans les biens des descendants du connétable de Lesdiguières.

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Maison noble du Pansu (La Buisse). Noter les fenêtres à croisillons plats.

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LA GARANGÈRE À CHIRENS Annick Clavier

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nstallée au nord de l’agréable replat des Rivoires, entre le château de Clermont et le bourg de Chirens, la maison noble de La Garangère se présente comme un édifice quadrangulaire assez massif, élevé sur trois niveaux (rez-dechaussée, étage, combles). La maçonnerie de construction, observable en l’absence d’enduits de surface, emploie principalement du galet et des blocs non taillés, d’extraction locale, de la molasse jaune ou plus rarement du calcaire blanc pour les encadrements d’ouverture et du tuf (partie haute des chaînes d’angle, allèges, conduit de cheminée). Une toiture à deux pans, peut-être pas d’origine, couvre le bâtiment et un appentis récent s’appuie contre son mur pignon nord. Les observations qu’on peut faire, en particulier sur les angles de l’édifice et la présence (ou l’absence) de pierres de taille pour renforcer les chaînages, permettent de proposer pour hypothèse que le bâtiment fut au départ enfermé dans un mur d’enceinte ou de clôture, accessible depuis une grande porte charretière dont un montant est encore visible sur l’angle sud-est de la bâtisse. L’observation du cadastre de 1819 – orientation des bâtiments et des limites parcellaires - suggère que le chemin passait antérieurement plutôt au sud du bâtiment, permettant donc un accès aisé à cette porte. La maison noble de La Garangère composait à l’origine un édifice plus imposant que de nos jours : dans l’angle nord-ouest actuel s’élevait une tour d’escalier en vis dont les arrachements et les deux portes

superposées sont encore perceptibles. L’existence de cet aménagement suggère de restituer, à peu près à l’emplacement de l’actuel appentis, un prolongement du bâtiment du côté nord. Le mur pignon nord que nous voyons aujourd’hui devait constituer un simple mur de refend. La route actuelle, qui longe de très près le bâtiment, pourrait dans ce cas avoir été au départ l’embranchement menant à l’accès principal par la tour d’escalier. Cet édifice doit principalement sa qualité à la présence de plusieurs ouvertures anciennes, fenêtres à croisées dont les encadrements soignés sont traités à la manière de pilastres et qui portent un linteau imitant un entablement. La petite fenêtre du mur pignon sud, traitée avec un soin identique et pourvue d’une grille, pourrait avoir éclairé la salle des archives ou du trésor. La porte d’entrée actuelle, au centre du mur est, avec son bel encadrement de calcaire blanc dont l’arête est abattue d’un large chanfrein et le linteau sculpté en accolade, a probablement été installée après disparition de la tour d’escalier. Sa position vient en effet contrarier une fenêtre à encadrement de molasse dont seule subsistent linteau et un montant. On ne connaît pas de mentions historiques pour cet édifice, qui pouvait porter un autre nom aux périodes anciennes. D’après E. Guilini, il existe un chronogramme inscrit sur l’un des murs intérieurs : 1573. Cette datation pourrait être celle de la construction de la maison, si l’on considère que les ouvertures sont cohérentes avec la maçonnerie, ce qui reste à vérifier.

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La Garangère (Chirens).


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LE VIVIER À SAINT-ÉTIENNE-DE-CROSSEY Annick Clavier

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écu à une bande chargée de trois rencontres (têtes) de chats. C’est également cette tour qui abrite un rare décor renaissant. Il se développe sur tout le mur d’enveloppe de l’escalier et paraît très bien conservé ; seules les salissures en rendent la perception difficile. Sur un fond blanc uniforme on distingue, là un décor d’architecture feinte (colonnade rouge vif évoquant un temple ou un pavillon), ici des rinceaux rouges et jaunes encadrant symétriquement un dais vert et supportant des cygnes ou des hérons. Rubans, palmes et feuillages, oiseaux et papillons emploient les mêmes coloris : vert, jaune, rouge et gris. Ce décor d’une réelle qualité, aux dessins d’une grande finesse de trait, d’inspiration Renaissance, date probablement du XVIe siècle. La famille qui a fait bâtir cette maison n’est pas connue avec certitude à ce jour et le blason de la porte demeure non identifié. Il pourrait s’agir d’une branche cadette de la famille du Mas de Charconne, autre maison forte située sur la même commune. En effet, Guy Allard propose comme armoiries pour Guillaume du Mas, professeur de droit civil à l’université de Grenoble, chancelier du Dauphin sous Humbert II, premier président du conseil delphinal en 1342 : « de gueules à trois têtes de lions arrachées d’or ». Mais le lien entre ce personnage et notre site n’est pas assuré. En revanche, on connaît le goût des hommes du Moyen Âge pour les jeux de mots et les armoiries parlantes (c’est-à-dire illustrant le nom de la lignée), qui expliqueraient la présence de chats pour les Cha(ts)rconne… Georges Fauchon a proposé une relation avec la famille de Phélizat de Chirens en raison de la présence des têtes de chats. Cependant le blason des Phélizat, que l’on connaît par une inscription sculptée de l’extrême fin du Moyen Âge placée dans le prieuré de Chirens, n’est pas celui-ci : les deux chats sont passants. Fauchon fait aussi allusion au mariage entre Jean du Mas de Charconne et Miane de Phélizat en 1538…

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a maison noble du Vivier est isolée de tout habitat, à 1800 mètres à l’ouest du village de SaintÉtienne. Les bâtiments sont élevés au flanc d’un coteau en pente douce orienté au nord-est, dont la crête portait le château de Tolvon. Le site ne présente aucun aspect défensif ; il s’agit d’une plate-forme terrassée dans la pente, si bien que le mur ouest du bâtiment fait fonction de mur de soutènement des terrains en amont, lesquels arrivent au niveau du premier étage. L’édifice paraît donc comme partiellement excavé dans le coteau. Le toponyme « Le Vivier » rappelle la présence d’un étang, sans doute aménagé artificiellement, encore visible sur le cadastre de 1819. Le bâtiment conservé s’insérait dans une vaste cour. Les traces d’arrachement du mur sont visibles au niveau de l’un des chaînages d’angle ; cette cour devait se refermer dans l’angle nord-est, entièrement reconstruit après un effondrement en 1968. C’est peut-être après ces travaux que les parties hautes ont été arasées et l’ensemble couvert par des toitures à un seul pan, qui ne mettent pas en valeur les différents volumes. L’édifice conserve toutefois des parties du XVe siècle. Il présente un plan en L assez courant, avec un escalier hors œuvre, logé dans une élégante tourelle polygonale placée à la jonction interne des deux ailes. Ce dispositif permet en général de desservir deux ou trois pièces par niveau. Le bâtiment s’élevait sur trois niveaux au moins et plus probablement quatre : le dernier étage (de combles) a disparu. Il est bâti en moellons et blocs de matériaux divers, non équarris, mêlés de galets, le tout disposé en assises peu régulières ; l’ensemble se trouvait couvert et unifié par un enduit aujourd’hui disparu. Les chaînages d’angle emploient un beau calcaire local blanc en partie basse et des blocs de tuf taillé et assemblé avec soin pour les parties hautes. Sur la face nord, une fenêtre rectangulaire haute et étroite, présente un encadrement en molasse constitué de blocs à l’arête abattue, assemblés à joints fins : elle pourrait remonter à une plus haute époque (XIVe siècle ? Remploi ?). La tour d’escalier que devait couvrir une toiture élevée, en poivrière ou à huit pans, concentre les éléments décoratifs. Le calcaire y est utilisé pour les chaînages du haut en bas et pour les encadrements : fenêtres à traverse avec encadrement chanfreiné et congés en pyramidion soignés, porte à linteau sculpté en accolade. Au centre de ce linteau prend place le blason aux armes de la famille commanditaire, un

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Décor renaissant. Tour d’escalier du Vivier (Saint-Étienne-de-Crossey).

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Maison noble du Vivier (Saint-Etienne-de-Crossey). Vue extérieure de la tour


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HAUTERIVES À SAINT-GEOIRE-EN-VALDAINE Annick Clavier

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Hauterives (Saint-Geoire-en-Valdaine). Vue d’ensemble de l’édifice, dont toutes les ouvertures remontent à la recomposition générale du XVIIe siècle.

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abrité sous une toiture unique ; sans doute rabaisset-on dès lors la hauteur de la première tour. Les murs sont toujours construits en galets, plus gros que dans la phase précédente, mêlés de moellons, le tout posé en assises régulières mais rarement en épi. Enfin dans un troisième temps (XVIIe siècle), on bâtit le massif formant pavillon d’angle, dont l’appareil emploie une grande quantité de blocs de tuf mais aussi des galets et des moellons. Peut-être le projet (qui ne fut pas réalisé), prévoyait-il la construction d’un second pavillon symétrique, afin de donner à l’ensemble un plan régulier sur le modèle classique d’un corps de logis central flanqué de deux ailes.

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la base de la construction se trouve une tour de plan barlong, élevée sur au moins deux niveaux au-dessus du rez-de-chaussée. Cette tour est placée dans l’angle sud-ouest d’une cour quadrangulaire contemporaine, de moindre hauteur. L’appareil des murs de cette phase de construction est caractérisé par l’emploi de galets, de module plutôt petit et souvent disposés en épi, liés par un mortier à gros granulat, bien identifié pour le Moyen Âge. Dans la cour devait prendre place un ou plusieurs bâtiments de service, ce dont témoigne un bel évier placé dans une niche murale, encadré par deux tablettes ; un tel dispositif rappelle des exemples comparables dans des tours bien datées du XIVe siècle comme à La Bayette (Le Touvet). Dans un second temps qu’il est difficile de dater (XVe, XVIe siècle ?), on surélève l’ensemble du mur de la cour pour aménager un logis massif rectangulaire,

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Première phase, XIVe siècle XIVe siècle, surélévation au XVe siècle Troisième phase : XVIIe siècle Projet XVIIe siècle ? Maison forte d’Hauterives (Saint-Geoire-en-Valdaine), XIVe-XVIIe siècle. DAO Arkhaia (croquis interprétatif A. Clavier d’après un plan du propriétaire).

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Maison noble d’Hauterives (Saint-Geoire-en-Valdaine).


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SAINT-JEAN-DE-CHÉPY À TULLINS Annick Clavier

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NOTES 1 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois n° 3068. 2 - CHEVALIER (U.) - Notes analytiques sur le cartulaire d’Aymon de Chissé… p. 80-81, pièce XIX. 3 - CHEVALIER (U.) - Regeste dauphinois, tome VII, n° 3912 (1334) et n° 4227 (1340). 4 - AD Isère Inventaire dit Marcellier, Saint-Marcellin vol. 4, 2 Mi 973 f°457 r° (1388) et f° 461 r° (vers 1405).

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gneux rendrait peut-être lisibles. Ici un laboureur et ses bœufs, là un jardin avec ses parterres à la française, ailleurs des tracés géométriques ou de simples filets soulignant solives et poutres… Tous ne sont peut-être pas contemporains. On s’étonne également de la présence en intérieur, d’un encadrement de porte à bossages, taillé dans un calcaire très fin. Le château de Saint-Jean-de-Chépy remonte donc, dans son aspect actuel, à une recomposition du XVIIe siècle. Rien n’autorise à conclure qu’il s’agit de l’emplacement exact de la « maison » que Guillaume de Lans hommage à l’évêque de Grenoble en 1270… Mais peut-être que sous les enduits très couvrants se cachent des maçonneries plus anciennes qu’une étude archéologique des élévations saurait faire parler… Une église paroissiale est citée à Chépy dès 11101 ; qui dit paroisse dit paroissiens et l’on doit donc supposer qu’un village ou des habitats dispersés mais en nombre suffisant pour en justifier la création existaient dans cette zone. C’est le contexte qu’il convient de prendre en compte pour expliquer l’existence de cet édifice cité dès 12702 : Guillaume de Lans, damoiseau, fait l’hommage de « sa maison de Chépy » à l’évêque de Grenoble tout en réservant les droits des deux seigneurs de Tullins et de Sassenage. En 1334, Lantelme de Lans assigne une rente au prieur de Tullins, suivant la demande de son père Guillaume (probablement défunt)3, tandis que noble Guichard de Lans promet quelques legs à l’église de la ville par son testament de 1340. Cette famille disparaît par la suite et le « domaine de Cheypie » se retrouve en 1388 aux mains de la famille Robert. Une reconnaissance pour la portion de cette seigneurie est passée vers 14054. Ces mentions très modestes n’autorisent pas véritablement à conclure sur l’existence de cette maison forte… L’édifice actuel est dû à Maurice Bressieu, mathématicien et religieux, qui revint s’installer dans son pays natal au début du XVIIe siècle.

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190 mètres d’altitude, la maison forte de Saint-Jean-de-Chépy s’élève dans la plaine alluviale, dans une zone parfaitement plate et marécageuse parcourue de nombreux canaux et parsemée de mares et d’étangs, souvenirs parfois d’anciens bras de l’Isère, comme l’étang de Mai. Il paraît vraisemblable que le site se trouvait défendu par ces étendues de terrain peu praticables et sans doute entouré de douves en eau, mais celles-ci n’ont laissé aucune trace. Longé par une dérivation de la Fure, le bâtiment présente un plan massé, rectangle presque carré, cantonné sur deux angles opposés par des tours de plan circulaires, tandis que les deux autres angles supportent des tourelles en encorbellement reposant sur un cul-de-lampe à ressauts. Le corps central s’élève sur trois niveaux (rez-de-chaussée, étage et combles) que protège une toiture à deux pans assez plate, tandis que les tours sont mises en valeur par des toitures en poivrière, à tuiles vernissées pour les tourelles. La tour nord paraît avoir abrité un ou deux pigeonniers que signalent des vestiges de dalles d’envol, tandis que celle du côté sud, avec ses sept petites fenêtres au dernier niveau, fut sans doute équipée d’un système de défense en bois, en encorbellement, rappelant le hourd du Moyen Âge. Rien en effet dans cet édifice n’évoque une période antérieure au début du XVIIe siècle. Les ouvertures les plus anciennes – fenêtres à traverse simple à encadrement en pierre calcaire blanc ou gris, avec arêtes abattues d’un petit chanfrein – ont l’air de remontages. Les assemblages des blocs ne sont pas cohérents et la position des trous de barreaux disparus semble aléatoire. Sur la façade sud-est, trois belles fenêtres identiques, à encadrement de molasse éclairent l’étage ; chacune se présente comme une croisée, mais le meneau est ici remplacé par un trumeau. L’organisation intérieure est curieuse, en particulier la position du grand escalier droit auquel on accède en parcourant un corridor étroit depuis la porte d’accès centrée sur la façade sud-ouest. Cette porte est petite et très peu décorée. Ce dispositif plus que sobre paraît loin des pratiques habituelles pour l’époque : pas de hall d’entrée, pas de mise en scène de l’escalier. Pourtant, l’édifice renferme des décors raffinés : non seulement la voûte céleste de la tour sud, mais l’ensemble des plafonds à poutres et solives montrent des traces de motifs surtout floraux, qu’un relevé soi-

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Saint-Jean-de-Chépy (Tullins). Tourelles en encorbellement, tours d’angles et ouvertures évoquent une recomposition du XVIIe siècle.


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Ancienne papeterie des gorges (Voiron). Photo D Lachas.

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Artisanat & industrie L’ÉNERGIE HYDRAULIQUE AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL Alain Schrambach

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UTILISER L’EAU Le réseau hydraulique usinier traditionnel respecte toujours la même logique. Dans le cours d’eau, un petit mur appelé seuil provoque une chute et contrôle les niveaux d’eau ; par un orifice obturable placé en tête du canal, il dérive un débit quasi constant vers l’atelier. Le canal ayant une pente plus faible que celle de la rivière, contribue à créer une chute d’eau dans l’usine. Le moteur hydraulique, précédé d’une vanne usinière, est placé sous cette chute (selon des modes de déversement divers). Ensuite l’eau rejoint le ruisseau par le canal de fuite. En règle générale, ce système n’est destiné qu’à produire de l’énergie. Papeterie mise à part, toute l’eau était donc recyclée par l’atelier suivant. Ainsi tous ces ruisseaux furent équipés d’ateliers, d’usines qui se succédaient sans gêne majeure. Lors des très basses eaux, le débit trop faible ne permet pas aux machines de fonctionner et l’atelier chôme. D’où la solution, de l’éclusage qui consiste à stocker de l’eau dans un bassin ou serve puis à le vider brusquement afin d’obtenir un débit suffisant pour actionner la machine. Les inconvénients de ce procédé sont cependant importants. Le temps nécessaire au remplissage du bassin réduit ou immobilise parfois durablement l’activité de l’atelier. L’installation en série crée des à-coups dommageables à l’aval, source de nombreuses plaintes.

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e Pays voironnais est composé de vallées bien délimitées, notamment parce qu’elles sont bordées par de nombreuses collines aux pentes marquées. Quatre cours d’eau importants arrosent ce territoire : trois ruisseaux (l’Ainan, la Fure, la Morge) et un torrent à très forte déclivité, la Roize. Lorsque le lit n’est pas bordé de talus, les berges sont sujettes aux inondations (Ainan amont, Morge amont et extrême aval). D’autres peuvent être suffisamment encaissés comme la Fure et la Morge centrale pour réduire les inondations, mais accroissent leurs effets car la surface inondée est plus petite. Il faut distinguer les hautes eaux (les crues) et les basses eaux (les étiages) qui limitent les disponibilités énergétiques pour le travail des usines. À l’extrême amont, avant la fin des années 1860, le lac de Paladru ne jouait lors des basses eaux qu’un rôle très réduit pour approvisionner la Fure. À l’inverse les sources de Réaumont, qui confluaient avec elle à Rives, apportaient un complément de débit non négligeable et surtout constant. De ce fait les débits de basses eaux à l’aval de Rives étaient nettement plus importants que ceux de la Fure amont.


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CRÉER DE L’ÉNERGIE Au fil des décennies, les usines s’agrandissent et s’équipent de machines de plus en plus performantes et gourmandes en énergie. On mobilise alors tous les débits, toutes les pentes, on remplace les roues hydrauliques par des turbines, mais, malgré ces améliorations, un manque crucial apparaît à la fin du XIXe s., en particulier dans les deux vallées les plus industrialisées, la Fure et la Morge. Ce hiatus est comblé par l’installation des réseaux électriques, dont celui de « Fure et Morge » au début du XXe s. desservant ces deux vallées ; ce qui n’empêche pas en parallèle l’utilisation de turbines hydrauliques, restées peu nombreuses.

Cheminée d’équilibre, gorge de la Morge (Voiron). Ce dispositif en tôle rivetée permet d’amortir le choc provoqué par la fermeture des vannes d’amenée d’eau.

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Barrage (Voreppe). Cette retenue en béton sur la Roize à l’amont du bourg est aujourd’hui désaffectée.

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DEUX SIÈCLES DE TEXTILE DANS LE VOIRONNAIS Jérôme Rojon, Sophie Luchier

Geoire-en-Valdaine, les Michal-Ladichère installent une infirmerie, une cantine et une école maternelle. À Moirans, Séraphin Martin crée une caisse de secours et accorde une participation aux bénéfices à son personnel. Mais ce paternalisme ne freine pas la grande mobilité de la force de travail. Ainsi, sur 83 ouvriers embauchés par Séraphin Martin en 1899, seulement sept restent plus de deux ans chez lui bien que son voisin, Giraud, n’accepte de recruter un ouvrier que trois mois après sa sortie de chez Martin, afin de limiter les démissions. À Moirans, l’entreprise Martin était composée de deux unités ; l’une installée en plein centre bourg, le long du canal des moulins, dans l’actuelle rue Séraphin-Martin, adossée au bâti du bourg ancien et non loin de l’ancienne tour romane, la seconde rue de Stalingrad, face à l’usine Bickert. Cette dernière usine adopte un plan en U pour le bâtiment à étages, qui n’est pas sans rappeler la papeterie Navarre dite Wesseling de Coublevie. Les matrices cadastrales nous apprennent que cet édifice a abrité la forge et la menuiserie, ainsi que le dortoir et le réfectoire, tous deux démolis en 1942.

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Les casernes de l’usine Permezel, Paviot (Saint-Jean-de-Moirans). Carte postale sans date. AM Voiron.

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DOMPTER LA MAIN D’ŒUVRE e dispositif d’usines-pensionnat apparaît comme la réponse chrétienne aux projets utopistes du XIXe s. ; les ouvrières conservent une attache familiale en réintégrant le domicile paternel seulement le samedi, au lieu de s’émanciper de façon précoce, ce qui rassure leurs proches. Dans l’esprit des initiateurs du système, cet encadrement a aussi une vocation pédagogique par l’apprentissage de l’ordre et l’autonomie et permet de faire face à la volatilité du personnel. Les industriels rédigent des règlements intérieurs pour mieux tenir leurs ateliers. Avec ce nouveau système, les fabricants lyonnais sont les premiers à mettre en place une discipline dans leurs usines, alors que les façonniers tardent à l’imposer. Selon un industriel, « Ce n’étaient qu’entrées et sorties sans interruption ». Cela est corroboré par les autorités : « le travail étant aux pièces, [les ouvrières] font ce qu’elles veulent ». Façonniers et fabricants-usiniers se livrent volontiers à une surenchère pour attirer les bras. À Voiron, Pochoy et Permezel proposent des logements individuels en plus de leurs dortoirs. Permezel construit également une chapelle au sein de son entreprise. À Saint-


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Immeuble d’appartements, Paviot (Coublevie). Voisin des casernes Permezel mais dépendant de la papeterie Wesseling.

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Vue générale des maisons et immeubles du quartier de Paviot (Voiron).

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Usine J.B. Martin (Moirans) . Coll. AM Moirans. Le bâtiment en U abritant dortoirs et réfectoire.

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Alignement de maisons ouvrières, chemin de Normandie (Tullins).


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UNE HISTOIRE DU PAPIER ET DE SON PATRIMOINE Christelle Four

PAPETERIE BARJON À MOIRANS

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SOCIÉTÉ BFK - BLANCHET FRÈRES ET KLÉBER- À RIVES

Ex-libris d’Augustin Blanchet, dessiné d’après la plus ancienne représentation connue d’un papetier au moulin (gravure de Jost AMMAN, 1568). Coll. BMG, fonds Blanchet.

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n 1820, Victor et Augustin Blanchet sont propriétaires d’un important domaine industriel. La politique d’acquisition et d’extension foncière est à son apogée en 1890, la société détient 135 hectares sur Rives et trois communes attenantes, sur lesquelles se répartissent quatre usines le long de la Fure. En1847, BFK achète une ancienne usine de métallurgie, au lieu-dit La Liampre et la transforme en papeterie ; en 1878, elle acquiert la Forge du Guâ, située plus en aval et, en1889, elle crée le site de la Poype, en amont de la Grande Fabrique, sur lequel est installée une unité spécialisée dans la fabrication du papier monnaie. La multiplication des usines dans la vallée témoigne de la prospérité de l’entreprise, du dynamisme de ses dirigeants qui ne reculent pas devant de perpétuels investissements, de leur capacité à appréhender le marché et à s’y adapter rapidement.

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la Révolution, en 1791, Monsieur Jay achète les biens confisqués aux Chartreux sur lesquels il installe assez rapidement, vers 1794, une papeterie. L’état de sections des matrices cadastrales indique qu’en 1811 Antoine Jay est propriétaire d’une papeterie à cour formant un seul bâtiment et d’un moulin et scie à eau et d’une grange. Il vend une partie de son entreprise à des personnes issues de familles papetières auvergnates, Jean Tamisier et Madeleine Jeanne Marie Girard son épouse, ainsi qu’à Jean Jacques Doubson, son gendre, qui dirige la société de 1827 à 1832. Claude Tamisier sera rejoint par son gendre Courrier à Fures (Tullins) pour y créer des papeteries. En 1832, Anne Mélanie Doubson, fille du directeur de la papeterie, se marie avec François Barjon cette alliance est à l’origine de la société de la papeterie Doubson-Barjon, qui, après remariage devient la société Barjon frères en 1841. C’est certainement une période florissante, car peu de temps après, la papeterie est équipée d’une machine à papier et Barjon envisage le développement de son activité en acquérant l’immeuble de la Piche (plus près du bourg de Moirans), où se trouvait déjà un moulin, un battoir à chanvre et un gruoir, qu’il transforme en papeterie. Dans les années 1880, les papeteries sont vendues au gendre d’Augustin Blanchet Gabriel du Marais (papetier à Fures).

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PAPETERIE DE PAVIOT À VOIRON

n 1860, Monsieur Guérimand, aubergiste drômois reprend la société Frachon Dugas des Gorges de la Morge (Voiron). Il est associé à un papetier de Saint-Lizier, ancien ingénieur papetier à Renage. À l’occasion d’augmentations successives du capital, la famille Guérimand-Arnaud en possède en 1880 47%. Elle acquiert l’ancien moulin des Gorges et envisage de se développer en construisant une nouvelle usine appelée les Sarrazins. En 1897, suite à la crue qui détruit deux usines de la société Guérimand-Arnaud, l’entreprise se réorganise avec différentes unités autour de la papeterie des Gorges. La société devient une commandite simple par action puis, en 1915, une société anonyme, son capital étant détenu pour sa majorité par la Famille Guérimand-Adolphe Arnaud. La société Guerimand aura été propriétaire de plusieurs papeteries : celle du Camet à la Tivollière (1885-1897), les Sarrazins (1885), l’usine des Gorges (1871-1975) et Les Terreaux (1737-1897).

À

la fin du XVIIIe siècle, les papetiers de la Morge investissent et adoptent les cylindres hollandais. Celle de Paviot qui appartient alors au sieur Roux en est équipée en 1790. En 1819, sa veuve tient l’établissement assistée par un papetier d’origine alsacienne, Didier Kléber qui, rejoindra les Blanchet à Rives en 1820. En 1843, JeanBaptiste Lafuma s’installe à son compte à Paviot. En 1852, il achète à Maurice Roux la papeterie qu’il reconstruit en 1862 et dirige jusqu’à sa mort en 1869. Ardéchois comme beaucoup de papetiers, il avait quitté la papeterie Johannot à Annonay en 1825 pour venir travailler chez Frachon-Dugas, euxmêmes originaires de la même ville. La papeterie est ensuite gérée en indivis par ses héritiers Jean-Baptiste et Jules Lafuma. En 1897, les deux papeteries Lafuma et Berthelet (Coublevie - Wesseling) fusionnent. En 1901, André Navarre, ingénieur centralien qui a travaillé à la papeterie du Marais à Jouy- sur- Morin puis à celle de Lancey, s’associe avec Émile Lafuma et Berthollet papetier de Wesseling. Cette association donne naissance à la Société Lafuma, Berthollet et Navarre au Capital de 1 6000 000 fr. En 1909, la société devient la Société anonyme Navarre.

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QUE

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NUMÉ

SUPP

Papeterie des Gorges à Voiron, Isère. Usines de la société des Papeteries de Voiron et des Gorges F. Guérimand et Cie à vol d’oiseau. Fusain et craie blanche, matière papier, vers 1880. Coll. Musée dauphinois.

RI

PAPETERIES GUÉRIMAND À VOIRON


©Patrimoine en Isère 2017

Supplément numérique de l’ouvrage imprimé (ISBN : 978 – 2 – 35567 – 128 – 9) réalisé par le service du Patrimoine culturel du Département de l’Isère, sous la direction d’Anne Cayol-Gerin et grâce à la coordination de Béatrice Ailloud et Ghyslaine Girard, rédigé (pour ce supplément) par : Annick Clavier, Christelle Four, Brice Lannaud, Sophie Luchier, Alain de Montjoye, Alain Morel, Jean-Pierre Moyne, Jérôme Rojon, Alain Schrambach.

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