Programme de la saison 2010-2011

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Saison 2010/2011


Pointant de ses doigts plusieurs moments de l’histoire où la sacralité de la personne est atteinte, le graveur Paul Hickin attire l’attention sur l’incapacité récurrente des hommes à éviter le désastre. C’est, à l’automne, le propos de l’exposition “Lumière sur fragments obscurs”. Au printemps, avec les coloniaux de l’Isère, recrutés de force pour le travail ou pour la guerre, c’est encore à l’un des moments obscurs de l’histoire que le musée s’intéresse. Les expositions et les rencontres des jeudis du parlement, proposées dans le programme de cette saison, ont ce même objectif : mettre en lumière les circonstances dans lesquelles la violation des droits de la personne doit inciter à la résistance. André Vallini Député de l’Isère Président du Conseil général

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Gravure Paul Hickin

Edito


Les expos temporaires


Spoliés ! L’ “aryanisation” économique en France, 1940-1944 Exposition prolongée jusqu’au 26 février 2011 Ancien palais du parlement place Saint-André à Grenoble De 1940 à 1944, le régime de Vichy et l’occupant allemand mettent en place une politique antisémite qui, avant de devenir meurtrière, commence par l’exclusion. Hommes, femmes et enfants juifs sont mis au ban de la société, privés de leurs droits, recensés et marqués. Sous couvert de légalité, l’administration française va les déposséder peu à peu de leurs biens, même des plus modestes. Cette politique d’état prend le nom d’ “aryanisation” économique. Présentée dans les salles des pas perdus de l’ancien palais du parlement de Grenoble, l’exposition met en lumière l’accomplissement de ce processus administratif impitoyable. Le nazisme, la guerre, l’antisémitisme, la politique du gouvernement de Vichy et la situation des Juifs sont abordés tour à tour pour tenter de comprendre pourquoi et comment cette politique a pu être menée à bien dans l’indifférence à peu près totale de la population française. Au travers de cas isérois, le mécanisme d’“aryanisation” est contextualisé et examiné dans le cadre d’une muséographie pédagogique et innovante, signée du scénographe catalan Ignasi Cristià. Un regard est également proposé sur ce que les mémoires conservent de ces mesures peu connues à partir des témoignages de Lionel Jospin, d’Alain Juppé, d’Antoine Veil, d’Annette Wievorka, de Théo Klein, de Freddy Raphaël et d’autres encore, qui tentent d’en tirer les leçons.

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Lumiere sur fragments obscurs Paul Hickin, œuvres de résistance Du 19 novembre 2010 au 14 mars 2011 Après l’exposition Traces et chuchotements du néant (2002) qui traitait par la création artistique du désastre des deux conflits mondiaux, d’autres œuvres de Paul Hickin sont cette fois mises en relation avec quelques moments graves de l’histoire, de la décollation de Saint Jean-Baptiste à la mort de Pablo Neruda, en passant par la Révolution, les deux guerres mondiales et la décolonisation pour interroger le visiteur : “Pourquoi l’humanité, ne retenant pas les leçons de l’histoire, est-elle si souvent amenée à s’autodétruire ?”. L’exposition présente une quarantaine d’œuvres originales, accompagnées de textes et d’illustrations puisées notamment dans l’histoire de l’art.

A suivre… Soldats et travailleurs coloniaux en Isère Exposition présentée d’avril à octobre 2011 Contribuant à l’“effort de guerre”, plusieurs centaines de milliers de soldats et de travailleurs coloniaux, venus de la plupart des pays de l’Empire français, d’Afrique et d’Indochine, combattent sur le front et sont employés dans les industries liées à la Défense nationale au début de la Deuxième Guerre mondiale. Faits prisonniers de guerre après la défaite de juin 1940, ou bloqués sur le territoire dans le cas des travailleurs parfois dans des campements de fortune, leur sort est celui de laissés-pour-compte. Leur histoire en Isère, l’engagement de certains de ces coloniaux dans les rangs de la Résistance demeurent encore aujourd’hui pratiquement ignorés.

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Les jeudis du parlement (saison 3) Palais du parlement, place Saint-AndrĂŠ Ă Grenoble

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SPECTACLE

PROJECTION - DÉBAT

Jeudi 25 novembre 2010 – 18h30 Jeudi 2 décembre 2010 – 18h30

Jeudi 27 janvier 2011 – 18h30

Westerbork de Etty Hillesum Adapté au parcours de l’exposition Spoliés ! Nous sommes en 1943 à Westerbork. La femme seule sur la valise, celle qui parle et dont l’écriture « fonde la résistance face à la destruction », c’est Etty Hillesum. Elle parle immergée dans l’histoire et pourtant sa parole va bien au-delà du témoignage historique. Les lettres de Etty Hillesum sont comme une insurrection contre l’indifférence, l’insensibilité à l’autre. Interprétation : Nicole Vautier Mise en scène : Danièle Klein Adaptation : Danièle Klein et Nicole Vautier Scénographie et costumes : Catherine Calixte Nombres de places limitées, inscriptions obligatoires auprès du Musée.

Spectacle créé par l’association TORE avec le soutien de la Ville de Seyssins, du Conseil général de l’Isère, du Ministère de la Culture et de la Ville de Grenoble.

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“Maréchal nous voilà ?” La propagande de Vichy Film documentaire de Jorge Amat et Denis Peschanski, réalisé par Jorge Amat, 2008, 63 minutes. Dès juin 1940, le Maréchal Pétain met en œuvre un projet politique et idéologique : la Révolution nationale. Pendant 4 ans, il est à la tête d’une vaste entreprise de conquête des esprits. Comment le promoteur de la collaboration avec l’occupant nazi a-t-il pu garder jusqu’à la Libération, une telle aura dans une opinion française pourtant hostile à l’occupant allemand ? L’historien Denis Peschanki et de nombreux témoins mettent en évidence les grands thèmes de la propagande de Vichy ainsi que les structures qui ont permis sa diffusion. Avec la participation de Denis Peschanski En partenariat avec les Amis de la Résistance - ANACR


RENCONTRE

PROJECTION - DÉBAT

Jeudi 3 février 2011 – 18h30

Jeudi 24 février 2011 – 18h30

Théo Klein

Face aux fantômes

Résistant engagé dans le sauvetage des enfants juifs durant la guerre, en particulier dans la région grenobloise, avocat à la Libération de familles qui ont subi les spoliations, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de 1983 à 1989 qui, tout en prônant un "judaïsme libéral", n’eut alors de cesse de faire reconnaître la réalité de la Shoah, Théo Klein demeure un infatigable défenseur de la démocratie et des libertés. Acceptant le principe d’un échange avec le public, Théo Klein revient sur quelques-uns des principaux engagements qui ont marqué sa vie.

Film documentaire de Jean-Louis Comolli et Sylvie Lindeperg, 2009, 109 min. Dans ce film comme dans son livre, mais cette fois au moyen des images et des sons, Sylvie Lindeperg interroge les influences complexes qui ont conduit à la réalisation de Nuit et brouillard et ont pesé sur son destin. Avec elle, la pratique artistique, et ce film en particulier, sont vus en tant qu’analyseurs des contradictions d’une époque. Mais il ne s’agissait pas de “reconstituer”. Il s’agit d’actualiser le geste et le regard historiens. Les filmer ici et maintenant. Les images d’archives des camps de concentration et des centres de mise à mort reprises dans Nuit et Brouillard posent toujours les questions de leur légitimité, de la souffrance qu’elles portent, du défi qu’elles présentent aux désirs comme aux possibilités de voir. S’agissant de la destruction des juifs d’Europe, ces questions sont brûlantes.

En partenariat avec le Cercle Bernard Lazare

Avec la participation de Sylvie Lindeperg En partenariat avec les Amis de la Résistance - ANACR

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PROJECTION - DÉBAT Jeudi 24 mars 2011 – 18h30

Jeudi 21 avril 2011 – 18h30

Das Kind (L’Enfant)

Ensemble, ils ont sauvé la France

Film documentaire de Yonathan Levy, 2010, 93 min. Prix du meilleur film au Festival Européen du Film Indépendant 2010. Irma et son fils André entreprennent un voyage intime à travers l’Europe à la recherche d’un passé et d’une histoire dont Irma est le dernier témoin. Au fil des lieux, des rencontres et des retrouvailles, Irma nous livre un récit spontané, poétique et bouleversant de ce qu’a été sa formidable destinée. Elle, la juive, communiste et Résistante, dont la vie a traversé les heures sombres de notre Histoire, reste avant tout une mère qui s’adresse à chacun de nous.

Film documentaire d’Antoine Champeaux et Eric Deroo, 2008, 52 min. Un hommage aux millions d’hommes et de femmes de tous les continents et de toutes origines qui, ensemble, ont partagé un même but et ont lutté pour une certaine idée de la France durant la Grande Guerre. Guerre Mondiale, totale, la guerre qui se déclenche en août 1914 mobilise, pour la première fois dans l’histoire, des dizaines de millions d’hommes, de femmes à travers le monde. Sur les fronts, dans les usines, les ports, les campagnes, en Europe, aux USA, en Asie ou en Afrique... toutes les ressources exploitées.

Avec la participation d’Irma Mico En partenariat avec les Amis de la Résistance - ANACR

Avec la participation d’Eric Deroo (sous réserve)

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Concerts

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Dimanche 26 juin 2011 – 17h

Ensemble Oct’opus Baptiste Blondeau, saxophone soprano Benoît Vanmullem, saxophone soprano Antoine Manfredi, saxophone soprano et alto Sarah Gagnaire, saxophone alto Sébastien Schlosmacher, saxophone alto Ghislain Paillard, saxophone alto et ténor Anthony Malcoun-Henrion, saxophone ténor Jonathan Vinolo, saxophone ténor Benoît Combier, saxophone baryton Pierre Rettien, saxophone baryton

Dimanche 10 juillet 2011 – 17h

Doura Barry Chant, percussions et choristes Chanteur, auteur, compositeur, guitariste et harmoniciste, Doura Barry est né en République de Guinée, à Kindia, “la cité des agrumes”. Sa mère, de l’ethnie Könön, vient de la Guinée forestière, son père, Peuhl, de la moyenne Guinée (ou Foutah Djallon). Polyglotte (il chante en Poular, Soussou, Malinké, Könon, Français, Créole …) il l’est surtout dans sa musique, empruntant librementaux folks pulaar et mandingue, au blues, à la salsa… ses notes chaleureuses et émouvantes. Ses textes abordent avec malice et sensualité, conscience et bienveillance les rapports humains et sociaux, l’amour, la Guinée d’aujourd’hui et celle des anciens.

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L’ensemble Oct’opus a été créé par dix saxophonistes ayant comme passion commune la musique de chambre. Cette formation permet à la fois de transcrire des pièces issues du répertoire classique comme du répertoire plus actuel. La création fait également partie intégrante de ce projet musical. Outre une formation de musicien professionnel, ces dix saxophonistes sont pour la plupart des enseignants spécialisés de la musique dans différents conservatoires de France. Ainsi ils appréhendent leur passion musicale à travers le prisme de la pédagogie, ce qui leur permet d’échanger et de communiquer leur goût et l’intérêt qu’ils vivent au quotidien pour la musique.


Le parcours musĂŠographique


Le parcours muséographique

Six thèmes sont principalement développés L’entrée en Résistance, moment déterminant pour Grenoble. Peu de villes françaises font état d’un aussi large éventail des situations et groupes dans lesquels naît la Résistance. Les maquis et la place prépondérante qu’ils occupent dans l’Isère dès 1943. Tous communiquent par Grenoble baptisée à ce titre “capitale des maquis”. La situation des Juifs à Grenoble et en Isère entre 1939 et 1945. La répression qui frappe durement les responsables des principaux mouvements de la Résistance, notamment à la fin de l’année 1943 (lors de la “Saint Barthélemy grenobloise”) et la déportation bien sûr, qui révèle la monstruosité de la logique nazie. La Libération et le rôle du Comité Départemental de Libération Nationale qui naît de la réunion “Monaco”, où les représentants de la Résistance décident d’unir leur action autour des valeurs républicaines. L’actualité de l’action de Résistance enfin, face aux situations qui, ici et ailleurs, remettent en cause ses acquis.

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Chronologique, le parcours de la visite se décline selon les trois niveaux du Musée. Au rez-de-chaussée : une première séquence, consacrée à la naissance et au déroulement du conflit mondial vécus depuis Grenoble et l’Isère. Événement marquant de cette période : la visite du Maréchal Pétain à Grenoble, le 19 mars 1941, dont un film vidéo amateur retrace les moments importants. Au premier étage : Le visiteur se trouve transporté dans plusieurs milieux, différents et cloisonnés, où naît l’idée de la Résistance. Six univers sont reconstitués. Le visiteur traverse par exemple une rue de Grenoble, lieu de manifestations des étudiants et autres mouvements de jeunesse, la salle à manger de Marie Reynoard (responsable de la section iséroise "Combat"), le bureau de René Gosse, doyen de la Faculté des sciences de Grenoble (membre du Réseau “Marco Polo”)... etc. Le parcours continue avec une présentation des maquis de l’Isère, sur une carte en relief où apparaissent, à la commande du visiteur, les maquis, les sabotages, les parachutages... Au deuxième étage : Le fil du temps reprend avec la présentation des événements tragiques qui marquent l’occupation allemande : collaboration, sabotages, répression et déportation. Un des moments forts du parcours : les trois portes des cellules aménagées par la Gestapo dans l’immeuble du 28 cours Berriat à Grenoble, chargées des inscriptions de ceux qui connurent ces cachots. Le parcours s’achève sur la Libération et la restauration des valeurs républicaines. Un nouvel espace évoque l’universalité et l’intemporalité des valeurs de la Résistance, de celles du programme du Conseil national de la Résistance à celles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.


Résister aujourd’hui Au début des années 1990, tandis que le programme muséographique du futur musée départemental est mis à l’étude, en étroite relation avec les anciens combattants, résistants et déportés fondateurs du premier Musée de la Résistance, une entente s’établit pour évoquer en fin de parcours l’actualité des valeurs de la Résistance. Inchangée depuis l’ouverture du musée, il était devenu nécessaire de rendre visible le lien qui unissent les Droits de l’Homme à la Résistance et ce, au travers d’un dispositif interactif qui suscite l’engagement du visiteur, sa prise de position et l’invite à prolonger, au-delà du simple cadre du musée, sa propre réflexion personnelle et citoyenne. Le visiteur choisit de faire parler l’un des sept personnages qu’il voit à l’écran : un fils de résistant investi du devoir de transmettre, un jeune lycéen prenant fait et cause pour l’un de ses camarades menacé d’expulsion, un médecin confronté aux difficultés des SDF, une caissière de supermarché exposée aux discriminations que connaissent toujours les femmes, une commerçante obligée de licencier son employée, le créateur d’une “webradio”, cherchant à échapper au carcan de l’information officielle ou une intermittente du spectacle désirant, coûte que coûte, vivre de son amour pour le théâtre. Certes, ce n’est plus de la Résistance avec un R majuscule qu’il s’agit mais de résistances avec un r minuscule, pourtant introduites, chacune, par l’un des objectifs du programme du Conseil national de la Résistance. Ainsi un lien s’établit entre le projet de société que la Résistance, toutes sensibilités politiques réunies, met en place le 15 mars 1944, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et l’actualité où les objectifs de ces textes restent toujours à défendre.

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14, rue Hébert, 38000 GRENOBLE

Informations pratiques

Ouverture Tous les jours, sauf 25 décembre, 1er janvier et 1er mai : du 1er septembre au 30 juin : de 9h à 18h mardi de 13h30 à 18h, samedi et dimanche de 10h à 18h Ouverture dès 9h le samedi sur rendez-vous du 1er juillet au 31 août : de 10h à 19h (mardi de 13h30 à 19h) Accès aux personnes à mobilité réduite : ascenseur desservant les différents niveaux. Conditions d’entrée L’entrée du Musée est gratuite. Visite guidée gratuite Le premier dimanche de chaque mois à 14h30 Visite guidée pour les groupes sur réservation 1h : 84 € 1h30 : 89 € 2h : 95 € Visite guidée pour les groupes scolaires sur réservation 1h : 46 € 1h30 : 51 € 2h : 56 € Centre de documentation Sur rendez-vous Accès Tramway ligne A / Bus : arrêt Verdun Parking place de Verdun ou rue Hébert

conception pierre girardier, crédits photographiques bruno moyen, CGI, Valérie Gaillard, MRDI, Lucien Colonel, Alice Buffet, Denis Vinçon

Tél : 04 76 42 38 53 / Fax : 04 76 42 55 89 Mél : musee.mdr@cg38.fr www.resistance-en-isere.fr


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