Journal Patrimoine en Isère n°24

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PATRIMOINE EN ISÈRE LE JOURNAL N°24. 40 pages Septembre 2011 Conseil général de l’Isère 7, rue Fantin Latour 38031 Grenoble cedex 1 04 76 00 31 21 www.isere-patrimoine.fr Directeur de la publication : Jean Guibal Rédactrices en chef : Hélène Piguet et Béatrice Ailloud Contributeurs : Anne Cayol-Gerin, Jean-Pierre Chambon, Dominique Chancel, Annick Clavier, Sophie Dupisson, Sabine Gely, Ghyslaine Girard, Bénédicte Magne, Lise Marcel, Hélène Maurin, Alain de Montjoye, Séverine Penon, Chantal Spillemaecker, Élise Turon, Sylvie Vincent. Conception graphique : ericleprince.com Tirage : 10 000 ex. Dépôt légal 3e trimestre 2011 ISSN : 1269-3227 Crédits photos : Conseil général de l’Isère - Service patrimoine culturel, Frédérick Pattou, Sébastien Secchi, Alain Tillier, Denis Vinçon, Monique Zannettacci En couverture : Détail de l’atelier de Jean-François Rapin, doreur sur bois à Grenoble. Photographie Sébastien Secchi.

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PATRIMOINE EN ISÈRE

Sur le web : www.isere-culture.fr www.isere-patrimoine.fr www.ancien-eveche-isere.fr www.musee-dauphinois.fr www.musee-hebert.fr www.musee-hector-berlioz.fr www.musee-revolution-francaise.fr www.musee-saint-antoine.fr www.musee-viscose.fr www.resistance-en-isere.fr www.saint-hugues-arcabas.fr www.maison-berges.fr www.musee-archeologique-grenoble.fr www.museechampollion-isere.fr

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LE JOURNAL

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Sommaire P04 P08 P23 P27 P31 P34

Un journal ? Vingt-quatre numéros de la présente publication, d’abord semestrielle puis annuelle (soit seize années de parution),

autorisent un regard d’ensemble, à défaut d’un véritable bilan. Rien n’a été plus souvent démontré dans ces pages que l’adage qui devrait valoir pour toutes les politiques patrimoniales : le patrimoine, c’est d’abord les gens ! Comme a été rappelée la responsabilité de chacun dans les choix de conservation : le patrimoine, c’est l’affaire de tous ! Mais le Conseil général de l’Isère a tenté de faire mieux en valorisant le principe selon lequel il n’y a qu’un patrimoine (quand tant d’autres le divisent en sections, comme autant de chasses gardées), qu’il soit immobilier ou mobilier, naturel ou culturel, privé ou public, conservé sur les sites, dans les musées ou dans les collections privées, qu’il soit archéologique,

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Regards sur l’inventaire Retour sur… l’inventaire du patrimoine du Pays de Bourgoin-Jallieu

Dossier : ARTISANS ET MÉTIERS D’ART, UN PATRIMOINE VIVANT L’ ART ET LES MANIÈRES L’ enfance de l’art Le patrimoine conservé, le patrimoine restitué Des savoir-faire ancestraux… respect ! Des outils sinon rien À la pointe de la technologie LA TRANSMISSION EN QUESTION Flirt avec l’art : artistes ou artisans ?

Protéger/RESTAURER Les peintures d’Edouard Brun parties avec l’eau des Bains LA RENAISSANCE DU CLOÎTRE SAINT-ANDRÉ-LE-BAS DE VIENNE LE LABEL « PATRIMOINE EN ISERE » EN BREF

Valoriser/PARTAGER Jours de fêtes en Matheysine De la ZPPAUP à l’AVAP, leS communes s’engagent dans la mise en valeur de leur patrimoine E-PATRIMOINE ÉCOLE & PATRIMOINE EN BREF

MONTRER/EXPOSER 2 NOUVEAUX MUSÉES DÉPARTEMENTAUX À VOIR DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX

LE GUIDE ACTUALITÉ DES MUSÉES LECTURES

ÉDITO Même si le tableau général n’est jamais pleinement satisfaisant, la situation du patrimoine isérois est plutôt bonne. Le nombre de Monuments historiques (313 très précisément), le succès du label « Patrimoine en Isère », les douze musées départementaux témoignent de la politique patrimoniale active et engagée que conduit le Conseil général de l’Isère, venant parachever un dispositif d’inventaire que bien des départements nous envient. La situation est plus délicate et surtout plus complexe pour le patrimoine insigne que représentent les techniques et savoir-faire, qui ont permis l’élaboration de ces biens culturels et autorisent aujourd’hui leur entretien. Leur conservation est plus aléatoire et les mesures relatives au patrimoine immatériel ne suffisent pas : les politiques publiques sont, en la matière, notoirement insuffisantes. Ce numéro de notre publication Patrimoine en Isère, annonçant des Journées du patrimoine iséroises consacrées à ce même thème (avec une exposition d’artisans d’art au palais du parlement, à Grenoble), permet donc d’ouvrir un nouveau dossier, celui des métiers d’art, et de poser la question de leur devenir. LE président du Conseil général

André Vallini DÉPUTÉ DE L’ISÈRE

historique, ethnologique, industriel, etc. Enfin que, comme toute démarche culturelle, une politique patrimoniale n’a de sens et de portée que si elle transmet des valeurs de respect, d’écoute des autres et surtout si elle valorise toutes les diversités ; et si cette transmission s’adresse au plus grand nombre, poursuivant l’objectif de s’adresser à tous. Ces diverses complémentarités, cette recherche d’une cohérence et d’une appréhension globale du patrimoine collectif ont besoin d’une telle expression, ce journal, et d’une image adaptée, fut-elle quelque peu… dérangeante. Jean Guibal Conservateur en chef du patrimoine


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INVENTAIRE

INV

3CANTONS dans le VALS DU DAUPHINÉ

Un nouvel inventaire du patrimoine a démarré : après le pays de BourgoinJallieu, c’est le secteur des Vals du Dauphiné que va scruter à la loupe le service du patrimoine culturel. Du Guiers à la Bourbre, de l’Hien au Rhône, dans ces vallons aux pentes parfois bien raides que parsèment lacs et zones humides, l’équipe a commencé à arpenter le terrain avec les premiers beaux jours. Lancée officiellement le 12 octobre dernier, l’opération est donc bien engagée. C’est qu’il y a de quoi faire ! Trois cantons et quarante-trois communes.

Alors on procède par ordre. Le premier acte de défrichage implique de longues heures passées aux Archives départementales de l’Isère car le fondement du quadrillage ce sont les précieuses indications contenues dans les cadastres dits « napoléoniens » du début du XIXe siècle. Les plans aquarellés, fort précis, permettent grâce aux numéros de parcelles de localiser les bâtiments susceptibles de présenter un intérêt. Une minutieuse lecture des matrices cadastrales (jusqu’à celles du début du XXe siècle), feuille par feuille, propriétaire par propriétaire permet de percevoir l’évolution du bâti.

Le tout, confronté au terrain et aux plans cadastraux actuels, va permettre d’identifier bon nombre d’éléments. L’exploitation de quelques autres sources archivistiques soigneusement sélectionnées (dossiers communaux, établissements dangereux ou insalubres, etc.) complètent cette première récolte. Parallèlement, toutes les données recueillies depuis la création du service sur les communes concernées sont feuilletées, annotées. On prend langue avec les associations (telles que La Tour prend garde, Mémoires des pays du Guiers, Vieilles Maisons Françaises…), les responsables paroissiaux, les « connaisseurs » locaux afin de bénéficier de leur irremplaçable connaissance de détail du terrain. La publication du « Carnet de Route », amplement diffusé, tâche de toucher le plus largement possible les habitants et les personnes-ressources, pas toujours identifiées à l’avance. C’est bien souvent avec eux que démarre le second acte, celui dans lequel nous sommes : le travail de terrain.

Je quadrille, tu quadrilles, il quadrille… Pas de déplacements en masse et en fanfare mais des incursions selon les logiques de chaque thématique. Rapidement, certaines évidences se font jour. L’équipe du rural relève une grande richesse du tissu rural en écumant les abords de Valencogne, tandis que la présence de briques de terre interpelle autour de la thématique urbaine à La Tour-du-Pin. Les médiévistes brassent une ample moisson de fortifications, bientôt appuyés par du renfort pour mieux traiter les châteaux et belles demeures qui parsèment si densément vallons et bourgs. La frontière savoyarde, ses marques et sa contrebande, de même que l’importance du patrimoine ferroviaire ont mis en éveil ceux qui traquent le patrimoine public. Les premiers axes forts se dessinent dans chaque thématique, que seule la suite pourra confirmer. Certaines communes, en train de refaire leur plan d’urbanisme, sont examinées en priorité pour pouvoir contribuer à leur démarche. Les personnes ressources

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sont mises à contribution au fur et à mesure, pour piloter l’équipe ou répondre aux salves de questions. Outre les clichés in situ, on emprunte les cartes postales anciennes, on collecte les idées d’objets à présenter et le dessinateur promène son matériel d’un site à l’autre pour faire des relevés et des croquis. Il s’agit de profiter de la belle saison pour engranger le plus possible de données, même si l’hiver permet de mieux « lire » des architectures sinon voilées par la végétation ou des caractéristiques de terroirs. Car en 2012, il faudra finir de rentrer toutes ces données dans la base de données patrimoniale et surtout s’atteler à la phase de restitution. Un ouvrage conséquent d’environ 240 pages sera disponible en même temps que s’ouvrira l’exposition sans doute fin 2012. Cette présentation circulera dans les trois cantons et à Grenoble. Et là, gare aux surprises ! Au moment du rendu, il y a toujours à (re)découvrir ou à enrichir, en vertu de l’adage « ce sont les cordonniers les plus mal chaussés » !

Restera à remettre à chaque commune les fiches la concernant et à publier la carte touristique, support de nombreuses possibilités de découverte. Entretemps et dès 2011, des conférences feront état des premiers « coups de cœur » puis permettront de creuser certains thèmes. Les scolaires ne seront pas oubliés, des classes travailleront dans chaque canton à partir de la rentrée 2011 à la découverte du patrimoine qui les entoure.

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Regards sur l’inventaire

Cette opération d’inventaire a une finalité avant tout culturelle. Il ne s’agit pas d’accumuler des informations pour le plaisir de la connaissance scientifique mais pour la nécessité du partage du patrimoine et de l’échange autour de l’attitude à adopter face à ce dont on hérite. Que veut-on transmettre, de quoi est-on responsable ? Et ce territoire n’est pas vierge de ces questionnements. Nous avons interrogé quatre acteurs, politique, associatif ou simplement avisé. 2 questions, 4 regards.

L a u r e n c e D a n i e l V i t t e J e a n - P i e r r e Henri Greyfier P i n z e t t a > Maire de Montrevel et conseiller B l a z i n de Bellecombe > Responsable de l’accueil au Château de Virieu

général du canton de Virieu-surBourbre

> Président de l’association mémoire du Pays du Guiers

> Propriétaire du Château du Châtelard à Montagnieu, membre du bureau de l’Isère de Vieilles Maisons françaises (VMF).

Quel regard portez-vous sur le patrimoine de votre territoire ? Un regard plein de curiosité et d’intérêt. Une manière de m’approprier le territoire sur lequel je vis, de mieux connaître son histoire. Pas uniquement à travers l’architecture, mais aussi par les richesses du patrimoine vernaculaire découvert au cours d’une promenade, des paysages qui me permettent d’imaginer la période magique des glaciers, des cadrans solaires, des histoires, des légendes… Un regard d’enfant aussi, parce que j’imagine des « trésors cachés »…

La richesse est là. Les témoignages sont multiples. Les vallées de la Bourbre et de l’Hien sont riches d’un bâti traditionnel conservé et entretenu. Beaucoup de maisons fortes et de châteaux témoignent d’un passé chargé d’histoire. Il en est de même du patrimoine religieux, de l’église au calvaire, ou du patrimoine industriel. Au-delà de la multitude de témoignages, de nombreuses initiatives visent à sauvegarder, mais aussi à faire partager ce patrimoine.

Un regard attentif. Nous ne disposons pas d’un patrimoine exceptionnel, mais de petits éléments vernaculaires diffus, peu connus et que la population locale s’approprie peu. Il est pourtant une richesse culturelle, mais aussi une richesse sociale, support de rencontres et de partage.

Terres Froides – terres de rien ! Détrompons-nous. Il s’agit d’un territoire riche d’un patrimoine rare et exceptionnel par sa diversité : sites gallo-romains, mottes castrales, maisons fortes, patrimoine rural, artisanal et industriel, patrimoine « immatériel » aussi. Il est la marque des femmes et des hommes qui depuis des générations façonnent ce territoire.

Av e z - v o u s u n e at t e n t e s p é c i f i q u e v i s - à - v i s d e c e t i n v e n ta i r e ? Nous aider à mieux le protéger, le préserver, le mettre en valeur. Il y a une idée de partage. Au château, nous avons une demande spécifique concernant les outils de Stéphanie de Virieu. Nous souhaitons faire « revivre » les gestes de l’artiste en présentant ces outils.

Pas une, mais trois ! La connaissance tout d’abord, presque exhaustive des éléments patrimoniaux dont on dispose. Ensuite l’outil de réflexion et de prise de conscience que constituera cette somme de données ; elle pourra alimenter des réflexions sur la sauvegarde de tel ou tel édifice et orienter des choix. Et enfin, les possibilités de valorisation, notamment touristique. Le territoire des Vals du Dauphiné est un terroir, le patrimoine est l’une de ses ressources.

La connaissance n’a de sens que si elle est partagée. L’inventaire est un point de départ, mais le travail de valorisation des informations rassemblées sera primordial. Dans notre région à forte augmentation démographique, le patrimoine peut être un réel facteur d’intégration de populations nouvelles, de partage et de lien social. Il donne du sens à un territoire.

Il doit faire office de « corpus » en rassemblant toutes les connaissances dispersées, en les mettant au service des archéologues, historiens et chercheurs, ainsi que du grand public ; il doit être un outil de référence et de réflexion pour les aménageurs en leur offrant cette vision indispensable sur nos territoires sans laquelle ils ne peuvent prétendre à décider pour l’avenir.

Retour sur… l’inventaire du patrimoine du Pays de 27 communes passées au peigne fin des archéologues, historiens, architectes et autres Bourgoinchercheurs, durant un peu plus de quinze mois ; une petite année consacrée à la digestion des informations recueillies, à la rédaction des synthèses qui constituent le corps de l’ouvrage Jallieu publié et à la mise en forme de l’exposition, quelques mois encore pour rédiger les quelques 4254 fiches qui sont venues enrichir la base de données du patrimoine de l’Isère, ainsi pourrait être résumée, en quelques chiffres l’opération d’inventaire consacrée aux cantons de Bourgoin-Jallieu (nord et sud), l’Isle-d’Abeau et La Verpillière conduite entre 2007 et 2009. Ce panorama serait toutefois bien incomplet s’il ne mentionnait pas les multiples occasions que le public a saisies pour venir à la rencontre de son patrimoine. Cinq lieux d’exposition de l’automne 2009 au printemps 2001 (Saint-Quentin-Fallavier, l’Isle-d’Abeau, Bourgoin-Jallieu et Grenoble), quinze conférences traitant de treize sujets différents et plusieurs visites commentées ont attiré un public nombreux, particulièrement attentif à la connaissance et la préservation du patrimoine de ce territoire. Sans oublier les 150 enfants qui, deux années scolaires durant, ont joué aux chercheurs. De Profundis 1826 - 2010 L’inventaire du patrimoine est arrivé trop tard à Bourgoin-Jallieu : le site industriel de La Grive, déjà trop engagé dans un projet de destruction-reconstruction, a été rayé du paysage alors même que l’ouvrage et l’exposition en soulignaient l’importance. Exit donc l’usine de 1826 en pierre, en son temps la plus grande filature de coton de France, dont l’enveloppe perdurait sous le « chapeau » en béton des années 30. Les silos à grain de la Coopérative Bergusienne de Stockage des blés en avaient pourtant évidé l’intérieur, laissant le champ libre à toute utilisation du volume, qu’éclairaient abondamment 184 fenêtres juste obturées. Exit aussi l’ancien tissage de coton, une rareté architecturale constituée de dix-neuf halles basses. Dissimulées derrière de longs murs-écrans en pierre, aux corniches moulurées coiffées de tuiles, elles s’éclairaient d’imposantes baies en plein cintre et d’un curieux vitrage zénithal, placé de part et d’autre du faîte de chaque toit. Ce dispositif, en mauvais état à l’inverse du reste, soulignait le soin apporté à l’architecture joint à une nouvelle recherche de fonctionnalité : ateliers de plain-pied, prémices des toits en sheds (pans inégaux dont le plus droit est vitré). Exit aussi les bâtiments rassemblés autour de ces deux phares, dont les matériaux (pierre, brique, béton de mâchefer, métal) et les formes illustraient l’évolution de l’architecture usinière. De ce qui a suscité ce véritable quartier urbain en pleine campagne qu’était La Grive, de ce qui explique les cités ouvrières, l’école imposante, la surface en creux de l’ancien réservoir, le détournement de tous les canaux et ruisseaux (dont le canal mouturier),

rien ne reste sensible. Des 420 hommes, femmes et enfants qui ont fait tourner l’usine à son apogée, des Alsaciens venus former la main-d’œuvre locale, des liens étroits entre les Perrégaux (principaux promoteurs du textile à Bourgoin-Jallieu) et Samuel Debar (initiateur de La Grive), du seul témoin en place de l’importance du coton qui a précédé celle de la soie, quelle mémoire ? Les besoins évoluent, le patrimoine aussi. Parfois le mauvais état du bâti ou le coût d’une modification profonde ne laissent d’autre choix que la démolition. C’est alors aux professionnels ou aux amateurs de sauver au moins la mémoire, au moyen d’un reportage photo dans les règles, d’une étude, d’une publication, voire de quelques évocations intelligentes sur le site reconstruit. Bien trop souvent, personne ne s’est posé la question de l’intérêt patrimonial et de la faisabilité d’une réutilisation avant l’entrée en scène des pelleteuses. Et même si une association ou quelques habitants s’émeuvent alors, même si le promoteur écoute avec attention le plaidoyer in extremis des passionnés, les chances sont minces de faire évoluer les choses à ce stade… Le musée de Bourgoin-Jallieu met en scène de façon vivante l’histoire textile du bassin berjallien. Pour autant, l’éradication de ce patrimoine hors du musée n’est pas une fatalité sans remède. L’urbanisation galopante autour de La Grive aurait pu se trouver fédérée et articulée par une réutilisation du site usinier menée avec le sens du patrimoine. Elle aurait pu même y gagner une identité et une attractivité. Cela ne sera pas. Il reste à espérer que sur d’autres projets, ici et ailleurs, la question patrimoniale soit enfin posée au bon moment, c’est-à-dire à l’amont.

Et ensuite ? Chaque commune a été destinataire de l’ouvrage édité et des fiches de la base de données la concernant. Ces informations peuvent venir utilement alimenter les réflexions des équipes municipales en terme d’aménagement, d’urbanisme ou de valorisation. Elles constituent par exemple un outil précieux pour la réalisation des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU). Ces données sont également accessibles en ligne sur le site www.isere.patrimoine.fr. Ce qui permet aux associations et chercheurs de s’emparer de ce matériau de base pour poursuivre leurs propres démarches. Trente édifices, publics ou privés, se sont vu proposer le label « Patrimoine en Isère » par la commission ad hoc du Conseil général de l’Isère. Cette distinction est accordée au patrimoine auquel on reconnaît un intérêt départemental (voir p.25). Prochainement une cinquantaine d’objets civils et religieux seront proposés à la Commission départementale des objets mobiliers (CDOM) pour faire l’objet d’une protection au titre des Monuments historiques.


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et métiers D’ART,

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Jean-François Rapin, doreur sur bois à Grenoble

La découverte bien tardive par l’Unesco de la haute valeur du patrimoine immatériel – que les folkloristes et les ethnologues, étudient depuis plus d’un siècle ! – autorise à imaginer que des politiques publiques vont protéger et veiller à la transmission des savoir-faire. Cela n’est encore pas le cas et l’on préfère déclarer patrimoine « de l’humanité » des carnavals ou des danses populaires, quand il ne s’agit pas de rites sociaux tel le fameux « repas gastronomique des Français » ! Pourtant une part importante de notre patrimoine collectif est en danger. On sait combien de tours de main si spécifiques, issus de longues lignées d’artisans, sont perdus à jamais ; on sait que certaines productions, et pas seulement dans les métiers du luxe, ne pourront pas être réactivées. Des mesures existent pourtant qui, à défaut d’être aussi directives que le classement « trésor vivant » des artisans concernés au Japon, permettent de sauvegarder l’existence de certains métiers et de s’assurer de la transmission des savoir-faire. C’est le titre de Maître d’art accordé par le ministère de la Culture ; le label « Entreprise du patrimoine vivant » accordé par le ministère de l’Économie (treize entreprises iséroises sont ainsi labellisées1) ou encore l’action de l’Institut national des métiers d’art2 qui, sous la tutelle des deux ministères précédemment cités, accompagne les professionnels et valorise leurs savoir-faire. C’est ce vaste domaine de notre patrimoine collectif qu’il s’agit d’explorer dans ces pages, comme toujours à travers quelques portraits et quelques exemples de compétences exceptionnelles. Et sans prétendre bien sûr à l’exhaustivité. 1  www.patrimoine-vivant.com 2 www.institut-metiersdart.org


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Héritiers de savoir-faire élaborés au fil des siècles, les métiers d’art véhiculent des valeurs d’excellence, de créativité, de technicité et de modernité. Ils offrent, selon l’INMA (Institut national des métiers d’art) « une palette de plus de 200 métiers répartis en 19 secteurs ». Parmi eux, des relieurs, orfèvres, ébénistes, facteurs d’instruments, peintres en décor, ETC. En Isère, le secteur également hétérogène et difficile à définir reflète le constat national. Tentons une définition avec Christophe Berthier, maître verrier et Franck Michel, relieur et Président de l’Union des Savoir-faire des artisans des métiers d’art (USAMA).

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Franck Michel, relieur à Grenoble (L’atelier de reliure)

L’ARTETLESMANIÈRES

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s’amusent de l’enthousiasme suscité par la profession d’artisan d’art. Car s’ils reconnaissent un métier de passion, ils en savent les difficultés, l’énergie qu’il faut déployer pour en vivre et la nécessaire défense de la profession qu’ils organisent en Isère au sein de l’USAMA. « Vous faites un métier formidable ! » Franck Michel et Christophe Berthier

Une définition ? Franck Michel et Christophe Berthier :

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Les métiers d’art, c’est un grand tout ! On y trouve à la fois les notions de tradition, de patrimoine, de création et de transmission. Ces métiers qui viennent des arts décoratifs mettent en œuvre des savoir-faire complexes, traditionnels ou innovants, pour transformer la matière et ne produisent que des pièces uniques ou réalisées en petite série. Ils suscitent toujours du rêve car ils sont liés à l’art, mais ce sont avant tout des métiers d’expérience où le savoir-faire prime souvent sur l’art. Il faut en effet des années pour maîtriser un métier, acquérir un tour de main et travailler à l’adaptation très personnelle du geste ! Les qualités de l’artisan d’art ? F.M. et C.B. : Elles sont multiples. Ce sont des

métiers de passion mais il faut avoir la tête sur les épaules, montrer une vraie capacité à se remettre en question. Il faut aller vite, avoir des gestes sûrs et affirmés. C’est aussi un mélange de curiosité, de gourmandise, de rigueur, d’échange et de plaisir. Patrimoine et modernité F.M. et C.B. : Nous travaillons à la fois pour la

Christophe Berthier, maître verrier à Grenoble (Atelier du vitrail Berthier-Bessac)

conservation et la restauration du patrimoine mais aussi dans le domaine de la création. Fabrique-t-on le patrimoine de demain ? On ne se pose pas vraiment la question. Nous sommes aux prises avec des questions d’évolution du métier, c’est sûr. Le meuble ancien par exemple ne vaut plus rien ou est trop cher. Les fournisseurs de matériaux liés aux techniques traditionnelles disparaissent. Le papier carbone n’existe plus aujourd’hui qu’en format A4, la colle de peau de lapin ou l’or battu du doreur deviennent de plus en plus difficile à trouver. Il faut s’adapter continuellement. C.B. : Concernant le patrimoine, je crois que je me sens dans le continuum de l’objet, je le préserve, je lui permets de franchir une étape dans l’histoire humaine. Quant à la création, les commanditaires attendent une pérennité de l’œuvre, d’où pour moi la nécessité d’utiliser des méthodes ou matériaux restaurables. Un vitrail, ce n’est pas rien, c’est un bout d’éternité !

Des histoires uniques, entre conservation et création F.M. : Le travail que j’ai pu effectuer à la

Des clients, des commandes, des contraintes et la liberté C.B. : On n’acquiert jamais vraiment la maîtrise

Bibliothèque nationale a été enrichi par celui de mon atelier de centre-ville où je m’occupe aussi du dictionnaire d’un grand-père, de livres liés à des histoires personnelles. Les choix qui sont faits à l’atelier (matériau, couleur…) participent à l’affect qui entoure la reliure. Si ma mission première est de préserver le contenu, la réalisation (près de 50 étapes !) dépend ensuite du budget, de la culture et du goût des gens. Mon intérêt pour les matériaux insolites (plastique, pierre, métal, photographie...), alliés à l’utilisation des diverses techniques de reliure participent à faire évoluer ma démarche de création. C.B. : Je crée la plupart du temps mes vitraux d’après des dessins personnels mais j’aime aussi collaborer avec d’autres artistes comme Rémy James, Joost Swaarte ou Arcabas. En terme de création, tout est possible. Je me rappelle avoir mis du temps à mes débuts, à comprendre l’audace de Jean Mauret, un de mes maîtres, qui ménageait des trous dans certains vitraux. Il conférait ainsi au vitrail un statut d’œuvre picturale en niant les contingences traditionnelles de barrière contre les intempéries.

complète de l’art. Quant à la liberté, c’est bien souvent par la contrainte de la commande qu’on y accède. Comment nous remplissons le carnet de commandes ? Nous surveillons les appels d’offre mais nos clients arrivent le plus souvent sur recommandation. Aujourd’hui, il y a aussi Internet qui offre une vraie visibilité sur nos métiers même à l’étranger. Pourquoi l’USAMA ? F.M. et C.B. : Les artisans d’art relèvent de

statuts divers. Ils peuvent être répertoriés comme artisans à la Chambre des métiers, s’inscrire à la Maison des artistes ou s’installer comme profession libérale. Se fédérer, c’est essayer de trouver des valeurs, des problématiques et un vocabulaire communs. Le premier regroupement en Isère date de 1968. Il s’agissait de défendre certaines valeurs face au productivisme. Aujourd’hui, il faut démontrer une certaine idée du métier pour faire partie de l’USAMA. Ensemble, nous nous attachons à préserver le patrimoine que constituent nos savoir-faire et défendons l’image de métiers d’excellence en prise avec leur temps. En partageant le plaisir que nous avons à les exercer, nous espérons convaincre les jeunes générations de reprendre le flambeau et le grand public à apprécier la haute valeur ajoutée de notre travail.

USAMA Union des savoir-faire des artisans des métiers d’art Née il y a 40 ans à Grenoble, l’USAMA (Union des Savoir-faire des Artisans Métiers d’Art) est un groupement professionnel d’artisans d’art sélectionnés pour leur savoir-faire et soucieux de promouvoir les métiers d’art en région Rhône-Alpes. Ils associent tradition et innovation, maitrisant art et technique au service d’une clientèle exigeante et avertie, publique ou privée. Ils interviennent dans des domaines variés : créateurs de bijoux, pendules, bois dorés, mobilier, marqueterie, sculptures, instruments de musique, peintures et tableaux, reliure, vitraux... 11, rue Beyle-Stendhal – 38000 Grenoble - www.art-isere.com L’USAMA expose au Palais du Parlement. À l’occasion des Journées du patrimoine 2011, l’USAMA réunit une vingtaine d’artisans d’art isérois au palais du parlement à Grenoble. Présentations, rencontres, démonstrations au fil des deux jours. Samedi 17 septembre de 9h à 19h (dernier accès à 18h30) et dimanche 18 septembre de 9h à 18h30


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L’enfance de l’art Comment en vient-on aujourd’hui à exercer un métier d’art ? Une vocation affirmée ou contrariée ? Un entourage propice ? Des rencontres ? Une formation exigeante ? CINQ artisans d’art isérois racontent l’origine de leur vie professionnelle. Des parcours très personnels, linéaires parfois, tortueux souvent mais guidés par la passion, toujours…

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Jean-François Rapin Doreur sur bois à Grenoble

Philippe Gilbert Sculpteur sur bois à Pont-de-Beauvoisin

Véronique Faudou-Fayolle Restauratrice de céramique à Chapareillan

Frédéric Théry Maître ébéniste à Theys

Nadia Behr Conservation-restauration de peintures à Échirolles

Peut-être que tout a commencé dans mon enfance passée à jouer dans les jardins du château de Versailles, où, sans m’en rendre compte, j’apprenais à “lire” les sculptures ! Peut-être que tout s’est décidé, à six ans, chez mon tonton Gaston, cheminot et peintre amateur… Je me rappelle encore les odeurs de peinture et de térébenthine, et l’envie qu’elles me donnèrent de pratiquer un métier d’art ! Mal orienté, je suis vite sorti de l’école pour travailler comme vendeur en arts graphiques, puis peintre en bâtiment… Ensuite, j’ai eu la chance d’être embauché par une entreprise de peinture en décors qui travaillait au château de Versailles. Et là, dans la chambre du Roi, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon maître d’apprentissage, Lucien Michel ! À ses côtés pendant six ans, j’ai appris la dorure sur bois : une formation sur le tas dans un cadre d’exception, le château du Roi-Soleil. En 1985, mon maître partant à la retraite, je suis venu m’installer à Grenoble, par amour du Vercors ! Un regret ? Que mon expérience et mon savoirfaire ne soient pas reconnus par un diplôme grâce auquel je pourrais travailler davantage pour les musées. Des fiertés ? Avoir appris la dorure auprès de l’un des meilleurs restaurateurs de bois doré de Paris, et contribué à restaurer des merveilles, du château de Versailles aux œuvres d’Arcabas !

De la 6e à la 3e, j’étais dans un collège de La Côte-Saint-André dont l’atelier de menuiserie était ouvert aux élèves à midi et le jeudi après-midi puisqu’il n’y avait pas classe. J’y passais tout mon temps ; c’est là que j’ai pris goût au travail du bois et aux outils aussi ! J’ai préparé ensuite un CAP de menuisier ébéniste mais je ne savais pas encore ce que c’était que la sculpture sur bois… Plus tard, pendant mon service militaire, j’ai découvert le château de Versailles : un choc esthétique inoubliable ! Je me rappelle aussi une rencontre décisive. Apprenti ébéniste, je suis allé récupérer des pièces chez un sculpteur à Voiron. J’ai été émerveillé par le nombre d’outils du vieil artisan et par son talent. Peu de temps après, je suis venu passer une journée avec lui, et, le soir venu, je savais que je voulais devenir sculpteur sur bois ! Un regret ? Celui de n’avoir pas eu un maître qui m’aurait transmis son savoir-faire. J’ai dû apprendre seul, ou presque ! Mes fiertés ? Mes médailles, d’argent et d’or, obtenues aux concours du Meilleur Ouvrier de France et puis, aujourd’hui, les stages que j’anime pour les amateurs et les professionnels : ils ne désemplissent pas !

Pour moi, vocation rime avec bifurcations ! Enfant, je voulais être artiste peintre. Plus tard, refusée aux beaux-arts où l’on ne m’avait pas trouvée assez mûre, j’ai opté pour l’histoire de l’art. J’ai choisi de poursuivre en archéologie – une discipline dont la passion m’a été transmise par ma grand-mère – et à l’École du Louvre. Pour préparer ma thèse de fin d’études sur la céramique modelée au Maghreb, j’ai arpenté pendant deux ans la Tunisie, à la recherche de la pérennité des formes et des techniques : une vraie expérience de terrain. Diplômes en poche, j’ai changé de cap ! Alors que tout me destinait à devenir conservatrice, j’ai ressenti fortement le désir de rester au plus près des pièces. J’ai alors effectué plusieurs stages en restauration et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment choisi mon métier ! Un regret ? Que l’Institut français de restauration des objets d’art (IFROA) de Versailles n’ait pas existé plus tôt, j’aurais adoré m’y former… Ma fierté ? Rendre leur intégrité et leur beauté initiale aux pièces qui me sont confiées. J’aime l’exigence scientifique de ce métier qui ne laisse aucune place au tâtonnement !

C’est en vacances, chez mon oncle et ma tante qui achetaient et retapaient des meubles anciens, que j’ai découvert ma vocation. J’avais une dizaine d’années et cette idée ne m’a pas lâché ! Encouragé par mes parents, j’ai naturellement suivi une formation professionnelle d’ébéniste. Plus tard, alors que j’étais employé dans une maison où je m’étiolais un peu, j’ai rencontré un ébéniste bourguignon, spécialisé dans les boiseries. Héritier d’une lignée d’artisans, c’était un homme extraordinaire dont l’atelier ressemblait à celui dont je rêvais. Il possédait notamment un rabot, dont la poignée était magnifiquement sculptée. C’était le célèbre ébéniste Œben qui l’avait offert à son arrièregrand-père ! D’y penser aujourd’hui, j’en ai la chair de poule… Cette rencontre a été comme un déclic. J’avais juste vingt ans et je me suis installé ! Et, chaque midi, chaque soir, pendant sept ans, je filais suivre des cours de dessin et de sculpture aux Beaux-arts de Grenoble pour combler mes lacunes… Dans mon élan, j’ai aussi passé mon brevet de maîtrise. Ni regret, ni fierté : mon parcours n’a pas toujours été facile mais l’envie d’avancer a toujours été la plus forte !

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J’ai grandi dans une famille où la culture comptait beaucoup. Ma mère, italienne, m’emmenait souvent au musée. Elle m’a fait découvrir et aimer la Renaissance et l’art baroque à travers nos nombreux voyages à travers l’Italie. Bien que je me rappelle un dessin, réalisé quand j’avais dix ans, représentant un restaurateur travaillant dans une église, je ne saurais dire si ma vocation s’enracine si loin ! Mon parcours me semble être une suite de choix progressifs. Après mon bac option arts plastiques, j’ai choisi de poursuivre mes études en histoire de l’art. Dans le cadre du programme Erasmus, je suis partie en Italie, et j’y ai prolongé mon séjour. Stagiaire auprès d’un restaurateur, j’ai pu suivre des chantiers passionnants à Rome et en Toscane et découvrir différentes spécialités en conservation-restauration. Cette expérience de terrain, consolidée par une formation à l’Ecole ENAIP de Botticino en Italie, puis par un master de conservation-restauration des biens culturels, a conforté mon choix de devenir restauratrice. Je me suis installée en 2005. J’apprécie la solitude de mon travail en atelier mais j’aime aussi en sortir pour vivre au rythme des chantiers comme celui de la Maison Bergès - Musée de la Houille blanche où je suis intervenue dans la restauration des peintures murales.

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On assimilerait volontiers les restaurateurs aux artisans d’art… En effet, les professionnels de la restauration travaillent sur l’objet lui-même, un objet le plus souvent historique, artistique, ancien et unique, et ils mettent en œuvre des valeurs qui sont celles d’autres professions artistiques comme LA RECHERCHE DE l’excellence et une grande technicité. Comme pour l’artisan d’art, le travail du restaurateur est un art manuel qui requiert un savoir-faire spécifique. Toutefois la comparaison s’arrête là. Contrairement à des professions artistiques telles que ferronniers, doreurs, ébénistes, décorateurs, le restaurateur n’a pas pour vocation de créer des objets nouveaux, il ne reconstruit pas ce qui n’existe plus ou qui ne peut être préservé. Il a pleinement conscience de la nature documentaire d’un objet et travaille dans le respect de celle-ci. Toutes les interventions qu’il réalise visent

Lepatrimoineconservé, lepatrimoinerestitué Restaurateur d’œuvres d’art, un métier d’art ? La question mérite d’être posée. ainsi à préserver l’intégrité physique et l’histoire particulière de l’objet. Il ne cherche pas à effacer les traces d’usure, à rendre un aspect neuf à l’objet mais plutôt à lui redonner une lisibilité quand celui-ci est particulièrement dégradé. Ne dit-on pas qu’une bonne restauration est celle qui ne se voit pas ? Le geste est primordial, la retouche pleinement appréciée, mais l’art du restaurateur est avant tout celui du bon questionnement – « jusqu’où intervenir » - et du bon dosage – « adapter son geste jusqu’à s’effacer derrière l’œuvre »… Irréversibilité, réinterprétation, approximation sont bannies de son langage. Preuve par l’exemple : la restauration en cours d’un double cadran solaire de la fin du XVIIIe siècle peint sur une maison particulière à Vourey. Exécuté sur deux façades, ce cadran est aujourd’hui en très grande partie effacé. Sa restauration a été confiée à une restauratrice de peinture murale. Ici pas question de repeindre le cadran comme le ferait un cadranier, c’est-à-dire en le recouvrant totalement d’une nouvelle couche de peinture. On part, là, de l’existant, l’enduit peint originel est refixé s’il est soulevé et menace de tomber, on procède au nettoyage méticuleux de la couche picturale et les

parties colorées encore visibles sont réhaussées par petites touches. Pas question de récréer des éléments décoratifs dont on n’a plus la trace. Redonner une lisibilité, un équilibre visuel et une cohérence d’ensemble à ces deux cadrans est l’objectif fixé. Les lignes horaires, dont le tracé et la couleur sont encore partiellement visibles, sont ainsi reteintées, de même que quelques filets qui structurent la composition et les fonds de couleur sont rehaussés. Un jeu de retouches atténue ainsi les marques du temps. Et si la main de l’homme a ajouté au fil des années quelques fantaisies ornementales qui ne faisaient pas partie de l’œuvre originelle, le parti est ici de les conserver en privilégiant le dernier état.

Dessavoir-faireancestraux… respect ! De nombreux savoir-faire sont particulièrement anciens, complexes et codifiés. Nés dans un contexte spécifique, ils poursuivent leur voie à l’heure contemporaine et revendiquent à juste titre des lettres de noblesse acquises au fil du temps.

La longue marche d’une fabrique de cannes La maison Boursier, à Entre-Deux-Guiers, fabrique des cannes depuis 1898. Une sixième génération s’apprête à prendre le relais pour prolonger la longévité de cette entreprise familiale de Chartreuse. À la fin du XIXe siècle, la canne est un élément indispensable de l’élégance masculine : elle constitue, à l’égal du chapeau, un accessoire de l’habillement que tout homme bien mis se doit de posséder. Les modèles en vogue sont en bois précieux et arborent une poignée d’argent. Mais parallèlement à cette canne citadine, la demande d’un autre support de la marche se fait jour avec l’essor du tourisme : la canne dite alpine, plus rustique, fabriquée en châtaignier. L’ancêtre de la famille Boursier décide alors de consacrer son atelier de menuiserie à la production exclusive de ces cannes. Il n’est pas le seul à l’époque, puisque dans un périmètre compris entre Les Echelles et Entre-Deux-Guiers, on comptera jusqu’à six fabriques de cannes. Aux établissements Boursier, cette activité s’est transmise de père en fils depuis 1898, sur les mêmes lieux, avec les mêmes gestes et quasiment les mêmes outils. « Nous perpétuons un savoir-faire artisanal ancestral : la fabrication d’une canne nécessite trente-deux opérations, depuis la coupe des rejets de châtaignier jusqu’au traditionnel marquage de l’edelweiss, qui s’effectue à présent avec une petite fraise pneumatique », explique Bernard Boursier. Le 1er octobre prochain, le patron passera le témoin à son fils Cédric — qui travaille depuis près de vingt ans à ses côtés,

en compagnie de sa mère, de sa femme, et d’un ouvrier. La maison familiale, qui produit quelque 50 000 cannes et bâtons de randonnée par an, connaîtra alors sa sixième génération d’exploitant. L’entreprise doit faire face aujourd’hui à la concurrence venue d’Asie et à la difficulté grandissante de s’approvisionner. La coupe des pousses s’effectue en forêt l’hiver, avant la montée de la sève, à la serpe dans des taillis auxquels les bûcherons ne peuvent pas accéder aux commandes de leurs engins. De toutes les opérations nécessaires à la fabrication d’une canne — épluchage, triage, séchage, courbage, ponçage, lavage, flambage, pose de l’embout, finitions, gravure et vernissage —, la plus délicate est le redressage du bois, après son assouplissement par un bref passage au four. Cette opération s’exécute sur des chevalets conçus par les premiers fabricants. « Nous travaillons le bâton sur des dressoirs pour casser les nerfs du bois. C’est un geste qui nécessite trois ans d’apprentissage. Au début, on casse cinq à six bâton sur dix. », explique Bernard Boursier. De même que ses ancêtres ont dû jadis se diversifier en fabriquant les premiers bâtons de ski en bois avec leur rondelle en rotin, l’entreprise fournit aujourd’hui la fédération française de boxe pour ses compétitions de canne, cette discipline sportive proche de l’escrime dont l’arme maniée est un bâton souple, au poids et à la taille dûment réglementés. Durant la saison creuse d’août et septembre, Bernard et Cédric, nécessairement polyvalents, prennent leur bâton de pèlerin pour aller assurer la partie commerciale dans tout l’arc alpin, du Léman jusqu’à Nice.

La Fabrique de Cannes Boursier Bernard A REÇU LE LABEL Entreprise du Patrimoine Vivant Rue de Verdun - 38380 Entre-deux-Guiers - 04 76 66 07 75 - ets.boursier@wanadoo.fr


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Desoutilssinonrien Fondés sur la transformation de la matière, les métiers d’art ont développé des savoir-

Àlapointedelatechnologie Héritiers de traditions, les métiers d’art sont aussi ancrés dans la modernité.

faire techniques élaborés associés à un outillage spécifique, parfois très personnalisé, perfectionné ou « bricolé », au service du tour de main. En découle une certaine poésie lexicale : ciseau, gouge, broche, bédane, tour à guillocher, pic, poinÇon, hache, chasse, masse, maillet, laye, boucharde, gradine, ripe, …

La disparition de certains fournisseurs et de certains matériaux, la logique de rentabilité économique incompatible avec la lenteur du geste et des savoir-faire nourrissent aujourd’hui les questionnements sur la profession. A l’heure de la reproduction en série et de la domination des nouvelles technologies, où peut se situer l’innovation dans ces métiers ?

Les outils des ébénistes Hache au château de Longpra

Lorsqu’il décide, en 1755, de faire transformer en une demeure raffinée la maison fortifiée qu’il vient de recevoir en héritage, PierreAntoine Pascalis de Longpra, futur président du Parlement de Grenoble, fait naturellement appel à l’atelier d’ébénisterie Hache auquel ses réalisations ont conféré une réputation d’excellence. Pour construire les escaliers, le parquet du grand salon, la fontaine fermée de l’office ou encore la bibliothèque des lieux, les Hache fournissent au château nombre d’outils dont certains qu’ils importent d’Angleterre ou d’Allemagne. Ces outils, et d’autres, ont été retrouvés dans les communs, qui abritaient des ateliers durant les près de quarante années qu’ont duré les travaux, et qui logent aujourd’hui le Musée des outils à bois du château de Longpra, inauguré en 1999. Aidé par l’ébéniste d’art Yves Bourgeois qui en a assuré la restauration, le maître des lieux, Albert de Franclieu, a décidé de les exposer. Ce précieux héritage constitue l’une des plus importantes collections françaises de gouges et de ciseaux à bois du XVIIIe et XIXe siècles. Certaines pièces possèdent un manche en bois de palissandre et une bague en argent gravé. La pièce maîtresse de la collection, unique modèle en Europe à pouvoir encore fonctionner, est un tour dit à guillocher de l’époque des Hache. « De fabrication exemplaire, il est doté d’un porte-outils permettant de faire des tournages très fins et possède déjà des mandrins à mors tels qu’on peut les voir aujourd’hui », s’émerveille Yves Bourgeois, qui a pu reconstituer et remettre en état de marche la machine grâce au Manuel du tourneur, un ouvrage de 1816 conservé dans la bibliothèque du château.

La statue de la reine de Saba, située sur la façade occidentale de la cathédrale de Reims était extrêmement dégradée. Pour la remplacer, une copie a été réalisée selon le procédé d’assistance au geste par ordinateur mis au point par la société 7Dworks. L’approche des formes : Une fois le bloc de pierre sélectionné et découpé, l’entreprise Léon Noël entreprend le dégrossissage, à l’aide du relevé numérique, réalisé sur un moulage de la statue.

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Réalisée en collaboration avec l’UNAMA (Union Nationale de l’artisanat des Métiers de l’Ameublement) et la Guilde d’Ateliers (guilde d’artisans, rassemblés par la passion pour un métier, unis au service de l’art et du patrimoine), cette exposition rassemble une douzaine de métiers d’art et présente des reconstitutions d’ateliers, des réalisations exceptionnelles, œuvres remarquables et pièces de collection. Des démonstrations, animations et conférences sont programmées chaque dimanche.

L’atelier de taille de pierre de Claude Chevènement à Saint-Antoine-l’Abbaye

Pour tailler la pierre, la sculpter, en tirer des ornementations pour l’architecture, la technique employée n’a guère changé depuis six mille ans, fait remarquer Claude Chevènement. « Mais si nous utilisons les techniques traditionnelles, ce n’est certainement pas par passéisme », s’empresse-t-il d’ajouter. L’atelier des Bons Œuvriers qu’il a installé à l’ombre de l’abbaye de Saint-Antoine, dans une ancienne apothicairerie, travaille notamment à des restaurations de monuments et forme une douzaine de stagiaires par an au métier de tailleur de pierre, un métier « sous tension » tant les professionnels manquent. Les techniques de tailles manuelles participent d’un choix qualitatif, enchérit son fils Christophe, qui l’a rejoint depuis quelques années. « Le geste est plus fin à la main, moins brutal qu’avec des outils pneumatiques. Nous n’utilisons ceux-ci que lorsque c’est vraiment nécessaire, car il est toujours plus agréable de travailler en écoutant France Musique qu’avec un casque sur les oreilles, un masque pour respirer et les bras fourmillant de secousses. » Donner forme à la pierre requiert des connaissances en géologie et en histoire de l’art, et un sens concret de la géométrie. Manier la broche, la gradine et le ciseau, exige aussi un savoir esthétique : « on ne réalise pas une taille de la même manière si l’on est en Dauphiné ou au Liban (où il a été appelé à intervenir), rappelle Claude Chevènement, le travail tient compte de la consistance de la pierre, de sa texture, et de la façon dont elle captera la lumière. »

L’atelier des bons oeuvriers A REÇU LE LABEL Entreprise du Patrimoine Vivant 38160 Saint-Antoine-l’Abbaye - 04 76 36 44 12 - www.atelierdesbonsoeuvriers.fr

Le sculpteur travaille à partir d’un relevé informatique d’un moulage de la statue datant de 1881 et conservé à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (Paris). Le relevé de l’original a été réalisé numériquement, sans toucher à l’original, permettant un archivage numérique des données plus facile et un gain de temps par rapport aux techniques traditionnelles. Le travail du sculpteur : Le sculpteur Leandro Berra conserve ses outils traditionnels. Le système, sans se substituer au geste du sculpteur, utilise les capacités de ce dernier, en le guidant de l’ébauche à la finition, grâce à un bras articulé et un écran lui offrant une précision de l’ordre de 0,05 mm.

7D

works

Les Ateliers d’art 7Dworks sont inclassables. Et la rencontre avec leur fondateur dénote une réflexion peu commune mêlant technique et éthique, histoire et art, sociologie, économie et philosophie. Le tandem constitué par Philippe Bellanger, sculpteur et ancien professeur aux beaux-arts et Stéphane Boussac, docteur en informatique est en effet atypique. À la croisée des problématiques de conservation, de restauration et de création, le duo a développé un savoir-faire unique basé sur une technologie innovante brevetée : un système d’assistance au geste permettant l’archivage 3D et la reproduction manuelle d’œuvres sculptées complexes sans contact avec l’original. Si la matière demeure « classique » (pierre, bronze, plâtre, etc.), l’outil et la technique sont d’aujourd’hui. L’origine de l’innovation ? Une problématique soulevée par le Musée du Louvre et l’UNESCO (via l’ICCROM, Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels) : que faire des pièces sculptées trop

Source 7Dworks et DRAC Champagne-Ardenne www.cathedrale-reims.culture.fr

sculpteurs innovants

fragiles pour être bien conservées ? L’informatique pourrait-elle permettre d’archiver au moins une sorte d’état des lieux de ces pièces ? Serait-il possible de présenter des reproductions « hyperfidèles » pour assurer la continuité de la transmission du patrimoine et protéger les originaux ? L’outil ? Il s’agit d’un « bras passif » (asservi à la main de l’homme et non pas robotique) prolongé soit d’une caméra optique pour la phase d’archivage, soit d’un outil de sculpture pour la phase de reproduction. Si le bras est « conduit » par l’homme, c’est qu’il s’agit aussi de conserver les savoir-faire, le geste, mais aussi de respecter l’erreur humaine et les « accidents » constitutifs des œuvres. La démarche ? La science doit rester au service de l’art. Est confié à l’outil la fonction de compilation des caractéristiques de l’original à un haut degré de précision, tant pour l’archivage (la captation optique) que pour la copie (la reproduction aboutie à 90%). À l’homme est laissée la partie intuitive et manuelle, la responsabilité du supplément d’âme de l’œuvre en quelque sorte car c’est bien le

Les Ateliers d’art 7Dworks ont REÇU LE LABEL Entreprise du Patrimoine Vivant Le Moulin - 38160 IZERON - www.7dworks.com

sculpteur qui contribue à la fabrication du fichier numérique pour aboutir à un archivage intelligent et c’est lui qui achève la reproduction. Son nom ? Il recèle sa philosophie… Les « 7D » sont en effet l’addition des 3 dimensions de l’original et des 3 dimensions de la sauvegarde, enrichies de la dimension humaine, la septième… Depuis une dizaine d’années, nombreux sont les bénéficiaires de l’innovation : des plâtres du XVIIIe siècle au château de Blois au tympan roman de l’église Saint-Basile d’Etampes archivés au micron près, en passant par la reproduction de la statue de la Reine de Saba à Reims ou très récemment celle de l’original de la Statue de la liberté de Bartholdi pour le CNAM. Et la réputation des Ateliers d’art 7Dworks dépasse les frontières puisque leur prochain contrat va les conduire au Musée national de Pékin pour le traitement de 100 pièces de l’époque Ming… Une gageure, la petite entreprise iséroise, première dans l’innovation sur les savoirfaire en matière de patrimoine, a même su se faire un nom au pays roi de la copie en nombre !


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Constitutifs de notre patrimoine culturel, les métiers d’art ne survivent que par la transmission. Transmission du métier car des années d’apprentissage en atelier sont bien souvent nécessaires à l’aspirant artisan avant de pouvoir prétendre à l’autonomie, mais aussi valorisation de la profession auprès du grand public, car il faut aujourd’hui convaincre de l’intérêt d’une réalisation artisanale souvent onéreuse face à la concurrence manufacturière bon marché. Valérie Le Métayer et l’Atelier de faïences Les Delphinales, Jean-Jacques Dubernard et la Poterie deS Chals, Jean Strazzeri et la Ganterie Lesdiguières : ces TROIS artisans racontent TROIS histoires de transmission.

Latransmissionenquestion

Poterie deS Chals, lieu de passions, lieu de transmission Il est assis derrière son tour, concentré sur la réalisation d’un décor… Jean-Jacques Dubernard est le dernier potier d’une longue lignée installée à la poterie des Chals, à Roussillon. Avec sa femme Nathalie Pouzet, également potière, ils perpétuent avec passion et talent le tournage de la terre et l’histoire du lieu. « Continuer une histoire », telle pourrait être sa devise. Tout à commencé en 1976, quand une animatrice du Centre social du quartier de l’Isle à Vienne lui fait découvrir, à l’occasion de la dernière cuisson prévue dans le grand four, la poterie des Chals et son propriétaire-potier, Jean-Marie Paquaud. Hasard des rencontres, ce dernier revient sur sa décision de partir en retraite et enseigne à son protégé, pendant plus de trois ans, les techniques et les savoir-faire des potiers. Le métier, Jean-Marie Paquaud le connaît ! - l’été à la préparation de la terre, l’automne et l’hiver au tournage, le printemps au décor et à la cuisson - ; il a commencé à travailler très jeune à Digoin (Saône-et-Loire) et a effectué un tour de France des poteries -La Flachère (Isère), Saint-Désirat (Ardèche),-… avant d’arriver en 1928 à Roussillon.

Le pays roussillonnais est connu depuis le XVIIe siècle pour ses poteries. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, cette activité traditionnelle connaît un important développement, avec une diversification des productions. Construite en 1843, la poterie des Chals s’est spécialisée dans la fabrication de vaisselles communes en terre vernissée avec une diffusion dans les départements voisins. Pendant près de cinquante ans, Jean-Marie Paquaud va perpétuer cette tradition locale, tout en faisant du site, un lieu de passage et d’échange artistique. Les dessins originaux de pots de fleurs accrochés au mur dans l’atelier en attestent ! Ils sont le témoignage de la collaboration avec Anne Dangar, artiste-céramiste australienne, adepte du cubisme, considérée comme l’âme de Moly-Sabata à Sablons. D’après la légende, Picasso aurait également franchi le pas de la porte de la poterie au moment où il cherchait un lieu pour faire de la céramique, avant d’aller s’installer à Vallauris. Aujourd’hui, c’est au tour de Jean-Jacques Dubernard de faire vivre l’atelier, avec l’envie de poursuivre la longue liste des potiers de Roussillon. La production a un peu évolué : moins de biches à

lait (10 000 en 1945 contre 50 aujourd’hui), et plus un travail personnel sur les formes et les décors, en gardant l’esprit de la terre vernissée, populaire et gaie, utile et décorative. Un des fils rouge du lieu et de ses occupants est le « plaisir de transmettre ». Transmission des savoir-faire : dans un esprit de rencontres et d’échanges, comme dans le passé, la poterie est ouverte à tous, aux visiteurs curieux, aux scolaires mais aussi aux stagiaires-potiers de tous âges, qui désirent s’initier ou se perfectionner aux techniques traditionnelles. Transmission d’un lieu, d’une histoire, d’un outil de travail. Au fil du temps, la poterie a été maintenue dans son installation d’origine : des espaces consacrés à la préparation et au stockage de la terre, un bâtiment principal comprenant un atelier de tournage équipé de deux tours à pédalier, un magasin et un four à bois - d’une capacité de 17 m3 pouvant cuire jusqu’à cinq tonnes de pots -, qui se distingue par sa toiture à deux pans surélevée. L’ensemble, tout à fait exceptionnel, conservé en état et toujours en activité, s’est vu attribuer les labels « Patrimoine en Isère » par le Conseil général de l’Isère et « Entreprise du Patrimoine vivant » par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Poterie deS Chals 100, montée de Chals - 38150 roussillon 04 74 29 54 40 poteriedeschals.free.fr

s’est alors engagé avec la Fédération française de Ganterie, dont il est le président, dans l’organisation de la formation. Pas d’école pour être gantier ! Le métier s’apprend à l’atelier à l’appui des mains habiles des coupeurs confirmés. Son entreprise reconnue comme centre formateur a engagé un apprenti. Retenu pour sa motivation, il lui faudra une année entière pour obtenir son diplôme de coupeur. Puis quelques années encore, en suivant les traces du maître pour apprendre à imaginer de nouveaux modèles, à choisir et façonner les peaux, accompagner la couture, modeler les gants et diffuser sa production. Depuis peu, une apprentie couturière a rejoint l’équipe. Formée à la couture, elle apprend la finesse spécifique des gestes sous le regard bienveillant des « anciennes ». Mais l’ambition de Jean Strazzeri ne s’arrête pas là. Il rêve d’un « musée-école », un lieu où serait, à

l’appui de riches collections, raconté l’histoire de la ganterie grenobloise ; un lieu de formation aussi et de transmission de ce métier d’art. Il est aidé en cela par l’Association des amis du musée vivant de la ganterie composée d’anciens gantiers qui ne demandent qu’à transmettre... En attendant, il valorise son savoir-faire auprès de ses pairs et de ses clients, mais aussi auprès du public qui est nombreux à venir visiter l’atelier de la rue Gabriel Péri et la boutique de la rue Voltaire chaque année. La Ganterie Lesdiguières A REÇU LE LABEL Entreprise du Patrimoine Vivant 10, rue Voltaire - 38000 Grenoble 04 76 89 11 42

La ganterie de main en main

Valérie Le Métayer, peintre en faïence. De la tradition aux objets contemporains Né en 1985, son atelier « Les Delphinales » est dorénavant installé à La Tronche, au cœur de l’histoire faïencière locale ! C’est là en effet que plusieurs ateliers célèbres produisaient tout au long du XVIIIe siècle, vaisselle et objets du quotidien en faïence, dont la célèbre petite gourde emblématique du faubourg marquée « Fait à la Petite Tronche 1760 ». Valérie le Métayer, maîtrisant parfaitement la technique du grand feu, perpétue cet art ancestral. Se consacrant uniquement à la décoration au

pinceau sur émail cru, elle propose à tous une multitude d’objets originaux et de très grande qualité. Sa formation à Moustiers-Sainte-Marie dans les seuls ateliers travaillant dans les règles de l’art - lui permet aujourd’hui de créer de nouvelles pièces, toutes fabriquées à la main et uniques, dont les décors polychromes du XVIIIe siècle s’adaptent parfaitement aux nouvelles formes ou à de nouveaux usages de la céramique. Seule artiste dans son domaine en Isère, elle est aujourd’hui fortement sollicitée pour transmettre

son savoir dans de multiples formations pédagogiques. Mais chacun peut aussi pousser la porte de son atelier et venir découvrir la beauté de son geste, la sérénité de son travail ou simplement s’immerger dans un monde à part… Atelier Les Delphinales 96, Grande Rue - 38700 La Tronche 04 76 44 77 91 www.valerie-le-metayer-faience.fr

Si l’industrie gantière a fait les belles heures de Grenoble et de sa région, il faut se rendre à l’évidence, il s’en est fallu d’un cheveu pour que la production, et plus grave encore le savoir-faire qui y est si étroitement lié, ne disparaissent. Il ne reste plus que six entreprises de ganterie en France et une seule en Isère, la ganterie Lesdiguières-Barnier située à Fontaine. Depuis 1978 elle est conduite par Jean Strazzeri. Le maîtreartisan gantier (récompensé meilleur ouvrier de France) est à la tête d’une petite équipe de huit personnes qui produit mensuellement entre 200 et 300 paires de gants. Entré comme apprenti à l’âge de 14 ans, il a appris auprès d’un maître gantier le métier de coupeur, puis successivement toutes les étapes de la confection d’un gant. Peu à peu, il a vu les ganteries grenobloises fermer à la cessation d’activité de leur patron ; il


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Flirtavecl’art:artistesouartisans? Les artisans d’art portent dans leur dénomination les deux composantes de leur métier, la maîtrise d’un savoir-faire manuel et la capacité à produire une œuvre d’art. Loin de toute prétention et bien qu’ils revendiquent leur qualité d’artisans, on décèle chez ces amoureux du travail bien fait une véritable propension à la création, nourrie de la contrainte des matières et des commandes. C’est qu’une constante recherche artistique nourrit leurs réalisations… Rencontre avec Anne Brugirard de l’atelier de vitrail Montfollet et Sylvain Balestrieri, luthier de guitares.

Anne Brugirard artiste mercenaire On ne fait pas vraiment ce métier par hasard… Enfant, Anne Brugirard dessinait beaucoup et montrait déjà une attirance pour ce qui était d’ordre historique et religieux ! Après un parcours solide dans l’enseignement supérieur – elle est diplômée de l’ENSAAMA (École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art) et de l’école nationale supérieure d’architecture - elle exerce pendant cinq ans le métier d’architecte avant de reprendre l’atelier de vitrail Montfollet où elle avait effectué de nombreux stages. Questionnée aujourd’hui sur son rapport à l’art (elle a travaillé à de nombreuses créations originales), elle revendique un savoir-faire et une inventivité techniques, rappelle que son travail quotidien, bien au-delà du dessin, du verre et du plomb, est un mélange de chimie, de géométrie plane et de résistance physique mais consent bien vite une créativité omniprésente car « quand les mains travaillent, la tête travaille à autre chose » ! Elle se dit « mercenaire », avec bien moins d’états d’âme qu’un artiste car la réalisation est avant tout guidée par la volonté du client. Que la commande soit très précise ou laisse la liberté la plus totale, l’artisan devra se mettre au service du projet tout en étant à la fois réactif dans sa créativité, maître des savoir-faire techniques ancestraux et contemporains, et sûr de ses connaissances historiques. Quoi qu’il en soit, le vitrail induit une relation artistique particulière avec les commanditaires. « On apporte quelque chose de l’ordre du spirituel. Travailler pour un couvent de cisterciennes, c’est créer un support unique à la prière et à la réflexion. Et derrière tout cela, il y a la notion de pérennité. Il faut que ça dure 150 ans ! ». L’Atelier de vitrail Montfollet a reçu le label Entreprise du Patrimoine Vivant 3, rue Moyrand 38100 Grenoble - 04 76 44 74 34 – www.atelier-montfollet.com

Sylvain Balestrieri luthier-créateur Un silence feutré accueille le visiteur qui pénètre dans l’atelier de Sylvain Balestrieri. Et pourtant, on est bien chez un musicien. L’œil est immédiatement attiré par une vitrine présentant une série de guitares électriques aux ornements en cuir remarquables. L’amour de l’art règne… Installé dans son atelier il y a un peu plus de trois ans, ce guitariste classique diplômé du Conservatoire de Grenoble a fait ses gammes de luthier dans de grands ateliers londoniens. Il raconte sa première guitare, réalisée au lycée sur l’établi familial, comme une étape logique dans son parcours de musicien soucieux d’esthétique sonore et visuelle. Un grand nombre d’instruments, classiques et électriques, ont suivi… La créativité et l’innovation accompagnent désormais chaque restauration et chaque création. Car il faut travailler le son, les micros pour les guitares amplifiées, être attentif aux vibrations et à l’ergonomie, déterminer le frettage et la forme des échancrures mais aussi réfléchir à l’aspect esthétique et décoratif de chaque instrument. Et ce n’est pas le moindre… la possibilité de personnalisation des guitares est vaste, de l’incrustation de métaux, nacre ou pierres semi-précieuses sur une guitare de série à la création complète d’un instrument. A chaque fois, c’est une nouvelle histoire pour laquelle le luthier doit comprendre le besoin du musicien et tirer le meilleur des matériaux sélectionnés. Mais l’amateur de blues l’avoue « chaque guitare, je la crée pour moi et chaque instrument est unique. » S’il faut compter 10 à 12 mois pour la création d’une guitare électrique, vous pouvez toujours passer pour changer une corde…

Les peintures d’Edouard Brun parties avec l’eau des Bains Vers 1892, Paul Émile Antoine Demenjon, ferblantier grenoblois fait bâtir au n°34 de ce qui s’appelait à l’époque l’avenue Thiers, une villa cossue. La façade principale tournée vers la rue comprenait trois travées de baies à encadrement polychrome fait d’une alternance de rangs de briques et de blocs de ciment moulé, avec des linteaux en ciment moulé mouluré. Une belle corniche supportait la haute toiture à croupes couverte en ardoise, percée de lucarnes à l’aplomb des baies. En 1900, cette villa est acquise par Louis Alphonse Douillet, industriel, associé avec son oncle Valérien dans la Société Perrin frères. Il fait réaliser des travaux d’embellissement intérieur puis d’agrandissement par adjonction d’un corps de bâtiment en pierre, richement orné. Il fait également construire un garage et une orangerie ainsi qu’une élégante conciergerie jouxtant un beau portail en ferronnerie, sur des plans dressés en 1906 par l’architecte Paul Perrin. Peu de temps après, il fait édifier une vaste salle des fêtes accueillant aussi un bowling. Il la fait orner de grands paysages de montagne sur des toiles marouflées, réalisées par le peintre Édouard Brun (Grenoble 1860-1935), artiste reconnu localement et membre fondateur de la « Société des peintres de montagne », qui donnait des cours de peinture juste en face, au n°33 de l’avenue Thiers. Le mur nord était orné sur toute sa longueur (24 mètres) d’un long panoramique subdivisé en une suite de sept grands panneaux verticaux. Grâce à des photographies anciennes, on y reconnaît une vue du balcon de Chartreuse présentant, sur fond de montagnes, un village traditionnel au bord d’une route bordée de clôtures rustiques serpentant vers les hauteurs. Du côté est, le mur en retour était orné d’un grand tableau représentant la Meije vue du col du Lautaret. D’autres scènes, lacs de montagne, maison familiale des Douillet à Burcin, le Grand Som paraient les autres espaces de la pièce. Ces œuvres ne sont connues à ce jour que par un cliché datant de 1941 et deux photographies datant de la Première Guerre mondiale, lorsque Louis Alphonse Douillet et son épouse

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avaient accueilli et dirigé « l’hôpital bénévole n°55 bis » dépendant du 14e corps d’armée - appelé aussi « hôpital A. Douillet ». La salle de bowling était alors transformée en dortoir pour les blessés. Après la mort de Louis Alphonse Douillet, la salle de bowling, puis la villa furent acquises par la clinique des Bains qui avait besoin de s’agrandir. Une bonne partie de l’ancienne salle de bowling fut conservée comme salle des fêtes de la clinique. On ignore à quelle époque certains des panneaux peints par Édouard Brun ont été recouverts d’un badigeon blanc mais on sait que la partie subsistante de la salle, amputée de son porche d’entrée et de ses annexes, a fini par n’être plus utilisée que comme réserve de matériel par la clinique. En raison du transfert de cette dernière sur un autre site, ses anciens bâtiments qui occupaient le vaste îlot délimité par la rue des Bains, la rue Thiers, la rue des Bergers et le cours Jean-Jaurès ont été désaffectés puis en grande partie démolis pour laisser la place à un programme immobilier. L’ancienne salle des fêtes a été détruite à l’automne 2010, sans qu’aucun repérage photographique n’ait pu être effectué, à l’exception de quelques clichés, réalisés in extremis, de loin à travers un enchevêtrement de bois de charpente abattus, alors que la démolition du bâtiment était déjà quasiment achevée. Seuls subsistaient alors en place, les panneaux du mur nord badigeonnés de blanc, dont seule une vue panoramique du balcon de Chartreuse, extrêmement dégradée était encore visible. Moins abîmés, les panneaux représentant la Meije et celui, représentant la villa de Burcin subsistaient encore. On ne saurait trop regretter qu’un reportage photographique intégral n’ait pas été réalisé avant la déconstruction des bâtiments condamnés. En particulier, faute d’une dépose des toiles marouflées d’Édouard Brun (qui aurait été possible et aisée si elle avait été programmée à temps) il aurait été hautement souhaitable de faire réaliser des clichés par un photographe pour en conserver la mémoire.

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Si vous détenez des clichés de cet ensemble, contactez-Nous !


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LE LABEL « PATRIMOINE EN ISERE »

EXP TEMPORAIRE OSITION

du 17 juin au Histoires de Saint-André-le-Bas

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Le cloître Saint-André-le-Bas - unique cloître du XIIe siècle conservé dans son intégralité en Rhône-Alpes -, vient de connaître un sérieux lifting. Témoin remarquable de l’art roman rhodanien, le cloître se caractérise par la grande qualité de son décor sculpté médiéval qui s’inspire notamment d’éléments d’architecture. Les travaux engagés dans le cadre du Plan Patrimoine ont permis de redonner tout son éclat à ce remarquable élément du patrimoine viennois (classé au titre des Monuments historiques depuis 1954). Le cloître et l’église, côté sud, sont les seuls vestiges conservés de l’abbaye Saint-André-leBas. Cette dernière, fondée au VIe siècle, était située au confluent du Rhône et de la Gère. Elle connait puissance et fortune entre le IXe et le XIIIe siècle, époque de travaux et d’embellissement avec notamment la construction du cloître. Ne parvenant pas à trouver un nouveau souffle, elle est unie à celle de Saint-Chef, puis à celle de Saint-Pierre en 1781, mettant fin à la vie monastique sur ce site. A la Révolution, les bâtiments sont vendus comme bien national. En 1840, l’église, devenue paroissiale, est classée Monument historique. Le cloître est alors englobé dans des constructions modernes. Dégagé et restauré, il retrouve sa forme actuelle en 1938. Suite à un bilan sanitaire réalisé sur les principaux

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monuments viennois en 2005 dans le cadre de la mise en place du Plan Patrimoine, une étude pour la restauration du monument réalisée par Alain Tillier, architecte en chef des monuments historiques, sous la maîtrise d’ouvrage de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, est lancée en 2008. Les interventions portent sur la réfection complète des toitures, la restauration des élévations intérieures et extérieures des galeries, la remise en état des sols et du plafond, la remise en état du préau central, la réfection de l’installation électrique. Les travaux ont débuté en 2010 et ont duré un an. Parallèlement, la restauration s’est accompagnée d’une étude d’archéologie du bâti (menée par la société Archeodunum, sous la responsabilité scientifique d’Emmanuelle Boissard) permettant de mieux comprendre l’évolution du bâtiment. Le cloître a subi de profonds remaniements au cours de ces huit derniers siècles. De l’édifice du XIIe siècle nous sont parvenus les baies de la salle capitulaire et du réfectoire, ainsi que les aménagements liés à la charpente primitive. Au XVe siècle, la mise en place du plafond à couvre-joints polychromes s’est accompagnée d’un rehaussement des galeries que l’on ne soupçonnait pas jusqu’alors : les arcatures ont été démontées pour être remontées plus haut sur le mur bahut. En 1937-38, Jules Formigé

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(architecte en chef des monuments historiques) a non seulement reconstruit le mur et une partie de l’arcature sud, mais aussi la majeure partie du mur nord du cloître. Depuis cette époque, une exceptionnelle collection de pierres funéraires constituée d’épitaphes chrétiennes (Ve – VIIe siècles), d’inscriptions médiévales (XIIe – XIVe siècles) et de sarcophages de l’Antiquité tardive était présentée dans le cloître. La restauration a également permis de mener une réflexion sur une nouvelle présentation privilégiant la compréhension de l’histoire du cloître et de l’abbaye à travers un certain nombre d’éléments sculptés provenant de l’église et des inscriptions funéraires médiévales du monastère. Une attention particulière a été portée au public en situation de handicap, afin de rendre le lieu et les collections accessibles à tous : encombrement au sol réduit au maximum, éléments tactiles mis à la disposition de tous, et recherche de lisibilité maximale des textes et documents iconographiques reproduits. Sabine Gely, avec la complicité de Nicole Jacquet (responsable du Plan patrimoine, Ville de Vienne), Monique Zannettacci (archéologue municipale, Ville de Vienne), Sébastien Gosselin (conservateur des musées de Vienne, Ville de Vienne) et Alain Tillier (architecte en chef des Monuments historiques).

Le Plan patrimoine Vienne possède un patrimoine parmi les plus riches de France. Conscients de cet atout, la Ville de Vienne, le Conseil général de l’Isère, la Région et l’État se sont associés pour élaborer un plan décennal (2005–2014) de restauration et de valorisation unique en Rhône-Alpes. Un premier financement de trois millions d’euros a permis de restaurer la Pyramide, le portique du forum de Cybèle, la façade nord de la cathédrale Saint-Maurice, le temple d’Auguste et Livie (1ère tranche), l’église Saint-André-le-Haut (1ère tranche) et le cloître Saint-André-le-Bas.

Une nouvelle convention, portant sur quatre millions d’euros, vient d’être signée par les différents partenaires (le Conseil général de l’Isère participant pour sa part à hauteur de 20 %), lesquels s’engagent à financer la poursuite des travaux de restauration sur la cathédrale Saint-Maurice (façade ouest), le temple d’Auguste et Livie (2e tranche), le théâtre antique, l’église Saint-André-le-Haut -ex chapelle Saint-Louis- (2e tranche) et la sécurisation de l’église de l’abbaye Saint-André-le-Haut.

Opérationnel depuis janvier 2007, le label désigne des édifices ou des ensembles bâtis qui présentent un intérêt patrimonial départemental. Quarante-neuf labels ont été décernés, ce qui permet aux propriétaires, outre des aides financières, de bénéficier de l’accompagnement des architectes du Conseil général pour leurs projets de travaux ou de valorisation. Le partenariat au secours du Chalet du Rival La Côte-Saint-André Cette superbe maison de maître du XIXe siècle, bien visible depuis la route de Beaurepaire a reçu le label « Patrimoine en Isère » en septembre 2008. Fortement endommagée par les intempéries, sa tour ouvragée nécessite des interventions importantes au niveau de sa toiture. Les propriétaires ne pouvant assumer des travaux de restauration de cette importance et ce, même avec l’aide du Conseil général de l’Isère, une solution de sauvegarde a été trouvée dans le partenariat avec la Fédération compagnonnique des Métiers du Bâtiment (FCMB). Le chantier-école, mis en place par M.Mazière (responsable de formation), devrait débuter dès cet été. La toiture de la tour sera refaite à l’identique dans les locaux de la FCMB implantés à Échirolles, puis transportée et mise en place probablement au printemps 2012. La Fondation du Patrimoine, sollicitée, pourrait elle aussi participer à la sauvegarde de ce superbe ensemble. Espérons que d’ici l’année prochaine aucune autre avarie ne vienne menacer la tour !

Le Couvent de la Délivrande fait peau neuve Saint-Martin-d’Hères Dix-sept religieuses vivent actuellement au sein de cet imposant couvent construit dans les années 1885-1887 par l’architecte Alfred Berruyer. Afin d’améliorer leurs conditions de vie et d’entretenir cet édifice aux proportions gigantesques, les occupantes ont choisi de céder une partie des jardins et de louer une des ailes. Un foyer pour femmes en difficultés s’installera dans la partie est, gérée par la Société dauphinoise pour l’Habitat (bail emphytéotique). Ses occupantes pourront jouir à loisir de la roseraie implantée côté rue Chénier. Ces rentrées d’argent, ajoutées à l’aide du Conseil général, devraient permettre de financer le réaménagement complet de l’aile ouest réservée aux religieuses. Outre les aménagements intérieurs, le projet prévoit de recouvrir l’ensemble des façades d’un enduit protecteur, dont le couvent n’a jamais été doté faute de moyens financiers. Son absence indique, en effet, que le chantier n’a jamais été mené à son terme. Ceci sera chose faite, 124 ans plus tard !

Les derniers sites labellisés Avignonet Château d’Ars août 2010 Bourgoin-Jallieu Ancienne Brasserie rue Pontcottier janvier 2011 Charancieu Maison de maître juillet 2010 L’Isle-d’Abeau Ferme « Le Grand Mollard » octobre 2010

Renage Site de la Grande Fabrique août 2010 Ruy-Montceau Calvaire de Notre-Dame de Bonne Conduite janvier 2011 Saint-Chef Maison Minsac janvier 2011

Saint-Savin Maison forte de Peythieu octobre 2010 Venon Église Saint-Christophe octobre 2010 Villefontaine Pavillon des quatre vents septembre 2010

Saint-Martin-d’Hères Couvent de la Délivrande août 2010

Nivolas-Vermelle Chapelle Saint-François de Boussieu janvier 2011

Saint-Paul-d’Izeaux Église Saint-Paul novembre 2010

Église Saint-Blaise (Vermelle) octobre 2010

Saint-Quentin-Fallavier Site du Relong décembre 2010

Usine-pensionnat du Vernay novembre 2010

Depuis 2011, le montant des aides financières accordées par le Conseil général a été revu. Désormais, les travaux pour les propriétés publiques peuvent être subventionnés à 30 % plafonnés à 30.000 EUROS du montant des travaux HT et pour les propriétés privées, à 25 % plafonnés à 30.000 EUROS du montant des travaux TTC.


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01. Engins, Four à chaux des Jaux Sur le bord amont de la route départementale RD 531, à la sortie du hameau des Jaux, les travaux menés pour l’entretien des routes ont permis de dégager un petit fragment de ce qui fut sans doute un four à chaux. La route en ce point longe d’un côté le Furon, et de l’autre une pente assez abrupte, de schistes instables, paroi naturelle contre laquelle s’appuyaient les briques de ce foyer. Il s’agit sans doute d’un four à chaux peu ancien, qui aurait été réalisé en lien avec le canal d’amenée d’eau de la scierie Coynel (après 1838). Encore conservé en 1965, il fut démoli lors de l’élargissement de la route pour les jeux olympiques. Cet aménagement, trop récent, ne sera pas fouillé. 02. Le Touvet, maison forte de La Bayette Situé à flanc de colline au-dessus du village du Touvet, le site comprend deux corps de bâtiment appartenant tous deux au Moyen Âge, une tour quadrangulaire côté montagne et un logis de plan allongé côté vallée, reliés par un beau portail ouvrant sur une petite cour intérieure. Un nouveau propriétaire privé s’est engagé dans l’aménagement d’une partie de cette ancienne maison forte (la propriété est partagée en deux). Grâce à un travail en collaboration entre le service du patrimoine culturel (Conseil général) et l’architecte du patrimoine en charge du projet, un aménagement du bâtiment aussi respectueux que possible de son caractère ancien, a été proposé. Des relevés complémentaires seront réalisés à l’occasion des travaux, qui permettront de mieux comprendre cet édifice dont le nom est déjà attesté en 1294. Le terme « bayette » renvoie à la fois à l’office de veyer, office de garde et de police, souvent accompagné de la possession d’une maison forte servant de prison et à un élément de fortification où prenait place un guetteur. 03. Vizille, Château du Roy Après une première tranche de travaux de stabilisation du long mur qui occupe le point haut de l’arête rocheuse où se serraient le château delphinal et les nombreux bâtiments qui l’accompagnaient, une seconde tranche sera menée en 2011. Certains éléments de l’ancien rempart et parties d’un édifice où se reconnaissent par exemple les vestiges d’un four, dominent en effet la falaise… de l’école d’escalade ! Il est donc urgent de procéder aux travaux nécessaires à la sécurité, sans pour autant sacrifier la connaissance et la conservation du patrimoine. Une étude des élévations, préalable au travail de maçonnerie proprement dit, sera donc réalisée.

04. Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, maison forte de Fassion Après la découverte des traces d’une étonnante cheminée en bois (Journal n°23 p.22), les propriétaires de ce bel édifice qui domine la villeneuve fortifiée n’ont pu résister au désir d’en savoir plus... Des datations par dendrochronologie ont donc été réalisées par le laboratoire isérois Archéolabs à Saint-Bonnet-de-Chavagne. L’édifice se compose de deux corps de logis se touchant par un angle, reliés par une élégante tour d’escalier polygonale. L’analyse architecturale du bâtiment permet de reconnaître trois grandes phases de construction, dont deux seulement peuvent être datées avec certitude : le premier bâtiment dans lequel plusieurs ouvertures d’origine sont conservées, notamment une porte et une série de petites fenêtres à encadrement de briques au second étage, est bâti entre 1335 et 1340. À un second état non daté pour l’instant, il faut rapporter l’édification d’un nouveau bâtiment, à peu de distance du premier : un passage étroit où circulait peut-être de l’eau, sépare les deux constructions. L’escalier appartient à une étape de construction plus récente, qui voit la recomposition de l’ensemble et l’ajout d’un nouveau volume qui abritait la cheminée en bois : la datation de 1545 retenue jusqu’à présent, se basait sur la présence d’un écu aux armes de la famille de Fassion, qui aurait racheté ce site en 1545. L’analyse du bois des poutres en place fournit la date de 1542. 05. Sérézin-de-la-Tour, château de Quinsonnas Peu après l’inventaire du pays de BourgoinJallieu, le château de Quinsonnas, dont l’état de ruines était fort préoccupant, a été cédé à un nouveau propriétaire qui a engagé des travaux très importants d’aménagement, reconstruisant entièrement une aile de l’édifice. Attesté au moins en 1339, Quinsonnas eut une histoire complexe, et se trouve quasiment en ruines en 1540 ; lors de sa reconstruction majestueuse au XVIIe siècle, on comble l’enceinte du Moyen Âge avec les matériaux de l’ancien château. Les travaux récents ont permis de retrouver et dessiner le plan complet de l’édifice issu de cette reconstruction. Gageons qu’un bon respect du patrimoine archéologique permettra de préserver le site médiéval enfoui plus profondément.

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06. Saint-Savin, Maison forte de Peythieu Étudiée dans le cadre de l’inventaire et inscrite au label, cette petite maison noble et forte a bénéficié d’une rapide étude archéologique des élévations, se révélant plus complexe que son aspect homogène ne le laissait présumer au départ : trois phases d’aménagement assez serrées dans le temps, entre le milieu du XVe siècle et le XVIIe siècle ont été identifiées. Des observations intéressantes ont été faites en particulier sur le système complexe de couvrement de la cave, dont les piliers de bois, les poutres massives sur corbeaux de pierre, révèlent qu’un sol de poids (dallage en pierre sans doute) était installé dans la salle noble qui la surmontait. Les travaux prévus bientôt sur la toiture, permettront de compléter ces premières esquisses, par des informations sur les parties hautes. 07. Elle a chut Noyer-Chut ! Située pratiquement sous les Ruines de Séchilienne, la centrale hydroélectrique de Noyer-Chut sur la Romanche est en cours de déconstruction totale. L’État l’a expropriée avant d’ôter les vannes de son barrage puis d’éradiquer la totalité de ses installations : prise d’eau, canal d’amenée, usine, cheminée d’équilibre, canal de fuite. Afin de conserver une trace de ce patrimoine industriel, un des maillons de la remarquable chaîne de centrales hydroélectriques de la basse Romanche, une couverture photographique aussi complète que possible a pu être réalisée par le service du patrimoine culturel du Conseil général de l’Isère. Dedans et dehors, détails et généralités ont été abondamment clichés pour témoigner de cette installation venue s’adjoindre en 1917 au canal de l’usine des carbures de Séchilienne pour alimenter l’usine des Clavaux. Précisons qu’à l’époque, chaque entrepreneur produisait son énergie ! Passée ensuite à l’usine chimique de Jarrie (objet d’une opération des maquis durant la guerre), elle a fonctionné jusqu’au printemps 2011 pour EDF. Edifiée en béton et pierre, assez différente de ses voisines, elle portait aussi les marques d’importantes modifications d’équipements. Un beau sujet d’étude à mener pour un étudiant, archives et photos à l’appui…

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Jours de fêtes en Matheysine Si les paysans-ouvriers de ce territoire du Sud-Isère ont pour la plupart mené une vie de labeur, des temps de fêtes et autres rituels sociaux rythmaient le déroulement de l’année et les moments importants de la vie. Loin d’appartenir à un passé révolu, certaines fêtes demeurent bien vivantes en Matheysine, telle la Sainte-Agathe - banquet réservé aux femmes - ou son pendant masculin, la Saint-Barnard. La mémoire orale autour des fêtes constitue le cœur d’un projet culturel, initiateur de lien social entre les générations, sur les cantons de la Matheysine, du Valbonnais et de Corps. Le projet s’est développé au sein du groupe de travail Culture et Lien social, mis en place par le Conseil général de l’Isère en juin 2009. Ce groupe a réuni des professionnels du domaine du handicap et de l’autonomie, du secteur de l’insertion, avec des acteurs culturels. L’objectif était alors de réfléchir à un projet fédérateur reliant des univers parfois éloignés, alors que des actions transversales semblaient envisageables et profitables pour tous. Le thème de la fête en Matheysine, approché sous l’angle historique et patrimonial, a été proposé aux établissements médicosociaux comme sujet d’un recueil de mémoire auprès des personnes âgées. Une dizaine de bénévoles sont allés à leur rencontre, en maisons de retraite ou à domicile, en Valbonnais, Matheysine et dans le Pays de Corps.

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Collecter, créer et transmettre Plus de trente récits traitant de la fête au sens large ont ainsi pu être enregistrés. Ils forment la matière à partir de laquelle se déclinent créations artistiques et exposition itinérante. En juin, le public a découvert une partie de ces créations lors des « Jours de fêtes » qui ont pris place à Susville. Le spectacle « Une vie en fête » a été le point d’orgue des festivités, qui ont aussi compté cinéma, kermesse, bal et autres surprises. Écrit et mis en scène par Christophe Delachaux de la Compagnie de la Mouche, ce spectacle alterne des tableaux de danses, chants et théâtre. Investis depuis plusieurs mois, une trentaine de comédiens amateurs, de 7 à 82 ans, ont redonné corps à la multiplicité des souvenirs de fêtes relatés par les Anciens. Une exposition itinérante conçue par le Musée matheysin circule entre les établissements médico-sociaux impliqués dans la collecte de mémoire orale. Quant à la transmission de ces récits, elle s’effectue à travers l’édition d’un CD, confiée au Groupe de Musiques Vivantes de Lyon. Emmanuel Breteau, photographe, a effectué un reportage qui met en lumière toutes les composantes du projet, de la collecte de mémoire aux répétitions du spectacle, sans oublier les travaux de terrassement sur le site de Susville. Une sélection de ces photographies étaient exposées lors du week-end festif de juin.

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De la ZPPAUP à l’AVAP, leS communes s’engagent dans la mise en valeur de leur patrimoine En 1983, dans le cadre des lois de décentralisation, étaient créées les Zones de Protection du Patrimoine, de l’Architecture et de l’Urbanisme (ZPPAUP) ; en 1993 on y ajouta le Paysage. Mises en place à l’initiative des communes, elles sont le plus souvent organisées autour de Monuments historiques, en se substituant alors au périmètre de protection de 500 mètres qui les entoure. elles peuvent aussi simplement viser à préserver des ensembles à caractère patrimonial et paysager identifiés. Dans tous les cas, à l’issue d’une étude fine et d’une concertation, elles définissent des règles claires de qualité architecturale, urbaine et paysagère pour les constructions ou aménagements nouveaux ou anciens. Ces règles s’imposent au Plan Local d’Urbanisme (PLU), et sont validées pour chaque projet par l’Architecte des Bâtiments de France (ABF). Depuis juillet 2010 et la loi dite Grenelle 2, les ZPPAUP sont appelées à devenir des Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP). Élaborées selon les mêmes principes que la ZPPAUP, les AVAP affichent en plus des objectifs de développement durable et intègrent les problématiques énergétiques. En Isère, dix-huit communes se sont dotées de cet outil de protection et de mise en valeur de leur patrimoine. Barraux, Mens, Besse-en-Oisans, Vertrieu, Brangues ou encore Revel-Tourdan sont à pied d’œuvre pour définir leur prochaine AVAP.


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e-patrimoinE Archives en ligne : un pari réussi ! Depuis septembre 2010, l’ensemble des registres paroissiaux et d’état civil de l’Isère, pour la période allant du XVIe siècle jusqu’en 1892, soit 4,5 millions de pages, sont accessibles en ligne sur le site Internet des Archives départementales de l’Isère (www.archives-isere.fr). Cette mise en ligne très attendue par tous les amateurs de généalogie et d’histoire locale a rencontré un franc succès : un an après l’ouverture de cette salle de lecture virtuelle, le nombre de visites s’est stabilisé autour de 30 000 par mois. Les Archives départementales ont mis à profit leurs contacts avec les internautes, à la fois pour distiller des conseils d’utilisation, et pour corriger progressivement les erreurs ou lacunes recensées. L’outil proposé aujourd’hui, bien qu’encore améliorable, donne ainsi satisfaction à la majorité des usagers, présents à toute heure du jour et de la nuit ! Il est temps de travailler à l’enrichissement des ressources numériques : recensements de la population de 1896 à 1906, cartes postales, tables alphabétiques du recensement militaire puis registres matricules, registres d’état civil de la décennie 1892-1902 sont des projets en cours. Par ailleurs, pour approfondir leurs recherches ou découvrir le patrimoine du Dauphiné et de l’Isère, les internautes peuvent accéder sur le site à des pages décrivant les fonds d’archives, ainsi qu’à des fiches thématiques d’aide à la recherche et des inventaires, toujours plus nombreux. Coup de neuf sur la toile ! Les musées d’Allevard et de Hières-sur-Amby (site archéologique de Larina et Musée-Maison du patrimoine) ont désormais un site internet dédié. En quelques clics, vous pouVez découvrir les sites, préparer votre visite, et prendre note des prochains rendez-vous. Des ressources pédagogiques sont également disponibles en téléchargement. > www.musee-larina-hieres.fr - museedallevard.wordpress.com

La numérisation des collections : un chantier de longue haleine

Depuis 2007, un plan de numérisation des collections patrimoniales a été mis en place dans les musées départementaux et aux Archives départementales. Cet ambitieux projet du Conseil général de l’Isère repose sur la constitution de ressources numériques indispensables à la gestion des collections, à la recherche scientifique, à l’édition et à la diffusion des collections culturelles départementales. Une phase préalable a concerné 2 200 000 vues de l’état civil, tandis que les campagnes 2009 et 2010 ont permis d’enrichir le fonds d’au moins 300 000 vues supplémentaires (listes nominatives des recensements de 1901 et 1906, registres matricules et tables alphabétiques des classes 1869-1909, peintures, enquêtes sonores, dessins, estampes, affiches, plaques de verre, photographies, cartes postales anciennes, lettres et partitions, mais aussi objets religieux ou de la vie quotidienne, mobilier et textiles). Le travail n’est pas pour autant achevé, et si l’année 2011 devrait permettre de circonscrire certaines collections, de vastes chantiers resteront encore à entreprendre comme la numérisation des collections ethnologique et archéologique du Musée dauphinois ou encore celle des plans du cadastre napoléonien ou des manuscrits de Champollion conservés aux Archives départementales. Au delà de la numérisation, les objectifs à atteindre étant l’accessibilité des fonds à un large public et la transmission des savoirs, la Direction de la culture et du patrimoine s’est engagée dans une phase de publication sur internet de ces données culturelles numériques. Rassemblées sur www.isere-culture.fr, elles sont aussi consultables à partir des sites internet de chaque musée et sur www.isere-patrimoine.fr tandis que l’état civil peut être dépouillé sur www.archives-isere.fr. L’étape suivante consistera à proposer des fonctionnalités d’usage enrichies pour mieux répondre aux attentes des différents types de public.

« Ce qui compte pour nous, c’est le « et » entre lycée et musée » La rencontre entre le Musée de la viscose (Échirolles) et le lycée André Argouges (Grenoble) remonte à novembre 2001. Les élèves viennent de commencer leur année scolaire, et Sabine Lantz, professeur de la filière Métiers de la Mode les conduit au musée pour leur présenter une matière textile, la soie artificielle. A l’issue de la visite, l’idée de travailler ensemble devient vite évidente. En 2002, un projet artistique et culturel construit autour de la pièce de théâtre d’Aristophane Lysistrata inaugure cette collaboration. Ce projet remarqué par la Délégation académique à l’action culturelle (DAAC) va permettre la création au musée d’un service éducatif dont Sabine Lantz devient responsable. Depuis, des dizaines de projets communs se sont déclinés sous différentes formes : • accueil de conférences comme « L’histoire du Jeans », « Le Costume d’opéra au XVIIIe siècle » ou plus récemment « Couturiers, perruquiers, plumassiers… les dessous de la création des costumes de scène » en partenariat avec le Musée des tissus de Lyon • conception d’ateliers pédagogiques « À la découverte des étoffes – atelier de tissage » et « Couleurs peintes et couleurs teintes » en partenariat avec le Musée de Grenoble • mise à jour de l’exposition permanente du musée en incluant un tableau synthétique et chronologique relatif aux différentes matières textiles et une installation tactile présentant l’évolution de la viscose depuis 1892 jusqu’en 2000 avec l’apparition de la viscose de bambou • des expositions temporaires comme Costumes d’opéra actuellement présentée au musée… Chaque année, des idées nouvelles émergent. Actuellement, les anciennes bâches réalisées pour la communication des différents musées départementaux sont récupérées et confiées aux élèves afin qu’ils leur donnent une deuxième vie en confectionnant des trousses et des sacs. Grâce à ce partenariat engagé depuis dix ans, chaque projet, petit ou grand, est l’occasion de partager avec ces élèves une aventure humaine, culturelle et professionnelle enthousiasmante.

Nouveau un « chèque patrimoine » pour les collégiens Proposé à tous les collégiens du département, le Chéquier jeune leur permet d’obtenir des réductions pour des activités sportives ou culturelles, des spectacles, des livres, etc. À partir de la rentrée 2011, un chèque « patrimoine » d’un montant de 8 ¤ permettra de réaliser un achat dans l’une des boutiques des onze musées départementaux ou d’obtenir deux entrées gratuites (un adulte et un jeune) dans un musée ou un site patrimonial de l’Isère. Renseignements sur www.isere.fr La région se penche sur son patrimoine scolaire On le sait, ce sont les régions qui gèrent les lycées. Mais on sait moins que le service de l’inventaire, créé par André Malraux en 1964, est lui aussi passé sous leur coupe. La région Rhône-Alpes a eu l’heureuse idée d’expérimenter le croisement de ces deux compétences en procédant à l’inventaire du patrimoine de quatre de ses lycées, dont le grenoblois « Champo ». Examiné tant du point de vue de son architecture extérieure qu’intérieure, le lycée Champollion a aussi révélé quelques meubles et objets pédagogiques anciens intéressants. Une petite plaquette résumant l’essentiel a été diffusée auprès des élèves, des enseignants et de l’ensemble du personnel travaillant dans les lieux. Des idées de projets pédagogiques ont aussitôt fleuri, afin de développer l’appropriation et la découverte de ce patrimoine. Affaire à suivre donc….


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Rencontres Les Rencontres du Patrimoine La 18e édition, puisqu’à l’automne 2011 ce rendez-vous atteint sa majorité, est dédiée aux « Ruines d’avenir ». Les vestiges ruinés et leur pittoresque constituent le berceau même de l’intérêt pour le patrimoine. Mais le regard porté sur l’aspect ruiniforme a changé au fil du temps. Par ailleurs cet état comporte de nombreuses étapes. Au-travers de différents regards d’acteurs (élus, propriétaires, maîtres d’œuvre, archéologues, associations…), il s’agit de s’interroger sur notre rapport à la ruine aujourd’hui : un champ de création ? Un état à figer ? Un processus à accompagner ? Un reste à reconstruire ? Une aire de jeux ? Une zone de danger ? La confrontation des points de vue sera enrichie par une visite sur un lieu en prise directe avec le sujet : le Musée archéologique Grenoble Saint-Laurent, nouvellement ré-ouvert. Vendredi 16 septembre 2011

Deuxièmes rencontres « Aménager avec l’histoire » Ces rencontres ont pour ambition de faire dialoguer et travailler ensemble les principaux acteurs susceptibles d’intervenir dans l’aménagement des sites patrimoniaux, conscients qu’une approche scientifique rigoureuse et concertée ne peut qu’être profitable à ces projets. Faisant suite à la rencontre du 18 décembre 2009, cette journée d’étude ouverte à un large public s’attachera à présenter les résultats des travaux menés en 2010 sur le site de Saint-Martinde-Miséré à Montbonnot-Saint-Martin. Elle sera également l’occasion d’une réflexion sur le thème « Aménager avec l’histoire », en partenariat avec les aménageurs (de collectivités ou privés), et les services de l’État en charge des questions liées à l’archéologie et à la protection du patrimoine bâti et paysager. Cette rencontre, qui offre une occasion rare d’associer recherche fondamentale et recherche appliquée autour d’un exemple particulièrement représentatif, a aussi une dimension pédagogique. En proposant des approches méthodologiques croisées et des applications concrètes, elle vise à fournir aux étudiants de Master comme aux jeunes chercheurs une véritable formation à la recherche par la recherche. Mairie de Montbonnot-Saint-Martin Vendredi 23 septembre 2011, de 9h à 17h30. Inscriptions par mail : reneverdier@dbmail.com

Grenoble relève le gant Ce patrimoine connaît un regain d’intérêt depuis quelques années, marqué récemment par deux initiatives. La ville d’une part a choisi de consacrer sa campagne annuelle de création de plaques signalétiques patrimoniales à ce thème en distinguant huit lieux de travail (ganteries Perrin, Bondat-Jouvin, Jay, Reynier,Vallier, Fischl) ainsi qu’un hôtel particulier et la statue de Xavier Jouvin. C’est un de ses descendants, M. Rey-Jouvin, qui a pris d’autre part l’initiative de présenter dans la maison familiale du quartier Saint-Laurent une partie des objets liés à cette manufacture. Cette présentation devrait à terme devenir permanente

Avis de Naissance Fêtons la naissance d’une toute nouvelle et dynamique association, Theys Patrimoine, qui s’est fixée comme première et importante mission (et bien d’autres…), de sauver et mettre en valeur le château de Theys (classé au titre des Monuments historiques depuis 1991). Celui-ci renferme un exceptionnel décor peint du XIVe siècle représentant les aventures du chevalier Perceval, d’après le roman du Graal, de Chrétien de Troyes. Après une conférence de présentation du site et de son décor par le Service du patrimoine culturel du Conseil Général de l’Isère, les membres de l’association se sont répartis les tâches : régler la question de propriété, faire venir les principaux intervenants pour un diagnostic sanitaire et l’établissement d’un projet de travaux, faire connaître le site. Les services de la DRAC (Monuments historiques, Service régional de l’Archéologie, Service territorial de l’Architecture et du Patrimoine), la fondation du patrimoine sont mobilisés ; la Communauté de communes du Grésivaudan a d’ores et déjà promis l’attribution d’une aide pour des travaux de confortement qui assureront la sécurité des visites des personnes en charge du dossier. Les Rubans du Patrimoine 2010 La Ville de Grenoble a obtenu le prix national dans la catégorie des villes de plus de 20 000 habitants, pour la rénovation des Hôtels particuliers de Pierre Bucher et de Croÿ Chanel respectivement construits au XVIe et au XVIIIe siècles. La Communauté de communes de Monestier-de-Clermont a obtenu le prix départemental pour les travaux de consolidation et de valorisation entrepris sur le château d’Ars à Avignonet.

L’Auberge des GrandZgousiers a eu chaud En 2004, l’exposition « Peintre(s) à Proveysieux » présentée au Musée de l’Ancien évêché à Grenoble faisait connaître les œuvres de peintres paysagistes qui aimaient se réunir dans ce village du massif de Chartreuse, durant la seconde moitié du XIXe siècle, autour de la figure de Théodore Ravanat qui y avait son atelier. Tous appréciaient alors les repas pris en commun à l’auberge « Aux Grandzgousiers », dont la façade avait été décorée par deux artistes de ce cénacle, Eugène Faure et Albert Ravanat. C’est ainsi qu’en 2005 lorsque les actuels propriétaires de cette ancienne auberge ont souhaité faire restaurer cette façade, l’opération a été confiée à un professionnel de la restauration et a bénéficié d’aides publiques et privées. En décembre dernier, c’est la consternation : un incendie endommage gravement la maison. Des coulures de suie et d’eau recouvrent désormais la peinture murale de la façade et en altèrent la lisibilité. Souhaitons qu’une nouvelle restauration puisse être rapidement engagée afin que ce lieu emblématique des peintres de Proveysieux puisse continuer à en perpétuer la mémoire.

Le patrimoine des sanatoriums dispersé mais sauvé Situé dans une zone jugée à risques naturels, le site des sanatoriums de Saint-Hilaire-du-Touvet sur le plateau des Petites Roches est désormais vidé de ses services médicaux. Les trois bâtiments qui l’ont occupé, renfermaient un patrimoine artistique, mobilier et littéraire d’une très grande qualité. Les services des Archives départementales de l’Isère et du Rhône, le Musée des Sciences médicales de la Tronche, la Bibliothèque municipale de Grenoble, le Conseil général du Rhône et le Service du Patrimoine culturel au Conseil général de l’Isère, se sont fortement mobilisés pour que cette richesse patrimoniale ne disparaisse pas à tout jamais. Le matériel médical ancien, les archives ou encore une partie du riche fonds de la bibliothèque du centre Daniel Douady ont désormais intégré des collections publiques. Quant à la très belle série de toiles peintes marouflées classée au titre des Monuments historiques, qui ornait la salle de spectacle du centre Daniel Douady, elle a été soigneusement déposée par une entreprise de restauration et rejoindra, dans les mois qui viennent, les collections du Musée des années trente à Boulogne-Billancourt.

en bref

MONTRER EXPOSER

Le printemps 2011 était placé sous le signe de la nouveauté côté musées ! Fermés au public depuis presque dix ans, le Musée archéologique Grenoble Saint-Laurent et la Maison Bergès-Musée de la Houille blanche à Villard-Bonnot ont à nouveau ouvert leurs portes à l’issue d’importants travaux de rénovation. Les scénographies audacieuses et contemporaines offrent aux visiteurs une lecture renouvelée du patrimoine isérois. Et le public est au rendez-vous !

MU nouVEAUX

MAG Musée archéologique Grenoble Saint-Laurent

Maison Bergès Musée de la Houille blanche

Des premiers mausolées de la nécropole du IVe siècle à l’église du XIXe siècle, Saint-Laurent, site patrimonial majeur en Europe, dévoile un fascinant millefeuille architectural, reflet d’une adaptation constante à l’évolution des mentalités, des pratiques païennes aux croyances chrétiennes. Si la renommée de Saint-Laurent est acquise, en particulier grâce à la crypte Saint-Oyand, l’un des rares et très précieux vestiges du haut Moyen Âge en France, classé Monument historique dès 1850, l’ensemble du site suscite depuis longtemps l’intérêt de nombreux spécialistes. Des fouilles archéologiques systématiques y sont menées depuis 1978. Le monument est alors restauré et, en 1991, un premier circuit de visite présentant l’essentiel des vestiges archéologiques est réalisé. Vingt ans après, le circuit est rénové et les vestiges du cloître protégés par une couverture de verre et de métal. L’ensemble architectural se révèle désormais au public sous sa forme la plus complète et la majeure partie des collections issues de la fouille minutieuse de plus de 1500 sépultures est présentée. Une scénographie originale et spectaculaire faisant la part belle aux technologies numériques (simulations 3D, projections grand format, bornes interactives…) renforce le pouvoir d’évocation des vestiges archéologiques : une véritable renaissance pour ce site exceptionnel qui témoigne de près de vingt siècles d’histoire de la ville.

Adossée au massif de Belledonne, la maison familiale de l’ingénieurinnovateur Aristide Bergès est installée à proximité de son usine qui a vu naître la « houille blanche » (l’hydroélectricité). Témoin de l’aventure industrielle en Isère, ce haut lieu patrimonial résume à lui seul tous les espoirs placés dans l’énergie électrique, comme pivot du progrès et de la modernité à l’aube du XXe siècle. Propriété du Conseil général de l’Isère depuis 2000, fermé en 2001 pour raisons de sécurité, le site comprend la résidence patronale Bergès et l’ancien « laboratoire » des Papeteries de Lancey. La réhabilitation et la mise en valeur de la maison Bergès proprement dite, curieuse demeure marquée par l’éclectisme et l’Art nouveau, est désormais aboutie. Elle constitue le premier grand volet d’une valorisation élargie de l’épopée industrielle et de la mémoire ouvrière en Isère. Loin de la seule célébration d’une personnalité forte, d’une technologie et d’une époque, le nouveau musée rend compte d’une parfaite harmonie entre art et industrie. Et, si l’aventure de la famille Bergès, patrons éclairés et protecteurs des arts, structure la visite, une salle entièrement consacrée au patrimoine industriel initie un centre d’interprétation en présentant sites, bâtiments, objets et musées relevant du patrimoine industriel, scientifique et technique de l’Isère. Guidé dans sa déambulation par la « voix » d’Aristide au gré d’une scénographique contemporaine et respectueuse du site, le visiteur tourne, au fil des pièces, les pages du livre d’un entre-deux siècles conquérant, nourri d’une énergie nouvelle.

Entrée gratuite Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h Du 1er juin au 31 août, de 10h à 19h Fermé les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre. Place Saint-Laurent - 38 000 Grenoble - 04 76 44 78 68 www.musee-archeologique-grenoble.fr PUBLICATION La ville et la mort. Saint-Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire Renée Colardelle, coll. Bibliothèque de l’antiquité tardive, Brepols Publishers, 2008. 416 pages. Prix : 45 ¤.

Entrée gratuite Ouvert du mercredi au dimanche de 13 h à 18 h, du 1er avril au 31 octobre de 13 h à 17 h, du 1er novembre au 31 mars Fermé les 1er janvier, 1er mai, 25 décembre. 40, avenue des Papeteries - Lancey - 38 190 Villard-Bonnot - 04 38 92 19 60 www.musee-houille-blanche.fr PUBLICATIONS (voir le guide page 37 et 38) Alpes électriques. Paysages de la houille blanche. Édition Dire l’entreprise La Maison Bergès. Entre éclectisme et art nouveau. Édition Conseil général de l’Isère


EXPO SI T I O N S MONTREREXPOSERJOURNAL24PAGE32

Affiche Hervé Frumy • 2011 • assisté de Francis Richard

Musée dauphinois

Musée de l’Ancien Évêché

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Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère

MUSÉE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Musée de Saint-Antoinel’Abbaye

Musée Hébert

Musée Hector-Berlioz

Exposition Grenoble à partir du 22 avril 2011 Entrée gratuite www.musee-dauphinois.fr

Hannibal et les Alpes. Une traversée, un mythe

Au IIIe siècle avant J.-C., Hannibal Barca, à la tête d’une armée de mercenaires et d’éléphants, parcourt le bassin méditerranéen de la Tunisie actuelle jusqu’en Italie, traversant l’Espagne, les Pyrénées et les Alpes afin d’atteindre Rome et de la détruire. A la lumière de sources archéologiques, historiques, littéraires et artistiques, Hannibal et les Alpes propose une relecture de la légende du grand chef militaire carthaginois. Le contexte politique tourmenté est celui des guerres puniques qui ont opposé Carthage à Rome de 264 à 146 avant J.-C. Plus d’un siècle de conflits militaires motivés par la suprématie économique et politique en Méditerranée, met en face-àface deux peuples et deux cultures opposés. Guerre de famille aussi, portée sur deux générations, les généraux carthaginois de la famille Barca entretiennent une rivalité forte avec les généraux romains Scipion. Héros militaire, mi-dieu mi-homme, Hannibal fut considéré dans l’Antiquité comme un descendant d’Héraclès, et plus tard comme un modèle dont s’inspirent les grands chefs militaires européens : François Ier, Henri II, Charles XII de Suède et surtout Napoléon Bonaparte. De l’Antiquité à nos jours, son périple - et notamment le passage du col - donne lieu à de nombreuses polémiques. Jusqu’au 2 juillet 2012 30, rue Maurice Gignoux – Grenoble 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr

Roches de mémoire. 5000 ans d’art rupestre dans les Alpes

Photographies Emmanuel Breteau Les gravures rupestres, ces motifs gravés sur des rochers dans des sites de plein air, dans les Alpes françaises, italiennes et suisses, intriguent aujourd’hui encore les scientifiques et un large public. Si ce mode d’expression a été utilisé de la Préhistoire au début du XXe siècle, les témoignages se rapportant aux premières périodes sont particulièrement précieux et n’ont pas encore livré tous leurs secrets. En amoureux de la montagne qu’il pratique et photographie depuis des années, Emmanuel Breteau a souhaité capturer dans les moindres détails ces motifs érodés par le temps et parfois invisibles à l’œil nu. Pour cela, il a créé des conditions de studio, opérant de nuit dans les « sanctuaires » d’altitude, muni d’éclairage artificiel. Par le jeu de l’ombre et de la lumière, ses clichés révèlent les traits gravés et leur puissance évocatrice. Plus de soixante photographies explicitées sont exposées en un parcours géographique qui sillonne l’arc alpin. Situé à la frontière entre démarche artistique sensible et savoirs constitués par les archéologues et les ethnologues, ce travail exceptionnel propose, pour la première fois, une vision élargie et originale de cet art rupestre préhistorique, et suscite une extraordinaire curiosité. Jusqu’au 9 janvier 2012 2, rue Très-Cloîtres – Grenoble 04 76 03 15 25 www.ancien-eveche-isere.fr

Des 4 coins de l’Empire . Soldats et travailleurs coloniaux en Isère. 1914-1945.

Contribuant à l’« effort de guerre » pendant les deux guerres mondiales, plusieurs centaines de milliers de soldats et de travailleurs coloniaux venus des quatre coins de l’Empire, combattront sur le front pour défendre la « Mère-Patrie » et seront employés dans les usines liées à la défense nationale. Contraints pour la plupart de quitter leur terre natale, leur sort donne à réfléchir sur le statut politique et moral conféré au colonisé, qui demeure au ban de la société. À travers une exposition et un ouvrage, le Musée de la Résistance et de la Déportation met en lumière ce que l’Isère doit à ces hommes originaires d’Afrique et d’Asie et contribue à rappeler cette page de l’histoire souvent méconnue. Jusqu’au 10 octobre 2011 14, rue Hébert – Grenoble 04 76 42 38 53 www.resistance-en-isere.fr

Un décor pour la République, le château de Vizille dans les années 1920-1930

Excepté le fumoir dans le style Art déco aménagé en 1927 par l’architecte Charles Halley (1884-1972), restauré pour l’occasion, peu d’éléments du décor et de l’ameublement mis en place par les service de l’Etat, alors propriétaire du Domaine de Vizille, sont encore visibles aujourd’hui. En effet , depuis sa cession au Département de l’Isère en 1972, le Mobilier national, la Manufacture nationale de Sèvres et le Fond national d’art contemporain ont progressivement repris possession des peintures, sculptures, meubles et objets déposés entre 1924 et 1939, période qui correspond à l’installation des Présidents de la République dans leur nouvelle résidence d’été. Avec un ensemble d’œuvres et d’objets d’art provisoirement réunis sur place, l’exposition évoque la manière dont on concevait entre les deux guerres l’introduction d’une modernité artistique, somme toute très classique, dans une vaste et vénérable demeure, entièrement remeublée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu’au 9 janvier 2012 Domaine de Vizille Place du château – Vizille O4 76 68 07 35 www.domaine-vizille.fr

À VOIR DANS LES

D’ombres et de lumières. Trésors cachés, trésors profanes.

Oscillant à la lisière de deux mondes, matériel et immatériel, les Trésors s’inscrivent dès l’Antiquité dans un courant de vénération ostentatoire tant pour attirer les suffrages d’une divinité ou d’un saint que pour rendre perceptible le prestige d’un sanctuaire, d’un commanditaire ecclésiastique ou princier. Vulnérables, convoités, perméables aux aléas de l’Histoire, les Trésors perdus, morcelés, reconstitués assoient durablement leur notoriété tant au travers d’une littérature prolixe que d’un foisonnement d’images. Jusqu’au 9 octobre 2011 Le Noviciat – Saint-Antoine-l’Abbaye 04 76 36 40 68 www.musee-saint-antoine.fr

Le peintre et ses muses. Hébert et la fin du siècle

Les trente dernières années du siècle sont essentiellement italiennes pour le peintre Hébert qui ne rentrera définitivement à Paris qu’en 1896, à plus de soixante-dix-neuf ans. Dans cette période riche en mouvements littéraires et artistiques, l’œuvre d’Hébert en absorbera les résonnances entre l’esprit symboliste qui se développe en France, et celui du préraphaélisme tardif qui trouve encore une audience forte à Rome. On ne peut certes pas considérer Ernest Hébert comme un des artistes appartenant au courant symboliste français. Cependant, comme beaucoup d’autres, il n’a pas échappé à la tentation religieuse et symboliste qui a imprégné une partie de sa production à la fin du siècle. L’exposition propose un éclairage actuel sur la singularité de son œuvre de la fin du XIXe siècle. Elle révèle l’éclectisme d’Hébert, qui puise dans les différents courants de cette période, les sources picturales de son inspiration, lui permettant de renouveler son goût pour les figures féminines. Présentées aux côtés de celles d’Hébert, les œuvres de Nino Costa, Napoleone Parisani, Alfredo Ricci ou du peintre préraphaélite Marie Spartali Stillman, nous révèlent l’effervescence artistique de la nouvelle capitale de l’Italie unifiée, dont on célèbre cette année, le cent cinquantième anniversaire. Jusqu’au 17 octobre Chemin Hébert – La Tronche 04 76 42 97 37 www.musee-hebert.fr

Bois debout Sculptures d’Olivier Giroud

Olivier Giroud investit les jardins du musée Hébert pour la durée de l’été. Une dizaine de ses sculptures invitent les visiteurs à de nouvelles découvertes. Elles s’inscrivent dans les espaces et les bosquets comme si elles appartenaient déjà à ce monde végétal. Dans la lumière contemporaine, formes disséminées, blocs de terre-cuite assemblés ou bois dressés, aux surfaces tantôt brutes, tantôt équarries, évoquent quelques vestiges d’un temps archaïque. Jusqu’au 17 octobre Jardin du musée Hébert

MUS É ES D É PARTEMENTAU X

Fantin-Latour interprète Berlioz

Partez à la découverte des œuvres d’Hector-Berlioz à travers le regard du peintre Henri Fantin-Latour ! Si la réputation de cet artiste est due en premier lieu à ses fameuses natures mortes pleines de « vérité » ou ses portraits collectifs aux harmonies sombres comme l’Hommage à Delacroix, FantinLatour (1836-1904) n’en demeure pas moins le « peintre des musiciens », comme le nommèrent ses biographes et ses contemporains. En 1888, Adolphe Jullien, musicologue et critique musical au Journal des Débats mais aussi ami intime du peintre, publie une première biographie monumentale dédiée au compositeur romantique disparu près de vingt ans auparavant : Hector Berlioz, sa vie et ses œuvres. Cet ouvrage est illustré de « quatorze lithographies originales » réalisées par Henri Fantin-Latour. Le parcours de l’exposition éclaire les différentes œuvres du compositeur (La Symphonie fantastique, Harold en Italie, Les Troyens, Sara la baigneuse, Roméo et Juliette…) traduites en images tandis qu’un audioguide permet l’écoute de l’œuvre qui fut source d’inspiration. Entre arts visuels et univers sonore, une exposition à voir et à entendre ! Jusqu’au 31 décembre 2011 69, rue de la République La Côte–Saint–André 04 74 20 24 88 www.musee-hector-berlioz.fr > Le musée distingué ! Le musée Hector-Berlioz fait partie des 111 Maisons qui ont reçu le nouveau label Maison des Illustres décerné par le ministère de la Culture et de la Communication. Ce label représente la reconnaissance officielle de la valeur patrimoniale d’un site associé à un personnage illustre. Il récompense une offre culturelle remarquable et garantit un accueil de qualité auprès de tous les publics.


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leGUIDEActualitédesmusées En territoires BIÈVRE-VALLOIRE

LE GUIDE

Musée Hector-Berlioz (voir page 33) Musée-Château de Jarcieu

« Féminités – 200 ans d’accessoires de Beauté » Jusqu’au 31 décembre 2011 Installée dans la nouvelle salle du musée, l’exposition propose un panorama, du XVIIIe siècle aux années 70, de ce qui fait le charme et le raffinement des femmes, parfois des hommes : une cinquantaine d’éventails associant couleurs et matières et aussi les essentiels du maquillage, de la coiffure, des bijoux, sacs à main, chapeaux, boutons, rubans, dentelles, des illustrations, gravures, publicités d’époque soit plus de 200 objets issus de collections privées. 151 rte de Saint-Sulpice, Jarcieu 04 74 79 86 27

GRENOBLE ET ALENTOURS Domaine de Vizille – Musée de la Révolution française, Vizille (voir page 32) Musée de Grenoble

Atelier de vitrail Montfollet, Grenoble

L’idée et la ligne Dessins français du musée de Grenoble (XVIe – XVIIIe siècle) Du 5 novembre 2011 au 12 février 2012 Le musée de Grenoble a entrepris d’étudier et de publier ses collections de dessins anciens. En 2010, une sélection des plus belles feuilles italiennes a été présentée. C’est désormais au tour des dessins français. De la Renaissance au Néoclassicisme, de l’étude à l’esquisse jusqu’à la composition aboutie, une sélection de plus de 120 œuvres permettra de découvrir l’art du dessin en France à travers trois siècles d’histoire. Ce parcours, qui réservera nombre de surprises et de découvertes, sera l’occasion de retrouver quelques points forts du fonds grenoblois, de l’ensemble de Simon Vouet pour le XVIIe siècle, à celui de David pour la fin du XVIIIe. La Rivière blanche Le Gauguin caché du musée de Grenoble Du 5 novembre 2011 au 12 février 2012 On le savait sans l’avoir jamais vue. Le Portrait de Madeleine Bernard de Gauguin comporte sur son revers une autre peinture… La Rivière Blanche. Par son style japonisant, teinté de primitivisme, cette œuvre peinte en Bretagne en 1888 marque une étape décisive dans la carrière de l’artiste et annonce ce qui fera de lui un des précurseurs de l’art moderne. 5, Place Lavalette, Grenoble 04 76 63 44 44 – www.museedegrenoble.fr

Musée dauphinois (voir page 32) Musée de l’Ancien Évêché (voir page 32) Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère (voir page 32)

Musée Géo-Charles, Échirolles

Jean-Marc Rochette. Du privilège de la verticalité. Jusqu’au 18 décembre 2011 Il y a dans la démarche de Jean-Marc Rochette, avec une intransigeance et une lucidité remarquables, la nécessité de s’installer au cœur du paysage. C’est d’abord le paysage d’altitude, la permanence d’un thème privilégié de la peinture, lieu fondamental et nécessaire de sa création ; confrontation avec soimême, affrontement à la redoutable fascination de la nature. Cela s’impose comme une urgence essentielle. Comment le tableau nous saisit et nous dessaisit de toute possibilité de maîtrise car des toiles de Jean-Marc Rochette, sous l’impulsion du geste, la luxuriance de l’huile, et la rapidité musculaire jaillit cette présence active et invisible du paysage, quelque chose de « très épais mais qu’on peut remuer » qui condense les forces, entre profane et sacré. Il n’y a rien à voir si ce n’est un éclat, un éclat qui nous éclabousse entre l’informe et le représenté. Sa peinture attire « la foudre de l’instant » c’est un espace de défi, de lutte dans la structure même du tableau. 1, rue Géo Charles, Échirolles 04 76 22 58 63

Musée Hébert, La Tronche (voir page 33) Grésivaudan Forges et moulins de Pinsot

On ne va pas à la forêt sans hache! Jusqu’au 30 septembre 2011 Dans le cadre de l’année internationale des Forêts, la commune de Pinsot et les Forges et moulins proposent un éclairage sur ce milieu naturel familier des montagnes de Belledonne. La scierie communale, ouverte au public pour la première fois, offre un écrin idéal pour présenter l’histoire et les enjeux de l’exploitation du bois en Vallée du Haut Bréda, tandis qu’une série de dessins inédits de Cambon illustrent avec humour le rapport de l’homme à la forêt. Rue Louise Barnier, Pinsot 04 76 13 53 59 - www.forgesmoulins.com

Musée Jadis Allevard

Les grands prédateurs en pays d’Allevard Jusqu’au 31 mars 2012 Entouré de forêts et traversé par de nombreux cours d’eau, le pays d’Allevard a, depuis le Moyen Âge, été le refuge d’une riche faune sauvage. De grands prédateurs, tels que les ours, les loups ou les lynx, sont alors présents et il n’est pas rare qu’un paysan, un mineur ou bien plus tard, des touristes, ou des curistes, décrivent leurs rencontres avec ces animaux. Considérés comme nuisibles, ils vont subir une chasse intensive, qui au cours des XIXe et XXe siècles, va amener les trois espèces à leur disparition. On avait alors presque oublié leur existence… Parc des Forges, 38580 Allevard 04 76 45 16 40 - museejadis@allevard.fr

HAUT-RHÔNE DAUPHINOIS Maison Ravier, Morestel

L’animal dans l’art du XXe siècle à nos jours, peinture et sculpture. Jusqu’au 25 septembre 2011 L’art animalier est parmi les plus anciennes manifestations artistiques de tous les temps puisqu’il apparaît dans les premières peintures de la préhistoire. Il s’exprime à travers le dessin, la peinture et la sculpture. Il peut être teinté de symbolisme ou être une reproduction de la réalité dans les moindres détails. Les artistes animaliers nous révèlent l’animal avec conviction et talent et sont ainsi des porteurs de messages de Dame Nature... 04 74 80 06 80 - www.maisonravier.com

ISÈRE RHODANIENNE Cloître Saint-André-le-Bas, Vienne

(voir page 24) Histoire de Saint-André-le-Bas Jusqu’au 23 octobre 2011 Sans doute fondée au VIe siècle, l’abbaye de SaintAndré-le-Bas est l’une des plus puissantes du diocèse de Vienne durant tout le Moyen Âge : la qualité des bâtiments qui subsistent en témoigne aujourd’hui. La restauration du cloître, le plus ancien conservé en Rhône-Alpes, donne l’occasion de se pencher sur son histoire, intimement liée à celle de son quartier. Pouvoir royal, rivalités entre institutions religieuses, réforme impossible des mœurs, franc-maçonnerie épicent ce récit au long cours. Place du Jeu de Paume, Vienne 04 74 85 18 49 – www.musees-vienne.fr

Porte des Alpes Musée de Bourgoin-Jallieu

« Plumes : motif, mode & spectacle » Jusqu’au 23 octobre 2011 Cette exposition entend montrer les différentes utilisations de la plume, en tant que telle ou en motif, dans le monde de la mode et celui du spectacle, de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours. Grâce à des fonds acquis au fil des années (collections publiques ou privées, collecte auprès d’entreprises textiles berjalliennes ou régionales) ou par l’apport de pièces uniques prêtées pour l’occasion, cette exposition contribue à mettre en avant les savoir-faire des métiers de plumassier et de l’ennoblissement, et présente l’évolution du motif et des usages de la plume. Le Musée de Bourgoin-Jallieu se confirme ainsi comme un lieu conservatoire et innovant des pratiques textiles régionales et des techniques de l’ennoblissement liées : teinture, gravure, photogravure, impression et apprêt. 17, rue Victor Hugo, Bourgoin-Jallieu 04 74 28 19 74 - www.bourgoinjallieu.fr


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leGUIDELECTURES

Matheysine

Sud-Grésivaudan

Vals-du-Dauphiné

Musée matheysin, La Mure

Musée de l’eau, Pont-en-Royans

Musée gallo-romain d’Aoste

Napoléon et le Pays de La Mure, la Rencontre, 1815 Le 7 mars 1815, Napoléon et ses soldats traversent La Mure, après une nuit passée à Corps. Exilé sur l’île d’Elbe depuis dix mois, l’Empereur a trompé la vigilance anglaise pour reconquérir le pouvoir confié à Louis XVIII. Cette reconquête du pouvoir n’aurait pu être possible sans les Dauphinois et, en particulier, les Matheysins. Car tout s’est joué entre La Mure et Laffrey, décor de « la Rencontre » : face à face épique entre Napoléon et les troupes royales venues l’arrêter. Le Plateau matheysin reste associé à « la plus belle campagne » de Napoléon, accomplie « sans verser une goutte de sang ». La statue équestre en bordure de la Route Napoléon (RN 85) -« vœu » de Stendhal- commémore toujours l’événement. Illustrée de documents inédits issus de collections particulières, l’exposition longue durée revient sur cet épisode où se mêlent la grande et la petite Histoire. Les espaces d’exposition et la trame (le Vol de l’Aigle) vont demeurer plusieurs saisons mais les collections présentées seront renouvelées chaque année. Rue colonel Escallon, La Mure 04 76 30 98 15 - http://musee.matheysine.com

La Mine-Image, La Motte d’Aveillans

Le musée de La Mine Image à La Motte d’Aveillans a ré-ouvert ses portes le 30 juin dernier après plusieurs mois de travaux. L’espace muséographique, dédié à la mémoire des mineurs de la Matheysine, a été enrichi de 600 m², permettant ainsi de développer des thèmes jusqu’alors peu exploités comme les luttes sociales, les techniques modernes d’extraction, ou encore l’intense vie associative et culturelle liée à la mine. Une scénographie rénovée et enrichie met en lumière minéraux, objets, photographies, cartes du territoire et des gisements, témoignages de mineurs… L’occasion de mesurer les traces aussi bien matérielles qu’humaines à l’œuvre sur le territoire aujourd’hui encore. Le trait d’union et le fil conducteur du musée reste les galeries originales qui plongent les visiteurs dans l’univers de travail des mineurs depuis les débuts de l’exploitation jusqu’à la fermeture des mines sur le plateau matheysin en 1997. Le musée dans sa nouvelle version se veut ainsi le témoignage de l’activité minière sur l’ensemble du territoire de la Matheysine dans ses aspects les plus variés. La Motte d’Aveillans 04 76 30 68 74 - www.mine-image.com

Christian LARIT : Glaces Jusqu’au 1er novembre 2011 « Il suffit d’une poignée d’images pour philosopher. Christian Larit, le Depardon des hautes cimes, en pénétrant au cœur des glaciers du massif des Ecrins, nous offre un voyage halluciné et sublime dans la minéralité. Entre l’éphémère et l’éternité. Il nous guide dans les entrailles du froid, des cristaux, de la naissance de la vie, de l’eau, dans une galerie de lumière bleues. Le mythe de la caverne en cryogénie. Forcément génial » (Le nouvel observateur) Place du breuil, Pont-en-Royans 04 76 36 15 53 - www.musee-eau.com

Couvent des Carmes, Beauvoir-en-Royans

« Fleurs, fruits et légumes » Jusqu’au 30 octobre 2011 Photographies de Yves Pillet 400 ans d’eau de Mélisse Jusqu’au 11 novembre 2011 Le Couvent des Carmes et le Musée de Saint-Antoinel’Abbaye fêtent les 400 ans de l’eau de mélisse des carmes ! C’est à un médecin visionnaire que l’on doit, dès 1611, la formule originale et complexe d’une eau aux vertus thérapeutiques. Très vite il en confie les secrets de fabrication au Père Damien, religieux de la confrérie des Carmes « déchaussés », pour qu’il les sauvegarde et assure la production de l’Eau de Mélisse. Un parcours olfactif réunira les deux rives de l’Isère : l’un dans le jardin médiéval du Musée de SaintAntoine-l’Abbaye « Jardin de jouvence » et l’autre au Couvent des Carmes de Beauvoir-en-Royans « A la recherche de l’Eau de jouvence ». Beauvoir-en-Royans 04 76 64 02 55 - www.couventdescarmes.com

Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye (voir page 33)

Trièves Musée du Trièves

Voies de communication et paysage en Trièves Jusqu’au 30 novembre 2011 A l’aide de cartes, documents d’archives, riche iconographie, maquettes, films vidéo et témoignages cette exposition évoque les tracés des voies repris ou modifiés au cours des âges, les difficultés rencontrées du fait de l’instabilité des terrains et des crues des torrents, les acteurs de cette longue histoire. Enfin elle invite à une réflexion sur notre perception du paysage et sur nos modes d’habiter dans ce Trièves dont la personnalité paradoxale se caractérise tout au long de l’histoire par l’ouverture et l’isolement. Place de la halle, Mens 04 76 34 88 28

Cochons de Romains Jusqu’au 30 novembre 2011 Prenez des objets en provenance de toute la France, en céramique, en os et en marbre ; ajoutez-y des images de bas-reliefs montrant l’artisan au travail et l’utilisation du porc dans la cuisine, ou sous son aspect religieux, saupoudrez de littérature antique – Caton, Varron,Columelle, Pline l’Ancien – et vous obtiendrez une exposition temporaire. « Cochons de Romains » met en avant le porc, cet animal si singulier, souvent méprisé. Bien que très apprécié pour sa viande dans l’Antiquité, le porc ne sert pas seulement en cuisine mais aussi comme animal de sacrifice ou d’offrandes funéraires. Place du Musée, Aoste 04 76 32 58 27

Vercors Maison du Patrimoine de Villard-de-Lans

Vercors, Paradis Spéléo Jusqu’à mai 2012 L’association Vercors Spéléo retrace la grande aventure humaine et géologique de la pratique de la spéléologie des années 1950 à aujourd’hui. Place de la libération, Villard-de-Lans 04 76 95 17 31 - www.villarddelans.com

Voironnais-Chartreuse Musée archéologique du lac de Paladru

Mise en boite, restaurations archéologiques en Pays Voironnais Jusqu’au 28 février 2012 Depuis plus de 150 ans, des découvertes majeures ont eu lieu dans l’ensemble des lacs de l’arc alpin, démontrant que les sites lacustres représentent un des patrimoines culturels et archéologiques les plus importants d’Europe. Ainsi, notre connaissance sur les débuts de l’habitat, du Néolithique et de la période de l’an Mil, dans cet espace pré-alpin repose, pour une large part, sur les données scientifiques recueillies lors des fouilles lacustres. Parmi les grandes découvertes de ces dernières décennies, les collections du lac de Paladru, comme celle de Zurich et de plus de 160 sites lacustres, sont devenues une des références européennes en matière d’apports scientifiques et historiques. Le musée présente les différents laboratoires de recherche qui ont contribué pendant ces quarante dernières années à préserver ce patrimoine archéologique et culturel du territoire. De nombreux objets restaurés, demeurés jusqu’à aujourd’hui invisibles au public, sortiront de leurs nouveaux écrins de protection. Place de l’église, Charavines 04 76 55 77 47

Alpes Électriques. Paysages de la houille blanche Collectif sous la direction de Cécile Gouy-Gilbert, Anne Dalmasso et Michael Jakob Avec l’essor de la houille blanche, à partir des année 1880, le paysage alpin s’est radicalement transformé. Sous l’action d’ingénieurs audacieux, d’architectes inspirés, d’industriels en quête d’énergie et d’ouvriers à la recherche de travail, de nouveaux ouvrages sont venus bouleverser la vision traditionnelle des montagnes faite de cimes enneigées et d’alpages pittoresques. Conduites forcées dévalant des pentes abruptes, pylônes accrochés aux flancs des vallées, centrales électriques à l’architecture parfois surprenante et barrages de plus en plus imposants racontent cette révolution hydroélectrique, synonyme de prouesse technique, de développement économique et d’élan artistique. De la vallée du Grésivaudan à celles du Drac et de la Romanche, de l’Isère à la Savoie, de la France à l’Italie et à la Suisse, ce livre propose un voyage au cœur des paysages de l’hydroélectricité alpine. Juin 2011, Dire l’entreprise, 160 pages, 37,50 ¤

Ce que nous devons à l’Afrique Collectif sous la direction de Jean-Claude Duclos et Olivier Cogne Parcourir, des premiers temps de l’homme aux questions d’aujourd’hui, la très longue histoire du continent africain, sans omettre l’immense apport de ses cultures et de ses productions artistiques, tel est le défi que relèvent cet ouvrage et l’exposition qu’il prolonge. Tel est aussi l’ambitieux projet que se sont donné, autour du Musée dauphinois, les associations et partenaires culturels de l’Isère en réfléchissant ensemble à « ce que nous devons à l’Afrique ». De Louise-Marie Diop-Maes à Emmanuel Terray, en passant par Théophile Obenga, Djibril Tamsir Niame, Chenntouf Tayeb, Etienne Féau, Claude-Hélène Perrot ou Anne-Cécile Robert, pour ne citer qu’eux, des spécialistes tentent ici, chacun dans leur discipline, de procéder à cette évaluation. L’objectif, ainsi que nous y invite Edgard Pisani, étant de « réinventer (avec l’Afrique) une relation fondée sur le respect mutuel » Octobre 2010, Conseil général de l’Isère, 190 pages, 20 ¤

Arcabas Saint-Hugues-de-Chartreuse et autres œuvres François Boespflug L’ouvrage présente l’œuvre d’ Arcabas à Saint-Hugues-deChartreuse, une sélection de peintures, de vitraux visibles en Isère ainsi qu’un choix de tableaux disséminés dans les collections particulières. Il s’agit donc d’une présentation globale qui ne tient pas lieu de catalogue général. En 1952, quand Arcabas arrive à Saint-Hugues, le bâtiment subit les dommages de l’humidité : charpente et toiture sont en réfection. L’artiste propose de décorer gratuitement l’intérieur de l’église. Une aventure artistique de trente-huit ans va ainsi démarrer. C’est la plus importante œuvre monumentale du peintre. Le lieu accueille chaque année des milliers de visiteurs. Janvier 2011, Conseil Général de l’Isère, 208 pages, 47 ¤

Des 4 coins de l’empire. Soldats et travailleurs coloniaux en Isère 1914-1945 Collectif sous la direction d’Olivier Cogne et Jacques Loiseau La contribution des soldats et travailleurs coloniaux aux deux guerres mondiales reste méconnue. Pourtant, cette histoire concerne quelques centaines de milliers d’individus. Envoyés sur le front dès 1914, puis à nouveau en 1939, les soldats de l’armée d’Afrique et des Troupes coloniales compteront de nombreuses pertes. Présents sur les champs de bataille, ces « coloniaux » le seront également dans l’industrie liée à la défense nationale. Ils sont dans leur grande majorité requis d’office. Quand vient la défaite de 1940, c’est encore au sein de cet empire que grandit la France Libre. Cet ouvrage collectif, prolongement de l’exposition éponyme, est l’occasion d’une première synthèse sur la présence des « coloniaux » en Isère. Avril 2011, Edition Conseil général de l’Isère, 102 pages, 12 ¤

Carte archéologique de la Gaule, L’Isère Nord, Arrondissement de La Tour-du-Pin Collectif Dix-sept ans après la publication du premier volume, vient de paraître la très attendue deuxième partie de la Carte archéologique de la Gaule - Isère consacrée à l’arrondissement de La Tour-du-Pin ! Sous la responsabilité de Michel Provost et la coordination de François Bertrandy, ont œuvré pas moins de quatorze spécialistes de la période et du territoire. Après une rapide approche géographique et historique, la carte recense, commune après commune (136 en tout), les découvertes anciennes ou très récentes pour une période assez large, entre la fin de la Préhistoire et le début du Moyen Âge… Au travers de la prestigieuse découverte en 1837 du trésor de Ruffieu (Nivolas-Vermelle), les rigoureux travaux de prospections conduits dans les marais de Bourgoin et dans la vallée de Bourbre, en passant par la passionnante synthèse sur le vicus d’Aoste, gageons que, dans cette mine de renseignements, vous aurez plaisir à découvrir la richesse archéologique de ce secteur dans une approche centrée sur la période gallo-romaine. Mai 2011, Co-édition Académie des Inscriptions et Belles-lettres, Ministère de la Culture, Ministère de la Recherche, 387 pages, 40 ¤

Êtres fantastiques. Patrimoine narratif de la Haute-Savoie. Charles Joisten Pendant plus de vingt-cinq ans, depuis 1951, Charles Joisten a mené dans les Alpes françaises des recherches intensives sur les traditions orales. C’est l’intégralité des récits recueillis dans la Savoie, consacrés aux êtres fantastiques, qui est publié ici. Découvrez des fées (fayes), qui habitent les grottes et les rochers et se livrent à maints échanges avec les humains, les esprits domestiques (servan, esprit follet...) attaché aux chevaux et aux bovins si importants dans la société montagnarde, le diable qui punit ceux qui chassent le dimanche ou provoque des éboulements, les affiliés au diable ou synagogue, des sorciers, des loups-garous, la chasse sauvage parfois conduite par le Roi Hérode, et bien d’autres personnages fantastiques - en particulier les êtres étranges qui hantent les chalets d’alpages désertés en hiver après la descente des troupeaux, et qu’on ne brave pas sans danger. Juillet 2010, Conseil général de l’Isère, 510 pages, 45 ¤ Figures de la jeunesse Collectif sous la direction de Cyril Isnart Si la division de la société en âges différenciés est fondée sur un critère biologique, il n’en demeure pas moins que le statut des jeunes dépend bien moins de leur âge que des limites que la société leur assigne. Tenter de comprendre les logiques de ce découpage, c’est en quelque sorte donner à la catégorisation que subissent les « jeunes » toute sa valeur performative, en acceptant ses effets matériels, sociologiques et anthropologiques. Cette publication s’inscrit dans cette perspective et interroge différentes formes de production sociale de la jeunesse et de regroupements dans le cadre des sociétés européennes rurales et urbaines, du XVIIIe siècle à nos jours. Février 2011, Collection Le monde alpin et rhodanien, Conseil général de l’Isère, 160 pages, 23 ¤


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Grenoble, histoire d’une ville sous la direction de René Favier « Grenoble, capitale provinciale, ville alpine, ville de l’innovation... ». Tous ces qualificatifs sont autant d’attributs historiques construits au cours des siècles et entretenus par la mémoire collective. L’identité de Grenoble, l’histoire particulière de la cité et de ses habitants est finalement trop mal connue pour qu’on ne prenne pas le temps de la revisiter. La dernière histoire de la ville avait été publiée dans les années 1970. Il était nécessaire de se plonger à nouveau dans le passé à la lumière des découvertes récentes, afin de comprendre la Grenoble d’aujourd’hui. De la Cularo antique au polygone scientifique, des inondations médiévales à l’avènement de la maison de la Culture, de la ville épiscopale à l’olympisme, deux mille ans d’histoire sont convoqués dans ce livre pour brosser le portrait en relief d’une ville qui a souvent été à la pointe, et qui continue de se singulariser. Novembre 2010, Editions Glénat, 192 pages, 45 ¤ Hannibal et les Alpes. Une traversée, un mythe Collectif sous la direction de Jean-Pascal Jospin et Laura Dalaine L’épisode de la Deuxième Guerre punique (219-202 avant notre ère), avec la fameuse traversée des Alpes par le général carthaginois Hannibal Barca (247-183 avant J.-C.), est un thème très populaire et ô combien débattu. Un véritable mythe s’est construit autour de la figure d’Hannibal et de son périple, notamment sur la question du col franchi par l’armée punique, en raison de leurs caractères extraordinaires et du mystère qui les entoure encore. L’art et la littérature se sont rapidement emparés du phénomène qui a nourri au fil des siècles une production florissante. Plusieurs spécialistes français et italiens, universitaires, conservateurs de musées ou archéologues, apportent un éclairage nouveau sur les conditions de ce passage montagnard. Avril 2011, Editions Infolio, 142 pages, 29 ¤ La Maison Bergès. Entre éclectisme et art nouveau Collectif sous la direction de Cécile Gouy-Gilbert et Frédérique Virieux Par sa forme et surtout par son décor, autant que par la riche personnalité de ses propriétaires, la Maison Bergès est un haut lieu patrimonial. Installée à proximité de l’usine qui a vu naître la « houille blanche » (l’hydroélectricité), cette résidence patronale résume à elle seule tous les espoirs placés dans l’électricité, comme pivot du progrès et de la modernité. Si la maison reste sobre extérieurement, le programme décoratif intérieur est beaucoup plus spectaculaire. Confié à Maurice, dernier fils d’Aristide Bergès, il témoigne du goût de l’époque, mêlant historicisme et Art nouveau. Cet ouvrage qui n’est pas un guide de la maison, apporte un éclairage sur les goûts et le mode de vie d’une famille bourgeoise, amatrice d’art, au tournant des XIXe et XXe siècles. Juin 2011, Conseil général de l’Isère, 72 pages, 13 ¤ La science en public. Laurent Chicoineau et Nayla Farouki Trente années de réflexion et de débat sur les manières d’intéresser petits et grands à la science, à la technique et aux différents enjeux que l’évolution scientifique et technique apporte dans son sillage. Trente années au cours desquelles le Centre de culture scientifique technique et industrielle, le CCSTI, a accompagné l’évolution de la société grenobloise aussi bien que celle de la science. La culture scientifique est un monde en perpétuel mouvement. Cet ouvrage livre à la fois l’histoire de la culture scientifique, l’histoire du CCSTI et des débuts de la culture scientifique et technique à Grenoble, et les réflexions de ses auteurs sur les enjeux d’un domaine de la culture humaine que nul ne devrait négliger. Octobre 2010, Presses Universitaires de Grenoble, 128 pages, 30 ¤

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Le Château de Bon Repos Annick Clavier Le site de Bon Repos est situé au cœur du territoire de la commune de Jarrie, à quelques kilomètres au sud de l’agglomération de Grenoble. Dans un site agréable et préservé de l’expansion urbaine, il dresse la silhouette familière de ses tourelles, au milieu des prés et des champs. Cette maison forte de l’extrême fin du Moyen Âge, constitue un bon exemple de résidence de petite noblesse dauphinoise. Restée entre les mains d’une même famille pendant près de 350 ans, elle a conservé la plus grande part de ses aménagements d’origine, avant de connaître une succession de propriétaires puis la ruine. Racheté par la commune de Jarrie, restauré et animé par une association dynamique, Bon Repos connaît aujourd’hui une nouvelle vie. Septembre 2010, Conseil général de l’Isère, 77 pages, 15 ¤ Le Gant de Grenoble. Six siècles et cinq doigts Anne Cayol-Gerin « Il n’est bon gant que de Grenoble », se répétait-on jadis. Des milliers de femmes et d’hommes, dans la ville mais aussi à la campagne, ont coupé, cousu, orné des millions de gants de peau, vendus à l’échelle du globe. Des boutiques à l’enseigne Au gant de Grenoble ont pris place sur les avenues les plus élégantes de New York, de Moscou, de Londres, de Paris et d’ailleurs, fixant l’image d’une production de luxe et d’un savoir-faire incomparable sur la capitale alpine. Innovations techniques à l’origine des grands essors industriels, mais aussi sociales, telle l’entraide mutuelle, sont à mettre au crédit des artisans et industriels gantiers de Grenoble. Cette histoire multiséculaire marque une identité aussi constitutive de l’Isère que l’hydroélectricité, le textile ou la recherche. De cette étonnante aventure humaine aujourd’hui quasiment disparue, il est urgent de conserver la mémoire. Février 2011, Editions le Dauphiné libéré, 7,90 ¤ Le peintre et ses muses Collectif sous la direction de Laurence Huault-Nesme Dernière partie de la série illustrant la carrière d’Hébert présentée depuis la réouverture du musée après sa rénovation en 2003, cet ouvrage est consacré à la période 1870-90, où le symbolisme s’affirme sur la scène artistique et dans les milieux littéraires. Dans cette période riche en mouvements littéraires et artistiques, l’œuvre d’Hébert en absorbera les résonnances entre l’esprit symboliste qui se développe en France, et celui du préraphaélisme tardif qui trouve encore une audience forte à Rome. Le goût qui s’affirme alors pour les figures allégoriques, notamment féminines, ne pouvait que séduire le peintre. Ses muses - musiciennes, figures religieuses ou autres femmes éthérées - sont marquées, plus ou moins consciemment, tant par leur sujet que dans leur traitement, par un penchant pour « l’idéalisation » qui gagne tout le milieu intellectuel. Avril 2011, Conseil général de l’Isère, 47 pages, 20 ¤ Les Frères Rattaire Philippe Langénieux-Villard À la suite des disputes idéologiques entre l’instituteur chrétien patriote et le maire socialiste pacifiste du village, les trois fils du premier tombés au front n’ont pas été mentionnés sur le monument où les habitants du Moutaret se recueillent tous les 11 novembre depuis le début des années 1920. Une belle histoire née d’une longue enquête et qui débouche sur une réhabilitation : depuis quelques mois, les noms des trois frères Rattaire figurent enfin sur le monument du village où ils vivaient avant de mourir pour la patrie. 2010, Edition Héloïse d’Ormesson, 125 pages, 14 ¤

Les militaires dans la Résistance, 1940-1944 Collectif sous la direction de Jean-William Dereymez Pour la première fois, une étude fait un point complet sur un aspect méconnu de l’histoire militaire française et de celle de la Résistance. Des premières organisations de camouflage de matériel à la reprise des combats, rien n’est oublié : les services secrets, la mise sur pied des maquis, les organisations militaires de Résistance (ORA, AS...), les combats du Vercors ou des Glières, l’action clandestine, l’amalgame avec la Première Armée, l’attitude des troupes d’occupation allemandes et italiennes, la mémoire, etc. Beaucoup de ces aspects n’avaient jamais, jusqu’à présent, fait l’objet d’études historiques rigoureuses. Ce livre contient les actes du colloque organisé à Grenoble en novembre 2008 par l’Institut d’Études Politiques de Grenoble et l’Union des Troupes de Montagne. Les textes des communications et des débats sont illustrés par une abondante iconographie, souvent inédite, ainsi que par de nombreuses annexes. 2010, Edition Anovi, 688 pages, 30 ¤ Les rites de passage. De la Grèce d’Homère à notre XXIe siècle. Collectif sous la coordination de Philippe Hameau En octobre 2008, le Centre alpin et rhodanien d’ethnologie, le Centre de recherche Homerica et le Musée dauphinois décident de fêter le centenaire de ce concept en réunissant une quarantaine de chercheurs dans plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales et en jouant sur le long terme : de la Grèce d’Homère à notre XXIe siècle. Les actes de cette rencontre, riches de près d’une trentaine de contributions, explorent de nombreux terrains et expriment toute la richesse réflexive que les trois phases du passage peuvent susciter lorsqu’elles sont analysées selon différentes sensibilités. Novembre 2010, Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie, 302 pages, 20 ¤

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Les voyages d’Alix à Vienne Gilbert Bouchard et Jacques Martin Un riche parcours en images dans la ville de Vienne à l’époque antique, alors capitale du peuple gaulois des Allobroges. Vienne est aujourd’hui, avec Lyon, la cité qui concentre le plus important patrimoine galloromain, dont de nombreux vestiges architecturaux en bon état de conservation. Précis et vivant, le travail de Gilbert Bouchard reconstitue tous les détails de la vie quotidienne à Vienne du temps d’Alix. Mars 2011, Casterman, 12,90 ¤

Lumière sur fragments obscurs. Paul Hickin, œuvres de résistance Collectif sous la direction de Jean-Claude Duclos et Jacques Loiseau Avec une infinie délicatesse et une rare clairvoyance, Paul Hickin use de son burin de graveur pour restituer quelques-uns des moments les plus désastreux de notre histoire. S’interrogeant sur l’extrême violence dont l’État est capable, il attire l’attention sur autant d’instants obscurs où l’humanité faillit, pour éveiller la conscience citoyenne, réagir, résister. Pourquoi, dit-il implicitement, l’humanité a-t-elle si peu de capacité à tirer profit de l’histoire ? Novembre 2010, Conseil général de l’Isère, 67 pages, 13 ¤

Roches de mémoire, 5 000 ans d’art rupestre dans les Alpes Photos : Emmanuel Breteau. Textes : Françoise Ballet, Philippe Curdy, Philippe Hameau, Guillaume Lebaudy, Pierre Machu, Raffaella Poggiani, Odile Romain, Geoffroy de Saulieu, Dario Seglie A travers une sélection de 230 photographies, ce livre présente un panorama de l’art rupestre dans les Alpes françaises, italiennes et suisses. En fond de vallée, dans les alpages ou encore près des sommets, à 3 000 mètres d’altitude, des milliers de gravures préhistoriques, médiévales et contemporaines défient les intempéries. Plusieurs grands sites accueillent chaque année un public toujours plus nombreux, fasciné par ces signes et écritures, témoignages précieux des populations alpines depuis 5 000 ans. Pendant dix ans, Emmanuel Breteau a parcouru les Alpes en quête de ces gravures, pour les photographier, souvent de nuit, sous des éclairages qui révèlent le moindre détail gravé, permettant ainsi la meilleure « lisibilité » de chaque motif. Il a fait appel ici aux plus grands spécialistes de l’art rupestre alpin, ainsi qu’à un ethnologue qui enquête sur les gravures pastorales contemporaines et dont les travaux nous éclairent sur l’acte de graver. Juillet 2010, Éditions Errance, 240 pages, 39 ¤ Spoliés ! L “aryanisation” économique 1940-1944 Collectif sous la direction de Jean-Claude Duclos Lancée en 1997, la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France (mission Mattéoli) met en évidence les mécanismes de « l’arryanisation » économique, entreprise en France par le gouvernement de Vichy. La même année, la Ville de Grenoble crée une commisssion communale d’enquête dont les travaux sont achevés en 2009. Pour marquer leur fin, cet ouvrage et l’exposition qu’il prolonge restituent dans l’Europe d’alors, dominée par l’Allemagne nazie et largement imprégnée d’antisémitisme, l’accomplissement du processus administratif « d’aryanisation ». Christoph Kreutzmüller pour l’Allemagne, MarieAnne Matard-Bonucci pour l’Italie, Laurent Joly et Tal Brutmann pour la France en décrivent ici l’accomplissement, tandis qu’Annette Wieviorka rend compte, dix ans après, des acquis de la mission Mattéoli. Septembre 2010, Conseil général de l’Isère, 80 pages, 17 ¤


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