PATRIMOINE EN ISÈRE 092012 40PAGES
ISSN 1269-3227
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LE JOURNAL
N°25
Sommaire P03 P08 P21 P25 P29 P34 ÉDITO
INVENTAIRE PORTFOLIO DAVID G. RICHALET VALS DU DAUPHINÉ UN ŒIL, UN ART, UN REGARD
Dossier : PATRIMOINE & ARTS VIVANTS Patrimoines (en)chantés Le Pacifi(c)que, l’esprit dU lieu Décors et « témoins »… le poids des murs Patrimoine sensible Création, mémoire et patrimoine, Anne-Marie Pascoli mène la danse ! L’enfant, le musée, l’école et le musicien Retenir l’éphémère EN BREF
Protéger/RESTAURER Les fouilles de Charavines sont terminées Les secrets de Panossas LE LABEL « PATRIMOINE EN ISERE » EN BREF
Valoriser/PARTAGER Patrimoine en double, valorisation illimitée E-PATRIMOINE ÉCOLE ET PATRIMOINE EN BREF
MONTRER/EXPOSER LE MUSÉE STENDHAL OUVRE SES PORTES L’Isère en relief, Deux chefs-d’oeuvre de la collection des plans reliefs exposés À VOIR DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX
LE GUIDE ACTUALITÉ DES MUSÉES LECTURES
Si la connaissance, le repérage, la conservation, la sauvegarde
sont au cœur de nos politiques patrimoniales, ces missions ne sauraient seules justifier notre engagement. Savoir et préserver ne valent que pour être partagés et permettre la transmission. Nos musées départementaux le rappellent à chaque nouvelle exposition et notre présence active auprès des nombreux acteurs qui œuvrent à la valorisation du patrimoine en témoigne. Partout les initiatives sont nombreuses pour inviter le public à (re)découvrir de manière créative des sites chargés d’histoire : le lieu devient alors un acteur à part entière avec lequel les artistes composent pour mieux le révéler. Ce nouveau numéro du journal Patrimoine en Isère accompagne des Journées du patrimoine iséroises qui mettent l’accent sur le croisement des disciplines culturelles ; il propose un dossier sous forme de rencontres avec ceux qui aiment jouer de la confrontation entre le pérenne et l’éphémère - le patrimoine et les arts vivants - ou qui plus simplement sortent des sentiers battus de la création pour le plus grand plaisir de tous.
LE président du Conseil général André Vallini SÉNATEUR DE L’ISÈRE
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INVENTAIRE
POR TFOLIO
VALS DU DAUPHINÉ
David G. Richalet
Suivez l’Inventaire sur :
www. isere-patrimoine .fr
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Un œil,
Inventorier le patrimoine d’un territoire oblige à l’observer avec une grande attention, même et surtout lorsqu’on croit le connaître. Cette acuité qu’exerce chaque chercheur, en chasse de ce qui « parle », s’accompagne de clichés documentaires que les facilités du numérique font proliférer. Mais rendre compte d’un bâtiment ou d’un paysage par l’image, afin de partager ce qu’ils nous disent avec un large public, c’est autre chose. Sur les suggestions de ceux qui « ont vu », il s’agit de confier à un photographe de métier la charge d’articuler le regard d’un visiteur non prévenu et celui des « pros » du patrimoine. En fait, celui-ci apporte à tous un nouveau regard ! Et comme à chaque nouvel inventaire le photographe est différent, convergences et oppositions sont sans cesse à reconstruire sans a priori. Sur les cantons de La Tour-du-Pin, Le Pont-de-Beauvoisin et Virieu-sur-Bourbre, c’est par l’objectif de David G. Richalet que se fait l’alchimie. Morceaux choisis…
un art,
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Chronique de l’inventaire Débuté à l’automne 2010 par les recherches documentaires, l’inventaire du patrimoine des Vals du Dauphiné s’est poursuivi jusqu’au printemps 2012 par un repérage minutieux sur le terrain. Toutes les communes ont été passées au peigne fin des archéologues, architectes, conservateurs et historiens. Ces derniers sont actuellement à pied d’œuvre pour préparer la restitution de ces recherches et de ces trouvailles. Synthèse des données recueillies, rédaction des textes et notices de la publication qui en rendra compte et préparation d’une exposition… Rendez-vous est donné au printemps 2013 pour partager cet inventaire.
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1 LÉGENDES Page PRÉCÉDENTE Saint-Jean-d’Avelanne 1 Corbelin / 2 Saint-Jean-de-Soudain / 3 VALENCOGNE
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8 LÉGENDES 4 Saint-Clair-de-la-Tour / 5 DOLOMIEU / 6 Corbelin / 7 Doissin / 8 LA TOUR-DU-PIN / 9 Saint-Victor-de-Cessieu / 10 Chassignieu / 11 Cessieu / 12 Saint-Clair-de-la-Tour
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vivants
Le patrimoine et les arts vivants, cousins dans le vaste champ des politiques culturelles, parfois s’ignorent, bien souvent se rejoignent pour proposer une lecture sensible d’un lieu, d’un territoire, d’une histoire, d’une population.Témoins d’autres temps et d’autres modes de vie, les lieux du patrimoine perdent en effet leur essence s’ils finissent sanctuarisés dans la mémoire collective. Notre regard d’aujourd’hui doit leur donner sens dans la continuité de l’histoire des hommes. En cela, la création artistique et plus particulièrement le spectacle vivant, quand ils s’inscrivent dans une démarche de mémoire ou au cœur d’un lieu patrimonial, favorisent le déploiement de l’appropriation, de la transmission mais aussi de l’imaginaire. Car ils entretiennent à leur manière une conversation entre les formes, les espaces et les temps.
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DOSSIER
arts
vivants En Isère une désormais longue tradition conjugue deux objectifs majeurs de l’action culturelle : la sauvegarde du patrimoine et l’enracinement du développement culturel. Loin des seuls concerts classiques dans les églises ou de propositions artistiques provocatrices, les expériences de dialogue entre la permanence du bâti chargé d’histoire et l’inattendu de la création sont de plus en plus mutuellement riches et productrices de sens. C’est cette convergence, les interrogations, les choix et les émotions qu’elle suscite qu’il s’agit d’explorer dans les pages de ce dossier, comme à l’habitude en bonne compagnie, à travers quelques portraits et initiatives remarquables. Impossible de prétendre à l’exhaustivité tant le tissu culturel est dense dans notre département et la réflexion sur le rapport entre les lieux, la mémoire et la création, active. PHOTOGRAPHIE COMPAGNIE PASCOLI, Création chorégraphique in situ, MUSÉE DAUPHINOIS, mai 2012
Patrimoines
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(en)chantés L’Agence iséroise de diffusion artistique (AIDA) a pour mission principale de favoriser la diffusion et le développement culturels dans le département en proposant des programmations et dispositifs majeurs, principalement dans le champ musical. Comment se fait le choix des lieux et des répertoires, quel impact cela a-t-il sur le public et les artistes, comment infusent les notions de patrimoine et de paysage dans l’acte de création… tentative de réponse avec son directeur Bruno Messina, homme passionné et généreux, metteur en musique érudit et audacieux sous forme d’un incomplet abécédaire, de A comme… amour à V… comme vie !
A comme amour Hors des salles de spectacle, le rapport du public avec la forme concert change. C’est un public qui est là parce qu’il a envie. Il est là par amour. Les codes bourgeois n’existent plus. Il n’est pas là pour se montrer car ce qui est donné à voir, c’est le lieu, à entendre, c’est la musique. B comme Berlioz et… balcon Le musée Hector-Berlioz, installé dans la maison natale du compositeur à La Côte-Saint-André, accueille un rendez-vous devenu incontournable du Festival, Sous le Balcon d’Hector. Que pouvaiton bien programmer sous un balcon ? Dans son traité d’instrumentation, Berlioz n’est pas tendre avec certains instruments. On a ainsi eu l’idée de parler de ceux dont il dit le plus grand mal, de faire dialoguer les textes et les instruments. Il qualifie par exemple la mandoline de « sans grand intérêt » mais « acceptable sous un balcon ». On a testé en 2009 ! Pour l’édition 2012 du festival, c’est un programme de sérénades (Roméo et Juliette, Pelléas et Mélisande…) qu’on a imaginé. C comme cohérence Mettre en accord les répertoires et les espaces est de l’ordre du réflexe pour un programmateur. On cherche une vraie cohérence entre l’identité du lieu et le choix musical. Au musée Hébert par exemple, on ira du côté de la musique de salon, d’une évocation de la résidence d’Ernest Hébert à la Villa Médicis à Rome. Au musée archéologique Grenoble Saint-Laurent, on pourra s’interroger plutôt sur les pratiques musicales d’alors. D comme danse La danse met l’œil en contact. Elle oriente le regard et noue un dialogue visible avec les lieux. E comme émerveillement Quand on programme un concert dans un site patrimonial, on essaie de poser quelque chose qui fait résonner, vibrer les lieux. On s’attache à les ré-enchanter par la musique pour laisser au public la capacité d’un premier regard, d’un émerveillement. Ainsi le lieu qu’on ne voyait plus tant il faisait partie de notre paysage se laisse découvrir autrement. F comme festival Le Festival Berlioz a lieu à La Côte-Saint-André, dans la petite ville où Hector a passé son enfance. Et ce n’est pas un hasard. Il a sa légitimité à exister ici car un compositeur, c’est avant tout l’enfant d’un lieu. Et cela doit nous inspirer.
PATRIMOINE Bruno Messina Les Allées chantent 2012 concert des Holy Bones à Lans-en-Vercors
G comme géomusicologie Je suis ethnomusicologue et je crois à une géomusicologie, à une topomusicologie. La musique est attachée au territoire dont elle provient, qu’il soit géographique, affectif, paysager… Pour ne citer qu’un exemple, j’aime particulièrement le doudouk, un instrument d’Arménie en bois d’abricotier qui porte bien son nom : il est extrêmement doux et revendique en cela sa provenance ! H comme harmonium Dans les granges ou les greniers, on trouve des instruments endormis. Ça aussi, c’est un patrimoine qu’on peut facilement faire revivre. Chez moi, par exemple, je suis tombé sur un harmonium au milieu des cages à lapin. Il marche, il faudrait le restaurer. Et grâce à Laurence Nesme du Musée Hébert j’ai récupéré un jour un piano carré Erard de 1843 avec la pastille « Exposition universelle de Londres » pendant laquelle Berlioz était au jury ! Il n’y a pas de hasard… I comme intime Au cours d’un de ses voyages, l’ethnomusicologue Jérôme Cler, spécialiste de la Turquie, a découvert le répertoire de tsiganes aujourd’hui sédentarisés dans le Taurus occidental. Leur musique vient de la « pastoralité », elle est liée à l’errance, au nomadisme. On doit pouvoir la transporter et les instruments sont légers. C’est une musique pour l’entre soi. Quand on choisit un lieu pour la donner en partage, on travaille sur la notion d’intime. Le coin d’une place pourrait parfaitement être adapté... L comme lieux Je m’interroge en permanence sur notre capacité à utiliser l’espace comme un instrument lui-même car je sais que ce qu’on entend est aussi produit par les sites. Le choix de l’abbatiale de Saint-Chef pour des polyphonies corses est guidé par la recherche d’un lieu dans lequel les voix portent. Au pied des trois tours à Grenoble, on travaille avec des cuivres pour occuper l’espace. M comme musiciens Sortir du confort des auditoriums est, pour les musiciens, parfois délicat car leur plus gros souci est l’acoustique. Ils peuvent se plaindre d’échos, de sonorités trop généreuses. Mais le rapport au lieu et au public compensent largement ! O comme occuper l’espace Berlioz écrit pour des lieux gigantesques. Il est dans la folie d’occuper l’espace, bien avant la stéréo, les amplis. Il a déjà anticipé le besoin d’immersion dans le son pour une émotion démultipliée. Pour son Requiem, quatre fanfares de cuivres entourent le public !
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P comme paysages et patrimoine En ce moment je prépare une thèse dont le sujet met en lien Berlioz et « Les paysages sonores du Dauphiné ». Berlioz est contenu par le Dauphiné. On ne peut pas comprendre sa musique si on ne fait pas l’étude de l’environnement dans lequel son oreille a été formée. C’est un véritable paysage sonore à étudier, à reconstituer : la campagne du XIXe siècle, les cloches qui rythment les activités des champs et les grands moments de la vie, les femmes qui chantent, les rogations… Q comme quatre minutes trentetrois secondes de silence Le site de la Grande Chartreuse m’impressionne. On est ici placé face à la capacité des hommes à plier le réel. Si je devais imaginer une musique pour un tel lieu, je programmerais la pièce 4’33’’ de John Cage, souvent décrite comme « quatre minutes trente-trois secondes de silence » (mais qui est en fait constituée des sons de l’environnement que les auditeurs entendent lorsqu’elle est interprétée). R comme un rêve ? Reconstituer un vrai rigaudon du XIXe siècle, faire défiler toutes les musiques de la foire de Beaucroissant au fil des siècles. S comme Symphonie fantastique Berlioz aurait été influencé par la lecture du roman de Thomas de Quincey « Confessions d’un mangeur d’opium anglais » pour l’écriture de sa Symphonie fantastique. Mais les biographies commencent trop tard, souvent vers 18 ans et oublient de se retourner sur les lieux et influences de son enfance. La scène aux champs, le sabbat de sorcières viennent forcément de La Côte-SaintAndré et le père de Berlioz, médecin, est lui-même un opiomane forcené ! Enfin, la tessiture voulue par Berlioz pour les cloches de la Fantastique impose l’utilisation de vraies cloches d’église et non l’utilisation de cloches tubulaires, encore une réminiscence… En 2009, avec l’orchestre Les Siècles, on a d’ailleurs donné la version avec les cloches d’église. T comme temps La musique est fragile par son immatérialité. C’est un art du temps. Elle n’existe qu’au moment où elle est jouée. C’est intéressant de mettre en regard sa fragilité et la solidité des lieux dans lesquels elle est produite. Elle laisse cependant entrevoir une éternité possible car elle offre un dialogue permanent entre le temps qui n’est pas celui de nos montres et le temps du lieu.
ARTS VIVANTS
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U comme unité La diversité des lieux, des territoires est aussi cohérente qu’un manteau d’arlequin. C’est l’ensemble qui donne son unité au manteau, de la grange banale à l’abbaye classée Monument Historique. V comme vie C’est peut-être une banalité de le dire, mais l’art est dans la vie et pas seulement dans les lieux dédiés…
EN SAVOIR PLUS > A.I.D.A. www.aida38.fr L’agence iséroise de diffusion artistique est un EPCC (établissement public de coopération culturelle) créé en 2004 à l’initiative du Conseil général de l’Isère, de la Communauté de Communes du Pays de Bièvres Liers et de la commune de La Côte-Saint-André. Principaux dispositifs : > Le Festival Berlioz www.festivalberlioz.com C’est l’un des rares festivals de musique symphonique en France. Sa renommée nationale et internationale en fait l’un des plus grands rendez-vous de la saison des festivals de musique classique. Il se déroule chaque été à la fin du mois d’août à la Côte-Saint-André, ville natale du grand génie romantique Hector Berlioz. Principal lieu des concerts symphoniques, la cour du Château Louis XI est équipée le temps du festival d’une structure unique en France. Alliant la qualité acoustique d’une salle de concerts aux avantages du plein air, elle protège public et musiciens en cas d’intempéries. Le Festival Berlioz, ce sont aussi des concerts décentralisés avec des récitals, de la musique de chambre, des créations contemporaines, des déambulations, des formes théâtrales... Une politique tarifaire volontariste permet à tous de profiter de grands moments musicaux dans un cadre grandiose, une ambiance conviviale et un esprit populaire. > Les Allées chantent,
ancienne et… nouvelle formuleJusqu’à présent festival itinérant consacré aux musiques actuelles, Les Allées chantent présente chaque début d’été 13 concerts gratuits (groupes issus de la scène iséroise) dans 13 sites patrimoniaux du département (granges, châteaux, églises, anciennes usines, …). A compter de l’automne 2012, le dispositif s’élargit en répertoires, en lieux et en nombre de concerts puisqu’il englobera notamment Musiques au cœur des musées et les Nocturnes aux musées, les actuelles saisons musicales des musées départementaux. Les Allées chantent nouvelle formule, ce sera un véritable tour d’Isère en 80 concerts avec toujours comme principe fondamental la découverte, d’artistes, de répertoires et de lieux!
> Démos L’expérience de l’Orchestre des jeunes DEMOS initiée par la Cité de la musique, qui permet à des enfants de quartiers populaires de Paris et de sa banlieue l’apprentissage de la musique classique, va être étendue à l’automne 2012 à trois autres agglomérations et départements en France, dont l’Isère. L’Orchestre des jeunes DEMOS, concernera alors 1.000 enfants qui devraient tous se retrouver pour une grande fête musicale en 2015 à la future Philharmonie de Paris.
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Le Pacifi(c)que, l’esprit dU lieu
Dans le quartier des Alliés à Grenoble, Christiane Blaise et son équipe inventent en 2004 le Pacifique, un lieu de création et de développement chorégraphiques, à partir d’un ancien atelier d’émaillage de chauffe-eaux Pacific de 1000 m2. Le choix d’une réhabilitation plutôt quE D’une démolition valorise ainsi le patrimoine industriel de la ville et offre une deuxième vie artistique après l’usine. En changeant l’orthographe finale du nom Pacific, Christiane Blaise n’en a pas pour autant perdu l’esprit de fabrique qui animait ce lieu : « il était important pour nous de garder un lien avec cette ancienne usine en commençant par conserver son si beau nom ! Pacifique évoque aussi pour moi la paix et l’océan tumultueux, conjuguant deux aspects antagonistes : la sérénité et la confrontation des éléments. » À cet hommage s’ajoutent trois axes de réflexion qui ont motivé le choix de réhabiliter cette ancienne friche industrielle : L’axe de la continuité : « je désirais m’inscrire dans l’histoire de ce bâtiment, me sentir le maillon d’une chaîne temporelle qui continuera après moi. Par la discipline quotidienne du corps que la danse exige, nos fatigues et nos sueurs nous rapprochent aussi du labeur ouvrier inscrit dans ses pierres. Notre lieu de création est avant tout un lieu de fabrique et en cela nous portons l’esprit du lieu. » L’aspect humain a également été déterminant : « nous avons rencontré très tôt d’anciens ouvriers du site. Il était immortel pour eux mais il a fermé à la fin des années 90. Notre projet leur a plu car il allait redonner vie à ce lieu déserté et mort. Savoir que nous allions y travailler a été aussi fort apprécié. Plusieurs nous ont fait l’amitié de s’impliquer dans les Journées européennes du patrimoine et l’un d’eux a même composé une chanson ! » L’axe de la transformation : « ce lieu immense et vide - propice à l’imagination -, et sans poteau - la hantise des chorégraphes -, nous convenait bien et nous avons décidé de ne pas tout raser mais de faire « à partir de ». »
L’architecte Gérard Gasnier a su donner chair aux désirs de Christiane Blaise qui imaginait ce lieu comme la métaphore d’un corps humain : « un squelette - charpente métallique et ponts roulants conservés ; des courbes - la courbure du couloir ; un cœur - le patio comme un puits de lumière grâce à la verrière ; les membres - des extensions avec des coins et recoins et des chemins vers. » Elle rêvait d’un lieu « sobre mais pas austère, qui favorise et n’empêche rien. Un lieu permettant à la fois recueillement pour créer et circulation animée. » Le résultat est à la hauteur avec deux studios de danse, dont un grand modulable, un local technique, des bureaux lumineux, un espace de rencontre autour d’un olivier, des vestiaires, loges, douches et cuisine. Et une salle pour une association de tai-chi. D’emblée le Pacifique a été conçu pour accueillir et accompagner de nombreuses compagnies de danse contemporaine - 40 le sont chaque année et le planning des deux studios de la saison prochaine est déjà rempli ! Devenu Centre de Développement Chorégraphique (CDC) en 2007, ce lieu de fabrique s’inscrit dans des activités de création, de coproduction, de formation, de diffusion et de sensibilisation à l’art chorégraphique. Lieu vivant toujours en mouvement, il ne cesse de créer de nouveaux projets : du Tour d’Europe des chorégraphes au Concentré de danses en passant par le concours [re]connaissance. Ancré dans un passé ouvrier, il est résolument tourné vers l’avenir… C.D.
PA EN SAVOIR PLUS « Suivi de chantier » [DVD], réalisation Myriam Copier, CNC 2004. Ce film accompagne les étapes de la transformation du Pacifique, de la friche industrielle jusqu’à l’ouverture au public. Il montre aussi largement les échanges entre la chorégraphe Christiane Blaise et l’équipe d’architectes (Gérard Gasnier, Pascal Rollet, Florence Lipsky), tous soucieux de prendre appui sur la mémoire de ce lieu de travail. Les réflexions des uns et des autres abordent les questions de temps, d’espace et de mouvement. Mais le film s’ouvre aussi aux témoignages des anciens occupants, les ouvriers retraités de l’usine Pacific, pour qui ces murs conservent une longue histoire d’efforts, de camaraderie et de luttes. Et aux réactions des habitants du quartier devant l’irruption inopinée de la danse contemporaine dans leur paisible univers. > www.pacifique-cdc.com
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Décors et « témoins »… le poids des murs
Le festival Textes en l’air (qui a connu cette année sa neuvième édition) propose chaque été à Saint-Antoinel’Abbaye un plaisant programme panachant théâtre, poésie et musique. Ce lieu patrimonial fort, cet écrin médiéval a-t-il une incidence sur les artistes et les spectateurs ? Approche de la question avec Philippe Curé, directeur artistique de l’événement. « Le projet artistique de Textes en l’air prend forme autour de l’idée de provoquer une résonance entre les lieux patrimoniaux et les textes d’aujourd’hui », annonce la déclaration d’intention du festival. Transformer ces espaces historiques en lieux de fabrique et de diffusion artistique, c’est susciter un autre regard tant sur la création contemporaine que sur le patrimoine local et en prolonger l’histoire en y inscrivant d’autres histoires. Pour Philippe Curé, « l’endroit dégage une énergie singulière : on se sent par lui dominé, il rassure ou angoisse, c’est selon. C’est une espèce de matière dans laquelle viennent se mouler les personnages et les évènements ». Le lieu de la représentation est ici à la fois décor et « témoin » de ce qui se joue. Artistes et spectateurs ne se trouvent pas dans la chambre noire d’une salle de théâtre, dans l’espace neutre, quasi mental, d’un plateau scénique où l’illusion dramatique peut prendre. Le poids des murs n’est ici pas anodin, leur présence est massive, monumentale, majestueuse, saturée d’histoire(s), de symboles, de fantasmes — et
TRIMOINE
EN SAVOIR PLUS > www.textesenlair.net
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marquée d’un style et d’une certaine ambiance que suscitent les vieilles pierres. Le lieu en soi est en quelque sorte déjà théâtral. « L’art du metteur en scène s’exprimera dans sa façon de mettre ces images en porte-à-faux ou au contraire de savoir les conforter, en tout cas il ne peut pas ignorer le cadre », souligne le programmateur. La notoriété des lieux constitue un atout attractif. Leur beauté et l’esprit de sérénité qui s’en dégage jouent aussi en faveur de la fréquentation du festival. « Il y a aussi quelques contraintes, mais on sait que toute contrainte est créative », philosophe Philippe Curé. Si le décor est plein de magnificence, il peut en revanche se montrer lourd, oppressant pour les auteurs accueillis en résidence et « il faut être là pour répondre à leur étonnement, leur émotivité, leurs difficultés parfois... » La commune de Saint-Antoine-l’Abbaye bénéficie elle aussi, en retour, de la vitalité du festival. « Je pense que le village ne peut pas se refermer sur le concept de village musée. Il doit rester vivant et devenir un haut lieu de culture. » J.P.C.
ARTS VIVANTS
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Patrimoine sensi b le Les lieux du patrimoine résonnent
Nadia et Jean-Pascal Crouzet
Atout(s) Le théâtre antique est un site extraordinaire, l’un des plus beaux théâtres de plein air d’Europe. Le génie des Romains a permis de créer un étonnant rapport de proximité entre la scène et les gradins. C’est ce qui a fait dire à Claude Nougaro devant plus de sept mille spectateurs : « Qu’est-ce que c’est beau cette tapisserie d’humanité ! ». Soir après soir, il y a quelque chose de jouissif à vivre des concerts dans un lieu aussi monumental. Même quand les décibels montent, les pierres antiques imposent une sorte de sérénité. Et que dire du bonheur de venir seul sur la scène vide, dans le soleil du petit matin, et de regarder la colline de Pipet en face. Difficulté(s) Respecter le patrimoine, au théâtre antique comme dans les jardins de Cybèle, nous impose de réfléchir autrement à la logistique globale. Ce n’est pas toujours facile mais il faut prendre soin de ce lieu fragile si nous voulons continuer à le faire vivre. Souvenir(s) Un des meilleurs ? Ce grand « Waouh ! » d’Ella Fitzgerald découvrant, éblouie, le site pour la première fois. Un des pires ? Cet orage de grêle en 1992. On a arrêté le concert et fait monter le public sur la scène. Malgré cela, il a fallu évacuer treize spectateurs à l’hôpital ! Rêve(s) Organiser un concert de jazz dans un site naturel d’exception comme les Vallons de la Meije ou l’île d’Ouessant.
Atout(s) Bien que ce ne soit pas sa vocation d’origine, La Galicière se prête bien au jeu. Nous avons accueilli une dizaine de spectacles dans la cour de la fabrique : théâtre, chanson, lectures… Ce qui compte pour nous, c’est qu’il y ait un lien entre le lieu et le spectacle. Nous ne programmons rien à l’avance, nous marchons aux coups de cœur ! Difficulté(s) La logistique, la billetterie, la communication : nous avons dû tout apprendre ! Heureusement, l’association nous soutient activement ! Le fait d’accueillir en plein air, sans possibilité de repli, est une autre contrainte mais jusqu’à présent, le ciel a été clément ! Le risque financier en est une autre, mais au fond, notre plus grand souci est de ne pas décevoir le public. Souvenir(s) Notre plus vive émotion reste Soie dite en chantant, en 2008. Ce spectacle de théâtre et de chants écrit par Pierre Lecarme, raconte la vie d’une ancienne ouvrière de la soie et a été créé de A à Z pour La Galicière. Un mauvais souvenir ? Le jour où nous avons refusé d’accueillir un spectacle. Alors que nous sommes très attachés à ce que le site et le spectacle forment un tout harmonieux, l’équipe s’opposait à toute adaptation de la mise en scène et nous avons préféré ne pas aller plus loin… Rêve(s) Faire venir la compagnie nantaise Royal de Luxe à La Galicière !
Directeur technique du festival Jazz à Vienne Viennois, j’ai commencé à travailler très jeune comme vacataire pour le théâtre municipal. En 1980, j’étais là lors de cette fameuse Nuit du blues qui marque les origines de Jazz à Vienne. Dans le vent et sous une pluie battante, le concert prévu initialement dans le théâtre antique s’est finalement déroulé sous un chapiteau. L’année suivante, je participai à la première édition du festival et j’y suis toujours !
d’une manière bien particulière quand la création artistique les anime. Professionnels du spectacle ou des musées, propriétaires privés ou grand public, tous semblent s’accorder sur la charge émotionnelle singulière provoquée par la rencontre entre patrimoine et arts vivants. Cinq d’entre eux témoignent. B.M.
PATRIMOINE &
ARTS VIVANTS
Dominique Bonvallet
Festival Jazz à Vienne www.jazzavienne.com
Propriétaires de La Galicière, à Chatte Architectes tous les deux, nous avons acquis en 1997 l’ancienne usine de moulinage de la soie de la Galicière. Pour sauvegarder et animer ce site remarquable, nous avons créé en 2000 l’association Les Amis de la Galicière. En 2004, nous avons accueilli pour la première fois un spectacle à la demande de la communauté de communes, La Controverse de Valladolid, une soirée inoubliable qui nous a donné envie de renouveler l’expérience !
En savoir plus sur le site et sa relation aux arts vivants : Galicière, une usine de moulinage de la soie, ouvrage en vente sur www.galiciere.org
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Géraldine Moccelin
Isabelle Besson
Atout(s) Magnifique et empreint de spiritualité, le site offre un cadre unique aux artistes. À chaque fois, la magie opère, fusionnelle, comme si les danseurs se glissaient dans les interstices des pierres ! Difficulté(s) Situé en territoire rural, le bourg élargi compte quatre cents habitants environ. Inviter des artistes en résidence impose de respecter avant tout ceux qui vivent ici. Un dialogue est indispensable si l’on veut que notre démarche soit comprise. Sur un plan technique, notre éloignement géographique (de Grenoble) nous a conduits à devenir autonomes. L’équipe du musée, polyvalente par nécessité et par vocation, est capable de travailler sur une exposition comme sur une régie de spectacle en lien avec des professionnels. Souvenir(s) Le Messie de Haendel en 2009 : quatre cent cinquante spectateurs se sont levés quand a retenti l’Alléluia. C’était bouleversant ! En 2011, Les Sept dernières paroles du Christ en croix par la Compagnie Myriam Naisy : un moment de grâce absolue... Et début juillet 2012, les Salve Regina rythmant la projection d’œuvres de Hans Memling, un spectacle fort et de toute beauté ! Rêve(s) Organiser un opéra-ballet à la manière de Lully, face à la lagune, le long du Grand Canal à Venise et retranscrire cette féérie dans les jardins de l’Abbaye de Saint-Antoine reconstitués ...
Atout(s) Un bon concert, c’est un tout. L’œuvre, les interprètes et le lieu doivent conjuguer leurs talents, sinon l’émotion ne passe pas. Je ne suis pas spécialiste d’histoire ni d’architecture mais je suis très sensible aux atmosphères. Les concerts dans des sites patrimoniaux majestueux comme le fort du Saint-Eynard, ou solennels comme Saint-Antoine-l’Abbaye, me touchent particulièrement ; tout comme les spectacles exceptionnels auxquels j’ai eu la chance d’assister dans des sites antiques grecs ou israéliens. Depuis presque dix ans, j’ai l’immense joie d’organiser le concert de mes élèves (j’enseigne le piano) à la chapelle Sainte-Marie-d’en-Haut, au Musée dauphinois. Jouer ou écouter du piano dans un tel lieu est une chance inouïe ; comme si une “force” émanait du lieu et portait la musique autrement. Difficulté(s) J’ai beau adorer ce type de spectacles, la perspective de prendre la route me freine parfois. Habitant à Grenoble, je ne profite pas assez de festivals un peu éloignés comme Jazz à Vienne, car j’appréhende les kilomètres du retour ! Souvenir(s) Un concert inoubliable dans les années 1980 à Saint-Antoine-l’Abbaye. Je me rappelle cette aria tirée de l’opéra La Wally d’Alfredo Catalani, que le film de Jean-Jacques Beineix, Diva, avait rendu populaire. J’avais vingt ans et la chair de poule, cela n’aurait pas été la même chose dans une salle ordinaire, j’en suis persuadée ! Rêve(s) Aller au Bhoutan pour y écouter de la musique traditionnelle dont les rythmes et les sons, si différents de ce à quoi nos oreilles sont habituées, me fascinent !
Responsable du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye Je dirige le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye depuis 2004. Dès 2005, j’ai souhaité proposer un autre regard sur le site abbatial et instaurer un dialogue entre les collections patrimoniales et la création artistique contemporaine, notamment la danse. L’Abbaye fut la maison-mère de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Antoine ; on y venait dès le Moyen Âge pour obtenir une guérison de l’âme et du corps. Inviter la danse en ces lieux m’est apparu comme une évidence pour relier le site à son histoire originelle en quelque sorte.
Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye www.musee-saint-antoine.fr
Mélomane iséroise Je suis de ceux qui s’arrêtent de marcher dans la rue pour écouter un air qui s’échappe d’une fenêtre ouverte ! La musique classique d’abord, mais aussi le jazz et les musiques du monde sont pour moi des passions et rien ne me plait davantage qu’aller écouter un concert.
Pascal Servet Auteur, comédien, metteur en scène de balades théâtralisées Passionné de théâtre, de littérature et d’histoire, je monte depuis une quinzaine d’années des spectacles dans des sites patrimoniaux. Depuis six ans, j’écris, mets en scène et interprète des balades théâtralisées à Grenoble comme La Mystérieuse Affaire Stendhal ou L’Etincelle et la Révolution cette année. J’aime raconter des histoires et susciter la curiosité du public d’une manière ludique et originale. Et le public accroche bien ! Atout(s) Donner un spectacle dans la rue, au pied d’une fontaine en plein Grenoble, ou dans la cour d’honneur du lycée Stendhal, c’est formidable. La mise en scène n’a rien à voir avec celle qu’on envisage sur un plateau de théâtre, cela pousse à être créatif. Et en tant qu’acteur, je trouve que la beauté des lieux et l’empreinte de l’Histoire invitent à jouer avec plus d’intensité. Difficulté(s) Jouer dans un lieu public, où la vie continue en parallèle, ce n’est pas toujours évident. Il faut composer avec les imprévus, savoir attendre qu’une moto passe par exemple ! Il faut être très attentifs à ce qui se passe et réagir avec le plus de naturel possible pour ne pas perdre l’attention du public. Souvenir(s) Un soir où nous jouions La Mystérieuse Affaire Stendhal, un air de Chopin a soudainement envahi la cour. Les spectateurs ont d’abord pensé que cela faisait partie de la mise en scène avant de comprendre que ce n’était qu’une heureuse coïncidence. Une autre fois, alors que nous arrivions place des Tilleuls, nous sommes tombés sur une fête de quartier. Spontanément, les habitants ont décalé leur buffet et interrompu gentiment leurs discussions le temps de la scène ! Rêve(s) Notre département est riche d’un patrimoine industriel mal connu, c’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur. Mon rêve ? Monter un spectacle racontant une histoire ouvrière et le jouer sur un site industriel ancien ou encore en activité. Balades théâtralisées l’été à Grenoble www.grenoble-tourisme.com
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, n o i t a é r C t e e r i o m é m , e n i o m i r Pascoli at-Marie pnne !
Anne-Marie Pascoli / Danses de résurgence, Saint-Antoine-l’Abbaye, Compagnie Pascoli
A danse la ne è m
ans, la VINGT e d s ièces uis plu ine de p ie oble Dep a n t e g r in G v à e Implantée ascoli a créé un epuis une décenn ie P son ppe d compagn et dévelo mpteur, c’est dire s e u iq h p o aller chorégra s in situ – 40 au c oli aime asc P n io t -Marie favoriser des créa ilité ! Anne de la danse et t r e f e . Elle m extrê le public éloignés x ec u v a lie d’écriture dans les rencontre rs de u o des mo un parc rois. d’autres uis 2003 niaux isé o dep rim t ié t pa ée a ainsi ini ue dans les sites viction, passionn hiq con chorégrap vec une femme de a Rencontre te. et passionnan
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Qu’est-ce qui vous a poussée à investir ces lieux non dévolus à la danse ? La quête de sens avant tout : donner du sens à mon travail quotidien, cultiver ce qui relie l’intimité de mon travail de création aux gens. La nécessité de « faire lien » avec une population, des territoires, d’être plus directement reliée à la société sans pour autant banaliser, édulcorer un propos artistique engagé et complexe. J’aimerais aussi relier dans la cité les jeunes et les anciens, le passé et le présent, en faisant la jonction entre la mémoire collective et l’activité d’aujourd’hui, en remettant du mouvement là où parfois les choses se sont immobilisées, de l’affect dans le désaffecté. L’autre raison fondamentale tient à la mise en éveil du processus de recherche. Si la salle de spectacle me permet de travailler des aspects plastiques avec la lumière – impossible dans les lieux du patrimoine -, en revanche ces lieux, par leur architecture et leur histoire, sont porteurs d’un vaste champ de possibles et offrent un riche terrain d’expérimentation au niveau des installations plastiques, des scénographies, des états de corps. Ils ont nourri plusieurs fois mes pièces en salle, alors que l’inverse n’est pas vrai ! Pour aller jusqu’au bout de ma pensée, j’avais une sensation d’enfermement dans le milieu chorégraphique autocentré et je me sentais à part dans la société en tant qu’artiste, et même doublement à part comme danseuse contemporaine. Travailler hors des lieux dévolus au spectacle m’a permis de penser autrement. Vos créations dans les lieux du patrimoine se déploient depuis dix ans. Où et comment ce travail a t-il démarré ? Il a germé à la fin des années 90 en Allemagne lors d’une tournée de ma pièce M & M. Le plateau d’une salle n’était pas libre pour répéter et le directeur nous a proposé un autre lieu, une galerie d’art contemporain. Le public venait voir l’exposition et en même temps nous regardait travailler. Ces rencontres très fortes furent suivies de soirées d’improvisation s’inspirant d’œuvres plastiques. En 2002 j’ai commencé à travailler avec le musée d’art moderne de Saint-Étienne sur l’œuvre picturale de Jean Dubuffet. Ensuite j’ai eu envie de faire ce type de création sur mon territoire. Quel était donc ce projet singulier en Isère et quelles traces reste t-il de ce parcours ? L’idée était de travailler avec les partenaires institutionnels locaux. Les services du patrimoine du Département ont tout de suite été réceptifs et nous ont accompagnés dans cette réflexion partagée. Nous sommes allés visiter de nombreux sites patrimoniaux et j’ai petit à petit imaginé un lien de lieu en lieu, en gardant des traces filmées du site précédent que nous projetions dans le site suivant, tissant ainsi un fil territorial et chorégraphique unique. Pendant quatre ans, ma compagnie a posé ses valises dans neuf lieux historiques, du musée de Bourgoin-Jallieu au Parc thermal d’Allevard-les-Bains en passant par le village de Mens et le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye. Comme il s’agissait de mes premiers chantiers, je les ai appelés Maquette 1, Maquette 2… Au final, j’ai l’impression de m’être beaucoup plus implantée dans le territoire isérois que si j’avais fait de la diffusion scénique dans les théâtres car nos créations ont chaque fois fait l’objet de rencontres avec les équipes des structures, des conservateurs passionnants et des publics pluriels. Cette année le Musée dauphinois vous a sollicitée pour deux propositions artistiques en écho à l’exposition Un air d’Italie. Pourquoi avoir choisi le thème de la féminité et, pour votre solo, la Befana, personnage de la mythologie populaire ? Contrairement à la dominance masculine d’autres expositions rendant hommage à une culture populaire, celle du Musée dauphinois revêt un
caractère féminin avec de nombreuses images de femmes, notamment dans le film de témoignages réalisé par la vidéaste Anna Brambilla. D’autre part, à mon sens, les villes italiennes sont féminines - Rome, Venise, Florence - et l’Italie l’est aussi pour des raisons de sensorialité. Sur le plan personnel, je me sens italienne et les femmes ont toujours eu beaucoup d’importance dans mon histoire à travers ma mère et mes grands-mères. L’une d’elle me parlait beaucoup de la Befana lorsque, enfant, je passais mes vacances d’été en Italie. J’ai endossé ce personnage fantasque, mal fagoté avec de grosses chaussures usées par ses nombreux voyages. Je me suis fondue dans le public et dans l’architecture de l’exposition en jouant des panneaux pour apparaître et disparaître, j’ai terminé par une tarentelle en invitant les gens à danser avec moi et j’ai beaucoup parlé en italien, c’est rare ! Après dix ans d’expériences, quelles réflexions sur l’essence d’un lieu patrimonial, ses caractéristiques ? La puissance, voire la magie de certains sites peuvent magnifier ce qui y résonne, au point parfois que les spectacles qui y sont créés, arrivant dans des lieux moins porteurs, perdent beaucoup de leur intérêt. Je pense par exemple à certaines créations de la cour d’honneur du Palais des Papes en Avignon. Inversement, ces lieux peuvent aussi, par leur force intrinsèque et de cruelle manière, empêcher ou transformer la lecture de ce qui s’y joue. Sont-ils à même d’accueillir, comme une salle de spectacle, des œuvres déjà existantes ou imposent-ils une création à part entière ? La nature du champ artistique - musique, danse ou théâtre - n’est pas marquée de la même manière par le cadre. Il se joue dans cette confrontation un enjeu particulier qui vaut la peine de s’y mesurer. Car quand le souffle théâtral ou chorégraphique fait respirer un site chargé de mémoire, quand un lieu du patrimoine redevient, par la force très spécifique de l’art vivant, un espace habité par le collectif, alors, dans cette jonction entre le partage par des inconnus d’une cérémonie unique et la puissance du lieu portant le souvenir d’autres collectivités, il se passe quelque chose de rare. C.D. PROCHAINES CRÉATIONS IN SITU Le Froissé de l’Eau les 14 & 15 septembre 2012 Musée de Bourgoin-Jallieu (38) Autour de l’exposition « l’Etoffe des Femmes » du musée, dans le cadre des Journées du patrimoine Une poétique de l’espace et du vivre le 16 septembre 2012 Château de Clermont-en Genevois (74) La Belle Affaire - A cet instant, l’éternité les 27, 28 & 29 septembre 2012 Musée archéologique Grenoble Saint Laurent (38)
EN SAVOIR PLUS > www.compagnie-pascoli.com Plusieurs DVD sont disponibles sur le travail in situ de la compagnie. Cet article est extrait d’un « entretien de fond » avec Anne-Marie Pascoli où elle expose très largement sa réflexion artistique et sa démarche dans les lieux patrimoniaux. Cet entretien est publié dans son intégralité sur www.isere-patrimoine.fr.
PATRIMOINE & ARTS VIVANTS
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L’enfant,le musée,l’écoleetlemusicien L’année scolaire 2011/2012 a vu se déployer en Isère « CRÉA SON », un projet pédagogique départemental de l’Inspection académique. L’ambition ? Initier auprès des scolaires une démarche de création musicale accompagnée par des artistes professionnels, en lien avec la programmation des musées départementaux. La sensibilité à la création dans les lieux du patrimoine s’inocule désormais dès le plus jeune âge. Retour sur une initiative exemplaire. « Il fait trop froid, j’ai les doigts gelés »… Et pourtant nous sommes au mois de juin dans les murs du Musée dauphinois quand résonne cette comptine enfantine ! Le temps d’un après-midi, le musée est envahi par plus de 200 enfants d’écoles élémentaires du département qui donnent vie de manière unique aux espaces d’exposition. Dans Gens de l’Alpe, devant la reconstitution d’un habitat dans l’hiver montagnard, des petits chanteurs enfilent des bonnets et scandent la fameuse comptine. Un peu plus loin, le vent souffle et des moutons bêlent. Rien à voir cependant avec les dispositifs sonores de la muséographie : toute l’Alpe est incarnée par des grappes d’enfants qui s’en font les colporteurs, de manière parfois littérale, parfois imagée. Changement d’ambiance dans l’exposition Un air d’Italie. Les siècles et les mythes se télescopent. Sous l’œil bienveillant du chevalier Bayard, une vente à la criée résonne aux sons du Va pensiero de Verdi qu’interprète un très jeune « chœur d’esclaves » armé de coquilles Saint-Jacques devenues percussions improvisées. L’histoire, la muséographie et la création provoquent un moment de magie : un enfant chante devant le portrait de son grand-père au même âge présenté dans l’exposition. Cette mise en musique du musée est loin d’être improvisée. Elle est le résultat d’un travail créatif et collaboratif baptisé CRÉA SON mené tout au long de l’année scolaire et piloté par la Direction des Services départementaux de l’Éducation nationale de l’Isère. Le principe ? Un travail pédagogique mené par des enseignants avec leurs élèves, articulé à la fois autour d’un musée et d’une démarche de création musicale inspirée des lieux. Le vrai travail, c’est celui de la voix et de l’appropriation d’un thème lié au patrimoine, l’exigence, celle d’aboutir à une vraie forme de (re)présentation. L’organisation ? Les enseignants bénéficient de deux sessions de formation musicale liée au projet
avec des artistes musiciens professionnels dans chaque musée. Ils reviennent visiter les sites avec leurs classes et choisissent collectivement un endroit, une œuvre ou un thème qui servira de support à la création. Les artistes interviennent à trois reprises dans les classes, explorent avec les enfants le chant, les percussions corporelles ou de petits instruments et proposent un canevas comme base de la création. Chaque classe s’empare enfin de cette matière collectée, avec pour objectif de formaliser une proposition musicale. La condition ? Des enseignants motivés, des artistes passionnés et créatifs, des musées réceptifs et généreux. La restitution ? Chaque « micro-création » est présentée devant les autres classes au mois de juin dans le lieu qui l’a inspirée puis dans les écoles. Tous les enfants sont ainsi acteurs du projet mais aussi spectateurs du travail des autres.
CRÉASON EN 2011/2012, c’est 40 classes venues de 18 communes de l’Isère Anthon / Belmont / Bourg d’Oisans / Brezins / Champagnier / Corenc / Diemoz / Froges / Jarcieu / Le Sappey-en-Chartreuse / Lumbin / Pont-de-Claix / Roybon / Saint-Égrève / Saint-Étienne-du-Crossey / Saint-Hilaire-du-Touvet / Virieu-sur-Bourbre / Viriville. 4 artistes professionnels Geneviève Burnod musicienne, formatrice voix et chant Odile Escot comédienne et chanteuse Marie Mazille musicienne Jérôme Vion musicien et performeur 4 musées départementaux Domaine de Vizille Musée dauphinois Grenoble Musée Hector-Berlioz La Côte-Saint-André Musée d’art sacré contemporain Saint-Huguesde-Chartreuse
A l’heure d’un premier bilan, aux dires des enseignants, CRÉA SON se révèle comme un fil rouge autour duquel se construisent de nombreux apprentissages dans tous les domaines, voire d’autres projets. L’émotion mais aussi le mieux-être, le respect, l’écoute, la confiance en soi semblent au cœur de cette expérience collective dont tous sont fiers. Et les musées s’affirment plus que jamais comme révélateurs d’imaginaire. Attention, les effets sont parfois surprenants… Si à Lumbin, la cour d’école a pris des airs du cloître du Musée dauphinois, reproduit spatialement pour cause de répétition, au musée Hector-Berlioz, le jardin de la maison natale du compositeur a vibré au son de la Marche hongroise revisitée sur un rythme de samba-rap pour… plasticofanfare !
5 partenaires La DSDEN Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Isère La DAAC Délégation académique aux arts et à la culture de l’Académie de Grenoble Le Conseil général de l’Isère Le ministère de la culture et de la communication DRAC Rhône-Alpes L’association de médiation Musidauphins > Contact : www.musidauphins.fr
Le projet se poursuit l’an prochain avec pour perspective de s’ouvrir à la liaison école-collège. Tout est renouvelé, les classes, les artistes et les expositions. Les inscriptions sont closes… fort de son succès, CRÉA SON joue déjà à guichets fermés !
PATRIMOINE
&
ARTS
VIVAN
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Les Aventures d’Ivan Vaffan © Guy Delahaye, 1984
Retenirl’éphémère La danse est par excellence un art de l’instant. Au fil du temps, un chorégraphe construit pourtant une œuvre. Comment alors mémoriser les différents spectacles pour pouvoir les reprendre, comment engranger ce patrimoine immatériel ? Regard sur cette question complexe avec Jean-Claude Gallotta, le chorégraphe du centre chorégraphique national de Grenoble (CCNG). Art du mouvement, la danse se joue dans l’instant et elle est comme lui, fugace. Depuis qu’il a fondé sa compagnie — le groupe Emile Dubois d’abord, qui a fait ses premiers pas en 1979 — Jean-Claude Gallotta a réalisé une soixantaine de chorégraphies, auxquelles il faut ajouter de petites formes et des variantes qui s’adaptent aux contraintes des espaces publics. « Elles ont à peu près toutes la durée moyenne d’un film : 1h30 », précise le chorégraphe. Et du reste, toutes ont été filmées, de façon à pouvoir être gardées en mémoire.
TS
Pour mémoriser la danse, il existe un système de notation très complexe, très savant. « Je ne l’ai jamais appris, dit Jean-Claude Gallotta, c’était plus facile pour moi en vidéo. Cette méthode de relevé est quasiment une science. Pour cela, il existe des spécialistes, des notateurs, mais leur service équivaut au prix d’un danseur : je préfère payer un danseur. » Le matériau qui entoure la création (petites notes, croquis, textes, affiches, photos, décors), qu’on se souciait peu de conserver au début, est à présent soigneusement archivé C’est en préparant le livre Gallotta, souvenirs obliques d’un chorégraphe (Actes Sud, 2005), rassemblant des images de Guy Delahaye, fidèle compagnon et témoin de l’aventure, que s’est
précisée la nécessité de garder et réactiver cette mémoire chorégraphique, indique Claude-Henri Buffard, le dramaturge de la compagnie. Outre les films, la mémoire est aussi inscrite dans le corps des danseurs, et particulièrement dans celui de Mathilde Altaraz, la compagne du chorégraphe qui a dansé tout le répertoire « gallottien ». « Quand on a dansé une chorégraphie, on en garde en soi le mouvement pour toute la vie, et j’ai aussi mes cahiers de notations avec mes propres termes », dit-elle. Conscient de la volatilité du patrimoine des arts vivants, le ministère de la culture a lancé un programme de numérisation pour promouvoir une consultation libre des ressources numériques culturelles. Dans ce cadre, le centre chorégraphique propose à la diffusion plusieurs pièces, en extraits ou intégralité, sur le site Numeridanse qu’a conçu le vidéaste Charles Picq pour la Maison de la danse à Lyon. Et surtout, le centre veille désormais à inscrire régulièrement dans sa programmation la reprise de pièces de son répertoire. J-P. C.
A DÉCOUVRIR Guy Delahaye et Jean-Claude Gallotta au Domaine de Vizille, action chorégraphique, 1984 Exposition de photographies Domaine de Vizille jusqu’au 21 décembre 2012 voir page 33
EN SAVOIR PLUS > Centre chorégraphique national de Grenoble www.gallotta-danse.com > Numéridanse, vidéothèque internationale de danse en ligne www.numeridanse.tv Numeridanse.tv, projet porté par la Maison de la danse à Lyon, constitue la première base de données audiovisuelles numériques relatives à l’univers de la danse, référençant sous formes d’extraits ou d’œuvres intégrales à la fois des spectacles chorégraphiques filmés, des adaptations/fictions, des documentaires et des ressources pédagogiques. Chacune de ces ressources est contextualisée (présentation de l’œuvre, biographie…). Ces données accessibles à tous - grand public, professionnels de la danse et/ ou de l’image, monde de l’éducation - respectent la qualité artistique des œuvres ainsi que les droits de diffusion et d’accès aux contenus.
En bref DOSSIERJOURNAL25PAGE20
PATRIMOINE
&
ARTS VIVANTS
L’Isère fourmille d’initiatives culturelles qui interrogent les lieux de création et de diffusion. Focus sur deux récentes initiatives.
Patrimoine naturel, espaces et création Les interrogations de l’Arpenteur
Un lieu réinventé Les Nouvelles rencontres de Brangues
Depuis 20 ans, l’association Scènes Obliques investit et invente des « espaces » culturels singuliers avec le souci de porter la création artistique au plus près des gens. Par la mise en chantier du Festival de l’Arpenteur (spectacle vivant et littératures sur les pentes du massif de Belledonne en Isère depuis 16 ans) ainsi que du projet CAIRNS (Rencontres internationales de proximité, résidences d’artistes, huit pays invités depuis quatre ans), la structure est aujourd’hui repérée comme un pôle laboratoire innovant sur les problématiques impliquant culture et territoire. Avec le désir de ne pas figer la réflexion mais bien au contraire, de la mettre en abime en l’inscrivant elle-même dans une logique d’expérimentation et de processus, Scènes Obliques a proposé en juillet 2012 un temps de rencontres culturelles internationales sous-titrées : « arpenter, penser, fabriquer ». Avec pour objectif de susciter le croisement inédit de paroles liées à diverses disciplines sur les notions d’espace et de culture mais aussi de se mettre en friction, en compagnie d’artistes, avec la réalité d’un paysage de travail et d’expérimentation, donné en l’occurrence par les montagnes du massif de Belledonne.
En 1972, sous l’égide de Jean-Louis Barrault animé par l’élan claudélien, ont eu lieu les premières Rencontres de Brangues, au château dont Paul Claudel avait fait l’acquisition en 1927. Quarante ans plus tard, elles se poursuivent, grâce au soutien de Christian Schiaretti et du TNP de Villeurbanne, mais aussi, pour la première fois, des Tréteaux de France. Dirigés par Robin Renucci, ils défendent un théâtre nomade, inventé et porté partout, y compris et surtout là où il n’est pas. À leur initiative, l’esprit des Rencontres demeure, le cœur du projet reste - défendre et promouvoir la poésie dramatique - mais leur forme change : elles s’ancrent à Brangues, château et village réunis, tout en prenant une forme plus festive, pour un public encore plus large. Pour la nouvelle édition en juin 2012, les Tréteaux ont donné, à guichet fermé, deux représentations de Ruy Blas de Victor Hugo. Écouter, inventer, rire, échanger, transmettre, à l’occasion de lectures dans le parc ou à proximité, simplement pour le plaisir de la scène et du théâtre, de la poésie et des mots, telles sont les raisons d’être de ces Nouvelles Rencontres, à découvrir, ou à redécouvrir.
Le village Parc de la mairie - 38190 Les Adrets scenes.obliques.free.fr
Château de Brangues - 38510 Brangues www.paul-claudel.net/rencontres
ref
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PROTEGER RESTAURER
LesfouillesdeCharavines sontterminées
Commencées en 1971, les fouilles archéologiques conduites dans le lac de Paladru sur le gisement médiéval de Colletière se sont achevées en 2009. Après les travaux de terrain menés en 2010 et 2011 pour prélever des carottes sédimentaires et des échantillons dendrochronologiques, une dernière intervention a EU lieu cet été même afin de démonter les installations techniques. Au terme des trente-cinq campagnes qui ont nécessité la participation d’un millier de fouilleurs bénévoles ou professionnels et des études qui ont réuni quarante chercheurs spécialistes de diverses disciplines (sédimentologie, botanique, zoologie, métallurgie, physique, musicologie, architecture, climatologie, histoire) Colletière apparaît aujourd’hui comme un exemple unique d’habitat bien daté (1006-1039), jouissant par ailleurs d’un état de conservation exceptionnel grâce à l’eau qui, en le recouvrant, a provoqué son abandon. Occupé par une petite colonie de peuplement (environ cinquante personnes), venue au tournant de l’an mil pour défricher une région presque vierge, il était au cœur d’un vaste domaine foncier, sur lequel étaient pratiqués l’agriculture (céréales, arbres fruitiers, vigne, légumineuses, chanvre, lin) et l’élevage (porcs, moutons, bovidés, chevaux), que complétaient la pêche, un peu de chasse (chevreuil, cerf, sanglier, petit gibier à poil et à plume) ainsi que la cueillette. Hormis trois bâtiments (dont le plus important héberge la famille dominante, les deux autres étant réservés à son entourage), le site regroupe une série d’installations artisanales qui répondent à la quasi totalité des besoins de la vie quotidienne : charpenterie, menuiserie, forges (où l’on fabrique l’outillage en fer, dont de nombreux couteaux), ateliers textiles (pour le tissage des vêtements), mégisserie (chaussures, ceintures en cuir), petite orfèvrerie (bijoux en étain et en verre). En revanche, la vaisselle en céramique, les monnaies en argent, quelques objets de prestige (des émaux) et certaines armes ne sont pas fabriqués sur place. Outre sa position au milieu d’une presqu’île séparée du rivage par un marais qui le rend difficilement accessible, Colletière était protégé par une puissante fortification (enceinte et défense avancée en bois). A cela s’ajoutent du matériel d’équitation (selles décorées, mors, éperons, harnais), un équipement militaire (lances, javelots, hache, épées, arbalètes), des jeux de table (échecs, trictrac) et des instruments de musique parfois élaborés (muses, vièles) qui le distinguent d’un habitat rural ordinaire. Ce sont ces dernières caractéristiques qui ont permis de l’interpréter comme la résidence de « chevaliers-paysans », autrement dit des « milites », membres d’une catégorie sociale qui émerge peu avant que la féodalité ne se mette en place et que les mottes castrales, sièges des premières dynasties châtelaines, n’apparaissent dans le paysage. Les riches collections issues de ces fouilles sont aujourd’hui valorisées dans le Musée archéologique du lac de Paladru à Charavines et pour une partie d’entre elles en cours d’étude. Une publication se prépare et les collectivités réfléchissent à la création d’un musée à la mesure des découvertes. EN SAVOIR PLUS > Le musée archéologique du Lac de Paladru à Charavines est ouvert tous les jours de 14h à 17h. Exposition « Imageries musicales, archéologie et reconstitution instrumentale » Jusqu’au 31 décembre 2012 04 76 55 77 47 - info@museelacdepaladru.com > Plus d’informations sur www.isere-patrimoine.fr, rubrique archéologie
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LessecretsdePanossas Au pied du coteau qui porte la belle maison forte d’Anthouillet, sur la commune de Panossas, au lieudit Boissière, se trouve un grand site antique, connu de longue date.
Des interventions ponctuelles y ont eu lieu à diverses reprises, montrant dans le bosquet les traces d’un bâtiment imposant, conservé en élévation. Des survols aériens réalisés par la Société archéologique de Bron ont révélé dans les champs cultivés proches, des traces rectilignes formant un rectangle de plus de 70 mètres de long, celles d’un grand édifice à abside, des tronçons de voies, d’enclos et de fossés. D’autre part une thèse portant sur les milieux et le peuplement des marais de Bourgoin-La Verpillière, soutenue en 2012, soulignait l’étendue et l’importance de ce site, interprété comme celui d’une luxueuse villa, accompagnée de sa pars rustica, c’est-à-dire de plusieurs bâtiments d’exploitation. Deux grands sondages de diagnostic ont été réalisés cette année sous la direction de M. Poux et A. Borlenghi, enseignants à l’Université de Lyon II. Ils attestent une occupation dès la période gauloise (fossés formant un vaste enclos, niveaux de sols en terre battue et structures en bois).
Pour la période antique, ils ont permis de dégager un grand bâtiment de thermes sur hypocauste, au décor particulièrement soigné (dallages de marbres, enduits peints colorés) et exceptionnellement conservé, sur une grande hauteur. En contrebas, au milieu des blés, les restes plus arasés d’un bâtiment rural qui pourrait correspondre à des greniers, longent une voie aménagée. Certains indices révèlent qu’un moulin pourrait également avoir existé sur le site, peut-être en relation avec l’étang de Marsa, tout proche. L’importance des vestiges suggère qu’il s’agit d’un site public, peut-être lié à l’approvisionnement en céréales de Lyon ou à une étape (mansio) sur une voie de passage. Le chantier-école (une trentaine d’étudiants de l’université Lumière Lyon 2) devrait, à l’issue de cette première approche, prendre une ampleur certaine et se dérouler sur trois années au moins. A suivre donc !
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LE LABEL « PATRIMOINE EN ISERE » En cinq ans d’existence, la commission en charge du label a examiné une centaine de propositions dont 55 ont effectivement abouti
à l’attribution du label « Patrimoine en Isère » et 6 sont en cours de validation. Cette initiative originale propre à l’Isère offre une troisième voie en matière de protection. Le label permet de distinguer des édifices, qui, bien que non protégés au titre des Monuments historiques, présentent un réel intérêt à l’échelle du département. Des châteaux et églises aux édifices plus humbles ou méconnus en passant par les vestiges archéologiques, toutes les formes de patrimoine sont reconnues dans leur diversité. Fin de chantier pour l’église Saint-Pierre de La Valette
Cette église en partie médiévale a obtenu le label « Patrimoine en Isère » en 2009. Depuis cette date, une vaste campagne de travaux a été menée, pour revaloriser cet édifice intéressant longtemps laissé à l’abandon. Les premiers travaux se sont portés sur l’intérieur de l’église : les peintures murales ont été restaurées et les murs intérieurs enduits à la chaux. Durant l’été 2011, suite à l’enlèvement des enduits couvrants extérieurs, une courte étude archéologique a pu être menée par le service du patrimoine culturel. La lecture des murs mis à nu a permis de comprendre quelques points de l’évolution du bâtiment : la façade nord a été en partie reprise à l’époque moderne (seule la base du mur est médiévale), le mur pignon du chevet, d’époque moderne, a été surélevé au XIXe siècle comme l’atteste la présence d’une corniche en tuf sur les murs gouttereaux, partiellement détruite côté sud, sur laquelle reposait le premier niveau de toiture. Les derniers travaux se sont déroulés durant l’été et l’automne 2011 avec la pose des enduits couvrants et la mise en place du dallage à l’intérieur de l’église. Des panneaux explicatifs destinés au public sont en cours d’élaboration. L’église médiévale s’offre désormais sous son meilleur jour !
Remise en état du bâtiment de captage des eaux minérales à Monestier-de-Clermont
Ce bâtiment atypique, aujourd’hui propriété de la Communauté de Communes du Trièves a été édifié à la toute fin de XIXe siècle ou au début du XXe siècle pour l’exploitation de la source du Monestier-de-Clermont. Ses eaux, connues de longue date pour leurs bienfaits thérapeutiques et leur minéralisation remarquable, sont citées en 1639 dans un document officiel de l’Académie Royale de médecine. Délaissé depuis les années soixante suite à l’abandon de l’exploitation, l’édifice nécessitait d’importants travaux de mise en sécurité et de restauration. La Communauté de Communes s’est emparée du projet dans l’idée d’en faire un lieu touristique autour du thème de l’eau et a lancé une souscription publique auprès de la Fondation du patrimoine. Les travaux ont débuté au printemps sous la conduite de Thierry Poulain, architecte du patrimoine. La couverture en zinc a été déposée ainsi que les éléments de corniche et d’acrotère en pierre de taille qui menaçaient de tomber (taille des éléments manquants en atelier). Les enduits ont été entièrement refaits, les pierres de taille rejointoyées et nettoyées. À l’intérieur de la salle de plan octogonal trône toujours le puits de captage, entouré d’un bassin limité par un haut muret maçonné auquel on accède par un escalier dans l’axe du vestibule d’entrée. L’élégante charpente métallique qui couvre l’ensemble est actuellement en cours de restauration. Les travaux devraient s’achever à la fin de l’année 2012 pour le plus grand plaisir des habitants et des amateurs de patrimoine !
Les derniers sites labellisés Bourgoin-Jallieu Appartement à la verrière novembre 2011
Saint-Etienne-deSaint-Geoirs Maison forte de Fassion en cours
Le Touvet Maison forte de la Bayette en cours
Saint-Christopheen-Oisans Cimetière mars 2012
La Tronche Villa Brise des Neiges en cours
Grenoble Atelier de fabrication de vitraux Berthier-Bessac en cours
Moidieu Détourbe Ancien prieuré en cours
Saint-Pierred’Entremont Tournerie saint-Même en cours
Des « délabellisations » exceptionnelles Ponsonnas Église Sainte-Marguerite Suite au non respect de la part de la commune des exigences liées à la signature de la convention de label avec le Conseil général, l’église Sainte-Marguerite de Ponsonnas s’est vue retirer son label. Nivolas-Vermelle Usine-pensionnat du Vernay Le tènement est aujourd’hui divisé en deux propriétés. L’ensemble constitué par la maison de maître, la chapelle et l’ancienne usine pensionnat avait obtenu l’avis favorable de la commission de label pour son intérêt et sa cohérence dans un site clos et homogène. Les propriétaires de l’ancienne usine-pensionnat ont décidé de ne pas donner suite à la proposition du Conseil Général. En conséquence, et sur décision de la commission, le label attribué en 2011 à la maison de maître et à la chapelle a été retiré.
En bref PROTÉGERRESTAURERJOURNAL25PAGE24
Saint-Michel de Connexe au carré
Achetées en 1998 par le Conseil général, plusieurs parcelles de bois de la montagne du Connexe, à Champ-sur-Drac, portent les vestiges d’un établissement religieux fondé à la fin du XIe siècle, qui eut une réelle quoiqu’éphémère importance. L’ancien prieuré Saint-Michel, dépendance de l’abbaye de Saint-Chaffre-enVelay, fut un ensemble architectural de grande qualité dont l’intérêt sur le plan de l’histoire de l’art excède largement le seul champ local. Dès 2000, une campagne de consolidation des maçonneries a été conduite par une entreprise spécialisée. L’année 2012 a vu la réalisation de nouveaux étaiements et la matérialisation par des géomètres experts des limites parcellaires. Ces mêmes géomètres ont mis en place des repères fixes à partir desquels peut être installé un système de carroyage, nécessaire au relevé précis en plan des portions de murs qui émergent. Dans ce travail de relevé, jamais réalisé encore, seront naturellement partie prenante les membres de l’association « Un avenir pour le prieuré de Saint-Michel de Connexe », mobilisés pour la préservation de cet ensemble.
Friches industrielles : cherchez le patrimoine
Le patrimoine industriel reste un champ plutôt méconnu et maltraité lors de l’élaboration de projets urbanistiques mais ce n’est pas une fatalité. Si les projets concernant le site NeyretBeylier à Saint-Martin-d’Hères ne semblent pas avoir envisagé l’intérêt patrimonial des lieux, la ville de Pont-de-Claix, désormais propriétaire des anciennes papeteries, s’interroge sur la mémoire qu’elles portent. Cette industrie à l’origine de la création de la commune a conservé des bâtiments marquants comme celui de la digue et ses presque 70 travées de fenêtres. Quant à Moirans, c’est un site textile (Bickert puis Sadac) qui a révélé, au-delà du portail déjà repéré par la municipalité, des éléments patrimoniaux. A quand une étude patrimoniale et une étude des reconversions possibles préalables à tout projet ?
Du nouveau à Pré-Nouvel (Seyssins)
Hydro-électricité en Basse-Romanche : ça carbure !
Tandis que le chantier de la nouvelle centrale « chute de Romanche-Gavet » avance sur le terrain, la réflexion autour des anciens équipements et de leur devenir n’est pas en reste. Aux travaux déterminant leurs différents niveaux d’intérêt patrimonial s’ajoutent une petite étude sur leurs éléments connexes (canaux, conduites, pylônes…), des propositions en cas de déconstruction, d’importantes restaurations sur les Vernes (classé MH) mais aussi un appel à projets et l’examen de diverses idées de reconversion. Si l’échéance finale est fixée en 2020, c’est cette année qui déterminera les choix de destruction ou de conservation dans ce « Louxor de l’hydroélectricité ».
Au sud du village ancien de Seyssins, groupé autour de son église paroissiale dédiée à saint Martin, au lieudit Pré Nouvel, un projet de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) dans un secteur ayant livré de nombreux indices de l’existence de sites archéologiques a donné lieu à une prescription d’archéologie préventive. Le diagnostic réalisé en deux tranches par l’INRAP (Institut national de Recherche en Archéologie Préventive) en 2010, a été suivi de deux fouilles confiées à l’entreprise Archéodunum, qui viennent de se terminer (responsables des opérations : Fanny Granier et David Baldassari). Les vestiges observés de part et d’autre du ruisseau des Boutonnières remontent à plusieurs périodes. Si pour l’Âge du Bronze n’ont été repérées que quelques traces ténues, pour l’Antiquité, on semble se trouver à l’emplacement d’une voie. Au Moyen Âge se développe un habitat comprenant un fond de cabane (édifice en matériau périssable sur structure porteuse de poteaux de bois) et un espace aménagé (cour ?).
Se poser les bonnes questions au bon moment…
A l’abandon depuis de nombreuses années, la maison forte de Veaubaunais (plusieurs orthographes existent…) vient d’être rachetée par la commune de La Pierre, qui souhaite la restaurer, mais selon un projet encore à définir. L’édifice est protégé au titre des Monuments historiques depuis 1987-1988 et une première mission de diagnostic sanitaire et d’évaluation des travaux d’urgence devrait être réalisée en 2012. Au cœur d’un paysage préservé, entre forêt et prés, les bâtiments s’étagent dans la pente : logis noble en haut, flanqué d’une tour, précédé d’une terrasse desservie par un grand escalier permettant l’accès à la cour basse, que bordent de vastes dépendances. Possession de la famille Bectoz, dont les armes parlantes sont présentes en trois endroits dans le bâtiment, associée une fois à celles de la famille Salvaing (de La Buissière), rappelant un mariage entre les deux familles en 1458, l’édifice a connu une longue histoire pleine d’évolution. Cette histoire a laissé des traces dans les pierres : une campagne d’étude archéologique des élévations, réalisée avant même la définition de tout projet d’aménagement, permettrait à la fois de comprendre l’édifice dans le détail et de fournir au futur maître d’œuvre des éléments pour bâtir un projet de qualité. Un projet qui pourra même, rêvons un peu, donner à comprendre le passé : réouvrir d’anciennes portes ou fenêtres, rebâtir un volume disparu pour y intégrer des nécessités d’aujourd’hui comme un ascenseur par exemple, rétablir une toiture à son niveau ancien, toutes les interventions contemporaines sont possibles lorsqu’elles respectent l’histoire des lieux.
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VALORISER PARTAGER Patrimoine Patrimoine en en double, valorisation valorisation illimitée illimitée
Le château de Fallavier, placé à l’extrémité ouest de la colline du Relong, domine la plaine et les grandes voies de circulation de l’axe Lyon-Grenoble-Chambéry. Par son puissant donjon, il témoigne de plus de 1 000 ans d’histoire et son caractère défensif s’impose aux visiteurs. La maison forte des Allinges, quant à elle, se fait plus discrète, occupant une croupe allongée dominant le vallon et l’étang éponyme. Protégée au titre des Monuments historiques, elle date du troisième quart du XIVe siècle et révèle l’ancienneté d’une exploitation agricole. Placés l’un et l’autre au cœur des priorités patrimoniales de la commune, ils font l’objet d’une démarche volontariste de valorisation et de médiation culturelle. Partager avec le plus grand nombre ces traces d’histoires, transmettre aux générations futures ce patrimoine exceptionnel sont les deux axes qui guident la collectivité dans ses choix. Réflexions sur le devenir et les pistes d’utilisation des lieux et actions de mise en valeur s’alternent pour rendre vie à ces belles pierres. Si des études de valorisation de la maison forte des Allinges sont en cours, il a fallu faire avec les aléas et incidents de parcours. En effet, il y a plusieurs mois, un incendie des communs a bouleversé la programmation envisagée. Priorité a donc été donnée de restaurer d’ici septembre 2013 la partie sinistrée, dans un grand souci de préservation de l’existant. Ces travaux n’hypothèquent pas le devenir de ce lieu, destiné à recevoir, à terme, un centre d’interprétation patrimonial… A l’occasion de manifestations dédiées ou des Journées du patrimoine, le Château de Fallavier est le théâtre de reconstitutions : chevaliers en armures, techniques de batailles, etc. qui attirent des visiteurs toujours plus nombreux et curieux. Comme le sont aussi
les plus de 1 000 enfants qui chaque année, à l’appui des livrets pédagogiques mis à leur disposition, viennent ici marcher dans les pas des hommes du Moyen Âge. Des visites guidées sur le thème du paysage ont également été mises en place. L’espace naturel sensible du site s’y prête à merveille. Un artiste a été invité à créer un atelier invitant à la cueillette des végétaux pour leurs couleurs et vertus et servant de base à la peinture d’un paysage. La diversification des activités se poursuit avec une nouvelle priorité, inviter les collégiens à découvrir ces espaces et à prendre la mesure de ces richesses locales. Proposer des activités au château, ou à la maison forte, pour que les habitants du territoire se les approprient, aiguisent leur curiosité et leurs savoirs, tout en se divertissant et s’amusant… telles sont les gageures. Christel Belin, avec la complicité de Delphine Jouve
EN SAVOIR PLUS > Pratique : Le château de Fallavier est ouvert au public les dimanches et jours fériés de 15h à 18h30 de mars à octobre. Organisation de visites guidées et d’animations scolaires sur rendez-vous. Renseignements au 04-74-94-84-32 ou patrimoine@st-quentin-fallavier.eu > Contact : Delphine Jouve, animatrice du Patrimoine - delphine.jouve@st-quentin-fallavier.eu
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P atrimoine et innovation
E-patrimoine
Des fonds toujours plus riches, des fonctionnalités encore plus nombreuses ! Un des objectifs du plan de numérisation des collections des musées départementaux commencé en 2008 concerne la transmission des savoirs à travers une offre culturelle numérique diversifiée. La mise en ligne des données permet ainsi l’appropriation des contenus patrimoniaux par un large public. L’accès aux collections se fait soit de manière individualisée -chaque site internet de musées et de services donne accès à ses propres collections- soit, dans leur ensemble, via une base mutualisant les collections muséales, disponible sur www.isere-culture.fr. Et il est même désormais possible de géolocaliser le lieu de conservation d’un objet ou un site patrimonial en suivant simplement le lien « Géolocalisation » ! Les films de Maurice Boissieux version numérique
Dans le cadre de la numérisation de ses collections, le Musée dauphinois a confié à l’atelier cinématographique Ad libitum la restauration, l’analyse documentaire et la numérisation d’un petit fonds de 19 films amateurs 9.5 et 8mm réalisés par le pharmacien grenoblois Maurice Boissieux (1883-1966) et donné en 1991. Ces documents relatent notamment les voyages culturels de la société savante Rhodania. Par ailleurs, une amusante séquence montre Blanche Boissieux apprenant à conduire dans les années 1920. Le Musée dauphinois conserve une grande partie des objets rassemblés par Maurice Boissieux, collectionneur compulsif très impliqué dans la vie associative grenobloise. Parmi ces milliers d’items on compte des albums photographiques, des plaques de verre, des livres et périodiques, des objets liés à l’enfance, à la vie quotidienne et à son activité professionnelle.
Echosciences : partager les savoirs et les innovations !
Le 8 mars 2012, le site internet www.echosciencesgrenoble.fr était lancé. A l’origine de cette initiative, le CCSTI (Centre culturel scientifique et technique) de Grenoble qui nourrit l’ambition de créer, avec de nombreux partenaires, une plateforme communautaire. Le but : tenter une expérience à l’échelle du territoire en créant un site web qui serait un lieu de rencontres pour toute une communauté d’individus ayant le goût des sciences et des innovations. Le public visé : ceux qui font la science, la diffusent, en parlent, la partagent, pour des raisons professionnelles ou juste pour le plaisir. Dans cette optique, le CCSTI a imaginé Echosciences comme un réseau social où la participation est ouverte à tous. Mais le projet ne s’arrête pas là, la plateforme va encore évoluer en proposant un outil pour le développement de projets collaboratifs et en s’affirmant comme porte d’entrée vers l’ensemble des ressources scientifiques présentes sur le territoire.
Innovation et patrimoine : opposer ou conjuguer ?
Les Rencontres du patrimoine 2012 mettent sous le microscope les liens entre ces deux mots. La place des nouvelles technologies, leurs possibilités et leurs limites, voilà qui concerne tant l’archéologie que la création artistique, tant l’architecture que la muséographie, tant les archives que les outils de découverte. Et la chose n’est pas forcément synonyme de gros moyens financiers, la débrouillardise et la virtualisation permettent aussi aux passionnés de partager et de faire connaître un bâtiment, une collection d’objets ou un savoir-faire ancestral. Pour leur dix-neuvième édition, les Rencontres toujours organisées par la Maison de l’Architecture, le CAUE de l’Isère, la FAPI, VMF et le Conseil général, en lien avec le STAP, persistent à proposer un temps d’échange ouvert et de foire aux idées…
Le point sur les collections départementales en ligne Archives départementales www.archives-isere.fr Registres paroissiaux et d’état civil de l’Isère jusqu’en 1892 : 4,5 millions de pages. Nouveauté Recensements de la population des années 1896, 1901 et 1906 pour les 533 communes de l’Isère et les 23 communes transférées au Rhône en 1967 : 66 000 pages avec un index des rues de Grenoble et de Vienne. Musée dauphinois www.musee-dauphinois.fr Plus de 19 000 objets et documents iconographiques, affiches, plaques de verres, photographies. Musée de l’Ancien Évêché www.ancien-eveche-isere.fr À venir Objets présentés dans l’exposition permanente.
Musée archéologique Grenoble Saint-Laurent www.musee-archeologique-grenoble.fr 389 objets de la vie quotidienne et monnaies issus des couches archéologiques et des tombes du site. Musée d’art sacré contemporain Saint-Hugues-de-Chartreuse www.saint-hugues-arcabas.fr Nouveauté Toutes les œuvres d’Arcabas exposées dans l’église de Saint-Hugues. Musée Champollion www.museechampollion-isere.fr Objets et œuvres d’art de la famille Champollion. Musée Hébert www.musee-hebert.fr Objets et œuvres d’art de la famille Hébert.
Musée Hector-Berlioz www.musee-hector-berlioz.fr Plus de 200 gravures et estampes représentant les musiciens du XIXe siècle et les sites fréquentés par le compositeur, une série de portraits de Berlioz et des membres de sa famille, des partitions manuscrites de ses plus grandes œuvres. Nouveauté 400 lettres autographes signées de Berlioz et la correspondance de son unique fils Louis. Maison Bergès, Musée de la Houille blanche www.musee-houille-blanche.fr Objets et œuvres d’art de la famille Bergès, machines industrielles. Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye www.musee-saint-antoine.fr Œuvres de Jean Vinay.
Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère www.resistance-en-isere.fr Tracts de la Résistance. Domaine de Vizille, Musée de la Révolution française www.domaine-vizille.fr Affiches, estampes, caricatures, peintures… sur le thème de la Révolution. Nouveauté 731 notices (recueils d’estampes « Tableaux historiques de la Révolution française » retraçant les événements révolutionnaires, recueil « Vues de différentes habitations de J.-J. Rousseau » et estampes acquises dans le cadre de l’année Rousseau). Patrimoine bâti www.isere-patrimoine.fr Plus de 7 000 fiches de sites archéologiques, patrimoine religieux, artisanal et industriel, patrimoine public… Nouveauté Patrimoine des cantons de Bourgoin-Jallieu Sud et Nord, L’Isle-d’Abeau, La Verpillière.
Les collections Iséroises bientôt accessibles depuis www.culture.fr ! Pour accroitre l’accessibilité des données en ligne, ces dernières vont intégrer le « moteur collections » développé par le Ministère de la culture. Cette remontée d’information au niveau national (http://collections. culture.fr) facilitera l’accès aux bases départementales et leur donnera une meilleure visibilité. A l’inverse, l’intégration, dans les sites internet départementaux du module « moteur collections », permettra aux isérois d’élargir leurs recherches à une quarantaine de bases de données (sources documentaires du ministère, d’établissements publics ou de collectivités territoriales).
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ÉCOLEETPATRIMOINE Il fallait oser !
Depuis plus de dix ans, le service du patrimoine culturel s’est fait partenaire d’une aventure en forme de pari : le lancement et le fonctionnement d’un établissement expérimental de l’Éducation nationale, le CLEPT (Collège-Lycée Élitaire Pour Tous), rattaché au Lycée Mounier de Grenoble. Conçu et fondé à l’initiative de deux enseignants de l’Académie de Grenoble, Marie-Cécile Bloch et Bernard Gerde, le CLEPT s’est donné pour mission de proposer à ceux que l’Institution n’a pas su retenir une réponse à leur désir d’école inassouvi. Par des modes de fonctionnement et des outils pédagogiques innovants, ces « décrocheurs / décrochés » trouvent au CLEPT l’appétit d’apprendre et ses récompenses : la fréquentation d’un savoir émancipateur et l’obtention d’un diplôme. Au nombre des outils pédagogiques mis en œuvre, les ateliers éducatifs et culturels tiennent une place essentielle : ouvrir, sur des mondes disciplinaires et professionnels qui n’ont guère d’entrées dans les programmes officiels, des perspectives insoupçonnées par les élèves. C’est là qu’entre en jeu la collaboration du service du patrimoine culturel, avec la prise en charge d’un atelier d’archéologie. Cet atelier, mis en place dès la première année de fonctionnement de l’établissement, poursuit, aujourd’hui encore, ses activités. Avec, comme projet initial, d’offrir une approche concrète du métier d’archéologue, par une initiation pratique « pour de vrai », à des jeunes parmi ceux qui avaient, a priori, le moins de chances que leur advienne pareille rencontre. Au moyen de cette immersion concrète sont abordées les questions de techniques, de méthodes, pour atteindre celles plus théoriques et abstraites des problématiques et des enjeux. Dès l’année 2002, la fouille archéologique programmée de l’ancienne église de Moirans, soutenue et encouragée par la Mairie, est devenue le principal terrain d’exercice de l’atelier. Sans transiger en rien sur les principes rigoureux qui gouvernent toute recherche de terrain, fouille, relevés, tri et conditionnement du mobilier archéologique, enregistrement sur fiches des données familiarisent l’élève avec les différents outils : seaux, truelles, pinceaux, lunette de chantier, fil à plomb, mètre ruban, papier millimétré, crayon et… cerveau. Des visites de sites, de monuments, de musées complètent cette initiation, en montrant divers champs d’application de la discipline archéologique. Il serait présomptueux de vouloir exhaustivement nommer et comptabiliser les profits que les élèves ont de la sorte réalisés, mais rigueur, constance, capacité à « faire avec » des résultats différés, en représentent quelques-uns sans doute. Il est certain, en revanche, que l’archéologue responsable de l’atelier a puisé là des ressources inespérées, non seulement sur le plan humain, mais aussi pour l’affinement de sa propre pratique.
Mon patrimoine… en Vals du Dauphiné
Réaliser un inventaire du patrimoine est l’occasion de porter un nouveau regard sur les choses qui nous entourent. Aux yeux aiguisés des spécialistes, en plus des regards avisés des érudits ou avertis des habitants, des enfants de cinq écoles des Vals du Dauphiné ont ajouté leur vision. Pour eux, très peu de pré-requis, le patrimoine n’est ni vieux ni beau et pas plus ailleurs qu’ici. Comme le dit Laurie sur le blog créé pour le projet « Quand j’ai su ce que voulait dire patrimoine, j’ai été tout de suite intéressée ». Sans idée reçue, les classes de La Tour-du-Pin, Saint-Victor-deCessieu, Le Passage, Saint-Jean-de-Soudain et Rochetoirin sont donc parties à la recherche du patrimoine de leur village : de la définition de la notion même à un repérage organisé, de la vérification de leurs sources à la restitution au public, ils ont marché dans les pas des équipes du service du patrimoine culturel du Conseil général (voir pages 3 à 7). Mais l’inventaire n’est pas une fin en soi et la connaissance acquise ne vaut que pour être partagée. Tout au long des six mois qu’a duré cet atelier, les enseignants, les enfants, les historiens et les archéologues ont alimenté un blog. Lieu d’échange et de questionnement, il a permis d’impliquer tous les participants et de faire sortir le projet de l’école. Retrouvez le projet sur : http://mon-patrimoine-en-isere.blogspot.fr
Date limite de conservation : 15 juin 2062
Quel est le patrimoine de notre territoire ? Pourquoi conserver ce patrimoine ? Qu’est-ce-que l’on transmet ? Ce sont les questions que le Pays d’art et d’histoire des trois Vals-Lac de Paladru a posées à une centaine d’enfants de 8 à 11 ans. Réfléchir à la trace que nous laissons et proposer aux jeunes d’imaginer le futur pour les rendre acteurs de leur avenir est donc le socle de ce projet artistique et culturel auquel s’est associé Francis Helgorsky. Le photographe les a conduits à imaginer une transmission par une question : si je devais garder deux objets qui aideraient dans 50 ans à comprendre la société dans laquelle je vis, quels seraient-ils ? Cet inventaire, formalisé en catalogue imprimé et sauvegardé sur un CD et une clef USB, a été enterré dans le parc du château de Virieu… on en reparle dans 50 ans.
En bref VALORISERPARTAGERJOURNAL25PAGE28
La Chartreuse « forêt d’exception » ?
La forêt domaniale de Chartreuse vient d’être proposée à ce label porté par l’ONF, avec le soutien du parc naturel régional. Au-delà de l’exploitation forestière (dont le bois fait par ailleurs l’objet d’une demande d’A.O.C.), il s’agit aussi de toute la dimension patrimoniale. Et pas seulement sous l’angle nature : ponts, vestiges archéologiques inscrits dans un site monastique majeur exploité depuis le XIe siècle, valorisation et optimisation des sites culturels… autant d’aspects où une démarche d’ensemble pourrait permettre de devenir exemplaire. Une ambition où la culture a toute sa place !
Restaurer et valoriser son patrimoine : TROIS organismes actifs en Isère, à votre service
Active depuis 1983, la Fondation « Pays de France » du Crédit Agricole récompense des projets à caractère patrimonial (restaurations, mises en valeur, animations) en y apportant un « coup de pouce » financier. En 2011, des prix ont permis d’aider à restaurer, entre autres, la halle de Virieu ou l’orgue Merklin à Saint-Jean-de-Bournay. www.ca-sudrhonealpes.fr L’association « Patrimoine Rhônalpin » organise en partenariat avec la Région Rhône-Alpes et EDF, les « prix rhônalpins du patrimoine » pour valoriser toutes formes de patrimoine et encourager les initiatives locales. En 2012, le jury a donné son coup de cœur à la restauration d’une grange à ossature bois du XIXe siècle à Saint-Aupre, et son prix « projet » à la restauration de la « Maison Blanche », bel édifice du XVIIe siècle à Saint-Didierde-la-Tour. www.patrimoine-rhonalpin.org Enfin, saluons le travail de la Fondation du Patrimoine qui, au-delà de son classique « label fiscal », aide aussi les porteurs de projets en organisant des souscriptions afin que chaque citoyen puisse contribuer, directement et à sa mesure, à la sauvegarde du patrimoine. En Isère, la liste des souscriptions comprend des édifices aussi divers et intéressants que la basilique de Notre-Dame de l’Osier, ou bien l’ancien bâtiment de captage des eaux de Monestier-de-Clermont. www.fondation-patrimoine.org
La Côte-Saint-André se penche sur son patrimoine
Le conseil municipal de La Côte-Saint-André a décidé de mettre en place une Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP). Il a confié à un cabinet d’architectes la mission d’analyse de l’ensemble du patrimoine côtois et d’établissement du règlement de l’AVAP. Celle-ci concerne l’ensemble du bourg d’origine médiévale plus les faubourgs, le tout partagé en trois secteurs : deux secteurs d’intérêt patrimonial architectural, urbain et paysager et un secteur d’accompagnement. A l’intérieur de chacun, tous
les bâtiments ont été classés en trois catégories : les immeubles d’intérêt patrimonial majeur, les immeubles d’intérêt patrimonial remarquable et les immeubles d’accompagnement. Dans chaque zone s’applique un règlement spécifique. Ce dernier comporte des dispositions relatives au paysage, au tissu urbain et aux espaces extérieurs. Des dispositions précises concernent les constructions (par exemple les matériaux et leur mise en œuvre...). Un comité local comprenant les élus, des habitants, des représentants de l’état (architecte des Bâtiments de France...) et un représentant du Conseil général a été mis en place pour étudier le projet de règlement établi par le cabinet d’architectes. Cette phase étant terminée, le projet sera présenté en Conseil municipal. Si ce dernier l’approuve, le Préfet de l’Isère le soumettra à enquête publique. Puis il sera communiqué au préfet de Région avant sa présentation en CRPS (Commission Régionale du Patrimoine et des Sites).
L’extension du Pays d’Art et d’Histoire en Pays Voironnais
La Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais a décidé de faire acte de candidature auprès du Ministère de la Culture afin d’obtenir le label « Pays d’Art et d’Histoire ». Le label actuel qui concerne sept communes serait donc étendu au trente-quatre autres de l’agglomération plus celle de Virieu. Les Pays d’art et d’Histoire nouvelle génération ne concernent plus exclusivement le patrimoine remarquable. Ils incluent désormais d’autres orientations telles la prise en compte des politiques menées en faveur de la qualité architecturale, urbaine et paysagère ainsi que l’architecture contemporaine.
Chantelouve, à la recherche du village perdu…
L’association « Chantelouve d’hier et d’aujourd’hui », créée en 2006, travaille notamment à rassembler toute la documentation historique concernant le territoire communal. Ses premiers travaux ont été publiés en 2009, dans un ouvrage intitulé « Notre Chantelouve ». Les interrogations portent en particulier sur un village déserté au lieudit actuel « Les Granges », poursuivant ainsi les premières recherches de M. Couteaux, d’Ornon. A 1367 mètres d’altitude, au bas de la pente douce du grand replat qui forme le Col d’Ornon, le site se présente comme un ensemble de creux, parfois encore bordés de maçonneries de moellons de schiste local sans mortier, qui signalent l’existence d’autant de bâtiments disparus. Les photographies prises depuis le versant opposé, en lumière rasante, permettent d’identifier une quinzaine de structures. On pourrait penser qu’il s’agit d’édifices à vocation agricole, liés à l’exploitation de ce bel alpage (cabanes et fenils). Cependant, le lieu paraît délaissé depuis longtemps : on n’en voit aucune trace sur le plan cadastre de 1839 et plus encore, un manuscrit des années 1820, journal intime de Jean Joubert-Ainarde, maire de Chantelouve, le signale déjà abandonné. Ce texte
précieux, qui relate la vie quotidienne des habitants de la commune (voir un article dans Mémoires d’Obiou, février 2003), mentionne l’existence d’une église ou chapelle à proximité…
In memoriam : Nora Esperguin (1947-2012) par Jean Guibal
Il a fallu du temps pour que la dessinatrice du Centre d’archéologie des musées de Grenoble et de l’Isère devienne la cartographe réputée, en histoire et ethnographie, de la Conservation du patrimoine de l’Isère ! Il a fallu aussi des formations auprès des meilleurs maîtres et surtout beaucoup d’obstination. Nora Esperguin était cette talentueuse collaboratrice que tous les chercheurs, universitaires et éditeurs se disputaient pour obtenir des cartes au pouvoir de démonstration sans égal. Les demandes étaient trop nombreuses et elle savait choisir ses partenaires (sans forcément en rendre compte à sa hiérarchie). Elle a longtemps attendu sa retraite pour rejoindre sa mère et sa ville, Buenos Aires, dont elle nous a fait tant de fois l’éloge, jusqu’à imaginer des collaborations entre musées. Ses nombreux amis, historiens et autres « patrimonieux », gardent le souvenir d’un caractère bien trempé (elle n’a jamais frappé à la porte pour pénétrer dans mon bureau !), d’un accent inimitable et d’une passion démesurée pour son métier.
Un été avec Claudel
Cet été 2012 est, en Isère, placé sous l’égide de Paul et Camille Claudel avec un parcours inédit dans trois sites patrimoniaux remarquables du département. Après le lancement des Nouvelles rencontres théâtrales de Brangues au château de Paul Claudel le dernier week-end de juin (voir page 20), deux expositions, l’une à la Maison Ravier à Morestel, l’autre au Château de Longpra à Saint-Geoire-enValdaine rendent hommage à la fièvre créatrice d’une fratrie d’exception. À Morestel, dans la maison du peintre paysagiste François-Auguste Ravier transformée en lieu culturel, l’exposition Camille et Paul Claudel, 1885-1905 : deux artistes à l’oeuvre explore la troublante proximité qu’entretenaient le frère et la sœur, le poète et le sculpteur, afin d’en mieux mesurer la fécondation réciproque. Au château de Longpra, Quand Camille Claudel et Auguste Rodin s’invitent à Longpra constitue un « parcours poétique » au fil duquel sont présentées des œuvres majeures des deux grands sculpteurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Et, plutôt que de leurs relations tumultueuses, il est surtout question de la confrontation de ces talents exceptionnels, dont l’ardeur et la fulgurance s’illustrent dans chaque pièce. Expositions jusqu’au 30 septembre 2012 www.maisonravier.fr - www.longpra.com
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MONTRER EXPOSER
LemuséeStendhal ouvresesportes Musée « en réseau », musée « éclaté »… le projet
qui a pour nom Musée Stendhal est loin de désigner seulement l’appartement Gagnon, lieu « catalyseur » objet d’une inauguration à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. En effet, bien au-delà de la restauration d’un patrimoine immobilier (l’appartement Gagnon et l’appartement natal), ce musée d’un genre nouveau porté par la Bibliothèque municipale de Grenoble valorise les actions menées par les différents acteurs stendhaliens, le fonds prestigieux conservé à la Bibliothèque, la recherche universitaire qu’il suscite et les itinéraires qui entrainent les visiteurs sur les traces de l’écrivain. C’est aussi une originale concrétisation du travail de longue date mené par la Ville de Grenoble autour de Stendhal. Car dès 1861 les conservateurs se sont attachés à constituer un fonds spécifique, collections présentées jusqu’en 2004 à l’ancien Hôtel de Lesdiguières et labellisées « Musée de France ». En 2006, l’acquisition de six cahiers du Journal de Stendhal grâce à la mobilisation de mécènes complète la partie déjà en possession de la Bibliothèque et suscite un nouveau projet. L’idée nait d’un musée « éclaté » où les collections et les actions feront sens au-delà des lieux : la bibliothèque d’étude poursuivra son travail de valorisation des collections Stendhal, l’Université Stendhal son travail scientifique autour des manuscrits, l’appartement natal qui héberge les services de « Grenoble ville lecture » sera ouvert aux visites guidées, un itinéraire littéraire, patrimonial et touristique au cœur de la
ville sera ponctué de plaques patrimoniales, et l’appartement Gagnon, constituant à proprement parler un lieu de mémoire sensible - ouvert aux visites individuelles - sera restauré et présentera une partie des collections en lien avec les œuvres et la vie de l’écrivain, Internet se chargeant de relier cet ensemble d’initiatives. Un véritable festival Stendhal permanent ! L’appartement Gagnon, 20 grande rue à grenoble Au décès de sa mère, Stendhal part habiter chez son grand-père, le docteur Gagnon, secrétaire de l’Académie Delphinale et fondateur du Muséum d’histoire naturelle. Il y vit de 7 à 16 ans. Cet appartement situé dans le centre ancien a influencé de façon irrémédiable le jeune Henri Beyle qui le décrit et le dessine dans La vie d’Henry Brulard. Le nouveau musée, loin d’être une reconstitution fidèle de l’appartement, propose une lecture patrimoniale, littéraire mais aussi picturale du grand homme. Il a bénéficié de prêts du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble, du Musée dauphinois, du Domaine de Vizille et du musée Hébert. Il a obtenu, en 2011, le label « Maisons des Illustres » décerné par l’État. Le fonds Stendhal conservé à la Bibliothèque municipale d’étude Environ 40 000 pages de manuscrits de l’écrivain, soit plus des trois quarts conservés dans le monde. Plus de 10 000 ouvrages imprimés. Environ 700 pièces muséales (peintures, dessins, gravures, bustes, photographies...). Hommage à Stendhal / Journées européennes du patrimoine 2012 > 6 expositions dans 6 lieux (Bibliothèque d’étude et d’information, Appartement Gagnon, Appartement natal, Maison de l’International, Ancien musée de peintures, Cité de la CAF) > un programme d’animations, lectures, concerts, projections, visites… en partenariat avec l’Office de tourisme.
En savoir plus > www.bm-grenoble.fr/599-musee-stendhal.htm > www.manuscrits-de-stendhal.org
MONTREREXPOSERJOURNAL25PAGE30
À VOIR
L’Isèreenrelief,Deuxchefs-d’oeuvredela collectiondesplansreliefsexposés Le Musée dauphinois accueille en octobre deux chefs-d’œuvre documents exceptionnels élaborés en bois, papier, soie et métal,
de notre patrimoine national : les plans reliefs de Grenoble et de Fort-Barraux, respectivement réalisés en 1840 et en 1693. La superficie de la maquette de Grenoble (60 m2 !) exclut son installation au Musée dauphinois, elle sera donc exposée au Magasin, Centre national d’art contemporain. En revanche, le plan-relief de Fort-Barraux, de dimension plus modeste, sera présenté à Sainte-Marie d’en-Haut. Ces maquettes monumentales classées Monument historique, font partie de la collection réalisée à partir du règne de Louis XIV jusqu’à celui de Napoléon III pour préparer les opérations de guerre. Elles ont été sélectionnées pour être exposées en début d’année au Grand-Palais, à Paris, où leur présentation a rencontré un énorme succès, très largement commenté par la presse nationale. Le public grenoblois et isérois mérite de découvrir à son tour ces
d’après des relevés très précis des géomètres militaires. Mais il découvrira aussi par ce biais une illustration exceptionnelle de l’histoire de la ville et de l’agglomération. Le développement urbain du bassin grenoblois comme celui du Grésivaudan, apparaîtront dans toute leur plénitude. L’exposition autour de ces deux monuments abordera les motivations politiques et militaires qui ont conduit à leur réalisation. Elle revisitera également les fortifications alpines dont Grenoble est un point d’ancrage. Sera enfin évoquée l’évolution urbaine que le plan-relief permet de mesurer et ouvrira sur la question du devenir de notre territoire en termes d’aménagement urbain. Cet événement, qui résulte d’une opportunité exceptionnelle - le plan-relief de Grenoble a été restauré à la faveur de l’exposition du Grand-Palais - sera l’événement culturel de la rentrée.
13 octobre 2012 – 6 janvier 2013 Magasin – Centre national d’art contemporain (Plan relief de Grenoble) Musée dauphinois (Plan relief de Fort Barraux)
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DANS LES
MUSÉES DÉPARTEMENTAUX
Le Musée de l’Ancien Évêché rénove ses collections permanentes
« De l’autre côté » : un nouvel espace d’exposition au Musée Hébert
L’Isère en histoire(s). Des premiers hommes au siècle des Lumières
Après huit ans de pause, les salles d’exposition temporaire du musée Hébert viennent de rouvrir. Ces dépendances, situées face à la maison du peintre où sont présentées les collections permanentes, avaient été achetées en 1962 par René Patris d’Uckermann, donateur du musée, pour abriter les expositions temporaires d’artistes régionaux ou nationaux. L’édifice vétuste était mal adapté à la fonction muséale et n’était plus aux normes pour recevoir du public. Il vient d’être rénové dans l’esprit de l’ensemble du domaine. L’aménagement sobre et fonctionnel favorise la mise en place des expositions et l’accueil du public, avec la réalisation d’un large escalier, d’un ascenseur et d’un accès handicapés. Baptisé « De l’autre côté », le bâtiment a été inauguré avec l’exposition de peintures et dessins de Tchuta Kimura, la première on l’espère, d’une longue série dans cet espace qui retrouve sa vocation initiale.
Présentation de la première tranche de rénovation des collections permanentes A découvrir depuis le 6 juillet 2012 Des derniers chasseurs de rennes qui ont occupé les hauteurs du Vercors durant la Préhistoire, aux chevaliers-paysans de l’an Mil installés sur les bords du lac de Paladru, jusqu’aux Dauphinois des Lumières, le musée retrace l’histoire des femmes et des hommes qui ont cultivé, exploité, aménagé et organisé ce territoire, l’Isère. Les plus belles collections départementales, archéologiques, historiques et ethnographiques, nourries d’une riche illustration invitent à remonter les siècles, à la découverte de cette aventure humaine. L’exposition, sobre et dépouillée, à la portée de tous, est enrichie par des mises en scène graphiques très colorées qui forment pour les petits et les grands d’utiles repères dans le temps et dans l’espace. Le parcours renouvelé se déroule dans les salles historiques, harmonieusement restaurées, de l’ancien palais des évêques dont le musée tire son nom. L’Isère en histoire(s) forme la première tranche d’un programme qui sera achevé au printemps 2013 avec la réalisation des salles consacrées aux XIXe et XXe siècles. L’exposition sera par ailleurs enrichie d’une présentation interactive sur le patrimoine départemental. NOUVEAU Des outils d’aide à la visite sur tablettes tactiles offrent des découvertes interactives et ludiques pour appréhender autrement les collections.
Les Alpes de Doisneau
Du 16 novembre 2012 au 14 avril 2013 Avant que Robert Doisneau (1912-1994) ne devienne ce grand artiste célébré mondialement, il exerce le métier de photographe-illustrateur. Ses clichés, réalisés entre le début des années trente et la fin des années soixante, répondent aux impératifs de son métier : satisfaire aux exigences de la presse et de l’édition avec des photos qui collent aux envies, aux goûts et aux curiosités des Français. Et dans l’imaginaire collectif de ce milieu du 20e siècle figurent en bonne place les Alpes et la montagne. L’exposition propose de découvrir une sélection de cent vingt images piochées dans le fonds de l’atelier Doisneau à Montrouge, qui ont pour décor le massif alpin, du Tyrol au Mercantour en passant par Grenoble et Laffrey. Autour de l’exposition Des visites guidées, des conférences, des animations Des publications Les Alpes de Doisneau - éditions Glénat (oct. 2012) Le petit journal de l’exposition 2, rue Très-Cloîtres – Grenoble 04 76 03 15 25 - www.ancien-eveche-isere.fr
Italiens pittoresques 1888-1893 Instantanés de Gabrielle Hébert Jusqu’au 2 janvier 2013 Année de l’Italie en Isère Passionnée de photographie, la femme d’Ernest Hébert, peintre-directeur de l’Académie de France à Rome, découvre avec son mari, la campagne italienne. Dans les années 1890, elle réalise de nombreux instantanés de la vie quotidienne des villageois. Prises sur le vif, ses images préfigurent celles des photojournalistes.
Kimura (1917-1987) Peintures et dessins Jusqu’au 2 janvier 2013 Le peintre japonais Kimura a travaillé en France de 1953 jusqu’à sa mort. Ses paysages allusifs, délaissant le langage traditionnel figuratif, manifestent une communion profonde avec la nature où la couleur-lumière joue un rôle essentiel.
Le jardin en images Illustrations de Joost Swarte Jusqu’au 2 janvier 2013 Croquis et dessins originaux de ce célèbre auteur de BD qui a illustré le livret consacré au jardin d’Hébert. Chemin Hébert – La Tronche 04 76 42 97 35 - www.musee-hebert.fr Quatre « Maisons des Illustres » en Isère Le musée Hébert rejoint le musée Hector-Berlioz et le musée Stendhal sur la liste des 171 maisons qui ont reçu en 2011 le nouveau label Maison des Illustres décerné par le ministère de la Culture et de la Communication. Ce label représente la reconnaissance officielle de la valeur patrimoniale d’un site associé à un personnage illustre. Il récompense une offre culturelle remarquable et garantit un accueil de qualité auprès de tous les publics. En Isère, la Maison Ravier à Morestel vient également d’être labellisée.
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Musée dauphinois Un air d’Italie La présence italienne en Isère Année de l’Italie en Isère Dédiée à la présence italienne dans notre région dès l’époque des Allobroges, l’exposition prolonge les travaux consacrés par le Musée dauphinois aux identités locales et livre les recherches scientifiques les plus récentes. De nombreux objets et documents iconographiques issus de collections publiques et privées illustrent le propos. La culture italienne intégrée dans notre patrimoine et dont témoignent notamment les pratiques linguistiques et alimentaires colore le parcours. Une réflexion autour de l’« italianité » et de ses manifestations dans la population locale donne lieu à un reportage photographique de Vincent Costarella et à une réalisation audiovisuelle. PROLONGATION Jusqu’au 3 janvier 2013 30, rue Maurice Gignoux – Grenoble 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr
À VOIR
Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Chambre noire pour amateurs éclairés Photographies de la collection Flandrin. L’apparition du daguerréotype en 1839 transforme le rapport à l’image et à la représentation de soi. Ce procédé révolutionnaire connaît très vite un fort engouement et la deuxième moitié du XIXe siècle ne cesse de perfectionner la technique. La famille Flandrin, qui compte à la fois des artistes et des scientifiques, fut séduite par cette technologie et constitua, sur plusieurs générations, un fonds photographique d’une valeur documentaire inestimable. L’exposition présentera un siècle de photographies, des années 1840 aux années 1940, provenant des collections du Musée dauphinois. Aux portraits de famille posant devant l’objectif comme dans l’atelier d’un peintre succèderont des images plus naturelles, prises sur le vif. Au fil du parcours, on découvrira ainsi quels étaient les loisirs de la bourgeoisie grenobloise des années 1900. Des images de promenades familiales en montagne ou d’excursions organisées par les toutes nouvelles associations d’alpinisme accompagneront celles des travaux d’aménagement des premiers refuges. Enfin, une exceptionnelle série de photographies plongera au cœur de la vie de l’hôpital et de l’internat de Grenoble entre 1860 et 1890. Du 9 novembre 2012 à septembre 2013
[OQTF] Obligation de Quitter le Territoire Français Textes Vincent Karle Photographies Guillaume Ribot « Sans-papiers » : une vision figée de familles réfugiées dans une illégalité trouble, des noms étrangers et des termes administratifs indéchiffrables, voilà souvent tout ce que l’on sait d’eux. Immigrés, clandestins ou sans-papiers, les fragments de leur vie s’éparpillent dans l’actualité en photos et en mots souvent trompeurs : ils cessent ainsi d’être des personnes pour devenir des clichés, des abstractions qui ne nous touchent plus. Pour résister à cette disparition programmée Vincent Karle et Guillaume Ribot portent un autre regard. En prenant le temps de les connaître et de partager leur vie, à l’opposé du modèle simpliste du sans-papiers, ils racontent leurs histoires. Loin du sensationnel mais parfois entre comédie et tragédie, cette exposition dessine quelques portraits d’un quotidien sans papiers, avec la volonté de redonner leur sens aux mots et aux images, pour ne pas que ces hommes, ces femmes, ces enfants disparaissent dans l’indifférence et qu’on les oublie. Jusqu’au 15 octobre 2012 14, rue Hébert – Grenoble 04 76 42 38 53 www.resistance-en-isere.fr
à Justes de l’Isère Le sauvetage des Juifs, 1940-1944 Plus d’une centaine d’Isérois ont été faits « Justes parmi les nations » par le Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. Cette distinction honore au nom de l’État d’Israël ceux qui ont mis en danger leur existence durant la Seconde Guerre mondiale afin de sauver des Juifs. À l’heure où les derniers de ces Justes sont encore en vie, le musée souhaite leur consacrer une exposition pour rappeler leur engagement pendant les années sombres et plus largement rendre hommage à toutes celles et ceux qui, souvent restés anonymes, ont tenté d’empêcher les persécutions nazies. Face à la barbarie nazie, les solidarités dont la population juive a pu bénéficier durant la guerre demeurent encore trop méconnues. Exposition présentée à partir du 23 novembre 2012 En partenariat avec le Comité français pour Yad Vashem
DANS LES
MUSÉES
Année de l’Italie en Isère Dédiée à l’Italie, la saison 2011/2012 a été rythmée par les nombreux événements organisés dans le département, avec le concours de partenaires associatifs, culturels et universitaires locaux. Expositions (quatre d’entre elles sont visibles jusqu’à la fin de l’année dans les musées départementaux), conférences-débats, projections de films, concerts,
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Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye Entre Flandres et Italie, princes collectionneurs Année de l’Italie en Isère Dans le sillage des trésors médiévaux constitués à l’abri des abbayes et des palais, la collection est une fenêtre ouverte sur le monde et ses composantes. A travers les signes tangibles du pouvoir autant que d’un savoir éclairé et curieux, la collection devient, au sein de bibliothèques et de cabinets, un abrégé de la nature toute entière. Usuel, esthétique, thésaurisé, caché ou révélé, l’objet de collection est protéiforme et apparaît avant tout comme le miroir de l’âme de celui qui le possède et le fait vivre. Ce creuset délectable de diffusion artistique qui s’épanouit entre les Flandres et l’Italie, foyers féconds à l’influence pérenne, façonne l’identité de ces princes collectionneurs. L’exposition se proposera ainsi d’explorer ce qui, au fil des siècles et des courants artistiques, a forgé le goût des collectionneurs, amateurs de peintures, de sculptures, d’objets d’art ou de manuscrits. Jusqu’au 7 octobre Salle voûtée du Noviciat Saint-Antoine-l’Abbaye 04 76 36 40 68 www.musee-saint-antoine.fr
Musée Hector-Berlioz Berlioz et l’Italie. Voyage musical Année de l’Italie en Isère Après avoir remporté le grand prix de Rome pour sa cantate Sardanapale, Hector Berlioz séjourne en 1831 et 1832 à la villa Médicis, palais de l’Académie de France à Rome. Ce voyage en Italie est vécu par le compositeur comme un insurmontable exil social et artistique, et la déception qu’il éprouve en découvrant Rome et la musique italienne est à la juste hauteur de son immense appréhension. Pourtant, parcourant dès qu’il le peut les villages et les montagnes, Berlioz finit par trouver dans l’Italie « romantique » ce que la ville des plus grands maîtres ne peut offrir à son âme exaltée. L’exil en Italie constitue finalement une étape essentielle dans le développement artistique du compositeur et marque durablement son œuvre musicale. Grâce au fonds du musée et aux prêts de prestigieuses collections, peintures, gravures et lithographies d’époque révèlent au lecteur les paysages italiens du XIXe siècle qui ont influencé Berlioz. Les regards croisés de musicologues et d’historiens renouvellent ici la compréhension de l’artiste et permettent d’appréhender l’empreinte pittoresque laissée par cet exil italien dans l’œuvre du musicien. Jusqu’au 31 décembre 2012 69, rue de la République La Côte-Saint-André 04 74 20 24 88 www.musee-hector-berlioz.fr
MUSÉE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE Guy Delahaye et Jean-Claude Gallotta au Domaine de Vizille, action chorégraphique, 1984 Jean-Claude Gallotta et le photographe Guy Delahaye ont travaillé ensemble au Domaine de Vizille à l’époque de la création, le 28 février 1984, d’un spectacle chorégraphique à la Maison de la culture de Grenoble, Les Aventures d’Ivan Vaffan, premier volet d’une trilogie qui s’est poursuivie avec Les Louves et Pandora. Cette création donna lieu à une « action photographique » en collaboration avec Guy Delahaye, dans l’ancienne salle à manger du château ainsi que dans d’autres pièces du même étage qui furent transformées la même année pour en faire le premier circuit de visite du musée créé en 1983. Guy Delahaye a imaginé un dispositif spécifique pour présenter les tirages argentiques de grand format qu’il a lui-même réalisés à partir des nombreux clichés pris au milieu des danseurs. Jusqu’au 21 décembre 2012 Domaine de Vizille Place du château – Vizille 04 76 68 07 35 www.domaine-vizille.fr
Maison Bergès Musée de la Houille blanche La Papet’. De 1869 à nos jours, regards sur l’usine de Lancey Héritage d’une longue tradition dans les Alpes depuis le début du XVe siècle, la fabrication papetière est une constante en Isère. En 1912, ce sont près de 60 établissements de toute taille qui travaillent la pâte de bois. Dans ce dispositif industriel, la papeterie de Lancey, surnommée familièrement la Papet’, tient une place particulière. La personnalité de son fondateur, Aristide Bergès (1833-1904), y est pour beaucoup. Entrepreneur innovateur amoureux de la technique, c’est à Lancey qu’il décide d’installer en 1869 sa râperie de bois. Afin d’actionner les turbines qui entraînent ses défibreurs à bois, il n’hésite pas à réaliser une chute d’eau de 200 mètres de dénivelé, la première de cette hauteur dans les Alpes. À cette énergie nouvelle issue des torrents, il donne le nom de « houille blanche ». L’usine de Lancey, c’est près de 150 années d’activité en continu, consacrées à la fabrication du papier, des papiers pour affiches en 1882 aux doubles couches pour l’impression numérique en 1997. Pour sa première exposition après la réouverture du site en 2011, le musée confronte son riche fonds de photographies et les clichés récents réalisés par Bernard Méric après la fermeture de l’usine en 2008. JUSQU’AU 30 avril 2013 40, avenue des Papeteries Lancey / 38190 Villard-Bonnot 04 38 92 19 60 www.maison-berges.fr
DÉPARTEMENTAUX
spectacles de danse, pièces de théâtre, ateliers pédagogiques… jusqu’au festival Berlioz dont le programme s’est paré de rouge et vert, autant de temps forts ont incité au partage de l’histoire et de la culture italiennes et constitué une fête exceptionnelle pour tous.
LEGUIDE Actualitédesmusées LECTURES
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leGUIDEActualitédesmusées
En
territoires
BiÈvre-Valloire
Musée de l’Ancien Évêché (voir page 31)
Haut-Rhône dauphinois
Musée Hector Berlioz (voir page 33)
Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère / Maison des Droits de l’Homme
Maison Ravier, Morestel
Château de Jarcieu / Musée de la faïence fine
Féminités, 200 ans d’accessoires de beauté Jusqu’à fin décembre 2012 Panorama, du XVIIIe siècle aux années 1970, de ce qui fait le charme et le raffinement des femmes. Plus de 200 objets issus de collections privées sont présentés : une cinquantaine d’éventails associant couleurs et matières, les essentiels du maquillage, de la coiffure, des bijoux, sacs à main, chapeaux, boutons, rubans, dentelles, plumes, ... ainsi que des gravures et des publicités d’époque. Nouvelle salle d’exposition des communs du château 151, route de Saint Sulpice, Jarcieu, 04 74 79 86 27 www.chateau-de-jarcieu.com
Grenoble et alentours Domaine de Vizille – Musée de la Révolution française, Vizille (voir page 33)
(voir page 32)
Musée Stendhal (voir page 29) Musée Géo-Charles, Échirolles
Rip Hopkins « Another country, les Britanniques en France » - Martin Parr « Think of England » Photographies Jusqu’au 4 novembre 2012 A l’occasion des Jeux Olympiques de Londres, découvrez deux photographes britanniques, Rip Hopkins qui propose à travers 68 portraits de familles, un travail personnel et documentaire sur la réalité et les fantasmes des Britanniques expatriés en France, et Martin Parr qui a réalisé pendant plus de trente ans un vaste travail documentaire sur la société occidentale, principalement en Grande-Bretagne, son pays d’origine. 1, rue Géo-Charles, Échirolles, 04 76 22 58 63 www.ville-echirolles.fr
Musée Hébert, La Tronche (voir page 31)
Camille et Paul Claudel, 1885-1905 : deux artistes à l’œuvre (voir page 28)
Matheysine Musée Matheysin, La Mure
Garanjoud pour toujours Exposition permanente Une sélection d’œuvres issues de la donation de la veuve du peintre retrace 50 années de travail de Claude Garanjoud. Cet artiste d’origine muroise a commencé à peindre des paysages, minutieux dessins figuratifs, avant de s’exprimer dans de vigoureuses compositions abstraites aux très grands formats. Au gré de rencontres ou de lectures, Garanjoud épure son art, délaisse l’huile pour l’acrylique et privilégie la spontanéité du geste. La fraicheur des blancs, l’intensité des bleus, l’ampleur des formats et la vigueur du geste accompagnent le public bien audelà de la visite. Rue Colonel Escalon, La Mure, 07 76 30 98 15 musee.matheysin.com
Musée dauphinois (voir page 32) Musée de Grenoble
Philippe Cognée du 10 novembre 2012 au 3 février 2013 Apparu sur la scène artistique au milieu des années 1980 avec une peinture figurative aux accents primitivistes, Philippe Cognée a su au début des années 1990 se remettre profondément en question. Il a ainsi développé une recherche plus complexe sur la peinture et son rapport à l’image photographique. L’exposition, la plus grande jamais consacrée à l’artiste - considéré comme un des plus importants peintres français d’aujourd’hui - rassemblera une centaine de peintures dont le fameux ensemble Carcasses (2003) composé de 36 tableaux. Exposition rétrospective en collaboration avec le musée des beaux-arts de Dôle. Alberto Giacometti du 9 mars au 9 juin 2013 Considéré comme l’un des plus grands sculpteurs du XXe siècle, Alberto Giacometti, dont la recherche obstinée de la représentation de la figure humaine a trouvé dans l’art de ces trente dernières années un écho tout particulier, demeure un artiste rare dans les collections publiques françaises. De fait, c’est au musée de Grenoble que revient le mérite d’avoir acquis le premier, en 1952, une œuvre d’après-guerre du sculpteur intitulée La Cage. Grâce à un ensemble de sculptures, de peintures et d’œuvres graphiques provenant pour l’essentiel de la Fondation Alberto et Annette Giacometti mais aussi de collections publiques et privées, françaises et étrangères, cette exposition proposera une approche précise et didactique de la démarche de l’artiste, tout en s’attachant à restituer à chaque œuvre toute sa part de mystère et son pouvoir de fascination. 5, Place de Lavalette, Grenoble, 04 76 63 44 44 www.museedegrenoble.fr
Grésivaudan
Oisans
Forges et moulins de Pinsot
Musée Hydrelec, Vaujany
Le Théâtre des machines. Jacques Besson, artiste ingénieur dauphinois. jusqu’au 16 septembre 2012 Dans le foisonnement intellectuel de la Renaissance apparaissent plusieurs ingénieurs-artistes dans la lignée de Léonard de Vinci. Jacques Besson s’inscrit dans cet héritage. Né à Grenoble au début du XVIe siècle, ce mathématicien et mécanicien met en scène une série de machines et d’instruments dans un ouvrage illustré de grande qualité. Nombre de ces machines ne verront jamais le jour, mais témoignent des bases de la mécanique moderne appliquée aux machines hydrauliques et autres moulins. Dans l’exposition, les dessins du Théâtre des machines de Besson cohabitent tout naturellement avec les battements des moulins et de la forge. Les illustrations du XVIe siècle sont ponctuées de vis sans fin, poulies, bielles et autres engrenages à manipuler. Rue Louise Barnier, 04 76 13 53 59 www.forgesmoulins.com
Musée Jadis Allevard
« Étienne Albrieux et ses oeuvres de lumière » jusqu’au 21 septembre 2012 « Florilège de l’œuvre d’Albrieux » jusqu’au 1er octobre 2012 Galerie Niepce – Thermes d’Allevard Étienne Albrieux arpenta pendant plus de 40 ans la montagne, de la vallée de l’Isère aux sommets de Belledonne. Son œuvre exalte la beauté des paysages du pays d’Allevard et de ses environs dans leur diversité et leur puissance : véritable carte de visite du massif, elle constitue un ensemble incomparable de paysages de montagne, de hameaux pittoresques, de lacs perchés. Parc des Forges, 04 76 45 16 40 www.museedallevard.wordpress.com
Une pause… pour travaux En 1988, le Musée EDF Hydrélec ouvre ses portes… en même temps que la mise en service de l’aménagement hydroélectrique de Grand’Maison ! Ainsi s’écrit une nouvelle page de l’histoire industrielle de l’Oisans, territoire emblématique de l’hydroélectricité lorsque EDF donne naissance à ce Musée de France riche d’une collection d’objets unique en Europe. Devenu un lieu incontournable sur l’histoire, le patrimoine et les spécificités techniques de l’hydroélectricité, Hydrélec doit faire face à l’évolution des pratiques culturelles et réadapter sa programmation pour être plus proche du public. Ainsi, de nombreux partenariats se tissent avec les acteurs du territoire et en font un musée complémentaire des autres musées du territoire comme la Maison Bergès à Lancey et le musée de la Romanche à Rioupéroux. Une pause lui est donc accordée pour réaliser des travaux de rénovation architecturale avec une importante refonte muséographique. Réouverture prévue au printemps 2013 www.musee-edf-hydrelec.fr.
Musée d’Huez et de l’Oisans, l’Alpe d’Huez
Vu ! Fondé à partir des collections archéologiques issues des chantiers de fouilles de Brandes débutés en 1977, le musée, véritable conservatoire des arts et traditions populaires de l’Oisans s’est installé depuis le 23 juillet dernier au premier étage du Palais des sports et des congrès de l’Alpe d’Huez. Nouveaux espaces, nouvelle présentation ! 04 76 11 21 74, www.musee-huez.com
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Maison des alpages, Besse-en-Oisans
Jusqu’à fin octobre 2012 Un itinéraire photographique entre Oisans et Sénégal Photographies d’Alain Pellorce. Dessine-moi un alpage : comment le berger voit-il sa montagne et quel usage fait-il de cet espace ? Besse-en-Oisans, 04 76 80 19 09 www.maisondesalpages-besse.com
Porte des Alpes Musée de Bourgoin-Jallieu
L’étoffe des femmes. Créations contemporaines textiles jusqu’au 16 septembre La montée en puissance des artistes femmes sur la scène internationale est nouvelle. Majoritaires dans les écoles d’art, celles-ci s’affirment peu à peu dans un monde jusque-là essentiellement masculin. L’art a toujours eu des créatrices et celles qui, à l’époque moderne, ont posé une première pierre, furent les représentantes de l’avant-garde russe (Sonia Delaunay et Natalia Gontcharova). Ainsi, nombre d’artistes utilisent des matériaux et des techniques réservés depuis toujours aux femmes, tout particulièrement le textile, chargé d’une histoire et d’une symbolique « féminine » : trousseau, parure et décoration, tapisserie ou broderie… 17, rue Victor-Hugo, 04 74 28 19 74
Sud-Grésivaudan Musée de l’eau, Pont-en-Royans
Le Musée de l’eau a 10 ans et les fête ! Nouvelles présentations, nouvelle fontaine du parvis, installation de sculptures de Roca, concours et expo phot’eau, l’année anniversaire est exceptionnelle. Le musée de l’eau est porteur de valeurs. En 10 ans, il est devenu un site incontournable de la région et propose des éclairages sur l’enjeu de l’eau, sa diversité, son rôle et son avenir, autant d’outils destinés au grand public. Place du Breuil, 04 76 36 15 53 musee.eau@wanadoo.fr
Couvent des Carmes, Beauvoir-en-Royans
« Les oubliés du maraîcher » jusqu’au 30 septembre Les légumes abandonnés dans les jardins ont quelque chose à nous raconter… En photographiant ces végétaux, Marie-France Verdon a voulu divulguer leur mémoire. Ultime étape avant qu’ils ne retournent dans les profondeurs de la terre. En les transformant en nouvelles formes, à la frontière entre le réel et l’imaginaire, la photographie réhabilite la matière périmée. De ces oubliés dont plus personne ne se soucie, le photographe fait naître des images évoquant des fantasmagories parfois troublantes… Le Château, 04 76 38 01 01
Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Voironnais-Chartreuse
Le Grand séchoir, Vinay
Roger Lorin, un artiste, quatre expositions
(voir page 33)
Pisé, entrez en matière jusqu’au 30 décembre Symbole fort de notre identité territoriale, le pisé est un matériau de construction qui a façonné nos paysages. La région Rhône-Alpes est l’un des principaux foyers d’expression culturelle de constructions en pisé en Europe. Et le saviez-vous ? La moitié de l’humanité vit dans un habitat de terre ! L’exposition propose une découverte de cette belle matière première à travers le patrimoine mondial et local. On y trouve aussi des réponses aux questions de restauration et des réalisations actuelles en pisé. 705, route de Grenoble, 04 76 36 36 10 www.legrandsechoir.fr
Trièves Musée du Trièves
Les eaux utiles en Trièves Jusqu’au 30 novembre 2013 Au fil des eaux domestiques, minérales, de l’irrigation et de la force motrice, l’exposition est une invitation à découvrir le Trièves sous un nouvel angle, nous « embarquant » à travers tout le territoire, de SaintMartin-de-la-Cluze à Monestier-de-Clermont en passant par la vallée de la Gresse, de Lalley à Mens en passant par Clelles et Saint-Martin-de-Clelles. Élément structurant du paysage du Trièves, l’eau est également un facteur primordial des implantations humaines. Les puits, les fontaines, les bassins et les lavoirs, lieux de sociabilité majeurs dans nos villages, ont conservé pendant très longtemps leur fonction sur le territoire. Ils restent aujourd’hui des éléments importants du patrimoine. L’exposition « Les eaux utiles en Trièves » nous fait prendre conscience de l’importance de cet élément en perpétuel mouvement dont les hommes tirent parti. Place de la Halle, Mens, 04 76 34 88 28
En 2009, une grande peinture signée Roger Lorin est redécouverte au lycée Ferdinand-Buisson de Voiron. Il n’en fallait pas plus pour se remémorer l’œuvre de cet artiste propriétaire (sauveteur) du prieuré de Chirens qui a marqué de son empreinte Voiron et sa région à partir des années 1960.
Musée Mainssieux, Voiron
« De paysages en constellations » jusqu’au 30 septembre 37 œuvres réalisées entre 1957 à 1971 témoignent de l’itinéraire de l’artiste : des paysages cézaniens de la Grande Sure à ses aquarelles algériennes, de l’abstraction lyrique à l’art cinétique. Un portrait de Lucien Mainssieux, peint par Lorin, est également exposé. De nombreux points communs unissent les deux artistes : le goût de la musique, des lumières de l’Orient, mais aussi celui de participer à l’effervescence artistique du moment.
Prieuré de Chirens
« Une vie pour l’art. Dans l’atelier de l’artiste » jusqu’au 30 septembre Au prieuré de Chirens, l’idée est de retrouver l’ambiance artistique du lieu en recréant l’atelier de l’artiste. Dans cet esprit, certaines dispositions d’accrochage prises par Lorin lui-même seront retrouvées. Le spectateur pourra admirer les oeuvres de grand format de l’artiste et même deux luminographes, en déambulant au sein du Prieuré, classé Monument historique.
Musée archéologique de Paladru, Charavines
Vals du dauphiné
« Regard et influence d’un artiste sur un patrimoine » jusqu’au 30 septembre Le musée archéologique présente une exposition de photographies traitant de la rénovation du prieuré de Chirens entreprise par Roger Lorin en 1963. Passionné d’art ancien, il jouera également un rôle de conseiller artistique pour d’autres rénovations du décor intérieur d’églises comme pour Saint-Pierre de Voiron, l’église de Charavines et celle de Saint-Etienne-de-Crossey.
Musée gallo-romain d’Aoste
Lycée Ferdinand-Buisson, Voiron
Cochons de Romains Prolongation jusqu’au 30 novembre 2012 Sujet encore jamais traité, « Cochons de Romains » met en évidence le porc, cet animal si singulier, dans tous ses états. Présentée sous la forme d’une exposition en libre accès pour les visiteurs à la sortie des collections permanentes, « Cochons de Romains » est composée de neuf grands panneaux, illustrée par des vitrines riches en mobilier rare, et se termine par un film retraçant une découpe antique. L’exposition propose ainsi un évènement original et culturel, et fait la promotion de la création de la Maison du Jambon dans la commune d’Aoste dans les années à venir. 43, place du musée, 04 76 32 58 27
« Un artiste, un pédagogue » jusqu’au 30 septembre Roger Lorin était un artiste mais également un professeur. Nommé en 1956 professeur de dessin d’art à la « Nat », l’actuel lycée polyvalent FerdinandBuisson, il enseigna l’art à ses élèves de manière assez inhabituelle pour l’époque. L’exposition s’attachera à présenter ses méthodes nouvelles d’enseignement.
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Jean-Jacques Rousseau à Grenoble, Journal de l’avocat Bovier Catherine Coeuré et Jean Sgard Le 11 juillet 1768, Jean-Jacques Rousseau, plus que jamais persécuté et cherchant un refuge au bout du monde, arriva à Grenoble. Il y demeura un mois, rencontrant les notables de la ville et s’y promenant en compagnie de l’avocat au Parlement, Gaspard Bovier. Il cherchait la solitude et l’anonymat ; son hôte souhaitait le faire connaître à toute la ville. L’irritation croissante de Rousseau devait se traduire par un passage plein d’humour des Rêveries : l’avocat Bovier y apparaissait comme un « sot », suspect d’avoir laissé Rousseau s’empoisonner avec des baies sauvages. Ulcéré par l’image que les Rêveries donnaient de lui, image qu’il devait découvrir vingt ans plus tard, l’avocat mit au net le journal de la visite de Rousseau à Grenoble, ce qui nous vaut un portrait étonnamment précis, souvent naïf mais très vivant, de Jean-Jacques au quotidien. Ce minime incident éclaire en même temps d’un jour singulier un moment crucial de son existence. Février 2012, Presses universitaires de Grenoble, 128 pages, 19 ¤ Rousseau ses itinérances entre Rhône et Alpes René Bourgeois « C’est la faute à Rousseau ! » Oui, la Révolution, c’est un peu Jean-Jacques. Mais ses grands ouvrages polémiques, ses Discours, le Contrat social, l’Émile ont été le fruit de ses trente premières années : de Genève où il naquit en 1712, à Lyon, en 1742, en passant par Turin, Annecy et Chambéry où il connut, aux Charmettes, le « court bonheur de sa vie ». Le récit de ses errances autour des Alpes et de ses deux ans d’exil en Dauphiné doit beaucoup à son propre témoignage, et surtout à ses Confessions. Janvier 2011, Le Dauphiné libéré, 7,90 ¤ Cœurs d’ouvriers Un travail photographique de Bernard Ciancia Bernard Ciancia Dans un monde délocalisé et désindustrialisé, on aurait presque oublié que chaque jour (et souvent dès potronminet), des millions de personnes œuvrent en bleu de travail, outil en main et casque vissé sur la tête. Ce sont ces gueules (de l’emploi), tantôt souriantes, tantôt tendues, parfois goguenardes, que le photographe Bernard Ciancia est allé croquer au fil de cinq années de rencontres dans plusieurs entreprises. Un magnifique travail sur la mémoire ouvrière qui inaugure une nouvelle série d’expositions que le Musée dauphinois consacre à la photographie, alternant créateurs contemporains et fonds d’images patrimoniaux. Décembre 2011, Catalogue du Musée dauphinois, Conseil général de l’Isère, 64 pages, 14 ¤ [OQTF] Obligation de quitter le territoire français Vincent Karle et Guillaume Ribot Sans-papiers : une image figée de familles réfugiées dans une illégalité trouble, des termes aux consonances étrangères, des abréviations administratives indéchiffrables, voilà tout ce que l’on sait d’eux la plupart du temps. Immigrés, clandestins ou sans-papiers. Ce livre, qui mêle témoignages et photographies, pose des questions simples : qui sont-ils ? Quelle est leur histoire ? Comment sont-ils parvenus jusqu’ici ? Comment vivent-ils à côté de chez nous ? Où cela va-t-il les mener ? Juin 2012, Catalogue du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, Le Bec en l’air, 128 pages, 28 ¤
Voyage dans ma tête, la collection de coiffes d’Antoine de Galbert Bérénice Geoffroy-Schneiter, Bernard Wajcman Qu’elles soient nées en Afrique ou en Océanie, au coeur des steppes d’Asie ou dans la moiteur des forêts amazoniennes, les quelque 400 coiffes collectionnées par Antoine de Galbert portent encore en elles une part d’inaccessible et de divin. Instruments au service du sacré, elles flirtent avec les marges du surnaturel, disent la beauté de l’éphémère, conjurent le mystère de la destinée. Dévoilées pour la première fois au public, elles sont aussi une invitation au rêve, une immersion poétique dans les arcanes du génie humain et de la création. Juin 2012, Fage éditions, 257 pages, 35 ¤ Les Écouges. Un espace naturel dans les montagnes du Vercors Sous la direction de Alain Belmont et Carole Desplanque A la proue du Vercors, la vallée des Écouges se singularise par bien des aspects. Perchée en altitude, encadrée de falaises et de canyons, elle constitue un lieu secret où la faune sauvage prospère en toute quiétude ; mais elle est aussi un territoire où dix mille ans de présence humaine ont semé des traces que les historiens et les archéologues repèrent et étudient aujourd’hui. C’est ce cadre exceptionnel, ce paysage de forêts, d’alpages et de rochers que le Conseil général de l’Isère a décidé d’acquérir et de protéger au titre des « espaces naturels sensibles ». Dans la perspective de lui conserver son équilibre écologique, mais aussi de l’offrir en partage au public, pour autant qu’il le respecte. Le présent ouvrage se veut un guide de découverte, mêlant les approches pour rappeler qu’il n’y a qu’un seul patrimoine, qu’il soit naturel ou culturel. Mai 2012, Patrimoine en Isère, Conseil général de L’Isère, 160 pages, 15 ¤ Italiens pittoresques (1888-1893). Instantanés de Gabrielle Hébert sous la direction de Laurence Huault-Nesme Lorsqu’il revient à Rome en 1885, alors qu’il est nommé pour la deuxième fois directeur de l’Académie de France, Ernest Hébert est accompagné de son épouse Gabrielle. Isolée et sans doute quelque peu désoeuvrée à son arrivée à la villa Médicis, celleci se passionne pour la photographie instantanée et achète un appareil portable, chambre plus petite et plus légère. La photographie amateur, encore inédite, lui offre un champ plus large que les beaux-arts et en dehors du domaine d’action de son mari-peintre. Gabrielle s’attache alors à fixer la vie quotidienne des paysans, aux champs ou dans les villages. Mai 2012, Conseil général de l’Isère, 64 pages, 20 ¤ Jean-Jacques Rousseau et son image sculptée, 1778-1798 Guilhem Scherf, Séverine Darroussat Comme celles de Voltaire dont elles sont inséparables, les représentations sculptées de Rousseau sont entrées très tôt dans les collections du musée de la Révolution française. Toutefois, dès 1928, peu après que le château de Vizille soit devenu une résidence présidentielle, des moulages en plâtre patiné des bustes de Rousseau à l’antique et de Voltaire au naturel d’après Houdon sont envoyés par la Réunion des musées nationaux avec ceux d’autres philosophes et orateurs des Lumières et de la Révolution. Mars 2012, Catalogue du musée de la Révolution française, Fage éditions, 176 pages, 24 ¤
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Les Italiens en Dauphiné à la fin du Moyen Age, Crédit, finance, pouvoir Diego Deleville De la fin du XIIIe au début du XVe siècle, le Dauphiné a accueilli de nombreux marchands, financiers et juristes provenant d’Italie. Actifs sur le marché du crédit, ils établissent des rapports ambigus tant avec leurs hôtes qu’avec leur clientèle. Abordant un sujet jamais traité dans l’espace géographique et historique du Dauphiné, cet ouvrage s’inscrit dans un pan de l’histoire économique et sociale en pleine mutation, grâce à l’apport des nouvelles problématiques : d’une part celles de la place du crédit dans la société occidentale, et d’autre part celles liées à la place de l’étranger. Mars 2012, Presses universitaires de Grenoble, 472 pages, 40 ¤ Arcabas ou la recherche infinie de la Beauté Manuelle-Anne Renault-Langlois Arcabas a déclaré un jour « De toutes les vertus passées en revue, il n’y en a qu’une seule que je pourrais revendiquer, c’est la fidélité, cette espèce d’obstination et d’endurance inexplicable à poursuivre la beauté inatteignable ». Une invitation à la découverte du peintre, à son cheminement. Mars 2012, Editions Scriptoria, 64 pages, 12 ¤
Arcabas. Peintures Régis Ladous et Bernard Berthod Pour une première fois, Arcabas confie à un historien les grandes étapes de son aventure artistique. Au fil des pages, le lecteur découvrira les hommes (Georges Desvallières, Emmanuel Mounier...) qui ont marqué le peintre, mais aussi ses blessures et ses combats, le laboratoire de Saint-Hugues, la crise de l’art sacré. Bref, l’itinéraire d’un artiste en quête du Beau, traçant le même sillon depuis plus de soixante ans et devenu entre-temps une figure majeure de l’art religieux contemporain. Publication réalisée à l’occasion de l’exposition au musée de Fourvière à Lyon au printemps 2012. Mars 2012, CLD éditions, 120 pages, 28 ¤ Grenoble, de l’Occupation à la liberté Imre Boc Ce texte se présente comme un « roman historique », mais, comme l’auteur le précise dans un chapitre final, la plupart des événements et des personnages relèvent de la réalité. Imre Bóc a été résistant à Grenoble, dans les rangs de l’unité « Liberté » des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée. Dans ce livre, il évoque les semaines qui ont précédé et suivi la libération de la ville. Il le fait avec beaucoup d’émotion, mais aussi sans le moindre angélisme. Ce qui fait vraiment la valeur de ce témoignage, c’est son authenticité et son respect de la complexité des situations d’alors, tout cela sans la moindre animosité ni amertume. Mars 2012, Presses universitaires de Grenoble, 240 pages, 19,90 ¤ L’Alpe n°57 - Au cœur du val d’Abondance Aux confins de la Haute-Savoie, cette discrète vallée a toujours cultivé ses différences. Elle y a gagné l’image d’un éden alpin préservé. Mais qu’en est-il vraiment de ce pays singulier qui s’interroge aujourd’hui sur son développement touristique ? Fidèle à sa vocation, ce numéro de L’Alpe est allé voir derrière les apparences... Juin 2012, Glénat, 98 pages, 15 ¤
Les cadrans solaires en Isère Chantal Mazard Disséminés au hasard des hameaux, de ferme en château, ornant les façades des maisons traditionnelles, les cadrans solaires constituent un véritable musée en plein air à visiter le nez au vent, les yeux grand ouverts, au détour des chemins. Des contreforts des Écrins au Vercors, de la Chartreuse aux plaines du Bas-Dauphiné, cet ouvrage nous fait découvrir un patrimoine à la fois remarquable et méconnu, qui va du simple vestige d’une façade lavée par les pluies à des cadrans uniques et exceptionnels. A travers ces œuvres populaires, offertes au regard, nous découvrons un patrimoine émouvant, trace de ces siècles où le soleil dictait les tâches des hommes, et pénétrons l’histoire vaste, complexe et mystérieuse de la mesure du temps. Décembre 2011, Presses universitaires de Grenoble, 144 pages, 30,40 ¤ Étienne Albrieux (1891-1962) Belledonne, la montagne révélée Étienne Albrieux est un personnage emblématique du pays d’Allevard. Le peintre a en effet arpenté pendant plus de quarante ans la montagne, de la vallée de l’Isère aux sommets de Belledonne. Son œuvre, largement collectionnée par les habitants, exalte la beauté des paysages dans leur diversité et leur puissance en une véritable carte de visite du massif. Mai 2012, Editions du musée d’Allevard, 107 pages, 19 ¤ Mémoire d’Obiou, n°17 Loin d’évoquer les seuls biens matériels ou des circonstances historiques pour recréer le passé de la région, cette revue met aussi en relief les vies qui en ont marqué la mémoire. Ce numéro rend ainsi hommage à Jean Garnier et Régis Peters, apporte un éclairage sur quelques évènements historiques locaux, tel le retour de Napoléon de l’Ile d’Elbe et nous parle aussi de patrimoine. La richesse et la qualité du propos que l’on apprécie à chaque nouveau numéro a valu à cette revue d’obtenir le prix 2012 de l’Académie Delphinale. Avril 2012, Revue de l’association des amis du Musée matheysin, 128 pages, 20 ¤ Jean-Jacques Rousseau. Le sentiment et la pensée Sous la direction d’Yves Mirodatos Ce livre a une double ambition : inviter les lecteurs à suivre les traces de Rousseau, de Genève où il est né en 1712, à Ermenonville (Oise) où il est mort en 1778, à travers les lieux qui lui ont été familiers ; mais aussi, permettre de découvrir ou d’approfondir une œuvre d’une richesse immense et d’en montrer la profonde cohérence malgré la diversité des genres : écrits autobiographiques, romanesques, politiques, philosophiques, pédagogiques, esthétiques, etc. - autant de domaines où s’éprouve cette dialectique du sentiment et de la pensée, qui offre une clé pour saisir les grandes problématiques rousseauistes. Janvier 2012, Glénat, 160 pages, 39,50 ¤ Stéphane Jay Gantier, maire de Grenoble, châtelain d’Uriage Isabelle Delestre, Charles Paillet, Valeria Ostapenko et Jeanne Monin Stéphane Jay, industriel, maire de Grenoble de 1896 à 1904, châtelain d’Uriage, a laissé une trace importante dans le tissu urbain à Grenoble, comme à Uriage. La construction de la Chambre de Commerce et d’Industrie, la réalisation de la rue Félix-Poulat, la création de la place Championnet, l’ouverture de la rue Condorcet et l’embellissement du cours SaintAndré (actuel cours Jean-Jaurès) datent de son mandat. Politique averti et homme d’affaires avisé, il comprend l’intérêt de la mise en valeur du patrimoine et du développement touristique de la région. Editions CIRIG – ASP2G, 2011 – 49.90 ¤
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Un air d’Italie La présence italienne en Isère Ouvrage collectif sous la direction de Jean Guibal, Olivier Cogne et Joseph Argento Mettant à profit le cent-cinquantième anniversaire de l’unité italienne, cet ouvrage, comme l’exposition qu’il prolonge, a l’ambition de cerner la richesse et la singularité des liens qui unissent les peuples de la péninsule avec ceux du Dauphiné historique, jusqu’au département contemporain de l’Isère. Si les échanges sont nombreux et les influences manifestes tout au long de l’histoire – et dès avant l’Antiquité romaine ! – c’est bien évidemment avec l’arrivée massive d’immigrants d’origine italienne, à partir de 1850, que s’est forgée, en Isère plus qu’ailleurs, une culture populaire aux forts accents d’italianité. Novembre 2011, Catalogue du Musée dauphinois, Conseil général de l’Isère, 20 ¤ Libertà ! Antifascistes et résistants italiens en Isère Ouvrage coordonné par Olivier Cogne et Jacques Loiseau Cet ouvrage aborde le parcours des réfugiés Italiens en Isère durant la Seconde Guerre mondiale et les relations qu’ils ont pu nouer avec la Résistance. Car si ces années sont notamment marquées en Isère par l’occupation de l’armée italienne de novembre 1942 à septembre 1943, elles voient aussi l’engagement de nombreux Isérois d’origine transalpine dans la lutte pour le rétablissement des valeurs républicaines. Novembre 2011, Catalogue du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, Conseil général de l’Isère, 15 ¤ La Résistance en Rhône-Alpes Gil Emprin Les lieux de mémoire de Rhône-Alpes qui rayonnent au niveau national témoignent aujourd’hui de l’importance de cette région phare de la Résistance. Sans céder à la facilité du récit épique, Gil Emprin retrace en historien confirmé ce mouvement et son contexte, qui ont amené notre région à prendre une place insigne dans la Résistance nationale. Octobre 2011, Le Dauphine Libéré, 7,90 ¤ Domaine de Vizille Gérard Denizeau Situé au sein du Domaine de Vizille, le château de Vizille est l’un des fleurons du patrimoine historique. Ancré dans l’histoire locale, il est aussi inscrit dans l’histoire universelle grâce à son musée de la Révolution française. Monument historique, demeure des ducs de Lesdiguières, de la famille Perier, puis résidence présidentielle (1925-1960), le château appartient depuis 1972 au Département de l’Isère. Mai 2012, L’esprit du lieu, Nouvelles éditions Scala, 64 pages, 6,50 ¤ Quand Camille Claudel et Auguste Rodin s’invitent à Longpra Sous la direction de Laurence Huault-Nesme Deux sculpteurs, deux talents, deux passions qui s’inscrivent comme un trait d’union entre deux siècles : le XIXe et le XXe. Vingt-et-une œuvres majeures, prêtées par la Fondation Pierre Gianadda (Martigny, Suisse), et le musée DuboisBoucher (Nogent-sur-Seine, Aube), nous permettent de redécouvrir leurs parcours respectifs. Sculptures et dessins s’accordent au charme lumineux des appartements du château de Longpra dans une exposition exceptionnelle. Juin 2012, Glénat, 47 pages, 12 ¤
Camille & Paul Claudel 1885-1905 : deux artistes à l’œuvre Marie-Victoire Nantet Par le passé, la Maison Ravier a déjà accueilli deux expositions remarquées « Le Dauphiné de Paul Claudel » (1994) et « Paul Claudel et le Japon, l’oiseau noir dans le soleil levant » (2011) dans lesquelles Camille, la sœur de l’écrivain, n’a jamais été oubliée. Depuis les années 1980, sa destinée tragique, romancée, souvent vue à travers le prisme du féminisme, a suscité l’engouement du public qui s’est moins intéressé à l’œuvre qu’au drame personnel. Cette troisième exposition présente les influences et les fréquentations communes dont frère et sœur se sont nourris ou émancipés, les échanges visibles ou supposés, et les résonnances éventuelles entre leurs œuvres, durant la période 1885-1905. Juin 2012, AMRA , 87 pages, 25 ¤
Libel, 112 pages, 23 ¤
Berlioz et l’Italie. Voyage musical Ouvrage collectif sous la direction de Chantal Spillemaecker et Antoine Troncy Grâce au fonds du musée et aux prêts de prestigieuses collections, peintures, gravures et lithographies d’époque révèlent au lecteur les paysages italiens du XIXe siècle qui ont influencé Berlioz. Les regards croisés de musicologues et d’historiens renouvellent ici la compréhension de l’artiste et permettent d’appréhender l’empreinte pittoresque laissée par cet exil italien dans l’œuvre du musicien. Juin 2012, Catalogue du Musée Hector-Berlioz, Éditions Fantin-Latour interprète Berlioz Ouvrage collectif sous la direction de Chantal Spillemaecker et Antoine Troncy Source d’inspiration, la musique a aussi profondément influencé la peinture de Fantin-Latour. Considéré comme « le peintre des musiciens » par ses contemporains, il développe un style fluide et vibrant dans l’esprit de la musique. Les regards croisés de deux historiennes de l’art et d’une musicologue renouvellent la compréhension de l’artiste en révélant un mélomane averti, mais aussi un grand connaisseur des lignes mélodiques et du langage musical. Grâce à une iconographie rassemblant près de quatre-vingts œuvres de Fantin consacrées à Berlioz, cette approche inédite éclaire le rapport subtil entre le monde des images et l’univers des sons. Juillet 2011, Catalogue du Musée Hector-Berlioz, Éditions Libel, 96 pages, 22 ¤ D’ombre et de lumière Trésors cachés, trésors profanes Ouvrage sous la coordination de Géraldine Mocellin Signes de piété, symbole d’intemporalité, objets de pouvoir, ces Trésors d’origines diverse, Trésor d’église, Trésor funéraire, Trésor monétaire, Trésor princier... relatent, le temps d’une exposition, deux millénaires de techniques, d’usages et de création. Juillet 2011, Catalogue du Musée de Saint-AntoineL’Abbaye, Conseil général de l’Isère, 128 pages, 25 ¤ Entre Flandres et Italie. Princes collectionneurs Ouvrage collectif coordonné par Géraldine Mocellin-Spicuzza Dans le sillage des trésors médiévaux constitués à l’abri des abbayes et des palais, la collection est une fenêtre ouverte sur le monde et ses composantes. A travers les signes tangibles du pouvoir autant que d’un savoir éclairé et curieux, la collection devient, au sein de bibliothèques et de cabinets, un abrégé de la nature tout entière. Le creuset délectable de diffusion artistique qui s’épanouit entre Flandres et Italie, foyers féconds de l’influence pérenne, façonne l’identité de ces princes collectionneurs dans le sillage desquels s’inscrivent les Hospitaliers de Saint-Antoine au moment où la frontière entre ce qui relève du Trésor proprement dit et de la collection s’amenuise. Juin 2012, catalogue du Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye, Conseil général de l’Isère, 132 pages, 25 ¤
PATRIMOINE EN ISÈRE LE JOURNAL N°25. 40 pages Septembre 2012 Conseil général de l’Isère 7, rue Fantin Latour 38031 Grenoble cedex 1 04 76 00 31 21 www.isere-patrimoine.fr Directeur de la publication : Emmanuel Henras Rédactrices en chef : Hélène Piguet et Béatrice Ailloud Contributeurs : Christel Belin, Alice Buffet, Anne Cayol-Gerin, Jean-Pierre Chambon, Alain Chevalier, Annick Clavier, Christiane Dampne, Sophie Dupisson, Ghyslaine Girard, Jean Guibal, Laurence Huault-Nesme, Agnès Jonquères, Delphine Jouve, Isabelle Lazier, Bénédicte Magne, Lise Marcel, Géraldine Mocellin-Spicuzza, Alain de Montjoye, Séverine Penon, Chantal Spillemaecker, Élise Turon, Sylvie Vincent. Conception graphique : ericleprince.com Tirage : 10 000 ex. Dépôt légal 3ème trimestre 2012 ISSN : 1269-3227 Crédits photos : Henri-Jacques Bourgeas (p.16), Bernard Ciancia (p.8 et 9), Guy Delahaye (p.19), Alain Fischer - Ville de Grenoble (p.29), Valérie Gaillard, Francis Helgorsky (p.27), Bénédicte Magne, David Richalet (portfolio inventaire p.3 à 7), Sébastien Secchi (p.10 et 34), Service du patrimoine culturel, Denis Vinçon. En couverture : Compagnie Courrier de nuit, Charavines / Lac de Paladru, juillet 2012 © Bernard Ciancia
N°25 Sur le web : www.isere-culture.fr www.isere-patrimoine.fr www.isere-archives.fr www.ancien-eveche-isere.fr www.musee-dauphinois.fr www.musee-hebert.fr www.musee-hector-berlioz.fr www.musee-revolution-francaise.fr www.musee-saint-antoine.fr www.resistance-en-isere.fr www.saint-hugues-arcabas.fr www.maison-berges.fr www.musee-archeologique-grenoble.fr www.museechampollion-isere.fr
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