Journal Patrimoine en Isère n°27 - sept. 2014

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Le Journal

*[Patrimoine sonore !]

09.2014

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É D I TO

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a conservation du patrimoine, sa restauration et sa valorisation auprès du public, parce qu’elles répondent à des considérations esthétiques, à des souhaits d’aménagement du cadre de vie, à des envies de connaissance ou de partage sont aujourd’hui largement inscrites dans nos actions. Tout au moins si l’on considère le patrimoine qui fait consensus largement représenté par les châteaux et quelques églises anciennes…Mais il est un patrimoine que l’on ne voit pas, immatériel, peu reconnu, peu protégé, peu mis en valeur alors qu’il s’agit peut-être de celui qui nous est le plus cher, à notre insu. De la cloche qui rythme le temps à l’orgue qui accompagne les cérémonies, de la clameur de la foire à l’histoire colportée, le patrimoine sonore est présent à tous les moments de la vie et en tous lieux. Ce nouveau numéro du journal Patrimoine en Isère, le vingt-septième, accompagne une fois encore les Journées européennes du patrimoine. Des musées aux églises, du poste de radio à la rencontre avec un conteur, du bruit de la foule au silence du monastère, nous vous proposons cette année d’écouter le patrimoine… Le président du Conseil général de l’Isère Alain Cottalorda

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INVENTAIRE

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LE GUIDE LECTURES

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INVENTAIRE

La base de données du patrimoine de l’Isère : un outil à vivre

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ne base consacrée à l’Isère accueille les résultats des des éléments généraux (typologie des fermes, caractères d’une travaux menés par le service du patrimoine culturel rue) complètent les zooms sur des constructions particulièrement du Conseil général. Le dernier inventaire réalisé représentatives ou hors normes. C’est donc un tableau très complet de sur les Vals ce qui caractérise la commune, Base de données = « conteneur informatique permettant du Dauphiné constitue son cadre quotidien a créé plusieurs milliers de de stocker [...] l'intégralité des informations en rapport avec et témoigne de son histoire sur fiches, tant sur le bâti que sur le une activité. [..] Une base de données est la pièce centrale la longue durée. Il n’y a pas de mobilier, rassemblant l’essentiel des dispositifs informatiques qui servent à la collecte, au commune sans patrimoine…. des données recueillies sur Les usages touchent à la stockage, au travail et à l'utilisation d'informations » nous les cantons de La Tour-duculture bien sûr, au tourisme Pin, Pont-de-Beauvoisin et dit…. Wikipedia, qui en est une elle-même… Nous avons évidemment mais aussi à Virieu. Bien sûr, une version tous pris l’habitude d’aller chercher ainsi très vite des l’urbanisme. A la suite des synthétique de ces fiches sera informations et le patrimoine n’est pas en reste. précédents inventaires, l’Isleprochainement mise en ligne d’Abeau a créé des panneaux (www.isere-patrimoine.fr) pour être consultable par tous dans la ponctuant des circuits de promenade et un livret d’interprétation. longue durée. Curieux, connaisseurs, militants, chercheurs savent Des offices de tourisme y ont puisé de quoi construire une venir y fouiner et ne manquent pas de la faire vivre en signalant les projection permanente (Corps) ou des visites (La Mure, Vaulx-Milieu, erreurs ou les manques. Bonnefamille). Les bulletins municipaux de Salagnon ou de Quet-enMais au-delà, la base est un véritable outil au service du développement Beaumont s’en sont emparés, contribuant largement à sensibiliser et de l’aménagement du territoire. Chacune des 43 communes les habitants. Meyrié, La Mure, Bourgoin-Jallieu ou Saint-Alban-deinventoriées a été ainsi conviée, élus et techniciens, à venir recevoir Roche ont utilisé l’outil pour élaborer leur PLU. Qu’il s’agisse en effet en mains propres les résultats. Déjà destinataire de l’ouvrage de de modifier le Plan Local d’Urbanisme, qu’un propriétaire demande synthèse paru en 2013, chacune s’est vue remettre sous forme papier un permis de construire ou une autorisation de travaux, que le conseil et sous forme informatique la totalité des fiches du patrimoine bâti et municipal souhaite réaménager un bâtiment communal, élus et mobilier qui la concerne. Un cadeau utile : les édifices majeurs publics techniciens peuvent s’appuyer sur ces informations pour établir un ou privés, les bâtiments cultuels ou industriels, le « petit » patrimoine diagnostic, poser des orientations ou étayer un projet, comme cela (lavoir, fontaine, borne, cadran solaire, croix de chemin …), les tombes s’est déjà fait à Prunières ou à Villard-Saint-Christophe. Au quotidien, remarquables, les sites archéologiques et autres tracesd’activités la base de données informe, contribue à la réflexion et permet des artisanales y sont répertoriées. En matière de bâti urbain et rural, choix raisonnés qui n’oublient pas l’irremplaçable patrimoine. L

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I N V E N TAI RE

Une campagne de labellisation amorcée

Les inventaires fournissent au fur et à mesure de leur avancement bon nombre de découvertes méritant d’être labellisées. Comme à l’issue des campagnes précédentes, une première série de propositions a été soumise à la sagacité des membres de la commission label. La sélection porte sur le patrimoine religieux, les fortifications du Moyen Âge et les châteaux ou demeures de l’époque moderne.

s

ur cette terre riche en châteaux, une dizaine d’édifices bénéficient d’une protection au titre des Monuments historiques ; trois sont déjà reconnus par le label « Patrimoine en Isère » : Vallin à SaintVictor-de-Cessieu, Champ-Levet à Corbelin, Maison-Blanche à Saint-Didier-de-la-Tour. Une nouvelle proposition a été faite en faveur du domaine de l’Epinay à Blandin d’une très belle qualité de construction : mâchicoulis, tour d’angle et grandes fenêtres à croisillons plats caractéristiques du XVIIe siècle. Deux sites ont retenu l’attention pour les fortifications du Moyen Âge. La motte castrale du Passage, non loin du château, constitue l’un des exemples les plus impressionnants de sites fossoyés de la fin du Moyen Âge. Durant les conflits delphino-savoyards, ces petits fortins désignés sous le terme de bâties, se multiplient pour conforter le réseau défensif ; celle du Passage a été érigée entre 1340 et 1342.

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A Saint-Victor-de-Cessieu, l’ancienne maison forte des Epineys, conserve quelques beaux vestiges de son passé de résidence noble. Le bâtiment, partiellement démoli sans doute à l’occasion des Guerres de Religion, est reconstruit au XVIIe siècle dans une mise en œuvre très sobre. Il renferme des aménagements intéressants dont certains inconnus jusqu’alors. Le panel n’est pas moins large sur la thématique du patrimoine religieux. De l’ancienne chapelle gothique, devenue sanctuaire de l’église de Doissin, à l’étonnante cure de Virieu de l’extrême fin du XIXe siècle, en passant par les croix de chemin, c’est un patrimoine aux multiples facettes qui a été dévoilé … Gageons que les propriétaires sauront se montrer sensibles à l’infinie richesse de ce patrimoine. L > Voir également page 23

FOCUS

L’église Saint-Martin, Doissin

Edifié en limite du coteau, et bien visible depuis la vallée de la Bourbre, l’édifice renferme une ancienne chapelle familiale caractéristique du dernier art gothique, bâtie à l’origine contre le flanc nord de la nef médiévale. Lors de la reconstruction de l’église, entre 1839 et 1845, le choix est fait de conserver l’ancienne chapelle latérale et d’en faire le nouveau sanctuaire, en modifiant l’orientation de l’édifice. La chapelle est couverte d’une voûte sur croisée d’ogives, à liernes et tiercerons, portant une remarquable décoration héraldique. Les clefs sont formées de rosaces délicatement sculptées à jour, sur lesquelles se détachent les écus armoriés. Ils désignent Antoine Rigaud, seigneur de la maison forte de Doissin mort après 1523, comme fondateur de la chapelle, elle-même reconstruite en remplacement de celle fondée par ses ancêtres. Sa veuve, Anne-Laure, dont les armoiries sont également figurées, est connue par son testament de 1534 ; ce qui permet de dater l’édifice des premières années du XVIe siècle. La chapelle était à l’origine directement accessible depuis l’extérieur, par une porte ménagée dans sa paroi ouest. Peu visible car mutilée au XIXe siècle pour agrandir le passage vers le clocher, elle est surmontée d’un écu plain en relief, taillé en épargne, portant probablement des armoiries peintes.


L’inventaire des Vals du Dauphiné, toujours d’actualité Deux ans de travail de recherche sur le terrain et une année de synthèse ont été nécessaires pour livrer au public une riche publication et une exposition qui se promène depuis 17 mois maintenant entre les Vals du Dauphiné et Grenoble. Et le partage de cette collecte ne s’arrête pas là : l’exposition continue son voyage, notre connaissance continue de s’enrichir, nos bibliothèques également…

Presque un objet mystère

Ce grand coffre étroit sans fond, maladroitement percé de quatre poignées inégales et porté par de hauts pieds incurvés est pour le moins insolite. Sa forme et sa taille évoquent au premier abord un cercueil. Le bois peint en noir comporte des motifs blancs : une grande croix sur le dessus, des

larmes, des ossements croisés sous une tête de mort. Découvert dans l’église de Montcarra, cet objet est l’unique exemplaire que nous ayons rencontré au cours de nos inventaires du patrimoine de l’Isère. Il a donc fait l’objet d’une enquête minutieuse. Dans les textes tout d’abord nous relevons un témoignage de Jean Fréchet, prêtre qui dans son ouvrage Vie, traditions, coutumes des terres froides et du Dauphiné évoque les

messes "célébrées en semaine, en noir, avec le mort en bois et la famille du défunt (…) Ce mort en bois était un catafalque peint en noir et blanc, ressemblant à un énorme cercueil". Des échanges avec nos homologues savoyards nous ont confirmés l’existence d’objets similaires, quoique peu fréquents, associés à des pratiques analogues. La rareté de cet objet justifiait une restauration afin d’en assurer la conservation. La

commune a candidaté avec succès au concours proposé par Arc Nucléart qui récompense les lauréats par la prise en charge du traitement et de la restauration des objets. Les travaux sont en cours : après le constat d’état opéré par Sabrina Vétillard, l’objet a été désinsectisé par irradiation gamma. Suivra la restauration : dépoussiérage et nettoyage puis la consolidation et les retouches de la polychromie. L

L’inventaire

En partenariat avec Moly-Sabata (résidence d’artistes située à Sablons), Muriel Rodolosse et Josué Rauscher ont été invités à réaliser une exposition d'art contemporain en écho à l'inventaire du patrimoine des Vals du Dauphiné. Leurs œuvres questionnent la notion de l'archive et de ses présentations. Cet ouvrage prolonge l'exposition des œuvres et constitue une nouvelle facette de ce territoire. L Sous la direction de Joel Riff Février 2014, Édition Conseil général de l’Isère, 160 pages, 25 €

L’inventaire s’exporte !

L’exposition Patrimoine en Isère les Vals du Dauphiné prend ses quartiers d’automne au Musée de Bourgoin-Jallieu avant de regagner définitivement les cartons. Là encore, visites, ateliers pour les enfants, conférences l’accompagneront. C’est votre dernière chance de la voir… ou la revoir ! L Du 18 septembre au 30 novembre 2014 Maison forte de Bellegarde, Chassignieu

Les Vals du Dauphiné à la carte

Soixante étapes pour découvrir la richesse et la diversité du patrimoine des Vals du Dauphiné. Des vestiges gallo-romains aux églises néogothiques du XIXe siècle, en passant par les nombreux châteaux et belles demeures, les musées et bien sur les éléments quotidiens du patrimoine rural, cette carte vous invite à garder les yeux ouverts…attention patrimoine ! L Août 2013, Édition Conseil général de l’Isère, 2 €

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PATRIMOINE SONORE

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Microphone Grundig, 1956 coll. particulière (exposition Musée Hector-Berlioz)


DOSSIER

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ermez les yeux et écoutez… Les sons remplissent notre quotidien, nous les percevons et en produisons sans cesse. Intimement liés à nos langues, nos paysages et nos cultures, ils participent chaque jour à l’élaboration d’un patrimoine immatériel commun. S’y intéresser, c’est tout naturellement approcher les individus, leur vie, les relations entre la matière sonore et l’environnement dont elle provient. Les sons franchissent les murs et en disent beaucoup. Pourtant, leur usage en tant que source historique est récent. Il faut rendre hommage aux initiateurs de l’enregistrement sonore et de sa restitution qui ont révolutionné nos pratiques culturelles et notre rapport à l’histoire. Dès la fin du XIXe siècle, ethnologues, linguistes, musicologues ont mis à profit ces nouvelles techniques pour constituer les premières archives sonores, mémoire de l’humanité. Notre époque éminemment audiovisuelle a sans nul doute renforcé cet intérêt et il est aujourd’hui difficile de faire l'impasse sur des documents souvent porteurs d’émotions et émulateurs d’imaginaire. Richesse des contenus (traditions orales, archives parlées, témoignages…), diversité des médiums (instruments, voix, lieux…), complexité des supports (du phonographe au mp3), le sujet est vaste. À travers quelques démarches, initiatives et portraits choisis, ce dossier bien modestement tentera d’en donner un aperçu. Ouvrez grand les oreilles, en Isère, le son est choyé, ses amoureux et défenseurs s’attachent avec passion à le récolter, le conserver et le transmettre. Avec eux, saisissez l’air de tous les temps... L

Ce dossier s’écoute aussi sur www.isere-patrimoine.fr/2901-patrimoine-sonore.htm Des sons sont associés à chaque article de ce dossier Ecoutez-les en ligne Détail de la playlist précisé en bas de chaque page

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D O S S IER

Vous avez dit « immatériel » ? Comment les sons et, plus largement, les traditions, les savoir-faire, les gestes… définissent-ils un territoire autant qu'ils le révèlent ? Comment dessinent-ils une appartenance commune à ce territoire ? En quoi les traces sonores, qu’elles soient liées à la langue, à l’environnement, à la culture contribuent-elles à la constitution d’une mémoire partagée ? Petit précis d’immatérialité et d’oralité avec le Musée dauphinois, porte-voix des patrimoines sensibles.

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’est bien tardivement (en 2003) que l’Unesco a jugé nécessaire d’identifier un « patrimoine culturel immatériel ». Si l’on veut préserver la diversité des cultures, il est grand temps en effet de se préoccuper de ces innombrables sociétés qui n’ont construit ni pyramides ni cathédrales et sont de fait exclues des prestigieuses listes du patrimoine de l’humanité. Distinguer un chant traditionnel, une danse rituelle, une fête, un savoir-faire, une préparation alimentaire, etc., c’est donner une dignité à des cultures trop souvent ignorées, c’est élargir une définition du patrimoine par trop occidentale, privilégiant les seules dimensions artistiques et monumentales. Fort heureusement, les folkloristes du XIXe siècle, les ethnologues

sonnailles des troupeaux jouent un rôle majeur ; les sonorités de l’atelier d’artisan, où se reconnaît chaque outil ou chaque geste technique ; jusqu’au brouhaha des fêtes, foires et marchés ou aux chahuts des cours de récréation ou des fins de repas familiaux… Toutes données dont la conservation est souvent illusoire, mais dont le musée doit tenter de préserver l’essence. Pour la restituer, ou tout au moins l’évoquer, dans chaque exposition, comme une composante majeure de toute culture. L

du XXe, n’ont pas attendu la convention de l’Unesco et ont prêté une attention soutenue à ces éléments transmis par la seule voie orale, par les usages et les pratiques, familiales ou collectives. Le Musée dauphinois fait partie de ces quelques musées régionaux pour lesquels il n’est pas de frontière entre la matérialité et l’immatérialité du patrimoine. Loin du fétichisme du « bel objet », il s’agit en effet d’associer à chaque artefact entré dans les collections les données immatérielles qui lui donnent tout son sens. Ces objets de la vie domestique, ces outils d’artisan, ces marques religieuses, ces repères de la vie communautaire, sont indissociables des gestes qui les ont animés, des savoir-faire qui les ont mis en œuvre, des rituels dans lesquels ils avaient valeur de symbole, etc. : données évanescentes sans lesquelles l’objet n’a plus de signification. Mais une autre part du patrimoine immatériel n’est attachée à aucune forme matérielle. Parce qu’il a eu la chance insigne d’avoir compté parmi ses conservateurs l’un des meilleurs spécialistes français de la littérature orale, Charles Joisten, le Musée dauphinois conserve précieusement et a pu publier plusieurs volumes de contes populaires, des récits légendaires, des chansons traditionnelles, etc. Patrimoine sonore par excellence, aujourd’hui consigné sur le papier, la bande magnétique ou le fichier numérique, cette littérature témoigne de la richesse des cultures traditionnelles mieux que ne pourra jamais le faire aucun objet. Avec au cœur de cette expression, la diversité des langues régionales, les formes locales du français et plus encore les accents et intonations, aujourd’hui en voie de disparition, qui composent (composaient ?) le véritable creuset de l’identité des cultures. Au-delà de la voix humaine, le paysage sonore dont s’entoure chaque société présente des spécificités que les procédures de conservation sont bien en peine de consigner avec précision. Les sonneries des clochers de nos villages sont ainsi des marqueurs de l’espace, voire des armoiries sonores de chaque communauté ; dans les Alpes, les

08 Portrait de Charles Joisten coll. Musée dauphinois.


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a phonothèque du Musée dauphinois a été créée en 1971. A cette date, JeanPierre Laurent devient directeur du musée. Il utilise déjà le témoignage oral comme une composante de la muséographie en incluant du son dans les expositions. Charles Joisten (1936-1981) est alors ethnologue et conservateur au Musée dauphinois. Sa vie durant, il va collecter la littérature orale. C’est la complémentarité de leur démarche qui permet la création de la phonothèque. Pour eux, le phonogramme a autant d’importance dans la constitution des collections du musée que l’objet matériel ou même la photo-

Jardins invisibles Ballade interactive pour smartphones et jardins Installation d’André Serre-Milan au Musée dauphinois Festival Les Détours de Babel, avril 2014

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t si l’ouïe, avant tout, conduisait le visiteur dans sa découverte d’un lieu ? Et si un compositeur tentait une création numérique pour musée, roseraie, terrasses et mémoire sonore ? Le festival Les Détours de Babel a relevé le défi avec le compositeur André Serre-Milan et proposé au Musée dauphinois, en avril dernier, l’expérimentation d’un parcours d’un genre nouveau. Pas de plan ou de carte, oubliés les cartels, inutile la signalétique, la découverte des jardins du musée pour le visiteur-auditeur se déroule selon une étrange partition et un principe… déroutant. Equipé d’un casque et d’un smartphone, le promeneur découvre une œuvre sonore immersive et géolocalisée au fil de dix morceaux « fixés » géographiquement dans le parc et les jardins. La musique, enrichie de très courts extraits de témoignages issus de la phonothèque du musée, dessine sans discontinuité une nouvelle géographie du lieu, et autorise chacun à créer, par son parcours propre, une composition unique et personnelle.L

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INVENTAIRE

Un fonds sonore exceptionnel : la phonothèque du Musée dauphinois

graphie. La phonothèque rassemble aujourd’hui environ 2 500 phonogrammes dont 2 000 bandes magnétiques (les plus anciennes remontent à 1955) et 500 cassettes, toutes numérisées. Les principales thématiques sont les métiers, la vie quotidienne d’autrefois, les croyances et fêtes, les chansons populaires, les communautés immigrantes, les ambiances sonores. Elle comprend également des enregistrements d’émissions de radio et de conférences. Aujourd’hui la phonothèque tend encore à s’enrichir grâce aux divers enregistrements occasionnés par les différentes expositions ou encore les dons. L

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www.musee-dauphinois.fr

www.detoursdebabel.fr

> Musée dauphinois, témoignages de gens de l’alpe recueillis par Charles Joisten > Musée dauphinois, phonothèque Différents locuteurs récitent le poème Plume d’Henri Michaux en langue régionale (alsacien, basque, breton, corse, créole, flamand, franco-provençal, langue d’oc, langue d’oil et catalan). Exposition La différence, enregistrement et montage sonore, 1995. > André Serre-Milan raconte la naissance du projet d’installation "Jardins invisibles"

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DE BOUCHES À OREILLES

D O S S IER

Benoît Thibergien

Grégoire Chelkoff

Musicien et compositeur, Benoît Thibergien est le directeur du centre international des musiques nomades (CIMN), basé à Grenoble, et du festival « les Détours de Babel ».

Grégoire Chelkoff est architecte, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble et responsable de recherche au Centre de recherche sur l'espace sonore et l'environnement urbain (CRESSON), unité mixte du CNRS. Il est l’initiateur de la plateforme Internet Cartophonies.

D Le patrimoine sonore (en quelques mots) « La naissance de l’enregistrement dessine une frontière historique essentielle. Avant, le patrimoine sonore désigne surtout le patrimoine immatériel (chants et musiques). Puis, le fait de pouvoir capter et restituer les sons élargit ce patrimoine musical à l’empreinte sonore d’un lieu, d’un territoire. C’est la notion de « paysage sonore » (soundscape) inventé par Raymond Murray Schafer dans les années 1970. » D Saisir, conserver, valoriser, créer « La mission première du CIMN est de favoriser la création artistique en élargissant la musique vocale instrumentale aux arts sonores. Et le son peut porter l’empreinte d’un territoire, d’un lieu. C’est ce que nous cherchons à valoriser en intégrant des musiques traditionnelles dans des projets de création, des paysages sonores dans des œuvres « mixtes » (instrumentales et électroniques) mais aussi en travaillant sur des sites offrant des qualités acoustiques particulières. La balade musicale et patrimoniale interactive Jardins invisibles proposée au Musée dauphinois, ce printemps, en est un exemple. » (cf page 09)

D Un paysage (sonore) choisi « Les voix, vivantes ou disparues, me touchent particulièrement. Je pense notamment aux témoignages que l’on pouvait écouter au Musée dauphinois dans des expositions consacrées à l’immigration. Mieux qu’un autre support, le son permet de redonner « vie » à l’autre et de comprendre comment notre territoire s’est enrichi grâce à ces cultures différentes. » D (Une de) mes plus belles histoires de son « Après la fin du concert de clochers organisé il y a dix ans à Grenoble, une dame âgée est venue vers moi pour me confier qu’elle n’avait pas entendu les cloches jouer ainsi ensemble depuis la Libération ! Le concert avait réactivé un souvenir sonore enfoui et l’émotion ressurgissait intacte… Je ne l’oublierai pas. » L

D Un paysage (sonore) choisi « Le concert involontaire des écoulements de l’eau lorsque j’arrive à l’école d’architecture les jours de pluie. Venant de toutes parts, ces ruissellements discrets se mêlent aux sons de la rue, modifient leur perception et disent autre chose de cet édifice. » D (Une de) mes plus belles histoires de son « C’est un fragment sonore (que l’on peut écouter sur le site Cartophonies) de la criée d’une ville bretonne. On y entend le vendeur décliner à toute vitesse les prix de chaque lot de manière décroissante jusqu’à ce qu’un acheteur soit preneur. C’est une immersion dans un univers professionnel sonore unique. » L

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www.cartophonies.fr

www.detoursdebabel.fr

> Campana de Lorenç Barber, concert de cloches Festival Les Détours de Babel 2013

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D Saisir, conserver, valoriser, créer « Depuis 1979, le CRESSON explore la diversité des expériences auditives et contribue à les décrypter afin de mieux comprendre les milieux habités, les espaces et les ambiances contemporaines. Le site Internet Cartophonies permet d’écouter des fragments sonores géolocalisés, datés et commentés. Cartophonies va ainsi au-delà de la mise à disposition d’archives sonores. Il se différencie des autres sound maps en ligne car il propose des analyses portant sur les effets sonores ressentis et sur les liens existant entre le son, l’espace urbain et architectural et les pratiques sociales. »

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D Le patrimoine sonore (en quelques mots) « C’est l’empreinte sonore de nos existences enracinées dans l’espace et le temps. Ce n’est pas seulement l’extraordinaire, c’est aussi tout ce qui est remarquable dans l’ordinaire : le son d’une cloche au loin, le souffle du vent à la lisière d’un bois, l’ambiance d’un boulodrome, le bruit des machines industrielles… »

> La criée à Lesconil, 2000 Cartophonies


Marc Mallen

Corinne Pontier

Henry Torgue

Ethnopastoraliste, Marc Mallen dirige le centre de l'oralité alpine (COA) installé dans les HautesAlpes. Avec ses partenaires locaux, le COA participe à la collecte, à la conservation et à la diffusion de témoignages oraux, notamment via le site Internet Pierres qui roulent.

Artiste pluridisciplinaire, Corinne Pontier emmène « Ici-Même Grenoble », un collectif à géométrie variable fondé en 1993. Ancrées dans l’espace urbain, ses créations protéiformes et expérimentales proposent une exploration sensible de l’espace public.

Pianiste, concertiste, compositeur, Henry Torgue fait dialoguer la musique et l’image dans des créations destinées aux arts vivants (et notamment celles de J.-C. Gallotta, C. Carlson ou P. Genty…). Henry Torgue est aussi un sociologue dont les travaux de recherche interrogent l’imaginaire de la ville.

D Le patrimoine sonore (en quelques mots) « C’est l’incarnation de la mémoire, ce qui donne du caractère et de l’épaisseur à la notion d’histoire. Grâce à l’enregistrement, l’oralité, c’est-à-dire la parole du quotidien, devient un patrimoine sonore qui peut être transmis et partagé. »

D Le patrimoine sonore (en quelques mots) « C’est un ensemble que l’on ne peut réduire à la somme des éléments qui le composent. Le patrimoine sonore est un espace sensoriel, fluide et flottant, où le bâti et le vivant interagissent dans le temps. Il interroge aussi : “Que ne faut-il pas oublier d'écouter ? »

D (Une de) mes plus belles histoires de son « C’est le POM consacré à Lucie Zecconi, une jeune professeure de lettres devenue agricultrice dans le Valgaudemar. Enquêteur, photographe, monteur ou musicien, chaque intervenant a porté son regard sur Lucie et la collision de nos subjectivités a enluminé la rencontre. » L www.pierresquiroulent.fr

> « Un lien entre tout ça », Lucie Zecconi, agricultrice et professeure de lettres, Chauffayer, Valgaudemar, 2013 Pierres qui roulent

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D Un paysage (sonore) choisi « Lorsqu'un TGV est à l'arrêt, on peut s'approcher de l’avant de la motrice, et entendre un ensemble sonore fait de cliquetis de lamelles métalliques sur fond de soufflerie. Quand j'entre dans une gare, je peux toujours distinguer ce son dans l'ambiance générale. Je peux choisir de le tenir à distance ou bien me lancer dans un corps à corps plus physique... Ce son m’émerveille, c’est ma petite madeleine ! » D (Une de) mes plus belles histoires de son « Je me rappelle avoir guidé une femme très âgée pour un arpentage aveugle dans la gare de Budapest. Lorsqu’elle a ouvert les yeux au bout du quai, après un long silence, elle a demandé une cigarette alors qu’elle n’avait pas fumé depuis des dizaines d’années. La promenade sonore avait fait surgir de très anciens souvenirs : c’était surprenant et émouvant. » L Y www.icimeme.org

> La Notte, #Cinéma pour l'oreille,

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D Un paysage (sonore) choisi « En tant que collecteur, je suis parfois saisi par le frisson de la rencontre humaine qui permet de rentrer dans l’histoire de l’autre. Je me rappelle par exemple un garde-moniteur du Parc national des Écrins me racontant sa vie d’avant, lorsqu’il était sous-marinier ! En tant qu’auditeur, j’ai été très touché par l’exposition de portraits « Caractères d’altitude » car le cadre du Musée dauphinois faisait résonner autrement le son des voix que je connaissais. »

D Saisir, conserver, valoriser, créer « Ici-Même [Gr.] construit des expériences vivantes in situ centrées sur le son du quotidien. Nous avons affiné au fil du temps une technique de guidage, et des outils de composition qui permettent au public convié de vivre de profondes immersions sonores à l'écoute du monde. Le dispositif “concert de sons de ville” invite le public à marcher les yeux fermés, en se laissant guider, pour se mettre à l’écoute de la ville ordinaire, avec son corps et ses oreilles. Prendre le son, sans appareil enregistreur, est le premier pas vers l'écoute. »

manipulations nocturnes et ferroviaires, 2010

Ici-même

D Saisir, conserver, valoriser, créer « Lorsque je crée la musique d’un spectacle, je cherche à guider le regard sensible du spectateur. Pour le ballet de marionnettes sur l’eau Andersen au Vietnam, créé en 2014, j’ai tourné le dos à toute forme d’exotisme pour puiser l’inspiration dans un patrimoine sonore universel afin d’accorder l’évocation des sentiments des contes à un large auditoire. » D Un paysage (sonore) choisi « Depuis le mont Rachais ou le Saint-Eynard, juste au-dessus de Grenoble, on peut écouter un paysage vertical foisonnant. En bas, la rumeur de ville ; ensuite et selon le temps, le bruit de la pluie, du vent… Plus haut, dans la verticalité extrême, un cri d’oiseau, le bruissement magique d’un planeur… Au gré des jours, suivant l’humeur, cet étagement sonore varie et l’émotion se renouvelle. » D (Une de) mes plus belles histoires de son « Je pense à un concert de piano solo : les spectateurs dans la salle et moi, sur scène. Bientôt, l’émotion gagne l’auditoire et le concert devient une aventure collective. Il n’y a plus de je ni de eux, seulement un nous qui invite à partager un moment de plénitude humaine. » L

> Aruana song, in Vertiges, Henry Torgue et Serge Houppin, 2001 > L’archipel des sirènes, in Ulysse (création pour le spectacle de Jean-Claude Gallotta), Henry Torgue et Serge Houppin, 1993

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D Saisir, conserver, valoriser, créer « En sept ans, le COA a réalisé 600 enquêtes auprès d’habitants sur des sujets aussi variés que l’arrivée du tracteur ou les stations de ski. En amont de la collecte, nous travaillons avec notamment des historiens et anthropologues, pour définir les contours d’un corpus d’enquête (sujet, zone, échantillon). En aval, une centaine de petits objets multimédias (POM) mêlant sons et images ont été réalisés et mis en ligne sur le site Pierres qui roulent. Toutes les enquêtes sont par ailleurs archivées dans une phonothèque. »

D Le patrimoine sonore (en quelques mots) « C’est ce que le présent voudrait garder du passé pour le confier à l’avenir. Le patrimoine sonore est fragile, difficile à fixer mais aussi à partager verbalement car nous n’y sommes pas habitués. Mise à part la musique, on décrypte mal l’environnement sonore : on se limite à savoir si l’on aime ou pas, s’il nous gêne ou pas. Le crissement d’une voiture nous stresse, l’enregistrement de voix disparues nous immerge dans l’émotion et nous manquons de mots pour le dire… Comment dépasser le cap de la nostalgie ? »

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D O S S IER

le paysage sonore de l’an mil Bien connu grâce aux longues fouilles dont il a été l’objet, le site archéologique de Charavines-Colletière permet dans une large mesure de reconstituer l’ambiance sonore qui pouvait y régner durant la première moitié du XIe siècle.

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ur les berges du lac de Paladru, dans un espace forestier

produisaient les sons assez voisins de ceux émis par nos jouets

où croissaient les arbres exploités pour la construction

d’enfants. Ces instruments incitent à jouer des mélodies rythmiques

ou les artisanats, résonnaient l’écho du bûcheronnage

mais exigent, pour produire une musique assez longue, d’employer

(choc des haches contre les troncs, abattage), le chant

la respiration circulaire qui consiste à inspirer par le nez pendant

des oiseaux (pie, corneille, merle, pigeon ramier, buse,

que l’on souffle par la bouche. Technique difficile, qui entraînera

geai) et les appels des mammifères sauvages (chevreuil, cerf,

l’invention de poches faites avec des vessies et des viscères de porc,

sanglier). Sur le lac lui-même, on pouvait entendre ceux d’espèces

dont les premiers témoignages datent de 1050 environ.

typiques de la roselière (colvert, fuligule morillon, busard, héron) ou

Parmi plusieurs flûtes en os percées de deux ou trois trous, il

des plans d’eau (oie, milan noir) et d’autres animaux peu (grenouille)

en existe une munie d’un orifice destiné à la fixation d’un lacet

voire jamais consommés (foulque macroule, fauvette aquatique,

indispensable pour ne pas perdre la flûte lorsque tous les trous sont

grèbe, butor étoilé, crapaud

ouverts. Ce détail révèle que

commun). A cette liste il faut

le musicien jouait à une seule

aussi ajouter des limicoles tels

main, la deuxième frappant alors

que le chevalier gambette et le

un tambourin ou agitant une

pluvier doré, comme le prouve

clochette. La même remarque

la découverte d’un appeau qui

vaut pour les frestels (sorte

les imite parfaitement. Amortis

de « flûte de Pan » taillée dans

par

enceinte

une planchette en bois), que les

défensive qui protégeait le site

bergers pouvaient employer en

mais cependant audibles, de

assurant le gardiennage de leur

nombreux bruits parvenaient

troupeau. Identifiées grâce à des

à l’extérieur : sonneries de

chevalets servant à porter les

cor, voix s’exprimant dans

cordes au-dessus de la table,

un dialecte franco-provençal,

les vièles sont des instruments

chansons accompagnant les

plus élaborés, accompagnant

travaux des jours, cris du

les chants profanes. On le voit,

cheptel

les

la

puissante

domestique

(porc,

bovins, mouton, chèvre, âne,

instruments

médiévaux

de Charavines répondent à

volailles), abois des chiens,

des besoins variés. Certains

hennissement des chevaux et tous les sons provenant des ateliers

(les cors) servaient à annoncer des événements collectifs ou à

(charpenterie, forge, maréchalerie). En ce qui concerne la musique

communiquer sur de moyennes ou de longues distances. Les plus

proprement dite, une série de cors en céramique atteste le rôle

nombreux (flûtes, muses, frestels) témoignent d’un intérêt soutenu

important qu’ils remplissaient dans la vie communautaire : réveil,

pour la musique à usage individuel ou à destination d’un petit groupe

début et fin du travail, appel aux repas, réunion, alerte et, sans doute,

(habitude fréquente dans le monde pastoral). Mais quelques-uns

offices religieux. Certes, de pareils instruments produisent une seule

(vièles), qui sous-entendent une culture « savante », ont, comme

note, mais l’alternance de rythmes variés est aisément compréhensible

d’ailleurs le jeu d’échecs, probablement été le privilège de la famille

lorsque les codes sont connus de tous. Les expériences conduites avec

dominante et de son entourage. Cette remarque va dans le sens de

des cors similaires ont par ailleurs démontré une portée supérieure à

divertissements sélectifs, selon le statut social des habitants.

L

5 kilomètres. La sonnaille trouvée dans la stabulation révèle d’autre part que ce genre d’accessoire équipait parfois les moutons et les chèvres. L’imagerie du Moyen Âge suggère qu’au moins une partie des troupeaux était « ensonnaillé », de préférence les animaux mâles. Simples et doubles, les muses recueillies à l’intérieur de l’habitat

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12

> Pièces jouées grâce à la reconstitution d’instruments médiévaux découverts sur le site de Charavines (cor, muse simple et muse double) extraits du DVD Thèm'Axe 7, instruments de musique du Moyen âge, éditions Lugdivine. Joueur de muse dans le bâtiment principal de Colletière au XIe s. Dessin André Houot


Jouez orgues, résonnez carillons ! Cloches, carillons, harmoniums et orgues constituent un important patrimoine historique qu’il est essentiel de maintenir. Cet instrumentarium qui habite églises et châteaux est souvent méconnu mais experts, passionnés et amateurs contribuent à sa longévité en militant pour sa restauration et son… utilisation. Tuyaux, battants ou soufflets, résonnez… ce patrimoine ne vaut que si il est « joué » !

I

nventorier les instruments de musique du patrimoine historique et religieux du département — orgues, cloches, carillons ou harmoniums —, dont certains peuvent être classés en tant que monuments historiques, la mission incombe à Sylvie Vincent, conservateur des antiquités et objets d’art de l’Isère. « Il s’agit de veiller à la préservation de ces objets, ces mobiliers, tout en les maintenant en lien avec leur histoire. Ainsi, par exemple, lorsqu’il est nécessaire d’intervenir sur la partie instrumentale d’un orgue, de changer des éléments, il n’est pas évident de savoir jusqu’où on peut aller sans dénaturer l’instrument. » Quant aux cloches, nombre d’entre elles sont très anciennes, comme celle du clocher de l’église gothique Saint-Symphorien de Morestel (1628). La plupart comportent des inscriptions qui racontent leur histoire : le nom du parrain et de la marraine, parfois celui du curé, la date et le blason du fondeur. Mais le danger réside dans leur électrification, les volées rapides peuvent les endommager. Parmi les quelques carillons, ensembles de cloches consonantes, que possèdent les églises iséroises, celui de Chatenay (19 cloches) et l’ensemble campanaire de Clelles sont remarquables. Au sein de ce patrimoine prennent également place les harmoniums, instruments longtemps négligés, que la Fédération française des amis de l’harmonium, sous l’impulsion de son président Jean-Bernard Lemoine, aide à inventorier. Celui de l’église de Saint-Clair-du-Rhône mérite le détour. Côté claviers, certains pianos sont aussi classés : le piano à queue et le pianoforte du château de Sassenage et le Pleyel qu’avait offert Alfred Cortot au centre médicouniversitaire de Saint-Hilaire-du-Touvet. Les instruments les plus imposants et les plus solennels de ce patrimoine sont évidemment les orgues. Ceux de Crémieu, Saint-Chef, Bourgoin ou Voiron sont classés. Celui de l’abbaye de Saint-Antoine vaut d’abord par son buffet en noyer richement orné de sculptures réalisées au XVIIe siècle et par... sa vie aventureuse ! En 1806, cet orgue, malgré les protestations des habitants, fut transféré — sous la protection de trois brigades de gendarmerie pour son démontage et son transport — dans l’église Saint-Louis de Grenoble, avant qu’il ne regagne son lieu originel sur décision d’André Malraux dans les années 1970. En 1982, l’église Saint-Louis accueille alors un nouvel orgue, construit par le facteur italien Formentelli. « Un instrument d’une très grande qualité, assure Pierre Perdigon, organiste titulaire, rapporteur à la commission des orgues historiques du ministère de la culture, dont la traction mécanique permet de moduler les notes au toucher du clavier ».

> Orgue de l'église Saint-Jean-Baptiste de Péage-de-Roussillon Pierre Astor joue un extrait du Premier livre d’orgue de Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749), 2010 > Orgue de l'église Saint-Bruno de Voiron Martin Bacot joue intermezzo de Jehan Alain (1911-1940), 2009 > Orgue de la collégiale Saint-André à Grenoble Bruno Charnay, organiste, évoque la nécessaire restauration de l’orgue, reportages de France 3 Alpes et BFM TV

Pierre Perdigon joue l’instrument pour des offices ou des concerts, interprétant essentiellement les répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles ou contemporain (Olivier Messiaen, Jean-Pierre Leguay…). L’excellente acoustique du bâtiment magnifie le son des 61 jeux de l’instrument qui, répondant à l’agilité des doigts de l’organiste sur les touches de buis et palissandre, offre à l’auditeur une expérience sonore unique. L

Orgue du sanctuaire de La Salette

JEUX D'orgues Adoptez un tuyau ! En 2011, une association s’est constituée

à Moirans pour la restauration de l’orgue Merklin installé dans l’église. Initiative assez courante qui se distingue pourtant par le moyen tout à fait original qu’elle met en œuvre depuis juin dernier pour collecter les fonds nécessaires en proposant aux généreux donateurs d’adopter une note !

Y

https://sites.google.com/site/sosmerklinmoiransorgue/nos-archives

Grandes orgues à relever La collégiale Saint-André de Grenoble dispose de l’un des deux seuls orgues symphoniques de l’Isère (le second est à Bourgoin-Jallieu). Il présente l’intérêt, grâce à ces jeux complémentaires de servir toute la musique française de César Franck à Olivier Messiaen. Des travaux de relevage sont absolument nécessaires pour assurer la pérennité de cet instrument plus que centenaire dont la dernière restauration remonte à 1946. Y

orgues.free.fr/standre/

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D O S S I ER

Le conte est bon ! Le travail d’enquête et de collectage mené passionnément pendant plus de vingt-cinq ans par Charles Joisten a sauvé de l’oubli où il allait sombrer le précieux patrimoine de la tradition orale du Dauphiné et de la Savoie, constitué de contes populaires et de récits légendaires. Depuis le milieu des années 1970, de nouveaux conteurs réactivent la pratique perdue, redonnent vie et voix à un genre dont ils adaptent le répertoire : le festival des arts du récit en Isère traduit et accompagne cette renaissance.

L

a collecte du patrimoine oral en Dauphiné et en Savoie commence comme une histoire extraordinaire. Il était une fois, à Gap, un tout jeune homme d’à peine quinze ans qui, poussé par la curiosité, décida de partir à la recherche des contes populaires, dont le grand ethnologue et folkloriste Arnold Van Gennep croyait pouvoir déplorer l’absence dans les Alpes. Les résultats ne se sont pas fait attendre et Van Gennep en resta ébahi : « Ce gamin est inouï, je n’ai jamais constaté une telle précocité, une telle passion pour l’enquête. Il nous étonnera dans les années à venir… », écrit-il dans une correspondance. La recherche de Charles Joisten (1936-1981) est lancée : en un peu plus de vingt-cinq ans, celui qui deviendra l’un des conservateurs du Musée dauphinois, constitue une œuvre monumentale comportant, notamment, la publication des contes populaires des cinq départements du Dauphiné et de la Savoie et cinq volumes consacrés aux êtres fantastiques, fées, esprits, diables, dames blanches et revenants peuplant les croyances locales et leurs récits légendaires. L’intérêt pour les productions populaires, dans leur forme authentique, s’est développé véritablement au XIXe siècle, dans le sillage du travail des frères Grimm — et en France particulièrement entre 1870 jusqu’à la première guerre mondiale. Car si, en 1697, Perrault avait rassemblé un premier recueil de contes, « ils avaient été sensiblement édulcorés pour convenir à la société cultivée de l’époque », rappelle Alice Joisten qui, après le décès de son mari, a poursuivi, avec Nicolas Abry, le classement, l’indexation, le commentaire et la publication des milliers de récits que celui-ci avait recueillis, par écrit et parfois au magnétophone (initiant ainsi la phonothèque du Musée dauphinois). Au XXe siècle, avec les mutations sociologiques, l’exode rural, l’avènement d’une société des loisirs et de la télévision, la littérature orale devient lettre morte. Tombé en désuétude, le conte n’est plus qu’un objet d’étude, d’un intérêt ethnographique, historique, patrimonial. Ce silence n’aurait-il été qu’une occultation momentanée ? Au milieu des années 1970, l’intérêt renaît pour l’art du conteur. La littérature orale prend alors rang parmi les différents genres du spectacle vivant. Le conteur puise dans le répertoire traditionnel, utilise les motifs anciens et intemporels, et n’hésite pas à adapter sa narration aux réalités contemporaines. S’il se retrouve sur scène, il n’est pas dans la représentation : il ne joue pas à l’instar du comédien, il raconte. « Les contes ont une dimension philosophique, ils portent un sens, expliquent le monde », dit Henri Touati, le fondateur du centre des arts du récit en Isère et l’initiateur du festival du même nom, structure et événement qui accompagnent le renouveau de cet

Agnès Dumouchel, conteuse, médiathèque de Sassenage, Festival Les arts du récit 2014

art de la parole. L > Voir aussi Text’machine, le projet de machine à contes au Musée dauphinois, page 27

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> Machine à raconter des histoires aux enfants Montage réalisé pour l’exposition Enfants des montagnes, 1979-1980, coll. Musée dauphinois. > Contes et formulettes du Dauphiné recueillis par Charles Joisten coll. Musée dauphinois.


Chansons, ces drôles de gammes Qui n’a pas en tête un air, une mélodie, une rengaine ? Une chanson d’enfance ou un refrain entêtant ? La chanson est partout, elle berce notre quotidien et fredonne notre histoire. Et pourtant la culture dite savante n’a pas toujours été bien tendre avec sa popularité. Les musées d’histoire et de société connaissent sa valeur mais restent prudents tant ils savent que cette matière historique est délicate à manier. De la chanson traditionnelle aux tubes actuels, sans limite de genre ou de répertoire, le Musée dauphinois, fervent défenseur du patrimoine immatériel s’y intéresse très sérieusement et prépare pour le printemps 2015 une exposition qui lui sera dédiée.

C

hants de guerre, d’amour, de travail ou religieux, chants de quête, aubades, rondes chantées, berceuses, tous contribuent à raconter notre histoire, à transcrire la mémoire des gens et des paysages. Car leur forme courte et structurée, souvent facile à mémoriser, entend parler à tous et se graver dans les sensibilités. Cette matière qui porte en elle des témoignages profonds des sociétés en agissant comme un « commentaire permanent à l'existence sous toutes ses formes »*, a parfois plus de sens qu’un bel objet ou une photographie car elle touche à l’intime. Ce qui rend son approche difficile et sa transmission encore plus. Comment consigner les sentiments et les mentalités qu’elle porte ? Comment garder et traduire sa saveur ? Le sujet est vaste et les sources nombreuses. Folkloristes, musicologues, ethnologues et non les moindres ont collecté et inventorié les répertoires des Alpes. Du monumental ouvrage de Julien Tiersot Chansons populaires recueillies dans les Alpes françaises paru en 1903 et fruit d’une ambitieuse enquête de cinq ans, aux éditions du Centre alpin et rhodanien d’ethnologie qui a mené un travail remarquable de publication des corpus issus de collectes, en passant par les atlas sonores du Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA) qui œuvre depuis près de vingt ans à la reconnaissance et la valorisation des musiques populaires, les bonnes fées semblent s’être penchées sur ce répertoire précieux. Loin de prétendre à épuiser le sujet, le Musée dauphinois s’intéressera à ce que la chanson produit et véhicule, en quoi, vecteur d’émotions et de valeurs partagées, elle constitue pour le meilleur et pour le pire, le fait social par excellence. Il questionnera les ressorts de la transmission orale, les impacts de l’apparition des outils d’enregistrement et de diffusion et ceux induits par la libération de la bande FM, interrogera la permanence de certaines formes, l’oubli d’autres, abordera la fabrication des grands succès et la puissance du chant partagé. Du Petit vin blanc de Dréjac « sorti » à la Libération et porteur de liesse au revigorant Tout le bonheur du monde de Sinsemillia en passant par les chants de soldats ou ceux de mai**, la chanson, c’est toute une

Chanson Les Alpins, Imagerie Pellerin, Epinal, vers 1930, coll. Musée dauphinois.

Chanson Le vieux voyou, partition sur carte postale, S.D., coll. Musée dauphinois

histoire, le Musée dauphinois vous la chantera ! L *Boris Vian **Les chants de mai sont toujours pratiqués dans les cantons de Saint-Marcellin, Vinay ou Roybon. Célèbrant le mois de mai, ils sont prétexte à la fête et accompagnent de maison en maison la quête d’œufs qui permettront de confectionner une omelette partagée par tous les habitants de la localité.

> Des chansons et des dessous, juke-box intime et coquin Playlist composée dans le cadre de l’exposition Les Dessous de l’Isère, Musée dauphinois 2013-2014 > Grenoble, chanson interprétée par Gribouille > Complaintes et lamentations du Queyras en patois et français, Gabriel Berge, restaurateur de 45 ans, interviewé par Charles Joisten, Alain Garçin et Jean-Pierre Laurent à Grenoble en 1980, coll. Musée dauphinois.

Chanson Les Allobroges, partition sur carte postale, S.D., coll. Musée dauphinois

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D O S S IER

Exposer la musique… Un musée à voir ET à entendre ? Dès sa réhabilitation en 2003, le Musée Hector-Berlioz dédiait un espace spécifique au patrimoine immatériel berliozien, en prolongement de la mise en valeur du patrimoine « matériel » musical (instruments, partitions, manuscrits autographes et programmes de concert historiques…). et de la couleur du son que des usages et de la démocratisation de l’écoute. Dans un tel propos, il fallait aller au-delà des objets et inviter le visiteur à ouvrir les oreilles. Trois dispositifs interactifs numériques conçus en collaboration avec les designers sonores, les acousticiens et les musiciens de la société OPIXIDO suscitent une découverte participative et ludique. Immergé dans le spatial studio, un univers sonore spatialisé, le visiteur peut appréhender les toutes nouvelles technologies d’enregistrement multicanal (son 5.1). Un phonomaton permet d’enregistrer et de mixer la voix à des ambiances différentes pour créer sa propre œuvre musicale et de la recevoir par courrier électronique (pratique répondant à une génération « Y » sans cesse connectée et désirant conserver la trace de toute expérience et peut-être la partager avec son réseau ?). Un Retro Quiz enfin invite à déterminer le support sonore de différents enregistrements, du cylindre au son compressé, la recréation de tous ces fragments sonores constituant en quelque sorte la bande-son de toutes les époques historiques. L’intégration de ces dispositifs d’écoute au sein de la muséographie demeure pourtant complexe et demande à être bien quantifiée et synchronisée afin d’harmoniser au mieux « supplément d’âme », convivialité et approche didactique du fait musical. L

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L

’auditorium permit dès lors, grâce à un système de jukebox numérique, l’écoute des œuvres du compositeur enregistrées par une multitude de labels discographiques. Sir Colin Davis, grand redécouvreur de Berlioz au XXe siècle, affirmait : « … On ne peut pas faire de musicologie avec Berlioz. Il n’y a qu’à ouvrir les oreilles et écouter ». Ces propos demeurent le fil conducteur de la réflexion muséographique conduite en ce musée, ouvert au plus large public. Mais exposer la musique n’est pas chose aisée ! En Europe, les « musées de musique » donnent à voir, dans un très bel écrin, la matérialité des instruments de musique classique occidentale ; les musées de société, eux, exposent les instruments issus des cultures populaires ou des « cultures du monde » tandis que les appareils de captation sonore (depuis les premières « machines parlantes » jusqu’aux chaînes hi-fi MP3) relèvent du domaine des musées techniques et scientifiques. Enfin, les supports de la musique - du 78 tours au CD - sont attribués aux médiathèques ! C’est pourtant le perfectionnement et la convergence de tous ces médiums de reproduction musicale qui vont permettre d’appréhender la place de la musique dans notre société. Le Musée Hector-Berlioz ne pouvait occulter cette aventure sonore, qui s’inscrit pleinement dans l’histoire de la musique. Aussi, la nouvelle exposition La musique. Du phonographe à Internet rassemble plus d’un siècle d’appareils provenant de collections privées qui témoignent autant de l’évolution de la qualité

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www.musee-hector-berlioz.fr

> Tuba mirum, Grande messe des morts op.5, H. Berlioz Phonographe à cylindre, Graphophone, type « AT » Columbia, 1899 – 1904 coll. particulière > Symphonie fantastique, Songe d’une nuit de Sabbat, H. Berlioz / LSO, dir. F. Weingartner, 1924 Phonographe à monnayeur pour disque à aiguilles Phrynis, modèle n°10, 1909, coll. Musée Hector-Berlioz > Scène aux champs, Symphonie fantastique, H. Berlioz - LSO, dir. H. Scherchen, 1954 Électrophone portatif Teppaz, modèle 336, 1955, coll. particulière

16 Platine tourne-disque portative, modèle 270 Philips vers 1975, coll. particulière (exposition Musée Hector-Berlioz)


Ondes alpines De Radio Alpes-Grenoble à France BLEU ISÈRE

Poste radio « à oreilles » à lampes, vers 1950, coll. particulière (exposition Musée Hector-Berlioz)

La première radio publique grenobloise, Radio Alpes-Grenoble, émet en 1927, jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, France Bleu Isère a pris le relais en tant que radio publique de proximité.

D

ans l’effervescence des années 1920, suite à l’invention de la téléphonie sans fil (T.S.F.) et peu après les premières expériences de radiodiffusion en France, la station Radio Alpes-Grenoble (créée en 1927) s’inscrit dans le réseau des émetteurs qui couvrent le territoire national, lequel comptera, dans les années 1930, 25 radios, dont 13 publiques. Elle est fondée par l’Association des Amis de la Radiodiffusion des Alpes, émanation du très actif Radio-Club-Dauphinois, rassemblant autour de son président, l’ingénieur Honoré Gillio, des « sans-filistes » amateurs passionnés, et par l’administration des P.T.T. qui accueille la station, à son commencement, dans les combles de l’Hôtel des Postes. L’association a en charge la programmation, l’administration, la gestion technique. En 1931, la France est découpée en 10 régions radiophoniques : Grenoble se voit attribuer une région couvrant les deux Savoie, l’Isère et les Hautes-Alpes, raconte Philippe Veitl, dans un passionnant chapitre de L’Invention d’une région : les Alpes françaises (PUG, 2013). « Dotée d’une longueur d’onde et d’une puissance d’émission appropriée à la montagne, d’un studio envié nationalement, de moyens financiers importants auxquels s’ajoutaient de multiples aides en nature pour les investissements lourds, en plus des aides publiques et des subventions locales, protégée par l’actif soutien du patronat grenoblois et des personnalités politiques, bénéficiant d’une > Jingle Radio Isère - wap dou wap, 1983 > Jingle Radio Isère - FM stéréo, 1983 > Balise horaire Radio Isère, 1983

incontestable indépendance qui la mit à l’abri de la tutelle excessive des P.T.T., Radio-Alpes-Grenoble connut, de 1934 à 1939, ce que l’on peut appeler son âge d’or. » Le gouvernement de Vichy y mettra fin. Dans le hall d’entrée des locaux de France Bleu Isère, avenue FélixViallet, trône une cloche, objet symbolique hérité de la station pionnière et qui a accompagné la radio locale publique et ses divers changements de studios. Rattachée au réseau de Radio France au moment de la création des radios libres et de la décentralisation, la station — qui s’est appelée Radio Isère, puis Radio France Isère — vient de fêter ses trente ans. Le temps de passer, en matière d’enregistrement, du système analogique (magnétophones à bande, bobineaux) au numérique (ordinateurs), l’avenir, encore lointain, étant la diffusion numérique satellitaire qui supprimerait l’émetteur. « En dépit de ces évolutions techniques, l’esprit de la radio locale n’a pas changé », assure Didier Vachon, le directeur de la station, qui est aussi le délégué de Radio France pour la région Rhône-Alpes Bourgogne, forte de ses 419 000 auditeurs quotidiens (109 200 auditeurs pour France Bleu Isère, sondage Médiamétrie « Médialocales » septembre 2012-juin 2013) et fière de son audience en hausse de près de 0,9%. « Nous sommes une radio de proximité, proximité géographique et affective, et notre mission est, entre autres, de favoriser la rencontre avec les acteurs de la vie locale en leur tendant notre micro. » L

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www.francebleu.fr/station/france-bleu-isere

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A cloches déployées ! Au début du XXe siècle, le clocher de Clelles est doté d’un carillon. Destiné avant tout à sonner les heures et à rythmer la vie villageoise, il s'agit cependant d'un véritable instrument de musique qui fait partie de la quarantaine du même type inventoriée en région Rhône-Alpes. Il est, avec celui de l’église de Chatenay et celui de la Basilique de la Salette, l’un des trois seuls du département de l’Isère. Composé de neufs cloches – quatre en volée sur un beffroi de bois et cinq fixes dans les baies du clocher- il peut être animé soit par la machine à carillonner soit par un carillonneur par le biais d’un mécanisme à retardement complexe et particulièrement original. Il présente de plus la qualité de posséder une belle horloge sonnant à chaque quart d’heure les mélodies de Westminster. Cet ensemble vient d’être classé au titre des Monuments historiques ! L

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Carte postale sonore IN SITU à La Villeneuve Quand, à l’automne 2013, la musicienne Marie Mazille imagine un projet de création original à La Villeneuve à Grenoble, elle entend rendre hommage à la richesse et la diversité de ce quartier qu’elle connaît intimement. Cette véritable cité dans la ville avec ses écoles, sa place du marché, ses commerces, son centre de santé, sa salle de spectacle… a été pensée il y a plus de quarante ans, pour favoriser le vivre-ensemble. Porteuse d’une utopie progressiste où classes sociales, générations et origines ethniques se mélangeraient, elle abrite aujourd’hui près de 14 000 habitants issus de 40 nationalités. Pour la compositrice, rompue aux travaux de collecte sonore, l’idée est de constituer une mosaïque musicale et poétique augmentée de sons urbains et d’aboutir à une véritable carte postale sonore du quartier. La rencontre avec l’association Sasfé rend le projet possible dès janvier 2014. Dès lors, une équipe de quatre musiciens, portée également par le collectif Mustradem, collecte chansons, musiques et sons urbains, les mixe, les transforme et les enrichit pour produire une bande très… originale éprouvée auprès du public sous forme de sessions musicales dans divers lieux emblématiques de La Villeneuve. Le festival Quartiers libres a permis une première restitution en juin dernier mais l’aventure ne s’arrête pas là, un projet de spectacle transdisciplinaire issu des rencontres de la collecte se rêve déjà. L

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Mémoires vivantes Parce qu’il a été possible de recueillir, conserver et archiver les témoignages des survivants de la seconde guerre mondiale – résistants, déportés et témoins –, les archives sonores du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère constituent une source historique inestimable et contribuent à un opiniâtre travail de mémoire. Aujourd’hui, près de 300 CD renfermant ces récits oraux sont exploités dans un objectif mémoriel, scientifique, pédagogique ou culturel. Au-delà des premières collectes opérées auprès de responsables de la Résistance (témoignages de Pierre Dalloz, un des auteurs du Plan Montagnards, du commandant des FFI, Alain Le Ray), le musée poursuit les entretiens au gré de la préparation de ses expositions, les analyse et les décrypte et s’attache à les valoriser dans la muséographie. Car rien ne vaut le partage de cette mémoire vivante, tant avec le grand public qu’avec les proches et héritiers des témoins. Depuis 2004, le fonds s’est enrichi de films documentaires produits par le musée (Résister-militer, Terre de refuge, Pierre Fugain, Cette part d’humanité, La traque de la Résistance…). Prochaine étape : indexer finement ces témoignages et les partager en ligne. L’ambition est juste, le travail… colossal ! L

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www.resistance-en-isere.fr

www.sasfe.fr

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EN BREF

D O S S IER

> Le carillon de Clelles en Trièves, avec Jean-Bernard Lemoine, ex membre de la commission supérieure des monuments historiques

RCF Isère, émission du mercredi 5 février 2014 > In Situ à la Villeneuve / Sasfe, extrait sonore, 2014 > Témoignages du général Alain Le Ray, chef départemental des FFI de l’Isère et de Pierre Fugain, chef-adjoint du réseau Reims-Coty extraits du DVD 1944-2004, Comme un vent de liberté… La libération de l’Isère, 20 août-2 septembre 1944 réalisé par le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, 2004 > Témoignages de militants extraits du DVD Résister - militer - défendre les Droits de l’Homme en Isère de la Libération à aujourd’hui réalisé par le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, 2008 > Réveil des Oiseaux, pour pianoforte et orchestre, Olivier Messiaen, 1953 Yvonne Loriod, pianoforte / SWF-Sinfonieorchester Baden Baden, dir. Hans Rosbaud, Donaueschingen Festival 75 Years: 1921 - 1996 EMG Classical

Messiaen en son domaine, le « réveil » de Petichet. Si Paris lui offre le succès, c’est en Isère que le compositeur grenoblois Olivier Messiaen vient régulièrement se ressourcer, plus précisément à Petichet en Matheysine où tout jeune, il acquiert un terrain avec la pianiste Yvonne Loriot. Ici, ce mystique amoureux de la nature se met à l’écart du monde et profite d’un environnement extraordinaire qui imprègne sa musique. A sa mort en 1992, Yvonne Loriot travaille à l’idée d’une fondation et d’un legs avec la Fondation de France. Elle rêve d’en faire un musée dédié à son mari. Mais il faudra plus de vingt ans pour que le projet voie le jour, finalement porté par la communauté de communes de Matheysine et confié à l’AIDA*. L’idée d’un espace muséal est écarté au profit d’une résidence d’artiste, une sorte « d’anti-villa Medicis de la montagne » au cœur d’un espace naturel sensible au pied du Grand Serre. Si il est prévu de pouvoir y accueillir des scolaires, il s’agit surtout d’offrir à des artistes une retraite où partager la philosophie de l’auteur du Réveil des oiseaux et « la plénitude de musique et de nature » évoquée par le pianiste Roger Muraro, élève de Messiaen et habitué des lieux. Ici, pas de « ségrégation », poésie, création plastique ou… ornithologie, Bruno Messina** et la Fondation Messiaen ne s’interdisent rien à la seule condition qu’il s’agisse d’interpréter ou de réinterpréter l’œuvre du musicien. En attendant que le site soit rendu à sa beauté et à sa vérité, les projets commencent à se dessiner et la liste des premiers hôtes à s’élaborer. Les travaux ont commencé, Petichet devrait à nouveau résonner dès 2016. L *Agence iséroise de diffusion artistique (Festival Berlioz, Les Allées chantent, Demos…) ** directeur de l’AIDA

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www.aida38.fr


La Maison du prieur revisitée

PROTéGER - RESTAURER

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alaise-sur-Sanne est une commune de la vallée du Rhône, non loin de Roussillon, qui a abrité au Moyen Âge un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Oyand, aujourd'hui SaintClaude dans le Jura. Au tout début du XVIIe siècle, la maison religieuse est cédée aux pères jésuites afin de fournir les revenus nécessaires à l'entretien du collège de Vienne où ils assurent l'enseignement. Comme partout, la Révolution française met fin à la présence des religieux alors que l'église garde son rôle de paroisse jusqu'à la construction d'un bâtiment plus grand et plus proche du cœur du bourg en 1882. De ce prieuré sont conservés plusieurs bâtiments, protégés au titre des Monuments historiques : une exceptionnelle crypte avec colonnade ornée de chapiteaux que surmonte le chœur de l'église, l'ensemble édifié au XIIe siècle. Attenant à l'église, des bâtiments remontant à diverses époques, dessinent l'emplacement de l'ancien cloître disparu. La commune est propriétaire de l'ancienne église aujourd'hui désacralisée et consacrée à l'accueil de manifestations culturelles, ainsi que d'une partie des bâtiments prioraux. Parmi ceux-ci, on remarque notamment la salle haute qui abrite les restes d'un décor peint remontant aux XIVe et XVe siècles. Après la remise en état de l'église dans les années 1990, c'est ce bâtiment appelé la maison du prieur (en fait une aile de l'ancien couvent), qui a fait l'objet d'une rénovation complète en 2008 – 2009. Pour compléter les connaissances sur cet édifice, une reconnaissance des maçonneries a été menée, sur l'un des murs côté cour, le seul encore" étudiable", c'est-à-dire n'ayant pas été remanié par les travaux. Cette étude permet d'identifier plusieurs phases de construction. Contre le mur gouttereau de l'église romane, on élève au XIVe siècle les galeries d'un élégant cloître, entouré de trois ailes à l'usage des moines. La trace des poutres couvrant l'une des galeries ont été repérées. Deux chapiteaux doubles déposés dans des maisons proches peuvent être rapprochés de fragments des fines colonnettes qui les supportaient, brisées et remployées dans les maçonneries. Au XVe siècle, on ajoute pour le confort des religieux un mur intérieur destiné à porter de monumentales cheminées, tandis qu'une tour d'escalier en vis permet une circulation plus aisée. L'ensemble connaît un incendie important, peut-être lors des guerres de Religion : le cloître est abattu, la tour d'escalier remplacée par un système de circulation intérieure. De grandes fenêtres viennent éclairer les salles au XVIIIe siècle. Enfin au XIXe siècle, alors que les bâtiments servent de ferme, on surélève toute l'aile ouest qui est alors dotée d'une nouvelle toiture. Après les observations archéologiques, vient le temps du partage des données... Des rencontres régulières avec les amateurs de patrimoine de la commune ont été mises en place. Elles permettent de faire le point sur l'histoire du prieuré, sur les documents le concernant -en particulier de beaux plans anciens-, de voir s'il est possible d'améliorer nos connaissances en reprenant la documentation étudiée dans les années 1950 par l'abbé Cavard, qui produisit un excellent article. Plus original, elles ont permis de ressortir des réserves, l'ensemble du matériel archéologique issu des fouilles menées entre 1992 et 1994 par JeanFrançois Reynaud, professeur à l'Université Lyon II. Ce mobilier sera revu, rangé selon les normes en vigueur avant d'intégrer les collections publiques. Mais il pourra sans aucun doute être présenté aux habitants de Salaise, temporairement ou grâce à un dépôt de longue durée.L

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Vienne la romaine a tremblé Forte d’une longue tradition de recherches archéologiques, Vienne a déjà livré un grand nombre de ses secrets. Cependant de nombreux diagnostics et des fouilles sont régulièrement réalisés dans le cadre de l'archéologie préventive. Une fouille programmée est menée chaque année dans l'ancienne abbaye de Saint-André-le-Haut par l'université Lyon II. La ville n’en finit pas de nous en apprendre !

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our la période romaine, l'ensemble des données archéologiques sont maintenant disponibles grâce à la parution cet été du volume de la Carte archéologique de la Gaule consacré à Vienne (rive gauche). Toutes les découvertes, des plus anciennes aux sondages les plus récents y sont consignées. Des synthèses renouvellent la vision qui est faite de la ville antique. Ces travaux sont un aboutissement de plusieurs décennies de recherches financées en grande partie par le Conseil général de l'Isère. L'un des résultats majeurs de ces recherches est la mise en évidence d'un séisme qui aurait rasé la ville de Vienne à la fin du règne de Tibère ou au tout début de celui de Caligula. Si pour la plupart des archéologues, c’est un incendie qui aurait provoqué la destruction de la partie orientale du temple d’Auguste et de Livie et nécessité sa reconstruction, on peut, en s'appuyant sur des sources tardives qui attestent des tremblements de terre à Vienne à la fin du Ve siècle et avec l'aide d'archéologues spécialisés en sismicité historique, mettre en évidence plusieurs indices qui montrent que le temple a bien été victime d’un séisme. Il est daté par toute une série de faits archéologiques concordants comme l'effondrement et l'incendie intervenus à la fin du règne de Tibère, d'une boutique de céramiques située juste en contrebas du temple, comme la destruction générale à la même époque et la reconstruction sous Claude/Néron, du quartier de SaintRomain-en-Gal. Un témoignage précis du désordre engendré par le

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tremblement de terre est visible dans le décalage latéral des blocs du seuil de la maison aux Pierre Dorées. Le réseau d'adduction d'eau a aussi fait l'objet de réparations. Cette réfection post-séisme du réseau hydraulique (bien attestée à Pompei), reconnue à plusieurs endroits de la ville est indirectement relatée par des inscriptions. Une cartographie des impacts montre ainsi que c'est bien l'ensemble de la ville qui a été touché. Les sismologues du réseau SismAlpes de Grenoble, convaincus par l'argumentaire archéologique, estiment l'intensité de ce séisme à 5,5 voire 6 sur l'échelle de Richter. Grâce à la mobilisation des édiles et des riches familles viennoises, mais aussi certainement avec l'aide de l'empereur qui a accordé des allègements d'impôts, d’énormes moyens ont pu être mobilisés sous le règne de Claude. Ainsi on doit associer à cette catastrophe le changement de statut accordé par Caligula à Vienne. Il semble bien que la ville bénéfice alors de la plus haute distinction attribuée à une colonie romaine, le ius italicum, ce qui a permis à la cité de garder pour sa reconstruction les impôts originalement collectés pour Rome. Un corps spécifique de fonctionnaires municipaux locorum publicorum persequendorium est alors spécialement crée à cette occasion. D'autres éléments archéologiques montrent qu'en dehors du séisme daté du début du règne de Caligula et celui du Ve siècle, un autre tremblement de terre est intervenu au Moyen Âge...L

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www.culture.vienne.fr


Un second plan patrimoine pour la ville de Vienne La richesse de son patrimoine avec ses nombreux monuments gallo-romains et jusqu’à son passé industriel pour la production de drap dans la vallée de la Gère encore au début du XXe siècle nécessite l’entretient de plus de quarante sites et monuments classés, de quatre musées et d’importantes collections archéologiques. Un premier plan patrimoine établi en 2004 à la suite d’un bilan sanitaire sur les Monuments historiques avait été renforcé à partir de 2010 et définissait les priorités d’actions jusqu’en 2014. Il s’est accompagné de la mise en place d’une zone de protection sur le centre ancien de la ville, de recherches archéologiques ou encore d’un travail scientifique et technique pour la valorisation des collections des musées. La mise en valeur de ce patrimoine a été développé avec le label « Ville d’Art et d’Histoire ». Différentes opérations urbaines ont permis d’informer et d’associer la population avec la requalification de certains quartiers ou la pose de plaques signalétiques. Toutes ces opérations, et d’autres, ont pu être conduites grâce à un partenariat technique et financier entre la ville, le ministère de la Culture et de la Communication, la Région RhôneAlpes et le Département de l’Isère. Une nouvelle étape de ce plan patrimoine s’engage. Elle prévoit, outre l’achèvement des opérations engagées (restauration de l’ancienne cathédrale Saint-Maurice, du théâtre antique, de l’odéon, de l’ancienne chambre à alcôve de l’Hôtel de Ville), une harmonisation des règlements urbains en vigueur. Les efforts à venir concerneront notamment le site de l’odéon situé à proximité de l’ancien théâtre antique. De plus petites dimensions, il servait dans l’Antiquité à des concours de musique, de chant et de poésie. Construit autour de la fin du Ier siècle après Jésus-Christ, sa présence témoigne du rayonnement intellectuel et artistique de la cité. La chute de l’empire romain entraîne son abandon alors que des éboulements et des effondrements de terrain le recouvrent en très grande partie. Sa présence n’est cependant pas oubliée grâce au mur arrière de la scène (frons scenia) dont une partie est encore visible. Depuis 1946 différentes campagnes de fouilles et de maintien des vestiges sont entreprises. C’est au cours de l’une d’elles, en 1959, qu’est dégagé un bloc avec l’inscription « ODEV » qui met fin à l’hypothèse selon laquelle il s’agissait d’une partie du théâtre. Ses grandes dimensions (70 mètres de diamètre) et son implantation à mi-pente qui a nécessité des fondations et des terrassements importants, rendent la préservation de ses vestiges à la fois délicate et compliquée. Avec Lyon et Valence, il est l’un des trois édifices similaires connus en France à ce jour, autant dire qu’il est tout à fait exceptionnel. L

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Un œil archéologique…neuf

La commune de Montbonnot s'est engagée dans un vaste projet d'aménagement sur le site de l'ancien prieuré de chanoines augustins fondé au XIe siècle, Saint-Martin-de Miséré. Après plusieurs campagnes de sondages archéologiques et une étude d'élévation qui a porté sur l'aile conservée abritant notamment la salle du chapitre, les travaux de construction de la salle des arts ont débuté.

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e nouvel édifice a été élevé dans une zone extérieure à l'emprise du prieuré médiéval, sans risque pour les niveaux archéologiques. Le projet comprend aussi l'aménagement de l'ensemble des bâtiments anciens construits petit à petit dans le clos des religieux : ferme, grange, hangars, etc. à cette occasion de nouvelles observations archéologiques ont été menées sur les parties les plus anciennes. Après l'édification d'un mur d'enceinte de construction soignée mais assez peu élevé, on a bâti dès le XIVe siècle, un premier édifice pourvu d'un étage, qui s'appuie contre le mur de clôture alors surélevé. Peu

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après, on a prolongé ce premier bâtiment par un second, toujours appuyé sur le mur primitif : cet espace est accessible par une large porte charretière et éclairé par deux fenêtres au rez-de-chaussée. Une petite niche ménagée dans la maçonnerie permet de poser une lampe. Enfin vers la fin du XVe siècle se poursuit cet alignement de bâtiments par l'adjonction de deux nouveaux espaces : un escalier droit assure désormais la desserte de l'étage. Les portes présentent d'élégants linteaux sculptés en accolade ; raffinement et confort suggèrent qu'il s'agissait d'espaces résidentiels, au moins aux étages. Une demande de protection au titre des Monuments historiques a été déposée par la commune.L


Patrimoine en Isère, LE label En cours de labellisation : Château de Plan, Château de Varacieux, Château des Estournelles, Chasse-sur-Rhône.

Le label distingue aujourd’hui près de 70 édifices, reconnus pour leur intérêt et leur qualité patrimoniale. La moitié d’entre eux appartient à des propriétaires privés soucieux de les maintenir en état et de les transmettre dans les meilleures conditions aux générations futures.

FOCUS SUR LE DOMAINE DE PLAN

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’ensemble s’organise autour d’une cour distribuant d’un côté une belle maison de maître d’allure XVIIe siècle, et de l’autre une grange en pisé du milieu du XIXe siècle. Entre les deux s’ouvre un grand portail couvert, au centre d’un mur de clôture contre lequel s’adossent d’autres bâtiments de construction plus tardive. Le domaine s’est constitué autour de la puissante famille des Pautrieu de Plan (dynastie de notaires) et de leur union avec la famille Bon en 1684. La position du logis légèrement enterré dans la pente concourt à la majesté de sa façade sur cour : composition rigoureuse à trois travées centrées sur la porte précédée d’un perron de quelques marches. Comme c’est l’usage en Dauphiné, l’entrée concentre l’essentiel du décor : pilastres supportant un arc en plein cintre sous un fronton rompu orné de balustres surmontés de boules. Une lucarne à meneau central et fronton triangulaire aujourd’hui disparue lui faisait écho. Passée la porte, un ample vestibule orné de magnifiques décors peints dessert un escalier central à deux volées droites rampe sur rampe. La régularité de la composition en quatre compartiments peints autour d’un ovale central évoque à la fois celle des parterres des jardins à la française agencés autour d’un « rond d’eau » et celle des plafonds

en bois à caissons. Rinceaux végétaux, frise d’acanthes, feuillages, animaux et motifs de pot s’y côtoient. En 1736, la famille Bon s’allie avec une autre grande famille noble, les de Blanc de Blanville. Catherine Bon, épouse de Pierre de Blanc, modernise et agrandit le domaine en 1839 par l’acquisition d’un enclos attenant, comprenant ferme, pigeonnier et four à pain. En 1820 la dernière héritière, religieuse ursuline à Tullins, lègue le Domaine à l’évêché de Grenoble pour servir de lieu de retraite aux prêtres âgés et infirmes. Cette disposition ne sera pas suivie d’effet, mais les terres alentours seront exploitées par des fermiers choisis par l’évêché. De cette époque date la construction de l’écurie-grange, coiffée d’un toit à croupes en tuile écaille largement débordant, abritant pigeonnier et séchoir à noix en sacoche. En 1881, le domaine est vendu à une famille dont les descendants sont toujours sur place. L

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www.isere-patrimoine.fr

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EN BREF

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Hôpital à la loupe A Saint-Egrève, le centre hospitalier spécialisé est l’objet depuis un an d’un travail d’inventaire. Avec sa direction et ses techniciens, des reportages photographiques sont en cours tant à l’extérieur des bâtiments qu’à l’intérieur. De la cave aux combles, des bureaux aux ateliers ou aux chambres, des matériaux aux meubles, il s’agit de reconnaitre et d’enregistrer toutes les informations visibles et disponibles sur le site et son histoire. Viendra ensuite le temps de l’analyse des données collectées dont un premier rapport est établi en collaboration avec l’Institut national de Recherches en Archéologie préventive (INRAP) à l’occasion de ses diagnostics. Des constructions probablement antérieures au XVIIe siècle ont ainsi pu être retrouvées. L

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Venon et merveilles La commune de Venon est particulièrement attentive à son patrimoine, sous tous ses aspects : projet de mise en valeur des bassins et lavoirs, obtention d'un label « Patrimoine en Isère » pour l'église paroissiale qui a bénéficié de plusieurs campagnes de travaux. Les derniers réalisés par l'atelier de restauration de peintures murales Jouve et Malfatto ont mis au jour dans le sanctuaire un décor tout à fait inattendu, dont la datation doit être confirmée, mais qui pourrait remonter au XIIIe siècle ! Un ensemble décoratif plus récent venait d'être dégagé en 2012 lorsque cette campagne a été réalisée dans le cadre d’une campagne complémentaire de consolidation de l’enduit. Et merveille, sous le décor de la fin du XVIIIe siècle, plusieurs personnages et un motif de draperie feinte sont apparus. Seul le mur nord a été dégagé : six saints se tiennent debout, nus pieds, la tête entourée d'un nimbe. Il s'agit sans doute des apôtres. Bien des découvertes devraient être faites sur les murs et la voûte encore à restaurer. L Petit tour à Saint-Ismier L'association « La Tour d'Arces » relance un programme de confortement des ruines de ce beau site dominant la vallée de l'Isère. Un endroit bucolique, facile d'accès, que de nombreux visiteurs ne peuvent s'empêcher de parcourir alors que la sécurité n'y est pas assurée et que l'accès en est en principe interdit... C'est pourquoi il a paru indispensable à l'association de procéder à des travaux de stabilisation a minima, sur les parties présentant le plus de risques

pour les promeneurs. Ces travaux ont été précédés d'une campagne de relevé archéologique : dessin pierre-à-pierre de la paroi et couverture photographique soignée avant que les truelles entrent en action. Ce sont les membres de l'association, encadrés par une archéologue du service du patrimoine culturel, qui ont réalisé euxmêmes les relevés. Une action de formation qui permet aussi de garder une trace précise de l'état des lieux avant restauration. Le lycée horticole de Saint-Ismier est associé à ce projet qui comprend des plantations et aménagements légers de cheminement. L

La Fondation du Patrimoine, un partenaire Associés depuis 2004, la Fondation du Patrimoine et le Conseil général ont décidé de renouveler leur partenariat par une quatrième convention pluriannuelle, avec pour objectif d’aider les propriétaires de bâtiments anciens pour leurs travaux de restauration. La Fondation peut aussi faire bénéficier les collectivités de souscriptions. Au-delà des édifices protégés, son périmètre d’action s’étend à toutes les constructions visibles depuis l’espace public ou une route. Ses aides sont cumulables avec celles du département dont les architectes du service du patrimoine culturel apportent pour chaque projet leurs conseils et leurs avis techniques spécialisés. L’Architecte des Bâtiments de France y est aussi étroitement associé. L

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www.fondation-patrimoine.org

Découvertes archéologiques à La Mure Des sondages préliminaires aux travaux de la déviation de la RN 85, au sud-ouest de La Mure, ont mis à jour des traces protohistoriques remontant à l’âge du bronze. Révélés par l’INRAP en septembre 2014, ces vestiges ont surpris les archéologues qui œuvraient dans un secteur occupé par les catholiques lors du siège de 1580. De nouvelles fouilles devraient approfondir les recherches, près de trente ans après les découvertes gallo-romaines à La Mure. L

L’accessibilité aménagée Conformément à la loi les édifices recevant du public doivent être accessibles aux personnes handicapées ou à mobilité réduite dès le 1er janvier 2015. Face aux difficultés de mise en œuvre le gouvernement a créé un dispositif d’agendas d’accessibilité programmée qui permettra aux collectivités de s’engager sur un calendrier de travaux validé progressivement par des contrôles réguliers. Les demandes et engagements sont à déposer en préfecture avant le 31 décembre de cette année. Ces agendas peuvent, après accord, permettre de bénéficier jusqu’à 3, 6 ou 9 ans de délais complémentaires pour la mise en œuvre des aménagements nécessaires. Serait-ce pour le patrimoine la chance d’avoir des projets de mise aux normes avec un retour d’expérience sur les premières réalisations ? Une réflexion supplémentaire pour des conceptions et réalisations plus abouties ou respectueuses du bâti comme des sites anciens ne devrait-elle pas s’en trouver facilitée ? L


Beaucoup de qualificatifs et de caractères viennent à l’esprit quand on prononce son nom, mais pas forcément la dimension historique et artistique. Et pourtant…. Capitale religieuse, politique, administrative, judiciaire et intellectuelle ; attestée par les écrits depuis 43 av.J.-C. ; cité du gant, de la houille blanche, du ciment et de la high-tech ; plate comme une limande au milieu d’une horde de montagnes propices à satisfaire les amateurs de grandiose comme de sports de tout poil, vous l’avez reconnue ? Bien sûr : c’est Grenoble !

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es acteurs sont au travail et planchent sur le dossier, soutenus par la DRAC. Demain, la cité alpine pourrait prendre toute sa place dans le réseau national des « Villes et Pays d’Art et d’Histoire » initié par le ministère de la Culture. Le Pays Voironnais y a fait son entrée l’an dernier et Vienne en fait partie depuis 1990, au milieu des 179 sites répartis sur le territoire français (dont 13 en Rhône-Alpes). Créé en 1985, ce label a eu le temps de construire son image de reconnaissance d’une qualité patrimoniale réelle mais aussi d’une démarche particulière. Matérialisée par une convention, celle-ci acte et détaille le souci des politiques de porter une attention toute particulière à cet aspect, tant pour sa préservation que pour sa valorisation. Candidater c’est donc s’engager sur des objectifs, des thèmes et des publics. Vous pensez visites guidées ? Vous avez raison bien sûr, mais le dispositif est bien plus large. C’est un vrai projet de territoire, qui touche au-delà du tourisme, l’urbanisme et le paysage, la qualité de vie et d’habitat, l’éducation et la pratique de la démocratie locale. Ainsi, il s’agit de sensibiliser et faire participer les habitants à la qualité de leur environnement proche, d’aider les acteurs du tourisme à être de meilleurs médiateurs en direction des visiteurs et de favoriser l’intégration de la dimension patrimoniale dans les pratiques des services publics et des aménageurs.

Il fut un temps lointain où Grenoble était détentrice du label « Ville d’Art », ancêtre de l’actuel et devenu caduc. Depuis, la ville a poursuivi son évolution, s’attachant aux questions du logement ou de la circulation avec plus ou moins d’attention pour le patrimoine selon les cas. La création d’une zone faisant l’objet d’une réglementation spécifique pour sauvegarder le centre ancien, qualifiée du nom barbare de ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager) a démontré que cette dimension attirait à nouveau l’attention. La mutation de cet outil d’urbanisme en Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) en 2013 a souligné qu’il s’agissait d’une orientation suivie. La phase suivante pourrait donc être la reconquête du label sous sa nouvelle forme si la ville porte sa candidature à terme et la fait accepter. Grenoble a la chance de disposer d’infrastructures solides : musées diversifiés autant que reconnus, école d’architecture et universités, bibliothèques et archives contenant une riche matière, office du tourisme actif, associations nombreuses et mobilisées, sans oublier des ressources en savoir du CAUE ou du Conseil général. Autant de points d’appui qui peuvent venir étayer un potentiel indéniable et qui est loin d’être exploité comme il le pourrait. L’idée est à l’étude donc, reste à la municipalité à choisir jusqu’où et comment la porter. Et peut-être faudra-t-il s’interroger sur « Grenoble Ville d’Art et d’Histoire » ou « Pays d’Art et d’Histoire Grenoblois » ? L

VALORISER - PARTAGER - INNOVER

Une nouvelle Ville d’Art et d’Histoire demain ?

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VA L O R I SER

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Les nouvelles technologies au musée ? Oui mais à condition qu’elles ne se voient pas ! Tel est le souhait qui ressort des enquêtes de publics conduites en 2013 au Musée dauphinois dans le cadre de Museomix (cf Journal #26). Vous êtes nombreux à souligner le rôle de médiateur de l’institution muséale et à souhaiter que les nouvelles technologies soient une plusvalue, constituent une aide supplémentaire notamment pour les publics empêchés ou les enfants et s’intègrent harmonieusement à la scénographie. Cet enjeu, les musées l’ont bien compris. c’est pourquoi les propositions innovantes « ex » et « in situ » essaient-elles de se fondre dans le décor ou … de le mettre en valeur.

Ni vu ni connu… la médiation élargit ses possibles

Labo’archéo

L’interactivité s’invite au Musée archéologique du lac de Paladru et propose de mieux comprendre l’archéologie et ses techniques. Avec les «Labo’archéo » la parole est donnée aux objets du musée. Comment ça marche ? Au fil de la visite, vous vous déplacez d’un laboratoire à un autre muni d’un objet doté d’une puce intégrée et d’un carnet de chercheur pour découvrir comment dater. Vous êtes tour à tour spécialiste du carbone 14, céramologue ou dendrochronologue et menez une enquête au cœur des collections du musée. L’objet qui devient interactif devant chaque laboratoire révèle des indices et vous assiste dans vos recherches. Après la visite, les métiers de l’archéologie n’auront plus aucun secret pour vous !

Y La connaissance… au bout des doigts

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Dans ses dernières expositions, Voir midi à sa porte et À l'arrière comme au front, les isérois dans la Grande guerre, le Musée dauphinois propose aux visiteurs, par le biais d’écrans tactiles, d’accéder à une information plus riche en fonction de ses centres d’intérêt. Du bout des doigts, il peut choisir de musarder sur la carte de l’Isère à la recherche du cadran solaire de sa commune, feuilleter ou agrandir à l’envi des documents de la guerre de 14-18 jusque-là seulement accessibles aux Archives départementales. De son côté, le Museum d’histoire naturelle a intégré dans l’exposition Au fil des araignées, outre des modules pédagogiques classiques actionnés par des boutons, un écran tactile pour apprendre en jouant.

Écoutes interactives au Musée Hector-Berlioz

L’exposition « Du phonographe à Internet » présentée au musée depuis le mois de juin évoque, grâce à des collections privées et publiques, les jalons de l’histoire de l’enregistrement sonore de la fin du XIXe siècle à nos jours. Elle propose au public une nouvelle expérience de visite à travers trois dispositifs interactifs à vocation pédagogique et ludique. Les « Retro-Quizz », « Phonomaton » et « Spatial studio »-, font « parler » les objets et montrent les caractéristiques sonores de leur époque. Le visiteur, devenu acteur de sa visite, choisit d’écouter, d’enregistrer ou de jouer pour mieux appréhender l’impact des supports sur la captation des sons et leur restitution. (voir également page 16 et 33)

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Y Y Espaces naturels ultra sensibles

Comment allier nature et culture pour offrir des visites dans les Espaces naturels sensibles isérois encore plus… sensibles ? Tel est le défi relevé par les services en charge de leur entretien et de leur mise en valeur et la direction de la culture et du patrimoine qui travaillent d’arrache-pied à enrichir d’un volet culturel et patrimonial une offre nature déjà très diversifiée. Le projet ? Une expérimentation proposant à un large public une forme de visite innovante en rapprochant nature, culture et patrimoine tout en préservant les lieux. L’enjeu ? Envisager sans a priori plusieurs formes de valorisation : contenus enrichis et géolocalisés, interactivité et contributions, interventions artistiques et plastiques,… À suivre !

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Au doigt et à l’oeil

En 2013, vous avez peut-être assisté au spectacle du beatboxer Ezra et de la Cie Organic Orchestra à l'Hexagone Scène nationale Arts Sciences – Meylan, et découvert que l’on pouvait contrôler en direct grâce à un gant interactif, son, lumière, vidéo et effets spéciaux. À peine le prototype de ce gant high-tech achevé grâce à la collaboration d'ingénieurs du CEA, de la ganterie Lesdiguières-Barnier et de designers de l’ENSCI, l’artiste imaginait déjà de nouvelles fonctionnalités. Il accompagne désormais sa gestuelle d’images mouvantes en interagissant, selon son inspiration, sur un nuage de points qui obéit aux seuls mouvements de sa main gantée. Parallèlement, l’équipe pluridisciplinaire réfléchit à d’autres applications du gant dans les domaines de la domotique, du handicap et des industries créatives… de nouvelles pistes pour la tradition gantière iséroise ?

Gazouillis au Musée de Grenoble

Au côté d’une centaine d’autres musées français, le Musée de Grenoble présent sur tweeter depuis 2012, a participé en mars dernier à la première semaine européenne des musées sur Twitter. À partir d’une thématique proposée chaque jour par le réseau social (découvrons l’envers du décor #CoulissesMW, testons nos connaissances #QuizzMW, partageons nos coups de cœur #LoveMW, laissons libre court à notre imaginaire #ImagineMW, prenons le temps d’échanger #QuestionMW, apprécions l’établissement comme œuvre architecturale #ArchiMW, l’artiste, c’est vous #CreaMW), le musée proposait aux abonnés de Twitter informations et images « décalées » montrant la « face cachée » du musée (réserves, installation d’exposition…) ou mettant en avant des détails d’œuvre permettant ainsi au public d’aborder institution et œuvres sous un angle original et participatif. De leur côté, les internautes étaient encouragés à partager leurs coups de cœur, leurs connaissances et leurs créations ! > 7 jours, 7 thématiques, 7# sur https://discover.twitter.com/arts/semaine-des-musees

Text’machine

En 2013, les muséomixeurs l’ont imaginée, en 2014, le Musée dauphinois devrait la concrétiser ! La « machine à contes », inspirée du prototype présenté au musée lors de l’édition 2013 de Museomix propose aux visiteurs une expérience atypique, faisant la part belle à l’imaginaire : redécouvrir les contes des Alpes, ce patrimoine immatériel du Dauphiné souvent méconnu, à travers une approche sensible. Assis autour d’une table interactive, puisez dans le corpus de contes du musée et laissezvous porter par l’imaginaire des communautés alpines en écoutant les récits légendaires issus d’une longue tradition orale. Puis devenez contributeur de la machine si vous le souhaitez en enregistrant un conte ou, si vous êtes joueur, en inventant une histoire à plusieurs voix. (voir également page 8)

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VA L O R I SER

PARTAG ER

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Une route des peintres en Isle-Crémieu Qu’ont en commun Charles-François Daubigny, Jean-Baptiste Camille Corot, Gustave Courbet et François-Auguste Ravier ? En effet, ils exercent la peinture au milieu du XIXe siècle. Oui, ils appartiennent à un courant qualifié de pré-impressionniste. Il est vrai que la représentation du paysage est l’un de leur motif favori. Mais aussi, et cela est plus confidentiel, ils sont tous tombés sous le charme du territoire de l’Isle-Crémieu…

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u début du XIXe siècle, une nouvelle génération de peintres de paysage désirant s’affranchir de la hiérarchie de genres dictée par l’Académie et très influencés par les artistes anglais développe de nouvelles pratiques de peinture sur le motif. Au plus près du sujet représenté ils peuvent ainsi laisser s’exprimer toute l’ampleur de leur sensibilité. C’est à ce moment-là que des peintres paysagistes lyonnais et grenoblois à la recherche de sujets pittoresques choisissent ainsi Crémieu et sa région pour poser leurs chevalets. Attirés par la diversité et la qualité des paysages, la lumière, la présence minérale mais aussi les étendues d’eau ou encore la vie rurale, ils sont bientôt rejoints par d’autres, d’horizons géographiques et artistiques très variés. Plus d’une centaine s’y succéderont tout au long du siècle. Actuellement, seules la Maison Ravier à Morestel – justement surnommée cité des peintres – ou l’Auberge des peintres d’Optevoz permettent d’apprécier quelques œuvres de ces grands maîtres.

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C’est donc à une redécouverte des villages et des paysages que les artistes ont tant appréciés que la route des peintres appelée « Peintres et paysages, sur les routes de l’Isle Crémieu et du Pays des Couleurs » convie les amateurs. Au fil d’un itinéraire balisé de quatre-vingt kilomètres qui s’étend de Crémieu à Hières-sur-Amby via Optevoz et descend à Corbelin en passant par Morestel ou Brangues une signalétique a été mise en place et joue le rôle de porte d’entrée à la visite d’un territoire plus vaste qu’un livret d’interprétation gratuit, disponible dans les offices de tourisme, permet de parcourir. Chaque étape propose une interprétation du patrimoine naturel et culturel et invite à regarder les lieux avec les yeux d’un peintre… L Le Syndicat Mixte de la Boucle du Rhône en Dauphiné à l’initiative de cette route touristique en a confié la réalisation à la Maison du Patrimoine de Hières-SurAmby. Renseignements : 04 74 95 19 10

Vue de Crémieu, Auguste Ravier


École et Patrimoine

Suivons les enfants Alors qu'EDF a entrepris la construction d'une nouvelle centrale hydroélectrique en remplacement des six anciennes, les enfants de Livet-et-Gavet sont partis durant l’année scolaire 2013-2014 à la découverte du patrimoine industriel de leur commune. Après une première séance en classe où ils ont appris à appréhender la notion de patrimoine, ils sont allés enquêter sur le terrain et auprès d’anciens habitants sur ces vestiges vieux de plus d'un siècle. Les séances ont donné lieu à la création d'un guide du patrimoine industriel local réalisé à partir de dessins et de textes produits par les enfants. Ainsi ils vous invitent à leur tour à partir à la découverte de l’histoire de leur commune ! Ce projet mené par l’association Histoires de … a été réalisé en partenariat avec la mairie de Livet-et-Gavet, le Conseil général de l'Isère et EDF. L

Ils sont exemplaires

Issus de partenariats entre Éducation nationale, Conseil général de l’Isère et associations, de jolis projets pédagogiques fleurissent dans le département. Arts visuels 38 : le dessin d’un musée à l’autre Nous avons déjà parlé de ce projet né en 2010 à l’initiative de la Direction des Services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) et des équipes des musées alors que le rapprochement entre ces institutions devenait primordial pour faire découvrir aux élèves la richesse du patrimoine départemental. Il vise à sensibiliser les élèves aux œuvres dessinées des musées puis à les engager dans des pratiques artistiques en lien avec ces œuvres. Les réalisations des enfants sont ensuite exposées dans le musée ou à proximité, sous la forme de « musées de poche ». En 2014, cette troisième édition a concerné 1 400 élèves (64 classes) qui ont bénéficié d'une visite et d'un atelier de pratique au sein de l’un des musées partenaires (Musée Mainssieux à Voiron ; Musée Hébert à La Tronche ; Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye). Une centaine d’enseignants ont été formés spécifiquement pour le

projet. Au final, trois expositions et une participation à la Nuit européenne des musées dans le cadre du dispositif "La classe, l'œuvre". Résultat, cette action innovante par sa forme, favorise le croisement des publics : on voit les élèves revenir au musée avec leurs parents et le grand public investir les outils conçus initialement pour les classes. Le succès ne se dément pas et les musées fourmillent déjà d’idées pour la prochaine rentrée scolaire. PhotoConcert : le patrimoine entendu autrement Il fallait, pour succéder au très réussi Créa'son, imaginer un nouveau projet pédagogique conservant l’ambition d’une pratique artistique et culturelle large et d’une ouverture au plus grand nombre (primaires, collèges et écoles de musique). C’est chose faite, dès la rentrée 2014, avec PhotoConcert qui lance le défi de créer des bandes sonores courtes inspirées de visuels du patrimoine local. L

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www.ac-grenoble.fr/educationar tistique.isere

Éducation culturelle pour tous ! En décembre dernier, le Conseil général adoptait son schéma départemental des enseignements artistiques et de l’éducation culturelle pour la période 2014-2018. Destiné en premier lieu aux écoles de musique, danse et théâtre, il s’appuie plus largement sur l’ensemble des acteurs culturels et éducatifs et vise à développer la pratique artistique, à favoriser la rencontre avec les œuvres et les artistes, à encourager l’analyse critique et la transmission des connaissances, tant pour les jeunes que pour les adultes. Dès cette rentrée 2014, plusieurs territoires, retenus par le Conseil général avec l’Etat, la Région, et les communautés de communes, vont expérimenter la mise en place de parcours d’éducation culturelle, de la maternelle au lycée sur les différents temps de vie de l’enfant. Ces parcours mobiliseront les ressources culturelles des territoires dans tous les domaines : spectacle vivant, lecture publique et bien sûr… patrimoine. L

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www.isere-culture.fr (rubrique éducation artistique et culturelle)

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EN BREF

VA L O R I SER

La FAPI n’est par bornée La Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère (FAPI) vous invite à jouer intelligemment avec les limites ! Elle a lancé un grand inventaire des bornes de l’Isère qui englobe celles qui marquent la frontière avec la Savoie, celles qui délimitaient autrefois les propriétés suite à un conflit mais aussi celles qui ont scandé les voies de circulation depuis l’antiquité. Comme les croix de chemin et de carrefour, à l’instar aussi des bassins ruraux, elles se font bousculer, basculer ou enlever au gré des conduites hasardeuses ou des réfections de voirie. Et pourtant elles ponctuent aussi notre histoire et nécessitent qu’on les identifie avant d’avoir définitivement disparu. Tous les contributeurs sont donc les bienvenus ! L

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www.fapisere.fr

Sentinelle de Quirieu L'association Imagine Quirieu, bien soutenue par la commune de Bouvesse-Quirieu et par la com-

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PARTAG ER

INNO V ER fêtes ». C’est la FAPI qui porte l’opération, toujours pilotée sous l’égide du Conseil général par un regroupement d’associatifs et d’institutionnels. L

munauté de communes du Pays des Couleurs, vient de nommer sa première promotion des « Sentinelles de Quirieu ». Par ce titre original l'association distingue les membres particulièrement impliqués dans les actions menées pour mettre en valeur le site de l'ancien château et bourg fortifié : visites, contes, concerts etc. Une petite cérémonie a permis de remettre à chaque Sentinelle, un macaron attestant de son investissement pour la renaissance de Quirieu. L

Carnet rose D’un heureux rapprochement entre deux manifestations naît une nouvelle formule. Depuis vingt ans, les « Rencontres du patrimoine » rassemblaient en septembre les bénévoles et les professionnels de l’Isère pour échanger sur des thèmes communs : accessibilité des lieux, ruines, place des nouvelles technologies, abords et espaces publics... Plus jeunes mais également isérois, les « Entretiens de la FAPI » se déroulaient au printemps dans un esprit proche, à l’usage des associations (patrimoine levier de développement économique, rôle des associations, question des biens privés, patrimoine religieux…). Les Rendez-vous du Patrimoine remplacent donc ces deux évènements, avec une première édition le vendredi 26 septembre à Vizille sur le thème « Venons-en aux

être maire et se former Mener une municipalité nécessite de se pencher sur tout. Le patrimoine n’échappe pas aux compétences du maire qui l’aborde par les documents d’urbanisme, l’animation, le tourisme ainsi que les édifices et objets protégés ou labellisés. Comme il n’existe pas de commune sans patrimoine, l’Association des Maires de l’Isère (AMI), propose aux élus depuis plusieurs années une formation sur ce thème avec le concours du service du patrimoine culturel du Conseil général. En 2014, ce sera un concert à trois voix : une vision générale, une approche archéologique et une autre concernant le mobilier d’église (bien communal dans son écrasante majorité). Un petit exercice pratique pour s’obliger à regarder autrement notre cadre quotidien permettra de se tester en situation réelle et facilitera les échanges. L

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une nouvelle rencontre sur « Le siècle des Lesdiguières » marquera l’étape suivante tant sur le champ artistique (la dynastie des sculpteurs Richier) que sur celui du patrimoine témoin (le site de Puymore) ou de l’histoire. L’horizon de cette initiative devrait se traduire en 2017 dans différents musées et sites, à suivre…. L Tel. 04 56 52 97 17 (secrétariat du LARHRA) ÉDITION 2013

PATRIMOINE & SPIRITUALITÉ RO U T E S P È L E R I N E S

Patrimoine et spiritualité. Routes pèlerines. « Sur la route d’Arcabas », « A la découverte de Vienne, au temps des premiers chrétiens », « Des Hospitaliers aux Chartreux »…. En Isère, ces routes qui retracent les grands courants spirituels, les influences, les périodes de guerre et de paix, s’articulent autour de 11 grands sites liés à l’histoire religieuse. A chacun de parcourir les routes pèlerines selon ses aspirations, goûts et envies du moment. CONTACT Isère Tourisme - Anne PINET Tél. + 33 (0)4 76 00 33 27 - 06 76 09 72 30 - Fax : +33 (0)4 76 54 08 74 anne.pinet@isere-tourisme.com Palais du Parlement, 4 place St André - 38021 Grenoble cedex 1

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Lesdiguières : un homme, une journée et plus… Il se fomente des choses autour de ce personnage dauphinois si important et si mal connu. En 2013, une discrète journée d’étude avait rassemblé universitaires, conservateurs, amateurs et étudiants sur le campus pour défricher un peu le sujet. Des Hautes-Alpes ou du Vaucluse, des collègues étaient venus échanger avec les Isérois sur cette dynastie ducale qui a posé son empreinte durant un siècle sur le Dauphiné et au-delà. Le 5 décembre 2014,

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Visites enchantées Quatre châteaux de l'Isère (Virieu, Roussillon, Le Touvet et Sassenage) ont initié de mai à août 2014 une programmation de visites dédiées aux enfants entre 3 et 12 ans. Le succès de l’opération permettra peut-être son renouvellement en 2015. À suivre… L

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ZOOM

2014­ commémorer la paix

Notre mémoire à l’affiche

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ent ans se sont écoulés depuis l’entrée en guerre de la France dans la Première Guerre mondiale, en 1914, et soixante-dix ans depuis la Libération du territoire national, en 1944, qui scellait la fin de l’occupation nazie et du régime collaborateur de Vichy, quelques mois avant la fin de ce second conflit planétaire. Malgré la distance chronologique qui nous sépare de ces événements, le souvenir de ces périodes tragiques au cours desquelles tant de vies humaines ont été sacrifiées, doit être remémoré. Un rappel historique est ainsi indispensable pour faire prendre la mesure aux générations qui heureusement n’ont pas connu la guerre des conséquences de ces conflits sur les populations d’alors : près de dix millions et plus de soixante millions de morts, tels sont les chiffres respectifs de ces effroyables tueries, sans parler des millions de blessés et des traumatismes irrémédiables qu’ils ont engendrés. Comment pourrionsnous faire table rase d’un tel passé ? Les musées départementaux ont fait le choix de s’inscrire dans cette double commémoration dans un souci de transmission et de pédagogie. Par son exposition À l’arrière comme au front. Les Isérois dans la Grande Guerre, le Musée dauphinois, en partenariat avec les Archives départementales, met en lumière les résonances multiples du conflit sur l’Isère, pourtant située à des centaines de kilomètres du front. Il termine son parcours en soulignant la récurrence des conflits jusqu’à aujourd’hui et l’incapacité de l’homme à faire la paix malgré les deux guerres mondiales. À l’heure où les derniers hommes et femmes ayant refusé la défaite de 1940 disparaissent, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère fait le récit d’une des pages les plus héroïques et dramatiques de la Résistance nationale en dédiant à l’un de ses plus célèbres maquis l’exposition Vercors 40/44 ; un massif qui a subi une violente répression en juillet 1944, un mois tout juste avant la Libération de l’Isère dont nous célébrons cette année le 70e anniversaire. Le musée s’intéressera à partir du 11 novembre à

« Chavant, ce n’est pas que du cinéma », « Le Vercors, c’est toute une histoire », « Mounier, ce n’est pas qu’un lycée », « Jean Perrot, ce n’est pas qu’une avenue »… Sauriez-vous compléter ces slogans ? Que vous évoque cette série de noms propres ? Avec cette campagne de communication, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère réveille notre cartographie quotidienne et interroge notre lien avec la mémoire collective. Un sacré coup de jeune aussi pour les grandes figures et les sites emblématiques de notre histoire.

MONTRER - EXPOSER

vos sorties et incitez vos amis à découSoyez curieux, Préparez vrir les musées grâce au dépliant présentant le des 10 musées départementaux. Gratuit, osez les musées réseau il est disponible à l’accueil des musées et dans DÉPARTEMENTAUX ! les offices de tourisme.

l’histoire des Poilus de l’Isère, prolongeant ainsi l’exposition du Musée dauphinois. Par son exposition Les muses blessées 1914-1918, le Musée Hébert revient quant à lui sur les destructions massives que le patrimoine a connues durant le premier conflit mondial, et évoque la prise de conscience de le protéger durablement. Plus largement, les manifestations culturelles organisées dans toute l’Isère pour le centenaire prennent place dans un programme édité par le Conseil général et coordonné par le Musée dauphinois, qui se poursuivra jusqu’en mai 2015. L

Le centenaire, tout un programme ! Conférences, publications, spectacles, expositions, au total une centaine d'événements contribuent à l’effort national de mémoire. > Programme disponible à l’accueil des musées départementaux

7 rue Fantin-Latour 38000 Grenoble Contact 04 57 58 89 11

Couverture programme 14 18.indd 1

PRO GRA

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É V È N E M E N T S C U LT U R E L S

MARS 2014 • MAI 2015

MME ISÈRE Centenaire 2014 de la Première

Guerre mondiale

03/02/14 15:39

Le jour de la Libération de Monestier-de-Clermont, 21 août 1944. Alice Salomon, résistante, devant un char américain.


MO N T R ER

EXPOSER Exposition temporaire

Face Face

du 27 juin au 27 octobre 2014

à

Laneuville et Martin de Grenoble

À l’arrière comme au front LES ISÉROIS DANS LA GRANDE GUERRE

EXPOSITION AU MUSÉE DAUPHINOIS Conception graphique Jean-Jacques Barelli - © Musée Carnavalet / Roger-Viollet - © Stéphane Piera / Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet

En partEnariat avEc lEs ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE

À PARTIR DU 19 AVRIL 2014 www.musee-dauphinois.fr

affiche Hervé Frumy assisté de Francis richard

Entrée gratuite

Sans titre-2 1

Musée de Saint-Antoinel’Abbaye • Gemmes, une brillante histoire Le Noviciat - Jusqu’au 5 octobre 2014 De multiples récits et images descriptives abondent depuis l'Antiquité sur la nature des pierres, leur origine aux confins du monde, leur emprise sur l'imaginaire et leur fonction symbolique. Prisées pour leur couleur, leur éclat et leur beauté, creusets de toutes les vertus médicinales ou magiques, auréolées par essence de mystère, les gemmes naturelles et les verres colorés, les perles comme les coraux magnifient les reliquaires et les évangéliaires, parent à l'envi bijoux, objets d'art ou ornements. Cette exposition se présente comme un voyage au cœur de l'histoire des gemmes du Moyen Âge au XIXe siècle, au gré de peintures, estampes, objets d'art, manuscrits et cristaux en trois parcours thématiques. Sous le patronage de Madame Geneviève Fioraso, secrétaire d’état chargée de l'Enseignement supérieur et de la recherche. L’exposition a été labellisée au titre de l’année internationale de la cristallographie.

• Le jardin médiéval, entre Orient et Occident Quatre jardins, quatre histoires, quatre haltes ponctuées de plantes exubérantes, d’herbes aromatiques, de fleurs et d’arbres fruitiers réunies par l’eau d’une fontaine et de bassins, élément inhérent et fondateur même de l’idée du jardin. Enfin, un jardin de plantes méditerranéennes, trait d’union entre Orient et Occident accueille le visiteur dans sa redécouverte des jardins médiévaux : le Jardin des simples et ses plantes médicinales ; le jardin du Paradis, lieu de délectation et de contemplation avec ses fleurs et ses oiseaux ; le Jardin du parfumeur, quintessence du jardin clos où la rose embaume ; le Jardin céleste arabo-andalou, où la symphonie minérale répond à la profusion végétale. Saint-Antoine-l’Abbaye 04 76 36 40 68 www.musee-saint-antoine.fr

Entrée gratuite pour tous ! Place du château - 38220 Vizille 04 76 68 07 35 www.domaine-vizille.fr

Musée dauphinois • À l’arrière comme au front. Les Isérois dans la Grande Guerre. Jusqu’en juin 2015 À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, le musée s'intéresse aux résonances locales du conflit. Travaux d’historiens, documents, objets, photos, témoignages lèvent le voile sur quatre années de guerre vécues à l’arrière des combats. L'exposition montre comment les populations se sont organisées pour survivre mais également pour participer à l'effort de guerre demandé par la nation. L'exposition accorde aussi un temps de réflexion au règlement du conflit qui portera en germe le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et à la notion de paix, inscrite dans l’esprit de la commémoration initiée au niveau national. En partenariat avec les Archives départementales de l’Isère Cette exposition a reçu le label officiel de la Mission du centenaire

• Entretien avec un squelette (titre provisoire) à partir de décembre 2014 Que nous apprennent les morts de leur vie ? Que recherchent les archéologues en exhumant des défunts ? Quelles représentations avons-nous du squelette humain ? Pour répondre à ces interrogations, le Musée dauphinois, le MAG-Saint-Laurent et La Casemate – CCSTI croisent leurs regards. La nécropole Saint-Laurent est un terrain d’études précieux.. En effet, des techniques d’investigation nouvelles permettent de faire « parler » les ossements sur l’âge, le sexe et l’état de santé des individus ainsi « auscultés ». Au-delà, les spécialistes interprètent les rites funéraires, les pratiques culturelles et l’organisation sociale des communautés. Enfin le squelette est porteur d’une force allégorique et s’immisce dans les arts. La mort a de beaux restes et entretient avec la vie de curieuses relations… 30, rue Maurice Gignoux Grenoble 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr

Jours et heures d’ouverture du musée Fermeture hebdomadaire le mardi 10h-12h30 et 13h30-18h

www.isere.fr

26/03/14 17:28

Musée de la résistance et de la déportation de l’Isère • Vercors 40 /44 Jusqu’au 13 octobre 2014 À l’occasion du 70e anniversaire des événements du Vercors qui précédèrent de quelques semaines la Libération du département, le musée propose une exposition sur ce « maquis emblème » de la Résistance française. En s’appuyant sur l’historiographie récente (en particulier les travaux des historiens Gilles Vergnon et Peter Lieb), ce travail veut faire le point sur ce que nous savons des années de guerre dans cette région des Alpes en proposant pour la première fois un regard croisé à partir des sources françaises et allemandes. L’exposition fait également une place importante aux questions de mémoire en étudiant les nombreuses représentations que le Vercors a suscitées depuis la Libération à travers les livres, les films, la musique, les discours politiques, etc. Exposition homologuée par l’Etat dans le cadre du 70e anniversaire de la Libération de la France

• Poilus de l’Isère (titre provisoire) Du 12 novembre 2014 au 18 mai 2015 C’est de l’engagement militaire des Isérois sur les champs de bataille dont il est question ici. Parmi eux, 17 000 à 19 000 hommes ont perdu la vie sur le front. Tout en relatant les grandes phases du conflit, le musée reviendra sur les principaux faits d’armes au cours desquels ces soldats ont été engagés : les Vosges, la Somme, l’Artois, la Champagne, Verdun… en s’appuyant sur le parcours documenté de quelques-uns d’entre eux. Au terme du parcours, le musée propose une réflexion sur les enseignements qu’il nous faut retirer aujourd’hui de l’histoire des grands conflits du siècle dernier.

Musée de la Révolution française • Face à face Laneuville et Martin de Grenoble Jusqu’au 5 octobre 2014 Le nom de Laneuville (Jean-Louis Titon de La Neuville (1756-1826) dit) n’émerge plus guère aujourd’hui de ceux que l’on cite, sans s’attarder, parmi les nombreux élèves de David. Il est surtout connu pour quelques portraits d’hommes politiques de la Révolution peints dans la manière claire de son maître qui lui ont été parfois attribués. Son art et sa carrière témoignent en fait d’une réelle diversité de contacts et de réalisations qui méritent d’être découverts à travers une sélection d’une quinzaine de tableaux de son œuvre connu. Cette exposition, la toute première qui lui est consacrée, accompagnée d’une publication comprenant une biographie entièrement nouvelle, ainsi que le premier catalogue raisonné de l’œuvre, dessine une personnalité ambitieuse, tenace, à certains moments engagée, témoignant bien de son époque. En regard de ce peintre et pour élargir la problématique du portrait à la sculpture, sont exposés des bustes exécutés à la même époque par François Martin dit Martin de Grenoble (1760-1804), une tout autre personnalité dont la carrière s’est déroulée entre Paris et Lyon. Une sélection restreinte de sa production confrontée à l’œuvre de Laneuville permet de bien mettre en valeur les enjeux esthétiques, sociaux et politiques du portrait pendant la période révolutionnaire. Domaine de Vizille Place du château - Vizille 04 76 68 07 35 www.domaine-vizille.fr

En partenariat avec le service départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre de l’Isère

14, rue Hébert - Grenoble 04 76 42 38 53 www.resistance-en-isere.fr

32 les musées DÉPARTEMENTAUX


MUSÉE HECTOR-BERLIOZ LA CÔTE SAINT-ANDRÉ

La musique

Du phonographe à Internet EXPOSITION

DU 21 JUIN 2014 AU 26 AVRIL 2015 ENTRÉE GRATUITE

Musée Hébert

Musée Hector-Berlioz

• Alexandre Hollan, 30 ans de « Vies silencieuses » De l’autre côté, salle d’exposition temporaire Jusqu’au 3 novembre 2014 La peinture d’Alexandre Hollan s’articule autour de deux thèmes : les natures mortes qu’il préfère appeler «Vies silencieuses » et les arbres.. Les « Vies silencieuses » font l’objet ici d’une première rétrospective. En parallèle, des études d’arbres, répondant à celles d’Ernest Hébert et de Jean Achard, sont également exposées. La profondeur et la couleur jouent un rôle essentiel dans ces natures mortes au style dépouillé, peintes à l’aquarelle en tons rompus. Alexandre Hollan s’intéresse peu à l’apparence des choses mais plutôt à leur effacement dans l’espace en fonction de la perception de la lumière. Proche de celui de Morandi, le travail de l’artiste, fait d’intériorité et de silence, est enraciné dans une tradition qu’il renouvelle avec maîtrise.

• La musique. Du phonographe à Internet. Jusqu’au 26 avril 2015 Depuis la nuit des temps, l’Homme rêve d’emprisonner les sons… Au cours du XIXe siècle, apparaissent les premiers dispositifs pour conserver la musique. La diffusion de ces appareils, sans cesse modernisés, va engendrer une mutation profonde des modes d’écoute de la musique. Le Musée Hector-Berlioz ne pouvait occulter l’aventure de la musique enregistrée. L’exposition vous fera découvrir phonographes et machines parlantes, 78 tours et TSF, pick-up et tourne-disques jusqu’à la musique numérique. Durant le parcours, le visiteur est invité à des expériences sonores inédites : plusieurs dispositifs interactifs permettent de s’enregistrer, d’écouter des cylindres ou des 78 tours ou encore de s’immerger dans une sphère de musique spatialisée. Pour des connaissances et des émotions nouvelles…

• Les muses blessées 1914-1918 Grande galerie Jusqu’ au 5 janvier 2015 Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la guerre 1914-18 en Isère, le musée présente un ensemble de photographies originales, italiennes et françaises rappelant l'atmosphère qui régnait alors et témoignant des ravages causés aux monuments et aux œuvres d'art avec les premières procédures de protection organisées en Italie par Ugo Ojetti (1871-1946). Bien que souvent réalisées dans la précipitation et l'imminence des bombardements ou de l'arrivée des troupes ennemies, ces campagnes de protection ont été abondamment documentées, tant en France qu'en Italie.

69, rue de la République La Côte-Saint-André 04 74 20 24 88 www.musee-hector-berlioz.fr

Programme sélectionné pour la saison culturelle européenne, à l’occasion du semestre italien de la Présidence de l’Union Européenne.

Chemin Hébert La Tronche 04 76 42 97 35 www.musee-hebert.fr

Maison Bergès Musée de la Houille blanche • D’une vallée à une autre : le Grésivaudan en 68 D’octobre 2014 à avril 2015 Une nouvelle exposition consacrée au territoire du Grésivaudan et à son évolution dans les années 19601970, à travers la découverte de photographies réalisées par de jeunes passionnés, membres du club photo de la MJC de Crolles. C’est à Paul Jargot, alors maire de Crolles, que l’on doit la commande de ce travail sensé montrer les mutations de la vallée en 1968. Pas de grands noms, mais de jeunes amoureux de l’image qui vont ainsi arpenter la vallée à la manière de reporters et nous livrer leur propre perception de ce territoire alors en pleine transformation avec la construction de l’autoroute, le développement de l’habitat et des cités HLM, les occupations d’usines au cours de ce mois de mai. Un regard simple, efficace, profondément humain, qui fait aujourd’hui véritablement figure de témoignage sur le passé récent d’une vallée et qui fait écho aux enjeux de développement d’aujourd’hui.

Musée d’art sacré contemporain Saint-Hugues de-Chartreuse • Arcabas, vitraux en Rhône-Alpes Du Sappey-en-Chartreuse à La Salette en passant par Saint-Ismier, l’Alpe d’Huez, Corbel, Chambéry et Moirans, Arcabas a semé ses vitraux dans de nombreux lieux sacrés en RhôneAlpes. Le musée a choisi de mettre en avant cette aventure artistique dans l’espace de la sacristie sud à travers des photos des œuvres réalisées, des extraits de presse et des objets. Saint-Pierre-de-Chartreuse 04 76 88 65 01 www.saint-hugues-arcabas.fr

40, avenue des Papeteries Lancey/Villard-Bonnot 04 38 92 19 60 www.maison-berges.fr

Musée de l’Ancien Évêché • L’Isère en histoire, 2.0 A partir de février 2015

2, rue Très-Cloîtres Grenoble 04 76 03 15 25, www.ancien-eveche-isere.fr

Ce second volet du remodelage de l’exposition permanente invitera les visiteurs à découvrir le XIXe siècle à travers une sélection de peintures et d’objets mis en scène dans l’esprit d’un cabinet de curiosités. Le XXe siècle sera quant à lui cinématographique, cent dates et cent extraits de films contribuant au décryptage de ce passé proche. Des tablettes multimédia permettront de comprendre et apprécier autrement les collections. Un commentaire audioguidé multilingue sera aussi disponible. Mais nul besoin d’attendre l’ouverture des nouvelles salles pour découvrir le musée ! • Le jardin Depuis près de 16 ans, le musée, ses visiteurs et les habitants du quartier attendent que le jardin du musée soit aménagé. C’est chose faite ou presque ! Le département, l’ État et la ville ont uni leurs efforts pour aménager un espace propice à de multiples usages : espace de circulation ou de repos, jardin historique et archéologique mais aussi lieu d’expérimentation collective autour du chemin des senteurs.. Rendez-vous à l’automne.

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LES AUTRES EXPOSITIONS EN ISÈRE

MO N T R ER

Bièvre-Valloire Musée-Château de Jarcieu "14-18 Evocation - Images du front dans nos assiettes !" Le musée s'associe à la commémoration de la première guerre mondiale par une évocation du conflit autour d'une série d'assiettes, issue des réserves du musée. Cette série est, à ce jour, la seule de ce type, en forme de "reportage", à avoir été créée et produite pendant le conflit. Entre propagande et témoignage, elle illustre un quotidien de la guerre 151, route de Saint-Sulpice 04 74 79 86 27 www.chateau-de-jarcieu.com

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EXPOSER GRenoble et alentours Muséum de Grenoble Au fil des araignées Jusqu’au 8 mars 2015 Souvent détestées et craintes, les araignées figurent parmi les animaux les plus mal connus. L’objectif de l’exposition est de contribuer à démystifier et faire découvrir le monde des araignées, en présentant les aspects les plus surprenants de ces animaux et en explorant leur impact dans l’imaginaire humain. Films, agrandissements de photographies, jeux interactifs, araignées vivantes, espaces d’observation à la loupe binoculaire, contes et bulles sensibles (espaces pouvant être signalés pour les personnes «arachnophobes ») sont les principaux supports de cette exposition. 1, rue Dolomieu 04 76 44 05 35 www.museum-grenoble.fr

Musée Géo-Charles Échirolles Occuper le terrain Jusqu’au 26 octobre Depuis longtemps le sport investi considérablement le champ de l’art. A travers toutes les formes artistiques, des plus traditionnelles aux plus actuelles, l’art questionne, sublime, mythifie le sport. Dans cette exposition regroupant dixneuf artistes, le terrain (ou le stade) est vécu comme un véritable musée de plein air ! il y a de la pelouse, des grilles, des objets détournés, des ballons, des postures, du jeu, des gestes et leurs limites, des corps, des mots pour mieux arpenter et/ou explorer la notion de sport. 1, rue Géo-Charles 04 76 22 58 63 www.ville-echirolles.fr

Musée de Grenoble Giuseppe Penone Du 22 novembre 2014 au 22 février 2015 Giuseppe Penone n’a plus fait de grandes expositions dans un musée français depuis sa rétrospective au Centre Georges Pompidou en 2004. Pour son exposition au musée de Grenoble, il conçoit un parcours très libre qui mêlera œuvres anciennes et créations nouvelles, sculptures et réalisations murales, pièces monumentales et œuvres intimistes. A la manière de Bachelard, il offrira une rêverie sur les éléments, rêverie sensuelle et poétique qui conduit incidemment à une approche renou­velée de la relation de l’homme à la nature, des liens profonds et indé­fectibles qui les unissent. Bois, marbre, bronze, mais aussi végétaux, soie, cuir, graphite donneront formes à un nombre important de sculp­tures

ainsi qu’à une réalisation in-situ. Elles seront accompagnées d’une sélection de dessins, dont de nombreux inédits, qui viendront éclairer leur genèse.. 5, place de Lavalette 04 76 63 44 44 www.museedegrenoble.fr

Musée des troupes de montagne Grenoble Les chasseurs de la France Libre Jusqu’au 30 novembre Juin 1940... la France s'effondre face aux armées allemandes, mais quelques-uns, revenus victorieux de l'expédition de Norvège, décident de poursuivre le combat. Découvrez les Chasseurs alpins du bataillon de Camberley, bataillon d'instruction de la France libre. Fort de la Bastille 04 76 00 92 25

Musée de la Chimie Jarrie Réouverture ! Jusqu’au 30 novembre Le musée présente l'histoire de la chimie et retrace l'histoire, les techniques et les applications de l’industrie chimique du sud de Grenoble de 1915 à nos jours. La chimie du XXIe siècle, omniprésente dans notre quotidien, indispensable pour répondre aux enjeux de développement durable, est plus que jamais innovante et responsable. Après plusieurs mois de fermeture, le musée propose une présentation totalement renouvelée. Le Clos Jouvin 100 montée de la Creuse 04 76 68 62 18 www.ville-jarrie.fr

Grésivaudan Musée Jadis Allevard

Isère Rhodanienne Cloître Saint-André-le-bas Jusqu’au 21 septembre À l’occasion des travaux de rénovation de la section archéologie du musée des Beaux-arts et d’Archéologie, l’exposition « Work in progress », propose de découvrir ou redécouvrir cette institution. À travers une sélection de pièces issues des collections viennoises – certaines inédites ou vouées à disparaître du nouveau parcours – l’exposition dévoile un pan du travail effectué sur les œuvres dans le cadre d’un chantier des collections. Un événement qui propose d’entrer dans les coulisses de l’histoire et de la vie d’un musée, en révélant certains des secrets que recèlent parfois les objets. Réouverture du musée prévue fin 2014. Place Saint-Pierre 04 74 78 71 06 www.museesvienne.fr

Oisans Musée Mémoires d'Alpinismes, Saint-Christopheen-Oisans Une cordée à table Jusqu’au 30 septembre Au cœur de Saint-Christophe, à deux pas du cimetière où sont enterrés les célèbres guides-montagnards de la Bérarde et du Vénéon ainsi que nombre d’alpinistes de renom, le musée s’adresse à tous les pratiquants de la montagne. Il veut évoquer à la fois l’histoire de l’alpinisme sur le massif des Écrins et les émotions fortes de cette pratique synonyme d’aventure, d’engagement, de passion et de liberté. Cette montagne âpre et belle à la fois, a forgé les caractères. Ceux des habitants qui se sont accrochés à ses pentes. Ceux des guides et des alpinistes qui s’y sont aventurés. Cette exposition relate la fabuleuse histoire de vie de ces montagnards à l’assaut du tourisme malgré eux.

De l’ombre à la lumière : dessins et estampes des collections du musée d’Allevard Jusqu’au 26 septembre A l’occasion du récolement décennal du musée qui consiste à vérifier la présence des œuvres à partir de l’inventaire, le musée a souhaité présenter au public quatre-vingt estampes et dessins ayant pour sujet le Pays d’Allevard et ses environs. Le fonds graphique des collections du musée, du fait de sa fragilité, est rarement exposé. C’est donc une occasion exceptionnelle de découvrir des dessins, gravures et lithographies des XVIIIe et XIXe siècle.

Anciennes affiches de sécurité Jusqu’au 30 septembre Ces affiches très colorées, quelquefois drôles, font partie intégrante de notre patrimoine industriel du XXe siècle. Elles sont le témoignage de la lutte que des associations, telles AINF, ont menée pour l'amélioration de la sécurité au travail.

Parc des Forges 04 76 45 16 40, www.museedallevard.wordpress.com

Route des Alpes Rioupéroux 04 76 68 42 00

La ville 04 76 79 52 25 www.musee-alpinisme.com

Musée de la Romanche, Livet-et-Gavet


Porte des Alpes Musée de Bourgoin-Jallieu Jouons en famille ! Depuis quelques années le musée développe une offre culturelle à destination des familles. Parcours permanent textile, beaux-arts, expositions temporaires donnent lieu à des visites ludiques parents/enfants s’achevant par un goûter un dimanche par trimestre, des ateliers de pratique artistique 3 ou 4 fois par an, des jeux de piste permettant au moyen d’indices de partir à la découverte des collections du musée et/ou de l’exposition temporaire en cours, ou encore dans le parcours permanent du musée. Des espaces de jeux destinés aux enfants et aux familles sont mis en place lors des expositions temporaires. Ils sont spécialement pensés et créés au sein du musée pour permettre une approche ludique et sensorielle, inciter les enfants aidés de leurs parents à observer et découvrir par le jeu. Renseignements : bauriault@bourgoinjallieu.fr La vie des collections Deux nouvelles œuvres sont venues enrichir les collections beaux-arts du musée : Le champ de mars à Bourgoin par Victor Charreton (1864 - 1936) et La jetée de Trouville-sur-mer par Alfred Bellet-du-Poisat (1823 - 1883). Ces deux artistes nés à Bourgoin dans des familles de notables ont consacrés leur vie à la peinture et à l’art dès qu’ils purent abandonner le droit vers lequel ils avaient été orientés. Le 1er contribua à la création du musée en 1929, à la constitution et à l’enrichissement de ses premières collections. Le second, longtemps resté à l’ombre de ses grands prédécesseurs et contemporains vient de se voir consacré une exposition rétrospective au musée. Ces deux tableaux viennent enrichir les fonds Charreton et Bellet-du-Poisat constitués au fil des ans par quelques dons et des achats. Ces deux acquisitions ont pu être réalisées par la ville de Bourgoin-Jallieu grâce au FRAM Rhône-Alpes (fonds régional d’acquisition pour les musées) DRAC et Région, les Amis du musée de Bourgoin-Jallieu et du mécénat. 17, rue Victor-Hugo 04 74 28 19 74 www.bourgoinjallieu.fr

Sud-Grésivaudan Couvent des Carmes, Beauvoir-en-Royans Paroles, paroles Installés à l’extérieur du couvent six « paroliers » proposent aux visiteurs de créer leur propre parcours. Muni d’un « module énergie » remis à l’arrivée, la déambulation permet d’accéder à un

parcours enrichi, une visite contée des extérieurs, à la découverte du site historique, du jardin médiéval, du verger conservatoire et du village fortifié. Une redécouverte complète du site médiéval du couvent des Carmes !

poilus et leurs proches, et le sens de leur sacrifice.

1, ancienne route de Presles Beauvoir-en-Royans 04 76 38 01 01 www.couventdescarmes.com

Voironnais Chartreuse

Le Grand séchoir Vinay Les Voyages d’Hyppolite Polidarius dans une collection de noix A partir du 20 septembre A l’intérieur de coquilles de noix, un monde miniature façonné en volume à l’aide d’une kyrielle de petits matériaux… Hyppolite Polidarius, voyageur infatigable, parcourt le monde et capture ses aventures, ses rêveries ou ses rencontres insolites dans de drôles de petites noix qu’il envoie à Céleste Roselière, la demoiselle de la maison d’en face. Dix-huit noix composent la correspondance de ce qui est devenu un livre pour enfant, Les voyages d’Hyppolite Polidarius. Séduit par cet incroyable exercice de miniaturisation et après le succès rencontré par l’incroyable monde imaginaire de Maria Jallibert lors de l’exposition Voyages à l’intérieur d’une noix, le musée acquiert cette œuvre qui offre une vision décalée, poétique et imaginaire de la noix. à découvrir à tout prix ! 705, route de Grenoble 04 76 36 36 10 www.legrandsechoir.fr

Trièves

Place de la halle 04 76 34 88 28 www.museedutrieves.wordpress.com

Musée Mainssieux Voiron Un artiste en Italie Jusqu’au 31 décembre Un nouveau pan de la vie et de l’œuvre de l’artiste voyageur Lucien Mainssieux se dévoile. Surtout connu comme orientaliste, l’artiste voironnais a également fait l’expérience du voyage à Rome dès le tout début de sa carrière. De ses quatre premiers séjours entre 1910 et 1914, il a rapporté des peintures et dessins dont une centaine sont conservés au Musée Mainssieux. Ces œuvres, auxquelles s'ajoutent les nombreux écrits de Mainssieux présents dans ses archives, nous racontent l'Italie, classique, mais aussi sensible et éminemment émouvante, d'un jeune homme à l'orée de sa carrière et reconnaissance, entre tourisme et voyage d'étude. Place Léon Chaloin 04 76 65 67 17 www.voiron.fr/Musee-Mainssieux

Musée archéologique du lac de Paladru Charavines Voir p 26, Labo’Archéo 15, place de l’église 04 76 55 77 47 www.museelacdepaladru.com

Musée du Trièves Mens Le Trièves pendant la guerre de 14-18 Août 1914, la déclaration de guerre contre l’Allemagne résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel triévois. Les hommes partis au front, les femmes devront les remplacer aux commandes des exploitations agricoles, essentielles au ravitaillement des soldats et des populations des villes. La mise en place d’une économie de guerre va ainsi bouleverser toute la vie économique locale. A travers l’histoire de trois familles du Trièves, les liens entre les poilus et leurs proches sont évoqués. Le Trièves, éloigné des zones de combat, accueillera et soignera les blessés venus de toute la France dans des hôpitaux temporaires. Les monuments aux morts nous parlent encore aujourd’hui des sacrifices de chaque famille, chaque village. L’exposition, au-delà de l’émotion légitime, est l’occasion de nous interroger sur les liens qui nous unissent à ces

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Alexandre Hollan. 30 ans de Vies silencieuses Textes d’Alain Madeleine-Perdrillat, Laurent Jenny et Laurence HuaultNesme

Juin 2014 Éditions Conseil général de l’Isère / Musée Hébert 48 pages, 20€

Alfred Bellet-du-Poisat est d’origine bergusienne. Sa rencontre avec l’œuvre d’Eugène Delacroix et sa fougue picturale fut décisive. Il se consacra aux sujets religieux et historiques, puis à partir de 1865, à la peinture de paysage et de marine. Depuis ses débuts, Bellet-du-Poisat a été remarqué pour sa manière franche, puissante et

Bretelles & fabulations Installations de rébecca (!) fabulatrice Textes de rébecca (!) fabulatrice, Chantal Spillemaecker, Agnès Jonquères et Franck Philippeaux Grâce à l’exposition Les Dessous de l’Isère. Une histoire de la lingerie féminine présentée jusqu’en juin 2014, Rébecca Plisson – pardon rébecca (!) fabulatrice – propose une déambulation artistique originale au sein de l’ancien monastère de la Visitation. L’imaginaire de l’artiste est sans bornes ! Bretelles &

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A l’arrière comme au front Collectif coordonné par Jean Guibal, Olivier Cogne et Hélène Viallet Cent ans après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, cette publication est le premier ouvrage consacré à l’Isère et à ses habitants au cours de cette période qui fut l’une des plus meurtrières de l’histoire. Prolongeant l’exposition éponyme du Musée dauphinois, elle rassemble une vingtaine de contributions d’historiens, de responsables de musées, d’archivistes

La peinture d’Alexandre Hollan s’articule autour de deux thèmes : les natures mortes qu’il préfère appeler « Vies silencieuses » et les arbres, deux sujets que l’artiste traitera tout au long de sa carrière. Alexandre Hollan s’intéresse peu à l’apparence des choses

Alfred Bellet-du-Poisat, du romantisme à l'impressionnisme Jacques Beauffet

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directe de traiter le tableau. Proche des impressionnistes, il demeure fidèle à la manière dense et au chromatisme des premiers Monet, à la fermeté des rares marines de Manet… Présent dans la plupart des manifestations dédiées à la peinture lyonnaise, il n’avait jamais bénéficié d’une exposition ni d’une publication rendant compte de la diversité et de la complexité de son œuvre, point d’articulation entre le Romantisme et le mouvement Impressionniste. Avril 2014, Éditions Fage / catalogue d’exposition du musée de Bourgoin-Jallieu, 25€

Arcabas 60 ans à Saint-Hugues. L'abbé, le maire, le peintre. Une rencontre singulière Philippe Gonnet Soixante ans après l’inauguration de l’église de Saint-Hugues-de-Chartreuse investie par Jean-Marie Pirot – qui n’était pas encore Arcabas… –, il convient de s’interroger sur ce qui a rendu cette réalisation possible. On la doit à la rencontre de trois personna-

Fabulations nous emporte, entre conte des frères Grimm (le fameux patrimoine immatériel) réécrit, sculptures de bretelles de soutiens-gorge des plus soyeuses, corps cloîtrés et objets domestiques réinterprétés... vers une expérience sensible et poétique. Entre narration et réflexion sur le temps et les femmes, entre usages disparus et mémoires enfouies. Que le plaisir de feuilleter ces pages puisse prolonger ce parcours et témoigner que le musée est et doit demeurer le lieu de tous les dialogues entre les cultures. Février 2014, Éditions Conseil général de l’Isère / Musée dauphinois, 20 pages, 5€

Devenir Stendhal, l’enfance d’un écrivain Olivier Tomasini et Christine Carrier Cet ouvrage très illustré revient sur les jeunes années de Stendhal, nous permettant de comprendre comment l’imaginaire de l’écrivain s’est nourri du terreau de l’enfance. Grandissant à Grenoble, ville à l’esprit révolutionnaire, le jeune Henri Beyle y fera ses premières expériences, qui le marqueront à jamais. Au bonheur brisé par la

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mais plutôt à leur effacement dans l’espace en fonction de la perception de la lumière ; à peine devine-t-on les contours de quelques objets usuels simplement posés sur une planche. Proche de celui de Morandi, le travail de l’artiste, fait d’intériorité et de silence, est enraciné dans une tradition qu’il renouvelle avec maîtrise.

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qui mettent en lumière des aspects méconnus de l’impact du conflit sur ce département de « l’arrière » sur la base de documents qui jusque-là n’avaient pas été ou peu exploités. Eloignée des zones de combat, l’Isère n’en a pas moins été profondément marquée par cette guerre, tant par l’engagement des Isérois – près de 20 000 ont péri au cours de cette effroyable tuerie – que par les conséquences militaires, économiques et sociales multiples sur son territoire. La plupart des images qui illustrent ce livre sont inédites. Mars 2014, Éditions Conseil général de l’Isère / Musée dauphinois en partenariat avec les Archives départementales de l’Isère, 184 pages, 20€

lités extraordinaires. Avec son projet de jeune artiste, Jean-Marie Pirot sut séduire l’abbé Raymond Truffot, ancien prêtre-ouvrier. Dont la force de conviction conquit Auguste Villard, maire et conseiller général de Saint-Pierre-deChartreuse. Rien ne semblait devoir disposer ces trois hommes, d’opinions et d’horizons pour le moins divers, à se lancer dans pareille aventure ! Mais c’est précisément cette épopée que nous avons voulu retracer ici, histoire de rendre justice à ces pionniers… Juin 2013, Éditions Conseil général de l’Isère / Musée d’art sacré contemporain Saint-Hugues-de-Chartreuse, 48 pages, 7€

perte soudaine de sa mère à l’âge de sept ans, succède son antipathie pour son père, et l’apprentissage auprès de son grand-père Gagnon, homme intelligent, profondément bon, qui éveille le jeune homme et l’initie à l’esprit des Lumières. De l’éducation à la formation, des premiers émois aux lectures interdites, des élans romantiques au ressentiment qu’il nourrira pour sa ville natale qui conserve aujourd’hui le plus grand fonds de manuscrits stendhaliens, on voit se dessiner peu à peu, sous le costume du jeune homme, celui qui deviendra l’auteur de la Chartreuse de Parme et du Rouge et le Noir. Mai 2014, Éditions PUG / Collection Patrimoine, 125 pages, 17€90


Juin 2014, Éditions Conseil général de l’Isère / Domaine de Vizille - Musée de la Révolution française, 188 pages, 25€

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Gemmes, une brillante histoire Collectif sous la direction de Géraldine Mocellin et de Joëlle Rochas

Juillet 2014 Éditions Conseil général de l’Isère / Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye, 120 pages, 25 €

De multiples récits et images descriptives abondent depuis l’Antiquité sur la nature des pierres, leur origine aux confins du monde, leur emprise sur l'imaginaire et leur fonction symbolique. Les traités et lapidaires répondent à un vocabulaire normé, teinté de merveilleux. En filigrane, ils éclairent l’histoire des civilisations en un langage multi-

LE GUIDE - LECTURES

forme. Prisées pour leur couleur, leur éclat et leur beauté, creusets de toutes les vertus médicinales ou magiques, auréolées par essence de mystère, les gemmes naturelles et les verres colorés, les perles comme les coraux magnifient les reliquaires et les évangéliaires, parent à l’envi bijoux, objets d’art ou ornements. Entre ciel et terre, d’Orient en Occident, les gemmes, nées de la rosée du ciel selon la métaphore d’Isidore de Séville, touchent à la quintessence de l’or.

nière de notre Histoire au cours duquel la République a repris ses droits.

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Avril 2014 Éditions Le Dauphiné Libéré 136 pages, 14€90

La Libération entre Alpes et Rhône Olivier Cogne

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Avril 2014, Éditions Le Dauphiné Libéré / Les patrimoines, 50 pages, 7€90

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Jusqu’à la parution de cet ouvrage, Jean-Louis Laneuville ne représentait plus qu’un nom parmi les nombreux élèves de David, dont il sut reprendre avec un certain brio la peinture claire, au point d’engendrer dans le passé des confusions d’attributions… Un important travail d’archives a permis de découvrir une personnalité ambitieuse,

Après avoir longtemps focalisé leur attention sur le "haut", les stratégies militaires, les batailles ou la géopolitique, les historiens, sensibles à la demande sociale, ont observé le "bas", c'est-àdire la vie, la mort, la survie quotidienne des soldats : le "poilu" devenait le principal objet d'études. À l'aube du cen-

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Jean-Louis Laneuville (1756-1826) Portraitiste et marchand-expert Valérie Lavergne-Durey

tenace, à certains moments engagée mais finalement pragmatique, illustrant bien son époque. Fils naturel de J.B.M. Pierre Titon, parlementaire en vue et rapporteur dans « l’affaire du collier de la reine », il affiche un engagement républicain qui lui permet d’approcher de nombreux politiques dont il devient le portraitiste. Sa biographie entièrement inédite est suivie du premier catalogue de son œuvre. Avec sa manière franche et simple, ses coloris vifs et lumineux et son sens de l’observation, il compte parmi les meilleurs portraitistes de la Révolution française.

1914-1918 Entre Alpes et Rhône à l'arrière comme au front Gil Emprin

tenaire, les études portent désormais sur l'histoire sociale et culturelle de la France en guerre. Dans notre région, les hommes ont été majoritairement recrutés dans les troupes alpines, qui deviendront troupes d'élite. Mais c'est surtout comme centre de production majeur d'armements que la région a été en quelque sorte dessinée par la guerre. Elle a accentué les phénomènes de déclin des campagnes et l'exode rural vers les vallées industrielles dynamisées et les villes. La guerre a surtout changé la société : le deuil quotidien, les diverses populations de réfugiés, blessés, prisonniers, travailleurs immigrés et coloniaux l’ont rendu présente à l'arrière comme au front.

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Chef régional des Mouvements unis de la Résistance, ancien maire et conseiller général de Tullins, le docteur Gaston Valois trouve la mort au cours de la « Saint-Barthélemy grenobloise » le 29 novembre 1943. Malgré ses nombreux engagements politiques et sociaux avant et pendant la guerre, son parcours demeure pourtant largement ignoré. Face

Novembre 2013, Éditions Conseil général de l’Isère / Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, 82 pages, 12€

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Gaston Valois, La République à en mourir Gilles Emprin

à ce constat, le musée a voulu proposer un premier livre de synthèse sur la vie du résistant à l’occasion des soixantedix ans de sa disparition et a confié le soin de son écriture à l’historien Gil Emprin. Cet ouvrage inaugure une nouvelle collection Parcours de résistants dont l’objectif est de pouvoir raconter l’histoire des principales figures de la Résistance iséroise.

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Novembre 2013 Éditions Conseil général de l’Isère / musée de l’Ancien Evêché, 173 pages, 26€

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Diodore Rahoult, 1819-1874 Paroles de palette Collectif sous la direction de MarieFrançoise Bois-Delatte, Marianne Clerc, Béatrice Guiffault, Isabelle Lazier Diodore Rahoult est un artiste assez peu conventionnel de la peinture dauphinoise du XIXe siècle. Éclectique, il explore différents sujets picturaux : le paysage, les scènes de genre, les figures italiennes, la peinture galante, les scènes historiques et répond à des

commandes de décors peints. Il fait montre aussi d’une palette habile pour rendre des scènes réalistes jusqu’à être chroniqueur judiciaire. Diodore Rahoult témoigne dans ses peintures de l’intérêt qu’il porte également au monde qui l’entoure. Il est un fin observateur de ses contemporains, des plus faibles ou des plus démunis qu’il dépeint avec un grand respect. Cet ouvrage propose une découverte inédite et explicitée de son travail. Des esquisses de jeunesse aux peintres de maturité, plus de deux-cents pièces (dessins, imprimés, aquarelles, huiles) provenant de la bibliothèque municipale de Grenoble, de collections publiques et privées, donnent à voir l’itinéraire de la vie et l’œuvre de cet artiste injustement oublié.

À l’été 1944, les départements rhônalpins sont enfin libérés de l’occupation nazie. Débarquées sur les côtes de Provence le 15 août, les troupes alliées ont réalisé une progression fulgurante qui a permis la Libération du Sud-Est du pays en quelques semaines, avec le soutien actif de la Résistance intérieure. Illustré de nombreuses photos d’archives, pour une large part inédites, ce livre revient sur un moment char-

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La vie inimitable. Dans les maquis du Trièves et du Vercors en 1943 et 1944. Yves Pérotin et Anne Pérotin-Dumon Cet ouvrage a deux facettes. Côté pile, c’est le récit d’un maquisard qui, au sortir de la guerre, en 1945, couche ses souvenirs sur le papier : c’est La vie inimitable, un témoignage passionnant, émouvant et drôle, aux qualités

entre Orient et Occident Nicole Chambon, Annick Le Guérer, Michèle Bilimoff, Chérif Harrouni

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Le jardin médiéval, entre Orient et Occident Collectif sous la direction de Géraldine Mocellin Peintures et manuscrits livrent une mine d’informations particulièrement précieuse. Les lettrines souvent ornées de fleurs et les délicates enluminures offrent une vision très concrète des jardins médiévaux et des plantes qui les

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littéraires indéniables, qui raconte de l’intérieur la vie de ces maquisards de l’ombre, ces jeunes hommes engagés aux côtés de la Résistance dans les maquis du Trièves et du Vercors, en 1943 et 1944. Côté face, c’est l’histoire d’un manuscrit inédit, oublié pendant 70 ans, exhumé par la fille de l’auteur, archiviste et historienne, dont le travail de présentation et d’annotation du texte original en dégage toute la force historique. L’ouvrage d’Yves Pérotin a la puissance du vécu, l’intensité de la mémoire, la vivacité du souvenir encore chaud. Le travail d’Anne Pérotin-Dumon le resitue dans la trame de la grande histoire, tisse les passerelles avec les événements, retrouve la trace des compagnons, documente les photos. Juin 2014, Éditions PUG / Collection Résistances, 454 pages, 19€

garnissent. Tant que les châteaux ont été des édifices à vocation essentiellement défensive, les jardins situés dans leurs enceintes se sont cantonnés à des espaces modestes. Mais ils se sont accrus au fur et à mesure que les forteresses ont évolué vers la fonction de résidences de plaisance. Cet ouvrage collectif évoque les différentes formes de jardins présents au Moyen Âge, entre Orient et Occident et permet de découvrir le talent de ces peintres et enlumineurs qui ont figuré avec habileté les plantes médicinales mais également les fleurs et les oiseaux tout en laissant transparaître jusqu’à fusionner la symbolique religieuse et profane. Juillet 2014, Éditions du Garde-Temps, avec le soutien du Conseil général de l’Isère / Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye, 62 pages, 25 €

Le Dauphiné, une représentation des territoires à partir des cartes géographiques anciennes Jacques Mille Ce livre est un triptyque prolongeant l’ouvrage publié par l’auteur en 2011 : Les Hautes-Alpes. Cartes géographiques anciennes (XVe-mi XIXe siècle). Le premier volet concerne la cartographie manuscrite exhaustive du Dauphiné (1598-1619) par Jacques Fougeu et Jean de Beins, à partir d’une é m m mo o

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Le jardin médiéval

Mars 2014, Éditions Glénat, 98 pages, 15€

La pierre et l’écrit n°24 Collectif Cette revue fait la part belle à de jeunes chercheurs qui nous proposent les résultats remarquables de leurs premiers travaux. Ceux-ci couvrent un large spectre thématique et chronologique avec pour le Moyen âge, l’image du pouvoir de Louis XI, pour le XVIIIe siècle l’histoire des techniques extractives, et pour le XXe siècle les change-

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L'Alpe N°64 Des paysages et des hommes Collectif Une part infime d'hommes et de femmes laissent leur nom dans l'histoire d'un territoire. Ne demeurent généralement que quelques illustres, dont les patronymes deviennent des adresses ou désignent des établissements publics. Exit les trop nombreux noms figurant sur les monuments aux morts de la grande guerre. Exit bien évidemment les innombrables généra-

tions d'individus qui ont marqué ce territoire, qui en ont fabriqué les paysages et forgé les mentalités. Le patrimoine, a-t-on souvent dit, ce sont pourtant ces gens. Dans la légende locale, qui fait office de mythe des origines ou de récit national, nos héros ne sont donc plus qu'une poignée. Dans ce numéro de L'Alpe consacré à l'Isère, on se gardera pourtant de rechercher quelque palmarès des célébrités. On a plutôt tenté de cerner les ingénieux, ceux qui ont participé à la saga conquérante de cette terre aujourd'hui reconnue pour sa fertilité dans le changement et les idées nouvelles.

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Mémoire d’Obiou, n°19 La revue annuelle de l’association des Amis du Musée matheysin rassemble, comme de coutume, diverses contributions qui traitent du patrimoine du Beaumont, de la Matheysine, du Trièves et du Valbonnais. Ce numéro s’inscrit dans les commémorations de 1914-1918 avec des évocations de la vie pendant la Grande Guerre quand arrivèrent réfugiés, soldats blessés et prisonniers de guerre. D’autres articles, consacrés à la

ments culturels et politiques majeurs de la ville de Grenoble. A côté d’une autre contribution relative à la question des marais de Virieu à la fin de l’Ancien Régime, la guerre tient une place importante dans cette publication. Deux articles viennent rappeler que dès l’antiquité, les régions d’altitudes n’ont pas été épargnées par le passage ou les installations militaires. Mais ce sont surtout les conflits du XXe siècle qui ont mobilisé les auteurs, tant pour rappeler l’épisode héroïque de Narvik où les troupes alpines prirent toute leur part que pour rappeler la justesse du combat porté contre l’êxtrémisme et sa valeur dans le monde contemporain. La première guerre mondiale tient sa place dans ce numéro avec une contribution sur les grèves en Isère pendant cette Grande Guerre. Décembre 2013, Éditions PUG / La pierre et l’écrit, 256 pages, 31€

trentaine de documents exceptionnels de la British Library, de la Bibliothèque nationale de France et de fonds privé. Le deuxième volet un catalogue raisonné d’une centaine de cartes imprimées du Dauphiné du XVe siècle à la Révolution. Le troisième, quant à lui, est consacré aux Hautes-Alpes, pour compléter et prolonger jusqu’au XXe siècle, avec près de cent vingt reproductions, la représentation cartographique du département déjà réalisé dans le premier ouvrage consacré à ce thème. Ce sont ainsi près de trois cents reproductions de cartes anciennes, manuscrites et imprimées, essentiellement en couleurs, issues de fonds privés et d’institutions diverses qui sont exposées dans cet ouvrage. Décembre 2013 naturalia publication,

336 pages, 40 €

conscription napoléonienne, aux Chantiers de Jeunesse des années 40 ou à divers témoignages sur l’Occupation, élargissent le thème de la guerre jusqu’au dernier conflit mondial. L’art trouve sa juste place avec le peintre trièvois Edith Berger (entretien inédit), les toiles libres de Claude Garanjoud actuellement exposées au Musée matheysin, et le peintre de montagnes, Obiou compris, Madame Albert Doran. Mai 2014, Éditions Musée matheysin, 160 pages, 20 €


Code 4149 ©Patrimoine en Isère Dépôt légal : juin 2014

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Perceval en montagne Collectif sous la direction d’Annick Clavier A Theys, au fond des bois se dresse la silhouette d’une mystérieuse bâtisse inhabitée… C’est le Châtel qui renferme des peintures murales aux vives couleurs, racontant l’histoire de Perceval le Gallois. Ce chevalier du roi Arthur est le personnage central d’un roman célèbre

Recadrages. des entreprises en mouvement 1991-2013 Collectif, photographies d'Anne-Marie Louvet Trente entreprises de Grenoble et de sa couronne, signalées en 1991 comme très performantes, ont été photographiées par Anne-Marie Louvet. L’usage du noir et blanc le choix de réaliser des prises de vue la nuit et selon un cadrage étudié, donnent aux sites industriels une forme de mystère

Juin 2014, Éditions Conseil général de l’Isère, 98 pages, 13€

et de poésie. Vingt-deux ans plus tard, l’artiste choisit de retourner sur les sites. Le cadrage reste approximativement le même, mais l’argentique a laissé la place au numérique et à la couleur, la nuit à la lumière du jour. Ce sont deux époques de l’histoire de la photographie qu’Anne-Marie Louvet propose ici à travers la constitution de diptyques qui mettent en parallèle hier et aujourd’hui. Mais au-delà du seul travail plastique et artistique, ces photographies laissent entrevoir l’évolution de ces entreprises durant ces vingt dernières années. Derrière une apparente stabilité, se cachent souvent des transformations intérieures très profondes qui témoignent de la mondialisation de l’économie. Octobre 2013, Éditions Conseil général de l’Isère / Maison Bergès-Musée de la Houille blanche, 78 pages, 15€

Un monde négocié Harriet G. Rosenberg Usant des outils de l'historien aussi bien que de l'anthropologue, Harriet Rosenberg analyse sur plus de trois siècles l'évolution d'une communauté alpine du Queyras : Abriès. Elle y fait apparaître comment cette microsociété, qui ne dispose ni de ressources ni de facilités particulières, mais doit surmonter les contraintes de la vie en

Mars 2014, Éditions Conseil général de l'Isère / Revue Le monde alpin et rhodanien, 192 pages, 15€

Tout skieur a eu entre ses mains un plan des pistes signé Pierre Novat. Quels que soient le domaine skiable, la diversité des versants, la complexité des tracés, Pierre Novat a révolutionné le mode de représentation de la montagne afin que chacun se repère sans souci de piste en piste. Au-delà de

Novembre 2013 Editions Glénat 192 pages, 30€

conservés au Musée Mainssieux. Ces œuvres, auxquelles s’ajoutent les nombreux écrits de Mainssieux présents dans ses archives, nous racontent l’Italie, classique, mais aussi sensible et éminemment émouvante, d’un jeune homme à l’orée de sa carrière et reconnaissance, entre tourisme et voyage d’étude. Mai 2014 Éditions Libel / Catalogue d’exposition du musée Mainssieux 128 pages, 19€50

Un artiste en Italie. Voyage de Lucien Mainssieux Collectif sous la direction d’Emmanuelle Macaigne et Gilles Bertrand Un nouveau pan de la vie et de l’œuvre de l’artiste-voyageur Lucien Mainssieux se dévoile. Surtout connu comme orientaliste, l’artiste voironnais a également fait l’expérience du voyage à Rome dès le tout début de sa carrière. De ses quatre premiers séjours entre 1910 et 1914, il a rapporté des peintures et dessins dont une centaine sont é m m mo o

Vercors Collectif coordonné par Olivier Cogne et Jacques Loiseau Prolongeant l'exposition éponyme et destiné au plus grand nombre, cet ouvrage rassemble une douzaine de contributions d'historiens, de responsables de musées et d'associations. Si la Résistance dans le Vercors est au cœur de cet ouvrage, c'est plus largement l'histoire de ce massif et de ses habitants au cours de la première

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altitude et des passages plus ou moins destructeurs que lui valent sa position frontalière, parvient, un temps, à prospérer. Du fait des relations qu’elle établit entre ses membres et sait nouer audelà, dans les sphères du pouvoir dont elle dépend, un équilibre semble atteint quoique toujours remis en question par le rôle qu’y joue son élite autant que par les évènements de l’histoire.

leur fonction pratique, ces dépliants recèlent une véritable œuvre artistique que ce livre vous propose de découvrir ou redécouvrir. De la pratique à l'art ou de l'art à la pratique, il est difficile de choisir : la pratique a autorisé la création de cette œuvre, et l'œuvre permet de pratiquer… Ici, art et pratique ne font qu'un. Des prises de vues en hélicoptère aux plans finaux, en passant par les dessins au crayon, le début de l'ouvrage est consacré à l'histoire de cette création et aux techniques adoptées. Ensuite, sont reproduits une soixantaine de plans parmi plus de 250 réalisés par Pierre Novat en 35 ans de carrière professionnelle.

Plans des pistes, Les domaines skiables de France dessinés par Pierre Novat Collectif

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ISBN : 978-2-35567-087-9

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PERCEVAL EN MONTAGNE

Annick Clavier PERCEVAL EN MONTAGNE

LE CHÂTEL DE THEYS

au Moyen âge, écrit par Chrétien de Troyes. On hésite encore sur le nom du commanditaire de cette œuvre exceptionnelle, mais il s’agit sans doute d’une noble famille locale, les Bellecombe de Theys. Leur maison forte est élevée sur une terrasse ou basse-cour que domine un tertre massif : cette motte portait le château de Theys, construit par les seigneurs de Domène, plus tard aux mains des comtes de Genève… Cet ouvrage vous invite à découvrir ce site complexe et son histoire, telle qu’on peut la comprendre aujourd’hui avant des travaux de restauration. Venez suivre les aventures du héros Perceval dans une bande dessinée du XIVe siècle !

2013/

Annick Clavier

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Annick Clavier

eys, au fond des s se dresse la houette d’une mysieuse bâtisse inbitée… C’est Le rme des peintures es couleurs, raconPerceval le Gallois. oi Arthur est le perd’un roman célèbre crit par Chrétien de encore sur le nom e de cette œuvre mais il s’agit sans e famille locale, les heys. Leur maison ur une terrasse ou domine un tertre te portait le château it par les seigneurs tard aux mains des ève… Cet ouvrage ouvrir ce site comire, telle qu’on peut jourd’hui avant des ration. Venez suivre héros Perceval dans née du XIVe siècle !

moitié du XXe siècle et en particulier durant les heures sombres de la guerre qui s'y trouve relatée. Par-delà le conflit, l'immédiat après-guerre et la mise en mémoire des événements y sont également abordés pour mieux saisir l'image de ce maquis devenu « emblème » de la Résistance française. Mettant à profit les recherches les plus récentes, ce livre permet une lecture précise de l'histoire du Vercors soixante-dix ans après les faits. Richement illustré, nombre des images qui le composent n'ont jamais été publiées. Juin 2014 Éditions Conseil général de l’Isère / Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère 136 pages, 15€

Retrouvez les ouvrages publiés par le Conseil général de l’Isère dans la librairie du patrimoine sur www.isere-culture.fr

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