Patrimoine en Isère - Journal n°20

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ÉDITO

EN RETENANT DANS SES OBJECTIFS LA MISE EN ŒUVRE D’UNE POLITIQUE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL ET OUVRIER EN ISÈRE, le Conseil général a souhaité infléchir son action patrimoniale vers le monde contem-

porain. Les deux projets culturels attendus, à terme, sont la restauration et l’ouverture au public de la Maison Bergès à Lancey, sur le site de naissance de la houille blanche, et le développement du musée de la Viscose, à Échirolles, en lieu d’évocation et d’interprétation de la mémoire ouvrière iséroise. La parution de l’Atlas du patrimoine industriel de l’Isère, bientôt suivie de celle de l’ouvrage À l’atelier, à l’usine, l’Isère au travail (XIXe-XXe siècles), constitue le premier pas de cette action et permet d’en définir les contours. La discussion ouverte avec les professionnels et amateurs de patrimoine, notamment lors des Rencontres du 14 septembre et des traditionnelles Journées des 15 et 16 septembre, permettra de partager ces projets avec les publics les plus larges. Au moment où notre département s’engage dans les voies nouvelles de son développement économique, autour notamment des nanotechnologies, IL N’EST PAS SANS INTÉRÊT DE NOUS INTERROGER SUR L’HISTOIRE DE NOTRE INDUSTRIE ET LES GRANDES ÉVOLUTIONS TECHNIQUES QUI L’ONT MARQUÉE, et de nous préoccuper de la conservation des vestiges qui en témoignent. Alors nous pourrons continuer à ancrer le devenir de notre territoire sur des racines vigoureuses qui nous donneront la force de continuer à avancer. LE président du Conseil général

André Vallini DÉPUTÉ DE LISÈRE

Une mémoire arménienne De Medz Nor Kiugh (Bursa, Empire ottoman) à Saint-Martind’Hères (Isère, France) Par Yervant Der Goumcian, 1894-1976, traduit de l’arménien par Raymond Kévorkian En écrivant dans sa langue natale quelque 1 500 pages, Yervant Der Goumcian livre un récit inédit sur le génocide des Arméniens. Du village natal où il naît en 1894 jusqu’à son arrivée en France, dans les années 1920, l’auteur conserve une mémoire très précise des faits dans lesquels se mêlent l’histoire familiale et celle de tous les Arméniens ottomans confrontés au massacre organisé par le gouvernement des Jeunes-Turcs, entre 1915 et 1916. Il témoigne par ailleurs des conditions d’existence de la diaspora arménienne de la première génération et de la permanence du lien communautaire. 2007. Éditions Conseil général de l’Isère, Ville de Saint-Martin-d’Hères.

Signalé La GéoGraphie Comprendre le monde dans ses dimensions humaines, culturelles, sociales, voire économiques ou politiques, telle est la vocation première de La GéoGraphie, une revue imaginée pour des lecteurs en quête de sens et de connaissance. Créée en 1822 par la Société de géographie à Paris, la revue fait peau neuve cet hiver avec son 1527e numéro ! Dorénavant réalisée en association avec l’Institut géographique national (IGN) et les éditions Glénat, elle sera diffusée en kiosques et par abonnement. Ni magazine de voyage, ni publication savante, cette revue trimestrielle, exigeante et iconoclaste, proposera au lecteur de découvrir la diversité des civilisations, de leurs modes de vie et de leurs territoires. Bref, de renifler le temps. Avec la curiosité pour principal guide. Coédition Glénat - IGN - Société de géographie. 116 pages. 7,90 euros Parution du premier numéro le 20 décembre 2007

213 pages, 25 euros

VIENT DE PARAÎTRE

ATLAS DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE L’ISÈRE Ouvrage dirigé par Cécile Gouy-Gilbert et Jean-François Parent.

Cet atlas, qui n’est ni une histoire de l’industrie, ni un inventaire exhaustif du patrimoine industriel de l’Isère, a permis de rassembler ce que l’on connaît aujourd’hui des traces laissées par les activités industrielles dans ce département pour en dresser un état des lieux. La recherche a été limitée ici à ce que l’on désigne généralement comme relevant de “la grande industrie”, dont les prémices apparaissent en Isère au XVIIe siècle pour s’épanouir plus largement aux XVIIIe et XIXe siècles. Pour autant, le patrimoine industriel ne se situe pas uniquement dans le passé, mais continue à s’élaborer et se construire sous nos yeux. Ces mémoires industrielles en incluent donc les aspects les plus contemporains. Si les bâtiments, aménagements et machines sont les “traces patrimoniales” les plus évidentes, il en est d’autres, immatérielles, tout aussi riches. Cette dimension relative aux savoirs et aux modes vie est notamment abordée à travers divers exemples d’habitat ou encore les mouvements sociaux les plus significatifs de chaque époque. Résultat d’un travail collectif mené par des historiens, ethnologues, ingénieurs, architectes, conservateurs ou animateurs du patrimoine, le présent ouvrage a bénéficié de multiples regards et compétences sur ce savoir patrimonial. Édition Patrimoine en Isère. 144 pages. Parution : septembre 2007.

À PARAÎTRE

NOUVELLE HISTOIRE DU DAUPHINÉ

Sous la direction de René Favier, professeur d’histoire moderne à l’université Grenoble-II Pierre-Mendès-France et membre du LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes) du CNRS. La province du Dauphiné a constitué une principauté indépendante au milieu du Moyen Âge, puis une province du royaume de France du XIVe au XVIIIe siècle avant d’être éclatée en 1790 entre trois départements. De nos jours elle survit à travers ses “lieux de mémoire” (Vizille, la Grande Chartreuse, Saint-Antoine l’Abbaye, les Sept Merveilles, Bayard, Lesdiguières…) et l’activité des associations culturelles et patrimoniales qui en gardent la trace. Son territoire hétérogène (de la Meije aux basses plaines rhodaniennes, des confins humides de la Bresse aux portes des terres provençales) ne favorisait pourtant pas une unité économique ou démographique, ni la formation d’une véritablement identité culturelle, mais la construction politique forte permit à cette province d’exister et de se développer. Faisant suite aux autres histoires du Dauphiné publiées jusqu’à ce jour mais qui s’inscrivaient dans un cadre territorial unique quelles qu’en soient les époques, cette Nouvelle Histoire du Dauphiné apporte un regard nouveau en décrivant de façon précise et détaillée la constitution de cette province, sa destinée jusqu’à son éclatement lors de la Révolution et la façon dont sa mémoire survit depuis le début du xixe siècle. Faire le lien entre le passé et le présent, montrer comment les recompositions territoriales d’aujourd’hui se nourrissent de la mémoire du passé, tel est l’esprit de cet ouvrage. Éditions Glénat. Parution : novembre 2007


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RIVES *

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À NOUVEAU

DANSLESÉTOILES !

ABANDONNÉE PENDANT LONGTEMPS AUX INTEMPÉRIES, LA CHAPELLE BLANCHET DE RIVES AVAIT BEAUCOUP SOUFFERT. QUELQUES TRAVAUX DE SAUVEGARDE AVAIENT ÉTÉ RÉALISÉS PAR L’ARDEP*, MAIS CETTE ASSOCIATION AVAIT DÛ LA CÉDER À LA VILLE DE RIVES, FAUTE DE MOYENS FINANCIERS ET DEVANT L’AMPLEUR DES TRAVAUX. LA MUNICIPALITÉ A ENTREPRIS DÈS 2003, AVEC L’AIDE DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE, UN IMPORTANT CHANTIER DE RÉHABILITATION INTÉRIEURE ET EXTÉRIEURE, CONFIANT LA CONDUITE DE L’OPÉRATION À SYLVIE ANSELEM, QUI NOUS LIVRE ICI LES PARTIS PRIS D’UNE REMARQUABLE RESTAURATION ACHEVÉE CETTE ANNÉE.

Située sur les hauteurs de Rives, la chapelle surplombe les anciennes papeteries Blanchet dont elle dépendait. Construite en 1847 sur les plans de l’architecte diocésain Alfred Berruyer, elle offre une richesse architecturale et décorative remarquable, mélange d’inspiration médiévale et byzantine dans la lignée de l’architecture éclectique du XIXe siècle. Les peintures intérieures sont l’œuvre d’Alexandre Debelle et reflètent cette alchimie : motifs néo-byzantins de l’abside et de la paroi est, (fond d’or, frise grecque, représentations humaines) et médiévaux (présence d’entrelacs, de symboles chrétiens et du ciel étoilé). DES TRAVAUX DE SAUVEGARDE Les matériaux employés comme les techniques, et tout autant le manque d’entretien, ont eu raison des maçonneries extérieures et des décors intérieurs, disparus pour moitié. Les colonnettes en molasse du clocheton ont subi les effets de l’érosion et du poids de la flèche qu’elles supportaient. Fendues sur toute leur hauteur et très érodées, elles présentaient un réel danger d’écroulement menaçant l’équilibre entier du fronton. Elles ont été remplacées par des colonnettes en grès d’Espagne et la stabilité de la façade a été renforcée par un contreventement interne en béton. Les sculptures très dégradées des corniches ont été consolidées, complétées, puis teintées afin d’uniformiser les différentes interventions. Intérieurement, les staffs manquants des chapiteaux et des corniches ont été restitués par moulage. Enfin, les peintures murales (décors géométriques) ont été partiellement complétées après consolidation et restauration.

LES PARTIS PRIS DE RESTAURATION La restitution des scènes historiées et des apôtres a été plus délicate puisqu’il fallait faire le choix entre une réintégration partielle des lacunes, une “sinopie” (représentation au trait de la silhouette des personnages), ou une reconstitution complète de la peinture, ce qui malgré les vingt-six dessins d’origine (heureusement conservés dans les collections du Musée dauphinois) aurait laissé une place importante à l’interprétation personnelle du restaurateur, et aurait nuit à l’intégrité historique du site. N’a donc été reconstitué que ce qui demeurait présent de manière assez fiable. Ainsi le maître d’ouvrage a-t-il décidé de restituer intégralement les scènes historiées des peintures et des vitraux du chœur, ainsi que le ciel étoilé repeint à la feuille d’or, tout comme le cul de four. Alors que le choix a été fait pour les peintures disparues des apôtres du mur nord d’une représentation différente. Des photocopies sur toile tendue des cartons de Debelle ont été réalisées. Cette solution réversible permet, tout en évitant un travail très coûteux et peu fiable par rapport à l’esprit de l’artiste, de compléter un ensemble décoratif homogène et d’appréhender cet édifice tel qu’il devait être perçu à son origine. Sylvie Anselem architecte du patrimoine * Association rivoise pour la défense de l’environnement et du patrimoine


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STJEANBAPTISTE

EN JANVIER 2007, D’IMPORTANTES DÉCOUVERTES ÉTAIENT FAITES DANS L’ÉGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE DE VIF, LAISSANT SUPPOSER, SOUS LE VILAIN BADIGEON GRIS QUI RECOUVRE AUJOURD’HUI LES MURS DE L’ÉDIFICE, UN DÉCOR SOMPTUEUX. AVANT D’ALLER PLUS LOIN DANS SON DÉGAGEMENT, DES TESTS OPTIQUES TRÈS SOPHISTIQUÉS VONT ÊTRE CONDUITS POUR MESURER L’ÉTENDUE RÉELLE DE CES PEINTURES. QUAND IL S’EST AGI DE FAIRE RESTAURER L’INTÉRIEUR DE L’ÉGLISE SAINT-JEAN-BAPTISTE (électricité et peinture), on a procédé dans les règles de l’art. Avant tout, faire réaliser un diagnostic pour savoir si des décors anciens étaient préservés sous le badigeon grisâtre, car on sait que la plupart de nos églises étaient couvertes de peintures. On fit donc appel à des spécialistes, restaurateurs de peintures murales, pour procéder à des sondages : en quelques points bien choisis, ceux-ci délimitèrent des fenêtres de travail (plus de cent quatre-vingts en tout), des petits carrés de sept centimètres de côté (un mètre carré pour les plus grandes), dans lesquels on retira les couches superficielles. Et bientôt apparurent, dans toute les parties hautes de la nef, des traces de décors, des ocres, des rouges, des bruns. En agrandissant un peu certaines fenêtres, on a pu se rendre compte qu’il s’agissait d’un grand ensemble historié : parties de plusieurs saints personnages furent dégagés, avec leurs éléments de décor d’accompagnement (arcatures, filets et liserés formant des cadres, motifs floraux ou géométriques). “Sans doute 500 à 600 mètres carrés de programme peint” supposent alors Séverine Haberer et Jean-Michel Martinez, tous deux restaurateurs en peinture murale, heureux auteurs de cette découverte. UNE LECTURE EXPÉRIMENTALE La découverte fait grand bruit et connaît bientôt un développement inattendu : le laboratoire d’Optique appliquée de Saclay propose de tester à Vif un nouveau procédé de laser, encore expérimental, afin de voir si l’on pourrait reconnaître le décor encore recouvert par les enduits. Des tests sont en cours, aux États-Unis où se trouve l’appareil, avant un essai sur place si les premières tentatives sont positives. Que ces recherches fondamentales aboutissent ou non, les peintures devront tout de même être mises au jour et restaurées. La surface à dégager est importante et le coût de l’opération va nécessiter un montage financier en plusieurs tranches… La peinture murale fut longtemps le mode de décor le plus commun, le moins onéreux ; l’exemple de Vif nous montre à quel point il faut être vigilant sur toutes les restaurations intérieures du bâti ancien, car les édifices religieux ne furent pas les seuls à en porter. La mode de la “pierre apparente”, véritable contresens historique et archéologique, est également une calamité pour ce patrimoine fragile et caché.


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MONVILLAGEAUNEHISTOIRE! ALORS MÊME QUE L’INVENTAIRE ÉTAIT EN COURS DANS LES CANTONS DE CORPS, LA MURE ET VALBONNAIS, LES ENFANTS DE SIX CLASSES DE CES TERRITOIRES* PLANCHAIENT SUR LA NOTION DE PATRIMOINE. SIX SÉANCES D’OCTOBRE À MAI, CONDUITES À LA DEMANDE DE LA CONSERVATION PAR L’ASSOCIATION HISTOIRES DE… SOUS L’ŒIL ATTENTIF DE BENJAMIN CHAVE, CHARGÉ DU PROJET, LES ÉLÈVES LIVRENT AUJOURD’HUI LE FRUIT DE LEURS QUESTIONNEMENTS ET INVESTIGATIONS. UNE BIEN BELLE LEÇON DE CHOSES. Jean-Yves Le Gall, instituteur à Notre-Damede-Vaulx est clair : “Ce fut passionnant ! Benjamin a su trouver les bons outils et les bonnes accroches et suivre un vrai cheminement d’une séance à l’autre. Ce n’est pourtant pas si simple d’intéresser des élèves de CM1/CM2 au patrimoine…” Après la diffusion d’un diaporama sur le patrimoine de leur village, comme une mise en bouche, on les a très vite invités à aller sur le terrain pour faire un reportage photographique sur ce qui relevait à leurs yeux du patrimoine. Le bassin du père Borel ? La croix dans le chemin ? La borne à l’angle des deux maisons ? Pas si simple finalement ! D’autant que, lorsqu’on questionne les habitants du village, ce que nos chercheurs en herbe n’ont pas manqué de faire, personne n’a vraiment la même perception du patrimoine. Le maire, l’agriculteur, le garde du parc des Écrins, le touriste : ils ne voient pas du même œil ce patrimoine. Il y aurait donc des visions différentes en fonction de chacun et de l’usage que l’on en fait… Et puis, à partir de quel moment peut-on parler de patrimoine ? Les élèves se sont beaucoup interrogés sur cette question, comme le relate Fabienne Bauchon, l’institutrice de la classe unique d’Entraigues. “Qu’est-ce qui est vraiment ancien ? À partir de quand peut-on dire que c’est ancien ? Les enfants ont du mal à faire le lien entre le passé et le présent, ils maîtrisent mal l’échelle du temps. C’est pourquoi la rencontre avec cette ancienne du village qui est venue leur expliquer qu’elle avait été dans la même école qu’eux, soixante-dix ans plus tôt, les a laissés pantois et fait réfléchir”. Présentés dans l’exposition Patrimoine en Isère, les restitutions des enfants sont très différentes d’une classe à l’autre mais non moins riches : travail sur le cadastre, maquette de fermes, bande dessinée, romans photo, cédérom… “Le rendu des travaux est de très bonne qualité. C’est vraiment la patte des enfants. Ils ont cherché à transmettre ce qu’ils ont appris” explique Benjamin qui souligne également combien le projet a pu créer du lien avec les parents et les habitants du village.

Le mot de la fin ? Ce sont les enfants de NotreDame-de-Vaulx qui le donnent. “Au début de notre travail avec Benjamin nous avons cherché une définition du patrimoine. Voilà celle que nous avons trouvée : ‘Le patrimoine, ce sont les choses anciennes que l’on trouve dans les paysages’. Puis en fin de travail, nous avons vérifié si notre première définition était toujours la bonne. On a voulu y rajouter trois mots qui nous semblaient importants et voilà notre nouvelle définition : ‘Le patrimoine, ce sont les paroles et les choses anciennes que l’on trouve dans les pays et dans la mémoire des hommes et des femmes’”. Benjamin est heureux. “Leur regard a changé et ils sont capables de mettre du vocabulaire sur ce qu’ils voient. Ils ont acquis des réflexes. Mais les choses ne s’arrêtent pas là : on leur a juste donné des clés pour comprendre ce qui les entoure.” Comme à la fin de chaque projet, la boucle est bouclée. Benjamin est prêt à continuer à aiguiser les regards, fort de cette belle expérience, avec toujours la même humilité d’une démarche qu’il décrit luimême comme empirique. * Écoles d’Entraigues, Valbonnais, Corps, Saint-Laurent et La Salle-en-Beaumont, Notre-Dame-de-Vaulx, Nantizon (Susville)

PATRIMOINE EN ISÈRE EXPOSITION AU MUSÉE MATHEYSIN, JUSQU’AU 31 MARS 2008


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INVENTAIRE À L A R OBE R T O I À

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PARCE QU’UN TERRITOIRE, C’EST D’ABORD LES GENS QUI L’HABITENT ET LE VIVENT AU QUOTIDIEN. PARCE QU’IL CONVENAIT AUSSI DE DONNER À VOIR LES HABITANTS DES PAYS VISITÉS, LA CONSERVATION DU PATRIMOINE A PROPOSÉ À ROBERTO NEUMILLER DE S’INSCRIRE DANS L’OPÉRATION D’INVENTAIRE DES CANTONS DE VALBONNAIS, MATHEYSINE, BEAUMONT ET CORPS, EN APPORTANT SON REGARD D’ARTISTE. LE PHOTOGRAPHE LIVRE UNE QUARANTAINE DE PORTRAITS EN NOIR ET BLANC, VUS DE PLEIN PIED. UN REGARD SINGULIER. UNE DÉMARCHE À LA FOIS RÉALISTE ET POÉTIQUE. Alors que Roberto préparait son exposition Sahel, l’homme face au désert, quatre-vingts portraits simples et pudiques installés sur les grilles du jardin du Luxembourg à Paris (marsjuillet 2007), il organisait soigneusement ses rendez-vous avec les habitants du Sud-Isère. Aucun lien évident entre ces deux projets en apparence si éloignés. Si ce n’est la tendresse constante que le photographe manifeste pour les gens qu’il rencontre et la beauté des lieux qu’il traverse. On lui connaissait son attachement au Vercors qui l’a conduit à signer, en

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2006, un très beau livre aux Éditions Glénat, Vercors images intimes. Le travail conduit sur un territoire tout proche lui a donné l’occasion de nouvelles belles rencontres.

Les images en noir et blanc que Roberto nous propose ont été réalisées en grand format à la chambre photographique. Chacun de ces por­ traits a exigé patience, résistance et rigueur. Un temps qui a généré une relation intime entre l’artiste et ses modèles. Des moments de vie qui nous sont transmis avec retenue. Mais derrière l’apparente simplicité de ses compositions, surgit la complexité de la vie et ses tensions. Ces impressions photographiques semblent sorties d’un atelier de gravure, ne trahissant d’aucune manière – mais les sublimant – les émotions que le photographe a voulu exprimer. Depuis plus de dix ans le Conseil général de l’Isère développe des opérations de recherche sur le patrimoine départemental à travers la conduite des inventaires territoriaux. L’intérêt pour la dimension culturelle du territoire ne s’arrête pas au repérage et à la mise en valeur

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du patrimoine collectif. Au contraire, ces opérations sont mises à profit pour faire intervenir des créateurs et des plasticiens aux côtés des conservateurs et des chercheurs. La commande faite à Roberto Neumiller de réaliser son propre “inventaire”, avec une seule consigne, celle de travailler sur les pays retenus, s’avère être un témoignage d’une force et d’une prégnance que seule pouvait offrir une approche artistique. L’exposition photographique de ce travail livre une nouvelle facette de la mémoire d’un pays, une image sensible et originale. Elle est présentée, ainsi que l’ouvrage qui l’accompagne, sur les lieux mêmes de l’inventaire, simultanément à l’exposition sur le patrimoine. Roberto Neumiller est photographe indépendant. Lauréat de la Fondation nationale de la Photographie, il a présenté de nombreuses expositions et il collabore avec la presse magazine, les institutions et les entreprises. Il est également peintre et réalisateur de courts-métrages. Il est l’auteur de neuf livres, parmi lesquels Sahel, avec Marc Francioli (Arthaud) et Vaches, je vous aime, avec Jean-Olivier Majastre (Glénat) et Vercors, images intimes (Glénat).

INVENTAIRE DE PLEIN PIED PHOTOGRAPHIES DE ROBERTO NEUMILLER, UNE EXPOSITION DU 15 SEPTEMBRE 2007 AU 31 MARS 2008 AU MUSÉE MATHEYSIN, LA MURE. EN 2008, AU MUSÉE DE L’ANCIEN ÉVÊCHÉ, GRENOBLE INVENTAIRE DE PLEIN PIED PHOTOGRAPHIES DE ROBERTO NEUMILLER, UN OUVRAGE ÉDITÉ PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE. 24 PAGES, 12 euros.


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EN BREF

LE MOTTIER, TOUR DE BOCSOZEL La commune du Mottier, soutenue par une association dynamique, s’est engagée depuis plusieurs années dans la restauration du château de Bocsozel : acquisition des terrains portant la motte et l’ancien bourg fortifié, ainsi que des deux tours conservées. 2007 a vu l’aboutissement du projet, avec la restauration de la tour carrée. Cet édifice, encore couvert de végétation jusqu’en 2004, avait perdu l’un de ses angles à la fin du XIXe siècle et risquait un total effondrement. Or, il s’agit d’un bâtiment très intéressant, remontant en grande partie au XIIIe siècle. Le long de l’enceinte du bourg, construite en briques de gros module, couronnée de merlons, s’appuie un bâtiment presque carré (tour ?), à vocation résidentielle. Les matériaux employés (appareil mixte de briques et galets, parties hautes en blocs de tuf taillé) permettent des observations sur les techniques de construction.

JARRIE, CHÂTEAU DE BON-REPOS Pour la commune de Jarrie, c’est autant par son site, bien préservé, que par son château – que l’association de sauvegarde restaure depuis bientôt 30 ans – qu’il convient de s’intéresser à Bon-Repos. Afin d’assurer la pérennité des lieux, la commune souhaite installer à proximité un agriculteur proposant également de l’accueil à la ferme et des activités pédagogiques. Et pour mieux connaître le château lui-même, l’association a fait procéder à un inventaire de tout le matériel recueilli pendant les travaux. Plus de 800 objets ont été inventoriés : beaucoup de matériaux provenant de la démolition du château mais aussi de l’outillage rural et des objets de la vie quotidienne.

SAINT-GERVAIS, LES ÉCOUGES Faisant suite à deux campagnes de sondages, au cours des étés 2005 et 2006, sur le site de l’ancienne chartreuse des Écouges (commune de Saint-Gervais), une troisième campagne, consistant en une prospection géophysique, s’est déroulée au printemps 2007. Réalisée par le laboratoire Terra Nova, elle a permis, au moyen de la mesure de la résistivité électrique des sols, d’entrevoir le plan presque complet du monastère. La prospection électrique apporte la révélation d’un ensemble étonnamment vaste, rigoureusement organisé autour de son église qui en occupe le centre. Fondée en 1116 et bâtie sans retard – son église fut consacrée en 1139 –, la chartreuse des Écouges n’eut qu’une brève existence, puisque les ermites l’abandonnèrent dès la fin du XIVe siècle. Les vestiges aujourd’hui préservés sous la terre sont donc ceux, très rares, d’une de ces chartreuses de la première génération, figés dans un état inchangé depuis le Moyen Âge. Ce site se trouve au cœur de la vaste forêt des Écouges, aujourd’hui propriété du Conseil général de l’Isère et protégée au titre des Espaces naturels sensibles (ENS).

LES CARREAUX DE CIMENT DE GRENOBLE EN QUESTION L’Isère, patrie de “l’or gris”, peut s’enorgueillir de nombreuses réalisations en “pierre artificielle” de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Bien que généralement méconnus, de superbes dallages en carreaux de ciment polychrome ornent la plupart des immeubles et des habitations bourgeoises édifiés à cette époque, mais aussi des demeures plus anciennes ainsi que des églises. Un premier travail de repérage et d’analyse de ces “tapis”, effectué par Caroline Morel, étudiante en architecture dans le cadre d’un stage à la Conservation, montre la richesse des décors et la complexité des motifs réalisés. Ce travail voudrait contribuer à changer le regard porté sur ces revêtements de sol et ainsi inciter à arrêter leur destruction quasi-systématique.

SAUVETAGE DE LA GRANGE DE L’ESPINASSE AU MAS D’AIGUENOIRE ENTRE-DEUX-GUIERS La grange de l’Espinasse s’apparente à la grange dîmière de la Sylve-Bénite, au Pin, mais contrairement à cette dernière qui a perdu plusieurs de ses travées, elle a conservé ses principales caractéristiques datant de sa reconstruction au XVIIe siècle par les chartreux. Elle mesure environ 31 m de long, 21 m de large et 15 m de haut, dont 12 m pour le seul fenil occupant l’impressionnant comble, accessible par une rampe menant à une grande porte cochère percée dans le pignon ouest. Le niveau bas, affecté aux étables, est accessible par quatre portes percées dans le mur gouttereau nord. Du côté ouest, la toiture, originellement couverte en chaume, était protégée des effets du vent par un pignon saillant. Conseillés par la conservation, les propriétaires ont fait réaliser en temps utile les travaux de sauvegarde du bâtiment, ce qui a évité l’effondrement de la toiture et permettra, on l’espère, au Parc naturel régional de Chartreuse de se porter acquéreur…

INVENTAIRE DU PAYS DE ROUSSILLON : SUITE La Commission départementale des Objets mobiliers, placée sous l’autorité du préfet de l’Isère, s’est réunie le 22 mars 2007 pour examiner les propositions de protection au titre des Monuments historiques d’un grand nombre d’objets du canton de Roussillon qui avaient été inventoriés en 2002 par l’équipe de la Conservation à l’occasion de l’opération “Patrimoine en Isère”. Une centaine d’objets religieux, publics ou domestiques de ce territoire, ont ainsi été inscrits à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques ou proposés au classement. Ainsi un ensemble de mobilier domestique du XVIe et du XIXe siècles conservé à la mairie de Roussillon ou encore une série de poteries en terre vernissée exécutées par l’artiste potière Anne Dangar, à qui le peintre cubiste Albert Gleize avait confié la mission de créer, dans les années 1930, une communauté d’artistes à Sablons. En dehors de ce territoire, on mentionnera l’inscription à l’Inventaire d’un important ensemble de machines de moulinage de la soie conservées dans l’usine de La Galicière à Chatte, elle-même protégée au titre des Monuments historiques.

CLASSEMENT DE L’ÉGLISE DE VOIRON Inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1994, l’église Saint-Bruno de Voiron vient d’accéder au rang des édifices classés depuis le 11 janvier 2007. Communément appelée “la cathédrale”, cette église est construite entre 1857 et 1872 par Alfred Berruyer, architecte bien connu et auteur d’un grand nombre d’églises dans le département, dont la basilique Notre-Dame de La Salette, l’église de Saint-Laurent-du-Pont, de BourgoinJallieu ou encore de Voreppe. La plus dispendieuse du département après la basilique de La Salette, elle est aussi sans doute la plus aboutie. Conçue à la manière d’une “cathédrale idéale” gothique, elle en adopte les proportions, l’élévation élancée et l’ornementation murale. Son mobilier, de style néogothique, renforce le caractère homogène de l’édifice, de même que le très bel ensemble de cinquante-quatre vitraux et de trois rosaces réalisés par le maître verrier parisien, Jules Gaspar Gsell Laurent, d’inspiration médiévale comme il se doit.


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DU PATRIMOINE J O U R N A L 20PAGE

MUSÉE DAUPHINOIS SE PLAÎT À RACONTER DES HISTOIRES, “VOS” C E S B O U T O N S Q U I LEHISTOIRES DE VIE. CES HISTOIRES, VOUS NOUS LES LIVREZ AUTOUR D’UN OBJET MATÉRIEL OU IMMATÉRIEL EN VOTRE POSSESSION, SOUVENT NOUSFONTPARLER… TRANSMIS, TOUJOURS PORTEUR DE SENS. GARANT DE LA CONSERVATION

DE CETTE MÉMOIRE AINSI LIVRÉE, LE MUSÉE JOUE SON RÔLE DE PASSEUR ET DE MÉDIATEUR. ET SI LE TEMPS D’UNE RENCONTRE AVEC UN ARTISTE, CES ÉCHANGES PRENAIENT LA FORME D’UNE “ETHNOGRAPHIE-POÉTIQUE” ? C’EST UNE NOUVELLE EXPÉRIENCE À LAQUELLE NOUS VOUS CONVIONS. ELLE EST PROPOSÉE À L’ÉQUIPE DU MUSÉE DAUPHINOIS PAR LE COLLECTIF LA MERCERIE. EXPLICATIONS.

AU MATRIMOINE Depuis dix ans*, La Mercerie rencontre, dans une aventure sans cesse partagée, ceux qui lui confient leur parole. Au contact de Michel Jeannès chargé de projet artistique du collectif, l’intérêt des histoires personnelles paraît évident. Ce poète s’introduit dans chaque interstice avec méthode pour générer des conversations. Il installe sa présence. Il devient l’une de nos “connaissances”. On a plaisir à le rencontrer. On l’oublie presque. Et puis soudain, il se rappelle à nous. En manipulant sous son œil attentif et amusé l’objet matériel au centre de son dispositif, celui qui possède l’indéniable faculté de nous faire parler de nous-même, cet objet modeste, simple, commun à toutes nos cultures : le bouton ou PPOCC, le “Plus Petit Objet Culturel Commun”. Loin des tourments de l’actualité, les conversations conduites et reconduites entre l’artiste et les gens rencontrés génèrent un espace singulier où émerge une compréhension partagée des enjeux de la mémoire, et de la transmission. Cet espace, il convient alors de le nommer “Zone d’intention poétique” ou ZIP, comme le préconise Michel Jeannès. C’est dans la durée qu’il nous accompagnera, toujours à notre écoute pour que prenne corps cette conscience collective, artistique, poétique voire… politique.

UNE AVENTURE CONTAGIEUSE Dans cette volonté d’engager ces champs de conversations, des narrateurs potentiels se sont rapidement révélés. Les publics pressentis appelés à participer étaient nombreux : les visiteurs du Musée dauphinois, ceux du musée de la Viscose, les anciens viscosiers, des lycéennes en formation professionnelle dans le secteur de la mode au lycée Argouges, des jeunes enfants âgés de six à huit ans d’une MJC, des membres d’un club de personnes âgées, les clientes de merceries, des internautes, l’équipe du musée elle-même et tous ceux qui par “contagion” participeront à l’instauration de la ZIP. Autant d’histoires à collecter, qu’elles empruntent les chemins d’une tranche de vie personnelle, d’un témoignage d’un passé dans le monde de l’usine, d’une sensibilisation sur les enjeux de la conservation, d’une curiosité sur le rôle du musée et de l’art contemporain. LES DISPOSITIFS GÉNÉRATEURS DE CONVERSATION Ils sont multiples et simples. Chacun de nous peut individuellement se les approprier. Tous font appel à ce seul et même instrument médiateur assurant le succès de la collecte : le bouton. “Coudre son histoire à un bouton” invite le possesseur d’un tel objet à le coudre sur une fiche-mémoire cartonnée prévue à cet effet et à y écrire l’histoire qui lui est attachée. “Boîtes à boutons, boîtes à mémoire”, où la boîte à boutons considérée comme trésor domestique, transmise en général de la mère à la fille, est aussi évocatrice de souvenirs. Chaque possesseur d’une boîte à boutons peut faire part de l’existence de cette boîte et, s’il le souhaite, la raconter.

“Pour un portrait littéraire du Plus Petit Objet Culturel Commun” consiste à inventorier les livres contenant au détour d’une phrase le mot bouton intervenant alors comme ressort narratif. Chacun participe alors à la construction de la bibliothèque virtuelle de La Mercerie. Moment d’amplification de ces actes participatifs, un rendez-vous est proposé lors des journées du patrimoine 2007 au Musée dauphinois, rencontres nommées pour l’occasion Journées du Matrimoine**. Installations vidéos et sonores, restitutions des expériences, échanges avec les artistes du collectif La Mercerie et lectures seront au programme. Vous l’aurez compris. Derrière chaque bouton se cache une histoire. Venez conter vos boutons ! En vous procurant les fiches ou coupons de participation. Et laissez le temps et votre mémoire agir…

* Le collectif La Mercerie est implanté sur le quartier de la Duchère à Lyon et a engagé ce travail autour du bouton, vecteur de rencontres et conversations. Les journées du Matrimoine 2007 sont la 5e édition de cette manifestation. ** Si le patrimoine (du latin patrimonium, de pater, père) peut se définir à l’origine par l’ensemble des biens hérités du père, le “matrimoine” prend en compte la transmission des biens provenant de la mère (mater, la mère). LES PARTENAIRES DU MUSÉE DAUPHINOIS ET DE LA MERCERIE : les merceries de Grenoble “Au Minou” et “Au petit Lyon”, le musée de la Viscose et l’association des amis de la Viscose, le lycée Argouges, les bibliothèques municipales et le CCAS de Grenoble, la bibliothèque départementale de l’Isère et les bibliothèques du réseau départemental, la maison de la jeunesse et de la culture des Allobroges, le Club des personnes âgées de l’Île Verte. La Mercerie bénéficie du soutien de l’Union Européenne (FEDER), du ministère de la Culture et de la Communication/DRAC Rhône-Alpes, de la Région Rhône-Alpes, de la Ville de Lyon. À Grenoble, les Journées du Matrimoine sont soutenues par le Conseil général de l’Isère et la Région Rhône-Alpes. POUR EN SAVOIR PLUS : www.musee-dauphinois.fr rubrique “Contez les boutons !” et www.lamercerie.eu À LIRE : Michel Jeannès, Zone d’Intention poétique, éd. La lettre volée, Bruxelles, 2005


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EN BREF

UN PLAN POUR VISITER LE CIMETIÈRE DE SAINT-ROCH

LA MÉMOIRE BATTANTE DE LA CHALP-EN-VALJOUFFREY

À la suite de l’inventaire du cimetière Saint-Roch, réalisé par la conservation pour la Ville de Grenoble, une brochure vient d’être éditée pour permettre aux habitués et aux visiteurs occasionnels de découvrir ce patrimoine insolite et d’une richesse insoupçonnée. Grâce au plan, on peut se déplacer sans peine dans ce véritable quartier de treize hectares, soit au gré de ses envies, soit en faisant escale sur l’une ou l’autre des quarante-quatre sépultures évoquées par de courtes notices illustrées. On y retrouve aussi une rapide histoire de ce champ du repos ouvert en 1810 et toujours utilisé. Riches sculptures et humbles souvenirs, grands hommes et petites histoires, c’est la mémoire d’une capitale qui s’égrène de pierre en pierre, grâce au travail de l’historienne Anne Cayol-Gerin. D’autres projets de valorisation devraient suivre…

La commune de Valjouffrey comptait de nombreux équipements utilisant la force motrice de l’eau. Parmi eux, le hameau de La Chalp a conservé une scierie, équipée d’une scie battante mue par une roue à augets et une micro-centrale électrique. Cet équipement, qui employait une quinzaine de personnes dans l’entre-deux-guerres, est devenu communal et fonctionnait encore dans les années 70. Il est resté en l’état depuis l’arrêt de l’activité. L’association Mémoire Battante qui s’est créée en 2004 pour la protection et la mise en valeur du patrimoine de Valjouffrey, s’est donnée comme objectif de la remettre en fonctionnement au sein d’un espace muséographique. La microcentrale, qu’il n’est pas envisageable de remettre en route, pourrait devenir un espace d’expositions sur le patrimoine de la vallée. Une présentation qui tirerait partie des données historiques et patrimoniales déjà réunies : recueil de la mémoire orale et écrite, recensement du patrimoine bâti et naturel, fonds photographique.

“L’ARDOISIÈRE” DE VENOSC À l’emplacement même des entrepôts des dernières ardoisières de Venosc, la commune a bâti sa nouvelle mairie. À l’intérieur du bâtiment prennent place quelques logements, les services municipaux, la bibliothèque, mais aussi un espace d’exposition permanent consacré à l’histoire de Venosc et à la mise en valeur d’une collection d’art sacré parmi les plus prestigieuses du département. Les éléments les plus significatifs du patrimoine et de la vie quotidienne des “Gens de Venosc”, au cœur de la Vallée du Vénéon, sont également évoqués : les paysans de l’Alpe, les ardoisiers et les colporteurs bien sûr. Et une très large place est faite à un ensemble de pièces d’orfèvreries, (protégées au titre des Monuments historiques pour la plupart d’entre elles) don d’un paroissien fortuné (Jacques Rochette de la Morlière) ou de quelque colporteur enrichi. L’exposition est ouverte tous les jours de 8 h 30 à 12 h et de 14 h à 16 h 30. Renseignements à la mairie de Venosc : 04 76 80 06 75

PATRIMOINE ET DÉVELOPPEMENT LOCAL DANS LE TRIÈVES La scierie de Combe-Noire, située sur la commune de Prébois, est le terrain d’une réflexion concertée associant patrimoine, économie et développement durable. Acquise au milieu des années 90 par un passionné de l’énergie hydraulique, elle a fait l’objet d’une remise en état importante qui permet à la scie battante de fonctionner à nouveau parfaitement, entraînée par les eaux de l’Ebron. La ténacité de son propriétaire pourrait lui valoir de devenir non seulement un lieu vivant du patrimoine artisanal du Trièves, mais aussi un lieu possible de développement d’une activité économique en accord avec les projets de développement durable (Agenda 21 et Charte forestière) du Syndicat d’aménagement du Trièves. Patrimoine culturel, énergies renouvelables et développement de la filière bois sont ainsi au cœur de la réflexion qui s’engage pour la valorisation de ce site.

À LA DÉCOUVERTE DU SUD GRÉSIVAUDAN Le pays Sud-Grésivaudan vient de se doter d’une carte du patrimoine et du tourisme, gratuite et disponible dans les offices de tourisme. Le territoire y est présenté à partir des quatre entités qui le composent : Chambaran et pays Antonin, pays de Saint-Marcellin, pays de Vinay et Royans-Vercors. Pour chacune c’est une dizaine de sites qui sont décrits et proposés à la découverte. Une belle initiative pour appréhender la richesse du patrimoine de cette région, dans l’un des pays de l’Isère pourvu de la meilleure signalétique routière du patrimoine.

MUSÉES DE L’ISÈRE : LA CARTE ! Éditée à l’occasion de la dernière édition de Musée en fête, cette carte publiée par le Conseil génal de l’Isère recense soixante et onze musées. Sont présentés les équipements qui conservent une collection (patrimoine mobilier ou immobilier : des objets, des peintures tout autant que des sites). Maisons de pays, maisons d’artistes ou lieux de mémoire se trouvent réunis aux côtés des grandes collections de référence qui intéressent les beaux-arts, l’archéologie, les sciences naturelles, l’histoire ou l’ethnographie. Gratuite, cette carte est disponible auprès des offices de tourisme de l’Isère. Elle permet d’aider le visiteur, qu’il soit résident ou de passage, à comprendre et apprécier l’histoire et le patrimoine du département.

“À LA NUIT TOMBÉE”/ OPUS 8 : ENE KULL Pour la huitième année consécutive, il suffit d’attendre la tombée de la nuit pour découvrir le long de l’Isère, à Grenoble, une œuvre contemporaine discrète, fragile, impalpable. “À la nuit tombée” a été mis au point par Philippe Mouillon (Laboratoire) à la demande de Gaz Électricité de Grenoble. Il s’agit d’ombres découpées qui s’inscrivent au fil de l’eau, et détachent imperceptiblement la ville de son cadastre diurne pour lui faire vivre une vie nouvelle et onirique. Ces images traversent la planète pour venir s’inscrire sur les murs des quais de l’Isère. Chaque année Philippe Mouillon invite un artiste différent à adresser aux passants sa vision de la nuit. Depuis 1999, les artistes Yoko Takahaschi (Japon), Shuli Nachshon (Israël), Rachid Koraichi (Algérie), Lu Shengzhong (Chine), Ester Grinspum (Brésil), William Kentridge (Afrique du Sud), Rekha Rodwittiya (Inde), Twozywo (Pologne) se sont succédé. Aujourd’hui, et jusqu’en juin 2008, l’artiste d’origine estonienne Ene Kull présente une nouvelle vision. (Chaque soir d’été, de la tombée de la nuit à 1 heure du matin et durant l’automne/hiver, les vendredi, samedi et dimanche soir).


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DUSTR


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DOSSIER

PATRIMOINE

IN

DIX ANS APRÈS LA PARUTION DE L’ATLAS DU PATRIMOINE DE L’ISÈRE, LA NÉCESSITÉ SE FAIT JOUR DE DRESSER UN BILAN DU SAVOIR SUR LE DOMAINE DU SEUL PATRIMOINE INDUSTRIEL. PARENT PAUVRE DES POLITIQUES PATRIMONIALES, CE DOMAINE SOUFFRE EN OUTRE DE DIFFICULTÉS PARTICULIÈRES DU FAIT DES MOYENS IMPORTANTS QU’IL REQUIERT POUR SA SAUVEGARDE ET SA RESTAURATION. LE CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE, POUR SA PART, A FAIT DE CE THÈME L’UN DE SES OBJECTIFS CULTURELS PRIVILÉGIÉS, AUTOUR DE LA RÉALISATION DE DEUX PROJETS MAJEURS, LA RESTAURATION ET L’AMÉNAGEMENT DE LA MAISON BERGÈS À LANCEY (APPELÉE À PRÉSENTER UNE SYNTHÈSE SUR L’ENSEMBLE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE L’ISÈRE) ET LE DÉVELOPPEMENT DU MUSÉE DE LA VISCOSE À ÉCHIROLLES (APPELÉ À DEVENIR UN MUSÉE DE LA MÉMOIRE OUVRIÈRE). LA PARUTION DE TROIS OUVRAGES (L’ATLAS DU PATRIMOINE INDUSTRIEL, LE TRAMWAY DE GRENOBLE ET L’ISÈRE AU TRAVAIL), DES RENCONTRES, DES EXPOSITIONS, JUSTIFIENT LE THÈME RETENU EN ISÈRE POUR LES JOURNÉES DU PATRIMOINE 2007 ET LA PARUTION DE CE DOSSIER DE NOTRE JOURNAL.

RIEL ≈≈

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Travail sur une turbine, ancienne entreprise Neyrpic à Grenoble. Cliché Alstom Power Hydro.

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ÉTATDES

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À LA CROISÉE DE L’ARCHITECTURE, DE L’HISTOIRE DES TECHNIQUES, DE L’ANALYSE ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET CULTURELLE, LE PATRIMOINE INDUSTRIEL COMMENCE TOUT JUSTE À TROUVER SA PLACE AU SEIN DU PATRIMOINE BÂTI QUI, DE LONGUE DATE, RECOUVRAIT ESSENTIELLEMENT ÉGLISES ET CHÂTEAUX. DANS UN DÉPARTEMENT OÙ, PRÉCISÉMENT, LA POLITIQUE PATRIMONIALE S’ATTACHE À LE FAIRE CONNAÎTRE, IL ÉTAIT LÉGITIME DE LUI CONSACRER UN OUVRAGE AFIN D’EN PRÉCISER LA DIMENSION. LE PATRIMOINE INDUSTRIEL : UN TÉMOIGNAGE COMME UN AUTRE Même si l’on peut faire remonter l’histoire industrielle au Moyen Âge c’est, selon l’expression du grand historien régional Pierre Léon, “la grande industrie”, celle qui se développe à partir du XIXe siècle, qui a été privilégiée dans cet Atlas du patrimoine industriel. Notion qui recouvre une production en grande quantité, avec un personnel nombreux ayant des tâches spécifiques, pour un marché autre que local ; et ceci grâce à l’utilisation d’une énergie importante. La région grenobloise qui, comme il est souvent dit, a manqué la première révolution industrielle – celle de la vapeur – va se rattraper avec celle de l’énergie hydraulique et surtout hydroélectrique ; cette énergie qui non seulement va fortement marquer le paysage régional, mais va surtout contribuer au développement fulgurant de certaines filières industrielles. Si les eaux des torrents sont utilisées depuis des siècles pour actionner les roues de nombreux artifices (martinets de forge, moulins à grains, à huile, scieries, battoirs, etc.), de nombreux aménagements hydrauliques (canaux, conduites forcées, barrages) vont peu à peu les détrôner

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pour fournir l’énergie aux usines, permettant ainsi le développement de nouveaux secteurs d’activités dans les vallées du département : vallées qui deviendront papetières, métallurgiques, sidérurgiques, électrochimiques… Dans les plaines, au bord des moindres cours d’eau, des industries textiles vont passer de l’état artisanal à l’étape industrielle. Cependant le patrimoine industriel ne commence pas aux portes de l’usine : c’est en effet le site dans son ensemble, ainsi que tout ce qui correspond avec la vie au quotidien des employés, ouvriers, cadres et patrons qui constituent ce patrimoine. Toutes les industries qui se développent au tournant des XIXe et XXe siècles vont faire appel à une importante main-d’œuvre, d’abord locale, puis immigrée. La trace de cette histoire apparaît soit de façon matérielle, notamment par l’habitat (du dortoir pour hommes en passant par l’usine-pensionnat, les cités-jardins ou les barres HLM) ; soit de façon immatérielle : loisirs, pratiques festives et sportives dont il reste des traces grâce aux collectes de témoignages, aux documents photographiques ou filmiques et autres types d’archives. À partir des années 1970, l’Europe, et la France en particulier, vit l’ère de la désindustrialisation, période très difficile qui a vu la disparition de nombreuses entreprises, voire des régions entières se trouver sinistrées (régions minières et métallurgiques par exemple). Dès lors, sauver des usines de la ruine, c’est bien plus que de sauver un bâtiment, c’est sauver tout un pan de notre histoire. Derrière ce témoignage matériel, c’est l’histoire de toute une société dont il est question.


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ATLAS DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE L’ISÈRE

Édition Patrimoine en Isère. Ouvrage dirigé par Cécile Gouy-Gilbert et Jean-François Parent. 144 pages. Parution : septembre 2007. Présentation en page 35.

RENCONTRES DU PATRIMOINE “L’AVENIR DE NOTRE PASSÉ” Que signifie réhabiliter les vestiges d’une activité disparue ? La spécificité du patrimoine industriel est aussi d’être une discipline prenant en compte le présent. Avec ce patrimoine souvent dégradé, sinon disparu, se pose la question de sa conservation, de sa mise en valeur, de sa réutilisation. On ne manquera pas de s’interroger, lors des Rencontres du Patrimoine, le 14 septembre prochain à Saint-Gervais-le-Port, sur la “deuxième vie après l’usine”.

LIEUX

Le propre de l’industrie étant l’évolution permanente des produits et des process de production, les lieux qui ont été utilisés pour des fabrications aujourd’hui abandonnées ne sont pas pour autant inutilisables. Sans doute quelques constructions spécifiques comme les fours à chaux ou les hauts-fourneaux ne sont-ils guère adaptables à d’autres productions, sans doute les nouvelles technologies requièrent-elles des installations particulières, mais de nombreuses activités (industrielles ou tertiaires) peuvent s’installer dans des bâtiments construits pour des productions aujourd’hui délaissées, au prix de transformations plus ou moins importantes. Tel est le cas par exemple des anciens Moulins de Villancourt à Échirolles/Pont-de-Claix, ou de l’ancien site papetier de Lancey qui fait aujourd’hui l’objet de plusieurs projets de réaffectation de ses locaux, qu’il s’agisse du futur musée de la Houille blanche d’un côté, d’un boulodrome et d’une pépinière d’entreprises de l’autre. Ces sites industriels, qui avaient été conçus pour faire vivre des collectivités au travail, sont prêts aujourd’hui à accueillir d’autres actions collectives de différents types, qu’il s’agisse d’entreprises industrielles nouvelles, de centres culturels, de logements, voire même d’églises (telle la transformation d’une mégisserie en église catholique dans le quartier Saint-Bruno à Grenoble). À travers ce patrimoine, ce sont aussi des choix esthétiques qui sont faits, dont certains très avant-gardistes : que l’on songe à la Tate Modern à Londres installée dans une ancienne centrale électrique ou, plus

Jeudi 14 septembre 2007 Saint-Gervais-le-Port Quelque cent vingt à cent cinquante professionnels et amateurs de patrimoine se réunissent chaque année, le vendredi qui précède les fameuses Journées, pour débattre et proposer des aménagements aux politiques patrimoniales publiques. Cette année, ce sera autour du patrimoine industriel. Quelques sites exemplaires — trop rares — ont favorisé, en Isère, la reconnaissance de ce patrimoine : au premier chef celui de la fonderie royale de Saint-Gervais-le-Port ; mais aussi la centrale des Vernes, à Livet-Gavet ; la maison d’un industriel (Aristide Bergès) sur le site de la houille blanche, à Lancey ; le four de Bonpertuis, à Apprieu, ou celui de Saint-Vincent-de-Mercuze, etc. Tous éléments appelés à devenir des emblèmes, et peut-être des cache-misère d’une politique patrimoniale trop… traditionnelle. Car plus que tout autre, le patrimoine industriel a besoin d’une seconde vie pour être sauvegardé. Une bonne conservation requiert toujours une bonne réutilisation, une véritable reconversion. Et donc une nécessaire adaptation aux contraintes de la vie ou de la production contemporaines. Les amateurs de patrimoine industriel sauront-ils en convaincre les aménageurs ? “Patrimoine industriel, une deuxième vie après l’usine ?” 14e Rencontres du Patrimoine. Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Isère, Conservation du Patrimoine de l’Isère, Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère, Maison de l’Architecture de l’Isère, Vieilles Maisons françaises.

près de nous, à l’une des halles Bouchayer-Viallet transformée en centre d’art contemporain (le Magasin) à Grenoble. Un véritable lien a commencé à se nouer entre patrimoine industriel et avant-garde artistique. Après la lente prise de conscience des valeurs technique, culturelle et sociale que ce patrimoine recèle, son intégration devient l’un des enjeux majeurs pour l’aménagement et l’identité des villes en France comme en Europe.


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UNMUSÉEDELAMÉMOIREOUVRIÈRE LA MÉMOIRE DU TRAVAIL, LA MÉMOIRE MILITANTE ET DES LUTTES, LA MÉMOIRE DES LIEUX, LA MÉMOIRE SOCIALE ET FAMILIALE, LA MÉMOIRE DE L’IMMIGRATION ET DES COMMUNAUTÉS, TELS SERONT LES THÈMES ABORDÉS AU SEIN DU FUTUR MUSÉE DE LA MÉMOIRE OUVRIÈRE QUI SE PRÉPARE (À LA DEMANDE DU CONSEIL GÉNÉRAL) À ÉCHIROLLES, SUR LE SITE DE L’ACTUEL MUSÉE DE LA VISCOSE. Les sociétés paysannes, comme les métiers de l’artisanat, sont au cœur du projet d’un grand nombre de musées fondés tout au long du XXe siècle, en France comme partout en Europe. Force est de constater qu’il n’existe pas l’équivalent pour les sociétés industrielles et tout particulièrement le monde ouvrier. Les expériences conduites au Musée dauphinois notamment, à travers les grandes expositions sur l’histoire et le patrimoine industriels, ont pourtant montré un intérêt de la part de larges publics pour cette catégorie d’acteurs de l’histoire et pour les cultures qu’ils définissent. Autour de ce constat, le projet d’un musée de la Mémoire ouvrière en Isère est né de la conjonction de trois facteurs : la disparition, ou l’évolution profonde, du monde ouvrier, dans ses définitions traditionnelles, monde dont

l’identité repose sur un fort attachement à une histoire et une mémoire communes ; la volonté du Conseil général de l’Isère d’ouvrir ses politiques culturelles aux questions sociales, et plus particulièrement au rôle de la culture comme vecteur du lien social ; enfin, l’opportunité du transfert au Conseil général de l’Isère du musée de la Viscose, de la nécessité de le rénover et de l’ouvrir à des problématiques plus larges, d’intérêt départemental. Une des fonctions majeures de la nouvelle institution sera d’organiser le recueil des récits de vie qui viendront nourrir l’histoire future. De la même façon, l’histoire sociale et économique, la sociologie, le droit, l’ethnologie feront partie des disciplines indispensables qui accompagneront le projet et la définition de son programme. Pour le travail d’élaboration qui s’annonce, un déroulement à la fois chronologique et thématique devrait permettre d’assurer une bonne présentation au public. Parmi les thèmes qui devront être appréhendés figureront la mémoire du travail, la mémoire militante et des luttes, la mémoire des lieux, la mémoire sociale et familiale, la mémoire de l’immigration et des communautés.

À L’ATELIER, À L’USINE. L’ISÈRE AU TRAVAIL

Plus qu’aucun autre, un tel projet ne peut se développer dans le paysage culturel local s’il n’est pas inscrit dans une dynamique sociale et humaine. La rencontre et le partage avec les acteurs de cette histoire seront essentiels, de même que la collaboration avec les chercheurs et les universitaires qui permettra de conforter la valeur de ces témoignages. Durant la préparation du projet comme après l’ouverture du musée au public, des rencontres (séminaires, colloques, conférences, etc.) ainsi que des expositions ponctueront le travail d’élaboration. L’exposition 1936, Grèves en Isère présentée au musée de la Viscose en septembre 2006, celle à venir à l’automne 2007, À l’atelier, à l’usine. L’Isère au travail (XIXe-XXe siècles) qui sera accompagnée d’un bel ouvrage de photographies issu de l’exploitation de plusieurs fonds départementaux publics ou privés, enfin celle, plus ambitieuse, cette fois au Musée dauphinois à l’automne 2008 Être ouvrier en Isère (XVIIIeXXIe siècles) jalonneront ainsi le projet jusqu’à sa réalisation.

XIXE-XXE SIÈCLES

UNE EXPOSITION AU MUSÉE DE LA VISCOSE, ÉCHIROLLES. À PARTIR DE NOVEMBRE 2007 Accompagnée d’un ouvrage à paraître dans la collection Patrimoine en Isère, sous la direction de Sylvie Vincent. De superbes photographies provenant de plusieurs fonds publics ou privés, sélectionnées pour leurs dimensions historique, humaine mais aussi esthétique se trouveront réunies afin d’illustrer le monde du travail à l’atelier ou à l’usine, dans sa plus grande diversité à travers les hommes, les femmes et les enfants qui appartiennent au monde ouvrier. Dans leur environnement tout d’abord, qu’il s’agisse de la grande usine urbaine qui emploie plusieurs centaines d’ouvriers, de la petite fabrique établie en milieu rural ne dépassant pas dix personnes, ou encore de ces chantiers implantés au gré des routes ou en pleine montagne. Dans l’atelier ensuite, où chacun occupe scrupuleusement sa place, mettant en œuvre un savoir-faire spécifique qui fait sa fierté mais où le corps est souvent mis à l’épreuve. Dans la défense de leur droit également avec l’organisation des luttes et de l’entraide à travers l’action mutualiste, syndicale et politique, des personnalités marquantes et de lieux emblématiques. Enfin dans la vie sociale particulièrement riche dans les cités ouvrières ou les quartiers, mais qui reste le plus souvent orchestrée par l’usine.


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≈ ≈≈ USINE ÉLECTROCHIMIQUE LEFEVRE ET PELLERIN À JARRIE “GROUPE BERGÈRE EN COURS DE MONTAGE” 1933-34 COLL.MD


PRÉC CIEUSES J O U R N A L 20PAGE18

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ET

VULNÉ RABLES : LE

ARCHIVES D’ENTREPRISE ≈≈≈ ≈


C HÉLÈNE VIALLET

directrice des Archives départementales de l’Isère

INDISPENSABLES POUR TOUTE RECHERCHE HISTORIQUE OU PROJET DE MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE INDUSTRIEL, LES ARCHIVES D’ENTREPRISES FONT DEPUIS LES ANNÉES 1970 L’OBJET D’UNE ATTENTION PARTICULIÈRE DE LA PART DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE. HÉLÈNE VIALLET QUI DIRIGE CE SERVICE, PIONNIER AU NIVEAU NATIONAL DANS CE DOMAINE, NOUS EXPLIQUE LA SPÉCIFICITÉ DE CES FONDS ET DE LEUR TRAITEMENT. Les archives d’entreprises font partie des archives privées, par opposition aux archives publiques produites par les différentes administrations qui ont l’obligation réglementaire de verser aux Archives leurs dossiers qui sont parvenus au terme de leur utilité, et qui présentent un intérêt pour l’histoire. Relevant de la sphère privée, ces archives sont donc des biens dont dispose librement leur propriétaire. L’entrée des fonds d’archives d’entreprises ne peut s’opérer que dans des conditions particulières, la plus courante consistant à sauver dans l’urgence des documents laissés par une société qui a cessé son activité. Parallèlement, des actions de sensibilisation et de collecte, ciblées sur un secteur économique, appuyées par le travail des musées et des associations patrimoniales, peuvent déboucher sur le dépôt d’archives. Mais le plus souvent, c’est le contexte économique, hélas, qui va décider du sort des documents : la cessation volontaire d’activité, ou la mise en liquidation judiciaire. Dans ce cas, les liquidateurs sont tenus de demander aux Archives si elles sont intéressées. Du fait de ces aléas, le contenu et la densité historique des archives d’entreprises, se révèlent assez divers, même si le fonds a son unité : quel que soit le support physique des documents (dossier, registre, documentation technique, plan, photographie, film, etc.), ceux-ci ne doivent pas être dissociés vers des lieux de conservation différents, sous peine de rompre le respect de la provenance du fonds, nécessaire à l’exploitation de la source.

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ÉR ES

Le travail de classement et d’inventaire de ces fonds d’entreprises est long et difficile, en raison de la volumétrie des ensembles recueillis : lorsqu’il s’agit d’opérations de sauvetage, les conditions matérielles de la collecte, dans des locaux abandonnés, parfois depuis longtemps, sans éclairage souvent, dans la plus grande saleté parfois, ne permettent pas d’opérer avec le temps et l’évaluation nécessaires. Les Archives sont donc contraintes, soit de prendre le maximum de documents pour les trier dans leurs locaux, soit, lorsque la masse et l’état de conservation ne le permettent pas, de prélever les documents les plus intéressants. L’objectif n’est d’ailleurs pas de récupérer le plus de fonds possibles, mais de parvenir à collecter un panel représentatif de la diversité de l’économie iséroise.

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Les secteurs actuellement bien représentés au sein des Archives de l’Isère sont : la papeterie (le dernier fonds collecté est celui de la société Moulin-Vieux à Pontcharra) ; la ganterie, le textile ; la métallurgie et l’hydroélectricité. Les secteurs d’activité encore lacunaires, et pour lesquels nous espérons mener des actions de collecte sont : l’agroalimentaire, la chimie, la cimenterie, l’électronique et l’informatique, le tourisme et les transports. Parmi les fonds entrés récemment, citons les archives de la taillanderie Bret à Charavines, particulièrement intéressantes car les marchés de cette entreprise s’étendaient jusqu’aux anciennes colonies françaises, et les archives des mines de la Mure (Houillères de France). Avis aux chercheurs !

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ANNE DALMASSO

Maître de conférences en histoire contemporaine, université Pierre Mendès France Grenoble 2, Vice-présidente de l’APHID

ALSTOM POWER HYDRO (NEYRPIC POUR LES GRENOBLOIS) A ACCEPTÉ D’OUVRIR UNE PARTIE DE SES ARCHIVES À DES HISTORIENS ET DES UNIVERSITAIRES. CRÉÉE À GRENOBLE EN 1917 ET INTÉGRÉE AU GROUPE ALSTOM DEPUIS 1967, CETTE ENTREPRISE A RÉPONDU À LA DEMANDE DE L’APHID*, SOUTENUE PAR LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET NOTAMMENT PAR LES SERVICES DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE. L’ÉTUDE ENGAGÉE ET CONDUITE EN PARTIE PAR ANNE DALMASSO QUI NOUS FAIT PART DE SON EXPÉRIENCE, DEVRAIT ABOUTIR À LA PUBLICATION D’UN OUVRAGE EN 2008 SUR L’HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ. Les archives d’entreprise sont un élément à part entière du patrimoine industriel. Comme les bâtiments, les machines, les objets fabriqués, les savoir-faire, les “papiers” produits par les entreprises constituent une trace de leur activité. En dehors de leur fonction utilitaire, dans le cadre des archives dites “vivantes”, celles dont l’entreprise se sert au quotidien, les archives “mortes” et potentiellement “historiques”, sont une source irremplaçable pour l’historien sur le fonctionnement de l’entreprise, notamment ses aspects économiques, mais aussi sociaux, techniques, commerciaux. Les archives ont aussi une valeur spécifiquement patrimoniale, en ce sens qu’elles témoignent par leur existence même d’un passé, d’une identité propre, d’un savoir-faire accumulé et comme sédimenté dans les registres, plans, livres de comptes, photographies… qui ont été conservés. La préservation de ces archives est très parcellaire et aléatoire. Elle repose d’abord sur la conscience que l’entreprise elle-même a de leur valeur : elle existe plus fréquemment qu’on ne le croit, mais résiste souvent mal aux contraintes de moyens et à la hiérarchie des urgences. Dans la plupart des cas, c’est à la suite d’une fermeture d’établissement que des archives, ou des bribes d’archives, sont sauvegardées grâce à la vigilance des services des Archives départementales ou à l’initiative d’anciens de l’entreprise. Quelques centres spécialisés existent, publics comme l’unique centre des archives du monde du travail à Roubaix, privés comme l’emblématique centre historique de Saint-Gobain, ou associatif comme le centre d’archive de l’Académie François Bourdon du Creusot. L’immense majorité des archives existantes sont cependant dans les entreprises et leur préservation (passés les délais légaux de conservation) comme leur accès relèvent du bon vouloir de leur propriétaire. Leur nature, leur état de conservation et de classement sont très variables : la plongée dans ces fonds, comme cela a été le cas dans celles d’Alstom Power Hydro (ex-Neyrpic), relève toujours un peu de l’aventure, avec ses bonnes surprises et ses déceptions. Trouver des comptes rendus de conseil d’administration était attendu. Mais découvrir des notes préparatoires de la main du directeur dans les années 1930, quelle aubaine ! Des photos, on en trouve fréquemment. Mais disposer d’une collection réalisée par un photographe professionnel, correctement indexée est plus rare… et suscite en retour des inquiétudes sur sa préservation. Les lacunes sont à la mesure des découvertes : dispersions et destructions ont inévitablement parsemé l’histoire de ces archives. Les limites aussi : elles documentent le point de vue de la direction et comme toute source dépendent des conditions de leur production. Leur richesse demeure : elles sont une porte d’entrée irremplaçable sur ce lieu de décision, de production et de vie au travail qu’est l’entreprise. *APHID (Association pour le patrimoine et l’histoire de l’industrie en Dauphiné)

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UNSIÈCLEDETRAMWAYÀGRENOBLE L’OUVRAGE LE TRAMWAY À GRENOBLE, UN SIÈCLE D’HISTOIRE QUE PUBLIENT LES ÉDITIONS DU DAUPHINÉ LIBÉRÉ DANS LA COLLECTION LES PATRIMOINES À L’OCCASION DES VINGT ANS DU RETOUR DU TRAMWAY À GRENOBLE, RETRACE L’HISTOIRE D’UNE AVENTURE HUMAINE ET INDUSTRIELLE QUI EST AUSSI LE REFLET DE L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DU BASSIN GRENOBLOIS. Le tramway a accompli, il y a tout juste vingt ans, son grand retour dans l’agglomération grenobloise. Vingt ans qui auront suffi à le rendre indispensable dans la politique des transports en commun et qui auront permis d’installer quatre lignes sur lesquelles circulent quotidiennement 300 000 voyageurs. Plébiscitée par les jeunes (les moins de 25 ans constituent près de la moitié des usagers), cette renaissance peut apparaître, aux yeux des anciens, comme un bégaiement de l’histoire. Avant la Seconde Guerre mondiale, n’était-ce pas le tramway qui reliait Grenoble à Bourgd’Oisans, Villard-de-Lans, Chapareillan, les Saillants-du-Guâ et bien des communes de la proche banlieue ? Avant que l’explosion du trafic automobile n’ait, provisoirement, raison d’un mode de transport dont on redécouvre aujourd’hui les nombreuses vertus. Il y a en effet un peu plus d’un siècle que les premières rames ont fait leur apparition dans la région grenobloise. Dès 1893 à destination d’Uriage et Vizille avec les motrices à vapeur et, en 1897, vers Eybens, avec l’innovation de la traction électrique.

Porté par les banquiers et industriels locaux (au sein desquels Aristide Bergès joua un rôle essentiel), soutenu par les élus qui voulaient tous le voir desservir leur commune, le tramway va, pendant cinquante ans, connaître un essor remarquable. Et, surtout, il va contribuer grandement à la croissance économique des zones qu’il traverse. Dans le Vercors, par exemple, il est le lien indispensable pour offrir aux consommateurs grenoblois les produits agricoles du plateau, en même temps qu’il permet de monter vers Saint-Nizier ou Villard-de-Lans les matériaux nécessaires à l’urbanisation et à l’essor économique d’une zone encore difficilement accessible par la route. Le tramway se révèle aussi un formidable outil pour le développement touristique de la capitale des Alpes et il contribue grandement à la fréquentation des stations thermales d’Allevard ou d’Uriage. Dans l’agglomération grenobloise même, il participe au dynamisme local en transportant le personnel des grandes entreprises comme les biscuits Brun, Neyret-Bellier, Progil, ou les usines de Jarrie ou de Froges. Ou encore en convoyant vers la gare du PLM les pierres et chaux de Sassenage et Noyarey. Il irrigue la rive droite du Grésivaudan en favorisant le travail à domicile pour la ganterie et en acheminant les productions maraîchères vers Grenoble. Disparu en 1952, le tramway circule à nouveau à partir de 1987 et les travaux qu’il nécessite contribuent parfois à ressusciter le passé, en mettant par exemple au jour un trésor comme le baptistère du groupe épiscopal Notre-Dame. Christian Sadoux journaliste, auteur de l’ouvrage

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OUVRAGE À PARAÎTRE EN SEPTEMBRE 2007. PRÉSENTATION EN PAGE 34

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LAMINELESPRODUCTIONSDEL’IMAGINAIRE À L’OCCASION DU DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA FERMETURE DES HOUILLÈRES DU BASSIN DU DAUPHINÉ, LE MUSÉE MATHEYSIN A CONSACRÉ UNE EXPOSITION AUX OBJETS DÉRIVÉS CONÇUS PAR OU POUR LES MINEURS (ŒUVRES D’ART, ARTISANAT, PRODUITS DE SÉRIE, ARTICLES SOUVENIRS). DES OBJETS EMPREINTS DE NOSTALGIE MAIS AUSSI VECTEURS DES VALEURS D’UN MONDE AUJOURD’HUI DISPARU. Alors que les communautés de communes de la Matheysine et du Pays de Corps venaient de signer la convention du “Pôle d’excellence rural” défendant notamment les vestiges industriels du patrimoine, le Musée matheysin aspirait quant à lui à traiter un autre aspect de la mine : sculptures, tableaux, figurines, maillots de football, pin’s syndicaux mais aussi bonbons ou articles funéraires, etc. Si la mine continue de marquer le paysage matheysin de ses dernières infrastructures, elle a imprégné aussi l’intérieur des maisons (de la cuisine à la chambre à coucher), les commerces, les “cer-

cles”, l’espace public (mairies, jardins, cimetières) et sacré (églises, chapelles). Un travail d’inventaire – non exhaustif ! – a permis de recueillir des objets inattendus, émouvants, souvent kitsch mais fortement identitaires (la représentation du mont Obiou associée à la mine n’est pas rare) et riches en souvenirs. Suite au récolement auprès de particuliers, d’associations, du comité d’établissement des Houillères, l’exposition s’est organisée en huit chapitres : l’effigie de sainte Barbe, les œuvres d’artistes-mineurs reconnus, Abel Chrétien et Robert Ibanez, l’iconographie des puits, de la “Gueule noire”, des figurines de mineurs, de la lampe et enfin de l’anthracite avec la berline. Déplacer ces articles de leur environnement pour les intégrer à un espace muséal contribuait non pas à les “patrimonialiser”, mais à interroger les visiteurs, en particulier les “locaux”, sur la perception d’un métier révolu dont les jeunes Matheysins méconnaissent, voire ignorent, les composantes. Broder une Gueule noire sur un canevas ou bâtir un puits

miniature n’est pas seulement une proclamation de son appartenance à la mine. C’est aussi vouloir léguer un objet vecteur des valeurs de ce monde si particulier. Plus que le souvenir d’un métier, l’œuvre transmet la nostalgie d’un mode de vie fondé sur l’effort, la solidarité et l’attachement au pays. Assurément, les traces de la mine ne se limitent pas à leur dimension industrielle. Les puits du Villaret ou des Rioux ne sont que la partie émergente d’un vaste patrimoine dont les champs doivent être investis, étudiés : les cités, les colonies de vacances, la parole des mineurs, épouses, ingénieurs, directeurs, syndicalistes, élus, etc. Quant à ces productions de l’imaginaire, elles continuent de prolonger un profond sentiment d’appartenance tant à une corporation qu’à un territoire. Guillaume Benoist Directeur du Musée matheysin


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DOSSIER

IMPRIMÉ OU TISSÉ, ENTRE ISÈRE ET RHÔNE LA MODE DES CHÂLES CACHEMIRE EST INTRODUITE EN FRANCE PAR JOSÉPHINE DE BEAUHARNAIS APRÈS LA CAMPAGNE D’ÉGYPTE ET CONNAÎT RAPIDEMENT UN GRAND SUCCÈS. DEVANT CET ENGOUEMENT, LES IMPORTATIONS NE SUFFISENT PLUS À SATISFAIRE LA DEMANDE ET LA FABRICATION DES CES CHÂLES EST LANCÉE EN EUROPE, EN ANGLETERRE ET EN FRANCE. LA RÉGION LYONNAISE ET BOURGOIN-JALLIEU, HAUT LIEU DE L’ENNOBLISSEMENT TEXTILE EN RHÔNE-ALPES DEPUIS LA FIN DU XVIIIE SIÈCLE, SERONT L’UN DES CENTRES DE PRODUCTION. L’EXPOSITION DU MUSÉE DE BOURGOIN-JALLIEU PROPOSE DE DÉCOUVRIR L’HISTOIRE DE CETTE FABRICATION DANS NOTRE RÉGION. DEPUIS LE XVIIIE SIÈCLE, le cachemire, nom couramment donné aux riches étoffes en provenance du Cachemire au nord-est de l’Inde, a exercé une sorte de fascination en Occident. L’étoffe est produite à partir de la laine la plus fine provenant d’une chèvre vivant dans cette région. Une légende raconte qu’un châle cachemire peut passer à travers un anneau en raison de sa finesse et de sa légèreté. Quant à l’origine de la palme cachemire, le boteh, elle reste obscure : sans doute un motif floral qui peu à peu a évolué, s’est transformé sous diverses influences. En France, la mode du châle est lancée au XVIIIe siècle, suscitant un véritable engouement et entraînant le développement d’une fabrication nationale. Nîmes, Jouy-en-Josas, Mulhouse et la région lyonnaise deviennent des centres de tissage et d’impression. De nombreuses manufactures sont présentes dans le Rhône, l’Ain, la Drôme et en Isère, travaillant pour la Fabrique lyonnaise de soierie. Si la qualité de la production en Rhône-Alpes est soulignée, l’Isère ne semble pas avoir été pour autant un haut lieu du châle cachemire.

L’étude des documents textiles confirme cependant un savoir-faire ancien dans l’impression des châles de soie et de laine dans les manufactures Périer à Vizille, Perrégaux à Jallieu, Brunet-Lecomte à Bourgoin. L’imitation imprimée du châle cachemire va permettre sa diffusion dans les milieux populaires, tant pour les mouchoirs de coton que pour les châles. Dans toute la région jusqu’en Auvergne, le châle cachemire, tissé ou imprimé, devient partie intégrante des costumes régionaux et l’accessoire incontournable des corbeilles de mariage au XIXe siècle. Les colporteurs du Dauphiné se déplaçaient dans tout l’espace français mais également en Suisse, Italie, Espagne diffusant dans les campagnes les plus reculées les soieries et les châles. Après une période de désaffection au début du XXe siècle, le motif refait son apparition dans la mode et s’impose dans les années 70-80, discret ou omniprésent, monochrome ou bariolé, stylisé ou complexe, classique ou modernisé.

CACHEMIRES IMPRIMÉS. MUSÉE DE BOURGOIN-JALLIEU. JUSQU’AU 25 NOVEMBRE 2007.

Le thème du cachemire imprimé n’avait jamais été exploré en Rhône-Alpes. L’exposition et la publication qui l’accompagne ne sont qu’une première approche, non exhaustive ; beaucoup reste à faire tant dans l’étude systématique des entreprises qui ont contribué à cette fabrication que sur les échanges commerciaux au sein de la région mais également avec d’autres régions de France : l’Auvergne, l’Alsace, la région de Nîmes et la Provence, le Nord de la France… Quels étaient les commanditaires ? Comment et pourquoi les dessinateurs travaillaient-ils ? Autant de questions qui sont à ce jour sans réponse et imposent la poursuite de la recherche. Brigitte Riboreau directrice du musée de Bourgoin-Jallieu


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PATRIMOINEINDUSTRIEL MUSÉES DE PATRIMOINE INDUSTRIEL ET TECHNIQUE Musée Autrefois

Ce musée, situé à Champ-sur-Drac, témoigne de l’histoire du village et de ses habitants dits les “Chenillards”. La vie, à la fois rurale et industrielle, y est présentée à travers l’agriculture, l’artisanat, la ganterie grenobloise et les industries du XIXe siècle (dont la papeterie). Rue du Vercors – 38560 Champ-sur-Drac Tél. : 04 76 68 86 40

Musée de Bourgoin-Jallieu

Aux portes de Lyon, à la croisée des routes de la soie, le musée de Bourgoin-Jallieu est le seul en France à présenter l’ennoblissement textile et l’histoire de l’impression sur étoffes. Des premiers tampons d’impression aux dernières technologies informatiques, il témoigne d’un savoir-faire qui se transmet depuis plus de deux siècles dans cette partie de l’Isère. 17, rue Victor-Hugo – 38300 Bourgoin-Jallieu Tél. : 04 74 28 19 74

Maison des Forges et Moulins

Située dans la vallée du Haut-Bréda, au cœur du massif de Belledonne, la maison des Forges et Moulins de Pinsot, présente (en état de marche) les anciens moulins communaux – un moulin à noix et un moulin à farine – et une reconstitution d’atelier de taillandier. Démonstrations de forge et de meunerie. Rue Louise Barnier – 38580 Pinsot Tél. : 04 75 13 53 59 www.membre.lycos.fr/forgesmoulins

Musée de la Houille blanche

Actuellement en cours d’aménagement, le musée de la Houille blanche est installé sur une partie de l’ancien site papetier créé en 1869 par l’ingénieur Aristide Bergès. Il est constitué de la maison de l’ingénieur, inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques et d’un bâtiment d’usine, l’ancien laboratoire des papeteries de France construit vers 1915. Maison Bergès, Avenue des Papeteries – 38190 Lancey Tél. : 04 76 45 66 81

Musée d’Huez et de l’Oisans

Situé dans les caves voûtées du Clos-Jouvin, demeure du XVe siècle remaniée au XIXe, le musée retrace un siècle d’histoire industrielle locale autour des techniques et des applications de l’industrie chimique du sud grenoblois. Clos Jouvin, Montée de la Creuse – 38560 Jarrie Tél. : 04 76 68 62 18 www.ville-jarrie.fr

Le musée d’Huez et de l’Oisans, inauguré en 1982, est pour l’essentiel consacré aux résultats des fouilles archéologiques du site minier de Brandes. Des collections exceptionnelles relatives à l’exploitation minière au Moyen Âge ont en effet été recueillies à proximité de la station de ski actuelle. Route de la Poste – 38750 Alpe d’Huez Tél. : 04 76 11 21 74 www.musee-alpedhuez.com

Musée dauphinois

Musée Hydrélec

Musée de la Chimie du Chlore

Musée régional de l’homme, le Musée dauphinois s’intéresse à tous les domaines et à toutes les disciplines du patrimoine de l’ancienne province de Dauphiné. Le patrimoine industriel est donc naturellement l’un des pans de l’histoire régionale régulièrement mis en avant dans sa programmation. 30, rue Maurice-Gignoux – 38000 Grenoble Tél. : 04 57 58 59 11 www.musee-dauphinois.fr

Musée de la Draperie

Consacré au cycle technique de la fabrication du drap en laine cardée, le musée évoque également la vie des ouvriers et quelques réalisations sociales du patronat local. Informations : musée des Beaux-Arts Place de Miremont – 38200 Vienne Tél. : 04 74 85 50 42 www.vienne-patrimoine.com

Musée de l’Eau

Au bord du torrent de la Bourne, dans un ancien bâtiment industriel, le musée de l’Eau est un complexe ludique, scientifique, culturel et pédagogique consacré à l’eau sous toutes ses formes : les eaux du Vercors, les eaux du Monde, l’eau poétique, vitale, etc. Mais aussi l’eau industrielle… Place du Breuil – 38680 Pont-en-Royans Tél. : 04 76 36 15 53 www.musee-eau.com

Le musée, installé à proximité de la centrale de Grand’Maison en Oisans, propose la découverte de l’hydroélectricité qui dès le XIXe siècle, fit vivre les régions de montagne et représente aujourd’hui encore une composante importante de l’économie. Un vaste parcours ponctué de maquettes animées, de machines anciennes, de films et bornes interactives. Vallée de l’eau d’Olle – 38114 Vaujany (Oisans) Tél. : 04 76 80 78 00 www.musee-hydrelec.fr

Musée Jadis Allevard

Le musée retrace l’histoire de l’aventure humaine du pays d’Allevard autour de collections intéressant la métallurgie, le thermalisme et le monde rural. Parc des Forges – 38580 Allevard-les-Bains Tél. : 04 76 45 16 40 www.musee-jadis-allevard.com

Musée de la machine à bois et de l’outillage à main

Ce musée restitue l’ambiance d’un atelier de fabrication de meubles de la première moitié du XXe siècle, à Pont-deBeauvoisin, considérée comme la cité du meuble depuis François Ier. Place Trillat – 38480 Pont-de-Beauvoisin Tél. : 04 76 37 27 90 Mairie-pont38@wanadoo.fr

Musée matheysin

Situé au cœur de La Mure, dans la maison Caral, le Musée retrace l’histoire de ce pays de montagne. Le parcours laisse une large place au témoignage des hommes qui furent à la fois paysans, colporteurs, gantiers, cloutiers et mineurs. Maison Caral rue Colonel Escallon – 38350 La Mure Tél. : 04 76 30 98 15 www.matheysine.com/musee-matheysin

VISITER

La Mine Image, musée souterrain

Née des témoignages et de la volonté d’anciens mineurs, la Mine Image permet de découvrir le travail, les techniques, les outils ainsi que les modes de vie des mineurs qui se sont succédé jusqu’en 1997. Anciennes galeries ouvertes au public. Les quatre galeries – 38770 La Motte-d’Aveillans Tél. : 04 76 30 68 74 www.mine-image.com

Maison de la Pierre et du Ciment

Un lieu de mise en valeur de l’industrie de la pierre issue du bassin carrier situé entre le Nord-Isère et le sud de l’Ain. Une exposition permanente présente les pierres du pays, l’histoire des techniques et l’histoire des hommes qui, d’hier à aujourd’hui, se sont penchés sur ce matériau. Et, depuis peu, l’histoire du ciment. 1 rue du Rhône – 38390 Montalieu-Vercieu Tél. : 04 74 88 67 95

Musée de la Romanche

Installé à Rioupéroux dans d’anciens logements ouvriers, le musée retrace l’histoire géologique et industrielle du val de Livet-Gavet. Route des Alpes (RN 91) Rioupéroux 38220 Livet-et-Gavet Tél. : 04 76 68 42 00

Mémoire du tabac

Témoin d’une activité phare du développement économique de la région, l’ancienne manufacture des tabacs, siège aujourd’hui de la Maison de l’Économie, présente un espace dédié à la mémoire du tabac (témoignages, objets et projections audiovisuelles). Maison de l’Économie 7 rue du Colombier – 38162 Saint-Marcellin Tél. : 04 76 38 45 48

Musée du Tisserand dauphinois

Dans une ancienne usine, au cœur de La Bâtie-Montgascon, métiers à bras avec mécanique Jacquard, dévidoirs, canetières, ourdissoirs s’animent pour faire revivre le tissage, une activité économique qui fut au cœur de la région pendant plus d’un siècle. 38110 La Bâtie-Montgascon Tél. : 04 74 83 08 99 www.batie-mongascon.com

Musée de la Viscose

La dernière filature de soie artificielle dans la région Rhône-Alpes fut aussi le berceau de cette invention à la fin du XIXe siècle. Animé dès son ouverture par l’association des anciens viscosiers, il a intégré le réseau des musées départementaux avec un nouveau projet de valorisation de la mémoire ouvrière iséroise. 27, rue du Tremblay – 38130 Échirolles Tél. : 04 76 33 08 28


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DOSSIER

LIREENS A V O I RP L U S MUSÉES D’ENTREPRISE

CIRCUITS ET SENTIERS

LECTURES

ARHOME, Musée A. Raymond Le musée privé de l’innovation industrielle retrace l’histoire des établissements Raymond. Un parcours expérimental et ludique sur l’invention du bouton-pression et des premières fermetures à glissière, jusqu’aux toutes dernières innovations en matière de pièces de fixation, notamment pour l’automobile. 113, cours Berriat – 38000 Grenoble Tél. : 04 76 33 49 01 www.museeindustriel.org

Circuit patrimonial en Romanche À l’initiative de l’APHID, les guides du Fil d’Ariane pilotent des journées de visites et de découverte autour de l’hydroélectricité. Le Fil d’Ariane 8, rue Duployé – 38100 Grenoble Tél. : 04 76 85 16 15

De la houille blanche à la microélectronique Sous la direction de Cécile GOUY-GILBERT et Jean-François PARENT Éditions Conservation du Patrimoine de l’Isère, collection Patrimoine en Isère, 2005.

Les secrets d’Antésite Sur le site même de la production, un espace muséographique permet au visiteur de découvrir le savoir-faire de l’entreprise depuis 1898 et d’explorer les secrets de fabrication du concentré de réglisse. RN 75, Coublevie – 38500 Voiron Tel : 04 76 05 85 65 Caves de la Chartreuse “Plus grande cave à liqueurs du monde” et unique lieu de production du célèbre élixir, la visite propose de découvrir les caves de vieillissement de la liqueur, les alambics historiques et une reconstitution de l’apothicairerie du monastère à partir de la collection de pots de pharmacie en faïence provenant de la Grande Chartreuse et datant du XVIIIe siècle. 10, Boulevard Edgar-Kofler – 38500 Voiron Tél. : 04 76 05 81 77 Musée des Liqueurs Une visite pour découvrir l’herboristerie, les caves voûtées du XVe siècle et les cuves de macération ; ainsi que la distillerie où trônent les alambics des XVIIIe et XIXe siècles. Dégustations en fin de parcours. Musée des Liqueurs - Cherry Rocher Avenue Camille Rocher – 38260 La Côte-Saint-André Tél. : 04 74 93 38 10 Musée de la Distillerie Meunier L’histoire des liqueurs en Dauphiné, et plus particulièrement celle de la famille Meunier. Une mise en valeur des savoir-faire propres à la distillation et aux plantes autour d’un ancien alambic et des outils de production traditionnels. La Biole – 38210 Saint-Quentin-sur-Isère Tél. : 04 76 93 66 70

Le sentier du “Tacot” Depuis 2005 l’ancien tracé du chemin de fer industriel dit “le Tacot”, qui cheminait à flanc de coteau, a été aménagé en sentier permettant au public de découvrir les derniers vestiges de superbes ouvrages d’art. Départ du sentier : Morêtel-de-Mailles, parking sur la route du hameau de Mailles. Sentier du fer Pinsot-Allevard À travers la forêt des Ayettes (Pinsot/Allevard), le “Sentier du fer” a été tracé le long des anciens cheminements des hommes et des bêtes de somme transportant le minerai de fer exploité ici pratiquement sans interruption du XIIIe siècle à 1865. Maison des Forges et Moulins de Pinsot Tél. : 04 76 13 53 59

ASSOCIATIONS PATRIMONIALES ACONIT Fondée en 1985 par des ingénieurs, l’Association pour un conservatoire de l’informatique et de la télématique a pour objectif de créer un équipement pour l’étude et l’illustration de l’évolution de l’informatique, en faisant revivre son histoire et en suivant ses développements actuels et futurs. 12, rue Joseph Rey – 38000 Grenoble Tél. : 04 76 48 43 60 www.aconit.org APHID L’Association pour le patrimoine et l’histoire de l’industrie en Dauphiné s’est donné pour objectif de mieux connaître et faire connaître l’industrie d’hier afin d’appréhender l’industrie actuelle. Club d’échanges (conférences-débats) et groupes d’études, circuits de découverte de l’industrie (“Épopée de la Romanche”, “Savoir-Fer en pays d’Allevard”). CCI, 1, place André Malraux – 38016 Grenoble Cedex 1 Tél. : 04 76 29 48 01 Standard 216 L’association Standard 216 a vu le jour en 1989 dans le but de préserver bus, trolleybus, autocars ayant circulé à Grenoble et dans le Dauphiné et destinés à la destruction. Fonds d’archives, photos (SGTE, VFD, TAG) et une vingtaine de véhicules constituent les collections du futur musée des transports grenoblois. www.standard216.com

Le Chemin de fer de La Mure, un siècle de traction électrique Daniel WURMSER Éditions Conservation du Patrimoine de l’Isère, collection Patrimoine en Isère, 2005. Brignoud, de la fonte au plastique Olivier LAVOISY et Éric ROBERT Éditions ARKEMA, 2005. Bouchayer & Viallet à Grenoble. Une industrie dans la ville Hervé BIENFAIT Éditions Libris, 2004. Grenoble, Carrefour des sciences et de l’industrie Michel SOUTIF Éditions Le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines, 2005. Lustucru de Grenoble Hervé BIENFAIT Éditions Musée et Patrimoine, Conservation du Patrimoine de l’Isère, 2001 (réédition en cours). J.-B. Martin, Histoire d’une entreprise de velours Andrée GAUTIER Éditions Association histoire et patrimoine du Pays voironnais, 2006. L’aventure textile en Rhône-Alpes Valérie HUSS Éditions Le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines, 2005. La manufacture de Saint-Marcellin, Mémoire du tabac en Isère Daniel JACQUET Éditions Conservation du Patrimoine en Isère, collection Patrimoine en Isère, 2006. Papetiers des Alpes, six siècles d’histoire Sous la direction de Chantal SPILLEMAECKER et Louis ANDRÉ Éditions Musée dauphinois, 2005.


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REGARD(S) SUR GRENOBLE GRENOBLE FAIT PARTIE DE CES VILLES QUI ONT FAIT L’OBJET DE L’ATTENTION DES ARTISTES. EN TÉMOIGNENT LES ŒUVRES DE WILLIAM TURNER, AUGUSTE RAVIER, JULES FLANDRIN, JOHAN-BARTHOLD JONGKIND, CHARLES BERTHIER, THÉODORE RAVANAT, ISIDORE DAGNAN QUI SERONT PRÉSENTÉES À PARTIR DU 17 NOVEMBRE AU MUSÉE DE L’ANCIEN ÉVÊCHÉ. À l’heure où les citadins se posent la question du devenir de leur cité et de la manière de mieux la vivre, le musée de l’Ancien Évêché a souhaité proposer un panorama historique de Grenoble, à travers les visions qu’en proposent les artistes au fil des siècles. En juxtaposant à la richesse des premiers regards des artistes topographes l’imagination et la sensibilité des peintres paysagistes (dont celui de William Turner qui lors de son premier voyage dans les Alpes en 1802 s’arrête quelques jours à Grenoble),

la ville se révèle tout autre, dans une dimension et une force que notre perception contemporaine a oubliées. L’exposition, composée de quatrevingts œuvres, composera un corpus de références tant du point de vue artistique que du point de vue historique. Estampes, dessins et peintures provenant de collections privées et publiques régionales, nationales et internationales apporteront un témoignage inédit sur Grenoble au fil des siècles. Une vision intellectuelle et parfois rêvée de la ville qui devrait nous surprendre… Vue de Grenoble, 1830 Isidore Dagnan. Collection Jean-Louis Vaujany. Grenoble

EXP À PARTIR DU 17 NOVEMBRE 2007 AU MUSÉE DE L’ANCIEN ÉVÊCHÉ

OSITION Grenoble Visions d’une ville Peintures, dessins, estampes fin du XVIe - début XXe siècles Une exposition accompagnée d’un beau livre à paraître aux Éditions Glénat


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MUSÉE DAUPHINOIS AINSI S’EN VONT

LES CENT ANS… L’ALBUM DES CENT ANS SE REFERME MAIS LA VIE CONTINUE ! FORTE D’UNE BELLE AVENTURE PARTAGÉE AVEC LES PUBLICS AU RENDEZ-VOUS DE CET ANNIVERSAIRE. EN ÉTABLIR LE BILAN SUPPOSERAIT D’AVOIR ÉVALUÉ LE PROFIT DE CHACUNE DES RÉALISATIONS (TROIS EXPOSITIONS, TROIS PUBLICATIONS ET UN COLLOQUE) ET MESURÉ LEUR IMPACT. OR UNE ACTION N’EST PAS ENCORE ACHEVÉE QUE D’AUTRES SE PRÉPARENT ET S’ENCHAÎNENT, SANS QUE LE TEMPS NI LES MOYENS D’UNE ÉVALUATION VÉRITABLE AIENT ÉTÉ TROUVÉS. AINSI VA L’ACTION CULTURELLE, AU MUSÉE DAUPHINOIS COMME AILLEURS. UNE CONSTRUCTION PERMANENTE La mise en perspective des grandes étapes de l’histoire du Musée dauphinois, dans le cadre de l’exposition et de la publication Le Musée dauphinois a cent ans, aura tout de même permis de dire de qui ce musée s’est nourri durant sa longue existence. Montrer qu’il est, au-delà du rôle majeur du fondateur, Hippolyte Müller, des équipes qui lui ont succédé et de leurs tutelles – la ville de Grenoble puis le département de l’Isère –, une construction permanente à laquelle chaque contribution compte, même la plus modeste, était une nécessité. Le don d’un objet, d’un témoignage ou d’une photographie, l’écriture d’un livre ou d’un article, l’intervention de tel ou tel dans le cadre d’une enquête, d’un stage ou d’un conseil scientifique, en chacune de ces circonstances le musée s’est enrichi. LE PUBLIC EN PARTAGE Partager cette histoire collective avec l’équipe du musée qui, de son côté, ne s’est pas ménagée pour en témoigner elle-même auprès des visiteurs, les 7 et 8 octobre 2006, fut d’évidence l’un des principaux acquis de cet anniversaire. Ainsi leur avons-nous commenté, au fil de l’exposition, les grands moments de l’histoire du musée, avant d’échanger autour d’un verre (de sirop) dans un espace nouvellement aménagé : le comptoir. Mais ce n’était pas tout puisque simultanément était inaugurée, telle une démonstration de ce que l’on sait faire au Musée dauphinois, l’exposition Êtres fantastiques. Outre un hommage à l’œuvre de Charles Joisten, cette exposition, qui sera rouverte d’octobre à décembre, au-delà des travaux de mise en sécurité de l’été, présente une partie du patrimoine immatériel conservé au Musée dauphinois. C’est aussi le cas de l’exposition qui était inaugurée peu après, le 8 décembre – Rester libres ! – mais dans un autre domaine cette fois, celui des valeurs. L’ambition que nous avions, en la concevant, était de mettre en rapport les principaux moments de l’histoire locale pendant lesquels la liberté fut défendue, avec l’action de militants d’aujourd’hui. L’occasion du centenaire était bonne pour proposer une relecture de l’histoire dauphinoise, à la lumière des

représentations de la mémoire collective et jusqu’à l’actualité de ces luttes. D’autant qu’une autre opportunité, celle de la création d’une Maison des Droits de l’Homme, à la demande du Conseil général, avait posé la question de l’enracinement historique d’un tel projet. Aussi cette exposition a-t-elle le mérite, outre de préfigurer cette réalisation, dans le fil de l’évolution prochaine du musée de la Résistance et de la Déportation, celui d’alimenter une réflexion sur les valeurs collectives auxquelles Grenoblois et Isérois semblent toujours très attachés. À retenir, parmi les temps forts de cette exposition, dont le cours reprendra d’octobre 2007 à juin 2008, les visites commentées qu’en ont faites, les 2 et 3 juin derniers, les militants d’une vingtaine d’associations iséroises de défense des Droits de l’Homme. Le but n’était pas d’inciter ces militants à devenir des guides-conférenciers mais de les entendre parler de leurs engagements respectifs. MUSÉE ET SOCIÉTÉ Le centenaire du Musée dauphinois aura-t-il permis d’affirmer plus clairement son rôle à l’égard des usages sociétaux du patrimoine et de l’améliorer ? C’est le bilan que nous aimerions en faire et la raison pour laquelle nous avons consacré à ce thème un colloque : Musée et société aujourd’hui. Organisé avec l’Observatoire des politiques culturelles de Grenoble et la Fédération des écomusées et musées de société, les 24 et 25 mai, cette rencontre avait aussi pour objectif, centenaire oblige, de rassembler les professionnels avec lesquels l’équipe du Musée dauphinois partage ses réflexions, en France et au-delà. L’examen successif des rapports du musée à la science, au politique et au territoire aura permis aux participants d’apprécier l’évolution de l’institution muséale, face aux changements récents de la société, d’y situer leur propre démarche et, nous l’espérons aussi, de tracer quelques pistes. Nous y avons notamment constaté que l’écomuséologie (soit au profit d’une collectivité, la mise en œuvre d’une muséographie du temps et de l’espace, avec l’interdisciplinarité scientifique comme outil, la participation comme moteur et le développement comme objectif) a toujours un bel avenir !


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EN BREF

DE L’ISÈRE AU NIL, LE MUSÉE CHAMPOLLION À VIF

LES LUMIÈRES ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Ouverte exceptionnellement en 2004 à l’occasion du IXe Congrès International d’ÉgyptoloDANS LA PENSÉE ITALIENNE DU XXE SIÈCLE. gie, l’ancienne propriété où vécurent les frères Champollion a reçu en un an près de 45 000 Ce colloque international organisé par le musée de la Révolution visiteurs. Tout est mis en œuvre pour ouvrir à nouveau ce musée dans les meilleurs délais. française de Vizille et les universités de Grenoble 2 (CRHIPA) et Une étude de faisabilité a été réalisée en 2006 et l’appel à candidature pour le marché de 3 (GERCI) les 27 & 28 septembre 2007 a pour objectif d’explorer maîtrise d’œuvre devrait être publié prochainement. Le programme scientifique et culturel la manière dont les Lumières et la Révolution française ont été orientera le maître d’œuvre dans ses choix pour procéder aux travaux nécessaires de préperçues dans le discours italien du XXe siècle, dans les domaines servation et d’aménagement des bâtiments et des abords. L’authenticité de la maison et des de l’historiographie, de la politique, de la philosophie et de la litcommuns sera préservée afin de permettre au public de retrouver l’ambiance des lieux du térature. Renseignements : 04 76 68 07 35 temps où ils étaient fréquentés par les frères Champollion. Elle sera enrichie d’une exposition permanente sur la naissance de l’égyptologie et le rôle de DE NOUVEAUX RENDEZ-VOUS AU MUSÉE HÉBERT Champollion. Le début des travaux devrait intervenir en janvier 2009 et le muPOUR LE JEUNE PUBLIC sée ouvrir ses portes à l’automne de la même année. Depuis la rentrée, l’atelier Petit reporter, construit autour de l’exposition temporaire Instantanés, initie les enfants à l’art de la photographie du XIXe siècle. CITÉ DE LA VISCOSE : SUIVEZ LE GUIDE ! Châssis presse, papier photosensible, négatif… cette animation entraîne les Découvrir la cité ouvrière de la Viscose quand l’usine était encore en activité : élèves à la découverte de techniques oubliées. c’est l’objet du guide préparé par le musée de la Viscose en partenariat avec la De la photographie à l’art du jardinage, de la boîte noire à la boîte de couleurs, Maison des Écrits d’Échirolles et son centre de loisirs. Un outil ludique conçu il n’y a qu’un pas ! Les deux autres ateliers proposent un regard sur le XIXe sièpar des enfants du centre pour suivre dans leur vie quotidienne d’anciennes cle autour des collections de portraits du musée (portraits de commande, familles de viscosiers. Au cours d’une quinzaine de séances, un petit groupe d’artiste, autoportraits…) et des différents styles de jardins à travers celui de d’enfants a dessiné un itinéraire, et imaginé des scènes de vie dans les méanl’artiste (jardin italien, anglais, de curé…). Renseignements : 04 76 42 97 35 dres de la cité. Tous ont suivi des séances d’arts plastiques animées par une illustratrice pour mettre en image l’école, la chapelle, les commerces et les LE MUSÉE BERLIOZ FAIT SON CINÉMA ! jardins d’autrefois. Un projet qui a nécessité la venue au musée pour explorer La maison natale du compositeur est de nouveau convoitée par le petit écran. les collections et permis la rencontre avec des anciens de la Viscose. La télévision autrichienne (Österreichischer Rundfunk) s’est installée fin mai pour tourner un film, qui sera diffusé lors du Festival de Salzbourg 2007, sur le BRESSIEUX DONNE L’HEURE DEPUIS LE XVE SIÈCLE ! musée et ses collections. Une autre équipe de tournage est venue de Californie Le DARA (Documents d’archéologie en Rhône-Alpes), gros ouvrage consacré pour la réalisation d’un film documentaire sur la Symphonie fantastique et les au château de Bressieux, est en voie d’achèvement et devrait être publié en premières années d’Hector Berlioz. Ce film est produit par l’Orchestre sympho2008. Afin de présenter dans cette publication le mécanisme de l’horloge du nique de San Francisco et son chef d’orchestre Michael Tilson Thomas, fervent château qui fait partie des collections du musée, les Amis de Bressieux se sont Berliozien ! Le site mais aussi les collections du musée ont été à l’honneur : assuré le concours de Pierre et Jean Mayet, experts en horlogerie qui sont inpartitions, pages des Mémoires, correspondances, portraits du compositeur, tervenus sur l’horloge de la cathédrale de Grenoble. Pour les frères Mayet, le objets liés à sa vie musicale en Europe… soulignant la valeur patrimoniale des mécanisme de Bressieux est probablement l’un des plus anciens du départecollections conservées au musée. ment puisqu’il fait partie des rares exemplaires, existants à ce jour, qui ont précédé la construction de véritables horloges équipées de balanciers et inQUE SE PASSE-T-IL AU MUSÉE SAINT-LAURENT DE GRENOBLE ? diquant les heures au moyen d’une aiguille. L’intérêt de cette horloge réside Derrière les portes fermées du musée, depuis août 2003, on ne chôme pas ! dans le fait que l’on rencontre rarement des mécanismes du XVe siècle en état L’achèvement du circuit de visite et la mise en conformité du site ont fait l’objet d’origine et que cette pièce n’a probablement jamais quitté Bressieux depuis d’un projet réalisé par l’architecte en chef des Monuments historiques, Alain sa construction. Tillier. Ce projet vient d’être validé par le Conseil général de l’Isère, maître d’ouvrage. La demande du permis de construire a été déposée en juillet derQUAND LA CULTURE CROISE L’INDUSTRIE À L’HÔPITAL nier et la date de retour de l’accord conditionnera celle du début des travaux. Le musée grenoblois des Sciences médicales du CHU de Grenoble présente, Le lancement de la consultation des entreprises devrait intervenir avant la fin jusqu’au 31 octobre 2007, une exposition valorisant quelques avancées techde l’année 2007. Si le planning est respecté, il sera possible de démarrer le nologiques réalisées, dans le bassin grenoblois, entre 1960 et 2000. Les chantier en septembre 2008 et d’envisager la réouverture du musée en sepgrands thèmes abordés par cette exposition, la mesure, l’imagerie médicale tembre 2009. L’appel à candidature pour le recrutement d’un scénographe sera et la robotique, illustrent les partenariats étroits initiés entre l’hôpital et les lancé très prochainement. Il aura pour mission de proposer une présentation institutions de recherche locales, tels que le CEA, le CNRS, et la faculté des originale et attractive pour faciliter la compréhension du site et favoriser sa Sciences (université Joseph-Fourrier). Le musée est ouvert du mardi au venmise en valeur. Les collections issues des fouilles et jamais montrées au public dredi de 12 h 30 à 17 h 30. à ce jour seront enfin exposées, révélant ainsi l’essentiel du contenu des reTéléphone : 04 76 76 51 44 cherches menées pendant plus de trente ans sur le site.

ÇA VA CHAUFFER À SAINT-HUGUES ! Le musée fermera ses portes du 10 septembre à fin décembre 2007 pour d’importants travaux de chauffage. Les travaux permettront la mise en place d’une installation de chauffage par planchers chauffants rayonnants à eau chaude constitués de tubes incorporés dans la dalle. Pendant toute la durée des travaux les œuvres disparaîtront sous les protections d’usage. Une permanence téléphonique sera maintenue ainsi que la vente par correspondance.


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EUGÉNIE GOLDSTERN, UN REGARD PRÉCURSEUR

LA PROCHAINE EXPOSITION DU MUSÉE DAUPHINOIS EST DÉDIÉE À CETTE FIGURE PEU CONNUE DE L’ETHNOLOGIE EUROPÉENNE, SPÉCIALISTE DU MONDE ALPIN, ET DISPARUE EN 1942 DANS LA CHAMBRE À GAZ D’UN CAMP NAZI. TRÈS RÉCEMMENT DÉCOUVERTS, SES TRAVAUX SUR LE JOUET OU LA MAISON APPARAISSENT EXEMPLAIRES AUJOURD’HUI ET MÊME ANNONCIATEURS DES APPROCHES ETHNOLOGIQUES LES PLUS CONTEMPORAINES.

DU TERRAIN AVANT TOUT ! Venant de l’Empire austro-hongrois, cette jeune femme a dû en étonner plus d’un en arrivant à Bessans, en 1913, pour observer de l’intérieur cette communauté villageoise de Haute-Maurienne. D’autant qu’elle est la première à pratiquer ainsi l’ethnographie, en immersion dans la population, avec un appareil photographique et même un phonographe pour l’enregistrement du patois et des chants populaires ! Or Eugénie Goldstern, puisque tel est son nom, ne s’est pas arrêtée là. En dépit de la guerre qui éclate et la contraint à rejoindre la Suisse à pied, elle poursuit ses recherches dans les Alpes italiennes, suisses et autrichiennes, à tel point qu’aucun autre ethnologue n’a multiplié autant de “terrains” qu’elle à l’échelle de l’Europe alpine. Tandis que nous commencions à percevoir la pertinence et la modernité de ses recherches, à la faveur du colloque des trente ans de la revue Le Monde alpin et rhodanien, en novembre 2002, et décidions de lui consacrer une exposition, nous étions loin encore de tout savoir sur elle. Il fallut l’exposition et le colloque que lui consacrèrent à Vienne, en 2004, l’Österreichisches Museum für Volkskunde, puis le séminaire, organisé à Paris, en 2006, par le MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) pour commencer à mesurer la juste place qu’occupe son œuvre dans la connaissance ethnologique du monde alpin. DE L’ETHNOGRAPHIE ALPINE Si l’on connaît surtout son étude de la population bessanaise, c’est parce que seul ce texte fut, jusqu’ici, lisible en français. On le doit à Francis Traq, qui le fait traduire en 1954, et aux Éditions Curandera qui le publient en 1987. Et comme Bessans est en Savoie, il était logique que l’exposition projetée soit co-réalisée par le Musée savoisien et le Musée dauphinois, d’autant que ces deux musées, de Chambéry à Grenoble, ont déjà une longue expérience du partenariat. C’est donc eux qui obtinrent de l’Österreichisches Museum für Volkskunde la communication de quelque 150 photographies prises par Eugénie Goldstern entre les années 1910 et 1920 et le prêt des 250 objets les plus significatifs collectés par elle dans les Alpes durant la même période. Parmi ces objets de la vie quoti-

dienne et religieuse, il en est beaucoup, en raison de leur modestie sans doute (des jouets ou des bâtons à entailles), qui sont très rarement présents dans les collections d’ethnographie alpine. Car Eugénie Goldstern, et là réside la modernité de son approche, ne collecte pas un objet pour son décor ou sa valeur vénale, mais pour ce qu’il exprime de l’humain et de ses relations aux autres et au monde. Outre l’intérêt de montrer pour la première fois en France des objets alpins qui n’avaient jamais quitté l’Autriche après leur collecte, l’exposition présente donc des aspects peu étudiés jusqu’ici, tel la fonction des animaux-jouets, par exemple. UN TÉMOIN DANS L’HISTOIRE DES IDÉES EUROPÉENNES L’exposition permet aussi d’évoquer le contexte géopolitique et scientifique dans lequel s’accomplit puis va subitement s’interrompre la recherche de Eugénie Goldstern. Sans doute profita-t-elle de l’effervescence intellectuelle et artistique dont Vienne est le cadre dans les premières années du XXe siècle. Une preuve en est l’usage qu’elle fait de disciplines très diverses telles l’histoire de l’art, l’archéologie, la préhistoire, la géographie ou, beaucoup plus nouvelle encore, la psychanalyse. Mais les frontières vont se fermer et l’antisémitisme qui se fait de plus en plus virulent dans la capitale autrichienne bientôt annexée au Reich va malheureusement l’atteindre, car elle est juive en effet. Sa dernière publication date de 1924, l’année même de la nomination d’un nouveau directeur à la tête du musée d’ethnologie de Vienne qui, dès le début des années 1930, adhère au parti nazi. Eugénie Goldstern finit quant à elle par être arrêtée et déportée le 14 juin 1942 à Sobibor où elle périt dans une chambre à gaz, victime de la Shoah. Reste son œuvre et la remarquable contribution qu’elle constitue, tant pour la connaissance des modes de vie alpins que pour l’ethnologie. Jusqu’alors éparse et en langue allemande, cette œuvre restait d’un accès très difficile. Mais enfin rassemblée et traduite par Mireille Gansel, elle fera l’objet, en novembre d’une publication du Monde alpin et rhodanien et du Musée dauphinois. Eugénie Goldstern 1884-1942 – Être ethnologue et juive dans l’Europe alpine des deux guerres. Exposition au Musée dauphinois à partir du 24 novembre 2007.


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pre ROMPRE LE SILENCE

LE MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’ISÈRE CONSACRE UNE EXPOSITION TEMPORAIRE À LA MÉMOIRE DES CHÔMEURS ET PRÉCAIRES DE L’ISÈRE DE 1975 À AUJOURD’HUI. CETTE EXPOSITION EST RÉALISÉE À L’INITIATIVE DE L’ASSOCIATION GALLO, DÉDIÉE À LA RECONNAISSANCE ET À LA RECONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DES CHÔMEURS DE LONGUE DURÉE.

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ENTRER EN RÉSISTANCE Occupations des ASSEDIC, “opérations caddies” dans les grandes surfaces, marches et manifestations diverses, une vraie rébellion s’exprime en Isère en 1998 contre la fatalité d’un chômage que certains disent cyniquement “structurel”, mais surtout parce que ceux qui survivent sans travail depuis dix, quinze ou vingt ans parfois, ne supportent plus de se voir atteindre dans leur dignité d’Être. Cette opposition à l’ordre établi qui ira, le 8 janvier, jusqu’à l’assignation en justice des dix organisateurs de l’occupation du hall de la mairie de Grenoble, à la veille de leur expulsion par la police, correspond en tout point à la définition d’une résistance. C’est probablement là, de la conscience d’entrer en résistance, que naît parmi les membres du Mouvement des chômeurs et précaires de l’Isère (MCPI), puis de l’association Gallo, qui relaie ce mouvement aujourd’hui, l’idée d’user de toutes les voies possibles, y compris celle de l’action culturelle, pour faire connaître leurs revendications et dénoncer l’avilissement auquel on les contraint. Au cours de l’année 2006, des contacts sont pris avec les Arts du récit, à Saint-Martin-d’Hères, puis la Direction de la culture et du patrimoine du Conseil général de l’Isère. Une collecte de témoignages est alors entreprise, des portraits photographiques, un livre, un film, une exposition sont mis en chantier avec, comme échéance, octobre 2007. DE LA “MORT SOCIALE” À LA “MISE EN CASES” À l’approbation générale des membres de l’association Gallo, l’exposition sera présentée au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Certains d’entre eux vont jusqu’à comparer leur sort à celui de déportés, réduits à des numéros de dossiers, privés d’existence et donc d’identité, diminués jusqu’à la maladie par les privations et des problèmes personnels de tout ordre, acculés parfois même au suicide et plus souvent qu’on ne le dit, à les entendre. Ainsi, des réunions se succèdent depuis le début de l’année 2007, au cours desquelles un projet culturel s’est précisé peu à peu, toujours en étroite relation avec les membres de l’association Gallo, le photographe Michel Gasarian, les réalisateurs Alain Massoneau et Catherine Page, l’artisan de l’ouvrage Hervé Bienfait et l’équipe du musée.

L’exposition Rompre le silence devra rendre compte de l’engrenage dans lequel le travailleur se trouve pris, avant, pendant et après son licenciement. De la sentence de “la mort sociale” à laquelle il équivaut, aux justifications souvent humiliantes qu’il faudra, dès lors, ne plus cesser de fournir pour conserver de quoi subsister, en passant par “l’angoisse de la boîte aux lettres”, toutes les étapes ce cette “mise en cases” pour reprendre l’expression de Christian Deveaux, le fondateur de l’association Gallo, seront restituées afin que le visiteur les ressente lui-même, jusqu’à la solitude, le rejet, l’expulsion, la maladie… “ J’EXISTE !” La chronologie du “traitement social” du chômage depuis 1975 – la fin des “trente glorieuses” sera évoquée – en même temps que la profusion de papiers (courriers de l’ANPE, cartes de pointages, justifications, circulaires, lettres de demande d’emploi…) qui jalonne ce cheminement. Mais c’est surtout au travers de témoignages et d’une cinquantaine de portraits saisissants dont chacun dit à sa manière : “J’existe !”, que seront relatées des d’histoires de vie cabossées ou brisées où persiste pourtant une lueur d’espoir. Une dernière partie sollicite le visiteur : “Comment construire une société sans chômage ?” Les réponses seront affichées et confrontées en une sorte de forum évolutif dont l’exploitation sera envisagée à la fin de l’exposition, au printemps 2008. Au-delà du témoignage d’une résistance actuelle, ce que les anciens combattants, résistants et déportés fondateurs du musée de la Résistance avaient souhaité, cette opération génère la constitution d’un fonds de photographies, de témoignages filmés et d’archives que le musée conservera en attente d’exploitations futures. Des pistes sont envisagées en relation avec l’Institut d’études politiques de Grenoble, notamment. Par ailleurs, de nombreux événements (rencontres, accueil de classes, projections, conférences…) se préparent pendant la présentation de l’exposition, du 26 octobre 2007 au 7 avril 2008.

ROMPRE LE SILENCE. MÉMOIRES DE CHÔMEURS ET PRÉCAIRES DE L’ISÈRE. 1975-2007 EXPOSITION PRÉSENTÉE AU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’ISÈRE DU 26 OCTOBRE 2007 AU 7 AVRIL 2008 ; ACCOMPAGNÉE D’UN OUVRAGE ET D’UN FILM.


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LE GUIDE

CALENDRIERDESEXPOSITIONS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX Musée de la Viscose De novembre 2007 à mars 2008 À l’atelier, à l’usine. L’Isère travaille Le monde du travail à l’atelier ou à l’usine, dans sa plus grande diversité à travers ces hommes, ces femmes et ces enfants qui appartiennent au monde ouvrier : dans leur environnement tout d’abord, dans l’atelier ensuite, dans la défense de leur droit également, enfin dans la vie sociale particulièrement riche dans les cités ouvrières ou les quartiers.

Musée Hébert Jusqu’au 30 novembre 2007 Instantanés à la Villa Médicis, par Gabrielle Hébert Avec près de 1 600 clichés couvrant la période de 1888 à 1896, Gabrielle Hébert laisse un reportage unique sur Rome et la villa Médicis à la fin du XIXe siècle. Rien n’échappe au regard curieux et avisé de l’épouse du peintre Hébert. L’ensemble inédit constitue une chronique prise sur le vif, et un témoignage inestimable des débuts de la photographie amateur. Jusqu’au 15 octobre 2007 Vue(s) sur jardin L’artiste suisse Daniel Schlaepfer est sensible à la beauté des lieux mêlant classicisme et romantisme. Invité par le musée Hébert, il s’est plu à réaliser dix installations entrant en résonance avec les jardins. Une déambulation tour à tour ludique ou méditative qui s’appuie sur d’étonnants jeux optiques.

Musée de la Résistance et de la Déportation Du 26 octobre 2007 au 7 avril 2008 Rompre le silence – Mémoires de chômeurs et précaires de l’Isère Une exposition temporaire à la mémoire des chômeurs et précaires de l’Isère de 1975 à aujourd’hui, réalisée à l’initiative de l’association Gallo, dédiée à la reconnaissance et à la reconstruction de l’identité des chômeurs de longue durée. Jusqu’au 8 octobre 2007 Le génocide des Arméniens, un Martinérois raconte Le parcours de la famille Der Goumcian depuis son exil de l’Empire ottoman jusqu’à son installation à Saint-Martind’Hères en 1926, retracé grâce au témoignage de Yervant Der Goumcian.

Musée dauphinois

Musée grenoblois des Sciences médicales

À partir du 23 novembre 2007 Eugénie Goldstern, être ethnologue et juive dans l’Europe alpine des deux guerres En 1913, une jeune autrichienne, Eugénie Goldstern, arrive dans les Alpes françaises pour étudier la communauté villageoise de Bessans, en Haute-Maurienne. Ses recherches ethnologiques, poursuivies dans les Alpes italiennes, suisses et autrichiennes, apparaissent aujourd’hui exemplaires, novatrices et même annonciatrices des approches les plus abouties des ethnologues actuels.

Jusqu’en octobre 2007 De la mesure à la robotique, 1960 à 2000 L’exposition retrace les conditions de collaborations pluridisciplinaires qui ont permis au CHU de Grenoble d’être, aujourd’hui encore, à la pointe de l’innovation médicale. Trois domaines sont abordés : la mesure (sanguine et télédétection), l’imagerie (scanner et IRM) et la robotique, alliées au formidable développement de l’informatique.

Musée de Bourgoin-Jallieu Musée Hector-Berlioz Jusqu’au 31 décembre 2007 En avant la musique ! Fanfares, harmonies et orphéons Au lendemain des révolutions de 1830 et 1848, la fanfare, soulevant la ferveur populaire, véhiculait l’image d’un bonheur retrouvé. Joueurs de tambours et de cuivres défilaient dans les rues hissant haut sur leur bannière leur attachement au territoire, et entraînant les foules dans leur sillage les jours de fête. L’exposition rend hommage aux orphéonistes.

Musée de l’Ancien Évêché Du 17 novembre au 31 décembre 2007 Visions d’une ville. Grenoble Peintures, dessins, estampes du XVIe au début du XXe siècle Grenoble fait partie de ces villes qui attirent les artistes : des peintres architectes aux peintres romantiques, jusqu’à William Turner qui débute son “grand tour” vers l’Italie, en s’arrêtant quelques jours à Grenoble. L’exposition regroupe quatre-vingts œuvres provenant de collections privées et publiques régionales, nationales et internationales : un corpus de références tant du point de vue artistique qu’historique ; une vision intellectuelle et souvent rêvée qui nous invite à porter un nouveau regard sur la ville.

Jusqu’au 25 novembre 2007 Cachemires imprimés Autour de sa riche collection textile, le musée propose une découverte de l’imprimé cachemire par-delà ses origines en Inde et ses techniques de fabrication. Une exploration locale des manufactures d’ennoblissement implantées sur le territoire de la région Rhône-Alpes.

Musée d’Aoste Jusqu’au 30 novembre 2007 La livre et le pied. Poids, mesures et échanges dans l’Antiquité L’exposition témoigne de la façon dont les Romains comptaient, mesuraient et pesaient dans l’Empire pour mieux développer les échanges commerciaux. Très belles collections d’amphores, de mortiers et de balances.

Musée d’Allevard Jusqu’au 27 octobre 2007 Le Splendide Hôtel, un palace à Allevard L’exposition retrace l’histoire d’un luxueux hôtel allevardin, construit à partir de 1908 à la grande époque du thermalisme.

Musée du Trièves LES MUSÉES ASSOCIÉS Musée matheysin Jusqu’au 31 mars 2008 Patrimoine en Isère. Valbonnais/Matheysine/Beaumont/ Pays de Corps Une présentation des résultats de la campagne d’inventaire du patrimoine conduite dans les quarante-deux communes des cantons de Corps, La Mure et Valbonnais. Inventaire de plein pied. Photographies de Roberto Neumiller Une série de portraits de femmes et d’hommes habitant le territoire inventorié par la Conservation saisis dans leur vie quotidienne.

Jusqu’au 30 novembre 2007 Fer et savoir-faire en Trièves Histoire des mines et des forges L’exploitation de mines de fer a marqué la région du Trièves aux XVIIe et XVIIIe siècles et le souvenir des forges est encore bien vivant à Mens. Autour d’objets, maquettes, documents, photographies, le musée propose une promenade illustrée dans cette histoire.

Maison du pays de la noix - Le Grand Séchoir Jusqu’au 22 juin 2008 Portraits d’ateliers En 1900, 80 ans après l’invention de la photographie, Alfred Vourey, horloger-bijoutier, aménage un studio dans


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son arrière-boutique de la Grande-Rue de Vinay et prend ses premiers clichés… plusieurs centaines de photographies seront réalisées entre 1900 et 1936, immortalisant la communauté villageoise.

LES AUTRES MUSÉES DE L’ISÈRE

teurs d’art du Nouveau Monde ont constitué des collections fabuleuses. Grâce à une alliance de prêts franco-américaine, quatre-vingts chefs-d’œuvre de Monet, Picasso, Renoir, Degas, Caillebotte, Cassatt, Sisley, Cézanne et Morisot, ainsi que ceux de Bazille et Manet retrouvent, le temps de cette exposition, d’autres œuvres, toutes aussi célèbres mais restées dans leur terre d’origine.

Musée de Grenoble

Muséum d’histoire naturelle

Du 20 octobre 2007 au 20 janvier 2008 L’Impressionnisme vu de France et d’Amérique Les collectionneurs des États-Unis ont été parmi les premiers à soutenir le mouvement impressionniste. Ces ama-

Jusqu’au 31 décembre 2007 Le propre du singe Les études scientifiques ont mis en évidence au cours de ces trente der-

LE SCULPTEUR JOSEPH GARDET MODELANT LE BUSTE DU PEINTRE ALEXIS AXILETTE

1889

nières années un lien de parenté très fort entre le chimpanzé et l’homme, tant sur le plan génétique que comportemental. L’exposition interroge néanmoins sur ce qui différencie aujourd’hui l’Homo sapiens du Pan troglodyte (chimpanzé commun) : la différence génétique, la parole, la conscience ou la pensée réflexive ?

EXP MUSÉE HÉBERT, LA TRONCHE

OSITION INSTANTANÉS À LA VILLA MÉDICIS PAR GABRIELLE HÉBERT jusqu’au 30 novembre 2007


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LE GUIDE

LECTURES Le Diois La montagne en question Par Jean-Noël Couriol Au pied des falaises du Vercors, le long de la rivière Drôme, le Diois est une moyenne montagne peuplée de quelque 10 000 habitants. Ce petit pays cultive la différence par ses souvenirs romains, sa solide tradition protestante et son vignoble qui produit l’inégalable clairette de Die. Aujourd’hui en grande partie dépeuplé, le Diois, terre d’innovation et de progrès, reste pourtant bien vivant. Et il accueille volontiers tous ceux qui sont en quête d’espace, d’événements festifs, mais aussi d’un patrimoine aussi discret qu’émouvant. Juin 2007. Le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines. 52 pages. 7 euros

Êtres fantastiques du Dauphiné Patrimoine narratif de la Drôme Édition préparée par Nicolas Abry et Alice Joisten, préface de Jacques Le Goff Pendant plus de vingt-cinq ans, depuis 1951, Charles Joisten a mené en Dauphiné et Savoie des recherches intensives sur les traditions orales. Après l’Isère et les Hautes-Alpes, c’est l’intégralité des récits recueillis dans la Drôme, consacrés aux êtres fantastiques, qui sont ici publiés. De nombreux esprits y foisonnent comme les gafouillou ou les tandalair, mais aussi des croquemitaines comme les miares et les rafagaudes… Les thèmes véhiculés par ces récits transmis localement appartiennent cependant à un fonds commun narratif qui dépasse la région pour s’étendre à l’Europe et jusqu’au monde entier. Juin 2007. Éditions Musée dauphinois. 258 pages. 30 euros

Le tramway à Grenoble. Un siècle d’histoire Par Christian Sadoux En 1893, le tram à vapeur circule entre Jarrie et Rioupéroux et dès 1899, c’est le tram électrique qui fait son entrée dans le Grésivaudan. Un siècle plus tard, le tramway a repris possession de la ville après une absence de trente-cinq ans (1952-1987). En historien et en homme de presse, observateur vigilant de la vie régionale, Christian Sadoux nous propose une approche nouvelle de cette épopée technique et industrielle à laquelle le siècle écoulé confère désormais une haute valeur patrimoniale. À paraître en septembre. Le Dauphiné Libéré, collection Les patrimoines. 52 pages. 7 euros

Instantanés. À la villa Médicis par Gabrielle Hébert Avec près de 1 600 clichés couvrant la période de 1888 à 1896, Gabrielle Hébert laisse un reportage unique sur Rome et la villa Médicis à la fin du XIXe siècle. Ce premier recueil privilégie la vie des pensionnaires à la villa et celle de leur peintre-directeur : séances de travail en atelier ou en plein air, visites officielles ou amicales, excursions hors les murs, pauses récréatives dans les jardins, vie quotidienne de l’institution… Rien n’échappe au regard curieux et avisé de Gabrielle. L’ensemble, inédit, constitue une chronique prise sur le vif, un témoignage inestimable des débuts de la photographie amateur. Mai 2007. Éditions musée Hébert. 64 pages. 25 euros

Les châteaux de la Drôme, fortifications et palais Par Michel Bois et Chrystèle Burgard Plus de six cents châteaux constellent le territoire de la Drôme, terre de transition entre le Rhône et les Alpes, le Dauphiné et la Provence. De la motte castrale au palais, sans oublier le château fort, la citadelle ou la demeure seigneuriale, c’est un véritable panorama de l’architecture militaire et privée qui s’offre au regard. Signes de richesse des terroirs sans doute, mais tout autant de manifestation du pouvoir et de la nécessité de contrôler des voies majeures, ces monuments qualifient le paysage drômois autant qu’une nature savamment aménagée par les communautés paysannes. Juin 2007. Le Dauphiné Libéré, collection Les Patrimoines. 52 pages. 7 euros

L’appel des Coulmes. Histoire d’une forêt du Vercors Par Philippe Hanus Forêt domaniale de l’ouest du Vercors, les Coulmes ont été fréquentées depuis la préhistoire. Paysans, moines, bûcherons, charbonniers et maquisards les ont arpentées et exploitées à des fins très diverses. À la fois sauvage et façonné par l’homme, le massif forestier ainsi que les nombreux vestiges qui le ponctuent sont un lieu privilégié de rencontre entre nature et civilisation. L’ouvrage, en retraçant l’histoire de cette forêt et de ceux qui l’ont peuplée, se veut une invite vers d’autres lectures du paysage et un appel au vagabondage, en quête de chuchotement des lieux… Juillet 2007. Éditions Patrimoine en Isère. 154 pages. 15 euros

Mémoire, patrimoine et musées Ouvrage collectif sous la direction de Isabelle Lazier, avec la collaboration de Audrey Passagia Le centenaire du Musée dauphinois est apparu comme une occasion, pour les auteurs de ce numéro, de questionner, à l’échelle muséale et au-delà, l’évolution de la notion de patrimoine et les conditions de sa sauvegarde. Ces questions sont soulevées ici à la confluence de différentes approches articulées autour de la connaissance d’un territoire, de la mise en place d’une politique patrimoniale et d’une réflexion sur les pratiques culturelles. Une mise en perspective nourrie de précieux héritages et retranscrite à travers de nombreuses expériences. 2006. Centre alpin et rhodanien d’ethnologie. 240 pages. 29 euros

Le château d’Uriage. 1 000 ans d’histoire Ouvrage collectif sous la direction de Madame Georges Murienne, Marie-France Louchet, Geneviève Dumolard-Murienne et Marie-Jo Chaléat. Réalisé à l’initiative de l’Association de Sauvegarde et de Mise en valeur du Patrimoine historique de Saint-Martin d’Uriage, cet ouvrage cherche à mettre en évidence le lien ténu et affectif entre le village d’Uriage et son château. L’importante recherche documentaire qui a précédé sa réalisation a permis de révéler des pans entiers d‘une histoire jusqu’alors peu explorée. Cette publication, richement illustrée, retrace la vie au château depuis le Moyen Âge jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Public Éditions. 132 pages. 12 euros


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ÉDITO

EN RETENANT DANS SES OBJECTIFS LA MISE EN ŒUVRE D’UNE POLITIQUE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL ET OUVRIER EN ISÈRE, le Conseil général a souhaité infléchir son action patrimoniale vers le monde contem-

porain. Les deux projets culturels attendus, à terme, sont la restauration et l’ouverture au public de la Maison Bergès à Lancey, sur le site de naissance de la houille blanche, et le développement du musée de la Viscose, à Échirolles, en lieu d’évocation et d’interprétation de la mémoire ouvrière iséroise. La parution de l’Atlas du patrimoine industriel de l’Isère, bientôt suivie de celle de l’ouvrage À l’atelier, à l’usine, l’Isère au travail (XIXe-XXe siècles), constitue le premier pas de cette action et permet d’en définir les contours. La discussion ouverte avec les professionnels et amateurs de patrimoine, notamment lors des Rencontres du 14 septembre et des traditionnelles Journées des 15 et 16 septembre, permettra de partager ces projets avec les publics les plus larges. Au moment où notre département s’engage dans les voies nouvelles de son développement économique, autour notamment des nanotechnologies, IL N’EST PAS SANS INTÉRÊT DE NOUS INTERROGER SUR L’HISTOIRE DE NOTRE INDUSTRIE ET LES GRANDES ÉVOLUTIONS TECHNIQUES QUI L’ONT MARQUÉE, et de nous préoccuper de la conservation des vestiges qui en témoignent. Alors nous pourrons continuer à ancrer le devenir de notre territoire sur des racines vigoureuses qui nous donneront la force de continuer à avancer. LE président du Conseil général

André Vallini DÉPUTÉ DE LISÈRE

Une mémoire arménienne De Medz Nor Kiugh (Bursa, Empire ottoman) à Saint-Martind’Hères (Isère, France) Par Yervant Der Goumcian, 1894-1976, traduit de l’arménien par Raymond Kévorkian En écrivant dans sa langue natale quelque 1 500 pages, Yervant Der Goumcian livre un récit inédit sur le génocide des Arméniens. Du village natal où il naît en 1894 jusqu’à son arrivée en France, dans les années 1920, l’auteur conserve une mémoire très précise des faits dans lesquels se mêlent l’histoire familiale et celle de tous les Arméniens ottomans confrontés au massacre organisé par le gouvernement des Jeunes-Turcs, entre 1915 et 1916. Il témoigne par ailleurs des conditions d’existence de la diaspora arménienne de la première génération et de la permanence du lien communautaire. 2007. Éditions Conseil général de l’Isère, Ville de Saint-Martin-d’Hères.

Signalé La GéoGraphie Comprendre le monde dans ses dimensions humaines, culturelles, sociales, voire économiques ou politiques, telle est la vocation première de La GéoGraphie, une revue imaginée pour des lecteurs en quête de sens et de connaissance. Créée en 1822 par la Société de géographie à Paris, la revue fait peau neuve cet hiver avec son 1527e numéro ! Dorénavant réalisée en association avec l’Institut géographique national (IGN) et les éditions Glénat, elle sera diffusée en kiosques et par abonnement. Ni magazine de voyage, ni publication savante, cette revue trimestrielle, exigeante et iconoclaste, proposera au lecteur de découvrir la diversité des civilisations, de leurs modes de vie et de leurs territoires. Bref, de renifler le temps. Avec la curiosité pour principal guide. Coédition Glénat - IGN - Société de géographie. 116 pages. 7,90 euros Parution du premier numéro le 20 décembre 2007

213 pages, 25 euros

VIENT DE PARAÎTRE

ATLAS DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE L’ISÈRE Ouvrage dirigé par Cécile Gouy-Gilbert et Jean-François Parent.

Cet atlas, qui n’est ni une histoire de l’industrie, ni un inventaire exhaustif du patrimoine industriel de l’Isère, a permis de rassembler ce que l’on connaît aujourd’hui des traces laissées par les activités industrielles dans ce département pour en dresser un état des lieux. La recherche a été limitée ici à ce que l’on désigne généralement comme relevant de “la grande industrie”, dont les prémices apparaissent en Isère au XVIIe siècle pour s’épanouir plus largement aux XVIIIe et XIXe siècles. Pour autant, le patrimoine industriel ne se situe pas uniquement dans le passé, mais continue à s’élaborer et se construire sous nos yeux. Ces mémoires industrielles en incluent donc les aspects les plus contemporains. Si les bâtiments, aménagements et machines sont les “traces patrimoniales” les plus évidentes, il en est d’autres, immatérielles, tout aussi riches. Cette dimension relative aux savoirs et aux modes vie est notamment abordée à travers divers exemples d’habitat ou encore les mouvements sociaux les plus significatifs de chaque époque. Résultat d’un travail collectif mené par des historiens, ethnologues, ingénieurs, architectes, conservateurs ou animateurs du patrimoine, le présent ouvrage a bénéficié de multiples regards et compétences sur ce savoir patrimonial. Édition Patrimoine en Isère. 144 pages. Parution : septembre 2007.

À PARAÎTRE

NOUVELLE HISTOIRE DU DAUPHINÉ

Sous la direction de René Favier, professeur d’histoire moderne à l’université Grenoble-II Pierre-Mendès-France et membre du LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes) du CNRS. La province du Dauphiné a constitué une principauté indépendante au milieu du Moyen Âge, puis une province du royaume de France du XIVe au XVIIIe siècle avant d’être éclatée en 1790 entre trois départements. De nos jours elle survit à travers ses “lieux de mémoire” (Vizille, la Grande Chartreuse, Saint-Antoine l’Abbaye, les Sept Merveilles, Bayard, Lesdiguières…) et l’activité des associations culturelles et patrimoniales qui en gardent la trace. Son territoire hétérogène (de la Meije aux basses plaines rhodaniennes, des confins humides de la Bresse aux portes des terres provençales) ne favorisait pourtant pas une unité économique ou démographique, ni la formation d’une véritablement identité culturelle, mais la construction politique forte permit à cette province d’exister et de se développer. Faisant suite aux autres histoires du Dauphiné publiées jusqu’à ce jour mais qui s’inscrivaient dans un cadre territorial unique quelles qu’en soient les époques, cette Nouvelle Histoire du Dauphiné apporte un regard nouveau en décrivant de façon précise et détaillée la constitution de cette province, sa destinée jusqu’à son éclatement lors de la Révolution et la façon dont sa mémoire survit depuis le début du xixe siècle. Faire le lien entre le passé et le présent, montrer comment les recompositions territoriales d’aujourd’hui se nourrissent de la mémoire du passé, tel est l’esprit de cet ouvrage. Éditions Glénat. Parution : novembre 2007


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