PATRIMOINE EN ISÈRE 092009 40PAGES
ISSN 1269-3227
10 000 EX
LE JOURNAL
N°22
ÉDITO
Sommaire P03 P06
INVENTAIRE «PATRIMOINE EN ISÈRE», ON LÈVE LE VOILE SUR LE PAYS DE BOURGOIN-JALLIEU! UNE VILLE NOUVELLE OUVERTE SUR L’HORIZON, PATRIMOINE DE DEMAIN ? MON PATRIMOINE EN ISÈRE / POINTS DE VUE
Les collections conservées dans les douze musées et les archives qui DÉPENDent du Conseil général de l’Isère REPRÉSENTENT DES centaines de milliers d’œuvres, documents et objets divers portant témoignage de la richesse et de la diversité de notre histoire, et surtout entretenant la mémoire des hommes et des femmes qui l’ont faite. Ces collections forment le « trésor » des Isérois, leur bien collectif. Enrichir ce fonds fait partie des missions dévolues à la collectivité et à ses institutions culturelles. Il ne s’agit pas d’amasser, mais au contraire de sélectionner des documents dont la propriété publique revêt un sens, apporte un témoignage nouveau sur l’histoire de la communauté. La collection de photographies anciennes récemment acquise et présentée cet automne au Musée de l’Ancien Évêché fait partie de ces fonds d’une richesse rare, à la fois artistique et documentaire : les paysages nous sont familiers, les scènes de genre représentent nos propres aïeux. Ces clichés des premiers temps de la photographie, joints à ceux qui sont conservés au château de Sassenage (qui seront présentés au même moment au Musée Hébert), nous donnent un regard exceptionnel sur les premiers temps de la photographie, dont on ignorait l’importance sur notre territoire. Et une nouvelle source de savoir sur le XIXe siècle en Isère. LE président du Conseil général
André Vallini DÉPUTÉ DE L'ISÈRE
Dossier : Patrimoine et PHOTOGRAPHIE RICHES MANIES DE FAMILLE LE FONDS GEORGES FLANDRIN AU MUSÉE DAUPHINOIS TIRÉS DU SAC / COULEUR SEPIA ITINÉRAIRE D’UN PHOTOGRAPHE AMATEUR : LE MARQUIS RAYMOND DE BÉRENGER APPUYEZ SUR LE BOUTON, L’ORDINATEUR FERA LE RESTE LA PHOTOGRAPHIE ET LE MUSÉE DAUPHINOIS, C’EST UNE HISTOIRE QUI DURE DEPUIS 104 ANS ! Mlle GARNIER, GROUPE ROSIÈRE LA RESTAURATION DE PHOTOGRAPHIES : UN SAVOIR-FAIRE SUBTIL AMATEURS ÉCLAIRÉS, LES COLLECTIONS PHOTOGRAPHIQUES DAUPHINOISES A LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE GRENOBLE SAVANTS CLICHÉS, LE FONDS DU SERVICE RTM AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE UNE VISION SINGULIÈRE CLINS D’ŒIL
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Protéger/RESTAURER « PATRIMOINE EN ISÈRE », LE LABEL GLÉNAT, COUVENT SAINTE-CÉCILE LE PLAN PATRIMOINE DE LA VILLE DE VIENNE EN BREF
Valoriser/PARTAGER LE PÉRIER, PATRIMOINE ET PAYSAGES HOMMAGE A JEAN DRÉJAC EN BREF
MONTRER/EXPOSER A VOIR DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX MUSÉES EN COCON, CHANTIERS INTERDITS AU PUBLIC ! TOUT NEUFS !
LE GUIDE ACTUALITÉ DES MUSÉES LECTURES
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INVENTAIRE
« PATRIMOINE EN ISÈRE », ON LÈVE LE VOILE SUR LE PAYS DE BOURGOIN-JALLIEU ! Inventorier le patrimoine du département de l’Isère est une démarche de longue haleine. Du Trièves, il y a près de quinze ans à ce secteur situé entre Bourbre et Lyonnais aujourd’hui (les vingt-sept communes des cantons de Bourgoin-Jallieu nord et sud, l’Isle-d’Abeau et La Verpillière) en passant par l’Oisans, les Chambaran ou encore le canton de Roussillon, les équipes du Conseil général, archéologues, architectes, historiens ont déjà catalogué le patrimoine de près de deux cents communes. Ce qui n’est pas rien ! L’inventaire est toujours une aventure pleine de surprises. Non seulement arpenter lieux et archives en tous sens favorise les découvertes (bonnes ou mauvaises), mais c’est aussi l’occasion de tisser des liens riches avec tous ceux, chercheurs, associations, musées, élus ou particuliers, qui accompagnent l’émergence de ce panorama.
Rencontrés, sollicités, ils apportent une contribution indispensable au repérage, à la nomenclature et à l’étude du patrimoine. Ils en sont aussi les utilisateurs et les acteurs sur place. Le bilan fourni n’est pas une fin en soi car la collecte et l’analyse de données n’ont de sens ici que parce qu’elles s’insèrent dans une démarche plus générale de protection et de valorisation. Outre la publication et la présentation des conclusions dans une exposition qui tournera dans chacun des cantons concernés ainsi qu’à Grenoble, sont mises en œuvre des animations diverses, la sensibilisation d’enfants dans le cadre scolaire, la remise aux communes des données les concernant, la diffusion d’une carte touristique... Autant d’actions indissociables de la démarche d’inventaire et qui forment une boite à outils à l’usage des décideurs.
Rendre compte Ni fourre-tout ni pointage exhaustif, l’inventaire propose un tableau à un instant donné de ce qui existe et caractérise le territoire exploré. Des marais aux collines, des pierres à cupules aux « gestes architecturaux » du XXe siècle, des granges aux usines, Frédéric Dard côtoie ici saint Theudère, et le rugby les maisons fortes médiévales. Ce territoire recèle en effet des patrimoines « tous azimuts », toutes époques et tous domaines confondus. Et voici venu le moment de partager le fruit de cette recherche avec le plus large public. Le livre édité à cette occasion en rend compte par des textes organisés de façon à ce que chaque lecteur puisse y picorer au gré de ses envies. Richement illustré il est une invitation à regarder comme à comprendre. Tout comme l’exposition qui l’accompagne, laquelle sera dévoilée à la mi-novembre à Saint-QuentinFallavier.
Exposition itinérante Saint-Quentin-Fallavier Espace George Sand >16 novembre - 31 décembre 2009 L’Isle-d’Abeau EPANI > 3 février - fin avril 2010 Grenoble Musée de l’Ancien Évêché > fin avril - 16 septembre 2010 Bourgoin-Jallieu Musée > 17 septembre - fin décembre 2010 Maison de la Porte des Alpes > hiver 2011
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INV L'Isle d'Abeau THÉÂTRE DU VellEin
entAire UNE VILLE NOUVELLE OUVERTE SUR L’HORIZON, PATRIMOINE DE DEMAIN ?
Imaginée à l’instar de ses consœurs sur la relation ville-nature, sur l’équilibre habitat-emploi et sur l’innovation en matière d’aménagement, d’architecture et de déplacements, la Ville Nouvelle de L’Isle-d’Abeau créée dans les années 1970 reste cependant atypique. Quarante ans après sa création, l’inventaire est aussi l’occasion de porter un regard sur un ensemble architectural du XXe siècle qui, par ses partis pris urbanistiques et constructifs notamment, a parfois suscité la polémique. Une étude spécifique conduite par Sophie Paviol et Mélanie Borga-Jacquier, architectes, s’est intéressée à une vingtaine d’édifices (ou œuvres), logements, bâtiments industriels ou équipements publics.
Si cette « ville à la campagne » se distingue par la qualité exceptionnelle de son site, son intérêt ne se limite cependant pas à un simple impact visuel dans le paysage. Jouant sur l’opposition entre un tissu urbain à la maille flexible, une architecture antimonumentale et des formes très affirmées de type mégastructure, la Ville Nouvelle de L’Isled’Abeau construit son identité sur le rapport entre espaces publics et espaces intimes, ouverture sur l’horizon lointain et liaison entre le nouveau bâti et l’ancien. Ainsi, des ensembles comme le « Bateau » du quartier des Moines (Saint-Quentin-Fallavier) et le « Rempart » des hauts de Saint-Germain (L’Isle-d’Abeau), visibles depuis les grands axes de communication, marquent une limite nette entre ville et campagne. D’autres édifices, misant au contraire sur leur intégration dans
le paysage, ne sont perceptibles que dans leur proximité immédiate. Les uns soulignent le relief et servent de points de repère, les autres offrent des perspectives sur le village ancien, tandis que d’autres encore proposent des alternatives contemporaines aux formes urbaines traditionnelles ; chaque type s’attachant à sa manière à respecter l’esprit du lieu. Cette diversité d’approches se retrouve aussi bien dans le large panel des architectes sollicités - de Paul Chemetov et Georges Pencréac’h… à Antoine Félix-Faure et Philippe Macary par exemple - que dans le choix des matériaux et leurs combinaisons : ici le béton et le verre ou la pierre polie, là le polycarbonate associé à l’acier ou à la terre, plus loin encore la déclinaison en terre (pisé) de tout un quartier.
L’habitat social frontal ou en « petites unités » côtoie des édifices publics aux profils originaux, tandis que des réalisations artistiques (sculptures, fontaines, etc.) agrémentent places et îlots. À travers ses nombreuses expérimentations - souvent qualifiées d’utopies - dans de multiples domaines, la Ville Nouvelle forme un carrefour entre « ville ancestrale », « ville moderne » et « ville contemporaine » ; en cela, peut-être, a-t-elle une valeur patrimoniale qu’il appartiendra aux générations futures de qualifier.
Immatérielpatrimoine
les pratiques sportives et culturelles autour de Bourgoin-Jallieu Dès la fin du XIXe siècle, le nord Isère ouvrier peut s’enorgueillir de posséder un dense réseau d’associations et autres cercles sportifs ou culturels. La plupart sont généralistes et proposent diverses disciplines sportives : gymnastique, tir, escrime, cyclisme, etc. , et bien sûr l’emblématique rugby. Certains de ces groupements associent le sport à la
pratique musicale amateur sous la forme de fanfares, harmonies, cliques ou chorales. Ces associations, présentes dans la plupart des communes, sont souvent issues des corporations professionnelles, largement soutenues par les manufacturiers (Fanfare des Ateliers Diederichs, « Les Enfants de l’Industrie », etc.).
La pratique de la boule (dite lyonnaise) est plus répandue encore. En 1936, on compte seize sociétés boulistes à Bourgoin, treize à Jallieu ! Le « clos » est un terrain de jeu spécialement équipé mis à disposition par la plupart des débits de boisson. Ces espaces sont longtemps restés des symboles de la sociabilité masculine, où ne trouvait place que… la Fanny !
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Depuis le mois de janvier, quatre classes des écoles primaires de Bourgoin-Jallieu, Saint-Quentin-Fallavier et Saint-MarcelBel-Accueil sont parties activement à la découverte du patrimoine de leur village ou de leur quartier. Accompagnés par un animateur de l’association Histoire de… les enfants se sont pliés aux exigences d’un inventaire, ont défini l’objet de leurs recherches (« leur » patrimoine) avant de repérer sur le terrain ce qui correspondait à leur propre définition ; ils ont ensuite renseigné et confronté leurs trouvailles. Pour partager leur inventaire avec le plus large public, chaque classe a réalisé un rendu sous une forme choisie par ses soins. Ce travail fera l’objet d’une restitution dans le cadre de l’exposition des résultats de
l’inventaire, présentée sur le territoire à partir de l’automne prochain puis à Grenoble en 2010. Quatre autres classes pourront à nouveau participer à ce projet au cours de la prochaine année scolaire.
Points DE VUES
Philippe Le Bihan
Chaque inventaire est aussi l’occasion de confronter la vision « scientifique » du territoire à « l’œil » exercé de photographes. S’installe alors un jeu de regards croisés sur un patrimoine et les paysages qui l’entourent. Après avoir collaboré avec le collectif En marge pour le canton de Roussillon ou Roberto Neumiller et Emmanuel Breteau pour La Matheysine, cette année, trois photographes aux sensibilités et aux approches artistiques différentes ont été invités. Un « professionnel » et deux « amateurs » se sont ainsi partagé une liste de « figures imposées » composée de sites sélectionnés par notre équipe, le reste de la commande
comprenant dix prises de vues à réaliser selon leur inspiration personnelle. D’un paysage champêtre au panorama de la ville nouvelle, des reflets colorés d’un vitrail à des arbres dépouillés, ces trois artistes donnent à voir des points de vues parfois insolites. Philippe Le Bihan ne se lasse pas de capter, en noir et blanc exclusivement, l’instant fugace et la subtilité du contraste dans une quête perpétuelle de « l'image poétique ». Amoureux du genre humain dont il a fait du portrait et du nu une spécialité, Christian Chevallier aime à jouer en noir et blanc lui aussi, et en clair obscur, sur le corps humain dont les postures de statuaires antiques se dessinent sur fond d’entrepôts industriels
Christian Chevallier
désaffectés. Profondément attiré par la lumière rasante, Jean-Pierre Gobillot quant à lui capte inlassablement, en couleurs ou en noir et blanc, les infinies variations des premiers ou derniers rayons de soleil sur une nature humanisée : jardins ouvriers aux parcelles patiemment cultivées, carrés de choux ourlés de givre, etc.
Jean-Pierre Gobillot
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DOSSIER
Patrimoine& photographie La photographie ancienne acquiert, bien tardivement, ses lettres de noblesse. Comme en témoigne (hélas !) le prix atteint dans les ventes publiques par certains clichés. Loin derrière les autres arts graphiques, cet « art moyen », selon la formule de Bourdieu, a longtemps été considéré pour sa seule valeur documentaire, sa capacité de témoigner des temps passés. Les musées, bibliothèques et archives ont à ce titre conservé plaques de verre et tirages papier ; et comme souvent en matière de patrimoine, des collectionneurs ont su rassembler des fonds de grande qualité, que certains d’entre eux sont heureux de transmettre aujourd’hui à des collections publiques. Quelques rencontres fort opportunes, une actualité culturelle particulièrement riche, justifient ce dossier dans notre Journal.
L’acquisition du fonds Georges Flandrin vient prolonger un long travail de constitution des collections photographiques conduit depuis leur création par les musées départementaux. On sait le goût que professait Hippolyte Müller pour le document photographique, véritable outil d’observation ethnographique. Et l’on ne s’étonnera pas qu’il ait compté parmi ses amis et complices Joseph Flandrin, grand-père du collectionneur d’aujourd’hui. La Bibliothèque municipale de Grenoble a, très tôt aussi, compris l’intérêt de la conservation des photographies et constitué au fil du temps une collection unique, dont le fleuron est le fonds de la Société dauphinoise des amateurs photographes, riche de 25 000 clichés. Viennent ensuite les collectes de fonds anciens dispersés sur le territoire. Avec pour mission donnée aux agents de recueillir au plus vite les plaques de verre, si fragiles : les donateurs (ou simples déposants) se voient remettre un tirage de qualité, voire un cliché contre-type, aujourd’hui un fichier numérique de haute définition. Et la plaque de verre entre dans les réserves pour n’être plus touchée qu’à de rares occasions. Les fonds de photographes professionnels ont bénéficié de la même attention : le fonds Martinotto à Grenoble est le plus célèbre et a fait l’objet d’une exposition et d’une publication. L’opération de collecte la plus systématique a été conduite à l’orée des années 1980 sur le territoire du parc du Vercors. L’IPIMOV (Inventaire du patrimoine iconographique et de la mémoire orale du Vercors) a permis de rassembler plusieurs milliers de photographies, aujourd’hui conservées à la Maison du Parc et au Musée dauphinois. D’autres collectes ont eu lieu, notamment à la faveur des inventaires du patrimoine conduits depuis 1992 sur le territoire de l’Isère. Entre tous les domaines couverts par les collections photographiques, figure bien évidemment la montagne. Les représentations des paysages sont légion (et souvent utilisées pour en montrer la dégradation, telles celles qui sont conservées aux Archives départementales de l’Isère), mais tout autant les témoignages de la conquête sportive des Alpes. Collections valorisées au point que réapparaît régulièrement le projet de créer à Grenoble une galerie, ou un musée, consacré à la photographie de montagne. Et puis il y a les découvertes ! Quand au Musée Hébert on sort des cartons une collection inédite de près de 5 000 clichés qui révèle, outre l’intérêt du peintre pour la photographie, le vrai talent de son épouse Gabrielle. Ou encore quand on découvre un primitif de la photographie au château de Sassenage… Si l’on ajoute l’intérêt porté aux photographes contemporains, nombreux à avoir été exposés dans les musées départementaux, ou publiés (notamment dans les portfolios de la revue L’Alpe), le présent dossier sur le patrimoine photographique isérois s’avère nécessaire, en attendant de nouvelles expositions et publications. Et en attendant la mise en ligne d’une part conséquente de ces collections sur les sites Internet des musées et archives…
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RicheS manieS de famille Portrait de Joseph Flandrin « Regardez comme il est bien « dans son jus ». Il pose devant l’internat de Grenoble avec la main comme ça – les accoucheurs étaient réputés avoir de belles mains. Il a l’air plutôt content de lui… C’est finalement un portrait assez psychologique du personnage » (G. Flandrin)
> « Vieux papiers…voir Georges » > « Ne pas jeter… voir Georges » L’histoire de l’exceptionnel fonds de photographies réuni par Georges Flandrin (aujourd’hui en cours d’acquisition par le Musée dauphinois et que l’on retrouvera partiellement au fil de l’exposition Couleur sepia au Musée de l’Ancien-Évêché cet automne), tient en partie dans ces petits mots laissés sur les cartons dans les greniers de famille. Georges Flandrin se défend d’être le héros de cette aventure, mais sans lui, Grenoble et le Dauphiné auraient sans doute perdu un pan de leur histoire. Lorsqu’il conserve, reçus en héritage, lettres, dessins, vieux papiers et… ces photographies qu’on manipule aujourd’hui avec respect, il ne s’agit pour une majorité que d’objets sans grande valeur, au mieux de souvenirs sentimentaux qu’on n’aurait pas imaginés entrer un jour au musée. A l’origine de tout, il y a un grand-père hors normes, le docteur Joseph Flandrin. Né en 1867 place Grenette au-dessus de la pharmacie de son père, ce médecin formé à Paris revient à Grenoble au poste de médecin accoucheur en chef du tout nouveau service d’obstétrique de l’hôpital. Collectionneur et bibliophile forcené, il est de tous les combats pour la promotion de l’art et du patrimoine dauphinois, « arts populaires avec Hermite, Müller et Paul Bisch, bibliophilie avec Maignien, Stendhalisme avec Royer, peinture avec son frère Jules Flandrin, Marval, Rome et Farcy, boutons d’uniformes avec Lucien Jacquot, vieux plans de Grenoble avec Auguste Bouchayer, faïences dauphinoises avec Hermite. »* Jusqu’à sa mort en 1942, mû par ses « petites manies de collectionneur », son amour pour les arts visuels « ça, je l’ai toujours senti tout seul, ma joie, ma vraie jouissance est celle des yeux »**, un intérêt viscéral pour l’histoire locale et la conscience que tout était en train de « fiche le camp », il dévalise les greniers, achète chez les marchands de chiffons des sacs entiers de papiers, des « trucs trouvés au bord de l’Isère » voués à la pâte à papier, et parmi tout cela, des photographies. Pour celles-ci, rien de prémédité si ce n’est l’intuition de leur nécessaire participation à sa collection hétéroclite. Enfant, Georges Flandrin croise assez peu son grandpère. Mais le relais passe. Le petit-fils devient médecin, hématologue de renom et, à l’instar de son aïeul, cultive aussi une érudition locale nourrie de la légende familiale. Modeste, ce pêcheur de trésors dit n’avoir fait que retenir dans sa nasse toutes ces choses de famille restées dans de vieux cartons et promises à une déshérence probable. Hasard, pure poésie dit-il. « Il fallait essayer de conserver témoignages et photographies. On n’est pas des sauvages, si des
gens ont fait des efforts, il faut donner du sens à cet effort. » Peut-être aussi la frustration d’un dauphinois dans son exil parisien, la volonté de conserver le Grenoble et l’Isère mythiques du temps de ses grands-parents ou encore l’émotion d’une rencontre avec l’histoire : « pas de passéisme mais un vrai intérêt pour les gens. Les non-illustres m’intéressent et ça m’amuse de faire revivre leurs qualités, leurs insuffisances, leur histoire. C’est le reflet d’une certaine forme de société. » Alors, depuis près de 25 ans, à ses heures perdues puis au fil d’une retraite bien employée, le petitfils classe, documente et poursuit à travers son travail un dialogue unique avec son grand-père et l’histoire. « Joseph notait tout, souvent dans ses carnets journaliers entre deux rendez-vous d’accouchement. Véritable esprit d’archiviste, il développait presque une mémoire judiciaire. » Les enveloppes qui conservent les photographies sont encore marquées de sa belle écriture à l’encre (découpées soigneusement, recollées sur d’actuelles enveloppes kraft, complétées d’un bandeau dactylographié - support d’une légende croisée entre les notes du grand-père et les recherches du petit-fils). Leur ont succédé « grâce à l’informatique » des listes de classement par photographe, par type de vues…. Car il faut comprendre, expliquer, partager. En connaisseur incontournable de l’histoire locale, Georges Flandrin est aussi un collaborateur régulier des institutions de la ville et du département et un familier du Musée de l’Ancien-Evêché. Informé que s’y prépare une exposition sur les précurseurs de la photographie en Isère, il révèle le contenu de nombreuses boîtes à chaussure… Depuis, par transporteur ou dans le secret de sa valise à roulettes s’acheminent à Grenoble des milliers de photographies. « Les difficultés liées à la conservation de certaines photos les rend inaccessibles à un particulier, et puis autrefois il y avait les vieux greniers, dans un appartement parisien conserver tout ça, ce n’est plus possible. » Alors, c’est avec bonheur et générosité que Georges Flandrin cède aux connaisseurs et au public d’aujourd’hui une partie de sa caverne d’Ali Baba, heureux de voir une boucle se boucler autour des intuitions communes – à deux générations d’écart de deux hommes passionnés. *Note de G. Flandrin –NDLR ** Notes de J. Flandrin - NDLR
AUTOPORTRAIT DE JOUVe, photographe à Grenoble
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LE FONDS GEORGES FLANDRIN AU MUSÉE DAUPHINOIS La préparation de l’exposition Couleur sépia au Musée de l’Ancien Évêché a été l’occasion de rencontrer de nombreux collectionneurs isérois, dont l’érudition sur les premiers photographes en Isère n’a d’égale que la qualité de leur collection d’images. Mais c’est à Paris, chez Georges Flandrin, que nous avons été amenés à explorer le plus bel ensemble de photographies anciennes intéressant l’Isère et le Dauphiné, entre 1840 et 1910. Le fonds était déjà partiellement étudié par le collectionneur lui-même, qui avait classé et en partie documenté les 2 000 images. C’est donc à travers des listes établies que s’est offerte à nous la richesse du fonds, notamment sur les débuts de la photographie (1840-1880). A travers une série de près de 1 300 images, se dévoilent le travail des professionnels de cette époque, jusqu’alors très mal connu, et la diversité de la production dans les genres, les formats et les techniques utilisées : épreuves uniques sur plaques de cuivre (les daguerréotypes), de fer ou de verre ; images multiples, obtenues au prix d’une alchimie complexe et non sans risque pour le photographe, etc. Ces premières décennies témoignent d’un véritable engouement pour l’image, de la grande bourgeoisie aux classes les plus modestes à la demande desquels répondent les photographes. La profession a d’ailleurs pignon sur rue dans les bourgs et les villes et occupe les places marchandes de la cité ! Autour de cette collection désormais en passe d’être inscrite à l’inventaire du Musée dauphinois, a débuté un travail de recherche pour mieux connaître ces « primitifs » isérois, la spécificité et la richesse de leur travail. Au premier rang de leur production, les portraits qui ont fait la fortune des premiers ateliers. Les portraits sur daguerréotype, d’un coût élevé et réservés à une élite, sont présents à travers une dizaine d’épreuves dont certaines signées, identifiées, datées et en parfait état de conservation ! Puis viennent en quantité les portraits sur papier : anonymes, industriels ou figures connues de la société iséroise défilent dans les ateliers grenoblois ou viennois. Si la technique ne permet pas encore de saisir des scènes de genre, les photographes paysagistes, comme Margain, Muzet ou Michaud, excellent, entre 1856 et 1879, dans les vues panoramiques destinées à satisfaire une clientèle locale mais aussi les premiers touristes-excursionnistes. Ainsi peut-on acheter selon ses moyens des vues stéréoscopiques des communes de l’Isère (qui jouent le même rôle que nos cartes postales ; la collection en compte plusieurs centaines), des « cartes cabinet » (12 x 16 cm) à glisser dans un album de souvenirs. Aux petits formats s’ajoutent les moyens et grands formats (20 x 30 cm et 30 x 40 cm environ) qui intéressent une clientèle plus fortunée. On y retrouve des vues de Grenoble dans ses fortifications, les sites pittoresques ou romantiques chers aux peintres et aux premiers touristes : la Grande Chartreuse, les Grands Goulets, Briançon, le château de Vizille, Vienne et les ruines antiques, Beauvoir, Pont-en-Royans, les sites balnéaires et touristiques et les premières excursions alpines... Ces photos, qui se caractérisent par une extraordinaire qualité technique et un point de vue esthétique affirmé, constituent un ensemble artistique de référence et forment une précieuse source documentaire et iconographique pour revisiter les pages de notre histoire et de notre patrimoine.
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TIRÉSDUSAC
Quelques coups de cœur extraits de la dernière « livraison » de Georges Flandrin
Vues stéréoscopiques Vues de Bourg-d’Oisans (Michaud) Peut-être celles que je préfère. Regardez cette qualité technique extraordinaire. Entre les prises de vue de Michaud qui datent de 1860 et le souvenir que je garde du Bourg-d’Oisans de mon enfance, il n’y a pas de différence. Depuis, tout a tellement changé.
Grands formats Le château de Vizille (Margain) Joseph faisait grand cas des grandes photos. Les grandes vues de Margain étaient accrochées aux murs de son appartement dans un couloir obscur au milieu de peintures, de vieilles gravures.
Portraits de Jouve Le père Jouve (Jouve) Daguerréotypes (ovale 8*6,5)
couple indéterminé Origine grenobloise, probablement familiale sans que je puisse y reconnaitre des membres de ma famille. La jeune fille est un petit peu trouble, ce qui lui donne un air de douceur qu’elle n’avait peut-être pas…
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Et la meilleure, vous ne l’avez pas vue, c’était resté au fond du sac, le père Jouve en mendiant ! Il était professeur de dessin et photographe à Grenoble. Je trouve ce bonhomme redoutable.
OSITION Couleur sépia
Sur un sujet presque inexploré, Couleur sépia constituera le premier travail Musée d’envergure consacré aux débuts de la photographie en Isère. Avec cette exposition de l’Ancien Évêché, l’Isère et ses premiers photographes (qui ouvrira ses portes en octobre), le Musée de l’Ancien Évêché rend justice aux Grenoble du 24 octobre 2009 (1840-1880) premiers photographes professionnels du département. Dès le Second Empire, l’Isère voit une floraison d’ateliers photographiques, où la au 22 mars 2010 bourgeoisie se fait tirer le portrait. Couleur sépia proposera donc une fascinante galerie de portraits (dont les fameuses « cartes de visite »), témoignant entre autres des procédés primitifs de la photographie : daguerréotype, ambrotype, ferrotype, calotype, etc. Mais l’une des spécificités de la photographie iséroise du XIXe siècle tient aux vues de paysages, destinées aux touristes découvrant la Grande Chartreuse, l’Oisans, Uriage ou Allevard. L’exposition présentera les somptueux paysages de grand format de Gustave Margain et Victor Muzet, photographes grenoblois des années 1850-1860 ; ainsi que les travaux d’Alfred Michaud (Bourg-d’Oisans), qui, en 1860-1870, immortalise les sites pittoresques du Dauphiné — notamment par la vue stéréoscopique (image en relief). Précisions non négligeables : Couleur sépia exposera exclusivement des tirages originaux d’époque, provenant de collections privées… et pour la plupart inédits. Jean-Louis Roux, collaborateur scientifique de l’exposition
Extraits des Carnets journaliers du Docteur Joseph Flandrin dans lesquels il consignait ses trouvailles 24 novembre 1918 1h-3h Galetas, papiers Sallemand 4 kilos achetés hier chez cloitre – 1858-1859, Italie 1869 – Rien hélas / 9 avril 1919 Ce matin acheté photos Michaud, pharmacien à Bourgd’Oisans sur le Dauphiné. Vues stéréoscopiques / 19 mai 1919 Mère m’a trouvé le catalogue des photos Michaud pharmacien à Bourg d’Oisans, 1870, Grenoble, Maisonville / 8 mars 1925 de 2h à 6h avec Jourdan, puis avec Royer – trié des cartables photos, gravures, plans cartes… ». La place Jean Achard, le « marché aux puces » grenoblois est l’objet de toutes les attentions : 17 mars 1928 Place J. Achard – quelques photos 1850-1860 de Grenoble du père Thénard (porte Créqui – quai Créqui) / 3 octobre 1936 Place J. Achard (Carponimondo) Photos de Grenoble – l’Isère et le quartier Saint-Laurent avant les quais, et vue générale de Grenoble prise de St-Laurent. 10h1/4 -11h, Archives, Heymann auquel je donne les deux photos/ 6 octobre 1936, place J. Achard. Le fonds Jouve, gravures, lithos, peintures… Guédel trouve une vue du quartier St Louis – Porte de Bonne, 1 er milieu du 19 e siècle / 13 octobre 1936 11h1/2 Place J. Achard, Clichés Jouve / 17 octobre 1936, place J. Achard – fin des clichés Jouve – rien de bien / 27 février 1941 1h1/4 – 2h1/4 vais faire un tour de la place J. Achard – il fait surtout froid – et me laisse encombrer d’un album de photos qui pourrait être de la famille de M(ontgolfier ??)/ 21 juillet 1941 Naturellement il n’existe plus de place J. Achard pour nous autres collectionneurs !! »
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TÉMOINSVISUELs AUTREFOIS Route en forêt de Saint-Germain, épreuve sur papier salé, Coll. Domaine de Sassenage (Isère)
ITINÉRAIRE D'UN PHOTOGRAPHE AMATEUR : LE MARQUIS RAYMOND DE BERENGER Raymond-Ismidon de Bérenger (1811-1875), marquis de Sassenage, est
issu d’une des plus anciennes familles du Dauphiné. Après une brève carrière de député entre 1846 et 1848 comme représentant du collège de SaintMarcellin, affecté par l’exil de son ami le duc de Nemours, le marquis vécut entre Paris et Sassenage, aux côtés de son épouse Lucie, s'adonnant à ses principales passions, les jardins et la photographie. Il s’initia à la photographie vers 1852 dans l’atelier de Gustave Le Gray qui joua un rôle important dans la formation de nombreux photographes. Avec quelques autres de son rang (le vicomte Vigier, le comte Olympe Aguado, le comte Roger du Manoir, le vicomte de Dax, etc.), le marquis de Bérenger incarne le type du photographe amateur tel que l'a défini le critique Ernest Lacan dans son « Esquisse physiologique » du photographe (1853). Comme la plupart d’entre eux, il fut membre de la Société française de photographie et participa à de nombreuses expositions en France et à l’étranger qui lui permirent de faire connaître son travail. Sa production photographique s’étend sur une quinzaine d’années, entre 1853 et la fin des années 1860. Elle comprend des portraits obtenus à partir de plaques de verre au collodion, et surtout des paysages, réalisés pour l’essentiel à partir de négatifs sur papier, le plus souvent ciré, procédé publié par Le Gray en 1851 et particulièrement adapté aux prises de vue en plein air. Ces épreuves sont tirées pour la plupart sur papier salé, apprécié pour sa belle surface veloutée, et leurs tonalités varient en fonction du virage (le beau rose violacé est obtenu par les sels d’or). Il s’agit pour une grande partie de vues de Sassenage et des environs (Noyarey, Pont-de-Claix), mais aussi de vues de bois et de jardins de Paris ou d’Ile-de-France. Dans ses compositions transparaît sa culture artistique ; le goût des premiers plans vides et un refus évident de l’anecdote font écho à la « théorie des sacrifices » chère à Francis Wey et à Le Gray. La plupart de ces vues sont conservées à Sassenage en plusieurs exemplaires, résultant d’essais multiples en fonction du résultat souhaité : retouches sur le négatif pour varier les ciels, tonalité mauve, jaune ou grise selon les produits utilisés pour le virage. Autant d’essais qui attestent de la dimension artisanale de la photographie d’alors et des nombreuses qualités qu’elle exigeait si l’on voulait obtenir un beau résultat. Aux côtés de quelques professionnels de premier plan (Baldus, Le Gray), les amateurs comme le marquis de Bérenger contribuèrent fortement à faire reconnaître le potentiel artistique du médium photographique. Hélène Bocard
Conservateur du patrimoine, Direction des Musées de France Collaborateur scientifique de l’exposition « L’aristocrate et la chambre noire »
L'ARISTOCRATE ET LA CHAMBRE NOIRE Raymond de Bérenger, marquis de Sassenage. Restées dans le domaine privé, les photographies prises par les amateurs ont parfois échappé à l’analyse des historiens. Une première exposition nous avait permis de découvrir à travers ses instantanés, le talent de Gabrielle Hébert. Remontant dans le temps, le Musée Hébert présente cet automne 2009 les photographies réalisées par le marquis de Bérenger. Conservée sur le lieu même de leur prise de vue, près de Grenoble, au château de Sassenage (qui appartient désormais à la Fondation de France), la collection, injustement délaissée, n’avait jamais été exposée dans son ensemble. Originaires de Sassenage où ils étaient notaires, les Hébert ont été longtemps fondés de pouvoir des Bérenger. C’est à Ernest Hébert que le marquis-photographe commande un portrait à l’huile de sa jeune femme Lucie, née du Bouexic de Guichen qui deviendra son élève. La présentation de ces photographies dans la maison d’Hébert prolonge les liens tissés durant ces années. Musée Hébert, La Tronche – Grande Galerie et cabinet des dessins mi-octobre 2009 – 31 janvier 2010
Autour de l’exposition, cycle de conférences sur le thème de la « photographie primitive » et ateliers jeune public d’initiation à la photographie Chemin de pierre à Sassenage, épreuve sur papier salé, Coll. Domaine de Sassenage (Isère)
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Stéphane Bertrand
Mathilde Darel
TÉMOINSVISUELS AUJOURD'HUI APPUYEZ SUR LE BOUTON, L'ORDINATEUR FERA LE RESTE Les photographes d’aujourd’hui, artistes et témoins… Édition, expositions, commandes publiques… et précarité d’une profession : PETIT état des lieux en Isère.
« Vous appuyez sur le bouton, nous faisons le reste », proclamait la réclame des premiers appareils Kodak. Un siècle plus tard, on serait tenté de parodier le slogan : « Appuyez sur le bouton, l’ordinateur fera le reste ! » Désormais, avec la photographie numérique, chacun peut se prétendre photographe. Et si tout le monde l’est, alors plus personne ne l’est ! La boutade n’en est pas une : dans la presse écrite, les photographes professionnels se raréfient, les journalistes étant désormais souvent obligés de faire eux-mêmes les prises de vue destinées à illustrer leurs propres articles. Du coup, la place de la photographie ne cesse de s’étendre… tout en se dévaluant. En Isère comme ailleurs. C’est simple : la galerie photo la plus proche se trouve… à Lyon. Et l’artothèque municipale de Grenoble est le seul lieu public isérois qui, depuis plus de trente ans, se consacre en permanence à la promotion de la photographie (expositions et achats de tirages). La sphère publique, du reste, joue ici un rôle décisif. C’est le cas des salles de spectacles, pour les photographes spécialisés dans le spectacle vivant — à l’instar de Guy Delahaye, le plus aguerri d’entre eux. C’est le cas surtout des musées départementaux, lesquels exposent régulièrement des photographes (voire leur passent commande et les éditent), qui proposent leur vision personnelle de notre patrimoine ou des questions de société. Citons trois de ces expositions, parmi les plus mémorables : Anne-Marie Louvet et l’hydroélectricité en Oisans (Musée dauphinois, 1997), Hamid Debarrah et les travailleurs immigrés (musée de l’Ancien Évêché, 2002), Maryvonne Arnaud et la Tchétchénie (musée de la Résistance et de la Déportation, 2005). Reste que les photographes, pour mener à bien leurs travaux, doivent faire preuve de trésors d’ingéniosité. Bruno Moyen profite des sollicitations d’entreprises aux quatre coins de la planète, pour poursuivre (en marge de ses commandes publicitaires) une recherche personnelle en Inde, Chine et États-Unis. Guillaume Ribot, lui, conserve l’entière maîtrise de projets dont il a toujours l’initiative ; ce qui lui permet de rencontrer la reconnaissance internationale pour son œuvre sur la Shoah (signalons aussi son livre monumental sur les camps d’internement en France) et d’engager une réflexion de fond sur les limites de la photographie. Il n’en demeure pas moins que nombre de photographes vivent dans des conditions précaires. Et ne rencontrent pas la reconnaissance qu’ils méritent. Qui se décidera à exposer le travail exigeant (avec ses virages métalliques à l’ancienne) de Stéphane Bertrand sur la Chartreuse ? Et qui conférera sa juste place à la recherche de Mathilde Darel, laquelle, par un procédé photographique archaïque (le cyanotype), « déplace » notre vision du monde actuel ? Car le vrai témoignage photographique, le seul qui vaut, celui qui reste, ne réside pas dans les raffinements technologiques, mais dans l’exercice d’un regard qui « révèle » : décalé, décapant, pénétrant. Jean-Louis Roux
Journaliste et critique d’art
Mathilde Darel, photographies artothèque de Grenoble à partir du 6 octobre 2009
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SCOOPsENSTOCK La photographie et le Musée dauphinois, c’est une histoire qui dure depuis 104 ans ! C’est dire l’importance des fonds à gérer : plaques de verre, tirages anciens, négatifs, diapositives et désormais images numériques… Et chaque année, de nouveaux fonds viennent compléter cette importante collection à forte identité alpine. ALFRED VOUREY : du grenier au musée, destin d’un horloger-bijoutier
En 2009, c’est par l’intermédiaire de l’équipe du Grand Séchoir à Vinay que le Musée dauphinois s’est vu offrir une collection de quelques 2 000 plaques de verre réalisées par Alfred Vourey (1871-1964), horloger-bijoutier et photographe. Des portraits tirés dans l’atelier de l’arrière-boutique qui, sans l’intervention de Louis Rony, instituteur de Vinay à la retraite, auraient disparu dans une benne à ordure. Après une première exposition au Grand Séchoir en 2007, d’autres valorisations sur le territoire sont souhaitées par la communauté de communes. Mais pour cela il faut inventorier et documenter le fonds. Noémie Grisey, étudiante à l’IUT2 de Grenoble s’attache au sujet pendant deux mois. Les plaques sont reconditionnées et numérotées. Les moindres annotations sur les anciennes boites sont exploitées. Il s’agit aussi de trouver des informations sur ce photographe inconnu. Toutes les pistes sont explorées : visite de l’ancienne Fonds Alfred Vourey, boutique, de cimetières, rencontre avec le donateur, recherches aux archives municipales de Vinay, aux archives départementales collection Musée dauphinois et chez un notaire, consultation de sites de généalogie… Bref, une véritable enquête permet de reconstituer une partie de sa vie et même de retrouver son portrait. Pendant ce temps Denis Vinçon, photographe au musée, numérise les plaques de verre en complément des 500 images déjà numérisées pour la première exposition. D’autres étudiants prendront la relève pour joindre leur énergie à celle de Zoé Blumenfeld, photothécaire, car il faut du temps, beaucoup de temps pour gérer et valoriser les nouvelles collections.
DONS DE FONDS : DE LA PLAQUE DE VERRE À LA PHOTO NUMÉRIQUE
Aujourd’hui, le musée acquiert la collection de Georges Flandrin composée de tirages réalisés entre 1850 et 1920 à Grenoble, en Isère, dans la Drôme et les Hautes-Alpes et de près de 500 nouvelles plaques de verre ; lesquelles complètent la donation faite en 2008 par son frère Jacques Flandrin de 650 plaques de verre stéréoscopiques datant des années 1920-1930. Certains clichés ont été aussitôt sélectionnés pour figurer dans l’exposition d’automne du Musée de l’Ancien Evêché, Couleur sepia. Tandis que Robert Huysecom, photographe belge, a souhaité que son reportage de 1992 sur les alpages de la vallée d'Abondance (négatifs, diapositives et tirages) soit conservé au Musée dauphinois. Autant de fonds qui rejoignent une collection estimée, tous supports confondus, à 150 000 items. Et l’année 2009 n’est pas encore terminée… Pêcheur au lac du Lauvitel (Oisans) Anonyme Format album, avant 1880 Fonds Georges Flandrin, collection Musée dauphinois
UNE VALORISATION POLYMORPHE
Les campagnes de numérisation vont ouvrir de nouveaux horizons et permettre de découvrir, d’étudier, de valoriser une iconographie auparavant plus difficile d’accès (manipulation des plaques de verre, fragilité de certains documents, manque d’informations). Les demandes de consultation traitées par le Musée dauphinois sont toujours plus nombreuses : expositions, publications, quête des ancêtres, sites internet. Tous les publics sont séduits par la magie de la photo ancienne : établissements scolaires, associations, musées, collectivités, éditeurs, scénographes, étudiants, retraités… Mais l’image numérique n’est pas uniquement un mode de reproduction, c’est aussi un document original qu’il faut traiter comme tel. Ainsi, ce sont bien 74 images que la photographe Marie Dorigny a livrées suite au reportage à travers six régions alpines qui lui a été commandé pour l’exposition Habiter. Dans moins de quinze ans, les images numériques gérées par les photothèques publiques seront sans doute déjà plus nombreuses que les tirages anciens qu’elles conservent. D’autres pratiques professionnelles sont à imaginer…
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Mlle GARNIER, GROUPE ROSIÈRE Cette plaque de verre issue du fonds Alfred Vourey nous révèle bien des choses. Le décor en trompe-l’œil est suspendu par un rouleau. Au-dessus se trouve une verrière avec des rideaux, ce qui permet de jouer avec la lumière à une époque où le flash n’existait pas. Certains accessoires sont indispensables à la mise en scène. Ici la petite fille tient une brochure. C’est un catalogue de bijoux de la marque Oria qui l’aidera à avoir une contenance. On voit des traces de papier autocollant sur les côtés. Il délimite le recadrage du photographe lorsqu’il tirera la photo. Le numéro 44 (à l’envers en bas à gauche) renvoie à la liste de noms et de lieux inscrits sur la boîte contenant les plaques de verre. Alfred Vourey indiquait presque toujours qui était photographié et d’où il venait. Ici au numéro 44, on peut lire « Mlle Garnier, groupe Rosière » (en référence à la fête de la Rosière). Le lieu n’est pas indiqué, elle venait forcément de Vinay.
LA RESTAURATION DE PHOTOGRAPHIES : UN SAVOIR-FAIRE SUBTIL Discipline relativement nouvelle, la restauration photographique ne saurait se réduire à une suite d’opérations techniques. Elle suggère un regard différent sur l’image et conduit à lui conférer un nouveau statut. Dès l’invention du procédé, l’instabilité chimique a menacé l’image argentique et photographes et chimistes ont cherché à améliorer la stabilité de l’image. Mais il était nécessaire de comprendre les principaux facteurs d’altération afin de trouver de nouveaux procédés de fabrication. Après plus d’un siècle, ce fut également la prise de conscience de la durabilité de l’image qui fit naître la conception de sa conservation-restauration. Itinéraire d’une restauration : l’exemple du Musée Hébert à La Tronche Le fonds photographique du musée a été étudié dans sa totalité depuis 2005 par la restauratrice Annie Thomasset. Après archivage de la collection, chaque négatif sur verre a été nettoyé, placé dans une pochette à 4 plis et dans des boîtes neutres en polypropylène fabriquées sur mesure puis rangées dans un meuble à tiroirs adapté. Les tirages sur papier ont été dépoussiérés. Les portraits-cartes n’appartenant pas à des albums ont été rangés dans des classeurs de conservation. Après un examen approfondi de l’œuvre, un constat d’état enregistre les altérations repérées : gondolements, lacunes, déchirures, jaunissements, affaiblissements… Les produits utilisés doivent être choisis en fonction de leur compatibilité avec l’objet et de leur stabilité dans le temps car il faut veiller à respecter l’intégrité de l’œuvre tant dans son contexte historique qu’esthétique. Toute opération doit être réversible en raison de l’évolution constante des techniques de restauration et en fonction des traitements futurs qui pourraient être nécessaires. Un rapport avec documentation photographique recueille toutes les remarques et fait état des différentes opérations menées au cours de la restauration. Il viendra compléter le dossier de l’œuvre. A. T. et L. H-N.
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L'ISÈREENBOÎTE
groupe de photographes de la SDAP mm. berge, ferrand et pégoud. cliché duchemin
AMATEURS ÉCLAIRÉS LES COLLECTIONS PHOTOGRAPHIQUES DAUPHINOISES DE LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE GRENOBLE Dès sa création à la fin du XIXe siècle, le Fonds dauphinois de la Bibliothèque municipale de Grenoble eut vocation à accueillir tous types de documents relatifs à l’ancienne province de Dauphiné : pièces imprimées, manuscrites, iconographiques et objets entrèrent ainsi au fil du temps dans cette riche collection, unique en France. Les photographies, réalisées pour la plupart aux premiers temps de cette nouvelle technique, y tiennent une place de choix : on y trouve notamment des albums aux clichés sépia dévoilant des vues de Grenoble ou de sa région (soit anonymes, soit réalisées par Muzet ou Léon), ou témoignant des manœuvres des incontournables chasseurs alpins, ainsi que des tirages montés sur de forts cartons légendés, représentant divers lieux dauphinois (tels les 150 clichés dus à Eugène Charpenay), ou des scènes animées comme des cavalcades, des constructions d’ouvrages d’art etc. Mais la principale collection est celle de la SDAP (Société dauphinoise d’amateurs photographes, créée en 1890), constituée de 25 000 plaques de verre (négatifs, positifs, positifs de projection, et quelques autochromes), remise à la Bibliothèque de la Ville de Grenoble en 1941, à la dissolution de l’association. Si Henri Ferrand (1853-1926) et Emile Duchemin (1862-1914) sont, en nombre de plaques conservées, les principaux auteurs, on relève aussi les noms de Lucien Poulat, Félix Perrin, le commandant Martin, Bouchayer, Portier, Vaujany, Senequier-Crozet, Cartalier, Georges Charpenay, Paul Arnaud. Chantres du tourisme naissant, adeptes également de courses en montagne, ces pionniers de la photographie n’ont pas hésité à se charger de leur lourd matériel pour gravir les sommets et fixer de superbes paysages, parcourant en tous sens et avec des moyens de locomotion variés (cycles, autocars, et les premières automobiles), les divers massifs et vallées des Alpes et bien au-delà. Les Grenoblois ont aussi laissé des traces de la ville qui leur était familière, témoignage précieux d’un patrimoine urbain aujourd’hui parfois disparu. Des scènes animées, des activités rurales, artisanales ou industrielles n’ont pas non plus échappé à leur objectif, comme si ces photographes écrivaient une page de l’histoire locale ou régionale. Cette collection a été récemment complétée par le don des héritiers de Samuel Chabert (1868-1924), soit 1 300 plaques stéréoscopiques d'excursions autour de Grenoble effectuées par cet universitaire et son ami Recoura. Enfin, les 20 000 tirages et diapositives du grand géographe alpin Paul Veyret (1912-1988) ont aussi rejoint les collections de la Bibliothèque municipale de Grenoble après son décès. Numérisée pour plus de la moitié, la collection de la SDAP est actuellement disponible à la consultation sur le poste de la photothèque de la bibliothèque municipale, en attendant sa mise en ligne sur le site des bibliothèques municipales de Grenoble. Marie-Françoise Bois-Delatte
Bibliothèque municipale de Grenoble
EN SAVOIR PLUS « Lanterne magique et chambre noire : la Société dauphinoise d’amateurs photographes », par Marie-Françoise Bois-Delatte, La Pierre et l’Ecrit, 2004, n° 15, p. 211-240.
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Avalanche des Roberts (Livet-et-Gavet), déblaiement VFD, 1923
SAVANTS CLICHÉS
LE FONDS DU SERVICE « RTM » (RESTAURATION DES TERRAINS DE MONTAGNE) AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE. Adoptée pour lutter contre la dégradation du milieu physique montagnard (déboisements, érosion), la loi du 4 avril 1882 sur la restauration et la conservation des terrains en montagne fut à l’origine de milliers d’ouvrages de génie civil réalisés par les services RTM, « Restauration des terrains de montagne » : barrages, seuils, paravalanches, digues, étraves… Parallèlement, furent menées de front de vastes opérations de reboisement, de ré-engazonnement et une politique ambitieuse d’améliorations pastorales. Dans les années qui suivirent la promulgation de cette loi, la photographie devint un outil de travail pour les forestiers. En effet, le ministère de l’Agriculture dota chacun des services de chambres photographiques 18 x 24, et une notice précisa le rôle et l’emploi de la photographie, destinée à identifier les zones d’intervention, à préparer les chantiers, et à fournir une documentation sur le long terme. Les techniques photographiques furent intégrées dans la formation des ingénieurs forestiers. Dès lors, des campagnes photographiques ayant trait aux champs d'activités et aux réalisations des services RTM (vallées et torrents, phénomènes d'érosion, cataclysmes naturels, travaux en cours, ouvrages, reboisement, plantations) furent menées systématiquement . Pour chaque département, les photographies étaient effectuées par bassin torrentiel, par périmètres de conservation des forêts, divisés eux-mêmes en séries. Celles-ci correspondant, la plupart du temps, à une commune, une forêt ou une branche secondaire du torrent principal.
Ces photographies faisaient partie intrinsèque des dossiers du service, contenant procès-verbaux, rapports, expertises, levés géométriques et notes diverses. Les forestiers mettaient en avant leur caractère d’objectivité scientifique : elles devaient prouver à leur administration et aux populations, le bien-fondé des travaux de restauration à entreprendre pour mettre un terme aux dégâts. Le fonds photographique RTM conservé aux Archives départementales est constitué de 2 408 plaques de verre qui ont fait l’objet de tirages papier, ce qui ne représente qu’une partie de l’activité des forestiers photographes. Les clichés couvrent la période 1885-1937, et concernent toutes les zones montagneuses de l’Isère : Chartreuse, Belledonne, Oisans, Valbonnais, Trièves, Vercors. De qualité inégale, les photographies relèvent de plusieurs thématiques : la représentation des périmètres d’intervention (versants érodés, torrents ravageurs, avalanches destructrices) ; les glaciers de l’Oisans ; les ouvrages correctifs en cours de réalisation ; les forêts dégradées par l’action de l’homme ; la construction de routes forestières. Elles alternent les vues panoramiques et les plans rapprochés. Cet ensemble, qui traduit la volonté de l’homme de dominer la nature en remodelant le relief, forme une source de premier ordre pour l’histoire des paysages et, en ce qui concerne les glaciers, un témoignage précieux pour l’évolution climatique.
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UNEVISIONSINGULIÈRE
Depuis 2001, le travail du photographe Sébastien Secchi nourrit l'image du patrimoine isérois.
Parallèlement à la poursuite de son travail personnel sur le thème de l'ailleurs ("Escales" collection monographie chez Filigranes Editions), il collabore activement à développer son studio photographique Imagie, basé à Genève.
Au fil des campagnes photographiques qu'il a menées, il s'est attaché à proposer une certaine modernité de la représentation du patrimoine. Proposer une vision nouvelle de bâtiments ou d'objets séculaires mille fois montrés n'est pas chose aisée. Le traitement retenu peut paraître contradictoire avec l'exigence de modernité: le numérique a été écarté au profit de techniques antérieures (chambre 4x5 ou moyen format) ou encore plus atypique avec le snapshot et des toy cameras russes ou chinoises.
www.imagie.com
Grain et profondeur de champ sont travaillés. De ses photos se dégagent une atemporalité et une texture bien singulières... En 2006, il réalise pour la revue L'Alpe (n°33) un reportage transalpin autour des musées d'ethnographie de Chambéry, Genève et Ljubljana. Prochainement, on découvrira une série de portraits dans une publication éditée par la bibliothèque départementale de l'Isère.
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CLINS D'ŒIL
PORTRAITS SENSIBLES
« LE POINT AVEUGLE » Eric Hurtado, photographies
UN FONDS INÉDIT, LES COLLECTIONS DE PHOTOGRAPHIES DU MUSÉE HÉBERT
Il y a plus de vingt ans, on retrouvait dans le grenier de l’hôtel Major de Monestier-deClermont, une valise remplie de plaques-photo en verre. Elles sont là comme au premier jour de leur rangement, jamais dérangées dans l’obscurité de leur cache. Sur chaque plaque, trois personnages, cadrés en plan « américain ». René Dusserre, patron de l’hôtel, passionné de photo est l’auteur des clichés réalisés en 1939/1940. A cette époque, les autorités françaises exigent que chacun possède une « carte de circulation temporaire » avec… photo d’identité. Possesseur d’un appareil, sollicité par la population, René Dusserre cède à la demande des Monétérons. Dans la cour bien exposée à la lumière de l’annexe de son hôtel, le pays et ses environs défilent devant son appareil. Parfois par famille, parfois entre amis de comptoir du bar.
Alors qu’habituellement les jardins du Musée Hébert reçoivent, à la belle saison, des sculptures contemporaines, ils fournissent depuis cet été, en quelque sorte, « matière à création ». Eric Hurtado, photographe et professeur à l’Ecole supérieur d’arts de Grenoble, a choisi de travailler « dans » et « sur » les jardins. Dix photographies grand format sont présentées là-même où elles ont été réalisées, en plein air. Elles nous livrent une vision des lieux inédite : images crépusculaires, marquant l’instant où la nature va basculer dans l’obscurité de la nuit, voire le néant. Là, le regard, sollicité par un premier plan de végétation vert intense, se perd dans l’indéfini de l’arrière-plan. En contrepoint, dans la petite galerie de la maison d’Hébert, Eric Hurtado, opérant sur place, a réalisé quelques photographies. Fondées sur un jeu de miroirs, elles jouent sur l’ambiguïté des apparences, invitant à une interrogation sur la réalité de ce qui est offert au regard.
Née en France en 1839, l’année où Ernest Hébert obtient le Grand prix de Rome de peinture historique, la photographie a toujours fait partie de la vie de ce dernier. Des premiers daguerréotypes aux instantanés Kodak de la fin du siècle, le fonds du musée, avec près de 5 000 phototypes, suit l’évolution de la photographie au XIXe siècle. La carrière du peintre a été jalonnée par des clichés qui illustrent les divers aspects de sa vie : portraits d’amis et de modèles signés par les pionniers parisiens de cet art, Nadar, Le Gray, Bingham ou par les dauphinois, Jouve, Margain, Martinotto, Piccardy ; portraits-cartes de personnalités politiques et artistiques, reproductions d’œuvres d’art souvent dédicacées, vues de sites touristiques ou archéologiques. Dans ce fonds, une série de plaques de verre et d’albums épais, rangés à l’abri dans les tiroirs, se révèlent être encore d’un plus grand intérêt. La femme de l’artiste, Gabrielle Hébert, s’est passionnée pour la photographie instantanée et a laissé près de 1 600 clichés dont beaucoup ont été pris en Italie. Couvrant la période de 1888 à 1896, ils constituent un témoignage précieux des débuts de la photographie amateur et révèlent le talent de leur auteur en filigrane de la carrière de son mari.
Exposition jusqu’au 20 septembre 2009 Salle des Associations, Monestier-de–Clermont 04 76 34 15 99
Exposition jusqu’au 31 octobre 2009 Musée Hébert, La Tronche 04 76 42 97 35
Révélées en 2008 lors de l’exposition « Instantanés à la Villa Médicis » au Musée Hébert de La Tronche (et publiées dans un catalogue), beaucoup d’entre elles ont été présentées cet été à Rome - Villa Médicis, làmême où elles avaient été réalisées - dans le cadre de l'exposition « Villa aperta ».
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la maison de la photographIE et de l'image Le Conseil général de l'Isère et la Ville de Grenoble portent, depuis sa création en 2004, un grand intérêt à l'activité de la Maison de la Photographie et de l'Image. Jouer un rôle de "passeur" entre le public, les professionnels et toute personne ou institution intéressées par l’image en utilisant au mieux le potentiel existant à Grenoble et en Isère (fonds photographiques, livres, documents divers, actions de formation), telle est la vocation de cette association qui, aujourd’hui, compte plus d'une centaine d'adhérents amateurs et professionnels. Photographie plasticienne, documentaire, historique, d’illustration, photojournalisme, aucun clivage n’est pratiqué car la Maison se veut avant tout un lieu d’échanges et de rencontres largement ouvert. L’objectif ? Aider à la réalisation de projets en suscitant des liens. Elle joue également un rôle de conseil et incite à consulter d’autres structures pour des activités qui ne relèvent pas de ses compétences : formation (CAV), prêt d’œuvres (artothèque)... Une grande exposition est réalisée chaque année et présentée à l'ancien Musée de peinture. Chacune de ces expositions est accompagnée de la publication d’un catalogue proposant une véritable vulgarisation de la réflexion sur la photographie. L’apprentissage et la sensibilisation à la lecture d’images sont en effet l’un des axes forts de l’association qui s’attache à expliciter, à tous les publics, la place qu’occupe l’image aujourd’hui dans le monde. PROJETS D'EXPOSITIONS 2010 (sous réserve) Annemarie Schwarzenbach et Gerda Taro Photographes rebelles Martin d'Orgeval L'Isle de Paques Les magazines de l'entre-deux-guerres et la propagande Signal, Vu… Maison de la photographie et de l’image 12 chemin Barral, Grenoble 04 76 40 48 38 maison-photographie-image.com
CLINS D'ŒIL
LA PHOTO FAIT SON CINÉMA DANS LE VOIRONNAIS
BIENTÔT LE 28é FORUM EUROPÉEN PHOTOCINÉMA DE VIENNE En 1982, suscitée par l’engagement militant d’un cercle de photographes passionnés menés par Claude Paret alors président du Photo Club viennois et soutenue par l’intérêt manifesté par les musées de Vienne pour ouvrir la ville à la création contemporaine, l’association Vienne la photographie voit le jour et se donne pour ambition de faire de la ville un centre de diffusion et de promotion de la photographie. Dès lors se met en place toute une programmation : des expositions (grands noms de la photographie française, promotion d’auteurs, d’agences ou de collectifs) prolongées par l’édition de catalogues, de cartes postales et d’affiches, des actions de sensibilisation à la photographie auprès des établissements scolaires viennois, la création d’un prix en partenariat avec la Ville, le « Grand Prix de la Ville de Vienne » qui connaît 3 éditions (1983, 1984, 1985) et enfin, un salon pour la vente de matériel photographique et cinématographique ancien, le Forum des Antiquités PhotoCinéma qui réunit chaque année plus de 60 exposants et collectionneurs européens et… prépare déjà pour 2010 sa 28ème édition. 61 rue de Bourgogne, Vienne 04 74 85 67 71 viennelaphotographie.free.fr
Depuis plus de vingt ans, les Rencontres Photographiques Internationales du Voironnais tirent leur originalité et leur succès de la volonté délibérée de proposer au public à la fois des expositions de très haut niveau dans des lieux éclectiques du Pays voironnais. Pendant quatre semaines, chaque année au mois de juin, de nombreuses expositions sont présentées à Voiron et dans plusieurs communes du Pays voironnais. Pour chacune de ces expositions, même et surtout pour celles des artistes internationaux, un point rencontre permet au public d’échanger avec les auteurs. www.laphotofaitsoncinema.net
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PROTÉGERRESTAURER
Depuis janvier 2007, le label « Patrimoine en Isère » distingue des édifices du département qui sont reconnus pour leur caractère patrimonial et leur force de témoignage. Il permet de porter
l’attention sur la conservation de ce patrimoine et offre aux propriétaires des outils de valorisation de leur site. Des phases préalables de la labellisation jusqu’à l’achèvement des travaux, voire pour des interventions d’entretien, les architectes du Conseil général accompagnent les élus et les propriétaires dans leur projet de valorisation FOCUS SUR L’ANCIEN HOTEL DE VILLE D’ECHIROLLES Le bâtiment de l’hôtel de ville, comme le groupe scolaire bâti à l’arrière, est construit à la fin des années 30 sous le mandat du maire Delachanal. Leur architecture de style art-déco affirme un nouveau centre urbain, à l’époque où la commune entre dans la modernité industrielle, avec l’implantation de l’usine de la Viscose. Les travaux, interrompus pendant la guerre, ne s’achèvent véritablement qu’en 1947. La silhouette générale à corps central, ailes et pavillons d’angle, la présence du beffroi-horloge, ainsi que l’effet de porche et d’emmarchement concourent à la monumentalité de l’édifice. L’histoire de cette labellisation débute en septembre 2006 lorsque l’ouverture du nouvel hôtel de ville rend disponible ce bâtiment public emblématique. La municipalité engage alors, reconnaissant la valeur symbolique du bâtiment au sein de la commune, un projet de requalification pour y installer le Centre du Graphisme, à vocation internationale. A l’automne 2007 le label « Patrimoine en Isère » est sollicité par la commune. A l’hiver 2008, le dossier est retenu en commission départementale. La convention est définitivement signée en mars 2009. Un projet ambitieux En réalité, ce sont deux programmes qui vont trouver place dans la requalification de cet ensemble. Tout d’abord le Centre du Graphisme, sur environ 1 200 m2, avec l’équipe de maîtrise d’œuvre l’Autre Fabrique. Composé d’une salle multimédia, d’une salle d’exposition temporaire, d’un centre de documentation, de stockage et de bureaux, il s’établira dans le corps central et l’aile Est du bâtiment. Dans l’aile Ouest s’implantera la Maison des associations, d’une surface d’environ 500 m2, avec l’équipe de maîtrise d’œuvre ISIT Architecture. Ces projets devront être réalisés dans le respect du bâtiment et de son style des années 30, notamment pour ce qui est des menuiseries extérieures, et ainsi se rapprocher au plus près des façades du groupe scolaire voisin. Un bel écrin pour un projet culturel d’ampleur ! LES derniers sites LABELlISÉS La Côte-Saint-André, chalet du Rival, octobre 2008
La Valette, église Saint-Pierre, Janvier 2009
Villemoirieu, commanderie des templiers de Montiracle, février 2009
Villette-d'Anthon, ancienne église SaintMartin et cimetière mai 2009
Valjouffrey, chapelle Sainte-Anne, octobre 2008
Oris-en-Rattier, église Saint-Pierre Janvier 2009
Échirolles, ancien hôtel de ville, mars 2009
Corps, ancien hôpital, juin 2009
Villard Bonnot, cénotaphe (monument funéraire ne contenant pas les restes) de Mme Bergès, veuve du fondateur de la Houille blanche, octobre 2008
La Ferrière, grange de l'Épinay, février 2009
Livet-et-Gavet, église de Livet et ses vitraux, mars 2009
La Mure, halle, juin 2009
La Frette, ancienne cure, février 2009
Ponsonnas, église SainteMarguerite, mars 2009
Valjouffrey, scierie et site des Ségoins, juillet 2009
Le Touvet, maison forte, février 2009
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CARNETSDECHANTIER GLÉNAT/COUVENT SAINTE-CÉCILE L’ancien couvent Sainte-Cécile des Bernardines a connu une bien curieuse histoire, avant de rencontrer un éditeur féru de patrimoine, rêvant d’installer son siège social et ses collaborateurs dans des locaux insignes ! En ce début du XVIIe siècle, celui de la Contre-réforme, alors que Grenoble se pare d’une trentaine de couvents, est créé rue Neuve (rue Voltaire et son prolongement, la rue Servan) un couvent de femmes relevant de l’ordre cistercien. Il reçoit des filles de la bonne société grenobloise, issues de familles de parlementaires, de l’aristocratie dauphinoise et de la grande bourgeoisie. Durant près de deux siècles, au cœur du faubourg Très-Cloître, les bernardines vont se recueillir derrière la clôture, n’offrant au monde que l’usage de la chapelle, ouverte sur la rue. À la Révolution, la communauté sera dispersée et les biens saisis. Devenu propriété de la Ville de Grenoble, le site est aussitôt affecté au ministère de la Guerre pour abriter un atelier de confection de vêtements pour la troupe. Suivront des affectations diverses, toutes militaires et pour la plupart funestes pour le patrimoine, jusqu’aux années 2000. La chapelle pour sa part reste sous la tutelle de la Ville de Grenoble, qui y installe successivement (ou laisse s’installer) un cinéma (la Scala), un bar-dancing, une synagogue (dit-on !) puis un théâtre (le Rio). Là encore, au prix de transformations plutôt malheureuses pour l’édifice. C’est donc dans un état peu valorisant que l’éditeur Jacques Glénat acquiert l’édifice pour y installer ses bureaux, décidément trop étriqués dans le site originel de la société, rue du Lieutenant-Chanaron. Conduit par les architectes Jacques Scrittori et Patrick Charra – à qui l’on doit notamment la rénovation du Musée de l’Ancien Évêché ou encore celle du lycée Stendhal – un vaste chantier va être lancé, soutenu par tous les amateurs de patrimoine et les pouvoirs publics. Le résultat, qui sera offert au public pour les Journées du patrimoine 2009, est des plus spectaculaires. Les galeries du cloître ont été retrouvées sous le béton de la chaufferie, les poutraisons réapparaissent en divers lieux, les façades ont retrouvé les baies d’origine, souvent étroites, enfin la chapelle a récupéré toute sa hauteur (une dalle l’avait partagée en deux niveaux !). Une mise en valeur minimaliste, une confrontation avec un aménagement mobilier très contemporain, donnent un rare cachet à l’ensemble, où divers éléments appellent le sourire et rappellent que nous sommes chez un éditeur né dans la bande dessinée ! Les vitraux de la chapelle en témoignent, comme quelques sculptures représentant des êtres fantastiques… Un nouveau musée à Grenoble ? Outre l’accès à la chapelle, Jacques Glénat se propose d’ouvrir au public certaines parties de l’édifice, aménagées en une véritable galerie présentant des éléments majeurs de sa collection. À découvrir ! Patrimoine encore : l’éditeur des plus grands chefs de la cuisine française ne pouvait ouvrir un tel lieu sans y installer une table. C’est fait avec Pignol–Sainte-Cécile, dans un superbe décor signé par Alain et Dominique Vavro. À déguster ! LE PLAN PATRIMOINE DE LA VILLE DE VIENNE Cela fait déjà trois ans que, tous les quinze jours, généralement le mardi matin, une étrange procession se forme et déambule dans la ville de Vienne. Équipés d’un casque de protection, de chaussures de sécurité aux pieds et de vêtements ne craignant ni poussière ni accrocs, les membres de ce cortège – composé des services du patrimoine de la ville de Vienne (architecte et archéologue), de l’architecte en chef des Monuments historiques, des services de l’État (DRAC) et du Conseil général de l’Isère - partent à l’assaut des échafaudages dressés sur différents monuments majeurs de Vienne subissant dans le cadre du « Plan Patrimoine » une véritable cure de jouvence. Ce dispositif unique rassemble les contributions de tous les partenaires publics (l’État et la Région, le Conseil général et la Ville) et a été adapté à la situation exceptionnelle de la capitale patrimoniale de la région. Car il y avait péril en la demeure ! La plupart des monuments sont dans un état critique. Du haut de la cathédrale Saint-Maurice, à plus de 30 mètres, la vue panoramique, sur les méandres du Rhône et la ville, permet de localiser les monuments et de détailler le programme d’interventions et de restaurations établi sur plusieurs années. Le plus important chantier est celui du bas-côté nord de la cathédrale. Répartie en six tranches (on en est à la quatrième), l’opération en cours concerne la réfection de la toiture de la nef entre les deux tours, et surtout la remise en état de la façade nord, en progressant de l’ouest vers l’est à raison de deux travées par tranche. Fin des travaux prévue en 2011 ! Les restaurations du portique du forum romain et de la pyramide sont terminées. Celles du temple d’Auguste et Livie, du cloître Saint-André-le-Bas et de l’église de Saint-André-le-Haut, après une période d’études, débutent. Ces visites de chantiers sont aussi des moments très privilégiés, où l’on découvre la face cachée des monuments avec les étonnantes découvertes faites par les archéologues ou les entreprises intervenantes. Dans les décors du portique du forum, une croix svastika a été repérée sur le front des deux têtes situées sur le portique et sur celle datant du Bas-Empire placée sur la porte médiévale à côté. La présence de cette croix n’est encore pas élucidée. Une hampe de fer, ayant servi à poser un bonnet phrygien en tôle lors de la Révolution, a été retrouvée au sommet de la pyramide du cirque. Le grand public, quant à lui, à défaut de pouvoir monter dans les échafaudages, se voit proposer un parcours à travers la ville, en vingt-et-une étapes, accessible à tous et notamment aux personnes handicapées, permettant de découvrir le patrimoine prestigieux de Vienne et de suivre l’avancée des travaux sur chaque site. Vienne est un immense chantier et les travaux ne sont pas prêts de s’arrêter ! La réflexion est déjà lancée pour planifier ceux qui seront nécessaires dans le prochain plan 2010-2014. Rien n’est pour l’instant déterminé… mais tout laisse à croire que de nombreuses visites de chantiers auront encore lieu dans les prochaines années !
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COUVENT SAINTE-CÉCILE PHOTOGRAPHIE HIPPOLYTE MÜLLER
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EN BREF
URGENCE ! Saint-Marcel-Bel-Accueil A Saint-Marcel-Bel-Accueil, une belle maison en pierre couverte d’une lourde toiture de lauzes calcaires et sa grange à trois nefs sont demeurées presque intactes depuis la fin du XVIe siècle. Toutes les deux conservent l’essentiel de leurs dispositions d’origine (portes et fenêtres à encadrements moulurés, placards encastrés, etc.). Sur la porte du logis, un écusson décoré de trois cœurs indique la date de 1575. La maison, aujourd’hui menacée d’effondrement, mérite absolument d’être sauvée. Collectivités et amateurs de patrimoine se mobilisent pour sa sauvegarde.
LA CHAPELLE RANDON Saint-Ismier « Au printemps 1865, fut posée la première pierre de la chapelle NotreDame de la Vallée », dans le parc du domaine dont le maréchal Randon, ancien gouverneur général de l’Algérie, avait hérité de son oncle, le général Marchand. « La chapelle de Saint-Ismier a été construite d'après la forme et l'aspect du marabout algérien ». Ses vitraux ont été réalisés en 1866 par Antoine Lusson fils, verrier parisien réputé. La cohérence de l'édifice et la qualité du verrier conduisent à supposer que Randon avait fait appel à un maître d'œuvre connu. L’édifice, aujourd’hui très dégradé, constitue l’une des dépendances du lycée horticole. Des solutions sont à l’étude pour sauvegarder ce bâtiment.
CHÂTEAU DU CROTON Revel-Tourdan
L'ALPE-D'HUEZ Brandes
La commune de Revel-Tourdan, soutenue par une association active, "Renaissance de Revel et Tourdan", s'intéresse de près à son abondant patrimoine. Après la restauration de l'église de Tourdan et la mise en valeur de la maison forte de Buffevent et du village fortifié, ce sont aujourd’hui les ruines de l'ancien château, dit du Croton, qui bénéficient de travaux de consolidation, conduits par l'association de jeunes bénévoles « Le Club du Vieux Manoir ». Afin de garder trace de l’aspect des maçonneries avant les travaux et pour orienter les choix de restauration, les vestiges ont été photographiés et dessinés. Pour ce faire, on a choisi de former les membres actifs de l'association à la méthode de relevé dite "pierre à pierre" : grâce à un quadrillage normalisé, le dessinateur reproduit chaque pierre à l'échelle du 1:20e. Une expérience enrichissante pour tous, archéologues et amateurs.
Le site de Brandes-en-Oisans, en fouille depuis une trentaine d'années, constitue une référence en Europe, dans bien des domaines. Des connaissances approfondies ont été rassemblées sur les techniques d'extraction minières et de traitement du minerai (plomb argentifère), sur les aménagements hydrauliques (captage et distribution d'eau) permettant ces travaux, sur la vie quotidienne de ces mineurs installés à 1 800 mètres d'altitude. Le chantier marque cette année une pause, pour réfléchir à l'avenir de ce programme de recherches, qui pourrait s'orienter vers une meilleure connaissance du village. Reste encore à appréhender l'organisation interne du groupement et son évolution dans le temps et dans l'espace, son réseau de chemins, ses installations communautaires (four, fontaine, places), l'agencement des habitations par rapport aux installations industrielles, etc. Deux journées de réflexion ont rassemblé de nombreux spécialistes pour faire le point sur ces questions au mois de juin.
ANCIEN CHÂTEAU Le Périer Au-dessus du village actuel et du cimetière du Périer (dans le Valbonnais), où se dressait autrefois l'église, l'ancien château ne présente plus guère d'éléments conservés en élévation. Il semble donc d'autant plus nécessaire de maintenir en place le seul morceau de maçonnerie encore debout : situés au point le plus haut du site, ces vestiges accrochent le regard du visiteur et l'invitent à se poser des questions. Par la suite il remarquera les mouvements de terrain, plates-formes, abrupts et fossés, la prairie marquée de creux liés aux maisons disparues, la proximité avec le site religieux. Et pourra alors reconstituer en imagination – avec l'aide d'un panneau d'explications - l'ensemble cohérent que constituaient le château perché sur sa crête, le village serré dans la pente et son église paroissiale en contrebas. La commune du Périer, après avoir acquis partie du terrain, a procédé en 2008 à une première campagne de stabilisation des ruines qui menaçaient de s'effondrer sur la route de Confolens. Et bientôt la couverture de grillage, peu esthétique car provisoire, ne sera plus qu'un souvenir…
EN BREF
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LE CHÂTEAU DU ROY Vizille Au-dessus du célèbre château qui abrite le Musée de la Révolution française, le parc était depuis longtemps en partie interdit, en raison des risques qu'auraient fait courir au public les vestiges de l'ancien château médiéval. En particulier un grand mur, long de 20 mètres et haut de 5 à 7 mètres, dans lequel il convient de reconnaître partie d'une habitation noble, peut-être l'une des trois maisons fortes attestées par les textes dans l'enceinte du château en 1339. Cet élément a fait l'objet d'une restauration parfois périlleuse (approvisionnement du site par hélicoptère !), précédée d'une approche archéologique au cours de laquelle on a pu comparer les mérites de la photogrammétrie avec le relevé manuel. Les géomètres ont donc procédé à un relevé par scanner 3D ; le résultat obtenu, qui comporte des déformations dues aux difficultés de la prise de vue, fournit une image utile pour la face inaccessible car non échafaudée. Mais le regard des archéologues reste indispensable pour l'interprétation des données et pour ce cas précis de relevé "pierre à pierre".
EN BREF
LA RESTAURATION DE L’HÔTEL CROŸ-CHASNEL Grenoble
EN BREF
LE DEVENIR DE ROCHEPLANE Saint-Hilaire-du-Touvet Situé dans une zone jugée à risques naturels, le site des sanatoriums de Saint-Hilaire-du-Touvet sur le plateau des Petites-Roches assiste impuissant depuis plusieurs mois au déménagement des services hospitaliers qui l’occupaient, depuis les années 1930, à l’origine pour le traitement des tuberculeux. Le centre médical Rocheplane a ainsi rejoint Saint-Martin-d’Hères depuis septembre 2008, le centre médico-chirurgical des Petites-Roches est en cours de déménagement, quant au centre médical universitaire Daniel Douady, ce n’est qu’une question de mois. Outre l’intérêt historique et architectural manifeste des trois bâtiments, ceux-ci renferment un patrimoine artistique, mobilier et littéraire de très grande qualité, comme en témoigne le classement au titre des Monuments historiques des grandes peintures sur toile de la salle de spectacle du centre Daniel Douady. Archives, musées, services du patrimoine des Conseils généraux de l’Isère et du Rhône, mais aussi du ministère de la Culture, associations et particuliers se sont mobilisés pour que cette richesse patrimoniale ne disparaisse pas et qu’elle soit totalement intégrée dans la réflexion engagée depuis plusieurs mois sur le devenir du site.
L'ensemble immobilier "Croÿ-Chasnel/ Pierre Bûcher" est constitué de deux anciens hôtels particuliers autour d'une cour intérieure, situés rue Brocherie, à Grenoble. Vers 1560, à la demande du procureur du roi, Pierre Bûcher, un immeuble a été édifié sur les vestiges du mur d'enceinte gallo-romain. Rare représentant du style Renaissance à Grenoble, il est remarquable par sa composition en symétrie autour de la cour, sa façade ordonnée, ses galeries latérales sur consoles et ses motifs particuliers. L'hôtel Croÿ-Chasnel, sur rue, élevé autour de 1760, présente les caractéristiques de l'architecture classique du XVIIIe siècle. Ces deux immeubles, en copropriété, inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, ont fait l'objet de procédures distinctes et complémentaires pour permettre à la municipalité de prescrire des travaux relatifs à la sécurité et la salubrité, mais aussi pour des motifs d'ordre archéologique et architectural. Il s'agissait notamment de démolir des constructions adventices greffées sur les bâtiments principaux au cours du XIXe siècle, de restaurer les façades dans leur état d'origine, les escaliers et ferronneries d'art, et de reconstituer les décors architectoniques. Opération très complexe, conduite par le service municipal « Réhabilitation du patrimoine urbain » et confiée à l‘architecte Marie-Françoise Bonnard, avec le précieux concours d’un opérateur privé. Pour tous les amateurs du patrimoine, cette opération est une réussite exemplaire, une véritable reconquête du patrimoine urbain, jusqu’alors caché derrière des adjonctions et le mauvais entretien du bâti. Et l’on se plaît à rêver de toutes les opérations qui pourraient permettre aux Grenoblois d’être fiers de leur patrimoine…
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LE PERIER PATRIMOINE ET PAYSAGES
Photographie Jean-Pierre Nicollet
Le Périer se situe au bout d’une des vallées du Valbonnais, celle qui ouvre, via le col d’Ornon, sur le massif de l’Oisans. Traversé par le Tourot, un torrent dont les habitants ont appris à se méfier, il est aussi partagé par une route depuis laquelle le village et sa vie sociale sont peu perceptibles. Un travail de reconnaissance du patrimoine architectural et paysager conduit par l’École d’architecture de Grenoble, un inventaire du patrimoine réalisé par les services patrimoniaux du Conseil général : il n’en fallait pas plus pour que l’équipe municipale, confrontée a une question ponctuelle de sécurité, décide d’interroger en profondeur le patrimoine et le paysage du village. Longeant la route à l’entrée du bourg, le Tourot était bordé par des barrières en béton moulé. Vétustes, elles n’en étaient pas moins un élément visuel fort et la nécessité de leur remplacement a rapidement questionné élus et habitants. Ce sera l’élément déclencheur d’un projet de requalification du village. Accompagné par le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE), la municipalité a missionné une équipe composée de paysagistes, d’architectes et d’historiens qui se sont livrés à une lecture minutieuse du village. La prise en compte du patrimoine est au cœur de la réflexion : l’ancienne école, le presbytère, l’église et le monument aux morts forment une véritable centralité autour de laquelle il est nécessaire de composer. Le torrent, élément historique du village lui aussi, est comme une colonne vertébrale autour de laquelle s’organise l’habitat rural. Le projet développe des séquences aux ambiances variées le long de la départementale, valorisant l’image du cœur de village. La volonté est d’ouvrir l’espace pour dégager des vues, ouvrir des perspectives et offrir plus de transparence. Dans le scénario retenu, et prochainement mis en œuvre, les aménagements gardent une dimension rurale et portent une attention particulière aux usages piétons et continuités des cheminements (promenade, terrasse, parvis, jardin…). Ils révèlent et portent l’identité du Périer.
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HOM mage 1921 2003
Les Journées du patrimoine 2009 verront la mise en valeur d’un patrimoine qui n’est pas monumental, au sens premier du terme. Il s’agit de la chanson française, telle que l’a créée, par l’intermédiaire de chanteurs célèbres, Jean Dréjac. Ce Grenoblois méritait un tel hommage et sera, comme il se doit, CÉLÉBRÉ en partenariat avec France Bleu Isère, à Grenoble et à Échirolles, sur les marchés !
UN POÈTE NOMMÉ JEAN DRÉJAC
Fils de gantier, Jean André Jacques Brun, qui deviendra Jean Dréjac, naît à Grenoble, quai de France, en juin 1921. Tout au long d’études plutôt décontractées au lycée Champollion et dans une école privée, entre Grenoble et Voreppe, le jeune garçon découvre peu à peu sa vocation grâce aux chansons "swing" de Charles Trenet écoutées à la radio et, à Grenoble, en participant aux activités du groupe choral amateur « Cinfonia » : « Bien peu de régions peuvent se flatter, mieux que la nôtre, d’être une pépinière de très bons et même très grands artistes » écrivaient, en citant Dréjac parmi d‘autres Grenoblois, Edmond Delucinge et Paul-Alain Léonard dans « Grenoble et son théâtre ». Après avoir gagné un concours de chant, le jeune Dréjac va tenter sa chance à Paris en débutant dans diverses revues au « Petit Casino », aux « Folies bergères » et aux « Concerts Pacra », avant de s’inscrire, sous l’Occupation, au cours Simon et d’être engagé, peu de temps,
À JEAN DRÉJAC
aux "Concerts Mayol". Réfractaire au S.T.O (Service de Travail Obligatoire en Allemagne) et obligé de se cacher, il débute dans la clandestinité une carrière de parolier-poète avec la collaboration d’un compositeur alors assez célèbre, le provençal Charles BorelClerc - auteur fameux de « Ma pomme » pour Maurice Chevalier. De cette collaboration va naître, en 1943, au cœur des « années noires », une chanson exceptionnelle qui symbolisera, un an plus tard, la liesse de tout un peuple et la joie de vivre retrouvée au temps de la Libération. Interprété par Lina Margy, une chanteuse populaire et réaliste, habituée de la station thermale d’Allevard, vendu à la criée dans les rues des quartiers ouvriers de Paris à plus d’un million d’exemplaires, voici, frais servi, le « Petit vin blanc » : « Ah ! Le petit vin blanc ! / Qu’on boit sous les tonnelles, / Quand les filles sont belles / Du côté de Nogent !… » Il sera suivi de plusieurs grands succès dont certains interprétés par Georges Guétary. Quatre ans plus tard, c’est une autre chansonculte qui voit le jour en collaboration avec Hubert Giraud et à la demande du réalisateur Julien Duvivier : « Sous le ciel de Paris », romance écrite pour le film éponyme, fera le tour du monde, au répertoire des Compagnons de la chanson, de Juliette Gréco, d’Édith Piaf ou d’Yves Montand. La chanson sera reprise en 1998 en trio, lors d’un célèbre concert, par les trois plus grands ténors de ce temps : Luciano Pavarrotti, Placido Domingo, José Carreras. Peu de temps
auparavant, Jean Dréjac s’était illustré en composant avec André Lodge : « Les Quais de la Seine » pour Lucienne Delyle, puis, pour Jean Sablon : « La Chanson de Paris » - Grand Prix de la chanson 1950. La carrière du poète-compositeur-interprète grenoblois est définitivement lancée. En 1967, il reçoit le prix des Komsomols pour "Octobre". Ami des plus grands, Jean Dréjac va écrire pour Henri Salvador, Marcel Amont, Édith Piaf (« L’Homme à la moto », inspiré par le film de Marlon Brando) et, plus tard, pour Serge Reggiani. Souvent politiquement engagés, ses textes, remarquablement travaillés, gardent encore, comme une signature, ce « parfum populaire », essence même de la très grande chanson française de la « période dorée ». Secrétaire-adjoint de la Société des auteurscompositeurs (SACEM), puis administrateur et vice-président de cet organisme, Jean Dréjac, malgré des problèmes de santé liés à sa vie trépidante, se préoccupe beaucoup du sort des anciens chanteurs et compositeurs. A la fin des années soixante, il va collaborer avec Michel Legrand jusqu’à son dernier album, sorti en 2000. Leurs chansons seront au répertoire de Serge Reggiani, mais aussi de Dalida, de Mireille Mathieu et de Jean-Claude Pascal. Jean Dréjac, compositeur, chanteur et poète grenoblois, décède en août 2003 à Paris. Georges Salamand, journaliste
Le roman de Jean longue lettre d’amour d’un fils à son père, c’est surtout un remarquable roman biographique qui donne du personnage, de ses « coups de génie », de sa générosité, de ses faiblesses et de ses doutes, un éclairage tout à fait original sur l’isérois qui va marquer à jamais, en soixante ans de carrière, l’histoire de la chanson frANÇAISE. Frédéric Brun, stock 2008. Les chansons de ma jeunesse une reprise de vingt-cinq œuvres célèbres de jean dréjac interprétées par vingt-cinq vedettes de la chanson. cd marianne mélodie, 2006.
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EN BREF Les rendez-vous pédagogiques du patrimoine et des musées de l’Isère Le département est riche d’un patrimoine exceptionnel, accessible au plus large public et tout particulièrement aux enfants. Les professionnels du patrimoine qui font vivre les musées et les sites accueillent les enseignants et leurs élèves tout au long de l’année scolaire. Les actions pédagogiques qu’ils ont imaginées sont conçues pour être inscrites dans le cadre d’un projet de qualité. Elles sont rassemblées dans un document unique téléchargeable sur www.isere-ecolemusee.fr. Les lieux du patrimoine se donnent en spectacle Animer d’une autre vie les plus beaux lieux du patrimoine de l’Isère et proposer aux spectateurs où qu’ils se trouvent dans le département des événements culturels de haute tenue, voilà ce qui a guidé la programmation des « Liaisons dangereuses » (Compagnie Yvon Chaix) dans les plus beaux salons de l’Isère et de « Concerts et Patrimoine » (Atelier des Musiciens du Louvre•Grenoble) dans des lieux chargés d’histoire. Ces « tournées » construites en lien étroit avec les treize territoires du département, ont rencontré un public nombreux. Rendez-vous est donné en 2010 pour d’autres belles rencontres de ce type ! Suivez les flèches… En gestation depuis plusieurs années, le schéma directeur de signalisation directionnelle et touristique pour le département de l'Isère prend forme. Ses objectifs sont multiples : faire connaître, attirer et guider les visiteurs, améliorer la sécurité routière mais aussi communiquer sur les activités touristiques et économiques, améliorer l’identité et l’image du territoire ainsi que la qualité des déplacements avec un objectif de développement durable. L’inventaire des lieux et équipements à signaler est désormais arrêté. Il reste à le décliner en panneaux directionnels, panneaux d’animation ou signalisation d’information locale.
Musiques au cœur des Musées
EN BREF Suivez le guide, c’est son anniversaire ! Créé en 1989 à l’initiative d’un groupe de guides-conférencières, le Fil d’Ariane œuvre depuis vingt ans à faire découvrir, comprendre et aimer le patrimoine. Les collaborations étroites qu’il a su tisser avec les associations patrimoniales et les musées du département en font un médiateur incontournable pour la découverte des expositions, des sites et des monuments. Visites guidées, parcours sur les sentiers thématiques, ateliers pour les enfants ou encore actions de formation, cette association est l’initiatrice et le partenaire de nombreuses opérations qui ont déjà touché plusieurs dizaines de milliers d’amateurs de patrimoine. Retrouvez-les les premiers dimanches de chaque mois dans les musées départementaux. Le Fil d’Ariane - 04 76 85 16 15 La collection Jacquier, La Tronche La commune de La Tronche peut s’enorgueillir de posséder une belle collection de peintures et de gravures qui lui a été léguée, en 1866, par un certain monsieur Jacquier. Protégée au titre des Monuments historiques en partie, cette collection fait l’objet d’une attention particulière avec la restauration d’une quinzaine d’œuvres qui ont été exposées il y a quelques années à l’espace de la Faïencerie. Dans la suite, un bilan sanitaire complet a été réalisé par une entreprise spécialisée visant à poursuivre le programme de restaurations. Dans les années à venir, c’est la parution d’un ouvrage coordonné par le service du patrimoine culturel et la mise en ligne des œuvres sur le site internet de la commune qui devraient permettre à un très large public de découvrir cette collection.
Avec la 10ème édition de la programmation Musiques au cœur des musées , le Conseil général de l’Isère renouvelle son invitation faite au public isérois de découvrir les musées départementaux à l’occasion de moments musicaux. Pas moins de 35 concerts gratuits seront proposés le dimanche après-midi, de novembre 2009 à septembre 2010, dans sept musées du département. Cette saison mettra particulièrement en lumière le lien entre musique et patrimoine. Elle permettra ainsi aux jeunes artistes du Conservatoire de Lyon d’interpréter un répertoire baroque dans le Salon aux gypseries de SaintAntoine-l’Abbaye. L’exposition du Musée dauphinois sur le Tibet sera l’occasion de découvrir la musique et les artistes de cette région. L’écrin de verdure du Domaine de Vizille se prêtera à la découverte des harmonies et batteries-fanfares du département. Cordes, vents et même santoor raisonneront au Musée de SaintHugues-de-Chartreuse. Les sonorités jazz et le timbre des tubas animeront la cour du Musée de la Résistance et de la Déportation. Le salon et le jardin du Musée Hector-Berlioz seront le cadre de rencontres et de découvertes artistiques. Enfin, le bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin sera l’occasion d’illustrer tout spécialement cette relation entre musique et patrimoine, en donnant à entendre des œuvres du compositeur au Musée Hébert. La programmation complète sera disponible fin septembre sur www.patrimoine-en-isere.fr. Châteaux en réseau Né en novembre 2008, le réseau Châteaux de l'Isère regroupe les châteaux de La Sône, Longpra, Roussillon, Sassenage, Septème, Vaulserre, Virieu et le Touvet qui souhaitent valoriser leurs qualités patrimoniales mais également la qualité de leur accueil (visites guidées, spectacles, animations, etc). Ils ont édité un marque-page permettant un accès aux sites à un tarif préférentiel et sont présents sur internet. www.chateaux-isere.com
EN BREF
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MONTRERexposer À VOIR DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX A VOIR DANS LES MUSÉES DÉPARTEMENTAUX
MUSÉE DAUPHINOIS TIBÉTAINS, PEUPLE DU MONDE > 16 octobre 2009 - 4 janvier 2011
La mobilisation des associations locales comme des universitaires pour la préparation de l’exposition Tibétains, peuple du monde, démontre l’engouement pour cette communauté d’altitude à la forte identité culturelle et religieuse. Un engouement partagé par Marie-Florence Bennes, anthropologue, et Christian Rausch, photojournaliste, dont les reportages réalisés au cours de leurs déplacements au Tibet et en Inde du Nord témoignent avec acuité de l’actualité de cette civilisation millénaire. En résonance avec les expositions qu’il consacre régulièrement aux populations immigrées dans la région grenobloise et le département de l’Isère, le Musée dauphinois s’intéresse aujourd’hui à une population lointaine mais dont le rapport à la montagne et les valeurs religieuses trouvent un fort écho en Isère. Ni instrument de propagande ni apologie d’une culture, l’exposition défendra l’idée que chaque peuple doit pouvoir conserver son identité. L’exposition s’ouvrira sur les reliefs de l’Himalaya et les pratiques liées à la vie agropastorale complétés, à l’aide de quelques pièces exceptionnelles, d’une présentation du bouddhisme tibétain. Voyage en train sur grand écran ensuite jusqu’à la capitale, Lhassa où l’on verra surgir la modernité. Plus loin, sera abordé le thème du Tibet en exil. Enfin, retour dans les Alpes où les associations engagées dans la cause tibétaine témoigneront des liens qui les unissent à cette culture. Les photographies de Christian Rausch dialogueront sans cesse avec les thèmes développés dans l’exposition, illustrés également par trois courts métrages qu’il a réalisés à Dharamsala sur la communauté et le gouvernement tibétains exilés en Inde. 30, rue Maurice Gignoux - Grenoble 04 57 58 89 01 www.musee-dauphinois.fr
DOMAINE DE VIZILLE MUSÉE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE CORDAY CONTRE MARAT. LES DISCORDES DE L’HISTOIRE > 26 juin - 28 septembre 2009 Depuis le 13 juillet 1793, Corday et Marat forment un couple légendaire (mais un peu honteux !) de notre histoire. Charlotte Corday, inconnue en quête de gloire, se transforme en héroïne politique et en figure mythique qui deviendra l’expression de la névrose du peuple. Jean-Paul Marat, immortel défenseur du peuple et de ses Droits, a terrassé les grands et renversé le trône. Son assassinat par Charlotte Corday est un des actes fondateurs d’une jeune République. S’appuyant sur la thèse de Guillaume Mazeau de l’Institut d’Histoire de la Révolution française, Charlotte Corday et l’attentat contre Marat : événements, individus et écriture de l’histoire (1793-2007) [Editions Champ Vallon, 2009], cette exposition propose une réflexion sur les représentations de ces deux emblèmes de la France en Révolution que l’on ne peut résumer au Marat assassiné de David. Il s’agit ainsi de rendre justice à un motif jusqu’ici peu étudié et pourtant omniprésent dans l’iconographie populaire depuis deux cents ans. Le journal de l’exposition et le dépliant de découverte des œuvres présentées dans le musée (en lien avec l’exposition) sont mis gratuitement à la disposition du public.
Place du château - Vizille 04 76 68 07 35 www.musee-revolution-francaise.fr
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MUSÉE DE SAINT-ANTOINE-L’ABBAYE
MUSÉE HECTOR-BERLIOZ
QUAND LE PARFUM PORTAIT REMÈDE > 14 juin 2009 - 11 novembre 2011
JONGKIND, DES PAYS-BAS AU DAUPHINÉ > 21 juin - 31 novembre 2009
L'exposition Quand le parfum portait remède propose une nouvelle approche de l’image et met en scène les débuts de la pharmacopée, quand la vertu des médicaments résidait essentiellement dans leur odeur. En deux espaces très différents Jardins des cloîtres et Jardins des princes, le visiteur découvre d’une manière ludique une re-création des eaux parfumées du Moyen Âge au XIXe siècle. Myrrhe, genêt, baume de Saint-Antoine, Eau de la Reine de Hongrie, Eau de Carmes, Oiselet de Chypre, civette, Vinaigre des quatre voleurs, Eau fine et très odoriférante, Eau couronnée, tous font une place importante aux plantes médicinales et vont constituer l’essentiel de la pharmacopée. Impressions grand format, projection, images fixes et animées, documents sonores, diffusion de parfums, déclenchent un intérêt particulier, une attention, des sensations nouvelles. Des ateliers olfactifs, des conférences, des événements autour des parfums seront programmés à partir du printemps 2010 afin de prolonger cette (re)découverte .
Chaque année, La Côte-Saint-André rend hommage à l’un de ses plus illustres enfants lors du Festival Berlioz ; mais elle se devait également d’honorer l’un de ses plus célèbres citoyens d’adoption, le peintre néerlandais Johan Barthold Jongkind (1819-1891), qui y vécut de 1878 jusqu’à sa mort. Le musée Hector-Berlioz, tout entier voué à la mémoire du musicien, a donc ouvert ses portes à un autre artiste et a même fait peau neuve pour accueillir son œuvre. De la Hollande natale au Dauphiné, l’exposition décrit ainsi le parcours d’une vie tumultueuse et appréhende la richesse et la complexité de la production d’un artiste considéré comme une figure de tout premier plan dans l’histoire entrecroisée des courants picturaux. Formé à la tradition du paysage hollandais, admirateur de Corot, très lié aux autres peintres français (Boudin, Monet…), Jongkind a su développer un art indépendant, puissant, libre de toute contrainte d’école ou de courants. Son talent de coloriste se fonde sur une science neuve du dessin, qui éclate tout particulièrement dans ses eaux-fortes à propos desquelles Baudelaire ne tarissait pas d’éloges. Le « charmant et candide peintre hollan1is » eut une existence révélatrice de bien des difficultés, mais il sut s’attirer de nombreuses sympathies et poursuivre une féconde carrière, au cours de laquelle il multiplie le travail à l’aquarelle, dont il deviendra le maître incontesté. L’exposition, grâce à la collaboration de l’association Dans les pas de Jongkind en Dauphiné, à la générosité de la famille de sa compagne Joséphine Fesser et à celle de nombreux musées en France, rassemble de façon exceptionnelle plus d’une centaine d’œuvres (huiles sur toile, aquarelles, eaux-fortes et dessins) dont certaines sont présentées en Isère pour la première fois. Films et conférences complètent cette approche et permettent au public de (re)découvrir un artiste à la personnalité attachante, qui a excellé dans la restitution des paysages aux jeux de lumières éblouissants et dont les œuvres sont aujourd’hui disséminées de part et d’autre de l’Atlantique.
Installé depuis 1980 dans les bâtiments conventuels des XVIIe et XVIIIe siècles, le Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye offre, au-delà du fonds initial consacré au peintre dauphinois Jean Vinay, des salles d’exposition liées à l’histoire du site et de l’ordre des hospitaliers de Saint-Antoine. Un partenariat instauré avec les associations culturelles mais aussi les écoles et la bibliothèque intercommunale, permet d’offrir un regard renouvelé sur les collections. Le Noviciat – Saint-Antoine-l’Abbaye 04 76 36 40 68 www.musee-saint-antoine.fr
69 rue de la République - La Côte-Saint-André 04.74.20.24.88 www.musee-hector-berlioz.fr
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MUSÉES EN COCON CHANTIERS INTERDITS AU PUBLIC !
MUSÉE DE LA HOUILLE BLANCHE
MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE
MAISON BERGES Lancey-Villard-Bonnot
ÉGLISE SAINT-LAURENT Grenoble
Les travaux du Musée de la Houille blanche, situé à Lancey (VillardBonnot), ont débuté le 2 janvier 2008. Cette première tranche de travaux est consacrée à la réhabilitation de la Maison Bergès, protégée au titre des Monuments historiques. Le gros œuvre, qui comprenait entre autres la reprise structurelle du bâtiment par l’installation de micro-pieux, est en voie d’achèvement. Les toitures ont été entièrement refaites. L’installation d’un nouvel escalier et de la cage d’ascenseur ainsi que la reprise des plafonds et des huisseries sont terminées. Des travaux plus délicats de remise en état des sols (mosaïques et planchers), des peintures, la restauration des fresques et des papiers peints sont maintenant sur le point d’être engagés. A l’extérieur, les façadiers sont actuellement en plein travail, piquage des façades et pose d’un crépi pour que la maison retrouve ses couleurs. L’escalier en croix et les murets de la terrasse, avec leurs motifs en croisillon sont pratiquement achevés. Ils ont fait l’objet d’un travail particulièrement minutieux de façon à respecter leur ligne d’origine. Une fois ces gros travaux achevés, et ce d’ici la fin de l’année 2009, sera installée une exposition permanente autour de l’ancien propriétaire de la maison, Aristide Bergès, inventeur audacieux sachant mettre en relation connaissances, techniques, hommes et capitaux. Loin de se contenter d’une vision hagiographique, cette exposition tentera au contraire de prendre le recul nécessaire pour décliner les multiples facettes du personnage en le situant dans son temps et dans le cadre social et humain qui a été le sien, sans omettre les relations que la famille entretenait avec certains artistes, tel Alfons Mucha, l’un des chefs de file de l’Art nouveau. L’ouverture de la Maison Bergès est prévue pour juin 2010. Prenez date !
En chantier depuis 30 ans, ouvert néanmoins aussitôt au public, fermé en août 2003 pour des raisons de sécurité, le site Saint-Laurent de Grenoble vient d’entrer en travaux. Enfin ! diront tous les amateurs de patrimoine archéologique et nombre de Grenoblois. Ce site exceptionnel témoignant de vingt siècles d’histoire de la ville mérite bien notre patience à tous. L'achèvement du circuit de visite et la mise en conformité du site ont fait l'objet d'un projet placé sous la maîtrise d’ouvrage du Conseil général de l’Isère et réalisé par l'architecte en chef des monuments historiques, Alain Tillier. La mise en valeur des vestiges et la scénographie ont été confiées à Jean-Noël Duru. Cette longue recherche archéologique a été si fructueuse qu’une publication savante en a accompagné l’achèvement. Quatre cents pages de texte, abondamment illustrées, accompagnées d’un DVD, viennent parachever l’engagement de nombreux chercheurs, autour de Renée Colardelle. Le savoir est donc réuni pour réussir une mise en valeur du site. C’est avec une scénographie résolument didactique que le site sera offert au public. Il ne s’agit pas de s’adresser aux seuls spécialistes des périodes des premiers temps chrétiens, mais tout au contraire de montrer au plus large public les évolutions subies par un site funéraire et religieux au fil des siècles. Donner à comprendre l’histoire de la ville, autant que celle des croyances et des modes de traitement de la mort, est un objectif permanent pour les animateurs du projet. Celui-ci ne sera réussi que si, par delà la compréhension et la reconnaissance des différentes périodes de construction du site, une émotion saisit le visiteur devant les tombes d’enfant du premier Moyen Âge, devant un mausolée qui a sûrement abrité les restes d’un haut personnage de la société gallo-romaine au IVe siècle de notre ère, etc. C’est ce partage de savoir et d’émotion que doit préparer la scénographie des vestiges et des collections. Au bénéfice des Grenoblois, dont on fait apparaître les racines culturelles, et des visiteurs de Grenoble, qu’une offre patrimoniale supplémentaire devrait attirer. Ouverture attendue pour la fin de l’année 2010.
www.musee-houille-blanche.fr
www.musee-archeologique-grenoble.fr
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TOUT NEUFS !
MUSÉE DES DAUPHINS, MUSÉE DE LA FLORE
MAISON DU PATRIMOINE DE VILLARD-DE-LANS
LE COUVENT DES CARMES DE BEAUVOIR
HOMMAGE À JACQUES LAMOURE
Au coeur d’un site majestueux, le petit village de Beauvoir-en-Royans poursuit son épopée historique et culturelle. En arrière-plan des ruines médiévales de l’ancien palais des dauphins de Viennois, le couvent des Carmes, entièrement restauré par la Communauté de communes de la Bourne à l’Isère, rayonne et ouvre depuis mai 2009 ses portes aux visiteurs. Construite en 1343, cette bâtisse et ses abords présentent aujourd’hui un contenu varié : jardin médiéval, verger historique, Musée des dauphins et Musée de la flore, autant d’espaces d’interprétation qui contribuent à la valorisation de ce site architectural et naturel remarquable. Les salles de l’aile centrale du bâtiment sont consacrées à l’histoire dont le couvent a été le témoin. Cette évocation prend forme grâce à la collection d’objets et d’iconographies anciennes constituée par César Filhol, ami et mécène d’Hippolyte Müller, conservée et valorisée en son temps par Marie-Marguerite Filhol (sa fille), et relayée jusqu’à nous par l’association des Amis du vieux Beauvoir. Quelques objets médiévaux témoignent que Beauvoir fut, pendant la première moitié du XIVe siècle, un véritable palais et l'une des résidences favorites des dauphins de Viennois, princes du Dauphiné. Une collection étonnante d’objets de la vie quotidienne, de faïences et poteries rappelle le Musée delphinal tel que César Filhol l’avait inauguré en ce même lieu dès 1913. Enfin, une cellule de frère carme, restituée dans son état le plus récent, évoque la présence de l’ordre à Beauvoir jusqu’à la Révolution. Reconnaissable à l’extension contemporaine en balcon, la partie des communs accueille une exposition ethno-botanique : maquettes témoignant de l’occupation humaine du Vercors et présentations interactives de la flore et la faune du massif rappellent au public qu’il suffit de lever les yeux et faire quelques pas pour se trouver au cœur d’un Parc naturel régional aux multiples facettes.
La Maison du patrimoine de Villard-de-Lans, inaugurée en 1989, reflétait la forte personnalité de son fondateur, Jacques Lamoure, aujourd’hui décédé. Pendant des années, il y a rassemblé des objets de la vie quotidienne, des représentations d’ours, des témoignages de la vie paysanne, des toiles de peintres locaux, d’anciennes photographies, etc. Vingt ans après, ce foisonnant témoignage de la vie rurale du Vercors ainsi que son créateur, méritaient un véritable hommage. Pour cela, la Maison du patrimoine a fait peau neuve. Des travaux commandés par la mairie ont permis la redistribution des collections dans des salles rénovées. La nouvelle exposition intitulée « Vînt le temps des vingt ans » a été réalisée par l’association des amis de la Maison du patrimoine Il s’agit de rappeler l’histoire de la construction et la vie du bâtiment qui fut la mairie de Villard de 1889 jusqu’en 1982 ; mais tout autant la démarche passionnée de Jacques Lamoure qui transforma la bâtisse en musée. Dans les étages, les salles ont été remaniées, permettant au visiteur une circulation plus fluide et une lecture plus précise des collections exposées, qui parlent tout à la fois de la société du pays des Quatre-Montagnes et de ce collectionneur ethnologue que fut Jacques Lamoure.
Beauvoir-en-Royans 04 76 38 01 01
1 place de la Libération - Villard de Lans 04 76 95 17 31
LE GUIDE ACTUALITE DES MUSéeS LECTURES
Jean-Baptiste Jouve Garçonnet en costume Vichy Format carte de visite, entre 1867 et 1876 Fonds Georges Flandrin, collection Musée Dauphinois
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leGUIDEActualitédesmusées
BIÈVRE-VALLOIRE
Musée Hébert La Tronche
Spoliés ! L’ « aryanisation » économique en France, 1940-1944 1er juin – 31 décembre 2010 - Palais du parlement Cette exposition s’appuiera sur les nombreux travaux nationaux réalisés (mission Mattéoli) et le travail effectué depuis une décennie à Grenoble par la commission municipale d’enquête sur la spoliation des « biens juifs » dont les travaux se sont achevés en mars 2009. Exposition inaugurée à l’occasion d’un colloque international organisé sur le même thème à la MC2 par la Ville de Grenoble. Coproduction Ville de Grenoble – Conseil général de l’Isère. 04 76 42 38 53 - www.resistance-en-isere.com
L’aristocrate et la chambre noire-Raymond de Bérenger, marquis de Sassenage (voir p 12) Mi-octobre 2009 - 31 janvier 2010 Faisant suite à une première exposition qui avait permis de découvrir, à travers ses instantanés, le talent de Gabrielle Hébert, le Musée Hébert présente les photographies réalisées par le marquis de Bérenger. « Le point aveugle » - Eric Hurtado, photographies (voir p 19) jusqu’au 31 octobre 2009 04 76 42 97 35 - www.musee-hebert.fr
Musée de l’Ancien-Evêché Grenoble Couleur Sepia - l’Isère et ses premiers photographes (1840-1880) (voir p 11) 24 octobre 2009 - 22 mars 2010 Sur un sujet presque inexploré, Couleur sépia constituera le premier travail d’envergure consacré aux débuts de la photographie en Isère. Patrimoine en Isère – Pays de Bourgoin-Jallieu (voir p 3) Fin avril – 16 septembre 2010 04 76 03 15 25 - www.ancien-eveche-isere.com
Musée dauphinois Grenoble
Musée grenoblois des sciences médicales
Tibétains, peuple du monde (voir p 29) 16 octobre 2009 - 4 janvier 2011 Tibétains : une population lointaine mais dont le rapport à la montagne et les valeurs religieuses trouvent un fort écho en Isère. Ni instrument de propagande ni apologie d’une culture, l’exposition défendra l’idée que chaque peuple doit pouvoir conserver son identité. Les photographies de Christian Rausch dialogueront sans cesse avec les thèmes développés dans l’exposition Être ouvrier en Isère – XVIIIe/XXIe siècle
Musée de la Résistance et de la Déportation Maison des Droits de l’Homme Grenoble
Jusqu’au 31 janvier 2010 A la découverte d’un monde de valeurs forgé sur trois siècles d’histoire. Habiter Jusqu’au 30 juin 2010 Une étude comparatiste sur les besoins vitaux de s’abriter, conduite jusqu’aux questions actuelles du vivre ensemble mises en photo par Marie Dorigny. 400e anniversaire de la fondation de l’ordre de la Visitation À partir du 4 mars 2010 Autour de Jeanne de Chantal et de François de Sales, fondateurs de l’ordre. Nouvelle interprétation de l'iconographie de la chapelle baroque et évocation de l'installation des premières visitandines en ces murs dès 1618. L’ouvrage en préparation reprend l’histoire de Sainte-Marie d'en-Haut depuis quatre cents ans. Vaucanson, l’homme et la machine (titre provisoire) À partir du 9 avril 2010 Hommage sera rendu à l’inventeur de « l’homme artificiel » dont les découvertes ont fait basculer l’humanité dans l’ère de l’automatisation puis de la robotique et de la bionique. A partir des innovations de Vaucanson, une réflexion sur le rapport entre l’homme et les « créatures artificielles » qui alimentent aujourd’hui encore notre imaginaire. 04 76 85 19 01 - www.musee-dauphinois.fr
La Tronche L’hôpital, évolutions et mutations Jusqu’au 23 décembre 2009 Équipement majeur de la ville, l'hôpital, dans son organisation et son architecture, n'a cessé d'évoluer. À l'origine lieu de charité et d'isolement, c'est aujourd'hui un centre de diagnostic, de soins, d'enseignement et de recherches. En moins de cent ans, l'hôpital a su s'adapter aux évolutions techniques et scientifiques de la médecine et aux besoins d'une population en constante augmentation. Cette exposition propose une lecture de l'évolution des sites hospitaliers de l'agglomération et met en perspective leur histoire. 04 76 76 51 44 - www.chu-grenoble.fr
Musée Hector-Berlioz La Côte-Saint-André Jongkind, des Pays-Bas au Dauphiné (voir p 30) jusqu’au 31 novembre 2009 Peintre paysagiste, sensible aux frémissements du paysage mouvant, Johan Barthold Jongkind (1819-1891) est considéré comme le précurseur de l’Impressionnisme. 04 74 20 24 88 - www.musee-hector-berlioz.fr
GRENOBLE ET ALENTOURS
Face au génocide, du Cambodge à l'Isère Jusqu’ au 12 octobre 2009 Faisant suite à l’exposition Témoin S-21. Face au génocide des Cambodgiens qui proposait un éclairage sur les traces du crime de masse perpétré par les Khmers rouges de 1974 à 1979, Face au génocide, du Cambodge à l’Isère, s’intéresse au refuge des exilés en France et, plus précisément, en Isère. Le train s’est arrêté à Grenoble. La Guerre d’Espagne et l’Isère - Refuge et résistance À partir du 14 novembre 2009 À partir de photographies et témoignages, une exposition sur l’arrivée en Isère de milliers de réfugiés espagnols qui se sont souvent fixés dans le département. Résister aujourd’hui À partir du 2 avril 2010 Renouvellement des présentations de la fin de l’exposition longue durée du musée (installation audiovisuelle interactive) Rose Valland sur le front de l’art Juin-octobre 2010 Version itinérante de l’exposition réalisée par le CHRD de Lyon : en choisissant de lutter contre la mainmise des nazis sur les collections privées et publiques du patrimoine artistique national, Rose Valland offre la possibilité de s’intéresser à cette forme peu connue de résistance qu’est la résistance civile.
Musée de la Viscose Échirolles Anecdotes potagères… créations de Maud Bonnet Jusqu’ au 24 octobre 2009 En lien avec le jardin pédagogique du Musée de la Viscose et des jardins ouvriers de la cité du même nom, l’exposition « Anecdotes potagères » présente des créations de l’artiste plasticienne Maud Bonnet. Vêtements et accessoires sont ici de véritables sculptures réalisées à base de… feuilles de salades ou de choux, de graines, de piments ou encore d’ails. Maud Bonnet sculpte le vêtement comme une œuvre plastique. Elle modèle, agrémente, colle, superpose, mélange, travaille les végétaux et les minéraux comme l’on travaille la peinture et les pigments. Ces œuvres végétales originales nous invitent au plaisir de l’œil, des sens et de l’imagination. Baptisées « Salade à chausser », « Le rouge c’est chic » ou « Escarpins grainiers », chaque création est accompagnée d’un petit texte, de son histoire, qui nous plonge dans l’univers de Maud. Les cantonnements étrangers de Roussillon et de Salaise-sur-Sanne Fin novembre 2009 à fin juin 2010 Exposition de photographies mises en perspective par le travail de recherche de François Duchêne et Jérôme Godard, tous deux chercheurs au CNRS. 04 76 33 08 28 - www.musee-viscose.fr
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Domaine de Vizille Musée de la Révolution française Vizille
ISÈRE RHODANIENNE
OISANS
Corday contre Marat. Les discordes de l’histoire. (voir p 29) Jusqu’au 28 septembre 2009 Corday et Marat, un couple légendaire de notre histoire. Un motif jusqu’ici peu étudié et pourtant omniprésent dans l’iconographie populaire depuis deux cents ans. Estampes et Révolution, 220 ans après. Printemps 2010 L’événement révolutionnaire Été 2010 04 76 68 07 35 - www.musee-revolution-francaise.fr
Cloître Saint-André-le-Bas Vienne
Maison des Alpages Besse-en-Oisans Les refuges de l’Oisans Jusqu’à fin septembre 16 refuges de montagne, parmi les 25 que compte l’Oisans, sont présentés à l’occasion de cette exposition riche en images. Une vie en alpage, bergers et bergères d’aujourd’hui Jusqu’à fin septembre Jusqu’à fin septembre. La vie d’Aurélie Mallet et de Cyrille Grillere au cours d’une saison d’estive sur un alpage suisse. Passionnés par leur métier et la photographie. 04 76 80 19 09
GRÉSIVAUDAN
MATHEYSINE
Musée Jadis Allevard
Musée matheysin La Mure
14-18 en pays d’Allevard Jusqu’au 11 novembre 2009 La première guerre mondiale dans le canton d’Allevard ( les mobilisés, le travail aux forges, les hôpitaux militaires...) 04 76 45 16 40
La Mure monumentale Jusqu’au 31 octobre 2009 En 2009, trois des monuments emblématiques de La Mure sont à l’honneur au Musée matheysin : la halle, les églises Saint-Pierre-Julien Eymard et Notre-Dame. La Mure monumentale présente l’histoire et les restaurations engagées par la ville sur ses édifices avec l’ aide de ses partenaires. Le photographe Emmanuel Breteau propose sa vision des travaux. 04 76 30 98 15
HAUT-RHÔNE-DAUPHINOIS Maison du Pays des couleurs Morestel Maisons fortes et châteaux Du 8 septembre au 18 décembre 2009 Présentation de l'inventaire des maisons-fortes et châteaux qui subsistent encore sur le territoire. 04 74 80 39 30 - www.cc-le-pays-des-couleurs.fr
Maison Ravier Morestel Victor Charreton (1864-1936), virtuose de la couleurlumière Du 20 juin au 27 septembre 2009 Originaire de Bourgoin-Jallieu, Victor Charreton appartient à cette génération de peintres de l'école française qui, à la suite des impressionnistes, se consacre entièrement au paysage. Salon international de la photographie Du 4 octobre au 15 novembre 2009 Le club photo de Morestel organise un concours international de photographie sous le patronage de la Fédération internationale de la photographie (catégories Noir et Blanc/Couleurs, photographies argentiques ou numériques) auquel participent des photographes du monde entier (près de 1 500 clichés reçus, 35 pays représentés). Une sélection des meilleures photographies dont celles des lauréats du concours et du jury sont exposées à la Maison Ravier. www.photomorestel.com 04 74 80 06 80- www.maisonravier.com
Pierre Schneyder (1733-1814) De 18 septembre 2009 au 3 janvier 2010 Il y a 200 ans ouvrait le musée d’Antiquités de Vienne dans l’ancienne église Saint-Pierre, Pierre Schneyder en était le fondateur et le conservateur. Cet anniversaire offre l’occasion de découvrir les nombreux aspects de l’activité de ce personnage qui outre le musée, a construit le théâtre à l’Italienne tracé le premier plan de la ville et fondé l’archéologie scientifique à Vienne. 04-74-85-50-42 - www.musees-vienne.fr
Maison du patrimoine Pellafol La Maison du Patrimoine de Pellafol a fait peau neuve Créée en 1994 par l’association du Patrimoine de Pellafol et de l’Obiou dans un ancien estaminet du hameau des Payas, elle est autant un lieu de conservation du patrimoine rural et de l’histoire locale qu’une attraction touristique, ou encore lieu de cohésion sociale entre les villageois et les gens de passage. C’est cette posture qui lui a valu d’accéder à un statut intercommunal et d’être ainsi totalement toilettée (et mise aux normes de sécurités élémentaires), tout cela sans perdre son âme et l’implication forte des bénévoles de l’association. Une nouvelle vie. 04 76 30 02 47
PORTE DES ALPES Musée de Bourgoin-Jallieu Les dessous du musée Jusqu’au 20 septembre 2009 1929-2009 : le Musée de Bourgoin-Jallieu fête ses 80 ans ! Une occasion de revenir sur son histoire, ses collections, son évolution, ses acquisitions... Un hommage aux fondateurs du musée, notamment au peintre Victor Charreton qui a permis la constitution des premières collections, à la société des Amis des arts, aux nombreux donateurs qui ont contribué à l'enrichissement des collections, mais également un coup de projecteur sur les hommes et les femmes qui font vivre le musée aujourd'hui. Textiles, matériaux du XXIe siècle Du 15 octobre 2009 au 16 mars 2010 Tissus qui soignent, textiles «intelligents », textiles protecteurs. Les tissus développent aujourd'hui une gamme de fonctionnalités dignes de la science-fiction. Partez à la découverte de ces nouveaux textiles qui changent notre quotidien. Cette exposition se déroule sur deux sites : le Musée d'Art et d'Industrie de Saint Etienne et le Musée de Bourgoin-Jallieu. En partenariat avec ITECH (Institut Textile et chimique de Lyon) et le CCSTI du Rhône (Centre de culture scientifique, technique et industriel.). Patrimoine en Isère – Pays de Bourgoin-Jallieu (voir p 3) 17 septembre - fin décembre 2010 04 74 28 19 74
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leGUIDEActualitédesmusées
SUD-GRÉSIVAUDAN Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye Quand le parfum portait remède (voir p 30) 14 juin 2009 - 11 novembre 2011 Les débuts de la pharmacopée, quand la vertu des médicaments résidait essentiellement dans leur odeur. Jean Vinay Dates à confirmer Figures libres, figures imposées de la danse dans l’art occidental Du 13 juin au 19 septembre 2010 04 76 36 40 68 – www.musee-saint-antoine.fr
régulières réalisées par l’association des amis du Musée. Cette année anniversaire est l’occasion de réflexions sur le rôle du musée dans le territoire mais aussi de rencontres et de festivités qui rappellent qu’un musée est un lieu vivant, et que la valorisation du patrimoine est un débat toujours actuel. La vannerie en Trièves : hier et aujourd’hui Jusqu’au 31 mars 2010 Histoire de paniers, paillasses et chapeaux de paille. 04 76 34 08 28
Musée du Trièves Mens Le Musée du Trièves a dix ans ! Après un travail de collecte et de valorisation de longue haleine conduit par l’Académie mensoise, après un inventaire du patrimoine conduit par les services du Conseil général, le Musée du Trièves ouvrait ses portes il y a tout juste dix ans. Musée de pays, il a su développer, à côté de sa présentation permanente, des expositions temporaires
Maison du patrimoine Villard-de-Lans "...Vînt le temps des vingt ans... et Jacques Lamoure inventa la Maison du Patrimoine" (voir p. 32) Jusqu’en décembre 2009 04 76 95 17 31 VOIRONNAIS-CHARTREUSE Musée Mainssieux Voiron
VALS DU DAUPHINÉ Musée gallo-romain d’Aoste
TRIÈVES
VERCORS
Histoire de carreaux à Aoste Le sous-sol d’Aoste, surtout réputé pour avoir livré de nombreux vestiges antiques a produit dernièrement, à la surprise générale, des carreaux de poêle en terre cuite vernissée richement décorés du XVe siècle. Le Musée d’Aoste met en scène ces véritables petits « tableaux » issus des dernières fouilles, aux côtés d’autres provenant du Musée lorrain de Nancy et du Musée historique de Strasbourg. 04 76 32 58 27
Un été au Sahara Jusqu’au 8 novembre 2009 L’exposition présente le travail d’illustration réalisé par Lucien Mainssieux en 1928 pour une belle édition d’un récit de voyage d’Eugène Fromentin (1820-1876), Un Eté dans le Sahara. 04 76 65 67 17
Patrimoine en Isère - Inventaire du Pays de Bourgoin-Jallieu Exposition itinérante (voir p3) Le territoire de Bourgoin-Jallieu recèle des patrimoines « tous azimuts ». Des marais aux collines, des granges aux usines, Frédéric Dard côtoie ici saint Theudère et le rugby les maisons fortes médiévales. Débuté en septembre 2007, l’inventaire territorial conduit par le Service du Patrimoine culturel du Conseil général a permis de repérer et identifier les différents types de patrimoine. Trois photographes livrent leur propre vision de ce territoire. Saint-Quentin-Fallavier Espace George Sand >16 novembre - 31 décembre 2009 L’Isle-d’Abeau EPANI > 3 février - fin avril 2010 Grenoble Musée de l’Ancien Évêché > fin avril - 16 septembre 2010 Bourgoin-Jallieu Musée > 17 septembre - fin décembre 2010 Maison de la Porte des Alpes > hiver 2011
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lEGUIDELectures
Bâtir la dernière demeure, patrimoine funéraire en Rhône-Alpes S’intéressant aussi bien aux cimetières ruraux qu’à ceux des grandes villes, l’ouvrage propose des clés de lecture pour déchiffrer la symbolique funéraire, reconnaître différents matériaux et identifier quelques typologies de tombes, en invitant à découvrir de remarquables exemples en région Rhône-Alpes. Cette publication est le fruit d’un collectif d’auteurs rassemblés au sein de la « commission cimetières » de Patrimoine Rhônalpin. Novembre 2008, Patrimoine rhônalpin n°42, 60 pages, 6,50 ¤ Claude-François Ménestrier - Les Jésuites et le monde des images Sous la direction de Gérard Sabatier Le jésuite Claude-François Ménestrier (1631-1705) est un des plus brillants représentants d’une culture baroque à son apogée au milieu du XVIIe siècle dans l’ancienne province jésuite de Lyon. Homme de tous les talents, à l’érudition prodigieuse, auteur fécond de traités sur le blason, les emblèmes, les médailles, la philosophie des images, l’histoire, il fut le théoricien, mais aussi le metteur en scène, de toutes les formes de spectacle de son temps, le concepteur inépuisable de programmes iconographiques associant tous les héritages culturels de la France de Louis XIV. Mai 2009, PUG, collection La Pierre et l’Ecrit, 335 pages, cahier d’illustrations, CD audio, 35 ¤ Corday contre Marat. Deux siècles d’images. Guillaume Mazeau La mémoire collective a scellé les destins de l'« Ami du peuple » et de l'« ange de l'assassinat ». Le mariage paraît consommé dans le sang à la suite du fatal coup de couteau, à observer les centaines d'œuvres d'artistes inspirés par cette journée du 13 juillet 1793. Les étonnantes métamorphoses et variations inspirées par ces deux icônes de l'histoire nationale, à travers toute l'Europe, jusqu'à la période contemporaine, consacrent la dialectique de la violence et du progrès, deux réalités inséparables de la période révolutionnaire. En prolongement de l’exposition présentée au Musée de la Révolution française à Vizille. Juin 2009, Editions Artlys, 80 pages, illustré, 15 ¤ Êtres à Grenoble Martine Francillon, Christian Rausch Architecte, saxophoniste, médecin, sans domicile fixe, chercheur, footballeur… Ils et elles sont des êtres à Grenoble. Reflets d’une ville en mouvement, aux émotions et aux énergies plurielles : Êtres à Grenoble capte celles de vingt-quatre hommes et femmes, croisés dans les artères de la ville. Mars 2009, Critères Editions, 80 pages, illustré, 15 ¤ Habiter Ouvrage collectif, sous la direction de Jean-Claude Duclos, directeur du Musée dauphinois Construire sa maison, concevoir son habitat, se préserver, soi et les siens des agressions du monde extérieur pour accomplir son projet de vie, familial et social, est sans doute l’objectif humain le mieux partagé. La question du vivre ensemble, des solidarités montagnardes d’antan et des échos qu’elles connaissent aujourd’hui dans l’habitat coopératif vient à l’appui de cette thèse : celle que les humains seraient, en groupes, plus intelligents et respectueux du monde qu’ils habitent que seuls. Avril 2009, Patrimoine en Isère / Musée dauphinois, 80 pages, 20 ¤
Histoire d’Echirolles. Du bourg rural à la cité ouvrière. Tome 1 : 1833-1939. Bernard Montergnole Raconter l’histoire d’une ville, ce n’est pas nouveau. La mettre en résonance avec les grands événements nationaux, telle est la démarche adoptée par Bernard Montergnole, historien et ancien adjoint à la Mairie d’Échirolles, pour écrire le passé de sa ville, troisième de l’Isère. Octobre 2008, Ville d’Échirolles, 176 pages, 18 ¤ Humanistes ? Catalogue de l’exposition présentée à Grenoble en mai 2009, cet ouvrage réinterroge la notion même « d’humanisme » qui parcoure les siècles de notre histoire trouvant un point focal dans la pratique de la photographie durant les années 30-60. Au fil des pages, on redécouvrira la photographie humaniste, au travers du travail de Léon Herschtritt, mais aussi grâce à des artistes contemporains moins connus. Photographies de Léon Herschtritt, Corentin Mossière, Elizabeth Filezac de l’Etang, Bernard Fontanel, Bruno Pilia, Andréa Bosio, Jean Pierre Angei, Vincent Costarella, Jérôme Grevaz. Mai 2009, Maison de la photographie et de l’image, 32 pages, 15 ¤
Jean Achard, un paysagiste à l’école de la nature Laurence Huault-Nesme, directrice du Musée Hébert de La Tronche. Achard (1807-1884), paysagiste dauphinois formé à « l'école de la nature », a d'abord trouvé ses sujets de tableaux dans son environnement natal. Après un séjour en Egypte avec les saintsimoniens, il s'installe à Paris pour trente ans. Les beaux jours venus, il va régulièrement travailler dans l'Ain, en Normandie ou en Île-de-France avec ses confrères Boudin, Corot, Daubigny, Français ou son élève Harpignies. Son goût pour l'observation directe l'inscrit alors pleinement dans l'école réaliste de 1850. Décembre 2008, Glénat, 128 pages, illustré. 45 ¤. Jongkind, des Pays-Bas au Dauphiné. Ouvrage collectif, sous la direction de Chantal Spillemaecker, directrice du Musée Hector-Berlioz Peintre de la Hollande ou de Paris, Johan Barthold Jongkind est considéré comme le « précurseur de l'impressionnisme en France ». Lumière argentée d'un clair de lune, marines aux horizons bas de la mer du Nord, scènes au fil de l'eau sur la côte normande, sa peinture s'inscrit dans la tradition des paysages hollandais et ouvre la porte de la modernité. Les plaines et collines du Dauphiné, dominées par les névés des sommets alpins, sont le dernier décor de la vie du peintre. Là, sur les terres d'Hector Berlioz, Jongkind développe, grâce à l'aquarelle, une étonnante liberté stylistique et signe des œuvres qui frappent d'éblouissement. Juin 2009, Libel, 152 pages, illustré. 25 ¤. Jules Flandrin, Examen sensible. Oeuvres de 1889 à 1914. Marie-Amélie Senot-Tercinet Natif de Corenc, Jules Flandrin (1871-1947) est, dans la première partie du XXe siècle, le plus connu des artistes dauphinois. Il offre l’image d’un homme partagé – dans sa vie comme dans son œuvre – entre art du passé et modernité. En abordant la première partie de sa carrière cet ouvrage dévoile un panorama particulièrement riche et documenté de la diversité du travail du maître entre 1889 et 1914, ainsi que des influences qui guident sa palette. Novembre 2008, Libel, 103 pages, illustré. 20 ¤.
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La Bataille de Jarrie, 1587 Robert Aillaud Dans le contexte des guerres de Religion et dans une situation politique particulièrement compliquée se déroule une bataille qui mêle des milliers d’hommes et notamment de nombreux mercenaires suisses. Robert Aillaud est parti à la recherche des indices les plus ténus pour tenter de reconstituer l’histoire de cet affrontement. Novembre 2008, Robert Aillaud, 80 pages, 15 ¤ La Pierre et l’Écrit, n° 19 Revue d’histoire et du Patrimoine en Dauphiné Des inscriptions latines de Vienne aux analyses des dernières élections municipales et cantonales, en passant par le parcellaire de Roybon ou encore les carreaux de ciment polychromes, ce sont plus de 2 000 ans d’histoire qui de nouveau sont franchies avec comme toujours le désir profond d’associer les différentes facettes archéologiques et historiques de la connaissance. Janvier 2009, Patrimoines de l’Isère, culture, histoire, 256 pages, 31 ¤ La route Napoléon Christian Sadoux Alternative touristique à l’axe autoroutier de la vallée du Rhône, la route Napoléon allie la beauté des paysages au souvenir d’une remarquable épopée. Prélude à un bref retour au pouvoir de l’Empereur, son parcours est ponctué d’épisodes historiques où se révélèrent les qualités d’organisateur, de stratège et de psychologue qui habitaient Napoléon. Mai 2009, Le Dauphiné Libéré, collection Les patrimoines, 50 pages, 7 ¤ Le Château des Dauphins, Beauvoir-en-Royans Annick Clavier Beauvoir fut pendant la première moitié du XIVe siècle, l’une des résidences favorites des dauphins de Viennois qui y bâtirent un château prestigieux et fondèrent le couvent des carmes. Tombé dans l’oubli après la cession du Dauphiné au Royaume de France, il faut attendre le début du XXe siècle et l’action de César Filhol pour que le château soit protégé et restauré. Juin 2009, Patrimoine en Isère, (nouvelle édition revue et augmentée), 64 pages 13 ¤ Les Allobroges Jean-Pascal Jospin, conservateur au Musée dauphinois chargé de l’archéologie Qualifiés par les conquérants romains de « farouche peuplade », les Allobroges illustrent mieux que toute autre tribu gauloise la résistance à l’envahisseur. Très vite cependant, ils vont adopter la civilisation romaine, jusqu’à participer à son organisation et à son développement sur le territoire rhônalpin, autour de Vienne leur capitale. Février 2009, Le Dauphiné Libéré, collection Les patrimoines, 50 pages, 7 ¤ Lustucru de Grenoble Témoignages recueillis par Hervé Bienfait, sur une idée de Jean-Pierre Charre Lustucru, ce n’est pas seulement un festival d’images publicitaires, des camions au damier bleu, des rayons de magasins et des plats de pâtes. Lustucru c’est une histoire,
une mémoire humaine pétrie de liens, conflictuels ou solidaires, d’esprit d’entreprise et d’innovation, d’amour du travail, d’exigence de justice, de foi en l’homme. Un livre de témoignages riche d’une importante iconographie documentaire et publicitaire. Mars 2009 - deuxième édition, Patrimoine en Isère, 110 pages, illustré. 25 ¤. Marc Pessin, Regards sur l’œuvre Ouvrage collectif coordonné par Cesaltina Gama, responsable de la Bibliothèque d’étude et d’information de Grenoble. Artiste aux talents divers et à l’œuvre protéiforme, Marc Pessin a produit de très nombreux livres, éditant plus de cent cinquante auteurs, poètes pour la plupart. Mettant en lumière les talents multiples du graveur, de l’illustrateur et de l’éditeur, universitaires et écrivains commentent les différentes facettes de son travail artistique rigoureux et soulignent l’imaginaire de celui qui s’est fait au fil du temps entomologiste, botaniste, archéologue… L’ouvrage fait une large part à l’image et présente gravures, manuscrits, calligrammes, objets, céramiques et photographies. Avril 2009, Patrimoine en Isère, 160 pages, illustré. 47 ¤ Rose Valland, résistante pour l’art Frédéric Destremau L’aventure de Rose Valland n’est pas commune. Modeste attachée de conservation au Musée du Jeu de Paume à Paris quand les occupants nazis organisent le pillage systématique des collections publiques et privées et font de ce lieu leur grand « centre de triage », elle consigne avec une rare précision la nature et l’identité des œuvres, leur origine et, autant que possible, leur lieu de destination en Allemagne. Sitôt le territoire libéré, elle accompagne les armées alliées pour tenter de retrouver ces œuvres sur le territoire allemand et les restituer à leurs propriétaires. Décembre 2008, Patrimoine en Isère – Musée de la résistance et de la déportation. 140 pages, illustré. 15 ¤. Quand le parfum portait remède Annick Le Guérer / Daniela Andrier et Dominique Ropion , parfums Jardins des cloîtres, jardins des princes, voilà deux espaces à première vue bien différents. Pourtant, malgré cette opposition évidente, un point les réunit : tous laissent une place importante aux plantes médicinales. Dans ces jardins sont cultivées quantités d’herbes aromatiques, de fleurs, de racines, qui servent à confectionner les compositions odorantes qui, du Moyen Âge au XIXe siècle, vont constituer l’essentiel de la pharmacopée. Cet ouvrage « parfumé » vient en prolongement de l’exposition présentée au Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye. Juin 2009, Editions du Garde-Temps, 96 pages, 29 ¤ Villeneuve, vues dedans ! Jean-Sébastien Faure A travers les portraits de trente habitants du quartier de La Villeneuve (Grenoble), dresser le portrait d’un quartier vu de l’intérieur. 15 hommes et 15 femmes, jeunes et moins jeunes, de toutes cultures ethniques, sociales et religieuses, se sont prêtés à une expérience photographique : se faire prendre en photo dans leur quartier puis photographier à leur tour, avec l’aide technique de Jean-Sébastien Faure, un lieu de la Villeneuve. Juin 2008, PUG, 72 pages, illustré, 20 ¤
Le château de Vizille vu depuis le parc Gustave Margain, Victor Muzet (1858–1859) Grand format Fonds Georges Flandrin, Collection Musée dauphinois. Construit par le duc de Lesdiguières entre 1600 et 1620, une partie du château est, à la date de la photo, occupée par un atelier d’impression sur étoffes. Les prairies du parc sont utilisées pour le séchage des calicots comme on peut le voir ici.
PATRIMOINE EN ISÈRE LE JOURNAL N°22. 40 pages Septembre 2009 Conseil général de l’Isère 7, rue Fantin Latour 38031 Grenoble cedex 1 04 76 00 31 21 http://www.isère-patrimoine.fr Directeur de la publication : Jean Guibal Rédactrices en chef : Hélène Piguet et Béatrice Ailloud Contributeurs : Gaël Astier, Hélène Bocard, Marie-Françoise Bois-Delatte, Anne Cayol-Gerin, Dominique Chancel, Renée Colardelle, Emmanuelle Devaux, Karen Faure-Conte, Hélène Féger, Sabine Gely, Ghyslaine Girard, Cécile Gouy-Gilbert, Laurence Huault-Nesme, Valérie Huss, Isabelle Lazier, Géraldine Moccelin-Spicuzza, Gaëlle Pelletier, Agnès Jonquères, Jean-Louis Roux, Georges Salamand, Chantal Spillemaecker, Annie Thomasset, Olivier Tomasini, Catherine Venturini, Hélène Viallet, Sylvie Vincent. Conception graphique : ericleprince.com Tirage : 10 000 ex Dépôt légal 3eme trimestre 2009 ISSN : 1269-3227 Crédits photos : Archives départementales de l’Isère, Stéphane Bertrand, Bibliothèque municipale de Grenoble, Christian Chevallier, Mathilde Darel, René Dusserre, Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble, Jean-Pierre Gobillot, Eric Hurtado, Philippe Le Bihan, Maison de la photographie et de l’image, Musée de l’Ancien Evêché, Musée archéologique-église Saint-Laurent, Musée dauphinois, Musée Hébert, Musée de la Houille blanche, Jean-Pierre Nicollet, Christian Rausch, Sébastien Secchi, Service patrimoine culturel, Denis Vinçon En couverture : anonyme, vers 1880, Fonds Georges Flandrin, coll. Musée dauphinois - Eric Leprince, 2009 Beauvoir-en-Royans, les ruines de la chapelle gothique du château des dauphins
N°22 Sur le web : www.isere-patrimoine.fr www.ancien-eveche-isere.fr www.musee-dauphinois.fr www.musee-hebert.fr www.musee-hector-berlioz.fr www.musee-revolution-francaise.fr www.musee-saint-antoine.fr www.musee-viscose.fr www.resistance-en-isere.fr www.saint-hugues-arcabas.fr
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