prochaine exposition
agenda
Mémoire du génocide des Arméniens.
Clandestinité et faux-papiers pendant la Seconde Guerre mondiale
Année de l’Arménie 2006-2007
Un Martinérois raconte A partir du 25 avril 2007
un livre et une exposition La Direction de la culture et du patrimoine du Conseil général de l’Isère et la Direction du patrimoine de la Ville de Saint-Martin-d’Hères unissent leurs moyens pour porter à la connaissance de tous les mémoires de Yervant Der Goumcian, rescapé du génocide des Arméniens, et réfugié en France, dans la région grenobloise, vers 1920. Rédigés en arménien, ce manuscrit dont la Ville de Saint-Martin-d’Hères est dépositaire- , relate les événements tragiques de l’histoire des Arméniens d’Asie Mineure. Composé de plus de 1500 pages et de nombreuses illustrations (photographies, coupures de presse), ces mémoires couvrent la période des années 18801960, des prémices du génocide aux conditions d’existence de la diaspora, en Isère. La traduction et l’analyse de ce manuscrit ont été confiées à Raymond Kévorkian, conservateur de la Bibliothèque Nubar à Paris et l’un des meilleurs spécialistes de la langue et de l’histoire arménienne, en vue de leur publication, dans le cadre de l’année de l’Arménie, intitulée « Arménie mon amie ». Ce projet conduit avec la Ville de Saint-Martin-d’Hères, aboutira à une publication en avril 2007, dans la collection éditoriale du Musée dauphinois. En relation avec l’édition des mémoires de Yervant Der Goumcian, une exposition sera réalisée au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère et inaugurée le mardi 24 avril 2007. Une conférence sur le génocide et la diaspora sera aussi donnée dans ce cadre. ◗
Jeudi 28 septembre 2006 - 18h30 Rencontre avec Adolfo Kaminsky et Anne-Marie Mingat Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Mercredi 11 octobre 2006 - 18h30 Conférence de Georges Bensoussan autour de son ouvrage
Europe une passion génocidaire Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Georges Bensoussan. Jeudi 19 octobre 2006 - 18h30 Conférence-débat
Histoire de la franc-maçonnerie Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Roger Dachez, historien de la franc-maçonnerie, président de l’Institut maçonnique de France Jeudi 16 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat
La propagande antimaçonnique de Vichy : le film Forces occultes Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Projection présentée et commentée par Jean-Pierre Bertin-Maghit, historien, professeur d’études cinématographiques à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 Vendredi 17 novembre 2006 - 20h Projection de
Il faudra raconter (film de Daniel et Pascal Cling, 2005, 57 minutes) Amphithéâtre de l’IUFM : 30, avenue Marcelin Berthelot à Grenoble En présence de Daniel Cling et de Maurice Cling, l’un des quatre rescapés d’Auschwitz, présents dans le film. Organisée en partenariat avec Les Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation, les Amis de la Résistance-ANACR, les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et le Musée. Lundi 20 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre de la Journée internationale des Droits de l’Enfant
Janusz Korczak, premier défenseur des droits de l’enfant Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Daniel Halpérin, président de la Fondation Janusz Korczak.
Journées européenne du Patrimoine
Mercredi 29 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre du Centenaire de la réhabilitation du capitaine Dreyfus
Samedi 16 et dimanche 17 septembre 2006
La défense de Dreyfus
dans le quartier Mistral à Grenoble : ◗ Lancement de l’exposition itinérante “Comment en finir avec la colonisation – Histoire des Isérois d’origine algérienne” au Musée : ◗ projections en continu des films réalisés par Michel Szempruch et produits par le Musée Comme un vent de liberté. La libération de l’Isère. 20 août – 2 septembre 1944, (2004, 33 minutes) et Ils ont survécu (2005, 39 minutes) ◗ récits de la conteuse Claudie Rajon : “Les histoires de l’Histoire : un temps de guerre”, dimanche 17 septembre - 15h
Maison de l’avocat : 45, rue Pierre Sémard à Grenoble avec Vincent Duclert, Philippe Oriol et Simcha Epstein Jeudi 18 janvier 2007 - 18h30 Conférence-débat
La franc-maçonnerie iséroise de la IIIe République à l’Etat français Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Gil Emprin, professeur agrégé d’histoire, responsable du service éducatif du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Jeudi 8 février 2007 - 18h30 Conférence-débat
La franc-maçonnerie pendant l’Occupation Numéro – septembre 2006 Directeur de Publication : Jean-Claude Duclos Rédaction : Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos, Rémi Korman, Anne-Sophie Pico, Cécile Vargas Conception, réalisation : Pierre Girardier Crédits Photographiques : MRDI, Musée dauphinois, Aziz Sahiri Imprimeur : Imprimerie des Deux-Ponts Tirage : 3 000 ex. Dépôt légal à parution– ISSN en cours Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Ouvert tous les jours, de 9h à 18h, du 1er septembre au 30 juin (sauf mardi, de 13h30 à 18h et samedi, dimanche de 10h à 18h) et de 10h à 19h, du 1er juillet au 31 août (sauf mardi, de 13h30 à 19h). 14 rue Hébert – 38 000 Grenoble – tél 04 76 42 38 53 – fax 04 76 42 55 89 www.resistance-en-isere.fr L’entrée dans les musées départementaux est gratuite.
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Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par André Combes, président de l’Institut d’études et de recherches maçonniques, auteur de nombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie Du mercredi 7 mars au mercredi 14 mars 2007 Projection-conférence dans le cadre de la 6e édition du festival du film de résistance proposé par les Amis de la Résistance-ANACR
“La traque de l’affiche rouge” avec Denis Peschanski, historien lundi 12 mars 2007 - 18h30 Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble
n°5 septembre 2006
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Journal du Musée de la Résistance et de la Déportation & de la Maison des Droits de l’Homme
]
RÉSISTANCE
& DROITS DE L’HOMME
R I édito N I F N E T N E N O M I T M A O S C I N O L O C A L AVEC
Comme un plafond de verre…
l’exposition “ To ut ç a, ça a co m m e nc é parce qu’on a été colonisés.” Saâdia C’est sur ce témoignage que s’ouvre l’exposition Comment en finir avec la colonisation – Histoire des Isérois d’origine algérienne. On ne peut pas comprendre en effet l’immigration algérienne en Isère sans revenir au contexte colonial dans lequel cette migration s’inscrit et à la violence qu’il induit encore entre Français et Algériens. Les témoignages utilisés ont été recueillis parmi les matériaux de l’exposition D’Isère et du Maghreb-Pour que la vie continue, présentée au Musée dauphinois en 1999 et dans l’ouvrage de Paul Muzard, paru en mai 2006. Cette nouvelle présentation de la Maison/Musée a vocation à voyager dans le département. Les douze panneaux qui la composent proposent un cheminement à travers les dates et les thèmes qui permettent de comprendre les difficultés que rencontrent ces immigrés pour se loger, travailler, communiquer, rencontrer l’autre. Car ce dont il est question ici, c’est de repérer ce qui, dans le temps et au-delà de l’indépendance de l’Algérie, persiste insidieusement dans certains comportements et suscite toujours les stéréotypes, les ségrégations, le racisme…
Ainsi que cela fut écrit dès le premier numéro de ce journal, c’est dans la défense des Droits de l’Homme qu’est aujourd’hui reconnue l’actualité des valeurs de la Résistance. Et c’est ce postulat qui incita le Conseil général de l’Isère à demander que le projet d’une Maison des Droits de l’Homme soit instruit à partir du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. « Résistance & Droits de l’Homme » dont voici le cinquième numéro, doit en être l’expression et le lien réguliers. Aussi continuerons-nous à croiser ici, l’histoire récente et l’actualité, pour alimenter la réflexion sur la liberté, l’égalité et la solidarité. Bien que supposées fonder nos sociétés démocratiques, ces notions sont trop souvent remises en question, hélas, pour que la vigilance que nous tenons des résistants, ne nous incite pas, encore et toujours, à traquer l’inacceptable. Ainsi, par exemple, reste-t-il toujours aussi difficile d’aller au-delà des différences, de reconnaître l’autre soi-même qui réside toujours chez autrui, de se comprendre et de faire admettre par tous que les hommes naissent et demeurent égaux et libres, sans exception.
Ceci dit, il est un mal décidément tenace dans notre société, qui fait que des jeunes ont beaucoup plus de difficultés que d’autres à trouver leur place dans la société. Yamina Benguigui nomme plafond de verre cet obstacle invisible. Pourquoi, ce qu’il faut appeler par son nom, le racisme, continue-t-il d’empêcher certains de nos concitoyens de bénéficier des mêmes chances et des mêmes droits que les autres ? Parmi les injustices qui continuent de contrevenir aux principes des Droits de l’Homme, c’est à cette cause là que l’équipe du Musée de la Résistance / Maison des Droits de l’Homme veut apporter sa contribution. Elle s’associe en cela à l’Association « Algériens en Dauphiné » dont l’ouvrage de Paul Muzard, qu’elle vient de publier, Pour mémoire – Algériens en Isère , apporte à cette question de très utiles explications. Comme à l’habitude, c’est dans l’Histoire que des éclaircissements doivent être recherchés, et par le témoignage vérifié, que nous voulons tenter de les restituer. Le tout a pris la forme d’une exposition, modeste dans son aspect,
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l’exposition
Travailleurs nord-africains requis par le gouvernement français, Jarrie, octobre 1916, coll. Musée dauphinois
Percement de la chaussée par des ouvriers maghrébins, Grenoble, années 1960, C. Mabille et H. Parise, coll. Musée dauphinois
“Tout ça, ça a commencé parce qu’on a été colonisés.” Saâdia Chacun des panneaux de l’exposition est conçu à partir d’un témoignage, prolongé lui-même d’une explication historique et de photographies qui montrent les hommes et les femmes qui, depuis la Première Guerre mondiale ont quitté l’Algérie pour venir travailler en Isère. Soumis à des conditions de vie difficiles, ces hommes et ces femmes se heurtent à un racisme récurrent que leurs enfants subissent aujourd’hui encore. Ces Français, nés de l’immigration, revendiquent leurs origines et luttent contre les discriminations. Chaque panneau aborde un aspect particulier de leur histoire afin de comprendre leurs difficultés d’aujourd’hui : Etre colonisé, Partir, Vivre, S’installer tout de même, Se faire aider, Lutter pour l’Indépendance, … mais à quel prix, Naître en Isère, Revendiquer ses origines, Etre reconnu. Comprendre l’histoire de l’immigration et chercher des voies pour lutter contre le racisme et les discriminations, telle est le cheminement que propose l’exposition. ◗ L’exposition sera présentée lors des journées européennes du Patrimoine, les 16 et 17 septembre 2006 dans le quartier Mistral à Grenoble en partenariat avec la Maison pour tous.
Expérience de vie(s)
Accueillir l’exposition Le prêt de l’exposition En finir avec la colonisation – Histoire des Isérois d’origine algérienne est gratuit. Les douze panneaux mesurent 70X100cm. Pour plus de renseignements : tél. 04 76 42 38 53 ou mdh@cg38.fr
Petite fille dans un immeuble délabré abritant des familles de travailleurs immigrés, Grenoble, années 1960, photo. C. Lecocq, coll. Musée dauphinois
Le 2 décembre dernier, une journée d’études intitulée Etablir l’histoire de l’immigration algérienne en Isère avait rassemblé historiens, témoins et acteurs de la période au Musée dauphinois. C’est à cette occasion que Brahim Felahi a confié son témoignage. En attendant que les actes de ce colloque soient mis en ligne, dès l’automne, en voici quelques extraits.
« Une fois j’ai demandé à ma mère pourquoi les colons étaient plus riches que nous. Sa réponse est restée en moi, elle m’a dit : le paradis du colon, c’est aujourd’hui et le nôtre, c’est pour demain. En 1954, j’ai voulu partir en France pour gagner de l’argent avec la certitude de mettre fin à cette misère ; j’ai toujours connu des colons en Algérie et le reste du monde pour moi, c’était la France. Mon père m’avait signé une autorisation pour quitter l’Algérie ; j’avais cinq amis qui vivaient en France. Pour les rejoindre, j’ai utilisé les enveloppes des lettres qu’ils nous avaient envoyées. Les adresses écrites sur ces enveloppes m’ont servi à demander mon chemin une fois arrivé en France. Quand je suis arrivé chez mes amis, nous nous sommes rendus dans un café
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tenu par un Algérien de ma région et il m’a proposé de me nourrir et de me loger. J’ai dormi sur les tables de son bar ; en échange je lui avais promis de lui payer une fois que j’aurais trouvé du travail, ce qui n’a pas tardé malgré beaucoup de difficultés. J’avais bien remarqué aussi qu’il y avait au moins deux catégories d’Algériens : les Algériens illettrés qui venaient des campagnes et les Algériens qui parlaient un peu mieux le français. J’ai eu d’autres humiliations, comme une fois je me suis trompé en remplissant un sac de charbon avec une autre qualité de charbon. Quand le patron s’en est aperçu, il m’a giflé. J’ai rien dit mais le patron était comme un colon à ce moment-là. Je me suis dit que je m’étais peut-être trompé sur l’image de la France. Mais en 1956, […], nous étions tous devenus des Algériens unis et frères ; les événements internationaux étaient des difficultés en plus à assumer pour les Algériens en France. J’ai compris le regard que les Français portaient sur nous, c’était très négatif de leur part, nous étions mal vus en tant qu’Arabes à ce moment-là. J’ai pris conscience qu’on me considérait comme un
édito (suite) afin qu’elle circule partout, mais très ambitieuse dans son contenu puisqu’elle doit expliquer pourquoi les idées qui inspirèrent le colonialisme restent la cause du racisme dont souffrent aujourd’hui les descendants des colonisés. Parce qu’il nous semble temps de tourner la page de cette histoire dont ne sont responsables aujourd’hui que ceux qui continuent de témoigner de comportements racistes, et parce que convenons-en, ceux qui les subissent, parmi nous, sont surtout d’origine algérienne, nous l’avons appelée : « COMMENT EN FINIR AVEC LA COLONISATION – Histoire des Isérois d’origine algérienne ». Au point de rencontre de l’action d’un Musée de la Résistance, dont la mission est aussi d’en porter les valeurs, et d’une Maison des Droits de l’Homme dont beaucoup ont souhaité qu’elle fonctionne comme un Centre de veille, cette exposition itinérante, claire et facile d’accès, devrait contribuer à développer des échanges qui, sur ce sujet, demeurent encore difficiles.
Logements de travailleurs immigrés, Grenoble, années 1960, C. Mabille et H. Parise, coll. Musée dauphinois
L’exposition “Rester libres”, présentée au Musée dauphinois à partir du 9 décembre prochain proposera, comme nous l’avions indiqué dès l’annonce de la création de la Maison des Droits de l’Homme, une exploration de chacune des luttes pour la liberté, des Allobroges à aujourd’hui et en resituera toutes les causes dans le temps long de l’histoire locale. Les discussions que ne manqueront pas de susciter ces expositions, tant à propos du racisme que des luttes d’hier et d’aujourd’hui, devront contribuer à l’édification de la Maison des Droits de l’Homme. ◗
C H R O N O L O G I E D E L A POLITIQUE D ’IMMIGRATION E N FR A N C E D E P U I S 1945 Arabe et non pas comme un Français. En 1962, je me trouvais en Algérie, la situation était déplorable, principalement à cause du chômage et de la misère. La misère dans laquelle se trouvaient mon père et ma famille était insupportable. Les employeurs potentiels étaient français mais n’étaient plus présents en Algérie, suite à l’Indépendance. Il y avait des emplois possibles dans l’administration algérienne car il y avait beaucoup de structures à mettre en place. Malheureusement, mon illettrisme ne m’a pas permis d’accéder à certains postes, j’ai donc travaillé encore quelques temps en tant que manœuvre dans les chantiers des ponts et chaussées avec pour salaire des sacs de farine envoyés par les Américains pour aider l’Algérie. Ma situation financière a été misérable comme beaucoup d’autres dans mon cas. Il a fallu que je retourne en France pour aider mon père et ma famille. En 1964, je suis reparti en France pour travailler et économiser de l’argent pour la deuxième fois. C’est la misère qui me pousse à venir en France. Je suis parti en France pour un an et aujourd’hui ça fait quarante ans que je vis ici. » ◗
1914-1918 : Participation des travailleurs coloniaux à l’effort de guerre sur le territoire national Années 20 : Recrutement massif des travailleurs étrangers, notamment algériens, par le patronat français Années 30 : Crise économique et arrêt temporaire de l’immigration 1939-1945 : Participation des troupes coloniales à la Seconde Guerre mondiale 1960 : Mise en place de la procédure de contrôle de l’entrée en France et de régularisation au titre du regroupement familial 1974 : Suspension de l’immigration de travail 1980 : La loi Bonnet du 10 janvier fait de l’entrée et du séjour irréguliers des motifs d’expulsion 1981 : Régularisation des étrangers en situation irrégulière, entrés en France avant le 1er janvier 1981 et pouvant produire un contrat de travail : 132 000 régularisations 1984 : Création de la carte de résident, valable 10 ans et renouvelable de plein droit 1986 : 1ère loi Pasqua qui restreint les conditions de séjour et facilite les reconductions à la frontière 1993 : 2ème loi Pasqua sur la “maîtrise de l’immigration” 1997 : Loi Debré qui encadre strictement la régularisation des sans-papiers 1997-1998 : Régularisation Chevènement : 80 000 personnes régularisées dont des conjoints de Français ou d’étrangers en situation régulière, des déboutés du droit d’asile que le retour dans leur pays exposeraient à des risques sérieux, des étrangers suivant un traitement médical lourd et des étudiants 2003 : Loi Sarkozy sur la “maîtrise de l’immigration”. Renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine et suppression de l’asile territoriale 2004 : Devant les expulsions d’enfants sans papiers scolarisés, création du réseau de soutien Education sans frontières rassemblant des enseignants, des personnels de l’Education nationale, des parents d’élèves, des éducateurs, des collectifs, des syndicats et des organisations attachées à la défense des droits de l’homme Juin 2006 : Loi Sarkozy sur l’immigration. Concept “d’immigration choisie” La loi rend plus difficile les mariages mixtes, le regroupement familial désormais lié à des conditions de ressources de travail et des conditions de logement. Elle abroge la régularisation de plein droit des clandestins sur le territoire depuis plus de dix ans pour y substituer une régularisation au cas par cas par les préfets, après avis des maires. En réaction à la loi, une mobilisation importante autour des enfants scolarisés et de leurs familles menacés d’expulsion à la fin de l’année scolaire aboutit à la régularisation de plusieurs centaines de familles.
sources : Le Monde, 7 juin 2006 & AFP
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Interview
Retour sur une expérience quotidienne du travail de mémoire Pour mémoire 1945-2005 Algériens en Dauphiné , l’ouvrage Pour mémoire, Paul Muzard vient de publier avec l’Association Algériens en Dauphiné, Algériens en Isère 1940-2005.. Après des études religieuses, il choisit finalement d’accompagner les personnes qui ont des conditions de vie difficiles et devient animateur socio-culturel dans des associations grenobloises. D’origines diverses, il les suivra dans leurs expériences d’immigrés en France, puis de Français d’origine algérienne. Remettant en cause les mentalités colonialistes de l’époque et les persistances de la violence coloniale aujourd’hui, il a toujours été guidé par le besoin de rencontrer l’autre dans une relation d’équité.
Qu’est ce qui vous a amené à rencontrer les Algériens dans les années 1950 ? Au milieu des années 1950, arrivé dans le quartier Notre-Dame, je me suis trouvé implanté dans un quartier cosmopolite ; j’ai fait connaissance avec les Italiens dont les uns étaient originaires de Corato (dans les Pouilles) et plus récemment arrivés, des Siciliens. Peu à peu j’ai été amené à rencontrer des Algériens dont la culture était bien plus éloignée de la nôtre mais avec laquelle je me familiarisais peu à peu. Quelques années après, je suis allé soigner une tuberculose au sanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet. C’est celui où il y avait le plus d’Algériens. J’ai vécu neuf mois là en proximité avec ces derniers, découvrant un monde de colonisés, très pauvre, démuni, analphabète le plus souvent, de culture arabo-musulmane, avec ses traditions. Comme j’avais commencé à apprendre l’arabe pour une meilleure rencontre, j’ai continué dans un contexte très favorable. Au bout de 9 mois je suis sorti, puis j’ai travaillé à mi-temps parce que j’avais été embauché onze mois, avant de
rentrer au sanatorium, par l’association qui travaillait avec les Algériens. Est-ce que le terme d’accompagnateur social de l’immigration vous convient pour définir votre travail ? L’éducation, ce n’est pas dire ce qu’il faut faire ou quelle orientation à prendre. La personne peut le découvrir par elle-même. Ma volonté, c’est d’aider les gens à se déterminer par rapport à ce qu’ils vivent. Pour la population d’origine algérienne, il fallait mettre en place des structures qui leur permettent de participer et de trouver leur place dans la société et d’évoluer socialement, dans le travail par exemple, ou par rapport à leur logement. Alors c’est vrai on peut me voir comme un accompagnateur. Pourquoi avoir décidé d’écrire un ouvrage sur votre mémoire de l’immigration algérienne en Isère ? J’ai eu envie et besoin aussi de reconnaître le travail accompli par ces hommes et ces femmes pour le développement de la France
dans des conditions de vie et de travail infériorisantes. A l’école de l’immigration algérienne, au quotidien, on mesure l’horreur du racisme, les souffrances qu’il engendre et qui touche même ceux qu’on désigne encore comme des immigrés alors qu’ils relèvent de la 3e ou 4e génération. C’était une nécessité de témoigner du besoin de se dire, de rencontre, de vivre ensemble, de reconnaissance. Qu’est-ce qui vous a guidé en tant que militant ? Les Droits de l’Homme ? Ce qui a guidé mes engagements pour les Droits de l’Homme ? J’hésite à parler en ces termes car je trouve que nous n’avons pas assez parlé, défini, certaines revendications et certains droits comme les Droits de l’Homme. Je pense en particulier à tout ce qui relève de la mémoire ouvrière. L’arrêt du travail des enfants, c’était les Droits de l’Homme. La santé du travailleur, c’était les Droits de l’Homme. Et quand maintenant, le gouvernement rétablit le travail de nuit pour les gosses de quinze ans, ce sont des
Paul Muzard
Manifestation contre le racisme, Grenoble, 1973, coll. Musée dauphinois
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prochainement
Rester libres Les expressions de la liberté, des Allobroges à nos jours L’exposition Rester libres marquera une étape importante de la réflexion menée depuis quatre ans par le Conseil général, via le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, pour l’édification d’une Maison des Droits de l’Homme. Son programme relie en effet la présence, aujourd’hui, en Isère, de plus de deux cents associations engagées dans tous les champs de la solidarité à l’histoire longue des luttes pour la liberté dans les Alpes dauphinoises. La population des Alpes dauphinoises serait-elle ainsi prédisposée, par son histoire, à lutter mieux que d’autres pour la liberté et la démocratie ? La montagne rendrait-elle libre, comme on aime à le dire ici?
Y aurait-il, plus qu’ailleurs, des comportements d’exception ? Dans quelle réalité historique s’ancrent les mythes, quelle relation les unit et quels rôles jouent-ils dans la capacité dont témoigne la population à s’insurger, aujourd’hui, contre l’injustice, la misère ou le racisme ? Telles sont les questions auxquelles l’exposition Rester libres tente de répondre en abordant chacune des périodes de l’histoire où des habitants de la région dauphinoise auraient combattu pour les droits fondamentaux ou innové dans cette lutte. Rester libres est présentée au Musée dauphinois, à partir du 9 décembre, dans le cadre des activités de son centenaire, et durant toute l’année 2007.
Cent ans de luttes pour la défense des Droits de l’Homme en Isère Accompagnant ce travail, une importante collecte de témoignages a été menée auprès de ceux qui animent ou ont animé le tissu associatif local. Ces entretiens mettent en lumière tant l’histoire des associations que les engagements et l’expérience des militants. Traversant le siècle, les récits recueillis retracent les nombreuses luttes pour la liberté dans le département : la lutte contre la peine de mort, pour les droits de la femme, les droits de l’enfant, les droits des étrangers, les droits des malades, la lutte contre l’exclusion et contre la misère, le droit à l’éducation et à la culture, les droits des travailleurs, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la lutte pour la paix et la solidarité internationale. Autant d’histoires qui trouveront partiellement leur place dans la dernière partie de l’exposition et dont les enregistrements seront bien sûr intégralement archivés dans les collections du musée.
Affiche, 1978, coll. Mouvement français pour le planning familial
Droits de l’Homme qui sont mis en question. Mais on ne les désigne pas ainsi, mais le situer dans « les Droits de l’Homme » ça contribue à valoriser les droits. Je pense que tout le travail que nous avons fait et que nous continuons de faire est essentiel notamment pour les Algériens parce que je pense que ce sont les derniers des derniers au niveau des droits, toujours considérés comme une immigration coloniale ou post-coloniale et que nous traînons face à tout ce qu’ils subissent des relents de la colonisation. Dire que la colonisation est terminée est une réalité historique mais la décolonisation est inachevée parce que beaucoup de mentalités demeurent imprégnées d’un racisme qui remonte à la colonisation. La colonisation de l’Algérie a duré 132 ans, un aussi long temps laisse inévitablement des traces. ◗
Cours Berriat à Grenoble, 13 mai 1968, fonds Pierre Lami, coll. MRDI
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zoom
Le cercle Bernard Lazare Cette association grenobloise propose, aux côtés du Musée, quatre rendez-vous à l’automne. C’est en avril 1981, après une dizaine d’années de travail, que le Cercle Bernard Lazare de Grenoble naît officiellement, sous la forme d’une association loi 1901. Ouvert à tous, il a pour but la promotion d’une culture juive laïque et progressiste. Il est également adhérent au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). La référence à la personnalité de Bernard Lazare, écrivain, journaliste, anarchiste et défenseur du capitaine Dreyfus est à rapprocher de l’objectif que s’est fixé l’association et permet de mieux comprendre la philosophie qui guide ses actions. La mémoire et l’histoire de la Shoah, la défense des Droits de l’Homme, la laïcité, les communautarismes, l’intégration, autant de sujets qui font débat aujourd’hui et sur lesquels le Cercle Bernard Lazare a engagé une réflexion à travers l’organisation de différentes manifestations, de coIloques, de conférences, d’expositions, et même de fims, tel Oublie ton nom, régulièrement diffusé au musée. Le CBL organise également chaque automne, depuis 12 ans, un festival de culture juive qui fait une grande place à la musique qu’elle soit yiddish, classique ou contemporaine, sépharade ou judéo-arabe, mais aussi à la littérature et au théâtre juifs. ◗
Pour plus d’informations www.cbl-grenoble.org contact@cbl-grenoble.org
Bernard Lazare
Né, en 1865, dans une famille juive assimilée, Bernard Lazare, journaliste, critique littéraire, ami des symbolistes et des libertaires, prend conscience de son identité juive après la lecture du brûlot antisémite de Drumont, La France juive. Il décide alors d’assumer sa judéité de manière “active, positive et légitime”. Il répond à Drumont en publiant en 1894, L’antisémitisme, son histoire, ses causes. En 1895, il est le premier à prendre la défense du capitaine Alfred Dreyfus, condamné à l’unanimité par le Conseil de guerre le 22 décembre 1894, pour espionnage au profit de l’Allemagne, à la déportation perpétuelle et à la dégradation militaire. Il écrit alors sa brochure Une erreur judiciaire, la vérité sur l’affaire Dreyfus qui suscite une vive émotion dans les milieux littéraires et dont la lecture convainc Emile Zola de se lancer dans la bataille. Peu après, Bernard Lazare s’engage dans le mouvement sioniste et voyage en Europe centrale où il prend la défense des Juifs opprimés. Il meurt en 1903, à l’âge de 38 ans.
Janusz Korczak et les droits de l’enfant La Convention des Droits de l’Enfant de 1989 peut être considérée comme un héritage direct de la pensée de Janusz Korczak. Il a en effet appelé de ses vœux une sorte de charte solennelle (“Magna Charta Libertatis”) dès le début du XXe siècle. Son oeuvre fourmille d’indications éparses sur les droits particuliers qui lui tenaient le plus à cœur. Selon Korczak, l’enfant a droit : à l’amour, au respect, aux conditions les meilleures pour sa croissance et son développement, à vivre dans le présent, d’être lui-même ou elle-même, à l’erreur, d’avoir des secrets, d’être pris au sérieux, d’être apprécié pour ce qu’il est, de désirer, de réclamer, de demander, à “un mensonge, une tromperie, un vol occasionnels”, que l’on respecte ses biens et son budget, à l’éducation, de résister aux influences éducatives qui entrent en conflit avec ses croyances, de protester contre une injustice, d’avoir un Tribunal des enfants où il peut juger et être jugé par ses pairs, d’être défendu dans un système de justice spécialisé dans l’enfance, que l’on respecte son chagrin, de mourir. Source : site de la Fondation Janusz Korczak (www.aidh.org/korczak)
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Les rencontres proposées en partenariat avec le Cercle Bernard Lazare
Rencontre avec Adolfo Kaminsky et Anne-Marie Mingat Clandestinité et faux-papiers pendant la Seconde Guerre mondiale Jeudi 28 septembre 2006 - 18h30 Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble La vie d’Adolfo Kaminsky est de celles que l’on lit habituellement dans les romans. Né en 1925 dans une famille juive émigrée en France, laissé orphelin par la guerre, il entre dans la sixième section de l’UGIF (l’Union générale des Israélites de France) où il fabrique des faux papiers principalement destiné aux enfants juifs. Son activité de “faussaire” ne cesse pas pour autant avec la fin de la guerre : les quotas imposés par les Britanniques pour les migrants vers la Palestine, la guerre d’Algérie puis les mouvements nationalistes d’Amérique du Sud, ou d’Afrique lui donneront encore l’occasion d’exercer ses talents jusqu’en 1970. Anne-Marie Mingat, quant à elle, était secrétaire de Mairie à Domène. Profitant de son statut, elle a falsifié de nombreux documents pour sauver des familles juives. Elle est titulaire de la médaille de Juste pour avoir caché chez elle et sauvé une petite fille juive.
Conférence de Georges Bensoussan autour de son ouvrage : Europe une passion génocidaire Mercredi 11 octobre 2006 - 18h30 Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Pourquoi et comment, le XIXe siècle européen, celui de la raison, de la science et du progrès humain, a-t-il engendré un XXe siècle totalitaire et exterminateur dont la Shoah constitue l’aboutissement ? Telle est la question à laquelle Georges Bensoussan tente de répondre dans son livre Europe une passion génocidaire. Essai d’histoire culturelle, paru en avril 2006 (éd. Mille et une nuits). Georges Bensoussan est professeur d’histoire à Paris, rédacteur en chef de la Revue d’Histoire de la Shoah (CDJC). Il a écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire de la Shoah et l’histoire du sionisme.
Conférence-débat Janusz Korczak, premier défenseur des droits de l’enfant onale Lundi 20 novembre 2006, 18h30, Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble
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Médecin-pédiatre et écrivain, Janusz Korczak (1878-1942) était en Pologne avant guerre, la personnalité la plus en vue et la plus respectée dans le domaine de l’enfance. Il est déporté à Treblinka en 1942, avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’a pas voulu abandonner et avec lesquels il meurt gazé. Il est également le précurseur de la Convention internationale des Droits de l’enfant dont il exigeait l’élaboration depuis le début du XXe siècle. Avec, Daniel Halpérin, président de la Fondation Janusz Korczak.
Conférence - débat La défense de Dreyfus Mercredi 29 novembre 2006 à 18h en partenariat avec le CRIF
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Maison de l’avocat : 45, rue Pierre Sémard à Grenoble En 1894, Alfred Dreyfus, capitaine de l’armée française et juif est accusé de trahison au bénéfice de l’Allemagne, dégradé et condamné à la déportation à vie. Le 12 juillet 1906, la cour de cassation le réhabilite. Entre ces deux dates, partisans et adversaires de Dreyfus s’affrontent violemment dans une ambiance antisémite. Si le J’accuse ! de Zola, paru dans l’Aurore du 13 janvier 1898 est demeuré célèbre, il ne doit pas cacher l’engagement d’un petit groupe d’intellectuels qui n’aura de cesse de faire éclater la vérité. C’est donc à la défense de Dreyfus qu’est consacrée cette soirée organisée tout naturellement en partenariat avec la Maison de l’Avocat. avec, Vincent Duclert, agrégé d’histoire, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et auteur de nombreux ouvrages sur l’affaire Dreyfus, Philippe Oriol, historien et enseignant à Paris III. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le mouvement ouvrier. Il a également publié une biographie de Bernard Lazare et un ouvrage consacré au J’accuse d’Emile Zola et Simcha Epstein, chercheur au Centre Vidal Sassoon d’étude de l’antisémitisme.
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