Résistance & Droits de l'Homme n°3

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n°3 av r il 2006

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Journal du Musée de la Résistance et de la Déportation & de la Maison des Droits de l’Homme

]

RÉSISTANCE

& DROITS DE L’HOMME

édito Hasardeux ou essentiel ?

l’expo Droit de regards L’exposition photographique de Julio Pantoja, « Les enfants, Tucuman, vingt ans après », visible du 6 avril au 8 mai, est avant tout une histoire de regards. Celui d’un photographe, face à ceux des enfants des « disparus » de la dictature, pesants et incandescents, qui semblent attendre des réponses. « J’ai toujours été sûr qu’il devait y avoir un dénominateur commun entre ceux qui, étant d’une même génération, étaient passés par des souffrances similaires, harcelés par le terrorisme d’Etat. Et si le lien était de la vie même, ceci devait trouver une corrélation dans les images. » La quête de Julio Pantoja, auteur des photographies présentées dans l’exposition « Los Hijos, Tucumán, veinte años después » (« Les enfants, Tucuman, vingt ans après ») est donc une quête des similitudes. Celle qui trouve son origine dans une béance en premier lieu : tous ceux dont les portraits ont été réalisés ont grandi dans l’absence de l’un ou de leurs deux parents, « disparus » entre 1975 et 1983, dans la province de Tucuman. Et celle qui persiste, dans la ressemblance parfois évidente, entre les deux générations. Les photographies des parents disparus sont

Voir en un seul lieu, comme ce fut le cas de décembre à mars dernier, une exposition sur la tragédie tchétchène et une présentation sur la Deuxième Guerre mondiale en Isère, incite aux rapprochements. Doit-on s’en offusquer? Faut-il prévenir d’éventuels amalgames, prier les visiteurs d’éviter toute comparaison, sous peine d’égarement, ou peut-être même renoncer ? Ou est-il préférable d’en tirer parti, sans rien omettre bien sûr des différences de chacune des situations en relation mais en mettant en parallèle ce que l’une et l’autre, hier et aujourd’hui, ont d’inacceptable ? Nous n’avons jamais refusé d’aller dans cette dernière voie, en dépit des embûches dont elle est semée. D’une part parce que l’exposition des photographies de Maryvonne Arnaud sur la Tchétchénie a attiré de nouveaux visiteurs, jeunes pour la plupart, qui, souvent, ont aussi cheminé dans les étages du Musée, découvert une histoire qu’ils ne connaissaient pas ou peu, s’y sont intéressés et reviendront peut-être. Mais aussi parce que cette direction nous paraît conforme à celle que s’étaient déjà donnés les fondateurs du Musée. Refusant en effet decantonner la Résistance à la période des années 1940 – 1944, ils tenaient déjà à en faire valoir l’intemporalité du sens et des valeurs. Nous avons même pu constater, lors du colloque franco-italien qui s’est déroulé à Turin et Grenoble, en novembre 2005 sur le devenir des musées alpins de la Seconde Guerre mondiale (et sur lequel nous reviendrons à la parution prochaine des actes) qu’aucun de leurs responsables ne remettait ce but en cause. Par ailleurs, beaucoup des visiteurs étrangers du Musée nous envient la possibilité de le faire. A l’occasion des conférences qui se sont succédées sur la Tchétchénie avec le partenariat du Comité Tchétchénie de Grenoble, nous recevions en janvier dernier Aude Merlin, politologue, spécialiste du Caucase et collaboratrice de Daniel Mermet (France-Inter) et Moussa Basnoukaev, universitaire tchétchène, résidant actuellement à Paris. Moussa Basnoukaev en visitant longuement le Musée n’a cessé d’y évoquer la Tchétchénie. Chacun des épisodes

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