n°7 octobre 2007
ROMPRE LE SILENCE MEMOIRES DE CHÔMEURS ET PRECAIRES EN ISERE 1975-2007 l’exposition L’exposition Rompre le silence. Mémoires de chômeurs et précaires en Isère, 1975 – 2007, présentée au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère - Maison des Droits de l’Homme du 26 octobre 2007 au 7 avril 2008, est avant tout le fruit
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Journal du Musée de la Résistance et de la Déportation & de la Maison des Droits de l’Homme
RÉSISTANC E
& DROITS DE L’HOM M E
édito À en croire plusieurs des fondateurs du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, dont Blaise Giraudi, la Résistance n’aurait plus de sens s’il fallait en réduire la portée aux actions des années 1940 – 1944. Convaincu de l’intemporalité et de l’universalité de ses valeurs, lui et d’autres nous auront permis d’aborder d’autres résistances, celle des Argentins confrontés à la dictature et à ses conséquences, par exemple. L’évocation de cette résistance, il est vrai, ne souffrit d’aucune contestation mais en sera-t-il de même de celle des chômeurs dont le musée présente aujourd’hui l’expérience? De ceux qui se sont révoltés en 1998, en occupant des lieux publics, séquestrant des patrons ou saisissant de la nourriture dans les grandes surfaces ? Car telles ont été les actions qui donnent à cette rébellion le sens d’une résistance. Pour permettre à chacun d’en juger, nous avons fait le choix, dans l’exposition, comme dans l’ouvrage qui le prolonge, de laisser les chômeurs s’exprimer eux-mêmes. C’est eux qui ont décidé du titre : Rompre le silence.
de rencontres. Celle de l’association de chômeurs Gallo (Groupement d’activités locales libres et ouvertes) et d’institutions, telles les Arts du Récits ou les services du Conseil général de l’Isère qui ont su répondre en faisant de ce besoin d’être entendu, un projet culturel. Différents partenariats, enfin, avec un écrivain, un photographe, des cinéastes, un scénographe, un graphiste et l’équipe d’un musée ont donné corps à ce projet : une exposition, un livre de témoignages et de portraits photographiques et un film.
De la sentence de « mort sociale » auquel équivaut le licenciement pour celle ou celui qui le vit, jusqu’aux justifications, souvent humiliantes, qu’il faudra dès lors ne plus cesser de fournir, pour conserver de quoi subsister, toutes les étapes de ce parcours éreintant sont là restituées jusqu’à la solitude, le rejet, l’expulsion, la maladie… Une deuxième partie fait état de la chronologie du « traitement social » du chômage depuis 1975 – la fin des Trente glorieuses – en même temps qu’est évoquée la profusion de papiers (courriers de l’ANPE, cartes de pointages, justifications, circulaires, lettres de demande d’emploi…) qui jalonne ce cheminement. La troisième partie présente, au travers de témoignages et d’une cinquantaine de portraits saisissants dont chacun dit à sa manière : « J’existe ! », autant d’histoires de vie cabossées ou brisées où persistent pourtant une lueur d’espoir, celui que la résistance, précisément, nourrit. La quatrième partie sollicite l’opinion du visiteur : « Comment construire une société sans chômage ? ». Le grave problème ici dénoncé par les chômeurs eux-mêmes est bien sûr celui de notre société toute entière. Puisse leur résistance contribuer à la changer.
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