n°9 mai 2008
Les Résistants de La Viscose 1940 - 1944
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L’usine face à la guerre
Journal du Musée de la Résistance et de la Déportation & de la Maison des Droits de l’Homme
RÉSISTANC E
& DROITS DE L’HOM M E
édito C REUSES
!
Toujours appliqué avec profit, ce vieux principe n’en finit pas d’avérer ses mérites. Laissons à leurs sarcasmes ceux qui y voient la volonté de démontrer que les Isérois auraient tout connu, tout fait et tout acquis avant les autres. Non, ce n’est pas le cas et ce n’est pas pour cette raison que le choix fut fait de concevoir le programme du Musée de la Résistance et de la Déportation à partir des faits, des personnes et des lieux de l’Isère. C’est, plus modestement, pour mieux explorer et comprendre, à partir des réalités de l’espace et du temps qui sont nôtres, en ce département alpin, l’histoire qui nous est commune, du local au global. Ainsi la recherche que nous venons de mener à propos des résistants de la Viscose, nourrie par deux ouvrages récemment parus, celui de Michelle Blondé, Une usine dans la guerre (Presses universitaires de Grenoble) et celui de Yves Nicolas, L’Ecole nationale des Cadres d’Uriage, nous entraîne-t-elle loin.
Résistance à l’usine
Dans le prolongement de l’exposition que présente le M usée de la Viscose depuis le 7 mai 2008, Une usine dans la guerre, celle du M usée de la Résistance et de la Déportation, Les Résistants de la Viscose, tente de répondre à quelques questions simples : qui devient résistant dans cette grande entreprise industrielle de l’agglomération grenobloise, comment et avec quels effets, à l’échelle de la Résistance en Isère ?
LÀ OÙ TU ES
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La précédente exposition, Rompre le silence – Mémoires de chômeurs et précaires en Isère, avait déjà attiré l’attention sur les conséquences de la désindustrialisation : elle accroît redoutablement le chômage et met en péril l’existence du monde ouvrier tel qu’il existe encore avec ses valeurs propres, d’entraide et de fraternité, dans le travail et au-delà. A l’usine de la Viscose, où 1 500 à 2 000 personnes d’origines diverses travaillent, de 1927 à 1989, ces valeurs sont bien réelles. C’est même elles qui décident de l’entrée en résistance. Tel est le constat que devraient faire les visiteurs de l’exposition Les Résistants de la Viscose. Nous le souhaitons en tout cas, car c’est bien la solidarité et l’amitié que suscitent le partage d’une même condition et que cultivent l’action syndicale, qui furent, à la Viscose et très certainement dans d’autres usines, un ferment pour la Résistance. La figure d’un Louis Baille-Barrelle, employé au service d’entretien de la Viscose, secrétaire de la CGT dès 1936, résistant, membre du mouvement Combat, arrêté, déporté et dévoué sa vie durant à la cause ouvrière, en est un bel exemple. Son cas n’est pas isolé. Nous l’évoquons car il est, avec son ami René Thomas, viscosier lui aussi, de ceux
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