Focus Famille - Automne 2020

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automne 2020 | CULTIVER LA FOI EN FAMILLE

Libérés ! dépasser la culpabilité parentale

pardonner, oui mais comment ?

ne laissez pas votre conjoint vous mettre en colère


au t omne 2020

f o c u s fa m ille

illustration par shuwen chang


É ditoria l Chers lecteurs,

U

Un jour, j’ai eu une vision. J’y ai vu un voyageur entrer dans une grande maison en pierre, probablement du temps de Jésus. Il portait un lourd sac de toile de jute et avait l’air d’avoir marché longtemps. Ses sandales étaient poussiéreuses, son dos courbé. À la porte, il fut accueilli avec honneur et bienveillance par un serviteur. Il déposa son lourd fardeau dans le hall d’entrée, près d’autres sacs puis, revigoré et léger, il entra dans une salle où soupaient autour d’une grande table de multiples convives. L’ambiance était festive. Notre voyageur rejoignit le groupe, qui l’accueillit avec joie, comme si sa présence était attendue. Il était transfiguré, apaisé et heureux. Il était arrivé à la maison. J’ai réalisé que ce voyageur, c’était moi. Bien que chargée, accablée et fatiguée, j’avais la possibilité, à la fin d’une longue journée, de rentrer à la maison de mon Père Céleste, où je pouvais être libérée de mes fardeaux et profiter de mon statut de membre de cette grande famille, la famille de Dieu, réunie pour un festin. Autour de cette table, l’extérieur hostile et poussiéreux semblait tellement lointain et insignifiant ! C’est ce sentiment de liberté et de légèreté, expérimenté lorsqu’on se décharge de ses fardeaux, qui a inspiré ce numéro et que j’aimerais vous communiquer dans les pages qui suivent. Mais quels sont ces fardeaux qui pèsent tant à un grand nombre d’entre nous ? En voici quelques-uns : la honte, le sentiment de condamnation, l’amertume, la colère, les regrets, voire même, dans certains cas, le lourd poids de péchés cachés. Comment les dépose-t-on, me demanderez-vous ? À travers le pardon – celui reçu de Dieu et celui accordé aux autres. Prenons la culpabilité, par exemple – ce sentiment de honte qui peut parfois nous tarauder en sourdine. Je ne parle pas de la culpabilité inspirée par le Saint-Esprit lorsqu’on a péché, pour nous mener à la repentance. Celle-là est utile et un réel cadeau de Dieu. Non, je parle de la honte qui essaye de nous persuader que nous ne sommes pas à la hauteur, ni de nos attentes envers nous-mêmes, ni de celles des autres, et encore moins de celles de Dieu. Cette honte qui nous pousse à tenter de faire des prouesses pour Dieu, pour lui/nous prouver que

nous sommes dignes de son amour et de son acceptation. Nul besoin de vous dire que vivre sous cette charge n’est pas le plan de notre Père Céleste pour nous. Nous en sommes libérés lorsque nous nous rappelons que, en tant que chrétiens, nous sommes en paix avec Dieu, le créateur de l’univers, celui qui a pouvoir de vie et de mort sur nous. Nous pouvons alors expérimenter le soulagement de nous savoir acceptés tels que nous sommes, pardonnés et certains que Dieu ne retient pas nos erreurs et notre méchanceté contre nous. Une autre charge que beaucoup trainent est le manque de pardon envers ceux qui les ont offensés. Grande est la liberté lorsque, avec l’aide du Saint-Esprit, nous décidons d’obéir à Dieu et de lui remettre notre colère, notre rancune, notre désir de vengeance, et parfois même notre haine envers quelqu’un qui nous a fait du mal. Le sacrifice en vaut réellement la peine. Enfin, le péché, particulièrement celui qui est caché, est également un outil que l’ennemi de notre âme utilise pour nous tenir captifs et courbés. Si c’est votre cas, je vous encourage à l’apporter à la lumière, aux pieds de Jésus, pour en être libérés et pouvoir marcher la tête haute. Soyez assurés que, lorsque nous venons à Dieu humblement, avec un cœur rempli de remords et de culpabilité, il court vers nous les bras ouverts, heureux de nous retrouver, et ne se souvient plus de notre rébellion. Il nous accepte et nous libère volontiers de la honte qui nous oppresse. Ainsi, comme ce voyageur, je vous invite à vous débarrasser de tout fardeau qui alourdit votre marche et à rentrer à la maison à la fin d’une longue journée, libérés et légers. Nos voyages quotidiens, chargés et fatigants, ne sont pas notre vraie identité. Notre appartenance est dans cette grande maison, où nous sommes attendus et accueillis à bras ouverts. Bonne lecture,

Elisabeth Van Essen Éditrice de Focus Famille

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s o mm a ire

16 PRENDRE SOIN DE SON COUPLE

10 Astuce pour la vie à deux Étudier la Bible en couple

19 Ne laissez pas votre conjoint vous mettre en colère Prendre la responsabilité de ses émotions ouvre la porte à une relation équilibrée et constructive

30 Le parcours d’un pasteur pour sortir de la pornographie Découvrez l’histoire du pouvoir rédempteur de Dieu dans la vie d’un pasteur accro à la pornographie

ÉDUQUER SES ENFANTS

6 Astuces éducatives « Ce que tout père devrait dire à son fils » et autres astuces

19 12 Six idées reçues qui empêchent nos enfants de pardonner Il est important, à tout âge, de corriger les idées reçues sur le pardon afin de pouvoir donner et recevoir la grâce

16 Dépasser la culpabilité parentale Lorsque, en tant que parents, nous faisons immanquablement des erreurs, Dieu nous invite à sortir de la culpabilité

28 CHEMINER DANS SA FOI

28 Pardonner, oui mais comment ? Comprendre ce que le pardon n’est pas afin de pouvoir pardonner et être libéré de l’amertume

33 Promesses de la Bible Pardonnés, purifiés, libérés !

34 Ce que vous gardez caché

22 Discipliner ses enfants sans les rabaisser

Garder le péché dans l’obscurité nous tient captifs. Il est temps de l’apporter à la lumière

Il se peut que, sans nous en apercevoir, nous utilisions la honte comme outil de discipline

38 Recette : Bouchées énergétiques dattes et avoine

24 Enfant prodigue : est-ce de ma faute ?

Accompagnée d’une réflexion d’Anne sur sa relation à la nourriture

Est-il possible d’être de suffisamment bons parents pour avoir la garantie que nos enfants ne s’éloigneront jamais de Dieu ?

8 Éduquer ses enfants Faire preuve de grâce et de pardon dans l’éducation de vos enfants

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A S T U C E S É D U C AT I V E S

Ce que tout père devrait dire à son fils pa r b y r o n yaw n

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J’ai vu de grands hommes bien costauds fondre en larmes comme des petits garçons quand je leur ai demandé : « Quel genre de relation aviez-vous avec votre père ? » L’amour d’un père est quelque chose de puissant. Les pères ont la possibilité d’utiliser cette influence extraordinaire pour encourager leurs fils. Il y a trois messages en particulier que nos fils ont besoin d’entendre de notre part. Chacun d’entre eux les aidera à mieux se préparer pour vivre la vie que Dieu a pour eux. Voici ces trois messages essentiels :

« JE T’AIME, MÊME LORSQUE JE SUIS DÉÇU PAR TES CHOIX. » Lorsque mes fils échouent ou font face à des difficultés, je veux leur montrer que je les aime. Que je sois en train de les féliciter ou de les réprimander, il est important qu’ils sachent que tout ce que je dis, je le dis parce que je désire le meilleur pour eux. J’espère ainsi sincèrement que mon amour inconditionnel envers eux les aidera à comprendre la profondeur de l’amour de leur Père Céleste.

« LE SEXE N’EST PAS UN PÉCHÉ. » De nombreux garçons entrent dans la vie adulte en étant profondément confus au sujet de la sexualité. En général, ils sont coincés entre les deux extrêmes constitués par une promiscuité débridée et des désirs enfouis. Ces jeunes hommes finissent par croire que le sexe est un péché et que les personnes respectables n’en parlent pas ou n’en éprouvent pas le désir. Une telle confusion les prépare à une lutte sans fin avec la pornographie. Pour leur éviter cela, il est important que les pères aient de nombreuses conversations avec leur fils à ce sujet. Ces discussions devraient inclure les vérités au sujet de Dieu, de l’évangile et du but du mariage, vérités qui donnent tout son sens à la sexualité. Si nous prenons le temps de leur faire part, avec courage, de ces trois messages, nos fils seront sur la bonne voie pour devenir des hommes bien équipés pour affronter la vie. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Byron Yawn. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

« APPRENDS À AIMER QUI TU ES. »

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illustrations par tyler tsuyuki

Tant d’hommes passent leur vie à essayer de découvrir la personne qu’ils sont censés être. Une part importante du travail de père est d’aider ses fils à bien se connaître eux-mêmes. Plus un jeune homme arrive à apprécier la manière dont Dieu l’a créé, moins il perd de temps à chercher qui il devrait être, et plus il peut se consacrer à poursuivre les objectifs de Dieu pour sa vie. Je veux aider mes fils à comprendre leurs talents, leurs dons et leur personnalité. J’ai souvent expliqué à mon fils aîné : « Tu as réellement un talent naturel pour mener les autres. C’est un véritable don. » Mais j’ai aussi essayé d’attirer son attention sur les côtés potentiellement négatifs d’un tel trait de caractère en lui disant : « Fiston, il faut que tu apprennes à être patient avec les gens, à faire preuve de douceur. » Je suis en mesure de voir les liens qui existent entre les deux aspects de ce trait de caractère et je veux que lui aussi les comprenne. Sa capacité à utiliser au mieux le côté positif dépendra de sa capacité à maitriser le côté négatif.


A S T U C E S É D U C AT I V E S

RACONTEZ VOTRE HISTOIRE Les enfants adorent les histoires. Ainsi, plutôt que de leur lire un livre, prenez régulièrement le temps de leur raconter des épisodes de votre enfance ou de celle de vos parents. Mieux connaitre son histoire familiale a toujours contribué à renforcer leurs liens d’appartenance. Les enfants se sentent plus connectés au monde qui les entoure et, en prime, ils découvrent des côtés de leurs parents qu’ils ne soupçonnaient peut-être pas.

COIFFURE DU JOUR Voici un conseil pour que votre fille ait envie de partir pour l’école en étant bien coiffée : créez un album photo avec différentes coiffures et laissez-la choisir son style pour la journée. Pour constituer votre album, vous pouvez vous aider d’images trouvées sur Internet de styles simples à reproduire ou encore prendre des photos de votre fille arborant ses coiffures préférées.

FAIRE SON LIT POUR LES TOUT-PETITS Cela parait très simple, mais quand j’enseignais à mon fils de trois ans à faire son lit, je lui demandais de trouver les coins de son drap et de sa couverture et de les faire correspondre aux coins de son matelas. Ainsi, il n’avait pas l’impression de faire une corvée, mais plutôt de résoudre un casse-tête. – Evie Palmer

UNE FOI QUI COMBAT LES INQUIÉTUDES Aidez vos enfants à lutter contre l’inquiétude en créant une « boite à soucis » que vous pourrez décorer avec le verset de 1 Pierre 5.7. Encouragez vos enfants à écrire ce qui les angoisse et à déposer leurs soucis dans la boite. Prenez régulièrement le temps de vider la boite et de remettre à Dieu leurs peurs, proclamant la paix qu’il promet dans Philippiens 4.6-7.

Questions à poser autour de la table Voici quelques idées pour lancer la discussion au moment des repas en famille et apprendre ainsi à mieux connaître vos enfants : Q uelle est ton histoire de la Bible préférée ? Qu’est-ce qui te plait dans cette histoire ? Q uel est ton meilleur souvenir de ce temps de confinement à la maison ? C omment sais-tu que tes parents t’aiment ? Comment te le montrent-ils ? Quel est le meilleur moyen de se faire des amis ?

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ÉDUQUER SES ENFANTS

Faire preuve de grâce et de pardon dans l’éducation de vos enfants La grâce et le pardon sont indispensables à une vie de famille saine. Voyez l’impact qu’ils ont sur vos enfants par danny huerta

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La croix. Un seul mot suffit pour évoquer l’ampleur de la grâce de Dieu. Jésus est mort afin de payer le prix de nos péchés, nous donnant la vie éternelle et la capacité de faire nousmêmes preuve de compassion et de grâce envers les autres. Cela ne signifie pas pour autant que faire preuve de grâce soit chose facile. Le cerveau humain ayant la tendance à se concentrer sur le négatif, nous pouvons facilement rester coincés dans nos pensées négatives et chercher la vengeance plutôt que le pardon. Pourtant, la grâce et le pardon sont nécessaires pour créer un foyer rempli d’amour. Cela commence toujours par faire de

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nos relations une priorité. Il est important de voir au-delà des fautes des autres et de se rappeler que nous avons tous besoin de grâce par moments. Si nous voulons la recevoir, nous devons aussi la donner. Il y a quelques années, j’ai eu pour client un père qui avait des problèmes de colère. Il en est venu à admettre qu’il entretenait de l’amertume et de la colère envers son propre père. Nous avons parlé du fait que sa colère prenait le dessus sur son comportement en tant que père et que mari. Il a alors décidé de faire une liste de tout ce qu’il voulait pardonner à son père. Il m’a ensuite raconté que ce simple acte de pardon lui avait


ÉDUQUER SES ENFANTS

Lorsque nous sommes miséricordieux envers nos enfants, nous créons un environnement où règnent la liberté, l’unité et l’amour.

apporté une liberté qu’il n’avait jamais vécue auparavant. Il est devenu plus empathique, plus patient et plus proche de sa femme et de ses enfants. Si la grâce et le pardon sont l’antidote à notre négativité, ne devrait-on pas les octroyer plus librement ? Je sais que c’est difficile. Faire grâce signifie prendre sur soi ou annuler la dette de quelqu’un qui nous a blessés, déçus ou nous a manqué de respect. Cela nous demande de pardonner à quelqu’un qui, selon nous, ne mérite peut-être pas le pardon. Cela implique aussi parfois de pardonner quelque chose que nous ne pouvons pas oublier et de renoncer à la colère qui s’est installée en nous. En grandissant, nos enfants apprennent à gérer les choses de la vie, les relations et les émotions. C’est un processus complexe, parsemé d’erreurs. Même s’il y a des jours où nous n’avons tout simplement pas la patience de les accompagner dans leur apprentissage, lorsque nous sommes miséricordieux envers nos enfants, nous créons un environnement où règnent la liberté, l’unité et l’amour. Voici comment la grâce et le pardon bénéficient à nos enfants :

ILS APPRENNENT À PARDONNER AUX AUTRES Lorsque vous êtes un exemple de grâce, vos enfants apprennent à se sentir eux-mêmes libres de ne pas retenir les fautes des autres contre eux. Plutôt que de vous laisser entraîner par la colère, en faisant preuve de pardon, vous leur permettez d’aller de l’avant. .....

ILS APPRENNENT À GÉRER LES CONFLITS ET À RESTAURER LES RELATIONS

ILS SONT LIBÉRÉS DE LA HONTE ET DE LA QUÊTE DE PERFECTION Les enfants apprennent à cultiver la confiance et les relations plutôt que de vivre dans la manipulation et la perfection. Ils apprennent que personne n’est parfait, y compris eux. .....

ILS APPRENNENT CE QU’EST L’AMOUR PARENTAL Les enfants apprennent comment reconstruire la confiance dans une relation. Ils comprennent le fonctionnement de l’économie de l’amour : si tu aimes quelqu’un, tu connaîtras la grâce et le pardon. ..... Il y a quelques années de cela, ma fille aimait décortiquer les mots. En regardant le mot pardon elle s’est exclamée : « Papa, le pardon c’est vraiment un cadeau ! Regarde, ça fait ‘par-don’. Ça veut dire que ça passe par le don. » Le pardon est réellement un don, autant pour celui qui le donne que pour celui qui le reçoit. Voilà une approche qui permet à l’amour de triompher dans une famille. Danny Huerta est le vice-président de la rubrique Éducation et Adolescence chez Focus on the Family. Il est également éducateur social et conseiller psychologue, accompagnant parents et enfants sur des sujets tels que la dépression, l’anxiété, une bonne communication, le discernement des médias et une sexualité saine. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

Les enfants qui comprennent ce que sont la grâce et le pardon ont plus de facilité à dépasser les conflits. Être en conflit avec quelqu’un prouve que votre enfant s’implique et qu’il a une opinion, alors que faire preuve de grâce et de pardon montre qu’il met plutôt la priorité sur la relation.

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ASTUCE POUR LA VIE À DEUX

Étudier la Bible en couple Lorsqu’on lit la Bible ensemble, on approfondit notre intimité spirituelle et on se rapproche l’un de l’autre par gary thomas

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Si vous jetez un œil à ma vieille Bible (ma femme Lisa l’a faite recouvrir pour moi il y a de cela plusieurs années, pour mon anniversaire), vous verrez qu’il y a des dates écrites à côté de différents livres de la Bible, dans la table des matières. Ces dates marquent le jour où Lisa et moi avons fini de lire ce livre de la Bible ensemble. La lecture de la Bible est un aspect de l’intimité spirituelle qui peut avoir un impact extraordinaire sur le sentiment d’unité au sein d’un couple. J’ai travaillé sur un livre avec les docteurs Steve et Rebecca Wilke, dans lequel nous avons écrit : « Après avoir suivi plusieurs couples pendant des années, nous pouvons affirmer avec assurance que la satisfaction conjugale est en lien direct avec l’intimité spirituelle : celle avec le Seigneur et celle de l’un avec l’autre. Lorsque chacun est satisfait dans sa relation avec Dieu et confiant dans son plan pour eux, le

couple peut profiter ensemble de tout ce que Dieu leur a donné. Les personnes qui se soumettent à Dieu sont également plus à même de se soumettre l’une à l’autre, comprenant que servir leur conjoint est en réalité un acte d’adoration envers Dieu. » De nombreux livres et articles sur le mariage parlent de l’importance de bien communiquer, de préserver l’intimité sexuelle, de jouer et de rire ensemble, mais lire la Bible est au moins tout aussi important, si ce n’est plus. Il s’agit en fait d’écouter Dieu ensemble, car lire la Bible est de loin le meilleur moyen pour nous, en tant qu’individus et que couple, d’écouter Dieu. Tout ce que dit la Bible, c’est Dieu qui l’a dit. Il est étonnant de voir à quel point la Parole de Dieu arrive toujours au bon moment, même lorsque nous suivons un plan de lecture. Son Saint-Esprit fait toujours en sorte que nous lisions le bon passage au bon moment.

Ce que j’aime dans la lecture de la Bible à deux, c’est qu’elle donne la place à Dieu pour être celui qui dirige nos conversations, nos pensées et nos prières.

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ASTUCE POUR LA VIE À DEUX

DES IDÉES DE SUJETS DE CONVERSATION

QUELQUES CONSEILS PRATIQUES

Si vous prévoyez une sortie en amoureux ou un long trajet en voiture et que vous vous demandez si vous aurez des sujets de conversation, rappelez-vous que la lecture de la Bible en fournit de très bons. Cela n’a rien de difficile, il suffit de choisir un livre et de le lire ! Lisa et moi lisons chacun notre tour entre 8 à 12 versets, selon la longueur du passage choisi. Vous pouvez vous arrêter pour discuter de ce que vous venez de lire et si personne n’a rien à dire, il suffit de continuer à lire à voix haute. Lorsque je conduis, c’est Lisa qui lit le texte en entier et moi, j’écoute. Parfois, le passage parle particulièrement à l’un d’entre nous, d’autres fois, aux deux. Parfois, il semble s’appliquer plutôt à un ami ou à un autre membre de la famille. Ce que j’aime dans la lecture de la Bible à deux, c’est qu’elle donne la place à Dieu pour être celui qui dirige nos conversations, nos pensées et nos prières. Si vous avez l’impression que vous manquez tous deux de connaissances bibliques basiques, vous pouvez essayer une approche un peu différente. Lisa et moi aimons particulièrement D. A. Carson et la série de ses livres de méditation quotidienne Le Dieu qui se dévoile1. Carson reprend divers passages de l’Ancien et du Nouveau Testament et y ajoute un court commentaire. Fin connaisseur de la Parole, il donne vie à chaque passage en le replaçant dans son contexte historique. Il nous montre à quel point les Écritures sont encore pertinentes aujourd’hui. Vous pouvez facilement lire ensemble les textes bibliques et le commentaire du jour. Cela peut être un exercice qui demande plus de temps, mais il ne s’agit pas d’une course. Si vous passez deux ou trois ans à lire ensemble l’un des volumes de la série, d’ici à ce que vous ayez terminé les deux livres, peut-être le Dr Carson en aura-t-il publié un nouveau.

Si vous n’avez pas le temps de lire la Bible ensemble tous les jours, ne vous laissez pas décourager, pensant que quelque chose ne va pas. Passer de rien du tout à lire ensemble la Bible une à deux fois par semaine est déjà un énorme progrès. Au cours de nos trente années de mariage, il est arrivé plusieurs fois que Lisa et moi ne soyons pas très assidus dans cette pratique. Si votre conjoint semble réticent, aidez-le à voir que c’est faisable en lui expliquant : « Je te demande seulement une vingtaine de minutes une ou deux fois par semaine. Si tu veux, c’est moi qui lirai. » Vous pouvez rajouter quelque chose qu’il/elle aime : « Je te ferai le café/tes biscuits préférés/un massage, … » Vous pouvez commencer par un des livres courts de la Bible, comme par exemple par 1 Jean. Terminer ensemble quelque chose de nouveau est une source de motivation. De plus, si vous commencez (comme Lisa et moi) à écrire la date dans votre Bible une fois que vous avez fini de lire un livre ensemble, vous aurez la satisfaction d’une première réussite. Vous pouvez ensuite passer à un Évangile ou à un livre qui vous prendra plus de temps. Rappelez-vous qu’il ne s’agit pas d’une course et que la dernière chose que vous voulez est de transformer ce temps de partage en une compétition pour savoir qui comprend le mieux tel ou tel passage. Vous lisez tous deux la Parole de Dieu pour apprendre, non pour étaler vos connaissances, et encore moins pour juger celles de votre conjoint. Il s’agit de consolider votre intimité spirituelle, alors si votre conjoint se sent bête, vous pouvez être sûr qu’il ou elle ne voudra plus jamais lire la Bible avec vous. 1 Disponible en français (voir ci-dessous).

Gary Thomas est l’auteur de nombreux livres sur le mariage et autres sujets, dont Vous avez dit oui à quoi ? et Votre mari a besoin de vous. © 2015 Gary Thomas. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

Cité dans le texte : Le Dieu qui se dévoile, par D. A. Carson un guide quotidien en deux volumes pour découvrir les richesses de la bible

Dans cet ouvrage de méditation personnelle quotidienne, D.A. Carson nous donne une perspective biblique unique, qui place chaque lecture dans le cadre plus large de l’histoire et du plan éternel de Dieu, nous permettant ainsi d’approfondir notre compréhension de sa souveraineté et de la puissance de sa Parole.

À retrouver sur Librairie.FocusFamille.ca AUTOMNE 2020

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I L E S T I M P O R TA N T, À T O U T Â G E , D E C O R R I G E R L E S I D É E S R E Ç U E S S U R LE PARDON AFIN DE P OUVOIR DONNER ET RECEVOIR LA GRÂCE

pa r cat h e rine w il son

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En tant que parents, nous connaissons bien cette petite routine, cette scène jouée sans cœur. C’est une pièce en trois actes qui ressemble à peu près à ça : Votre aîné porte un regard outré sur son frère, sourcils froncés, bras croisés. « Excuse-toi », lui ordonnez-vous. De longues secondes s’écoulent avant que les excuses arrivent enfin, d’un ton plus ou moins réticent : « D’accord, ça va, je m’excuse. » Le plus jeune répond avec le même ton peu sincère : « C’est bon, mais ne recommence pas ! » Si nous sommes pressés et que nous voulons désespérément maintenir la paix, cette démonstration superficielle de pardon fera temporairement l’affaire, bien que nous soyons tous conscients de sa faiblesse. De tels traités de paix négociés à la va-vite n’enseignent pas grand-chose à nos enfants sur le pardon. Il arrive souvent que l’un d’entre eux reste avec une blessure, ses sentiments n’ayant pas été correctement reconnus ou respectés. Il se peut même qu’il en garde un désir de vengeance. Quant à l’autre enfant, il n’apprend rien sur l’humilité ou sur la manière de restaurer les relations. Sur le long terme, les enfants ont besoin d’être encadrés de beaucoup plus près pour apprendre à donner et à recevoir un pardon biblique et véritable, un pardon qui restaure les relations. Les parents en sont souvent conscients, mais ils ne savent pas toujours par où commencer. Ce qui peut aider, c’est de faire le tour de ce que les enfants savent déjà et de détecter leurs idées reçues au sujet du pardon. Beaucoup d’enfants – comme d’adultes d’ailleurs – ont une idée floue de ce qu’est le pardon, ce qui les empêche d’accorder véritablement la grâce et de la recevoir. Pensez-vous que vos enfants soient aux prises avec certaines des idées reçues suivantes ?

« LE PARDON N’EST PAS JUSTE. » La vérité : le pardon est bien mieux que juste

Vers l’âge de cinq ou six ans, les enfants commencent à développer un sens aigu de la justice. Faute d’encadrement, ils risquent de s’installer dans une mentalité d’« œil pour œil, dent pour dent » et de n’y voir aucun inconvénient. Si tu me fais du mal, j’ai le droit de te faire du mal à mon tour. Les enfants qui ont une telle approche auront des difficultés avec l’idée de pardonner sans chercher la vengeance. Fort heureusement, ce profond sens de la justice peut aussi jouer en notre faveur. Lorsqu’on leur explique l’Évangile avec soin, les enfants de cet âge comprennent facilement que Dieu ne les traite pas comme ils le mériteraient. Face à leur propre péché, son pardon n’est pas juste : il est immensément mieux que juste ! Pour conduire vos enfants à se montrer humbles et prêts à pardonner, rappelez-leur régulièrement combien le pardon de Dieu envers nous est injuste, c’est-à-dire tout ce qu’il nous a pardonné. La Dre Juli Slattery nous raconte une anecdote pour illustrer ce point : « L’un de nos enfants avait fait quelque chose de mal et il devait en payer les conséquences. […] Mon mari lui a dit : ‘Comme punition, tu devras faire 15 pompes.’ Puis, il s’est allongé sur le ventre et a ajouté : ‘Mais tu sais quoi, je vais les faire à ta place […] parce que je veux te faire grâce. Je prends ta punition sur moi, pour te montrer ce que Jésus a fait pour nous.’ »

« LE PARDON EST OPTIONNEL. » La vérité : Dieu nous dit que nous devons pardonner

Nous espérons que nos enfants pardonnent avant tout car ils sont motivés par leur amour pour Dieu et par leur gratitude pour le pardon qu’ils ont reçu à travers le sacrifice de Christ. Nous devons toutefois leur enseigner qu’il s’agit également d’une question d’obéissance. Nos enfants doivent bien comprendre les passages clés cités entre autres dans Matthieu 5.23-24, Matthieu 6.9-15, Matthieu 18.21-35 et Marc 11.25. Résumés sans détours, ces passages enseignent que le manque de pardon, celui non accordé aussi bien que celui non demandé, est un péché qui met Dieu en colère.

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« PARDONNER SIGNIFIE QUE MES SENTIMENTS NE COMPTENT PAS. » La vérité : le pardon devrait être accompagné de la reconnaissance du tort causé

Lorsque quelqu’un dit : « Excuse-moi », la réponse la plus courante est : « Ce n’est pas grave. » Cette réponse peut toutefois poser problème pour certains car cela reviendrait à admettre que le tort qui leur a été causé est acceptable. Vous pouvez enseigner à vos enfants à répondre par exemple : « Merci de t’être excusé… » Ils peuvent ajouter, s’ils le souhaitent : « J’ai vraiment été blessé par ce que tu as fait. » Expliquer aux enfants qu’en refusant de pardonner, ils ne font qu’ajouter à leur mal-être peut les aider à dépasser leurs difficultés à pardonner. Dans son livre Blessée par les enfants de Dieu 1, Anne Graham Lotz admet avoir trouvé une vraie liberté dans le pardon lorsqu’elle s’est rendue compte que « Pardonner ne signifie pas que l’autre personne a eu raison. Pardonner nous libère, nous. » Aidez votre enfant à identifier ses sentiments « avant/après », afin qu’il puisse reconnaître à quel point il se sent mieux après avoir pardonné plutôt que de rester coincé dans : la colère (qui empêche d’entendre les encouragements du Saint-Esprit) des pensées méchantes ou de vengeance (que Satan aime beaucoup utiliser pour empirer la situation) des souvenirs difficiles ou des blessures passées l ’amertume (qui peut même nous rendre malades physiquement).

« PARDONNER, C’EST SE LAISSER MARCHER SUR LES PIEDS. » La vérité : pardonner demande du courage

Pardonner signifie renoncer au droit de se venger ; cela ne signifie pas renoncer à attendre des changements. Jésus nous demande de pardonner aussi souvent que nécessaire, y compris jusqu’à 77 fois (voir Matthieu 18.22). Cependant, lorsqu’il n’y a aucun signe de repentance, nous n’avons pas à rester en position d’être à nouveau blessés. Enseignez à vos enfants qu’au bout d’un moment, ils ont le droit d’expliquer à leur offenseur quelque chose de similaire à ce qui suit : « Ton comportement me blesse toujours, donc pour le moment, je vais mettre des limites en place pour me protéger. »

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D’un autre côté, il est important que nous interpellions nos enfants chaque fois que leurs excuses semblent insincères. Dre Slattery se souvient de la manière dont elle interrogeait son fils : « Es-tu réellement désolé ? Comprends-tu ce qu’a ressenti [ton frère] quand tu t’es moqué de lui devant ses amis ? Explique-moi ce que tu aurais ressenti à sa place. » Bien que le pardon doive être accordé gratuitement, il est bon d’encourager vos enfants à poser un a cte de réparation lorsqu’ils reçoivent le pardon, pour montrer qu’ils sont sincères et apprécient le pardon qu’ils ont reçu.

« LE PARDON DOIT ÊTRE IMMÉDIAT. » La vérité : pardonner peut prendre du temps

Certains enfants sont capables de pardonner immédiatement alors que d’autres ont besoin de plus de temps. Ces derniers peuvent se sentir hypocrites si l’on attend d’eux un pardon instantané qu’ils ne ressentent pas encore. Si vos enfants sont dans ce cas, expliquez-leur que le pardon prend parfois du temps et qu’ils ont la possibilité de demander ce temps additionnel. Concrètement, enseignez à votre enfant à dire par exemple, lorsqu’il est blessé : « Tu comptes pour moi et je veux te pardonner, mais j’ai besoin d’un peu de temps seul avant de pouvoir le faire. » Une telle option doit cependant être accompagnée de certaines conditions. L’enfant doit s’engager à : emander au Saint-Esprit de remplir son cœur du d sentiment de pardon

apporter une fin claire à la situation dans un lapse de

temps raisonnable, informant son offenseur que leur relation est restaurée. C’est aux parents de s’assurer que ces deux conditions sont remplies.

« DEMANDER PARDON ÉQUIVAUT À DIRE "DÉSOLÉ." » La vérité : une bonne demande de pardon est plus complexe, mais aussi plus efficace

Il est important que les enfants comprennent que, lorsqu’ils ont blessé quelqu’un par leurs actions, cette personne a besoin d’entendre beaucoup plus qu’un simple « Désolé. » Entre autres, ils doivent montrer qu’ils ont compris à quel point l’autre a été blessé. Dans leur livre Les langages de la


réconciliation, Gary Chapman et Jennifer Thomas décrivent les cinq éléments suivants, qui constituent selon eux une bonne demande de pardon (les jeunes enfants peuvent commencer par les points 1, 3 et 5) : xprimer des regrets : « Je suis désolé de… » (Soyez E spécifique sur ce que vous et vous seul avez fait, reconnaissant le tort que vous avez causé.) Accepter ses responsabilités : « J’ai eu tort. » Réparer : « Que puis-je faire pour arranger les choses ? » e repentir sincèrement : « Je vais essayer de ne S pas recommencer. » Demander pardon : « Acceptes-tu de me pardonner ? » Lorsqu’un enfant a reçu des excuses et a promis de pardonner, il doit agir en conséquence. Ken Sande, auteur de Résoudre les conflits au quotidien, et sa femme Colette one listé plusieurs conseils pratiques qu’ils appellent « Les quatre promesses du pardon ». Selon eux, une fois le pardon accordé, on peut affirmer : « Je ne ruminerai pas sur l’incident. » « Je ne reviendrai pas dessus pour l’utiliser contre toi. » « Je n’en parlerai pas à d’autres. »

Leçon sur le pardon Téléchargez notre leçon gratuite sur le pardon pour enseigner de manière ludique à vos enfants ce que dit la Bible sur le pardon et comment l’accorder. Vous y trouverez des histoires bibliques, des jeux, des prières, des activités manuelles et autres, à adapter selon leur âge et votre emploi du temps.

Rendez-vous sur Grandirdanslintegrite.com dès aujourd’hui !

Je ne laisserai pas cet incident faire obstacle à notre « relation. » 1 Livre en anglais intitulé Wounded By God’s People.

Catherine Wilson est la rédactrice en chef de la rubrique Éduquer ses Enfants chez Focus on the Family Canada. © 2020 Focus on the Family (Canada) Association. Tous droits réservés.

de 3 à 10 ans


DÉPASSER

la cul pabilité

parentale

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L O R S Q U E , E N TA N T Q U E P A R E N T S , N O U S F A I S O N S I M M A N Q U A B L E M E N T DES ERREURS, DIEU NOUS INVITE À SORTIR DE LA CULPABILITÉ

pa r d ominiqu e ou rl in

O

On se marie. Les enfants arrivent. Ils grandissent bien plus vite qu’on ne pense et quoi qu’on en pense. Les années passent. On aime regarder de temps en temps les photos qui nous rappellent les bons souvenirs. Les mauvais font plus rarement la une de ces moments de retour vers le passé proche ou plus lointain. Il n’est pas toujours plaisant et aisé de poser un regard objectif sur nos performances en tant que parents. Réactions excessives, colères mal maîtrisées, promesses non tenues, plus de « non » infligés que nécessaire par impatience ou agacement, trop d’absences à des moments cruciaux et pas assez de moments d’écoute de qualité… Qui n’a pas sa liste d’écarts, d’erreurs et de négligences, consciente ou non, avouée ou pas ? Rares – et sans doute un peu naïfs – sont ceux qui sont pleinement satisfaits et convaincus d’avoir accompli au mieux leur mission parentale. Il faut dire que le « métier » de parent est sans doute celui auquel on a été le moins formés et préparés. De plus, nos propres parents n’ont pas toujours été le modèle espéré, malgré, sans doute, leur bonne volonté. Mais ne leur jetons pas trop vite la pierre. Il sera plus constructif de s’examiner soi-même que de se comparer aux autres. C’est ainsi que nombre d’entre nous traînent souvent le boulet d’un sentiment de culpabilité, réelle ou supposée, ou tout au moins de regrets multiples et divers, de torts parfois irréparables. Mon épouse et moi avons deux enfants dans la trentaine avancée – ce qui vous aide à deviner notre âge. J’ai été pasteur pendant plus de trente ans. Peut-être imaginez-vous donc que tout a été merveilleux et glorieux. Pour le savoir, mieux vaudrait demander… à nos enfants ! Nous sommes fiers d’eux et des adultes qu’ils sont devenus. Nous avons beaucoup de précieux souvenirs que nous chérissons ensemble, mais ni eux ni nous ne sommes dupes. Malgré tout notre amour et toute notre bonne volonté, nous avons souvent été pour le moins… maladroits envers eux. Si je devais me noter moi-même en tant que père, je reprendrais la formule scolaire : « Peut (ou aurait pu) mieux faire. » Le « problème » avec la vie, c’est qu’on apprend surtout par l’expérience, et que l’on peut rarement revenir en arrière. On

apprend sur le tas – et de plus en plus souvent sur le tard !

Quelques-uns de mes faux pas — quels sont les vôtres ? Avec le recul du temps, voici quelques-uns de mes regrets paternels… J’aurais aimé amener nos enfants à prendre davantage confiance en eux-mêmes en leur faisant davantage confiance – et plus tôt. Non, je ne crois pas que nous soyons tous appelés à faire de nos enfants des « héros » et des « champions ». Mais chacun doit être encouragé à être le meilleur de lui-même, grâce aux dons et aux capacités que Dieu a investis en lui ou en elle dès sa conception. J’aurais voulu être moins craintif et protectif. Bien sûr, les parents sont là pour fixer des bornes, mais pas pour constamment dire « Attention », au risque de paralyser les enfants face à toute situation ou aventure inconnue. Parfois, trop protéger ses enfants, c’est surtout se protéger soi-même des éventuelles conséquences de leurs faux pas qu’il nous faudra assumer pour eux ou avec eux. (S’il se casse une jambe en patinant sur la glace, c’est moi qui vais devoir l’amener à l’hôpital !) J’aurais aimé être un meilleur exemple de sérénité face aux situations de crise. Mon attitude et mes réactions face aux problèmes de la vie, petits ou grands, ont forcément marqué mes enfants plus que tous les sermons qu’ils m’ont entendu prêcher. J’aurais aimé faire preuve de plus de patience envers eux. Mon impatience a souvent été le reflet du fait que mon esprit était bien plus absorbé par mes responsabilités hors du foyer que par le souci du bien-être et de l’éducation de mes enfants. J’aurais aimé toujours tenir promesse. J’ai souvent fait des promesses par amour pour mes enfants, mais par manque de détermination ou de discipline, je me suis souvent laissé déborder et n’ai pas toujours été fidèle à ma parole. Cela laisse des blessures profondes que j’aurais tant voulu épargner à mes chers enfants.

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« Si c’était à refaire… » — mais ce n’est pas à refaire Propos peu utiles, car le passé est ce qu’il est. Il faut accepter le fait que l’on ne peut défaire et refaire le passé. On peut tout au plus faire de son mieux pour le racheter. Se morfondre dans les regrets ne change rien. Puissions-nous plutôt avoir le courage de réagir constructivement pour corriger et réparer ce qui peut l’être.

LE COURAGE D’ÉCOUTER LES GRIEFS QUE NOS ENFANTS, QUEL QUE SOIT LEUR ÂGE, PEUVENT AVOIR CONTRE NOUS,

qu’ils soient justifiés ou non. Ce sera sans doute à nous, parents, de créer un climat favorable à une telle ouverture, ou de savoir saisir l’occasion à la faveur d’un moment intime avec chacun de nos enfants. Ayons toutefois l’humilité de les laisser s’exprimer – sans bondir pour tenter de nous justifier. Nous ne leur faisons pas une faveur en leur offrant cette opportunité. Nous la leur devons. Si nos enfants ont quitté le nid familial, nous avons peut-être une lettre à leur écrire (pas un courriel ni un texto, s’il vous plaît…). LE COURAGE DE LEUR DEMANDER PARDON LÀ OÙ CELA EST NÉCESSAIRE. Mais attention que ce ne soit pas l’occasion

d’en « rajouter une couche » en voulant minimiser nos fautes et nos erreurs. (Si tu savais comment j’ai été élevé, tu me comprendrais mieux. Même si c’est peut-être vrai !) Demander pardon, c’est assumer nos fautes et nos lacunes. Ce n’est pas amadouer l’autre pour qu’il s’apitoie sur nous. De plus, on ne peut exiger le pardon – seulement le demander. Gardons-nous de penser que notre enfant devrait être émerveillé et attendri à nous entendre lui demander pardon. Ce ne sera pas forcément le cas. Il lui faudra peut-être du temps pour « digérer » et pour constater par lui-même que notre démarche est sincère. LE COURAGE DE « LAISSER DU TEMPS AU TEMPS ». Une blessure ne se referme bien qu’avec le temps. Osons croire en la grâce – faveur imméritée de Dieu – qui saura être un baume, guérissant et apaisant les cœurs et les colères. Le temps seul ne guérit rien. Mais Dieu, lui, connaît les cœurs et agit avec le temps.

Assumer et dépasser la culpabilité Nous ne pouvons refaire le passé, mais nous pouvons œuvrer à restaurer les relations qui ont pu être blessées ou brisées. Nous ne pouvons rien forcer, mais nous pouvons être présents et « opportunistes » en saisissant les moments favorables pour tenir ce genre de conversation avec nos enfants, sans doute le plus souvent, individuellement. Et dans tous les cas, puissions-nous garder le contact à tout

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prix – un coup de fil, un courriel, un texto, etc. Partageons avec eux des paroles et des gestes d’encouragement et d’affirmation, même si l’on n’approuve pas tous leurs choix et opinions. Nos enfants ne sont pas nos clones – Dieu merci ! Quand tout le reste aura été fait, puissions-nous continuer de les aimer et les aimer encore. Inlassablement. Infatigablement. Inconditionnellement. Puissions-nous aussi ne jamais nous lasser de prier pour eux, de les bénir en demandant à Dieu chaque jour une grâce particulière pour chacun d’eux dans sa réalité présente.

Certitudes rassurantes pour eux comme pour nous… « On t’appellera réparateur de brèches, restaurateur de sentiers fréquentés 1. » Brèches de discorde, disputes, mésententes, ruptures. Sentiers de dialogue, d’échange, d’écoute, de respect. Si nos lacunes ont parfois creusé des brèches entre nous et nos enfants, Dieu est capable de nous rendre aptes à les réparer si nous comptons sur sa grâce et agissons avec grâce et douceur. Il est un Dieu de réconciliation. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ 2. » Être chrétien, c’est oser croire au pardon de Dieu envers nous, quelle que soit la somme de nos fautes et de nos manquements. C’est donc refuser de patauger dans le marécage de la culpabilité et de la condamnation, ce qui devient parfois une excuse déguisée pour ne pas se retrousser les manches et réagir en adultes responsables. « N’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actes et avec vérité… En effet, même si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout 3. » Si nous travaillons à « réparer les brèches » et à « restaurer les sentiers fréquentés », nous pouvons et devons bannir toute crainte et condamnation. Nous pouvons alors avancer vers l’avenir avec humilité et assurance. C’est le meilleur exemple que nous puissions encore laisser à ces précieux enfants que Dieu nous a confiés. 1 Ésaïe 58.12 2 Romains 8.1

3 1 Jean 3.18-20

Dominique Ourlin est pasteur retraité vivant au Québec depuis plus de 19 ans, avec son épouse Candy. Il est aussi l’auteur de deux livres, disponibles sur PainSurLesEaux.com. © 2020 Dominique Ourlin. Tous droits réservés. Utilisation autorisée.


Ne laissez pas votre conjoint vous mettre

en colère

PRENDRE LA RESPONSABILITÉ DE SES ÉMOTIONS OUVRE LA P O R T E À U N E R E L AT I O N É Q U I L I B R É E E T C O N S T R U C T I V E

pa r mik e be c h t l e AUTOMNE 2020

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J

« Je pense qu’on devrait se prendre un peu de vacances et partir quelque part. Pourquoi pas la fin de semaine prochaine ? », ai-je demandé à ma femme, Diane. Nous avions passé quelques mois difficiles, je pensais donc qu’une petite pause serait la bienvenue. J’étais sûr qu’elle serait ravie. Je me trompais. Sa réponse a tardé : « Oui, peut-être… » « On dirait que tu n’es pas très enthousiaste à cette idée », ai-je répondu. « Je le suis », a-t-elle réagi avec un léger agacement dans la voix. « C’est juste que j’aimerais bien qu’on termine enfin la terrasse. » J’avais commencé à rénover la grande terrasse en bois derrière la maison l’été précédent. C’était une tâche bien plus complexe que ce que je pensais et j’avais eu peu de temps pour y travailler. Plusieurs mois après, la terrasse était toujours en chantier. Quelle fut ma première réaction face au rejet de mon idée de fin de semaine ? J’étais énervé et je voulais la punir par mon silence ou mon sarcasme car elle m’avait blessé et contrarié. Mais dans le fond, je savais bien que ce n’était pas elle qui me mettait en colère. L’irritation que je ressentais venait de la manière dont je choisissais de réagir. Nous avons tous déjà lancé un : « Tu m’énerves tellement ! » Cependant, lorsque nous tenons l’autre pour responsable de ce que l’on ressent, c’est comme s’il devenait propriétaire de nos émotions. Il devient alors maitre de ce que l’on ressent et nous pensons qu’il peut aussi faire en sorte que nous allions mieux. Il est plus facile d’être locataire que propriétaire de sa maison. Mais un locataire ne s’investit pas autant pour réparer et entretenir le lieu où il habite. Il est limité dans ses possibilités d’amélioration. Lorsque quelqu’un est propriétaire, il peut imaginer et rêver à loisir et faire les changements qu’il veut. Tout est possible, mais cela implique souvent de devoir faire le travail soi-même. Un mariage ne peut pas prospérer quand les conjoints sont locataires de la relation, s’attendant à ce que leur partenaire s’occupe de remédier à leurs émotions négatives. Si nous devenons propriétaires de nos émotions, nous pouvons réellement investir dans la relation. On se donne ainsi la possibilité de construire quelque chose de vraiment solide à deux. Par où commencer ? Voici trois étapes simples et pratiques :

Changer de perspective Si nous partons du principe que nos ressentis sont la faute de notre conjoint, nous nous plaçons dans une position de victime. Voici le schéma typique : 1. Je me sentais bien. 2. Tu as dit ou fait quelque chose et je ne me sens plus bien.

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3. C’est de ta faute si je me sens mal. 4. Je suis la victime donc tu es le problème. La réalité est que personne ne peut nous forcer à nous sentir d’une certaine manière. Bien sûr, notre conjoint peut agir d’une manière qui nous met en colère, nous frustre ou nous décourage. Ce n’est pas quelque chose que nous anticipons, ça se produit, c’est tout. C’est ce que nous faisons ensuite qui est de notre ressort et non de celui de notre conjoint. Il s’agit de la différence entre une réaction et une réponse. Une réaction n’est rien d’autre qu’une émotion. Elle n’est ni bonne ni mauvaise. Quelqu’un dit ou fait quelque chose et une émotion émerge. Il ou elle n’a pas mis cette émotion en nous ; elle nous appartient. Nous nous considérons souvent comme prisonniers d’une émotion, comme si nous ne pouvions rien y faire alors qu’en fait, nous pouvons choisir notre réponse. Une réponse consiste à reconnaitre la réalité de l’émotion ressentie tout en nous laissant le choix de ce que nous allons en faire. Si nous restons coincés, c’est que nous attendons que le propriétaire fasse quelque chose. Lorsque nous prenons en charge nos émotions, nous sommes libres de trouver une solution saine. Deux personnes peuvent être dans la même voiture, coincées dans le même bouchon, en retard pour le même rendez-vous, mais l’une d’entre elles sera exaspérée alors que l’autre restera calme. Qu’est-ce qui les différencie ? L’une accuse tout le monde de ses difficultés et laisse ses émotions prendre le dessus alors que l’autre sait qu’elle ne peut pas contrôler la situation et choisit de maitriser son approche. Dans son livre En quête d’une raison d’être1, Viktor Frankl a écrit : « Lorsque nous ne pouvons pas changer la situation, le défi devient de nous changer nous-mêmes. » Comment donc apprendre à remplacer nos réactions par des réponses ? En changeant de perspective. Lorsque nous ressentons une émotion forte (réaction), c’est un signal qu’il est temps de ralentir et de choisir ce que nous allons en faire (réponse).

Se concentrer sur ce que l’on peut changer Vous est-il déjà arrivé de mettre des glaçons dans un grand verre d’eau bien froide ? Les glaçons fondent un peu puis s’agglutinent en un seul bloc de glace. Lorsque vous voulez boire, la glace glisse vers vous, renversant sur vous la moitié de votre verre. Au début de notre mariage, nous sommes souvent émerveillés par tous les bons côtés de notre conjoint et espérons qu’il ou elle ne changera jamais. Quelques années plus tard, les petites irritations se sont agglomérées en un iceberg de frustrations et


Quand notre bonheur tient au fait que quelqu’un change, c’est la frustration garantie. nous nous demandons s’il y aura un jour du changement. Oui, les gens peuvent changer. Cependant, quand notre bonheur tient au fait que quelqu’un change, c’est la frustration garantie. Ce n’est plus nous qui sommes maitres de ce que nous ressentons, c’est notre partenaire. Pour avoir des relations saines, il faut que les deux partis soient responsables de leurs propres choix. C’est comme un match de tennis : je suis responsable de ce qui se passe de mon côté du court et de la manière dont je vais jouer le service qui m’est envoyé. Si je commence à aller du côté de Diane pour changer ce qu’elle fait, cela est déplacé de ma part et très irritant pour elle. Bien que nous ne puissions pas forcer notre conjoint à changer, les choix que nous faisons auront une influence. Il n’y a aucune garantie, mais il y a toujours de l’espoir. Lorsque nous passons notre temps à examiner les problèmes des autres, nous n’avons pas le temps de travailler sur les nôtres. L’apôtre Paul offre des conseils étonnamment pratiques au sujet des émotions. Il nous dit de ne nous inquiéter de rien et de simplement prier. C’est un bon conseil, qui peut pourtant paraître banal quand nous sommes en plein conflit, submergés par nos émotions. Même si nous prions, notre émotion a tendance à rester collée à nous. C’est pourquoi Paul rajoute quelques versets, nous conseillant de remplacer nos émotions négatives par ce qui est vrai, honorable, pur : « Portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, … » (Philippiens 4.4-8)

Choisir ses mots avec soin Lorsque nous vivons des émotions fortes, nos paroles révèlent qui en est responsable : • « Tu m’énerves. » ou « Je suis énervé. » • « Tu m’as menti. » ou « Je me sens dupé. » • « Tu me blesses quand tu te renfermes » ou « Quand tu te renfermes, je me sens blessé. » Rendre notre conjoint responsable de la manière dont nous nous sentons se transforme souvent en critique. Après tout, si c’est de sa faute, c’est normal que je sois irrité, non ? Lorsque notre mari ou notre femme ne se repent pas, cela ne fait

qu’augmenter nos sentiments négatifs. Nos paroles deviennent alors souvent sarcastiques ou méchantes. Voici le filtre que l’Écriture nous propose d’appliquer : « Qu’aucune parole malsaine ne sorte de votre bouche, mais seulement de bonnes paroles qui, en fonction des besoins, servent à l’édification et transmettent une grâce à ceux qui les entendent » (Éphésiens 4.29). La première partie suggère qu’il est souvent mieux de ne rien dire et d’écouter ; la seconde partie nous appelle à prendre les rênes de nos émotions et de la manière dont nous les exprimons.

Lorsqu’un couple a pris l’habitude d’être locataire de ses émotions, il peut paraître impossible de reprendre le dessus. C’est vrai que réussir à régler les difficultés profondes qui se sont installées dans un mariage peut demander du temps, voire même une aide professionnelle. Mais cela peut aussi passer par quelques changements personnels simples qui ne dépendent pas des réactions de l’autre, puisqu’il s’agit de la responsabilité personnelle de chacun. Lorsque nous redevenons propriétaires de nos émotions et que nous arrêtons d’accuser notre conjoint, nous cessons de le considérer comme le problème. Nous pouvons alors le voir comme un partenaire précieux et unique dans cette grande aventure et à poser les bases d’une relation de première classe. Si vous vous posez la question quant à notre fin de semaine, nous ne sommes pas partis. En revanche, nous avons bien avancé les travaux de la terrasse, au point que nous avons décidé, à l’unisson, de prendre quelques jours de vacances. 1 Livre en anglais intitulé Man’s Search for Meaning.

Le Dr Mike Bechtle est écrivain, orateur et conseiller senior chez FranklinCovey. Il est l’auteur de cinq livres, dont Dealing with the Elephant in the Room [Faire face à l’éléphant dans la pièce]. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Dr Mike Bechtle. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

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IL SE PEUT QUE , SANS NO U S E N A P E RC E VO IR , N O U S UTILISIONS LA HONTE COMME OUTIL DE DISCIPLINE

— pa r l e dr k e l ly f l anagan —

Q

Quinn devait avoir quatre ans quand il a frappé sa sœur de deux ans en plein visage. Je l’ai amené dans sa chambre, j’ai fermé la porte derrière moi et me suis agenouillé pour être à son niveau. La colère dans mon regard se reflétait dans ses yeux. Je voulais lui demander : « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » et répondre à ma propre question par une remarque cinglante comme : « Tu es un méchant garçon. » En d’autres termes, je voulais qu’il ressente de la honte. La honte est un message que nous recevons de notre entourage, affirmant que nous sommes mauvais, incorrigibles ou bons à rien. La honte est différente de la culpabilité. Un sentiment de culpabilité qui n’a pas été produit par quelqu’un

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d’autre peut être une émotion très saine, qui est là pour nous indiquer que nous avons fait quelque chose de mal. La honte est une émotion malsaine qui envahit notre âme pour nous dire que nous sommes mauvais. La culpabilité peut nous aider à corriger notre trajectoire alors que la honte nous condamne en tant que personne. En tant que parent, il est tentant d’utiliser la honte comme outil de discipline. Pourquoi ? Parce que ça fonctionne. La honte est un sentiment tellement douloureux qu’un enfant fera tout pour éviter de la ressentir à nouveau. Il voudra changer tout comportement ou niveau de performance afin d’éviter d’être condamné pour qui il est. À court terme, la honte est donc un outil très efficace pour changer un comportement.


Cependant, avec le temps, ce sentiment forge l’âme de l’enfant de manière particulièrement négative. Fort heureusement, il y a une alternative : se réjouir de ses enfants.

Des célébrations inattendues Il était une fois un fils prodigue qui avait bien mal agi (Luc 15.11-32). Il demanda l’héritage qui lui était dû lorsque son père mourrait. Après l’avoir reçu, il s’en alla et dilapida sa fortune dans la débauche. Un jour, il se réveilla au milieu des cochons, sale et affamé. Il revint à la raison et décida de rentrer chez son père, la tête basse, espérant y obtenir un travail. Le père scrutait chaque jour l’horizon du regard, cherchant son fils rebelle. Puis un jour, il l’aperçut au loin. Avec joie, il souleva sa tunique pour courir à sa rencontre, le prendre dans ses bras et célébrer son retour. Un père qui se réjouit de son enfant sait que son fil a mal agi, mais qu’il n’en perd pas sa valeur pour autant. Bien que, à genoux devant Quinn, j’étais tenté de lui faire honte, ce jour-là, j’ai marqué un point en tant que père : je ne l’ai pas couvert de honte. Au lieu de cela, j’ai choisi de l’apprécier pour qui il était. Je lui ai dit : « Quinn, je sais que tu aimes ta sœur, et je sais que tu as un cœur tendre. Peux-tu essayer de lui demander pardon ? Quand tu seras prêt à le faire, tu pourras sortir de ta chambre. » Quelques minutes se sont écoulées, puis une demi-heure. Puis une heure. La porte de la chambre s’est entrouverte et Quinn est sorti avec quelque chose à la main. Il avait passé une heure à fabriquer une carte d’excuse pour sa petite sœur. Elle était magnifique. En exprimant mon appréciation pour ce qu’il y avait de bon en mon fils, je l’avais aidé à le voir aussi lui-même. Ainsi, ayant conscience de sa propre valeur, il avait pu prendre la bonne décision.

Soyez des parents qui se délectent de leurs enfants Que peut-on apprendre de ce père qui court en relevant sa tunique sur la manière de discipliner nos enfants ? Ce père, qui représente Dieu le Père, nous enseigne à être des parents qui prennent grand plaisir en nos enfants plutôt que de les rabaisser. Cette histoire nous enseigne trois éléments clés pour nous délecter de nos enfants :

Leur prêter attention Nous devons toujours scruter l’horizon à la recherche de nos enfants. Lorsque leur comportement n’a rien de réjouissant, nous devons bien sûr appliquer des conséquences, mais attention à ce que celles-ci soient ancrées dans ce que nous savons être appréciable concernant leur cœur. Pour cela, il nous faut réellement passer du temps à les observer. Cela signifie mettre de côté nos téléphones et nos ambitions et faire l’effort de réellement voir nos enfants. Cela demande un investissement à long terme.

Les prendre dans les bras Un câlin est empreint de douceur. Il renvoie un message contraire à celui empreint de honte : « Même quand ton comportement est mauvais, tu seras toujours aimé dans ces bras. Tu feras peut-être des erreurs, mais tu n’es pas une erreur et tu seras toujours le bienvenu. » Nous pouvons faire ressentir ce message à nos enfants par nos gestes, nos paroles et l’attention que nous leurs portons.

Les célébrer Quand le fils prodigue est rentré, son père a organisé une fête pour lui. Il a mis du temps à part pour se réjouir de son fils désobéissant. Ne nous attendons toutefois pas à pouvoir nous réjouir quand nous sommes sous le coup de la colère. Il est important de mettre régulièrement du temps à part pour nous rassembler en famille, pour offrir à nos enfants notre pleine attention et prendre le temps de nous délecter de leur personne. Quinn a maintenant dix ans. Hier soir, au moment du repas, son grand frère a accidentellement déchiré une page de son livre préféré. Pendant quelques minutes, je l’ai vu se battre avec les sentiments de tristesse et de fureur qui montaient en lui. Puis soudain, la vérité sur son identité a pris le dessus. Il a demandé à son frère de réparer son livre, puis, se tournant vers le reste de la famille, il nous a invités à parler de quelque chose de plus réjouissant, me demandant comment s’était passée ma journée. Je l’ai regardé, le cœur rempli de joie. Kelly Flanagan est docteur en psychologie et co-fondateur de la clinique Artisan Clinical Associates à Naperville, dans l’Illinois, aux États-Unis. Kelly a épousé une docteure en psychologie qui s’appelle elle aussi Kelly. Ensemble, ils ont trois enfants. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par le Dr Kelly Flanagan. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

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ENFANT PRODIGUE : E S T- I L P O S S I B L E D ’ Ê T R E D E S U F F I S A M M E N T B O N S P A R E N T S P O U R AV O I R L A G A R A N T I E Q U E N O S E N FA N T S N E S ’ É LO I G N E RO N T JA M A I S D E D I E U ?

— pa r gary t homas —

A

Arianna avait le cœur brisé par les choix immoraux que son fils faisait en tant que jeune adulte. Elle lui a demandé où se situait Jésus dans tout cela. « C’est quelque chose que j’ai besoin de reconsidérer. Ça fait longtemps que je me questionne au sujet de Jésus », lui a répondu son fils. Voilà les paroles les plus douloureuses qu’Arianna ait entendues. Un mauvais comportement est une chose, mais perdre la foi en Jésus est beaucoup plus grave. Lors de notre discussion, Arianna se demandait ce qu’elle avait mal fait en tant que mère. Aurait-elle dû lui faire l’école à la maison ? L’avait-elle laissé

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consacrer trop de temps aux activités sportives ? Lui avait-elle parlé trop peu de la foi ? « Est-ce de ma faute ? Suis-je un mauvais parent ? », s’interrogeait-elle.

Il n’y a aucune garantie En tant que pasteur, il est toujours difficile d’expliquer aux parents que le fait d’aimer Jésus, d’élever ses enfants dans une bonne église et de prendre du temps à la maison pour leur enseigner les bases de la foi ne leur garantit pas de systématiquement obtenir les résultats

e s c o m p t é s. C o m b i e n j e v o u d r a i s pouvoir leur promettre que nos efforts continus amèneront infailliblement nos enfants à aimer et à suivre Dieu ! Le fait est que nous ne sommes pas en train de programmer des ordinateurs. Nous élevons des jeunes adultes créés à l’image de Dieu, image qui repose sur la capacité des êtres humains à faire des choix. J’ai lu avec Arianna le passage de Marc 13.12-13 où Jésus, s’adressant à des croyants, explique : « Les enfants se soulèveront contre leurs parents et les feront mourir. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. »


est-ce de ma5 faute ? Dans ces promesses, que personne ne désire vraiment s’approprier, Jésus avait prédit que certains croyants verraient leurs enfants se rebeller, non seulement contre eux, mais aussi contre lui. Avoir part aux souffrances de Christ peut inclure vivre la douleur de voir ceux que l’on aime rejeter la vérité. L’une de ces pr omess es s emble s’appliquer en particulier aux enfants : « S’il y a cinq personnes dans une famille, elles seront divisées, trois contre deux et deux contre trois, le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la bellemère. » (Luc 12.52-53) La réaction d’Ariana à ces promesses fut la réponse classique : « Je préfère de loin le verset qui dit que, si on élève un enfant dans les voies de Dieu, il ne s’en éloignera pas. »

N’est-ce pas notre cas à tous ?

Une ligne de division Bien que ce ne soit pas une réalité sur laquelle beaucoup de parents veuillent s’arrêter, être disciple de Jésus ne nous garantit pas que nos enfants le suivront également. D’ailleurs, Jésus a affirmé qu’il pouvait devenir une « épée » de division, créant une séparation entre parents et enfants, entre fidèles et infidèles (Matthieu 10.34-36). Ce n’est donc pas un signe d’échec pour un parent chrétien. La raison pour laquelle Jésus dit cela, et peut-être l’une des raisons pour lesquelles Dieu l’a inclus dans la Bible, c’est pour que les parents sachent que la rébellion d’un enfant ne signifie pas qu’ils ont échoué en tant que parents. En d’autres termes, Jésus ne dit pas cela pour nous

condamner, mais pour nous préparer. L e Dr Steve Wilke explique aux parents attristés : « Bien que Dieu ait créé un monde parfait pour Adam et Ève, cela ne les a pas empêchés de pécher. Pensez-vous que la Trinité s’est alors demandé : ‘Où s’est-on trompé ?’ » Pensez au roi David, que Dieu a promu de berger à roi d’Israël, lui donnant une grande influence. David a réagi en commettant un meurtre et un adultère. Pensez-vous que Dieu se soit demandé : « Qu’aurais-je pu faire différemment ? Ah, si seulement j’avais été un meilleur Père ! » Lorsque Jésus a vécu en tant que Messie parfait, offrant à Judas de merveilleux enseignements, des conseils parfaits et le meilleur exemple qui ait jamais existé, mais que cela n’a pas suffi, Jésus s’est-il interrogé : « Qu’ai-je mal fait en tant que rabbin ? »

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Chacun fait ses propres choix. Penser que nous pouvons être des parents suffisamment bons pour que nos enfants ne s’éloignent jamais de Dieu revient à penser que nous pouvons faire mieux que la Trinité. En tant que parents, vous ne pouvez pas créer un jardin d’Eden parfait pour vos enfants. Et même si vous le pouviez, cela ne les empêcherait pas de pécher.

Le syndrome de Samuel Samuel est une figure fondatrice de l’histoire d’Israël. Selon ce qu’on sait de lui, il fut un fidèle serviteur de Dieu (1 Samuel 2.35 ; 12.1-5). Cependant, ses deux enfants se sont rebellés contre Dieu : «Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël. […] Les fils de Samuel ne marchèrent point sur ses traces ; ils se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice. » (1 Samuel 8.1, 3) Certains auteurs chrétiens ont estimé que c’était la faute de Samuel, suggérant qu’il aurait échoué en tant que père, ajoutant qu’un travail dans le ministère peut parfois venir entraver le rôle de parent. Mais cela n’apparaît pas dans la Bible. Il est seulement dit que les fils de Samuel se sont révélés être de mauvaises personnes. Eli, à qui Samuel a succédé, est pour sa part accusé de ne pas avoir réprimandé ses fils (1 Samuel 3.13). Le fait que la Bible ne dise rien de tel concernant Samuel signifie donc probablement que Dieu ne le tient pas pour coupable des choix de ses enfants. En tant que parents, nous avons tendance à vivre les échecs de nos enfants comme si c’étaient les nôtres. Je ne dis pas que cela soit une bonne chose, mais c’est généralement le cas. Nous avons tendance à trop vite nous attribuer leurs réussites et à nous tenir pour responsables de leurs échecs et rébellions. Il est difficile d’accepter le fait qu’aucun d’entre nous ne peut être

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un parent tellement bon que Dieu se retrouve à devoir sauver l’âme de nos enfants, comme par obligation envers nous. D’un autre côté, il peut être rassurant de savoir qu’aucun d’entre nous ne peut se tromper à tel point que notre enfant devienne irrécupérable pour Dieu. Prenez le roi Asa par exemple, qui craignait Dieu au début de son règne, mais qui finit par s’en détourner pour s’appuyer sur des puissances étrangères afin de vaincre ses ennemis. Asa mit en prison le prophète qui lui annonçait la vérité. Pourtant, en dépit de sa rébellion, son fils Josaphat a été fidèle à Dieu (2 Chroniques 17.3). Dans ce cas, le mauvais exemple d’Asa n’a pas détourné son fils de Dieu. La leçon à tirer est donc celle-ci : la Bible recueille les histoires de fidèles serviteurs de Dieu, tels que Samuel, dont les enfants sont devenus rebelles. On y voit aussi le parcours de ceux qui ont abandonné Dieu, comme Asa, et dont les enfants sont pourtant restés fidèles à Dieu. On y trouve même un roi particulièrement méchant (Achaz), père d’un fils héroïque, excellent disciple de Dieu (Ézéchias). Je ne dis pas que nos erreurs en tant que parents n’ont aucun effet sur le bienêtre de nos enfants, ni que par nos lacunes, ils ne peuvent pas s’éloigner de Dieu. Je dis que les échecs des enfants ne reflètent pas nécessairement l’échec des parents, même si c’est souvent l’impression que nous en avons, en tant que parents. La culpabilité fera toujours partie de nos vies de parents imparfaits, appelés à élever des enfants pécheurs. Nous ne serons jamais des parents parfaits.

Une lueur d’espoir Si, comme Arianna, vous vous demandez si vous êtes responsable des choix de votre enfant, vous pouvez vous confier dans la promesse suivante : Dieu se préoccupe encore plus que vous du

bien-être spirituel de votre enfant. Il n’est ni silencieux, ni limité dans sa puissance. Cette vérité constitue un grand encouragement pour moi personnellement. Si Dieu a pu me garder, moi, près de lui, existe-t-il quelqu’un qui soit trop perdu pour lui ? Vous ne savez peut-être pas où votre fils en est avec Dieu, mais vous savez où Dieu en est avec votre fils. Dieu, notre Sauveur, aime votre enfant et désire le sauver. Il veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Timothée 2.4). Si nous nous focalisons sur nos enfants et sur leurs choix, nous risquons de nous renfermer dans la peur et le désespoir, alors que si nous redirigeons nos pensées vers Dieu, son caractère et sa puissance, nous serons portés par l’espérance. Un leader chrétien rempli de sagesse, dont le cœur était brisé par la rébellion d’un de ses enfants, m’a un jour confié qu’il lui avait fallu une année entière pour réussir à faire en sorte que sa joie ne soit plus liée aux choix de ses enfants. « J’ai enfin décidé que les choix moraux de mes enfants ne devaient plus m’empêcher de marcher dans la joie de Christ. » La joie n’efface toutefois pas une tristesse très réelle. De la même manière que nous n’attendons pas de quelqu’un qui vit un deuil de simplement « aller mieux », nous ne devrions pas exiger un rétablissement rapide d’un parent attristé par la rébellion d’un enfant. Chacun traverse le deuil à son rythme ; un des parents peut s’en remettre rapidement, tandis que l’autre pourrait se sentir paralysé par la peur et le désespoir pendant longtemps. Si votre conjoint et vous avez des réactions différentes face à la rébellion de vos enfants, ne laissez pas ce fait creuser un fossé entre vous. Il s’agit au contraire d’une occasion de faire preuve d’encore plus de miséricorde et d’écoute l’un envers l’autre. Alors, quand vous priez pour votre enfant, fixez votre regard sur Jésus plus que sur les péchés de votre fils


ou de votre fille. Si votre enfant a des problèmes d’addiction, des ennuis avec la justice ou s’il fait des mauvais choix relationnels, il est facile de se focaliser sur la situation qui vous trouble, laissant la peur des conséquences potentielles de leur comportement devenir le moteur de vos prières. Cela revient à s’attaquer aux symptômes plutôt qu’à la maladie, qui est la séparation d’avec Jésus. Dieu peut très bien se servir d’une addiction, d’un séjour en prison ou d’un cœur brisé pour ramener un enfant prodigue près de lui. Un pécheur n’est pas condamné par son comportement, il est condamné quand il ne recherche pas le pardon et le salut de son Sauveur. Demandez à Dieu que votre enfant soit submergé par la beauté et la gloire de Christ. Le salut de nos enfants n’a jamais dépendu de nous. La bonne nouvelle, qui est source d’espérance pour nous, c’est que le retour à Dieu de notre enfant prodigue ne dépend pas de nous non plus. Dieu peut utiliser de nombreux chemins et de nombreuses personnes pour ramener ses enfants à lui. C’est notre droit et notre privilège de prier avec espérance, tout en permettant à Dieu de choisir sa méthode pour appeler nos enfants à lui. Vo us ne s er ez jamais s e ul dans ce combat. Vous êtes des partenaires du Dieu de l’univers, qui est plus que capable de combler nos lacunes et de reconstruire ce qui a été détruit.

Si nous nous focalisons sur nos enfants et sur leurs choix , nous risquons de nous renfermer dans la peur et le désespoir, alors que si nous redirigeons nos pensées vers Dieu, son caractère et sa puissance, nous serons portés par

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L’ESPÉRANCE.

Gary Thomas est un orateur international et auteur de plusieurs livres, dont Vous avez dit oui à quoi ? et Votre mari a besoin de vous. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Gary Thomas. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

Soumettez-nous vos sujets de prière : Notre équipe se réunit tous les matins pour prier pour vous et pour vos enfants. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous envoyer les noms de vos enfants prodigues par courriel à lettres@focusfamille.ca. Nous serons heureux de joindre, en toute confidentialité, nos voix aux vôtres pour le salut de ceux qui vous sont chers.

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oui mais comment ? COMPRENDRE CE QUE LE PARDON N’EST PAS AFIN DE P OUVOIR P A R D O N N E R E T Ê T R E L I B É R É D E L’A M E R T U M E

— pa r laura p e t h e rbrid ge —

A

Angela savait qu’elle devait pardonner à Leslie, mais elle ne savait pas comment. Après tout, Leslie avait trahi leur amitié en faisant part à d’autres personnes de conversations qui auraient dû rester entre elles. Cependant, elle savait que si elle ne se débarrassait pas de sa colère et n’accordait pas son pardon à Leslie, l’amertume menaçait de la ronger. Cela fait vingt ans que j’enseigne dans des conférences où j’ai rencontré de nombreuses personnes qui ont du mal à pardonner. Elles comprennent l’importance du pardon, mais peu d’entre elles ont appris comment pardonner. Le cycle de l’amertume et de la vengeance se perpétue, souvent à cause d’une vision inexacte du pardon. Il existe de nombreuses ressources pour expliquer ce qu’est le pardon, mais bien peu pour nous montrer ce qu’il n’est pas. C’est pourtant souvent la clé.

1.

Le pardon n’est pas un sentiment

Si vous attendez d’être rempli d’un sentiment de pardon, il y a peu de chances que cela arrive. Le pardon est un acte d’obéissance à Dieu, qui provient de notre gratitude envers sa grâce. Dieu sait que la vengeance, la colère et la rage peuvent nous détruire spirituellement, émotionnellement et physiquement. Jésus a payé un trop grand prix pour que ses bien-aimés soient esclaves, en particulier de la haine. Il veut que ses enfants soient libres. On ne peut pourtant pas être libre lorsqu’on vit sous le poids de l’amertume. Lorsque les chaînes de la vengeance enserrent nos poignets, il est impossible de lever les mains pour louer Dieu.

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2.

Pardonner ne signifie pas faire semblant de ne pas avoir été blessé

3.

Pardonner ne veut pas dire fermer les yeux sur le mal que l’on vous a fait

4.

Pardonner ne signifie pas faire confiance à son offenseur

Se promener en affichant un faux sourire alors que l’on bouillonne à l’intérieur, ce n’est pas pardonner. Dans la Bible, nous ne voyons jamais Jésus faire semblant. Lorsqu’il était triste, il pleurait (Jean 11.35). Lorsqu’il était en colère, il renversait les tables dans le temple (Jean 2.15-16). Dans votre cas, quelqu’un a trahi votre confiance, a abîmé votre âme ou vous a pris quelque chose de précieux. Il est normal de reconnaître et de ressentir la souffrance infligée par le comportement d’une autre personne.

De nombreuses personnes hésitent à pardonner car elles ont l’impression que cela revient à approuver les choix de leur offenseur ou bien qu’ainsi, il va s’en sortir. Ce n’est pas le cas. Le pardon vous décharge plutôt vous de l’amertume et libère l’offenseur de sa dette envers vous.

Après une trahison, l’offenseur n’a pas un droit automatique à votre conf iance. Pardonner ne signif ie pas laisser


immédiatement la personne reprendre sa place dans votre vie ou dans votre cœur. Si celle-ci se repent et désire travailler à restaurer la relation, vous serez peut-être à même de lui faire confiance à nouveau après un certain temps. Cependant, il arrive parfois qu’on ne puisse plus à nouveau faire confiance à ceux qui nous ont blessés. Bien qu’accorder le pardon ne doive pas dépendre de la repentance du responsable, une personne qui se repent réellement n’exige pas le pardon, ou ne se sert pas de versets bibliques pour essayer de vous culpabiliser. Il accepte humblement les conséquences de ses actions, ainsi que toute responsabilité pour les fautes commises (Psaume 51). Une des conséquences peut être le besoin de vous laisser du temps, pour voir si vous pouvez à nouveau lui faire confiance. Il y a des gens dans mon entourage auxquels j’ai pardonné mais à qui je ne fais plus confiance car ils ont choisi de rester dans les mêmes schémas négatifs qui ont été une source de souffrance pour moi.

5.

Le pardon ne décharge pas l’offenseur de ses responsabilités

Une personne ne devrait pas être « tirée d’affaire » et libre de toute responsabilité simplement parce que vous avez choisi de lui pardonner. Par exemple, une épouse peut être pardonnée pour avoir mené sa famille à la ruine financière, mais elle devrait tout de même rester responsable de rembourser les dettes accumulées. Un ex-mari peut être pardonné pour avoir

détruit son mariage par un adultère, mais il doit quand même payer une pension alimentaire à son ex-femme. Le pardon n’efface pas la responsabilité. Mettre quelqu’un face à ses responsabilités n’est pas un manque d’amour. C’est souvent, au contraire, la meilleure chose que l’on puisse faire, car cela pourrait mener à la repentance.

Pardonner, c’est-à-dire renoncer au ressentiment et effacer la dette de la personne qui vous a offensé ou blessé, est rarement un événement ponctuel. La douleur ne disparaît pas nécessairement une fois que vous avez pardonné. Il arrive également que ceux qui nous sont les plus proches nous blessent de manière répétée, ce qui nous oblige à pardonner de manière répétée. Le meilleur moyen de faire un pas en avant vers le pardon est de reconnaître que vous avez besoin de pardonner. Soyez honnête avec Dieu et demandez-lui de vous révéler toutes les pensées biaisées que vous pourriez avoir concernant le pardon. Cela commence souvent par découvrir la différence entre ce qu’est le pardon, et ce qu’il n’est pas. Laura Petherbridge est formatrice pour le programme DivorceCare, un programme de rétablissement suite à un divorce, utilisé dans plus de 12 000 églises au monde. Elle est également auteure de plusieurs livres. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Laura Petherbridge en anglais.

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D É C O U V R E Z L’ H I S T O I R E D U P O U V O I R R É D E M P T E U R D E D I E U D A N S LA VIE D’UN PASTEUR ACCRO À LA P ORNOGRAPHIE

pa r nic k st u mbo

E

En 2010, ma vie avait l’air parfaite de l’extérieur. J’étais jeune pasteur dans une église en pleine croissance. J’avais trois beaux enfants et une femme merveilleuse, Michelle. J’avais une belle maison, de bons amis et un avenir radieux. Que pourrait-on demander de plus ? Mais en mon for intérieur, j’étais constamment tourmenté par une lutte incessante contre la convoitise et la pornographie, qui avait commencé quinze ans plus tôt. Lorsque je prêchais devant mon assemblée chaque dimanche, une voix accusatrice résonnait dans mon oreille : « Tu n’es qu’un hypocrite. S’ils savaient le genre de pensées et les luttes que tu as, ils quitteraient l’église immédiatement. » La honte et le sentiment de médiocrité m’accompagnaient au quotidien. J’étais coincé dans un cycle de consommation intense de pornographie suivie d’un rejet total, qui me laissait dans un état constant d’isolement et de dégout de moi-même.

CONFESSION ET PRIÈRE En quinze ans, j’avais essayé toutes les solutions que mon éducation chrétienne m’avait enseigné pour résoudre les problèmes de la vie. J’ai prié. J’ai lu les versets sur la convoitise, la tentation, la liberté et la victoire ; je pouvais les citer par cœur. Je confessais cette difficulté chaque fois que cela me semblait approprié : à mon animateur de camp d’été, au doyen de mon université, à mon premier pasteur associé, au conseil des anciens et, à de nombreuses reprises, à ma femme. Ce sont ces confessions qui, puisque nous n’étions pas réellement équipés pour les gérer de manière constructive, ont mené notre mariage au bord de la rupture, menaçant tout ce qui me tenait à cœur. J’avais tant besoin de l’aide et des encouragements de Dieu. J’ai prié pour qu’il me délivre. J’avais la foi et je m’attendais à ce que Dieu supprime mes désirs en un instant et me libère de ce combat. Au lieu de cela, il m’a surpris.

UNE OFFRE DE GRACE En avril 2010, j’ai participé à une conférence de pasteurs dans ma région. Lors de cet événement, Ted Roberts, fondateur de Pure Desire Ministries a parlé de l’amour inébranlable de Dieu pour nous tel qu’il était présenté dans l’histoire d’Osée et de Gomer. Il nous a encouragés à voir que nous, pasteurs, étions

Gomer dans cette histoire, abandonnant l’amour de Dieu pour les fausses promesses du péché sexuel et de la pornographie. À la fin de la conférence, on nous a fait part d’un plan d’aide pour les pasteurs qui avaient des difficultés dans le domaine de la pureté sexuelle. Tant que nous n’avions pas eu des comportements illégaux, ils voulaient nous aider à nous libérer de la pornographie et à garder notre travail. Il s’agissait là d’une offre merveilleuse et pleine de grâce, qui nous fournissait une occasion structurée de transformation vers la rédemption. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Pourtant, la honte avait créé en moi tellement de mensonges pour rationaliser et minimiser mon problème que je m’étais convaincu que je n’avais pas besoin d’autant d’aide. Par la grâce de Dieu, ma femme était assise à côté de moi lors de cette conférence. La souffrance que lui causait ma dépendance était si profonde qu’elle a tout de suite compris combien nous avions besoin d’aide. En la regardant, j’ai aperçu dans ses yeux un rayon d’espoir que je n’y avais pas vu depuis des années. Alors que je cherchais des excuses pour refuser cette aide, Michelle y a vu une porte ouverte vers une réel changement.

UNE FIN HEUREUSE, ET BIEN PLUS Grâce à l’honnêteté courageuse de Michelle envers moi, nous avons commencé le chemin vers la liberté avec le programme de Pure Desire. Il s’agissait d’une rencontre hebdomadaire en petits groupes ainsi que d’un accompagnement individuel sur toute une année. Ma vie a été transformée. J’ai appris à me montrer parfaitement honnête et à me construire des garde-fous efficaces contre certains comportements. J’ai creusé et dévoilé les blessures profondes et les fausses croyances qui m’avaient conduit dans ce piège. On nous a expliqué le fonctionnement du cerveau humain, tout en nous donnant des fondements bibliques afin de créer un changement durable dans notre manière de penser et d’agir. J’ai été libéré de ma dépendance à la pornographie et notre mariage est reparti sur de nouvelles bases, plus solides. Cela aurait pu être la fin heureuse de notre histoire. J’étais enfin libre et ma femme avait réussi à me pardonner et à aller de l’avant. Mais pour Dieu, ce n’était que le début. Comme l’explique clairement Paul dans 2 Corinthiens 1, ce que Dieu fait en nous, il veut aussi le faire à travers nous. Près d’un an après le début de notre propre cheminement

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vers la liberté, j’étais à nouveau devant mon assemblée pour prêcher. En terminant mon sermon sur Romains 7, j’ai confessé à l’église mes difficultés avec la pornographie. Je leur ai demandé pardon de les avoir déçus en tant que leader. Bien plus, je leur ai demandé de m’aider à lancer un ministère pour aider les femmes et les hommes qui font face à ce genre de combat, afin qu’eux aussi découvrent la véritable intégrité sexuelle et la liberté. Certains amis m’avaient averti du risque que plusieurs personnes quittent l’église si je me montrais complètement honnête. C’est exactement l’inverse qui s’est passé. Lorsque le pasteur a eu le courage de dire : « J’ai péché, mais Dieu m’a apporté vérité, transformation et liberté », les personnes de mon assemblée ont reçu cette révélation comme une permission de faire face à leurs propres combats. Plutôt que de garder les comportements sexuels compulsifs cachés et tabous au sein de l’église, nous avons ouvert la porte à ce qu’ils soient révélés pour qu’on puisse aborder honnêtement leurs effets dévastateurs sur nos vies et sur nos mariages.

MA RÉDEMPTION Michelle et moi avons eu la joie immense de voir notre église se transformer au cours des cinq années qui ont suivi. Des couples qui souffraient en silence ont pu retrouver grâce et espoir à travers des groupes où chacun pouvait se sentir en sécurité. Des hommes qui s’étaient mis à l’écart par peur d’être découverts ou par honte ont pu prendre des rôles de leadership plus importants.

Des femmes qui se sentaient prisonnières à cause des problèmes de leur mari ont pu être entendues et guérir émotionnellement. Notre église est devenue plus vivante que jamais. Pendant cette période, j’ai écrit le livre Nous affranchir1, qui raconte notre histoire. Sa publication m’a donné l’opportunité de parler lors de conférences organisées par Pure Desire Ministries. Fin 2015, l’équipe dirigeante du ministère m’a proposé de me joindre à eux en tant que directeur exécutif. Ted Roberts avait alors 70 ans et il était temps de préparer l’avenir du ministère. Michelle et moi avons prié et Dieu nous a clairement invités à accepter cette nouvelle étape. Notre histoire de guérison et de délivrance changeait des vies et nous avions le sentiment que cette œuvre était appelée à grandir. Promouvoir la guérison dans le domaine de l’immoralité sexuelle est aujourd’hui mon appel et ma passion. J’ai vu Dieu conduire de nombreuses personnes prises au piège de la pornographie sur un chemin de guérison impliquant honnêteté, communauté et un travail personnel en profondeur, leur permettant d’acquérir de meilleures compétences relationnelles et d’être renouvelées spirituellement. 1 Livre en anglais intitulé Setting Us Free, par Nick Stumbo.

Nick Stumbo est le directeur exécutif de Pure Desire Ministries, un organisme de soutien et d’éducation face à la dépendance à la pornographie. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Nick Stumbo. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

découvrir la liberté en dieu face à la pornographie La pornographie affecte-t-elle votre vie ou celle d’un être cher ? Chez Focus Famille, nous souhaitons vous encourager en vous rappelant qu’il y a de l’espoir et qu’il est possible de s’en sortir. Nous ne voulons pas que vous vous sentiez isolé et rongé par la honte. Nous sommes là pour vous accompagner en vous proposant des ressources qui peuvent vous aider dans ce combat. Si vous avez été blessé par la dépendance à la pornographie de

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votre partenaire, sachez qu’il est possible de trouver du soutien. Nous vous proposons de lire l’article de Louise Madill : La pornographie ? Pas mon mari ! disponible sur notre site internet FocusFamille.ca. Nous espérons qu’il vous aidera à voir que, même si votre conjoint fait face à ce problème depuis des années, la restauration est encore possible. Dieu peut vous aider à sortir de la prison de la pornographie.


PROMESSES DE LA BIBLE

Pardonnés, purifiés, libérés !

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Quand vient la voix de l’accusateur, vous condamnant pour vos anciennes erreurs, vos manquements et vos péchés contre Dieu, nous vous encourageons à lire et à relire la sélection de versets ci-dessous. Considérez-les comme une prescription médicale pour votre âme, lorsqu’elle est accablée par les poids de la honte, de la condamnation et de l’amertume.

Pour se rappeler du pardon de Dieu « Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes : la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui. » (Ésaïe 53.5) « J’ai effacé tes crimes comme un épais nuage et tes péchés comme un brouillard. Reviens à moi, car je t’ai délivré. » (Ésaïe 44.22) « [L’Éternel] se tient à la droite du pauvre pour le délivrer de ceux qui le condamnent. » (Psaume 109.31)

Pour pouvoir accorder le pardon aux autres « Ce n’est pas par la colère qu’un homme accomplit ce qui est juste aux yeux de Dieu. » (Jacques 1.20) « Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune contre les membres de ton peuple. » (Lévitique 19.18) « L’homme avisé est lent à la colère, il met sa gloire à passer par-dessus une offense. » (Proverbes 19.11)

Pour marcher continuellement dans la lumière « Ne pensez plus aux événements passés, et ne considérez plus ce qui est ancien. » (Ésaïe 43.18) « Débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. » (Hébreux 12.1) « Christ nous a rendus libres pour que nous connaissions la vraie liberté. C’est pourquoi tenez bon et ne vous mettez pas à nouveau sous le joug de l’esclavage. » (Galates 5.1)

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Ce que vous

GARDEZ CACHÉ

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G A R D E R L E P É C H É D A N S L’ O B S C U R I T É N O U S T I E N T C A P T I F S . I L E S T T E M P S D E L’A P P O R T E R À L A L U M I È R E

pa r carolyn m cc u l l e y

D

De nos jours, dans les bons comme dans les mauvais moments, Mais cela n’est jamais le cas. Les graines finissent toujours nous vivons à plein volume. Quelqu’un publie la photo d’un par sortir du sol et la récolte apparait au grand jour. Semer et homme dans le métro qui aide un père à résoudre le problème récolter, ténèbres et lumière – que ce soit dans cette vie ou lors de maths de son enfant et cet acte de gentillesse devient viral. du jugement à venir, nos actions à tous seront entièrement Un client met en ligne la photo d’une serveuse découpant la dévoilées. viande d’un homme âgé dans un restaurant et son amabilité devient virale. Quelqu’un d’autre publie la vidéo de deux hommes noirs qui se font arrêter alors qu’ils sont simplement UN CHAMP DE assis dans un café et l’indignation que leur arrestation suscite pousse une grande enseigne à changer ses pratiques. Une célébrité tweete un commentaire raciste et elle perd son émission et ses sponsors. Quand j’étais petite, je pensais naïvement que toute activité Il est vrai que les caméras sur nos téléphones et les réseaux s’arrêtait au moment où je quittais la pièce, et que la vie sociaux amplifient le fait que nos actes finissent par être reprenait lorsque je revenais. Puisque je ne pouvais pas voir exposés (pour le meilleur et pour le pire). Cette réalité ne date ce qu’il se passait quand je n’étais pas là, je partais du principe toutefois pas d’aujourd’hui. Il s’agit d’une promesse biblique : qu’il ne se passait rien. Pour moi, ce que je pouvais percevoir « Il n’y a en effet rien de caché qui ne doive être mis en lumière, constituait la réalité dans son intégrité. Évidemment, ce n’était rien de secret qui ne doive être connu et mis au jour. » (Luc 8.17) pas vrai. D’une certaine manière, la technologie du vingt-et-unième Penser qu’on peut planter des mauvaises graines et obtenir siècle n’est qu’une nouvelle expression d’un corollaire agraire : une bonne récolte est dangereux, tout autant que de vivre « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un comme si le monde physique visible était la seule chose qui homme aura semé, il le récoltera aussi. Celui qui sème pour compte. Il existe une réalité spirituelle que nous ne voyons satisfaire sa nature propre récoltera d’elle la ruine, mais celui pas et qui est tout aussi réelle que ce que nous pouvons voir, qui sème pour l’Esprit récoltera de l’Esprit la vie éternelle. » entendre ou toucher. Ce que nous considérons comme « la vie (Galates 6.7-8) normale » est en fait le champ d’une bataille spirituelle intense, Ce verset illustre une vérité intemporelle : nos actions de dans lequel nous vivons sans nous y préparer, voire même sans chaque jour sèment des réactions futures. Les conséquences savoir qu’il existe. Nous vivons comme si nous n’avions pas un sont parfois une vague d’indignation sur Twitter, mais la ennemi spirituel qui cherche à nous détruire. plupart du temps, elles ne sont pas aussi immédiates. Voilà Reconnaître que le péché est un ennemi intérieur auquel il pourquoi l’image de semer et de récolter est importante. faut faire face ne suffit pas. Vous devez également vous préparer Nous pouvons facilement nous à combattre l’ennemi extérieur, un convaincre que les mauvaises graines être qui vous déstabilise, vous tente Ce que nous considérons ne prennent pas réellement racine et vous fait obstacle. Pour réussir comme « la vie normale » puisqu’il faut souvent du temps à le vaincre, il faut connaitre ses avant d’arriver à la récolte. Le péché stratégies d’attaque. est en fait le champ d’une nous murmure que nous pouvons La première ligne de défense est de bataille spirituelle intense, enterrer nos mauvaises graines sans savoir reconnaître les « campagnes que personne n’en sache rien. Il nous dans lequel nous vivons sans de désinformation » de la tentation. promet que nous serons l’exception Le péché qui détruit une vie ne se nous y préparer, voire měme présente pas à nous sous sa vraie à la loi universelle qui veut que l’on récolte ce que l’on sème. forme de carcasse infecte. Non, sans savoir qu’il existe.

bataille spirituelle

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l’ennemi nous le présente comme l’objet de nos désirs, qui nous attire par ses mensonges séduisants : « Personne ne le saura… Allez, juste une fois… Ce sera la dernière… Tu le mérites bien… » Les attaques de l’ennemi sont incessantes. Ce ne sont pas juste des tentations qu’il nous présente sans cesse ou les mensonges qu’il répand ; il s’attaque aussi à nos faiblesses. Il nous étudie et nous voit planter nos graines secrètement. Il se sert de ces péchés cachés afin de nous détruire, nous qui sommes les enfants bien-aimés de Dieu. L’une de ses tactiques de guerre préférées est de nous attirer seuls sur le champ de bataille, isolés des autres et réticents à demander de l’aide. Il nous fait croire que nous pouvons gérer seuls notre péché, que ce n’est pas si grave que ça en a l’air, ou que personne ne nous comprendrait si on en parlait. Le pire, c’est qu’il nous fait croire que la lumière rédemptrice de Dieu nous fera du mal et qu’il vaut mieux pour nous rester dans l’ombre, doutant de la bonté et des objectifs de Dieu pour notre vie.

LA LIBERTÉ QU’OFFRE

la confession

l’ennemi utilise vicieusement pour notre destruction. Ce que nous gardons dans l’obscurité devient notre propre prison. Même lorsque Dieu nous donne l’occasion de venir à la lumière et de confesser ce que nous cachons, nous pensons souvent que le prix de cette liberté est trop élevé. C’est encore un mensonge. La vérité, c’est que nous payons un prix bien plus cher lorsque nous gardons notre péché secret. Cacher le péché corrompt notre âme, blesse ceux qui nous entourent et détruit notre témoignage. C’est une blessure que nous nous infligeons à nous-mêmes sur le champ de bataille spirituel. Il y a toutefois un moyen d’obtenir la protection : en confessant nos péchés. La confession dévoile ce que nous essayons de cacher et place notre péché dans la lumière de Dieu, celle qui nous guérit. Confesser ouvre également la porte au reste de notre bataillon, pour qu’il puisse nous accompagner, prier pour nous et nous protéger. Certes, il arrive parfois que la confession nous attire jugement et condamnation de la part de certains chrétiens immatures. Ceux-là doivent encore acquérir l’humilité spirituelle mentionnée dans Galates 6.1, où Paul nous dit que ceux qui sont surpris dans le péché doivent être redressés avec « un esprit de douceur ». Mais je vous assure que même la condamnation de ces personnes est bien moins grave que la destruction qui découle d’un péché non confessé1.

« J’ai quelque chose de sérieux à te dire. Mais pour commencer, je veux te demander pardon parce que cela fait longtemps que je te mens. » LA FORCE DE C’est ainsi qu’un ami avait entamé une conversation difficile avec moi concernant un péché caché qui avait détruit sa vie. Alors qu’il me révélait qu’il avait abusé sexuellement de ses enfants, j’étais choquée, à la fois par ses actions et par le fait C’est pour la liberté que Christ nous a rendus libres (Galates qu’il avait pu si bien les cacher, pendant si longtemps. 5.1), mais nous ne sommes pas libres lorsque nous sommes Je repensai à sa forte résistance à la confession, même esclaves du péché. Oui, être réprimandé peut s’avérer lorsque de nombreuses occasions s’étaient présentées à lui douloureux. L’ennemi vous fera croire qu’il est bien pire d’être au cours des années. Il m’expliqua : « Mon pasteur m’avait découvert que de rester dans le péché. Mais n’oublions pas interrogé sans détours sur des allégations passées et je lui ai que la correction « produit plus tard chez ceux qu’elle a ainsi menti sans honte. J’ai affirmé que ces accusations étaient des exercés un fruit porteur de paix : la justice » (Hébreux 12.11). mensonges. Il aurait mieux valu que je Dieu, qui est riche en miséricorde envers confesse tout à ce moment-là, parce que ses enfants, n’expose le péché que pour Le péché caché qui je n’ai fait que continuer à pécher. » restaurer sa justice en nous. croupit dans le noir est Ses paroles me hantent encore. Alors Lorsque Jésus interpelle la femme qu’il parlait, je me demandais en quoi adultère au sujet de son péché, c’est dans un outil que l’ennemi cela aurait été différent s’il avait confessé le but de restaurer sa dignité en tant que utilise vicieusement ses tentations dès le départ, avant de porteuse de l’image de Dieu. commettre un crime, de détruire sa Jésus lui a demandé : « “Femme, où pour notre destruction. famille et d’être mis en prison. Cela sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne aurait certainement été très difficile à faire, mais en rien aussi t’a-t-il condamnée ?” Elle répondit : “Non, Seigneur.” Et Jésus dévastateur que de ne rien dire. lui dit : “Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus.” » Le péché caché qui croupit dans le noir est un outil que (Jean 8.10-11)

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Imaginez que vous êtes à la place de cette femme. Elle pensait mourir à cause de son péché, mais soudain, elle se retrouve pardonnée et libérée ! Elle faisait face à la condamnation sans appel de sa communauté, mais la sainteté de Jésus a empêché les pharisiens de la lapider. Son cœur a dû être rempli d’amour et de gratitude suite à cette rencontre avec Jésus. L’amour de Jésus, à travers lequel il a donné sa vie pour que nous soyons purifiés et libérés du péché, est la raison pour laquelle nous pouvons déterrer les graines de destruction, ne leur laissant pas le temps de grandir en nous. C’est aussi la raison pour laquelle nous pouvons rallier nos troupes, leur confiant sans crainte la vérité. Grâce à l’amour de Jésus, nous pouvons librement apporter nos péchés cachés à la lumière de Dieu, sachant que sa correction n’est qu’un des aspects de sa miséricorde réparatrice. Il est difficile de confesser nos péchés. Nous rencontrerons la même opposition à chaque fois, mais rien ne surpasse la liberté qui en découle. C’est pourquoi l’apôtre Paul prie pour que les Éphésiens comprennent l’amour de Dieu. Avez-vous déjà remarqué cette vérité enfouie à la fin du chapitre 3 ? Dans sa prière, Paul dessine cette image incroyable : « Que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour pour être capables de comprendre avec

tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. » (Éphésiens 3.17-18) En tant que chrétiens, nous avons la force de croire et d’agir en fonction de l’amour de Dieu et de vivre dans sa lumière. C’est ma prière pour chacun d’entre nous. 1 N.D.É. : il est important de noter qu’en cas de faute morale grave, la confession doit se faire avec prudence et sagesse. Il peut être nécessaire de se faire accompagner par un conseiller ou un pasteur dans cette démarche.

Carolyn McCulley est auteure, oratrice et cinéaste chez Citygate Films. Son livre le plus récent est intitulé The Measure of Success: Uncovering the Biblical Perspective on Women, Work, and the Home [La mesure du succès : Dévoiler la perspective biblique sur les femmes, le travail et la maison]. © 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Carolyn McCulley. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

Requêtes de prière : Notre équipe se réunit tous les matins pour prier pour vous. Si vous le souhaitez, vous pouvez nous faire part de vos combats par courriel à lettres@focusfamille.ca. Nous serions honorés de vous soutenir par la prière et ce, en toute confidentialité.

Grace à l’amour de Jésus, nous pouvons librement apporter nos péchés cachés à la lumière de Dieu, sachant que sa correction n’est qu’un des aspects de sa miséricorde réparatrice.

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R E C E T T E À PA R TA G E R

La nourriture et moi Même quand on a un rapport compliqué à la nourriture, Dieu peut nous accompagner vers plus de grâce et de liberté par anne worms

L

La nourriture. La nourriture fait partie des extraordinaires cadeaux de Dieu à ses créatures. Elle est pour nous une source de subsistance, elle nous fortifie et calme notre faim. Dieu a choisi de la créer multiple, incroyablement variée, colorée, source de plaisir, de créativité, de partage et de découverte. La nourriture est vraiment une manière pour Dieu de nous communiquer un peu de qui il est : un Dieu pourvoyeur qui peut commander à des corbeaux d’apporter à manger à ses enfants ou faire tomber une nourriture divine directement du ciel ; un Père dont le réflexe est d’ordonner un festin pour le retour de son fils égaré et qui nous promet le plus somptueux des banquets de mariage lors des grandes noces de l’Agneau ; un Sauveur qui a choisi comme symbole de son incarnation le pain et le vin, que nous partageons régulièrement en souvenir de son sacrifice… Comme toutes les plus belles bénédictions de Dieu envers ses enfants, l’ennemi et notre propre chair n’ont pas tardé à s’associer pour venir l’entacher. Ils ont essayé de nous empêcher d’en profiter tel que Dieu l’a prévu et de ruiner ce qui est parfait. C’est ainsi que pour certains, la nourriture devient une source de tentation, un sujet d’angoisse, une lutte incessante contre elle ou pour elle… En fait, notre rapport à la nourriture devient souvent complètement déformé. Entre ceux qui adorent la nourriture et en font le centre de leur vie et ceux qui pensent qu’ils peuvent s’en passer complètement, il y a toute une variété de comportements plus ou moins déviants et de luttes intérieures dans lesquelles, malheureusement, beaucoup d’entre nous peuvent se reconnaitre. En tout cas, pour ma part, je fais certainement partie des personnes qui ont un rapport malsain à la nourriture. Elle devient bien trop souvent (quotidiennement) un refuge et le lieu où je recherche plaisir et réconfort. Je me tourne vers la nourriture quand je suis angoissée, triste, fatiguée, énervée, stressée, heureuse, contrariée, blessée, ou même quand je m’ennuie… Vous n’avez pas l’impression qu’il y a là un problème ? En plus de voir mon poids et ma santé faire le yoyo constamment, cette difficulté m’a souvent donné l’impression que je ne pourrais jamais en sortir. Cela fait des années que je

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prie par rapport à ce problème et que je demande à Dieu de me donner la liberté qu’il promet à ceux qui le suivent. Cependant, cela reste un combat qui me parait sans fin et dont je ne semble pas pouvoir me débarrasser complètement C’est souvent un combat acharné et parsemé de victoires et de terribles rechutes. Mais ce que je voudrais partager ici, c’est qu’une chose qui m’aide dans mon cheminement sur ce sujet est de reconnaitre qu’en plus d’avoir besoin de délivrance, j’ai besoin d’ajouter une bonne grosse dose de… repentance. Oui, manger trop ou faire de la nourriture une idole est un péché. Plus je le reconnais, plus cela me pousse à tourner mon regard vers Dieu à chaque fois que je tombe, à reconnaitre que je ne lui ai pas donné sa bonne place dans ma vie et dans mon cœur et à recevoir de lui ce que je cherche en vain dans les sucreries : amour, réconfort, paix, sentiment de complétude et plus encore. J’avoue que souvent, je trouve ça plus facile à dire qu’à faire, mais en comprenant à quel point la nourriture est un cadeau merveilleux, je suis trop triste de la voir comme une ennemie ou comme une idole. J’ai envie de me battre pour redécouvrir cette beauté, ce reflet de mon extraordinaire Dieu et de son amour plein de fantaisie, de gout et de créativité pour moi.

La création est riche en saveurs et en aliments, tous plus étonnants ou nourrissants les uns que les autres. Ne dit-on pas que les fruits sont les bonbons de la nature ? Bon, je n’ai pas la recette des fruits, c’est un des petits secrets de Dieu, mais en poussant un peu ce principe, je vous propose une recette pour une petite collation ou gâterie dont le gout sucré et les propriétés énergétiques proviennent tout droit de la nature : de délicieuses dattes et quelques canneberges séchées. Un petit plaisir naturel et bon pour la santé, à tout de même consommer avec modération. Anne Worms est traductrice et coordinatrice chez Focus Famille. Disciple de Jésus, elle aime cuisiner de bons petits plats pour ses proches et trouver des recettes délicieuses et saines à partager. © 2020 Anne Worms. Tous droits réservés. Utilisation autorisée.


R E C E T T E À PA R TA G E R

Bouchées énergétiques dattes et avoine P OUR UNE VINGTAINE DE BOUCHÉES

TEMPS DE PRÉPARATION : 10 MIN

Ingrédients • • •

200 g de dattes sans noyaux 50 g de flocons d’avoine 100 g d’amandes effilées

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75 g de canneberges séchées 1 c. à soupe de sirop d’érable 2 c. à soupe de graines de chia

Noix de coco râpée non sucrée, pour décorer

Instructions 1. Mettez tous les ingrédients, sauf la noix de coco, 2. Prenez dans une main l’équivalent d’une cuillère à dans votre robot et mixez pendant deux à trois minutes, jusqu’à ce que vos ingrédients soient hachés très fin. Selon votre gout, vous pouvez garder un peu d’amandes et de canneberges de côté et les rajouter dans votre robot à la fin, pour avoir quelques morceaux plus gros dans vos bouchées. Votre mélange ne ressemblera probablement pas à une pâte, mais ne vous inquiétez pas.

soupe du mélange et pressez bien pour compacter. Roulez ensuite le mélange entre vos mains pour former une boule. 3. Disposez un peu de noix de coco râpée dans une petite assiette et roulez chaque boule dedans, pour la recouvrir de noix de coco. 4. Vos bouchées se garderont dans une boite fermée au réfrigérateur pendant une semaine sans problème.

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VOICI COMMENT DIEU PROUVE

son amour envers nous : ALORS QUE NOUS ÉTIONS

encore des pécheurs,

Christ est mort pour nous. ROMAINS 5.8

1 9946 80 a av e n u e l a n g l e y, b c v 2 y 0 j8 courriel l e ttr e s @ fo c u s fa mi l l e .c a web focu s fa mi l l e .ca

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