2 minute read

Sélection ciné

Charlotte Wensierski

C'est le mois des comédies corrosives sur des sujets épineux. C'est le printemps, les orages sont secs et les cœurs des filles grondent.

sortie le 21 avril

Promising Young Woman

« Kill Bill & Bill & Bill » Un film de Emerald Fennell avec Carey Mulligan (USA)

Une comédie noire, sans compromis, jusqu'au boutiste sur les dérives du patriarcat et de la domination masculine par une réalisatrice londonienne à surveiller, Promising Young Woman met en fureur l'excellente comédienne Carey Mulligan (An Education, Drive) rarement vue aussi «active» et frontale. La jeune actrice s'empare de la croisade de la « prometteuse » Cassandra, nom mythologique de celle aux oracles qu'on ne croit pourtant pas. Ange exterminateur blessé, elle mène son combat punitif d'hommes-goujats devant un spectateur/une spectatrice qui sera au choix, offusqué.e, galvanisé.e, dubitatif.ve mais la machine tragique est bien en route. Avec des codes empruntés au policier, à l'horreur, aux teens movies, Promising Young Woman sert un message plus ambigü qu'il n'y paraît. La méthode est discutable, l'issue pas si cathartique que ça. Et si le film ne tirait pas de leçons mais alimentait les discussions?

sortie le 19 mai sortie le 2 juin

© Arizona Distribution

UNE VIE DÉMENTE

«J'AI LA MÉMOIRE QUI FLANCHE » Un film de Ann Sirot et Raphaël Balboni (BE)

© GEM Ent.

STAGE MOTHER

« SEX, DRAG & ROCK'N'ROLL» Un film de Thom Fitzgerald avec Jacki Weaver (USA)

Dans les bacs le 20 mai

© Potemkine

MON ANNÉE À NEW YORK

« LE DIABLE S'HABILLE EN DIOR » Un film de Philippe Falardeau avec Sigourney Weaver (FR).

Pas évident de parler de démence sénile sans tomber dans le pathos. Pari réussi pour ce couple de réalisateurs. Ils signent un film beau et intelligent qui secoue nos préjugés sur les conséquences sociales et émotionnelles de cette défaillance cérébrale. Une histoire de famille, d'amour, de vie en rappel tendre de notre humanité sous toutes ses facettes, grandiose, transcendantale, colorée, fragile, qui rend très humble. Les acteurs : le fils, sa copine, la mère, l'aide à domicile, brillent de justesse et de simplicité. La mise en scène est rafraichissante quand trop de solennité aurait plombé l'aile de cette comédie osée. Le récit d'une collision d'univers, celui de Maybelline qui s'occupe d'une chorale d'église et de celui de son fils, décédé, qui tenait un cabaret de drag queens. Choc des cultures, et chemin initiatique d'apprentissage sur le tard, toujours très touchant, Stage Mother interroge la maternité, la féminité, le genre sur un mode drôle et pêchu qui ouvre les perspectives. Une fantaisie musicale survoltée mais au cœur doux et chaud. Film sur le monde coriace du management littéraire et une ode à tous les poètes qui mettent du temps parfois à trouver le courage de l'être.

This article is from: