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DO SÉ Unijambiste sur le fil des douceurs - severiphili@orange.fr
LE PRINTEMPS DES GUENILLES
En été, le soleil brûle, la terre rougit et transpire, l’eau s’évapore, le ciel est moite d’une fumée opaque. En automne, les cendres d’arbres, de feuilles, de graines, de fruits voilent le sol. Cette poussière grisâtre recouvre la faune et la flore d’un manteau imperméable et d’une écharpe de toxines asphyxiantes. Les vents dessèchent des pigments cendrés à défaut de souffler les feuilles mortes.
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En hiver, l’eau glisse sur ce plaid étanche d’une terre assoiffée. Sous ce manteau glacé par le froid, au coeur de la couche terrestre, le peu de vie ne somnole plus, il agonise, il ne dort plus, il se meurt. Alors en février, un hic, au parlement des oiseaux, l’état major du printemps a gardé son manteau d’hiver, prêt à quitter la séance. Les oiseaux chantent, gazouillent, mais les arbres ne se rhabillent pas de bourgeons, les boutons fermés, sans fleur, se dénudent de couleurs.
Silence ! Une décision présidentielle de mère nature qui supervise cette assemblée.
Guignez les guenilles du prin-
temps ! Il n’est vert que de peur ! Où est sa robe verte sous un châle coloré et chatoyant ? Les hommes m’avait promis une transition écologique !
Do Sé Colombes, portez des rameaux pour que cessent l’épandage d’armes chimiques et nucléaires Mésanges, mes anges, apparaissez aux vitres des chaumières, frappés par la faim. Corbeaux, croassez dans les champs pour le danger imminent des pesticides, insecticides, néonicotinoïdes...
Piafs et autres sans abris, squatez les cheminées des bûcherons, les foyers de gratte-ciel en papier... Cygne, assignez à résidence sous les fontaines des villes.
Oiseaux soyez les messagers du printemps, mais surtout de son dénuement !
HANAMI
Un ciel de cerisiers à fleurs Rosé d’un nuage éphémère Le voile de l’arbre charmeur Caresse, furtivement, l’air Soudainement, une rumeur La bise foudroie d’un éclair Toutes les nouvelles fraicheurs Une explosion d’un rose-chair Une pluie de frêles lueurs Un déluge de soie légère Tel un océan de douceur Une allée de pétales erre
Do Sé
UN PRINTEMPS
Cœur du rameau détruit Ecœuré d’hiver dur Ecorchure d’un glui Ecorce d’engelures Fleuve de ciel azur Fleurs sèchent toutes pluies Feu sur le corps bleui Feuillage de dorure Brin étendu revit Brun, l’être qui s’emmure
D’un brise-vent de vie Imbriqué de fleurs mûrs Après l’hiver, s’ensuit Apprêté d’une arcure Paisible cœur de fruits Paix, rameau, sa bouture Printemps après les nuits Printemps aux idées mûres Le printemps d’une vie Le prix d’un brise-mur
Do Sé
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Sous le ciel du printemps
Cliché d’une nuée d’hirondelles Sans un nuage à l’horizon Les massifs aux fleurs d’arc-en-ciel Feu d’artifice du sent-bon
Un astre aux reflets Torrentiels Une pluie des premiers rayons Le hamac au toucher de miel Un abri maillé de coton
Les poignants tourbillons des ailes Dévisagés par deux yeux ronds Une balançoire en dentelle Berce un corps dans le molleton
Do Sé
Ivan Leprêtre