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RÉGIONS On recherche des citoyens et des entreprises
ON RECHERCHE DES CITOYENS ET DES ENTREPRISES!
PAR PIERRE THÉROUX, JOURNALISTE
ISTOCK PAR LITTLEHENRABI
D’un bout à l’autre du Québec, des villes se réinventent pour inverser une tendance qui les condamnait lentement mais sûrement à dépérir.
athieu Gibeault et Fannie Bessette, originaires respectivement de Saint-Jean-sur-Richelieu et de Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie, ont eu un coup de foudre pour Saint-Donat où ils se sont rencontrés. Quelques années plus tard, ils décidaient de s’installer dans cette petite municipalité lanaudoise de plus de 4 000 habitants et de lancer, en 2017, la microbrasserie Brouemalt M qui a pignon sur rue au cœur du centre-ville, près du lac Archambault. Ils ne sont pas les seuls à avoir quitté la région métropolitaine de Montréal ou d’autres grands centres urbains, ces dernières années, pour aller voir si le gazon est plus vert ailleurs. Plus récemment, la crise du coronavirus et les effets de son confinement en ont aussi convaincu bien d’autres de fuir la grande ville. «La pandémie nous a démontré qu’on pouvait être attrayant pour les jeunes familles. Les gens ont eu besoin d’un grand bain de nature, et les milieux urbains ont été plus sensibles à l’appel des régions», constate le maire Joé Deslauriers, qui souhaite faire
JOÉ DESLAURIERS Maire de Saint-Donat
MUNICIPALITÉ DE SAINT-DONAT
connaître encore davantage Saint-Donat pour inciter des gens à y venir non seulement comme villégiateurs, mais aussi pour s’y établir et même créer des entreprises.
TRAVAILLER À DISTANCE
La pandémie a aussi eu comme effet d’accélérer à la vitesse grand V la transition vers le télétravail. Cette tendance, qui devrait se poursuivre malgré la levée éventuelle des restrictions sanitaires, pourrait ainsi avantager les villes plus éloignées des grands centres. «Les gens peuvent maintenant travailler de n’importe où, peu importe où ils habitent», fait valoir le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin.
Comme beaucoup de travailleurs peuvent désormais profiter de l’option du télétravail, la population active pourrait ainsi ne plus être concentrée autour des grandes zones urbaines, note d’ailleurs une récente étude de l’Institut Brookfield pour l’innovation + entrepreneuriat de l’Université Ryerson, à Toronto. «À mesure que les employeurs deviennent plus à l’aise de gérer le personnel à distance, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, cela pourrait faciliter l’embauche d’employés qui vivent dans d’autres régions», indique ce rapport intitulé Que vous réserve le marché de l’emploi au Canada après la pandémie de COVID-19?.
SERGE PÉLOQUIN Maire de Sorel-Tracy
VILLE DE SOREL-TRACY
INVESTIR EN AGRICULTURE ...
... Pour un plan de relance économique, inspiré d’un nouveau modèle d’affaires collectif favorable à la relève agricole et du principe d’économie circulaire, pour offrir une plus grande autonomie alimentaire au Québec, des choix éco-responsables aux consommateurs, et soutenir l’achat de produits 100 % québécois.
Investir dans le secteur agroalimentaire génère d’importantes retombées socio-économiques et représente un important levier de la vitalité des territoires, pour lequel Saint-Amable offre un positionnement stratégique dans la Communauté métropolitaine de Montréal, au profit de toute la province.
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La montée en flèche du prix des maisons et des logements à Montréal et dans d’autres villes pourrait aussi favoriser les déménagements à l’extérieur des grands centres urbains. Malgré l’augmentation du prix médian des maisons de 190 000 à 230 000$ depuis quatre ans à Sorel-Tracy, «l’achat d’une première propriété pour une jeune famille est encore très abordable», souligne Serge Péloquin. Le maire précise d’ailleurs qu’il signe de plus en plus de lettres de bienvenue à l’intention de nouveaux résidents.
Mais encore faut-il que les citoyens, de même que les entreprises, puissent disposer d’un accès Internet efficace pour travailler facilement en ligne. Si ce n’est pas un problème à Sorel-Tracy, il en va différemment à Saint-Donat. «Le déploiement du réseau de fibres optiques vient de commencer, mais il y a encore des secteurs plus éloignés du centre-ville qui ne sont pas desservis par l’Internet haute vitesse », indique Joé Deslauriers.
JÉRÔME LANDRY Maire de Matane
LAURIE-EDWIDGE CARDINAL
Shawinigan innove!
Daniel Côté
maire de Gaspé
Pierre Fitzgibbon
ministre de l’Innovation
Michel Angers
maire de Shawinigan
Denis Thuriot
maire de Nevers (Fr)
Finaliste pour le prix mérite Ovation municipale
Sommet international de l’innovation en villes médianes SIIViM – 2019
ATTENTION, VIEILLISSEMENT!
Confrontées à l’important vieillissement de leur population, plusieurs villes et régions québécoises doivent trouver des moyens d’attirer et retenir des citoyens ainsi que des entreprises. «La ville vieillit. Au-delà de la moitié de la population a plus de 60 ans, et il faut absolument trouver des solutions», reconnaît Joé Deslauriers, en poste depuis novembre 2013.
Le maire de Matane, Jérôme Landry, s’affaire lui aussi à consolider la population de sa ville. Elle comptait 15 788 habitants en 1996 avant de glisser sous la barre des 14 000 personnes en 2017 (13 928), pour ensuite remonter et atteindre 14 224 habitants en 2019. «On n’a pas le choix de renverser la tendance si l’on veut maintenir le même niveau de services et d’activités et permettre aux entreprises de trouver la main-d’œuvre dont elles ont besoin», commente-t-il.
Même son de cloche à Sorel-Tracy qui, malgré sa proximité avec la région métropolitaine de Montréal et le cœur économique du Québec, est également affligée par le vieillissement de sa population. «La situation a évidemment des effets sur la disponibilité de la maind’œuvre et sur notre développement économique», souligne le maire Serge Péloquin.
Or, ce problème s’étend aussi à l’ensemble de la province étant donné que 83 des 104 municipalités régionales de comté (MRC) du Québec compteront plus de 25% de personnes âgées de 65 ans et plus en 2036, indique le Centre de recherche sur le vieillissement du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie, affilié au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
DES CURES DE RAJEUNISSEMENT ET D’EMBELLISSEMENT
Pour remédier à la situation, des villes s’affairent notamment à revitaliser leur centre-ville. Matane a même fait appel au réputé architecte Pierre Thibault pour dresser les grandes lignes du projet de réaménagement du cœur de cette ville située au confluent du Saint-Laurent et de la rivière Matane. «On souhaite avoir une meilleure intégration des espaces urbains dans son milieu naturel», précise Jérôme Landry, en ajoutant que cette démarche permettra de revigorer l’artère commerciale principale de même que le bord de mer.
FIRME D'ARCHITECTES ABCP, QUÉBEC
LE PROJET DE COMPLEXE AQUATIQUE DE MATANE
Saint-Donat s’apprête aussi à rebâtir et à mettre au goût du jour son centre-ville qui avait en partie été ravagé par un incendie à l’automne 2013. L’aménagement de la Place Saint-Donat, dont la première phase des travaux a débuté l’automne dernier, prévoit notamment la construction d’une vaste place publique et un projet récréotouristique auquel doit se greffer un hôtel. Entre-temps, l’effervescence commerciale s’y poursuit puisque «la majorité des bâtiments commerciaux qui étaient à vendre, certains depuis longtemps, ont trouvé preneur», souligne le maire Deslauriers.
MUNICIPALITÉ DE SAINT-DONAT
LA MUNICIPALITÉ DE SAINT-DONAT, UN PARC NATUREL HABITÉ Sorel-Tracy, qui compte quelque 35000 habitants, a aussi entrepris une cure de jeunesse. «Le centre-ville, il faut non seulement l’embellir et le verdir, mais aussi l’habiter», mentionne Serge Péloquin qui se réjouit notamment du déménagement de l’entreprise Shiptrack et de sa cinquantaine de programmeurs et d’analystes au centre-ville. «C’est une excellente nouvelle pour les commerces et les restaurateurs», souligne-t-il. La ville a aussi rafraîchi les parcs situés dans ses huit quartiers.
LA GRANDE SÉDUCTION
Les villes et les régions misent également sur leurs atouts naturels. Il y a cinq ans, Saint-Donat devenait la première municipalité au pays à obtenir une marque de commerce, accordée par le gouvernement fédéral. En se définissant comme «Parc naturel habité», la municipalité aux 81 lacs située à quelque 125 km de Montréal s’engageait ainsi à demeurer un milieu de vie attrayant, accueillant et dynamique pour les entreprises, les citoyens et les visiteurs. «On n’est évidemment pas la seule région qui peut revendiquer ses grands espaces, ses lacs et ses montagnes. Mais on voulait en faire officiellement une marque pour séduire et attirer encore plus les jeunes familles et les entrepreneurs», explique Joé Deslauriers.
La population de Saint-Donat, qui était descendue sous la barre symbolique des 4 000 résidents permanents en 2015, a amorcé une remontée et devrait atteindre un nombre record de 4300 d’ici la fin de l’année, estime le maire. La ville, qui enregistre la plus forte hausse démographique dans la MRC de Matawinie, a même engagé deux employés temporaires pour accélérer l’octroi de permis de construction et de rénovation.
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– Serge Péloquin
De son côté, Matane souhaite aussi accroître sa population en misant sur une «nature vaste à l’état brut». Dans la région de Sorel-Tracy, la Réserve mondiale de la biosphère du lac Saint-Pierre de l’UNESCO et son archipel comptant 103 îles demeurent «des secrets encore trop bien gardés qui font le plaisir des amateurs de plein air et de nautisme», rappelle Serge Péloquin, en espérant que la Réserve soit encore mieux connue et mise en valeur.
L’IMPLANTATION ET LA CRÉATION D’ENTREPRISES
L’avenir de toutes ces villes passe aussi par l’implantation ou la création d’entreprises. À Sorel-Tracy, le démantèlement de l’ancienne centrale thermique d’Hydro-Québec a créé une occasion de développement industriel. Sa conversion en terminal portuaire, sur un terrain de sept millions de pieds carrés acquis par la Ville, «ouvre la porte au développement d’activités économiques et à l’implantation de nouvelles entreprises», fait valoir Serge Péloquin.
Saint-Donat veut aussi créer une nouvelle zone industrielle, à l’intersection des routes principales 125 et 329, près de la célèbre Boulangerie St-Donat. «La région est réputée pour la villégiature, mais il ne faut pas négliger son potentiel pour les activités industrielles en lien avec des créneaux de la région, comme la foresterie et l’agroalimentaire», affirme Joé Deslauriers.
Par ailleurs, Matane travaille notamment à l’implantation d’un incubateur en économie circulaire sur le site de 42 hectares de l’ancienne cartonnerie RockTenn, inexploitée depuis 2012. Ce projet de création d’un écosystème de startups, piloté par Synergie Matanie, vise le déploiement de symbioses industrielles dans les secteurs maritime, acéricole, de la tourbe, de l’agroalimentaire ou encore de l’écoconstruction. Le recyclage de la matière solide des pales d’éoliennes dans le béton est notamment à l’étude de Synergie Matanie, dont le directeur, Luc Massicotte, a fermé son entreprise de consultation de la grande région de Montréal en 2017 pour venir s’installer à Matane!
De quoi se demander maintenant: à qui le tour?
Découvrir Boisbriand, c’est avoir envie d’y revenir!
Véritable pôle d’attraction pour les travailleurs de la région avec ses 950 entreprises et 14 000 emplois, Boisbriand proote d’une localisation parfaite au carrefour des autoroutes 13, 15 et 640 ainsi que d’une accessibilité accrue au transport collectif.
Boisbriand compte sept parcs industriels et une grande diversité de commerces. Situé au cœur de la ville, le le Faubourg Boisbriand, érigé sur l’ancien site de l’usine GM, regroupe à lui seul des secteurs commercial, industriel et résidentiel.
Idéal pour les jeunes familles qui optent pour un milieu de vie dynamique, Boisbriand offre de nombreux parcs et espaces verts, dont le nouveau parc des Berges, qui permettra aux citoyens d’avoir accès à la rivière des Mille Îles.
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