8 minute read
GASPÉSIE La Gaspésie redevient en vogue bien au-delà du tourisme
LA GASPÉSIE REDEVIENT EN VOGUE BIEN AU-DELÀ DU TOURISME
PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE
Elle a toujours attiré les Québécois, mais aujourd’hui, ils sont plus nombreux à s’y installer de façon permanente, pour quelques bonnes raisons.
L
ON N’AVAIT PAS VU CELA DEPUIS DES DÉCENNIES
a Gaspésie attire du monde, et pas seulement l’été en pleine saison touristique. Le plus récent bulletin de l’Institut de la statistique du Québec fait état d’un solde migratoire positif – plus de gens qui arrivent que ceux qui partent – de quelque 700 personnes entre juillet 2019 et juillet 2020. Elle partage ce gain avec les îles de la Madeleine, c’est vrai. Toutefois, il s’agit du meilleur bilan depuis 2001, quand on a commencé à compiler les données. On ne peut plus parler d’exode.
À QUOI PEUT-ON ATTRIBUER CETTE EMBELLIE?
«Ce n’est pas compliqué, la région se réinvente et continue de le faire», affirme Daniel Côté, maire de Gaspé et premier vice-président de l’Union des municipalités du Québec. «Juste pour vous donner une idée, nous sommes maintenant les mieux couverts par un service Internet haute vitesse dans tout le Québec, 98 % de nos résidents y ont accès. Moins de gens vont s’inquiéter de savoir si nous disposons de l’électricité et du téléphone, comme on nous le demandait il n’y a pas si longtemps », se réjouit le maire.
ISTOCK PAR KRBLOKHIN
DANIEL CÔTÉ
Maire de Gaspé Premier vice-président Union des municipalités du Québec
VILLE DE GASPÉ
JEAN-MARIE PERREAULT
Résident de Bonaventure et membre actif Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs (CCDBDC)
MAURICE QUESNEL
Directeur général Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs (CCDBDC)
LA QUALITÉ DE VIE : UN ATOUT
Jean-Marie Perreault le sait depuis longtemps. Il est de ces arrivants qui contribuent à fortifier l’économie de la Gaspésie, bien que dans son cas, la conversion date de plusieurs années. Montréalais d’origine, il est arrivé à Bonaventure, dans la baie des Chaleurs, il y a environ 25 ans. «Nous avons découvert l’endroit comme touristes, dit-il, ça a été un coup de cœur, ma femme et moi avons décidé que c’était l’endroit pour nous installer et faire grandir notre famille.»
Déjà en affaires, il s’est vite rendu compte que les liaisons Internet s’avéraient déficientes. Prenant le taureau par les cornes, il s’est lui-même organisé pour brancher son entreprise en payant pour mieux utiliser les réseaux en place: «Je me suis alors dit, si je peux le faire, pourquoi ne pas l’offrir aux autres?» C’est ainsi qu’est née sa firme, navigue.com, qui lui a valu en 2016 un prix des Mercuriades, le gala de la Fédération des chambres de commerce du Québec, pour l’entreprise innovante en région.
Il ne s’est pas arrêté là, puisqu’il a lancé il y a trois ans Solution Infomédia, qui aide les entreprises dans leurs choix technologiques. Son marché s’étend aujourd’hui au-delà de la Gaspésie. «Et savez-vous quoi? Nous avons quatre garçons qui ont poursuivi leurs études à l’extérieur, trois sont déjà de retour pour travailler ici, et le quatrième n’attend que la fin d’un contrat pour revenir lui aussi. La qualité de vie, ça ne s’invente pas», souligne M. Perreault.
Il est l’un des membres actifs de la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs (CCDBDC), dont Maurice Quesnel est le directeur général, lui-même arrivé de l’extérieur, dans son cas de l’Estrie, en 2008. La CCDBDC est l’une des plus étendues au Québec, couvrant quelque 200 kilomètres de Matapédia jusqu’à proximité de Port-Daniel. «Oui, dit-il, les mauvaises années sont derrière nous, les jeunes reviennent, d’autres arrivent, et la tendance s’accélère depuis trois ou quatre ans. On réalise maintenant que c’est un endroit de rêve.»
Il reconnaît la contribution d’organismes comme Place aux jeunes ou Vivre en Gaspésie, qui ont aidé à répandre les bonnes nouvelles: on y trouve du travail, de bons emplois, et, en prime, une belle qualité de vie.
DES EMPLOIS DE QUALITÉ
Des entreprises locales sont en bonne position. À New Richmond, Rail GD rajeunit des wagons, entre autres pour le luxueux train du Mountaineer Xpress qui permet d’admirer le passage à travers les Rocheuses. D’autres se font valoir, comme CFI Métal ou Construction LFG, à Carleton-sur-Mer.
Il fut une époque pas si lointaine où la Gaspésie dépendait essentiellement de la forêt, des mines et de la pêche. Les trois industries ont décliné, mais d’autres PME prennent la relève, tant en haute technologie que dans le circuit agroalimentaire, comme la brasserie Pit Caribou, maintes fois primée, de L’Anse-à-Beaufils, près de Percé.
Maurice Quesnel s’en réjouit, lui qui travaille activement à régénérer l’économie de sa grande région en la mettant en valeur. «On a fini de voir la Gaspésie comme un endroit de petites jobs ou de gens qui ne font rien», commente-t-il. Cette progression demeure à géométrie variable. Le nord de la Gaspésie en profite moins que Gaspé ou que la baie des Chaleurs. Mais la présence d’importantes industries comme LM Wind Power (450 employés) ou Groupe Oméga, qui en compte 80, sans oublier le renouveau du tourisme et la stabilisation des pêcheries, a bien servi Gaspé.
LE TRANSPORT, UN ENJEU DÉTERMINANT
Cette reprise de l’économie régionale s’accompagne toutefois de nouveaux enjeux. Il faut recruter des gens, les transporter et les loger. Plus d’immigrants arrivent graduellement en Gaspésie, ce qui aide à atténuer le manque de main-d’œuvre qui frappe ici comme ailleurs. Mais il faut loger ces gens qui déménagent. Qui l’aurait cru? La Gaspésie, ou tout au moins les endroits les plus recherchés, fait à son tour face à une crise du logement.
La question du transport s’impose, puisque même Internet ne peut réduire les distances. Les annonces récentes permettent de croire à une amélioration du transport collectif, par avion, par autobus ou même par train. «Les réparations s’accélèrent, et il faut avoir fait le trajet pour comprendre à quel point ce serait attirant», souligne Maurice Quesnel, en parlant du chemin de fer qui longe la baie des Chaleurs jusqu’à Gaspé.
La desserte est interrompue depuis 2011. Québec a consenti des fonds pour remettre en état, d’ici 2025, la voie souvent endommagée. Le travail continue. Les espoirs sont permis. «Ils le sont aussi pour la desserte aérienne», évoque le maire de Gaspé.
ISTOCK PAR PIERREDESROSIERS
ÉRIC GOURDE Ce serait un renversement de situation majeur. Il y a tout juste quelques mois, l’aéroport de la ville se voyait menacé d’être complètement déserté par quelque liaison aérienne que ce soit. Air Canada venait d’annoncer mettre la hache dans ses destinations régionales, et Gaspé n’échappait pas au couperet; on devine qu’il s’agissait là d’une stratégie pour faire davantage pression sur Ottawa afin d’obtenir de l’aide.
MAIS LA NATURE A HORREUR DU VIDE
Daniel Côté a eu la confirmation que Keolis, le transporteur par autocar, va maintenir le service, au besoin par des ententes locales. Et en quelques semaines, on a annoncé le rétablissement des liaisons aériennes avec la Gaspésie, voire mieux, et Gaspé en profitera.
Le transporteur Pascan, déjà présent par une liaison avec Bonaventure et les îles de la Madeleine, va ajouter Gaspé à ses trajets au moyen d’une entente avec Air Canada, qui devait obtempérer à une demande expresse du fédéral pour avoir droit à du soutien financier. Pascan en profite pour mettre en service trois avions neufs, des SAAB de 32 passagers. En même temps, la compagnie PAL, de Terre-Neuve-et-Labrador, vient de s’entendre avec WestJet pour desservir Gaspé trois fois par semaine vers Québec et Montréal. Prix de lancement: 300$ aller-retour. Quand on se rappelle qu’il en coûtait plus cher de se rendre à Gaspé qu’à Paris…
«Les gens recommencent à croire en notre belle région, et ce n’est qu’un début, se réjouit Daniel Côté, tout se réinvente ici, le transport, oui, mais aussi l’industrie. Nous avons le vent dans les voiles, et je ne parle pas seulement du fait que c’est ici que se développe l’énergie éolienne pour le Québec!»
Compte tenu de la pandémie, les touristes seront-ils bien accueillis en Gaspésie malgré certains dérapages survenus l’été dernier? Le maire est optimiste: «L’immense majorité des visiteurs, je dirais 99% d’entre eux, ont été respectueux. Il y a eu des excès, ça m’a valu une allusion amusante au Bye Bye… On s’attend à une excellente année, les réservations sont en hausse pour l’hébergement, le Québec nous a attribué la gestion des droits de camping sur les plages, la Gaspésie est en affaires!»
PARTENAIRES D’AFFAIRES ET DE VIE!
DOSSIER PROMOTIONNEL
Cette tribune offre une occasion intéressante à des municipalités particulièrement dynamiques de faire valoir leurs principaux atouts auprès de notre lectorat, les décideurs économiques et politiques du Québec. Le développement de tout territoire passe par une bonne santé économique et la création d’emplois, qui génèrent la richesse collective, permettant aux municipalités d’offrir des services de meilleure qualité et de planifier l’avenir avec confiance. Découvrez les forces de ces municipalités modèles.
SAINT-AMABLE
MRC NICOLET-YAMASKA
SHERBROOKE
LÉVIS
VILLE DE LAVAL
LAVAL
NICOLAS MITHIEUX
SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU
ANDRÉ FALARDEAU
SIMON BUJOLD
GASPÉ
VILLE DE REPENTIGNY
REPENTIGNY
DANIEL THIBAULT
VILLE DE GATINEAU