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GASPÉ Un appel aux investisseurs pour soutenir la croissance
Des entreprises se développent et créent des emplois, de nouveaux habitants arrivent par centaines chaque année ; Gaspé a besoin de construire des logements et d’ouvrir des places en garderies.
« Nous connaissons une vague de croissance inédite depuis longtemps et nous prévoyons qu’elle va se poursuivre. Nous devrions faire d’ailleurs d’importantes annonces au cours des prochains mois pour la création de centaines d’emplois dans notre ville », explique Daniel Côté, maire de Gaspé.
En chiffres, ce sont de 100 à 300 nouveaux habitants qui s’ajoutent chaque année aux 15 200 citoyens déjà établis dans la plus grande ville de la péninsule gaspésienne. Cette croissance pose d’importants défis, explique son maire. La ville a un criant besoin d’au moins 300 unités d’habitation, un chiffre qui pourrait grimper encore lorsque la firme indépendante chargée de documenter la pénurie de logements déposera son rapport. «Nous invitons les investisseurs immobiliers à regarder de notre côté, poursuit le maire. Les investissements locaux ne suffisent pas.» Comme incitatif, une loi privée de l’Assemblée nationale autorise Gaspé à accorder un congé de taxe de services et de taxe foncière pendant cinq ans à tout promoteur immobilier qui vient construire des logements sur son territoire.
Du côté des garderies, 192 familles sont présentement inscrites sur la liste d’attente pour obtenir une place. «C’est énorme pour une ville de la taille de Gaspé, explique Daniel Côté. Nous travaillons avec le ministre pour augmenter l’offre en CPE, mais il y a aussi de la place pour les garderies privées. »
DES INDUSTRIES EN EFFERVESCENCE
Éoliennes, pêcheries, tourisme et services… Quatre industries principales tissent la vie économique de Gaspé et elles se portent plutôt bien, se réjouit le maire.
Si une volonté politique a amené l’industrie éolienne en territoire gaspésien à la fin des années 1990, Gaspé est devenue un leader en la matière avec Nergica, un centre de recherche en innovation et énergies renouvelables, et LM Wind Power, qui emploie 450 personnes et exporte ses pales d'éoliennes sur les marchés internationaux. «De jeunes entrepreneurs ont profité de ces circonstances favorables pour foncer et créer des PME. Elles développent une expertise ou fabriquent des composantes d’éoliennes. L’industrie éolienne connaît une forte croissance », rapporte Daniel Côté.
L’industrie de la pêche, autre secteur économique important, génère quelque 1200 emplois à Gaspé seulement. Rivière-au-Renard, capitale des pêches maritimes du Québec, est le port où il se fait le plus de débarquement en
ROGER ST-LAURENT PHOTOGRAPHE
DANIEL CÔTÉ
Maire de Gaspé
volume de produits de la mer au Québec, des crevettes, du homard, du crabe et du poisson de fond. Deux grandes entreprises de transformation de la crevette font travailler près de 500 personnes en plus des autres entreprises de transformation, de mise en marché et de services.
« On ne parle pas de croissance énorme pour l’industrie de la pêche, mais plutôt d’une stabilité créatrice de richesse. Entre les crises et les soubresauts, cette industrie a trouvé son point d’équilibre avec une bonne gestion des stocks ainsi que de l’offre et de la demande pour maintenir les prix à des niveaux rentables », explique Daniel Côté.
CENTRE-VILLE DE GASPÉ
L’industrie du tourisme, pour sa part, connaît une belle croissance depuis quatre ans grâce à des investissements collectifs pour moderniser les infrastructures. Gaspé a remis son centre-ville au goût du jour, notamment avec le projet majeur du Berceau du Canada, un site historique et patrimonial autour de l’arrivée de Jacques Cartier et des peuples fondateurs, sis en bordure de la baie de Gaspé. «Sur le plan touristique, la péninsule gaspésienne est un tout, aussi travaillonsnous tous ensemble pour attirer les gens chez nous et nous répartir par la suite cette clientèle touristique», dit le maire de Gaspé.
Enfin, Gaspé étant la plus grande ville de la péninsule, les entreprises de services constituent aussi un apport économique important. Bureaux gouvernementaux, services commerciaux, services de soutien aux entreprises du secteur des éoliennes ou de la pêche, «on sent une effervescence, poursuit Daniel Côté. Malgré la pandémie, nous n’avons jamais reçu autant de demandes d’ouverture d’entreprises».
LES DÉFIS DU TRANSPORT
Si les déplacements posent un défi pour les régions éloignées, la situation s’améliore à Gaspé, selon Daniel Côté. Du côté du transport aérien, d’abord, avec l’arrivée de deux transporteurs depuis le départ d’Air Canada, soit Pascan et Pal Airlines, une compagnie terre-neuvienne. La saine compétition qui s’installe exerce une pression à la baisse sur les prix. Quant au transport ferroviaire, inexistant pour le moment à Gaspé, il pose des enjeux importants, notamment pour le transport des éoliennes, qui doivent franchir 250 km par la route 132 pour embarquer à bord de trains à New Richmond. Le maire de Gaspé se dit toutefois encouragé par le plan d’investissement du gouvernement québécois qui suit actuellement son cours. «Nous avons travaillé fort pour convaincre le gouvernement. Des investissements s’en viennent, autour de 250 millions de dollars, il faut juste être patient », conclut Daniel Côté qui espère voir un convoi entrer en gare à Gaspé en 2025. n
GASPÉ RÉSOLUMENT TOURNÉE VERS LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
JONATHAN DESJARLAIS
PLUS IMPORTANT PORT DE PÊCHE DE LA GASPÉSIE À RIVIÈRE-AU-RENARD À GASPÉ
JEAN-GUY BÉLIVEAU