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LES CENTRES-VILLES Les centres-villes au cœur de la contre-offensive
LES CENTRES-VILLES AU CŒUR DE LA CONTRE-OFFENSIVE
PAR RENÉ VÉZINA, JOURNALISTE SPÉCIALISÉ EN ÉCONOMIE
La pandémie a malmené les centres-villes. La relance peut et doit passer par leur revitalisation.
L
a COVID-19 n’a pas touché que les gens. Elle a aussi brutalement affecté les milieux de vie, notamment les centres-villes. Les commerces ont beau avoir obtenu de l’aide des gouvernements, plusieurs n’ont pu résister à la vague et ont dû fermer leurs portes. Dans bien des municipalités, on a craint en outre de devoir composer avec une économie commerciale mise à mal même après le retour graduel à une certaine normalité. Par surcroît, le commerce en ligne s’est imposé, lui qui demeure dominé par les géants internationaux comme Amazon, souvent au détriment des commerces locaux moins bien organisés.
«Mais ce n’est pas irréversible, dit Denis Martin, maire de la ville de Deux-Montagnes depuis 2013 et président de la Commission sur le développement économique de l’Union des municipalités du Québec. Il y aura toujours une clientèle désireuse de retrouver ses magasins, et les chiffres le montrent. Il faut miser là-dessus et la ramener chez nous.»
VILLE DE DEUX-MONTAGNES
Lévis, ville #1 au Québec pour sa vitalité économique
(2021)
#1 pour la croissance de sa
richesse foncière uniformisée (2020)
> 72,2% entre 2010 et 2019
#1 pour le revenu médian de sa population active (2021)
> 53 495$ (25-64 ans)
#1 pour sa croissance démographique (2021)
> 22,6% d’augmentation en 20 ans
Parmi les villes de 100 000 habitants et plus
courantlevis.com
Sources : Institut de la statistique du Québec, 2021, Ministère de Affaires municipales et de l’habitation, 2020
ISTOCK PAR STURTI
Un sondage présenté l’automne dernier par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal montre que les Québécois demeurent attachés à l’achat local. En pleine pandémie, pas moins de 86% des répondants ont déclaré être solidaires avec le principe de l’achat local.
Ces bonnes intentions peuvent-elles toutefois survivre à la réalité quotidienne? «Oui, si nous nous en donnons la chance», répond simplement Denis Martin. Selon lui, et d’autres partagent son opinion, il faudra cependant repenser les réglementations et offrir en même temps une meilleure expérience aux consommateurs, au-delà du confort du magasinage devant un ordinateur, sans oublier le plaisir de manger à l’extérieur. «Pensez aux terrasses et à l’aménagement général de nos rues, rappelle M. Martin. Les gens vont encore aimer se retrouver ensemble. Il faut leur montrer la différence avec le magasinage en ligne.»
Pourquoi cette reconsolidation des commerces locaux est-elle si importante? «Ils contribuent à la vie de nos villes, estime Denis Martin, au sentiment d’appartenance de nos gens, et ils servent de lieu de rassemblement. C’est dans notre ADN. Les centres-villes vont y contribuer dans tout le Québec.»
Comme maire d’une ville de banlieue proche de Montréal, il affronte lui-même un autre défi. L’essentiel des revenus de Deux-Montagnes provient des taxes foncières résidentielles, dans une proportion de 90% par rapport à quelque 70% pour l’ensemble du Québec. Les commerces de proximité demeurent importants, mais l’attrait de la grande ville ne facilite pas le développement d’un centre-ville, sans compter l’arrivée prochaine du Réseau express métropolitain, prévue pour 2023, qui va simplifier les déplacements vers Montréal.
Mais l’élu croit à l’identité de sa ville, qui n’est pas la seule à devoir séduire au-delà des grands centres: «Nous devons nous mettre en valeur, parler de la qualité de vie, des modes actifs de transport moins dépendants de la voiture, miser sur les commerces de proximité. C’est le cas un peu partout au Québec. Rien n’est impossible quand on décide d’agir.»