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FOCUS Les pionniers du Nouvo Saint-Roch passent le flambeau
Les fondateurs de GM Développement, Jean Campeau et Geneviève Marcon, accompagnés de leurs enfants Joséphine et Benjamin devant la résidence touristique Monsieur Jean. L’hôte particulier dans le Vieux-Québec
GENEVIÈVE MARCON ET JEAN CAMPEAU DE GM DÉVELOPPEMENT LES PIONNIERS DU NOUVO SAINT-ROCH PASSENT LE FLAMBEAU
PAR GILBERT LEDUC, JOURNALISTE
DE LA RELÈVE POUR LES PIONNIERS DE
LA RENAISSANCE DU QUARTIER SAINT-ROCH À QUÉBEC ans les faits, Joséphine et Benjamin, les enfants de Geneviève Marcon et de Jean Campeau – les fondateurs de GM Développement –, ont déjà mis la main à la pâte. Ils sont actionnaires de Camaco, une société liée à GM Développement, qui a érigé Monsieur Jean. L’hôte particulier, une élégante résidence touristique de 49 chambres située au cœur du Vieux-Québec, dans la D rue Pierre-Olivier-Chauveau, à quelques pas de l’hôtel de ville. L’établissement a ouvert ses portes en septembre 2019.
En août dernier, Geneviève Marcon et Jean Campeau annonçaient que le moment était venu d’accorder plus de place à leur progéniture au sein de l’entreprise qu’ils ont mise au monde en 1992, principalement pour sortir Saint-Roch de son dépérissement. Du même coup, GM Développement avisait qu’elle «repositionnait» son portefeuille de projets et de propriétés dans les créneaux résidentiel et hôtelier. «Il ne s’agissait pas seulement de transférer des actifs à nos enfants», souligne Mme Marcon. «Nous voulions nous assurer qu’ils partageaient notre passion pour l’immobilier», renchérit son conjoint.
«L’immobilier, c’est bien plus que la possession d’un actif. Il faut bien le gérer, le bichonner, lui donner de l’amour. C’est ce qui fait notre succès dans SaintRoch. Nos bureaux se trouvent dans le quartier. Nous sommes près de nos locataires. À tout moment, nous pouvons répondre à leurs besoins», ajoute Jean Campeau.
Joséphine, 26 ans, et Benjamin, 23 ans, ont cette passion pour l’immobilier. L’aînée détient une maîtrise en développement immobilier de l’Université Columbia
Projet de 300 logements rue Liénard dans l’arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge
GM DÉVELOPPEMENT
à New York et travaille actuellement dans la Grosse Pomme. Le cadet vient de décrocher un baccalauréat en sciences commerciales de l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa.
Cependant, c’est dans le développement de projets provenant des secteurs de l’hôtellerie et du logement locatif que se situe l’intérêt des enfants. Ils n’ont pas la piqûre pour l’immobilier commercial. «Ça viendra peut-être, un jour», laisse tomber Mme Marcon. «Les choix des enfants nous amènent à repositionner notre portefeuille. Nous avons déjà commencé à vendre des actifs, dont quelques bâtiments», précise M. Campeau. GM Développement possède un million de pieds carrés commerciaux et résidentiels à Québec et à Montréal.
Les fondateurs n’entendent toutefois pas se détacher de leur entreprise. «Je vais accompagner les enfants pendant un certain temps, mais je voudrais faire d’autres choses», confie Geneviève Marcon qui consacre beaucoup de son temps à des organismes à vocations sociale, culturelle et éducative. Jean Campeau, lui, ne songe pas à la retraite: «Nous avons encore beaucoup d’idées qui foisonnent. Développer des projets, c’est ma passion. Construire un immeuble. Trouver le bon locataire. C’est ça qui m’allume. La gestion d’un immeuble, disons que je trouve ça un peu plate!»
PRÈS DE 300 NOUVELLES UNITÉS D’HABITATION
Camaco fait actuellement pousser deux immeubles à Québec : l’un dans Saint-Roch, l’autre dans l’arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge.
Sur l’emplacement jadis occupé par TVA, rue Liénard, et à proximité de l’avenue Myrand, de l’Université Laval et des centres commerciaux, Camaco érige la première phase d’un projet évalué à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il s’agit d’un immeuble de six étages regroupant 300 logements majoritairement composés de lofts et de trois et demi tout inclus et semi-meublés offerts à un coût abordable à partir de 900$ par mois. Deux cents des trois cents unités accueilleront les premiers locataires à compter de l’été 2021. Une deuxième phase offrira 200 autres unités d’habitation en plus d’espaces commerciaux.
Dans Saint-Roch, un projet immobilier de 12 étages – évalué à 50 M$ – verra le jour au 800, boulevard Charest Est, sur le terrain de stationnement du restaurant Ashton, entre les rues Saint-Dominique et MonseigneurGauvreau. Les travaux ont démarré au début de 2020.
À l’origine, le projet devait abriter un hôtel d’une centaine de chambres, des locaux commerciaux et des bureaux. Les conditions actuelles du marché ont bouleversé les plans des promoteurs, qui ont abandonné la section hôtelière et opté pour l’aménagement de 152 logements.
Rehaussement de deux étages et demi du 820-842, rue Saint-Joseph Est pour accueillir les employés du Conseil des arts et des lettres du Québec
GM DÉVELOPPEMENT
Toujours dans Saint-Roch, GM Développement pourrait bientôt amorcer les travaux de son projet Les Lofts d’Omer sur les ruines de l’ancien immeuble d’Omer DeSerres situé rue Caron entre la rue Saint-Vallier Est et le boulevard Charest Ouest. «Nous devrions obtenir notre permis de construction sous peu», affirme Jean Campeau qui se souvient d’avoir présenté en 2013 la première mouture de ce projet ayant fait l’objet d’un va-et-vient constant avec la Ville de Québec. L’immeuble comprendra 6 étages et 43 unités d’habitation.
Deux autres projets d’envergure sont en attente: un édifice de 10 étages sur la pointe de terrain située à l’intersection du boulevard Charest Est et des rues Langelier et SaintVallier Est; et un ensemble de trois immeubles, dont un hôtel, près du Centre Vidéotron.
PEUPLER SAINT-ROCH
Geneviève Marcon et Jean Campeau sont fiers de leurs réalisations dans le Nouvo Saint-Roch depuis la fin des années 1990. «Nous étions tout seuls à l’époque. Aucun autre promoteur n’osait se pointer le bout du nez. Trop risqué. Geneviève et moi, nous voyions le potentiel», se rappelle M. Campeau.
«Il a été difficile d’obtenir du financement pour réaliser nos premières acquisitions. Il a même fallu les payer comptant!», signale Geneviève Marcon en précisant que l’ouverture du magasin de jouets Benjo – la contraction des prénoms de ses enfants Benjamin et Joséphine – avait constitué une «bougie d’allumage» pour la revitalisation du quartier mal aimé: «Nous redonnions Saint-Roch aux familles.»
Au fil des ans, Saint-Roch a séduit d’autres promoteurs, dont Kevlar, Cromwell, Synchro Immobilier et Groupe Mach.
Les dernières années n’ont pas été une sinécure pour les commerces ayant pignon sur rue dans Saint-Roch. Mountain Equipment Co-op a quitté la rue Saint-Joseph pour les Galeries de la Capitale en 2017. Présent dans le quartier depuis 150 ans, le magasin de vêtements J.B. Laliberté fermera bientôt ses portes.
Heureusement, les secteurs des technologies de l’information et des jeux vidéo vont bien. «Tout le monde cherche de l’espace pour agrandir», note M. Campeau en annonçant que le Conseil des arts et des lettres du Québec s’installera, à compter de mars 2021, dans un immeuble du quartier – le 820-840, rue Saint-Joseph Est – qui comptera deux étages et demi de plus.
«Le défi qui attend Saint-Roch est celui de ramener des résidents dans le quartier. C’est un discours que nous tenons depuis 20 ans, affirme Geneviève Marcon. Il en va de la rentabilité des commerces. À notre avis, le quartier pourrait accueillir une dizaine de milliers de résidents de plus.»
GARDER LE CAP DANS LA TEMPÊTE
PAR EMMANUELLE GRIL, JOURNALISTE
Contre vents et marées, BTB a su se tailler une place de choix parmi les fonds de placement immobiliers canadiens. À sa tête, Michel Léonard, un homme d’action qui sait mener le navire à bon port malgré la crise. Aperçu de sa vision et des perspectives qu’il entrevoit.
Important propriétaire immobilier dans l’est du Canada, coté à la Bourse de Toronto, BTB détient 64 propriétés commerciales, de bureaux et industrielles, totalisant 5,3 millions de pieds carrés et représentant un actif de 930 M$. Toute une feuille de route pour un projet qui est né dans la tête de son fondateur et président, Michel Léonard, lors d’une discussion avec un voisin homme d’affaires, alors qu’il promenait son chien!
Près de 15 ans plus tard, BTB est devenu le deuxième fonds de placement immobilier du Québec. Son fondateur nous parle de sa passion pour l’immobilier et de la façon dont il entrevoit l’avenir.
D’AVOCAT À COURTIER
Rien ne semblait destiner Michel Léonard à l’immobilier. C’est ce qu’il qualifie «d’accident de parcours» qui l’a mené à œuvrer dans un domaine alors inconnu pour lui. Au départ, cet avocat de formation, également détenteur d’un baccalauréat en administration, pensait orienter sa carrière vers le droit des affaires. Mais assez rapidement, après être passé par le service du contentieux d’une entreprise immobilière où il a découvert ce
MICHEL LÉONARD
Président et chef de la direction Fonds de placement immobilier BTB
champ d’activité, il décide de fonder une firme de courtage avec Roger Staubach en 1989. En 2004, il se joint à Colliers International, année où germera l’idée de BTB, qui verra finalement le jour en 2006.
Très vite, le fonds de placement immobilier acquiert une trentaine d’immeubles; après les quelques années de vaches maigres qui ont suivi la récession de 2008, il renoue avec la prospérité. Aujourd’hui, BTB a résolument le vent dans les voiles; l’objectif de son président et chef de la direction est de réussir à doubler la taille de son entreprise.
Il faut dire que Michel Léonard ne ménage pas ses efforts et se dévoue tout entier à son champ de prédilection. «Ce que j’aime dans l’immobilier? Il n’y a pas deux jours pareils! Lorsqu’on rentre au bureau le matin, on pense travailler sur certains dossiers et quand le soir arrive, on se rend compte qu’on n’y a même pas touché. C’est aussi un domaine qui demande un vaste éventail de connaissances. On touche à tout, il faut être au courant des grandes tendances économiques, des marchés et des locataires, pour être en mesure de faire les meilleurs choix. On doit absolument avoir une vision d’ensemble», explique Michel Léonard. Une recette qui lui a assurément réussi et qui lui permet de rester positif malgré les effets de la pandémie.
DES ENJEUX ET DES DÉFIS
Il faut dire que la période actuelle est riche en défis de toutes sortes. Heureusement pour BTB, il n’est pas propriétaire de centres commerciaux fermés, des actifs qui ont subi de plein fouet les répercussions de la période de confinement. Le fonds de placement a plutôt investi dans des centres commerciaux ouverts, où l’on trouve des locataires d’envergure nationale, bien souvent des supermarchés et des pharmacies par exemple, qui n’ont pas eu à suspendre leurs activités au printemps.
Par ailleurs, un net regain des ventes après la réouverture des commerces qui avaient été fermés permet à M. Léonard de demeurer optimiste: «Les gens ont besoin de se divertir, de sortir, j’ai confiance que les activités vont finir par reprendre Heureusement pour BTB, il n’est pas propriétaire de centres commerciaux fermés, des actifs qui ont subi de plein fouet les répercussions de la période de confinement.
presque comme avant.» De plus, bien que le secteur du commerce de détail ait démontré une certaine faiblesse dans la perception des loyers au dernier trimestre, BTB a pu compter sur les contributions des immeubles de bureaux et des immeubles industriels qui, eux, se portent bien.
«Comme plusieurs, je pense que l’utilisation des bureaux sera affectée, du fait de l’évolution de l’adoption du télétravail au sein des entreprises. Mais l’être humain est un animal social qui a besoin de contacts avec ses pairs. Même si, depuis plusieurs années, le télétravail a gagné en popularité et va demeurer, nous continuerons à utiliser les locaux pour bureaux, bien que certains employés s’y rendent moins souvent. Par exemple, les entreprises ont créé des espaces collaboratifs pour assurer le partage d’informations et la créativité. Elles souhaitent que leurs employés continuent de collaborer. Toutefois, il y a des fonctions qui peuvent très bien s’exécuter à distance, comme celles liées au travail routinier, qui pourront éventuellement être remplacées par l’intelligence artificielle. Par conséquent, seules les personnes qui produisent un travail à valeur ajoutée survivront à la situation et elles auront besoin des espaces collaboratifs du secteur des bureaux», analyse-t-il.
Du côté de l’industriel, il note que ce secteur connaissait déjà une pénurie d’immeubles dans la région de Montréal et de Toronto, ce qui laisse entrevoir de belles perspectives.