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PORTO du 19 au 23 mai 2013
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Sommaire
Métro
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Lumineuses faïences
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Rêves des pas perdus
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Contrastes
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Porto ville affairée
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La Sé, parvis terrasse
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Place baroque
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Tour des Clercs
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Librairie folie
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Opulente bourgeoisie
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Vers la Ribeira
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Où allait l’or du Brésil
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Pittoresque des quais
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Soudain Eiffel s’éclate
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Secrets passages
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Couleurs d’avant-scène
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Magie des quais vus de Gaïa
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Dans les tonneaux le nectar
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Puis les flancs du Douro
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Pinhao la sereine
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Et puis du fleuve aussi
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Bolhao s’agite
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Tout au bout l’océan
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Dans le tramway des brumes 53 Jardin suranné
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Modernité parfaite
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En savoir plus sur
les azulejos les vins de Porto l’histoire de Porto
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Métro à Porto
Accessibles par le métro notamment, les principaux points d’intérêt de Porto révèlent leurs surprises à la sortie des stations. On l’appelle ici « métro léger ». Métro moderne dont les rames sont produites par le constructeur canadien Bombardier (tout comme certaines rames du métro parisien en partenariat avec Alstom ou des rames nouvelles des TER). Largement subventionné par l’UE pour ses infrastructures, il est mis en service fin 2002, mais les travaux ne sont achevés qu’en 2006, réutilisant et modernisant ici et là des voies pré existantes. Il a nécessité des travaux importants de creusement dans la colline rocheuse, sur une longueur somme toute assez modeste de 8 km pour 60 km de lignes au total. Métro donc parfois souterrain pour éviter les croisements avec les grands axes des rues et qui prend aussi des allures de train de banlieue quand on s’éloigne du centre. Il permet aux portuans d’aller habiter de plus en plus en banlieue de Porto. Les billets 24h (8€), ou 72h (15€) sont ici économiques : ils permettent la connexion directe entre lignes différentes, mais aussi entre métro et bus, et même avec le funiculaire du pont Louis 1 er. Alors que la billet individuel coûte un peu plus de 2€. Pourvu qu’on n’oublie jamais de badger la carte à une borne de station chaque fois qu’on entre dans une ligne, y compris quand il s’agit d’en changer, ou bien en entrant dans le bus. Cinq des six lignes de métro partagent un tronc commun est-ouest qui, sur cette portion offre donc une fréquence de passage élevée, environ toutes les deux ou trois minutes. Chaque ligne se différencie et diverge des autres dans sa partie terminale. La fréquence de passage pour chaque ligne individualisée est d’environ 20 mn. La 6ème ligne est orientée nord sud et croise le tronçon commun à la station centrale de Trindade ci-contre.
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es Lumineuses faïenc
Dès qu’on a haussé le cou en sortant de la station Sao Bento, c’est le premier choc, regard immédiatement happé par cette tonalité d’un bleu intense et doux, avec laquelle joue la lumière, et qui s’éclaire particulièrement au soleil couchant ou au levant, ou bien qui apporte une clarté soutenue quand le ciel se fait gris. De quoi peut-il bien s’agir, si l’on met à part l’azur du ciel ? Des azulejos, ces faïences dont l’origine est maure, que l’on retrouve aussi en Espagne, qui ont croisé plus tard les porcelaines hollandaises, notamment celles de Delft, et qui se parent d’autres tonalités chaudes dans leurs versions les plus ré-
centes. Le Portugal est devenu le pays chantre et créateur des azulejos. Voyons donc cette façade devant nous, qui est celle de l’église du Congregados ; ses fenêtres baroques parfaitement encadrées d’azulejos sont contigües d’une autre façade aux délicates nuances corail rosé qui rehausse la couleur des azulejos. Le portugais a donné le terme baroque, de barrocco, qui signifie « gros rocher de granit de forme irrégulière ». Bien d’autres édifices portent en extérieur et à l’intérieur ces témoignages attractifs et incontournables de l’histoire, de la piété, mais aussi, pour certains bâtiments publics civils, des métiers et des travaux voire des industries comme sur les murs extérieurs de la jolie petite gare de Pinhao plus en amont sur le Douro. Il n’est pas jusqu’aux simples façades d’immeubles, de maisons ou de gares plus modestes (ici Regua, début de la région des vins de Porto) qui ne soient parées de ces faïences mais de couleurs plus démarquées dans le vert, le rouge carmin, ou un jaune paille dorée, plus homogènes aussi, et qui ne se réclament des azulejos. Les occurrences sont innombrables pour le grand plaisir des touristes.
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es Lumineuses faïenc
En général, les églises, mais aussi certains anciens palais sont faits d’une pierre de granit gris et dure un peu granuleuse, dont l’aspect extérieur serait tristounet (serait -ce ça « avoir le Porto triste »?), si elles n’étaient enrichies par les décorations baroques, qu’il s’agisse des sculptures foisonnantes parfois chargées, ou bien avec plus de réussite, de ce baroque portugais qui embellit l’encadrement des grandes fenêtres et des portes, en les rehaussant de claires couleurs et d’élégants argu-
ments décoratifs. Mais outre les toits de tuile, ce sont les azulejos qui apportent cette touche finale délicate, plénitude artistique qui en font parfois des chefs d’œuvre d’équilibre raffiné.
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rdus Rêves des pas pe
Un exemple de bâtiment public offrant au regard de superbes azulejos profanes : la gare de Sao Bento, la gare centrale de Porto, avec ses immenses fresques historiques qui décorent magnifiquement les hauts murs intérieurs de sa salle des pas perdus. De pures merveilles. Et l’on se prend à rêver : l’appel au départ commun à toutes les gares, à tous les (aéro)ports perd ici de sa force ; comme des tatouages raffinés, le chatoiement persistant des couleurs, la force et la grâce des personnages (style Art Nouveau) libèrent l’imaginaire, et nous retiennent là, béats, le nez en l’air. On se désintéresse des wagons jaunes dont on connaît bien trop précisément la banale destination : Lisbonne, Coïmbra, Braga…. Cette gare a su rester secrète : les façades extérieures sévères gardent jalousement ses richesses refermées. Autant on se hâte de quitter, comme le veut leur fonction, nos gares parisiennes, autant on veut jouir du voyage immobile dans la gare de Porto.
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Contrastes
Mais le quartier, tout comme le reste de la ville, offre des contrastes entre édifices rénovés parfois tout récemment, parfaitement entretenus, et d’autres bâtiments apparemment à l’abandon dont les tuiles accumulent la mousse et un peu de végétation sauvage, ou dont les azulejos se délavent ou disparaissent. Ainsi celui qui se situe au-dessus de la station Sao Bento, et dont la façade lépreuse et sombre comme après un incendie est rehaussée des vives couleurs de drapeaux portugais, intention heureuse de la municipalité pour croire encore en son futur. De tels bâtiments sont nombreux dans tout le centre de la ville. Une loi de Salazar (cf une étude du journal Le Monde) de la fin des années 1940, a plafonné les loyers pendant des décennies. Même débloquée pour les nouveaux baux en 1990, elle reste en vigueur pour les anciens locataires, qui bénéficient de conditions locatives très avantageuses. Dans ce contexte, les propriétaires loueurs ont cessé depuis longtemps d’investir et de rénover. Insalubrité et vétusté ont donc progressé dans nombre d’immeubles des vieux quartiers, avec des coûts de rénovation devenus démesurés, qui s’accroissent encore avec la crise. De ce fait, et grâce aux nouveaux transports, le centre ville a perdu 30% de sa population en 10 ans (étude 2011) et la ville dans son ensemble 1/3 de ses habitants en 30 ans. Mais certaine initiatives en cette période de crise tentent de réhabiliter ces immeubles anciens à moindre coût. Quoi qu’il en soit, le charme opère toujours, dans cet abandon où les immeubles fatigués, encore fringants de leur façades de faïence ternies, se perdent sous la mosaïque fantasque des toits de tuiles. Le sud est déjà là, qui commence à vibrer non pas intensément à l’espagnole, mais avec plus de légèreté et de douceur, là par exemple sous la sévère et monumentale cathédrale de la Sé, icône de Porto en sommet de colline, façade romane, intérieur gothique sévère, dont finalement le couvent qui la jouxte présente le plus d’intérêt.
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Pendant que dans les squatts, on squatte...
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Contrastes
Les rues avoisinant la rue Carmelitas et la Place de la Liberté, plus étroites mais bordées d’immeubles aussi hauts, dévalent la pente de la colline, avec un fouillis de magasins très divers, où l’on sent bien que l’ère des supermarchés aussi bien d’alimentation que de bricolage par exemple n’a pas encore pénétré le centre de la ville. Mais ces rues, conjoncture ou crise, sont encombrées de nombreux travaux de voirie, de réfection d’immeubles, qui les ferment à la circulation. La crise se manifeste surtout et en toute évidence, par ces quelques personnes sans domicile fixe, portugais sans aucun doute, maigres et l’œil creux, qui chassent les mégots et mendient sans ostentation devant les épiceries, ou qui en sortent après un achat compulsif grâce aux quelques euros qu’ils ont pu collecter, hâves et peut-être drogués parfois. On ne peut manquer de les croiser, pressés comme
fantômes dans ces ruelles, quelquefois haranguant ou invectivant les passants. Rien à voir avec nos SdF parisiens, plus nombreux et bien installés dans leur territoire.
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irée Porto, ville affa
En montant depuis Sao Bento vers l’église Congregados, on est au plus creux d’une large avenue qui se relève vivement de part et d’autre, avec à gauche l’église baroque des Clerigos et sa tour clocher (autre symbole de Porto), et à l’opposé celle de Ildefonso et ses azulejos. Porto, ville aérée, ville affairée. Sur la partie plane de cet espace qui est la Place de la Liberté s’ouvre une très large esplanade bordée d’immeubles prestigieux coiffés de dômes 19ème qu’envierait les quartiers haussmanniens de Paris, ici et là surmontés de curieux et élégants petits campaniles de pierre très aérés, avec en son centre une statue équestre. C’est le quartier des finances et des affaires, autour de l’avenue de Los Aliados (les Alliés) . La vue, dans l’axe de cet esplanade s’élève vers un bâtiment imposant et plutôt élégant de style néo baroque, surmonté en son axe central d’une sorte de beffroi qui mixe néo baroque et art déco : c’est la mairie de Porto, assez éclatante de blancheur. Avec cette amplitude du panorama, peut-être du fait des couleurs, de l’espace ouvert occupé par le du site, du flux intense de la circulation, revient comme une évidence à la mémoire certaines avenues de la Havane, la pourtant plate La Havane, sans les vieilles voitures américaines.
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rrasse La Sé, parvis te
Parvenus sur le parvis de la Sé, à l’entrée duquel veille un fier cavalier du Moyen Âge, la ville descend rapidement de tous côtés sauf vers un quartier populaire pas très rassurant où elle s’élève encore un peu. Au loin, le beffroi de l’hôtel de ville, et la Tour des Clercs (Clerigos). Malgré ses dimensions, l’immense parvis est
écrasé par la monumentale façade granitique de la Sé qui nous regarde de haut. Depuis
cette terrasse, la vue est remarquable vers les pentes de la ville et la rive des grands chais du vin de Porto, dans la Villa Nova de Gaia de l’autre côté du fleuve. Des rince-bouteilles, fréquents dans les jardins, font éclater leur couleur de clair rubis au coin des façades sous des palmiers haut montés en tronc comme échalas adolescents.
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t bleuté ...et son couven
L’intérieur de la cathédrale, d’architecture classique baroque, laisse s’envoler de très hautes voûtes sous lesquelles des groupes de touristes japonais mitraillent. Mais le cloître voisin, d’une belle facture gothique, offre ses riches azulejos que leur reflet bleuté projeté sur les dalles de pierre laisse deviner avant qu’on les ait vus. Mais à tout prendre, la vue d’ensemble vaut beaucoup mieux que l’examen plus
rapproché : les motifs représentant des scènes du 18ème relèvent plutôt du précieux et du maniérisme. Les azulejos tapissent aussi les parois d’un chemin en terrasse au-dessus des galeries d’arches.
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Place baroque
Après avoir gravi la colline vers la Tour de Clerigos, un peu plus haut à droite en remontant la rue Carmelitas, se trouve une vaste et belle place au centre de laquelle une fontaine faite d’une immense vasque, avec en arrière-plan, deux hautes façades d’églises, d’un baroque presque mexicain. Ce magnifique ensemble est un lieu où se rassemblent souvent des groupes d’étudiants en arts gra-
phiques et dessin, pour croquer ces sujets. Les deux églises contigües sont celle des Carmes et celle des Carmélites. Mais le plus remarquable est la façade latérale de l’église de Carmo, totalement décorée d’azulejos de haut en bas ; mettant de côté le motif religieux, là comme ailleurs, ont est saisi par la beauté des couleurs, même quand l’ombre du soir commence à gagner.
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Tour des Clercs
La Tour de Clerigos, voisine, se visite et se gravit, mais sans ravir. Ce qui est souvent présenté comme l’une des premières attractions de la ville grâce à la vue panoramique aperçue du sommet, (le plus haut clocher du Portugal avec ses 75 m), nous a un peu déçus. Bien sûr, le charme des toits de tuiles joue toujours, mais à part la vue plongeante sur quelques rues, rien d’exceptionnel, à l’inverse de ce que l’on se plaisait à imaginer quand on l’apercevait de loin. Sauf bien sûr sa batterie de 49 cloches en carillons, qui permet le dimanche au sonneur d’interpréter de vraies œuvres musicales. Un architecte toscan, Nicolas Nasoni a conçu l’ensemble église et tour, réalisé en 1763, dans le plus pur style baroque, toute de granit gris. Mais le manque de moyens en ce temps ne permit pas de construire le deuxième clocher qui avait été envisagé. Tour à tour télégraphe, horloge de la ville, elle sonnait midi grâce à la détonation d’un petit canon à poudre et alertait par un drapeau fanion de l’arrivée d’un paquebot à la Ribeira. Le même architecte réalisa le palais épiscopal, immense et monumental bâtiment qui jouxte la cathédrale Sé. Au loin, de l’autre côté du Douro dans une perspective écrasée qui gomme le fleuve, c’est l’ancien couvent de Nossa Senhora da Serra do Pilar avec son dôme de tuiles et ses murs blancs. C’est tout de même l’occasion de s’abandonner à la poésie des toits de tuiles aux ocres changeants, que parsèment avec un charme sauvage ici et là de petits buissons qu’on dirait faits pour chèvre sauvage, par dessus les façades indifférentes qui n’ont d’yeux que pour leur vis-à-vis.
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Que faut-il, sourire de la vanité dressée de la Tour des Clercs, de l’étrange bronze de l’amour de perdition, ou bien rire aux éclats de ce rire libérateur, salutaire et sans prétention?
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Librairie folie
Une curiosité absolument remarquable retient l’attention en redescendant un peu sur nos pas : c’est la Librairie Lello. Sa façade blanche art déco, étroite et haute de deux étages ne manque pas d’intérêt mais passerait presque inaperçue si on ne consultait pas les guides. En effet, un peu avant 10h chaque matin commence à se former sur le trottoir une petite queue de touristes. Pour nous ce matin-là, heureux hasard ou habitude, une femme de ménage nous a ouvert la porte de l’édifice vers 9h 45, avec toute liberté pour prendre des photos de l’intérieur, ce qui dès 10h devient formellement, et malheureusement interdit, même sans flash. Et là, c’est une richesse de décoration des plafonds, des vitraux 19ème, et surtout un escalier central permettant l’accès aux deux étages, conçu comme deux spirales s’évasant, parfaitement symétriques, d’une élégance époustouflante dans lequel a dû délirer jusque dans son accomplissement l’architecte inspiré. Il s’agit encore aujourd’hui d’une fameuse librairie où au 1er étage les ouvrages sont transportés dans un wagonnet roulant sur rails.
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oisie Opulente bourge
En descendant vers le fleuve et le quartier Ribeira, juste avant d’aborder la route en terrasse qui rejoint lentement le fleuve à mi-hauteur, une place s’ouvre, celle de l’infant Henrique dominée par un ancien marché couvert en structures métalliques ocrerouge du 19ème. Vers le fleuve, c’est l’ensemble de l’église Sao Fransisco et ses catacombes, surplombant une belle place. Mais tout contre cette église, juste au-dessus d’elle trône le Palais de la Bourse (Bolsa). Sa visite, quoique payante, se fait avec interdiction sévère de prendre des photos. Paradoxal alors rien ne semble fragile à la lumière et que l’extravagance incroyable de certaines pièces mérite cent fois d’être capturée dans la petite boîte. D’autant plus qu’à part de chers livres d’expert, aucun fascicule d’information à prix modeste n’est offert à la vente. Un italien et un français malins se sont cependant permis de prendre quelques images en catimini avec appareils discrets genre Ipod. Les nôtres ont été prises à la fin de la visite, après le départ entendu de la guide qui nous a laissé déambuler quelques minutes dans certains espaces délimités. Le palais, construit par les riches commerçants portuans en 1842 (ou 1834 selon les sources), dans un style néoclassique, fait feu de tous bois avec une immense verrière, rapportée après coup, un salon arabe où nous avons eu le privilège d’entendre deux artistes répétant sur un piano du Beethoven à quatre mains pour un concert le lendemain ; là aussi, une incroyable et magnifique décoration de type arabo-andalou avec versets coraniques placés là pour leur décorative calligraphie (images récupérées sur internet).
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Vers la Ribeira
Les rues, les avenues sont bordées d’immeubles de 4 à 6 étages, avec une recherche sur la décoration des hautes fenêtres, des balcons, sur l’habillement de faïences colorées des façades, qui rendent un très heureux effet, même quand la lèpre ou la pollution marquent de leur trace sombre certains d’entre eux. Les balcons aux riches ferronneries s’ornent comme ailleurs du fanion bariolé du linge séchant au vent. Sur la façade du Douro où les pas des touristes piétinent les petits pavés inégaux, on peut même se demander si le linge exposé, pour faire autant partie intégrante du décor ne serait pas là comme une constante délibérée, un argument permanent du pittoresque, bien choisi pour ses couleurs vives et ses draps flottant au vent. Les toits de tuiles sont le plus souvent à 4 pans et se relèvent légèrement en pagode à chaque coin. C’est la marque des édifices anciens au Portugal qui confère une authentique élégance aux maisons en particulier, et qui coiffent aussi les immeubles les plus anciens comme une marque de caractère.
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Vers la Ribeira
En descendant vers le fleuve… la place de l’infant Enrique, né à Porto, celui qui fut appelé Henri le Navigateur pour avoir été, dès le début du 15ème siècle, l’un des principaux instigateurs de la découverte du monde avec les fameux marins aventuriers portugais comme Vasco de Gama vers la fin du même siècle. Le
beau marché métallique appelé Mercado Ferreira Borges est l’un des points de repère de la ville, que l’on aperçoit même depuis la rive opposée du Douro ; aujourd’hui un édifice consacré à des expositions et des manifestations culturelles. Le pittoresque de Porto flatte l’œil à chaque coin de rue, dans les panoramas sur le fleuve, dans les escaliers en ruelle, à l’ombre de recoins plus secrets...
26 Brésil Où allait l’or du
L’église Sao Fransisco s’appuie sur l’un des côtés du Palais de la Bourse vers le fleuve. Romane lors de sa construction en 1254, puis transformée en gothique, enfin en baroque au 17ème, cette église n’est, de l’extérieur, pas très différente de celles que l’on rencontre ailleurs à Porto. Par contre à l’intérieur, beaucoup plus que dans d’autres, elle dégouline d’or (comme le dit très justement le Guide du Routard). En réalité, des sculptures de bois recouvertes de feuilles d’or (talha dourada), envahissent l’espace, chargées de personnages, d’allégories, d’un foisonnement de représentations végétales, et couvrent jusqu’à la moindre surface, murs, plafonds. Seul le sol en est exempt puisqu’il faut bien circuler, mais aussi parce que les planches de bois dont il est fait recouvrent les tombes où gisent des membres de l’ordre. Au total, et nel, spectaculaire réalisation, on peut
même en saluant le caractère exceptionet remarquable de la comprendre que même le dévot le mieux disposé en sorte admiratif mais surtout écoeuré. Tout l’or ramené du Brésil lors des grandes conquêtes semble être là ; 500 kg ont été utilisés en son temps.
L’histoire dit aussi que ces indécents excès des fransiscains et des riches habitants qui avaient contribué à la décoration, alors qu’au 17ème la population du quartier vivait misérable, conduisit le clergé à la fermer au culte. En un sous-sol attenant, des catacombes sous voûtes prennent des airs de caves vinicoles ou de chais bien ordonnés, avec une sobriété bienvenue après les abus décoratifs de l’église. Ils accueillent les restes de 12 bienfaiteurs et ceux de religieux de l’ordre. Le plafond de l’une des salles des étages supérieurs est encore une sorte d’exercice de style décoratif qui semble inspiré par l’art arabo-andalou.
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quais Pittoresques des
Quand ensuite on se laisse tranquillement aller dans les pentes qui mènent au fleuve vers les quais du quartier très touristique de la Ribeira, c’est au travers de quelques sombres et étroites ruelles du Moyen Âge, d’autres rues étagées, pour déboucher sur la place du même nom, inondée de soleil. Mais envahie et assez dénaturée par les tables, les chaises et les parasols de plusieurs cafés et restaurants, qu’occupent les touristes du monde en-
tier, affalés, affamés puis repus. Opportunément, la charmante façade blanche baroque de la petite église St Nicolas rattrape cette impression. Et là s’ouvre le fleuve, où les mouettes moqueuses planent et virevoltent. Et Porto commence à se livrer. Après la place, les quais de la Ribeira se dérou-
lent en longeant les vestiges de vieux remparts de pierre, percés de voûtes, jusqu’à cet arc métallique monumental qu’est le pont Dom Luis 1er.
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éclate Soudain Eiffel s’
D’une seule et élégante arche de dentelle métallique, il a achevé d’être construit en 1886 par un élève de Gustave Eiffel, Theophil Seyrig. Il remplace un pont suspendu (1843), dont les pylônes ont été conservés sur la rive nord, succédant lui-même à un ancien pont de bateaux construit en 1806. Il porte deux tabliers, le plateau supérieur où passe lentement le métro, prudent et comme pris de vertige (il faut respecter les vieilles infrastructures), d’une portée de 395m, à 45m au-dessus du fleuve et le plateau inférieur, qui est le passage routier, de 174m de long. Les piétons peuvent ainsi traverser le fleuve depuis le centre ville, par le haut ou par le bas.
Eiffel lui-même, déjà avec l’aide de son élève, a construit en amont en 1876 le pont métallique Maria Pia (de Savoie) qui était dédié au seul passage des trains, avec un tablier de plus de 350m, 60m au-dessus du Douro. Il a
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Seule pour les ados l’eau n’est pas si fraîche.
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Secrets passages
Le long des quais de la Ribeira déambulent donc les hordes de touristes sur ses pavés gris polis par les pas, au pied des vestiges de remparts faits de solides pierres de granit. Les terrasses des cafés et des res-
taurants sont bien installées entre le rempart et la voie parallèle au fleuve où passent encore les voitures, avant le quai lui-même. Par contre, une fois franchies les voûtes sous les remparts et si l’on fait l’effort de gravir les marches et les pentes, les dédales et les ruelles qui sont l’arrière-cour, les coulisses des restaurants, sont une vraie et précieuse découverte où l’ocre et l’orangé s’imposent avec bonheur. Certains guides préfèrent la lascivité de Lisbonne à Porto. Pourtant, que de surprises, que de charme dans ces passages de dalles inégales, de passerelles et d’arches, d’anciennes poutres décrépites, d’ex-votos baroques, dans le silence d’une ombre fraîche où quelques vieillards s’affairent derrière leur porte sans se soucier de l’étranger. Où parfois même on confond voie publique et corridor privé.
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scène Couleurs d’avant-
Quand on repasse à l’avant-scène, ouverte au fleuve, l’autre spectacle, beaucoup plus exposé, complaisamment exhibitionniste, c’est celui de la continuité variée des façades aux balcons divers, un peu de faïence entre de nombreuses fenêtres comme pour goulument capter plus de lumière encore ou ne rien manquer du spectacle du fleuve, harmonie chaude des couleurs des façades et guirlandes de linge au vent. Un autre panorama, fascinant par sa diversité, une sorte de crâne fierté populaire qu’affirme ici la ville face au fleuve, et qui séduit et amuse aussi, au-dessus des parasols des restaurants.
A l’étage juste à la hauteur de la coursive des remparts, une rangée d’anciennes cabines numérotées ; peut-être d’anciennes cabines de bains?
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vus de Gaïa Magie des quais
Le 29 mai 1809, poursuivis par les troupes napoléoniennes de Soult, une masse d’habitants s’enfuit par le seul pont de barques qui permettait alors de traverser à pied le Douro. Certainement sous leur poids, le pont s’effondra, fut détruit et les fuyards engloutis par le fleuve. Le long des remparts, une plaque de bronze commémore cette tragédie du « pont des barques ». Les actes de résistance héroïque des portuans, assaillis par les troupes d’envahisseurs au long de l’histoire de Porto expliquent la devise de la ville : « cidade invicta », la cité invaincue. Cette résistance est ainsi symboliquement représentée par le lion (Porto) terrassant l’aigle (Napoléon) au sommet de la colonne de la vaste place de Mousinho Albuquerque. S ‘arrachant à l’indolence de ces quais, nous traversons enfin le fleuve pour passer sur la rive sud, par le tablier bas du pont Dom Luis 1er. Ici commencent les caves du vin de Porto, qui s’étalent le long de la route passante longeant les quais 50m en retrait. Vue de là enfin, sur ses hautes collines convexes, Porto se donne, étagée avec densité sur les pentes. Difficile de s’arracher à la contemplation du splendide spectacle de la ville sous le soleil qui tourne lentement, avec la noria des mouettes blanches qui font la pause au milieu du fleuve ou bien, en quelques battements d’ailes, tournant un peu la tête guettent les poissons d’en haut pour les saisir dans leurs
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vus de Gaïa Magie des quais
Toute tentative de reconstituer le panorama de la rive aperçue d’ici tient de la gageure. Non seulement elle exclut hélas le pont Dom Luis 1er, mais elle rabougrit et écrase la vue.
Les vues cliché par cliché rendent mieux la beauté du site. La symphonie des toits de tuiles, la tonalité changeante des façades, des clochers et des terrasses mouchetées du vert des squares ici et là, tout concourt à composer un tableau exceptionnel, qui s’encadre dans l’élégante trame métallique du pont, qui agrémente somptueusement l’arrière-plan d’un robelos, ou bien encore qui épouse avec une lascivité que lui envierait Lisbonne les courbes de la haute colline auxquelles la ville s’accroche. Porto, paisible et glorieuse, s’étire, s’émerveille d’elle-même et contemple, immobile le puissant fleuve qui l’a faite, dont les flots se rebroussent au moment des marées. Seule indifférente, la mouette passe à tire d’ailes.
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le nectar Dans les tonneaux
Les façades aux couleurs chaudes regardent, hautaines, la fourmilière qui défile à leur pied. Dans l’air transparent de mai, depuis le quai aux vins, une légèreté, jubilatoire comme une ardeur de jeunesse fait oublier le présent et se moque du futur. Comme une liberté intemporelle. Tant qu’à être là, on sacrifie ensuite à l’incontournable visite de deux chais du fameux vin qui n’est pas tout à fait, ou peut-être un peu plus que du vin. Caves pimpantes et encore authentiques, caves musée aussi, pédagogie soignée sur la manière de vinifier, l’originalité des cépages, la qualité des sols, l’effet du climat, les diverses catégories de vin, la commercialisation et son histoire avec l’Angleterre surtout. Et bien sûr la dégustation. On peut au moins retenir que si l’ajout d’eau de vie pendant la vinification suffisait à faire du Porto, tout autre vigneron du monde saurait en faire. Ce sont donc les spécificités du contexte qui font d’abord la différence et parviennent à ce nectar unique.
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s ruelles et le charme de
En franchissant le Douro depuis Porto sur le tablier supérieur du Pont Dom Luis 1er, la station de métro suivante se trouve au sommet de la colline à la limite d’un petit jardin en butte. Le panorama sur Porto est époustouflant. Deux manières de descendre de là vers la rive et les quais : soit en prenant un téléphérique assez onéreux et sans grand intérêt que l’on voit surgir d’entre deux façades au-dessus de nos têtes, soit en empruntant les ruelles qui zigzaguent vers le bas, s’accrochant au rocher de granit dont sont aussi faits les pavés plats et disjoints ; ce qui fut notre choix.
L’atmosphère de cette partie de la zone urbaine est différente, plus authentique, plus populaire aussi, avec de petites boutiques dont l’activité est centrée de près ou de loin sur le vin de Porto, plus encore quand on se rapproche des quais et des grands chais. Le rythme quotidien semble ici moins tendu, plus débonnaire, décontracté. Paraisser avant de goûter.
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ais Enfin voici les ch
C’est dans ces pentes parfois fortes que l’on accède aux chais, où les bus de touristes déferlent, dégustent à tour de verres, tête au soleil quand ils parviennent à trouver une place dans l’encadrement d’une fenêtre, dans cette odeur de tannin sous les charpentes de
bois au pied d’énormes muids de chêne parfois encore fabriqués en France. Le monde entier passe là ; parfois avec quelques confusions, quand, entendant à côté de nous une famille parler français avec un accent, j’ai pris des suisses de Lausanne, au demeurant très sympathiques, pour des québécois! Erreur fatale. Mille excuses pour mes oreilles, à appareiller, pour les habitants de la Belle Province et pour les lausannois, suisses au coeur. Pour un peu, mécontents de ma confusion, ils m’auraient envoyé me faire « désabler les portugaises »,... à Porto.
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Douro puis les flancs du
Les collines élevées qui bordent longuement le Douro quand on le remonte vers l’Est et l’Espagne se parent des terrasses serrées où se cultivent les fameux vins. Depuis l’autre gare de Porto, celle de Campanha, on parvient à ses rives en train par le nord , sur une ligne non encore électrifiée qui ne retrouve les bords du fleuve vers Regua qu’après une heure de parcours entre des collines cultivées et assez densément habitées, sans intérêt majeur. Ce train, tracté par une locomotive diesel dont l’odeur incommodait un petit groupe de français délicats, possède des sièges réversibles d’un seul coup de main : il est possible par simple basculement de passer le dossier d’avant en arrière (ou l’inverse) , si bien que l’on peut de cette manière choisir le sens dans lequel on s’assoie. Cette facilité est ancienne, puisque même les sièges du tramway des années 40 à Porto en sont dotés. Imaginons la révolution qu’introduirait ce système dans le TGV. Mais c’est sûr, l’informatique ne suivrait pas... Le fleuve en cette période semble paresser avec majesté dans ses longs méandres tendus ; la topographie de ses rives parfois creusées trahit cependant la nervosité qu’il peut manifester dans ses crues. De notre train tortillard, nous doublons un navire de croisière qui achemine des groupes de vieillards respectables vers la visite de caves avant un long repas de midi assorti de dégustations qui alourdiront encore l’assoupissement. Au début, les cultures restent circonscrites, au milieu d’une courte végétation sur un terrain probablement plus ingrat et trop escarpé. Mais les pentes s’adoucissent en remontant le fleuve, prennent des courbes plus amples et sont donc plus cultivées, au moins jusqu’à ce qu’on atteigne les altitudes des mésas plus à l’est vers la frontière espagnole, qui doivent en marquer les limites. Le paysage résillé des rangs de vigne parfaitement entretenus qui épousent étroitement les courbes de niveau et occupent les pentes dans leur totalité jusqu’aux sommets illustre parfaitement le savoir faire ancestral des viticulteurs et leur pugnacité. Ce n’est que quand la pente se fait douce que les rangs prennent l’orientation de celle-ci. De plus en plus aussi, les courbes de la haute vigne se brodent de chapelets d’oliviers plantés à intervalles très réguliers.
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Pinhao la sereine
Avant d’atteindre le grand méandre de Pinhao, notre destination, les collines plus évasées et entièrement cultivées étalent leur richesse, et la destination prestigieuse de leur production : ici, la noire silhouette de l’icône Sandeman planté au milieu des vignes. A Pinhao, fin touristique traditionnelle de la journée, le fleuve s’évase comme un lac, grâce à une retenue en aval. Beau site tranquille dominé par ses vignes, jusqu’au sommet des hautes collines vers lesquelles on sent bien que le soleil doit darder avec intensité ses rayons en été. Tout célèbre le vin et sa fabricaperbes azulejos qui décorent maçades de sa gare, en passant par ludiques du bord du fleuve et ses ciens, jusqu’aux boutiques de sou-
tion, depuis les sugnifiquement les fales aménagements outils viticoles anvenirs d’assez bon goût sans lourdeur ostentatoire qui longent parmi d’autres la rue traversante. Le témoignage de la tradition viticole est
souligné par la juxtaposition, juste en retrait de la rive et au pied des pentes cultivées de sortes d’énormes cloches semblables à des bulbes de mosquées, apparemment faites de ciment crépi dont le sommet est relevé en téton. Ce sont les anciennes cuves où était entreposé, soutiré, décanté le Porto avant d’être acheminé par robelos vers la capitale par le fleuve. Aujourd’hui, les cuves sont peut-être faites de métal inoxydable cachées derrière des murs vénérables et le vin envoyé par camions et trains citernes.
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art Où le vin est un
Comme une fière coquetterie, ou une signature des propriétaires de quintas, les champs sont souvent bordés, plutôt que de haies ou de rang de cyprès, par le haut pampre d’une vigne qui les ceinture joliment.
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aussi Et puis du fleuve
Ces visites s’inscrivent habituellement pour les touristes dans un forfait dont la partie principale est une croisière d’une heure sur le Douro jusqu’à l’entrée de l’estuaire ; les visites des caves en sont le point d’orgue, selon un tempo laissé à la guise du client. Croisière sur des bateaux en noria qui ont la forme caractéristique des robelos, mais où les touristes ont pris la place des tonneaux, pas forcément à leur avantage. C’est une autre occasion de voir autrement Porto la ville et son environnement, en particulier de passer sous les arches monumentales des ponts successifs qui traversent le fleuve. Ici encore le pont Maria Pia construit par Eiffel, désaffecté et remplacé par l’ouvrage à piliers voisin, pour la traversée du chemin de fer. Dans l’autre sens, le même pont d’Eiffel, puis en arrière plan, un pont routier de béton dont l’arche plus hardie encore bondit par-dessus le fleuve. Au retour, au pied de la colline qui prend un air de falaise se distinguent mieux les sombres remparts crénelés comme les dents d’un peigne, ceux qui délimitaient au Moyen Âge l’enceinte de la cathédrale forteresse de la Sé dont on n’aperçoit pas les clochers depuis le fleuve, et qui furent construits à la place de remparts romains beaucoup plus anciens. On aperçoit aussi les rails qui dévalent la pente, ceux d’une petite et moderne nacelle à crémaillère sur soufflet (pour maintenir l’horizontalité quelle que soit la pente) qui permet rapidement de passer de la Sé au Douro en bas. Pour les touristes fatigués que nous sommes parfois. Beau point de vue depuis la cabine pendant l’élévation assez vertigineuse. Et un peu comme sur la lagune vénitienne, on croise ces gondoles à tonneaux, des robelos immobiles qui ne sont là que pour la parade, pour illustrer le passé.
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Ailleurs, sur la rive sud, au-dessus des flots scintillants, en remontant un peu encore, s’Êtirent sous le soleil des carcasses de bateaux en rÊnovation ou en construction, sur un minuscule chantier artisanal.
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Bolhao s’agite
Le quartier de Bolhao avec son grand marché couvert, ses très nombreux commerces et notamment ceux de la rue Santa Catarina ne prend un peu de repos et de tranquillité qu’à l’heure du repas de midi.
peu déçus de ce contexte même visible est d’un beau pitto-
On voit, par son infrastructure métallique et le style de ferronnerie de ses balcons, que le marché avec ses galeries couvertes qui tire partie de la pente de la colline, a été conçu dans la mouvance d’Eiffel et de ses disciples à la fin du 19ème. Mais les travaux en cours encombrent la vue d’échafaudages et privent le chaland d’une grande partie des échoppes et des boutiques. Un si ce qui est resque.
La marchande de sardines, asdes entrées un seau de poissons hèle (ou harangue?) les pas-
sise à l’une à ses pieds, sants.
La veille, l’équipe de foot du stade de Dragao avait été sablanc inondait la ville) ; un rele sujet se tenait dans le marché lors de notre passage.
Porto FC au crée champion du Portugal (le fanion bleu et portage sur
La rue en pente qui longe le marché est un point de départ de plusieurs lignes de bus. Les passagers en attente s’organisent avec un civisme bon enfant à chaque arrêt en une queue bien respectée qui s’allonge le long du trottoir. En face rutilent de belle façades de faïnces colorées.
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ine et s’exhibe, urba
Le carrefour très animé Santa Catarina - Formosa s’illumine comme un phare urbain diurne, avec l’intense lueur
bleue des azulejos de la chapelle de Las Almas. Surplombant les feux tricolores, ses façades attirent irrésistiblement l’œil, malgré le trafic et les nombreux commerces, tout contre l’accès à la station de métro Bolhao. La rue Santa Catarina, longue et spacieuse est réservée aux piétons, très fréquentée aussi bien par les portuans que par les touristes. Une manifestation d’un groupe d’étudiants protestant contre l’augmentation des frais d’entrée à l’université se tenait ce jour-là, sous l’œil amusé et parfois compatissant du public. Au bout de la rue Santa Catarina, en débouchant de la place où trône sur un tertre l’église St Ildenfenso, deux magasins aux pignons anciens marquent originalement le carrefour.
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céan Tout au bout, l’o
L’embouchure du Douro, voisine de 2 km, évase les hautes collines quand on s’approche de la côte. La brume masque un peu la puissante houle océanique, et estompe le phare falot au bout de la jetée. Les vents d’ouest étirent les nuages et le ciel est d’une agile versatilité. La chance était avec nous pendant les 6 jours de notre visite : temps très changeant d’abord, avec une seule averse gênante, puis ciel bleu permanent pour le reste, mais des matins et des soirées un peu fraîches. De quoi parcourir la ville à pied dans de belles conditions. Nous sommes allés vers ce bout de monde avec le pittoresque et superbe vieux tramway des années 30-40, parfaitement entretenu, qui traverse le centre ville en gravissant encore allègrement les pentes. Aux carrefours de la ligne, le wattman (ou woman) s’arrête et descend lui-même pour changer l’aiguillage. Voitures, piétons, vélos empruntent sa voie avec bonhommie ; parfois même, il doit attendre qu’une voiture mal garée veuille bien se déplacer un peu pour lui laisser le passage. Il est surtout destiné aux touristes, puisque d’efficaces lignes de bus sil-
lonnent aussi la ville. Le long de cette ligne qui longe la rive droite du Douro se situe le musée du tramway où d’autres rames plus anciennes encore sont exposées.
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des brumes Dans le tramway
Lors de cette descente vers l’embouchure, la brume qui voilait le paysage sur l’autre rive, découpait la silhouette fantomatique d’un château au sommet d’une colline, qui se prenait pour un manoir écossais au-dessus un loch, pour retrouver sa banale et anodine apparence dès la brume dissipée.
Pour un peu, même ce voilier avait, si on se laisse aller, l’allure de celui du Hollandais volant, si la proue nette du canot aux couleurs portugaises et les pêcheurs pêchant au premier plan ne nous ramenaient à la réalité. Il n’est pas même jusqu’aux îlots rocheux au pied du pont routier, qui ne se la
jouent façon réserve ornithologique, où les mouettes abondent néanmoins.
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Jardin suranné
Loin des tumultes, cependant bien relatifs par rapport à un dimanche après-midi sur les Champs Elysées, deux sites charment par leur tranquillité et leur beauté, avec pourtant des styles très différents, voire opposés. L’un d’eux est le jardin du Palais de Glace avec son musée du Romantisme. L’autre est le très moderne et bien agréable parc Serralves et son bâtiment aux lignes épurées qui abrite des expositions d’avant garde fréquentées par la jeunesse de Porto dans un quartier cossu un peu excentré vers l’ouest. Le premier domine de son plateau l’ouest immédiat de Porto et le Douro. Le Paimmense coualentours imtustes, rouillés
lais de cristal n’était pas accessible, mais son pole un peu vieillissante s’agrémente dans ses médiats de groupes sculptés parfois un peu vépar endroit. Le parc est encombrés de paons qui sillonnent les allées en se haussant du jabot et s’admirent en bon narcisses dans le reflet des baies vitrées. Ou bien trompettent leur appel brisesilence vers les femelles. Des mouetttes et des canards ont fait de bassins leur baignoire, parfaitement habitués au lieu, à peine dérangés par notre approche. De l’une des terrasses qui s’étagent, la vue sur le Douro vers la mer est splendide, dans une quiétude apaisante qui fait oublier la Ribeira.
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eur Romantique fraîch
Calme et fraîcheur, plus encore quand on descend à travers le parc vers le Musée « Romantico ». Aussi bien l’environnement, avec ses arbres ancestraux que la qualité des œuvres exposées contribuent à la beauté simple du lieu. Un guide francophone, plus tout à fait jeune, très cultivé et fier de conter un peu de l’histoire portugaise au travers de Porto nous fait visiter les pièces. A part quelques portraits trop appuyés, tout le reste témoigne avec goût, par les
meubles, les œuvres produites de la vie quotidienne d’une famille aristocratique aisée, de cette 2ème partie du 19ème siècle, dont l’héritage baroque n’est pas exclu. Les objets les moins sobres, et somme toute les moins appréciés sont des porcelaines de Limoges, suffisantes comme paons en parc, au côté d’œuvres à l’estimable modestie comme cette petite table ronde incrustée de fine marqueterie, que gâche la cloche à fleurs. En sortant du parc vers le fleuve, les ruelles qui dévalent ne manquent pas aussi d’un autre charme plus débridé et actuel, grossièrement pavées, herbeuses, et taguées avec, même là, ce qu’il faut de touche baroque.
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te Modernité parfai
Plus à l’ouest, une partie du parc de Serralves
accueille un très moderne pavillon d’exposition construit en 1999, peut-être dans la perspective de l’année européenne de la Culture 2001 dont Porto était cette année-là la capitale (comme Marseille en 2013). C’est le plus grand Musée d’Art contemporain du Portugal nord. Les lignes pures et la lumière sont en soi déjà un décor assez fascinant. Que certains trouvent déroutant! Laissons -nous aller à la beauté des lignes... Fondation privée au sein du beau parc de 18 ha, dont le puissant et envoûtant parfum des eucalyptus vous enveloppe par moments, narines dilatées. Le parc recèle aussi des oeuvres modernes parfois surprenantes, jouant ici et là d’effets optiques, en général bien réussies.
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o Bucolique Art Déc
A une autre entrée se situe la Casa de Serralves, siège de la fondation, d’une belle et très pure architecture Art Déco, à laquelle Lalique a notamment contribué. La courte perspective du jardin en gradins à la française où se marient les couleurs crues tartan et turquoise de piscine, craque des pas écrasant les galets rouges et attribue au cadre un je ne sais quoi de tropical dont le contraste par rapport aux frondaisons du parc est bienvenu. En contrebas, petit et apaisant intermède bucolique : dans une vallée paît un couple de bovidés façon auroch, très étonnantes longues cornes recourbées, dans une ferme pédagogique vaste et soignée, non loin des pergolas d’une roseraie aux roses déjà éreintées de soleil. Malgré la discrète sophistication, ce retour à la simplicité après les lourdes fioritures baroques et talha dourada apporte sa part d’harmonie, d’équilibre, de libération salutaire de l’esprit.
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les Azulejos 1
Un azulejos désigne en Espagne et au Portugal un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés que l’on trouve aussi bien à l'intérieur de bâtiments qu'en revêtement extérieur de façade. D'abord développé en Andalousie au 15ème siècle, il connaît son apogée au 18ème siècle au Portugal. C’est toujours de nos jours un art vivant dans le sud de l'Espagne et au Portugal. Outre l’art décoratif, c’est une revêtement d’une grande longévité, facile à appliquer, et auquel on prête des qualités d’isolation thermique sous le soleil de l’été. Origine : Le mot azulejo vient de l'arabe « al zulaydj » petite pierre polie, et non du portugais ou de l'espagnol « azul », bleu. Il s'agissait au départ d'imiter les mosaïques romaines. Le motzellige, technique de revêtement utilisée au Maroc, a la même étymologie. La technique de la céramique; apportée par les Maures lors de leur occupation de la péninsule ibérique est pratiquée ensuite de manière constante. D'abord non figurative (interdiction de la figuration dans les préceptes de l'islam sunnite), elle ne devient figurative qu'à la fin du 15ème siècle sous l'influence italienne. Au Portugal, plus que pour les motifs en eux-mêmes, subsiste un goût mauresque pour la surabondance de revêtements décoratifs entiers – une espèce d’horreur du vide. Au 16ème siècle, l’Italie développe la technique de la majolique qui permet de peindre des motifs directement sur les azulejos. Les premiers azulejos figuratifs sont peints à Séville vers 1500 par Francesco Niculoso , potier italien originaire de Pise. L’art se développe ensuite dans toute l'Espagne, et sa diffusion se poursuit au Portugal dès 1503, en Italie, et en Flandres où s’installent des céramistes italiens, d'abord à Anvers puis à Delft. On le trouve aussi en Turquie, en Iran. Le Portugal passe commande de céramiques aux flamands, dont certains viennent s’installer à Lisbonne. Au 17ème siècle, la production se fait plus industrielle au Portugal, pour répondre à une demande grandissante destinée à couvrir des surfaces importantes mais à coût moindre. Les motifs s’inspirent des « grotesques » italiens issus de l’Antiquité, des « indiennes », ces tissus exotiques rencontrés dans les conquêtes. Les ateliers créent de véritables répertoires de motifs et d’illustrations sacrés ou profanes. Plus modestement, des panneaux simples sont couramment utilisés pour des représentations religieuses ou à des fins signalétiques.
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les Azulejos 2
Au 18ème siècle, les commandes passées en Hollande imposent la tonalité bleue, s’appuyant sur une haute technicité, qui plaît aux portugais. Au point qu’ils importent la technique et la développent, l’embellissent en se l’appropriant. Mais ce qu’on appelle le Cycle des Maîtres traduit ensuite le rejet de la filière hollandaise. Les motifs deviennent plus exubérants avec l’espagnol Gabriel del
Barco qui travaillait au Portugal. On entre dans l’âge d’or des azulejos, avec dans la 2ème partie du 18ème, sous le règne de Dom Joao V la période dite de la Grande Production, et l’insistance et la répétition de certains motifs (vases à fleurs, scènes bucoliques, religieuses, mythologiques, de guerre,…). Avec le rococo, les motifs se diversifient ensuite et d’autres tonalités de couleur sont introduites ; les reconstructions après le grand tremblement de terre de 1755 développent fortement cette tendance. Au 19ème siècle, le néoclassicisme introduit par la bourgeoisie fait évoluer les motifs vers plus de pureté, de légèreté, de raffinement, en privilégiant cette fois les fonds blancs, l’insertion de médaillons calligraphiques monochromes. Puis les motifs romantiques s’imposent dans la 2ème moitié du siècle avec notamment le peintre Ferreira des Enseignes Au 20ème siècle, la production épouse les évolutions artistiques de l’époque, notamment dans le 1er tiers du siècle, avec tout d’abord la reprise des thèmes de l’Art Nouveau, puis des thèmes plus modernistes ensuite. Aujourd’hui, de nombreux ateliers artisanaux portugais et espagnols s'emploient à poursuivre leur adaptation à la modernité.
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o1 Les vins de Port
Commentaires issus notamment de « La Planète—vin » Le Porto est un vin muté portugais, produit uniquement dans la région du Haut Douro, à 100 km en amont de la ville éponyme, entre Peso da Régua et la frontière espagnole. La vallée amont au voisinage de Porto, n'est pas le domaine du vin de ce nom mais celui du vinho verde. La vigne est essentiellement exploitée par de petits producteurs, possesseurs des quintas. Tout cépage implanté ici, dans la vallée du Douro participe au Porto. Le vignoble occupe 25.000 ha hiérarchisés en qualité selon des critères portant notamment sur la localisation, le sol, l'altitude, l'aspect... Tout le raisin n'est pas transformé en Porto : un quota annuel est fixé, et le surplus est vinifié en vin de table. Plus de 20% de la production est commercialisé par l'Istituto do Vinho do Porto. Du vin est produit dans la vallée du Douro depuis l'Antiquité mais ce n'est qu'au 17ème siècle qu'apparaît l'appellation "vin de Porto". En effet, un embargo de Colbert, premier ministre de Louis XIV, contre l'Angleterre, prive les Anglais de leur vin favori, le "clairet" de Bordeaux. Ils découvrent au Portugal des vins de qualité similaire. Avec le traité Methuen (1703), ils obtiennent le privilège de fonder au Portugal des maisons de négoce en échange de la baisse des taxes sur le vin de Porto. Mais ce vin reste cher et en concurrence avec les vins français. Pour mieux supporter le voyage, on y ajoutait déjà de l'eau de vie. Tirant parti de cette expérience, un marchand anglais Jean Bearsley a l'idée d'en augmenter le degré en ajoutant de l'eau de vie de vin, et par là même la qualité et les caractéristiques. C'est la naissance du produit sous sa forme actuelle, produit très vite
apprécié en Europe.
C’est ainsi, raccourci et clin d’œil de l’histoire, que le vin de Porto peut être considéré comme un bienheureux effet collatéral de la stupide volonté hégémonique du Roi Soleil. La demande augmente considérablement. Tentant d’y répondre, la production s’accroît, mais au détriment de la qualité. Le premier ministre de l'époque, le marquis de Pombal, crée alors en 1756 un comité de définition et de suivi de la qualité, préfigurant les appellations d'origine protégée, notamment en mettant en place un cadastre des rives du Douro et une classification basée sur un système de points divisant le porto en six catégories et prenant en compte le climat, le sol, son inclinaison, l'altitude, le rendement ainsi que l'âge des vignes. Les cépages furent également divisés en un petit nombre de catégories.
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o2 Les vins de Port
La vigne est cultivée sur une surface schisteuse reposant sur un sous-sol granitique. Le sol, aride et pauvre en matières organiques délivre un rendement médiocre. Seuls les oliviers, les amandiers et quelques méchantes broussailles cohabitent sur ce sol ingrat. La culture est effectuée sur des terrasses accrochées à des falaises abruptes qui se jettent dans la vallée du Douro. La région a un climat continental assez contrasté, très chaud et très sec en été (jusqu’à 40°C), et parfois glacial avec de la neige en hiver, qui contribue à la qualité de la production. Les vendanges sont difficiles en raison du relief et des fortes températures, Après quelques jours de macération, quand le moût titre environ 6° et que la couleur semble convenir, le jus est versé dans des "torreis", cuves remplies au cinquième d'alcool de vin à 78°, le « brandy ». Selon le moment choisi pour ce mutage, le résultat est un vin parfois sec ou extra-sec (surtout dans le cas du Porto blanc), mais plus souvent demi-sec ou doux, titrant environ 20°. Moment crucial : trop tôt, le vin sera lourd et pâteux, trop tard, il manquera de fruit et de rondeur. Cette opération, le mutage, a l’avantage de stopper la fermentation primaire, en conservant du sucre au vin (rondeur et fruité) pour lui éviter de devenir trop sec ou trop âpre ; elle renforce aussi son aptitude au vieillissement, lui conférant un corps plus puissant et un bouquet plus riche. Le mutage terminé, le vin entre en sommeil tout l'hiver, décante sous l'action du froid grâce à des soutirages successifs. Au printemps, le porto quitte les quintas vers les chais des négociants. Selon sa qualité, il va entamer un vieillissement plus ou moins long, soit en fûts de bois (foudres 20 000 à 100 000 litres ou barriques de 550 l appelées « pipes »), soit en bouteilles selon une méthode mixte. Autrefois, les pipes étaient embarquées sur les "barcos rabelos", bateaux à fond plat seuls capables de descendre le Douro. L'expédition fluviale aboutissait aux caves de Vila Nova de Gaïa, faubourg sud de Porto, dont la fraîcheur était plus propice au vieillissement que les écarts de température subis dans la vallée du Douro. Ces temps héroïques ont pris fin dans les années 60, lorsque trains et camions citernes ont pris le relais. Mais une nouvelle ère débute : les Quintas du Douro ont commencé à s'équiper de chais à air conditionné, permettant le vieillissement sur place. Quoi qu'il en soit, le vin est mis à vieillir dans des tonnelets de bois spécial dont la porosité favorise le processus d'oxydoréduction. Un ouillage important (compensation de l’évaporation par l’ajout de vin dans le fût pour éviter l’oxydation) est nécessaire, effectué avec de l'alcool de même âge que le vin. La réglementation autorise 35 cépages pour l'élaboration du Porto. Cinq d'entre, tous originaires de la région (mais doute sur le « francesa »?), sont reconnus comme de qualité supérieure : le touriga nacional, le touriga francesa, le tinto cão, la tinta roriz, et la tinta barroca. Le Porto blanc, ou Branco Dourado est élaboré à partir de raisins blancs exclusivement. Autrefois résolument doux, il l’est moins aujourd'hui, et même souvent sec. Avec l'âge, sa couleur passe du blanc mat au jaune paille ou or. Mais c'est une curiosité. Le Porto est rouge dans son immense majorité.
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o3 Les vins de Port
Portos vieillis uniquement en fût de bois Ruby : le bas de gamme, simple et doux, uniquement rouge. Elevé en fût, jusqu'à deux ans. Les meilleurs sont vigoureux et pleins d'arômes, mais la plupart sont plutôt ternes. Vintage Character : mention trompeuse sans garantie, car le vin n'est pas issu d'un millésime unique. Après un élevage de 4 à 6 ans en fût, il est filtré et stabilisé par le froid avant mise en bouteille. Tawny : peut désigner des produits très divers. Les Tawnies bon marché sont des coupages de Portos blancs et rouges. En général "Tawny" désigne le bon Porto courant, issu de coupes d'âge et de productions différentes. Il est vieilli en fûts de chêne portugais donnant moins de goût de tanin que le chêne français. Aged Tawny désigne un vin qui a subi un élevage en fût pendant 10 à 20 ans, avant d'être mis en bouteille. Son âge n'était pas jusqu’il y a peu, mentionné sur l'étiquette. Depuis que quatre catégories de vieux Tawny avec indication d'âge (10ans, 20ans, 30ans, et plus de 40ans) ont été agréées par l'Institut du Vin de Porto, leur âge est de plus en plus spécifié. Quoi qu'il en soit, avec l'âge, le Tawny s'adoucit et perd un peu de sa teneur alcoolique; sa couleur pâlit, passant du brun au brun doré, puis au fauve auquel il doit son nom. Les Portugais le boivent rafraîchi, les Français chambré à l'apéritif. Mais ce sont là pratiques de consommateurs de produits de bas de gamme. Les Britanniques, fins connaisseurs et aristocrates du Porto, savent ce qu'est un bon Porto, et le prennent surtout après le dîner. Colheita : Tawny millésimé, vieilli au moins 7 ans sous bois. Il porte mention non seulement du millésime, mais aussi de l'année de mise en bouteille.
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o4 Les vins de Port
Portos vieillis en fût puis sous verre Vintage (millésimé) : Le Vintage est au Porto de base ce qu'un grand Champagne millésimé est au mousseux de fête foraine. La quintessence de la finesse, de la saveur, et de la persistance aromatique. Un Vintage est fait de plusieurs cépages, mais uniquement les très bonnes années (les années simplement bonnes donnent lieu au Quinta). Il ne subit que 22 à 31 mois de fût, à l'issue desquels le négociant décide s'il mérite la mention Vintage. Si c'est le cas, il est mis en bouteille sans avoir été filtré. Il peut alors rester en bouteille pendant 20 ans, voire 30, parfois plus. En conséquence il est impératif de le laisser reposer après l’avoir acheté, et de le décanter avant de le boire. Enfin, il est recommandé d'ouvrir la bouteille au moins une heure avant de servir, à 16-18°C. Mais attention ! au delà d'une journée, un Vintage décanté perd corps et bouquet. Single Quinta Vintage : Comme son nom l'indique, il s'agit d'un Porto venant d'un domaine unique, et issu de raisins d'une seule année. Il est donc millésimé, mais pour les années qui ne permettent pas un Vintage. La plupart des meilleurs producteurs de Vintage font ainsi des Quintas en principe dans leur meilleur vignoble. L'élaboration du Quinta est semblable à celle du Vintage. L.B.V. (Late Bottled Vintage) : Comme le Vintage, sa récolte correspond aux bonnes années, mais sans qu’il ait le niveau de qualité requis pour mériter la mention Vintage. Laissé en fût pendant 4 à 6 ans pour accélérer le processus de vieillissement, sa couleur rubis s'éclaircit sans toutefois devenir rousse. Il est en général décanté et filtré lors de la mise en bouteille. Toutefois, les meilleurs, capables de supporter un long vieillissement en bouteille, ne sont pas filtrés. Crusted Port : est un mélange de plusieurs années, embouteillé (non filtré) après 3 à 4 ans en fût. Un dépôt se forme donc, aussi faut-il le décanter avant de servir. En général, il se rapproche plus d'un Vintage que le LBV. Garrafeira Ce type de Porto est rare de nos jours. Vin d'un seul millésime, il est soumis -comme le LBV- à un séjour d'environ 5 ans en fût. A la différence du LBV, on le transfère alors en dame-jeanne, où il va passer 20, 30, voire 40 ans. Il est décanté avant mise en bouteille.
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o1 L’histoire de Port
Porto : 250 000 habitants, au sein d’une agglomération de plus de deux millions d’habitants. Même si l’activité portuaire a déménagé dans une des communes limitrophes, Leixões, Porto, c’est d’abord le fleuve, le Douro. Il va faciliter le commerce et rendre la ville prospère. Au point qu'aujourd'hui toute l'histoire de Porto peut se lire le long de ses rues et de ses quais, et sa richesse s’exprimer avec les différents bâtiments qui ont marqué son passé. L’histoire de Porto s’inscrit aussi étroitement dans celle du Portugal et contribue à celle-ci. Ce qui est retracé de l’histoire du Portugal dans le site internet « les voyages Clio » est tout à fait intéressant. La remarquable synthèse de cette histoire, en préambule de l’article intitulé « Les grandes étapes du Portugal » est reproduite dans l’encadré ci-dessous. « Détonateur, selon la belle formule de Fernand Braudel, de l’énorme bouleversement cosmique introduit par l’expansion géographique de l’Europe à la fin du XVe siècle », le petit Portugal joue dans l’histoire du monde occidental un rôle sans commune mesure avec l’exiguïté de son territoire et la faiblesse de sa population et de ses ressources. Constituée à l’ouest de la péninsule Ibérique dans les combats de la Reconquista, cette petite principauté née de la volonté d’un roi de Castille verra ses comtes et ses rois affirmer leur autonomie par rapport à leur puissant voisin. Une séparation politique qui correspond pour l’essentiel à celle des parlers gallego-portugais et du castillan et qui finira par s‘imposer malgré les périodes au cours desquelles des dynamiques unitaires ont rapproché les dynasties ibériques. Vassal du Saint-Siège, le petit Portugal – dont le nom vient de celui de Portus Cale, l’ancienne Porto – parvient à affirmer très tôt sa volonté d’indépendance et termine, dès le milieu du 13éme siècle, la Reconquête qui fixe, dès ce moment, les limites de son extension territoriale. La poursuite au Maroc de la croisade d’Espagne et l’aventure atlantique déterminent ensuite les destinées impériales de ce petit Finisterre européen ouvert sur le grand large. Avec le contournement de l’Afrique, l’ouverture de la route des Indes et la main mise sur le Brésil, ce qui n’était qu’un petit royaume périphérique au sein de la chrétienté occidentale devient l’un des « centres » de la nouvelle « économie-monde » née des grandes découvertes. Maîtres de l’un des deux premiers « empires mondiaux », les souverains de Lisbonne tirent alors un profit considérable des fonctions redistributrices assumées par leurs marins et leurs négociants, au moment où, de Sofala aux Moluques, l’océan Indien apparaît comme un « lac portugais ». Cette situation des plus favorables est largement compromise par l’union avec l’Espagne, qui fournit aux rivaux hollandais l’occasion d’en finir, ou à peu près, avec l’empire portugais d’Asie privé de ses îles à épices. Le Brésil, son or et ses denrées tropicales prennent ensuite le relais pour garantir au royaume une nouvelle prospérité mais les guerres napoléoniennes, les indépendances latino-américaines et une trop grande subordination vis-à-vis de « l’allié » britannique marquent le début d’une déchéance dont le cours ne peut être inversé par les rêves d’un nouvel empire africain allant de l’Angola au Mozambique. Resté à l’écart de la révolution industrielle et demeuré attaché à un héritage colonial devenu anachronique, le Portugal du XXe siècle accumulait de lourds retards quand l’intégration à la Communauté économique européenne lui fournit les moyens d’une renaissance appelée à trouver son complet développement dans le rôle spécifique que peut jouer ce « petit » État européen comme moteur d’une communauté lusophone de deux cents millions d’âmes actuellement en cours d’organisation.
On se limite ensuite à donner quelques points de repère de l’histoire de Porto par rapport à celle du Portugal.
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o2 L’histoire de Port
- 8ème siècle avant J.C. : des fouilles archéologiques prouvent une présence humaine organisée, sur le site de la ville moderne de Porto, à l'embouchure du fleuve Douro. Le comptoir phénicien puis carthaginois qui y est implanté tire partie de l'accès offert par le fleuve. - 1er siècle avant J.C. : les Romains établissent une ville qu'ils nomment Portus (le port) sur la rive nord et une autre ville, Cale sur l’autre rive (sud) du Douro. Le commerce se développe entre Porto et Braga au nord.
Cet endroit deviendra le véritable coeur du Portugal et les deux noms romains seront associés pour en constituer un seul, « Portucale ». C’est donc Porto qui a donné son nom au pays.
- En 411, les Suèves envahissent surtout le nord portugais et la Galice, chassent les romains et font du site une capitale administrative et commerciale, puis laissent la place aux wisigoths en 469. Vers 584, ces derniers donnent à la ville le nom de Portucalense. - 711 : sur le point de réaliser l’unité de la péninsule ibérique, ils sont à leur tour chassés par les Maures. - 868 : le Comte Vímara Peres bat les Maures et prend le contrôle de la région depuis le Douro jusqu’au au fleuve Minho au nord. Il crée le premier comté du Portugal (Comté Portucalense?). C’est là que se
situerait l’origine de l'identité nationale et des racines du Portugal en tant que pays.
- 1093 : Teresa, fille bâtarde du roi de Castille Alphonse VI et épouse d’Henri de Bourgogne, reçoit le comté de Portugal. Les habitants se rallient à leur fils Alphonse Henriques, qui se déclare roi du Portugal (alors la région de Braga) et se détache de la Castille. - 1147 à 1187 : Alphone Henri reconquiert contre les Maures Lisbonne et une partie du sud-ouest de la péninsule, tout en pratiquant l’ouverture pour les maures qui veulent rester là et s’intégrer. A sa mort en 1187, après 56 ans de règne, il aura aussi contribué à dégager l’indépendance du Portugal contre Castille et Leon, avec l’appui de la population. - 1249 : la reconquête portugaise est terminée, bien avant celle du royaume d’Espagne (1492). Mais les luttes opposant portugais et castillans se poursuivent. - 1385 : le 15 août, victoire anglo-portugaise contre les castillans à Aljubarrota. - 1386 : Jean 1er d’Aviz, dit le Grand (Joao), marié à Filipa de Lencastre en 1388, fille du premier Duc de Lencastre l'anglais John Gaunt, signe le traité de Windsor, qui scelle la 1ère alliance entre l'Angleterre et le Portugal, clé de voûte d’une partie de l’histoire de Porto aussi. - 1394 : Henri (le futur Navigateur) naît à Porto, 6ème enfant de Jean 1er et Filippa. - 1411 : la paix entre Portugal et Castille est conclue. - 1418 à 1460 (année de son décès) : Henri le Navigateur, plus au nom de l’idéal de croisade que celui des découvertes, commandite nombre d’expéditions . Mais Porto n’en tire finalement que peu de bénéfices. De cette époque, les habitants de la ville tiennent leur surnom de "tripeiros" car la viande étant envoyée sur les navires pour les marins , le peuple se nourrissait de ce qu'il restait, en l'occurrence des tripes.
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o3 l’histoire de Port
- Entre 14ème et 15ème siècles, Porto développe la construction navale portugaise. Cette période d'expansion voit aussi la construction, en 1374, d'un nouveau mur d'enceinte protégeant les deux noyaux urbains, ville médiévale et zone portuaire extra muros. - 1492 : fin de la reconquête espagnole ; une partie des juifs chassés par l’Espagne pour n’avoir pas voulu se convertir est accueillie au Portugal. - 7 juin 1494 : Le traité de Tordesillas partage les nouveaux mondes à découvrir entre l’Espagne et le Portugal. Au début du 16ème, le Portugal est maître de l’Océan Indien, et prend le relais des vénitiens pour le commerce des épices. - 1580 à 1640 : le Portugal est espagnol ; après la mort d’Henri 1er en 1579, l’un des prétendants au trône portugais, Philippe II d’Espagne, prend le pouvoir. Après une période de bonne cohabitation, les volontés d’annexion de l’Espagne, la pression fiscale qu’elle exerce sur les portugais, la concurrence hollandaise dans les mers, conduisent à une insurrection qui met fin au règne espagnol fin 1640. - 3 juin 1661 : Traité de White-Hall. Renouvellement de l’alliance anglaise par le mariage du roi Charles II Stuart avec l’infante Catherine de Bragance, sœur d’Alphonse VI. La princesse apporte à la couronne anglaise Tanger, Bombay et des comptoirs aux Indes et au Brésil. En contrepartie, l’Angleterre s’engage à défendre le Portugal et ses territoires coloniaux contre toute agression d’un pays tiers. L’Angleterre voudrait bien faire du Portugal un protectorat. - 1699 : arrivée à Lisbonne du premier chargement d’or en provenance du Brésil. L’or augmente la circulation monétaire et engage ainsi en Europe un cycle de croissance mais compromet les efforts réalisés au Portugal en faveur d’une activité manufacturière. Les revenus de la couronne portugaise augmentent mais servent surtout à financer des dépenses somptuaires. - 1703 : le traité de Methuen garantit l’entrée libre des lainages anglais au Portugal et celle du vin portugais en Angleterre. L'essor économique se fait réellement sentir, avec l'établissement de liaisons marchandes entre Porto et l'Angleterre. Car avec le vin du site, devenu fameux, les hommes d'affaires anglais investissent massivement dans les vignobles de la vallée du Douro afin d'approvisionner l'immense marché anglais. Porto, en tant que port d'exportation de ces vins, en bénéficie considérablement comme en témoigne la richesse des édifices baroques de la ville. - Le grand tremblement de terre de 1755 semble ne pas avoir affecté Porto, hors de la faille tectonique sur laquelle se situe Lisbonne, qui perd 60 000 (???) personnes le 1er novembre. - 1751 à 1777 : tentative d’instauration dans le royaume d’un régime de despotisme éclairé sous le règne de Joseph Ier, avec le marquis de Pombal (1699-1782), grand ministre portugais Les exportations de vin de Porto vers l’Angleterre croissent, mais déséquilibrent les échanges en valeur : près de la moitié des importations portugaises sont des produits manufacturés en Angleterre, qui ne lui achète que le vin ou des produits coloniaux. Le Portugal s’installe ainsi dans une économie de rente peu propice à la réalisation d’un effort de développement national. Les citoyens réagissent fortement contre la création de la Companhia do Alto Douro (Compagnie vinicole du Haut-Douro) par Pombal, destinée à mettre un terme au monopole anglais ; ils imposent un statu quo en incendiant le siège de la compagnie lors de la Revolta dos Barrachos (Révolte des enivrés).
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o4 l’histoire de Port
- 1789-1792 : Le Portugal se déclare contre la Révolution française et en faveur du maintien de la monarchie absolue de Louis XVI. - 1801 : alliée de la France républicaine, l’Espagne envahit le sud Portugal pour surtout obliger Lisbonne à rompre ses liens privilégiés avec l’Angleterre. Le Portugal est contraint de demander la paix le 8 juin. Cette guerre est surnommée la « guerre des oranges ». - 1807 : refusant le blocus continental imposé par Napoléon contre l’Angleterre, le Portugal est envahi par l’armée napoléonienne ; la famille royale part en exil au Brésil en novembre. - Juin 1808 : une Junte provisoire fidèle à la maison de Bragance se constitue à Porto. - 1808 à 1811 : Junot, puis Masséna se heurtent à Sir Arthur Wellesley, futur duc de Wellington et le Portugal devient base arrière des troupes anglaises. - 1820 : Porto est avec Lisbonne, le berceau de la " Révolution libérale " qui conduit la monarchie à adopter la constitution d’août 1822. - 1832 : en juin, Pierre 1er débarque des troupes à Porto, bat ses opposants (les miguellistes) qui cependant bloquent le port et le nord du pays pendant deux ans. Porto pâtit lourdement de ce long blocus. - 1847 : l’intervention de la flotte anglaise et des troupes libérales espagnoles sauve la dynastie des Bragance-Cobourg confrontée à une insurrection populaire qui a pris le contrôle de Porto et qui unit la petite bourgeoisie aux paysans miguellistes. - 1851 : promulgation de la constitution qui demeurera en vigueur jusqu’à la chute de la monarchie en 1911. - 1889 : dans sa volonté de consolider ses colonies en Angola et Mozambique, le Portugal se heurte à son allié Anglais, et doit renoncer à ses ambitions en Afrique Australe. L’opinion publique portugaise se déchaîne alors contre l’allié traditionnel britannique et de grandes manifestations sont organisées, notamment à Porto, pour dénoncer le diktat anglais, dont on sait aussi qu’il aurait voulu faire du Portugal un protectorat. Entre 1820 et 1911, Porto passe de 50 000 habitants à près de 200 000. - 1911 : élaboration d’une nouvelle constitution, républicaine. - 1932 : Salazar, ministre des Finances devient président du Conseil. Une Constitution plus rigide est mise en œuvre en 1933 ; la pratique devient autoritaire et se durcit. Malgré des progrès incontestables, certains choix de Salazar conduisent progressivement à assimiler sa gouvernance à une dictature. - 25 avril 1974 : la Révolution des Œillets met un terme aux colonies portugaises (Angola, Mozambique, Timor, Guinée Bissau,,…) mais conserve Açores et Madère. - 25 avril 1976 : promulgation d’une nouvelle Constitution. Au cours du 19ème siècle, le centre de Porto se déplace des rives du fleuve vers les nouveaux quartiers situés autour de la Praça da Liberdade. C'est à cette époque que Gustave Eiffel conçoit le pont ferroviaire qui enjambe le fleuve (1875), et de nombreux édifices sont construits. Au 20ème siècle, Porto se transforme progressivement de ville à vocation industrielle en un centre aux activités économiques consacrées aux industries de services. La ville joue un rôle important dans l'expulsion de la monarchie en 1910 et également lors de la révolution de 1974 qui conduit au retour de la démocratie au Portugal.