ITINERAIRES Habitants Villeneuve Echirolles

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itinĂŠraires habitants villeneuve ĂŠchirolles

2014

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itinĂŠraires habitants villeneuve ĂŠchirolles

- Master Design Urbain iug

/ ensag / hepia / igd-unil / esaaaa 2014

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« L’expérience des itinéraires : suivre celui qui nous guide par le corps et la parole sur un territoire qu’il invente et construit par la mise en scène de son récit. La méthode des itinéraires est une démarche centrée sur l’écoute sensible de ceux qui interrogent dans leur culture et expérience quotidienne le territoire réel et imaginaire qu’ils habitent. Leur récit déstabilise tout travail d’enquête savante ou journalistique fondé sur le recueil d’un témoignage ou d’une opinion. Leur prise de parole inaugure par l’énonciation de références et contextes d’ordinaire négligés ou invisibles « un passage à l’acte » qui agence dans l’espace / temps des rapports qui construisent et ménagent un territoire. » jean-yves petiteau



« Emmenez-nous ! » Selon la méthode des itinéraires du sociologue Jean-Yves Petiteau, ce recueil regroupe 15 itinéraires, qui, par leurs récits, nous emmènent à la rencontre de la Villeneuve Échirolles. À travers les yeux, les paroles et les pas de 15 personnes, se dessine un territoire de vie.


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ceux qui nous ont emmenés jean-jacques - claudine - estelle - andré - raïane - yacine - nawel & sana - pierre - nawel - françoise & josette - tina - raymond christian

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les itinéraires 15 itinéraires réalisés du 30 novembre au 6 décembre 2014

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Itinéraire de Jean-Jacques, réalisé par Fabienne Coillet, le 5 décembre 2014 à 15:00 / photographe : Pauline


{ jean-jacques } - du côté des granges Jean-Jacques a 56 ans, et vit à la Villeneuve depuis les débuts du quartier. Nous l’avons accompagné durant son trajet qu’il fait depuis la bibliothèque Pablo Neruda située place Beaumarchais jusqu’à chez lui dans le quartier des Granges.

« À part toutes ces pensées négatives, on est très bien ici quand même. On a un cadre de vie qui est magnifique. »

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Je suis arrivé dans le quartier en 1972, c’est vieux, donc en fait j’ai fait à peu près tout le quartier. J’ai habité ici (Beaumarchais), après j’ai habité allée de la Rance, puis allée

du Maine, et maintenant j’habite allée du Languedoc. En 72 j’avais 14 ans, maintenant j’en ai 56, donc je connais bien le quartier et j’ai fait pratiquement toute ma vie ici, voilà.

En fait au départ, mes parents avaient acheté un appartement là, en 72, place Beaumarchais. On va passer devant. Donc c’est juste là, je vais vous montrer. Donc là vous

voyez, c’est là où j’ai habité en 72, au quatrième étage. Mes parents ils y habitent toujours, voilà. Après je me suis marié, avec une fille qui habitait allée des Vosges là, juste à côté.

On a habité allée de la Rance. Après on s’est séparés, je me suis remarié et on a habité allée du Maine. On a eu plusieurs enfants et après je suis parti de l’allée du Maine

parce que c’était mal fréquenté. Il y avait des jeunes qui vendaient de la drogue qui se sont installés et bon, j’ai essayé de leur parler, de les raisonner quoi, mais rien à faire…

Bon, moi je serais resté parce que bon, moi ça ne me dérangeait pas. J’avais l’habitude du quartier, comme j’ai grandi un peu dans la violence, et tout ça hein, ici c’est un

peu comme ça quand même. Mais bon, pour ma femme et mes enfants, je ne pouvais pas me permettre de rester là donc on a déménagé, là-bas par contre on est super bien.

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Donc là ben, je vais régulièrement à la bibliothèque parce que j’aime beaucoup lire. C’est un parcours que je fais souvent parce que bon, mes parents habitent là, à côté de la bibliothèque. Je suis aussi souvent dans le parc dans Les Granges, parce que je fais beaucoup de course à pied. Ça fait 30 ans que je cours et je cours beaucoup à la Frange Verte. L’hiver, quand c’est le soir, où il y a de la neige, je cours dans le parc.

C’est une question de sécurité. Je préfère. Plutôt que de partir de chez moi aller courir dans les bois de la Frange Verte à la tour Hertzienne et tout ça. J’adore ce coin. Je suis mieux dans la nature qu’à tourner en rond, mais quand il y a de la neige, ou la nuit, on est quand même en sécurité par rapport aux voitures et tout ça.

Donc là maintenant, on habite à côté là, allée du Maine. On est super bien. C’est à côté du grand parc. Le matin quand je vais acheter mon pain, je vois des écureuils, c’est top ! Sinon je vais souvent aussi à Carrefour, à Grand’Place, parce que c’est à 10 min à pied. Du coup ça fait 42 ans que j’habite dans ce quartier. Moi j’adore Échirolles parce que bon, c’est quand même une ville où il y a beaucoup d’espace, beaucoup d’espaces verts.

On a la Frange Verte qui est à 3 km, pour faire mes footings, pour se promener, pour faire des tas de choses. Je pense que c’est une ville où il fait bon vivre, à part dans les quartiers où il y a de la délinquance, où c’est très dur. J’ai connu ça, mais je ne l’ai pas vraiment subi parce que quand j’étais jeune, j’étais un peu comme ça, mais bon après, on évolue hein.

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Donc j’ai évolué dans le bon sens, mais disons que ces jeunes c’est une génération qui est vraiment perdue, parce qu’on a rien fait pour eux. On les a stigmatisés, et bon, en fait

ils ne sont pas aidés quoi. Souvent les parents ne s’en occupent pas beaucoup non plus et les gamins ils n’ont pas de repères…

Et puis dans cette société de consommation où l’argent a une place importante, c’est pas simple non plus. Bon ce n’est pas une excuse parce qu’on peut aussi travailler.

Moi j’ai commencé à travailler en 75 donc ça va faire 40 ans l’année prochaine. Au début j’étais dans l’armée, 3 ans, comme j’étais jeune je faisais un peu des bêtises, donc

mon père m’a mis à l’armée. Après, j’ai travaillé aux Nouvelles Galeries à Grand’Place qui n’existent plus, chez Alibert, qui n’existe plus. Après, j’avais un magasin, qui n’existe plus

non plus. Puis j’ai travaillé aussi à Unico vers le Village 2, ça n’existe plus et maintenant je suis dans une usine pas très loin d’ici, ça fait 25 ans.

Donc tous les jours, je fais le trajet. Il y a 30 km, mais comme je prends la rocade Sud et l’autoroute et qu’il y a une déviation, en fait, je mets 25 minutes. Il y a trois feux. Je mets

moins de temps pour faire 30 km que des fois pour aller à la gare à Grenoble aux heures de pointe.

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Donc là, c’est le parc Maurice Torez. Moi, quand je suis arrivé là, parce qu’avant, j’ai oublié de vous dire, j’habitais au Village Olympique, en 1968. Donc Carrefour n’existait pas. Tout ce quartier n’existait pas. Il y avait encore la fin de l’aérodrome et il n’y avait que des champs ici. Il n’y avait rien à Grand’Place. Ah ouais, moi j’ai vu depuis 68 le Village Olympique. Bon c’est pas le quartier, mais on va dire que c’est à côté. Il y a 300 m quoi. Donc j’ai vu l’évolution du quartier, de toutes ces choses. Après mai 68, c’était vraiment une renaissance. C’était la très très belle époque, mais moi actuellement, dans cette société-là, je ne suis pas bien. Je ne me plains pas, je suis en bonne santé, j’ai un travail, la famille va bien, mais je ne me retrouve pas dans cette société et ça ne me plaît pas. Mais bon, faut s’adapter. Mais là bon, il ne faut pas non plus tout noircir. Dans la vie, bah il faut se

battre hein, il faut s’accrocher. La personne qui se bat et qui s’accroche elle réussira. Il faut de la volonté, il ne faut pas s’apitoyer. Il y a des gens en France qui n’ont ni un toit ni à manger. Ça, à mon époque, ça n’existait pas. Bon après, il y a un truc qui me gêne un peu, bon c’est dur à dire, mais c’est toutes ces histoires de religion, là. Moi je dis, il faut respecter tout le monde.

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Là, c’est le paradis des enfants parce qu’il y a des jeux d’enfants. Là-bas aussi, il y a des jeux pour les toutpetits.

Là, il y a une école et ça, c’est une garderie. L’école, elle est là. L’évolution du quartier, je ne veux pas faire le vieux combattant, mais c’est à l’image de l’évolution de la

société qui ne va pas dans le bon sens. Bon, je ne vous apprends rien. Moi j’aime bien la nature, j’aime bien respecter les gens, échanger. J’essaie de respecter tout le monde, quelle

que soit leur origine. On ne juge pas la personne ni sur sa religion ni sur sa couleur de peau. Moi c’est un truc, bah, tout petit moi, dans le quartier, il y avait toutes les origines, toutes

les religions, ça se passait très bien, hein. Il n’y avait pas de racisme. Bon il y a toujours eu du racisme quand même, mais moins que maintenant. Maintenant, la société doit évoluer,

bah je trouve qu’elle n’a pas évolué. Après bon, c’est mon ressenti.

Le parc là , il est immense. Là quand je cours, j’ai un parcours de 2 kilomètres. Donc je fais 5 tours, ça me fait 10 bornes, comme ça, j’en ai assez, voilà.

Et là bon, quand je pars le matin, je passe là et je vois toujours les petits écureuils là. Y en a un, deux là, tous les matins.

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Parce que quand moi je pars, comme j’ai des horaires... je travaillais la nuit, le matin, l’après-midi. Donc quand je pars, il n’y a personne. Donc les écureuils, je les vois, voilà. Voilà, sinon, là-bas, il y a eu un fait tragique là. Voyez, il y a une stèle blanche, vous la voyez en face ? C’est là qu’il y a eu les deux jeunes qui ont été assassinés et alors ça, ça a été horrible. Moi j’ai vécu ça comme un drame et ça m’a vraiment choqué. Bon même si moi, quand

j’étais jeune, on faisait beaucoup de bagarres, mais c’était pas comme ça. C’était genre, on se mettait deux trois coups de poing, deux trois coups de pied et c’était fini. Mais là, venir assassiner des jeunes, en plus, des super jeunes. Bon au début, quand on a tué ces jeunes, je me suis dit bon, c’est une histoire de bandes rivales, de drogue, c’est malheureux, mais bon, c’est bête à dire, mais, quelque part on cherche. Mais là c’est des jeunes exemplaires

qui étaient étudiants, vraiment très bien. Et ça, ça m’a détruit. Et je fais toujours une prière quand je passe là-bas. Et malheureusement, bon je ne vais pas y revenir... Si, je vais y revenir quand même, mais c’est la société qui pour vraiment une bricole… En plus, c’est un jeune qui s’est fait tuer, c’est deux frères au départ, lui il n’avait rien à voir. Lui il était là, comme dans la chanson de Calogero, au mauvais endroit

au mauvais moment. Et ça, c’est vraiment réel. Donc ouais, moi, à part toutes ces pensées négatives... on est très bien ici quand même. On a un cadre de vie qui est magnifique. Moi je suis bien ici, même si dans trois ans je vais partir. J’ai fait construire une maison dans la Drôme et je vais habiter là-bas. Voilà, donc j’habite juste dans le bâtiment bleu là-bas.

jean-jacques

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itinéraire de Claudine, réalisé par Benoît Pellissier, le 5 décembre 2014 à 11:00 / photographes : Laura - Shuxian


{ claudine } - récit d’enfance Claudine est retraitée et habitante depuis quelques années place des Jacobins. Amoureuse de la nature, elle nous fait visiter sa terrasse et le parc Maurice Thorez.

« Moi je ne peux pas vivre sans verdure. »

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J’habitais à la campagne dans une maison. Des évènements familiaux, c’est-à-dire un divorce, m’ont obligée à redescendre dans la plaine.

Moi je pouvais pas vivre sans des fleurs et sans un peu de verdure. J’ai donc une amie qui travaillait avec moi et qui habite, elle, dans ces grands immeubles, à côté.

Donc, un jour je lui dis en me promenant... parce que moi j’ai une petite retraite, donc je lui disais « qu’est ce que j’aimerais y habiter, mais dans ces petits appartements ».

Et puis un beau jour, elle m’a amené le papier et j’ai foncé. Voilà l’histoire qui m’a permis de sortir de ma maison et de Venon, au-dessus de Gières, le pendant du Mûrier.

Cette terrasse elle était pas belle parce que les gens ne l’avaient pas bien arrangé. Elle est pas belle là, mais bon faut venir en été pour la voir, enfin au printemps.

J’ai hésité un peu, mais finalement j’ai atterri ici, voilà. Cette terrasse et le parc sont très importants pour moi. Moi je ne peux pas vivre sans verdure sinon c’était ma mort.

Alors effectivement vous avez un mur qui est pas marrant. Parce que quand je l’ai visité, c’était en novembre, ce mur m’a un peu indisposée.

La terrasse était pas carrelée comme ça, j’y ai fait des aménagements et je me suis dit « pof », en mettant des bacs à fleurs ce serait pas mal.

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Voilà, donc je suis arrivée ici, un peu tristounette de quitter ma maison, mais bien contente de faire un pas de plus dans la vie.

Le parc, je m’y promène tous les jours. J’ai des problèmes de santé en ce moment, donc ça me ressource.

Ma terrasse elle est belle quand il fait beau et quand il fait soleil !

Bon bah j’ai des rosiers, j’ai des fraises... Regardez mes fraises qui vont peut-être rougir. J’ai des gauras, qu’on coupe l’hiver.

Mes rosiers... mes rosiers... alors ça, c’est un plumbago. C’est une plante du Midi. Parce que bon, j’ai aussi oublié de vous dire que je suis née à Aix-en-Provence...

J’ai une famille ardéchoise, mes beaux-parents étaient du Gard. C’est vrai qu’on est venu s’exiler ici pour les études. J’étais en Ardèche pendant mon enfance.

Bon alors ça, c’est un plumbago, c’est donc une plante du Midi qui résiste malgré tout, parce que je vais la couper un peu plus ras et la tailler. Je les maintiens en vie.

Au mois d’août si vous venez, c’est tout fleuri ! Ça c’est des petites roses, il reste que des roses, il y a plus de feuilles, comme de la porcelaine... J’aime bien c’est ma fille qui m’a...

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Ça c’est une laurette, ça c’est encore un rosier qui date de mon installation et là, mon thym du Gard.

Et puis mon olivier du Midi. Le pauvre, je le chouchoute, c’est pas un arbre d’ici et donc moi j’ai été exilée ici, c’est comme ça... Un hibiscus que je vais tailler aussi, voilà !

Ma vie s’organise là, alors je suis arrivée j’étais pas à la retraite. Je suis arrivée en 1999, sous la neige au mois de février, ça fait quinze ans presque seize.

Ma nouvelle vie a recommencé ici. Alors j’étais secrétaire dans un établissement scolaire, place des Géants, vers l’école d’archi.

J’ai plusieurs passions moi. J’aime jardiner, j’aime écrire... mais je ne vous ferais pas voir. Et j’aime danser. Je danse dans un thé dansant, c’est de la danse de salon, vers Sassenage.

Et puis je fais partie d’un organisme qui fait du jazz, dans la vallée du Grésivaudan qui s’appelle « Grésiblues ».

Je vais prendre mon « pépin ». Vous en voulez un autre ? On est peu de locataires donc on se connaît tous, c’est quand même bien agréable.

C’est une architecture tout à fait quelconque, à part les terrasses. La première fois que je suis arrivée ici, je peux vous dire que ça m’a pas plu.

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Ces grands immeubles... je venais de Venon, en plus j’habitais dans l’Ardèche, donc on a jamais habité dans des immeubles avec mon mari, enfin si à Gières.

Là aussi c’est pas très jojo notre entrée, mais bon une fois qu’on est chez nous...

Vous savez qu’ici nous avons une image de marque désolante, on a deux jeunes qui ont été assassinés, il y a une stèle. Ça nous touche beaucoup au niveau des appartements.

J’ai un ami qui a mis deux ans à vendre son appartement. Place des Jacobins, les gens disent « ah non merci, on veut pas ». Alors qu’on est super bien. C’est vraiment net.

Pourtant je me baladerais bien la nuit dans le parc, qui est très éclairé. À part quelques violences, c’est vrai...

Voilà alors notre parc, c’est un parc municipal. Il est très bien entretenu. Nous avons un jardinier qui est sensationnel ! Il est à l’écoute de nos considératas.

Bon effectivement vous avez des feuilles. Là c’est notre arbre cent écus, ça a des petites feuilles dorées, c’est un arbre d’ornement qui est sympa... Nous avons des roseraies...

Et on a un massif de roses rond qui est magnifique. Je me promène tous les jours ici.

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Donc là il y a une crèche, une école maternelle... Derrière il y a l’école primaire Jean Moulin.

C’est dommage parce que notre parc est si beau, mais là avec ce temps... J’ai beaucoup participé à des sorties parce que ma voisine de palier était directrice de l’école maternelle...

J’ai participé à des éveils de gymnastique, c’était sympa. Bon et bien là vous avez des arbres qui sont centenaires...

On a quelques commerces, mais pas beaucoup. Je vais y chercher mon journal et mon pain. Je préfère travailler avec des petits artisans.

Je vais régulièrement à la bibliothèque*, on se rencontre tous...

Je ne vais pas à la Butte. Je trouve qu’il y a trop de monde et j’arrive pas à trouver des légumes sympas. Je vais aussi à mon petit marchand vers le lycée Argouges.

L’araignée qui me rappelle des souvenirs... Parce que quand mes enfants et mes petits enfants de quatre et un ans venaient... On en a fait des stations sur cette araignée là !

Ce tour je le fais tous les jours. J’ai besoin de me promener dans cette nature. Si je veux plus de nature sauvage je vais du côté de Chamrousse, me balader dans les bois.

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*place Beaumarchais

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C’est vrai que c’était agréable ici pour les gosses, après ils prenaient leurs vélos...

Je préfère m’asseoir sur ma terrasse que sur un banc dans le parc. On est vite entouré d’immeubles, partout ou vous vous posez il y en a des plus petits et des plus grands.

Après on voit les montagnes, moi je vois le Moucherotte et les Trois Pucelles.

Il y a des arbres là qui deviennent tout rouge. Une année, je les ai photographiés avec la neige dessous, c’était magnifique. Ils sont soignés. C’est beau un arbre comme ça.

On a de la chance d’être dans un parc comme ça. À la commune ça doit leur coûter beaucoup d’argent, ils ont des jardiniers à temps plein, des équipes, ils ont du personnel

sympa. Je sais pas si la municipalité se rend compte de la chance qu’ils ont d’avoir des gens comme ça.

Il y avait un massif en face de ma terrasse et un jour « pouf » il a disparu ! J’ai dit au jardinier que je ne voyais plus les fleurs et l’année d’après elles étaient revenues.

L’autre jour, j’ai vu un combat de pies et d’écureuils, ça a duré un moment...

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Je vais souvent à la Frange Verte. J’y vais à pied, je prends le pont audessus de la rocade, c’est pas loin.

Vous savez, il est pas grand le parc. Si, vous avez aussi près de l’Alpexpo, mais je le trouve moins joli là. Et à la Villeneuve de Grenoble, mouais... bof.

Je pense que ça vient de la façon dont j’ai été élevée. Je connaissais pas moi en Ardèche ces grands ensembles. Il n’y en a pas, des gros immeubles.

Au début ç’a été un peu dur, mais ma terrasse et le parc m’ont permis de bien m’acclimater. Je ne repartirais pas de là, sauf si je suis grabataire, car il n’y a pas d’ascenseur.

Je ne quitterai pas Grenoble, car sinon je m’éloignerais de mes petitsenfants et de ma fille. C’est pas loin Chambéry, c’est 60 kilomètres d’autoroute.

Et puis on fait de temps en temps des visites guidées par quelqu’un qui s’y connaît en arbres.

La maison de quartier fait quand même pas mal de choses. Ils reçoivent des personnes qui jouent aux cartes, mais j’ai horreur des cartes, je ne risque pas d’y mettre les pieds.

Quand ils organisent des manifestations... c’est par eux que ça passe.

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Voilà, là on arrive sur les terrasses. C’est dommage parce que l’été... j’ai une haie de cosmos, c’est agréable. Moi j’adore les fleurs. Alors voilà le parterre qu’il nous a fait.

Voilà la stèle. Moi j’ai rien entendu, c’est le voisin qui a couru, j’ai cru qu’il faisait sa gym. C’est vraiment affreux, c’est dans ces fourrés qu’ils ont été...

C’est vraiment très calme. L’été, le matin, je suis réveillée par les oiseaux, comme si j’étais à la campagne. Comme toutes les pièces donnent de ce côté, j’entends pas les voitures.

Les terrasses, on y peut vivre comme on veut, il n’y a pas de vis à vis. Il m’arrive de bronzer, personne ne peut voir. C’est vraiment très agréable, c’est un coin sympa.

On ne peut pas dire que c’est joli quand on arrive là. Moi ça m’oppresse. Je ne sais pas si j’aurais acheté un appartement là dedans, alors qu’ils sont bien...

J’ai une amie qui habite là, c’est elle qui m’a fait connaître, ils sont bien. Ça fait une trop grande différence entre une villa et puis ça... « boum » la chute elle aurait été un peu rude.

Cette petite place elle pourrait être conviviale. Elle ne l’est pas moi je trouve, c’est dommage.

Là je vais prendre des cours d’informatique. J’ai été formée sur le tas, l’informatique a atteint mon bureau quelques années avant ma retraite. claudine

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Itinéraire d’Estelle, réalisé par Shuxian Lin, le 5 décembre 2014 à 8:30 / photographes : Laura - Benoît


{ estelle } - les trajets de mon quotidien Estelle a 38 ans. Elle est animatrice à la Maison de l’enfant située dans le quartier des Granges où elle a également grandi. Pour son itinéraire, elle nous emmène sur ses trajets du quotidien.

« Il y a une petite histoire, il y a quelque chose qui se passe autour ce quartier pour nous. »

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Je vais à la Maison de l’enfant. C’est mon lieu de travail. C’est pas loin de chez moi, à deux pas. J’y vais à pied. Juste, ça me prendrait plus de temps à prendre la voiture, je pense.

Je fais beaucoup de choses à pied, parce que j’ai beaucoup de, enfin, la plupart de mes activités se passent dans mon quartier. Aussi bien le boulot que les loisirs.

Voilà, on est presque arrivé. C’est pratique le matin. D’habitude je suis un peu plus chargée, j’ai des grosses valises et des instruments dedans.

En fait, j’utilise toujours un véhicule de la ville. Je passe toujours par la Maison de l’enfant, même si j’ai un rendez-vous en début de matinée.

Je travaille là depuis décembre 1999. J’ai pas toujours habité dans cet immeuble... mais j’ai toujours habité le quartier.

Où est la voiture ? C’est un peu compliqué comme on est plusieurs à s’en servir... elle est là-bas.

On a eu déjà une voiture qui a brûlé. Mais... En fait, on a des garages municipaux, mais ils sont vers la Commanderie à Échirolles. Du coup, ça nous fait trop de trajets.

C’est un risque qu’on prend. Mais on a eu parfois... on s’est fait crever les pneus, des petites incivilités on va dire.

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Là c’est une route que je prends très régulièrement. Je vais aller à la première crèche, Les Lutins. C’est une crèche où j’ai l’habitude de faire des interventions « éveil sonore ».

C’est un arrêt minute là. Moi je reste à peu près une heure pour mon intervention. Comme j’ai un véhicule de la ville, j’ai le droit de stationner sur cette place-là.

La crèche Les Lutins, c’est un lieu d’accueil. Ça veut dire, c’est la crèche sur place et il y a aussi des assistantes maternelles...

Oui, et ça va toi ? Ça va Elly ?

Je vais au centre social Les Écureuils. C’est aussi le trajet que je fais dans la semaine entre midi et deux quand je vais à l’aquabike.

L’aquabike, les activités de mon fils sont concentrées ici au centre-ville d’Échirolles. Au cinéma aussi, je viens ici. Je vais rarement au cinéma sur Grenoble.

à Échirolles je me déplace très très rarement en tramway... sauf si, du boulot, je dois aller à la Mairie ou des choses comme ça. Parce que làbas c’est compliqué pour se garer.

Je vais m’arrêter là parce que je veux pas déranger...

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C’est le centre social Les Écureuils. Il y a autant d’enfants que de parents. C’est un lieu d’accueil parent/enfant où je suis accueillante deux fois par mois. Ça s’appelle « l’heure bleue ». C’est dans cette salle. C’est le mardi matin et le jeudi après-midi. Moi, je suis accueillante deux fois par mois, après c’est selon les plannings et selon les disponibilités de chacune... Parce qu’on est dix accueillantes et on tourne, on est toujours à deux.

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On accueille dans cette salle, en fait elle est vide, et chaque fois on l’aménage. On accueille des parents avec leurs enfants, souvent des mamans, elles viennent passer un temps avec leurs enfants. On échange autour des difficultés qu’elles peuvent rencontrer ou on peut parler de tout à rien, et puis voilà.

Moi, je suis agent d’animation. J’ai un parcours un peu atypique. J’ai une licence en géographie au départ, parce que je voulais être instit. Et après, j’ai changé, j’avais plus du tout envie de rentrer dans l’éducation nationale. Du coup, j’ai fait une demande il y avait... C’était à l’époque des emplois jeunes, je sais pas si vous connaissez. J’ai fait une demande à la Mairie d’Échirolles. En tant qu’emploi jeune. J’ai été embauchée lorsqu’un poste s’est créé

à la Maison de l’enfant. Et après au bout des 5 ans ils ont pérennisé mon poste. Donc, je suis formée sur le tas, et j’ai eu des petites formations aussi par la ville. J’ai eu une formation à « l’écoute », et puis une formation autour de « l’éveil sonore », parce que moi, ma partie à la Maison de l’enfant est plus ciblée sur « l’éveil sonore. »


C’est toujours le même trajet pour aller au gymnase d’Auguste Delaune. Là, c’est un peu près ma deuxième maison !

C’est là qu’on passe beaucoup de notre temps libre. Moi j’ai fait du basket aussi avant. Je jouais dans ce club, et mon fils a pris la relève.

Non, je vais pas au gymnase à côté de chez moi. Parce qu’il y a pas de basket. Chaque association sportive de la ville a son gymnase. Là, celui au pied de l’immeuble de chez moi,

c’est le handball. Mais le basket, c’est ici, au gymnase d’Auguste Delaune. On est obligé venir là. Ça m’arrangerait si c’était au pied de chez moi. Mais... voilà.

à la Butte ? Non plus. La Butte, je crois pas qu’il y a un sport co’, qui est vraiment... parce que le volley c’est à Lionel Terray...

La Butte accueille plus des écoles, il y a une salle de sport, la danse dans de petites salles, la musique, parce qu’ils ont beaucoup de salles adaptées.

Ici à l’intérieur, il y a une salle en haut où on échange avec des amis... C’est un club hyper familial, où on se connait tous...

On est tous amis, donc là on passe la plupart de nos week-ends. Salut, ça va ? […] C’est une de mes collègues.

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Là je vais à Intermarché où je fais mes courses. Ça m’arrive parfois de poser mon fils au gymnase et je vais faire des courses. Avant je faisais plus mes courses à Carrefour. Ça fait pas super longtemps que je fais mes courses sur Intermarché. Mais je préfère, parce que c’est un commerce plus petit, il y a moins de monde. Et c’est plus facile pour se garer sur Intermarché. Mais c’est essen-

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tiellement parce qu’il y a moins de monde, on perd moins de temps pour faire ses courses. Et surtout, on est moins attiré, on dépense moins parce qu’il y a moins de produits.

Non, je traverse jamais la rocade à l’enfant, et après je vous emmène au pied. Parfois je la traverse en vélo, centre social Anne Frank où j’ai mes quand on se baladait en vélo par le activités de danse. pont vers Air Liquide où on est passé tout à l’heure. à pied j’ai dit jamais, mais ça m’est surement arrivé. C’est pas une régularité... Avant, j’avais ma grandmère qui habitait vers la Rampe, il y a une passerelle et du coup j’allais souvent à pied jusque chez elle. Mais je le fais plus…. Je vais retourner à la Maison de


à la danse j’y vais à pied. C’est un trajet que je fais souvent en partant de chez moi.

En général, j’ai un trajet pour l’aller et un trajet pour le retour.

J’y vais toute seule. Je traverse le parc. Quand je reviens, je reviens avec des filles qui dansent avec moi, donc je prends le même chemin qu’elles.

Et mes parents habitent de l’autre côté du parc, allée du Roussillon. Là, c’est vraiment mon quartier depuis ma moyenne section, maternelle, depuis que j’ai à peu près 4 ou 5 ans.

Oui, j’ai grandi ici. Depuis que je suis toute petite, je suis née sur Échirolles. Mes parents sont partis un ou deux ans vers la Verpillière, après ils sont revenus à Échirolles,

d’abord sur la place Beaumarchais et après depuis ma maternelle dans ce quartier. Ça fait un certain nombre d’années, parce que j’ai 38 ans... ça fait 34 ans à peu près.

Et après j’habitais allée du Languedoc parce que j’ai pris mon indépendance. Après, j’ai eu mon fils, on était obligé de déménager parce que j’étais dans un F1.

Donc, j’ai eu un appartement plus grand place des Jacobins. Et après, quand je me suis mise avec mon copain, on s’est installé là, voilà. J’ai pas beaucoup bougé.

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C’est un quartier que j’aimais connus. beaucoup. Il y a une solidarité dans le quartier. étant donné... Je sais pas si vous savez, mais on a connu un drame. C’est ici que Kévin et Sofiane se sont fait assassiner. Il y a la stèle làbas... C’est là qu’on a vraiment senti que le quartier était très soudé. Enfin, c’est vraiment... malheureusement… Ça a démontré la solidarité dans le quartier... C’était des jeunes... des enfants que nous, on a eu à La maison de l’enfant, ils étaient

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Je pense que le quartier nous tient à cœur à la famille. Comme je disais mes parents habitent au bout du parc, moi, j’habite là, ma sœur travaille à Anne Frank... et mon frère est jardinier, c’est lui qui s’occupe et entretien le parc en fait. Peut être que si on l’analysait... il y a une petite histoire, il y a quelque chose qui se passe autour ce quartier pour nous.


Souvent c’est ce trajet que je fais pour aller chez mes parents entre midi et deux. C’est aussi mon trajet jeudi soir pour aller danser au centre social Anne Frank.

Coucou, ça va ?... Mes parents sont là ?

Non, je trouve que… cette dalle, ça me pose pas de problème.

C’est vraiment un quartier où je me sens bien.

C’est vrai qu’il y a pas mal de coursives et de renfoncements. Du coup, ça peut créer une ambiance d’insécurité pour certains.

Moi, je suis pas hyper peureuse. Donc, c’est vrai que… je m’y sens bien.

Par exemple cette coursive, les gens n’aiment pas l’emprunter, parce que souvent dans les renfoncements, il y a des jeunes qui squattent... surtout le soir.

Mais moi, ça me pose pas de problèmes particuliers. J’ai aucun sentiment d’insécurité dans mon quartier.

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Le parc est très peu éclairé dans la nuit. Donc, pour les gens qui traversent le parc la nuit, ça peut être…

C’est là normalement où je prends l’escalier pour rentrer chez moi.

Ce qui a le plus changé, c’est la place des commerces, elle est moins vivante qu’elle pouvait l’être à l’époque. On a toujours un bureau tabac, une pharmacie, et une boulangerie, ça

marche plus aussi bien qu’avant. Avant, on avait une supérette sur la place, mais elle n’a pas su résister à Carrefour…

Voilà, il y a beaucoup de coursives comme ça dans le quartier. Ça peut être le point sombre du quartier... si il y avait un point sombre.

Il y en beaucoup qui ont été fermées. Oui, ça fait longtemps, je sais pas mais, à mon avis... une dizaine d’années facile.

Même place des Jacobins où j’habite, il y a une coursive au niveau du premier étage, mais là aussi elle a été fermée. Il y a que les habitants qui peuvent y accéder avec une

clé… C’est pareil, il y avait trop de squattes et de dégradations, ça créait une insécurité pour les habitants, du coup ils ont limité...

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Comme j’ai une pause d’une heure et demie, si j’ai des courses à faire, je vais à Grand’Place.

Je dis pas jamais, mais je vais très rarement à Grand’Place en voiture. Parce que ça prend plus du temps pour se garer.

On peut le faire à pied, il y a juste une passerelle à traverser.

C’est vraiment le trajet que je fais tout le temps à pied.

estelle

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Itinéraire d’André, Réalisé par Hui Yuan, le 6 décembre 2014 à 10:00 / photographe : Éva


{ andré } - aider son prochain André, 83 ans, vit place des Jacobins depuis de nombreuses années et consacre tout son temps à ceux qui ont besoin d’aide. À travers son parcours, il nous fait partager l’histoire de l’une de ses protégés.

« Quand on donne, on reçoit autant, voire plus. »

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Mon engagement, moi, n’est pas spécifiquement sur le quartier. Il est surtout ailleurs. Je travaille avec une association, une structure l’APARDAP. Je ne sais pas si vous la connaissez. Donc je parraine une famille qui a vécu longtemps à Mimosa. Les bâtiments de jeunesse et sport, c’était vraiment ignoble. Quand j’ai commencé à prendre en charge des demandeurs d’asile, j’étais encore au travail vers l’église Saint-Pierre du Rondeau. Sur le cours Jean Jaurès, il y avait un bâtiment à côté. Il y a un ami qui gérait le centre technique. Donc il hébergeait des étudiants étrangers. Et de fil en aiguille on s’occupait des demandeurs d’asile, pas simplement des gens qui voulaient faire les études, mais aussi des gens qui avaient fui leurs pays. Et moi, quand j’ai eu ma retraite il y a 30 ans, je me suis plus engagé dans les demandeurs d’asile qui ont fui leurs pays. Alors, on était au début de ce qu’on appelle aujourd’hui l’APARDAP. L’APARDAP, c’est l’Association de Parrainage

Républicain des Demandeurs d’Asile et de Protection. Alors, j’ai parrainé des familles musulmanes, 5 familles musulmanes dont la plupart avaient des enfants. J’ai rarement parrainé des célibataires. Mon sixième parrainage, c’était une jeune guinéenne, qui avait été mariée très jeune avec un ami de son père, à Conakry, dans des conditions affreuses. Et son mari qui avait un passeport, venait à Paris. Il l’a amenée à Paris, et là, elle a découvert qu’il avait une femme et des enfants. Donc il était polygame. Elle était la servante, elle devait courber l’échine. Et un jour, elle a fui, elle s’est barrée. Alors je l’ai pris en charge. Elle a demandé au Conseil général si elle pouvait avoir une formation d’aidesoignante. Le Conseil général lui a payé un an d’étude pour être aidesoignante. Elle a gagné les concours d’abord pour rentrer comme étudiante. Et à la fin de l’année, elle était la seule africaine à avoir son diplôme. Et maintenant elle est en cardiologie.


Il y a des témoignages très émouvants. Donc pour mon anniversaire, il n’y a pas longtemps, une famille m’a envoyé une carte, une carte très simple. Quand on donne, on reçoit autant, voire plus. En ce moment, je m’occupe d’une famille de Roms. Pas facile. Trois enfants scolarisés. Quand ils sont arrivés, ils étaient dehors. Maintenant ils viennent d’être logés. Alors j’ai assuré la rentrée scolaire de 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014.

Le plus jeune a fait trois ans de maternelle, et maintenant il est en CE2, il a fait cinq ans d’études. Et il y a une fille qui a commencé par trois ans de primaire, et elle est au collège. L’aînée a commencé directement par le collège. Ça a été le plus dur pour elle. Elle a fait 4 ans de collège avec un redoublement. Et maintenant elle est en lycée professionnel. Mais bon, c’est dur pour elle. Alors on a réussi à lui trouver un stage en crèche. Elle est très contente.

Pas facile, hein ? Je ne sais pas si vous être sensibilisées à ce monde de demandeurs d’asile, mais ce n’est pas facile. Des familles ne parlent pas français. Les enfants qui vont à l’école parlent français, mais les parents pas du tout. Et toute la démarche il faut que ce soit avec eux, avec l’assistante sociale qui s’occupe d’eux, avec les enseignants. Alors je me suis débrouillé pour les faire inscrire à des cours de français. Donc depuis deux ans, le papa va le mardi

après-midi à des cours de français et la maman y va le jeudi. La place Mimosa est là. Là, c’est le bâtiment de jeunesse et sport, c’est ignoble. Alors il avait mis des tas de gens, qui se sont réfugiés là. Maintenant la famille que j’aide, ils sont là, au Village Olympique. Alors pratiquement, quand ils étaient à Sainte Monique, j’y allais tous les soirs pour les devoirs. Maintenant c’est un peu plus loin, j’y vais moins souvent.

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Je vous emmène jusqu’à la place Beaumarchais. Une des premières familles que j’ai parrainées là, quand la fille était encore en formation, elle devait faire un stage. Et elle aussi, elle

avait choisi comme thème « l’aide à la personne ». Je suis arrivé à lui trouver un stage à la bibliothèque du quartier. Elle était très contente.

Alors, elle ne pouvait pas retourner à midi chez elle, elle mangeait à midi ici, pour continuer son stage l’aprèsmidi. C’est pour ça que c’est cette famille-là.

Il y a peut-être des gens qui vont me dire : « Bonjour, comment va la famille que tu parraines »… Bon, c’est vrai qu’il y a des gens qui s’intéressent à ce que je fais.

Quand je me promenais, je me promène souvent en vélo, ils me voient faire. Ils voient que je vais, je viens. Je suis encore connu quoi.

Alors la pharmacie. J’espère qu’elle ne va pas fermer. Et puis la boulangerie. Alors là, l’école maternelle, et le primaire après.

Le Stratège, c’est un immeuble de bureau. C’est là où il y a la TAG, il y a un toit pour tous. Il y a plusieurs bureaux.

Vous avez vu la barrière ? Avant il y avait des gars avec une moto.

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Alors après, quand j’ai quitté mon ministère, j’ai retrouvé un boulot comme peintre en bâtiment. J’en ai bavé parce que personne ne savait qui j’étais. Et on me prenait pour

un larbin. C’est là où j’ai ouvert les yeux. C’est important pour moi. Il y a ceux qui ne sont pas reconnus officiellement. Il faut qu’ils soient acceptés.

Et après 2 ou 3 ans, il y avait un monde. J’ai travaillé 22 ans, 23 ans copain qui m’a fait rentrer dans son dans ce bureau d’architecte. bureau d’architecte. Je ne connaissais rien. J’ai tout appris sur le tas. Et j’ai fait ma place au soleil comme tout le

J’étais responsable de la comptabilité des chantiers. Alors j’allais à des réunions de chantier. Je faisais payer les entreprises qui… À mesure que les chantiers évoluaient, je leur ai

accordé des accomptes en fonction de ce que disait mon patron. Donc j’ai gardé un bon souvenir de mon boulot dans le bureau d’architecte.

Alors là, le logement des personnes du troisième âge. Alors, le FPA. C’est vrai que quand il fait soleil, ce parc est très joli. Alors que le FPA là, il donne sur le parc. Il est bien éclairé

l’après-midi, l’autre côté il est éclairé le matin. Il est bien situé, il est près des habitations, près des écoles. C’est important. C’est un joli parc. L’autre jour j’ai vu un écureuil là.

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Alors là, il y a une bonne dame, qui venait faire les rencontres à Sainte Monique avec la famille, qui venait avec son déambulateur. Et l’aprèsmidi elle revenait faire les devoirs

avec ceux qui étaient à la maternelle. Maintenant, elle regrette un peu qu’ils soient là-bas si loin. Mais rien n’empêche qu’elle était vraiment généreuse, ouverte, très sympa.

Alors, on vient de passer, là, c’est des propriétés, des copropriétés. La première place où il y avait la boulangerie, la pharmacie, c’est des locataires. Et là où on habite nous,

c’est des propriétés. Ils ont alterné. L’autre côté, Valmy, vous l’avez connue, la place de Valmy ? Là aussi, c’est des locataires.

Le Maire est de gauche depuis 45. Ce n’est pas toujours le même bien sûr. Au début, c’était assez P.C. puis ça a évolué doucement.

Il y a une bonne continuité, même s’il y a eu des innovations, des états d’esprit qui ont un peu changé. Mais ça reste fidèle.

J’ai été conseiller municipal pendant un mandat, je n’étais pas politique, donc je n’ai pas voulu renouveler mon mandat.

On passe par la passerelle là. Voyez, pour éviter les motos, ces grilles, hein ?

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Voilà, le Village Olympique. Une des familles que je parraine habite une des deux tours là-bas. C’est vraiment un peu handicapant. Alors, une des premières fois où j’y suis allé en vélo, il y a un des garçons qui a quinze ans et demi là, qui m’a dit : « Papi, pourquoi tu n’as pas téléphoné hier soir ? Pourquoi tu n’as pas appelé pour nous dire que tu étais bien arrivé ? » C’est vraiment sympa, hein ? Chez eux, la salle de séjour sert de chambre aux parents et aux petits

garçons, pour que les deux filles qui ont treize ans et demi et quinze ans et demi puissent avoir leur chambrette. Et puis l’autre famille a deux petites chambres avec leurs deux petits garçons. Et ils ont une cuisine commune. Ils n’ont aucun rangement. Alors je leur ai procuré un meuble, un vaisselier pour mettre dans la cuisine. Mais dans les chambres, tout est par terre. Je n’ai pas encore trouvé d’occasion de leur faire des meubles ou des étagères.

Alors là, on arrive à la place Beaumarchais. Alors ça, c’est aussi une des premières places que… On a eu habité 3 ans là, nous avec ma femme. Là-bas, le derrière, voyez. Là aussi, il y a du commerce. Alors nos gamins ont grandi dans ce quartier-là. Notre dernier qui est de 74, il est à Bangui. Bangui, c’est la capitale de la Centrafrique. Il est humanitaire là-bas. Il a été braqué une première fois. Donc ils ont pu se réfugier dans l’Ambassade. Ils ont

pris un avion privé. 4-5 jours après, ils sont allés à Douala au Cameroun. Ils ont pris un vol régulier pour Roissy. Sa compagne fait partie de Médecins Sans Frontières. Et là, il y a quinze jours, il vient de répartir sur Bangui. Alors de temps en temps, il donne des nouvelles. Voilà, la bibliothèque. C’est là qu’elle avait fait un stage, cette jeune. C’est pour son université. Elle est très contente.

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Alors là, si on continue, on descend, on l’appelle la Butte. Et après, il y a un autre quartier, un centre social, le centre social des Essarts. C’est là que j’ai pu faire inscrire les parents, la famille qui est là-bas, aux cours de français le mardi et le jeudi. Alors ce n’est pas toujours facile. Ils viennent quand même. La maman est très contente. Ça lui fait des relations. Et puis en même temps, ils sont dans le même quartier où ils vont au Restos du Cœur. Donc c’est des quartiers

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qu’ils commencent à fréquenter, à connaître. Donc je vous ai raconté un peu, ce qui fait un peu un sens à ma vie quoi, qui me motive un peu quoi. Comme je dis souvent aux gens, je me vois mal dans mon fauteuil, la pipe à la bouche, les pieds dans mes pantoufles, devant la télévision. J’ai besoin de porter intérêt à la vie qui est autour de nous, en aidant les gens. C’est ça qui est important, enfin, à mon avis.

Hier, je suis allé voir le médecin. Et au retour je suis allé chez la pharmacie là, et la pharmacienne qui me connaît depuis longtemps me dit : « Sur le parking, il y a des gens qui vivent dans un fourgon. » Et elle me dit : « Vous les connaissez ? » Je lui ai dit : « Non. » Ils m’ont abordé une première fois, je les ai envoyés à une association qui pourrait peutêtre les conseiller. Moi, je ne peux pas m’occuper de tout le monde. Parce qu’elle m’a dit : « Ils sont

venus me voir, je leur ai préparé un sac de linge et puis ils ne sont pas revenus. » C’est pour dire qu’avec la pharmacienne on a quand même des relations amicales quoi. La famille que je parraine, quand ils n’avaient pas de quoi payer le médicament, je les amenais là. C’est pour ça que je vous dis ça, ce quartier, je ne suis pas très très engagé, mais j’ai des relations avec des gens du quartier qui sont…


Est-ce que vous savez qu’il y a un immense foyer d’accueil d’hébergement d’urgence ? Il n’y a pas une centaine de personnes… à côté de la Butte, il y a l’école Jean-Paul Marat,

et là il y a un grand foyer, et il y a à peu près quatre appartements qu’on appelle le Cwentre d’accueil d’hébergement pour demandeurs d’asile. Ils sont là par quatre ou six.

Moi, je me dis qu’il faut qu’il y ait des structures. La structure est au service de l’individu, et non pas l’individu au service de la structure. Alors j’utilise la structure, mais en même

temps, je demande à la structure de m’aider quand j’en ai besoin. Mais je ne suis pas un « bénouioui » de la structure. Je crois que c’est ça qui est important.

andré

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Itinéraire de Raïane, réalisé par Pauline Lemoine, le 3 décembre 2014 à 8:00 / photographe : Fabienne


{ raïane } - en allant au boulot Raïane a 20 ans et vit dans le quartier des Essarts. Il effectue ce trajet qui part de son domicile jusqu’à son lieu de travail, sur la place de la Convention, tous les jours.

« J’aime ce quartier, je connais tout le monde ici, et tout le monde se connaît, c’est ça qui est bien. »

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J’habite juste à côté. C’est dans cette allée-là. Je me lève tous les matins à 6 h 45 puis je m’habille et je vais travailler. Je finis tôt du coup à 13 h 30 comme ça, ça me laisse du

temps, c’est cool. Je fais ce trajet tous les jours, c’est la routine quoi. C’est cet immeuble-là où j’habite, celui qui est en réhabilitation.

J’habite là, juste au-dessus. J’aimerais bien travailler là en bas, comme ça je me lève et hop, j’y suis.

Là, c’est en travaux en ce moment, ça fait plusieurs mois, ils sont en train de refaire l’entrée.

Avant il y avait des vitres comme à côté là-bas, mais c’était tout pété.

Mais là ils n’ont pas fini, ils vont encore boucher au milieu, faire ça proprement.

Franchement j’aime bien ce quartier, je connais tout le monde ici, et tout le monde se connaît c’est ça qui est bien.

Là à droite, il y a des jeux pour les gamins et tout.

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Là, à 4 h et aussi les samedis, il y a tous les enfants qui jouent. C’est rempli, il y a du monde. Il y a plein de gamins qui viennent jouer, du Limousin, d’Ouessant, ils jouent tous ensemble…

Là-haut (place de la Convention), ils restent entre eux, ils n’aiment pas bien se mélanger. Peut-être qu’ils ont peur ? Les enfants de làbas restent tous sur la place et ils ne se mélangent jamais. Nous, on se connaît tous. Les parents descendent avec les enfants ou parfois ils les surveillent de là-haut aussi.

Vous connaissez la Frange Verte ? Je vais m’y poser parfois le weekend avec mes potes. Là-bas, c’est vraiment la nature, il y a des chemins dans des bois et puis des parcs aussi pour jouer. Si vous y allez le mercredi ou le samedi, c’est blindé.

Vous êtes au courant des travaux qui sont prévus ? Ils vont détruire une partie de la barre là-bas, pour ouvrir comme ça et aussi la tour là-bas. Et tous les commerces là, ils vont les mettre vers la Butte. Tout ce qui est sur la place là, ça va bouger. Ça va donner un coup de jeune au quartier, c’est bien.

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Il y a l’école maternelle juste là, du coup il y a plein d’enfants qui viennent jouer en bas.

Il y a le centre social aussi juste à côté.

Moi, je fais un CAP carreleur et je veux en faire un autre après mon diplôme, c’est mieux d’avoir deux trucs comme ça on peut trouver plus facilement.

Là, j’ai un CDD de 6 mois qui a commencé début octobre, mais j’étais en arrêt maladie au début donc je viens juste de commencer le taf là.

J’étais quand même payé, mais je commence que maintenant.

Et puis sinon je suis en train de passer mon code, c’est le prochain objectif, passer le permis, avoir une voiture, et après on verra.

Je travaille juste là, si vous me cherchez je travaille dans toutes les caves du quartier, on refait le carrelage en ce moment.

Je vais boire un café tous les matins et après je travaille, c’est les habitudes. Vous voulez un café ? Je vous l’offre. C’est mon troisième café du matin là.

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itinéraire de Yacine, réalisé par Laura Loison, le 5 décembre 2014 à 12:30 / photographes : Benoît - Shuxian


{ yacine } - récit d’enfance Yacine a 27 ans. Il est commerçant dans l’allée des Vosges du quartier des Granges, et a également grandi dans ce dernier. Pour son itinéraire, il nous emmène donc sur les traces de son enfance.

« Pour jouer, toutes les surfaces étaient bonnes à prendre. »

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J’ai repris le commerce le 28 août... C’est un projet que j’avais depuis longtemps. Moi je suis d’ici... je suis né ici, ça fait 27 ans que j’habite là.

J’ai vu plusieurs propriétaires venir reprendre, racheter... Je me suis rapidement renseigné, mais financièrement c’était pas possible au début.

J’ai attendu quelques années, la succession de propriétaires a fait baisser la plus-value et j’ai sauté sur l’occasion.

Du coup, j’ai repris le commerce le 28 août. Pour le moment ça se passe nickel. La plupart des clients... ben j’les connais...

C’est les gens d’ici, du coup ils m’ont vu grandir. Là c’est plus une boulangerie c’est un terminal de cuisson point chaud. C’est un ami qui fait le pain et qui le livre tous

les matins. Sinon, ça marche bien autant le côté snacking que le côté pain, viennoiseries... C’est bien proportionnel. Moi je m’y plais.

Parce que moi, mon domaine, c’est la cuisine à la base. J’ai fait mes études là dedans. Toute la création du snacking c’est moi qui la fais, je fais ma pâte à pizza...

Je m’y retrouve comme ça. Attendez-moi, je ferme et j’arrive...

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On a commencé à habiter au 22 allées des Vosges, j’ai fait tout le début de ma scolarité. Puis après on a fait un déménagement...

On est pas allé bien loin ! On est allé au 20, dans un appartement plus grand. C’est là où j’ai grandi jusqu’à maintenant.

Donc l’établissement qu’on voit ici c’est une crèche. C’est là où j’ai été mis dès mon plus jeune âge.

J’ai mes amitiés d’enfance qui se sont créées là, aujourd’hui nous sommes toujours en contact donc c’est le top !

Toute cette place c’est là où tous les jours de la semaine je descendais pour jouer au foot, au tennis, à la pétanque... Avant c’était pas cette matière-là, on jouait à la pétanque.

On jouait à cache-cache... tous les jeux possibles en fait ! Les enfants aujourd’hui c’est pas pareil, la génération est moins basée sur le sport que sur les conneries.

Là c’est la continuité des Vosges... Pareil, ici on jouait à cache-cache... au foot, là, sur ces deux parties là, ça faisait deux cages en fait...

En gros on avait le droit à deux touches de balles, fallait marquer le but, on avait pas le droit de mettre les mains du coup on sautait, on mettait la tête !

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Le parc Maurice Thorez, c’est toutes mes scolarités. Là, la crèche, puis là, la maternelle. J’étais assez turbulent... mais j’ai pas beaucoup de souvenirs, j’étais jeune.

Ce genre de petit enclos, on sortait pour faire des ballons prisonniers... tous les jeux possibles de quand on était jeune en fait.

Là ça nous a toujours intrigués, parce qu’en fait, c’est la porte extérieure qui donnait sur la maternelle. Elle a toujours été fermée. On s’amusait, on faisait des courses : celui qui

allait le plus vite, en montant, en descendant. Puis après, mes premiers collègues à moi qui se sont mis à fumer se cachaient là-bas... C’était pour la petite anecdote.

Après ça a bien changé, car c’était pas du tout comme ça avant, et moi ça fait des années que je suis pas passé par là en plus.

Le parc a bien été entretenu, il a bien été fleuri, c’était pas comme ça à l’époque.

Quand on faisait des sorties avec les classes, on allait dans le parc, on sortait par ces deux portails-là. On faisait le tour du parc, on faisait des pique-niques.

Donc là à gauche la primaire, à droite la maternelle... ça a pas trop changé à part ces pavillons-là.

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Voilà la cour de récré, on se retrouvait pour jouer au foot, comme toujours c’est le sport qui prédominait à l’époque... Sinon on jouait aux billes, aux cartes Dragon

Ball Z, les POGs, tous les trucs qu’il

J’avais un avantage parce que ma mère était responsable de la cuisine centrale, du coup je la voyais souvent quand elle venait donner un coup de main...

Pour la cantine on mangeait le plus vite possible pour se retrouver dans la cour pour jouer le plus vite possible.

Voilà ben là on a la vue sur le parc, encore des surfaces de terrains où on jouait au foot, où on se posait pour écouter de la musique, manger... pour tout et n’importe quoi.

On se posait tout le temps sur les petites murettes qui sont là-bas.

Souvent au parc on faisait les jeux qui demandent beaucoup de personnes, les gendarmes et les voleurs, ou poules renards vipères par exemple.

En fait on avait un éducateur, il s’appelait

y avait à l’époque quoi ! Ah c’était vraiment le top.

Stéphane, il venait tous les mercredis pour nous faire des activités.

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En gros, là on alternait, soit là on Pas mal d’amis sont aujourd’hui soit jouait au basket ou soit on jouait sur professionnels de foot ou de basket. ce terrain au foot. On jouait tous les jours.

Le muret on essayait de le grimper ou faisait un mur avec un ballon, c’est à dire on tirait sur le mur en une touche de balle.

Sinon en général quand on sortait de la primaire, c’est souvent sur cette étendue d’herbe qu’on allait pour faire les jeux de sports.

Les enfants sortent par là, c’est là qu’attendent les parents, et les enfants arrivent en courant. Et juste derrière il y a un institut pour les personnes âgées, c’était bien on avait

Comme on le voit, là il y a pas mal de gens qui font leur sport dans le parc. Nous ça nous motivait, de les voir courir dans le froid ça nous donnait envie d’aller courir avec eux.

Dans cette partie du parc, il y avait le feu d’artifice. Il y a aussi des mini foires, avec des jeux, un petit barbecue à côté... ça met tout le monde de bonne humeur.

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souvent à faire à des personnes âgées super ouvertes d’esprit. Aujourd’hui je sais pas si c’est toujours comme ça.


Les immeubles qu’on voit ici c’est l’allée du Roussillon et du Languedoc. Les immeubles plus hauts c’est la Commune. J’avais pas mal d’amis qui habitaient dans ce

secteur. On se donnait parfois des défis, des fois c’était eux qui venaient pour jouer contre nous et d’autres c’était nous. On faisait des matchs aller et des matchs retour.

J’ai fait toute ma jeune scolarité ici. Puis au collège j’ai fait quelques jours au collège Jean Vilar.

J’avais tous mes potes, mes parents savaient que j’allais pas être sérieux.

Après on m’a envoyé dans le privé à Grenoble où j’ai fait une classe aménagée foot, quelques heures de cours et quelques heures de sport dans la journée.

J’ai fait tout mon collège comme ça, j’avais les notes qui suivaient. Du coup, j’ai un peu moins traîné ici.

Après le collège, j’ai arrêté le côté sportif parce que j’ai eu un petit souci de santé. Je me suis tourné vers ma vocation depuis tout jeune, c’est-à-dire la cuisine. J’ai fait un

BEP et bac pro agroalimentaire,

puis une formation cuistot. Tout ça sur Grenoble. J’étais moins ici, puis j’ai eu mon permis et j’allais souvent en dehors de Grenoble et Échirolles.

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Petite anecdote ici, on peut pas y accéder, car c’est fermé, mais nous on montait. C’est un genre de petite placette où on se retrouvait, pour un cache-cache ou ceux qui fumaient.

Là c’est le côté parking et là il y a plusieurs sociétés dont une où je vais faire des courses pour la boulangerie, c’est un fournisseur de boissons...

À des moments on se posait dans les voitures et on écoutait la musique, on traînait.

Là on arrive là où habitaient mes meilleurs amis d’enfance.

On se posait là ou on montait chez eux. Ça fait au moins huit ans que je suis pas passé là. Ils sont tous partis, les gens aujourd’hui je les connais plus.

Avant il y avait des pots, pas ces grilles-là, c’est là seule chose qui a changé, je crois.

Ici c’est le centre social, les habitants se donnent rendez-vous pour créer des choses dans le secteur. Ils avaient mis une télé avec une console pour les jeunes.

Le but c’était qu’au lieu de traîner dehors ils se retrouvent autour d’un coca et jouent. Moi j’avais une console alors j’y allais pas trop... Je squattais plutôt chez moi.

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Il habitait au premier mon ami d’enfance... il habitait ici à l’époque. Du coup soit on l’attendait de ce côté-là soit on se posait là.

Ici c’était pareil, là il y avait une cage, on se mettait là et on essayait de marquer des buts. Tout le temps, tout le temps, tout le temps.

On se lançait des petits défis aussi, de sauter par dessus ça... celui qui sautait le plus haut. On s’est pris quelques gamelles...

Là c’est la petite placette du Languedoc, ça a pas du tout changé. Là c’est la porte qui donne accès au parking, on squattait un peu là dedans, car j’avais deux trois

collègues à nous qui avaient des motos, on allait là-bas, on réparait les motos, c’était notre coin « bricoman ».

Là c’était vraiment un endroit où on jouait vraiment vraiment à cachecache.

Autant on se cachait dans ces buissons-là, ou ceux-là, il y avait vraiment pas mal d’endroits où se cacher... parfois on était introuvable !

Cet endroit il était bien, car les enfants peuvent jouer et les parents peuvent garder un œil sur eux depuis les appartements.

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Mon deuxième ami d’enfance il habitait là au quatrième. Ils étaient vraiment pas très loin l’un de l’autre.

Ici petite anecdote, on faisait des conneries ici...

... On escaladait les balcons où l’accès était facile pour voir ce qu’il se passait. On volait pas... c’était pour se prouver... bref des conneries.

Là c’est la deuxième partie du parc. Ils ont mis un nouveau jeu.

Ici c’est ce que je disais tout à l’heure, c’est là où il y avait un genre de petite kermesse, ils installaient un barbecue, un loto...

C’était surtout le tournoi de pétanque. Avant c’était pas du goudron c’était un genre de stabilisé.

Sinon ça c’est tous les chemins que j’empruntais, je passais par là pour aller chez mes potes, par là pour le collège et souvent par là pour aller à la Commune.

On s’amusait à se lancer des petits défis en mesurant le temps qu’on mettait pour aller quelque part, on essayait d’arriver avant le laps de temps.

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Ici aussi c’est une surface où on jouait au foot, avec l’arbre et un genre de plot pour faire la cage. Tous les terrains étaient bons à prendre.

On allait de temps en temps dans les autres quartiers, mais pas trop, c’est vrai que comme on avait une belle surface c’est plus eux qui venaient ici.

Aux Essarts et à Beaumarchais, ça fait comme enfermé dans une cuve, les immeubles sont proches et puis même c’était mal fréquenté à l’époque autant pour les filles que

pour les garçons. Et puis comme ils allaient au collège aussi, ils savaient qu’ici il y avait un joli parc et qu’ils étaient tranquilles.

Ici la petite murette c’était un squat pour les jeunes de la Commune ou du Limousin ou d’autres quartiers. C’est là où se posait la « racaille » comme on dit.

Derrière c’est tout le côté pour l’EPS du collège : terrain de basket, tennis ou foot. Le boulodrome derrière.

Nous on venait quand même en dehors des jours de collège. Des gens de partout viennent là.

Il y aussi des groupes d’Africains qui venaient le dimanche, on jouait parfois avec eux... C’était bon esprit, c’était top.

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On avait accès à pas mal de choses à pied d’où on habitait. On pouvait se retrouver ici. Quand il y avait des foires à l’Alpexpo on se retrouvait là-bas. Après y’a le Summum

qui est juste derrière, c’est une salle de concerts et spectacles, dès qu’il y avait un spectacle de Gad Elmaleh ou Jamel Debouze on y allait en courant tellement on était tout content.

Pas mal de conneries qui étaient faites là-bas. C’était caché des immeubles. Ceux qui vendaient des choses volées, ceux qui fumaient le chichon...

Et puis les premiers flirts aussi, c’était vraiment caché de la vue de tout le monde.

Voilà, là on a bien la visu sur la surface. Là c’est le siège sportif de tous les sports. Juste derrière il y a le boulodrome. Pour la compèt’ de tennis, pour l’athlétisme, derrière il

y a une grande piste. Autant pour les gens qui viennent courir, on peut faire un bon parcours. Pour le foot il y a le stabilisé.

Les premiers rendez-vous se faisaient sur ces bancs... Personne nous voyait.

Là c’est tout le côté parking de la place de la Commune, qui est rue de Gascogne et d’Aquitaine. La plupart c’est des propriétaires. Ils sont bien ils ont une belle vue.


On a squatté un peu ici, car à l’époque c’était ouvert. C’est une sorte de coursive, on se posait là, c’était isolé on aimait bien.

Là c’est le gymnase du collège pour quand il faisait pas beau. On faisait tous les sports qu’on aimait pas, les roulades, les sauts... On était plus sports de ballon, le hand, le volley...

Sur cette petite surface, on mettait un petit filet l’été et on jouait au volley.

C’est le père d’un ami avec son travail, il avait accès au gymnase et il nous sortait le matériel.

Ici c’est la place des Jacobins il y a pas mal de propriétaires. Il y a un accès à Valmy. Un collègue à nous habitait là-bas.

Ici la Maison de l’enfance. Là il y a le docteur... Qu’est-ce que j’ai pu le squatter longtemps quand j’étais jeune. Des fois je simulais pour pouvoir rester au chaud.

C’est vrai qu’ici, là, cette partie-là on la jamais squatté, on était visible par tout le monde et puis il y avait pas de surface pour jouer donc du coup ça nous servait à rien.

Là ici c’est vraiment le côté début Jacobins et les Vosges là où j’habitais. On avait accès à tous les transports donc c’était bien.

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Là il y a Carrefour juste ici, j’accompagnais souvent ma mère faire les courses. J’aimais bien faire les courses avec elle.

Elle m’avait déjà formé un peu. Il y avait même un pont qui donnait accès au McDo à l’époque.

C’est vrai qu’on est proche de Grenoble. On traverse juste là et on est au Village Olympique. J’avais des amis qui habitaient là-bas.

On se donnait rendez-vous à la poste du Village Olympique.

Là les commerçants c’est notre coursive à nous, il y a que nous qui avions accès. Là c’est la pharmacie, là le tabac et moi c’est la petite baguette là qui dépasse. Prochainement je

vais avoir une plaque comme ça que j’ai commandée. C’est un commerce de proximité donc il y aura toujours du monde donc c’est le top.

Mais le problème c’est que les gens qui viennent de l’extérieur ne nous voient pas forcément. Mais bon avec le bouche-à-oreille...

Ce parking il est bien, car il y a beaucoup d’espace, mais il y a trop de zigzags... j’ai vu beaucoup d’accidents.

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yacine



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Itinéraire de Nawel et Sana, réalisé par Quentin Morise, le 6 décembre 2014 à 16:43 / photographe : Fanny


{ nawel

& sana }

- la butte ? notre colline ! Voici Nawel et Sana, deux collégiennes de 11 ans. Nous nous sommes rencontrés à la bibliothèque Pablo Neruda, et elles m’ont fait découvrir leur quartier, de leur ancienne école, à leur parc, et leur colline.

« En fait, on passe beaucoup de temps dehors. On aime bien. »

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On ne vient pas souvent à la bibliothèque en fait. Non pas trop. Mais c’est pas la première fois. Avant, on y allait tout le temps mais maintenant moins. On y allait

plus parce qu’avant on s’ennuyait. Ouais ! En fait, on habite de l’autre côté du quartier, donc on ne vient pas souvent ici. J’habite dans le quartier là-bas, depuis que je suis

toute petite. Bah, avant j’habitais dans la Bpas, mais plus maintenant. J’habitais dans la première allée là-bas. Moi à Mistral, alors... Maintenant on préfère rester

dans notre quartier, pour être avec d’autres amis, aller au parc. Ouais y a un parc.

/ Le parc qui est là-bas ? / Non, le parc qui est là-bas, la colline. Le parc qui est devant chez moi. On va y passer.

Mais on va d’abord à notre école. Bon, maintenant ce n’est plus notre école hein ! Là on a pris celui-là, parce que c’est trop loin. On est à Jean Vilar, on ne va pas aller à Jean

Vilar. C’est le collège. / C’est là-bas ? / Non c’est là-bas. Ouais. En fait, ce n’est pas un chemin qu’on prend souvent. Non, non. Pas du tout.

Là c’est notre arrêt. Ouais, on vient souvent ici pour prendre le tram. Ouais, pour aller à l’école, ouais. Tous les jours ! Tous les jours ! On y va avec les amis.

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Ça, c’est le centre social. Moi j’y vais pas, mais... moi je fais une activité hip-hop là-bas.

En fait, on passe beaucoup de temps dehors. On aime bien. Ouais.

/ C’est à l’école que vous vous êtes Vers la maternelle. Ouais, ouais, la rencontrées ? / maternelle. On est des vraies amies Bah... Ça fait tellement longtemps... d’enfance. Je ne sais même plus... Avant ! Avant l’école ?

Voilà c’est l’école en face. C’est notre ancienne école. De l’année dernière... Du CP au CM2. On a été des fois dans la même classe, mais pas tout le temps. Juste une fois

on n’a pas été dans la même classe, mais sinon, on a toujours été dans la même classe.

Y avait trop de classes ! Y en a plein ! Hyper plein ! Par rapport au collège non, mais... Il est plus grand le collège.

Ça, c’est le stade, et là-bas il y avait la récréation. On allait où déjà ?

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On allait souvent là-bas, parce que là-bas, y a un petit truc où on peut s’asseoir, là-bas. Ah ouais, on y allait toujours. Maintenant on y va plus.

On reste souvent dans notre quartier maintenant.

On a encore beaucoup d’amis qui étaient avec nous à l’école et qui sont maintenant avec nous au collège.

Voilà, là c’est la cantine. Ouais, c’est la cantine. Elle est juste à côté de l’école.

Et là-bas y a une maternelle. On se réunissait tout le temps là-bas. Entre amis.

« Hep ! Eh les filles ! Vous faites quoi là ? » C’est qui ? Je ne sais pas... Mais c’est Soffier. C’est bon ta bouche là ! « Mais vous faites quoi là ? » Mais

c’est bon ! On fait un truc. « Mais c’est quoi ? » Un truc je te dis ! Allez rentre chez toi ! On va être fiché maintenant dans le quartier. Ouais, mais on s’en fout. Ouais. On

dira qu’on aidait des étudiants. ça c’est des bâtiments. C’est des immeubles, et y a des gens qui habitent.

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On allait souvent là-bas, parce que là-bas, y a un petit truc où on peut s’asseoir, là-bas. Ah ouais, on y allait toujours. Maintenant on y va plus.

On reste souvent dans notre quartier maintenant.

On a encore beaucoup d’amis qui étaient avec nous à l’école et qui sont maintenant avec nous au collège.

Voilà, là c’est la cantine. Ouais, c’est la cantine. Elle est juste à côté de l’école.

La maternelle oui. N’importe quoi. La maternelle. Derrière, on a la garderie. Là-bas, c’est la garderie.

Et ça, bah ... Je sais pas... Ouais, non, moi non plus. Mais ça fait longtemps que c’est là. Voilà. On va au parc ! / On va vers la Butte c’est ça ? /

Non la Butte, elle est par là. Moi j’y vais pas souvent, mais elle oui. Elle fait du hip-hop. Moi non. / Mais « La Butte », le centre social la Butte, ou ce qu’il y a derrière ? /

Ah, la « Colline » ? Oui, ça on y va tout le temps ! Oui, la « Colline » ! La Colline ! On va à la place Convention ? Non, on va au parc, après on va à la place Convention.

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Voilà, c’est le parc. C’est là que je me suis cassée le doigt. Enfin je crois. Je suis tombée. J’étais sur la grande balançoire et je suis tombée. Mon doigt n’était plus comme avant. Il

était complètement retourné. J’ai pas eu mal, j’étais juste choquée... / Ah, c’est là qu’on s’est rencontrés la première fois ? / Oui oui oui... C’est ici. On va tout le

temps au parc, presque. Ouais, faire la balançoire. On va sur la place ? Euh, ouais, si tu veux. On va souvent aussi sur la place Convention. Après, là ya le bureau de Tabac, la

pharmacie, la boulangerie, le boucher. Wow ! Y a beaucoup de vent là ! Y a deux coiffeurs, la boulangerie, la pharmacie. Y a le kiné.

La colline là, on vient souvent. En plus ça fait trop peur ! Des fois, le soir on y va. Ouais, y a une étoile où on monte à chaque fois. Ouais, une étoile, ouais. Vous voulez venir ?

Bah... on va passer oui. On va prendre les escaliers, c’est plus facile. Ouais, bah... allez, les escaliers. Allez cours !

Moi j’ai trop peur de la colline ! T’as pas peur ? Si j’ai trop peur de la colline. J’aime trop descendre les escaliers.

Des fois, à la Butte ils font des activités. Là, la dernière fois, j’ai fait du vélo ici.

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Des fois, à la Butte ils diffusent des films en grand écran. Ah ouais, en plein air. En plein air ! Bah moi je m’assois sur l’étoile et je regarde. / Et ils mettent où l’écran quand ils projettent les films ? / Je ne sais pas, j’y suis jamais allée. Bah moi, la dernière fois que j’y étais, c’était là-bas là. Là, derrière y a l’araignée, enfin... l’étoile. Oui l’étoile, je monte tout le temps dessus. / C’est ça l’étoile ? / Ouais, on joue tout le temps ici. On monte dessus, on joue en fait parfois. Elle a toujours été là. Je sais même pas elle signifie quoi. Je sais pas.

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Là souvent, y a les Turcs qui viennent pique-niquer. Ouais, y a plein de monde.

/ C’est le poteau, c’est ça ? / Non, ce n’est pas par rapport ça, mais on dit que c’est ça nous. Mais je sais pas, c’est juste que la nuit ça fait peur ici. On tourne autour, et

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/ Et ça c’est quoi ? / ça ? Je ne sais pas... Je ne sais pas moi non plus... C’est des poteaux. C’est ça qui me fait peur, les poteaux, le soir. Ouais ça fait peur ! En fait, on

dit toujours... On dit tous qu’il y a la dame blanche ici. Je ne sais pas pourquoi, c’est n’importe quoi.

on rentre entre les deux poteaux là, et la dame est derrière nous.

Et là c’est la Butte. C’est là que je fais du hip-hop. Dans la grande salle là, je crois. On est environ dix. Mais ça fait pas longtemps, c’est la première année. Ça me plait, c’est pas mal.

/ C’est qui la dame blanche ? /

Vous connaissez pas ? Ohlala !! C’est dans un film d’horreur. Bah... Elle existe la dame blanche, mais je ne sais pas comment... Mais non elle n’existe pas. Si elle existe !

Là c’est la cour des maternelles. Ouais, la cour des maternelles.


y a un marché tous les vendredis. Mais on y va pas, parce qu’on a école. Mais parfois, dès qu’il y a des profs absents, ou des vacances peut-être, parfois on y va.

Là c’est le Limousin. Le grand bâtiment et derrière aussi. Faut rentrer là, et y a le Limousin après. Y a même un stade dedans. Moi j’y vais pas parce que j’ai trop peur. Ouais, c’est vrai. / Pourquoi ? / Y a les jeunes, ils me font peur. Ouais, y a plein de jeunes là-bas. Y a des jeunes, c’est ça qui me fait peur.

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Là, y a un camion de pizzas. Elles sont trop bonnes. Ouais ! On tourne ici ?

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/ Là, je peux juste vous prendre en photo pour le portrait ? Devant ça, par exemple ? / Ah non ! Ça, c’est les sanitaires. C’est les sanitaires !

/ Ah, ok ! Pardon. Alors là, plutôt, devant les voitures ? / Oui ! Après ils vont dire que c’est devant les toilettes !

Voilà, on va rentrer maintenant. / Merci ! /

nawel & sana



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Itinéraire de Pierre, réalisé par Éva Chaudier, le 3 décembre 2014 à 10:00 / photographe : Hui


{ pierre } - de la butte aux granges Pierre est président de l’association des Habitants des Granges ainsi que de l’association Marche Blanche en mémoire de Kévin et Sofiane. Pour son itinéraire, il nous fait découvrir le quartier où il vit depuis plus de 40 ans, celui des Granges, en passant par la Butte et Beaumarchais

« Le parc, c’est vraiment le bijou quoi. »

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On est sur la Villeneuve d’Échirolles. Donc c’est un projet urbanistique Grenoble – Échirolles des années 70. Ici c’est le premier quartier là. Moi j’habite le quartier depuis plus de quarante ans, la Villeneuve. J’ai d’abord habité ce secteur là-bas, qui hélas aujourd’hui s’est beaucoup paupérisé depuis quoi. Alors on a trois secteurs à la Villeneuve, ce qu’on appelle le secteur des Essarts c’est par ici, on a le secteur Surieux,

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là, on voit les immeubles bleus, et le secteur des Granges là où j’habite, complètement à l’autre extrême. Donc moi j’habitais d’abord ce secteur-là, alors il faut dire que c’est presque que du logement social, disons 90 %. Ici Beaumarchais, c’est une deuxième tranche, en gros 70, 73. Ici, il y a du social, c’est les bleus, et l’accès à la propriété c’est les blancs. Alors on soulève un problème difficile. Là, la relation

propriétaires/locataires, dans la mesure où, les bleus défendent qu’ils sont les bleus, à tel point qu’ils ont voulu peindre à un moment d’une autre couleur en disant « nous, on est les bleus ». Ça a été des difficultés sur lesquelles moi je m’attelle beaucoup dans l’association de quartier de l’autre côté, c’est-à-dire arriver à unir les habitants quoi. C’est pas parce qu’on est locataires/propriétaires, qu’on ne peut pas vivre ensemble

quoi. Et donc ce quartier-là est très différent, beaucoup de problèmes. C’est l’un des quartiers prioritaires dans la rénovation urbaine ici. Et puis là, on a le tramway qui passe juste ici quoi. Cette infrastructure est très importante pour nous parce que le quartier est aussi très bien desservi.


Ici nous sommes dans le quartier de Surieux. Aujourd’hui il n’y a pas grand monde, car il fait froid, mais l’été c’est très agréable et il y a plein de monde aussi.

Dans l’angle du bâtiment où tout est fermé, il y avait la poste. C’était pratique, les habitants pouvaient facilement venir à la poste. Et puis c’est allé progressivement quoi. La

poste a fini par fermer. En plus il y a eu quelques problèmes de braquage et du coup les gens ne voulaient plus venir travailler ici quoi. Donc c’est dommage quoi.

Juste ici vous avez la bibliothèque Pablo Neruda. Ils sont vraiment très investis dans la vie du quartier et des manifestations.

J’ai aussi une double casquette je suis président de l’association des Habitants du quartier des Granges, mais je suis aussi président de l’association de la Marche Blanche.

Je ne sais pas si vous connaissez ? Vous avez certainement dû entendre parler de ce drame qui s’est déroulé dans le quartier il y a maintenant 2 ans. Alors je vous le dis parce que j’ai

cette casquette de la Marche Blanche, et eux ils nous ont beaucoup aidés, notamment sur la non-violence, pour avoir des documents, etc. Donc ils font un bon boulot,

c’est un élément structurant, c’est important. J’espère qu’on va pas la perdre quoi. Mais ça, c’est la ville hein, c’est pas comme la poste. Alors là y a des commerces.

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C’est même là qu’il y a les commerces les plus nombreux, et vivants de tout le quartier. Parce qu’on a un problème ici, c’est la proximité de la grande surface. Parce que bon, les

gens vont facilement à Carrefour, alors les commerces de proximité c’est quand même difficile quoi. Il y en a pas mal qui ont disparu, vous voyez il y en a qui sont fermés,

c’étaient des boutiques, il y avait une pharmacie elle a disparu, mais il y a quand même encore des services. Et, il y a notamment le PMU. Là, c’est les HLM. Alors les habitants

là-dedans, ils sont organisés. Il y a diverses associations, ici il y en a une. Avant, c’était beaucoup de propriétaires. Maintenant c’est que des locataires donc les propriétaires

sont partis avec l’association. C’est un problème qu’on a du mal à résoudre. Les locataires ont tendance à dire, « les propriétaires c’est les riches » quoi. Ils connaissent pas nos

problèmes. Et donc je dis ça parce que ça, c’est leur salle, pour leur association. On a fait du boulot avec eux dans le cadre de Marche Blanche, d’ailleurs ça a été un facteur pour

nous unir. La grande surface elle est juste derrière. Et là commence ce grand parc, qui est une richesse formidable, vous n’êtes jamais allée ?

Il est magnifique ce parc. Ce parc est magnifique hein. Ça là dessus, la ville ne se moque pas de nous.

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ça ne se fait plus des quartiers comme ça. Maintenant c’est bétonné partout, y’a quelques taches vertes, mais là, il y a une emprise au sol qui est quand même magnifique. Alors à chaque fois il y a des coupures entre les trois quartiers. Làbas c’est l’avenue des États généraux avec le tram, là, c’est cette rue avec la passerelle. On passe la passerelle, on est dans un autre monde. Ah ça c’est difficile. Alors c’est vrai que la ville cherche de plus en plus à faire uni-

fier tout ça, mais l’urbanisme étant prévu comme ça au départ, c’est très difficile à corriger quoi. Les habitants, ils sont coupés, les habitants. Beaucoup. En plus ils ont leurs commerces donc bon. Mais le parc, il y a beaucoup de gens qui viennent de là quand même. Beaucoup de gens viennent de l’extérieur sur le parc. L’été, il y a pas mal de choses qui se passe à la Butte. Mais, dans le quotidien j’ai du mal à dire ça quand même quoi. Les jeunes fréquentent

la Butte, la MJC. Et puis il y a depuis peu quelque chose qu’on a installé ici aussi. Voilà la passerelle elle aboutie là. On n’a pas fait un grand détour. Donc là on arrive dans le parc. Ils ont quand même des espèces d’arbres rares. Donc voyez c’est très divers. Ils ont une équipe de jardiniers qui fait un gros boulot. Donc je pense que c’est un élément très très structurant. Il y a des écureuils, depuis peu. Le Maire il fait de temps en temps une visite avec les nou-

veaux arrivants à Échirolles. L’autre fois, il était tout content, parce que les gens voyaient plein d’écureuils. Il dit « Mais je l’ai pas fait exprès, je les ai pas fait venir. » C’est notre emblème quoi. Alors avant, ils étaient beaucoup dessous les écureuils et maintenant ils sont un peu plus dans le parc. Alors on les voyait plus. Mais maintenant il n’y a plus de produits phytosanitaires, alors vous les voyez. Donc les hérissons, et tout ça, ça revient quoi.

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On va voir l’école. Les Granges, l’école Jean Moulin. La maternelle, primaire. Chaque quartier a son école. Celle de Beaumarchais elle est là-bas derrière. Il y a un foyer de

personnes âgées. ça, c’est pas pour le quartier. Il y a des résidents, je ne sais plus combien ils sont, une quarantaine, je crois.

Là, c’est vraiment le quartier où j’habite. Ici, c’est pareil, c’est composé de propriétés. C’est autour de 60/40. 60 % aux propriétaires et 40 % en locatif. Par exemple, là-bas

c’est des locatifs. Là aussi, comme je vous ai dit, il y a pas mal de divisions. Et donc je fais un petit journal de quartier. J’ai été interviewer là, les groupements de locataires. Ça a été

intéressant. Je suis content, parce qu’ils ne voulaient même pas s’exprimer sur le quartier. Non je crois qu’on avance. C’est quand même agréable comme lieu et tout. C’est

un bel espace, et l’école est en plein milieu. C’est bien. Et puis, il y a des jeux. L’araignée a beaucoup de succès. J’avais peur au début qu’il y ait des accidents. Elle

est bien conçue parce qu’apparemment il n’y a pas eu d’accidents quoi. C’est vrai, moi j’aime beaucoup ce quartier, je ne voudrais pas le quitter. C’est le cas pour pas mal de

gens. Notamment, parce qu’il y a ce mélange de populations quoi.

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On a toutes les origines, et c’est très chouette quoi. Alors je ne dis pas que c’est toujours facile, mais, c’est quand même une richesse quoi. Alors que, de l’autre côté, je vous disais, c’est quand même beaucoup plus marqué. Par contre, on a un collège. C’est le collège Jean Vilar, qui est fait pour toute la Villeneuve. ça a fait une ségrégation terrible. J’avais distribué des tracts avec Marche Blanche, justement pour essayer d’éviter la

fuite de ce collège quoi. Mais dès que les gens peuvent, ils font mettre ailleurs, dans le privé, mais pas à Jean Vilar. Notamment parce qu’il y a les cas les plus difficiles dans ce collège quoi. Il y a beaucoup de problèmes et puis la réussite est très faible quoi. Mais comment pouvoir faire redémarrer ça ? C’est difficile quoi. ça s’est construit en 1981 ici, quand il y avait les premiers habitants. Ça s’est fait en plusieurs tranches. Moi, c’est la dernière et je suis là-

bas. En 81, à ce moment-là, il n’y avait que des jeunes familles, donc beaucoup d’enfants. Il y avait deux groupes scolaires, et ils voulaient en construire un troisième là-bas. Aujourd’hui, il a fallu en fermer un et heureusement ils n’ont jamais construit le troisième. Aujourd’hui, les familles ont vieilli, même s’il y a de nouveaux parents qui viennent, ce n’est pas toute la jeunesse qu’il y avait avant quoi. Toujours le parc qui continue. C’est

très chouette. Les gens ne se rendent pas compte d’une richesse qu’on a là. Et puis il est bien entretenu. On va allez voir les commerces, car c’est un lieu structurant. Là par contre j’y vais beaucoup quoi. Tout ça, c’est de la propriété. Ça, les Granges, tous les habitants, pas touche à notre parc ! Le parc, c’est vraiment le bijou quoi.

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Et là-dessus, la ville pour l’entretien du parc, vraiment, ils ne se foutent pas de nous quoi. Et là encore un autre espace jeux. Et moi j’habite là, ici.

J’ai fait un article dans la gazette sur le petit arbre qui est là-bas. On l’appelle la Roc-aria, c’est, le nom vulgaire, c’est le « cauchemar du singe », parce qu’il est plein d’épines

partout en triangle. Mais nous on va l’appeler le « cauchemar des écureuils ». La crèche. Ça, c’est bien d’avoir une crèche en plein milieu du quartier

quoi. Mais c’est difficile pour y rentrer, les places sont chères. Aucun de mes enfants n’a pu mettre ses enfants à la crèche.

Nous à l’association, on travaille beaucoup sur la convivialité quoi. Enfin les deux, la défense des habitants et la convivialité. Il ne faut surtout pas que l’endroit devienne

des cités-dortoirs quoi. Alors, les chiens, c’est une bagarre perpétuelle. Et parler des chiens ça fait retourner les gens les uns contre les autres. « Touche pas à

mon toutou ! » Et encore ce matin je voyais une dame en plein milieu ! Il y a des canisits et elle était là quoi. C’est un problème d’habitudes, mais la ville fait tout pour qu’il y ait

des distributeurs de sacs. Et il y a des endroits qui sont nettoyés tous les jours regardez, là. C’est pas difficile pour venir là quand même. Mais ça, c’est compliqué !

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Voilà la place des commerces. La crèche elle a aussi une entrée ici. Alors on a trois commerces et on y tient ! La pharmacienne, est très importante. Comme l’autre a fermé là-bas, beaucoup de gens viennent ici quoi. Je ne sais pas s’il en reste une aux Essarts, mais Beaumarchais elle a fermé, et il en reste une ici. Et nous, on a d’excellentes relations avec la pharmacienne. Il y a aussi le bureau de tabac. La presse et puis un dépôt de pain. Il vient de racheter. Le problème des commerces c’est qu’ils ont du mal à en vivre justement parce que les gens vont beaucoup à Carrefour. La pharmacie pour les médicaments ça va, elle a le remboursement de la sécu. Le problème c’est dès que ce ne sont plus des produits remboursés. C’est moins cher à Carrefour, à la pharmacie. Donc, il y a un problème. Deuxième problème, ça doit vous intéresser ça au plan urbanistique. C’est que, toute la Villeneuve, a été conçue pour que les piétons soient les rois. À peu près.

On fait, je crois, 7 kilomètres sans traverser une rue. Depuis l’extrémité là-bas, jusqu’à la Villeneuve de Grenoble. On peut traverser toute la Villeneuve. Toute la Villeneuve est piétonnière. L’intérêt, toutes les bagnoles allez hop, en dehors ! La convivialité permet la rencontre parce que les habitants circulent, et il y a la sécurité, pour les enfants. Inconvénient, les commerces. On ne fait plus des commerces qui n’ont pas d’entrée sur la rue. Les gens, qui ont envie d’acheter leur pain en passant avec la bagnole, c’est fini. Ici on ne peut pas. C’est une difficulté pour les commerces. Et c’est dommage quoi. Parce que du coup, ça fait des commerces de proximité qui ont du mal à vivre que de la proximité quoi. Alors il y a tout un projet urbanistique que la Mairie a prévu de l’autre côté de la rue qui est au sud. Le projet, propose aux commerçants d’aller là-bas quoi.

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Ils veulent, la Mairie, garder les commerces et en même temps, c’est un peu condamné tout ça quoi. C’est un peu malheureux.

Alors nous notre association elle est juste là. Mais on fait plein de choses sur la convivialité tout ça. Alors ça, c’est le lieu central des Granges, avec des infirmières aussi.

J’ai interviewé la pharmacienne, elle m’a dit : « Tant qu’il y a des médecins sur le quartier, ça va. Mais c’est le jour où il n’y aura plus de médecins ». Parce que les médecins

envoient. Il y a une pharmacie à côté quoi. Ça, c’est un vrai problème. La grande surface, elle s’arrête ici. Ça c’est Grand’Place, Carrefour est au bout.

Le problème, c’est qu’au début, tout était prévu pour que chaque logement ait une voiture et demie. Comme dans les familles, il y a eu la décohabitation, puis après il y a eu

au contraire le retour des jeunes qui n’arrivent pas à trouver de logement. Ils reviennent chez papa-maman. ça pose beaucoup de problèmes, et du coup il n’y a pas assez de place pour

tout le monde. C’est la bagarre. Là dans la journée ça ne se voit pas, mais le soir c’est invraisemblable. Ce qui touche un peu les mêmes problèmes, c’est les servitudes

publiques. C’est-à-dire qu’il y plein d’endroits, dans le privé, qui était un passage. Ça a fini par être fermé parce qu’il y avait plein de problèmes de trafic là-dedans.

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Les servitudes publiques, ça veut dire que c’est privé, ça appartient aux gens, mais, quand on achète, on sait qu’il y a une servitude et un droit de passage. À charge pour la ville,

d’entretenir ce qui est horizontal. Ici c’est la place des Jacobins. Il y avait de grands arbres, mais un problème d’étanchéité en dessous, pour les garages bien sûr. Donc il

y a eu énormément de problèmes. La ville a dit : « Moi je veux bien que nous, on fasse le nécessaire en surface, mais vous, vous refaites tout en dessous. » Ça a été des années de

négociations. Du coup elle a mis des petits arbustes en pot quoi. Alors, c’est pas mal, mais l’été ça fait très touffu, et donc les gens rouspètent parce que la nuit tard, les jeunes là-

dedans ça deal. C’est un nouveau problème qui est arrivé en voulant en résoudre un autre. Comme quoi ce n’est pas facile !

Cet équipement c’est la Maison de l’enfant. C’est un équipement pour la ville entière. Ce n’est pas juste pour le quartier. Ils font plein de choses avec les enfants l’été, surtout

parents-enfants. Voilà tout ça c’est les servitudes publiques. La ville est chargée partout de surfaces comme ça, parce qu’on est en terrain couvert et qu’ils sont

obligés de laisser passer les gens. Et ce sont les passants qui esquintent beaucoup.

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Il y a beaucoup, beaucoup d’handicapés dans le quartier. C’est fait exprès. Il y a eu des logements de fait pour les handicapés. Il y en a toute une montée là-bas. C’est rare

d’avoir un espace où les handicapés ne peuvent pas aller. Ici, ce sont des servitudes publiques. Tous ces espaces sont privés. Il y a eu plein de problèmes là-dedans.

C’est pareil on dit, que ça ne se fait plus parce qu’il y a plein de recoins. Ma femme dit qu’elle a du mal le soir, à passer là-dedans. On peut être surpris derrière un mur, et tout

ça. Et ça, c’est toute la Villeneuve qui est comme ça. Que ce soit celle d’Échirolles et de Grenoble, dans toute la Villeneuve on casse un peu les trucs tout droit mais ça fait plein

de recoins. Y compris quand il y a des gens qui sont pris. Allez hop, ils repèrent les flics qui arrivent. C’est facile de partir là-dedans quoi. Ici, une autre place, la place Valmy.

On est juste à l’entrée de Grand’Place, la grande surface. C’est le chemin quand on va à Grand’Place. L’entrée de Grand’Place se fait sous l’immeuble là-bas et il y a une pas-

serelle. Là, de l’autre côté, on voit Grand‘Place en face. Une place sympa en dehors de ça. Là-bas, c’est la cheminée de la compagnie de chauffage. L’aggloméra-

tion de Grenoble est la deuxième après Paris en chauffage urbain. Pareil c’est une volonté.

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C’est un service public très important, parce qu’il évite les chaudières individuelles et il y a moins de pollution. En plus, comme c’est un service public, ils font gaffe. Mais les gens disent « c’est dommage cette cheminée, c’est pas beau ». Moi je m’en fous.

Là, il y a le gymnase. C’est surtout pour toute la ville et le hand, le handball. Ici, le collège a des problèmes de voisinage. C’est pas triste ! Un des trucs c’est là. C’est l’environnement là, c’est plus le quartier. Ça par exemple, ce petit hôtel. C’est devenu une location de chambres, et il y a des trucs pas clairs qui se passent là-dedans. En plus, c’est une verrue qu’il y a au milieu du quartier. Le bâtiment gris qu’on voit là-bas,

le Stratège, c’est pareil. Les gens n’en peuvent plus la nuit. Il y a des deals. Le parking est au premier étage juste en face. On est en pourparler. En fait, il appartient à 90 % à Courrio qui est le propriétaire de Grand’Place. Ce sont des verrues qu’il y autour du quartier. Nous, notre association a un rapport assez conflictuel avec la Mairie. Pourtant on n’est pas des rentre-dedans, mais ils n’aiment pas qu’on titille un peu sur des problèmes.

ça, c’est le logement des profs. ça donne directement sur le parc. Mais, c’est une autre partie du parc, qui est presque coupée de l’autre, et qui devient le parc des sports.

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Il y a une originalité sur la ville. Les terrains de sports : tennis, foot, basket et tout, sont directement ouverts à tout le monde.

Là, on arrive au lieu du drame. C’est là que s’est passé le... ici, là. Et donc il y a la stèle qui rappelle. Et j’habite là-bas, voyez, c’est juste à côté quoi. Alors ça, ça a marqué terriblement,

plus que le quartier même. ça a terriblement marqué le coin quoi.

Vous voyez, le cadre, c’est quand même... (apparition d’un écureuil) Oooh le voilà ! On en a vu un ! C’est chouette hein ? C’est la grande attraction quand il y a tous les enfants.

Avec tous les produits enlevés petit à petit ça fait que ça devient leur univers quoi. Alors c’est marrant parce qu’il y en a des bruns et il y en a des roux.

Là-bas, donc, il y a les terrains de sport de l’autre côté. Il y a encore toute cette surface. Vous vous rendez compte depuis là-bas au bout, où on était toute à l’heure. Jusque là-bas.

Tout ça, c’est les terrains publics. Alors, en soirée, après le boulot, ça court de partout là-dedans. Été comme hiver. Il y a un grand terrain de foot. Sablé, mais bon, qui ne

devient pas en très bon état. Il y a une piste de skate, qui est moins utilisée qu’avant. Le terrain de tennis, là-bas. Je vous dis, c’est libre.

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Moi, j’habite là. Là, on voit. C’est chouette hein ? On utilise beaucoup le balcon. C’est là où c’est vert par rapport aux autres. Et quand il y a les copains qui viennent, ils s’assoient

là. Bon, là aujourd’hui on ne voit rien, mais ils nous disent : « vous avez une vision ! » Oui parce qu’il y a toute la chaîne de Belledonne qui est là. C’est très très beau quoi.

En ce moment c’est enneigé. C’est une chance. Et nous ; ma femme avait calculé ça ; je trouve qu’on est les mieux situés parce qu’on est en plein milieu des deux parcs. Et

nos fenêtres donnent Est/Ouest des deux côtés. Là-bas, c’est le parking d’Alpexpo qui pose plein, plein, plein de problèmes. Les rodéos la nuit, les

motos dans la journée. ça provoque des problèmes sonores. Dans tout ce méli-mélo, nous, on est les seuls voisins de ce parking. Donc on est les seuls à souffrir du bruit.

Ici, les locatifs sont mélangés aux propriétés. Là-bas ils sont séparés et là c’est vraiment mixé. C’est pour ça que ça nous a beaucoup plu quoi. On n’aimait pas se faire foutre à

part. Ça a créé des relations sympas. Mais c’est une vraie question ce rapport. Et puis il n’y a pas la même mentalité. Le locataire, souvent, lui, il ne se sent que de passage. Dès qu’il

peut, il va foutre le camp. Alors que le propriétaire il s’installe, et il se dit moi, je fais mon univers ici quoi.

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Un des trucs aussi qu’il faut vous dire aussi, par rapport au respect des phytosanitaires c’est que là, la pelouse est tondue, et là, elle ne l’est pas. Mais sans ça, ce n’est pas des

friches. Ça aide aussi l’écosystème à se refaire. Alors que beaucoup de gens, pensent, que la ville, ont des gens flemmards qui ne veulent plus bosser, alors que non. Mais c’est

très difficile à faire comprendre ça. On a fait mettre plein de bancs de partout. Alors c’est pareil, il a fallu consulter les habitants, parce qu’il y a des gens qui rouspètent car ça fait

venir les jeunes la nuit. Par contre les personnes âgées, ils disent « bah nous on veut des bancs parce qu’on est bien ». Alors il faut trouver des endroits. Il a fallu consulter la po-

pulation pendant je ne sais pas combien de temps. Ici, il y a une petite, pas une zone industrielle, mais d’artisanat. Il y a un garage. Et c’est là, sur cette partie-là,

qu’ils veulent agrandir le quartier, de 50 %. Donc le quartier des Granges va avoir 50 % de plus. C’est pas fait encore. Là, je vous emmène là parce qu’il y

a le parc des sports Jean Vilar. Il y a un stade, avec des pistes et de l’électronique en dessous, pour pouvoir mesurer en, je ne sais pas combien, de dixième de seconde.

C’est un beau parc qu’on peut aller voir aussi d’ailleurs.

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Là, c’est un parking sur lequel tous les mercredis il y avait un marché ; ça s’est arrêté la semaine dernière ; pour l’hiver. C’était un essai. C’est un petit marché, et, c’est l’initiative des habitants des locataires du Floréal. ça fait des années qu’ils se bagarrent là-dessus, et on les soutient parce que c’est bien, pour avoir un marché. La ville a résisté, puis finalement, l’expérience a été faite, et le Maire est venu dire : « On est d’accord, ça sera reconduit au printemps. » Donc

c’est une très bonne expérience. C’est sympa et puis même pour le lien social dans le quartier, c’est très chouette. Il y a le marché devant la Butte qui lui, est devenu très typé. Beaucoup de gens n’y vont pas parce qu’ils se disent « Mais attends, je me sens complètement isolé, il n’y a que des Maghrébins dedans quoi. » C’est regrettable parce que par exemple il y a un très bon boucher à la Butte. Et il y a des gens qui y tiennent parce

qu’il y a des commerces de qualité qui vont malgré tout, mais ça pose un problème quoi. Cette typologie très marquée de l’autre côté, bon. Donc là ce p’tit marché, il marche bien. Je vois par exemple le témoignage d’une dame qui habite les locatifs et qui disait : « Voyez-moi je connaissais personne sur le quartier. Je sortais pas des masses, et ben là, maintenant, je connais du monde ! » Parce que c’est convivial. Les gens en achetant leurs trucs, mine de rien,

ils discutent. Et ça s’est arrêté la semaine dernière. Donc aujourd’hui, il n’y en aura pas, c’est tout, ni mercredi qui vient. On a l’assurance ; on espérait, mais on n’était pas sûr ; on a l’assurance que ça va redémarrer au printemps. Avril, je crois. Il y a aussi un autre équipement qu’on a en face, c’est un centre de postcure. C’est pour les gens sortis de l’hôpital, ou qui ont plusieurs semaines à passer quoi. C’est juste un centre qui s’est créé là quoi.

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Donc là c’est le centre social Anne Franck. Donc on y est souvent, il y a plein d’activités dedans. Ils essayent de travailler aussi sur le lien social, la convivialité. Un des supports par exemple c’est le compostage. Et donc les gens viennent mettre leurs ordures. Donc là c’est des actions pour qu’on puisse faire des p’tits jardins. Là on les voit mal, mais l’été c’est beau. Il font ça pour les gens. Il y a pas mal de gens isolés qui du coup, viennent au centre social. Et

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nous, on travaille pas mal avec eux. Alors tout le projet d’extension du quartier c’est là ici. C’est des locaux qui appartiennent à cette société qui s’appelle ARCHAIA, qui est anciennement SOGREA, et qui a des terrains qui vont loin. Et c’est une grosse emprise foncière, donc c’est une opération privée qui est prévue et que la Mairie soutient. Elle est d’accord pour faire une voie publique au milieu de tout. Donc là, il va y avoir une transformation

complète du quartier. Ce maille va disparaître. Ça, ça sera une voie secondaire puisque ça sera la voie principale qui passera au milieu du quartier. Ces bâtiments seront détruits. Donc c’est là le projet de 50 %, et c’est là que je vous parlais que les commerçants, ils voulaient les implanter quoi. Ici, vous avez une baisse du foncier. On ne sait pas bien pourquoi. Il y en a qui disent qu’avec ce qui s’est passé

; alors nous ça nous a marqués ; et les gens croient du coup que c’est un quartier craignos, alors que ça aurait pu arriver n’importe où. Puisque, les premières altercations ne sont pas arrivées là, elles sont arrivées au centre-ville d’Échirolles. Et après ils ont poursuivi les jeunes jusqu’ici et ils les ont massacré quoi. Mais, ça a donné une certaine image. « Ah oui les Granges ! Olala ! » Donc, habiter les Granges ça veut dire habiter le quartier craignos quoi.


Alors, voyez, ça c’est un truc que les habitants ils contestent. Ils ont prévu des silos, pareil des garages et tout, et, sur le dessus ça fait un joli jardin. Finalement ça a amené le bazar, les jeunes la nuit et tout. Donc ils ont été forcés de condamner. C’est dommage ! La société a évolué, et on a plus les mêmes problèmes. Alors on a bouclé le quartier des Granges. Mais ce qui est intéressant, c’est toute l’innovation qui a été voulue

dans ce quartier. Au plan social, sur le plan de la construction. Et, les problèmes que ça a générés, donc il y a tout le positif, tout le négatif, au plan urbanistique c’est intéressant. Parce que dans l’idéal ce quartier c’est formidable, et puis ça a soulevé d’autres problèmes quoi.

pierre

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Itinéraire de Nawel, réalisé par fanny Gonzales de Quijano, le 6 décembre 2014 à 14 h 15 / photographe : Quentin


{ nawel } - la transmission c’est important Voici Nawel, maman âgée de 41 ans. Nous nous sommes rencontrés à la bibliothèque Pablo Neruda, et elle m’a fait découvrir son quartier accompagnée de sa fille.

« C’est un quartier où tout se touche. On passe du quartier au parc, du parc à l’école tout est à proximité en fait. C’est pour ça que tout à un lien et tout à une importance en fait. »

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J’ai toujours habité ici en fait. Je suis là depuis 1977, et en 1977 j’avais presque 4 ans. Je suis arrivée là, donc j’estime être d’ici depuis toujours. En fait, j’habitais d’abord place Beaumarchais et ensuite, j’ai habité allée du Gâtinais, donc plus bas. Donc j’ai toujours connu le quartier : la place Beaumarchais qui avant était plus animée par la présence d’un primeur, un pressing, une auto-école même.

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La bibliothèque aussi, c’était un lieu important de vie parce que dès qu’il faisait froid on allait là-bas à la bibliothèque. Le mercredi, le samedi, elle était moins… on faisait des activités, mais y en avait moins que maintenant. Elle fait beaucoup de choses pour les jeunes. Y a des ateliers, y a pleins de choses qui sont misent en place que nous on avait pas. Nous on y faisait surtout les devoirs et puis... après bah... lire.

écouter des histoires avec Andrée, qui est encore là d’ailleurs euh... donc voilà ! Je me souviens que c’est là que je suis venue réviser et préparer mon Bac.

C’était vraiment un lieu très important de vie, la bibliothèque. Et çà a pas beaucoup changé, parce que maintenant j’emmène mes enfants et j’essaye de leur... donner cette envie de lecture et de plaisir, du lieu.


Donc, allée du Gâtinais, c’est en face en fait. Donc, moi j’ai grandi là, je suis partie quand je me suis mariée là en fait, et j’y suis revenue il y a deux ans

et demi à peu près sur le quartier avec mes enfants et mon mari. Donc c’est là.

Donc en fait, c’est un peu un cercle euh... parce que j’ai habité là, mes enfants habitent là. Donc, ils revivent un peu ce que j’ai vécu.

d’une façon différente parce que les gens ont évolué et les mentalités aussi, mais c’est vrai que c’est un quartier qui est agréable.

Moi je m’y sens bien en tout cas. Je m’y sens bien, c’est pour ça que j’y suis revenue et puis je trouve ça agréable.

Les gens sont impliqués dans la vie du quartier, l’école c’est vrai qu’on y est bien. On y est bien.

Y a rien qui a évolué, rien. C’est comme cette maison, elle a toujours existé.

Maintenant ils ont créé une autre maison à l’intérieur du jardin. Ils ont loué, mais à l’époque, cette maison elle était déjà là et on jouait.

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On rentrait dans la maison pour C’était une maison habitée dont on jouer avec les balançoires, parce qu’à connaissait les propriétaires en fait. l’époque il y avait des balançoires. Donc on se faufilait pour utiliser les balançoires de la maison.

C’était une maison coupée en deux avec deux propriétaires. L’un d’eux a créé ce bâtiment, le orange là, dans le jardin, pour louer des logements à des étudiants ou je sais pas trop

qui. C’est particulier, parce que c’est une vraie maison avec un jardin et de l’autre côté il y a un endroit pour mettre la voiture.

Je ne connais pas l’histoire de la maison, mais ça m’a toujours semblé un peu particulier d’avoir une maison ici en plein milieu.

Parce qu’autant juste derrière, on a une autre maison, qui est la Maison des Jeunes, que l’on appelle la MJC, qui est une maison, mais qui est à but... culturel.

C’est plus pour le loisir et c'est pas une vraie maison. C’est utilisé à d’autres fins... Mais celle-là, c’est une vraie maison.

Mais j’avoue que je n’ai jamais compris la logique du lieu. Parce qu’au milieu des habitations c’est un peu bizarre d’avoir une maison en plein milieu du lieu.

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Aujourd’hui, elle continue d’être habitée, mais par d’autres personnes. Je ne sais pas si elle va bouger, mais çà m’étonnerait qu’ils la détruisent.

Il y a plein de choses qui se construisent. Y a des choses qui vont être améliorées de l’autre côté, vers celui du Limousin.

Ils vont ouvrir. Ils vont enlever des bâtiments pour apparemment un peu décloisonner la zone.

À mon époque, ce lieu de jeux n’existait pas. Nous on avait des bacs à sable, je crois, et c’est tout. Je crois que tout ça c’est récent, et ça dois faire quoi... seulement une

quinzaine d’années peut être que ça existe. Ici, il y avait rien du tout. Donc nous on jouait avec le minimum du minimum.

Il y avait un grand toboggan là, qui n’était pas malheureux. a disparu. On jouait c’était bien, mais c’est vrai que c’était une autre époque, où on jouait avec des choses beaucoup plus simples que ça et on

Je pensais qu’ils allaient aussi faire une ouverture de ce côté, mais bon pour le moment c'est pas prévu. Donc voilà.

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Donc la MJC dont je vous parlais, c’est celle-là. Elle s’occupait des activités des vacances les sorties pendant l’été, la neige, les loisirs du samedi, le carnaval. Elle avait

beaucoup d’importance parce qu’à l’époque, on connaissait pas vraiment les centres de loisirs. On connaissait surtout pendant l’été les départs d’une ou deux semaines

avec la ville, mais on connaissait pas les centres de loisirs, le type de garde comme on a maintenant. Je sais que moi mes enfants... je travaille... donc le centre de loisirs ils le connaissent

par cœur. Ils connaissent moins la MJC parce que maintenant c’est plus vers le centre de loisirs que l’on va pour se simplifier le mode de garde. Donc voilà.

Pour moi, ça a de la valeur. Parce que comme j’ai grandi là et que j’ai mes repères et que voilà, c’est un lieu qui a beaucoup d’importance pour moi en tout cas. On y est bien et

on s’y sent bien. Donc voilà, j’essaye de montrer tout ça à mes enfants et de leur faire découvrir qu’on peut faire pleins d’activités dans le quartier ou dans Échirolles.

Un lieu qui est aussi très important, pour moi en tout cas pour mon époque, c’était le parc Maurice Thorez. Il était important, parce que c’était le parc le plus proche que l’on

avait en fait. C’était là où, quand il faisait beau, on allait pique-niquer, on faisait des sorties, voilà on passait nos après-midis.

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Là, on vient de passer devant l’atelier bois, il a toujours existé. Moi c’est pas un atelier dans lequel je suis allée et où je vais encore aujourd’hui. Car pour moi c’est un atelier pour

les adultes, c’est vrai qu’il y avait pas mal de monde qui travaillait le bois dedans, mais ça m’a jamais interpellée.

Je me suis jamais dit, je vais y aller. Je pensais plus que c’était un truc cloisonné, une association… Il y a que quelques années que j’ai appris que l’on pouvait y aller, pour

couper du bois faire des choses. Mais je ne pense pas que ça soit pour les jeunes, car jusqu’ici j’en ai vu aucun y aller.

Sinon sur le quartier il y a le centre social de Surieux, qui fait des sorties et des activités. Je l’ai découvert plus maintenant, vu que j’ai des enfants. À l’époque je le connaissais juste

pour la vaccination. Donc c’était très limité. Nous allons à la ludothèque, nous avons participé à une sortie de plusieurs jours à la montagne.

Donc en fait, on fait pas mal d’activités avec le centre social. Donc voilà.

C’est un quartier où tout se touche. On passe du quartier au parc, du parc à l’école tout est à proximité en fait. C’est pour ça que tout a un lien et tout a une importance en fait.

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Cette configuration des lieux piétonnisés ne nous a jamais interpellés. Au contraire c’est ici, que petits on y faisait du vélo.

Donc ça nous allait très bien. Les grands espaces ouverts, c’était super agréable pour courir, sauter, et faire du vélo comme je vous le disais.

Donc ça ne nous semblait vraiment pas bizarre.

Maintenant ? Je ne sais pas...

Avec un regard plus large, car à l’époque j’avais un regard plus édulcoré, je trouve qu’il y a pas assez d’espaces de jeux pour les enfants. Regardez dans ce parc, il y a un

espace de jeux pour les tout-petits, l’araignée au milieu, et plus au fond y a des jeux qui sont pour les plus grands, donc pour la tranche d’âge entre les deux y a rien du tout.

Ils n’évoluent pas et ne sont pas changés souvent. Je trouve ça dommage. Il est comme il était avant. Il y a pas plus de jeux, pas plus d’endroits pour s’asseoir pique-niquer.

Voilà. Y a que les bancs qui étaient en très très mauvais états et qui ont été changés.

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Regardez là, ce terrain et ses cages en devant la réflexion, en vous disant ferraille sans filet, sans bancs sur les c’est quand même quelque chose. côtés pour que les parents puissent s’asseoir, il est à l’identique de ce qu’il était avant. Le mur avec les graffitis, il est à l’identique de ce qu’il était, hormis les graffs dessus. Les paniers de basket, eux, ont été changés, car ils étaient pas comme ça avant. Et à part le coup de peinture pour délimiter le terrain, y a pas eu beaucoup de changements. Donc je trouve que pour un aussi beau parc que celui-ci, c’est dommage. Je pense que ce parc a de la valeur, parce que les gens y viennent courir, y viennent avec leurs enfants. C’est un parc pour tout le monde en fait. Mais je pense qu’il devrait y avoir plus de choses au vu de son extrême simplicité, pour que les gens se sentent plus accueillis dans ce parc. Pour l’instant, il y a pas de constructions qui vous laissent

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Là il y a la crèche de mon fils et l’école élémentaire Marcel Cachain, l’école de ma fille. Moi j’ai fait toute ma scolarité ici.

Ma fille me suit en fait, mais ça n’a pas vraiment pas été voulu en fait. C’est le hasard de la vie.

L’école est la même, elle est restée pareille avec les mêmes structures, bien qu’ils essayent de maintenir au maximum les lieux qui datent des années 1970, je crois.

Une chose m’a choquée, c’est que ma classe de CP est devenue la cantine. Ça, ça m’a beaucoup surprise.

Depuis mon retour dans ce quartier, j’ai retrouvé quelques personnes qui résidaient ici avant mon départ. Mais elles sont peu nombreuses parce que ça a évolué.

Les grandes familles sont parties. Les gens une fois qu’ils font des enfants, ils partent ailleurs. Beaucoup de ceux qui sont restés tiennent à leurs habitudes et à leur quartier,

car ils s’y sentent bien sans doute ? Certains on peut-être la même vision que moi en fait.

L’ATSM qui est à l’école de mon fils est une copine à moi avec qui j’ai grandi. La voisine d’en haut, sa fille elle, était avec moi à l’école. Donc voilà.

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Mes enfants se sentent dans le quartier. Ils ont leurs habitudes, ils ont pas l’air malheureux. Ma fille est toujours étonnée, parce qu’elle vient me dire « Oh bah... la maman d’un tel elle était avec toi à l’école ». Du coup, je trouve que ça évite l’anonymat de la société d’aujourd’hui. Ça leur fait partager quasiment la même expérience que moi. Ça étonne aussi Andrée de la

bibliothèque, de lire des histoires dans l’école de mon fils après m’en avoir lu quand j’étais plus jeune. Ça étonne également le personnel de l’école, lorsque je leur raconte mes souvenirs de ces années-là. En tout cas, si on continue d’habiter là, ils continueront de fréquenter les mêmes lieux que moi. Ils aiment la simplicité du quartier, c’est leur truc.

Enfin, au niveau des changements de l’organisation d’événements dans le quartier, et bien avant, il y avait tous les vendredis, un marché sur le parking. C’était un marché où il y avait en autre des poules vivantes... C’était quelque chose. Ça changeait du reste de la semaine. Maintenant, il a lieu à la Butte. Il y avait aussi les animations de « Gitans » qui venaient avec des chimpanzés, et d’autres animaux, qui dansaient, faisaient de la musique

et qui appelaient par la fenêtre le public pour avoir des pièces. Ça, c’était quelque chose. Voilà, je pense n’avoir rien oublié.

nawel

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itinéraire de Josette et Françoise, réalisé par Jean Sirdey et Jaehoon Kim, le 5 décembre 2014 à 13:30 / photographe : Jaehoon


{ Josette & Françoise } - le monde est parc et le parc est monde Josette et Françoise sont septuagénaires. Elles nous emmènent toutes les deux en itinéraire, dans le parc Maurice Thorez au cœur du quartier des Granges.

« Parce qu’il faut tout regarder : la nature, les fleurs, les oiseaux, les gens, faut tout regarder hein ! » (Françoise)

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F : Et puis on a la chance d’avoir un très beau parc, l’été, au printemps il y a des fleurs, c’est vrai qu’on a de la chance, mais à côté de ça il y a des problèmes, mais bon…

J : La génération des jeunes c’est plus pareil, c’est le béton, machin et ils sont là tous les jours alors qu’ils s’emmerdent il y a pas d’autres mots...

Bah disons, qu’ils soient là c’est une chose, mais qu’ils laissent leurs déchets, qu’ils urinent, qu’ils laissent leurs cochonneries, leurs papiers, c’est autre chose, ça se faisait pas

avant. Mais bon c’est pas que pour parler des jeunes, parce qu’il y en a des biens..

F : Mais c’est vrai qu’on a un très beau parc !

J : Si on reste de toute façon c’est qu’on est bien, sinon on partirait...

F : Vous voyez des arbres, il y en avait un là et ils les ont cassé, ils donnaient des prunes.

F : Là ! Il y avait des noisetiers, magnifiques, vous aviez les écureuils qui venaient volontiers !

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F : Vous voyez cette salle on l’a toujours eu, mais il y avait pas tous ces immeubles au fond là-bas. J : Y’avait rien ! F : Y’avait rien du tout, c’était en friche. J : Moi je faisais du vélo là ! F : Oui oui ! J : Y’avait rien du tout, c’était en friche, y’avait un petit aérodrome, je crois. F : Anciennement oui ! J : Et des fermes en face, on allait chercher le lait.

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F : Mais c’est vrai que c‘est agréable de voir les enfants quand ils vont à l’école. Y’a l’école là, mon fils y allait...

F : Bon ! La maison des anciens, là ! Ils sont bien là...

F : C’est bien moi je trouve pour les enfants, les gens n’ont pas de voitures, les grands-parents qui n’ont pas de voitures tout ça, bah ils laissent leurs enfants là.

J : C’est vrai qu’à Échirolles, il y a pas mal de choses.

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J : Ils sont très très bien !

F : À chaque étage, vous avez une sorte de petit hall, avec deux fauteuils, trois fauteuils, une petite table, les gens peuvent se réunir, même s’ils se réunissent pas souvent.

F : En face vous avez une école là, et vous avez une école là-bas.

J : Bah ils sont malades , ils sont passés plusieurs fois pour traiter les arbres qui étaient en bordure, ils sont malades hein ?

F : Y’a quelque chose qu’ils ont fait, car ça fait la deuxième année où il y a énormément de voitures qui passent...


F : Vous voyez, on a quand même, bon là c’est couvert, mais sinon on a un beau point de vue quand on est en étage ! J : On voit toutes les montagnes, même si là on voit rien, de chez moi je les vois toutes ! F : Et c’est vrai, vous voyez là ! Y’a des jeux pour les enfants, y’a donc

un espace, bon il font du roller ou ils jouent et vous avez un petit mur làbas il y a longtemps qu’il a été érigé pour jeter le ballon, pour s’amuser.

F : Mais c’est vrai qu’avant, on F : ça s’est vite construit, vous aviez descendait ici, on était en friche, ces tours-là, Beaumarchais, c’était c’est des friches. construit, mais c’est tout. J : Y’avait rien ! F : Y’avait rien, rien !

J : Il y avait rien, il y avait que des champs...

F : Il y avait que des champs, mais J : Moi quand je suis venu habiter c’était bien en même temps ! là, je me suis dit : « Mon dieu ! Mais c’est désert, qu’est-ce qu’on va faire là-dedans ? »

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F : Échirolles pour les enfants et les J : Après quand il y aura le métro, retraités, y’a rien à dire ! je sais pas quoi là, ça sera moins évident !

F : On avait décidé d’acheter puis j’avais trouvé pas mal l’appartement. J : C’est vrai que des appartements comme ça on en voit pas ailleurs.

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F : Puis on a la chance d’avoir un garage souterrain. J : Il y avait l’école aussi !

F : C’est bien pour les enfants, pour les parents, pour tout le monde ! Ici, là ! il y a plein de gosses qui jouent, au ballon, beaucoup de gens qui courent, vous voyez ! Parce qu’on a

un gymnase qui n’est pas loin, qui est au bout.

F : Et puis il y avait le parc, c’est un plus, énormément !

J : C’est vrai ! Si vous venez quand il fait beau, c’est plein, le samedi ou le dimanche, c’est plein !


F : Alors c’est quand même, moi je trouve, que c’est un des plus beaux quartiers d’Échirolles, personnellement, sauf pour ceux de la Frange Verte. À la Frange Verte, ils sont bien, c’est des petites maisons, ils sont bien, mais bon ! Moi je trouve que c’est un des plus beaux quartiers, les Granges. J : Surieux, tu te rappelles ? Le 14 juillet on avait le bal, on allait danser, et maintenant…

F : Moi quand je dis le quartier, je parle, pour moi, Échirolles, un des plus beaux quartiers, c’est ici. Parce qu’on a quand même la verdure, on a les oiseaux, on a le tram à côté, on a les grandes surfaces, hein ça compte aussi ? Ça compte qu’on ait une grande surface, qu’on ait tout.

F : Il y a l’association des Granges, et tous les ans, moi j’y suis allée comme bénévole, et j’y vais plus maintenant. Il y avait, en juin, la fête du quartier, donc ça se faisait dans l’autre parc, et là les gens de Beaumarchais, les gens de la Convention, c’est des quartiers d’ici, ils allaient là-bas, ils pouvaient déguster des sandwichs, c’était sympa il y avait des animations, et ça permettait aux gens de se retrouver et d’échanger. Ça se faire encore d’échanger, mais

j’ai l’impression que ça se fait moins. Et puis le carnaval, ça se fait moins. J : Tu te rappelles avant le carnaval ? Qu’est-ce que c’était beau ! Maintenant y’a trois machins qui se battent...

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F : Souvent quand ils coupent des arbres qui sont malades, ils font des sortes de petits champignons !

J : Ah oui ! Quand vous voyez un champignon, c’est qu’un arbre a été coupé !

F : Vous voyez ce qui est frappant, je pense que c’est la vie à l’heure actuelle, c’est qu’on habite là, on habite là, mais on connaît pas tellement les gens qui vivent ici...

F : Vous voyez, les arbres ont vieilli. wj’adore les arbres qui sont un peu tortueux, je trouve que c’est beau, c’est vrai qu’il n’y a pas de feuilles, mais je trouve que c’est beau !

J : Céline, elle m’avait dit « tu te rappelles quand il y avait de la neige, je faisais du ski dans le parc ? »

F : Vous voyez jusqu’où ça va, donc ce parc est utilisé toutes les saisons.

J : Ici c’est des HLM, mais très bien, les gens ne veulent pas en partir, seulement à leur mort. Maintenant ils mélangent, ils font moitié-moitié locatif/accession, ça finit mal après...

F : Ce qu’ils font l’été, quand il fait beau, c’est quand il y a l’herbe qui pousse, ils font des sortes de vagues, alors ça permet de sauvegarder les insectes.

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J : Il n’y avait plus de papillons au parc parce qu’ils tondaient, ils tondaient, ils tondaient sans arrêt donc il n’y avait plus de paquerettes, de petites fleurs, y’avaient plus

de papillons, plus d’abeilles, plus rien, donc maintenant ils font des parties avec l’herbe qui est comme ça, maintenant on a des abeilles, et même sur le balcon, tout ce qu’on

F : Vous voyez le centre social, y’a de diverse. Et c’est là qu’il faisait leur la verdure, ce n’est pas que du béton. jardin les enfants. Et vous voyez, on a les montagnes en face, et là c’est bien fleuri l’été. Vous voyez, vous avez une végétation

J : Oh l’hiver il y a rien, regarde !

F : Ils ont fait ici, un essai pour un marché et y’avait un essai de deux mois et demi et normalement il va revenir en mars parce que ça a bien fonctionné !

F : Et là c’est pareil en accession à la propriété, là aussi ces petites maisons-là, moi j’avais une collègue de travail qui habitait là, en accession à la propriété...

J : Y’a beaucoup d’accessions et pas beaucoup d’HLM, donc c’est pour ça que ça marche quoi...

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F : On a quand même quelques fontaines éparpillées, donc c’est bien. Il y avait une dame qui avait demandé pour les fontaines de faire une petite vasque pour que les oiseaux puissent boire. Sur une fontaine ça a été fait, sur l’autre ils ont pas voulu je sais pas pourquoi c’est dommage. Parce qu’il faut tout regarder : la nature, les fleurs, les oiseaux, les gens, faut tout regarder hein !

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J : Et vous voyez ici ces petites maisons ? Et beh c’est pareil ils ont pris sur le parc pour faire ces petites maisons.

F : Et on avait la chance, quand on est venu habiter, qu’il y ait sur la place des Vosges, on avait la chance qu’il y ait, tu te rappelles ? La petite épicerie ? J : Y’avait le boucher, y’avait des légumes... F : Puis petit à petit… J : Maintenant y’a plus rien, c’est mort !

F : La pharmacie et la boulangerie, écoutez, la boulangerie ouverte le samedi et le dimanche, les gens attendaient dehors tellement y’avait du monde. Maitenant y’a plus personnes parce que… J : Bah Carrefour a tout mangé, Carrefour mange tout. De toute façon y’a tout, les gens ils vont tous là-bas.


F : L’école maternelle là, et ça, ça a été fait y’a pas longtemps, comme il y a beaucoup de monde, je pense qu’ils ont refait des bâtiments comme ça, J : Tu leur donnes plus à manger ? l’extension en bois là ! ça prend de F : Si, moi je leur donne de temps en l’ampleur ! Voilà bah vous voyez, on a fait le tour du parc ! temps, je vais leur jeter des noix F : On a un beau parc. Oh tiens là, un écureuil !

J : Ah ! Moi j’en ai plus des noix, j’ai tout donné

J : Enfin, il y encore beaucoup de petits endroits.

F : Oui parce que vous voyez, il F : Je leur jette des noix, mais il y a y a plein de chemins où on peut beaucoup de corneilles, alors je leur couper… jette quelques noix pour les divertir et après je jette aux écureuils J : Oh y’en a plein des corneilles, elles se sont multipliées…

josette & françoise

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Itinéraire de Tina, réalisé par Carlo Cordara, le 30 novembre 2014 à 11:30 / photographe : Jaehoon


{ tina } - un émigrant à échirolles Tina, 51 ans, ancienne couturière, habite Échirolles depuis 51 ans. Elle se consacre désormais à la peinture et à la sculpture, et organise des expositions d’art. Elle nous emmène dans le Sud de la ville, où elle habite, puis à la Villeneuve.

« Ces bâtiments ressemblent beaucoup à des boîtes dans lesquelles on a cherché à mettre le plus de choses possible. »

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Un temps ici, il y avait beaucoup d’écureuils. En latin, ils s’appellent « scuriolus » et pour cette raison la ville a pris le nom d’Échirolles. Son symbole c’est un écureuil.

Allons Volpi ! Nous allons nous promener, mais pas avec la voiture.

Ces bâtiments et cette rue ont été construits dans les années 60 : ils ont été construits par le consulat italien.

Cette voie a changé 3 ou 4 fois de nom avec le temps, maintenant, elle s’appelle rue Antoine Polotti.

Les habitants de ces bâtiments ont beaucoup de chance : je crois que ce sont les résidences qui ont le plus grand parc de la ville.

Maintenant, nous allons dans le poumon vert d’Échirolles, à la Frange Verte. Cette colline, nous passons à travers et nous visitons le vieux centre historique de la ville.

Il y a encore quelques années il y avait seulement des champs.

Ceci est la résidence « Château », très gracieuse et tranquille.

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Un temps, cette rue était très étroite et il y avait un bus qui passait : un le matin, et un autre à l’heure du déjeuner.

Je suis arrivée ici en 1963 quand j’avais 18 ans. Mon père suivait les chantiers pour la construction des maisons des immigrés et des banlieues.

Un temps, toutes ces maisons étaient fermées !

Durant ces 20 dernières années, je crois que la ville a presque triplé.

Ici, on respire un air magique, quand tu es ici, tu as l’impression qu’il n’existe plus rien.

Ceci est le parc de la Frange verte aussi nommé parc Robert Buisson.

C’est magnifique ici, tu peux te coucher, te reposer et lire un bon livre. Tu vois, il n’est pas nécessaire d’aller très loin.

À Échirolles, il y a pas mal d’associations surtout à caractère social : les gens s’unissent pour travailler et aider en cas de besoin.

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Ceci, c’est vraiment le vieux noyau historique d’Échirolles.

Ici dans quelques jours, ils commenceront à préparer le marché de Noël. Initialement , il n’y avait pas beaucoup de monde, puis c’est devenu une grande fête pour toute la ville.

D’ici, tu vas au vieux cimetière.

Celui-ci est le seul lieu où je me sens vraiment à la maison. Quand j’étais une fillette, j’ai voyagé pas mal à cause du travail de mon père.

Je suis née au « Castello del Monte », en Abruzzo. Je suis venue en France quand j’avais un an, mais pendant les vacances je suis toujours retournée au pays.

Celui-là est le « village 2 » près du vieux village, mais le premier n’a rien en commun avec la seconde.

Ceci est la vieille mairie : je me suis mariée ici, ma fille plus grande aussi, Graziella, s’est mariée ici. Notre association de peinture a un petit bureau.

Ceci est une vieille remise pour les tracteurs, aujourd’hui ils font le marché des producteurs le samedi et ils l’utilisent aussi pour les fêtes.

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Elle a été réalisée par les Compagnons du Tour de France en 2002.

Ce sont les structures utilisées pour les fêtes comme le marché de Noël.

Il est très difficile de penser qu’il y a 20 ans, ici, tout était des champs.

Quand, l’été, je viens ici avec mon amie, il y a les jets d’eau et elle, elle me dit toujours : « c’est comme si on était en vacances en Italie. »

D’un côté, tu trouves un bar et des restaurants, et de l’autre tu trouves le cinéma : il est très grand, je crois qu’il y a une douzaine de salles.

Ce cinéma est très utilisé par les gens du pays. Ils ne vont pas à Chavant parce qu’il n’y a pas assez de parkings, par contre ici il y a 3 parkings.

Le soir, sur cette voie, il y a beaucoup de gens mal élevés qui garent les voitures au milieu de la rue et toi tu ne peux pas passer.

Cette voie a une âme, tous les gens se connaissent, si tu as besoin de quelque chose il y a toujours quelqu’un disposé à t’aider.

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Maintenant, je t’emmène à la Villeneuve !

À la Villeneuve j’y vais principalement quand ils font le marché devant la Butte.

Ici, dans la zone, il y a des gens de mon pays.

Ici ça ne me plaît pas beaucoup, ni l’endroit ni les bâtiments.

Quand mes amis ont acheté la maison, la situation était différente, et avec le temps qui a passé elle a empiré : agressions, gens qui se disputent et se droguent.

Je te dis, je suis fille d’émigrants, mais, nous nous sommes conduits toujours de manière bien élevée, maintenant tout est très différent.

Quand je viens ici et que je vois cet ensemble de maisons, je me sens oppressée : comment autant de gens ont pu ainsi être groupés dans un seul petit endroit, c’est triste.

Ces bâtiments ressemblent beaucoup à des boîtes, dans lesquelles on a cherché à mettre le plus de choses possible.

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Ici les problèmes sociaux sont nombreux. Des gens d’ethnies très différentes doivent cohabiter avec leurs traditions et leurs habitudes. Si un jour tu dois travailler comme urbaniste dans une situation semblable, tu tâcheras de trouver de meilleures solutions pour les gens.

tina

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Itinéraire de Bernard, réalisé par Charlène Alix, le 6 décembre 2014 à 14:00 / photographe : Patricia


{ bernard } - la connaissance Bernard a plus de 60 ans et est arrivé à la Villeneuve d’Échirolles en 1968. C’est un ancien postier, désormais retraité, qui vit avec sa femme près de la place Beaumarchais. Il adore les champignons et en ramasse souvent.

« Là on est vraiment dans la Villeneuve, enfin ce qu’on appelle la Villeneuve, mais c’est plus tellement neuf ! »

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Bon alors là on est place Beaumarchais, voilà et après qu’est ce qu’il y a, qu’est ce qu’on voit ? Rien parce qu’il y a pas grand chose.

Les habitations sont orientées sur le parc, c’est peut-être un peu mieux pour ceux qui y habitent. Plus aéré. Ici c’est plus huppé, tu leurs parles de Beaumarchais ils ont peur !

Le parc il va jusqu’à Alpexpo. Le parc c’est le lieu de balade, hein moi je viens tranquillement tous les jours, tous les matins et tous les soirs.

Et on va peut-être voir si on a de la chance un écureuil... Ah non c’est une pie. Les écureuils ils traversent même l’avenue, ils ont pas peur les écureuils.

Ah mais si il y en a des champignons ! J’en ai jamais tant vu. Ils ont attendu le mois de décembre pour sortir, c’est pas grave.

Là c’est un autre quartier, on voit pas grand monde, pourtant il fait bon pour marcher, n’est-ce pas ?

Alors s’il fallait retracer l’histoire bon, on va pas y passer la nuit, mais bon. Toute cette zone-là il y avait rien.

Il y avait un terrain d’aviation, attention pas les Boeing et les Airbus  ! c’était des coucous. Ça, ça a été construit après 68.

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C’était le même phénomène qu’à Grenoble, il y avait une ferme à l’emplacement de la sécurité sociale. Dans les débuts où je suis arrivé là, en 72 il y avait rien, il y avait une ferme ici et moi je venais chercher des œufs ici. Après quand il y a eu les JO en 68, après bon, ça s’est construit... et voilà. Il faut imaginer que là c’était que des champs. Il y a 40 ans, il y avait rien, ni même Carrrefour. Alors là c’est le quartier Berry, Berry et Beaumarchais sont

collés. Là on est vraiment dans la Villeneuve, enfin ce qu’on appelle la Villeneuve, mais c’est plus tellement neuf ! C’était neuf, ça ne l’est plus. Alors là on est à l’envers dans la place Beaumarchais, tous ces immeubles donnent sur la place Beaumarchais. Si on prend la passerelle, on arrive en face du bar. On va aller sur la place centrale du quartier du Berry. L’été, il y a des projections de cinéma en plein air ici. Avant j’avais des amis qui habitaient par là.

Alors après on change de quartier. La Villeneuve encore. On passe par la passerelle, ça nous évitera de couper la route. Le passage supérieur. On va avoir une vue d’ensemble sur la Villeneuve, on va dominer la situation. Beaumarchais, la Convention la Butte... Tout ça, c’est la Villeneuve. Il y a peut-être Gâtinais que l’on ne voit pas trop. Tout ça, ça va être réaménagé, il va y avoir des constructions. Un centre médico-social va apparaître. La

Butte il va y avoir du nouveau. La Butte en tant que telle va disparaître. Le marché va partir légèrement sur la gauche et il y aura des habitations en principe sur le parking.

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Alors après on change de quartier. J’y viens pas tellement souvent au quartier du Limousin, j’y venais avant parce que j’avais beaucoup de collègues. Il y avait des postiers, etc.. et puis bon ils ont fait comme moi ils achetés des apparts. Ils sont partis les uns après les autres. Moi je travaillais à la poste. Il y avait beaucoup de postiers, gendarmes.. Ils avaient des locations, des appartements réservés au Limousin. Moi j’habitais aux Teiseires par exemple. Ils sont partis

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habiter... ailleurs quoi parce qu’ici c’était de la location. Donc... Ils sont partis. Après les populations ça a pu été les mêmes. Il y a eu une évolution dans la population, il y avait plus de mélanges après. C’est plus des appartements OPAC, SDH, quelques un en accession à la propriété... mais pas tellement.

Alors là le quartier du Limousin et l’ancienne mairie aussi. Allée du Limousin voilà, dans la Villeneuve, Échirolles. On marche assez vite comme ça pas le temps d’avoir froid. On va arriver tout à fait sur la bordure ouest du quartier de la Villeneuve. C’est la fin du quartier. Mais c’est un peu comme les Vosges, c’est un quartier plus huppé. Et sur la partie ouest, et sur la partie est. Donc c’est à dire en majorité accessible à la propriété. Ici c’est-à-dire qu’il n’y

a pas de locatif. Mais moi je viens souvent dans ce quartier-là voir mon coiffeur, je le connais depuis très longtemps, pour couper les tifs. Je viens souvent donc parce que je connais des gens. Voilà le centre social des Essarts.


Donc place de la Convention, il y a beaucoup de commerces, peutêtre plus qu’à Beaumarchais. Le boulanger, la pharmacie, le bistrot, le restaurant.

Ici c’est le pendant de Beaumarchais. Il y a même plus de commerces qu’à Beaumarchais.

Les balcons il y en a qui sont fleuris et il y en a qui sont décorés. Mais les lumières bon ne sont pas allumées.

Allée d’Ouessant, le quartier d’Ouessant, enfin les Essarts. Alors vous voyez que c’est grand hein ? La Villeneuve.

Alors on va avoir une nouvelle vue d’ensemble. Mince je n’ai pas vu le secours populaire. On retourne aux Essarts, quartier des essarts, moi je dis allée d’Ouessant.

Le tram, vous prenez le tram ? Oui et vous ? Ah oui en plus on a une carte c’est gratuit jusqu’à 17 h.

Là il y avait une imprimerie, elle était toute seule, un peu coincée dans la cité. Ici à Gâtinais ça a été réaménagé aussi. Toutes les années il y a la fête des Gâtinais.

C’est un peu calme, on n’est pas gênés par la foule. Toute façon c’est la même chose vous vous en rendrez compte par vous-même.

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Ah là il y a quelque chose de bien c’est l’atelier menuiserie. C’est pour faire des meubles, raboter des planches... Bon alors là on arrive à Carrefour, mais bon, il faut s’imaginer que là il n’y avait rien. Ça avait pas cette allure-là hein ! En faite il y avait juste un magasin de meuble, c’était en taules, pas pareil. J’ y viens pratiquement tous les jours parce qu’après on retourne sur le parc. Buffet à volonté 11€50 alors là il y a rien à dire ! Oh il y a plus

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de monde déjà, on sent qu’il y a du commerce, les affaires marchent. On va retrouver le calme. Ah là il y a le marché de Noël vous voulez faire un tour ? Là c’est le quartier des Vosges. Qu’est-ce qu’on a ? La boulangerie, la pharmacie, mais c’est fermé le samedi après-midi. Et puis là c’est le marché de Noël. - Encore vous ? Ah non c’était ma femme, c’était pas moi ce matin !

Bon il y a du monde. Vous voulez c’est toxique. Personne ne veut se déguiser en père Noël cette année... boire un vin chaud ? - Ah, mais moi je connais un Bernard qui ferait bien l’affaire. / Oui ou un jus de pomme oui. / C’est gratuit ! Vous avez mi du clou de girofle ? (Il est très bon le vin chaud, pour une fois !) - Oui il y en a un qui est parti avec parce qu’il l’a mis dans son verre ! Ah mais là il faut pas le manger ! il faut qu’il fasse attention parce que

Nous c’est fini ça. Vous voulez goûter les gâteaux ? C’est moi qui fabrique, j’ai une cuisine aménagée pour mon entreprise et je vends sur internet. C’est comme tous les marchés de Noël, il y a des professionnels et des choses plus artisanales, peut-être par des habitants. bernard



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Itinéraire de Bernard, réalisé par Patricia Williams, le 6 décembre 2014 à 14:00 / photographe : Charlène


{ christian } - ingrédient secret Christian, habite la Villeneuve échirolles dans le quartier de Surieux. D’ors et déjà à la retraite, il profite de la vie. Aimant son quartier, il ne pense pas déménager.

« Avant ce quartier, il était trop laissé à l’abandon. »

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ça fait 42 ans que j’habite dans ce quartier, déjà un bout de temps, et ça fait 22 ans que je suis président de l’association. Il n’y a pas longtemps que j’ai arrêté, le 14 mars 2014.

Et le quartier il tient très bien, il y a une convivialité. Une fois par an on fait une fête de quartier, on fait des fêtes pour les enfants pour Noël, tout ça.

On s’occupe des habitations avec les Sinon avec la ville aussi, s’il y a bailleurs s’il y a quelque chose qui ne quelque chose qui ne va pas, on met va pas, on essaye d’arranger. sur une table et on discute.

Avant ce quartier, il était trop laissé à l’abandon, personne ne s’en occupait, il y avait des dégradations. Heureusement qu’il y a eu l’association.

C’est convivial et on a créé la fête de quartier.

Moi-même j’ai créé en 1995. ça c’est lieu de culte pour les musulmans du quartier.

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On a créé un atelier couture. Et le quartier il tient très bien. ça c’est bétonné avant c’était du bois et ça cassait la gueule.


Et ici je vais vous montrer c’est des parking. Il n’y a pas longtemps on Oui pour les femmes uniquement, il a terminé le goudronnage, parce que c’était complètement dégradé. n’y a pas les hommes, non non. Équipement de sport. Ici on n’aime Les gens quand ils passaient ils tombaient, vraiment ! Tout partout. pas quand c’est mal entretenu. Là, ici, on a l’école maternelle. Le C’est pour ça, je remercie la portail est fermé 24 h sur 24 on municipalité qui a accepté toutes les veut pas que les voitures rentrent le demandes que nous avons faites. Le soir. Et les vélos ? Oui on peut pas tram, nous avons choisi de mettre empêcher les vélos et les scooters. l’arrêt juste devant Surieux, c’est Salut ça va ? Ça va et toi ? Oui juste devant chez nous. Oh la la, je vais voir tous mes amis. fraîchement, mais ça va. / L’atelier couture ça marche bien ? /

bernard

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Remerciements Fabienne à Jean-Jacques, Benoît à Claudine, Shuxian à Estelle, Hui à André, Pauline à Raïane, Laura à Yacine, Quentin à Nawel & Sana, Éva à Pierre, Fanny à Nawel, Jean & Jaehoon à Françoise & Josette, Carlo à Tina, Charlène à Bernard, Patricia à Christian.


Ces itinéraires ont été réalisés dans le cadre pédagogique du Master Design Urbain, en collaboration avec la ville d’échirolles et le Laboratoire archAologie. équipe enseignante : Jennifer Buyck - Behrang Fakharian - Nicolas Tixier





iug

/ ensag / hepia / igd-unil / esaaaa - Labo rat o ire arc hAo l o g ie - Vil l e d’Éc hiro l l es


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