ITINERAIRES Habitants Bagnols Sur Cèze

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ITINÉRAIRES habitants les escanaux bagnols-sur-cèze

2015

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ITINÉRAIRES habitants les escanaux bagnols-sur-cèze

- Master Design Urbain IUG

/ ENSAG / HEPIA / IGD-UNIL / ESAAA 2015

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« L’expérience des itinéraires : suivre celui qui nous guide par le corps et la parole sur un territoire qu’il invente et construit par la mise en scène de son récit. La méthode des itinéraires est une démarche centrée sur l’écoute sensible de ceux qui interrogent dans leur culture et expérience quotidienne le territoire réel et imaginaire qu’ils habitent. Leur récit déstabilise tout travail d’enquête savante ou journalistique fondé sur le recueil d’un témoignage ou d’une opinion. Leur prise de parole inaugure par l’énonciation de références et contextes d’ordinaire négligés ou invisibles « un passage à l’acte » qui agence dans l’espace / temps des rapports qui construisent et ménagent un territoire. » jean-yves petiteau

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« Emmenez-nous ! » Selon la méthode des itinéraires du sociologue Jean-Yves Petiteau, ce recueil regroupe 22 itinéraires, qui, par leurs récits, nous emmènent à la rencontre des Escanaux. À travers les yeux, les paroles et les pas de 24 personnes, se dessine un territoire de vie.

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CEUX QUI NOUS ONT EMMENÉS houssama - cynthia - georges - chantal - marc & omar - lea julien - christelle - maurice - françoise & maëva - boucheib bernard - hanan - djil -naïma - jean-claude - soeur christiane yvelise & christiane - marc - martine - mohammed.

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LES ITINÉRAIRES 22 itinéraires réalisés du 23 au 26 novembre 2015

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Itinéraire de Houssama, réalisé par Mu-Jong, le 24 novembre 2015 à 17:00 / photographe : Mina


{ houssama } - le quartier vu par un jeune Houssama, 17ans, vit au quartier des Escanaux depuis 2004. Ce jeune lycéen, en classe de terminale scientifique, au lycée Albert Einstein, nous a accompagné pour une visite du quartier. Très sérieux dans ses études, il prévoit d’intégrer l’université pour y étudier la médecine.

« Le quartier des Escanaux, c’est grand, c’est plein de petits quartiers. »

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Tout le quartier Escanaux ! En fait, il y a plusieurs quartiers dans les Escanaux.

Escanaux c’est le nom et il y a plein de quartiers. C’est plein de quartiers et le nom de tout ce quartier, c’est les Escanaux.

Par exemple ici ça s’appelle le Parc Pierre, et là-bas ça s’appelle les Iris, et là-bas, tout là-bas ça s’appelle les Cyprés.

Là-bas, ça s’appelle le Bogota, les Peupliers, les Mûriers, et c’est tout.

Bref, moi je fais du foot, je parle avec des amis. L’été, je vais à la piscine. J’aime faire du foot, il y a plein de petits terrains de foot.

Regardez par là, il y en a un, juste à côté de vous là, juste là. En fait, làbas c’est pour les clubs.

Les clubs du foot, c’est par exemple juste celui-là, là-bas. Je ne fais pas tout le temps du foot, car je n’ai pas forcément le temps avec mes études, une fois par semaine comme ça.

J’aime bien, je rencontre mes amis. On parle ici dans le quartier. On se voit, comme dans chaque quartier, et on se voit et on discute ensemble, quand j’ai le temps.

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Je suis né en Corse. Ça fait 11 ans que je suis là, j’ai fait ma première année de collège.

Ensuite je suis venu là, j’ai vécu d’abord dans le village à côté à SaintNazaire, et je suis resté 3 mois.

Je suis venu là parce qu’ici il y a tout, à Bagnols. Il y a des magasins, il y a tout, alors qu’à Saint-Nazaire c’est un petit village.

Je ne m’ennuie pas ici, et puis il y a les copains. C’est petit Saint-Nazaire il n’y a pas de collège.

Les Escanaux c’est grand, c’est plusieurs quartiers. Je ne sais pas si on peut appeler cela un quartier, il y a plus de quartiers.

Par exemple, on a les Iris, et la tour à droite, c’est la tour Nuages. Ici, c’est l’école Jules Ferry, et puis c’est au centre des Escanaux, au centre de tous les petits quartiers.

Là, c’est la maternelle et là, l’école primaire. Des changements, des choses en plus ? Peut-être des choses, pour le loisir, pour les jeunes, du genre un

bowling, des trucs pour les jeunes. Il y a un ciné, mais pas de bowling, je ne sais pas trop, des choses comme ça, du genre : un paintball, un lasergame, des trucs pour les jeunes.

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Là, c’est les peupliers, et les quartiers ont les noms des arbres. Il y a plein de noms d’arbres.

Par exemple, on a le quartier des Cyprès, les Mûriers, les Iris. Je crois que c’est une fleur. Et il y a les Mirabelles, c’est un fruit.

Là, c’est la tour B, et celle à côté de l’école, c’est la tour A. Je suis déjà allé dans un des appartements de cette tour.

Par contre du balcon, on peut tomber. Le garde-corps je le trouve trop bas. Il m’arrive bas, il n’est pas assez haut. Il ne faut pas trop s’approcher.

Le grillage aussi des balcons est bas. Ici, c’est calme, c’est propre, c’est bien ici. La tour là bas, c’est privé et la tour A est publique. Je suis déjà rentrée ici, c’est beau, c’est grand.

Vous n’êtes jamais allé là-bas? Ici c’est le dentiste et tout ça, le centre médical, c’est écrit là. Ici c’est les Mirabelles, non, pardon c’est les Mimosas, cela n’en fait pas partie.

C’est une fleur les mimosas ? Mais je crois que cela ne fait pas partie des Escanaux. On appelle ici la Citadelle. Ici, c’est des petits locaux et là, il y a un local pour les jeunes.

Et là, après il y a un Kebab et un coiffeur. Les jeunes viennent se rencontrer ici. Il y a juste ça : un coiffeur et un kebab.

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houssama


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Itinéraire de Cynthia, réalisé par Elodie Lamothe, le 25 et 26 novembre 2015 à 12:30 / photographe : Emeric


{ cynthia } - enfance Cynthia, mariée et mère de trois enfants, a toujours habité le quartier jusqu’à ce qu’elle décide d’acheter en périphérie. Elle accompagne ses filles chez leurs grands-parents habitant encore aux Escanaux, après son travail à Intermarché.

« Avant, pendant l’été, on jouait à la poupée ou à la corde à sauter sur la rue alors que maintenant ça se fait moins. »

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Ça fait 15 ans que je travaille à Intermarché, maintenant. Après le travail, je ramène mes filles chez mes parents.

J’ai deux filles et un garçon. Il a 9 ans. Il est à l’école Queneau, lui. Ce n’est pas l’école du quartier. Il y était, mais nous avons déménagé.

Moi, j’habite à Feu Vert. J’ai une maison là-bas sur la route d’Avignon.

Avant, j’habitais la tour là. Au mois d’avril, ça fera deux ans que j’ai déménagé. J’ai passé 10 ans aux Escanaux. J’ai habité 3 ans ici, dans cet immeuble juste là.

Avant ça, j’ai grandi dans un quartier qu’on appelle aujourd’hui les Bogota. Franchement, c’était bien . C’était la bonne époque quand j’habitais au Bogota.

Je vivais avec mes parents. C’était vraiment bien. Oh ! Il y avait des fois des bagarres. Mais ça allait.

J’ai fait mes études qu’ici. Je me suis arrêtée en 3ème. J’ai été à SainteMarie, privée et puis après, j’ai fini à l’école Ferry.

Les enfants ont été à l’école SainteMarie, privée, et maintenant ils sont à Saint-Jean à côté du cinéma. C’est plus près du centre-ville.

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Je connais bien les gens du quartier. Ça fait 15 ans que je travaille là donc à force, on les côtoie plus ou moins.

À Bagnols, j’aime bien le parc. C’est sympathique. Et les centres commerciaux aussi.

Quand il fait beau, on va boire un coup au Bengali. On va boire un petit verre, un coca ou un sirop.

Les gens disent : les Escanaux, les Escanaux ! Mais ils ne sont pas méchants. C’est vrai . Ils ne sont pas méchants.

Il y a la fête foraine qui est bien aussi . Elle se met là, juste à côté du marché. Ça va jusqu’au Bourg neuf là-bas.

Il ne faut pas croire tout ce qu’on dit. Moi je me souviens d’avant, et comme je le disais tout à l’heure, c’était la bonne époque. Il faut les connaitre.

Les gens, il faut les connaître et c’est un peu comme partout après. Il y a des gens plus ou moins sympathiques, d’autres un peu moins.

Voilà, moi les jeunes, ils viennent acheter à la boulangerie leurs boissons, leurs goûters ou viennent faire un café à côté de la boulangerie. Mais ils ne sont pas méchants.

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Après c’est comme tout le monde, il ne faut pas faire chier le monde ici, et ils te laissent tranquille. Avant, c’était bien. J’étais jeune quoi et il y avait quand même moins de violence . Nos parents pouvaient nous laisser sortir dehors. On savait que ça ne craignait pas. Avant ils nous laissaient jouer dehors jusqu’à 22h l’été. On jouait à la poupée. On jouait à la corde à sauter, à l’élastique, alors que maintenant ça se fait moins. Et puis les filles, je ne les laisserais pas sortir.

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Des fois, elles finissent à 16h et moi à 18h. Il faut qu’elles soient une petite bande de filles pour aller faire les boutiques, mais sinon, non. Alors qu’avant ça… On va dire que ça a toujours existé la peur des parents, mais moins. Maintenant on allume la télé, on entend que de la violence . C’est vrai que ça fait peur. On pense à nos enfants. Quand elles font le trajet, elles reviennent avec leurs copines. Elles rentrent à trois quand elles rentrent chez leurs grands-parents.


Mais de là où on habite, elles ne Du coup, là c’est les platanes. Là rentrent pas à pieds. c’est la tour géante, là où j’ai habité Parce que sinon, elles doivent passer après l’immeuble près du marché. par le cimetière et moi, je ne veux pas . Par le cimetière, il fait noir et c’est une petite route. Je n’aimerais pas que quelqu’un vienne et les enlève. Donc par sécurité, je préfère les chercher et les amener. Ce n’est pas grave.

Je suis venu habiter ici et mes parents aussi. Moi en fait, j’avais mon appartement au 10e étage et eux, ils habitent au 6e. Donc pour faire garder mes enfants, comme ça, c’était plus simple. Nous, on a acheté et maintenant eux, ils sont restés ici.

Ils se plaisent plus ou moins. Ils cherchent à déménager en fait. Mais bon, après ce n’est pas évident de trouver quelque chose. Et puis bon, trouver avec un loyer pas cher, c’est difficile. Mais nous on a acheté avec mon mari.

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Nous, on est resté 10 ans ici. Les filles pouvaient descendre ici. Elles ne risquent rien.

De toute façon, tout ce qu’ils veulent, c’est fumer ou vendre, mais je sais qu’ils ne diront rien à mes enfants. Ce n’est pas des violeurs d’enfants ni rien du tout.

Ils sont gentils. On ne les enquiquine pas. On les laisse tranquilles et ils font leurs vies. Moi je sais, que je n’ai jamais eu de soucis .

Ça va en fait. Je sais que mes filles, je les dépose là. Je les surveille dans l’ascenseur. Elles rentrent chez leurs grands-parents et elles ne risquent rien.

Mes parents, ils en ont marre. Ils aimeraient trouver un autre appartement. Le souci, c’est que ma mère a des problèmes de jambes et c’est que du chauffage au sol ici.

Du coup, elle a les genoux et les jambes comme ça le soir . Elle veut surtout pouvoir gérer le chauffage.

[Le lendemain] Je vous emmène dans mon quartier d’enfance. J’y vais plus. Maintenant, c’est fermé. Ils vont détruire les bâtiments, enfin, le bâtiment.

Moi, j’étais sur le chemin des violettes. Je vous montrerais. Et le long bâtiment, ça s’appelle l’allée de Cèdres.

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Le Bengali, c’est sympa comme je vous ai dit hier. Ici, je rencontre pas mal de gens du quartier. Maintenant, ici, j’ai pas mal de connaissance depuis que je suis petite.

Le quartier est beaucoup plus calme maintenant. Il n’y a plus personne là où on habitait avant. Je vais vous montrer.

Là, il y a le chemin des Violettes. Il y a deux entrées. Sinon, tout le long là, il n’y a plus personne. Tout est fermé. Ils vont les détruire en 2016, je crois.

Nous on était là au 4e étage juste là.

J’allais à l’école d’abord à Sainte Marie en Primaire et après je suis partie aux Escanaux parce que ça revenait trop cher à mes parents.

Et après comme je vous l’ai dit hier, je suis allée au collège du Bosquet.

Nous, on coupait là. On passait par derrière par l’allée des Peupliers.

J’avais des copines avec qui jouer dans ce bâtiment, et même dans le bâtiment d’en face.

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On nous amenait du couscous ou d’autres plats. Non, c’est vraiment convivial. C’est vraiment bien . Mes parents, rencontrent de temps en temps les anciens habitants du

quartier. Il y en a qui sont décédés. Il y en a qui sont âgés forcément. Il y en a qui ont déménagé et qui n’habitent plus ici.

Maintenant, c’est plutôt un quartier mort . J’habitais là du coup. Ça a changé. C’est délabré . C’était propre.

Oh là là. Ils ont fermé tout le bâtiment . Ça commence là et ça finit derrière . Ah oui. Oh là là. Ils n’ont pas coupé. Ils n’ont rien fait.

Je jouais ici. Là on avait une petite cabane. C’était super sympa. On s’amusait. On était tranquille là. On pouvait monter sur ce mur. Moi, j’ai grandi ici.

Là maintenant, c’est fermé. Ça a tellement changé. Ils vont les détruire ces bâtiments.

Je crois qu’ils vont faire un parking pour la gare. Moi, c’est ce que j’ai entendu dire.

Il faut du renouveau, mais on garde les bons souvenirs. De toute façon maintenant, c’est des vieux bâtiments. Faut mieux les raser.

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Puis c’est vrai que s’ils rouvrent la gare, ça serait bien. On pourrait aller sur Avignon. Ici, le problème, c’est qu’il n’y a pas de gare. Ça serait plus pratique.

Sinon, on peut prendre le bus. Il y a les cars Oran, je crois, à 1€50 le trajet. C’est vrai que ça a changé. Même les arbres ont poussé.

J’allais au collège avec mon chéri qui est mon mari aujourd’hui. Eh oui, ça fait 25 ans que je suis avec mon mari. On est ensemble depuis mes 13 ans. C’était la bonne époque.

Là, c’était ma nounou. Elle me gardait quand mes parents travaillaient.

Ma fille fait du théâtre. La seconde, elle, mange chez mes parents et part au collège.

On appelle ce quartier Bogota parce qu’avant, il y avait de la drogue, des armes. Et c’est vrai que c’est resté.

Ici, vous demandez à quelqu’un le quartier Bogota et ils vous indiquent ! Alors qu’en fait, c’est l’allée des Cèdres.

À l’époque, je n’ai jamais eu de problèmes. On les connaissait. Mes parents les connaissaient. Du coup, on n’a jamais eu de problèmes.

cynthia

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Itinéraire de Georges, réalisé par Emeric Achino, le 25 novembre 2015 à 9:30 / photographe : Clémentine


{ georges } - du marché au stade Georges est un jeune retraité habitant dans une maison pavillonnaire à quelques centaines de mètres du quartier des Escanaux. Ancien arbitre de foot à ses heures perdues, il s’investit à présent dans la vie associative locale.

« Il est bien ce marché. Et puis vous voyez, maintenant qu’il a arrêté de pleuvoir, elle est pleine la place des « T’as-mal-où ». »

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Je viens de Savoie à la base, d’Aiguebelle, au pied de la Maurienne. J’habite ici depuis 1985, mais on a fait construire la maison en 1990. Avant on habitait un peu plus bas. Je travaillais dans l’ancien groupe Pechiney, dans le domaine de la métallurgie. L’usine a fermé, et j’ai été muté à Laudun-l’Ardoise. Quand on est arrivé, le quartier d’Escanaux était déjà tout fait. Pour nous, ça a toujours été là.

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En Savoie, on vivait dans un HLM, mais l’entreprise prenait en charge le surcoût éventuel de la location une fois arrivé ici. Alors bon tant qu’à faire, on s’est dit qu’un petit pavillon en attendant que notre maison soit construite, c’était toujours mieux que de retourner en HLM.

A l’époque où je travaillais, j’allais dans le quartier le samedi. Le plus souvent, c’était pour les matchs de foot. C’était la sortie hebdomadaire quoi. Parfois on y allait en semaine, mais c’était rare ; c’est qu’il y avait un évènement ou qu’on avait une course précise à faire. A présent quand on y met les pieds c’est plutôt le mercredi, pour le marché. Et puis du coup, on en profite, maintenant on a le temps.

Donc on se promène, on flâne, on passe voir les copains. C’est vrai que le trajet de chez nous au quartier est faisable à pied, mais bon … la voiture c’est quand même plus pratique. Et puis les habitudes ont la vie dure. Au fond, déjà on n’aurait besoin que d’une voiture ma femme et moi. Mais bon, il ne faudrait pas qu’elle soit bloquée quand je suis dehors.


Vous voyez, ici c’est mon petit endroit, je suis sûr d’avoir une place. Vouloir se garer dans le quartier, c’est perdre beaucoup de temps. C’est archi plein et c’est la galère.

On vient faire quelques courses parfois ici au magasin des maraîchers, mais c’est rare. On vient surtout pour le marché et le stade de foot. Et puis pour les événements.

Ma femme vient plus facilement que moi en centre-ville. Ce n’est pas que je n’aime pas, mais je n’ai pas spécialement de raison de venir. Je n’ai pas trop trop à faire dans le coin. Après il y a les

restaurants dans cette rue. Il faut bien faire plaisir à la Dame. Là c’est un magasin pour les motoculteurs, alors ils me voient une ou deux fois par an. Il faut bien faire travailler les gens du coin.

Toutes les années, il y a les fêtes l’été. Il y a les fêtes de la fiesta, le 14 juillet, Bagnols en chanson, et puis surtout la fête votive.

Là, ils bloquent toutes les rues. Et puis après, il y a les concours de chant sur l’estrade. J’ai toujours connu ça depuis qu’on est arrivé. Bagnols c’est vraiment bien niveau culture.

Beaucoup de gens viennent au marché, il y a vraiment de tout. Légumes, viandes, poissons, toutes sortes de produits de qualité d’Afrique du Nord aussi. On vient

tous ici acheter pour la semaine. Voilà le magasin de producteurs. Il y en a un similaire à 100 mètres dans les Escanaux, mais c’est pas pareil, il est moins ancien, je ne les connais pas.

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Je me fais toutes les allées au marché, et puis c’est l’occasion de rencontrer des anciens collègues de boulot. Ah bah là, vous voyez, là où il y a les gens regroupés ? C’est la place des « T’as-mal-où ». C’est que des retraités qui discutent, et puis à cet âge on a toujours mal quelque part. C’est souvent qu’on se retrouve à quinze, vingt, quarante personnes qui se regroupent au milieu. C’est un endroit vraiment important.

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Regardez, là, c’est un ancien collègue de boulot. Et puis tout autour, il y a la propagande pour les régionales. Eux, ils savent qui cibler, on ne peut pas dire qu’ils n’ont pas compris qui votait à Bagnols. Et puis voilà, la place autour, j’y suis tous les mercredis. Je fais toutes les allées. C’est ma promenade.

Il y a quelques années, un maire un peu hurluberlu a essayé de détruire cette barre d’immeuble. Il voulait faire une espèce de deux fois deux voies en continuité de l’avenue, qui rentrait là et qui traversait le quartier. Sur le principe ça aurait pu peut-être se défendre, mais il s’y est vraiment mal pris. Les gens y sont attachés à ce bâtiment. Ca fait partie de leur ville, de leur vie. Il a braqué tout le monde et il y a eu

une levée de boucliers. Personne ne voulait entendre parler de ce projet, rien n’a jamais été fait. Pour la mairie, maintenant ça doit être un peu compliqué de prendre le risque de proposer quelque chose ici. Pourtant, sans parler de démolition, c’est évident qu’il faut rénover, remettre ce bâtiment au goût du jour.


Avant, je venais faire mon loto dans ce bar-tabac. Mais vous voyez, regardez, les gens sont obligés de se garer sur les trottoirs tellement il y a pas de place.

Alors depuis que j’ai découvert qu’il y en avait un à deux pas de chez moi, je m’embête plus à venir ici. C’est dommage, ça faisait partie de mes petites habitudes.

Le stationnement ici, c’est vraiment la galère. Et puis c’est pas qu’ici, regarde toute cette rue, il n’y a pas une seule place normalement.

Voilà où tout le monde est censé se garer pour venir au centre du quartier. Je te laisse imaginer les jours où il y a match.

Mais quand je vois ce qu’ils arrivent à faire en Belgique ça me scie. Tout le monde est en vélo et en bus, alors qu’ici on arrive même plus à marcher plus de 100 mètres une

fois sorti de la voiture. En fait, c’est ça, si on veut que des transports en commun marchent ici, il faudrait qu’ils arrivent à 100 mètres de tout. Sinon on ne les utilisera pas.

Bon ceci dit pour le vélo, il va y avoir quand même plus de travail, parce que niveau culturel c’est pas trop dans les mœurs. Et puis chez eux c’est plat, ici c’est quand même

beaucoup plus vallonné. Allez dire à un retraité qu’il ne doit plus utiliser sa voiture. C’est pas à 80 ans qu’on se découvre une âme de sportif.

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Ici c’est la salle de théâtre. Il n’y a pas mal de spectacles de fin d’année qui s’y font, et puis les remises de diplôme. Il y en avait une la semaine dernière d’ailleurs. Après ce que je regarde, ce qui m’intéresse, c’est plutôt les dates des pièces de théâtre. Avec ma femme on vient plusieurs fois par an. Il y a vraiment des pièces intéressantes, et puis ça fait sortir. Du coup, je connais bien les employés. Mais en ce moment ils

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ont des problèmes avec les clefs. Ils ont eu des vols donc ils vont changer toutes les serrures. Quand on vient le week-end, on profite aussi de la salle multiculturelle à côté. Ils organisent souvent des lotos. On y passe de temps en temps. La salle est bien équipée, avec une cuisine et un espace de bar. Ça permet aux organisateurs de vendre des boissons et des gâteaux comme ça ils ne perdent pas d’argent.

Le skatepark a été monté ici il y a une dizaine d’années, et puis il est bien utilisé par les enfants. Ça m’amuse de les voir quand je viens ici pour aller au stade ou au théâtre. Et puis au moins, ça les défoule. J’ai jamais trop compris pourquoi ils avaient mis un grillage autour puisque c’est toujours ouvert au public. Regarde là c’est la zone qui est censée être réservée aux employés

municipaux qui viennent pour l’entretien. Mais en fait, tout le monde s’en sert. Là-bas, il y a des jeunes qui viennent pour s’entrainer à l’athlétisme. Le club ici marche vraiment bien, il y a beaucoup de licenciés.


Voilà l’entrée de service du stade, ils sont en train de faire l’entretien donc c’est ouvert. Et puis je les connais donc c’est bon on peut entrer.

On va allez voir un peu l’intérieur. Ça fait quelque temps que je ne suis pas entré par là.

Quand je suis là en tant que délégué pour l’arbitrage pour le foot, et bien, je suis dans la petite guitoune en plein milieu, entre les bancs des équipes.

On est là pour évaluer les arbitres, les conseiller, mais on essaye surtout de distribuer des bons points.

Après si je suis juste là en spectateur, je me mets dans les tribunes, sur la droite. La couverture au-dessus des tribunes, ça remonte au moment où

le club était brièvement monté en CFA2. Bon, ils n’ont pas eu de chance. Je crois qu’ils y sont restés que deux ans avant de redescendre.

La buvette, elle est commune au stade et à la piscine. Elle appartient au club de foot, mais ils ont mis en place un système. De septembre à mai, c’est ouvert

côté foot, et ça ouvre pour les rencontres. L’été, c’est mis en gérance au plus offrant et ils ouvrent de l’autre côté pour la piscine.

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Voilà j’y ai passé quelques samedis ici. Bien souvent quand on vient juste pour le foot ou le théâtre, on va se garer sur le parking de cette tour.

Enfin, on tourne un peu histoire de voir si on n’a pas de la chance plus près, mais le plus souvent on se gare là-bas. Jusqu’ici il y avait à chaque fois de la place.

Quand je suis arrivé en 85, j’avais parlé avec quelqu’un au stade. Se garer c’était déjà un problème et je comprenais pas pourquoi ils faisaient pas un grand parking souterrain.

En fait, le problème de place ici, c’est surtout dû au fait qu’on est sur un lac. Donc un grand parking souterrain, c’est juste pas possible.

L’été, on va plus en haut souvent, à l’amphithéâtre en plein air. Alors autant dire qu’ils me voient à toutes les saisons sur le parking de la tour.

On vient voir les chanteurs qui y passent, et puis aussi les humoristes. C’est agréable en été de pouvoir profiter de ce lieu.

Pour tout dire, l’accès il n’est pas très pratique. Il y a quelques escaliers, mais quand c’est une foule qui vient, ça devient vite compliqué.

Et puis ils commencent à dater un peu aussi, les pierres commencent à se desceller.

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Ici à l’amphithéâtre de verdure, il y a des gens connus qui passent. Ça marche bien leur affaire, même si la scène est un petit peu petite et que ce n’est pas couvert. Ça serait bien d’ailleurs qu’ils le couvrent. Au moins, ils n’auraient pas à annuler des représentations quand il pleut. Après, j’imagine que ça doit se chiffrer en millions une couverture pareille.

L’association fait payer pour les représentations, mais ce n’est pas cher et puis il faut bien organiser le spectacle, et faire venir les artistes. Avant, les gradins étaient tout en pierre, comme les escaliers, mais c’était dégradé. Je crois que ça a été refait par des gens en réinsertion. L’été, il faut amener son petit coussin pour être confortable ici.

Les gens viennent courir aussi par ici, c’est vrai que c’est un coin agréable. Il y a plein de petits chemins dans les coteaux, et puis avec la végétation, on se croirait presque dans les bois. L’été, il y a quand même plus de monde que ce matin. C’est vrai que l’hiver avec les feuilles, courir dans des chemins en pente c’est pas la meilleure des idées.

Quand je prends ce chemin, c’est pour aller à la mairie voir la boite aux lettres dédiée au jumelage de la ville. Il faut y passer au moins une fois par semaine, parce que ça marche bien ces jumelages, et il faut être attentif si on veut que ça continue. Donc dans ces cas-là, et bien je viens systématiquement me garer sur le parking de la tour. Ils doivent croire que j’habite ici à la longue.

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Ah oui, c’est vrai. La ville organise aussi des parcours nocturnes. Chaque année, ils prennent un thème différent, et puis comme ça on découvre des choses sur notre ville. Je crois qu’au début ils voulaient attirer des touristes avec ça, mais en fait ça marche super bien avec les habitants.

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L’année dernière, le thème c’était l’eau. Ma femme y est allée et ils ont montré pleins de choses intéressantes, notamment les canaux souterrains qui restent. Alors du coup lorsqu’il y a eu la journée du patrimoine, c’est elle qui a fait la guide touristique et qui m’a emmené voir tout ça.

Et puis voilà, on est de retour à la Et puis vous voyez maintenant qu’il place. C’est la dernière allée du a arrêté de pleuvoir, elle est pleine la place des « T’as-mal-où ». marché. Il s’étend quand même de haut en bas de la vieille ville. J’adore vraiment me promener dans toutes les allées, jusqu’à la place de la médiathèque, même si souvent j’achète tout en bas. Il est bien ce marché.

georges


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Itinéraire de Chantal, réalisé par Clémentine Terrier, le 24 novembre 2015 à 14:40 / photographe : Elodie


{ chantal } - le tour de mon quartier Chantal est arrivée en 1978, à Bagnols-sur-Cèze. Elle habitait à côté du quartier et elle le fréquentait alors plus souvent, pour voir des amis ou faire des activités. Aujourd’hui, elle fait partie du conseil citoyen du quartier.

« J’habite ici depuis 2006, et, en fait, c’est ma première accession à la propriété. »

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J’habite ici depuis 2006 et, en fait, c’est ma première accession à la propriété. Ce qui m’a plu, c’est la lumière, car je suis orientée plein Sud.

Je n’ai pas choisi le quartier pour le quartier. Mais ce que j’aime bien c’est qu’il y a de la verdure pas loin, un joli petit parc avec quelques arbres.

Avant, quand je n’habitais pas encore ici, je connaissais quand même le quartier, parce qu’à une époque c’était le quartier où il ne fallait pas aller.

Bon, on va aller dehors tant qu’il fait encore beau, c’est bien.

Si vous voulez, ici, au départ, ils avaient juste fait un mur. Un mur d’enceinte, qui encadrait le parc. C’était le seul endroit où il y avait des arbres.

Mais ils ont construit et ça a été mal accepté par le reste du quartier. Ensuite, ils ont monté des grillages sur les murs, parce qu’ils balançaient des trucs.

Là, vous avez pleins de petits chemins. Les Passerelles, ils ont leur bureau par là, ils avaient fait par exemple un film à l’extérieur.

Je sais pas si ça vaut le coup, je vous montre juste. On ne va pas jusqu’au bout.

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Voilà, à côté c’est le rond-point de la route d’Avignon. Vous voyez c’est très rapide. Je passe par là pour aller à Weldom.

Les bâtiments ont été un peu vidés, et ils vont les démolir. Ils ont fait des rénovations comme ça, au quartier de la Citadelle et de la Coronelle. Maintenant, c’est celui-là.

Ces bâtiments ont été construits à l’époque de Marcoule. Donc, effectivement ça n’a pas été pensé comme un ghetto, au départ.

A côté, on n’est que sur des habitations, quoi. Le seul quartier qui peut vivre un peu, c’est là où il y a quelques commerces.

On va tomber sur le petit parc, je En général quand ça construit, ça crois que ça fait encore partie des enlève des arbres. Escanaux. Là, on a encore de la verdure, encore des arbres, ça va.

Ici, il y a des commerces aux abords. Derrière le parc, il y a un kebab. Voilà, le centre-ville n’est pas loin. Là, il y a le lycée Sainte-Marie, le lycée professionnel. Quand je suis

arrivée ici, il y avait un resto. C’était la fourchette je crois. C’était un resto sélect. Maintenant on n’a que des snacks dans le coin.

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Ma première adresse à Bagnols, A côté du bâtiment orange, la fenêtre c’était là. J’habitais au-dessus de la la plus haute. Bourse, à côté de l’hôtel. C’est un médecin qui occupait le dessous, et moi, je louais le studio en haut.

Voilà le grand parking, où il y a le Il y a des parkings gratuits par ici. Là marché, enfin une partie du marché. bas, c’est payant aussi.

Et voilà le fameux mur. Les fruits et légumes, ça fait longtemps qu’il y est. L’espace Bien-être, c’est quelque chose de nouveau, qui a changé.

C’est vrai que quand on arrive comme ça, ça fait tout un mur, et les gens le vivent un peu comme un rempart sur la ville. Donc voilà, il y a Bagnols et il y a les Escanaux.

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Il y a d’autres commerces : le petit Inter, le tabac, la boulangerie. Il y a tout ce qu’il faut. Donc c’est vrai que de ce côté là, ça va.

Le petit Inter était un Monoprix au départ. Quand je vous parle du Monoprix c’est quand j’habitais à côté. Là, depuis 6 ans il n’y a rien qui a changé.


Quand j’étais plus jeune, j’étais rarement là. Si ce n’est au centre culturel, voir des copines, à la tour des célibataires. C’était avec des objectifs.

Là, vous remontez sur le Mont Cotton, sur l’Hôpital, donc c’est un chemin que j’emprunte.

J’apprécie l’environnement tel qu’il est. Après, c’est vrai que les rassemblements sont assez homogènes, il n’y a pas trop de mélange de populations.

Je ne passe pas non plus énormément de temps dehors, sauf quand je bois mon café en terrasse, là-bas, ou l’apéro le soir.

Voilà donc, après ils ont refait la crèche. C’est un quartier que j’ai beaucoup fréquenté à cause de la crèche à l’époque, sans habiter le quartier. Ils avaient fait cet algeco

pendant les travaux. J’ai appris que Colombier, le village d’à côté, a fermé leur crèche donc ils viennent là aussi. Il y a beaucoup de choses provisoires qui durent dans le coin.

Les bancs sont relativement occupés ici se plaint, car sous sa fenêtre il y la journée, et le soir. Il y a souvent a plein de monde qui discute et qui des rassemblements, des gens qui fait du bruit. parlent là, sous ce bâtiment, ou un peu par là. Le kiné, qui est installé

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Parallèlement, ça reste assez J’ai jamais vu faire la fête des voisins tranquille. Bon, à part les moments dans le coin, même nous dans la exceptionnels de fête. résidence.

Je vais vous présenter la tour des «T’habites où ? Au 14e. Bon d’accord célibataires. Seize étages, avec des je monte ». Mais quand on est jeune pannes d’ascenseur très fréquentes, il n’y a pas de problème. quand j’allais voir mes copines.

Et là, vous avez un parking. Et là encore un parking. Alors c’est vrai, c’est bien encadré de parkings.

Donc il y a 3 tours. Celle que l’on voit en face de chez moi, celle aux nuages, là-bas, et la tour des célibataires.

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Les bâtiments ne sont pas très beaux globalement, mais bon, il y a un cadre quand même. Puisqu’il y a plein d’îlots de végétation.

Donc, il y a cette salle qui a été créée, pour des festivités, des évènements, des conférences.


Mais c’est comme la piscine. Vous voyez, quand j’ai commencé à Bagnols, donc je n’étais pas loin, par exemple, quand la piscine ouvrait en août, on faisait des rencontres pour le volley-ball en quantité. Il y avait beaucoup d’activités, il y avait des barbecues. Tout ça, ça a complètement disparu. Je ne saurais pas dire en combien de temps, ni pourquoi.

Et là, ce n’était pas mon quartier mais j’y venais. Plus pour le volleyball que pour la piscine. Mais c’était des moments vachement sympas, on s’inscrivait, on savait pas avec qui on jouait, il y avait des moments d’échange.

C’est vrai que quand j’avais des amis qui habitaient là, la population était beaucoup plus diversifiée. Ça s’est détérioré petit à petit. Là, il y a des tas de gens qui habitent dans le coin qui vont demander des dérogations pour pas que leurs enfants aillent là. C’est pareil à la Citadelle.

C’est le quartier que je fréquentais au tout début, dans les années 80, surtout de 78 à 85. Et puis bon, ça a changé. En général, les personnes sont parties pour des raisons personnelles en général.

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Le centre culturel, j’y vais de temps Soit, on me parle d’une conférence, en temps, pour des concerts ou soit, je tombe sur une affiche qui me autre, c’est commode, je ne cherche tente et c’est au bon moment. pas pour me garer. C’est toujours suite à une opportunité que j’y vais.

Là, c’est vrai qu’en termes d’ethnies, je pense qu’il y a beaucoup, d’algériens, de marocains, très peu de tunisiens, globalement, des asiatiques, pas trop, après les gens

du cru, bagnolais, et puis après les étrangers, les gens comme moi. Maintenant, ça fait plus de 30 ans, donc, je ne suis plus considérée comme une étrangère.

Là c’est vrai, ce qu’on dit : c’est qu’il suffit de regarder les paraboles pour savoir qui y habite.

Alors il y a des ralentisseurs, là. Sur des routes-parkings. C’est la spécialité à Bagnols, les routesparkings.

Sur ce parking, tous les dimanches matin, normalement, il y a une espèce de vide-grenier. Ce serait plus sympa de la faire sur le parc que là, mais bon.

Donc, voilà dès qu’il y a réhabilitation, vous avez ce genre de chose, avec parc sécurisé. Dans ce quartier on sécurise. Et plus c’est sécurisé, plus il y a d’attaques.

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Donc voilà la tour aux nuages, làbas, qui est soi-disant réputée pour sa décoration. Sur internet vous pouvez la trouver, c’est un mec célèbre qui a fait ça, ça a coûté cher.

Donc c’est vrai que comme ces bâtiments ont été construits dans l’esprit Marcoule, ça fait quand même dortoir, ce n’est pas très vivant, en plus c’est l’hiver.

Le stade accueille des matchs plutôt de foot. Je les entends de mon balcon, je les entends crier, s’entraîner mais je ne peux pas dire que j’entends la foule en délire.

Là, c’est le dernier bâtiment né dans le coin, le «K’ube », je ne sais pas ce que c’est. Derrière, il y a les terrains de tennis, je ne sais pas dans quel état ils sont.

Donc, voilà. On est revenu au point de départ. Tiens, elle a mis un drapeau Sophie. Ok. Mon chrysanthème est habituellement très touffu, mais alors cette année

non. Ça fait curieux, quand même. Je vous offre un café quelque part ? Ou un truc chaud ? Comme ça on va au Bengali.

Voici mon point de chute dans le quartier : le Bengali. C’est un des rares bars de Bagnols qui est dans un environnement naturel, quoi. Avec des arbres, quand je dis naturel, on

s’entend. Les pierres ça peut être naturel aussi, on est d’accord. Donc ça c’est un coin très sympa du quartier.

chantal

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Itinéraire de Marc et Omar, réalisé par Lauriane Bererd, le 23 novembre 2015 à 16:40 / photographe : Mélody


{ marc

et omar }

- la sécurité Marc et Omar, policiers municipaux en charge de la sécurité des entrées et sorties d’écoles du quartier des Escanaux, réalisent une ronde quotidienne. À travers cet itinéraire, ils nous montrent leur manière de pratiquer le quartier.

« C’est vrai que c’est un avantage aussi de travailler dans la commune dans laquelle on a grandi. »

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Ce qu’on fait c’est qu’on surveille la sortie et la rentrée des écoles, on sécurise, on barricade. Quand les gens voient la police, ils se sentent en sécurité.

Et puis à force d’être là, les gens nous connaissent, donc on se connait de vue. Ça crée quelques liens, c’est sympa.

Alors le quartier, ici vous avez le stade des Escanaux derrière le stade de foot, le principal où le club de Bagnols joue.

L’école des Escanaux, l’école primaire et maternelle, ça doit être une des plus grandes de Bagnols, je pense.

Alors « Escanaux », c’est un nom qui est déformé parce que ça ne veut rien dire « Escanaux ». À l’origine, le nom exact c’est « ex canaux ».

C’est une rivière, un ancien ruisseau qui a été, qui a été asséché, canalisé, qui arrosait, en fait, tous les jardins du coin du quartier.

Parce qu’à Bagnols, il y avait des remparts à l’époque.

Donc ici c’était des jardins, il y avait des champs, et c’était irrigué par des canaux. Donc, ça a été asséché d’où le nom « ex canaux », voilà. Voilà pour la petite histoire.

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Et puis, vous avez des tours notamment celle-ci c’est la tourette. On l’appelle la tour nuage, car elle a des nuages tout simplement.

Vous avez la tour A, la tour B et la tour C.

La tour C qu’on appelle la tour des célibataires. Pourquoi ? Parce que C comme célibataire, et puis il y a des petits appartements c’est souvent des personnes seules qui y habitent.

Donc ça, c’est un peu l’histoire du coin.

Le « mont coton », c’est juste audessus au pied de la grue. On appelle ça le théâtre de verdure aussi. Au pied du mont coton, il y a un petit théâtre où il y a des spectacles.

C’est un espace vert, il y a des gens qui se baladent. Il y a des joggeurs, des gens qui viennent pique-niquer, des étudiants qui s’arrêtent un petit peu.

Voilà, tout ce qu’on peut dire. Voilà, on prend la route ?

Allez, là donc on rentre au bureau. On vient tous les jours logiquement entre 8h et 9h, 11h et 12h, 13h, 14h et 16h, 17h.

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On venait suite aux attentats commis vendredi dernier. Donc on était présent à toutes les rentrées et sorties scolaires.

Là, on vient à la rentrée du matin, sortie matin et sortie le soir. C’est notre travail régulier. On a une attention particulière aux rentrées et sorties d’écoles.

Et à ces heures-là : 8, 9, 11, 12 et 16, 17 heures, on s’occupe en priorité des écoles, en plus du stationnement qui est notre fonds de commerce.

Parce que là, si on est pas là, les gens vont se garer au milieu, ils vont faire ça. Ça va être l’anarchie. Donc notre présence dissuade. Pas besoin de verbaliser, c’est le but.

Voilà on y va ? Bon voilà, c’est notre trajet quotidien, matin, midi et soir, et toute l’année.

Enfin l’année scolaire, du mois de septembre au mois de décembre et puis en janvier jusqu’en juin, sauf quand il n’y a pas d’école.

Alors, il y a deux écoles un petit peu plus loin derrière la tour. Il y a une école privée, une école maternelle, non maternelle et primaire, hein ? Aussi Sainte-Marie c’est une école privée.

Et au fond, où ça fait un le cul-desac ; il y a un collège, voilà, le collège du bosquet.

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Le conseil général, c’est le bâtiment gris qui est juste sur la droite, vous avez dû le voir en passant juste devant. Voilà le bâtiment qui est gris clair, c’est le conseil général.

C’est là où il y a la vidéo protection, c’est eux qui regroupent les encombrants. Ils appellent le service qui s’en occupe pour venir les récupérer parce que ça fait sale quoi. Voilà, voilà notre trajet quotidien.

On va passer par là, et c’est ce qu’on fait aussi. Voyez, il y a des objets C’est sympa non ? abandonnés ce qu’on appelle les encombrants. On appelle notre CSU centre superviseur urbain.

Ça, c’était pas mal, c’était le, c’est Alors certain se sont, alors je ne sais qui, c’est pirate. Je ne sais pas si vous pas si c’est les copains ou si c’est eux le connaissez, il a du talent. Bon, il a qui se sont barbouillés, mais voilà. marqué son nom. Et voilà c’est sympa quoi. C’était, C’est tous les jeunes du quartier c’est agréable d’avoir sa bouille sur le qui ont donné leur photo et il les a mur comme ça, c’est bien fait. C’est repeint sur le mur, c’est sympa. C’est vraiment un artiste pirate. les gens du quartier, oué oué.

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Il fait des choses. Je ne sais pas si vous avez vu à l’entrée de la ville de Bagnols, route d’Avignon ? Il y a un mur, c’est une fresque et suivant les évènements qu’il y a à Bagnols, il

fait, comment dire, il change. Il y a eu le festival du, c’est quoi qu’il y a eu, le reggae. Il y a eu le festicoton enfin des tas de choses comme ça.

Si vous avez l’occasion, tiens, vous allez à la sécurité sociale et vous prenez le couloir tout en montant, c’est pirate. Donc c’est son nom d’artiste qui a décoré le couloir.

C’est une merveille. Après bon, ça plait ou ça ne plait pas, les motifs sont ce qu’ils sont. Je crois que c’est à la bombe qui fait ça, c’est impressionnant.

Après, il y a des petits idiots qui se sont essayés aux dessins, qui ont fait des petits dessins dessus, des saletés. Le dessin lui-même est fantastique.

Voilà, le matin sur le terrain on voit de temps en temps les jeunes lycéens qui sont réveillés par leurs activités sportives. Ils se les gèlent en ce moment sur la piste à côté.

Là, cette espèce de toit vert en pointe, c’est le centre, la pyramide. On appelle ça : le « centre culturel ».

Et là, derrière la tribune, c’est la piscine municipale. Il y a un bassin olympique de 50m, une petite pataugeoire à l’extérieur. Elle n’est pas couverte.

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Ca m’arrivait de venir quand mon fils était plus jeune. Il y a un terrain de tennis à côté, un skate parc donc oui oui, je venais, mais là bon, il a grandi. Non non, après je viens dans le quartier là où il y a des commerces, à côté de chez nous.

Tous les villages sont sympas dans le coin. C’est joli c’est, c’est classique, il n’y a rien d’extraordinaire, mais bon, des petites rues et il y a beaucoup de maisons en pierre. C’est pittoresque, c’est sympa quoi si vous aimez ça. Dans tous les villages, même dans le centre de Bagnols, il y a des petites rues sympas.

Il y a des hôtels particuliers à Bagnols. Il y en a pas mal et vous avez des cages d’escaliers, des cours intérieures, c’est vraiment à voir pour celui qui aime la pierre.

Alors que là ils sont quand même à l’abri, chauffé, mais je ne sais pas ce qu’il se passe exactement.

Omar, tu racontes une histoire ? J’en ai une, je peux ? Qu’est-ce qui Ça, c’est un local qu’ils ont fait est vert qui se déplace constamment pour les jeunes, pour les jeunes du sous l’eau ? Attention, celle-là c’est quartier, qui est très peu fréquenté une blague hyper police. finalement. Pourquoi ? Je ne sais pas, ils préfèrent se réunir entre eux plus haut.

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Et là, c’est le secours populaire. C’est là où on va manger la soupe l’hiver.

Quoi d’autre ? Certains enfants viennent nous voir. On a des petits qui timidement nous font un signe de la main alors on leur fait coucou, ils sont tout contents.

Quelquefois, il y en a qui sont un peu plus intimidés ou attirés, je ne sais pas. Mais bon, on a une bonne approche.

Voilà, c’est avec ceux-là qu’on a un peu plus de difficulté. Ils jouent les cadors, ils font les idiots. Voilà, ils se sentent très malins, ils le sont certainement pour les copains.

Ce n’est pas la majorité, ils ne sont pas bien méchants. Qu’il est beau !

Voilà là, c’est le jardin Marcel Pagnol. Ça a été aménagé un petit peu pour les enfants.

C’est sympa aussi l’été, il y a pas mal de personnes sur les bancs, c’est agréable, il y a de l’ombre et puis les gosses aiment bien jouer.

C’est vraiment dans le centre, à deux pas du centre. C’est vraiment excellent, c’est un coin qui est apprécié des gens et d’autour. Voilà, on arrive à notre base.

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On est toujours dans le quartier, on est à la limite, mais on est toujours sur le quartier. Oui, c’est la limite pour nous.

Ces bâtiments, ils font partie des Escanaux et ça, c’est les derniers après c’est plus les Escanaux. La rue fait barrière.

Donc voilà, il y a quelques petits commerces, c’est assez vivant quand même. Bonjour, ah ça, c’est les enfants de l’école.

Les Escanaux s’arrêtent là. Là, on est plus dans les Escanaux, la rue fait barrière, voilà c’est ça, voilà !

Il y a quand même une pharmacie, fruit et légume. Qu’est-ce qui y là encore ? De l’autre côté, une boulangerie, Intermarché, ça bouge là.

C’est le fonds de commerce, ça bouge pas mal. Après les Escanaux, les bâtiments, c’est des HLM quoi, pas de problèmes particuliers.

Bon, la population, nous on s’est toujours, on s’est toujours, comment dire ?

On a toujours patrouillé dans le quartier sans aucune réticence sans aucun problème.

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Moi je suis né ici contrairement à mon collègue, voilà, donc automatiquement, contrairement à lui, je suis un peu plus souvent dans le centre-ville.

Voilà, c’est que ça permet d’avoir par l’ensemble des Bagnolais, une bonne entente, une connaissance des gens, des autres.

Ce qui nous permet de pouvoir avancer ici professionnellement. Voilà, c’est un bonus.

J’habite à Bagnols à 3 km sur la route de Lyon, en parallèle avec mon collègue, mais je suis né à Bagnols, je suis natif d’ici donc tout le monde me connait.

Je connais tout le monde. C’est plus pratique justement quand je patrouille avec les collègues, voilà. Il y a ce respect-là aussi oui, voilà. Ça désamorce des situations.

Donc c’est vrai que c’est un avantage aussi de travailler dans la commune dans laquelle on a grandi.

Pour éviter des problèmes, des soucis que certains autres collègues peuvent rencontrer dans des quartiers plus ou moins difficiles.

Bagnols c’est un gros village en fait.

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Donc on n’a pas de problème comme on peut avoir, sur des villes comme Nîmes, Avignon, Alès. Voilà les gens d’ici, sont ici depuis des années.

Des parents quoi, ça fait des années qu’ils sont ici après il y a leurs enfants. C’est une grosse famille quoi. Voilà c’est un village, un gros village.

Bagnols avant, c’était le bâtiment que vous voyez, en face, vous avez des remparts derrière ce bâtiment. Bagnols, c’était situé ici. Vous avez le clocher ici.

Le pic on parlait de la sécurité sociale. Là, c’est les remparts extérieurs donc, Bagnols c’était ce bourg tout simplement.

Là où on est, c’est des jardins, il y avait un bâtiment qu’on ne voit pas derrière qui était un bâtiment de religieuse, là où est l’école SainteMarie, une école privée.

Tout ça c’était des jardins, c’était la campagne.

Il y a une bonne ambiance ici. Et le monsieur qui est parti, c’est le chef responsable de la police municipale.

On est qu’ici, après, il y a la police nationale qui est vers autre chose, qui est vers la sécurité sociale, on en parlait tout à l’heure.

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Il y a aussi la gendarmerie qui est à l’extérieur et puis, nous la police municipale. Voilà, on vous a tout dévoilé.

[Bruit de klaxon] Ola salut ! Voyez on est copain avec tout le monde. C’est agréable.

Vous voulez qu’on rentre ? On finit sur la rue, elles prennent des photos.

Ah, il fait meilleur là. Voilà le poste.

Voilà quoi, si vous voulez notre bureau, c’est la cage à ballet au fond.

Voilà, je ne sais pas, on va vous faire un petit tour. Avancez, oui tout le monde est parti.

À l’époque, c’était des commerces. Les bâtiments appartiennent à la Mairie et donc c’est des commerces qui ont été, qui ont été abandonnés.

Enfin abandonné... Il n’y a plus de commerces quoi. On a récupéré les locaux et on en a fait nos bureaux ; à côté du Crédit Agricole.

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Je ne sais pas si vous avez fait attention, l’agence a fermé pour ouvrir ailleurs, donc voilà. Est-ce qu’on va reprendre les locaux pour agrandir nos bureaux ? Je ne sais pas.

Voilà, donc c’est un petit peu, un petit peu vieux voilà ce n’est pas forcément toujours très adapté.

On n’a pas de missions statiques comme certains qui restent pendant des heures à surveiller ou qui sont obligés de faire de l’îlotage pendant longtemps.

S’il fait trop froid, on fait une heure, on rentre et on ressort. Ça va, on n’est pas mal loti à Bagnols.

Quand on est en sous-sols, il y a des vestiaires, bon c’est des locaux assez vieux. Voilà, voilà où on vit. C’est triste ?

On est des SDF. Là ça va les premiers froids, mais ça va être pire. Mais bon, on n’est pas bien habillé et puis quand on a froid on rentre.

marc et omar

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Itinéraire de Léa, réalisé par Mélody Benoit-Cattin, le 26 novembre 2015 à 8:40 / photographe : Lucie


{ lea } - de l’école à la maison Léa, maman de deux enfants de 5 et 8 ans, se rend chaque matin pour 8h30 à l’école Jules Ferry. A travers son itinéraire, elle nous fait redécouvrir son enfance et celle de ses enfants.

« L’école et les magasins, c’est vrai que rien que pour ça, je resterais presque là. »

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On va aller dans ce sens-là, dans le sens inverse. Il ne fait pas chaud avec ce vent.

A l’heure actuelle, ça fait deux ans et demi que je suis aux Escanaux. J’ai habité à Bagnols quand j’étais ado. J’ai fait ma primaire ici.

Je suis repartie y a 5-6 ans, du côté de l’Hérault à Ganges. Je suis restée 4 ans avec le père de mon dernier et puis je suis redescendue sur Bagnols il y a 2 ans et demi.

Mon grand est en primaire et l’autre en maternelle. Je leur ai coupé leur année scolaire en plein milieu lorsqu’on est arrivé.

Le trajet pour l’école, c’est simple. J’habite juste là, donc l’école est à 2 minutes. Quand on se lève en retard, on est quand même à l’heure. La dernière fois, 7h50 le jour de la

rentrée. J’ai dit « vite les gosses ! ». Une demi-heure pour se préparer, et on était à l’heure à l’école.

Je fais mes courses en face, derrière Aldi. J’ai tout autour donc c’est vite fait. Pour les courses en général je prends ma vieille « tripe ». À part quand je vais

acheter quatre conneries. Là je prends trois sacs et je porte tout à la main. Mais quand c’est les gros trucs comme le lait, la lessive, c’est plus pratique avec la voiture.

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Moi, je ne laisse pas mes enfants en bas. Ou en tout cas, rarement, parce qu’ils sont tous un peu à se sauter dessus, je n’aime pas trop. Les enfants entre eux sont assez méchants.

De temps en temps si des copains de mon fils viennent, je laisse descendre le grand. Mais le petit je ne le laisse pas descendre.

Moi j’habite juste là, dans ce quartier moisi. Là où c’est critique c’est derrière. En fait, là j’ai les chambres, et de l’autre côté les gens jettent depuis les fenêtres, depuis les balcons. Des fois, on retrouve du pain, des sacs. Ils jettent parfois des sacs poubelles. Voilà, comme je disais, ce n’est pas propre. Ils s’en foutent.

Ça reste des HLM, ils ne se prennent pas la tête. Parfois les halls, ils ne sont pas bien nettoyés. Moi j’ai fait le nettoyage des halls, et ils ne s’en plaignaient pas par contre. Mais là les remplaçants, ils nettoient les poubelles qu’à moitié, derrière les conteneurs. Ce n’est pas réellement fait, donc ça sent les poubelles à 100 kilomètres. L’odeur elle remonte. C’est assez désagréable.

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Je ne pratique pas le centre Léo Lagrange. La piscine non plus, je n’aime pas trop et les petits préfèrent la rivière. On allait plus du côté de la Cèze.

Là-bas, on avait un petit coin qui faisait un peu genre rocher. Ils aimaient bien, ils traversaient la rivière avec la bouée.

Ils allaient de l’autre côté, ils allaient sur le rocher et ils s’éclataient là-bas.

Ils étaient badigeonnés de trucs verts de partout.

Avec un rien, ils s’amusent. Parfois, on se met de ce côté avec le ballon. Je descends avec eux et on finit sur la table là, qui ressemble à une table de ping-pong.

Il y en a un au milieu et l’autre qui essaie d’attraper le ballon. Et ils sont contents.

Sinon on va au Bosquet, où vous avez un genre de parcours. Vous voyez le collège, on longe le long et de l’autre côté, il y a un genre de petit parcours de santé.

On va vers là-bas ou vers le collège pour faire du roller. Mais pas autre part.

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Là j’y vais rarement, seulement quand je vais chez ma mère. C’est là où j’ai vécu pendant mon adolescence. J’ai été au collège du Bosquet. A l’époque il n’était pas aussi bien gardé que maintenant. Ça je peux le confirmer. Ils ont bien évolué car à l’époque on sortait un peu comme on voulait, on faisait un peu ce qu’on voulait.

Maintenant c’est un peu plus serré. Ma petite sœur elle y est. Elle a 12 ans et demi. Elle est là-bas, et ce n’est plus la même. Le moindre truc et tac, les parents sont avertis. Ils ont des relevés de notes, ils vérifient les notes.

Après sinon je coupe par là pour aller en centre-ville quand je vais chez le médecin. La pharmacie, je vais en face à Ed. J’ai les magasins autour donc c’est vrai que le centreville je n’y vais pas trop, à part pour aller chez le médecin, l’assurance ou autre. C’est le côté pratique, même quand on est à pied. Quand ma voiture était tombée en panne, j’allais à Aldi acheter mes quatre conneries à pied. Ça reste pratique, tu n’as pas tout Bagnols à traverser.

A l’heure actuelle je ne travaille pas. Pour le coup je vais me mettre à chercher tout et n’importe quoi. Il n’y a pas grand-chose à Bagnols. J’aimerais bien faire de l’aide à domicile. Je devais faire une formation mais j’ai eu des soucis de santé en début d’année... Mais maintenant que ça va je vais essayer de les relancer. La formation ne dure que trois mois. Quand on a quelque chose dans les mains c’est plus facile de se faire embaucher.

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On a fait le tour, c’est rapide chez moi. Ah et là encore c’est horrible, tous ces déchets.

Quand je suis au balcon, je fume, je vois les gens qui jettent les trucs. C’est normal, comme une grande poubelle, on jette par la fenêtre.

C’est beaucoup de ce côté. Après làbas je ne sais pas. Je crois que c’est aussi le cas, mais c’est pour les chats. Ils aiment bien les nourrir. On est envahi, on sait pourquoi.

C’est comme à l’école. Vous allez dans l’école Jules Ferry, il y a des chats partout.

Sinon je n’ai pas de problème de voisinage. Après le reste, ce qui se passe dehors ça ne me regarde pas. Je n’y prête pas attention, je reste chez moi.

Quand j’ai des copines qui viennent me voir dans le quartier, on n’est pas dehors, alors on s’en fout. Ce qui se passe dehors, ce n’est pas grave.

Ma mère habite juste là dans le quartier. J’ai mon frère qui habite là, dans cette tour. Je suis entourée par la famille, c’est un côté pratique.

Quand je travaillais, ma mère parfois elle emmenait ou allait chercher mes enfants à l’école.

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Et puis leur tante travaille dans l’école. Elle est à l’école Jules Ferry maternelle et primaire. Elle est ATSEM et animatrice. Du coup à la cantine, elle va être avec le grand et à la maternelle, elle va croiser le petit. On a fait en sorte qu’elle ne soit pas en ATSEM dans la même classe que le petit pour ne pas qu’il y ait de problèmes.

Même si il comprend la différence que le lieu fait, si il a sa tata toute la journée dans les pattes, ce n’est pas dit que ça le fasse. Le petit a un sale caractère donc ce n’est pas dit qu’après, si elle le gronde, il ne lui fasse pas la misère à l’école. Et ça, je ne veux pas. Je ne veux pas qu’il y ait de conflits entre eux.

Et voilà on a fait le tour. Mais bon, j’ai le côté pratique de l’école. L’école et les magasins, c’est vrai que rien que pour ça, je resterais presque là. La dernière fois, je me suis levée à 8h pour être à l’école à 8h20. C’était un peu hard mais j’ai géré. J’ai juste speedé les gosses et je suis partie à moitié en pyjama.

J’ai rajouté le pull, le manteau. Et allez, c’est parti. On est à côté, ce n’est pas grave. Ça ne se voit pas. Ça arrive.

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C’est vraiment le côté pratique de tout avoir autour. Sauf pour le médecin. Mais à pied tu en as pour 10 minutes un quart d’heure. Avec les enfants on reste dans le coin. Et puis quand l’école est finie, moi je suis assez stricte. Il y a des parents qui vont laisser libre leurs gamins. J’en vois qui sont jusqu’à 8h-9h en bas. Moi je ne peux pas. Mes gamins à 9h ils sont au lit. Moi je veux du calme. Déjà de 5h à 9h c’est hard. Le p’tit dernier c’est une pile. En plus, le truc c’est qu’à 5 ans, il n’y a pas d’activité pour les gosses. Moi j’aimerais. Cette année il voulait faire soit du foot, soit du rugby. Je m’étais renseignée mais le problème c’est que son père habite à une heure et demie d’ici et les entraînements de rugby à cet âge-là c’était le samedi matin.

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Alors j’ai dit que pour qu’il n’y aille qu’un samedi sur deux, donc deux heures tous les 15 jours, autant qu’il reste chez moi. Du coup j’ai dit non et après, bin le reste c’est à partir de 6 ans. Il n’y a rien à part le judo mais il n’est pas intéressé. Je ne veux pas le mettre dans un truc qu’il n’aime pas parce qu’il va me faire payer pour rien. Donc là je sais qu’il aime beaucoup le dessin. Il n’y a que des ateliers à partir de 6 ans. Le théâtre c’est à partir de 6 ans aussi. Parce que oui, il aime bien se faire voir. Le théâtre ça lui irait très bien. Je voulais tenter. Je vais essayer d’appeler pour monnayer. En plus, il se débrouille bien, il n’est pas en retard. Je vais essayer de monnayer mais ce n’est pas dit qu’il accepte l’organisme.


Mon fils de 8 ans il aimerait bien faire du sport aussi, du foot. Je sais qu’ici il y en a un club.

Je m’étais renseignée à la maison des sports mais ils m’avaient dit qu’il fallait que j’aille voir le mec qui s’occupe de l’entraînement.

Je ne l’ai pas fait cette année, j’attendrais l’année prochaine. Comme ça je verrais pour mes deux fils en une fois.

J’ai fini de meubler ma maison. Je suis un peu toute seule et j’ai dû tout recommencer à zéro. Quand je suis redescendue je n’avais rien. J’ai mis du temps à réussir à tout avoir.

La maison avant tout, le sport après. C’est que des activités. Le bien-être des enfants avant tout. Ils peuvent s’en passer un p’tit peu.

Au fond, j’ai toujours été là. Je suis partie quatre petites années, mais après tout j’ai fait ma scolarité ici.

D’ailleurs il y a des ATSEM qui sont maintenant en maternelle et qui m’avaient à l’époque, quand j’étais à Jules Ferry.

Quand elles m’ont vu revenir avec mon gamin. Oh la claque que je leur enmène mon fils, 20 ans après.

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J’ai fait le même parcours que mes enfants à l’heure actuelle. J’ai fait ma primaire là, et le collège du Bosquet. Moi à l’époque où on habitait là, j’étais au Bosquet et mon frère au Ventadour. Ils essayaient de dispatcher les enfants pour un peu faire des mélanges, que cela ne fasse pas des clans de quartier. Il y avait eu beaucoup de problèmes d’enfants qui se faisaient racketter par des bandes. Ils essayaient de dispatcher pour casser un peu ça. Aujourd’hui, je n’en ai pas entendu parler donc ça doit beaucoup moins se passer qu’à l’époque.

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A l’époque, c’était vraiment des clans, les Iris. Moi, je vois ici les anciens, ceux qui ont mon âge, ils sortaient les flingues. Nous, on sortait avec les copines en bas. Je les voyais en clan, je me disais « qu’est ce qui se passe », puis après tu avais le type qui disait « allez, rentrez, y a embrouilles de quartier ». Entre deux quartiers, c’était limite ils se tiraient sur la tête. À l’époque c’était la Citadelle-Bogota. Ca finissait avec des flingues, c’était normal. Tu étais en bas et puis d’un coup tu les vois, tu te barrais en courant.


Aujourd’hui, la police municipale, ils ne font que passer, ils ne s’arrêtent pas forcément. Maintenant, ils viennent avec les plans Vigipirate. L’an dernier ils venaient beaucoup, parce qu’il y a eu pas mal de tentatives d’enlèvements. Il y a eu quelques gamins qui ont failli être enlevés. Une fois, c’est le frère qui a arrêté le type. Il avait embarqué le gamin de 6 ans devant l’école, devant tout le monde. Mes enfants, ils le savent, ils m’attendent devant.

S’ils ne me voient pas moi ou mon ami Gégé ou Nadège, ils savent qu’ils n’ont pas le droit de bouger. Parfois ils veulent venir me rejoindre, mais je leur dis « non non vous attendez que j’arrive ». Parce que ça va vite en passant en voiture pour te tirer le gamin. Des fois, ils me disent qu’ils y vont seuls. Mais c’est non. Pourtant c’est à côté mais ce n’est plus comme avant. Avant, on pouvait sortir librement. La vie maintenant elle est plus pareille, on ne peut plus rien faire.

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Itinéraire de Julien, réalisé par Charlotte Menge, le 25 novembre 2015 à 10:00 / photographe : Justine


{ julien } - le parcours d’un handballeur Julien, la trentaine, est éducateur sportif dans les écoles primaires de Bagnols. Il vit à Nîmes et effectue les trajets tous les jours pour se rendre aux Escanaux.

« On se rend compte que certains enfants découvrent le centre-ville. »

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Moi, je n’habite pas à Bagnols, déjà, je suis sur Nîmes. C’est à 45 minutes de route. Je viens travailler dans les différentes écoles, notamment ici aux Escanaux.

Après, la plupart des activités avec les Escanaux, on les fait dans l’école même, donc je ne bouge pas vraiment beaucoup avec les enfants des Escanaux à l’extérieur.

Mise à part la piscine, pendant l’été, et le stade, voilà où on les emmène de ce côté-là.

Sinon avec cette école, on fait quasiment tout dans l’école.

On fait juste quelques petites sorties en ville. Deux sorties sur un cycle de courses d’orientation.

On a un petit plan de la ville. On leur fait chercher les rues et des points de repère dans la ville, voilà. Là on sort des Escanaux, on va dans la ville, la vieille ville.

Après la petite balade, là où je passe, c’est souvent la piscine, le stade. Alors on peut faire le tour, mais c’est pas vraiment des itinéraires que j’emprunte avec mes élèves.

Je me déplace sur toutes les installations, on travaille sur trois écoles, tout en voiture, parce qu’on a toujours du matériel avec nous, donc toujours en voiture.

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Alors on va passer plutôt par là, parce que je vais vous montrer l’espace senior avec qui on travaille aussi. L’année dernière, on a organisé des petites randonnées, on va pas bien loin. On est tenus de rester sur la commune de Bagnols, il y a des petits chemins qui passent par là. On fait simplement des petites ballades de 1h30-2h. Ça nous est arrivé de partir de là.

Généralement, elles [les personnes âgées] ont des petits véhicules de la mairie qui permettent de les amener directement sur site. Et comme ça, en 1h30, on en fait un peu plus. Et cette année elles ont moins voulu faire des balades, et c’est, voilà, sortir trop de Bagnols, c’était un peu difficile pour certaines au niveau de la mobilité. Et être dans des endroits isolés, ça leur faisait un peu peur en cas d’incident de parcours.

On était vraiment sur des sentiers dans la forêt, quoi. Et du coup, on est sur une activité pétanque. Et la pétanque, on utilise aussi leurs véhicules, on nous amène sur deux sites. Dans une maison de retraite, celle des Bosquets, où on est allé trois-quatre fois et sinon on les amène au boulodrome qui est au bord de la Cèze, dès qu’il pleut. Mais là, l’hiver on ne fait plus, on ne fait que du scolaire.

Je fais essentiellement du primaire, au collège c’est les enseignants. Le seul rapport avec les collèges, finalement c’est à partir du mois de juin où on travaille à la piscine.

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Là c’est le petit bout de chemin qu’on prend avec les élèves des Escanaux quand on va faire notre petit tour en ville, on passe par ce chemin.

C’est une école qui, jusqu’à là, était classée, parce que, je crois, que ça a changé. Elle a été sortie de la Z.E.P. jusqu’à là, ils bénéficiaient de classes un peu moins nombreuses.

On part à trois pour une classe. Pour 19 élèves : mon collègue, un enseignant et moi.

Chacun prend un petit groupe, et fait un petit parcours dans le centre.

Déjà on leur fait découvrir un petit peu le centre-ville, tous n’ont pas vraiment l’occasion de le faire.

Certains vont un petit peu au marché avec leurs parents. Mais vu qu’il y a école ce jour-là, pas forcément.

On se rend compte que certains découvrent le centre-ville.

Pas tous les enfants sont du quartier, mais en majorité.

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Je crois que la majorité des élèves habitent ici, je pense, car je ne sais pas d’où ils viennent, on a pas les listes de classes.

On les connaît un petit peu, si. On les retrouve l’été, on les côtoie quand il y a la piscine. Il y a beaucoup des Escanaux qui viennent à la piscine. La piscine c’est un petit peu agité.

On fait beaucoup sur les normes de sécurité, écouter, prévenir les accidents d’arriver.

On fait beaucoup entre guillemets la police. Pour pas être trop bruyants, gêner les autres, le reste du public qui vient.

Apparemment, c’était un peu compliqué avant. Ça devient un petit peu plus calme. Les infrastructures n’ont pas bougé. Est-ce que c’est la génération qui n’est pas la même ?

Ou avec mon collègue déjà on va dans les écoles régulièrement, on les connaît mieux. On a un autre rapport avec eux, ils nous remettent.

Ici les maîtres-nageurs viennent travailler, les saisonniers. Ils logent là. Les deux, non les trois fenêtres, ici et l’étage aussi.

Ce sont les logements de la mairie. Elle les prête pour les gens qui viennent l’été.

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[Rencontre avec le directeur de l’école] On fait une petite balade, c’est moi qui promène aujourd’hui.

Alors où est-ce qu’on pourrait aller. Alors le stade vous avez déjà vu. On peut aller voir la porte bleue, là-bas.

On accède au stade par là, avec l’école Jean Jaurès. On propose un petit peu de tout, déjà sur le stade, de l’athlétisme, du rugby, et l’ultimate.

Le matin les installations sont plutôt réservées pour les collèges. Donc toutes les matinées, on est dans les écoles primaires, dans des salles de motricité.

Elles sont un peu petites, mais on se débrouille avec ce qu’il y a.

Y’a quand même pas mal d’installations, des fois un peu vétustes.

Le complexe des Eyrieux est pas mal. Moi je faisais du hand-ball. Je m’entraînais là-bas. Mais le sol est atroce, vraiment très dur.

C’est une salle qui accueille d’autres manifestations, donc ils n’ont pas un sol spécifique, il est polyvalent. Mais on ne va pas avec les Escanaux là-bas.

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Et après on bouge un peu plus pendant les vacances. Il y a les Pass loisirs, vous connaissez ?

Il n’y a pas beaucoup des Escanaux. On se rend compte qu’il y en a un ou deux, mais vraiment pas beaucoup.

Ce sont des activités sportives et culturelles, mises en place par le service éducation. Ce sont les associations qui organisent les activités et nous, on est là pour superviser.

Oui c’est payant. C’est cinq euros l’activité la semaine. Alors oui, je pense que c’est une question de finances. Dès qu’il y a un petit coût, ça compte quand même. Après estce que c’est le déplacement, je sais pas. Ou les activités qui ne plaisent pas forcément à ce public-là.

Alors on avait les dernières vacances, du karaté, au dojo assez récent. Il y avait une activité hip-hop, dans une petite salle en plein centre-ville. Ça a bien marché. On a fait tennis, dans les collines là où on allait se promener avec les séniors. Chaque vacance, ils essayent de changer, la dernière fois il y avait hand-ball, alors vu que je suis un peu spécialiste, je faisais l’intervention directement. Il y avait une activité yoga, j’étais surpris, il y en avait pour les petits, ça a plutôt bien marché.

Au hip-hop, on a retrouvé troisquatre filles qui sont venues du quartier. Une année, on avait fait du football, on a retrouvé des garçons qui étaient venus, mais pas tant que ça. Et cette année, ça a été reproposé, il n’y avait pas assez d’inscrits, du coup ça a été annulé. Après, ils ne participent pas forcément, mais dans les clubs, il faudrait voir s’ils participent plus.

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J’ai passé un concours pour être éducateur territorial. Après, on a trois ans pour démarcher les mairies qui pourraient recruter. J’étais basé sur Nîmes. Je cherchais autour.

Je jouais encore au Hand-ball, alors je regardais où il y avait un club. Après il n’y avait pas beaucoup de postes, j’ai vu qu’un se libérait ici, alors voilà.

J’avais pas du tout entendu parlé des Escanaux, j’étais venu avec d’autres clubs jouer à Bagnols. Au début je me suis installé dans le centre-ville. Mais c’est une ville assez morte

pour les jeunes. Je suis reparti sur Nîmes, pour des raisons familiales, ma compagne est là-bas, et je suis originaire de là-bas.

On ne voit pas grand-chose. C’est les collines qui sont derrière.

Il y a des jolis chemins, une belle vue sur l’ensemble qui surplombe.

On est un peu en cuvette ici.

On a du mal à avoir du recul pour voir les choses.

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Là, il y a plusieurs installations qui sont appréciées, un terrain de handball, des terrains de football. Le club vient ici, et puis aussi d’autres personnes.

C’est clair, il y a des gens qui ne sont pas dans des clubs qui viennent jouer au foot, ils montent les grillages, ou le portail est ouvert.

À certaines périodes de vacances, on ouvre le gymnase, notamment pour du foot en salle. Il y avait beaucoup de monde. Ce n’était pas le même public, c’était des lycéens et jeunes.

Des gars des Escanaux. On ouvrait le gymnase, et on alternait avec celui de Coubertin.

Ici on retrouvait essentiellement des Escanaux et quand on allait sur l’autre, on retrouvait des Escanaux, mais pas que.

Le gymnase était ouvert, on fournit les ballons et les maillots. Surtout pendant les hivers, quand il fait nuit.

Quand on faisait les balades avec les personnes âgées, on prend cette route, ou celle en bas. On passe à côté du parcours de santé, puis on arrive dans une partie un peu plus résidentielle.

C’est beaucoup plus résidentiel pendant un petit moment, puis après, les terrains sont plus grands.

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Il n’y a pas de grande différence, pas énorme, entre les enfants des Escanaux et les autres enfants. En tout cas, moi et mon collègue, on aime beaucoup travailler avec les écoles des Escanaux. Déjà, ils ont des effectifs réduits, et l’équipe enseignante est assez soudée. Il y en a qui sont là depuis un moment, les enfants sont bien cadrés dès leur arrivée, donc il n’y a pas de problème particulier de gestion des enfants.

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Il y a certaines écoles qui ne sont pas dans la zone Z.E.P. qui sont beaucoup plus difficile avec certaines classes, c’est beaucoup plus compliqué. Avec la sortie de la zone Z.E.P., je ne suis pas au courant de tout ce que ça va faire, mais je crois qu’ils vont pendant quelques années continuer à bénéficier, je crois, de certains avantages. Puis au bout d’un moment ça va se lisser et logiquement ils devraient

perdre leurs avantages, des classes avec des effectifs qui vont grandir un petit peu et là ça va devenir plus compliqué. Parce que c’est quand même des gamins qui demandent plus d’attention, qui demandent à être plus derrière certains, voilà ça marche bien quand ils ne sont pas trop nombreux, là où les enseignants peuvent bien gérer tout le monde. S’ils sortent, ça peut redevenir une école un peu compliquée alors que ça ne l’était plus spécialement. En groupes, un pour huit, mais ça doit dépendre de l’activité. C’est l’enseignant qui gère son activité. Mais là avec les évènements sur Paris toutes les sorties ont été annulées.


On a un timing serré, on va passer devant la maison de retraite des Bosquets.

Les écoles primaires ont leur matériel. Selon les cycles, on fait des achats d’équipements, on les laisse dans les locaux des écoles.

Le dernier cycle on faisait du handball, alors je transporte les ballons d’une école à l’autre.

On a aussi un autre local au stade, une petite salle pour changer les équipements. Il y a un peu d’espace, c’est sympa aussi.

La maison de retraite, c’est là où on joue aux boules. On y est allés trois fois.

La personne qui organise a son papa dans l’institut donc on peut laisser le matériel sur place. C’est pratique !

La maternelle, on ne fait pas. On ne fait que les primaires. On les voit un petit peu quand ils viennent à la piscine.

Ça leur arrive de les amener dans la pataugeoire. On les croise à ce moment-là. Montessori, je ne connais pas, juste la façade. Je ne connais pas les locaux intérieurs.

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On va reprendre à droite. On va retomber sur le stade. On a fait une rencontre de rugby, là-bas, c’était surtout des personnes des villages voisins. Il y a un petit local qui a

été ouvert, je crois, l’année dernière pour les jeunes. Mais encore une fois, je ne sais pas trop ce qu’il y a dedans. Il faudrait demander à JeanMarc, au service des sports.

Là c’est le terrain qui est libre d’accès. En passant, quand on est pas dans les horaires scolaires, on voit beaucoup, enfin pas mal, de gamins des Escanaux de l’école

primaire qui jouent au foot. Il y a aussi le skate park. On est aussi à la disposition du périscolaire, c’est le vendredi après-midi.

Je propose de l’acrogym, dans la salle de l’école. C’est un peu juste, mais bon c’est pratique. On est 14. 14 ça va encore. Quand on est 1820, c’est un peu plus compliqué.

Quand ce sont les vacances, je suis pas au bureau, et pas ici. Toutes les communes n’ont pas forcément des éducateurs sportifs ou du moins avec juste ce rôle.

Il pourrait être plus varié. C’est un choix politique de la ville, Il y a des mairies qui confient d’autres tâches. Toutes les mairies n’en ont pas.

Je suis content. Il y a une grande motivation. Les gamins quand on leur demande de faire du sport, il n’y a pas de problème.

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Dans les collèges ou dans les lycées, j’ai fait quelques remplacements, la motivation c’est dur. Cycle d’endurance, des collégiennes quatrième-troisième, les faire courir à 8h du matin l’hiver, c’est dur. Mais bon ça se comprend. Mais c’est dur. À partir du mois de juin, la piscine est ouverte. Il y a les scolaires qui commencent leur cycle. Sur des temps de trois-quart d’heure, on a trois classes qui se relaient. Nous, on

est trois maîtres-nageurs. Il y en a un qui surveille le bassin où les collégienslycéens viennent faire leurs activités, un qui surveille le petit bassin où il y a les primaires qui viennent. Et un qui donne un cours avec l’enseignant, séparé en deux. Sinon, j’ai oublié ça : avec les Escanaux, pour le deuxième cycle, qui commence après février, on a deux classes. Il y a un bus qui met 15 minutes pour la piscine de Laudin. C’est la seule fois avec les Escanaux où on s‘excentre vraiment.

Il y a une année où ils ont essayé de reculer la date de la fermeture de la piscine de 15 jours, c’est tombé une année où il faisait pas beau. Il y a eu personne. Il faudrait faire au cas par cas. Les cours, ils tombent tous en un mois, c’est court. Ce n’est pas un cycle construit. La piscine est vétuste, enfin très vétuste même. La peinture dedans s’en va. Bon après ça coûte très cher, donc tant qu’elle marche, si ce n’est pas très beau autour, ça va.

La piscine est repeinte tous les deux ans. Mais ça mériterait un bon coup de neuf. Mais pour nous, tant qu’il y a de l’eau, qu’elle est chaude (parce qu’elle est chauffée), il n’y a pas trop de problèmes. Avant on ouvrait mi-mai, mais pour des raisons économiques, on a repoussé. Ça faisait économiser deux semaines de personnel en moins. Après, mine de rien, il y a pas mal d’installations disponibles.

julien

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Itinéraire de Christelle, réalisé par Justine Viot, le 24 novembre 15 à 8:30 / photographe : Coline


{ christelle } - les chemins de chaque jour Christelle, 38 ans, elle est maman d’élève à l’école Jules Ferry, elle nous guide avec sa cousine Virginie, au travers du quartier sur les traces de son quotidien en suivant le trajet qu’elle effectue chaque jour avec ses enfants.

« Voilà, notre train-train est là, c’est ça. »

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On a deux chemins pour l’école mais je vous ferai passer des deux côtés. Parce que ça dépend ; le matin un côté, et l’après-midi de l’autre. Pour moi le matin c’est plus simple.

Et après, quand je les récupère on passe par là. Ça m’évite de repartir par là-bas. En temps, c’est à peu près pareil. Parce qu’après on coupe au milieu du parc et on y est presque.

Quand il fait bon, on est souvent plus à pied qu’autre chose. Les enfants, ils viennent de tout le quartier, y’en a qui viennent de làhaut aussi.

Ma cousine, ses filles elles viennent de là-haut, du quartier de la montagne, et après y’en a d’autres qui viennent de la route de Tresques.

Alors là vous avez la piscine, vous la verrez de l’autre côté, on vous montrera l’entrée. Je ne vais jamais à la piscine. Et les enfants, à part avec l’école ils n’y vont pas plus.

Mais sinon nous c’est au bord de la rivière, la Cèze. L’été oui, elle est chaude, nickel. On va se baigner dans un petit coin, ça fait une petite plagette.

Alors là c’est une salle des fêtes. C’est une nouvelle salle des fêtes avec un petit parc, mais une nouvelle salle des fêtes.

Alors là vous avez des bâtiments, c’est pareil, pour les petits, ils viennent à l’école de ce côté-là.

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A la salle des fêtes, souvent, il y a des spectacles qui sont fait, des dons du sang et des réceptions des fois qui se font.

Des fois, il y a des mariages aussi, des Maghrébins qui les font là. Le père Noël vert aussi je crois qu’il vient là ; ou à la piscine, je sais plus.

Oui, il y a une salle spéciale où il y a des spectacles. Et on appelle ça la pyramide là.

C’est vraiment une pyramide quoi. C’est juste là. Oui, parce que là ils ont tout, hein, il y a les sièges, il a les tables, il y a tout.

Là vous avez un boulodrome. On voit, il y a le panneau en haut. Et juste au-dessus le boulodrome, c’est là où y’a des spectacles l’été ; c’est le Mont Cotton.

Ils reçoivent des artistes souvent ici, il y a un festival. Je n’y vais pas toujours. Mais bon après tu as des entrées, quand tu vas faire tes courses dans les magasins.

Là vous avez la C.A.F. juste là. La maison de justice en dessus. Là c’est la tour des célibataires je sais pas pourquoi elle s’appelle comme ça.

On m’a toujours dit que c’était la tour des célibataires. Est-ce que parce qu’il y a beaucoup de célibataires, je ne sais pas.

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Et la tour des nuages elle est de l’autre côté là-bas. La bleue que vous voyez là-bas. Là où vous voyez les nuages, ben c’est la tour des nuages.

Quand ils vont voir un spectacle, les petits à l’école, ils passent par là. Ils longent ; et là où il y a le monsieur, il y a des escaliers, il y a une entrée, et c’est là où tu as la salle.

Et je crois que c’est des retraités là, la dernière fois ils étaient en train de faire de la couture. Ce genre de petite activité des trucs comme ça tu sais ; d’associations, je pense.

Et voilà, là c’est la Passerelle sur Cèze. La Passerelle c’est là où en fin de compte il ya des dames qui prennent les enfants pour faire les devoirs le soir.

Mais bon c’est fermé maintenant.

La crèche est là. Elle est refaite à neuve la crèche. C’est juste derrière là. J’ai jamais mis mes enfants. Il y en a qui les mettent mais moi ne travaillant pas, je préfère les garder.

Et pour y mettre les enfants, il faut bien un an d’attente quand même. C’est vrai que des enfants il y en a, ça je vous le dis.

Ils font des sorties avec les familles, les petits, les étés, les hivers. Ils vont à Marseille à la fête foraine, au parc d’attractions avec des manèges tout ça.

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Alors, pour faire les courses, c’est là, Inter. Mais il va bientôt fermer, je sais pas s’ils remettront quelque chose. Avant c’était le Monoprix, et après c’est passé à Inter. Je sais pas pourquoi. Ou sinon à côté du collège du Bosquet, vous avez un magasin qui s’appelle Aldi aussi, sinon Dia. Et souvent le mercredi matin, vous avez le marché. Il est pas mal. Il est là, y fait tout le long là-bas. Sur la place de la Mairie aussi. Après là on a une pharmacie, là vous avez une

boucherie chevaline. Là vous avez un magasin de fruits et légumes, et là, là-bas de l’autre côté, boom, la même ! De l’autre côté vous avez le laboratoire, une banque, une presse. Il y a un peu de tout on va dire. Voici le bureau de police. Nos amis les bêtes. Mais ça va y sont cools. Claudia c’était une gitane, l’année dernière, et quand elle les voyait, elle faisait exprès de les embêter. De se garer là où il faut pas. Mais bon, ils prenaient ça en rigolant, ça va.

Là, y’a un ancien Crédit Agricole, mais il est parti du côté de Dia, làbas. Là il y a un dentiste, mais il y en a d’autres je crois. Donc là, vous avez un truc de repassage et il y a la laverie juste à côté. J’y vais de temps en temps quand j’ai les grosses couettes. Et là vous avez un bar qui fait restaurant, quand on a les sous, ben on vient boire un café. Là vous avez une coiffeuse, et on repart, sur la légumerie, la halle aux légumes. De temps en temps on vient, il y

a de bons fruits et légumes et puis le prix, il est pas excessif. Voilà, la pharmacie, la boulangerie, le fleuriste. Il ya beaucoup de magasins qui sont fermés quand même.

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Le parc, l’été, j’y vais des fois, mais Souvent dans les parcs, il y a c’est pas tout le temps. J’aime pas des personnes qui sont pas trop trop le parc. présentables.

Pendant un temps y avait des personnes qui me faisaient peur donc du coup j’ai arrêté le parc.

Bon, ça a puni un peu les petits mais bon. Après, au Sainte Marie t’as un autre parc aussi. Mais bon. Moi je préfère faire des promenades.

Mais il y a beaucoup de gens qui viennent quand même.

Alors ce parking, il est toujours plein ,c’est infernal. Chez moi quand il y a le marché, c’est blindé, comme c’est à côté.

C’est juste derrière chez moi. Les autres sinon ça va, on trouve toujours des places.

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Il y a beaucoup de petits maghrébins qui jouent ici.


prenait des nouvelles et tout, mais voilà quoi. On fait pas de bouffe ensemble quoi, je veux dire. C’est amical, c’est de voisinage. Après, les mamans de l’école elles habitent un peu partout dans le quartier, donc on fait des connaissances. Nous notre train-train c’est là, c’est par là. C’est ma cousine. Donc on se C’est vrai que ceux qui habitent connait depuis très très longtemps. l’extérieur c’est plus chiant quoi, Moi si, moi je suis née ici à Bagnols, parce que y’a tout dans le quartier mes parents ils habitaient aux en fait. Donc ceux qui habitent pas Escanaux. Et après, mes parents ils loin c’est tranquille quoi. On peut ont déménagé, ils sont allés dans le faire à pied. J’ai tout à proximité, Laudun. Et après t’es revenue. Moi donc ma voiture, je la prends très ça fait 4 ans que je suis revenue rarement. sur Bagnols. Et moi je suis née à C’est vrai que moi je sors pas Bagnols, mais j’ai vécu dans les beaucoup du quartier, c’est rare. Mais parfois je vais à Lidl pour faire environs sinon. les courses. C’est toujours la galère, Moi dans le quartier je connais mais on s’en sort. mes voisins mais bon voilà on se fréquente pas quoi. On se voit se dit « Bonjour » et tout, mais c’est tout. La dame du dessous, elle avait perdu son mari. On se fréquentait, on se Moi ça fait 15 ans que j’habite dans le quartier. Je suis venue habiter le 1er avril 2000. C’est la vérité, j’ai eu mon appartement le 1er avril 2000. Et ouais, j’étais enceinte quand j’ai aménagé, et j’ai accouché de ma fille, au mois de juillet 2000. Mais c’est pas une blague c’est bien le 1er avril, j’ai pas fait exprès.

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Chez moi c’est Chicago. Quand je suis arrivée fallait être une cramée quand même c’était un peu chaud. Mais bon je suis une cramée moi, donc ça va.

Avant il y avait des voitures qui brûlaient, des coups de fusil. Il y a qu’à voir la voiture là. Mais bon, après c’est une habitude hein.

Alors là, c’est le Secours populaire, y’a les jouets, et les vêtements, donc on achète des jouets pour les petits.

C’est pas trop mal quand même, et puis plus bas il y a l’alimentation.

Là, c’est un bâtiment où vous avez des personnes du foyer qui logent des mamans seules avec leurs enfants et les petits, ils sont suivis par des éducateurs.

Sinon dans le quartier, si on est réglo avec les gens,il y a pas de problème. Si on cherche pas, c’est bon. Mais bon, faut pas être raciste ici !

Pour le quartier, on dépend de Jules Ferry pour l’école, y’a Montessori en face, mais on est sur Jules Ferry.

Pour l’appartement, il faut être courageuse, il y a quatre étages à monter. Vous allez venir boire un café quand même !

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Ce que je crains souvent, parce que les petits c’est vrai qu’ils sortent pas dans le quartier. Ce que je crains souvent c’est que quand ils arrivent, ils roulent comme des fous.

Pas tous, mais certains. Ils se croient sur une autoroute ! Je crie, on n’est pas sur une autoroute, on est en ville.

Ça c’est un terrain de jeux pour les petits du quartier. Après ils ont leur petit coin ils sortent les canapés, les télés tout ça, la chicha.

Des fois on a des descentes de la B.A.C. par rapport au shit et tout ça. Souvent l’été parce que l’hiver c’est pas trop ça.

Là vous avez le stade, il y a des collégiens, des lycéens qui viennent, et les petits de Jules Ferry qui viennent faire le sport aussi.

Le matin on prend ce chemin avec les petits logiquement. Et vous voyez, le matin y’a plein de monde qui prend cette route-là, pour aller à l’école.

Là c’est un petit terrain pour que les gamins puissent jouer. Les gamins du quartier aussi quoi. Après de l’autre côté là-bas, au milieu, vous avez un skate-board.

C’est pour les petits qui font du skate ou quoi. Au moins ils sont tranquilles, ils ont leur petit coin.

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Les gamins ils passent par là le matin. Il y a tout le monde qui passe par là. Les gosses du quartier quoi. Et là vous avez la route normale, làbas, de l’autre côté.

Sinon, ça là-bas c’est la tour G1. Parce que celle qui est derrière chez moi c’est la tour G2. En tout vous avez, 14 étages d’un côté et de l’autre.

Là y’a un autre terrain. Comme il y a beaucoup de gamins il faut quand même entretenir les terrains.

Après comme on dit, Bagnols c’est vrai qu’il y a beaucoup de gamins, beaucoup de jeunesse donc du coup bah on fait pour qu’ils évitent de faire des bêtises.

Là, c’est par où on passe avec les petits le matin. À côté de la tour des nuages. Et là vous tombez sur le grand parking de l’école.

Là y’a Aldi, donc on fait quelques courses aussi parfois ici. Pour quand il manque un truc, c’est pas mal. Au plus simple quoi, on se prend pas la tête.

Après de ce côté-là vous avez les assistantes sociales, avec le conseil général, et les personnes qui sont à l’A.S.E. C’est pour les mamans avec les enfants qui sont en difficulté.

Question obéissance et tout ça passe pas. Donc elles se tournent vers l’A.S.E., pour avoir une aide, et après les petits se mettent en famille d’accueil des trucs comme ça quoi.

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Là de l’autre côté vous avez la cuisine centrale. Elle est juste là. Et à côté y’a un boulodrome, les bureaux de la C.G.T. aussi. Et alors ça, c’est pareil, c’est Dia, le Crédit Agricole qu’on a vu tout à l’heure. Qui sont revenus là. Là-haut, KeepCool, c’est une salle de sport, le Libellule c’est des trucs de coiffure, tout ça. Là vous avez la pharmacie, vous avez une fromenterie, la boucherie, qui est halal, donc c’est vrai que les gens

s’y rendent souvent. Vous avez Dia, Montisport, Mondovélo. Ça fait parti de Montisport, mais ils vendent que des vélos.

Alianz, je crois que c’est une assurance ; Monrec, c’est un coiffeur, une autre assurance. Là où je vais chercher mon pain, c’est la boulangerie Marie. Vous avez une laverie aussi, donc c’est kifkif bourricot avec l’autre ; pour la couette. Et derrière c’est Carrefour Market. Et après là-haut y’a le garage Peugeot, pour la voiture. Et puis après, y’a la Halle, tout ça...

christelle

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Itinéraire de Maurice, réalisé par Coline Brissot, le 24 novembre 2015 à 15:30 / photographe : Charlotte


{ maurice } - ma retraite aux escanaux Maurice, 72 ans, un retraité habitant une tour du quartier. Il nous fait découvrir sa vision de cet espace et des lieux qu’il fréquente depuis toutes ces années.

« Ça fait 22 ans que je suis là. Dans l’immeuble, des anciens, y’en a plus beaucoup. »

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J’habite là depuis 22 ans. Je suis arrivé en mai 93, j’ai fait mes 50 ans, et le mois d’après j’étais là. Mes amis ça les a surpris, y m’ont dit « Oh là là Maurice ». Y m’en ont voulu pendant

quelque temps, parce que j’étais parti loin. Et puis bon maintenant ça va, mais c’est plus comme avant. Y me disaient, Maurice on viendra te voir, mais y viennent pas souvent.

C’est pas trop loin pourtant, mes amis y vadrouillent à droite à gauche, c’est pas trop loin, houla. Mais pour venir me voir, c’est une autre paire de manches.

C’est dommage ça. De temps en temps j’aimerais bien y aller un petit peu à Lyon.

Je suis venu ici pour le climat, et pour raison de santé. Mais maintenant je crains depuis quelque temps, quand il y a le Mistral et la Tramontane, surtout ici la tour, houlà c’est mortel.

Il y a beaucoup de gens qui se plaignent du vent. Il y a beaucoup de personnes qui sont tombées. Donc je ne sais pas si je ne vais pas changer de quartier, je vais voir.

À voir comme ça on croit que c’est bien ces immeubles-là, mais c’est pas isolé, rien du tout. Y’a des studios et des T2. Y’a pas plus grand.

Ici j’ai la chance d’avoir la C.A.F. , la Maison de la Justice, dans le même bâtiment. La maison de la justice, si on a un problème, pour demander des renseignements, tout ça.

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Moi au début, ici dans la tour j’ai eu des soucis avec certains voisins. Je n’y suis pas allé par quatre chemins, je suis allé voir les gens de la justice, et ils l’ont réglé en moins de deux.

Oui, j’en avais un à côté de moi qui était bruyant. Très bruyant ! Et puis il me disait que moi il m’entendait la télé, que-ci, que-là, alors que moi je faisais attention.

Et puis donc, comme moi je suis quelqu’un de dynamique, enfin je fais ce que je peux, je fais partie de l’Association des Paralysés de France, l’A.P.F.

Je fais attention parce qu’y’a des endroits où on marche, des fois les trottoirs y a des trous.

Ce quartier, c’est plus pareil, c’est plus comme avant, ça a beaucoup changé, et puis on avait une haie là, le long. Un matin y sont arrivés, y ont tout rasé, ils nous ont pas

demandé notre avis, si ça nous plaisait ou pas. Et regardez-moi ça. Ce n’est même pas nettoyé ni rien.

Et puis moi aussi je me bagarre pour les emplacements handicapés. Là, regardez ! Y’a pas mal de personnes handicapées qui viennent. Y’a la piscine, y’a le stade, j’avais demandé

des places pour handicapés, mais moi j’en avais demandé trois, ils auraient pu les faire, c’était faisable. Ils ont en fait qu’une, là, alors qu’y auraient pu en faire au moins deux.

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Au centre social où vous m’avez vu, j’y viens pour le chant, on organise des concerts. On chante de la variété, et des chants de noël, ah oui c’est la période.

Sinon je fais partie du Comité des fêtes aussi, mais j’ai ralenti cette année, le Comité des fêtes. Je suis le plus ancien.

On fait beaucoup de choses avec le comité. Des animations, on fait les Galinettes, on fait venir des vedettes là-haut, au Mont Cotton et au parc Rimbaud aussi. Il y a beaucoup de

gens qui nous disent, heureusement qu’y’a le Comité des fêtes, parce que s’il n’y avait pas le comité à Bagnols.

J’ai fait la guerre d’Algérie. Et ici, à Bagnols, les anciens combattants, c’est pareil, j’ai dit que j’arrêtais, que je faisais plus. Ramasser des lots à droite à gauche, pour quand ils

organisent des lotos tout ça, c’est pas facile hein. Déjà l’année dernière, je leur avais dit que j’arrêtais. Je sens que, ben on a plus vingt ans.

Non j’ai personne. J’ai perdu mon papa il y a cinq ans et demi, ça fait que je n’ai plus personne. Lui il était resté à Lyon. Parce que moi je voulais le faire venir ici, mais

il n’a jamais voulu. Il voulait rester. Sinon j’ai des amis aussi, j’ai des connaissances.

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Le bas des immeubles c’est pas entretenu, c’est sale. Moins ils en font, mieux ils se portent. Pareil depuis qu’ils ont fait les travaux de la crèche, maintenant que c’est fini, ils

pourraient nettoyer, arranger, faire une bordure, mettre comme il faut. Et quand y a le vent, avec toutes les feuilles qu’il y a, ça glisse. Faut faire attention où on marche.

Et l’accès pour les gens handicapés, c’est un problème. Quand je rencontre l’adjoint du sport, y me dit que ça coûte trop cher. Y me disent, y’a pas de sous. Oui votre disque il

est rayé, y’a longtemps, je leur dis. Parce que pour certaines choses y’a des sous, mais pour d’autres, y’en a pas.

Alors là, avant ici c’était un ancien dispensaire qu’y avait. Après ils ont fait une maison de quartier, ça s’appelait Passerelle sur Cèze. Ils ont changé de local.

Je tourne dans Bagnols, surtout le mercredi. Y’en a beaucoup qui n’ont pas le macaron et qui s’y garent à ces emplacements pour handicapés.

Et d’ailleurs une année, mon association d’handicapés, avec la police municipale, la nationale, la mairie, moi je tournais avec la mairie, il y avait la fourrière qui

nous suivait derrière, et à mesure, allez. bra. C’est malheureux d’être obligé de râler, parce que si on ne râle pas y’a personne.

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Ah, regardez ça. Oh. Si on ne fait pas attention, une maman s’accroche. Tout le long là.

Y ont fait la crèche, vous voyez. Ah oui c’est tout neuf. Et y ont fait une passerelle accessible.

Je vais un peu dans le parc, mais c’est rare, souvent les bancs sont cassés, on ne peut pas s’asseoir comme on veut. Combien de fois on l’a signalé à la mairie.

Là nous, le Comité des fêtes, on prépare le réveillon du jour de l’an. Y le font aux Eyrieux. C’est une grande salle et y le font en deux fois parce qu’y’a beaucoup de monde.

Et là y ont refait tout le long, la bordure. Depuis qu’y ont fait les travaux, avec un fauteuil roulant avant on ne pouvait pas passer, maintenant la personne elle passe.

Moi je vais au petit Inter là, et une fois par semaine, une fois par mois à peu près, avec mon auxiliaire de vie qui a une voiture, on va à Aldi. Je prends le plus gros là bas.

Parce que le petit Intermarché, on ne dirait pas, mais c’est pas donné quand même. Ah oui je l’ai connu le Monoprix. Ah tout le monde l’a regretté le Monoprix.

C’est comme ce poteau-là, regardez. Lui aussi je l’ai signalé. Un jour y va tomber, s’il tombe et qu’y a personne ça va. Mais si... Quand y a le grand vent et tout là.

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Et regardez, les escaliers. Là. Je l’ai signalé, combien de fois. Ça fait un moment que c’est comme ça. Pourtant ils ne l’ont pas vu. Mais un jour ce que je vais faire, je vais

venir avec Midi Libre là. Qu’ils viennent avec un appareil photo, et puis.

Et puis là y’a deux places pour handicapés, y’a les panneaux. Et ben le mercredi y’en a combien qui s’y garent ? Avec le marché. Alors la police municipale y disent,

mais c’est pas de notre ressort. La police nationale pareille Mais c’est le ressort de qui alors ? Pas le mien.

C’est comme là aussi, tous les ans c’est la même chose là, quand y’a les piafs qui arrivent là. Parce que la journée y mangent dans les vignes, et le soir y viennent, alors je vous

dis pas sur les trottoirs, c’est une infection, houla. Heureusement que vous n’êtes pas venus à ce momentlà. Les moineaux. Et puis y sont nombreux hein.

Des fois oui je vais au marché, j’évite la foule. Alors ce que je fais c’est qu’au lieu de passer sur la place tout ça, je coupe et je passe sur la place de la mairie, là

y’a moins de monde, c’est tranquille. J’y vais à pied, tranquille. Mais j’y vais pas régulièrement, quand y fait pas trop mauvais.

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C’est comme là ce te pierre là, y l’ont déplacée. Y l’avaient mise là parce que y’en avaient qui venaient, des jeunes, faire du rodéo. Avec des motos, des

vélos, encore que les vélos. Y’a des gens qui se promènent là, des mamans avec les enfants. Y l’ont décalée.

Quand y fait beau y’a des gens dans le parc, des mamans qui viennent à la sortie de l’école, qui viennent avec leurs gamins, les faire goûter, s’amuser aux jeux là.

Y’a des personnes du quartier, des personnes âgées. Quand y’a de la place.

Sinon dans le quartier, on a le bartabac, la pharmacie, une pâtisserie, un marché de légumes, une coiffeuse, et la police municipale. Là y va fermer le magasin, l’Intermarché.

Oui, l’Inter, le tabac, la pharmacie, la halle aux légumes. Y’a que la coiffeuse et la police municipale que j’y vais pas.

Enfin si la police j’y vais de temps en temps pour dire ce qui va, ce qui ne va pas. Je me montre, je me fais voir. Quand y me voient arriver, y disent Ah.

La police de temps en temps y viennent dans le quartier, parce que, le trafic. Y se tiennent tous là-bas.

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Attention à la marche ! J’ai pas envie de faire un stage à l’hôpital. À un mois des fêtes là. Pour Noël y’a des associations, le Secours Populaire, le Secours

Catholique, la Croix Rouge. Et puis y’a l’Hospitalité de Lourdes, pour les personnes qui sont seules pour Noël.

Alors vous êtes interviewé M.Aggoun ? Vous allez bien ? Est-ce qu’il vous a raconté des bêtises ? Dis-moi, tu veux une noisette ?

Demain soir j’ai une réunion l’espace sénior, on va préparer Téléthon. Demain nous c’est point presse. Après on prépare Téléthon.

à le le le

Y’a des animations, et puis y’a des thés dansants, il va y avoir aussi une association, c’est eux qui font le repas, saucisse-lentilles à midi, pour tout le monde.

Je suis à l’entrée, avec le tronc, pour les personnes qui veulent faire des dons. Et puis je fais payer les entrées. Comme j’ai dit à la responsable, je continue tant que je peux.

Là où vous m’avez vu hier, je fais que le chant. Avant, j’ai eu été administrateur de l’A.D.A.R., le service prestataire qui m’aide.

J’ai eu été aussi administrateur de la maison Bonnefond, c’est une maison où y’a des personnes qui ont une maladie d’Alzheimer.

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Y’a la mentalité du Sud. Au début j’ai eu du mal. Je ne savais même pas si je n’allais pas retourner à Lyon. Et après petit à petit j’ai fait mon trou. Qui c’est qui me connaît pas ? À la mairie qui c’est qui me connaît pas ? Ça fait 22 ans que je suis là. Toujours dans le même immeuble, toujours dans le même appartement. Dans l’immeuble, des anciens y’en a plus beaucoup. Dans mon immeuble le week-end dernier les ascenseurs sont tombés en panne. C’est arrivé

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le vendredi soir. Jusqu’au lundi, bloqué. Je suis au 12e. Et en plus y faisait beau, je n’ai pas pu sortir. Je viens ici de temps en temps. La patronne là, c’est une ancienne, elle travaillait dans une entreprise de taxis, d’ambulances. Elle m’a eu transporté, c’est pour ça que je la connais. Le café est bien entretenu, c’est nickel. L’été y’a une terrasse, y’a du monde. Elle fait à manger. C’est pas comme dans un restaurant, mais ça dépanne.

Au Mont Cotton, l’été y’a des manifestations, on amène des chanteurs. C’est gratuit, mais y’en a toujours qui sont mécontents. Parce qu’on les fait trop attendre à l’entrée. Moi je suis aux entrées avec d’autres collègues. Puis on leur dit qu’y faut pas rentrer les chaises pliantes, les bouteilles d’eau. Alors y’en a qui rentrent avec les bouteilles d’eau, avec les sandwichs. Alors que nous on fait tout sur place, c’est le seul bénéfice qu’on a.

Une année on a fait venir le gars qui imite Claude François. On les paye avec les subventions de la mairie, mais elles baissent. Alors avec les moyens du bord. Une année, on avait fait la fête de la Saint Jean ici. L’année d’après on l’a pas refaite, ça a pas marché. Y’en avaient, des jeunes, qui venaient foutre le bazar. La patronne elle a dit stop. On faisait le feu tout ça, on faisait à manger.


Ah les cascadeurs. Pendant qu’y font ça y font pas de bêtises. C’est une occupation comme une autre. Moi j’ai fait du cyclocross dans les bois, dur dur. Mais ça non.

C’est ça la Noria. Je l’ai jamais vue fonctionner. Faudrait qu’y la rénovent un peu. Y’a une plaque en dessous avec des indications.

C’est moi le taxi. Vous me dites où je vais. On va passer sur le petit parking d’Inter. Tout ça, ça fait partie du quartier des Escanaux. Y s’arrête ici.

Voilà la maison Saint Roch. La maison de retraite. C’est une belle bâtisse. On est plus dans les Escanaux ici.

Avant je faisais aussi partie d’un club de maquettes et de modélisme. Juste là, on va y passer. On se réunissait tous les mercredis. Le samedi on allait au plan d’eau de

Codolet, s’entraîner. On faisait des manifestations, des concours. Une année mon club avait fait venir des montgolfières, ola c’était sympa.

maurice

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Itinéraire de Françoise et Maëva, réalisé par Morgane Gloux, le 25 novembre 2015 à 18:00 / photographe : Maël


{ françoise

et maëva }

- les escanaux de nuit Françoise, 55 ans, vit aux Escanaux depuis 23 ans. Elle a trois enfants et deux chats. Sa belle-fille, Maëva l’accompagne durant la ballade, avec sa fille, en poussette.

« Et les gamins ils jouaient là et ils ont décidé de nous enlever tout ça, pour mettre quoi ? Du béton. »

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F : Alors là on sait qu’ils vont fermer le petit Intermarché, je ne sais pas ce qu’ils vont faire à la place. Ce serait bien qu’ils fassent un truc pour les jeunes. Parce que y’a quoi à Bagnols

pour les jeunes Maëva ? Y’a pas grand chose.

Ils ont dit qu’ils allaient l’enlever. C’est dommage parce que souvent y’a tous les petits vieux le matin ils viennent, et ils font leur …

Ils viennent papoter. Ils se racontent leurs histoires.

F : Moi ça fait 23 ans que j’y habite donc c’est vrai que… Là on a le parc pour les enfants juste à côté. Le parc Marcel Pagnol. J’ai travaillé à Bagnols je devais avoir

18, 19 ans, donc ça fait quelques années. Je travaillais à l’usine Eminence, qui a fermé depuis et qui maintenant est un boulodrome couvert.

Après là en face on a la piscine et après c’est le centre culturel où souvent y’a les personnes âgées qui jouent aux échecs, qui font des activités.

Et là, c’est là aussi c’est là que les gens vont quand il y a les élections. On vote là, dans les trucs, c’est des préfabriqués.

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F : On va faire le tour, on va passer crèche qu’ils ont fait, normalement par là et revenir par là ça fera déjà provisoire, mais y’a un moment qu’elle y est. une bonne distance. Après ça c’est la tour des célibataires. Parce que c’est des petits appartements, pour des personnes seules ou âgées. M : Ou des couples sans enfants. F : Ah oui ils aiment pas les enfants. Et juste en face c’est la tour des nuages. Elle est jolie hein ? C’est vrai que la nuit on la voit mieux que la journée. La journée on la voit elle est bleue et blanche, que la nuit elle est beaucoup plus jolie. 14 étages. Ça c’est des tours de 14 étages. La vue elle est belle de là-haut hein je vous le dit. Ma sœur elle habitait à celle qui est là-bas, au 14ème étage, ouais c’est vrai y’a une belle vue. Là c’est une

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F : Donc ça c’est le skate park. Pourquoi il est ouvert d’ailleurs ? M : Il est ouvert tous les jours jusqu’à 10h.

fête des quartiers, des voisins. Ils la font pas, c’est dommage parce que moi la plupart des gens qui habitent chez moi, on est 100 locataires, je les connais pas. À part ma voisine

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F : Y’a plus personne. Moi quand je venais y’a eu des problèmes avec des grands qui venaient embêter les jeunes. C’est plus ce que c’était. Moi c’est vrai que quand je suis arrivée

à Bagnols, même dans le quartier où j’habite je veux dire c’était, pas familial, mais c’était… Bon moi déjà, comme mes enfants ils étaient petits, euh on descendait le soir avec

les mamans, on papotait, les petits jouaient tous ensemble. Une année ils ont fait la fête de la musique, mais c’était qu’une année. Après ils l’ont pas refait. C’est comme la

de palier. Mais après les autres je les connais pas.

M : Et là y’a le foyer pour les jeunes.

moi une fois par semaine je vais y chercher un colis. Voilà. Bon ça c’est bien parce que bon. Après là c’est carrément l’office des HLM.

Et là dans le coin on a le Secours Populaire.

F : Ah oui le foyer. Et le Secours Populaire, y’a la boutique bibelots, la boutique pour les habits et


F : Bien sûr on a notre stade. Elle est bien verte la pelouse, avec ce qu’il pleut. Alors elle c’est la tour G1 ou G2 ? G2 ? M : Non la G1. F : Bon sinon c’est les Escanaux, ça a pas une trop trop bonne réputation, mais moi franchement depuis que j’y habite, à part dans mon quartier, trois fois y’a des voitures qui ont brûlé, mais en 23 ans.

M : On fait quoi on passe par là ? Vous savez j’ai l’habitude, Bagnols est pas équipée pour les poussettes. F : Ah c’est vrai ça c’est bien dommage. Entre les voitures qui se garent sur les trottoirs et les trucs qui sont pas adaptés. Je ne sais pas si vous avez vu les Escanaux sur un plan, mais c’est grand par rapport à Bagnols. Et puis c’est plus ou moins des gens qui

sont au chômage ou au RSA comme moi, des gens qui sont pas riches quoi. Mais bon c’est vrai que c’est dommage que dans des quartiers comme ça y’ait pas plus de trucs qui se passent au sein des quartiers. Parce que les Escanaux c’est grand, mais disons que c’est plusieurs quartiers séparés on va dire. Mettons les habitants des Peupliers ils vont pas venir se mélanger avec nous qu’on habite aux Cyprès.

M : Non ils ont pas le droit de toute façon. C’est comme là-bas à Bogota. F : Bogota aussi ça fait partie des Escanaux, mais ils sont en démolition. Alors Bogota pourquoi? Parce que tirage de fusils tout ça, y’avait un peu de tout. Y’a quelques années en arrière, pas maintenant. Là ils ont enlevé tous les gens qui habitent là. Pour les remettre ailleurs. Après ce qu’ils vont faire après, pfff. On sait pas.

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Après c’est pareil ils ont mis plein de trucs pour les enfants, mais y’a personne qui joue. C’est dommage.

F : Et ce qu’il y a de bien l’été c’est qu’on a, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, le Mont Cotton, le théâtre de verdure ? L’été on a des chanteurs qui viennent, des groupes

qui viennent chanter, l’été ça bouge un peu plus on va dire.

parce que de ma cuisine je pouvais la voir. Tous les gens pouvaient le voir.

de rugby tous les dimanches.

M : Y’a le lycée.

F : De l’autre côté là-bas, mais ça fait pas partie des Escanaux. Non c’est des résidences.

F : Après c’est vrai que l’hiver ça bouge moins. L’été c’est quand même plus euh, ça bouge un peu

M : Maintenant c’est à Vigan Braquet. Le grand stade où y’a les rencontres

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Après oui c’est vrai que cette maison au milieu des HLM ça fait viouuu.

M : Y’a juste le parc là-bas.

F : Y’a le terrain de foot. Et avant ils tiraient le feu d’artifice. Au début que je suis arrivée à Bagnols, ils tiraient le feu d’artifice du 14 juillet ils le tiraient là. Alors c’était bien

plus. Et puis maintenant avec tout ce qu’il se passe les gens ont plus peur de sortir.


Et ça c’est l’école réputée de Bagnols. L’école des Escanaux.

normale. Après bon les parents … comment les enfants ils sont suivis. Après là c’est les Peupliers. Parce que nous les Escanaux c’est que des noms d’arbres. Les Peupliers, les Cyprès,

les Mûriers, les Cèdres, heu …

Y’en a qui disent que c’est une école un peu comment on dit, pas trop

fréquentable on va dire. Mais parce qu’elle est au milieu des Escanaux on va dire. Mais moi je sais que mes enfants ils y sont allés dans cette école, ils ont tous suivi une scolarité

F : Et ça les tours qui sont là à la base quand elles ont été faites c’était pour ceux qui travaillaient sur Marcoule.

M : Bah tous les Escanaux étaient faits pour Marcoule, c’est pour ça que ça fait 50 ans que ça existe.

F : Les chats de Bagnols. [rires] A mon avis les gens ils doivent avoir des minettes qui font des bébés et après voilà. Comme dans toutes les villes.

Donc là c’est l’école primaire et juste à côté c’est l’école maternelle.

M : C’est comme les tours, y’en a une c’est la tour des Lilas.

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Le dimanche sur la place qui est juste à côté, il y a les puces. Avant ils le faisaient sur le parking du Mont Cotton et maintenant ils le font là.

M : C’est dommage vous auriez dû venir l’été, vous auriez vu tous les jeunes. Tous les soirs ils se font un petit barbecue dans le parc.

Voilà et ça, c’est mon quartier. Depuis que j’habite ici ils ont fait pleins de trucs, le parking tout ça, ça y était pas. Y’avait des arbres, les pépés les mémés ils se mettaient à l’abri des arbres pour papoter, mais c’est vrai qu’ils ont tout enlevé pour faire des places de parking.

F : Ah oui oui c’est plus vivant l’été. L’hiver à part les feuilles mortes...

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M : Même l’été y’a plein de petits qui jouent, y’a les mamans qui sont en bas avec les petits. Mais y’en a quand même beaucoup moins que quand les miens étaient petits. Moi

je m’en rappelle quand je suis arrivée Ce qui fait que maintenant y’a ici y’avait pas le stade parce que le le stade, ils y jouent de temps en stade il est arrivé après. Le petit stade temps, mais pas souvent. qu’ils ont fait pour les jeunes. Tiens j’ai laissé ma télé allumée ! C’était que de la pelouse, et au C’est pour mes chats! Ils sont bien milieu de la pelouse y’avait un bac à la maison. Ils regardent la télé. Je à sable et tous les gamins ils jouaient leur laisse la télé, sauf quand je m’en dans le bac à sable. Jusqu’au jour où vais deux trois jours. Et puis à un y’a une maman qui a dit que c’était moment elle se met en veille. pas propre parce que y’avait les chats Avant ici, avant qu’il y ait tout ça, qui allaient dans le sable donc ils y’avait une grosse motte de terre et nous ont tout supprimé. y’avait un immense cyprès, un peu


comme celui-là, mais beaucoup plus gros. Il montait jusque là-haut. Et un jour ils ont décidé de l’enlever et franchement les petits ils voulaient pas. Ils jouaient tous dessous l’été, ils étaient à l’ombre. Moi je me mettais à ma fenêtre, je les voyais mes petits. Et les gamins ils jouaient là et ils ont décidé de nous enlever tout ça, pour mettre quoi ? Du béton.

C’est vrai que quand les petits ont su qu’on allait leur enlever leur sapin, ils étaient pas contents. Après voilà quoi faut arriver à vivre avec son temps, mais après c’est pas toujours.

Alors là tu vois le seul inconvénient, tu vois Maëva, j’ai pris ma voiture, dis-moi où je vais me garer ? J’ai plus de places donc je suis obligée d’aller me garer en face. Le problème c’est que comme les enfants ils ont grandi, plus ou moins ils ont tous leur permis et ils ont tous une voiture. On n’a pas de place réservée. Mais quand vous allez dans les résidences privées, chaque appartement a son emplacement.

Et puis là y’a quelques années ils nous ont rajouté les ralentisseurs. Parce que y’en a beaucoup qui arrivent très très très vite.

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Donc là c’est les Mûriers, c’est ma belle-fille qui habite, mais là y’a pas de lumière chez elle ! On est tous à côté. Et à côté y’a le beau-père aussi. Toute la famille vit ici à part Christo,

il vit dans les résidences.

F :Là c’est les Feltres.

F : Non c’est les Feltres.

M : Euh non c’est les Feltres ou les Mûriers.

M : Ah c’est pour ça ils confondent, ils viennent au 3 là-haut.

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M : Là ça fait partie des Escanaux aussi, mais c’est très calme. Ça a rien à voir avec le reste du quartier.

Y’a pas de jeunes, c’est tous des couples avec des enfants. Y’a beaucoup de vieux par contre. Et là y’a le parc du Mont Cotton. Et juste au-dessus c’est l’hôpital. Ça fait déjà

F : Là c’est un parc. Y’avait, parce que c’est squatté. C’est bizarre qu’il y ait personne d’ailleurs. C’est squatté par des jeunes qui plus ou moins… Et derrière les grilles y’a la piscine.

deux ans qu’ils sont en travaux. Ils vont détruire tout l’hôpital pour en construire un nouveau. Il était trop vieux. Ils ont fait des bâtiments en plus.


Et là où ils dansent les gens, ça fait partie du centre culturel. C’est souvent les weekends y’a des repas, ou des mariages, ou des trucs comme ça. M : Non les mariages c’est terminé.

Non ils veulent plus louer parce que c’est toujours les mêmes qui ont loué la salle, ils ont tout dégradé. Maintenant ils font pour les lotos et compagnie.

C’est de la Zumba, y’a que ici que y’a le cours de Zumba. Après t’as F : Bah je sais pas y’avait un traiteur toutes les autres salles de danse. dimanche. F : Ah oui c’est vrai qu’ils nous ont M : Oui parce que c’est un chanteur mis une nouvelle salle de danse juste qui est venu, mais je le connais pas. en face de chez moi.

M : Non c’est une salle de sport, Keep 23h, du lundi au dimanche. Cool. C’est un centre commercial, une zone… Y’a plein de magasins. La tour des célibataires [rires] ! On la Dia, le boucher, Sport 2000 … voit de près au moins. Depuis septembre. Parce qu’après les autres elles sont à l’extérieur de Bagnols. Donc les gens à pied ils ne peuvent pas s’y rendre. F : Oui quand ils font des choses comme ça en centre-ville, les gens peuvent s’y rendre plus facilement. En plus c’est ouvert de 6h le matin à

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C’est une jolie salle qu’il y a là aussi. M : Avant beaucoup de concerts, maintenant ils en font plus.

M : Ici c’est un parc qu’ils ont rénové, avant il ressemblait plus à rien. Tout était cassé, bah les jeunes ils respectent rien. Avant c’était sécurisé parce que y’avait un

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F : Après les gros trucs qu’il va y avoir ça va être pour le réveillon et le Nouvel An organisé par le comité des fêtes. En fait c’est eux qui font bouger Bagnols.

On a un groupe Facebook. La Voix de Bagnols-sur-Cèze. Et puis y’a celle qui le gère le groupe, elle est super bien.

M : Avec toutes les salles qui sont libres, elle aimerait bien créer un bowling ici. Et là c’est spécial pour les personnes âgées. Ils font de tout dedans : tricot, échecs…

portillon, mais bon une semaine après ils l’ont cassé, donc les petits ils sont plus en sécurité à l’intérieur. La nouvelle génération.

F : Et l’été par contre là c’est plein, y’a plein de petits, même le soir.

rappelle quand on était petits on venait tout le temps ici et dès qu’on faisait un petit peu de bruit, ça criait aux fenêtres « arrêtez-vous ! »

M : Ouais, mais les vieux qui habitent en face ils sont pas contents. Je me


M : Après les deux quartiers qu’on n’a pas faits, ils sont juste en face. À gauche c’est Bogota, c’est tout démoli. Et le problème c’est que le maire au lieu de refaire des appartements en HLM il veut faire un musée. Y’a trop de demandes en HLM. Alors que… F : Des musées on en a déjà en ville. M : Ça craint plus, y’a plus personne là-dedans. Moi personnellement j’y marche toute seule la nuit… Y’a ma tante qui a habité ici pendant plus de 25 ans.

plaques, regarde là ça se voit. Pour éviter que les gens squattent. M : Avant ici y’avait une salle pour les petits, une espèce de garderie. Mais vu qu’ils sont en train de tout démolir, ils ont tout fermé. Ils l’ont pas ré-ouverte celle-là. Y’avait des jeunes qui avaient passé le BAFA, ils s’occupaient des petits. F : Voilà on a fait tout le tour. On va dire un quart des Escanaux.

M : Mais en vrai tu regardes, tu as un côté Escanaux qui est grand et de l’autre côté c’est Vigan Braquet qui F : Y’a les pompiers ils font les fait tout le long. manœuvres là. Je ne sais s’ils le font F : Ah ouais, mais ils ont pas les toujours. mêmes valeurs que nous. M : Non ils le font à la cave coopérative, vu qu’elle a fermée. M : Maintenant ça a changé y’a la Coronelle. C’est un quartier qui a été Mais là ils ont tout démoli. délogé pour démolir et reconstruire. F : C’est dommage. Y’a des appartements y’a toutes les vitres Là où y’a la Citadelle, mais ça fait cassées. Ils ont fermé avec des pas partie des Escanaux. françoise et maëva

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Itinéraire de Boucheib, réalisé par Mina Kheloufi, le 23 novembre 2015 à 09h00 / photographe : Mu-Jong


{ boucheib } - une ballade matinale Boucheib, jeune papi d’origine maghrébine s’est installé au quartier des Escanaux, après avoir vécu dans le Vaucluse. Il nous fait découvrir son quartier dans sa langue maternelle.

« Ici les gens ne se mélangent pas. »

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Je vis ici depuis un moment, je suis venu ici , mais avant j’habitais dans le Vaucluse. Je suis venu m’installer ici pour être auprès de ma famille. J’ai 7 enfants.

Je viens souvent acheter mon pain, il est bon et puis sa me fais sortir un peu, une petite promenade ! Je vis ici depuis plus de 3 ans alors je commence à avoir l’habitude.

Ici dans ce quartier il y a de tout, il y a toutes les origines, on est tous mélangé, tout est mélangé. Des Marocains, des Algériens, des Tunisiens, des Espagnols, Italiens, Français...

Par contre ce que je peux dire c’est qu’on manque de logements pour les Maghrébins. Il n’y a pas assez de logements.

On ne s’entend pas tous forcément, on vit ensemble, mais on ne se parle pas forcément, tout est mélangé, mais on ne se mélange pas.

Chacun est un peu dans son coin. J’ai l’impression qu’on est tous distants avec les autres. Parfois j’ai l’impression qu’on ne nous aime pas, et qu’on n’aime pas les autres.

Il y a parfois du racisme, ça ne se passe pas forcément bien tout le temps. Il y a des fois des regards de travers.

Les gens ont aussi beaucoup changé, certains deviennent méfiants et ne supportent plus les autres, car ils ont peur.

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Vous savez, je suis maintenant vieux, vivre ici ou ailleurs c’est la même chose, du moment qu’on se respecte les uns les autres. Dans ce quartier comme je vous l’ai dit, il y a de tout, mais tout le monde ne se respecte pas forcément. Et puis les populations ont changé, notre société a changé aussi, les gens ne sont plus les mêmes. Il n’y a plus ce respect qu’il y avait autrefois. Oui, ça a beaucoup changé. On a parfois cette impression que les étrangers ne sont pas les bienvenus, il y a une certaine forme de racisme avec les immigrés. Il y a une solidarité entre les différentes populations, les Maghrébins s’entraident entre eux, c’est bien !

Il y a aussi un autre problème c’est le travail, l’emploi, il n’y a pas beaucoup de travail pour les jeunes d’aujourd’hui. Alors on se retrouve au chômage ou on touche le RSA. Vous imaginez une famille sans revenu, sauf les revenus qu’on nous verse. Ce n’est pas assez, on ne vit pas confortablement, on manque d’argent, les revenus que l’on nous verse sont parfois justes pour une famille nombreuse. On a parfois du mal à joindre les deux bouts.

boucheib

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Itinéraire de Bernard, réalisé par Raphaël Bacetti, le 25 novembre 2015 à 14:30 / photographe : Luca


{ bernard } - un tour dans les logements sociaux Bernard, la cinquantaine est adjoint depuis 1993 au responsable agence du bailleur social « Habitat du Gard », unique bailleur social du parc de logements sociaux du quartier des Escanaux.

« Le quartier n’est pas sexy. Mais il n’y a pas de problème de violence ou d’agression. »

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Je travaille dans le quartier depuis À Bagnols, on a une population qui 1993. La population a évolué, les vit beaucoup de prestations sociales. anciens locataires ont vieilli et ça s’est rajeuni dans certains quartiers. Le quartier des Escanaux est en termes de revenus, le plus pauvre de La rue de la Mayre est caractérisée Bagnols. par des T4 et T5 donc ça implique des familles nombreuses. Moi j’habite à Pont Saint-Esprit et mes collègues habitent dans les La rue de Feltre, aux Mûriers, c’est communes avoisinantes. une population qui a vieilli, qui est un peu plus ancienne et moins mobile.

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Dans les tours G1 et G2, il y a une forte vacance des logements dans les étages supérieurs. À partir du 5ème ou 6ème étage, les gens refusent ces logements.

Les ascenseurs tombent rarement en panne, mais on va refaire des travaux sur les deux tours.

Un appel d’offre sur la gestion des ascenseurs est fait tous les 3 ans. Il y a certainement une peur que les Schindler, Otis et Thyssen sont les ascenseurs tombent en panne, une entreprises les plus courantes. peur que les enfants tombent depuis les fenêtres ou balcons. Les gens pissent dans les ascenseurs, du coup ça ronge les mécanismes. Pourtant c’est sécurisé et tomber du D’ailleurs dans la G2 il y’a plus de 5ème ou 10ème, c’est pareil. pannes que dans la G1.


Il y a des jeunes qui ne trouvent pas de On peut même lire l’heure sur logement et quand on leur propose l’église, c’est quand même pas mal. des logements dans les hauteurs ils refusent. C’est contradictoire. Les sous-sols dans les Z.U.P. créent des problèmes. Ici il n’y a pas de Il y a une demande de logements qui problèmes à ce niveau-là. Il n’y a pas est relativement importante, mais un trop de troubles de voisinage, il n’y a niveau d’exigence important aussi. pas de jeunes qui s’agglutinent à un endroit particulier. Ici il y a une vue superbe, c’est dommage que ces logements soient Il y a une petite défiance avec les vacants. On voit bien le centre de jeunes, hier il y a eu une descente Bagnols et ses toits. dans le quartier, ça créé de la tension.

Il y a très peu de voitures brulées dans le quartier, c’est plus pour des fraudes à l’assurance d’ailleurs. Il y a des malins ici, ils arrivent bien à se faire un peu d’argent sur une voiture qui ne roule plus depuis un moment.

Réhabiliter une façade avec de l’amiante ça représente des surcoûts importants, ça va coûter cher.

Les bardages tombent, c’est à cause des intempéries, mais les appartements à l’intérieur sont en La façade a été réhabilitée à une bon état. époque, avec des bardages en amiante. Cette tour fera partie de la Ce qui n’est pas bien aménagé, c’est rénovation A.N.R.U. les places de parking aux Peupliers. C’est plus un terrain vague, c’est pas propre et boueux quand il pleut.

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D’ailleurs, à l’automne, les feuilles après les vendanges. Ils restent dans des platanes tombent et bouchent les arbres, l’odeur de fiente est très les évacuations d’eau. forte et ça salit les voitures. On a déjà eu de grosses inondations à cause de ça. Vu que les eaux convergent et stagnent ici c’est impressionnant, on dirait un torrent.

L’été aussi ils posent problème : les poux des platanes rentrent dans les logements et salissent partout, les habitants ne peuvent des fois même pas aérer. Un gros problème l’été.

D’autres gens se plaignent des platanes ici. Vu qu’ils ne sont pas En plus, les racines des arbres souvent taillés, il y a beaucoup décollent le goudron, les enfants d’étourneaux au début de l’automne, tombent et se font mal.

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Selon les locataires, les interventions Pour la remise en service du tardent trop, mais bon, nous on ne logement, on fait un appel d’offres. peut pas être derrière la moindre petite fuite d’eau. Mais il y a souvent les mêmes entreprises qui viennent. Le marché On est dans un T5 là, il ne devrait est divisé : on a celui de l’électricité, celui de la plomberie, de la peinture. pas tarder à être loué. On sous-traite la gestion de ces Les problèmes de moisissures sont choses. souvent liés à la mauvaise ventilation des bâtiments.


Comme ça, ça nous permet de rétrocéder à la société fermière des eaux la gestion des compteurs. Ça évite les fraudes. Souvent on s’apercevait d’une consommation d’eau étonnante. Quand on a des familles de 3 ou 4 enfants qui consomme 3 mètres cubes au semestre, y’a un petit problème.

Bagnols était un des seuls secteurs où l’eau était dans les logements. Pour l’électricité les compteurs sont déjà à l’extérieur.

La tour B c’est une tour qu’on a Ici, les bâtiments sont de meilleure racheté en 2005. qualité qu’aux Cèdres, ils ont mieux vieilli. Cette partie-là n’est pas concernée par des réhabilitations A.N.R.U. On va faire des réhabilitations simples dans le cadre de notre Plan Stratégique de Patrimoine.

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Sur la rue de Feltre, vous avez une majorité de T5.

Ensuite, sur les barres de 100 logements vous avez une alternance de T3, T4, T3, T4.

Sur le secteur Feltre-Mûrier-Peuplier, il y a 10 T5 pour 100 logements.

Sur les tours il y a une colonne complète de T5 ce qui nous fait 14 logements. Et par niveau il y a 3 T4 et 4 T2.

Sur la tour des célibataires, il n’y a que des studios ou des T2. La structure des logements est la même qu’à l’origine.

Ici, il y a beaucoup de personnes âgées et pas beaucoup de rotations de logement.

Sur les Cèdres on a condamné tous les niveaux inférieurs, théoriquement il ne peut pas y avoir de squats.

Dans d’autres immeubles, des locaux ont été prêtés aux jeunes, mais il y a eu des abus.

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Au début, ils n’étaient censés être que trois mais ça s’est ébruité.

Ensuite ils étaient 5, 10 voire 15 et ont commencé à faire du bruit.

Les voisins ont commencé à se plaindre. On a dû fermer le local. Ils étaient pas mal installés.

Avec les canapés, la musique, etc. Sauf qu’une fois les serrures changées, ils les ont fait sauter et changer avec leurs clefs à eux.

C’est le jeu du chat et de la souris depuis, ils peuvent faire du bruit jusqu’à 6h du matin parfois.

Alors quand les gens qui habitent audessus travaillent, ça pose problème.

Les parents ne se plaignent pas quand leurs enfants sont au soussol. Mais une fois que les enfants sont partis de la ville, ils trouvent le bruit plus gênant, c’est bizarre non ?

Pas mal de choses ont été faites quand même pour le quartier par la mairie.

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Par exemple les petits terrains de foot. Ils sont super pour les enfants, mais les grands ont cassé les barrières.

La nuit et l’été les voisins sont fous à cause du bruit sur ces stades. Ils sont d’accord, les jeunes ont besoin de jouer. Mais pourquoi sous leurs fenêtres ?

C’est généralement les grands qui posent problème, comme pour les barbecues.

Il y avait des barbecues sauvages avant. La mairie en a installé en dur pour pas que ça crame. Les gardiens d’immeubles devaient s’occuper des grilles.

Mais une fois confiées elles ne sont jamais revenues. Certains sont sans grilles et d’autres cassés. C’est dommage, c’était encore une fois une bonne idée.

Du coup il y a de nouveau des barbecues sauvages dans la cité et même dans des caves, vous imaginez ? Dans des caves.

Certains gardiens d’immeubles sont vraiment exemplaires. Cette femme nettoie les feuilles devant son immeuble parce qu’elle veut prendre soin de la cité.

Elle a même repeint la cage d’escalier en plus de son travail. Les gens sont attachés à cet endroit.

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Elle se plaint des fois comme par exemple pour les fontaines à eau. La mairie en a installé et c’est une bonne chose, mais l’implantation a été mal choisie. Quand il fait trop chaud en été, comme cet été, la fontaine tourne en permanence. Les enfants jouent avec l’eau. Ça fait de la boue et salit les halls d’immeubles, du travail en plus.

Il y a un problème de parkings avec des voitures qui ne roulent plus et des appartements qui ont 3 voire 4 voitures avec les parents et les enfants. Des places handicapées ont été créées, mais elles sont inutilisées maintenant.

Surtout il n’y a pas de bus à Bagnols. Comment faire pour les jeunes quand ils n’ont pas de voiture si Les loyers ne sont pas chers c’est jamais ils trouvent un travail à côté ? vrai, 325 € par mois pour un T3 de Pareil pour le Pôle Emploi, ils avaient fusionné les Assedics dans des locaux 60 m2. tout neufs, mais maintenant c’est Quand la réhabilitation de certains parti plus loin, vers la Citadelle alors immeubles a été faite, les vérandas que c’était au bord du quartier, vers ont été équipées : ils ont mis du le collège simple vitrage comme ça c’est pas considéré comme une pièce supplémentaire. Le quartier n’est pas sexy avec les jeunes qui zonent, mais il n’y a pas de problème de violence ou d’agression. C’est tranquille, en tous cas moi je n’ai pas entendu parler de gens qui se sont fait agresser. bernard

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Itinéraire de Hanan, réalisé par Lucie Lebaron, le 26 novembre 2015 à 13:42 / photographe : Lauriane


{ HANAN } - de l’intérieur à l’extérieur Hanan, 32 ans, maman de quatre enfants entre 3 et 9 ans, se consacre entièrement à sa vie de famille. Originaire du quartier de la Citadelle, son itinéraire retrace tous ses trajets quotidiens.

« Je ne me promène jamais dans les Escanaux. Je ne vois pas l’interêt de m’y promener avec mes enfants. »

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Voilà donc le quartier en lui-même, bon c’est un quartier. Les habitants y ont des origines diverses. Tout le monde s’entend avec tout le monde. Le sucre qui va monter au troisième, qui va remonter au quatrième, voilà. Donc après c’est vrai qui nous manque beaucoup d’animations pour les enfants comme vous voyez, les parkings aussi. Bagnols en luimême, il est bien desservi. Donc après vous avez des arrêts de bus qui font toutes les grandes villes des

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environs Avignon, Nîmes, tout ça. Nous, on peut bouger même si on habite le quartier, on peut bouger. On a des zones commerciales pas mal avec des salles de sport notamment qui sont très bien à côté des quartiers. Après c’est vrai il manque beaucoup de choses pour les enfants, pour nous garer.

Au niveau de la municipalité, ils font beaucoup d’animations, mais c’est pas très adapté pour nous : mamans et nos p’tits enfants uniquement. Au niveau hospitalier, on en a plein, on a un EHPAD. Moi, je viens faire mes courses à Intermarché quand il y a des bonnes affaires, on fait un peu partout. Mon médecin est làbas au fond.

Avec 4 enfants je suis obligée de tout faire en voiture, c’est une petite ville donc on va dire vous pouvez très bien faire ça à pied, mais ça dépend où vous êtes. Quand vous êtes dans des quartiers style la Citadelle, vous pouvez tout faire à pied, mais comme moi j’ai habité là et puis après j’ai déménagé, j’habite un peu plus loin hors Bagnols. Je suis obligée de tout faire en voiture, les enfants pour l’école, les courses. La plupart du temps, je fais tout en voiture.


J’habitais à l’époque à la Citadelle. J’habitais au centre juste en face làbas, mais je faisais tout à pied. J’avais la voiture, mais je faisais quand même tout à pied. Je vais vous montrer mon parcours que je fais le matin. Voilà mon milieu où je fais vraiment mes courses, où on croise beaucoup de monde. Très belle concentration commerciale, hospitalière et j’en passe.

Mon mari a posé mes deux plus grands à l’école Jules Ferry. Je suis située dans la zone donc je dépends de cette école-là. Mes deux petites, j’aurais pu les mettre en maternelle aux Escanaux sauf que j’ai préféré les laisser là parce que ma petite quand j’habitais tout près de cette école, ça c’est très bien passé dans cette écolelà. Donc j’ai préféré garder mes deux petites ici et les deux autres aux Escanaux.

Il manque des infrastructures pour que les enfants jouent plus souvent. Pour sortir y’a des parcs. Bon, les parcs ne sont pas toujours en bon état. On craint d’emmener nos enfants car y’a des plus grands qui sont au milieu des parcs donc on se sent pas toujours en sécurité. Comme vous voyez, ce sont des jeunes du quartier qui ont repris le snack, salon de coiffure, mais ça, ça reste dans le quartier là. C’est un point de rencontre de tous les jeunes.

Moi auparavant quand j’habitais là. Il fut un temps, on habitait dans ces HLM donc mon mari a toujours voulu élever ses enfants hors HLM donc on a fait construire une maison en petit milieu très tranquille. On avait fait un choix de faire grandir nos enfants hors quartier alors que le quartier est très bien. Je n’ai rien à critiquer sauf que voilà on a préféré.

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L’école maternelle de mes enfants, de mes deux petites, c’est celle -ci. Le matin pour se garer, ne serait-ce amener nos enfants à l’école, c’est très limité comme parking. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Trouver une solution pour se garer ça serait pas de refus pour nous. Y’a beaucoup de parkings, mais ils sont pas près des écoles.

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Le parking près de l’école il est fait pour nous aux heures d’école, aux heures de sorties et d’entrées des enfants. On s’y gare, mais c’est très dur de trouver des places. Moi qui fais deux écoles c’est très dur. Moi, mon école est là car par rapport au quartier auquel j’habite je dépends de là. Y’a aussi du parking ici, mais c’est plein.

Y’a un collège le Bosquet pour les uns peu plus grands. En étant jeune, j’étais scolarisée à toutes ces écoles. J’ai énormément de familles qui habitent aux Escanaux. Mais j’vais pas souvent les voir : c’est bonjour au revoir.

Je me promène jamais dans les Escanaux. J’vois pas l’intérêt de m’y promener avec mes enfants. Si je me promène avec mes enfants c’est pour voir autre chose que des murs. Je les sors beaucoup en dehors du quartier. Je marche beaucoup ici, au Bosquet, ou pour faire du vélo. Je les sors ici à vélo parce que moi, la piscine, j’aime pas forcément. Je les emmène pas parce que si je vais en piscine je sors de Bagnols. Quand c’est l’été on gonfle la grosse piscine à la maison.


On va au centre culturel quand il y a des manifestations : spectacles quand c’est organisé par les écoles, par la mairie, y’a des petits repas, goûter de Noël, sapin de Noël. Mon mari travaille à la mairie, les enfants vont au sapin de Noël qu’ils font. J’étais aide-soignante, mais depuis que j’ai eu mes enfants j’ai arrêté, je me suis consacrée qu’à mes enfants. Quand je sors je préfère prendre nos p’tits sacs et sortir en pleine nature.

On monte un peu les montagnes par derrière-là. On essaie de marcher dans un environnement pas trop urbain, pas avec des murs, des voitures, on essaie au max quand on peut. Y’a toujours la même chose au niveau commerce, voilà donc on est bien desservi on part sur Nîmes, Avignon. Ça nous fait 30 min Bagnols Nîmes 25min sur Avignon

Si il y avait quelque chose à refaire sur les Escanaux, la propreté. Dans un premier temps, essayer de leur trouver une occupation pour pas qu’ils saccagent. Un peu plus d’espaces verts au milieu de tout ça. Plus d’endroits où mamans et enfants puissent s’assoir même si c’est devant le quartier où on peut s’assoir, des petites tables à manger, plus de poubelles pour jeter. Y’a pas assez d’endroits. Plus de jeux pour enfants. Parce que la priorité c’est

les enfants. Plus d’espaces verts qui entourent, plus d’occupations pour les enfants. Plus de choses où l’enfant peut avoir une petite partie cyclable, pour que le vélo soit plus en sécurité. Quand je dis des petits endroits où peuvent jouer les enfants, mais toujours en sécurité, on va pas dire enfermer non plus. Voilà un peu plus d’espaces verts surtout c’est ce qui manque.

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Du côté de Bogota, c’est une partie des Escanaux qui est maintenant à l’abandon qui va être rénovée me semble-t-il. Il y avait un centre pas mal, bien animé. Y’avait un centre Les Passerelles, c’est une association où on fait plein de choses. On fait des ateliers de jardinage autour des Escanaux, on essaie de trouver des choses pour embellir justement les Escanaux avec des palettes, des matières de récupération, des objets de récupération, en bois qu’on va repeindre planter au milieu des Escanaux pour donner une vie. Cette association qui s’appelle Les Mosaïques avec laquelle on fait énormément de choses. Y’a des moments aux Escanaux on a des ateliers de couture, pour apprendre le français, des ateliers de cuisine. J’en fais partie. On fait des sorties avec les enfants c’est-à-dire on sait que beaucoup aux Escanaux ont des revenus modestes donc les grandes sorties avec leurs enfants (3-4 enfants) pour partir visiter

un aquarium celui de Montpellier notamment, voilà on fait des sorties qui coutent 1 euro l’enfant, 2 euros l’adulte. Quand on y va, ils se régalent. C’est une association qui essaye de contribuer, d’ouvrir un peu plus les Escanaux pour qu’ils restent pas entre Escanaux. Parce quand on dit quartier, on pense souvent égal délinquance, mais y’en a de partout. Le maire à Bagnols a fait énormément de choses pour que les gens s’occupent. Y’a de tout de partout comme tout le monde. En tant que membre de l’association j’organise des sorties avec les animateurs et animatrices. D’ailleurs, lundi j’ai un rendez-vous pour organiser une sortie. Quand on organise, on nous écoute beaucoup nous les parents. Les parents qui sont intéressés des Escanaux notamment. Mais d’ailleurs aussi la preuve moi, je suis plus aux Escanaux et je viens.


Là, c’est le centre des jeunes des Escanaux où les jeunes du quartier peuvent venir se rassembler le soir, boire un coup, faire du sport.

Les Passerelles, voilà c’est là-bas un peu plus bas. C’est vraiment au cœur de la cité pour montrer qu’on vit avec vous, pour montrer qu’il y a pas d’exclusion, qu’on est à votre hauteur point barre voilà au niveau hauteur sociale. Y’a pas de question de couleur de peau, de religion, d’économie, on se met à votre hauteur pour proposer des activités. Voyez là où y’a un peu de fantaisies sur le mur, on essaye de faire un carré de potager. On va bientôt le faire.

Y’a des espaces comme ça qui ne servent plus à rien, les gens n’y vont plus. Voilà des places comme ça, mais qui soient plus travaillées pour que nous en tant que parents on puisse venir avec nos enfants. Tout ce quartier des Escanaux qu’on a surnommés Bogota tout ça c’est en cours de démolition. Ca va être tout démoli, mais ce qui vont en faire j’en ai aucune idée. Il y a encore quelques personnes malgré que cela soit tout

fermé comme ça car ils ont pas encore d’endroits pour habiter ou c’est un choix de leur part. Comme ce sont des personnes d’âge très avancé 70-80 ans, ils ont vécu toute leur vie là, leur demander de partir ne serait-ce que dans des petites résidences c’est très dur pour eux. Voilà ils sont enracinés. Il faut les déraciner, partir c’est un peu chaud.

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Aujourd’hui c’est plus comme avant. Aujourd’hui c’est du chacun pour soi, même nos enfants ne jouent plus ensemble malgré qu’ils soient du même âge donc j’sais pas nous y’avait une espèce de sensation de convivialité, chaleureuse, mais qui se fait naturellement.

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Aujourd’hui on a plus de méfiance. Les portes avant ouvertes à tout maintenant là c’est vraiment voilà y a oué oué ça a changé on a plus ce même rapport qu’avant.

À 17h, 17h30 Bagnols est vide, les Escanaux. C’est plus comme avant. Avant on faisait tout à pied aller à l’école y’a plus cette notion y’a quelque chose qui c’est cassé, y’a plus cette notion de chaleur humaine entre nous, avant, tout le monde traitait avec tout le monde. Après y’a plus parce que nous on a fait un choix de sortir du quartier.

Nous on a grandi ici, mais ça allait, y a plus ce truc. Y’a plus de matériels, plus de voiture. Avant les téléphones existaient pas donc on était obligé de taper chez les copines des quartiers pour qu’ils sortent. Maintenant c’est chacun pour soi voilà.


La plus grande a 9 ans ensuite j’en ai un autre de 7, j’ai ma troisième qui a 5 ans et ma p’tite dernière qui a 3 ans. Mon fils fait un peu de boxe, ma grande du basket, la petite de 5 ans touche à tout et puis moi je les éveille beaucoup. J’essaie de faire des activités moi à la maison. On va faire du vélo, on va prendre une journée pour faire de l’art créatif, mais bon à la maison. Quand ce n’est pas à la maison je vais les sortir du style, je ne sais pas si vous connaissez ce que c’est, c’est comme Royal Kids, donc ce sont des parcs fermés, mais des parcs de jeux. Je vais les sortir, voilà on va faire des sorties. La dernière fois on a été à la ferme au croco à Pierrelatte, on fait des sorties style randonnées, on a fait une grande marche dans la forêt. De la poterie, ici, à la maison des parents.

Moi et mon mari on fait beaucoup de sport, moi je vais courir et mon mari, donc ils vont jouer au foot devant la maison que je vous ai montré auparavant au Bosquet. Là ça va être des petits spectacles à droite à gauche dans la ville. Donc je vais les emmener, ils aiment beaucoup lire, donc on va à la médiathèque qui est juste là bas dedans. La ludothèque c’est pour les plus petits, les grands c’est pour la médiathèque où ils vont lire. Voilà j’essaye de plaire à tout le monde, trouver des choses qui vont. Le plus souvent je vais essayer de trouver des choses qui vont à tout le monde car je ne peux pas me couper en quatre. Pas encore en tout ca.

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Après vous avez fait vite le tour de Bagnols ! Je vous emmène un peu au centre ville.

Le cinéma ? Non j’y vais pas ici, non, non j’y vais pas, sincèrement j’y vais pas.

Là vous avez des collèges aussi.

Quand les enfants sont à l’école je me repose.

Et quand je me repose pas j’essaye de faire du sport un peu. Je suis inscrite à une salle de sport pour m’entretenir malgré 4 enfants.

J’essaye de m’entretenir un minimum à « aquafit center » à la zone là bas. Donc c’est une salle de sport, il y a de l’aqua bike.

Sinon je suis toutes les après midi bénévole à la bibliothèque de Jules Ferry justement, l’école où vous êtes.

Donc dans une bibliothèque les enfants viennent avec les professeurs, des enseignants du moins, pour le prêt d’un livre qu’ils peuvent ramener à la maison.

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Voilà donc là vous avez un peu la place. Aucune idée de son nom. Pour exprimer les endroits que l’on connait par exemple à coté du temple, on prend le nom de certaines enseignes pour dire « je suis là », « je t’attends là », « devant là ».

Ca porte un nom en principe, mais je vous dis sincèrement il y a même des rues que je connais de vue, mais je ne connais pas leur nom. Voyez, tout ferme !

Moi je suis née ici, je suis native d’ici donc ça fait un moment, j’ai 32 ans. Là vous avez la rue de la République. Là c’est la rue Crémieux, comme vous le voyez il n’y a pas beaucoup d’enseignes d’ouvertes.

Vous avez là aussi un parking. Après c’est vrai que Bagnols lui même il y a beaucoup plus de bâtiments, les petites, petites maisons vous allez les trouver à l’extérieur de Bagnols.

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Vous savez ces quartiers de monsieur et mesdames qui habitent en dehors de Bagnols où j’habite par exemple. Moi ça a été très dur de m’intégrer là bas. Moi personnellement ça a été car moi peu importe où vous me jetez je m’intègre ce n’est pas un souci. Mais ils nous ont très mal accueillis car on venait des Escanaux et pour eux on n’a pas les mêmes valeurs. On a pris beaucoup sur nous et voilà ça leur plait ou ça leur plait pas. Avec mon mari on va être plus intelligent qu’eux, on laisse faire, laisse les dire, vivons notre vie et basta ! Et du coup ils n’ont pas changé de comportements, il y en a même qui ont été capable de partir complètement. Heureusement qu’ils ne sont pas tous comme ça ici à Bagnols !

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Si vous voulez on sent de plus en plus, avant pas trop c’est ce que je vous expliquais. On sent cette cassure entre Escanaux et les gens des quartiers de Bagnols et les gens de l’extérieur. Toi tu es du quartier tu restes dans ton quartier. Nous on est dans des maisons donc c’est un peu plus voilà quoi. Donc quelqu’un qui sort du quartier qui se met dans une petite résidence c’est un peu mal digéré.


Voilà. Là vous avez le grand stade. C’est un super endroit. Là vous avez au cœur des Escanaux, là aussi c’est des tours qui englobent dans les Escanaux.

Je vivais à la Citadelle là bas en face, et j’ai des cousins qui habitent là, j’ai eu des copines qui ont habité dans cette tour.

Voyez quand ce n’est pas les heures il manque des trucs que quand on d’écoles il y a de la place à part les était petits on ne faisait pas attention, voitures des professeurs. Mais aux mais en tant que maman si. heures d’écoles, on ne peut pas tout avoir.

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Itinéraire de Djill, réalisé par Maël Trémaudan, le 24 novembre 2015 à 14:00 / photographe : François


{ djil } - autour des escanaux Djil , 57 ans, habite dans le quartier depuis près de 50 ans. Retraité du bâtiment il s’est beaucoup déplacé en France mais a toujours habité à Bagnols. Lorsqu’on lui demande de nous présenter les Escanaux, il nous fait longer les limites du quartier et tient absolument à nous présenter le centre historique.

« Là-bas c’est la place du marché tu verras demain, s’il fait beau, la ville est pleine. »

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Là quand on arrive on est quasiment à la limite avec l’ancien Bagnols.

Là c’est les terres agricoles qui étaient éparpillées de partout et donc il reste que quelques pièces comme ça. Tu vois il y a le mistral.

Il reste un peu de l’ancien et après on arrive un peu sur le moderne. On a des bâtiments années 50, 60.

Là les Cèdres, sauf cette partie là, tout le restant du bout de la rue jusqu’à l’impasse ça va être tout détruit, normalement. Voilà ce qu’on appelle Bogota, les Cèdres.

Ça a vraiment été construit à l’arrache, parce qu’il y a eu l’inondation de 2002. L’eau arrivait à la bouche là. Les gamins ils s’amusaient avec le bateau.

Là ça a été tout fermé, c’est voué à la démolition, les pompiers s’en servent pour base d’entraînement. Ils auraient pu rénover ce cachemisère et mettre de nouvelles portes.

On est en 2015, il n’y a pas de double vitrage, j’ai habité cinq ans ici, au troisième. Le quartier je le connais bien, il n’y a jamais rien de fait, je m’en foutisme total, pas de

suivi d’urbanisme. Les cèdres c’est parce qu’il y a trois, quatre cèdres mais depuis les arbres ont été coupé pour mettre du béton.

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Non le quartier là, les gens qui habitaient là, c’était cosmopolite, il y avait du travail. Ça brassait quoi. Et après bon ça a été le bourrage, les gens qui n’ont pas le droit à certains appartements extérieurs dans des petits machins bling bling. Il ne faut pas que ça dérange, si ça avait été un peu plus loin ça aurait fait meilleur.

peu en faisant ces petits machins en béton, ça a été rapporté par la suite.

Quand on voit ça, on ne veut pas venir dans la ville. Il y a le cadre de vie qui est bien, il y a beaucoup de choses, mais bon c’ est que l’urbanisme ici à Bagnols ça ne suit pas par rapport à l’évolution. Si là t’arrives en voiture, tu vois C’est vrai que quand on arrive de là ça, tu dis « je ne m’arrête pas là ». c’est le coupe-gorge, c’est vraiment à l’arrache. Bon ils ont rénové un

Il devrait y avoir une ligne de conduite, un cahier des charges pour tout le monde quoi. Après là quand t’arrives t’as 50, 300 paraboles, ça fait rêver quoi. Je suis dans le bâtiment, bâtiment génie civil. J’ai fait des déplacements donc l’urbanisme quand je redescendais, ici je me disais merde.

Quand on arrive c’est bien d’avoir des jardins, les bâtiments un peu reculés ce serait mieux. Si la ville était plus éclaircie. C’est agréable à vivre ici, on est à une heure de la mer.

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Le château de Gicon qui est là, de là-bas, il y a des superbes clichés à prendre. Il y a une grande vue d’ensemble sur tous les petits villages.

Tu vois, tout est concentré à l’extérieur quoi. C’est la zone de stockage quoi. T’as que des magrhébins, c’est dommage, la diversité ça amène autre chose.

On va tomber sur les maisons des ingénieurs sur la gauche là, tout le long ça fait partie des Escanaux. Ça construit à l’arrache en béton. [rires] Les trois quarts sont à vendre.

C’est vraiment le cube quoi. C’est vintage, c’est pas mal. Béton, béton c’est trop bétonné. On s’aperçoit quand c’est trop tard, on a coupé des arbres.

Quand ils ont commencé l’urbanisme, les Norias c’est resté. Il y a certaines de ces norias qui sont restées enclavées dans le privé.

Il n’y a rien pour les gamins, il n’y a pas de stations de jeux, c’est du parking, du parking. Ça concentre sur le stade qui est fermé toute la journée. Ils ont pas de quoi bouger.

C’est pas entretenu, les trois quarts des parkings sont comme ça. Je m’en foutisme total, ça ne donne pas envie aux gens de venir habiter à Bagnols quand on voit ça.

De temps en temps, on trouve des fermettes comme ça, c’est un peu des vestiges de l’ancien qui sont restées dans leur jus.

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La tour nuages, on l’appelle comme ça parce qu’ils ont fait des nuages. Un passant : C’est de la merde cette tour !

Allez on va voir les beautés, les merveilles de Bagnols. S’ils avaient pu mettre un grillage tout le long ils l’auraient mis ce grillage.

Il y a beaucoup de choses à faire dans cette ville, gros bulldozer d’abord … Non, non c’est vrai, et ensuite rebâtir.

Il y a un beau complexe sportif mais il est obsolète. Il n’y a pas de piscine couverte donc les gens restent pas dans les lignes. Donc il y a beaucoup de choses qui

crèvent. Et puis les gens ils aiment bien vivre, ils aiment bien qu’il y ait un peu de fleurs et des platanes partout. Alors qu’on les plantait au départ en bord de route.

Là c’est pareil, c’est le stockage, c’est toujours pareil et ça c’est dommage. À une certaine époque c’étaient des familles, c’étaient des foyers.

On descendait sur les boulevards, on jouait, on faisait de la pétanque sur les boulevards jusqu’à quatre heures du matin. On faisait le barbeuc’ on mangeait ensemble.

Maintenant on habite dans le bâtiment, on fini le boulot, on rentre, on ne sort plus.

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Les centres commerciaux sont arrivés un peu sur le tard. Quand il y avait du boulot il y avait tous les petits magasins en centre-ville et quand les usines ont commencé à partir

ça a été comme des champignons comme carrefour, casino, des grands intermarché. Voilà la limite des Escanaux tu ne peux pas te tromper, on part de là bas on suit la ligne.

C’est le classique, la ville classique de la ville dortoir. Enfin c’est devenu dortoir. C’était la plus ville la plus jeune de France.

On va remonter sur le parc, théâtre de verdure, il est beau hein. Pas entretenu.

T’arrives dans le parc et là c’est dépaysement total, là il y a les vestiges de l’ancien, les murets, c’est les anciennes entrées des maisons de maîtres.

Le seul truc que je leur reproche ici c’est quand ils arrivent la facilité c’est le béton. Faut revenir à la tradition, la pierre ici il n’en manque pas.

On voit les vestiges des arbres pas replantés, ça crève on laisse, des buis.

Et voilà on va vers le théâtre du Mont Cotton. Ce qui serait bien c’est d’avoir la vue. Voilà on va prendre un peu de hauteur, c’est l’escalade.

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Moi j’aime ce lieu.


Ici il y a beaucoup de concerts, il y a pas mal de monde qui vient, ça danse. Profite en pour prendre des photos. Et là ça joue aux boules, avant ils jouaient au dessus mais maintenant les voitures ont tout envahi alors ils descendent. Donc ici il y a beaucoup d’artistes qui viennent.

Le béton c’est mort mais c’est propre. C’est plat au niveau de la vision. Quand on construit un bâtiment il faut qu’il accroche à l’œil. Des bâtiments fleuris, façades fleuries et tout c’est bien ça, j’en ai vu à Compiègne.

Et là-bas, la piscine qui n’est pas Bon ici le seul truc qui est olympique, alors on n’a le droit à reprochable à la ville, comme c’était rien. Mais bon ça sert bien. Il faut un théâtre antique il y avait de belles ça sinon il n’y a plus de vie sociale, il pierres et le béton. n’y a plus rien.

C’est très important d’avoir un peu parquent un peu là, ils viennent casser la croûte. de vert au milieu du gris quoi. On va rentrer, on va essayer d’aller sur la médiathèque voir un peu s’il y a des commerces qui se sont installés, il faut pas laisser vide, il y a Le voilà l’ilôt Saint-Gilles, le du cubage là ! contraste avec le vieux. La jonction elle est là : avec le neuf, du moins le rénové, et l’ancien. Donc ça l’été, bon, ils mettent un peu d’eau. Les étudiants du collège viennent et Il faut les faire bouger ces gens, ils sont en train de devenir vieux sans sortir de chez eux.

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Il y a certains endroits où c’est ouvert pour que les graffs puissent s’exprimer, là c’est Pyrate. Ça c’est quand même assez récent, ça fait 10 ans qu’ils acceptent le street art.

T’as la mairie là, place Malet et le donjon à la Journée du Patrimoine tu peux monter tout en haut. Voilà la vue d’ensemble de la place.

Là en décembre il y a une grande patinoire, qui dure a peu près un mois durant les fêtes de Noël. Et là on va rentrer vraiment dans le dur.

Bagnols c’était une ville où il y avait beaucoup de remparts et des maisons à l’abandon parce que il n’y a pas de successeurs, dommage. Mais il y’en a où c’est rénové.

Ça fait un peu rustique, c’est mieux que béton. Voilà le restant des fontaines là-bas. Ici c’est une ville où il y a de l’eau, pour manquer d’eau.

Là on va arriver sur le lavoir. Le troisième c’était le plus beau mais paraît-il que pendant les travaux ils l’ont enterré. Ici, à cause des squats ça été fermé.

On est vraiment dans le vieux, vieux, vieux Bagnols. Et avant c’était bien plus vert que ça, t’en avais dans toutes les rues. Donc là on arrive place de Paris.

Voilà place, non rue de la république. À l’époque c’était bien agréable, il y avait beaucoup de valeur, maintenant il y a beaucoup de choses qui partent.

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Il y a beaucoup d’hôtels particuliers. Voilà les vieilles demeures, les secrets de la ville. Il y a que du vieux ici.

Ça c’est un bâtiment qui a été rénové par la mairie, les trois quarts ce sont des logements. Et là t’es au-dessus d’une boîte de nuit.

Il faut pousser la porte. Il y en a qui vont râler parce que pour dénicher des petits trucs comme ça il faut connaître.

Une habitante : Vous cherchez quelque chose ? Non... Deux étudiants en architecture de Grenoble... Excusez-moi, c’est moi en première en ligne... Allez.

Avant c’était énorme tous les magasins qu’il y avait là. A cette heure-ci c’était super. Il y avait tous les étals. Regarde maintenant, tous les magasins sont fermés.

Tu arrives, là tu as une vue sur la mairie. La nuit c’est pas mal aussi. Allez on fait une pause café, on va aller emmerder Bruno. Eh oui, c’est mon café.

C’est le seul bar comme ça. Là-bas c’est la place du marché tu verras demain, s’il fait beau, la ville est pleine. Ça vient de tous les environs, t’as tous les accents du patrimoine.

Non c’est bien, c’est bien. C’est le seul truc une fois par semaine qui fait vivre la ville, autrement le restant c’est mort. Certains habitués qui viennent là, taper le tiercé.

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Sinon dans l’ensemble la ville est Sahel c’est des trucs de merde, ça ne calme tranquille, tu n’as pas le stress devrait pas exister non plus. Mais des de courir louper le métro ou le bus. fois c’est bien aussi de redescendre sur terre et puis de regarder en bas de J’ai travaillé deux ans sur Paris au chez soi. Tu en vois qui arrivent le centre du CNIS, on montait une mercredi pour bouffer. Des gens qui centrale à béton pour changer toute avaient une certaine éthique. la structure du centre du CNIS en 80, 88. Je ne m’adaptais pas, je Trop de gaspille, trop de gaspille, languissais le vendredi, j’attendais quand on voit dans les grands que de monter sur le TGV et puis magasins, si tu savais ce qu’ils jettent comme bouffe, tu deviens fous ! Il y me barrer. Ah non je pétais un plomb là-haut. a trop d’enjeux, ils remplissent des containers, l’argent, l’argent. Après Ce n’est pas une vie. ils te disent « ouais si on leur donne Dans le midi, t’as un virus on perd des clients potentiels ». vachement agréable, quand les gens Même au niveau des étudiants, moi y voient ça une fois il se barrent et j’ai ma nièce qui est sur Marseille, qui fait un master commercial s’il puis ils reviennent. n’y a pas les tontons qui balancent Mais il y a des jeunes ils sont largués, un billet ou deux. ils ont qu’un CAP. S’il n’y a pas les parents ils sont à la rue. Quand tu Fatigué ou on fait encore deux, trois penses qu’une petite ville comme bornes ? Allez. ça tu as des gens qui arrivent qui dorment dans les caves... Bah oui ! Madame va bien. Tu passeras mes C’est comme ça. Tu peux compatir amitiés à Sandra, allez ciao ciao. avec ce qui se passe au Mali, au


Ça c’est la rue du Passe-muraille, il y a une sculpture, je ne sais pas qui c’est qui l’a faite. Ah ! Ce n’est pas évident, il faut lever la tête à Bagnols.

Ici on trouve un peu tous les niveaux. Il y a le contact, c’est pas comme dans les grandes villes où y’en a qui sont blindés, qui partent. Il faut garder l’esprit village, c’est bien.

L’emplacement des volets bois c’est l’ancien menuisier. Menuiser ébéniste, j’adorais venir quand j’étais jeune, c’est l’odeur. La patine de bois.

Ici c’est vraiment l’ancien. Il y a peu près tous les styles. Quand ils ont bouché ils n’ont pas respecté le style de la rosace tu vois. Il y a beaucoup de choses qui partent.

Et le parc André Thome. Avec un chêne, il a 100 ans, il a été planté le 11 novembre. Il y a certaines bâtisses qui ont été restaurées avec des couleurs qui ne

flashent pas trop, dans le vieux. Il y a du saumon.

Il y a les anciennes industries. Les anciennes écritures qui sont là. On ne fait pas gaffe quand on passe, il faut connaître aussi. La ville je la connais assez, ah oui.

Bah c’est tous les terrains de jeux, les jeux de billes qui étaient là à l’époque. On jouait aux corsaires.

Bon les goûts et les couleurs. Mais c’est bien.

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Le soir c’est carrément fermé parce que c’est squatté. Les pics ils en n’ont rien à foutre, ils ont déjà arraché, ils ont leur trou là.

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L’ emplacement de l’ancien lavoir il est là. Voilà ils ont mis une pissotière là. Le lavoir il arrivait au niveau du petit plot où il y a la barrière et il allait jusqu’au fond.

Et il prenait une barre, une barre et demie, ah il était balèze hein. Ils ont dû le mettre dessous. Il y a la source qui arrive du plateau, des bains romains qui sont plus loin.

Voilà, là c’est l’ancien couvent. Ici c’était très religieux. Là-bas il n’y a pas grand chose d’intéressant. Voilà je vous ai montré les lieux les plus intéressants de la ville.

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Itinéraire de Naïma, réalisé par Morgane Gloux, le 26 novembre 2015 à 16:00 / photographe : Maël


{ naïma } - l’enfance Naïma, 19 ans, lycéenne, est née et a vécu pendant 17 ans à Bogota avec ses parents et son petit frère. Aujourd’hui ils habitent allée des Platanes. Elle nous raconte les souvenirs de son enfance et de son adolescence.

« Enfants, on s’amusait, on rigolait. »

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On va commencer par Bogota. Ca fait longtemps que je suis pas revenue ici. Avec les cours j’ai jamais le temps. Maintenant j’habite dans les bâtiments qui sont là-bas au fond.

C’est allée des Platanes. Donc ici vous avez le Bogota, plutôt les allées des Cèdres. Euh moi j’habitais au deuxième là-bas, c’est tout cassé.

Ici on avait le Club. Le centre aéré, là où y’avait la Passerelle. C’est ici où on allait faire nos devoirs tous les soirs à 4h30 après les cours.

On avait Vanessa, Nadine, Farida, Josette et euh on faisait les devoirs et le mercredi après-midi on faisait des activités.

Des fois on allait ici dans le grand carré, on avait le rond. On appelait ça le rond et là-bas on appelait le carré.

On jouait au foot, on avait des marelles par terre, la salade, pleins de petits jeux. Après je sais pas trop…

J’y ai vécu 17 ans, je suis née ici. Mes parents sont là depuis 22 ans, quand ils sont venus habiter ici, ils étaient au quatrième.

Et on a changé parce que la famille s’agrandissait. On avait deux chambres en haut et là c’est passé à trois chambres.

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aussi. On se mettait un top départ, je crois que c’était à la ligne ici et on Ma meilleure amie … On était trois tournait autour en vélo, trois tours, filles ici, trois copines. Dounia et le premier qui gagne on avait des Swad. Quand il faisait chaud on bonbons, on s’amusait. Les jeunes versait des seaux d’eau et on les ils se mettaient deux voitures ici, ils versait par terre, on faisait le ménage faisaient la course jusqu’à là-bas au pour que ce soit plus propre. Sinon fond, il fallait pas se prendre l’arbre une fois on avait fait les escaliers en qu’il y avait au milieu, y’a un arbre bleu et jaune. Vous avez vu ? On au milieu. Mais nous quand on peut pas rentrer par contre. Les gens faisait des courses en vélo, en roller, ils se moquaient parce qu’ils disaient on faisait le tour on s’amusait. On appelait ça le tour du bloc, je sais pas que c’était la Poste. pourquoi. Non on peut pas rentrer. Ah c’est bizarre. Y’a encore des habitants là non. Y’a plein de meubles qui sont laissés. C’est là qu’on jouait au carré. Y’a Nous aussi, on a préféré tout racheter encore des habitants dans celui-là. tout neuf tout propre. C’est mieux. Bogota c’est juste celui-là, il va être C’était pas des immeubles neufs. rasé pour un musée. Je sais pas si C’était ancien, fallait bien partir un vous avez entendu ? Et en bas y’a un jour. On était obligés. Les volets sont ouverts. parking pour des ambulances. Ah oui c’est que des souvenirs ici.

Après y’avait quoi ici. Ça on l’appelait le tour du bloc. Tout le tour ça fait le tour du bloc. On faisait du vélo, on faisait la course

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Voilà on fait le tour de Bogota. Avant quand c’était bien propre, pas comme maintenant, quand j’étais vraiment petite, les étés, juillet plutôt, parce qu’on avait le

Ramadan ici, on se mettait contre le coin là-bas au fond, toute la nuit, enfin de 10h-11h à 3h, ça dépend, on se mettait là-bas au fond avec pleins de couvertures, les femmes,

les enfants, on partageait les repas, on rigolait, on passait du temps la nuit.

Y’avait pas cet arbre, ça me fait bizarre. J’ai déménagé. Je passe en voiture de temps en temps, mais à pied.

J’ai ma meilleure amie, elle habitait au premier étage là, et quand on allait faire les magasins, parce que c’était Sport 2000 avant ici, on allait des fois se promener, on avait

tellement la flemme de faire le tour, qu’on passait par sa fenêtre, c’était plus simple. Y’a des petits escaliers, on monte dans la cuisine et voilà.

Moi c’était ma chambre ici. Là où y’a des volets à moitié ouverts, c’est celle de mes parents, moi j’étais à droite, et mon frère ici.

C’était un immeuble vraiment ancien. Il commençait à y avoir des bêtes. Là c’est l’escalier pour le Club aussi.

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C’était bien avant on rigolait, que des bons souvenirs. On était une famille aussi. On passait du bon temps. Maintenant on est tous dispatchés, chacun à un endroit. Moi je suis allée des Platanes, la plupart de mes voisins ils sont aux Cyprès, y’en a à la tour G1.

C’est là où y’a tous les jeunes le soir. Mais quand il fait froid ils vont plus se rejoindre au local, je sais pas si vous avez vu, à côté du stade. Y’a un local là-bas. Derrière le foyer. C’est là-bas où ils se rejoignent tous les jeunes, c’est la mairie qui l’a construit y’a un an et demi à peu près. Je sais plus ça fait tellement longtemps. Et les Là c’est la tour G2. jeunes là-bas ils sont là, y’a une télé, y’a des jeux. Sinon les jeunes c’est la Ce quartier c’est un peu le parc chicha. Y’a des petits endroits où… Pierre, ce qui donne ici et derrière. Y’en a un à côté du Saint-Marie.

Enfin moi je les connais pas trop, j’y serpents. Allée des platanes des serpents. J’ai pas grandi ici, je sais vais pas, c’est plus les garçons. pas pourquoi ils ont donné ce nom. A gauche là-bas c’est l’école Donc de Bogota j’ai déménagé aux Montessouri. Nous du Bogota, on a Platanes, au quatrième là-haut. Dans tous grandi dans cette école. Après l’angle, j’ai les deux côtés. Je vis avec on est passé à l’école Jules Ferry qui mes parents et mon frère. est là-bas au fond, après au collège Gérard Philippe. Maintenant on est Là-bas on avait la tour G2 et là on a tous au lycée. Y’en a qui sont mariés, la tour G1. On va voir le petit local ? y’en a qui continuent encore les études. Là c’est l’allée des Platanes, des

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Ici c’est un petit stade ou y’a beaucoup d’enfants qui jouent, notamment mon petit frère. Le local c’est là. Ça c’est le foyer ici. Ils ont une entrée ici avec la voiture

et là bah à pied. Je suis jamais allée. C’est que pour les garçons. Nous on se retrouve entre nous, on fait des petites soirées entre nous, chez nous, ça dépend. Dehors on se voit.

Là ils ont un petit parc pour jouer les enfants. Y’en a beaucoup qui jouent, mais pas à cette période là. L’été oui.

Là on a les mamans qui sont là, qui surveillent les enfants. Des fois avec des copines, on est sur les tables on rigole, on s’amuse, les petits ils jouent dans le toboggan.

Et là-bas au fond c’est un petit stade où y’a tous les jeunes qui jouent au foot.

Et là ce quartier c’est les Iris. Et là c’est les jeunes du quartier qui sont peints. Les jeunes que vous pouvez croiser dans la rue. Y’en a qui n’ont plus voulu que leur tête soit affichée.

Je sais pas. Là-bas on a leurs noms, leurs prénoms, mais c’est plus leurs surnoms. Je les connais mais ils ont vachement changé depuis.

Elle c’est la mère de ma meilleure copine, qui s’est mariée au mois de mai, qui est partie dans le Nord.

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Avant on avait droit à deux sorties, une sortie… là on avait la sortie des CP, CE1, CE2 et là c’est la sortie des CM1, CM2 et vu qu’il y’a eu plusieurs tentatives d’enlèvements,

y’a eu beaucoup de soucis, ils ont fait qu’une sortie. Et à 4h30 et à 12h y’a les gendarmes. On a la sécurité pour traverser la route.

Vous connaissez la Coronelle ? C’est le bâtiment qu’il y a derrière l’hôpital, c’est là où des jeunes qui ont grandi aussi, comme nous à Bogota. Juste à côté ils ont construit

un bâtiment pour que ceux de la Coronelle y emménagent. En ce moment ils sont en train de vider le bâtiment. Voir le démolir et après je ne sais pas ce qu’ils vont construire.

Nous pendant le Ramadan, au mois de juillet, juin-juillet, et bah tous les soirs après l’heure de manger on venait ici, on avait tous les petits ici qui s’amusaient, on faisait en sorte

qu’il y’ait pas de voiture pour que les enfants puissent s’amuser, avec les vélos, trottinettes … Et là c’était un petit coin où y’avait tous les jeunes, les grands jeunes. Et là y’a le parc,

c’est là où y’avait les femmes. On passait du bon temps. On restait jusqu’à 3h du matin, à se promener, un peu de tout. Et tous les ans quand y’a le Ramadan, on passe du

temps, c’est une façon pour nous de trier un peu ce qu’on mange. C’est une façon, de reprendre des forces le lendemain pour le Ramadan.

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Après y’a les Cyprès, les Mûriers… Et tout en haut c’est le Mont Cotton. Chaque année avec l’école on venait à la Kermesse… Euh le carnaval ! Une fête qu’on faisait chaque année. Le thème de l’eau, des déguisements… En primaire on mettait des sacs poubelles sur nous et on collait des petits bateaux [rires] sur le thème de l’eau quoi. On avait pas encore tous les déguisements. Après on faisait la marche dans Bagnols, on se jetait des confettis, on s’amusait on rigolait, y’avait des musiciens et sur le coup des 16h on montait au Mont Cotton, tout en haut et on brûlait. Soit une sirène soit ça dépendait. Parce que juste avant la mairie ils ont construit un grand, une grande sirène en carton. A l’intérieur on mettait des mots, des vœux, des trucs, et tout en haut à Mont Cotton on les brûlait [rires].

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Avec les cours j’ai jamais l’occasion d’y aller. Mon frère il fait parti du collège. Mais bon avant c’était mieux que maintenant. C’était beaucoup mieux. Tout a changé en fait. Tout le monde a grandi, tout le monde est parti, avant on rigolait, on s’amusait, on avait tout le temps des activités, on allait en Avignon. Maintenant c’est pas pareil parce que déjà le Club a disparu et les jeunes ils vont pratiquement plus au Bogota.

Et après moi par exemple mon petit frère qui est au collège, ses devoirs il les fait à la maison, on a toujours fait en sorte de l’aider, et les activités il y va plus. Parce que c’est plus comme avant, je sais pas comment dire … Avant on était beaucoup de jeunes, on se tutoyait, on s’amusait, on rigolait. On a l’impression que y’a moins de petits jeunes. Moins de petits jeunes qui vont à la Passerelle C’était une tradition. Ça se fait s’amuser. toujours le carnaval, mais est-ce qu’ils brûlent encore je sais pas. Je sais pas c’est bizarre.


Avant y’avait pas d’herbe ici, y’avait tout le temps des abeilles. On avait pas le droit d’y aller déjà, c’était interdit. Sinon y’avait des petits chats qu’on essayait d’attraper mais

on avait pas le droit. Les maîtresses elles voulaient pas. Et là y’a de l’herbe… Ça a vraiment vraiment changé. C’est des souvenirs, ce qu’il y avait avant, c’est fini.

Là ils ont construit la salle des fêtes de Grenoble. La grande salle. On avait les fêtes de mariage le soir. Tous les samedis soirs enfin ça dépendait qui se mariait [rires].

Maintenant y’a plus que des soirées pour des déstockages d’habits de Sport 2000 ou ça dépend. Je sais pas ce qu’ils font, de la danse. J’y vais pratiquement plus. Y’a plus rien. Y’a

des activités, ceux qui veulent danser le soir. Ça m’intéresse pas. Y’a les seniors qui se réunissent de temps en temps pour discuter. Passer du bon temps mais après c’est entre eux.

Y’a la piscine municipale là-bas. Y’a la grande là-bas et la moyenne au fond et la pataugeoire ici, la petite. L’été c’est beaucoup mieux. Tous les étés c’est ouvert, mais maintenant

j’y vais plus. Trop trop de monde. Je vais plus à celle de Laundun ou à la mer ça dépend. Mais en fait l’été je vais au Maroc. En plus y’a la mer là-bas.

Là c’est la tour Célibataires, ceux qui sont célibataires ils vont là-bas [rires], non mais en plus ça veut rien dire. Parce que y’a des couples avec des enfants.

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Ça c’est la Pyramide, c’est le centre culturel. Et là on fait des spectacles, des soirées comme le Père Noël Vert. Bah cet hiver ça va y être, au mois de décembre. C’est un petit spectacle qui donne l’après-midi pour les enfants et après le spectacle. En fait on donne d’abord un jouet, on prend un jouet de chez nous qui est en bon état, après le Père Noël va donner à la Croix-Rouge et l’offrir à d’autres enfants qui n’ont pas les moyens de se payer des jouets et en échange, y’a

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droit à un spectacle qui est organisé par la Croix-Rouge et quand c’est fini on a droit à un petit goûter. Jus d’orange, gâteaux… Mais c’est plus pour les enfants, les adultes, on les accompagne. Ça ils l’ont construit y’a à peu près un an, c’est là où les seniors, les personnes âgées viennent se rejoindre. Passer du bon temps, faire des activités, je sais pas trop ce qu’ils font. Ça m’intéresse pas trop.

Des fois ici y’a des vides-greniers, des vêtements de bébé en bon état. Par là c’est l’entrée de la piscine municipale, y’a aussi l’entrée pour le stade.

maquillage, des vêtements, pas cher comparé à aujourd’hui. Ca a changé, ça a évolué, chaque année ça change.

Ici le centre-ville est pas trop intéressant, mais Avignon c’est Là-bas on a le parc Monoprix. On sympa. J’y vais le samedi aprèsl’appelle comme ça. En fait parce midi avec des copines ou la famille qu’avant il n’y avait pas Intermarché ça dépend. Y’a un centre Auchan. c’était le Monoprix. J’étais pas née Et c’est ouvert tard. On a H&M, mais je sais que c’était plein de Pimkie, Mim… petits magasins et que ça s’appelait le Monoprix. Ils vendaient du

naïma


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Itinéraire de Jean-Claude, réalisé par Benjamin Palle et Luca Sciuto, le 25 novembre 2015 à 16:30 / photographe : Raphaël


{ jean-claude } - une identité en construction Jean-Claude, directeur de l’école Jules Ferry a travaillé plus de 37 ans au service de l’éducation nationale. Il a posé ses valises il y a 15 ans à Bagnols-sur-Cèze.

« Ici tu ne peux pas parler d’une banlieue, mais ça ressemble beaucoup à une banlieue. Ce n’est pas le lieu du banc comme tu le traduis étymologiquement, ce n’ est pas l’endroit où tu es à l’extérieur, tu n’es pas banni, mais quelque part c’est ce que ressentent quelques familles. »

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Ça fait 4 ans que je suis directeur de l’école. Et j’ai été prof pendant 15 ans à Bagnols-sur-Cèze. Avant de venir aux Escanaux, j’étais à l’école Maria-Montessori.

Je te parle pas de l’école alternative à la pédagogie révolutionnaire. Je te parle d’une école de quartier ; avec ses qualités et ses défauts, mais je crois en l’éducation.

En général depuis trois ans les parents attendent là. On a installé un truc particulier, tu avais les CM1, CM2 qui entraient de ce coté là. Et les autres de ce côté là.

On a fait ça parce que les enfants sautaient par dessus la barrière et il y a eu quelques accrochages entre les voitures et les enfants À partir de huit heures du matin.

Tu as un emploi jeune qui ouvre et qui ferme les barrières pour créer un périmètre de sécurité devant

l’établissement et faire traverser les enfants plus sereinement.

Les enfants arrivent à leur rythme dans les classes, ils n’attendent plus dans la cour car c’est un moment de flottement propice aux bagarres. On a interdit le foot aussi parcequ’ils

imitent les pros, ils crachent, ils se font mal. Ils jouent perso, ça dessert l’idée de l’école qui est de défendre la notion de collectif et pas d’individualité.

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Et puis les gamins jouent déjà souvent au foot à l’extérieur de l’école. On en profite pour les initier à d’autres sports où les valeurs sont plus facilement transmissibles.

mètres. En général les enfants qui viennent à pied sont ceux qui ne sont pas accompagnés.

On a 30 élèves par an issus des familles des gens du voyage. On ne Les familles arrivent maintenant sait rien sur leur parcours scolaire. Ils à pied et on rencontre plus ont sept - huit ans et ils ne savent régulièrement les parents même si pas lire. Il existe des logiciels pour le contact n’est pas nécessairement retracer un peu les parcours des enfants des gens du voyage, mais ils facile. fraudent. Il y a quelques années un Les noms des écoles sont donnés par professeur s’est intégré aux camps la mairie. Elles sont rebaptisées de de gitans après il est resté avec eux. manière informelle par les habitants. Les enfants de gitans vont rarement Ces écoles prennent le nom du à l’école. Mais quand on dit aux quartier où elles se situent. Par parents qu’après trois mois d’absence exemple on ne dit pas l’école Jules à l’école, ils vont perdre les allocs, les enfants reviennent assez vite, tu vois. Ferry, mais l’école des Escanaux. Le « Pédibus » sert à favoriser les déplacements des enfants à pied vers l’école. À l’origine ce sont les parents qui organisent les tournées. Le principe c’est d’utiliser au minimum sa voiture. Au final, les habitants utilisent toujours autant leurs voitures et même pour quelques

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Si demain on se devait d’accueillir des immigrés syriens, il faudrait recruter des enseignants FLE aujourd’hui on a qu’un enseignant dans tout le Gard.

On fait du saupoudrage. En ce moment on voit arriver des petits marocains qui sont venus d’Espagne et d’Italie. Ils parlent mieux les langues européennes que l’arabe.

Ce sont souvent ces enfants qui choisissent une troisième langue. Ils retrouvent de la famille aux Escanaux.

Ma cour de récré est vide parce qu’il faut voir ce que les enfants faisaient. Il n’y a pas de mobilier pour les petits, on a quelques jeux, mais on se les ait fait voler.

Les collègues profs ne sont pas assez militants, les jeunes profs ne veulent plus donner de leur temps en dehors de l’école. Une fois sorti de la classe on sent qu’ils décrochent.

Ce manque de militantisme peut être associé à un ras-le-bol des enseignants et leurs origines sociales.

Par exemple quand toi tu es un fils d’un ingénieur ou un fils de prof tu n’as pas la même vision des réalités, sur ce genre de quartiers notamment.

Ensuite quand tu deviens prof tu ne sais pas dans quelles conditions vivent les enfants.

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Pour les profs quand un gamin n’a pas fait ses devoirs c’est comme si les parents n’avaient pas fait leurs devoirs. Ici les élèves ont besoin d’une nouvelle pédagogie.

Il faut arriver à les intéresser sinon ils décrochent. Les parents sont souvent dépassés parcequ’ils ne parlent pas bien français, c’est un vrai blocage pour l’aide aux devoirs.

J’ai l’impression que ceux qui font profs aujourd’hui c’est pour s’occuper de leurs enfants avant tout, c’est pour ça qu’il y a une majorité de femmes.

J’ai un prof de sport qui donne des cours aux enfants, c’est très bon pour la motricité.

Alors maintenant on est plan ZEP pendant 3 ans. Après je ne sais pas ce que ça va donner.

Là on est à 25 élèves par classe après on aura plus de 25 enfants par classes, presque autour de 30 et là le problème sera tout autre.

Si l’actuel directeur académique respecte les règlements, il nous ferme trois classes d’un coup.

S’il y a un changement de directeur, c’est sûr qu’il me supprimera des classes. Il y a toujours cette part d’incertitude par rapport à l’avenir, on peut difficilement se projeter.

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Il y a des chances qu’à la rentrée, ils nous ferment une classe. Actuellement ils ont refusé tout ce qu’ils avaient dit.

Les postes qui sont supprimés ici iront ailleurs.

Avant de travailler comme directeur, j’étais responsable de la CLIS, c’est une classe où les enfants n’ont pas un niveau suffisant .

Il faut avoir un coefficient intellectuel de 80. Ces gamins-là ne pourront jamais dépasser le CE2.

Alors quand tu es en CLIS, tu as des gamins qui connaissent une superposition de problèmes : social et intellectuel.

Mais je me suis régalé. Tu as un effectif de 12, tu as une AVS. Et avec ceux-là tout recommence, tout.

Leurs états ne se stabilisent pas. Les meilleurs ont un niveau de CE2. Ils travaillent sur les tables de multiplication, les additions voire la grammaire.

Ces élèves ont été diagnostiqués par la psychologue scolaire avec une série de tests très poussés. Elle ne se trompe pas, jamais.

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Ici tu ne peux pas parler d’une banlieue, mais ça ressemble beaucoup à une banlieue. Ce n’est pas le lieu du banc comme tu le traduis étymologiquement.

Ce n’est pas l’endroit où tu es à l’extérieur, tu n’es pas banni, mais quelque part c’est ce que ressentent quelques familles.

Ça a changé un peu depuis l’arrivée des marcouliens. Malheureusement, ici il y a une haine des Arabes ; par exemple Orange est une ville qui a basculé FN.

Selon certaines personnes un « bon arabe » c’est celui qui travaille bien. Quand ils bossent bien, sont de bons artisans, là il n’y a pas de problème de respect.

« T’y es pas pays » [rires], c’est une ancienne expression qui symbolise la différence entre les villages. Cette expression évoque une certaine rivalité entre les villages.

Déjà qu’ils ne s’entendent pas entre villages alors avec les étrangers... La fabrication des différences est presque toujours présente dans la culture des villages et villes du sud.

Voici les maisons des ingénieurs, j’habite ici. L’architecture de ces bâtiments m’a séduit.

Selon moi si les maisons se vendent mal c’est parce qu’il y a la cité derrière. C’est vrai qu’en ouvrant ses volets le matin, la vue pourrait être plus sympa.

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Souvent lors des épisodes cévenols les eaux montent et inondent les parcelles.

Une année j’ai eu 40 cm d’eau dans mon jardin. Heureusement que j’avais un muret sinon ça aurait été la catastrophe.

Certaines maisons appartenaient au bailleur SOVALKE. Étant donné que personne ne les louait et que les charges étaient fortes alors ces maisons ont été vendues 1 euro

symbolique à l’ASL. Ici vous pouvez voir les maisons avec les anciennes fenêtres en bois. Ce sont souvent celles-ci qui sont mises en location.

Voici la salle de spectacle, l’école ne l’utilise pas. Par contre on a quelques liens avec l’association

« Les Passerelles ». Cette association fait de l’aide aux devoirs.

Il n’a pas de personnes âgées maghrébines dans les EHPAD, c’est à la fois une raison financière et culturelle. Ils s’occupent de leurs vieux, les gardent à la maison.

Ces établissements sont vraiment devenus des produits marchands, il s’en est construit deux récemment à Bagnols.

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Le stade fait comme une barrière, mais nous on connaissait la combine on passait par la piscine. Au lieu de faire tout le tour, on utilise le stade. On gagne 2 minutes. À côté du stade, tu as le skatepark et le terrain de tennis ce sont surtout des lieux de rencontre. Les cours de tennis sont en mauvais état et sont peu utilisés. Les enfants pratiquent très peu ce lieu, mais on voit pas mal de jeunes au skatepark, notamment de l’extérieur du quartier. C’est bien que ces équipements fassent venir des gens ici. La salle des fêtes est neuve, les Bagnolais l’appelaient la salle des mariages parce que dans les premiers temps il n’y avait que des mariages. Au moment des mariages c’est un foutoir, ils font la fête, ils sont sur les voitures, ils ne respectent plus aucune règle. Les véhicules tournent dans tous les sens, ils font l’opération escargot et ça bloque toute la circulation. jean-claude

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Itinéraire de Christiane, réalisé par Clémence Letulle, le 23 novembre 2015 à 16:00 / photographe : Mina


{ soeur

christiane }

- a la recherche de témoignages Nous avons suivi Sœur Christiane de l’école Jules Ferry au centre social Mosaïque-en-Cèze, où elle nous a fait rencontrer un tout autre univers. Habitante de la Citadelle auparavant, c’est aujourd’hui une habitante des Escanaux très investie dans la vie associative.

« J’ai toujours mon agenda sur moi et c’est tout pour la solidarité. »

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Ça c’est les logements, c’est surtout le logement. Enfin y’a aussi les équipements. Nous on est gâté, enfin ici. Parce que comme c’est un passage pour l’école, y’a des petits jeunes.

Et puis les logements sont tout petits, petits. T’as des familles donc faut pas être étonné que les enfants soient souvent dehors, tellement c’est étroit.

Alors cette cité elle a été construite pour Marcoule, je sais pas si vous connaissez Marcoule ?

C’est, comment euh, une usine d’énergie nucléaire qui a été construite y’a 50 ans, 60 ans, non 50 ans.

Ces bâtiments ont été construits pour les professionnels, alors ça a été vite fait, bien fait, pas du tout isolé, pas du tout.

Les WC sont peu à peu rentrés dedans. Et puis vous voyez, là ?

Nous on est au rez-de-chaussée, y’a des familles, y’a de tout. Y’a des retraités, ils ont leurs petites filles, là il y a, non mais en gros c’est que des familles.

En général, il y a deux chambres à coucher et un petit salon. Donc très, très souvent on ouvre.

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Là ils ont des aires de jeux, c’est les garçons qui jouent là, voyez ? Donc c’est sûr qu’il y a des chances qu’elles devraient être aménagées. Mais Mosaïque-en-Cèze ils pourraient peut-être vous aider normalement, avec les personnes qu’ils reçoivent du quartier. Je vais essayer de trouver quelqu’un pour vous.

Ça fait pas longtemps que je suis ici, ça fait 3 ans. Avant c’était la Citadelle, alors nous on est venues là, je me sentais pas abritée au mieux, je me sentais pas à l’abri. D’ailleurs on avait des soeurs de Grenoble, elles viennent de partir. Nous sommes trois, quatre ici.

Alors là y a un petit Intermarché. On a appris qu’il allait être fermé donc j’espère qu’il y aura quelque chose, parce que tous les gens... Y’a un grand Intermarché plus loin, faut continuer l’avenue plus loin, vous avez un grand, un grand Intermarché, y’a pas mal de grands magasins. Mais les gens à pied c’est trop loin, alors j’espère que y’a beaucoup de gens qui ont une voiture mais y’en a aussi plein qui n’en ont pas.

Je veux dire surtout les personnes isolées, les personnes d’un certain âge. Non, les familles elles ont deux trois voitures, et je crois qu’en étant à Bagnols t’es obligé. Même des femmes qui font auxiliaires de vie, tu trouves pas de travail si tu n’as pas de voiture, tu ne peux même pas faire une formation.

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Là je pense que ces femmes viennent de Mosaïque.

On va traverser les amis hein !

Donc ces gens ils viennent de Mo s a ï q u e .

Y’a, je pense, un cours de français, d’alphabétisation. C’est un centre d’alphabétisation.

Vous savez que le quartier va être réhabilité ? Est-ce que vous savez ça que pendant 5 ans il y aura des travaux, des groupes pour améliorer le quartier ?

Un passant : Mais qu’est-ce que vous faites ? vous prenez une photo ? Ah non, je ne veux pas être prise en photo, je ne suis pas d’accord. Désolée.

Donc on est en chemin. C’est vrai que c’est pas facile a trouver, c’est caché.

Je vais vous présenter, il doit y avoir encore un peu de monde à cette heure-ci.

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soeur christiane


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Itinéraire de Yvelise et Christiane, réalisé par Clémence Letulle, le 24 novembre 2015 à 11:00 / photographe : Mina


{ yvelise

et christiane }

- recueil des volontés habitantes Nous avons rencontré Yvelise au Secours Populaire du quartier, où elle est bénévole. Connaissant depuis quelques temps Sœur Christiane, nous nous sommes dirigés vers l’appartement de celleci, afin de découvrir l’agencement des appartements des Escanaux.

« Tu connais pleins de gens dans ton immeuble, tu peux dire des choses, là c’est le moment. Alors dites-voir un peu, interrogez-nous, interrogez-nous. »

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Y : Hier, Soeur Christiane est venue me parler. Ça fait un an et demi à peu près que je la connais. On s’est rencontré à l’épicerie solidaire où je vais me servir et puis comme je faisais de la couture, du tricot et tout, je lui ai demandé si ça l’intéressait pour une association et tout, et elle m’a dit qu’au Secours Catholique ils cherchaient quelqu’un. Alors j’y suis allée l’année dernière, et puis bon maintenant je suis au Secours Populaire : je suis bénévole

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de partout. Soeur Christiane l’est beaucoup aussi et comme je trouve pas du travail, je suis trop vieille apparemment, et beh j’ai fait que du bénévolat.

Je suis restée à Bagnols parce que c’est une petite ville qui me plaît bien. Comme je n’ai pas de voiture, et beh j’ai pas besoin de voiture pour aller où je veux sur Bagnols.

Il faut, j’aime pas rester comme ça, sans rien faire. Et oui parce que moi j’aime bouger, j’aime pas rester à l’intérieur. Mais c’est vrai qu’ici il fait le grand air quand même, et j’aime donner de mon temps. Et oui j’ai l’accent, je suis nîmoise moi.

Alors que Nîmes c’est grand, il faut les bus, pour se garer c’est pas évident et tout. Puis Bagnols je l’ai trouvée jolie comme petite ville, y’a tout sur place et ça m’a bien plu.

C’est vrai que n’importe où qu’on aille, y’a de tout, y’a un Aldi et tout. À Bagnols, je n’ai pas de voiture et c’est parfait comme ça.


J’habite à l’autre tour qu’il y a là-bas, la même que celle-là, mais celle qu’il y a là-bas.

Ça c’est la tour G1 et ça c’est la tour G2.

Et moi j’habite à celle-là, là-bas, au deuxième étage et j’ai ma fille qui habite à la même tour que moi, au cinquième comme ça je vois tous les jours mon petit-fils, tous les jours.

Mon petit-fils qui a 4 ans.

C’est une peste mais ça va. Non c’est pas une peste, il est brave. C’est un petit garçon qui s’appelle Léni.

Sinon moi je suis vraiment manuelle, je tricote beaucoup, je crochète beaucoup.

Là je suis en train de faire un pull pour ma petite fille avec la « Reine des Neiges », en jacquard.

Elle adore ça. En fait, c’est un gilet que je lui ai fait, c’est pas un pull, elle aime pas les pulls.

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Ah voilà la Soeur ! C : Vous voyez c’est une amie, mais elle savait pas où j’habitais.

On a deux appartements nous, on est quatre adultes. Donc on a besoin d’avoir nos chambres. Puis on a besoin d’une salle de réunion. On est privilégié.

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Y : Pourtant j’y passe tous les jours hein, quand je vais chercher le petitfils à l’école à midi.

Je passe pas de ce côté, je passe de celuilà. Parce que de l’autre côté y’a les jeux et après on arrive plus à la maison. C : Et beh voilà, on peut entrer.

Vous imaginez cet appartement, là c’est sensé être le salon quand c’était ouvert. Là c’est la cuisine, mais on a fait la « lessiverie » et la cuisine elle est là-bas dans l’autre appartement.

Au fond y’a deux chambres. Là c’est les WC, ici ça va, mais de l’autre côté mon frère il ne pourrait pas y aller, c’est trop petit. Mais ici ça va, avec une petite douche.

Qui c’est qui veut un verre d’eau ? Tu viens les chercher avec moi à la cuisine ? Tu verras les autres, dans l’autre appartement.

Vous imaginez, au-dessus il y a quatre enfants et trois adultes. Ils sont sept dans cet espace et donc ils sont là dans le salon, ils font canapélit.


Y : Mon souhait était au début, quand j’étais au chômage et que je ne trouvais pas de travail parce que j’étais trop vieille, de monter une association pour aider les gens du quartier, mais j’ai pas pu parce qu’il fallait connaître trop de monde, pour la couture, pour le tricot, pour le crochet, pour les aider si ça les intéressait d’apprendre. Et puis comme il me fallait trouver une secrétaire, il me fallait trouver ci ou ça. Mais comme je connais personne, j’ai abandonné. Il faut

trouver le local, il faut payer le local, avec le RSA c’est pas possible. Moi, ça m’intéresserait d’avoir un local pour montrer aux gens euh, le savoirfaire, leur apprendre quoi. Parce que moi j’aime beaucoup ça. J’aime le contact des gens. Et même quand il y a plusieurs personnes, des étrangers, n’importe quoi, pour partager aussi leurs trucs à eux quoi. Comment faire les gâteaux par exemple, ça fait un partage quoi, un lieu d’échange.

Moi j’aurais aimé ça, seulement il fallait que je trouve le local. Bon c’est au début il y a 13 ans quand je suis arrivée à Bagnols, quand je voulais faire ça et tout et... Mais c’était pas possible, c’était pas réalisable. Il fallait que je paye le local. Maintenant je me suis peu renseignée mais il y a 13 ans c’était comme ça, maintenant je sais pas.

plein de gens dans ton immeuble, tu peux dire des choses, là c’est le moment. Alors dites-voir un peu, interrogez-nous, interrogez-nous.

Y : Et beh moi mon quartier je le vis très bien, je connais tout le monde, dans l’immeuble que je suis a quatorze étages. Au moins, y’a pas de souci, au contraire quand j’ai perdu mon copain, ils sont tous venus C : Tu as une fille, une petite-fille, frapper à ma porte voir si j’avais un petit-fils, un gendre. Tu connais besoin de rien et tout.

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Pour ça euh, dès que je vois qu’ils sont chargés avec des machins, je leur ouvre la porte : les femmes avec les poussettes et tout.

Enfin pour ça, bon moi je suis bien dans mon quartier, je trouve que je suis bien. Le square du Marronnier, pour les enfants aussi, j’amène mon petit-fils, il y est bien.

C : Alors moi je suis contente d’entendre Yvelise, parce que nous on habite dans un petit immeuble alors qu’elle, elle habite au quatorzième étage.

Et ce que j’entends dans ce discours c’est un témoignage.

Parce que j’étais en contact avec tous et un peu tous les professionnels, Michelle est une déléguée bénévole pour le logement, elle était élue par les habitants, maintenant c’est plus elle, c’est une autre.

Et beh elle m’a dit, il y avait une année : « ta tour, il y a vingtcinq logements vides à cause de la violence, de la drogue, à cause qu’il y a pas de sécurité ».

Mais toi, ils te connaissent les jeunes, et tu leur dis « bonjour ». On peut vivre dans la tolérance, la fraternité et l’entraide dans des régions et des établissements différents.

On a tous été dans Mosaïqueen-Cèze, dans des établissements publics. Et tu vois c’est pareil, ils ont fait des affiches après les événements à Paris pour rassurer et expliquer.

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Y : Y’a la fraternité, le positif qui est vécu parce que c’est vrai que l’on entend beaucoup de choses négatives mais moi je connais des gens dans la tour qui ont envie de partir de la tour.

Mes voisins, y’a plus personne, puisqu’ils sont partis, d’autres sont pas restés.

Mais c’est aussi bien qu’ils restent et qu’ils s’y sentent bien. Y’a quand même de la solidarité.

Moi j’ai pas peur quand je sors le samedi soir, je vais faire mes concours de belote là où y’a un stade au fond, là-bas.

Et beh je rentre à une heure du matin et je rentre à pied et pourtant y’a des jeunes et tout, même dans mon bâtiment dans le hall, qui fument. On a pas le droit mais je vais pas leur

dire je vais pas avertir le gardien, ils me font rien. Je leur dis « bonjour », ils me disent « bonsoir », je monte mes escaliers et puis voilà. C’est vrai que si je leur cherche des

problèmes, le moindre des trucs ils vont m’agresser, ils vont me faire comme ça, alors je leur dis « bonjour ». Moi je les respecte, ils me respectent.

C : Oui c’est parce que nous on est en sécurité, les personnes qui ne sont pas en sécurité à la paroisse ou à la chorale où je participe parfois, ces personnes ont peur.

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Y : Alors, nous on a pas peur parce qu’ils nous connaissent, le fait d’être connu, on ne risque rien.

Moi, j’ai ma fille ainée qui vient de Nîmes, elle dort pas de la nuit si la voiture elle la garde sur le parking, elle me dit « je surveille la voiture ».

Et moi je lui dis « ça ne risque rien ici ».

Mais oui elle a peur, car « le quartier est comme ça » alors que moi ça fait dix ans que j’y vis et je n’ai jamais eu de problème.

C : L’ambiance dépend de la constitution des bâtiments. C’est pas la première fois que je suis en cité, j’en ai vu d’autres, mais je pense que les gens ça va quand c’est un

espace donné, vous savez chacun son territoire. Tu vois, quand tu vas à l’avenue de la Mayre là bas, c’est eux l’avenue de la Mayre, c’est pas loin, c’est là.

Ou même quand il y a des enfants qui viennent jouer et qui sont d’ailleurs, c’est pas forcément que ça va tout bien, je crois qu’ils ont besoin d’avoir cet espace à eux, comme une

identité et si c’est pas un club sportif comme le foot, ils ne se mélangent pas tellement, c’est chasse gardée.

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Quand c’est un quartier il faut qu’ils restent dans leur quartier, faut pas qu’ils aillent chez les autres. Autrement moi, je crois que parfois on pense à la réhabilitation, moi ce que j’entends des gens, et je sais pas si ça sera pris en compte en premier : c’est le logement et oui on aimerait que ça soit pris en compte pour l’intérieur des logements. C’est quand même 24h/24 chez eux, y’en a qui travaillent, mais c’est vraiment indigne.

Y : Depuis que j’ai divorcé, je n’ai plus mon nom de mariée, j’ai mon nom de jeune fille, et j’ai toujours mon nom de mariée sur mon interphone mais c’est pas à nous de le faire, c’est à « Habitat du Gard ». Ma boîte aux lettres oui, mais l’interphone on peut pas, et d’ailleurs il fonctionne plus. Dans ma salle de bain, j’ai une baignoire sabot. J’ai un problème avec mon pied avec le poids j’ai du mal à enjamber, je leur ai dit de me mettre une cabine de douche.

J’ai fais plusieurs lettres du médecin et tout, mais pas question. Ils font oui mais de toute façon une fois j’ai vu le responsable, je lui ai dit : « cette baignoire à sabot il faudra la remplacer par une douche, je leur ai dit que c’était pas possible, qu’il faut me la changer » et lui il me répond « si on la change on vous remettra la même » et je leur dis « si vous en retrouvez vous êtes fort, et parce que ça existe plus, c’est pas compliqué ça ».

C : Bon, ils nous ont mis un chauffage, c’est un nouveau chauffage le machin, mais ça fait du bruit surtout la nuit. C’est les anciens tuyaux qui sont dans les chambres, c’est le circuit, et puis c’est payé depuis longtemps, on peut plus rien faire, c’est vrai que c’est une couche de la population qui paye peu, qu’il n’y a plus de moyen, c’est vrai que c’est la cité du Gard la plus pauvre, la cité où l’on paye le moins d’impôts, financièrement c’est compliqué.

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Et puis là il y a les carreaux qui se décollent depuis 50 ans que les bâtiments sont construits, c’est des carrés en plastique. Nous la communauté on est là depuis 15 ans, c’était squatté, ils voulaient démolir l’immeuble, malheureusement quand ils ont su qu’il y avait une communauté, ils ont tout refait rapidement, ils ont tout repeint pour cacher puis on est restés.

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Et puis là, il y avait trois familles et là ils leur ont demandé de venir, ils leur ont refait. Le lino doit être gris comme dans toutes les cités de la France. Y : Moi c’est des carrés comme ça, mais ils se décollent tous, je ne peux plus les réparer, je leur ai dit de me les changer ou de me donner de la colle. Mon petit fils s’amuse à faire des puzzles avec.

Alors je redis en début d’année à « Habitat du Gard » mais c’est pas encore, « on a pas eu la subvention » ils me disent, « revenez plus tard ». Alors je reviens en fin d’année, j’y suis allée il y pas longtemps, mais maintenant il n’y a pas plus de subventions, il faut attendre l’année prochaine. Mais si je tombe, je porte plainte parce qu’ils ont été signalés, je ne peux plus laver avec la serpillière, tout se décolle. J’ai déjà envoyé des recommandés, je ne peux plus rien

faire, à part les recoller, mais la colle me coute trop cher, et puis je vis avec le RSA, c’est pas avec ce que je touche que je vais réparer ça. C : Ils savent que les familles n’ont pas d’autre choix que d’habiter ici, ils s’en vont tous, ça fait 60 ans qu’ils ont été construits, il faut pas rêver.


Y : Après pour « Habitat du Gard », appuyez-moi, il y a une jeune femme du quatorzième qui a tout son appartement rénové. Je ne sais pas comment elle a fait, moi peut-être que je ne gueule pas assez fort.

Il y a aussi les aires de jeux. Nous aussi dans le petit immeuble, on est des privilégiés vous avez vu comme dans toutes les cités, ces parkings. Y’a un parking devant, mais y’a que la route tout autour. Quand ils sont au quatorzième C : Nous on est fatigués, on a étage, les enfants ne sortent pas l’habitude. « Habitat du Gard », c’est parce que les mamans ont peur, à moins qu’elles soient avec parce nul. Moi j’ai roulé ma bosse et j’ai fait quelles n’ont pas la surveillance. pas mal de cités dans ma vie alors je Parce qu’aux fenêtres elles les voient dis que nous sommes dans un HLM pas. Pour les aires de jeux, il faut bas de gamme, à retenir ça. HLM ça des balançoires avec des plus grands veut dire que c’est en mauvais état. toboggans. Quand ils sont dedans, La route qui passe ici, y’a un arbre ils sont en sécurité. avec des racines, c’est vrai qu’ils ont rebouché la route, on se tord Y : Moi pour mon petit fils, j’ai mis les pieds, en voiture on fait du 10 à une planche qui monte sur le canapé l’heure. Pareil, les trottoirs depuis la et je laisse mon petit-fils glisser dessus gare ils sont en mauvais état, il y a avec un matelas à l’atterrissage. Ils beaucoup de personnes âgées ici, y a sortent peu les enfants, parce que des familles mais aussi des personnes quand tu as une petite maison tu âgées. Je ne peux pas passer avec ma peux sortir dans le jardin. Et puis y’a valisette. Une fois par mois, il y a la route tout autour. Pour ça qu’ils une mamie qui tombe du trottoir en ne sont pas en sécurité, tout autour il y a le parking, il n’y pas de barrière. face de la passerelle.

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C : Aussi, il y a des bancs à refaire tout près de chez nous. Et ce que je vois, c’est les femmes musulmanes qui y vont pas mal, les mamans et les plus petits, elles vont vers Carrefour. T’as un petit parc santé, mais alors là ça vaudrait le coup de l’aménager. Y’a pas un seul banc, un seul jeu, mais c’est pas loin en plus du quartier. Les femmes musulmanes prennent des cartons et s’assoient sur les talus et ça c’est pas normal. Il faut faire quelque chose pour améliorer.

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Nous on a des petits jeux, mais juste avant pour faire du foot y a un terrain avec du sable. Le jeune il nous a dit que ça serait à refaire. Le gravier les 16-17 ans c’est pas pratique, c’est compliqué quand il y’a du vent, et puis c’est pas un vrai stade c’est un terrain de foot, et ils vont pas dans un vrai stade car ils ne sont pas dans un club. Il y a aussi le machin pour faire le skateboard ça c’est bien je trouve. Par contre pour le foot c’est à refaire.

Inès demande un local pour filles, moi ça j’ai connu à Besançon, j’avais ouvert un local pour filles, mais qui dit local, dit responsable et la difficulté c’est de retrouver un bénévole qui s’en occupe, mais ils ne vont pas le payer, et du coup ils sont dehors.

Les garçons d’un côté et les filles de l’autre, sont laissés même tout petits… Mais vraiment vers Carrefour ça serait à améliorer. Vous voyez, il y a une flaque d’eau, mais il n’a pas plu. C’est la fausse sceptique qui remonte.


Là c’est pour la ville, c’est joli le toboggan.

L’aire du jardin, et nous on est aux premières loges, là il y aurait quelque chose de super à faire.

Il y a un bel espace, et il y a de la drogue et il y a des enfants qui montent là-dessus.

Et moi j’ai ma chambre ici, bon il y a des contrôles des fois, ce n’est pas tout le temps.

Ici il y a des mamans qui viennent, c’est dommage en été, il n’y a pas d’espace ombragé, les mères de famille, quand elles n’ont pas de jardin.

Il faudrait un abri, quelque chose quoi. Surtout quand elles surveillent leurs enfants qui jouent. C’est mieux que de regarder de la fenêtre.

Elles se mettent là, car il y a un seul arbre, et elles sont contentes.

Y & C : Au final, c’est pas comme certaines grandes villes, on apprécie car c’est à taille humaine.

yvelise et christiane

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Itinéraire de Marc, réalisé par François Garric, le 26 novembre 2015 à 14:30 / photographe : Morgane


{ marc } - les commerces Marc, 69 ans, boucher pendant une quarantaine d’années au pied de la barre des Escanaux connait son histoire mieux que personne. Il aura vécu dans trois appartements différents au sein de ce même bâtiment et affirme qu’ il n’ en partira jamais.

« Parce que c’est les gens qui font la vie d’un bâtiment. »

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La boucherie a été créée en 60 quand le bâtiment s’est créé là. Et elle n’a presque pas changé, elle est restée d’origine.

Moi j’ai travaillé là pendant une quarantaine d’années, apprenti, ouvrier, gérant et j’ai acheté après.

Et là, il faut voir que là, à l’origine c’étaient des jardins, c’était l’industrie de Bagnols, c’était le haricot. Les haricots verts.

Et tous les jours on jouait au ballon là, gamins, quand on est venu habiter là en 60, on était une vingtaine de gamins. Parce qu’avant y avait des gamins, maintenant t’en vois plus.

Et après il s’est fait ce bâtiment. Parce que là, le bâtiment qui s’est fait ça fait deux arches. Au milieu il y a un pilier.

Je pense qu’ils devaient vouloir continuer le Boulevard qui passe làbas. Et après ça ne s’est pas fait.

Nous quand on est arrivé habiter là c’était le luxe hein ! Parce qu’il n’y avait pas de salle de bain, dans Bagnols y’avait pas l’eau, que dans les rues principales. Il n’y avait pas

de tout à l’égout. Les chauffages, c’étaient des maisons à plusieurs étages, y’avait une pièce qui était chauffée et le reste bon...

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Là, les commerces c’étaient de très bons commerces, mais ça se dégrade de plus en plus. Parce que les quartiers ont changé. Les gens qui avaient vécu partaient de plus en plus. C’étaient les alentours de Bagnols, les gens ils partaient dans les petits villages. Ils avaient fait des constructions. Les gens ils ont eu des sous, ils travaillaient à Marcoule tout ça, Marcoule a donné beaucoup de sous. C’étaient les meilleures payes de la région tout ça. Alors

automatiquement ils ont fait des constructions tout ça, ils ont déserté tous les bâtiments des Escanaux. Les commerces, y’en a pas mal de vides, tout se vide et la mairie a pris les commerces parce qu’on est locataires de la mairie là avec ces commerces. Parce qu’ils voulaient vendre les commerces, mais ils n’ont pas pu parce qu’il y a eu une expropriation du terrain.

le monde. Le monde a déserté, là ces bâtiments ils sont vides en bas. Ils ne savent pas ce qu’ils vont en faire tellement. Alors que c’est des logements qui sont agréables à vivre, quand ils sont bien tenus. Parce que c’est les gens qui font la vie d’un bâtiment. Le bâtiment il est ce qu’il Comme là il y avait des commerces est, mais c’est les gens qui font la vie. aussi. Maintenant ils ont mis le Secours populaire. Bon le Secours populaire il en faut, ce n’est pas que mais je veux dire que ça amène plus C’est pour ça aussi que la mairie, ils ont mis la police municipale alors qu’avant, il y avait un bijoutier là, un marchand de plombiers tout ça. Mais voilà la police municipale elle amène rien hein, elle n’amène pas de clients.

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On a eu habité là, dans ce bâtimentlà, c’était en 72 quand je me suis marié. En 75 j’ai fait une villa, après jusqu’en 88 j’habitais le village. Après je suis parti 3 ans à

Montélimar pour reprendre une gérance de magasin. Et j’ai vendu ma villa, et quand je suis revenu après 3 ans, j’ai dit à mon patron « j’achète le magasin » , c’était en 90

à peu près. Et c’est pour ça que je suis revenu habiter là parce que la boucherie. Comme c’est agréable, on partira jamais. Parce que c’est le centre de Bagnols. Quand je vois les

personnes qui sont âgées. Il y en a qui sont partis habiter à l’extérieur, il y a un parisien qui a acheté et qui me dit « il doit s’agrandir mon terrain, parce que je le trouve trop

grand ». Eh oui quand on est vieux après, pour entretenir. Et pour faire les courses et tout quand on peut presque plus marcher, conduire. Moi ça va pour le moment, mais

bon dans quelque temps. Alors je crois qu’on ne partira jamais de là. Ou alors on ira au cimetière quand on partira, c’est la vie de chacun.

Et là on va arriver au stade. Ils n’ont pas prévu qu’à Bagnols y avait du vent. Quand vous jouez au ballon, et qu’y a le mistral qui souffle, et bah le ballon il revient.

Sinon le logement que j’avais au quatrième étage, je voyais le Ventoux. J’avais le coin de l’immeuble alors je voyais St Nazaire, les montagnes, j’avais une vue formidable.

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Là bas de l’autre côté on jouait au ballon parce que c’était plus grand, et là que c’était plus petit, devant le Bengali, on jouait à la balle.

Quand y avait trop de vent, on venait jouer là. Mais des jeunes on en voit plus. Vous vous rendez compte que ça vieillit, on n’est plus que des vieux.

On est au centre de Bagnols, tout en ayant des vues. Et puis la place là, bon c’est vivant il y a le marché. Et de ce côté c’est le parc, c’est comme si c’était la campagne.

Qu’est ce que vous voulez de mieux ? Après les appartements sont lumineux, c’est très bien conçu.

À un moment donné, ils voulaient la détruire, une partie. Parce qu’il y en a qui trouvent que ça coupe les Escanaux, voyez ? Que ça coupe la ville, sûrement une barrière.

Mais nous on veut pas quitter le quartier, on est très bien ici. Avant à la place d’Intermarché il y avait Monoprix, ça attirait du monde. C’est un très bon magasin, ils avaient

des petits habits pour les gosses, qui étaient chics et pas très chers. Voyez, très beau. Et ça attirait du monde.

Et après ils ont désinvesti. On avait une association de commerçants du quartier, on a eu une réunion avec le directeur. Et qui disait Bagnols si ça continue comme ça il va se mourir.

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De ce côté-là, il n’y a pas grandchose. Ils ont fait une nouvelle salle des fêtes, le derrière, mais off... Cette chose qu’ils ont faite, du bricolage [rires]. Du bricolage, ce n’est pas.

Vous savez que ça a amené des artistes de renom. Tous les artistes sont venus : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Sylvie Vartan, Les Compagnons de la Chanson…

Le Mont Cotton, vous avez vu le Tous les grands artistes de l’époque Mont Cotton, le théâtre ? ils sont passés là.

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On avait un monsieur de la mairie, adjoint au maire, il s’appelait Francis Caret et ce gars au départ il vendait des tuyaux des bottes en caoutchouc. Il avait un petit commerce au bout de la rue commerçante là. Il a fait une fortune, enfin une fortune. Et il faisait venir tous les artistes. Il y avait aussi des festivals de farandoles à l’époque, ça aussi ça fait longtemps. II y avait la musique aussi, Les Inséparables, mais y’avait

une musique qu’on a, qui allait défiler dans les corsos les choses comme ça. À l’époque ils faisaient tous les corsos. C’était pas mal quoi. L’harmonie, ça s’appelle. Il y avait des trompettes, clairons, tambours. Et ils défilaient. Les gens fabriquaient des chars, avec des fleurs, des papiers et ils défilaient tirés sur des charettes avec des tracteurs. Et entre chaque char il y a une harmonie. Il y en a un peu de partout, Ardèche et tout ça, et y’a des petits concours.


Et là c’est notre parc, que c’est dommage les gens ils viennent faire faire par leurs chiens. Ça, c’est la galère un peu. Les gamins ils viennent s’amuser, ils pourraient profiter et malheureusement. C’est dommage, c’est dommage. Ça, c’est la vie des villes. Ce matin je me suis promené dans Bagnols, je fais le tour de Bagnols, et c’est malheureux y’a que ça, des crottes de chiens de partout.

Là il y en a qu’un. Normalement c’est fermé ça, pour pas que les gamins s’échappent, manque de pot ils ont cassé là. Y’a même des mères elles laissent ouvert alors. Enfin c’est la vie de maintenant.

L’été les gamins viennent s’amuser, l’été, tout le temps hein. Bon là il fait pas chaud, mais. Ils sont bien là. Ils font des activités, l’été il vient un groupe faire des animations un peu de je sais pas moi trier des affaires, faire des photos des choses comme ça. Et ça attire des gamins. Ces groupes de jeunes comme vous, ils font ça, ils animent, c’est agréable. Moi j’ai mon petit-fils quand il vient il se régale à passer une partie de l’après-midi là, à apprendre des petites choses.

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Je suis en bas moi, avant j’étais làhaut. Les deux côtés ils faisaient l’appartement, il faisait le coin. J’avais la terrasse là, je voyais vraiment tout de là-bas. Il donnait

là-bas aussi, comme si j’y étais. Maintenant je ne vois plus rien, làhaut c’était lumineux, là il y a des arbres qui cachent.

Après il y avait les commerces aussi, à l’époque. Parce que la police municipale il y avait un plombier, le magasin là où il y’a le gars qui fait le nettoyage c’était une bijouterie, là

où il y avait le Crédit Agricole c’était un marchand de postes de télévision. L’esthéticienne était ouverte, tout était ouvert.

Là y’avait, aux Halles de Provence, une épicerie. Là à côté il y avait une boucherie traditionnelle, le marchand de pain était aux Halles de Provence. Là où il y a le

marchand de pain c’était la librairie et le tabac, il faisait que tabac il faisait pas librairie. La pharmacie est restée pharmacie. Là après où y’a l’esthéticienne c’était un marchand

de vin, Les Caves de Marcus ça s’appelait. De l’autre côté, là-bas, maintenant c’est un déménageur là il vient jamais, ils ont pris cette chose et ils ne viennent jamais ça

a toujours été fermé, c’était une poissonnerie. Après la poissonnerie elle a fermé ça a été un assureur, après ça n’a pas changé.

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Nous ça a été, bon je me suis toujours plu. Parce que les gens disent « bon un HLM, un HLM, c’est des HLM ». Mais si ton appartement tu le tiens, tu fais des choses bien. Je veux dire c’est agréable de vivre dedans. Bien sûr quand tu as une villa, de l’extérieur c’est agréable aussi. Mais quand tu travailles, que tu deviens vieux. Je sais que la maison je n’en ai jamais profité, j’avais une villa je n’en ai jamais profité pratiquement.

Je partais le matin à 6h30 et je rentrais le soir à 8h. Et c’était 6 jours sur 7. Quand c’est que j’en ai profité de ma maison ? Le dimanche pour tondre, travailler, piocher un peu.

rien. Et ma femme restait seule. Elle m’a dit « bon la campagne, il n’y a personne » en plus dans le village les gens allaient travailler. Et hop on a déménagé hein.

Et c’est pour ça que ma femme a vendu après parce qu’elle était seule. Bon tant qu’on a eu les gamins, les gosses ils jouaient dans le terrain. Mais quand ils ont été grands ils sont partis les gosses, ils jouaient plus dans le terrain, il ne restait

Moi j’ai vécu aux Escanaux au début, et je suis parti et je suis revenu. Les gens ils y meurent là, y’a des gens depuis le départ ils y sont. Des gens qui ont 90 ans. Il y a une dame qui était malade qui ne peut presque plus marcher, elle habite au

troisième, elle fait l’effort de rester au troisième encore. C’est sa maison et c’est son quartier hein, elle connaît tout le monde, les commerçants. Et beaucoup de gens je vous dis, je les ai vus mourir là, parce qu’ils étaient bien là. Les gens, y’a des voisins qui sont charmants. Parce qu’on ne se fréquente pas plus que ça mais dès qu’il y a besoin de quelque chose ils sont là.

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C’est pour ça que c’est un quartier que j’aime bien. Qu’est ce que tu voudrais y mettre de mieux ? Le marché avant il y avait beaucoup de monde parce qu’il y avait moitié de la place marché, moitié de la place parking. Après, de plus en plus, ils ont gagné le marché, les marchands ont gagné. Il y avait plus de places de parking et les gens des villages extérieurs qui viennent plus. Parce qu’ils peuvent plus se garer. Ils ne viennent plus. De plus en plus c’est des marchands maghrébins. C’est sur, c’est plus de 50%.

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Ils arrivaient d’Espagne où ils étaient pauvres, pour faire les saisons et petit à petit ils ont progressé, logique. Comme les Italiens qui venaient faire du bois. Et les Italiens, il y a des enfants qui sont nés dans les charbonnières, ils sont nés là dedans et petit à petit ils ont bien travaillé et ils sont arrivés au niveau de tout le monde. Parce qu’il y a eu un changement hein, terrible, terrible. Que j’ai connu moi . Parce qu’il n’y avait pas de voiture, très peu de voitures. En 60, avant 60.

Le village avait acheté une télévision, ils l’avaient mise à la mairie, et tu avais une carte d’abonnement, Et je disais avant moi, avant c’étaient c’était vraiment dérisoire le prix, et tous les techniciens de Marcoule là, tu payais, tu allais voir le film le soir. et y’avait les Espagnols, les italiens, Les gens du village ils tamponnaient ils mangent du cheval tout ça. Ils la carte pour aller voir la télévision étaient susceptibles de venir chez dans le Téléclub. Ça faisait notre nous. Chaque semaine je les servais soirée. 2 à 3 fois par semaine. Et l’évolution on a eu le temps de s’en apercevoir. marc


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Itinéraire de Martine , réalisé par Mina Kheloufi , le 25 novembre 15 à 15:00 / photographe : Mu-Jong


{ martine } - a la découverte du quartier Martine, gardienne de la tour G2 vit au rez-de-chaussée avec ses 14 chats et lapins depuis l’année 2006. Avec Tom, son chat, on se promène dans le quartier des Escanaux.

« Je suis en contact avec tous les gens, j’aime les gens, j’aime les animaux, j’aime tout le monde. »

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J’habite à la tour G2 depuis 2006, cela fait donc neuf ans que j’exerce le métier de concierge, je suis venu habiter en novembre 1983 au 12e étage puis au troisième étage. A présent je suis au rez-dechaussée. J’ai exercé le métier de secrétaire durant 13 ans. J’ai eu une opportunité ici, la dame qui était là a voulu partir pour des raisons de santé, donc j’ai postulé, j’ai insisté et puis je suis arrivée, et puis cela ne me dérange pas le travail, pas du tout. Je suis en contact avec tous les gens, j’aime les gens, j’aime les animaux, j’aime tout le monde. J’ai 14 chats et des lapins, j’aime beaucoup les animaux, allez y enjambez vous pouvez rentrer et voir les lapins, ils sont gentils.

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Mon fils a un rat, et ma chienne Vicky qui a 11 ans, et qui vient de temps en temps dans le jardin, mais maintenant plus trop car je n’ai pas envie qu’elle fasse peur aux gens qui

passent, elle est à la maison, mais je la sors souvent quand même. Moi j’aimerais vivre à la compagne, je n’aime pas la montagne, mais la campagne au milieu des animaux, des vaches et des poules, j’aime beaucoup les animaux et puis mes animaux seraient heureux.


« Habitat du Gard » ils ont un mètre, alors moi j’ai demandé à la mairie de clôturer un peu et de mettre un grillage, parce qu’il n’y avait rien, juste de faire un peu et j’ai un peu embelli le quartier, ça fait de l’animation, c’est chouette.

Au début, j’ai mis beaucoup de plantes fleuries, des géraniums, mais avec le vent qu’il y a, le vent du nord, ah c’est horrible. Vous savez, le soleil grille, et le vent aussi, alors maintenant ce que je fais, c’est des plantes grasses, ça a l’air de tenir un peu.

Je nourris les oiseaux, j’ai mis des graines avant hier, je vois qu’il y en a déjà plus, alors je m’arme d’un escabeau et puis je mets à manger, avec les boules de graisse.

Ils viennent manger de temps en temps, et ça anime le jardin, il y a des animaux qui nous rendent visite, c’est beau à voir, et aussi à attendre. Et puis, vous savez, les gens aiment voir qu’il y a de l’animation, ça plaît aux enfants comme aux parents.

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Tenez ses pattes qu’il ne vous griffe pas, c’est un mâle, les deux gris sont des mâles, ils sont beaux, ils ont de jolies couleurs, ils sont doux, on dirait un peu angora, elle a réussi à m’en faire 6 et puis j’ai réussi à en vendre un, ah je les vends 10 euros, mais c’est pas pour avoir de l’argent, c’est juste pour pouvoir acheter des graines. Une fois j’avais 44 lapins. Il mange bien, le matin c’est pain carotte et salade, et des vitamines dans leurs boissons. Ils sont beaux, il est né le 18 juillet, bientôt décembre il a 4 mois et demi. Si vous en voulez un, je vous le donne si vous voulez, je crois que la maman va encore avoir des bébés.

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La jeunesse elle n’a pas beaucoup, elle n’a pas beaucoup de loisirs la jeunesse, aussi bien les gens de 20 ans que les grands. Bon il est vrai qu’il y a ce terrain de foot, mais pourquoi pas faire plus. Le problème c’est que la jeunesse ne sait pas où aller, et quoi faire, bon c’est vrai qu’il y a les centres aérés, pour des jeunes, mais il y a des heures d’ouverture. Mais il y a trop d’heures d’oisiveté. Parfois, ils me disent, il n’y a rien,

il n’y à rien à faire, on ne peut rien faire. Je pense à des endroits, des lieux, mais je crois qu’ils ont une salle pour eux, je ne sais plus à quel endroit, je crois que c’est vers la Citadelle, oui c’est là bas. Mais le problème, est-ce que ces grands vont aller jusqu’à la Citadelle, c’est encore le même problème alors bon, c’est pas évident. Enfin bon je trouve qu’il y a de l’oisiveté dans cette jeunesse.

Je ne trouve pas tellement terrible, on y vit bien. Mais bon c’est sûr que ces grands ensembles comme ça, c’est plus d’actualité, il ne faudrait plus ça maintenant.

Ca serait bien de faire des résidences de 5 étages, bon là il y a la tour qui existe, je pense qu’elle va encore durer au moins 60 ans encore, je ne sais pas, mais on y vit bien.

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Mon rôle c’est de dire c’est important d’être là, le fait d’avoir un gardien dans une tour c’est important, ça amène une sécurité, les gens savent que je suis là. Je peux répondre à leurs questions et leurs problèmes, ils m’appellent, et si il y a un souci plus grave, ils appellent les pompiers. Mais si ils ont besoin, je suis là, pour demander de l’aide. Et puis il y a l’ascenseur, on est gardien de jour et de nuit, je ne suis pas embêtée, c’est une sécurité, et puis on est là pour eux, et puis c’est un poste qu’il ne faut pas supprimer.

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Quand les jeunes sortent de l’école je leur dis bonjour, et ils me répondent c’est important. On a un rôle important, leur dire bonjour, je leur demande ce qu’on répond, et je les connais tous, c’est vivant ! Mon travail me plaît, et puis si cela ne me plaisait pas je serais partie, c’est physique comme travail mais pas pénible, comme la maçonnerie. Oui tous les jours on est usé, on s’use, j’ai connu des travaux plus pénibles j’ai travaillé dans la neige.


Il y a beaucoup de jeunesse le soir, c’est vrai que le soir , il y a beaucoup de jeunes qui sortent le soir.

Là, c’est les premières villas, ce n’est pas les Escanaux, c’est les premières villas construites pour les ingénieurs de Marcoule. Même ici en 60, c’était des ingénieurs de Marcoule.

Ils ont fait construire, et puis après ils sont partis, et il y a eu le changement de population, mais au début c’était pour les ingénieurs de Marcoule.

Maintenant c’est des particuliers qui veulent louer, et on peut aussi accéder à la propriété, c’est beaucoup à vendre sinon c’était des locataires.

Dans les années 80, la réfection de la tour a été faite, ils ont changé les portes et les fenêtres, et mis de l’isolation extérieure, et puis on ne peut pas tout le temps le faire.

Là c’est prévu de changer 6 cabines d’ascenseur, car elles sont usées, avec l’urine, il y aura des travaux qui vont être faits, c’est plutôt une bonne chose non ?

Il y a la piscine là, tout l’été je vais à la piscine, on a une piscine olympique attention en plus !

On est quand même ravi de ce côté, parfois il y a des compétitions, j’aime bien la piscine, chaque année je vais à la piscine, elle est découverte.

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Il y en une autre, elle est couverte, mais elle n’est pas olympique. Je n’aime pas quand c’est couvert, on sent trop le chlore. J’aime le soleil la chaleur. On y va à pied c’est à

côté, et puis pour les familles, il y a aussi la rivière. Vous savez quand on est une famille nombreuse, c’est pas toujours facile, on ne peut pas toujours payer la piscine.

La grande passerelle, c’est une continuité, elle ne coupe pas le quartier. Comme il y avait un passage, il y a 3 étages au-dessus. Ici les bâtiments sont en serpent, c’est

normal que cela soit comme ça, et puis il ont mis un porche pour que les voitures passent, et puis maintenant vous savez c’est depuis longtemps on ne se pose plus la question.

Vivre ici ou ailleurs, c’est pareil du moment qu’il y est une harmonie, et de se respecter et de respecter les autres. Moi je pense que chacun doit y mettre du sien, et on arrive à vivre

ensemble, il y a pas de problème. Il y a beaucoup de marocains, peu d’algériens mais beaucoup de marocains, que chacun met du sien on peut vivre ensemble.

Je l’ai toujours vu ouvert, le skateparc, c’est un sport que je crains. Il faut être armé au niveau des protections, c’est ouvert tous les jours.

C’est bien c’est au centre du quartier, et puis les parents peuvent surveiller les enfants, ils sont en sécurité ici.

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Je vais souvent à Intermarché, bon je me dépanne au petit, mais je vais plutôt au grand, il est un peu moins cher. Lui, est il est plus petit, et puis c’est normal, il est à proximité, mais l’année prochaine il ne sera plus là. On m’a dit qu’il y aura un autre centre commercial, bon il faut qui il y est un autre centre commercial, car il le faut, avec tout le monde qu’il y a, un genre de Netto ou Aldi, des trucs comme ça. Je vais beaucoup chez Aldi, Netto et Leader Price.

Non je vais beaucoup chez Aldi. J’ai l’habitude, quelques produits, je ne prends pas tout. Au niveau prix qualité, c’est pas mal, il y a Carrefour, mais c’est un peu cher, et puis la nourriture de mes chats sont à Intermarché. Enfin il y aura autre chose à la place l’année prochaine, du genre un Aldi, un Netto ou un Leader Price, de toute façon il faut un centre commercial, car tout autour il y a du monde, il ne faut pas enlever ça, il y a du monde tout autour.

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Mercredi après–midi, il y a des enfants, ils ont mis un peu de mieux, avant il y avait ce genre d’araignée, mais le toboggan, il a été changé car il n’était peut-être pas en règle. Ils en ont refait un autre, un peu mieux, et oui il y a beaucoup de jeunes qui viennent jouer, il y a beaucoup de mamans, moi quand mes enfants étaient plus jeunes on venait ici jouer.

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Il y a beaucoup de jeunes. Il y a beaucoup de verdure. Vous savez, la verdure attire beaucoup de monde. Les jeunes s’assoient et ils boivent un verre, les mamans amènent les enfants, la verdure ça attire. Les gens sont attirés par la verdure, il le faut d’ailleurs. On sort un peu de ce béton, on sort de ce béton, quand il fait bon, on sort, on sort de ce béton. L’été ça bouge.

Bagnols bouge, il y a des jeux en plein air, des pique-niques en plein air, je crois que le 21 novembre, il y a eu quelque chose, un genre de pique-nique avec des jeux d’enfants, et puis chacun emmène son cassecroute, c’est pour les jeunes. Il y a beaucoup de gens qui sont là, mais ils n’ont pas d’endroit où se poser, comme les jeunes làbas, ils ne savent pas quoi faire, ils tiennent les murs. Mais moi, j’ai dit à mes enfants, il faut faire des

études pour s’en sortir, on ne peut pas rester comme ça. Le problème qu’il y a, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes qui ne travaillent pas et qui ne savent pas quoi faire. Il n’y a pas de qualification. Allez faire travailler dans quoi ? Ils ne sont pas qualifiés, ils manquent de qualification, et puis quand vous restez longtemps sans travail, on s’habitue vite à ne plus travailler, il faut reprendre le goût du travail, c’est difficile !


Ils essaient de faire quelque chose de bien, ils essaient d’attirer un peu la jeunesse. Ils ont fait un potager, on voit qu’il y a des efforts qui sont faits. Il y avait même une pancarte, pour dire que l’on pouvait faire des choses plus grandes, on s’intéresse un peu, on commence par les jeunes, il faut les sensibiliser dès le plus jeune âge.

Ahh, un arbre à vœux, je sais pas il faut faire un vœu, allez alors faisons un. Alors qu’est-ce que l’on va faire comme vœux, on en a tellement à faire, mais quel est celui qui peut se réaliser ? Alors quel vœu ? Bon moi je dirais, la santé, une fois que l’on a la santé ! Vous savez c’est beau de se lever le matin et pouvoir travailler, donc déjà c’est la santé.

Vous avez vu là, il y a des croquettes, il y a beaucoup de chats, ils viennent et ils mangent, je leur donne à manger je les nourris, moi les miens restent à la maison.

Les chats de quartier sont dehors, les miens vous verrez la différence, ils sont dodus et ont très joli poil. Quand on a des animaux, il faut s’en occuper.

martine

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Itinéraire de Mohammed, réalisé par Luca Sciuto, le 25 novembre 2015 à 10:00 / photographe : Benjamin


{ mohammed } - un quartier problématique Mohammed, 34 ans est marchand de fruits et légumes. Il vit dans le quartier depuis 30 ans. Il nous fait découvrir sa vie, ses habitudes et en même temps les problèmes du quartier.

« Il n’y a rien aux Escanaux. Celui qui monte un commerce, c’est le jackpot. Les gens ne demandent que du travail et du commerce ici. »

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Tous les locaux de rez-de-chaussée à réaménager pour faire des commerces m’intéressent. Beaucoup de monde a demandé pour un bail de location, mais ils

sont toujours refusés. Peut-être qu’ils ne veulent pas de nous. C’est le seul quartier de Bagnols où il n’y a pas de commerce.

Moi avant je faisais le marché, puis après j’ai ouvert un magasin pour vendre des fruits et légumes à la Citadelle, c’est un petit quartier : un dixième du quartier des Escanaux.

Après j’ai monté un snack et le l’ai vendu. Je serai prêt à investir dans un local ici pour vendre des fruits et légumes.

J’ai grandi dans le quartier, le plus pourri de Bagnols, surnommé Bogota. Dans les années 1990, c’était le quartier où il y avait les trafiquants.

J’avais 7-8 ans à l’époque, il y avait des toxicos, ils faisaient des cabanes ils arrivaient avec des voitures volées.

Il y en a qui volaient leurs mères pour prendre leurs doses. C’est des images qui m’ont choqué, ça reste gravé. Dans les années 90, Bagnols c’était les premières peines

exemplaires pour trafic de stupéfiants. Trois types se sont fait attraper : 18 ans de réclusion criminelle, ça s’est passé il y a plus de 18 ans en arrière.

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Tu vois ici un local vide, il n’y a rien dedans : tu peux faire une très, très belle terrasse avec des chaises, des tables, des familles qui sortent au lieu de se terrer dedans.

Tu peux faire un salon de thé, un café, un bar, une pizzeria, un petit snack. Tu fais un truc comme ça aux Escanaux c’est le jackpot.

Moi je peux faire un commerce, avec un bel espace vert, avec la pelouse Mais pour faire un commerce, c’est toujours bien tenue. C’est le jackpot. très compliqué. Demain tu me donnes les clefs de ce local je te le refais à 100 %.

Nous on demande pas que ce soit rénové : les travaux seront à notre charge.

T’es en train d’enregistrer. Moi demain il me dit Monsieur Akhoum, on vous donne les clefs, faites du commerce.

Moi je travaille en toute sérénité. Il y a beaucoup de gens des quartiers qui aimeraient avoir des commerces, mais malheureusement, il y a beaucoup problèmes administratifs du côté du bailleur et c’est pas possible.

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Voilà, là c’est l’association « Les Passerelles » d’aide aux devoirs. Il y a des jeunes des quartiers et même des jeunes favorisés qui viennent. L’association est ici depuis une trentaine d’années et aide les jeunes. Voici le quartier Bogota : tout est abandonné, tout est dégradé. Il y a des cafards de partout, des rats de partout, c’est pas isolé. J’ai habité là pendant 20 ans.

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Dans ce quartier il n’y a plus de résidents : normalement il y a un projet de démolition et moi j’ai déménagé parce qu’il y avait des cafards. Quand j’ai eu ma première fille, on ne pouvait pas rester là. Je ne voulais pas qu’elle grandisse ici, c’était vraiment pas sain pour élever un enfant du coup on est partis. Les immeubles ont été vidés un peu plus tard, ils devraient déjà être détruits, mais sont toujours debout...

[L’entretien prend fin et reprend le lendemain, cette fois, à cause du Mistral nous le ferons en voiture.]


Ça fait 4-5 jours que je ne travaille Parfois les locaux ne sont pas adaptés pas. Je cherche un travail pour moi, par rapport à ce que je veux faire. juste un local, mais je ne l’ai pas trouvé. Vous avez bien vu, tous les locaux qui sont vides. Ils pourraient être Je vais rencontrer quelqu’un le 30 loués à des jeunes pour faire des novembre. Si je n’ai pas de hangar, je activités commerciales. ne peux pas faire mon activité. J’aimerais reprendre le commerce de fruits et légumes.

Franchement je reste ici parce que je n’ai pas de choix, je n’ai pas les moyens pour prendre une baraque, je n’ai pas les moyens pour prendre une maison.

en France j’avais 4 ans et j’ai habité direct dans ce quartier. Et rien n’a changé, à part les grillages qu’ils ont mis là, juste entre les maisons des ingénieurs et nous.

Moi j’aimerais bien avoir une maison comme tout le monde : pour mes enfants, pour moi-même, pour avoir un bon confort. Trente ans que je vois ce paysage. Le premier jour que je suis arrivé

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Tu vois ici Bogota, ça, c’était un très bon quartier à l’époque franchement, moi j’habitais au quatrième étage et ça a été condamné.

Il y avait des cafards et des rats de partout. Des gens sont venus pour traiter contre les cafards, mais ça ne marche pas, le problème est en bas.

La nappe phréatique est juste en dessous, on est au bord de la rivière. Quand il pleut, il y a l’eau partout, mais il n’y a pas de gros problèmes d’inondations.

Il y a eu une grosse inondation en 2001, je crois. C’est à peu près tout. Et tu vois là tous les bâtiments sont fermés.

Moi maintenant j’habite au bord du quartier. Avec ces locaux ici tu peux faire des sommes astronomiques ! Tellement bien placés, proches du centre-ville et tout.

[Arrêtant sa voiture et en parlant à des amis qui se sont aussi arrêtés, ils approuvent.] Il n’y a rien qui va, il faut avoir un travail, le travail c’est la priorité.

Tu as vu les jeunes, ils sont corrects, ils travaillent ou ils cherchent du travail et ils pratiquent leur religion. Tu ne peux pas juger quelqu’un par rapport à la barbe.

Mais pour trouver un travail avec une barbe, t’es direct un islamiste. Moi je me rase, je m’en fous. Il y a aussi beaucoup de discrimination raciale.

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Tu vois ici, il n’y a pas grand monde, Franchement il y a beaucoup de les jeunes sont encore dedans à choses à voir. Jusqu’à ce que le dormir. problème du travail ne soit pas réglé, il y aura ces problèmes Parfois sous la tour B, il n’y a pas de délinquance, de sécurité, de d’espace pour garer la voiture le soir. terrorisme. Quand je rentre un peu tard, je suis obligé de garer la voiture derrière la Pas aux Escanaux, mais quand même. tour. Les jeunes ils sont mal, ils n’ont pas J’ai trois véhicules : un camion, une de travail et puis qu’est-ce qu’ils camionnette et une voiture. C’est font ? Certains se mettent à vendre. galère des fois. C’est triste.

Mais ça n’est pas une solution.

Il y a plein de locaux, ici il y a une salle de fête, je me suis marié ici. Ici Comment tu peux faire pour c’est une salle culturelle de la ville, vivre ? Les jeunes ils font des CV, se ici une association pour les retraités, démènent et se font jeter. Alors ils il y a plein de choses, mais il faut un travail. vendent. C’est pour boire un café, s’acheter Ici il n’y a rien pour les jeunes, c’est un paquet de clopes ou une paire la mort ! de pompes. Tu ne vis pas avec ça, tu peux rien faire. Je m’occupe bien de mes enfants. Je ne veux pas laisser mes enfants trop dehors, ils sont trop petits.

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Il y a huit mille habitants dans le quartier et il y a pas un seul commerce. Les gars aimeraient bien rester dans leur quartier, avoir leur commerce, un taffe. La plupart des jeunes va dans le centre-ville, s’il y avait des commerces ici ça éviterait bien des problèmes je pense. Ça rendrait la cohabitation plus facile.

l’éducation pour les plus jeunes, c’est eux qui ont besoin d’aide. Avec un peu de soutien, beaucoup de choses iraient bien mieux. Si le chômage était réduit, tous les problèmes ne disparaitraient pas, mais ça aiderait, c’est sûr.

Les politiques ne font pas grandchose pour nous. Avant les élections, ils viennent nous voir, ils nous promettent des choses et après, une fois qu’ils sont au pouvoir ils disparaissent. La salle des jeunes c’est bien, mais ce n’est pas pour des jeunes de 30 ans. Plutôt pour ceux qui sont encore dans le système scolaire. C’est pour eux qu’il faut faire des trucs.

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J’ai 34 ans, je suis majeur et vacciné, j’ai pas besoin d’aide pour me débrouiller. Mais il faut faire de mohammed


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Remerciements Mu-Jong à Houssama, Elodie à Cynthia, Emeric à Georges, Clémentine à Chantal, Lauriane à Marc & Omar, Mélody à Léa, Charlotte à Julien, Justine à Christelle, Coline à Maurice, Morgane à Françoise & Maëva, Mina à Boucheib, Raphaël à Bernard, Lucie à Hanan, Maël à Djil, Morgane à Naïma, Benjamin & Luca à Jean-Claude, Clémence à Yvelise & Christiane, François à Marc, Mina à Martine et Luca à Mohammed.

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Ces itinéraires ont été réalisés dans le cadre pédagogique du Master Design Urbain, en collaboration avec la ville de Bagnols-sur-Cèze. Équipe enseignante : Jennifer Buyck - Behrang Fakharian - Nicolas Tixier Inès Ramirez.

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IUG

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/ ENSAG / HEPIA / IGD-UNIL / ESAAA - Vil l e de Bag no l s-sur-Cèze


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