Ce jour-là_La compagnie du fleuve 29/05/12 10:26 Page7
Clichy-sous-Bois, 2012 Quand Sylvie Cadinot-Romerio, qui enseigne le français au lycée Alfred Nobel, m’a proposé de venir chaque semaine à Clichy-sous-Bois 1, elle avait déjà, je crois, une idée en tête : faire appel à un romancier et travailler cette forme-là, le roman. C’est qu’au départ aussi, il y avait cette idée de raconter Clichy aujourd’hui, sept ans après les émeutes de 2005, peut-être même produire une nouvelle perspective, moins spectaculaire, moins totalisante aussi, et plus soucieuse de ce qu’on pourrait appeler « la vie en vrai ». Et pour parvenir à cela, nous avions en effet cette intuition commune, qu’il faudrait tenter une forme narrative, tisser un récit aussi collectif que possible, fait d’imbrications et de fictions plurielles, en tout cas ne laissant pas les paroles à l’état solitaire, encore moins fragmentaire. Nous avons même postulé discrètement, souterrainement, avec peut-être Michel Foucault ou Paul Ricœur, que la narration est ce qui lie, assemble et compose des identités. 1. Ce travail a été mené dans le cadre du dispositif mis en place par le Conseil Régional d’Ile-de-France, consistant à associer un écrivain à un lieu pour une année et ainsi donner à l’écrivain comme à la structure les moyens de mener des projets ambitieux.
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