Un début qui se perd… Un petit d’homme dormait au clair soleil À la lumière des yeux du monde Qui refusait de voir des visages Sur la mer des traversées Tanella Boni
Qui sait quand tout cela a vraiment commencé ? Peu à peu, imperceptiblement, les eaux bleu azur, vert émeraude, limpides, scintillantes de la Méditerranée se sont grisées, assombries, opacifiées. La perception hésite, floue et fragile. Les abysses ont englouti des milliers d’hommes de femmes ou d’enfants, venus d’Afrique ou d’Asie, embarqués sur quelques coques de noix hardies et dérisoires, en quête d’une vie meilleure. Motus. Une disparition muette, un radical effacement qui bâillonne et fait taire. Un silence qui se prolonge et se répand de rive en rive. Suffit-il d’effacer les traces pour que rien n’ait eu lieu ? Faudrait-il que ces morts sans sépulture disparaissent et ne viennent pas hanter les eaux qui baignent les rivages où vivent d’autres hommes ?
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