Journal des Archipels_N°1

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N ° 1

A v r i l

2 0 2 1

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R é u n i o n

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M a u r i c e

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M a d a g a s c a r

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L e s

ECONOMIE CIRCULAIRE

TRANSPORT MARITIME DANS L’OCEAN INDIEN COMMENT PROFITER DU NOUVEL ORDRE MONDIAL ?

SCOOP

CHRISTOPHE DEBOOS CEO DE SEALOGAIR

UN CARGO POUR NOS ÎLES FONCTIONNANT AVEC NOS DÉCHETS…

C o m o r e s

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A f r i q u e

Green

DE NOUVEAUX MODÈLES POUR UNE PRODUCTION AGRICOLE RAISONNÉE

Blue

COMMENT APPROCHER LES GRANDS REQUINS

Histoire

LE DERNIER VOYAGE DU SAINT GÉRAN


APPORTER UNE RÉPONSE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

NOTRE ENGAGEMENT :

RÉDUIRE NOTRE INTENSITÉ CARBONE DE 50% D’ICI 2030


L’invitée

LUVNA ARNASSALONSEERUNGEN Head Of Sustainability at IBL Together

« S’ADAPTER À LA NATURE PLUTÔT QUE S’IMPOSER ! »

Comment l’économie est-elle (ré)conciliable avec l’environnement ? Nous avons posé la question à la toute nouvelle responsable du développement durable chez IBL, premier conglomérat mauricien. Pour la jeune femme au CV déjà bien étoffé : « Les deux concepts sont souvent perçus comme antagonistes car l’économie d’aujourd’hui est basée sur une exploitation aveugle des ressources naturelles. C’est d’ailleurs là que se trouve le challenge que nous devons relever : comment concilier les deux dans un nouvel ordre économique ? Faut-il penser à sortir de la crise à tout prix ? Sous-entendu au prix d’une nouvelle exploitation aveugle des ressources, ou bien faut-il dès à présent s’orienter vers ce que les anglo-saxons nomment le unusual business, c’est-à-dire comment intégrer les risques environnementaux dans le business ? J’ouvre ici une parenthèse pour rappeler que nous avons déjà été alertés par de nombreux rapports, je pense notamment à celui de l’OCDE de 2012 : « Perspectives de l’environnement à l’horizon 2050 » dans lequel sont annoncées les conséquences catastrophiques de notre inaction. Aujourd’hui, la crise liée au Covid est une des premières conséquences annoncées et nous oblige à repenser notre modèle économique face à la Nature : continuer à nous imposer ou essayer de s’y adapter ? Vous devinez ma réponse… En tous cas chez nous à IBL, nous travaillons sur un nouveau modèle économique, une nouvelle stratégie de croissance où le développement durable aura toute sa dimension et qui sera annoncée dans quelques semaines. Dans cette perspective, Arnaud Lagesse le Group CEO IBL Ltd, a pris la présidence du CEO Forum Global Compact. Pour ma part, je suis chairperson du Global Compact Network Mauritius. Questionnée sur la problématique du développement durable dans notre région, Luvna souligne que « la stratégie de la Commission de l’océan Indien colle parfaitement aux ODD car l’organisation régionale réfléchit en termes systématiques, en anglais là aussi c’est une notion qui se traduit difficilement, on parle de « collaborative thinking ». Il faut arrêter de dépendre de l’extérieur pour nos besoins les plus essentiels. Il faut repenser tout cela, en commençant par l’agro-alimentaire, régionaliser l’éducation pour un meilleur transfert des savoir-faire, une interdépendance des compétences. On sait également que la plupart des métiers qui seront pratiqués demain, en 2030, n’existent pas encore à ce jour. Or Maurice et La Réunion sont en avance sur les îles voisines en termes d’éducation, de recherche et développement. Il faut anticiper sur ces changements, identifier les compétences et les transmettre aux autres îles. Dans cette logique, il faut arriver à créer des clusters d’entreprises dans chaque île et entre elles de façon à optimiser les compétences des PME souvent isolées, c’est l’objectif 17 tel que défini dans les ODD. En bref jouer groupés dans un nouvel ordre économique ».

Jacques Rombi | Rédacteur en Chef

UN OCÉAN QUI NOUS SÉPARE !

Pourquoi le Journal des Archipels alors qu’il est plus courant de parler des « îles de l’océan Indien » ? Pourtant, en passant une loupe sur la carte régionale ce sont des centaines d’îles qui apparaissent dans cette Indianocéanie telle que définie par la Commission de l’Océan Indien. Des archipels qui, des îles de Pemba aux îles de Rodrigues, en passant par l’archipel comorien ou les Nosy Mitsio, sont censés regrouper des populations aux passés communs mais aux présents très différents. Malgré une histoire maritime commune et d’intenses échanges commerciaux qui ont duré près de trois siècles avant de s’éteindre au milieu du XXe siècle, les peuples de nos îles du sud ouest de l’océan Indien ne se connaissent plus. Toutefois, si la valeur et le volume des échanges commerciaux inter îles ne cessent de se dégrader (restant en deçà de 3 % des échanges globaux), des initiatives culturelles, sportives ou ludiques de plus en plus fréquentes prouvent bien qu’il existe un réel besoin de rencontre et de redécouverte de ces cousins si proches et si méconnus. Aussi, l’émergence d’un média fédérateur, prônant l’identité régionale, et promu par une interactivité nouvelle, a toute sa place aujourd’hui. Ecologie et développement durable, respect de l’environnement et développement social, économie circulaire… Autant d’expressions à la mode qui génèrent souvent plus de « green washing » que de réelles actions liées à l’économie circulaire. Pourtant dans la région, les économies d’échelle liées à une mutualisation des infrastructures, des stocks de déchets et de matières premières, le transfert des savoir-faire, l’intelligence collective des populations… sont aujourd’hui les clefs d’une Indianocéanie qui serait composée demain d’îles interdépendantes en même temps qu’autonomes vis à vis des grands courants commerciaux traditionnels. En bref l’inverse de la situation actuelle ! Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 3


Attitude engagée pour un tourisme à

Imaginons un futur où le voyage profite à tous. Acteur actif du développement positif à Maurice, ATTITUDE a lancé Positive Impact, un mouvement destiné à fédérer les clients, les partenaires touristiques, et plus largement tous les habitants de notre île autour d’un modèle de développement durable et raisonné.

S’engager c’est important, agir concretement c’est encore mieux ! Parmi les trois premiers objectifs fixés depuis le lancement du mouvement, deux ont été atteints.

Le plastique à usage unique c’est fini ! Les hôtels Attitude sont zéro plastique à usage unique dans l’expérience client depuis le 1er novembre 2020.

Éduquer et former pour devenir des citoyens engagés En 2020, 10 000 heures de formation sur les pratiques durables ont été offertes aux employés d'Attitude.

Ces objectifs sont remplacés par de nouveaux pour aller toujours plus loin.

Plus d’infos

www.

.mu


Sommaire Le Journal des Archipels | n°1 | avril 2021

12 | PEOPLE.

06 | FIL INFOS. Tamarin : le projet immobilier de trop • Sondage : la marée noire, une plaie qui ne cicatrise pas ! • Maurice. Une Déchetèque pour valoriser les matériaux de construction

Vêlayoudom Marimoutoo, SG de la COI • Hubert Harel, CEO de Necker Capital • Emmanuel Seraphin, Président de la communauté d’agglomération du TCO • Jean Michel Pitot, CEO du groupe Attitude et Président de l’AHRIM • Vincent Dégert, Ambassadeur de l’Union européenne pour Maurice et les Seychelles • Jean Pierre Dalais, CEO du groupe CIEL • Chambres de commerce étrangères : Des jeunes aux commandes.

38 | DOSSIER. ECONOMIE CIRCULAIRE : L’union fait la force Avec la crise sanitaire subie depuis près d’une année, la question de la coopération régionale est plus que jamais d’actualité… Cette crise va t’elle amplifier nos problématiques régionales de transport ou au contraire permettre de nouvelles opportunités ?

Editeur : Archipels Solution Ltd / Fast Hub N°6 • Grand-Baie-Coeur-de-Ville Grand-Bay • Mauritius (230) 269 37 00 direct line : 268 37 51 Tél (230) 52 52 74 93 & 54 79 74 22 – Mail : archipels@lejournal desarchipels.com - Website : www.lejournaldesarchipels.com Zone de couverture : Maurice – La Réunion – Madagascar – Le Canal (archipel comorien – îles éparses – Seychelles Afrique orientale). Audience cible : Entrepreneurs – Directeurs du développement – Consultants en stratégie et développement – ONG – Crowdfunders et Business angels – Diplomates et politiques – Fonctionnaires – Etudiants … Directeur de publication, rédacteur en chef : Jacques Rombi (jacques@lejournaldesarchipels.com) Assistante administrative et traductions : Rebecca Languelale (archipels@ lejournaldesarchipels.com ) Direction artistique : Archipels Solution Ltd

30 | GREEN. L’AGRI HUB DE FERNEY, le nouveau modèle économique • L’EXPORTATION COLLABORATIVE : Le bon modèle du Club Export • ENGRAIS BIOLOGIQUES : Le marché régional, un atout important pour Guanomad.

56 | BLUE. SHARK SERENITY, comment approcher les grands requins en toute sérénité • AQUA SPARK lance un fonds d’investissement pour l’aquaculture • LE CEDTM : Observer cétacés et tortues marines à la Réunion en toute quiétude.

64 | HISTOIRE. NAUFRAGE EMBLÉMATIQUE. Le dernier voyage du Saint-Géran 68 | PORTFOLIO. Keivan Cadinouche, du noir et blanc plein de couleurs ! • Gil Renaud, avec ses peintures Mayotte prend une dimension surréaliste 76 | FUN & TECH. Claude Manche, il enseigne les arts martiaux sur les plages • Annie Lebot : « La plupart des personnes ne sont pas heureuses car focalisent sur ce qui ne va pas » • CONSEIL SANTÉ. Un verre d’eau par enfant et par récréation • Lyna Boyer, une miss Réunion très branchée écologie • HUMEUR. Christophe Perez, Ne pas immoler nos industries sur l’autel de la vertu ! • Pierre Marouby, CEO GreenYellow ocean Indien • Martine de Souza, Responsable RSE chez IBL : « A la Fondation, l’idée qui prévaut est la transmission de valeurs fortes »

PRINCIPAUX JOURNALISTES Est africain : André Gakawa (andre. gakwaya@gmail.com) Archipel comorien : À Moroni : AB médias (comores@ lejournaldesarchipels.com) À Mayotte : Nora Godeau (mayotte@ lejournaldesarchipels.com) Madagascar : Tsirisoa Rakotondravoavy & Liva Rakotondrasata (madagascar@ lejournaldesarchipels.com) La Réunion : Olivier Pioch (reunion@lejournaldesarchipels.com) Ile Maurice : Orson Razaka (maurice@lejournaldesarchipels.com) Thierry Chateau et Julie Vacher (histoiresproductions@gmail.com) Sandra Mussard (In other Words) Photographies : Pierre Marchal – Jean-Daniel Marie – Jacques Rombi Distribution : ARDP (à La Réunion) – IPBD et Mauritius Post à Maurice Jumbo Score à Madagascar – Envois personnalisés à Mayotte et Grande Comore. Dépôt légal : ISSN en cours Impression : Regent Press Ltd. Imprimé sur du papier FSC

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filiNfos

TO BE WEB OR NOT TO BE WEB ? Le JDA innove avec une formule mixte mêlant à la fois le vieux papier et son jeune fils, le site Web. Il suffit de scanner le QR Code avec son smartphone pour en savoir plus sur le sujet traité.

Le projet a mobilisé un collectif de manifestants fin février. Au premier plan, l’activiste Bruno Laurette. Photo Sandra Mussard

TAMARIN : LE PROJET IMMOBILIER DE TROP ?

La côte ouest de l’île Maurice est actuellement sous le feu des projecteurs : Legend Hill, un projet immobilier d’envergure en construction sur les pentes de la Tourelle (la montagne emblématique de la région), est décrié par de nombreux citoyens et activistes locaux qui y voient un danger pour la nature et les habitants des environs. Sandra Mussard à Tamarin

En quelques années, Tamarin et Rivière Noire ont vu le béton grignoter de plus en plus leurs espaces naturels. Ces anciens villages de pêcheurs se sont 6 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

en effet développés à vitesse grand V au cours de la dernière décennie, jusqu’à devenir de véritables stations balnéaires. De nombreux développements sont

encore en cours ou à venir, comme la Smart City de Cap Tamarin ou encore le nouveau centre commercial qui pourrait peut-être voir le jour au cœur de l’un des emblèmes de Tamarin : les anciennes Salines de la famille De Ravel. Porté par le promoteur français MJ Développement*, Legend Hill (dont les travaux d’infrastructures sont actuellement en cours) est un développement immobilier symptomatique de l’évolution de ces petits villages de la côte ouest de Maurice. Le projet devrait aboutir au premier trimestre 2023 avec – entre autres – 52 unités résidentielles (villas, penthouses, appartements) et un hôtel de luxe. Mais pour de nombreux habitants de la région, il s’agit là de la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

« Comment ce projet a-t-il pu obtenir les autorisations nécessaires ? En effet, des dizaines de citoyens inquiets ont récemment manifesté pacifiquement aux côtés de Percy Yip Tong, directeur artistique, activiste et habi-


LA PRÉSENTATION DU PROJET LEGEND HILL met en évidence une vue imprenable… depuis les hauteurs de Tamarin. Le promoteur explique que «Legend Hill est un projet guidé par une logique de développement réfléchi, responsable et respectueux ». A lire sur notre site : www. lejournaldesarchipels.com tant de Tamarin depuis 50 ans, devant l’entrée du chantier. Pendant plusieurs jours, ils y ont réclamé l’arrêt de ce projet leur semblant écologiquement et humainement risqué. Ils s’appuient notamment sur le rapport d’impact d’environnemental (EIA) de Legend Hill, qui stipule que les pentes de la zone se situent entre 33 % et 40 % d’inclinaison et au-delà de 45 m au-dessus du niveau de la mer. Des éléments contraires à la réglementation exposée dans le Planning Policy Guidance 9 du ministère du Logement et des Terres. « Avec ces travaux, la montagne est déjà défigurée par des saillies d’environ 300 mètres de long et l’arrachage des arbres alentours : cette destruction de l’environnement pourrait avoir des retombées sur les vies humaines et sur les habitations à proximité, sans parler de l’impact destructeur sur la flore et la faune ! », explique Percy Yip Tong. « Nous avons déjà des problèmes

Fil infos

le rappelle Percy Yip Tong, « avec la nature, le risque zéro n’existe pas, et tout bouge très vite avec le changement climatique. C’est pourquoi nous devons militer dès à présent pour un développement planifié, réfléchi, durable et qui représente l’âme de notre village. »

L’activiste Percy Yip Tong. Photo Stéphane Mussard.

d’éboulements, d’inondations, de glissements de terrain ou encore de fissures dans les maisons de la région. Alors comment ce projet a-t-il pu obtenir les autorisations nécessaires ? Et comment être certain qu’il ne constituera pas un danger dans le futur ? ». Car, comme

*MJ Développement est un promoteur immobilier français issu de l’association de Mickaël Ruel à la famille Desjoyaux, connue pour les piscines du même nom. Après un premier projet immobilier « Marguery Villas » à Rivière Noire qui comporte deux phases de 26 et 14 villas, livré en 2017, un deuxième projet de 29 unités a vu le jour sur le même modèle à Grand Gaube, dans le Nord de l’île. Nous avons interrogé la direction de MJ Développement, basée à Anglet dans le sud-ouest de la France. Lire la réponse en scannant le QR CODE :

Reef Conservation combat l’Acanthaster Depuis le 9 février dernier, l’association mauricienne Reef Conservation a lancé le projet national de « Contrôle de la prolifération des populations d’étoile de mer corallivore » (projet COTs). L’acanthaster ou «mangeuse de corail » peut se développer sur certains récifs de nos îles de manière incontrôlée. Déjà, depuis longtemps à Mayotte, elle est combattue par des pêcheurs responsables guidés par Pierre Baubet (président de la coopérative Copamay) avec des primes attribuées pour sa collecte. Cette grande étoile de mer mangeuse de corail à plusieurs bras menace les récifs coralliens. Une prolifération de populations de COTs peut réduire la couverture corallienne vivante de 90% (Chesher 1969; Kayal et al., 2012), causant de graves dommages aux récifs et aux espèces associées. L’association fait appel à tous pour identifier les sites les plus infectés en suivant ce lien (et ou scanner le QR Code : https:// docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeU2U0iFjTsi3KakCTlTJ7Au1bYDqspI2MQedRdLwD1VTiErQ/viewform?usp=sf_link

Attention : cette étoile de mer est très venimeuse. Ne pas toucher sans protections efficaces !

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Photos : Jacques Rombi

SONDAGE : LA MARÉE NOIRE, UNE PLAIE QUI NE CICATRISE PAS ! En marge de ses prestations pour différents clients de la région l’agence Kantar s’est donnée pour mission de décrypter notre environnement et notre société pour mieux agir. C’est l’exemple de ce second baromètre du Wakashio qui est une enquête sur un échantillon national de 400 Mauriciens de plus de 18 ans, menée au téléphone en créole et transmise à notre rédaction début avril. 8 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

L’incident du Wakashio , occasionnant une marée noire sans précédent à Maurice, semble avoir été le catalyseur de nouvelles attentes des citoyens par rapport à l’environnement. Les résultats montrent que les Mauriciens se sentent encore très concernés par cette catastrophe qui a commencé le 25 juillet 2020. Les impacts économique, sanitaire et écologique sont toujours perçus comme majeurs, surtout pour la région de Mahébourg où s’est produit le drame, mais pas seulement. L’image du pays est atteinte, selon les Mauriciens. Pour autant, leur regard est un peu moins critique sur l’action du gouvernement concernant la gestion de la crise environnementale. Les ONG et le secteur privé sont perçus comme ayant agi comme il le fallait dans cette crise. Globalement les Mauriciens sont confiants dans leur capacité à régler cette situation à l’avenir. Le sujet Wakashio n’est pas clos: 74 % des Mauriciens se sentent toujours

concernés. Evidemment ce chiffre a baissé depuis 7 mois (-14 %) mais reste très élevé. 82 % pensent que les explications sur la marée noire ne sont toujours pas claires. Ce chiffre était de 75 % en août 2020. L’opinion des Mauriciens sur l’action du secteur privé et surtout des ONG durant cette crise est très positive et le reste. 77 % pensent que le secteur privé a agi comme il le fallait dans cette situation Wakashio/ Marée Noire (82 % en août 2020). 92 % pensent que les ONG ont agi comme il le fallait dans cette situation Wakashio/ Marée Noire (89 % en août 2020) 85 % pensent que cette marée noire a donné une mauvaise image de Maurice

au niveau international.L’impact de cette catastrophe environnementale est perçu comme, à la fois, économique, sanitaire et environnemental. Pour 60 % des répondants, l’impact sera surtout régional (Mahébourg). On note que, comparé à août 2020, le nombre de Mauriciens à s’inquiéter de l’impact de la crise a un peu baissé, mais cette baisse reste peu significative.


82 %

pensent que les explications sur la marée noire ne sont toujours pas claires.

Fil infos

Après 7 mois, l’opinion des Mauriciens sur la gestion de la crise environnementale par le Gouvernement s’est améliorée : de 15 % à 27 % de satisfaits. Globalement la proportion d’insatisfaits reste majoritaire.

© Droits réservés

À quel point vous sentez-vous concerné par la marée noire ? % des réponses

Nathalie Job, directrice associée de Kantar océan Indien.

88 %, soit 9 Mauriciens sur 10 pensent que manger les poissons péchés dans cette région est toujours dangereux. Ce chiffre était de 96 % en août 2020.

Sondage réalisé par

Kantar organise une journée sur le marketing durable

Kantar, l’agence spécialisée en études de marché et accompagnement marketing, organise un forum d’une demi-journée le 6 mai prochain sur le thème du marketing durable. L’agence dirigée par Nathalie Job, Mohamed Mouratsing et Virginie Villeneuve a prévu d’accueillir une centaine de personnalités influentes et intéressées par ce sujet hautement d’actualité. D’après Nathalie JOB : « Une étude exclusive que nous sommes en train de réaliser et baptisée « sustainability foundation study » sera alors présentée et commentée par des spécialistes in situ mais aussi en visio-conférences ». Kantar est également implanté à La Réunion et à Madagascar. Ces enquêtes et analyses font référence dans la région et peuvent être, pour certaines, consultées librement sur le site : https://kantartns.io/. Kantar représente et héberge dans ses locaux Analysis Institute of Management qui enseigne des Masters et programmes exécutifs pour les professionnels de l’océan Indien, délivrés à Maurice en partenariat avec l’Université Paris-Dauphine et l’IAE Paris – Sorbonne Business School. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 9


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Dans quelques semaines, Stéphanie organisera le Recup’n’Make Challenge, une « perf » artistique qui a pour objectif de mettre en relation les industriels avec les artistes et le grand public pour bien faire comprendre que les rebus sont une ressource.

Maurice. Une Déchetèque pour valoriser les matériaux de construction

L’idée fait son chemin un peu partout et prend une plus grande dimension dans nos petites îles désormais confrontées à des fermetures de frontières : « il faut que nous puissions valoriser nos ressources locales, en commençant par éviter de les gaspiller » explique Stéphanie Bouloc, instigatrice de la plateforme La Déchetèque. Il s’agit de la première plateforme spécialisée à Maurice sur la réutilisation et la revalorisation des

surplus et matériaux de la construction. Comme le précise le slogan « Promouvoir le seconde main, neuf ou usagé dans une dynamique d’économie circulaire ». La Déchetèque est une start-up ayant pour but le réemploi des matériaux à Maurice, une plateforme en ligne connectant les détenteurs de matériaux non utilisés avec des utilisateurs de seconde main qui les revaloriseront. Sa promotrice, la Française Stéphanie Bouloc n’en est pas à son coup d’essai : après un certificat « Démarrage et mise en place d’une ressourcerie (autre nom donné aux déchetteries) » obtenu à Nice en France, elle s’est spécialisée sur la question d’économie des ressources et son corollaire de réduction des déchets. L’idée est de proposer une solution alternative à l’achat de matériaux neufs et ainsi réduire l’impact environnemental. A Maurice depuis trois ans, elle a pu tester les besoins et les demandes en participant à des actions de nettoyage des plages et de sensibilisation à l’environnement

À l’occasion de la rénovation des vitraux du château de Bel Ombre, dans le sud du pays, nous avons rencontré Joël Mône, un des rares maîtres verriers encore en activité dans le monde. La création, qui se fait en plusieurs étapes, avait pour but de remplacer les vitraux cassés du château datant du 19ème siècle et remplacés par de vulgaires morceaux de verres peints. Après un repérage préalable en 2019, Joël a pu poser ses vitraux qui avaient été prédécoupés à Lyon, avec l’aide du personnel de Bel Ombre. À Maurice durant deux semaines en début d’année, il a pu poser les 24 impostes. Aucune n’ayant la même couleur et donc la même intensité lumineuse. C’est ce qui rend du coup de lieu magique avec des couleurs qui changent tous les jours de l’année et toutes les heures du jour… Lire la suite sur notre site : lejournaldesarchipels.com. 10 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

© Jacques Rombi

Des vitraux dans les règles de l’art à Bel Ombre

notamment auprès de Project Rescue Océan Maurice ou encore chez We ReCycle ou Zero Waste Mauritius. Aujourd’hui la première étape est de mettre en place une plateforme numérique qui permettra de jauger les gisements et les demandes : « je me donne trois années environ pour mettre cette plateforme sur les rails. Ensuite, si c’est nécessaire je pourrai envisager une unité de stockage mais ce n’est pas sûr, si la plateforme suffit pour mettre en relation l’offre et la demande, ça ira… » Le business model repose sur l’abonnement à la plateforme (différentes formules en fonction des segments d’activité du secteur de la construction), un pourcentage sur les transactions, la publicité ou encore des prestations de conseils, d’audits auprès de ses membres. Une idée originale qui prouve une fois de plus que la révolution de l’upcycling (ou valorisation des déchets) est bien en marche. Jacques Rombi


Fil infos

Le Journal des Archipels a suivi régulièrement la mission engagée par GreenPeace qui a engagé une vaste étude du banc de Saya de Malha, au nord ouest de Madagascar. Embarquée à bord du navire de recherches océanographiques de Greenpeace l’Artic Sunrise, Shaama Sandooyea, seule scientifique mauricienne embarquée (et membre du Marine Discovery Centre du groupe Attitude) nous a transmis des informations parfois exclusives. Lire nos dernières actualités de la mission sur notre site :

Le Château est situé à Pamplemousses, à quelques kilomètres du Jardin du même nom.

Château de la Villebague : Luxe, Nature et Culture

Le Château de la Villebague est un des plus anciens de l’Ile Maurice. De l’usine sucrière aux soirées mondaines, La Villebague a connu mille et une vies. Et pour cause : le domaine est né il y a plus de 270 ans ! Il rouvre ses portes pour une visite à la fois culturelle et historique (visiter Villebague permet d’avoir un résumé de toute l’Histoire de Maurice), mais aussi naturelle avec ses jardins et potagers, ou encore culinaire avec une table à découvrir sur réservation. Lire le reportage complet sur notre site : www.lejournaldesarchipels.com

Photo : Shaama tient une pancarte indiquant “Grève des jeunes pour le climat” le 18 mars dernier sur le banc de Saya de Malha.

Mayotte. Le bateau inutile de l’Office Français de la Biodiversité

La violente agression de deux gardes nature de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) le 12 mars dernier a éveillé notre confrère Denis Hermann basé dans le jeune département français. Les deux gardes se sont fait agresser sauvagement par une trentaine d’individus alors qu’ils étaient en patrouille sur la plage de Mounyambani dans leur mission de répression du braconnage de tortues de mer. L’un d’eux avait été grièvement blessé et son arme de service, de type GLOCK 17, volée ainsi que les munitions. C’est dire si l’insécurité à Mayotte est un vain mot, mais la question n’est pas là. Denis Hermann s’est simplement interrogé sur la présence de ces gardes à pied alors qu’ils disposent (théoriquement) d’une super embarcation parfaitement

adaptée à leur mission. Précisément un bateau de 10 mètres en aluminium et doté de 300 chevaux de motorisation (photo), construit par l’entreprise mahoraise Somarsal pour la modique somme de 200 000 € prélevés sur le budget du contrat de projet Etat Territoire. Une belle initiative prise par Saïd Omar Oili à l’époque où il était président du Conseil Général, soit entre 2004 et 2008, qui malheureusement est tombée dans les oubliettes de l’argent public gaspillé à Mayotte : la vedette reste en effet solidement attachée au quai de Mamoudzou, dans son jus, puisque n’ayant pratiquement jamais servie. Une curiosité qui mériterait une enquête et « distribuer des vols bleus » termine notre confrère dans son édition du 23 mars dernier (expression employée pour désigner une mesure disciplinaire : dans ce cas, renvoyer les fonctionnaires irresponsables en Métropole). Autre paradoxe bien typique des lourdeurs administratives françaises : la direction de l’OFB n’est pas basée à Mayotte, ni même à La Réunion mais… à Vincennes, en région parisienne ! Pratique pour lutter contre les braconniers de tortues qui pourraient s’aventurer du côté des berges de La Seine ! JR

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 11

© Greenpeace

© Jacques Rombi

Le Journal des Archipels, partenaire presse de GreenPeace à Saya de Malha


Investir dans notre patrimoine culturel et environnemental. Nous pensons qu’il est de notre devoir de préserver, de valoriser et de transmettre aux générations futures le patrimoine environnemental et culturel Mauricien. Nous voulons que pour les années à venir, les enfants mauriciens puissent continuer à être fiers de cette identité mauricienne, découvrir, comprendre, défendre le patrimoine et l’histoire de notre pays. Il en va de même pour la découverte et le respect de notre incroyable biodiversité. À l’heure où la planète prend conscience de la fragilité de notre société et de notre environnement, nous plaçons ces enjeux vitaux au cœur de nos stratégies avec l’intime conviction qu’ils sont indissociables de notre succès. Succès de notre terre et de notre peuple, pour demain.

SUCCESS BEYOND

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People

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© JDM_tsomboli@myt.mu

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Propos recueillis par Jacques Rombi Photos : JDM_Tsomboli@myt.mu

Le nouveau capitaine du navire Indianocéanie prend la barre en pleine tempête. Le professeur d’économie, spécialisé en économétrie, devra comme ses prédécesseurs se heurter à un chiffre têtu : les échanges intra régionaux restent autour de 3 % des échanges globaux. Une brèche importante dans la coque de l’Indianocéanie qu’il faudra colmater avant sa mise à l’eau. Quelle est sa vision du devenir régional ?

VÊLAYOUDOM MARIMOUTOU

Secrétaire général de la COI

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© JDM_tsomboli@myt.mu

People « NOS ÎLES SONT DES OASIS AU MILIEU DU DÉSERT»

Le Journal Des Archipels : Alors que quatre décennies ont passé depuis la création de la COI, le constat reste celui d’îles encore fermées sur ellesmêmes ou, si elles sont ouvertes, c’est le plus souvent vers des pays lointains comme l’Inde ou la France plutôt qu’entre elles. Les échanges économiques ne se font pas et les populations ne se connaissent plus. Pourquoi et comment inverser cette situation ? Vêlayoudom Marimoutou : Nous sommes tous des migrants aux origines souvent communes mais qui ont évolué différemment dans chaque île. Prenez l’exemple des Gujarits, partis de la même région indienne et qui se sont forgés une nouvelle culture à Madagascar, la Réunion ou à Maurice. C’est 14 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

un peu la même chose avec les autres ethnies. C’est pour cela que je mise sur le développement des relations culturelles entre nos îles de façon à nous retrouver. Il s’agit de construire une nouvelle histoire commune aujourd’hui parce que nos îles partagent un même socle culturel mais aussi parce qu’elles font face aux mêmes défis. C’est dans ce sens que je souhaite développer le programme d’échange de type Erasmus* à tout l’océan Indien. C’est une de mes missions pour cette mandature : solliciter nos Etats membres afin de mettre en place un vrai réseau d’échanges entre étudiants de l’Indianocéanie et, plus généralement, développer la Culture et inventer de nouvelles histoires communes. La culture, la création, la connaissance,

ce sont des leviers importants du développement des sociétés. JDA : Vous avez déclaré que « l’agenda climatique est absolument décisif parce qu’il s’agit de l’avenir immédiat de nos îles, de leur résilience et l’agenda biodiversité est un agenda stratégique pour toute la région car il est question de notre capital naturel ». Pouvez-vous expliquer votre stratégie sur ces deux points ? VM : Il y a l’Agenda de Paris et la réalité du terrain avec des Etats insulaires souvent pauvres. La COI a un rôle important à jouer dans ce scénario. Pour l’agenda climatique ou celui de la biodiversité, c’est la même chose : il faut que les petits Etats insulaires se fassent


Avant tout, le SG a tenu à saluer le lancement de notre magazine : « il n’y a pas assez de magazines sur l’Indianocéanie comme Le Journal des Archipels ».

© JDM_tsomboli@myt.mu

« NOUS AVONS DES PÉPITES ICI, IL FAUT QU’ELLES SOIENT PRÊTES À MONTER DANS LE BON TRAIN »

entendre. A la COI, nous représentons un petit monde dans ce grand monde. Nous avons plus de souplesse qu’eux et il faut en profiter pour travailler en réseau, entre nous et avec l’Afrique et même au-delà. C’est ce que j’appelle un multilatéralisme en réseau. Sur ces agendas du climat et de la biodiversité, la COI a enregistré des résultats tangibles, elle a documenté l’état des récifs par exemple et impliqué les communautés locales dans la gestion durable des ressources et des écosystèmes, comme la pêche à l’ourite à Rodrigues. Mais ces enjeux sont planétaires et ils sont essentiels pour notre avenir. La COI, c’est non seulement un porte-voix pour les îles africaines mais c’est aussi un catalyseur qui permet à ces îles de

bénéficier de l’aide internationale au développement. JDA : L’environnement, c’est l’axe fort de l’action de la COI, c’est ça ? VM : Parce que c’est un bien public, c’est un capital commun à toutes nos îles. Je vous annonce d’ailleurs que le Fonds vert pour le climat a décidé d’accorder plus de 52 millions de dollars à nos Etats pour un projet régional de renforcement des capacités des services météorologiques, hydrologiques et climatiques. Ce projet, Hydromet, sera aussi cofinancé par l’Agence française de développement et l’Union européenne. Le montant total est faramineux : 71 millions de dollars ! C’est dire l’importance politique, sociale,

économique et écologique de ces sujets et combien il est essentiel de doter nos pays en matériels, technologies et ressources humaines formées parce que derrière ce projet, il est question de résilience, de sécurité civile, d’aménagement du territoire ; bref, c’est du développement. JDA : Comment concilier économie et environnement ou, pour reprendre vos termes « l’émergence d’une Indianocéanie authentiquement durable » ? VM : Avant tout, il faut recadrer le débat par rapport à la crise COVID que nous subissons et qui risque de durer encore quelques temps à cause des variants. Cela cause des dégâts considérables chez les plus fragiles… Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 15


Vêlayoudom Marimoutou : « Nos îles sont des oasis au milieu du désert»

… dans le monde ; par exemple ce sont plus d’un milliard d’enfants qui ont quitté les bancs de l’école… Dans notre région, nous devons mettre sur la table cette problématique et y répondre collectivement car, parmi les Etats membres, trois sont parmi les plus riches d’Afrique et deux considérés parmi les moins avancés, donc les objectifs sont différents et il faut donc trouver la bonne formule pour avancer… JDA : C’est là où le professeur d’économétrie peut intervenir ? VM : En effet, faisons les diagnostics, testons les modèles économiques et utilisons les bons outils en considérant que les populations qui mangent à leur faim sont les plus éduquées. Ca commence par là : l’éducation. Par exemple un des outils importants que la COI a favorisés est le câble Metiss, cette nouvelle connectivité doit être accompagnée de formations aux nouveaux métiers du numérique. La mutation des emplois va changer les gains de productivité. Tous ces changements sont à prendre en considération pour la révolution numérique à venir. Nous avons des pépites ici, il faut qu’elles soient prêtes à monter dans le bon train. » JDA : En termes de connectivité, si le numérique nous relie correctement entre nous et le reste du monde, pour l’aérien et le maritime, nous en sommes encore loin… VM : La connectivité est le premier pilier de la stratégie économique qui doit être développée dans la région. Aussi quand on observe nos compagnies aèriennes locales, leurs lignes, on voit bien que leur priorité n’est pas l’océan Indien. Ce qu’il faut ce sont des prix bas car le marché local est relativement pauvre, c’est tout un nouveau modèle qu’il faut repenser. Les difficultés que les compagnies traversent aujourd’hui doivent être vues comme des opportunités pour se penser différemment. Idem pour le maritime, si le géant CMA CGM a organisé un grand hub à La Réunion, c’est bien que Port Réunion est 16 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

performant. Il est classé quatrième des ports français. Mais si on ne fait que recevoir, ça ne va pas. Il faut trouver des solutions pour produire localement et pouvoir exporter. Il faut que les Etats membres de la COI se projettent pour développer de nouvelles productions. La mise en place de la ZLECA depuis le 1er janvier est certainement une opportunité, notamment avec la fin des accords de Cotonou. En filigrane, il y a l’idée de la ré-

« Il y a l’Agenda de Paris et la réalité du terrain avec des Etats insulaires souvent pauvres. » silience alimentaire avec des transferts de savoir-faire. Par exemple dans les Mascareignes nous avons développé la productivité de la culture de la canne avec l’aide du CIRAD notamment, il faut aujourd’hui trouver des écosystèmes communs pour en faire profiter les autres îles comme Madagascar et ces immenses potentialités. Il y a des filières à mettre en place, des chaînes de valeur à consolider ou à construire. La connectivité est centrale tout comme les capacités de production, de

© JDM_tsomboli@myt.mu

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transformation, d’investissement, de stockage ou de sécurité nutritionnelle. Le secteur privé a un rôle déterminant à jouer aux côtés des Etats, comme cela a été le cas avec le câble METISS.

* Erasmus est un programme d’échange d’étudiants et d’enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d’enseignement du monde entier. Ce programme fait partie de l’Espace européen de l’enseignement supérieur. L’Université de La Réunion est engagée dans ce programme depuis 1989 : 2500 étudiants européens ont été accueillis et 1500 étudiants réunionnais en ont aussi bénéficié.


Leading the way together. IBL is a proudly born and raised Mauritian group. We are present in numerous sectors across 19 countries. We have a Mauritian heart, a strong regional presence and world class expertise. As a responsible corporate citizen, our mission is to help shape a brighter future for all.

iblgroup.com


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Par : Jacques Rombi Photos : JDM_tsomboli@myt.mu

Necker Capital est un groupe diversifié qui vient de naître de la séparation en deux entités distinctes : la holding AVA qui va conserver les activités liées à la finance et Necker Capital, un groupe diversifié dans le bien-être, le loisir et l’art de vivre. Son CEO explique pourquoi et comment Necker Capital développe de nouvelles activités, qui génèrent de belles plus-values, tout en créant un monde meilleur pour tous.

HUBERT HAREL CEO de Necker Capital

« CRÉER UN MONDE MEILLEUR POUR TOUS » Un monde meilleur ou le meilleur des mondes ? La nuance est subtile mais a toute son importance à l’heure du tout technologique et de la perte de certaines valeurs. Pour Hubert Harel, il s’agit de développer des activités avec le bienêtre au centre des préoccupations : « j’ai rejoint Rémy Mabillon en début d’année afin de diversifier ses sociétés qui étaient axées sur la finance uniquement. L’idée étant de développer un groupe diversifié 18 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

dans lequel le loisir et le bien-être auront toute leur importance ». Un positionnement bien visible du côté de Forbach : là, sur un hectare, vient d’émerger le plus grand centre sportif de l’océan Indien sous l’enseigne RMCLUB (lire le publireportage dans cette édition). Et ce n’est qu’une première étape aux dires du CEO : « cette vitrine du sport Hitech est aussi un centre de rencontres et de vie entre toutes les communautés de l’île. Elle va servir

d’exemple à dupliquer ailleurs. Nous sommes aussi en discussion pour dupliquer le modèle au sein d’établissements hôteliers de référence dans le pays. L’autre enseigne sportive : AVA Sports a une vocation plus compétitrice : nous venons de prendre la licence SPARTAN RACE, cette course d’origine américaine, organisée un peu partout dans le monde, est comparable à un parcours du combattant ludique, en pleine nature, sur 3


Ce Mauricien de 55 ans a fait ses études de gestion en textiles en Afrique du sud. Un secteur porteur qui l’emploie dès son retour au pays en 1991 : Tropic Knits, World Knits… avant de changer en 1995 en entrant chez Constancia (packaging). Il y développe l’enseigne à Maurice et au Kenya avant son rachat par Mauriflex du groupe malgache Cadillac. Plus récemment il a participé au lancement de la Smart City de Médine dans l’ouest de l’île en tant que Managing director properties.

sommes également associés au Marseillais Fabien Breton, qui fera vivre le bar. L’idée est de faire vivre ce site en synergie avec RM Club dont les membres y auront un accès privilégié. Enfin, nous venons de reprendre la plateforme de E.commerce Swaptoo qui sera upgradée grâce à une licence que nous venons d’acquérir et qui permet de simuler la valeur de l’appareil à vendre. Par exemple, si un client désire acheter un smartphone (reconditionné et garantie un an par nos soins), il pourra déduire de cet achat la valeur de son ancien smartphone qu’il désire échanger grâce à ce simulateur de valeur.

Implantation de l’enseigne La Redoute

POUR EN SAVOIR PLUS

parcours. Elle sera organisée l’année prochaine (dates précises à confirmer) dans le cadre somptueux de la Vallée de Ferney au sud de l’île (Spartan Race a plus de 1,2 million de followers directs NDLR). Nous avons pris cette franchise pour les trois prochaines années.

Sports, compétitions, loisirs et art de vivre… Autre activité développée par le groupe : la représentation des glaces américaines Häagen-Dazs à Maurice et La Réunion sous l’enseigne Mabma : « À Maurice, nous sommes implantés avec des kiosques sur les sites de

Bagatelle, Cap Tamarin, le Caudan et nous sommes en discussion avec une grande enseigne de distribution pour nous représenter dans l’Est. Nous allons commencer à développer ces kiosques avec du snacking, en respectant le cahier des charges de la marque (sorbets, cafés, macarons, crêpes…). À La Réunion, à l’inverse, nous sommes distribués au sein des grandes surfaces mais nous prévoyons d’y développer des kiosques, quand la situation sanitaire le permettra… Enfin, dernière acquisition : celle de l’enseigne Eden Beach à Grand-Baie. « Ce restaurant de plage situé à la Pointe aux Canonniers est reprise en joint-venture avec un des actuels propriétaires, Fabrice Gros, qui restera aux fourneaux pour perpétuer la réputation de cette table, les pieds dans le sable. Nous

Nous avons gardé le scoop pour la fin : Necker Capital, associé à Arthea Ltd d’Arnaud Bourgeois, implante l’enseigne La Redoute dans l’océan Indien : « c’est la société Mabou Home Ltd qui va développer La Redoute à Maurice cette année avec une belle vitrine de nos produits qui seront exposés sur près de 400 m2 à Beau Plan, entre le musée de l’Aventure du Sucre et le Business center. La directrice, Stéphanie Lenoir aura la responsabilité de son développement à Maurice, avant de nous implanter à Madagascar dès que la situation le permettra ». Notons que l’enseigne française La Redoute réalise environ 60% de son chiffre d’affaires avec l’ameublement et l’équipement de la maison. Secteur d’activité divisé en deux segments : entrée de gamme et haut de gamme avec l’enseigne AMPM qui représente des meubles « Premium ». Les autres 40 % étant assurés par le prêt à porter qui pourra être commandé sur la plateforme Web avant une représentation physique dans l’île en fin d’année. Le show-room de Beau Plan ouvrira ses portes ce mois de mai. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 19


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Par : Olivier Pioch

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EMMANUEL SERAPHIN

Président de la communauté d’agglomération du TCO* qui réunit cinq communes, 25 % de la population réunionnaise et la majeure partie de ses entreprises, Emmanuel Séraphin compte faire de la microrégion ouest un moteur de croissance et de développement pour toute la zone océan Indien.

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EMMANUEL SERAPHIN est le 1er adjoint de la ville de Saint Paul auprès d’Huguette Bello (élue en 2020). Il est délégué à l’aménagement du territoire, président de la commission d’appel d’offres et président de la commission de services publics. Il également a été élu président de l’Office du tourisme de l’Ouest en septembre 2020.

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« DANS LES ÉCHANGES SUD-SUD, LA RÉUNION À UN RÔLE MAJEUR À JOUER »

A l’échelle de La Réunion, le Territoire de la Côte Ouest (TCO) est un espace économique et naturel important qui comprend des Hauts habités, une partie du Parc national inscrit au patrimoine de l’Humanité, l’un des plus grands ports industriels français, trois ports de plaisance et une zone d’activités littorale amenée à se développer fortement ces prochaines années. « Sur ce territoire, l’économie et l’environnement sont intrinsèquement liés, explique M. Séraphin. Notre avenir repose ainsi sur trois piliers : la préservation des Hauts, le développement maritime et la création de villes durables pour accompagner la croissance démographique et l’arrivée de nouvelles populations. C’est déjà le cas à l’entrée nord de Saint-Paul, où nous allons bientôt poser la première pierre de la future Ecocité dans la zone de Cambaie. » Cette ville exemplaire accueillera 40 000 nouveaux habitants sur 76 ha dans les cinq prochaines années. Bien plus à un horizon de 25 ans en considérant ses 200 ha de foncier disponible à aménager. Elle privilégiera les modes de déplacement doux, les énergies renouvelables (solaire, maréthermique) et les matériaux biosourcés. « Les multiples chantiers qui nous attendent sont autant de défis environnementaux. Nous travaillons avec des start-up pour inventer de nouveaux matériaux respectueux des ressources. Et nous allons développer des terres fertiles, directement sur le site, par des procédés naturels qui font appel au bon sens et au génie réunionnais. » De fait, La Réunion ne manque pas de savoir-faire sur tous ces sujets. Constructions bioclimatiques, gestion des ressources et des déchets, recyclage/transfor-

mation, valorisation énergétique… L’île est en pointe dans la région. Et en particulier le TCO, qui accueille la SEM Cycléa, l’un des fleurons locaux de l’économie circulaire des déchets. « Nous avons à cœur de partager ces savoir-faire et ces bonnes pratiques dans toute la zone. Sur la question des déchets, nous échangeons beaucoup avec la ville de Victoria, aux Seychelles. A Madagascar, on travaille aussi avec l’île Sainte-Marie, qui fait face à de nouvelles problé-

« Sur le modèle de la création d’Air Austral à l’époque, cette compagnie ferait de La Réunion un hub maritime pour la région. »

matiques de pollution liées à l’activité hôtelière. » Au-delà, La Réunion occupe une place importante sur les grandes routes maritimes mondiales, en particulier pour les échanges Sud-Sud entre l’Asie et les pays

AFAO (Afrique Australe et Orientale). L’île a un rôle majeur à jouer sur cette question et Port Réunion dispose d’un potentiel de développement inouï avec un réservoir foncier de 80 ha en base arrière qui accueillera à terme un port franc, une unité de transformation de produits à l’export, une zone de maintenance pour les conteneurs… « Le développement de ces services portuaires est une valeur ajoutée pour La Réunion et un gisement d’emplois considérable. Tous les acteurs économiques de l’île en sont conscients. C’est pourquoi nous partageons, avec eux, le projet de créer une compagnie régionale maritime qui accueillerait l’ensemble des conteneurs en escale avant de les dispatcher dans les autres pays de la zone. » Sur le modèle de la création d’Air Austral à l’époque, cette compagnie ferait de La Réunion un hub maritime pour la région. Outre une plus grande efficacité de traitement, cela permettrait de rationaliser le transport – y compris dans une perspective de réduction des impacts environnementaux. Enfin, cela permettrait de maîtriser les coûts du fret maritime, qui ont littéralement explosé à l’occasion de la crise Covid. Le projet n’en est déjà plus au stade du vœu pieux. Des spécialistes seraient à pied d’œuvre pour en poser les premiers jalons. (A ce propos, lire les commentaires de Raj Mohabeer, chargé de mission à la COI, dans les pages suivantes NDLR).

*Territoires de la Côte Ouest composés des cinq communes : Le Port, La Possession, Saint-Leu, Saint-Paul, Les Trois-Bassins. Etendu sur 53606 hectares et totalisant environ 220000 habitants.

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Par : Jacques Rombi

JEAN MICHEL PITOT

CEO du groupe Attitude et Président de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (AHRIM)

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En se positionnant sur le créneau des 3 et 4 étoiles tout en prônant une « Otentik Attitude » pour reprendre les termes du slogan, Jean Michel Pitot a fait mouche dans le secteur touristique mauricien. Une success story qui lui vaut d’être élu, fin 2020, pour la troisième fois à la présidence de l’AHRIM. Son témoignage est précieux pour notre magazine.

Une « Otentik Attitude » Le groupe Attitude a pour positionnement celui de partager la culture mauricienne avec ses clients, à travers son concept Otentik Attitude qui se décline en cinq expériences : Otentik Dinner, Otentik Discovery, Otentik Cuisine, Otentik Music et Otentik Bazar. Les 1500 employés du groupe (ou “Family members”) profitent d’un plan de participation aux bénéfices, ce qui constitue un élément déterminant de fidélisation des employés. Pour les actions RSE, la Green Attitude Foundation a été

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créée en 2012 avec pour mission première de préserver l’écosystème marin : ferme de corail, protection des baleines et des tortues. Plus récemment l’ouverture du Marine Discovery Centre au sein de l’hôtel Lagoon, dans le nord de l’île, est un vrai engagement en faveur de la recherche scientifique (le laboratoire de biologie marine dispose de deux scientifiques permanents) et de sensibilisation aux écosystèmes marins. Le groupe Attitude, a été labellisé « Made In Moris » dans la catégorie des services hôteliers en 2019.


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SON ENSEIGNE EST UN VRAI LABORATOIRE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

JDA : Ce modèle peut être dupliqué à Maurice mais aussi dans les îles voisines ou plus loin encore ? Quelle est votre vision de la coopération régionale en Indianocénaie demain, après cette crise ? Jean Michel Pitot : Concernant Attitude, avant la crise liée au Covid, nous avions réalisé un beau parcours et nos réserves en trésorerie nous permettaient d’attaquer d’autres marchés dans l’océan Indien ou en Afrique. Malheureusement, ces réserves nous ont permis de passer le cap difficile jusqu’ici et de préserver les emplois. Même si

nous pensons toujours à exporter notre modèle qui a fait ses preuves, il n’est plus question d’acquérir des murs comme nous le pensions en 2019 mais plutôt à opérer dans le management, le co-branding ou autres formules de gestion. Pour répondre de manière plus générale sur ma vision de l’Indianocéanie, je pense que l’éternel problème est celui de la connectivité. Si nous voulons développer les combinés, il faut baisser les prix de l’aérien et avoir une vraie compagnie régionale. Soulignons au passage que les dessertes opérées par Turkish Airlines et Emirates ont permis d’élargir nos horizons. Les Iles Vanille souffrent encore de visions politiques trop égocentrées, de visions île par île…

ici ? Leur pouvoir d’achat a baissé comme pour tout le monde, y aura t’il la même avidité à revenir ici ? Autant de questions que nous essayons d’analyser tout en regardant ailleurs. Mais là aussi c’est difficile. Le marché indien est intéressant car il est comparable au marché européen que nous connaissons bien. Mais pourquoi par exemple nous sommes-nous plantés avec le marché chinois ? Contrairement à ce qu’on peut entendre, les hôteliers et restaurateurs ont très bien réagi face aux besoins des Chinois, ils se sont vite adaptés. Mais je pense qu’il y a eu un problème de nivellement par le bas, on a ciblé des charters et c’est toujours risqué : il faudrait peut-être nous positioner sur une mégapole comme Shangaï et pas sur toute la Chine comme nous l’avons fait sans succès. Mais encore une fois, je n’ai pas la réponse précise, il faudrait pour cela un meilleur partage des DATA avec les autorités, une meilleure synergie. Pourquoi n’avons-nous pas accès (ou alors trop tard) aux recensements issus des fiches de police à l’entrée des passagers par exemple ? Nous devons travailler en meilleure synergie avec les autorités…

Nous devons travailler en meilleure synergie avec les autorités…

JDA : Je m’adresse maintenant au président de l’Ahrîm : quel avenir pour le tourisme ici ? Doit-on dès maintenant cibler de nouveaux marchés ? Jean Michel Pitot : Il faut reconnaitre que le marché européen constitue et constituera encore l’essentiel de notre clientèle touristique. C’est à mon avis le marché à reconquérir en premier. Cependant il est difficile de prévoir quelle sera la capacité des Européens à revenir

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Le journal Des Archipels : Économie circulaire et environnement : comment concilier les deux ? Nous posons cette question à tous les interlocuteurs de cette rubrique mais il semblerait que chez vous, la réponse soit déjà dans la question ? Jean Michel Pitot : En effet, nous combinons les deux depuis notre lancement en 2008 avec l’hôtel Zilwa comme porte étendard de notre philosophie basée sur le naturel et la « lokal attitude ». Mais depuis 2019, nous avons accentué ce positionnement en faisant le pari de développer un vrai laboratoire de l’économie circulaire grandeur « nature » c’est le cas de le dire ! Nos engagements en faveur de l’environnement, de la chaîne de valeur locale ou encore les évènements culturels, ont été mis en place avec des moyens importants. Il s’agissait alors de proposer Maurice autrement pour les touristes et nos partenaires ont bien joué le jeu. Quelque part, nous avons pris les devants sans savoir que la crise Covid allait rendre ces pratiques incontournables…

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Propos recueillis par Jacques Rombi

Vincent Degert est ambassadeur de l’Union européenne pour Maurice et les Seychelles depuis 2019. Nous l’avons questionné sur les questions liées à l’environnement et l’économie circulaire, et s’il indique que la route est encore parsemée d’embûches, il souligne les points forts de nos îles. Extraits

VINCENT DEGERT

Ambassadeur de l’Union européenne pour Maurice et les Seychelles

« L’IDÉE GÉNÉRALE EST DE MOINS DÉPENDRE DE PAYS COMME LA CHINE ET L’INDE »

Le Journal Des Archipels : La fin des Accords de Partenariat Economiques (APE) en 2014, a fait grincer des dents du côté des pays bénéficiaires car ils imposaient désormais une réciprocité des échanges commerciaux. Qu’en est-il aujourd’hui dans la région, notamment à propos du domaine spécifique « Commerce et développement durable » de ces APE ? Vincent Degert : Nous avons dû en effet nous mettre en conformité vis à vis de l’OCDE, et c’est dans le même esprit

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que nous avons dû arrêter les subventions à la filière sucre. Notez cependant que nous restons les premiers partenaires financiers de ces pays ACP. Mais nous voyons ce changement comme une nouvelle dynamique qui permet de valoriser les spécificités de chaque pays. Par exemple la mise aux normes aux standards douaniers SPS permet à la fois de nouveaux revenus tout en promouvant un développement plus durable et responsable. Les consommateurs européens sont en effet demandeurs des

standards qui respectent le genre et l’environnement suivant l’Accord de Paris et de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques) ou encore la fin du travail des enfants en relation avec l’OIT (Organisation Internationale du Travail). L’application des règles de la CITES permet également d’enrayer le trafic des espèces animales et végétales protégées. Je serais heureux si les autres bailleurs internationaux faisaient de même. Le développement durable est une


Vincent Degert est de nationalité française. Il est diplômé en Sciences Politiques, Affaires Européennes (Institut de Science Politique et Institut d’Etudes Européennes de Strasbourg) et en Droit de l’Université de Strasbourg. Après quelques années dans le secteur privé, Vincent Degert a rejoint la Commission européenne en 1987. Ce pratiquant passionné de plongée sous-marine interviendra prochainement dans nos colonnes sur les sujets de la pêche, de gestion des écosystèmes marins et d’efficacité énergétique.

« JE SERAIS HEUREUX SI LES AUTRES BAILLEURS INTERNATIONAUX FAISAIENT DE MÊME. »

thématique qui préoccupe de plus en plus les citoyens à travers le monde. Ce chapitre vise à réaffirmer les obligations que les parties prenantes à l’accord APE ont déjà prises dans de nombreux accords multilatéraux ainsi qu’à les inciter à aller plus loin dans la mise en œuvre et à renforcer la coopération sur ces sujets. JDA : Dans nos îles de l’océan Indien, comment valoriser ces atouts que vous mentionnez ? VD : La crise sanitaire que nous subissons peut accélérer les choses pour une meilleure coopération, je pense notamment à l’énergie et à l’agroalimentaire. Beaucoup de techniques se développent en s’appuyant sur la coopération régionale à travers la Commission de l’Océan Indien (COI). Par exemple les essais des insecticides de type FARE développés par le CIRAD en 2017. Nous travaillons

aussi sur les sources d’approvisionnement, comme les tests médicaux. L’idée générale est de dépendre de moins en moins de pays comme la Chine et l’Inde. Le secteur privé a des opportunités à saisir et peut travailler avec les Universités. JDA : Aujourd’hui, il y a une prise de conscience que le développement économique et la protection de l’environnement vont de pair. Concrètement quels types d’investissements permettent de limiter les prédations humaines sur l’environnement ? VD : Ce sont les investissements que prône l’Union européenne dans le « Green Deal » pour la transition écologique des entreprises et également en faveur de la transition numérique. Maurice a beaucoup de potentiel dans ce domaine et s’est fixé des objectifs ambitieux lors de la COP 21 notamment

pour remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables. En collaboration avec l’AFD, nous participons au financement du SUNREF (la ligne de crédit verte) qui finance des investissements écologiques. Le SUNREF II a par exemple permis à l’entreprise Maurilait, grâce à un prêt de 279 346 €, de réduire son impact sur l’environnement grâce à des équipements moins énergivores et au remplacement du gaz frigorifique (nocif pour la couche d’ozone) par de l’ammoniac. Notez que la contribution de l’UE dans le cadre de la troisième ligne de crédit SUNREF s’élève à 280 M de roupies mauriciennes (environ 6 M€ NDLR). Elle servira à financer l’assistance technique, la préparation et la mise en œuvre des projets dans les domaines de l’énergie, de l’eau, de l’agroforesterie et de l’agriculture comme ce projet d’agriculture raisonnée hors-sol sous serre pour la production de tomates grâce à un système hydroponique en circuit ouvert et sans insecticides chimiques. Nous avons financé un projet aux Comores des Unités de Distillation Foyers Economiques (UDAFE) pour diminuer la quantité de bois utilisée à distiller l’ylang ylang. Nous avons aussi soutenu le Programme Régional d’Efficacité Energétique (PREE) qui a mobilisé le secteur privé à Madagascar, aux Seychelles et aux Comores en faveur de l’efficacité énergétique. Il faut évidemment promouvoir l’économie circulaire, et il reste beaucoup à faire dans ce domaine, en commençant par sensibiliser les consommateurs aux modes de consommation plus durables (campagne Eu Beach Cleanup par exemple). Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 25


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Propos recueillis par Jacques Rombi Photos : droits réservés

A la tête du groupe diversifié Ciel, classé sixième dans le classement régional des entreprises*, Jean Pierre Dalais nous donne ici sa stratégie pour une nouvelle économie.

JEAN PIERRE DALAIS 26 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021


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VISION SUR UN CIEL DÉGAGÉ ! Le journal Des Archipels : Votre groupe a une vraie approche de l’économie circulaire et la révolution agricole que vous engagez dans la région de Ferney, au sud du pays, est sûrement un exemple à suivre. C’est votre façon de concilier économie et environnement ? Jean Pierre Dalais : Je pense que depuis quelques temps, ça va de pair pour tous les opérateurs. On ne peut plus imaginer de développement économique sans penser à l’environnement. En outre, nous sommes une petite île et le challenge est désormais de nous positionner sur l’environnement. Moi qui aime me balader en bateau, je prends souvent conscience de notre fragilité, que faisons-nous de tous nos rejets sur cette petite île ? Le challenge justement est de trouver les moyens de nous différencier avec des solutions innovantes. Il faut trouver le moyen d’amener les touristes sur des séjours plus longs par exemple. On a la chance d’être un groupe régional important, on doit donc être leader dans le changement, dans les nouveaux modèles de développement. Cela passera par une nouvelle dynamique régionale pour mieux échanger entre nous… JDA : Justement comment voyez-vous l’avenir des échanges entre nos îles de l’océan Indien et avec la côte africaine ? JPD : Comme vous savez nous sommes implantés de longue date à Madagascar et en Afrique (depuis 32 ans à Madagascar avec Ciel textile NDLR). Il est vrai que nous avons des îles avec des niveaux de croissances très différents mais chez Ciel nous avons la volonté de grandir et de faire grandir les autres en même temps. Nous avons joué un rôle moteur dans l’emploi à Madagascar et en Afrique de l’Est et c’est un rôle qui évolue encore aujourd’hui en prenant compte du changement climatique et du développement durable. Par exemple à Madagascar, nous engageons non seulement des actions de reforestation mais aussi de formations…

JDA : C’est là où un groupe diversifié comme Ciel peut vraiment faire des petites révolutions un peu partout. On le voit à Ferney dans le domaine agricole (lire le reportage dans ce numéro), où par exemple le regroupement de plusieurs agriculteurs sur vos terres permet d’accéder à des financements. Un modèle à dupliquer ailleurs ? JPD : Exactement, c’est ce que nous faisons avec nos outils financiers, ici avec Bank One et à Madagascar grâce avec la banque BNI et le programme de Promotion de l’Entreprenariat des Jeunes dans l’Agriculture et l’Agro-industrie (ou PEJAA). Trente cinq jeunes Agripreneurs (acronyme pour agriculteur-entrepreneur NDLR) originaires de 13 régions du pays, ont reçu leur certificat et leur chèque pour leur installation et le financement de leur projet à l’issue de 12 mois de formation auprès d’un centre d’incubation, cela dans les chaînes de valeur des filières blé, maïs et lait. Ces jeunes Agripreneurs ont bénéficié de plusieurs formations de gestion et aux métiers de l’agriculture et de l’agro-industrie. Ils ont également effectué des stages professionnels auprès des sociétés partenaires. Ils ont participé à des événements économiques internationaux et ont effectué des études minutieuses du marché avant d’aboutir à l’élaboration de leur businessplan. A terme, 320 jeunes agripreneurs bénéficieront chacun d’un montant maximum de 35 millions d’ariary (environ 8000 €), avec un taux très préférentiel. Autre outil important pour Madagascar où le secteur semi formel et informel

est très répandu avec le développement d’outils de microfinance adaptés. Le lancement en 2019 du produit KRED, dédié à ces TPE et PME exclues des financements classiques, leur permet à la fois une forte réactivité et des meilleures conditions financières, à l’instar de ce qui se fait avec les grandes banques. Véritable banque digitale, KRED réalise la totalité de ses opérations via les tablettes de ses agents mobiles

Proposer des solutions adaptées aux besoins pour un développement plus harmonieux. pour assurer une proximité maximale. Sa clientèle, le plus souvent peu ou pas bancarisée, peut entrer en contact, recevoir son crédit et le rembourser depuis son téléphone portable 7j/24h. D’autres exemples seraient à développer mais l’idée générale est d’avoir une vision et proposer des solutions adaptées aux besoins pour un développement plus harmonieux.

*Top 500 des entreprises de l’océan Indien de nos confrères de l’Eco austral. Ciel est présent dans plus de 10 pays en Afrique et en Asie. Ciel Textile opère 6 usines à Madagascar, 5 usines en Inde et 1 usine au Bangladesh. Ciel Finance opère à Madagascar (une banque avec 100 agences), au Kenya, aux Seychelles, et au Botswana. Ciel Healthcare est présent en Ouganda et au Nigéria. Ciel Hotels &Resorts possède deux tour-opérateurs en France et en Afrique du Sud. Ciel Agro & Property, au travers d’Alteo Limited, opère une usine au Kenya, une usine et une centrale électrique en Tanzanie. Lire notre article sur la vallée de Ferney dans ce numéro.

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Réalisé par : Jacques Rombi

CHAMBRES DE COMMERCE ÉTRANGÈRES

Signe que les coopérations régionale et internationale intéressent au plus haut point la jeune génération d’entrepreneurs, ces dernières semaines ce sont trois jeunes présidents qui ont été élus et que nous avons rencontrés. Portraits croisés.

BILAL ADAM

« Ma vision est de créer un pont avec l’Afrique du Sud » À 38 ans, Bilal Adam prend les rênes de la South African Chamber of Commerce (SACC). Il remplace Richard Robinson, fondateur de la SACC qui lui passe le relais après 8 années passées à sa présidence. Bilal Adam, siégeait au conseil d’administration de la SACC en tant que vice-président. Cet expert-comptable a travaillé pour Investec en Afrique du Sud, à Londres et à Maurice. Il a ensuite dirigé AfrAsia Capital Management en tant que PDG. Bilal est actuellement PDG de la société d’investissement de niche Stewards Investment Capital, et aussi président de Arrel Technology, un des leaders de la fintech. Pour lui : « Je suis reconnaissant à Richard pour son leadership qui lui a permis de fédérer 400 membres dans plus de 15 secteurs différents. Les entreprises qui réussissent aujourd’hui doivent 28 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

avoir accès à des informations clés, des réseaux solides et de l’agilité. Notre but est de soutenir nos membres pour atteindre ces objectifs. Nous prônons la diversité et accueillons des membres provenant de Maurice, d’Afrique du Sud ou de nombreux autres pays ; ils sont invités à postuler pour nous rejoindre la chambre à partir du site Web. » Bilal souligne que les investissements sud-africains ont grandement contribué au développement de Maurice, mais que les actualités récentes à Maurice ont causé la perte de gros investisseurs. « L’un de nos rôles clés au sein de la Chambre est de fournir un bon retour d’informations aux autorités pour attirer et retenir les investisseurs sud-africains, en communiquant sur les aspects positifs de Maurice ». Outre ses passions pour les loisirs

photo : J.Rombi

Adolfo Felix / unsplash

DES JEUNES AUX COMMANDES

Homme du monde, marié à une Russe, Bilal a une formation d’expert-comptable. Il est passionné de sports nautiques comme le kite surf, le wake board et la plongée sous-marine.

nautiques, Bilal a choisi de vivre à Maurice pour « la gentillesse de ses habitants et leur adaptabilité. L’île Maurice continuera d’être une étoile montante si le pays s’ouvre davantage, reste compétitif et adhère aux tendances mondiales de la fintech et de la numérisation. Nous devons maintenant faire croître les futurs jeunes talents en attirant des leaders issus d’industries en croissance comme la Fintech, la fabrication de semi-conducteurs, l’agriculture intelligente et les solutions vertes durables. »


Un nouveau président fraîchement élu à la CCIFM

John BENATOUIL a été élu président de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Maurice (CCIFM) au terme de l’Assemblée Générale qui s’est tenue le 16 mars dernier. Les deux années qui ont précédé cette élection, il était déjà administrateur élu de la CCIFM, dont une année comme vice-président. Actif dans d’autres associations mauriciennes, comme la FINAM (Federation of Innovative & Numeric Activities in Mauritius) où il en est le Trésorier, John BENATOUIL est un entrepreneur français qui a établi une première entreprise à Maurice dès 2003. Marié et père de deux enfants, le CEO de Talenteum emploie aujourd’hui près de 300 collaborateurs. Le nouveau président souhaite poursuivre la défense des intérêts des entreprises qui en sont membres en développant les opportunités d’interactions entre elles et en renforçant les liens de la CCIFM avec les instances locales. Pour rappel, la CCIFM fédère plus de 200 entreprises mauriciennes et appartient au réseau international des 124 Chambres de Commerces et d’Industrie Françaises à l’Etranger implantées dans 95 pays.

KAREENA NEISIUS

photo : J.Rombi

JOHN BENATOUIL

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Kareena Neisius, actuelle directrice exécutive du groupe Intrasia, a été nommée présidente de la structure internationale le 4 février dernier.

A la tête de la première « Global Chamber of Commerce » Partant du constat bien connu que « tout seul on va vite mais ensemble on va plus loin », les trois chambres de commerce anglo-saxonnes ont fusionné sous l’entité de « Global Chamber of Commerce » à Maurice. Avec à peine 75 membres pour la Chambre australienne (représentée par Graeme Robertson), 41 pour l’AMCHAM (American Chamber représentée par Ravin Lama) et 300 membres chez les sud africains présidés par Bilal Adam, l’idée est de peser dans les discussions avec les autorités mauriciennes. Kareena Neisius, actuelle directrice exécutive du groupe Intrasia, a été nommée présidente de la nouvelle structure le 4 février dernier. Pour elle : « nous pouvons offrir une nouvelle vision des courants d’investissements ici, alors que l’Economic Development board ou Business Mauritius regardent à l’étranger, nos regards restent tournés vers

Maurice et cela peut faire une belle complémentarité ». En plus de ces trois chambres qui ont déjà fusionné, des discussions sont bien avancées avec la CCIFM (Chambre de Commerce et d’Industrie France Maurice, très active à Maurice et dotée de 200 membres), la China Chamber forte de 3000 membres également enfin, la Middle east north chamber (Menac) moins connue dans la région et qui regroupe plus de 120 membres surtout originiares de Dubaï, d’Arabie et d’Egypte (présidée par la Marocaine Sihame Harel). Pour John Benatouil de la CCIFM : « nous discutons sur des détails, mais vous pouvez déjà indiquer que la CCIFM est pressentie pour être membre fondateur et vice-présidente. La « Global Chamber of Commerce » est en attente de labellisation de la CCI Internationale, basée à Paris et fédérant déjà 25 pays. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 29


Green

Les premiers fruits des artichauts vont produire les premières semences mauriciennes.

La canne à sucre n’est plus rentable depuis longtemps dans nos petites îles des Mascareignes. La preuve ? elle a dû sa survie ces dernières années grâce à des subventions et prix garantis sur le marché international. La mutation de cette monoculture vers des cultures vivrières plus variées (et plus rentables !) peut se faire rapidement, à condition de trouver le bon business model. Cette petite révolution agricole se dessine du côté de la vallée de Ferney, au sud de l’île Maurice.

L’AGRI HUB DE FERNEY,

LE NOUVEAU MODÈLE

ÉCONOMIQUE ? Texte & photo : Jacques Rombi

Révolution ? Le mot n’est pas trop fort car ce modèle pourrait se décliner à toutes les îles de notre grand océan Indien : prenez des propriétaires terriens à la recherche de nouveaux modèles de production, ajoutez-y une population aussi variée qu’éclectique mais animée d’une abnégation au travail et passionnée par le travail de la terre, et vous tenez enfin une des clés à notre autonomie alimentaire (et du coup, une moindre dépendance avec la mondialisation castratrice). Concrètement, c’est l’expérience qui a commencé en septembre dernier à Ferney, sur les terres du puissant groupe Ciel, qui a choisi de transformer progressivement ses plantations cannières en productions vivrières bio. Pour Jean Marc Rivet, Estate manager à Ferney : « nous avons mis en location 34 hectares de terrains naguère plantés de canne à sucre et qui jouxtent notre ancienne usine. Ces terrains sont loués au prix du marché (soit environ 90 euros par hectare et par mois), mais ils ont tous accès à une alimentation en eau et en électricité. Ils sont donc très attractifs, car si de nombreuses terres sont en jachère à Maurice, rares sont celles qui peuvent

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être sécurisées et connectées aux réseaux électrique et hydraulique. La seule condition demandée est de produire en mode Bio ».

Créer un écosystème pour le développement de l’agriculture Bio

Mais les avantages ne s’arrêtent pas là. Le groupe Ciel, classé sixième dans le Top 500 régional de notre confrère l’Eco austral, dispose d’une crédibilité et d’une écoute auprès des institutions que n’ont pas les petits producteurs indépendants. Aussi, en se regroupant tous sous une même enseigne, ils peuvent collectivement profiter de l’interface du groupe pour accéder aux précieux sésames des financements, formations et suivis techniques. « Nous avons engagé un vrai partenariat entre nous, les agriculteurs et les institutions qui permet par exemple de profiter d’un accompagnement technique avec le ministère de l’agro-industrie, notamment le service FAREI spécialisé dans les productions non sucrières. Ils ont pu bénéficier


de prêts intéressants émanant de la Devlopment Bank of Mauritius, ou encore de prix d’achat de fournitures grâce à nos plateformes d’achat à grande échelle. » Soulignons que le FAREI a permis de donner des formations qualifiantes à ces nouveaux agriculteurs ainsi qu’à des riverains du site, préparant ainsi à une demande de main d’oeuvre spécialisée dans la production Bio quand la phase de croissance sera soutenue.

Un incubateur de start-up agricoles « Made in Moris »

Déjà 13 lots sur 17 disponibles ont fait l’objet d’un bail de 5 ans pour des parcelles allant d’un demi à 3 hectares.

Les profils des agriculteurs sont très variés : ici Bradley Vincent, champion mauricien de natation qui a tombé le maillot pour enfiler la tenue du jardinier. Objectif : produire sur 7500 m2 les premiers artichauts mauriciens à base de semences australiennes, en combinant : élevage de poules (pour l’engrais et les mauvaises herbes) et vergers de grenadiers (qui fourniront de l’ombre à ses poules).

En phase 2 de l’exploitation, il s’agira pour le Ferney Agri Hub, d’obtenir le label commun « Made in Moris » grâce à un cahier des charges (Bio) commun et de s’engager sur la voie de la production Hitech : « à Maurice nous estimons avoir 10 ans de retard par rapport à des pays comme Israël ou l’Europe du Nord. C’est pourquoi nous nous sommes rapprochés du cabinet norvégien Katapult en vue de mettre en place un incubateur de projets ici. Leur représentant à Maurice, Thomas Berman travaille déjà à la levée de fonds sur le marché international pour lancer cette phase 2 » précise Olivier Lincoln, Ferney Agri-Hub Production Manager. Des besoins en trésorerie estimés à 3 millions US$ et qui permettront de mettre dans cet incubateur 8 start-up internationales aux côtés de deux start-up mauriciennes qui seront identifiées par appel à projets liés à l’agriculture Bio. La phase 3 serait donc celle de l’éclosion de projets Hi tech qui pourront alors permettre plus de productivité à Maurice ou encore être exportés à l’étranger. Autant de valeur ajoutée qui serait issue du développement de cet écosystème lié à l’agriculture Bio et soutenu par les Autorités (Economic development Board, Mauritius Research innovation council, entre autres). Ferney commence à aménager dans les locaux de l’ancienne usine sucrière, des petites et moyennes surfaces pré équipées pour accueillir les bureaux et les laboratoires de ces start up agricoles. Au vu de l’enthousiasme et la volonté d’entreprendre de nos interlocuteurs on ne peut que penser à une phase 4 qui verrait une généralisation de cet écosystème ailleurs dans l’île et dans la région proche. À commencer par Ferney : sur le millier d’hectares dont dispose le groupe Ciel, une centaine pourrait être mis à disposition d’autres candidats à cette agriculture du futur. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 31


Green

GROUPEMENT D’ENTREPRISES. Une dizaine d’entreprises oeuvrant dans l’agroalimentaire vont travailler ensemble pendant trois ans pour aborder l’international avec une stratégie et une offre communes.

L’EXPORTATION COLLABORATIVE

« L’Exportation collaborative » est le nom donné à la nouvelle plateforme mise en place par le Club Export. Derrière cette appellation se cache peut-être une solution pour le développement à l’export des petites structures réunionnaises et de toute la région. Explications. Texte : Jacques Rombi

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LE BON MODÈLE DU CLUB EXPORT

Laurent Lemaître, président du Club Export, et Bernard Picardo, président de la Chambre de Métiers lors de la signature de la convention de partenariat le 16 septembre dernier.

« Mieux qu’une simple plateforme il s’agit d’une mise en commun de compétences de petites entreprises oeuvrant dans un secteur similaire en vue d’exporter un ou plusieurs de leurs produits », dixit Laurent Lemaître, président du Club Export de La Réunion et instigateur de cette initiative qui précise : « les entreprises qui participent à l’expérience s’engagent pour 3 ans sous une identité visuelle commune, de façon à promouvoir un produit ou un service à l’export ». L’idée est relativement simple mais encore fallait il y penser et surtout la mettre en

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œuvre : comme on le sait, le tissu entrepreneurial réunionnais est composé majoritairement de TPE et PME (Très Petites et Moyennes Entreprises) qui seules, n’ont pas les outils et les moyens pour se lancer à la conquête de marchés extérieurs. En se regroupant sous une entité commune, elles peuvent ainsi jouer groupé : « nous avons signé une convention de partenariat avec la Chambre de Métiers le 16 septembre dernier. Nous sommes en train de constituer un premier groupement composé de 10 entreprises maximum oeuvrant dans l’agroalimentaire haut de gamme, elles…


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L’exportation collaborative (suite) …seront engagées sur une durée de trois ans renouvelable. Ensuite, elles bénéficieront d’une identité visuelle commune qui leur permettra de mutualiser les coûts de communication, de packaging et pourront partager une plateforme web commune. »

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Eco-Sud. Des centres agro-écologiques en gestation

L’idée, in fine, est de leur favoriser la visibilité à l’international pour pouvoir exporter suivant un planning qui prévoit la création du groupement ce mois de juin et une création de l’offre (identité commune, web, brochures..) avant la fin de l’année. Actuellement le Club Export analyse les offres des entreprises candidates. Concrètement, prenons l’exemple de producteurs de confitures indépendants et trop petits pour s’attaquer tout seuls au marché international. En se regroupant sous une même enseigne, ils peuvent ainsi profiter d’économies d’échelle ainsi que d’aides immatérielles comme la synergie et les liens de confiance qui peuvent naître dans de telles associations. En bref comme dit le dicton : « ensemble on va plus loin » En outre, le projet de Laurent Lemaître est de donner les rênes à ces entrepreneurs collaboratifs : en aval ils pourront gérer euxmêmes tout le process après des périodes de formations assurées par la Chambre de Métiers, mais en amont aussi, ils sont sollicités pour adhérer au groupement mais aussi pour demander les subventions auprès des bailleurs potentiels de leur côté. L’exportation collaborative est peut être la solution à l’émergence internationale des petits entrepreneurs réunionnais : un modèle à dupliquer dans les autres îles ? A suivre !

Le Club Export s’est inspiré d’exemples déjà réussis avec des vignobles bordelais ou encore avec ces producteurs d’huiles d’olives de Provence.

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Ensemble on va plus loin

« Nous avons reçu 41 projets », indique Sébastien Sauvage, manager de l’Ong

L’association écologiste Eco-Sud a initié un certain nombre d’ctions pour venir en aide aux familles touchées par la marée noire provoquée par le naufrage du MV Wakashio, dans le sud-est de Maurice. Cette catastrophe écologique a provoqué la fermeture du lagon du sud-est et la mise au chômage de centaines de personnes. Déjà, au début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’Ong avait soutenu les familles vulnérables en distribuant des repas. Après le naufrage du MV Wakashio cette action s’est intensifiée et Eco-Sud a soutenu 75 familles par mois. Entre fin septembre et début décembre une cellule psycho-médicale a examiné 277 personnes atteintes de pathologies directement ou indirectement liées à la marée noire. En décembre 2020, Eco-Sud avait lancé un appel à projets pour les habitants des régions touchées. « Au 15 février 2021, date limite pour la soumission des projets, nous avons reçu 41 projets », indique Sébastien Sauvage, manager de l’Ong. Ces projets proviennent de 10 entreprises, 1 coopérative, 25 Individus, 5 associations et seront lancés entre fin mars et début avril, selon Sébastien Sauvage. 36 d’entre eux porteront sur la production de moyens de subsistance alternatifs. Avec Mahébourg Espoir et CARITAS, Eco-Sud met aussi en place une boutique solidaire qui sera accompagnée de plusieurs activités en lien avec l’agronomie. « La boutique ouvrira en avril », annonce Sébastien Sauvage. à terme, l’objectif est de favoriser l’émergence de centres agro-écologiques, dans la région de Mahébourg. L’Ong a récolté Rs 21,9 millions (environ 460 000 € NDLR) à travers la plateforme Crowdfund.mu provenant de 12 200 donateurs de 121 pays mais principalement du Japon, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de Maurice, du Canada, d’Australie, d’Allemagne, de France et de Suède.


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C’est dans une centaine de grottes du sud-ouest que vivent les chauves-souris à l’origine du guano transformé par la firme.

ENGRAIS BIOLOGIQUES

LE MARCHÉ RÉGIONAL : UN ATOUT IMPORTANT POUR GUANOMAD Il est resté optimiste malgré le contexte socioéconomique marqué par la crise du coronavirus, qui lui a fait perdre 40% de parts de marché. Le PDG de Guanomad, Erick Rajaonary, mise toujours sur l’exportation, qui assure 60% de ses ventes, tout en espérant une nouvelle « révolution verte » sur la Grande île pour permettre à sa firme d’optimiser ses potentialités de production. Liva Rakotondrasata

« Nous avons déniché une nouvelle clientèle à La Réunion à la suite de notre participation à une foire, il y a trois ans », précise Erick Rajaonary PDG de Guanomad.

Guanomad produit des engrais biologiques à base de fiente de chauves-souris depuis quinze ans avec initialement 5 employés. Aujourd’hui, l’entreprise compte une soixantaine d’employés permanents et quelques 200 à 300 saisonniers, avec des clients en Europe (France, Belgique, Pays-Bas, Croatie, Slovénie), aux Etats-Unis, en Afrique de l’Est et à La Réunion. Le marché régional reste un atout pour Guanomad qui compte exporter 200 tonnes d’engrais à La Réunion cette année, pour quelque 80 000 dollars. « Nous avons déniché une nouvelle clientèle à La Réunion à la suite de notre participation à une foire, il y a trois ans », précise Erick Rajaonary. Au niveau régional tout peut évoluer assez vite, malheureusement en raison de la crise sanitaire les commandes mozambicaines de 700 tonnes d’engrais, équivalant à quelque 350 000 dollars, ont été annulées l’année dernière. Pour cette année, le PDG table sur une pro-

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duction de 4000 à 7000 tonnes. L’exportation constitue la majeure partie des revenus pour Guanomad. Pour une production de 4000 tonnes, la société pourra en effet espérer un revenu de 1,6 million de dollars. Ce qui est cependant bien en deçà de la capacité de production qui est de 1000 à 1500 tonnes de produits finis par mois, soit plus de 15000 tonnes par an. Si la demande ne faiblit pas en raison de la crise, Guanomad pourra donc maintenir le cap. Le choix de la ville de Tulear, dans le sudouest de Madagascar, pour la mise en place de l’usine de transformation a été lié à la possibilité d’exportation à partir du port local. C’est dans la même région et une autre région contigüe, le Menabe, que sont exploitées également les matières premières, dans une centaine de grottes où vivent les chauves-souris à l’origine du guano transformé par la firme.

Une politique agricole efficace Le marché local, qui représente pour le moment 40% des ventes de Guanomad, ne saurait cependant se développer si on n’accorde pas suffisamment d’importance au secteur agricole. « Nous avons à Madagascar des superficies importantes de terrains non encore exploitées, alors que 80% de la population sont des paysans », rappelle Erick Rajaonary, avant de poursuivre qu’une « politique agricole efficace doit être mise en place pour que la situation puisse évoluer». Vers 2008, à titre d’exemple, la « révolution verte » menée à travers les régions agricoles du pays a permis


à Guanomad d’atteindre une production de 13000 tonnes en une année. La marge de progression est importante quand on sait que le recours aux engrais est encore assez limité sur la Grande île par rapport à d’autres pays : on parle d’environ 200 kilos à l’hectare pour des pays de la l’Union Européenne, ou encore de 50 kilos à l’hectare pour l’Afrique du Sud, contre 5 kilos seulement pour Madagascar.

Engagements environnementaux L’exploitation des engrais biologiques à base de guano doit toutefois être menée de manière raisonnable pour s’assurer de la pérennité de la production. D’autant qu’une minéralisation de 15 à 20 ans est nécessaire pour certaines matières qui se mélangent aux fientes de chauves-souris pour obtenir le guano. Ainsi, l’exploitation du guano ne peut pas s’effectuer pendant la période de l’hibernation. Une campagne de sensibilisation a été menée également auprès des populations locales qui ont, à un certain temps, chassé les chauves-souris pour les consommer. « Leur pratique de chasse permet de tuer en une heure une centaine de chauves-souris », précise le PDG de Guanomad. La société dispose déjà depuis dix ans d’un cahier de charges environnementales. Cela inclut notamment l’interdiction d’utilisation de machines dans les grottes, ainsi que l’obligation de restauration de la zone d’exploitation du guano. Les actions menées au cours des dernières années ont permis la disponibilité continue des matières premières. « Des grottes exploitées en 2008 ont pu ainsi régénérer du guano en 2018 », spécifie Erick Rajaonary. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 37


Green BIOMASSE VALORISABLE

L’AGRICULTURE RÉUNIONNAISE MISE SUR L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE Paradoxe : l’agriculture réunionnaise importe 230 000 tonnes d’intrants agricoles chaque année mais « perd » 255 000 tonnes de biomasse réutilisable issue de ses propres sols. Une étude du CIRAD vient de montrer comment ce gisement pourrait être valorisé. Ambition : rendre l’île quasi-autonome sur cette question. Olivier Pioch

Le constat est sans appel : bon an mal an, l’agriculture réunionnaise importe près de 30 000 tonnes d’engrais et 200 000 tonnes d’aliments d’élevage. Ces chiffres posent question, autant en termes économiques qu’environnementaux. Ils sont issus d’une étude menée ces trois dernières années par le CIRAD, en collaboration avec les fédérations et les coopératives agricoles : le projet GABIR (gestion agricole des biomasses à l’île de La Réunion). Selon un inventaire réalisé dans le cadre de ce projet, La Réunion dispose pourtant d’un gisement de biomasse approchant les 2,1 millions de tonnes de matière brute. La bagasse de canne en représente environ 20 %, elle est majoritairement brûlée pour produire de l’énergie. Sur les 1,7 million restant, 83 % sont valorisés en agriculture et 2 % dans le secteur urbain. Reste 15 % qui sont enfouis, donc éliminés. « Dans l’ensemble, ces chiffres prouvent qu’une forme d’économie circulaire construite autour de l’agriculture existe déjà à La Réunion, explique Mathieu Vigne, chercheur au CIRAD et coordinateur du projet. La majeure partie de la biomasse utilisée localement est produite directement par les agriculteurs (fourrages issus de prairies, paille de canne, effluents d’élevage, etc.) ou par des acteurs d’autres secteurs 38 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

(écumes de sucreries, déchets verts urbains, etc.). »

Déchets verts, fibres de coco, biodéchets ménagers… De multiples gisements pourraient être mieux valorisés Cette biomasse est utilisée comme aliment pour le bétail, en litière, sous forme de compost ou en épandage, comme fertilisant des plantes ou amendant des sols. Le problème réside plutôt dans ces 15 % de biomasse éliminée ; soit 255 000 tonnes qui seraient bien utiles si on les compare aux 230 000 tonnes d’intrants importés ! « Tout n’est pas substituable, mais des solutions existent, abonde Mathieu Vigne. Déchets verts, fibres de coco, biodéchets ménagers… De multiples gisements pourraient être mieux valorisés. La loi de transition énergétique va d’ailleurs dans ce sens et des initiatives sont en cours à La Réunion. »

La qualité agronomique des biomasses déjà utilisées pourrait par ailleurs être améliorée. Il s’agit notamment de réduire les pertes de carbone et de nutriments (azote, phosphore, potassium) entre le moment où la biomasse est produite et celui où elle est utilisée. Des aspects logistiques sont ici pointés : capacité de stockage, transport, échanges en circuit court, transformation en compost… Il s’agit aussi de mieux équilibrer l’offre et la demande en fonction des types d’agriculture et des besoins des territoires. L’agriculture biologique (AB), par exemple, est clairement en demande. Bien qu’en forte croissance depuis dix ans à La Réunion, ce secteur peine à trouver des solutions pour mieux se développer. Une biomasse locale répondant au cahier des charges de l’AB et accessible à bon marché pourrait évidemment y aider !


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La Réunion dispose d’un gisement de biomasse approchant les 2,1 millions de tonnes de matière brute

© A.Franck, Cirad

Faire du compost en ville, c’est possible !

© Albioma

Fort de son expérience dans la valorisation énergétique de la bagasse, Albioma est devenu le partenaire privilégié des industriels du sucre pour produire de l’énergie renouvelable dans les territoires déconnectés des réseaux continentaux. (Photo au bas)

« Le compost c’est le garde-manger du sol ; le fertilisant, le fast-food des plantes ! » Fondateur en juin 2020 des Alchimistes Péi, une entreprise réunionnaise spécialisée dans le compostage des biodéchets alimentaires, Patrick Ouriaghli aime à répéter cette phrase qui résume bien sa philosophie. « Nous sommes partis du constat qu’il n’y a aucun sens à gâcher ces déchets, explique-t-il. Aujourd’hui, ils sont enfouis à 100 % alors que le gisement est colossal, c’est une aberration écologique et économique ! » D’autant qu’à fin 2023, le cadre légal européen imposera à chaque foyer l’obligation de les trier et les valoriser. Pour y parvenir, les Alchimistes s’en remettent donc au bon sens. Leur solution ? Le compostage contrôlé mécaniquement, une opération d’une simplicité étonnante ! « C’est une pratique ancestrale dans nos campagnes, reprend Patrick Ouriaghli. Nous avons juste amené un peu de savoir-faire supplémentaire pour produire un compost de qualité, sur un temps très réduit, à l’échelle urbaine. » Car c’est là toute l’originalité du projet : récolter et valoriser les biodéchets produits en ville. L’enjeu est de taille : une poubelle sur trois ne serait ainsi ni enfouie ni incinérée ! Un premier site de compostage électromécanique a été livré en 2020 à Saint-André, à l’ARDIE, une association d’insertion sociale. 30 tonnes de biodéchets par an, issus principalement des cantines scolaires du quartier Fayard, y sont valorisées. « Grâce à différents procédés, nous obtenons un compost conforme à la norme européenne en 8 semaines quand il faudrait 8 mois sans notre intervention. » De quoi voir plus grand. Sur leur prochain site, les Alchimistes Péi envisagent de traiter 2 000 tonnes de biodéchets pour produire 150 tonnes de compost commercialisable et 500 tonnes de pré-compost à mâturer qui serait livré gratuitement aux agriculteurs. A cet effet, ils cherchent un terrain, idéalement en zone périurbaine et dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 39


Dossier

PHILIPPE MURCIA : « Un euro investi dans l’économie bleue rapporte davantage qu’un euro investi dans une autre industrie »

ECONOMIE CIRCULAIRE

Avec la crise sanitaire subie depuis près d’une année, la question de la coopération régionale est plus que jamais d’actualité… Cette crise va t’elle amplifier nos problématiques régionales de transport ou au contraire permettre de nouvelles opportunités ? Nous avons interrogé Philippe Murcia*, expert en économie bleue pour l’Afrique sub-saharienne et les îles de l’océan Indien. Propos recueillis par Jacques Rombi

Pour lui : « Cette crise sanitaire provoque à la fois une aggravation de certaines problématiques dans le transport, mais génère aussi un électrochoc dans le tissu économique qui peut faire émerger des opportunités. Une étude que nous avons menée avec des experts de la Commission économique des Nations Unies montre qu’un euro investi dans l’économie bleue rapporte davantage qu’un euro investi dans une autre industrie.

Philippe Murcia : Nous le répétons depuis des années : « l’union fait la force » et toutes ces îles du sud-ouest de l’océan Indien qui ont un potentiel import-export limité devraient conclure des accords maritimes inter-îles. Mais c’est l’inverse qui se produit, chacun se réfugie dans un marché interne qu’il tente de protéger à tout prix - c’est le cas de le dire - et on importe à la Réunion des carottes d’Australie et de Chine, aux Comores du sucre du Brésil, etc… au lieu de se fournir en succulentes carottes de Madagascar ou du sucre aux normes internationales disponible à Maurice par exemple. Il est vrai que les armateurs au long cours sont sans doute plus intéressés par des flux sur des longues distances qui équilibrent leurs voyages, que par des transports maritimes sur de courtes distances qui n’entrent pas dans leurs stratégies de globalisation. Il est compréhensible qu’ils s’adaptent à des flux du marché totalement déséquilibrés où l’import à destination des îles prime considérablement sur l’export. En conséquence, les navires porte-containers arrivent pleins sur les îles en provenance d’Europe mais repartent vers l’Asie car le volume de marchandises à embarquer est insuffisant pour revenir directement vers l’Europe. D’un transit time (délai de mer) de deux semaines à l’aller en provenance d’Europe on passe facilement pour le retour à huit semaines avec des containers (y compris réfrigérés) qui partent des îles pour transborder par exemple à Singapour avant de revenir vers l’Europe, bonjour l’empreinte carbone … !

L’UNION FAIT LA FORCE Pourquoi ? Tout simplement parce que nous vivons sur des îles et nous sommes donc extrêmement dépendants de notre environnement marin que nous devons protéger car c’est notre richesse principale. Qu’il s’agisse de pêche, d’aquaculture, de transport maritime, d’industrie portuaire, de gestion de l’eau, de la magnifique biodiversité océanique, de tourisme, de ressources sous-marines, d’énergies de la mer, c’est un potentiel significatif de créations d’emplois dans des métiers traditionnels et innovants, donc de lutte contre la pauvreté ». Le Journal des Archipels : Les grands flux de circulation maritime sont en train de changer : comment développer nos échanges inter-îles dans le cadre de ce nouvel ordre mondial ?

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Les navires porte-containers arrivent pleins sur les îles en provenance d’Europe mais repartent vers l’Asie car le volume de marchandises à embarquer est insuffisant pour revenir directement vers l’Europe.

La solution est donc de rechercher absolument un développement du transport maritime régional qui échapperait aux contraintes des grands armateurs et qui boosterait le développement des échanges inter-îles car les produits alimentaires dont on a besoin sont souvent là à proximité, à quelques heures de navigation…

« La solution est de rechercher absolument un développement du transport maritime régional » JDA : Nos infrastructures portuaires sont souvent de grande qualité mais pas toujours exploitées à 100%. Comment changer la donne en optimisant nos échanges régionaux et capter plus de flux internationaux ? P.M : Les infrastructures portuaires sont souvent de qualité et aux normes : Port Louis, Port Réunion, le port de Longoni et bientôt

le port de Tamatave grâce à la réhabilitation financée par la coopération japonaise (JICA), mais ne répondent pas aux mêmes besoins des populations. Les transports maritimes inter-îles devraient bénéficier d’un régime spécial qui les allègerait de coûts portuaires dissuasifs pour les petites unités navales nécessaires à l’approvisionnement régional. C’est-à-dire que seul un volume massif de containers est aujourd’hui rentable pour une ligne régulière de navires de commerce et les retards de navigation entre les îles pendant les périodes cycloniques augmentent aussi le défi de la rentabilité. Le « business case » d’une ligne régionale mérite l’attention bienveillante de toutes les parties prenantes, car si nous continuons comme cela, rien ne changera et le déséquilibre restera là pendant des années.

* Fondateur d’Ocean Company Consulting, ancien directeur régional du groupe CMA CGM et précédemment directeur général du Port d’Ehoala pour Rio Tinto QMM, conseille aujourd’hui le groupe malgache ENAC. Il est également expert en Economie Maritime auprès de la Commission des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA). Il a fait partie du collectif qui a rédigé le livre « L’Economie bleue en Afrique : Guide Pratique ».

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Dossier

ECONOMIE CIRCULAIRE

PORT REUNION

Le Grand Port Maritime de La Réunion a validé l’an dernier son projet stratégique pour les cinq prochaines années. Mais face aux bouleversements des échanges mondiaux, c’est bien l’horizon 2030 qui est visé. Objectif : devenir un hub majeur de transbordement dans la région. Olivier Pioch

Depuis 2014, le Grand Port Maritime de La Réunion (ou « Port Réunion ») adopte tous les cinq ans un nouveau projet stratégique censé le mettre en ordre de marche face aux défis d’un nouvel ordre mondial qui évolue à vitesse grand V. Dans un contexte de grands bouleversements (changement climatique, basculement du barycentre économique mondial vers l’Asie, explosion démographique et développement d’une nouvelle classe moyenne dans les pays émergents), La Réunion a quelques atouts dans sa manche. Région française et européenne dans l’océan Indien, elle représente un îlot favorable de développement économique, de sécurité et de stabilité. Ensuite, son voisinage direct est constitué de pays 42 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

© Pierre Marchal

DIX ANS POUR DEVENIR UN HUB MAJEUR DE TRANSBORDEMENT

Nous avons essayé de contacter Henri Dupuis, directeur d’exploitation commerce du Grand Port, pour en savoir plus. En vain.

d’Afrique Australe et Orientale (AFAO) qui sont amenés à connaître ces changements de grande ampleur dans les années à venir, entraînant de facto des conséquences sur l’activité maritime et sur les ports de la zone. Enfin, le bassin océan Indien est bordé par les pays du Moyen-Orient, du sous-continent Indien et d’Asie. Et de fait, une partie des échanges Europe/ Afrique/Asie passe à proximité de, voire par La Réunion. Le projet stratégique 2014-2018 intégrait déjà ces données, avec une série d’actions qui ont permis de consolider la place du complexe portuaire dans l’économie locale, nationale et même internationale grâce, notamment, à une politique d’aménagement volontariste soutenue par de solides investissements (142 M€ sur la période). Le tout, dans une démarche de développement durable assez exemplaire. Sur tous ces points, le projet straté-

gique 2019-2023, adopté l’an dernier, va plus loin. La nouvelle stratégie décline deux ambitions (être un port « responsable » et un port « rayonnant ») qui visent clairement un objectif à dix ans. Responsable, Port Réunion entend l’être par sa politique sociale, ses mesures en faveur de l’environnement et sa capacité à assurer la transition énergétique. Quant au rayonnement, il sera atteint par des politiques de coopération régionale susceptibles de développer la connectivité maritime, mais aussi par des mesures plus locales, en particulier l’essor des escales de croisière, d’une vraie économie bleue à l’échelle de l’île et la modernisation des installations pour s’adapter au gigantisme des nouveaux navires. Autant de mesures qui, à terme, pourraient permettre à Port Réunion de consolider son rôle de place forte locale et devenir le principal hub de transbordement régional.


ARCHIPELS

Une économie BLEUE, CIRCULAIRE, DURABLE pour les îles d’Afrique La pollution marine plastique est un véritable fléau. Pour y remédier, il faut intervenir en amont. À travers le projet SWIOFISH2, la Commission de l’océan Indien et la Banque mondiale mobilisent les Etats insulaires d’Afrique et de l’océan Indien* pour développer l’économie circulaire. L’objectif est de réduire, réutiliser, recycler les déchets plastiques et de créer des filières innovantes génératrices d’emplois et de croissance. L’action de SWIOFISH2 porte sur les stratégies et cadres à mettre en place aux niveaux national et régional pour créer les conditions nécessaires à l’émergence d’initiatives et de partenariats en faveur de l’économie circulaire. Construction d’une plateforme d’échanges en français, anglais et portugais et trois études en cours : • Stratégie et plan de sensibilisation pour la réduction de l’utilisation des plastiques et soutenir l’économie circulaire • Droits de propriété intellectuelle pour soutenir l’innovation dans l’économie circulaire • Établissement de cadres nationaux et régionaux en matière d’économie circulaire. *Comores, Réunion, Madagascar, Maurice, Seychelles, Cap Vert, Guinée Bissau, Sao Tome et Principe, Maldives.

Commission de l’océan Indien, Blue Tower, rue de l’Institut – Maurice - www.commissionoceanindien.org


ECONOMIE CIRCULAIRE

Le mot n’est pas trop fort : Révolution ! Pourquoi ? En combinant les nouvelles technologies à une nouvelle logistique, le tout desservi à terme par un navire écologique fonctionnant avec nos déchets, le marin Christophe Deboos nous donne tout simplement une leçon d’économie circulaire. Explications. Par Jacques Rombi

© DR

Dossier

Le projet développé par Sealogair s’inspire en partie de ce modèle de porteconteneurs équipé d’une voile de kite.

SEALOGAIR PRÉPARE LA RÉVOLUTION MARITIME RÉGIONALE Si Christophe Deboos peut nous donner des leçons c’est bien qu’il a le profil d’un professeur : ex Area Manager Réunion-Mayotte chez Maersk (entre 2004 et 2008), cet accompagnateur de Compagnons (il accompagne de jeunes scouts à bâtir et réaliser un projet à l’étranger), s’est mis à son compte pour expérimenter le projet Sealogair. Parallèlement, il a mis en place le projet Fourmize qui a fait ses preuves à La Réunion et qui fait partie intégrante du développement de Sealogair. Avec un affrètement de navire parfaitement adapté aux besoins des échanges maritimes entre nos îles, Christophe Deboos avait pu tester en 2019 les problématiques liées à la connectivité maritime intra régionale. Même si le projet Sealogair a marché relativement bien, la crise liée au Covid aura ralenti la phase 2 du développement qui consistait en une levée de fonds pour créer une compagnie maritime. Et c’est tant mieux si l’on en croit le bouillonnant entrepreneur : « aujourd’hui le monde va très vite et il faut avoir une longueur d’avance qui, chez nous, se traduit par une vision en 2025 ». C’est le temps que Christophe Deboos estime pour mettre sur pied un projet révolutionnaire en deux

«

Le monde va très vite et il faut avoir une longueur d’avance… »

Christophe Deboos

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temps : la première étape, qui a déjà commencé, consiste en la mise en service d’une application et des mini box qui vont permettre de fluidifier les échanges Air-terre-mer : « grâce à notre expérience avec Sealogair en 2019, nous avons développé une application qui permet de grouper des petits et moyens volumes, les suivre jusqu’à leur destination finale. C’est une caractéristique dans notre région, les flux sont souvent trop faibles pour intéresser les grandes compagnies maritimes qui préfèrent mettre leurs conteneurs sur les grandes routes. Chez nous, avec les mini box* il est désormais possible à nos industriels ou agriculteurs d’expédier une quantité relativement faible de leur production vers les autres îles ou de diversifier les sources d’approvisionnement. Le système fonctionne comme une centrale de réservation et le client, le transitaire ou l’importateur peut suivre en temps réel la marchandise qui peut aussi bien être transportée par camion, avion, bateau… »

NOS PLASTIQUES ET HUILES USAGÉES COMME CARBURANT Mais la révolution ne fait que commencer par là. Alors que tout le monde l’attend sur l’achat d’un bateau et la création d’une nouvelle compagnie maritime, Christophe Deboos, que nous avons contacté en France métropolitaine début avril, voit déjà plus loin : « les bateaux au fioul, même peu chargés en soufre, c’est fini, les banques n’en veulent plus. Aussi nous travaillons sur la conception d’un navire hybride qui fonctionnera à la fois à la voile et au fioul vert, c’est-à-dire produit à partir des plastiques et des huiles usagées consommées dans nos îles ». Et c’est là où le professeur d’économie circulaire nous donne


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Nam, consed que pra prae. On cusapisquiae si consecto maximus dolorrum rem nulless inctiatus dolorum, sit, te corio expero quam fugitat. Nos consed qui volupta tquibea prem latus aut

une leçon : « avec l’entreprise Fourmize, qui s’implante à Maurice cette année, nous allons investir dans une machine qui, par un système de pyrolyse, va produire du fioul vert à partir du plastique. Pour le cas de La Réunion seulement, les stocks sont largement suffisants avec 120000 tonnes de plastiques annuels. Soit de quoi produire localement la moitié des 13000 tonnes de fioul importé de Singapour seulement pour les besoins locaux du transport maritime. On pourrait donc utiliser ce fioul vert non seulement pour les besoins de notre bateau, mais aussi en revendre à d’autres

compagnies ». Christophe Deboos lance une perche à tous ceux qui réclament depuis plus de 20 ans la création d’une compagnie maritime pour nos îles. Aujourd’hui les compagnies privées et publiques sont invitées à participer à ce projet qui dépasse largement celui d’une simple compagnie. A suivre dans nos colonnes.

C’est un bateau de ce type, hybride de 100 à 150 mètres de long, qui pourrait desservir nos îles. Au niveau de l’ingénierie, des concepteurs de notre région doivent participer à son développement aux dires de Christophe Deboos.

*Le MCP Famagusta, navire affrété par Sealogair en 2019, transportait jusqu’à 600 MCP (Mini Container pool).

Fourmize s’implante à l’Ile Maurice Fourmize achète à des particuliers des déchets recyclables avec des bons de réduction (des Mizes) dans des commerces associés. Ce projet social et solidaire concerne plus particulièrement des populations qui ne pratiquent pas le tri sélectif à la source et qui, intéressées par ces bons de réduction, se rendent dans un point de collecte de proximité appelé “La Fourmizière”. Un modèle qui connait le succès à La réunion où il a été développé depuis 2020 et qui peut être répliqué sur d’autres

territoires. Ce modèle d’économie circulaire a été repéré par le FASEP (Fonds d’études et d’aide au secteur privé) qui dépend de la Direction Générale du Trésor en France et qui sélectionne les projets innovants français qui peuvent s’exporter. Grâce à une subvention de 300 k€, l’entreprise s’implante à l’Ile Maurice cette année avec l’embauche d’une dizaine de personnes pour commencer. Elle est dirigée par Dominique Augsburger, impliquée chez Sealogair avec son agence Plum consulting.

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Dossier

« Quels sont les flux de marchandises et quelles sont les volontés des états à entrer dans ces échanges régionaux ? »

ECONOMIE CIRCULAIRE

C’est ce qu’il faut déduire quand on essaie de décrypter ceux qui sont aux commandes des grandes orientations structurantes de notre région. Nous avons rencontré à Maurice Vinay Guddye, chef du département logistique aérienne et maritime à l’Economic development board (EDB) et Raj Mohabeer, chargé de mission à la Commission de l’océan Indien (COI). Leur vision sur cet éternel serpent de mer. Par Jacques Rombi

Du côté des pays concernés, une étude est dans les tuyaux : « L’étude de la COI de 2015 a eu le mérite de confirmer nos doutes : nos petites économies insulaires ne justifient pas la création d’une compagnie maritime qui serait déficitaire. En revanche cette compagnie pourrait être viable si l’on associe les pays de la COI à des pays du Canal de Mozambique. Nous avons interrogé les gouvernements de la Tanzanie, Mozambique et Kenya qui tous sont favorables à une telle compagnie » dixit Vinay Guddye. L’idée étant de mettre en place des points de transbordement dans nos îles et sur la côte africaine (à Maputo, Dar es Salaam et Mombasa précisément) ; à partir de là les grandes compagnies maritimes pourraient être intéressées par l’utilisation de ces hubs régionaux . Ce que ne dit pas le responsable de l’EDB ni les autres personnes interrogées dans ce dossier pour ne pas froisser nos voisins sud-africains, c’est que ces nouveaux hubs pourraient alors capter une partie des flux aujourd’hui centralisés sur le méga hub de Durban en Afrique du Sud. L’idée in fine étant de moins dépendre des grands pays exportateurs et de construire enfin une résilience régionale : « la crise du Covid nous a permis de reconsidérer la chaîne de valeurs. Les carences de certains pays ont été mises en évidence car ils ont du mal à se procurer des vaccins ou simplement des PPN (Produits de première nécessité). D’où l’intérêt de jouer groupés dans une vraie coopération régionale où chacun apporterait sa pierre à l’édifice en optimisant nos outils comme par exemple les zones hors taxes et sous douane ». Les autorités ont commencé avec le MFD* c’est à cette condition que nous aurons une vraie sécurité d’approvisionnement, que nous appelons désormais la glocalisation. Une logistique freeport AIR TERRE MER qui aurait toute sa logique à condition

UN PROJET DE COMPAGNIE MARITIME PORTÉ PAR LES ETATS DE LA RÉGION ? Raj Mohabeer est l’homme de l’ombre qui pousse les projets de l’Indianocéanie au soleil, comme le projet abouti de câble Metiss. Il pose ici à côté de stocks de matériel destinés à la Somalie dans le cadre du projet de sécurité maritime MASE, géré par quatre organisations régionales dont la COI.

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Madagascar : enfin des routes pour les ports de Diego et Ehoala

d’envisager des capacités plus importantes et surtout plus de connectivités inter îles.

La glocalisation, ou comment transformer nos chaînes de valeurs Une autre étude nommée « Eastern Indian Ocean Company Project » plus ambitieuse et prenant en compte ces nouveaux paramètres post covid ainsi que ces partenaires africains est en cours du côté de la COI. C’est Raj Mohabeer, chargé de mission, qui en a la responsabilité : « En 2015 nous avions étudié la question du lancement d’une compagnie régionale avec l’achat d’un bateau. Aujourd’hui nous prenons la problématique par l’autre sens : quels sont les flux de marchandises et quelles sont les volontés des États à entrer dans ces échanges régionaux ? » L’étude, initiée à l’issue du Forum sur l’économie circulaire organisé par la COI en

décembre 2019, a été stoppée suite à la crise Covid. Elle reprend aujourd’hui avec un financement de 875 000 dollars émanant de la coopération japonaise. A l’heure où nous bouclons ce numéro (début avril) Raj Mohabeer en était à la phase de finalisation des Termes de Références et au choix des trois experts (un Français, un Allemand et un Sud-africain). Un projet qui, si sa viabilité est avérée après cette étude, devra faire l’objet d’un MOU (Memorandum of Understanding) des pays concernés. Fort de cet engagement et de ces prévisionnels, « les bailleurs de fonds devraient nous accompagner » précise un haut cadre de l’EDB qui conclue : « c’est possible mais il faut que tous les pays concernés parlent d’une même voix » A suivre en mode vigie !

* Mauritius Freeport Development (MFD) est un pôle de distribution et de logistique industrielle pour les marchés locaux, régionaux et internationaux

La Banque Européenne d’Investissement (BEI) a versé en septembre dernier la première partie de la subvention de l’Union européenne destinée à la modernisation des routes situées à l’extrême nord (RN 6) et l’extrême sud du pays (RN 13). Avec un montant de 235 millions d’euros, les deux routes devraient enfin pouvoir desservir les ports de Diego Suarez et surtout d’Ehoala dans le Sud. La réhabilitation de la RN°13 est déjà lancée avec un premier tronçon Fort Dauphin-Ambovombe long de 114 kilomètres. Cette route pourrait enfin donner au port d’Ehoala toute sa dimension régionale. Occupé seulement une semaine par mois pour les besoins du minier QMM qui l’a construit voici une décennie. Le port d’Ehoala est un des premiers ports en eaux profondes de la région avec16 mètres de tirant d’eau et 400 hectares de terre-pleins. Longtemps enclavé, la réhabilitation de la route du sud par l’UE le positionne aujourd’hui idéalement sur l’axe Afrique du Sud / Mascareignes / Asie.

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Dossier

Madagascar a exporté 2,64 milliards de dollars de marchandises en 2019, contre 3,92 milliards de dollars d’importation.

ECONOMIE CIRCULAIRE

Tamatave demeure le principal port de Madagascar avec plus de 90% des marchandises y transitant pour être distribuées dans toute l’île, mais également pour la majorité des exportations. Les autres ports tiennent un rôle secondaire, notamment ceux du nord et de l’ouest de la Grande Île. Celui d’Ehoala à Fort-Dauphin, initialement dédié à l’exportation d’ilménite pour QMM (Rio Tinto), reçoit, comme Tamatave, Diego Suarez et Nosy-Be, des bateaux de croisières. Mais les choses pourraient changer. Par nos correspondants permanents à Madagascar : Liva Rakotondrasata et Tsirisoa R.

MADAGASCAR AU CENTRE DE LA CONNECTIVITÉ RÉGIONALE ?

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En 2019, Madagascar a reçu 753 navires d’une taille moyenne de 24.400 tonnes, dont 269 navires de vrac (liquide et sec), 147 navires de charge classiques, 35 rouliers, 230 porte-conteneurs et 72 navires à passagers dont des bateaux de croisière. En termes de connectivité, les pays de provenance et de destination des navires qui opèrent sur la Grande Île sont l’île Maurice pour les produits manufacturés, Oman pour du fuel brut importé, Seychelles pour le tourisme, Singapour pour des produits manufacturés, et le Mozambique pour des produits divers. L’Afrique du Sud, la France, la Belgique et les Emirats Arabes Unis qui font entrer des produits manufacturés à Madagascar ferment ce classement.

Le port d’Ehoala, un pion important sur l’échiquier maritime régional. Conçu essentiellement pour l’exportation de l’ilménite extraite par la société Qit Madagascar Minerals (QMM)*, le Port d’Ehoala et ses 16 mètres de tirant d’eau a limité son potentiel à accueillir quelques paquebots de croisière. Mais la réhabilitation en cours de la Route nationale menant vers Fort-Dauphin va-t-elle changer la donne ? De belles perspectives expliquées par Andriantsoa Rabiaza, directeur du Port d’Ehoala. Lire la suite en scannant le QR CODE

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ACCÉLÉRER LES INVESTISSEMENTS EN INFRASTRUCTURES DE TRANSPORTS Le port de Tamatave a dépassé les 260,000 EVP à la fin 2018, avec 2,9 millions de tonnes de volume traité. Géré par la Société de Port Autonome de Toamasina (SPAT), ce port est en cours d’extension avec l’agence japonaise JICA pour une livraison totale en 2025. Cette relative performance laisse une marge de croissance à Madagascar sur le secteur maritime par rapport aux autres îles de l’océan


Le Canal des Pangalanes, autrefois cordon ombilical du commerce dans l’est du pays, sur lequel pourraient transiter à nouveau des produits agricoles vers le port fluvial de Tamatave. Le projet, un temps appuyé par le consortium marocain MarchicaMed, cherche encore une nouvelle formule pour son développement.

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Indien. Plusieurs projets d’infrastructures conditionnent le développement de ce secteur afin de multiplier le volume d’échanges de Madagascar avec l’étranger : routes, ports secondaires, infrastructures logistiques comme le stockage et les ports secs, hôtels, … Madagascar a exporté 2,64 milliards de dollars de marchandises en 2019, contre 3,92 milliards de dollars d’importation. Ce déficit de 1,28 milliard de dollars oblige le pays à accélérer ses investissements en infrastructures de transports afin d’acheminer plus rapidement les produits d’exportation vers les ports. L’Agence Portuaire, Maritime et Fluviale (APMF), qui gère pour le compte de l’Etat toutes les infrastructures et les opérations du transport maritime et fluvial, a finalisé la Politique nationale du Transport maritime (PNTM) en 2020. Cette politique appuie la connectivité prônée au niveau de la Commission de l’Océan Indien (COI) afin d’augmenter les échanges commerciaux entre les îles, tout en s’ouvrant aux marchés asiatiques et africains. Plus d’informations et de chiffres exclusifs sur lejournaldesarchipels.com

Acheminement d’ilmenite vers le port d’Ehoala.

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ECONOMIE CIRCULAIRE Madagascar au centre de la connectivité régionale ? (Suite)

Si les grandes crises créent de nouvelles opportunités, la crise sanitaire et économique actuelle devrait rebattre les cartes pour les ports maritimes de l’océan Indien, et ceux de Madagascar auront tout à gagner dans une vision d’ensemble régional et surtout en s’orientant vers l’Afrique. Les accords commerciaux récents entre des pays de la région avec ceux d’autres continents devraient en effet ouvrir de nouvelles voies de croissance pour nos ports. L’accord commercial de libre échange signé entre la Chine et l’île Maurice en 2018 est entré en application cette année. L’île Maurice en sera le premier bénéficiaire avec des facilités sur des droits de douane, mais des pays comme Madagascar où résident des industries mauriciennes, comme dans le textile, pourront en bénéficier. Le volume d’échange commercial total entre la Chine et l’île Maurice était de 842 millions de dollars en 2018, avec seulement 37 millions de dollars d’exportation mauricienne vers le géant asiatique. L’accord devrait ainsi avoir une incidence bénéfique directe pour le port de Tamatave par lequel transitent les produits manufacturés à Madagascar vers Port-Louis. Cette ligne et l’accord cité devraient

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NOUVELLES OPPORTUNITÉS D’ÉCHANGES AVEC L’ASIE : LA CHINE AU PREMIER PLAN

également dégager des débouchés pour d’autres produits bruts ou semi-finis comme l’agroalimentaire malgache vers la Chine via des manufactures à Maurice qui vont augmenter leurs demandes sur les produits concernés par l’accord avec la Chine : le textile, l’acier et d’autres produits manufacturés. L’énorme demande chinoise sur ces produits est connue et l’accord mis en application récemment est un premier signal pour cette opportunité réelle pour les deux îles de l’océan Indien.

L’accord ChineMaurice devrait avoir une incidence bénéfique directe pour Tamatave par lequel transitent les produits manufacturés à Madagascar vers Port-Louis.

L’énorme potentiel de productions agricoles et autres produits périssables du pays pourra être exporté quand les routes, puis les ports pourront être rénovés. L’Agence Portuaire, Maritime et Fluviale (APMF) a finalisé dans ce sens la Politique nationale du Transport maritime (PNTM) en 2020. Illustrations : les futurs ports de Diego (au nord du pays) et Tamatave (à l’est). Plus d’informations à lire sur notre site : QR CODE.

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Dossier

« C’est au 18e siècle, sous l’impulsion de Mahé de Labourdonnais en référence à sa connectivité maritime que l’Ile Maurice prit le surnom de « l’étoile et la clef de la mer des Indes. »

ECONOMIE CIRCULAIRE

30 000 navires traversent chaque année l’océan Indien. Lancés sur une trajectoire qui les mène de l’Asie vers l’Europe, la plupart de ces navires passent au large des îles Mascareignes et de Madagascar. D’autres y font une brève escale pour se ravitailler, débarquer et/ou embarquer des marchandises, comme jadis les premiers navigateurs, mais à la différence qu’aujourd’hui leurs besoins ont évolué. Le fioul et l’électroménager ont remplacé l’eau et les épices. Par Thierry Chateau

LA « CLÉ DE LA MER DES INDES » S’ORGANISE EN AMÉNAGEANT SES INFRASTRUCTURES

© JDM_tsomboli@myt.mu

Mais pour les îles rien n’a changé, car leur dépendance des échanges maritimes est presque totale. Environ 90% du commerce dans l’océan indien se fait par voie maritime. Mais avec à peine 3% d’échanges régionaux, nos îles dépendent largement de l’extérieur et la crise mondiale liée à la pandémie de Covid-19, subie depuis près d’une année, constitue un défi à relever pour le secteur des transports maritimes dans le sud-ouest de l’océan Indien. « 2020 restera comme une année singulière avec une crise pandémique qui révèle à la fois les limites d’une mondialisation des échanges tout en révélant des pratiques innovantes »,

lance Ramalingum Maistry, Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA) et président en exercice de l’Association des Ports des Iles de l’océan Indien (APIOI). L’arrêt quasi planétaire des mobilités humaines a contrasté avec l’intensité des trafics logistiques qui ont garanti des approvisionnements maritimes et aériens devenus vitaux pour la plupart des territoires. Depuis février-mars 2020, Inde, Chine et Europe ont été affectés, les flux d’approvisionnement ont été remis en question. L’impact du coronavirus sur les activités portuaires et maritimes dans les îles de l’océan Indien a été, et reste, conséquent. Au plus fort du confinement, les bateaux étaient au point mort, les conteneurs vides, le prix du fret a connu des fluctuations. « Le volume des cargaisons a chuté mais les opérations se sont poursuivies », intervient le capitaine René Sanson, représentant du géant mondial Mediterranean Shipping Company (MSC) à Maurice où Ramalingum Maistry Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA)

«

La crise pandémique révèle à la fois les limites d’une mondialisation des échanges et des pratiques innovantes. »

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Port-Louis : le port de pêche prend forme

il est leader sur le marché pour les volumes de transbordement. D’ailleurs chez MSC à Port-Louis, les bureaux sont restés ouverts en pleine période de confinement même si une bonne partie des employés s’étaient mis au télétravail. Comme dans d’autres secteurs le Covid-19 a eu des effets contraires sur les transports maritimes et les activités ont doublé. Pour les lignes maritimes notamment celles qui sont spécialisées dans le transport de conteneurs, 2020 a même été une bonne année, avec notamment une baisse dans le prix du pétrole…

LE COVID-19 A EU DES EFFETS CONTRAIRES SUR LES TRANSPORTS MARITIMES ET LES ACTIVITÉS ONT DOUBLÉ Le Covid-19 a ainsi considérablement bouleversé la donne, changé le mode de consommation de la société globale et notamment

port mauricien, le futur port de pêche s’avance résolument vers le large. Son aménagement a nécessité le comblement d’une importante partie du lagon, à cet endroit. La construction d’un remblai et d’un brise-lames sera également nécessaire. Pour la deuxième phase du projet la MPA va faire appel à des opérateurs privés qui seront désignés à l’issue d’un exercice d’appel à candidatures. Les autorités portuaires mauriciennes comptent finaliser le choix de cet opérateur avant la fin de 2021 de façon à ce que le projet soit mis sur les rails dans les meilleurs délais.

celui des petites économies insulaires. Les ports du sud-ouest de l’océan Indien en ont subi les conséquences. « Il y a eu un grand désordre qui s’est installé dans la façon d’opérer des compagnies maritimes », note Dominique de Froberville, CEO de Mauritius Freeport Development (MFD), plateforme logistique leader dans la chaîne d’approvisionnement du port mauricien. La difficulté a été de gérer les flux des containers et la façon dont ils sont acheminés, vidés, dans un contexte mondial où la production industrielle avait été suspendue. Par exemple, les usines textiles mauriciennes ont fait face, à un moment, à un manque de matière première en provenance d’Inde à cause d’une indisponibilité dans le nombre de containers. La crise sanitaire a aussi eu un impact important sur le travail humain. Elle a provoqué un déséquilibre dans le système de rotation des équipages. Les contraintes liées aux mesures de sécurité n’ont pas aidé la fluidité…

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L’ambitieux projet de port de pêche à Port-Louis est en train de prendre forme. La Mauritius Ports Authority (MPA) va investir Rs 1,6 milliard dans l’ensemble du projet (environ 33,5 M€ NDLR). Dans un premier temps, les travaux pour aménager un quai de 50 m et un bassin tranquille pouvant accueillir une centaine de bateaux sont en phase d’achèvement. Ils devraient être livrés dans le courant de cette année. Le projet comprend aussi la construction de 300m de quais supplémentaires et d’une zone industrielle qui accueillera des unités de transformation de poissons. Situé à Fort William, dans la zone sud du

René Sanson, représentant du géant mondial Mediterranean Shipping Company (MSC)

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Dossier

ECONOMIE CIRCULAIRE

JOUER LA CARTE DES CROISIÈRES Avec la pandémie de Covid-19, les activités de croisières sont au point mort. C’est le secteur maritime le plus durement touché, plongé en pleine crise. Dans la région, les croisières avaient pris leur envol depuis quelques années avec, notamment, le géant italien Costa Croisières. Dans le circuit des Iles Vanilles, il y avait, avant la crise, 35 escales par saison (décembre-mars). Aujourd’hui il y en a… zéro ! Mais les ports restent confiants de pouvoir renouer avec cette activité qui finalement représente cette opportunité de collaboration inter-îles tant souhaitée. « Nous estimons que la reprise des activités se fera en 2022 et devons nous y préparer », indique Ramalingum Maistry. « Nos ports doivent permettre d’ouvrir nos îles à un tourisme d’intérieur encore largement inexploité dans certains de nos pays », ajoute le président de l’APIOI. Ramalingum Maistry veut aller plus loin, vers l’Afrique de l’Est et le Golfe persique, s’appuyant sur une étude menée récemment par l’APIOI. Sur le continent, plusieurs options sont disponibles pour figurer sur la carte des croisières dans le sud-ouest de l’océan Indien. Dans le Golfe, Abu Dhabi serait un point d’entrée intéressant et ce port est déjà actif au niveau des croisières… « Les croisières ne peuvent se développer en isolement, donc tous les ports de la région peuvent en bénéficier », ajoute M. Maistry. Et le corollaire à l’activité de croisières c’est tout ce qui concerne le ravitaillement des paquebots. Pour les croisières, il devrait donc y avoir un « avant » et un « après » pandémie.

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…du trafic et continuent de peser lourd dans le bon fonctionnement du système. C’est le cas notamment à Maurice où les opérateurs n’hésitent pas à critiquer une certaine « rigidité ». « Le changement d’équipages est devenu extrêmement difficile à gérer », note un agent maritime spécialisé dans la gestion portuaire et les services aux équipages. Les règlements sanitaires, aux yeux des opérateurs, sont beaucoup trop rigides.

RECOURS ACCÉLÉRÉ AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES « Avec la pandémie, la question de l’efficacité des ports est devenue un enjeu de survie national. Il nous faut ainsi avoir recours aux nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, le big data, et la blockchain pour améliorer les performances portuaires », insiste Ramalingum Maistry. Pour le président de l’APIOI, l’efficacité du travail des ports est devenue un enjeu technologique. Il est rejoint en cela par Dominique de Froberville. « Tout développement de la chaîne d’approvisionnement doit reposer sur la compétitivité et l’efficacité d’un port », intervient le CEO de MFD. La crise sanitaire a démontré l’importance de dématérialiser les procédures : cette


Des coûts qui ont flambé depuis la crise Covid

APIOI, le réseau régional des ports

transformation numérique qui a lieu dans les ports aura tout intérêt à être coordonnée car elle facilitera les échanges et sera source de richesse. À terme, cela entraînera une automatisation quasi complète des processus, interconnectés par l’internet des objets, optimisant ainsi à la fois les coûts et le temps passé sur de nombreuses activités opérationnelles. Par exemple, le port de Port Louis compte introduire une plateforme électronique pour planifier le meilleur moment et le meilleur endroit pour l’accostage des navires, améliorant ainsi considérablement l’efficacité des opérations. Les compagnies maritimes ont elles aussi franchi un cap avec la crise. « On s’est rendu compte que l’on pouvait aller plus loin dans le numérique, dans l’écologique », indique Tanguy Le Texier, président de l’Association Professionnelle de Agents Maritimes de Maurice (APAMM) et directeur général de CMA CGMs pour l’océan Indien. Depuis janvier 2020, les compagnies maritimes sont tenues de faire tourner les moteurs de leurs navires avec un carburant contenant seulement 0,5 % de soufre, au lieu de 3,5 % auparavant. Lire la suite sur lejournaldesarchipels.com en scannant le QR Code

© JDM_tsomboli@myt.mu

« L’augmentation du coût du fret est une réalité qui porte un rude coup aux activités économiques. Dans le cas de Maurice, il a augmenté par trois voire beaucoup plus. Les explications sont multiples. «Les gros porte-conteneurs ne transbordent pas par Port-Louis actuellement et préfèrent le faire à Colombo (Sri Lanka), ce qui ajoute une étape et a un impact sur le coût», indique un promoteur mauricien qui a vu ses dépenses monter en flèche. Mais si elles reconnaissent qu’il y a eu augmentations, les compagnies maritimes présentes à Maurice se défendent et affirment ne pas être les seules à blâmer. «Les entreprises de camionnage ont elles aussi drastiquement augmenté leurs tarifs et ça, ça n’est pas contrôlé», insiste le cadre d’une grande compagnie maritime.»

«

Tanguy Le Texier, président de l’APAMM.

On s’est rendu compte que l’on pouvait aller plus loin dans le numérique, dans l’écologique »

L’APIOI a été formée en 2008. À ce jour, les membres de l’association sont le port de Maurice (MPA), ceux de Toamasina et d’Ehoala (Madagascar), Port Réunion (Réunion), la Seychelles Ports Authority, le Port de Longoni, (Mayotte) et celui de Mutsamudu (Comores). Relativement jeune, l’APIOI doit se pourvoir des moyens nécessaires pour élaborer des plans d’action pour la réalisation de ses objectifs. Une étroite collaboration existe entre elle et la Commission de l’Océan Indien (COI), celle-ci considérant l’APIOI comme son bras exécutif maritime. L’Association a pour but de promouvoir et commercialiser la région océan Indien pour y attirer les navires de croisière et de plaisance aussi bien que les bâtiments de commerce et de pêche semi- industrielle. Elle vise aussi à renforcer la coopération entre les différentes autorités portuaires, les organismes d’États des différentes nations membres et les opérateurs maritimes.

Mayotte : aménagement d’un « quai Mozambique » ? Alors que la situation se complique au Mozambique* le port de Mayotte continue à s’organiser afin d’accueillir une partie de la logistique de Total, en plein chantier en vue de l’exploitation d’un gigantesque gisement gazier dans la province de Cabo Delgado. C’est le projet défendu par Ida Nel, la présidente de Mayotte Channel Gateway (MCG) qui assume la Délégation de Service Public pour la gestion du port de Longoni. La « patronne » du port a déjà soumis un plan d’extension et de modernisation du port afin de devenir la base arrière pour Total qui doit commencer son exploitation en 2024. D’après notre confrère Denis Hermann : « Lassée des lourdeurs administratives (dossiers du FEDER et du Plan de Convergence), Ida Nel a décidé de faire à sa manière en optant pour des prêts bancaires… » Le port actuel devrait être doté d’un nouveau quai, le « quai Mozambique » qui consiste en un aménagement du quai n°1 du port. A suivre dans nos colonnes. *Au bouclage de ce numéro, des troupes djihadistes venaient d’envahir Palma, à proximité immédiate du site d’exploitation aménagé par Total.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 55




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Le constat est simple : le requin est le loup d’aujourd’hui ! Hier le canidé fut victime de la folie des hommes qui, poussés par la peur du Diable, ont éliminé le sublime animal avant d’essayer de le réintroduire dans son milieu naturel un siècle plus tard… débiles que nous sommes !

Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes, Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes ! La Mort du loup, poème d’Alfred de Vigny – 1843 (extraits)

SHARK SERENITY COMMENT APPROCHER LES GRANDS REQUINS EN TOUTE SÉRÉNITÉ

Par Jacques Rombi

Plusieurs dizaines de millions de requins sont éliminés chaque année, mettant ainsi en péril tout l’écosystème marin. Ici, une arrivée de pêche aux Émirats arabes unis en 2011 – depuis, la situation à cet endroit a évolué, mais certains pays, y compris en Europe, continuent le massacre, voir https://www. stop-finning-eu.org/

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Le shark feeding (nourrissage de requins) peut être un outil précieux à la préservation des requins. À condition que le site et la pratique soit élaborés, mis en place et encadrés par de vrais spécialistes, suivant un ensemble de protocoles et de règles précises, et à l’écoute des comportements des animaux et des circonstances locales. Le tourisme requin attire de nombreux touristes et journalistes, chaines de télé, etc.

Le poème d’Alfred de Vigny n’aura donc pas servi de leçon et les massacres continuent sur terres et océans. Pourtant si sur terre, les quelques rares îlots de protection (réserves intégrales, safaris et autres zoos géants) nourrissent l’espoir de conserver des reproducteurs qui pourraient un jour être réintroduits dans leurs milieux naturels (s’ils existent encore), sous les océans c’est une autre histoire. Un grand requin ne se domestique pas et ne s’observe pas à travers un bocal aussi grand soit-il ! Aussi avant qu’il ne soit trop tard, quelques spécialistes (encore trop rares) proposent des solutions pour réconcilier l’homme avec les grands requins à travers des modèles mêlant à la fois respect des écosystèmes, rentabilité

© photo Thomas Vignaud

à intégrer dans tous les aspects de la vie, mais il arrive parfois que la science manque d’outils, de données ou simplement de temps pour répondre à des besoins urgents. Dans ce cas, l’intégration de la recherche couplée à l’expérience et à l’innovation permet le lancement de projets qui peuvent conduire à des résultats étonnants car leur raison d’être est le résultat mesurable appelé aussi la recherche/action. Le projet Serenity se base sur des années d’expérience et les meilleurs résultats scientifiques disponibles. Nos valeurs ? Travailler avec les autorités, les privés et la population, et s’adapter aux circonstances locales. En équipe, nous intégrons tous les aspects pour créer un plan et un programme qui permet à tous, y compris la Nature, de grandir en harmonie ».

économique et paix sociale. En bref le triptyque du développement durable. C’est l’exemple du projet Serenity développé par le docteur Thomas Vignaud, spécialiste des grands requins : « Les écosystèmes du monde entier souffrent du développement humain. Pourtant, ce sont ces mêmes écosystèmes qui sont le socle de la vie humaine : nous coulons notre propre et unique bateau. Aujourd’hui, nous savons qu’il est possible de restreindre ces impacts, de restaurer et d’accompagner les écosystèmes, sans perdre en qualité de vie. Ces solutions prennent naissance tous les jours, particulièrement en ces temps de crise propices à l’innovation de rupture. Les résultats de la recherche peuvent apporter des outils formidables

Le shark-feeding c’est à la fois le respect des écosystèmes, la rentabilité économique et la paix sociale, soit la définition du développement durable En proposant ce schéma, le projet Serenity colle parfaitement au schéma du développement durable qui se heurte malheureusement aux réactions épidermiques et vengeresses qui sont constatées après chaque attaque de requins : les requins d’Australie, de Nouvelle Calédonie ou de la Réunion sont actuellement massacrés en toute impunité. Pire encore, ces programmes sont financés en totalité par l’argent public (vos impôts !) et en plus d’être barbares, rien ne prouve que ces pratiques sont efficaces. Sur ce sujet, il est important de Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 59


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SHARK SERENITY Thomas Vignaud est un scientifiqueexplorateur-entrepreneur

prendre en compte TOUTES les pièces du puzzle et d’élaborer des plans qui intègrent ces aspects dans des solutions globales. Les expériences réussies sur des projets de shark feeding permettent de constater que les meilleurs résultats sont obtenus en travaillant vers des solutions à l’échelle locale, étape par étape, et que la somme des projets positifs locaux résonne ensuite à l’échelle mondiale. Voilà pour la théorie, quant à la pratique, Thomas Vignaud explique comment fonctionne Serenity : « En bref, il s’agit d’identifier un site propice au nourrissage des requins en évitant les conflits avec les usagers de la mer. Le site sous-marin doit être savamment choisi et aménagé par les experts selon de nombreux critères, et les requins attirés sur place. Leur nourrissage permet alors de les concentrer à cet endroit précis, de façon temporaire et sans impacts sur leur santé ou leur écologie, pour le bonheur des plongeurs, des chercheurs et de l’économie locale. Rappelons ici qu’un requin vivant peut rapporter des dizaines de milliers de dollars par an sur un site de shark-feeding (contre quelques dizaines de dollars à peine pour la vente de ses ailerons). Leur observation quotidienne permet de les étudier, mieux les connaitre et même de réduire le risque de morsure dans la région en influençant la façon dont ils interagissent avec l’Homme ». Même si, faut-il rappeler ici, le risque zéro n’existe jamais quand on choisit de fréquenter un milieu sauvage comme l’océan. Thomas rajoute : « Les dernières recherches montrent que la grande variabilité des personnalités des grands requins, comme les requins bouledogues, donne parfois naissance à l’émergence d’individus à problème (voir le 60 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

© photo Thomas Vignaud

Docteur en biologie marine diplômé de l’École Pratique des Hautes Études, ses activités incluent un travail de scientifique sur les requins et les écosystèmes marins, la conservation et la reconstruction des récifs coralliens, la valorisation des richesses naturelles et de développement de solutions innovantes pour un futur durable. Il travaille avec des organismes tel que le Criobe*, Blue finance**, des sociétés privées ou des services publics souhaitant innover dans la gestion de la Nature ou de l’économie bleue. Un de ses projets, Sharkserenity, se base sur une accumulation de connaissances et d’expériences, comme le développement d’un projet éco touristique aux Fidji sur les grands requins. Sur la photo, Thomas forme un plongeur fidjien, « Sai », à l’identification individuelle des requins bouledogues pour approvisionner les bases de données scientifiques (© Steve De Neef).

travail du Pr. Eric Clua). Les caractéristiques spécifiques de ces individus à problème font qu’ils sont beaucoup plus dangereux que les autres – on observe d’ailleurs dans l’histoire des agglomérats de morsures de prédations dans le temps et l’espace qui suggère le fait d’un seul individu – cela est parfois avéré, comme la terrible histoire du New Jersey en juillet 1916 qui a inspiré le film de science-fiction « Les Dents de la Mer », et bien d’autres. Nous commençons également à avoir des preuves directes avec les individus à problèmes vivants identifiés.

* Le CRIOBE (Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement) créé en 1971, est l’un des plus éminents laboratoires français pour l’étude des écosystèmes coralliens. Ses activités s’exercent à travers de multiples disciplines - l’écologie, la génétique, la chimie - sur deux sites géographiques principaux, le campus de l’Université de Perpignan en France et la station de terrain sur l’île de Moorea en Polynésie Française. ** Blue finance est une association à but non lucratif ayant pour mission le développement durable de l’économie bleue dans les écosystèmes coralliens. Elle se spécialise en particulier dans le développement d’initiatives et solutions économiques bénéficiant à la gestion des aires marines protégées.


Blue Les bénéfices du projet Shark Serenity La lecture de ce tableau permet de comprendre rapidement comment ce système peut fonctionner et surtout comment il peut être dupliqué partout où le trio requin-touriste-acteur local peut se retrouver pour une approche dans un esprit gagnant-gagnant. C’est le cas

de nombreuses îles de l’Indianocéanie où le docteur Vignaud a déjà identifié des sites où ces solutions peuvent-être implémentées. Reste à convaincre les autorités, et là c’est une autre histoire – la peur de l’inconnu l’emporte sur le courage politique. Le philosophe Arthur

Schopenhauer découvrit ce principe : « toutes les vérités passent par trois phases : elles sont d’abord tournées en ridicule, puis elles sont violemment opposées. Enfin, elles sont acceptées comme évidentes. » La Nature, elle, a déjà compris l’intérêt d’un tel projet !

Les effets du projet Shark Serenity apportent de nombreux bénéfices à l’homme et à la nature. Ce programme prend appui sur le nourrissage des requins comme outil de travail. Ces effets sont résumés ici de façon schématique, pour permettre une vue d’ensemble. Pour plus de détails, visitez www.sharkserenity.com ou prenez contact. Pêche artisanale

Pour la plongée

Pour le récif et l’écosystème

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• Moins de casse de filets, ligne • Plus de poissons, plus gros • Possibilité de diversifications ou de reconversion • Partenaires associatifs Pêche industrielle • Impact productivité • Labels • Bonnes pratiques • Infomations scientifiques Pour le tourisme

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Plus de touristes Diversification des activités Moins de risques d’attaque Satisfaction et retour clients Package, partage, réseau Diversification

Matière organique disponible Programme de conservation Restauration de l’écosystème Effets de la présence d’espèces clef-de-voute • Effets bénéfiques à long terme • Recherche, science, éducation

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Nouveau site unique Diversification des activités Plus de plongeurs Fidélisation Prestige Meilleure santé des récifs

+ Productivité + Biodiversité + Surveillance + Protection + Résilience

Pour les requins

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Nourriture disponible Renforcements sociaux Meilleure santé Protection Restauration de l’écosystème Education, sensibilisation Prestige, exemplarité Science, recherche Moins d’attaques

Pour les poissons

Pour la population locale • Conservation et mise en valeur du patrimoine • Tourisme plus respectueux • Opportunité emplois/business • Fierté, prestige • Education, formations Pour le gouvernement • Prestige à plusieurs niveaux • Science, recherche • Ocean Economy • Tourisme • Développement durable • Valorisation du patrimoine • Moins de risques d’attaques • Education, formation • Compétitivité • Présence d’experts • Collaborations internationales • Nombreux effets positifs indirects

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Meilleure santé et reproduction Protection locale, zone source Meilleure éco-organisation Restauration des écosystèmes Effets bénéfiques à long terme Science, recherche, éducation

Pour en savoir plus www.sharkserenity.com

+ Boidiversité + Biomasse + Espèces rares + Effet réserve (-40 km)

« Nous n’avons pas hérité de la terre de nos parents pour en faire ce que nous voulons. Nous l’empruntons à nos enfants et devons faire attention à l’utiliser dans leur intérêt ainsi que dans le nôtre. » Moss Cass

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 61


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Indian Ocean Trepang est une entreprise d’élevage d’holothuries à Madagascar, qui permet aux populations locales de fonctionner comme des petits exploitants, en collaboration avec des ONG locales.

AQUA SPARK

LANCE UN FONDS D’INVESTISSEMENT POUR L’AQUACULTURE Pour Mike Velings : « Nous avons « Nous avons deux investissements en cours en construit ce montage pour nous assurer Afrique, un au Mozambique et un à Madagas- que nous avons de bonnes chances car. Avec nos partenaires IDH, l’Initiative pour d’empêcher la production et la consommation de baisser, et c’est aussi une exle commerce durable aux Pays-Bas, Msingi, la Fondation Gatsby et quelques autres, nous lan- cellente opportunité d’investissement ». çons un fonds d’aquaculture spécifiquement axé De réelles sur l’Afrique”, a déclaré Mike Velings, fondaopportunités teur d’Aqua-Spark.

L’annonce de Mike Velings fait suite à une déclaration de Manuel Barange, directeur de la politique de la pêche et de l’aquaculture à la FAO, qui notait lors du Sommet Mondial de l’Océan en juin 2020 que “l’Afrique risque d’être laissée pour compte en termes de disponibilité de poissons et de produits de la mer pour sa population croissante ». En réponse, Mike Velings a signalé qu’Aqua-Spark, aux côtés d’un éventail de partenaires dont le fonds d’investissement Hatch, cherchait précisément à résoudre ce problème. Hatch fait partie du portefeuille d’investissements d’Aqua-Spark. La majorité des produits de l’aquaculture est fournie par la Chine, à 60 %, et à 85 % par l’Asie en général. L’Afrique ne fournit que 2,5 % de la production aquacole mondiale et sera le seul continent dont, d’après la FAO, la consommation de poisson par habitant diminuera d’ici 2030. En effet le contexte africain est très défavorable : « L’Afrique est encore en situation de sous-alimentation, le continent n’a pas assez de financement, et ne produit pas assez d’alevins. En outre, l’Afrique ne présente pas de bons contrôles de 62 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

© Droits réservés

par Tsirisoa R. & J.Rombi

Aqua-Spark est un fonds d’investissement mondial basé à Utrecht, aux Pays-Bas, qui investit dans des entreprises aquacoles durables. Ici, une image de Chicoa Fish au Mozambique.

la biosécurité ni de lutte contre les maladies. Il y est nécessaire d’y créer un environnement favorable en termes de politique et de réglementation, d’accès à la terre, d’accès à l’eau, de mesures d’incitations. Tous ces éléments, si vous les regardez individuellement, ont un grand potentiel pour développer l’aquaculture en Afrique, mais nous devrons commencer très rapidement, et tout de suite. Nous ne pouvons plus retarder cela », a rajouté Manuel Barange.

Pour rappel, Aqua Spark a investi dans deux sociétés du secteur à Madagascar. Le premier était en 2016, à hauteur de 2,75 millions de dollars avec Indian Ocean Trepang (OIT)*, qui cultive des concombres de mer. Le second investissement, à 2,5 millions de dollars dans la même année, était avec l’américain LoveTheWild, producteur de produits de l’océan installé à Madagascar et orienté vers la maîtrise de la chaîne durable, de la production à la commercialisation. Aqua Spark est également présent au Mozambique avec Chicoa Fish Farms où ce dernier a levé 1,5 million de dollars en 2015 dans l’aquaculture de tilapias. Contacté par nos soins, Olivier Avalle, expert du secteur qui a notamment développé OIT à Tulear (Madagascar), reste néanmoins sceptique sur le développement de cette filière : « je reste assez pessimiste sur les possibilités de développement à Madagascar et en Afrique en général, entre épidémies, corruptions, guerres, instabilités chroniques, etc…. C’est dommage car de nombreux pays ont le potentiel». *Indian Ocean Trepang (concombre de mer ou holothurie) est une exploitation industrielle d’holothuries, née en 2012 grâce à un procédé d’élevage unique au monde et développée in situ à Tulear.


A besoin de vous ! A Madagascar devenir un chercheur est un grand challenge. Doctorant a l'Universite Paris-Saclay et l'Universite d'Antananarivo, Maevatiana etudie les interactions entre la mere baleine a bosse et son bebe. Sa passion pour les grands cetaces l'a pousse a les etudier. II veut comprendre comment le baleineau communique avec sa mere, a quel moment et comment se fait l'allaitement, comment se posse l'apprentissage durant les premiers mois de la vie d'une baleine et globalement, comment la mere assure la survie de son petit et jusqu'ou s'etend leur lien. Tout cela grace a !'utilisation de balises equipees de camera. Les baleines a bosse sont aujourd'hui de plus en plus menacees par la croissance des activites humaines sur les cotes, II ya un besoin urgent d'acquerir des connaissances pour guider les mesures de protection, notamment concernant les categories les plus sensibles tels que les baleineaux. Maevatiana a besoin de vous pour reunir assez de fonds pour effectuer ses travaux de recherche sur terrain à Sainte-Marie, Madagascar. Pour le soutenir vous pouvez scanner le QR code ci-apres. En le soutenant vous contribuez a l'avancement de la science.

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Etudier les interactions mere· baleineau chez la baleine a bosse

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Engrais biologiques utilisables en agriculture Biologique Conformément aux règlements (CE) n° 834/2007 & 889/2008


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Les pontes et les naissances de tortues se sont multipliées depuis qu’elles sont protégées et observées. Ici des juvéniles prennent leur premier bain de mer.

LE CEDTM

© CEDTM

La mode du whale watching a atteint les côtes réunionnaises. Ici une baleine à bosse devant la plage de Boucan Canot à Saint Gilles.

OBSERVER CÉTACÉS ET TORTUES MARINES À LA RÉUNION EN TOUTE QUIÉTUDE Le Centre d’Etudes et de Découverte des Tortues Marines (CEDTM) de La Réunion est né pour répondre à des besoins urgents en termes d’observation et protection de la faune marine. Avec le projet Quiétude, le centre met en place une vraie charte d’approche des mammifères marins à La Réunion. Enfin ! Jacques Rombi

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La mode du whale watching a atteint les côtes réunionnaises depuis quelques années et c’est tant mieux. Sauf que beaucoup se sont improvisés professionnels de l’observation de ces géants des océans sans aucune formation et surtout sans aucune éthique, allant jusqu’à poursuivre les animaux avec leurs speed boats. Pour Anne Emmanuelle Landes, chargée de projets au CEDTM : « l’amélioration des conditions d’observation des cétacés et tortues à La Réunion est notre priorité. Pour les tortues, nous travaillons à la réhabilitation des plages pour améliorer les conditions de ponte des

tortues marines. En effet, certaines plages étaient très fréquentées par les tortues avant l’arrivée de l’homme, il faut comprendre lesquelles et pourquoi. Parallèlement, nous engageons un travail de sensibilisation : ateliers participatifs avec le grand public, actions de plantation sur les plages… » Pour les mammifères marins, notamment les baleines qui fréquentent les côtes réunionnaises pendant la saison fraîche, le CEDTM vient de lancer la marque Quiétude Cétacés, un label distinguant les acteurs impliqués dans une démarche responsable et durable de l’observation des cétacés


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Une partie de l’équipe. Grâce à des financements conjoints Région Réunion, Etat, Europe (FEDER-INTERREG), l’association embauche aujourd’hui 9 salariés et ses locaux sont basés à Saint-Leu.

à La Réunion. Elle sera déployée, après 3 années de préparation participative avec les acteurs, pour sa phase expérimentale dès la prochaine saison des baleines.

SOMMOM, première plateforme participative nationale La réglementation nationale française a évolué, cela concerne dans notre région La Réunion, les îles Eparses et Mayotte. L’arrêté préfectoral encadrant l’activité d’observation des cétacés à La Réunion évoluera vraisemblablement également en conséquence d’ici la prochaine saison des baleines. La cacophonie qui a suivi la crise requins qui sévit depuis dix ans doit servir de leçon pour éviter de nouvelles interdictions et prises de décisions contraires à la logique environnementale. D’où l’urgence d’anticiper et de proposer une vraie charte d’approche plutôt que de risquer des interdictions aveugles. Le whale watching, tout comme le Shark feeding (lire le projet Serenity dans ce numéro) sont des activités qui peuvent générer d’importantes ressources financières pour les économies fragiles de nos îles et permettant également d’investir dans des actions de protection. A condition que ses activités soient bien encadrées : « Quiétude Cétacés est gouvernée par un comité de pilotage représentant un panel d’acteurs institutionnels, as-

sociatifs et de l’observation. Nous en sommes l’équipe animatrice chargée de son développement. Il s’agit d’une de nos actions phares, et cette étape nécessitera une diffusion importante. Cela pourrait être une piste d’échanges prioritaire... » dixit Anne-Emmanuelle qui introduit ainsi l’autre grand sujet qui anime le CEDTM : « nous avons constaté que l’observation ou la collecte des données n’étaient pas coordonnées en France et dans les outremers français. Aussi, nous avons fédéré un réseau d’acteurs impliqués dans le suivi et l’encadrement de l’activité d’observation des cétacés comme les Affaires Maritimes territoriales, les gestionnaires d’aires marines protégées, associations...) dans les différents territoires français et d’outre-mer ». Ce réseau intitulé SOMMOM* (projet éponyme) se fédère autour d’une nouvelle plateforme participative, au sein de laquelle chacun peut saisir de l’information sur l’activité d’observation pratiquée dans les différents territoires, et qui constitue une page vitrine nationale, fait office d’observatoire générant des indicateurs pour contribuer au suivi et à la gestion de l’activité, et dispose de perspectives d’évolutions facilitant les échanges. Cette plateforme participative, bénéficiant de financements nationaux, gagnera à être davantage connue et reconnue. * Suivi et encadrement de l’Observation des Mammifères Marins dans les territoires français d’Outre Mer.

Le CEDTM en bref Le CEDTM a historiquement été créé afin d’assurer la gestion du site de Kélonia, l’observatoire des tortues marines de La Réunion situé à Saint-Leu. N’assurant plus cette fonction depuis 2013, l’association a perduré et mène depuis des projets scientifiques et de conservation des tortues marines et de l’habitat marin, en étroite collaboration avec Kelonia. La majorité de ses missions se concentre sur les tortues marines à La Réunion et dans le sud-ouest de l’océan Indien. Partant du principe que l’échange d’informations scientifiques et techniques est la première action à engager en vue d’une meilleure protection des espèces en danger, le CEDTM collabore activement avec de multiples acteurs institutionnels, mais également associatifs localement (Globice, SEOR,…), à l’échelle régionale (notamment Cetamada, partenaire du Journal des Archipels), ou nationale. Une mutualisation et un partage des informations qui prend une nouvelle dimension aujourd’hui avec le lancement du label « péi » Quiétude Cétacés et du réseau national sur l’observation des mammifères marins intitulé SOMMOM. En savoir plus sur : (https://cedtm-asso.org/quietude/le-label/ - un site dédié est en cours de développement) https://cedtm-asso.org/quietude/reseau-sommom/ À suivre régulièrement dans nos colonnes.

Ici une tortue en train de pondre à Saint Leu.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 65


Histoire

Le sud-ouest de l’océan Indien est réputé pour ses conditions de navigation difficiles. Les Mascareignes ont été le théâtre de nombreux naufrages. Mais l’un d’entre eux a marqué les esprits à jamais… Thierry Chateau

NAUFRAGE EMBLÉMATIQUE

LE DERNIER VOYAGE DU SAINT-GÉRAN

66 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021


Histoire

« Le naufrage entraîna d’énormes pertes matérielles pour la colonie qui mit du temps à s’en remettre »

Le Saint-Géran, navire de la Compagnie des Indes orientales, fit naufrage dans la nuit du 17 au 18 août 1744 au large de Maurice. Il y avait à son bord plus de 200 hommes et femmes qui retournaient au pays, ainsi qu’un contingent d’esclaves pris en cours de route. Événement marquant pour la colonie à l’époque, ce naufrage a inspiré l’histoire de Paul et Virginie*, dans laquelle Virginie meurt par noyade. « Pour la société de cette époque, cela a été un drame sans précédent », intervient Yann Von Arnim. Pour le spécialiste mauricien des épaves et des naufrages dans les Mascareignes, la perte du St Géran est probablement le naufrage le plus représentatif de l’histoire maritime de cette partie du monde. Le navire avait à son bord un condensé de la société coloniale avec des nobles, des marchands, des marins, un mélange de Français et de Créoles ainsi que des esclaves. Parmi les passagers, on retrouve des habitants de l’Isle de France (Maurice) et de l’Île Bourbon (La Réunion). « Outre les pertes en vies humaines, le naufrage entraîna d’énormes pertes matérielles pour les colonies qui mirent du temps à s’en remettre », explique Yann Von Arnim. Le vaisseau ayant à son bord une cargaison de 54 000 piastres d’Espagne destinées à l’économie des îles et des machines pour la première grande usine sucrière en construction à Maurice, celle de Villebague, à Pamplemousses. Pourtant, à son départ de France, rien ne laissait

présager un tel drame… Lorsqu’il quitte Lorient, le 24 mars 1744, le Saint-Géran a fière allure. Construit en 1736, le navire de 600 tonneaux a déjà plusieurs traversées à son actif. Il est commandé par le capitaine Delamarre qui a une vingtaine d’années d’expérience de la navigation océanique. C’est la deuxième fois seulement qu’il va affronter l’océan Indien mais il connaît bien l’Atlantique. Proche de l’âge de la retraite, le vieux capitaine a aussi sous ses ordres des marins expérimentés, une trentaine d’officiers et de sous-officiers ainsi que 90 matelots et 19 mousses. Parmi les passagers, on retrouve des habitants de l’Isle de France (Maurice) et de l’Île Bourbon (La Réunion). Faisant route au sud-ouest le Saint-Géran s’élance sur l’Atlantique, cap sur le Sénégal et l’île de Gorée qu’il aborde après 25 jours d’une belle navigation sans encombre. A Gorée, le navire embarque 30 esclaves, plus d’hommes que de femmes et poursuit, sans perdre de temps, sa route vers l’équateur. …

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 67


Histoire

LE DERNIER VOYAGE DU SAINT-GÉRAN

…À partir du mois de mai, les conditions à bord deviennent plus difficiles. Des jours entiers de calme plat ralentissent la marche du navire. La chaleur devient insoutenable. L’eau croupit dangereusement rendant l’équipage malade. Bientôt le scorbut fait son apparition et fait ses premières victimes. Et l’Isle de France est encore loin… Et quand, enfin, le navire double le Cap de Bonne Espérance tout le monde peut pousser un ouf de soulagement. Sous l’influence des vents d’ouest, les voiles se gonflent à nouveau. Le Saint-Géran bondit à la rencontre de la Mer des Indes. Dans l’océan Indien, le navire file plein nord afin de tirer profit des vents dominants. Il remonte le plus loin possible vers l’équateur. Mais s’il marche bien, l’équipage est lui, en revanche très mal en point. Le scorbut a fait 10 morts et 100 malades. Le Saint-Géran qui avait pour instruction de la Compagnie de revenir en France dès le débarquement terminé à l’Isle de France, voit sa mission déjà compromise. Impossible de revenir dans les temps dans de telles conditions. A la mi-août, l’île Rodrigues 68 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

apparaît enfin à l’horizon. C’est le signe que le voyage touche à sa fin et qu’il faut aussi changer de cap. Le Saint-Géran infléchit sa route plein ouest en décrivant une large courbe sur le bleu de l’océan et file vers l’Isle de France.

À 4h de l’aprèsmidi, le 17 août 1744, l’île Ronde apparaît… À 4h de l’après-midi, le 17 août 1744, l’île Ronde apparaît. Ce dôme rocheux s’élevant au-dessus des flots est le signe que tous les marins attendent. Derrière lui, se cache l’île principale dans la lumière du soleil couchant. Plus que les îlots du nord à doubler et ce sera enfin l’entrée vers le Port-Louis et ses eaux calmes. La nuit tombe et le capitaine Delamarre qui ne connaît pas bien les parages hésite sur la marche à suivre. Le premier officier et Lair, le second lieutenant, sont partisans de passer la nuit au

large. Delamarre s’en remet à leur avis. Pendant une bonne partie de la nuit le Saint-Géran marche tranquillement au large des côtes nord-est. Le temps est beau, la mer est calme et les hommes de quart assurent les manœuvres sous les ordres de Mallès. Mais si le rivage est éloigné, les récifs, eux sont tout proches. Et, soudain un grand craquement. La quille vient de toucher et, dans le choc, le gouvernail du navire a cédé. Il est stoppé net et se retrouve bientôt pris dans les lames puissantes des brisants qui le couchent de travers. Il est 3h du matin, le 18 août, le Saint-Géran est en train de sombrer. Des 181 passagers et membres d’équipages répertoriés, 9 personnes seulement survécurent au naufrage. Il n’est pas fait mention des esclaves… Sources : A la recherche du Saint-Géran, de Jean-Yv es Blot - SOS Patrimoine – Crédit photo : Maria Luisa Pinheiro Blot * Roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, publié en 1788 dans le quatrième tome de ses Études de la nature, puis en volume séparé en 1789.


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KEIVAN CADINOUCHE Du noir et blanc plein de couleurs !

Keivan est de ceux qui vivent de leur passion. Après une quinzaine d’années dans la stratégie et la conception publicitaire, il lâche tout pour parcourir les îles de notre région, appareil photo en bandoulière. Et pas n’importe quel appareil : de type argentique équipé des bonnes vieilles pellicules Tri X de chez Kodak (oui, les connaisseurs peuvent encore s’en procurer !). L’informatique n’intervient chez Keivan qu’à la dernière étape : la première étant la prise de vue, qui ne pardonne pas. Il faut à la fois être sûr d’avoir bien chargé son film

puis de bien régler son appareil, ouvertures et vitesses d’obturation réglées sur le 28 mm grand angle ou parfois à décentrement (ce qui permet un flou «naturel» sur les bords de l’image). La seconde étape est celle du développement des films dans le noir. Enfin, puisqu’il faut bien aller sur le WEB et ailleurs, la numérisation des images arrive en fin de parcours. Le résultat est étonnant de beauté : «le grain et la profondeur de champ avaient disparu des photos numériques contemporaines, là ça réapparait comme par magie...» explique cet habitant de Tamarin qui expose régulièrement ses tirages sur papiers photos ou sur canevas pour donner encore plus de matière vivante et presque... colorée. Voici quelques images prises dans la région ces dernières années sur les rivages de l’Indianocéanie.

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Pêcheur de Raie L’île d’Unguja (Zanzibar) - 2014


Portfolio

Surf en baie de Tamarin dans les années 2000

Femme Vezo - Côte sud-ouest de Madagascar - 2005

Oeufs d’oiseaux géants disparus (aepornis) - Faux Cap/sud de Madagascar - 2015

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 71


Portfolio_KEIVAN CADINOUCHE Gamin sur la plage Ile Maurice - 2017

Retour de la pêche aux thons - Tamarin 2020

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Gil Renaud Avec ses peintures Mayotte prend une dimension surréaliste

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Cet ancien notaire a quitté son Morbihan natal pour les rivages colorés de Mayotte en 1990. Une époque où la petite île française vivait les dernières heures de cette douceur de vivre au rythme de la Nature qui rythme encore quelques-unes des îles de la région. Il tombe sous le charme et rachète avec deux amis l’hôtel Le Jardin maoré à N’Gouja dans le sud du pays. Mayotte est encore inconnue des circuits touristiques et l’aventure hôtelière se transforme en aventure tout court : les amis vivent en Robinson entre plages et forêts, sans besoin de vendredis puisque

c’était tous les jours dimanche ! C’est aussi l’époque des premiers crob’arts : « un artiste dort en chacun de nous, il suffit d’un peu de travail et beaucoup de passion pour exprimer ce que l’on a au fond des tripes... » Puis la spirale infernale du développement spontané a fait disparaitre cette douceur de vivre à la vitesse d’un cyclone tropical intense. Peu importe pour l’artiste qui s’enferme dans sa galerie qui jouxte la mosquée de Mtsapéré, à Mamoudzou. Il y peint sans arrêt (plus de 60 tableaux pendant le premier confinement) et ne s’arrête

que le temps de transmettre son art à ses élèves, jeunes et adultes, à l’abri des tumultes de la ville en ébullition : « je peins la Mayotte d’avant, nul besoin de voyager autour de l’île, les sujets sont dans ma tête même si je peins le plus souvent des scènes imaginaires... » Aquarelles, huile ou acrylique, Gil donne une dimension surréaliste à ses créations grâce à la profondeur de ses couleurs pour Mayotte mais aussi pour la Grande Ile, Majunga précisément qu’il fréquente régulièrement et où il y retrouve l’atmosphère joyeuse et bon enfant aujourd’hui disparue à Mayotte.


Portfolio

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 75


Publi

RM CLUB

© JDM_tsomboli@myt.mu

REPORTAGE

EXCLUSIF MAIS PAS ELITISTE ! Quand Rémy Mabillon a partagé sa vision avec son ami Lionel Kupper en 2018, le cahier des charges était le suivant : créer un espace sportif et de loisirs ultra moderne, où le sportif de haut niveau peut aussi bien côtoyer des amateurs que des familles. En bref, en espace exclusif et unique mais pas élitiste ! Trois années plus tard la vision est devenue réalité et a connu le succès dès l’ouverture en décembre. Le club compte à ce jour plus de 1000 membres : « nous avons mis en place trois formules d’abonnement, Silver, Gold et Premium accessibles dès 1600 roupies en version corporate (33€ NDLR) par mois ». Un prix relativement bas compte tenu du niveau des prestations proposées : 76 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

Fitness : • Espace cardio & musculation Hitech • Cours collectifs • Entraînement personnel Raquettes : • Squash • Padel • Badminton • Tennis Sports collectifs : • Foot Five • Terrain multipsort • Mur d’escalade • Le tout ouvert 7/7jours Mais au-delà du temple du sport tel que désiré par ses concepteurs, RM Club est d’abord un lieu de vie et d’échange : « on y rencontre des capitaines d’industries qui côtoient des adolescents venus réviser leurs cours entre deux séances sportives, des enfants en bas âge qui

Scanner pour une visite virtuelle

s’amusent sous l’œil attentif de spécialistes dans des aires dédiées pendant que leurs mamans s’entraînent à côté. Bientôt, d’ici septembre, les deux piscines chauffées permettront d’ouvrir un peu plus le club sur l’extérieur avec de nouveaux espaces de loisirs et d’entraînement comme le spa et un snack de plein air… » Une piscine de 25 X10 mètres permettra les entraînements de haut niveau et l’autre, de 10X5 mètres sera dédiée aux cours privés et collectifs.

Itech et EGym Unique dans l’océan Indien, les circuits de musculation sont dotés d’équipements d’intelligence artificielle qui permettent une reconnaissance personnelle après une initialisation dès l’inscription. Le TRX MAPS scanne chaque membre et lui fournit son profil sportif avec ses


w

Lionel Kupper, sportif créateur Passionné par le sport et entrepreneur dans l’âme, Lionel commence sa vie avec une paire de skis aux pieds comme tout Savoyard qui se respecte (il vient de Thonon les Bains) dans les Alpes françaises. Puis il intègre le réputé Club Méditerranée et parcourt le monde pendant 13 ans. En 1997 il est repéré par les fondateurs des clubs Marmara et il participe à leurs créations et développements avant un retour dans sa région où il prend, en location aux débuts, le City Green, un country club multisports à la frontière suisse. Nous sommes alors en 2006 et Lionel fait sans le savoir une entrée par la grande porte du business sportif : « j’ai pu développer ce club avec passion aux côtés d’une centaine d’employés 7/7 et les banquiers m’ont suivi pour son rachat à la Royal bank of Scotland en 2012 ». Un bel essai qu’il transforme en 2018 avec la revente du club au Britannique David Lloyd (déjà présent dans 120 clubs au Royaume Uni et en Europe). Entretemps Lionel a fait la connaissance de Rémy Mabillon, qui devient un ami : « nous partageons les mêmes valeurs et quand il m’a demandé de le rejoindre pour lancer RM Club à Maurice, je suis parti en 2018 et j’y suis resté ». Le project manager de RM Club a en effet conçu et développé le site aux côtés de Rémy Mabillon ces deux dernières années.

Les terrains de Foot Five sont accessibles à partir de 2000 Rs par heure (environ 48 euros). Idéal pour décompresser entre potes ou entre collègues.

Le mur d’escalade connaît le succès auprès des petits et des grands.

Un club unique à Maurice

défauts et ses qualités. Les faiblesses musculaires, les déséquilibres articulaires et osseux sont mis en évidence pour mieux les corriger avec l’aide du coach. Ensuite, la machine IN BODY calcule l’inpédencemétrie de chacun (mesure des ratios masse graisseuse/masse musculaire à l’aide d’électrodes).

Une application dédiée permet de suivre en temps réel mais aussi de simuler différents scenarii pour atteindre ses objectifs. Le tout, bien sûr, sous l’œil attentif de coachs et de diététiciens dédiés. Au-delà de la prouesse technologique et de la plus-value que cet établissement apporte au nord du pays, il faut saluer

son rôle de mixité sociale et de cadre de vie : par exemple des équipes de jeunes garçons et filles qui se sont mises au foot five après les cours. Ils viennent ici plutôt que traîner ou jouer sur leurs tablettes. Des Vip viennent en famille et côtoient parfois leurs employés. En bref une vraie mixité sociale se met en place dans ce haut lieu du plaisir à Forbach. Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 77


Claude est un Français bien connu du côté des plages de la Pointe aux piments et de Mont Choisy, dans le nord de l’île Maurice. C’est là qu’il enseigne, à même le sable, un mix des nombreux arts martiaux qu’il a appris tout au long d’une vie.

CLAUDE MANCHE IL ENSEIGNE LES

ARTS MARTIAUX SUR LES PLAGES Par Jacques Rombi

Point de combats ni de compliqués katas chez Claude mais des séances de qi kong suivies par des cours de taï chi où la recherche de l’énergie vitale (le ki*) guide tous les mouvements. Un apprentissage lent et méditatif en rupture totale avec les activités sportives en vogue un peu partout : « maître Lo disait

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qu’il faut plus d’une vie pour connaitre le taï chi » aime à répéter Claude qui n’est pas avare de détails sur son apprentissage personnel : « j’ai commencé en région parisienne dans les années 70 en apprenant le Soringi Kempo avec maître Ausaka, avant de pratiquer le Viet Vo dao pendant une dizaine d’années ». Des arts martiaux violents où les combats, les coups et les punitions sont au rendez-vous. Des contraintes de plus en plus incompatibles avec son métier de coiffeur : « difficile de conseiller les gens sur leur look quand on a un oeil au beurre noir » explique ce bon vivant à la bonne humeur communicative. Il faut dire qu’en périphérie des tatamis, d’autres activités commencent à intéresser le jeune combattant qui suit des stages réguliers avec le Chinois maître Tong. Une référence dans le milieu qui peut faire des trucs jamais vus sauf dans les films de Bruce Lee : « Maître Tong est arrivé à me faire tomber sans me toucher, juste en usant son énergie invisible. Il pouvait aussi deviner quels fruits pouvaient se trouver derrière un mur de béton... » autant d’expériences déroutantes qui ont marqué le jeune homme encore ému par ces anecdotes quarante ans plus tard. En tous cas, sa vie commence à changer et elle sera désormais axée sur la quête de cette énergie invisible. Cette énergie et vision des éléments et des choses que beaucoup d’animaux ont conservées, sauf l’homme, hormis quelques rares peuplades traditionnelles pas encore contaminées par le «modernisme» (certains amis polynésiens et du sud malgache se reconnaitront !).

Dans les villes de Nanki et Suzhou, se pratiquent les arts martiaux dans leur milieu «naturel». Claude s’engage d’ailleurs dans une nouvelle vie avec les animaux : maître-chien entre 1985 et 1995, il fût champion de France, d’Europe et du monde avec ses bergers Groëndal lors des concours d’agility. Une discipline à cheval entre la prouesse sportive et les arts martiaux si l’on en croit le maître zen : « je sais que c’est la communion avec mes chiens qui nous a permis d’être


performants. Ensemble, en parfaite symbiose, nous pouvions mémoriser les tracés dans nos têtes avant et pendant les épreuves... ». La gestion du stress et la méditation amenant une interaction quasi magique avec ces animaux supérieurs que sont les chiens de berger (ceux qui en possèdent le savent bien... à condition de les aimer !). Cultivant les paradoxes, Claude se passionne également pour les sports mécaniques et la plongée sous-marine en même temps que la méditation et les arts martiaux : « j’ai fait plusieurs rallyes en 4X4, comme le rallye de Tunisie et des reconnaissances pour le compte du Dakar. Je me suis également passionné pour la plongée sous-marine aux Caraïbes où j’ai eu l’occasion de me rendre régulièrement ». C’est la période des grands voyages où la Chine fait partie des programmes au début des années 2000 notamment les villes de Nanki et Suzhou où se pratiquent les arts martiaux dans leur milieu « naturel ». Une expérience tous azimuts qui lui permet de passer un ultime échelon à Blois en France en devenant maitre de reiki grâce aux enseignements du Japonais Deshimaru. La boucle énergétique est bouclée. Il est

temps alors pour lui de voir de nouveaux horizons, comme le disait David Carradine dans la série « Kung Fu ». Hasard de la géographie ou réelle attractivité énergétique ? En tous cas c’est sur les rivages de la douce île Maurice que Claude s’installe dès 2010. Là il y retrouve l’Amour avec Saveetah, une Mauricienne qui pratique le yoga. C’est alors le début d’une expérience nouvelle avec l’enseignement qui s’est fait assez spontanément : « tous les matins j’avais pris l’habitude de faire mes exercices de qi kong sur la plage à la grande surprise des badauds. Et c’est à leur demande que je leur transmets mes savoirs, un mélange de qi kong et de taïchi, deux fois par semaine sur les plages du nord ». Claude Manche organise également des séances de jeûne médical pendant dix-sept jours, une à deux fois par an. Autre expérience étonnante qui permet à la fois de stimuler sa volonté, nettoyer le corps de toutes les toxines et accessoirement... de perdre du poids. * ki /xǐ/ (japonais), ou encore chi, que l’on peut traduire par flux d’énergie... La notion qì, désignant alors l’idée d’énergie vitale, manque d’un équivalent précis en Occident.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 79


fUn&tEch

ANNIE LEBOT « La plupart des personnes ne

sont pas heureuses, car elles se focalisent sur ce qui ne va pas » A.L. : Contrairement au courant de

La psychologie posila psychologie classique qui vise à soulager, à libérer ce qui ne va pas, la tive est une science, positive se focalise sur une rappelle Annie Lebot, psychologie seconde stratégie qui consiste à renforpsychopraticienne. Ce cer le positif chez quelqu’un. Elle pose question « Qu’est-ce qui va bien chez sont les grandes vérités lavous ?» et non « Qu’est ce qui ne va pas telles que « vivre l’ins- chez vous ?». Saviez-vous que nous gagnons 100 fois plus à cultiver nos forces tant présent », « être corriger nos défauts ? Chaque force en contact avec la na- qu’à peut être travaillée et développée pour ture » ou « s’ouvrir aux être exploitée au mieux lorsqu’elle est exprimée à travers l’application d’acautres » qui rendent concrètes. Encore faut-il être prêt les gens heureux. C’est tions à pratiquer pour que la somme d’efforts fournis et de résultats obtenus finissent prouvé scientifiquepar créer une corde solide. ment, mais peu de personnes mettent ces « Qu’est-ce qui va préceptes en pratique. bien chez vous ?» Explications. et non « Qu’est ce Le Journal des Archipels : La Psychologie Positive ne serait-elle pas une qui ne va pas chez discipline de plus qui s’apparenterait à vous ?». un phénomène de mode ? Annie Lebot : On ne peut pas parler de mode puisque ces fondements ont été posés à la fin des années 80 par l’Américain Martin Seligman, chercheur en psychologie. Il s’agit d’une véritable science construite grâce à des recherches rigoureuses suivant des protocoles bien définis. Elle ne doit donc pas être confondue avec la pensée positive, ni avec le principe d’autosuggestion, qui n’ont pas de véritable fondement scientifique. JDA : Quel est donc le principe fondateur de cette science, puisqu’elle en est une ? 80 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

JDA : Quelles sont ces forces de caractère que vous évoquez ? AL : Elles ne sont pas les mêmes selon les personnes bien sûr, et les identifier en consultation à partir de questionnaires et d’outils de mesure fait justement partie de la démarche. JDA : Toute personne est-elle capable de fabriquer son bonheur ? De quelle façon l’accompagnez-vous ? AL : Attention, parler de positivité à un dépressif peut aggraver son cas, il faut que l’équilibre soit revenu. Comme être uniquement dans les émotions positives entraîne une perte du réel et une posture de déni. La nécessité d’équilibrer ses émotions passe par du travail, des exercices concrets. La plupart des personnes ne sont pas heureuses car elles ne prêtent pas attention à ce qui va bien. L’accompagnement consiste à les aider à se focaliser sur leurs forces, la façon de les employer pour atteindre leurs objectifs, tout ceci sur la base de questionnaires et d’outils de mesure, en faisant montre d’empathie et de non-jugement. JDA : Un petit conseil à nos lecteurs pour démarrer la mise en pratique ? AL : Le soir dans son lit avant l’endormissement, se remémorer 3 moments heureux de la journée, aussi infimes soient-ils. Se focaliser là-dessus permet non pas comme par magie de supprimer les problèmes, mais empêche de se laisser envahir par les émotions négatives. A faire pendant 15 jours le temps que le cerveau ancre un nouveau comportement. Qu’attendez-vous ?


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« UN VERRE D’EAU PAR ENFANT ET PAR RÉCRÉATION ! » Un message que ce passionné par son métier a envie de crier aux autorités. Pour lui, beaucoup de maladies graves pourraient être évitées en pensant simplement à bien s’hydrater.

Dans notre organisme, l’eau a de multiples fonctions, elle sert à fluidifier le sang, à faciliter la circulation, à le purifier en éliminant les toxines de l’ensemble des tissus dans un mécanisme complexe d’échanges liquidiens. Toutes les eaux sont bonnes à partir du moment où elles sont potables. Au niveau du corps humain elle représente un peu plus de 60 % de la masse totale et on estime que la dose théorique pour une personne d’environ 70 kg, est d’1 litre et demi par jour sans tenir compte de nombreux éléments tels que le climat, l’hydrométrie, la dépense énergétique individuelle etc. Cette dose théorique a été établie dans des pays tempérés qui n’ont pas les mêmes normes que les pays tropicaux où nous vivons. Elle doit donc être revue largement à la hausse : 3 litres d’eau par jour plus 1 litre par heure d’activité physique soutenue. L’évaporation cutanée des pays tropicaux est très sous-estimée, ce qui laisse 82 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

une quantité d’eau dédiée à la filtration rénale insuffisante qui nous est montrée par l’intensité de la coloration de l’urine. Ainsi nous devrions apprendre à saisir les messages simples, individuels et intimes que notre rein nous envoie environ 5 à 6 fois par jour. En effet à chaque miction l’intensité de la coloration, mais aussi l’odeur nous renseignent sur notre propre état de santé.

« Afin de modifier nos habitudes et parvenir à boire 3 litres d’eau par jour, dès le plus jeune âge il faudrait habituer l’enfant à boire régulièrement » Au même titre que dans les années d’après-guerre la France a imposé 1 verre de lait par jour et par enfant dans toutes les écoles afin d’éviter les carences en vitamine D de l’époque, nous pourrions mettre en place dans les écoles 1 verre d’eau à chaque sortie de classe pour tous les élèves. Aucune religion, ni aucun

Luc Diebolt, aujourd’hui établi au Tampon (La Réunion) a une longue expérience des milieux tropicaux. Né et ayant grandi en Afrique, il fut médecin urgentiste pour les sapeurspompiers du Port / La Possession avant de s’envoler sous d’autres cieux : médecin itinérant en Polynésie française avant d’intégrer le milieu diplomatique en tant que médecin de l’Ambassade de France à Moroni.

principe ne pourraient empêcher chaque enfant d’avoir pratiquement un litre d’eau dans le corps chaque jour. Cet apport hydrique à lui seul lors de la scolarité primaire des enfants en excluant toutes autres boissons pourrait lui permettre de baisser de manière significative de nombreuses maladies de l’enfant comme l’obésité, le diabète et autres pathologies qui prennent racine pendant cette période cruciale de la vie. Cette obligation institutionnelle pourrait permettre une participation de l’école à la santé des enfants, 1 verre d’eau avant chaque récréation. Tout comme le lavage des mains est devenu un geste obligatoire gouvernemental alors que cela est un geste naturel oublié de la société. Pourquoi ne pas mettre en place une étude statistique sur au moins deux générations d’enfants ? Très peu de moyens financiers seraient nécessaires grâce à une participation active de l’école et des familles, et les résultats permettraient de bousculer beaucoup d’a priori sur la santé. Si nous parvenions à augmenter l’hydratation, les bienfaits au niveau de l’organisme se feraient sentir sur chaque appareil, le rein bien sûr mais aussi la peau, l’oxygénation des tissus, une amélioration de la circulation, une diminution de l’acidité gastrique, un meilleur transit… En un mot : une amélioration globale de la santé.


Fun&Tech

MARTINE DE SOUZA Responsable RSE chez IBL

« «Nous avons perdu près de 70 % de nos budgets suite à un changement de législation» » Comme d’autres associations et ONG, la Fondation Joseph Lagesse (FJL) doit faire face à de drastiques coupes budgétaires suite à une nouvelle réglementation. Sa responsable nous explique comment la Fondation essaie de s’adapter pour continuer à aider les plus démunis. Le Journal Des Archipels : Alors que les questions d’économie solidaire et sociale sont sur toutes les lèvres aujourd’hui, votre fondation œuvre déjà dans ce sens depuis de nombreuses années ? Martine de Souza : Depuis plus de 15 ans, la FJL a travaillé sans relâche dans une philosophie de services, afin que les projets engagés changent des vies. Par exemple, la FJL a injecté plus de 40 millions de roupies* dans le projet des centres d’éveil de Caritas, elle a soutenu plus de 80 jeunes et adultes dans leur projet de formation professionnelle à hauteur de Rs 22M. En 2010, la Fondation a répondu à l’appel des Sœurs de Lorette en se lançant dans la construction d’une école maternelle au sein du complexe éducatif de Bois Marchand. Ainsi, plus de 300 enfants y reçoivent désormais une éducation pré-primaire. JDA : Comment fonctionne la Fondation et quelles sont vos plus belles réussites ? MDS : Depuis six mois, la Fondation Joseph Lagesse a pris une direction nouvelle : œuvrer avec plus d’efficacité vers le renforcement de capacités communautaires afin d’appréhender la lutte contre la pauvreté dans sa dimension d’inégalités multiples : sociales, de genre, économiques... Position encore plus ancrée dans

peut prétendre l’avoir fait de nos jours ? A la Fondation, l’idée qui prévaut est la transmission de valeurs fortes qui donnent à l’existence une santé dans le sens noble et sacré du terme.

le développement communautaire. C’est un principe fondamental sur lequel s’appuie la fondation : celui d’avancer avec les personnes qu’elle soutient. Aucun projet ne s’élabore sans les familles bénéficiaires. Dans le «faire avec» et non pas «pour», la FJL fait le pari que les actions à longterme avec les personnes, dans le respect de leur développement et de leur rythme, nous arrivons à des résultats pour la vie. Qu’il y a un avant et un après. Pour nos principales réussites, on peut citer par exemple ce projet fou de relogement social à Chemin Rail (Rivière du Rempart) qui a pris 10 ans. Aujourd’hui les 20 familles relogées sont en sécurité et au sec. Leur maison, construite sur un terrain leur permettant plus d’espace pour planter ou tout simplement savourer une vie calme et confortable, comporte 2 ou 3 chambres à coucher. Tout n’est certes pas résolu mais qui

JDA : Vos budgets ont été amputés suite à une nouvelle loi. Comment la FJL a-t-elle pu s’adapter ? MDS : Aujourd’hui, la FJL fait face à des enjeux de taille : nous avons perdu près de 70% de nos budgets en trois ans suite à un changement de législation imposant aux entreprises du secteur privé mauricien de remettre la majeure partie de leur contribution de Corporate Social Responsibility (CSR) à l’Etat mauricien. Malgré le soutien de la National Social Inclusion Foundation depuis 2019, les moyens limités et une nécessité accrue pour de l’administratif afin de justifier les fonds demandés, la FJL n’a pas baissé les bras et a dû affiner sa stratégie autour de quatre programmes principaux : L’Empowerment programme : actions de mobilisation communautaire, de soutien aux jeunes, de prévention des grossesses précoces, de prévention de l’abus des drogues. Le Rapid Response programme qui permet de répondre à des situations d’urgences aux plus démunis (sécurité alimentaire, soutien social et psychologique, soins médicaux…) Le Literacy programme qui est un soutien aux enfants et aux adultes pour l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul en utilisant une approche communautaire. La Research Unit qui fait partie intégrante de toutes les initiatives dès leur élaboration afin d’assurer un impact à long-terme et qui prévoit la construction d’une banque de données locales, nationales et internationales afin que les initiatives soient fondées sur des preuves solides.

*1 euro = 47,59 roupies en avril 2021.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 83


Elle avait déjà tenté sa chance en 2017 et avait terminé première dauphine d’Audrey Chane-Pao-Kan. Trois années plus tard, avec un peu plus de maturité, la jeune étudiante a cette fois-ci remporté la couronne de Miss Réunion ! Elle a mis sa scolarité sur pause pour se consacrer aux obligations imposées par son titre, la première étant sa participation au concours Miss France, qui s’est déroulé le 19 décembre 2020 au Puy du Fou et où elle a terminé cinquième dauphine. En fait, elle n’a pas tout à fait mis sa scolarité sur pause puisqu’elle a le projet de développer une marque de prêt-àporter à partir de matières naturelles. Ce qui l’a poussée à s’inscrire à l’IFAG en licence de management, après un BTS management commercial et opérationnel, et cette année qu’elle va passer comme ambassadrice de La Réunion va

Par VROUM.INFO Photos : © vroum.info

LYNA BOYER UNE MISS RÉUNION TRÈS BRANCHÉE ÉCOLOGIE

lui permettre de multiplier les contacts professionnels pour faire avancer son projet. Lyna est vraiment faite pour le monde de la mode, elle a une aisance innée devant les objectifs, c’est un régal pour les photographes. Elle est également à l’aise au micro et sait défendre ce en quoi elle croit. Elle nous l’a prouvé, en insistant sur sa joie de se voir remettre les clefs d’une voiture électrique, qui correspond exactement à ses valeurs. Pour Philippe-Alexandre Rebboah, DG de Leal Réunion, ce partenariat avec le comité Miss Réunion est une grande première, cela démontre la montée en puissance de Mini à La Réunion, une marque qui s’inscrit elle aussi dans une démarche de développement durable, avec des motorisations de plus en plus «planet 84 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

friendly». Cette Mini est la plus belle voiture offerte à Miss Réunion depuis 25 ans.

Une Mini musclée Juste quelques chiffres pour la situer : 184 ch sous le capot, qui lui permettent de passer de 0 à 60 km/h en 3,9 secondes (mode Sport), et une autonomie de 230 km (selon la norme WLTP). Le point fort des électriques, c’est le couple disponible instantanément, qui permet de laisser tout le monde sur place quand le feu passe au vert. C’est la maison-mère (groupe BMW), qui a apporté toute la motorisation électrique, puisque c’est ni plus ni moins celle de la BMW i3.

184 ch sous le capot, qui lui permettent de passer de 0 à 60 km/h en 3,9 secondes


iNfos

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Un marché qui explose

Les automobilistes réunionnais sont de plus en plus branchés : alors que le marché automobile local a plongé en 2020 (-14 %) les voitures électriques ont tiré leur épingle du jeu avec… +102 % ! Évidemment, ce sont encore sur des volumes très faibles mais la croissance est exponentielle : 271 voitures électriques commercialisées en 2017 contre 518 en 2019 (X 2 en 2 ans) et 1 045 en 2020 (X 2 sur un an seulement). En parts de marché, la progression est tout aussi époustouflante : 1,1 % de voitures neuves électriques commercialisées en 2017, 1,9 % en 2019 et 4,4 % en 2020. C’est le résultat d’une prise de conscience de la population mais aussi des fortes incitations fiscales. Grâce à un taux d’octroi de mer de 0 % et un bonus écologique de 8000€ (soit 1000€ de plus qu’en Métropole), le prix des voitures électriques à La Réunion est identique (ou presque) à celui pratiqué en Métropole. Sans oublier le principal : les constructeurs ont vraiment fait d’immenses progrès pour proposer aujourd’hui des véhicules électriques avec une autonomie suffisante pour un usage quotidien sans craindre la panne sèche et avec un agrément de conduite comparable, sinon supérieur, à leurs homologues thermiques.

Le prix des voitures électriques à La Réunion est équivalent à celui pratiqué en Métropole

La Mini accepte la charge sur borne rapide (50 kW) qui permet de charger 80 % de la batterie en 35 minutes, bien pratique en déplacement. Sinon, pour un usage quotidien, on la branche simplement le soir en rentrant à la maison et la batterie sera «full» au matin. La solution intermédiaire est d’installer une « wallbox » qui permet de recharger en courant triphasé et de diviser le temps de charge par trois. Le moteur électrique fait aussi office de générateur de courant : lorsque vous levez le pied de l’accélérateur, cela actionne le «frein moteur», de façon plus puissante que sur une thermique et cela recharge à chaque fois un peu la batterie. Non seulement vous augmentez l’autonomie mais, avec un peu d’habitude, vous n’utilisez presque plus la pédale de frein !

La Mini électrique correspond aux valeurs de Lyna.

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 85


fUn&tEch CHRISTOPHE PEREZ Industriel responsable à Mayotte

Ne pas immoler nos industries sur l’autel de la vertu ! Christophe Perez est un entrepreneur bien connu à Mayotte où il a développé une petite affaire familiale en véritable industrie couvrant plusieurs segments d’activité. Le jeune département français est à la fois bénéficiaire et victime d’un développement spontané. Aussi, depuis près de 30 ans à Mayotte (avec une diversification d’activité en Métropole), son témoignage est précieux sur les acquis et erreurs à corriger. Propos recueillis par Jacques Rombi

Le Journal des Archipels l’a d’abord questionné sur sa vision de l’économie et de l’environnement : comment concilier les deux ? « Cela fait plus d’une décennie que les entreprises mahoraises accueillent les ajustements en matière d’environnement et s’adaptent aux nouvelles normes européennes. Dans les métiers qui me concernent, ceux de l’imprimerie, de la communication et de la presse, un cahier des charges très précis doit être suivi pour l’obtention de labels éco responsables. Depuis longtemps nous nous sommes engagés dans une démarche dite « vertueuse » avec l’utilisation de papiers recyclés ou certifiés FSC (conseil de soutien de la forêt) mais aussi avec l’acquisition de C.T.P (Computer to Plate ou impression des plaques offset) « dry » sans chimie. Néanmoins des efforts restent à faire pour le traitement adéquat des déchets toxiques (rejets toxiques ou encres de toner) car 86 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

l’absence de moyens peut bloquer l’obtention de label comme « Imprim Vert ». Les métiers de transformation mais aussi de nombreux secteurs économiques sont souvent pointés du doigt comme si leurs dirigeants étaient déconnectés de l’environnement dans lequel eux et leurs familles évoluent… En la matière le juste milieu doit demeurer la règle et ceux qui pensent qu’en immolant nos industries sur l’autel de la vertu doivent prendre connaissance de ces chiffres : la Chine et les USA représentent 43% d’émissions de CO2 alors que l’Europe entière est à un peu plus de 10%... Et la France, 0,9%... Non pas qu’il faille abandonner les efforts faits, mais que l’on allège la pression qui est la nôtre et que les autorités réorientent ses efforts sur un plan international. » Sur sa vision régionale des échanges, nous lui avons demandé : comment développer la production locale et les échanges régionaux... ?

« La zone O.I est une zone extraordinaire à plus d’un titre. Aussi vaste qu’un continent, avec des ressources halieutiques de premier choix, des îles et des paysages aussi divers que variés, un climat exceptionnel toute l’année, des produits agricoles exotiques et des spots touristiques parmi les plus beaux du monde. La production agricole à Mayotte est longtemps restée vivrière et continue à répondre essentiellement à une demande locale avec très peu de débouchés extérieurs. Il y a bien eu par le passé des tentatives intéressantes qui auraient pu offrir de fabuleuses vitrines pour attirer à Mayotte de nouveau investisseurs… On a tous à l’esprit la culture de l’ylang-ylang par Jean Paul Guerlain, la ferme aquacole de Majicavo, les différentes tentatives d’implantation d’hôtels de luxe dans le nord de l’île ou sur la côte ouest… Tous ces projets ont été plombés à court ou moyen terme par ce que j’appellerai avec pudeur, la lourdeur administrative. Une fois de plus pour parvenir à créer une dynamique régionale intéressante, il faut une uniformisation des règles douanières et concurrentielles… Mayotte reste néanmoins attractive, son ancrage dans la république française et le fait qu’elle soit devenue R.U.P lui assure un intérêt non négligeable auprès des investisseurs. Son taux de croissance ne fait que grimper, et deviendra l’un des plus importants de la zone… Pour le reste, il faudra miser sur un désenclavement total avec des liaisons inter-îles plus fréquentes et des prix beaucoup plus attractifs que ceux qui sont pratiqués aujourd’hui ».


PARWEZ BHUGALEE

Executive business development chez BIRGER

« Les entreprises doivent adapter leurs stratégies de cyber défenses aux nouvelles réalités liées à la Covid-19 »

L’enquête dédiée à la cybersécurité a été initiée par BIRGER. en 2017 pour évaluer les menaces les plus pertinentes et déterminer le degré des entreprises de maturité en cybersécurité. Le but de cette enquête est d’améliorer le niveau de cybersécurité de notre région. Parwez Bhugalee nous donne son analyse : « Avec la Covid-19, la priorité des entreprises était d’assurer la continuité de leurs opérations. Elles ont dû mettre en place des nouveaux modèles d’opérations sans les validations habituelles. Ces changements ont accéléré la transformation digitale avec des risques d’expositions plus importants aux cyber menaces. Les systèmes informatiques des entreprises ont évolué d’un environnement en circuit fermé à un autre qui est plus exposé. Cette année, l’enquête indique une amélioration générale du degré de maturité des entreprises de notre région. Toutefois, les attaques récurrentes comme le Phishing & Ingénierie Sociale, les Programmes Malveillants et le Ransomware sont toujours très présents. Les entreprises n’ont d’autres recours que de s’adapter à la nouvelle réalité pour être cyber-résilientes car tout semble indiquer que nous ne retournerons pas au modèle économique précédent la Covid-19. Les répondants ont mentionné des réductions de budget et un manque de personnel qualifié en cybersécurité. Les cybers criminels utilisent des attaques sophistiquées et ciblent le maillon le plus faible, l’utilisateur. Ainsi, les entreprises doivent redéfinir et adapter leurs stratégies de cybersécurité pour minimiser les risques d’attaques. Par exemple, en adoptant une approche à 3 cellules dans leur Plan de Continuité d’activité (PCA) : travailler du bureau, de la maison et de leur site de repli pour minimiser les risques opérationnels. Ces mesures demandent du temps, du budget et un personnel qualifié et expérimenté. » Les entreprises doivent comprendre que la cybersécurité est un cheminement qui demande une adaptation continue.

COMMUNIQUÉ

Fabrice Le Dantec-Gaussen : « Investir autrement » Comment soutenir la finance responsable ? Equance a développé une expertise pointue dans le domaine de l’Investissement Socialement Responsable (ISR). Nos clients souhaitent de plus en plus que leurs investissements s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Tendance renforcée par la loi Pacte qui impose que les assureurs proposent au moins un fonds ISR dans l’offre financière de chaque contrat d’assurance-vie. Autrement dit, au-delà des critères financiers habituels, l’ISR va s’intéresser à des critères extra-financiers, en particulier la responsabilité des entreprises ayant les meilleures pratiques en matière de respect de l’environnement, de politique sociale et de gouvernance d’entreprise. L’économie circulaire : quelles mesures de la performance ? L’économie circulaire pourrait répondre non seulement à la performance économique et environnementale mais aussi à l’amélioration de la performance sociétale des entreprises, notamment par la création d’emploi. La crise du coronavirus a chamboulé les marchés financiers et les prévisions de rentabilité de certains investissements. Ayons à l’esprit l’effondrement de près de 40 % des marchés actions en mars 2020 et le fort rebond qui a suivi. La progression impressionnante de certaines valeurs technologiques nous conduit à suivre ce secteur de près. Les néophytes peuvent se faire conseiller et les plus avertis arrivent à saisir les opportunités. Immobilier : faut-il craindre un retournement de marché ? Que vous soyez ou non déjà propriétaire de votre résidence principale, l’immobilier reste un placement pour vous permettre de constituer un capital sur le long terme ou de bénéficier d’avantages

Fabrice Le Dantec-Gaussen est basé dans l’océan Indien depuis une dizaine d’années et à l’île Maurice depuis un an. Il donne des conseils en tant que consultant du groupe Equance, leader dans la gestion de patrimoine des résidents et non-résidents français. Contact : fgaussen@equance.com

fiscaux (selon les dispositifs spécifiques). Même si les banques se montrent plus sélectives quant à l’octroi de crédits habitats, il existe encore de bonnes opportunités dans l’immobilier y compris dans la « pierre-papier » (SCPI). Quels supports d’épargne sélectionner aujourd’hui ? Ils dépendent évidemment de vos moyens, mais aussi de votre tempérament au risque, de vos objectifs et de votre horizon de placement. Cela étant, le « Private Equity », cet investissement qui consiste à entrer au capital d’entreprises non cotées en bourse, dispose de sérieux atouts pour passer la crise actuelle. L’univers feutré du « non-coté », peu mis en avant par les banques, attire de plus en plus notre clientèle.

www.equance.com/ile-maurice

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 87


fUn&tEch

PIERRE MAROUBY

CEO GreenYellow ocean Indien notre région de l’IndianocéaPierre Marouby a pris dans nie ? Quels exemples pourraient être la direction de Green dupliqués ici et, inversement, quelles bonnes solutions locales pourraient Yellow ocean Indien être exportées ? voici un an. Comment La grande force des sociétés asianos îles peuvent être un PM : tiques vient de leur capacité à envisager le modèle ? Témoignage. long terme et à faire preuve d’une grande JDA : Quelle est votre analyse de la situation énergétique dans les îles où GreenYellow intervient ? PM : Elle est sensiblement différente entre Maurice, Mayotte, et la Réunion d’une part, qui sont des territoires électrifiés et Madagascar, dont les besoins en électricité sont encore importants (NDLR le taux d’électrification de Madagascar est d’environ 15 %). En revanche, elles partagent toutes un caractère insulaire, une ressource en énergie renouvelable importante (essentiellement solaire), et un mix énergétique encore très carboné. Il y a donc sur ces territoires un potentiel de développement en énergie verte très fort ! Compte tenu de l’urgence climatique, ce développement est à fois inéluctable et profitable à nos territoires. En effet l’énergie solaire est non seulement décarbonée, mais également locale, inépuisable et économique. Les gouvernements de ces pays ne s’y sont pas trompés et chacun à leur manière, poussent actuellement pour une accélération de la transition énergétique comme par exemple à la Réunion, avec un objectif d’autonomie énergétique dès 2028 ou à Maurice avec l’augmentation des capacités solaires offertes en appel d’offres dès 2021. JDA : Comment profiter de votre expérience en Europe et en Asie 88 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

résilience et d’un sens du collectif quand les vents sont contraires. Il faut dans nos îles s’en inspirer, écrire des livres blancs ne suffit pas. Au-delà des ambitions affichées, il est nécessaire d’engager tout le monde à participer concrètement à la transition énergétique : gouvernements, citoyens, entreprises et collectivités. Chez GreenYellow, nous nous positionnons comme l’allié énergétique d’acteurs publics ou privés et nous les accompagnons pour réussir leur transition. JDA : GreenYellow est synonyme d’énergie solaire, pourtant vous travaillez également à l’optimisation énergétique. Cette formule (audit, expertise, contrat de gestion…) est-elle bien appréhendée par les « gros » consommateurs d’énergie (hôtels, industries…) ? PM : N’oubliez pas que le kWh le moins cher est celui que l’on ne consomme pas ! Grâce à nos projets d’efficacité énergétique, nous parvenons à réduire la consommation chez nos clients de près

Après une décennie passée en Asie pour le développement de projets solaires en APAC (Japon, Myanmar, Indonésie, Philippines, Singapour), Pierre Marouby a pris la direction de Green Yellow ocean Indien.

de 40 %. Là encore, nous proposons de les accompagner en portant l’investissement et les risques tout en garantissant des économies d’énergie. Le client peut donc dédier son temps et son argent à son cœur d’activité, nous lui apportons la tranquillité sur les sujets énergétiques. JDA : Le rachat de Vindemia par GBH va-t-il vous permettre d’étendre votre rayon d’actions (je pense notamment à l’extension de vos prestations à Carrefour ou à d’autres enseignes) ? : PM : Nous sommes bien évidemment en discussion avec GBH, comme avec les autres retailers sur un certain nombre de projets. A Maurice, par exemple nous continuons notre déploiement sur les magasins Winners avec déjà plus de 20 magasins sous CPE. En fait, GY a su démontrer un savoir-faire particulier sur ce « vertical market » du retail qu’il soit alimentaire ou non alimentaire. Pour toute notre gamme d’offres : que ce soit pour des projets PV, d’efficacité énergétique, ou de monitoring, il y a des économies importantes à faire pour le client et pour la planète !

GreenYellow en bref Cette filiale du groupe français Casino, fournisseur et producteur d’électricité a été fondée en 2007. Dans la région, GreenYellow représente plus de 70MWc de puissance PV installée, plus de 50 contrats d’efficacité énergétique, générant plus de 2 millions d’euros d’économie d’énergie annuelle ou encore 70 000 tonnes de CO2 évitées chaque année, soit l’équivalent de 300 000 arbres plantés chaque année. Avec plus de 100 emplois directs, GYOI prévoit d’investir plus de 50 millions d’euros cette année.


Fun&Tech

Photo by Brian McGowan on Unplash

Un campus numérique à Mayotte

Une Malgache aux commandes de la sonde spatiale Perseverance Farah Alibay, Canadienne originaire de Madagascar, fait partie de l’équipe de la NASA qui pilote à distance la sonde spatiale Perseverance. L’astromobile lancée en juillet 2020 à Cap Canaveral, en Floride, s’est posée sur la planète Mars le 18 février dernier après avoir parcouru 468 millions de kilomètres dans l’espace. Farah Alibay, ingénieure en aérospatiale, est née à Montréal avant de suivre des études universitaires aux Etats Unis : elle est diplômée de l’Université de Cambridge et du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Elle a pris part à la mission Mars 2020, qui vise notamment à découvrir s’il y a eu de la vie sur la planète rouge dans le passé.

C’est la CADEMA (communauté d’agglomération Dembeni-Mamoudzou) qui a répondu à l’appel à projets du Ministère de l’enseignement supérieur sur la création d’un campus connecté en mars dernier. Un projet qui pourrait répondre, dès 2022 si tout va bien, à l’insuffisance en offres de formations dans le jeune département français. Il s’agit en bref, de proposer des places dans un local dédié (provisoirement installé dans la maison des jeunes d’Hajangoua) qui serait spécialement aménagé notamment en infrastructures numériques de qualité. A terme une cinquantaine d’étudiants est ciblée (15 la première année) qui pourraient suivre des cours en ligne et se connecter avec d’autres universités françaises (de La Réunion et de Métropole). Ce projet serait réservé en priorité aux étudiants qui ne peuvent poursuivre leurs études à l’extérieur, ceux qui présentent des difficultés de mobilité ou d’handicap A suivre dans nos colonnes. Source : Bacoco Saïd à Mayotte

Bientôt une Université numérique pour l’Indianocéanie ? C’est ce que prépare l’Institut Indianocéanique du numérique sous l’égide de l’Université de La Réunion, en partenariat avec la région Réunion et l’Union européenne. Pour Joëlle Brunet-Malbrancq, responsable marketing et communication du projet : « Nous travaillons sur ce projet depuis un an et demi, et même s’il est retardé à cause de la crise Covid, nous allons commencer à proposer des formations en ligne à partir de ce mois de mai » En partenariat avec l’Université des Mascareignes, il sera possible de s’inscrire en ligne et de suivre des cours gratuitement. Des formations diplômantes sont accessibles dès 229 € pour un certificat (et environ 1000 € pour un diplôme universitaire) avec possibilités d’examens à distance. Joëlle travaille notamment aux côtés de Ylias Timol qui, outre ses fonctions de directeur administratif et financier, a développé une web TV qui propose d’intéressantes émissions comme par exemple celle du 25 février consacrée à l’économie circulaire. À regarder en scannant le QR CODE :

Le journal des archipels | N°1 avril 2021 | 89


fUn&tEch ÉDITION. L’indépendance en 2068, les défis d’aujourd’hui

Le Français, Mauricien d’adoption, Jean-Luc Wilain se met au service d’une cause : faire dès aujourd’hui ce qui est nécessaire pour transmettre un monde vivable aux générations futures. Ingénieur des Mines, dernièrement responsable du business development et du développement durable d’un grand conglomérat mauricien, il a décidé de quitter ce confort pour se consacrer au conseil en entreprise, au développement de solutions innovantes et durables, et au partage à travers des publications, des conférences et des formations. Au sein de sa société de conseil WillChange, il espère contribuer à une réflexion apolitique et globale sur l’avenir de Maurice, et en particulier de celui des trois générations présentes aujourd’hui et qui le seront encore en 2068. Pour lui : « la crise actuelle nous rend ouverts à l’introspection et la remise en cause. C’est le moment de prendre conscience des défis qui vont façonner notre avenir dans les prochaines décennies et de nos meilleurs atouts pour y répondre ». Soyez prêts !

Une ligne de chemin de fer à l’étude à Mayotte Ce n’est pas une blague mais un projet sérieux lancé par le président du Conseil départemental le 24 février dernier. La ligne envisagée, déjà baptisée « treni bilé » pour « train bleu » porterait sur l’axe Kani Keli/Mamoudzou, ce qui, avec les dessertes annexes serait étendu sur environ 130 kilomètres de rails. Mayotte, département le plus pauvre de France, est en proie à une urbanisation anarchique, en partie due à une immigration qui l’est tout autant. Le réseau routier saturé est en attente d’approbation d’un SAR (Schéma d’Aménagement Régional) depuis de longues années. Le lien entre les deux îles est assuré par des rotations maritimes saturées elles aussi depuis longtemps et en proie à de fréquents mouvements de grèves qui coupent régulièrement le lien entre les deux îles (et donc entre le port et l’aéroport). Alors que la logique voudrait que ce soit un pont entre les deux îles qui pourrait enfin fluidifier les trafics (les barges pouvant être redéployées pour des services maritimes sur tout le reste du territoire), ce projet de train semble un peu surréaliste. D’après notre confrère Denis Hermann à Mayotte, les études sont déjà budgétisées à hauteur de 15 millions d’euros. À suivre dans nos colonnes.

© Jacques Rombi

TECHNOLOGIE. La brique de terre resurgit du passé mahorais

A Mayotte le béton est en concurrence avec la brique de terre. En arrièreplan, un banga traditionnel en terre séchée.

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Innover en s’inspirant de la tradition. C’est bien souvent de cette manière que la construction peut être durable (ou « green » pour rester dans le « moov »). À Mayotte les anciens utilisaient cette technique tombée aux oubliettes depuis que l’île, en proie aux lumières du modernisme voici 2 ou 3 décennies a bétonné au même rythme qu’il fallait exploiter des carrières et raser des collines. Pourtant la technique traditionnelle est doublement durable : il s’agit de terre argileuse compressée et séchée, donc sans utilisation de combustible, ensuite les propriétés thermiques de cette brique permettent logiquement de limiter l’usage de climatiseurs. Oubliée depuis des années, sa production a chuté, et du coup son prix est monté en flèche au profit du béton dont le prix est mécaniquement devenu compétitif. Il s’agit désormais d’inverser cette tendance. C’est la mission que s’est donnée l’association Art Terre qui s’active pour la (re)normaliser et permettre aux jeunes Mahorais de se (re) approprier la technique via des formations assurées par la Chambre de Métiers.


RIGUEUR, CONFIANCE ET PERFORMANCES Les 3 règles de la gestion de fortune privée

Necker Gestion Privée est une société de gestion de fortune privée, basée à Maurice depuis plus de 5 ans, organisée selon les normes européennes. Elle bénéficie de relations privilégiées avec les principales banques privées mauriciennes, européennes et asiatiques, afin d’assurer le meilleur service de gestion et la sécurité totale des actifs de nos clients. Notre modèle de gestion fonctionne en architecture ouverte. Cela signifie que notre objectif principal est de sélectionner et de proposer à des clients privés ou institutionnels les fonds les

plus adaptés et les plus performants par classe d’actifs, profil de gestion et zone géographique, notamment, et ce en toute indépendance.

Parmi les 2,5% top performers Comme le précise la législation mauricienne, la société est régie par la F.S.C. (Financial Services Commission), qui garantit la transparence et le respect des règles relatives à ses activités. Durant les 5 dernières années,

Necker Gestion Privée, s’est inscrit dans le paysage Mauricien pour en être aujourd’hui un des principaux acteurs. L’équipe de Necker Gestion Privée s’appuie essentiellement sur l’expérience et le savoir-faire d’autres entités du Groupe, notamment sur l’expertise de la société partenaire Tailor Asset Management (Paris), née de la fusion entre Tailor Capital et Haas Gestion à la fin de l’année 2020, dans le domaine obligataire, pour l’analyse macro et micro économique et la gestion de fonds obligataires de référence.

Tailor Capital (aujourd’hui Tailor Asset Management) figure parmi les 2,5% top performers dans sa catégorie au niveau mondial (classement Platinium Citywire) avec de nombreuses distinctions décernées. Les plus récentes en date sont celles du 26 et 27 Novembre 2019 (1) le prix Citywire 2019 / Meilleure Société de Gestion sur 3 ans dans la catégorie « Bonds – Global Flexible (2) le Grand Prix de la Gestion d’Actifs 2019 - Agefi / Meilleur fonds sur 3 ans pour Tailor Crédit Rendement Cible dans la catégorie « Obligations Internationales ».

Nous Contacter Suite 201, Grand Bay Business Quarter, Chemin Vingt Pieds, 30529, Grand Baie, Ile Maurice +230 263 2394 info@necker.mu


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