Journal des Archipels_N°1

Page 30

Green

Les premiers fruits des artichauts vont produire les premières semences mauriciennes.

La canne à sucre n’est plus rentable depuis longtemps dans nos petites îles des Mascareignes. La preuve ? elle a dû sa survie ces dernières années grâce à des subventions et prix garantis sur le marché international. La mutation de cette monoculture vers des cultures vivrières plus variées (et plus rentables !) peut se faire rapidement, à condition de trouver le bon business model. Cette petite révolution agricole se dessine du côté de la vallée de Ferney, au sud de l’île Maurice.

L’AGRI HUB DE FERNEY,

LE NOUVEAU MODÈLE

ÉCONOMIQUE ? Texte & photo : Jacques Rombi

Révolution ? Le mot n’est pas trop fort car ce modèle pourrait se décliner à toutes les îles de notre grand océan Indien : prenez des propriétaires terriens à la recherche de nouveaux modèles de production, ajoutez-y une population aussi variée qu’éclectique mais animée d’une abnégation au travail et passionnée par le travail de la terre, et vous tenez enfin une des clés à notre autonomie alimentaire (et du coup, une moindre dépendance avec la mondialisation castratrice). Concrètement, c’est l’expérience qui a commencé en septembre dernier à Ferney, sur les terres du puissant groupe Ciel, qui a choisi de transformer progressivement ses plantations cannières en productions vivrières bio. Pour Jean Marc Rivet, Estate manager à Ferney : « nous avons mis en location 34 hectares de terrains naguère plantés de canne à sucre et qui jouxtent notre ancienne usine. Ces terrains sont loués au prix du marché (soit environ 90 euros par hectare et par mois), mais ils ont tous accès à une alimentation en eau et en électricité. Ils sont donc très attractifs, car si de nombreuses terres sont en jachère à Maurice, rares sont celles qui peuvent

30 | Le journal des archipels | N°1 avril 2021

être sécurisées et connectées aux réseaux électrique et hydraulique. La seule condition demandée est de produire en mode Bio ».

Créer un écosystème pour le développement de l’agriculture Bio

Mais les avantages ne s’arrêtent pas là. Le groupe Ciel, classé sixième dans le Top 500 régional de notre confrère l’Eco austral, dispose d’une crédibilité et d’une écoute auprès des institutions que n’ont pas les petits producteurs indépendants. Aussi, en se regroupant tous sous une même enseigne, ils peuvent collectivement profiter de l’interface du groupe pour accéder aux précieux sésames des financements, formations et suivis techniques. « Nous avons engagé un vrai partenariat entre nous, les agriculteurs et les institutions qui permet par exemple de profiter d’un accompagnement technique avec le ministère de l’agro-industrie, notamment le service FAREI spécialisé dans les productions non sucrières. Ils ont pu bénéficier


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.