Istanbul MSGSU // Turquie 2013.14
JULIE BRUN à
Istanbul MSGSU // Turquie 2013.14
So take me back to Constantinople. No, you can’t go back to Constantinople. Been a long time gone, Constantinople. They might be giants.
Etonnement
Istanbul, la belle Constantinople. Ville à cheval sur deux continents. La porte de l’Orient ou de l’Occident ? Quelques mots et anecdotes retraçant mon parcours dans la ville aux mille et un minarets.
Inlassablement, j’ai déambulé des heures dans les innombrables quartiers d’Istanbul, je me suis perdue dans ce labyrinthe aux milles couleurs, où des bribes de l’histoire resurgissent, souvent de manière inopinée, au coin de chaque rue. Ces quelques 18 millions d’habitants sont la vie de cette ville. Une foule de visages inconnus en constant mouvement sillonnant les collines de la ville, traversant la Corne d’Or et l’historique Bosphore reliant la mer de Marmara à la mer Noire. La traversée du Boğaz (Bosphore) m’apportera toujours ces petits instants magiques de téléportassions d’un continent à un autre. Le temps d’une traversée de ferry, je laisserai le vent me sécher les pupilles à force de contempler la splendide silhouette d’Istanbul, trace de Byzance et de Constantinople.
Un monde à part.
Istanbul, interface entre l’Orient et l’Occident, demeure une ville d’une épaisseur historique incomparable et d’un brassage culturel étonnant qui en fait actuellement une métropole d’importance mondiale. Bien qu’Istanbul ait perdue son rôle gouvernemental en 1923 au profit d’Ankara, elle a peu à peu regagné son rôle de capitale démographique, économique et culturelle de la Turquie. Plus grande ville nationale, s’étendant sur environ 5400m², Istanbul est une ville tolérante et ouverte, une ville cosmopolite aux milles visages, contrairement à la plupart des villes anatoliennes du reste de la Turquie. Le tissu urbain complexe d’Istanbul se divise en de nombreux quartiers très différents les uns des autres et s’étalants sur deux péninsules d’environ 80km de long chacune qui se font face de part et d’autre du Bosphore. La mégapole aujourd’hui est composée d’une juxtaposition de mondes urbains qui s’ignorent, opulents ou misérables, éparpillés dans le désordre sur des dixaines de kilomètres tout autour de la péninsule historique. J’ai été grandement surprise par l’écart qui sépare les facons de vivre et de penser entre les habitants d’Istanbul et les habitants du village du haut de la montagne d’anatolie centrale. Partir à la rencontre de ces différences m’a permis de réaliser l’importance du contexte dans lequel on grandit, et de son influence sur notre éducation et comportement.
Vivre en rythme.
Très vite, je me suis laissée aspirer par ce mouvement permanent qui encombre les rues étroites et sombres d’Istanbul. Le rythme de vie à Istanbul est extrêmement stimulant, il y a toujours un nouveau quartier à explorer, un restaurant à essayer, une exposition artistique ou encore un concert auquel assister. Ce rythme de vie incessant est couplé au bruit de la ville. La vie est toujours présente dans les rues d’Istanbul, en grande partie grâce à la musique de rue qui vous permet une échappée mélodieuse à tout moment. Si ce n’est pas le son du Saz qui vous interpelle sur la grande avenue d’Istiklal, c’est cinq fois par jour, lors de l’appel à la prière, que vous aurez la chance d’entendre la voix des muezzins d’Istanbul rythmer votre journée du haut de leur minaret.
Bras ouverts.
Les sentiments des premiers jours à Istanbul sont les plus forts et enrichissants. Se retrouver seul dans une ville où tout est inconnu, de la langue à la culture, est un véritable challenge, et peut provoquer un sentiment de peur pour certains, mais dans une ville telle qu’Istanbul, cette situation est l’occasion de retrouver la gentillesse de l’être humain et l’entraide entre deux inconnus. En arrivant à Istanbul, j’ai pu reconnaitre dès les premières secondes des personnes faisant attention les unes aux autres, partageant tout avec quiconque. Trouver son chemin dans une ville si grande n’est pas une mince affaire, mais il y aura toujours une bonne âme pour vous aider bien qu’elle doive passer plus de deux heures pour vous emmener là où vous en avez besoin ou que vous ne parliez pas la même langue, vous trouverez toujours le moyen de communiquer. L’hospitalité est également une notion précieuse dans la culture turque. Ayant beaucoup voyagé dans le pays, j’ai eu la chance de rencontrer des familles à la gentillesse la plus profonde, m’ouvrant leur porte et leur cuisine à bras ouverts. Des hôtes en or qui n’ont qu’une inquiétude : savoir ce que tu as mangé dans la journée et où tu vas dormir ce soir.
Magie du lieu.
Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de faire la liste des lieux qui me tiennent à cœur et qui m’ont époustouflés dès la première minute où je les ai trouvés car le meilleur sentiment est la surprise de découvrir ces lieux magiques de ses propres yeux. En revanche je souhaite décrire trois ambiances qui sont, de mon point de vue, des portraits uniques d’Istanbul.
Les odeurs d’épices m’ont attirée jusqu’ici, au bazar aux épices d’Istanbul. La foule m’entraine entre ces centaines de vendeurs de lukums et de safrans, c’est à celui qui retiendra l’attention du plus grands nombres de touristes et réussira à leur vendre le maximum de fleurs de jasmin pour le thé ou de paprika fumé. Réussissant à me frayer un passage à la sortie du bazar, une ambiance tout aussi mouvementé et bruyante. Je sens la vie, je me sens en vie par ces odeurs, ces voix et ces regards d’inconnus autour de moi. Plus j’avance dans cette rue où passait auparavant des empereurs byzantins avant de laisser les sultans ottomans marcher sur les même pavés, plus l’ambiance se fait calme et les édifices plus vieux les uns que les autres. Sur ma droite une arche immense aux portes rouges ouvertes me laisse entrevoir l’intérieur d’un premier Han, puis d’un deuxième encore plus grand. Ici règne le silence loin des cris du bazar et de la rue qui ne sont pourtant qu’à quelques mêtres. Montant les escaliers de pierres qui mènent au passage desservant les ateliers de narguilés et lanternes, je découvre les meilleurs artisans de Turquie installés ici depuis des générations et des générations. Une porte de bois battante au bout du passage m’appelle. J’y monte encore quelques marches dans une pénombre qui s’estompe tandis que je me retrouve sur le toit d’Istanbul. La ville entière s’offre à moi, étendue urbaine sans limites au bord du Bosphore et de la Corne d’Or. Le silence et l’immensité devant mes yeux. Je suis tel un roi dans son royaume. Je suis le sultan. Allâhu Akbar retentit d’un minaret sur ma droite au loin, puis d’un autre derrière moi, davantage devant , puis encore plus loin, puis c’est toute la ville qui exprime la grandeur de Allah. Il n’y a pas de mots pour exprimer mon sentiment à ce moment précis. J’étais devenu spectatrice, une infime partie de cette ville magique qui m’ouvrait ses bras.
Il me dit çay bahçe. Je dirai simplicité, partage, et vie. Un jardin de thé turcs est reconnaissable les yeux fermés. Les dés qui roulent sur le bois abimés du tavla, les jetons qui claquent en rythme, la cuillère qui scintille contre le verre, la musique d’Ahmet Kaya ou Teoman. Je n’ai besoin que de mes oreilles pour me situer : me voilà au cœur d’une cour cachée entre les rues d’Istanbul, le çay bahçe, espace typique pour se retrouver durant l’après midi ou bien durant la soirée. Seul à lire un livre ou avec des amis, c’est autour d’une table basse carré en bois qu’on s’installe assis sur des tabourets à l’assise en paille. Autour d’un rare arbre en pleine ville, dans le nuage de fumée elma-nane, je m’intègre au groupe de joueurs de Backgammon, buveurs de çay et fumeurs de narguilé. Première chose pour être une vraie turque, apprendre à jouer au Tavla, et être capable de boire 20 çay par jour. Défi relevé. Türküm !
Qu’il soit 9h ou 1h du matin, mon sentiment reste le même lorsque les mélodies me rattrapent dans les rues stambouliotes. Le son magique de la clarinette, du violon ou du saz se mélangent aux voix éraillées et graves de ces chanteurs d’Aşk et d’Hayat. Je repère un groupe au loin, plus je m’approche et plus je reconnais des épaules sautant en rythme, formant un cercle. Puis je remarque leurs pieds d’une incroyable rapidité qui vont d’avant en arrière, de droite à gauche, leurs mains qui se lient les unes aux autres avec le petit doigt qui tape ce même tempo, et ces foulards colorés qui terminent la ronde. Plus je m’approche, plus le cercle s’agrandit, pour en former alors un autre autour du premier. Toutes générations confondues, femmes et hommes restant spectateurs tapent dans leurs mains pour motiver les danseurs acharnés.J’entends des cris de joie, des tapes de pieds, le bruit des tambours et cette voix parlant d’amour et de tristesse. Deux minutes plus tard, je continue mon chemin après ce spectacle quotidien qui habite les rues d’Istanbul et je sais que je retrouverai ce même spectacle quelques mètres plus loin. Aujourd’hui, qu’il soit 9h ou 1h du matin, je suis la première à sortir mon petit doigt et secouer mes épaules lorsque la première note est de sortie. C’est une règle : müsik var, dans et ! Halay !
Vie Pratique
Logement
Se loger à Istanbul, n’est pas bien compliqué. Istanbul est une ville qui accueille énormément d’Erasmus chaque année. Il est donc facile de trouver une chambre à louer dans un appartement proche du centre et des universités. Un conseil, penser plutôt à louer une chambre meublé dans un appartement loué par au moins un(e) turc(que) pour les papiers et factures. Le site web http://www.craigslist.org/about/sites est définitivement le meilleur moyen de trouver un logement. Tout le monde passe par ce site. A chaque début de semestre, c’est plusieurs nouvelles annonces de location qui arrivent toutes les heures. N’hésitez pas à checker plusieurs fois par jour et à ne pas trainer pour appeler les propriétaires avant qu’un autre étudiant l’ai fait. Aussi, pensez à vous inscrire sur des groupes de réseaux sociaux tels que facebook pour les étudiants erasmus d’Istanbul ou de votre université. Beaucoup d’annonces pour des appartements y sont postées. En ce qui concerne le loyer, la moyenne est de 750.800tl, c’est-àdire environ 250euros. Au moins cher, vous pouvez trouver une chambre pour 500tl, mais la localisation n’est surement pas la meilleure et la chambre sera surement très petite. Prévoyez une caution d’environ 400 ou 500 tl.
Les quartiers que je recommande sont : . Cihangir, sur la rive européenne, central, 5min à pieds de la place de Taksim (point central de la ville et des sorties), et de Kabataş, port de ferry pour aller sur la rive asiatique. Beaucoup d’étrangers habitent là-bas. Ambiance bobo. Rues très calmes, beaucoup de petits cafés et restaurants où petit déjeuner ou se rencontrer en fin de journée. Beaucoup de boutiques vintages et d’antiquités. . Beşiktaş, sur la rive européenne, véritable village à part entière au milieu de la ville. Proche de Taksim (10.15min en taxi). Beaucoup d’étudiants erasmus habitent dans ce quartier. . Kadiköy, rive asiatique, seulement 15min de Kabatas (port le plus proche de taksim) en ferry. Ambiance village. Tout le monde parle turc là bas, il n’y a pas beaucoup d’étrangers. Quartier parfait pour habiter avec des étudiants turcs et progresser dans la langue. Beaucoup d’animation. C’est le centre dynamique de la rive asiatique. Sur le bord de l’eau, lieu parfait pour les couchers de soleil et jogging sur la promenade de Moda.
Monnaie La lire turque, tl. 1lira est l’équivalent d’environ 3€ ou un peu moins selon le taux de change du moment. Attention, il est assez compliqué de transférer de l’argent sur un compte étranger, votre loyer sera donc à payer par cash. Vous pouvez payez par carte dans tous les magasins et restaurants, même pour un petit montant.
Santé
Je n’ai eu aucuns soucis de santé durant mon séjour, mais j’avais mis en place un contrat complémentaire avec ma banque pour couvrir mes éventuels frais de santé ou accidents supplémentaires. Il est plus simple d’aller à l’hôpital lorsque vous avez un souci de santé plutôt que de prendre rendez vous chez le médecin. Même les stambouliotes vont plus facilement aux urgences que chez le médecin. En tant qu’étudiants vous avez la chance de bénéficier d’un médecin universitaire pour chaque université. A vous de vous renseigner pour savoir où le trouver selon votre université. Et les consultations sont gratuites.
Télécommunication
En Turquie, vous devez déclarer votre téléphone étranger, c’està-dire que vous payez une taxe pour avoir le droit d’utiliser votre téléphone, ou bien ils vous bloqueront votre téléphone au bout de deux ou trois semaines. Au total, la déclaration vous coutera environ 200tl c’est-à-dire environ 65€. L’autre solution est d’acheter un téléphone basic sur place pour environ 50tl. En ce qui concerne les forfaits, vous avez le choix de 3 opérateurs : Turkcell, Vodafone, Avea. Personnellement, j’étais chez Avea. Certains disent que son réseau n’est pas le meilleur mais je n’ai jamais eu de souci majeur et j’ai voyagé dans tout le pays. Pour seulement 30tl (soit 10€), j’avais 500sms, 500min de communication, et 2GO d’internet. Si vous avez un smart phone je vous conseille de le déclarer et de prendre un forfait internet avec, c’est toujours très utile d’avoir la carte d’Istanbul sur son téléphone surtout pour les premières semaines dans la ville pour trouver son chemin. Aussi, tout le monde utilise whatsapp là bas car les forfaits ne sont pas avec sms illimités.
Transports.
Les transports en commun à Istanbul sont très nombreux, comprenant, tram, métro, funiculaire, bus, et metrobus. Le trafic étant toujours très dense surtout en heures de pointe, il est plus facile de se déplacer à pieds. Le paysage étant toujours magnifique, c’est toujours plus agréable de se promener. Pour les moins sportifs, et ceux qui n’habitent pas proche du centre je vous conseille de privilégier tram et métro. Le prix des transports en commun n’est pas excessif pour les étudiants. Pensez bien à demander un papier justificatif de votre université pour obtenir une « Istanbul Kart » bleue, c’est-à-dire pour étudiant. Chaque trajet vous coûte à 1.10tl, ou bien 0.40tl si vous avez pris un transport en commun il y a moins d’une heure. Les taxis ne sont pas excessifs mais il est préférable de parler turc pour ne pas payer le prix touristes. Le transport le plus efficace reste finalement le « Dolmuş ». C’est entre le taxi et le bus, c’est-à-dire un petit van allant d’un quartier à un autre pour un prix fixe, et ne partant que lorsqu’il est plein (8 passagers). C’est moins cher qu’un taxi mais plus rapide que les transports en commun. Ils sont disponibles 24h/24 contrairement aux transports au commun qui arrêtent de fonctionner à minuit ou une heure du matin.
Rythme de vie
Au travail, et à la fac, les journées commencent généralement entre 9h et 10h et se termine vers 18h, 19h. En ce qui concerne les boutiques, dans les quartiers touristiques, elles sont ouvertes jusqu’à 22h. Les restaurants sont également ouverts assez tard. Certains petits restaurants de locaux et lokanta (sortes de self service) peuvent même être ouverts jusqu’au petit matin.
Enseignement
Mimar Sinan Güzel Sanatlar Universitesi L’université de Mimar Sinan Güzel Sanatlar est l’une des plus vieilles d’Istanbul, et sa localisation sur le bord du Bosphore offre une des plus belles vues d’Istanbul. C’est une université de beaux arts mais comprend également un département d’architecture et d’urbanisme, d’où son nom « Mimar Sinan » l’architecte Sinan, le plus reconnue en Turquie, concepteur des plus belles mosquées d’Istanbul, et « Güzel Sanatlar », les Beaux - Arts. L’esprit artistique y est très présent et rend l’atmosphère d’autant plus agréable et dynamique. Nombre de créations, plus incroyables les unes que les autres, et de tous les départements, sont exposées dans les couloirs. Le département d’architecture propose des cours de projet. Contrairement à Grenoble les élèves ne sont pas divisés par promo, mais chaque groupe de studio est composée d’élèves de tous les semestres. Deux jours par semaines, le mardi et le vendredi, les élèves se retrouvent pour présenter l’avancée de leur projet et en discuter avec leur professeur et leurs camarades. Travailler avec des étudiants de différents niveaux est un moyen pour les débutants d’apprendre de leurs ainés. Le projet est très libre et donne beaucoup d’autonomie à l’apprenti architecte qui choisit son thème, son site et son programme suite à l’analyse de son contexte. Trois fois par semestre, les étudiants doivent effectuer un examen d’esquisse. Selon leur niveau, ils doivent répondre à un sujet en une journée. Le projet doit être représenté à toutes les échelles, et le rendu seulement au crayon. J’ai beaucoup apprécié ces épreuves de créativité et de rapidité, me redonnant goût au crayon. C’était une véritable épreuve de rapidité et d’efficacité. Ces épreuves m’ont vraiment été profitables.
Pera Pour le premier semestre, j’ai choisi de travailler sur le quartier de Karaköy, qui se situe à Beyoğlu, anciennement nommé Pera. L’histoire de ce quartier démontre une importante dynamique provenant de la communauté comédienne importante de l’époque. Ce projet est un moyen de rappeler l’histoire tout en utilisant ce Théâtre de l’Histoire qu’est Istanbul en tant que décors naturels. Le concept se base alors sur la rénovation de vieux batiments en pierre en différentes scènes de théatres. La localisation du projet à Karaköy, sur les rives de la Corne d’Or, offre aux usagers une vue spectaculaire sur la péninsule historique. Le projet est composé de trois programmes : le principal est le grand théâtre, en lien avec la rénovation des anciens bâtiments en pierre qui accueillent un espace d’accueil, un espace d’exposition et un espace de rencontre pour la communauté des comédiens stambouliotes. Le deuxième programme est un café/open-stage. Il a été conçu tel un espace flottant, grâce à son extension sur la Corne d’or. Le dernier programme est une promenade reliant le marché aux poissons proche du pont de Galata et le nouvel arrêt du métro suite à son extension, offrant differents usages et espaces libres pour des représentations publiques en plein air.
Balat
Durant le deuxième semestre, j’ai choisi de travailler sur un quartier historique d’Istanbul, Balat. Mon intention de porjet était de trouver un moyen de réunifier un ilôt de logement de Balat et de le réintégrer au dynamisme actuel du quartier. Balat, quartier historique d’Istanbul sur les rives de la Corne d’or, proche d’Eminonü, était composé de maisons ottomanes traditionnelles en bois avnt l’incendie dévastateur au XIXème siècle. Récemment, ce quartier a été réhabilité, pour autant certains blocs d’habitations restent incomplets. Le but du projet est de combler les vides d’un de ces blocs et de le réintégrer dans le dynamisme environnant par l’implantation de différents services au rez-de-chaussée tels des cafés, commerces et bureaux. Le programme inclut également un espace de rencontre de quartiers et des habitants des 13 appartements. Ce projet propose également aux usagers une nouvelle voie pour traverser le quartier grâce à une cour intérieure publique au sein de l’ilôt. Les habitants de celui-ci conservent cependant des espaces privés grâce aux toits terrasses communs aux appartements. Balat est implanté sur une des collines d’Istanbul. Le projet est donc conçu sur différents niveaux. Une différence de niveau 1.50m génère deux buildings et leur circulation verticale respectives. Les volumes du projet et l’utilisation du bois pour les blocs circulatoires et les persiennes en facade permettent une bonne intégration dans le quartier. Chaque logement suit la même organisation de l’espace qui inclut une majorité d’open spaces et d’une variétés de circulations entre les espaces. Le point central du projet reste la cour intérieure devenant un espace de rencontre et un nouveau « bahçe » pour les habitants des logements, du quartier et extérieurs.
Photographie
Ayant la chance d’étudier dans une école des Beaux Arts, j’ai profité de cette occasion pour m’intéresser de plus près à la photographie, art qui me tenait déjà très à cœur avant de partir à Istanbul. Le projet proposé consistait à capturer la ville d’Istanbul selon mon regard. J’ai choisi de travailler sur le mouvement permanent des stambouliotes. Par la photo, je me suis éprise à capturer des visages, et regards auxquels nous ne portons pourtant pas attention tandis que nous sommes emportés dans ce tourbillon de la foule en mouvement dans les rues de l’ancienne Constantinople.
Istanbul. 16 000 000 d’habitants. Une ville en mouvement constant. Soit vous intégrez ce mouvement, soit vous faîtes un pas en arrière et devenez spectateur. A vrai dire, vous n’avez pas le choix. Ce sentiment étrange d’être en mouvement contre votre volonté vous empare. Vous vous retrouvez prisonnier dans cette mer d’individus sans visages. Vous essayez de capter un regard pour ne plus être seul, mais la seule chose que vous pouvez atteindre est ce mouvement incessant d’inconnus autour de vous. Ce sentiment paradoxal vous rend alors confus. Comment agir dans une telle situation? En essayant d’arrêter le temps pour l’espace d’une seconde dans le but de prendre conscience de ce qui se passe autour de vous ; pour alors faire partie de cette foule et non plus d’en être que spectateur. Se concentrer sur ces individus pour créer un certain lien avec eux. La photographie est le moyen de capturer ces moments furtifs et de les faire durer.
Céramique
Etudier à Mimar Sinan Université était également une opportunité pour suivre des cours de céramique. L’apprentissage du travail de la matière de mes propres mains. Comment créer des formes et objets par le modelage de la terre et l’utilisation du tour est un véritable exercice de minutie, patience et de créativité. J’ai découvert le rapport à la terre et son utilisation dans toutes ces formes.
Design d’objet en verre. Projet de jarre de miel.
Pour pousser ma créativité, j’ai choisi un projet de conception à une autre échelle que celle de l’architecture par le biais de l’apprentissage du design d’objet dans le département Verre. En un semestre, j’ai du créer une marque de miel, produit très utilisé en Turquie, en particulier au petit déjeuner. La création de cette marque consiste en grande partie au design d’un pot de miel en verre. Pour cela, j’ai effectué une analyse du produit et de marketing (choix d’un type de client et du thème de la marque) ainsi que l’élaboration d’un packaging répondant à une charte graphique bien précise. L’étape de conception de la jarre de verre est une des plus importantes par la fabrication d’un moule en plâtre en plusieurs étapes permettant par la suite d’obtenir la forme souhaitée lors de la soufflerie du verre. C’était une expérience très intéressante, mettant ma créativité au challenge aussi bien à l’échelle de l’objet mais également dans le graphisme pour le packaging.
Reading Istanbul
L’université, et plus particulièrement le département d’urbanisme, a mis en place un cours spécialement pour les Erasmus nommé Reading Istanbul, lire Istanbul, pour une meilleure compréhension des problématiques actuelles de la ville dans le cadre de son extension. Ce cours était une discussion entre étudiants turcs et étudiants étrangers, un partage de leur expérience de la ville et de leur opinion. Les événements politiques et revendicateurs des stambouliotes et turcs d’autres villes anatoliennes à la suite du départ de la construction d’un centre commercial sur la place Taksim, place centrale de la ville, a été le point de départ des débats. Plus largement, ce cour m’a permis de mieux comprendre les problèmes de gentrification de la ville, de transformation et de délocalisation de quartiers et populations, ainsi que l’extansion de la ville en contradiction avec son environnement et l’irrespect du peu de nature qui se trouve aux abords de la ville.
A la suite de ces discussions et débats, j’ai décidé de m’intéresser à la problématique de gentrification et relocalisation des habitants de quartier en remaniement en me basant sur le quartier de Tarlabaşı. A la manière de l’artiste photographe JR, j’ai souhaité redonner vie aux familles qui ont déjà du quitter Tarlabaşı à travers des photos de vie quotidienne que j’afficherai dans le quartier. Malheureusement, due à des problèmes de logistique et la barrière de la langue je n’ai pu mener mon projet jusqu’au bout. En revanche, j’ai réalisé des photo-montages avec des photos du Tarlabaşı actuelles et des images de synthèse du futur projet dejà en construction. Le but de ce photo montage est de mettre en valeur l’écart énorme entre l’atmosphère existante de ce quartier et celle future, qui oubli l’histoire de ces habitants du quartier et de ces familles qui l’ont construits et y ont vécus depuis des générations et des générations. Ces illustrations ont ensuite servis à faire des cartes postales distribuées gratuitement dans l’université et certains cafés d’Istanbul pour faire resurgir cette problématique aux yeux des stambouliotes.
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Bilan
Retour
Quand je repense aujourd’hui à cette expérience de vivre un an à Istanbul, j’en retiens que d’incroyables souvenirs. Cette année restera gravée à jamais dans ma mémoire. J’en reviens grandie et pleine de nouveaux projets. C’est en arrivant le premier jour à Istanbul complètement perdue mais avec une motivation sans égards que j’ai finalement réussi en plusieurs mois à créer ma deuxième maison à Istanbul grâce à des rencontres incroyables qui y ont fortement contribuées. Je pourrai faire une chronologie de cette évolution et en déduire plusieurs étapes. . La perte de soi même engendrant la trouvaille du vrai MOI. . L’épanouissement dans les nouvelles rencontres quotidiennes. . La découverte de l’architecture à travers une culture et une langue différente. . L’enthousiasme de fixer l’instant présent en photographie. . La découverte de création à partir de mains de glaise. . Le questionnement incessant pour réussir à comprendre les problématiques sociales, économique et politiques de la Turquie. . L’intérêt grandissant pour cette métropole aux milles visages, sans limites, mais dont le futur peut être rediscuté. . L’établissement de ma routine, de ma vie stambouliote semblant être une pensée à long terme.
365 jours plus tard... « J’avais enfin trouvé mon rythme de vie, mes repères et mes attaches à Istanbul. Bien qu’Istanbul soit une ville de transit, les sentiments qui m’envoutaient étaient tout autres que ceux lors d’un voyage à temps déterminé. J’avais atteint mon but, trouver ma deuxième maison à Istanbul, ma routine. Et pour autant, jamais je ne pourrai décrire mes journées comme étant inintéressantes, et sans surprises. C’est là toute la beauté d’Istanbul, la routine n’est pas routine. Tous les jours, bien que mon rythme métro-boulot-dodo soit bien en place, je restais ébahie par la magnificence de cette ville qui ne s’arrête jamais de briller et de danser. Chaque matin, c’est toujours une joie de lancer un souriant « selam » à ces deux compères buvant leur énième çay et fumant leur cigarette assis sur le trottoir devant l’épicerie en bas de chez moi. Bien que j’eue pris le ferry pour Kadikoy deux jours auparavant, je m’émerveillais pour la énième fois de cette traversée du Bosphore pour arriver sur un autre continent en observant la magique Skyline d’Istanbul. L’atmosphère qui règne dans les rues d’Istanbul est toujours reposante et positive, animées par les passants et ses habitants toujours là pour un sourire. Sans en être conscients, ce sont eux qui donnent vie à cette ville. Il n’y a qu’à Istanbul que règne ce sentiment de symbiose entre les habitants et leur quartier. Istanbul est plus qu’une ville, c’est des millions de sourires et de vies. »
Remerciements
Mehmet Akin, qui m’a permis de découvrir des lieux magiques d’Istanbul et de la Turquie ; Joel Zorilla, mon référent culinaire ; Han Le, mon maître de pensée et du voyage ; Richard Wood, mon grand frère d’un an ; Sandra Preush, pour le partage de cette expérience incomparable ; Imke Hey, ma bien-veillante maman stambouliote ; Mahmut Keleş, le meilleur guide de Mardin et sa région ; Hasan Boydak, pour sa moustache et sa joie de vivre, ainsi que Aşlihan Çoban Boydak, sa femme et toute sa famille, pour leur accueil dans leur village des Cappadoces ; Emina Temel, pour sa patience à m’enseigner le turc et toute sa famille pour m’avoir apporter tant d’attention et ouvert leur maison ; Murhat, Berat et Oğuz, pour avoir fait de leur restaurant notre deuxième salon ; Ismail, mon chef de menemen de tarlabasi et deuxième grand père ; Emin Usta dixit Mario, le meilleur balikçi de Turquie ; Alexis et Murat Şanal, pour m’avoir intégrer dans l’équipe de Şanalarc durant deux mois ; et sans oublier tous ces merveilleux compagnons de route : Bethel, Ufuk, Hannah, Kevser, Aydars, Adnan, Yeliz, Ozan, Tony, Mustafa, Philippo, Matteo, Semra, Ömer, Artin, Maria, Aysun, Hıdır, Ferhat, Veli, Adil, Bariş, Liz, Mehmet. Un spéciale remerciement aux habitants d’Istanbul et de la Turquie sans qui cette expérience n’aurait pu avoir lieu.
HADI GÔRÛŞÛRÛZ
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Julie Brun 18 août 2014.