Kaizen 12 : Faut-il suivre le modèle suédois ?

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NUMÉRO 12 JANVIER - FÉVRIER 2014

lle e v u o N e l u m r fo

LE MAGAZINE DES INITIATIVES POSITIVES

ÉNERGIE, ÉDUCATION, AGRICULTURE...

POUR CONSTRUIRE UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ

FAUT-IL SUIVRE LE MODÈLE SUÉDOIS ?

PORTFOLIO DE VINCENT MUNIER

LA NATURE À L’ÉTAT PUR DÉMOGRAPHIE

SOMMES-NOUS TROP NOMBREUX ? LE BON PLAN

MONTPELLIER M 05148 - 12 - F: 5,90 E - RD

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BE/LUX 6.50 € IT/ESP/GR/Port Cont 6.90 € DE 7.50 € Canada 9.75 $C


SOMMAIRE

12 janvier-février 2014 05 Édito 07 Ils sont Kaizen

40 Portfolio Vincent Munier La nature à l'état pur

63 La voie du Kaizen Un petit pas qui peut changer votre vie

64 Portraits

08 Le journal des actus positives

Portraits de paysans-boulanger

10 Si on le faisait

Montpellier

66 Le bon plan

Un poulailler collectif

14 Ensemble on va plus loin Maison de la semence : un espace de liberté agricole

18 Yes they can Un super marché collaboratif

20 Désenfumage Est-il plus écolo de vivre en ville ou à la campagne ?

50 Idée remuante Démographie Combien d'humains la Terre peut-elle supporter ?

70 Do It Yourself L’amande a plus d’un tour dans sa COQUE…

56 Infographie Une seconde vie pour les vêtements ?

58 Créateurs de culture Amac : les Amap de la culture

74 Sauvage et délicieux

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Dossier Faut-il suivre le modèle Suèdois ?

Les graines germées

81 Les Rendez-vous Kaizen 83 Le sourire d’Yvan 88 Colibris reporters 90 Chronique de Pierre Rabhi | jan.- février 2014 |

3


Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 59 000 €. 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com Magazine bimestriel numéro 12 Janvier - Février 2014 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Directeur Artistique Yvan Saint-Jours Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Fanny Dion Maquette et mise en page Schuller-Graphic SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Distribution export : Export Press Vente aux N° pour les diffuseurs : Alexandre Campi Groupe HOMMELL Tél : 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci.

Y A-T-IL UN BON MODÈLE ? Dans notre (bonne) volonté de trouver des solutions pour un monde meilleur, nous pourrions céder à la tentation de décréter : « La société de demain doit être ainsi », troquant un modèle (déficient) contre un autre, jugé en tout point parfait. Qu’il s’agisse, pour les uns, de dire que la technologie va nous sauver, ou pour les autres, que tout le monde doit aller vivre à la campagne et faire son potager, je pense que nous nous tromperions. En procédant de la sorte, nous remplacerions un dogme par un autre, si vertueux semblerait-il être. Nous nous couperions de la créativité qui peut naître de l’échange, de l’inconnu, de la coopération. Nous reproduirions les erreurs des peuples qui ont voulu imposer à l’ensemble de la planète leur mode de pensée et leur schéma de développement. Provoquant les difficultés que nous connaissons. Alors non, il ne faut pas suivre le modèle suédois. Ni aucun autre. Mais il est peut-être intéressant de s’y plonger, de chercher à le comprendre, de le laisser nous éclairer. Et c’est peut-être là que réside le progrès : dans la capacité d’apprendre de ce que nous observons - des écosystèmes naturels, des expériences pionnières près ou loin de chez nous... De les retenir s’ils nous paraissent bons et d’en métaboliser l’essence. Puis de les adapter à nos singularités, à nos besoins, plutôt que de les copiercoller et les standardiser. Alors, inspirons-nous, en ces temps moroses où, si nous nous en tenons aux discours politiques français, il semblerait n’y avoir aucun horizon. Si, des horizons existent ! Et nous tâchons de les rendre visibles au travers des multiples expériences présentées dans Kaizen. Une nouvelle année d’initiatives positives commence. Joyeux début d’année à tous, Cyril Dion Directeur de la rédaction

ÉDITO KAIZEN “Changer le monde pas à pas”

Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement “changement bon”. Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau. | jan.- février 2014 |

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©T Chapin

&

frais

du ien social les plaisirs du poulailler collectif

Texte Nathalie Jouat

10

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A Sergeac, petite commune du Périgord Noir, les habitants du lieu-dit du Tillou se sont lancés dans un projet créateur de lien : la gestion d’un poulailler collectif. Débuté en 2011, il s’inscrit dans une envie d’air frais et de nourriture saine.


L’engagement n’est pas contraignant : 5 minutes pour sortir les poules le matin, 3 minutes pour les rentrer le soir, 5 minutes pour collecter les œufs et une fois par semaine un peu de temps pour rafraîchir la litière. « L’organisation est souple. Il faut juste être prêt à se lever le matin, car les poules vivent au rythme du soleil ». Pour se coordonner, le groupe utilise un agenda partagé sur internet, un système moderne et utile. En fin de semaine si nécessaire, la personne responsable envoie un compte-rendu et un état des stocks de nourriture. « On ne mange plus les œufs de la même façon ! Ils sont meilleurs et plus nourrissants que ceux du supermarché. Le jaune est plus orangé, car les poules courent et sont nourries au grain bio. On trouve toutes les nuances et formes, selon les pontes. En prenant soin de nos animaux, on devient plus respectueux de leurs œufs ».

Du besoin individuel à l'organisation collective Si les voisins s’entendent bien, il leur arrive d’avoir des désirs différents. « C’est amusant, chaque poule a un caractère particulier, elle ressemble à son propriétaire », plaisante Thierry. Certains sont absents une partie de l’année et s’occupent des

─ Si au début nous n’étions là que pour les œufs frais, aujourd’hui c’est le lien social qui est devenu important pour nous ─ Des poules libres mais attachantes

©N Jouat

poules à leur retour. D’autres sont ennuyés à l’idée que les œufs soient fécondés. « Pourtant, il nous fallait un coq. Il tranquillise les poules, qui pondent mieux en sa présence. Il les prévient s’il y a un prédateur, comme

Et les poules réformées ? Les poules de réforme proviennent des élevages industriels, ce sont des poules à la retraite, destinées à l’abattoir. Les éleveurs, pour des questions sanitaires et de productivité, changent de poules tous les ans. Elles ne sont pourtant pas en fin de vie et promettent encore de bons gros œufs. Deux points de vue à ce sujet : • Certains trouvent que cette pratique cautionne l’industrie des poules de batterie, au lieu de traiter la problématique de maltraitance animale. Dans les élevages elles sont entassées, exploitées et plutôt malheureuses. Leur nourriture est industrielle, elles reçoivent antibiotiques et vaccins, elles sont souvent déplumées. • D’autres (comme l’association L214) pensent plutôt que la bientraitance offerte à ces poules est un acte généreux. Elles peuvent provenir d’un élevage de plein air, ou bio. En batterie, elles sont boostées au chauffage, elles produiront moins chez vous. Une poule, comme une femme, a un nombre d’ovules déterminé qui s’amenuise à mesure qu’elle pond. Elles pondront encore 2 à 3 ans en fonction de leur race et de leur état, après c’est la retraite. Vous pourrez alors les conserver pour le plaisir ou opter pour la poule-au-pot… A noter que dans le cas d’un poulailler collectif, si l’on veut des poules de réforme, mieux vaut n’avoir que cela et éviter les mélanges car elles ont besoin d’un temps d’adaptation pour se remettre de leurs émotions.

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et si on le faisait ?

Nous sommes 12 à 15 voisins, chacun de nous a exposé ce qu’il souhaitait au début. Nous avons en priorité évoqué l’envie d’œufs de provenance locale, frais et bio », raconte Thierry Chapin, membre du collectif du poulailler et agitateur local de bonnes idées. Chacun est responsable et propriétaire d’une poule au minimum, tous s’occupent des gallinacées à tour de rôle pendant une semaine. La structure du poulailler, hébergé chez une des voisines, est simple : des planches, des casiers en bois et des branches en guise de perchoirs. Une caisse commune finance le grain bio acheté à un paysan local. « L'investissement annuel est vite rentabilisé : pour la construction du poulailler nous n'avons dépensé que 95 euros de grillage, tout le reste a été fabriqué en matériaux de récupération glanés çà et là. Les poules ont été achetées par leurs propriétaires au prix moyen de 10 euros chacune. Chaque année nous partageons les dépenses d'environ 210 euros pour 600 kilos de grain (blé et maïs mélangés) et une trentaine d'euros pour les rares traitements antiparasites. La litière se compose de cendre (recyclée de nos poêles) et d'un peu de paille (15 euros la botte pour deux ans). On estime que le prix de nos œufs, comparé à ceux du commerce, est divisé par six ».


©T Alamy

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| jan.- février 2014 |


:

semence

Ensemble on va plus loin

Maisons de la

un espace de

liberté agricole Texte Carole Testa

Contre l'hégémonie des grands semenciers industriels, des paysans réagissent et créent des maisons de semences collectives. Exemples au Larzac et dans le Périgord.

C

omme chaque soir, Laurent Reversat monte au pré pour ramener à la bergerie ses 130 brebis, aidé de son fidèle border collie Farine. Il vient de s'installer sur une ferme de 250 ha, dont 38 semés de céréales et fourrage pour nourrir ses bêtes en hiver. Le reste constitue un parcours à travers le plateau calcaire et avare en eau du Larzac. Pour l'instant, Laurent ressème ses propres semences. Mais pour combien de temps? La loi du 8 décembre 2011 sur les obtentions végétales et les semences de ferme prévoit d’imposer aux agriculteurs le rachat de nouvelles semences chaque année (voir encadré). « Les semenciers prétendent créer de la biodiversité mais ils fabriquent de l'homogénéité, et ce à partir des semences élaborées par les paysans depuis des millénaires! », s'insurge Laurent. Les décrets n'étant pas encore parus, il reste cependant optimiste, et actif : il est co-fondateur de la Maison de la Semence locale. Cette maison immatérielle rassemble une trentaine d'éleveurs (tous membres de l'AVEM, association de vétérinaires et d'éleveurs de Millau), volontaires pour prendre en charge la multiplication de semences de sainfoin et de luzerne, tout en échangeant leurs expériences. Tout a commencé en 2006, quand Laurent Reversat rencontre Laurent Hazard, chercheur à l'Inra. Celui-ci veut travailler sur l'amélioration de la biodiversité dans les cultures fourragères : ils choisissent le sainfoin, plante très nutritive et bien adaptée au sol du Larzac. C'est pour mettre au point

une « population » de sainfoin riche et diversifiée que les éleveurs créent la Maison de la Semence en 2012. Sur un programme financé par le Ministère de l'Agriculture et piloté par l'Itab et l'Inra de Toulouse, ils embauchent Estelle Greffier, ingénieur agronome, chargée de faire vivre le réseau. Elle organise des formations, des réunions au cours desquelles les éleveurs peuvent échanger et définir les règles d'utilisation du matériel commun. Chaque structure a ses spécificités mais toutes poursuivent un objectif commun : partager des graines et des savoir-faire. « Comme la loi de 2011 interdit l'échange et la vente de semences entre agriculteurs, la Maison de la Semence (MS) les prête, les redistribue, uniquement en interne, et en reste propriétaire », explique Estelle.

─ Les jardiniers amateurs sont très importants ─ Les réseaux s'organisent C'est en Dordogne que l'association Agrobio Périgord a lancé la première Maison de la Semence française autour de 2005. « Une rumeur sur l'introduction de maïs OGM nous avait incités à chercher des graines originelles, raconte le cultivateur de maïs bio Bertrand Lassaigne. On en a retrouvé, mais très peu et présentant une dégénérescence. Le maïs a besoin d'une grande diversité de variétés, or l'uti| jan.- février 2014 |

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é h c r a m

r e p u s laboratif col

Texte / Photos Christelle Gérand

A

première vue, rien ne distingue la Park Slope Food Coop d’un autre supermarché. Pourtant, le prix des produits – généralement bio et locaux – y est en moyenne 40% moindre que dans les autres magasins new-yorkais. En charge de la réception de livraisons, de l’approvisionnement, de la caisse, du ménage, et même des gardes d’enfants pendant que les parents font leur courses : des membres de la coopérative. Tous participent au bon fonctionnement du supermarché pendant 2h45 chaque mois. Lorsque la Park Slope Food Coop a été créée en 1973, elle ne faisait pas exception. « A l’époque, les coopératives reposaient vraiment sur l’idée de coopération, se souvient Joe Holtz, l’un des dix fondateurs, aujourd’hui directeur général. Il ne s’agissait

À la coopérative « Park Slope Food Coop » de Brooklyn, tous les membres sont actifs et récoltent les fruits d’un travail partagé.

coopératives abandonnent l’idée de partage des tâches. La Park Slope Food Coop a elle aussi connu des difficultés. « Les membres ne s’inscrivaient pas sur le tableau des tâches à effectuer. Quelques-uns faisaient tout le travail, mais ils se sont vite épuisés, ou ont voulu retourner s’occuper de leur famille ou gagner leur vie », poursuit Joe. Avec le recul, il reconnait avoir été « un peu naïf ». Mais dès 1974, lui et ses acolytes trouvent la parade, en établissant un système organisant efficacement les tâches. Surtout, ils mettent en place la signature de la coopérative : ceux qui n’y travaillent pas ne peuvent pas s’y approvisionner. « C’était une idée scandaleuse dans un pays libre, mais ça nous a rendus plus forts. Les gens qui travaillaient se sentaient plus reconnus ». Le « no work no shop » était né.

─ Ceux qui n’y travaillent pas ne peuvent pas s’y approvisionner ─ pas seulement d’investir ensemble comme souvent aujourd’hui. Dans les années 1970, personne n’aurait pensé à un modèle où les membres ne prendraient pas part au travail. » Mais la formule ne fonctionne pas, faute de volontaires pour huiler la mécanique. Les unes après les autres, les grosses 18

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Un acte civique La coopérative compte dorénavant 16200 membres et 2000m2, pour 70 salariés. Les « clients-travailleurs » se répartissent toutes les tâches quotidiennes nécessaires à la bonne

marche du lieu, tandis que les salariés gèrent les commandes, les assurances et la comptabilité. Une grande équipe à l’échelle de l’activité : la coopérative est ouverte 7/7j, 365 jours par an, jusqu’à 22h ! Linda Harris y fait ses courses depuis plus de 15 ans. « Au départ je suis devenue membre pour les prix, admet cette sexagénaire enjouée. Maintenant j’apprécie de plus en plus l’aspect communautaire et la bonne ambiance du magasin ». Merav, une trentenaire qui fait la liste des épices manquantes et remplit les rayonnages, a été attirée par la variété des produits mais ne raffole pas du travail à effectuer. Pour cette artiste en vue, « 2h45, c’est trop long ». Quant à Alison, qui estampille des poivrons bio, elle est ravie d’y dégoter des produits aux tarifs avantageux pour sa fille allergique au gluten, et d’y avoir trouvé un groupe de personnes qui partagent les mêmes préoccupations qu’elle. Au fil des mois et des amitiés qui se créent, on trouve de nouvelles bonnes raisons de venir, parfois de loin. La coopérative n’est d’ailleurs pas représentative du quartier de Park Slope, Blanc et aisé. On y trouve 90 nationalités différentes, tous âges et tous milieux sociaux. La Park Slope Food Coop s’illustre par son engagement politique. A l’origine, elle bannissait les produits de l’Afrique du Sud sous apartheid et le raisin du Chili de Pinochet. Plus récemment,


?

Est-il plus écolo de vivre en

ville ou à la campagne Texte Yvan Saint Jours / dessin julie graux

N

otre précédant désenfumage (voir kaizen 11) s'intitulait « Est-il plus écolo de vivre en ville ou à la campagne ? ». Nous y exposions que le simple fait de vivre à la campagne ne rend pas forcément plus « écolo » qu'être citadin. Pour autant nous tenions à apporter un point de vue complémentaire à cette question afin de ne pas nous contenter du discours dominant prônant la densification des villes et l’arrêt de l’étalement urbain. Questionnonsnous maintenant sur la fragilité des villes, sur notre besoin de nature et sur la nécessaire redynamisation des campagnes.

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L'autonomie au secours de la densification

Les infrastructures urbaines (canalisations, électricité, rues…) sont certes très efficaces car très concentrées, contrairement aux zones rurales, mais c'est également cela qui les rend extrêmement vulnérables. En octobre 2012, l'ouragan Sandy a coûté très cher à New York : 19 milliards de dollars de dégâts, 2 millions de personnes sans électricité (certaines pendant des semaines), 11 millions privées de transports en commun… Sans tomber dans la politique de la terreur, mais plutôt en invoquant le simple bon sens, on sait que la « crue du siècle » est attendue avec angoisse à Paris. Le cas

(Partie 2)

échéant, malgré toutes les précautions prises, la capitale, centre névralgique de la France, serait hors-service durant plusieurs semaines. Dans un autre domaine, la seule station d'épuration d'Achère dans les Yvelines retraite chaque jour 1,7 millions de m3 d'eaux usées provenant de 6 millions de franciliens : un tel degré de concentration rend ce système intrinsèquement fragile. L'autonomie est une clef indispensable pour ne plus dépendre d'un colosse aux pieds d'argile et se préparer à d'éventuelles désordres climatiques qui pourraient s'accentuer (mieux vaut prévenir en douceur que guérir dans l'urgence). On peut vivre de façon la plus autonome possible sans avoir à dépendre d'un


© Yann Arthus-Bertrand / altitude-photo.com

sUÈde

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franCe

avec dom Tom

nombre habitants

9,6 millions

66 millions

superficie

450 000 Km²

674 843 km²

densité habitants au km²

21

110

espérance de vie

81 ans

81 ans

Indice de développement humain

7e mondial

20e mondial

Taux de chômage

7,5 %

11,1 %

Taux d’activité des femmes

72,2 %

66 %

part des dépenses d’éducation

7,6 % du pIB

5,89 % du pIB

dette publique

36,8 % du pIB

90 % du pIB

prélèvement obligatoire

51,6 % du pIB

51,8 % du pIB

pIB par habitant

42.900 €

30.700 €

pIB

407,7 milliards €

2 032,3 milliards €

surface agricole en bio

15,7 %

3,7 %

part des énergies renouvelables

48 %

11,5 %

| jAn.- FévrIer 2014 |


SUIVRE

Dossier

réalisé par Cécile Cros, Marie Lescroart et Pascal Greboval

le

Dossier

FAUT-IL

suedois?

Pont d'Oresund entre Copenhague (Danemark) et Malmö (Suède)

Après des années de réformes, la Suède s’est hissée au rang de pays exemplaire dans sa politique environnementale et sociale. Le modèle suédois a ceci de particulier qu’il combine une société où le bien-être social et éducatif est prioritaire et très largement financé par l’Etat, avec une économie de marché décomplexée. Le pays est également l’un des plus paritaires au monde, grâce à une volonté politique de fer talonnée par une société très impliquée. Depuis le sommet de la terre en 1972 à Stockholm, le gouvernement suédois n’a cessé d’imaginer puis de développer d’ambitieuses politiques énergétiques et de gestion durable des espaces naturels et des villes - dont certaines se classent parmi les plus performantes au monde. La décentralisation des pouvoirs vers les municipalités a en partie contribué à ces réussites. La Suède fait aujourd’hui partie des rares pays à avoir dépassé les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’était fixés en 1990. | jan.- février 2014 |

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Le magasin Rötter à Malmö commercialise des fruits et légumes issus d'une production locale et biologique

©Miriam Preis/imagebank.sweden.se

AGRICULTURE l'appel du Bio

Bien que la Suède, avec 9 millions d’habitants, soit l’un des plus petits marchés alimentaires de la Communauté européenne, elle a mis l’agriculture au cœur de sa politique. Une politique verte...

S

i le secteur agricole ne représente aujourd’hui que 3,3 % de la population active1 et les terres cultivées seulement 10 % de la surface totale du pays, environ 80 % de l'offre totale du pays en aliments et boissons sont produits localement. La part des importations est cependant nettement plus élevée pour les fruits et légumes frais, atteignant plus de 70 %. Face à cette 26

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relative autonomie, le gouvernement suédois a activement soutenu l'agriculture biologique. Résultat : 15,7 % des surfaces cultivées sont en bio, ce qui en fait le deuxième pays européen, derrière l’Autriche. Les pesticides sont taxés au même titre que les déchets, les péages ou les vignettes auto, mais la taxe sur les engrais chimiques a été supprimée

Un label exemplaire La plupart des produits biologiques en Suède sont labellisé KRAV. Ceux-ci doivent satisfaire à la fois aux exigences de la réglementation de l'UE mais aussi à un certain nombre de normes plus strictes spécifiques au pays. La direction de KRAV considère qu’en raison de

─ 15,7 % des surfaces cultivées sont en bio ─ en 2010, élections obligent... Dans les années 80, la Suède a également mis en place un programme de respect des animaux d'élevage parmi les plus stricts au monde. Une loi de protection des animaux adoptée en juillet 1988 oblige désormais les éleveurs à ne plus soumettre les bovins, les porcs et les poulets à des mauvais traitements et à de mauvaises conditions d’élevage2.

l’urgence climatique il faut faire mieux que le bio. Elle a donc mis en place des règles impératives auxquelles les agriculteurs bio suédois doivent se soumettre3. Il s’agit d’abord d’obligations sociales en matière de droits des agriculteurs, inspirées des normes de l’Organisation Internationale du Travail : pas de travail forcé ou involontaire, égalité de traitement des salariés, accès à l’édu-


de l’eau, de la biomasse, DE L'ÉOLIEN, de l’uranium

© Niclas Albinsson/Folio/imagebank.sweden.se

Energie

45 % de l’électricité suédoise est d'origine hydraulique

Production d’énergie renouvelable élevée, réduction des émissions de CO2 : bilan du mix énergétique suédois.

A

près l’avoir rejetée, les Suédois semblent s’être résignés à l’énergie nucléaire. Un référendum organisé en 1980 avait débouché sur une sortie programmée du nucléaire civil, décision invalidée en 2009 : dix réacteurs sont aujourd’hui en activité dans le pays. « La loi prévoit qu’ils peuvent être remplacés si besoin mais qu’aucun réacteur supplémentaire ne peut être construit », précise Tobias Persson, de l’Agence suédoise de l’énergie. Le nucléaire, non subven30

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tionné, couvre aujourd’hui 40 % de la production électrique du pays. Aucune remise en cause n’est en vue. « Au début des années 70, la Suède était lourdement dépendante du pétrole, qui représentait 80 % de sa consommation énergétique. La crise dans ce domaine a conduit à la mise en place du réseau national de centrales nucléaires et à la montée en puissance de l’hydro-électricité », raconte Tobias Persson. Aujourd’hui, les barrages sur les fleuves et les rivières produisent 45% de l’électricité suédoise.

La Suède est toutefois l’un des rares pays à avoir su réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Elles s’élevaient en effet à 58,3 millions de tonnes d’équivalent carbone en 2012, contre 72,7 millions de tonnes en 1990 - soit près de 20 % de réduction. Pour 2020, elle vise une baisse de 40 % par rapport à 1990 et pour 2050, « zéro émission » ! Depuis des décennies, l’Etat n’a cessé d’encourager les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Au début des années 90, la Suède fut le premier pays au monde à


© Melker Dahlstrand/imagebank.sweden.se

L’Ecologie à l’échelle de la ville

A Stockholm, le quartier Hammarby Sjöstad est devenu aux yeux du monde entier un modèle de développement, respectueux de l'environnement urbain

Växjö, Göteborg, Sundsvall, Stockholm, Malmö… Des dizaines de villes composent le modèle suédois de durabilité urbaine.

R

epenser la ville : une ambition dont la Suède s’est emparée très tôt. « Ce mouvement, comme celui de la transition énergétique, trouve ses racines dans la crise de 1973, qui nous a fait prendre conscience de notre dépendance vis-à-vis du pétrole », raconte Anette Persson, spécialiste des villes durables à l’Agence suédoise de l’énergie. D’autres facteurs ont pesé, notamment l’organisation politique du pays. Très décentralisée, elle a permis aux municipalités de s’atteler à la réno32

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─ Les énergies renouvelables couvrent aujourd’hui 56 % de ses besoins, transport compris ─ vation urbaine de manière autonome. Elles ont opté pour une approche intégrée, combinant les changements dans la production et la dépense d’énergie avec ceux des transports urbains, des modes de consommation ou encore de la qualité de l’eau. Bien que complexe, cette approche a le mérite de garantir la cohérence des réformes engagées. Le modèle suédois est aussi reconnu pour son aspect participatif, favorisé

par l’habitude des habitants s’impliquer dans la vie démocratique.

Une ville exemplaire : Växjö Le conseil municipal de Växjö, ville de 83 000 âmes dans le sud du pays, a adopté dès 1999 son propre Agenda 21, plan d’action pour le développement durable, devenu depuis son


Education

© Cédric Faimali / Argos

primaire et secondaire : l’affaire des mairies

A l'école maternelle de Grabo, les enfants font pousser des plantes pour apprendre le fonctionnement de la nature.

Au cours des dernières décennies, les gouvernements successifs ont mis en œuvre d’importantes réformes scolaires. L’éducation libérale et centralisée des années 70 a progressivement cédé la place à un enseignement local de qualité, public ou privé.

L

’une des originalités du système éducatif suédois porte sur le mode de gestion décentralisé de l’enseignement primaire et secondaire, qui revient aux communes depuis 1991. Elles y consacrent en moyenne 42% de leur budget annuel. Les mairies doivent présenter chaque année un plan scolaire adapté aux spécificités locales (local skolplan) mais calqué sur des objectifs pédagogiques nationaux bien stricts. Elles sont aussi responsables de l’enseignement spécialisé et des lycées professionnels. L’enseignement supérieur incombe quant à lui à l’Etat. Il existe aussi un enseignement « libre » ou « indépendant » réparti dans 1300 établissements privés12, agréés par l’Inspection nationale et dont la crois36

| jan.- février 2014 |

─ L'école est gratuite, les repas aussi ─ sance et le mode de gestion fait débat dans la société : en effet, une partie de ces établissements scolaires est gérée par des associations et fondations à but non lucratif (à hauteur de 35%) mais aussi par des sociétés privées (65%). Les bénéfices réalisés par ces dernières sont réinvestis dans l’équipement ou les activités ou bien redistribués aux actionnaires ou placés. Aujourd’hui, ces sociétés de capital-risque investissent aussi dans le secteur médical. Une frange de la société considère qu’elles ne devraient pas faire de profit avec l'argent public dans ces deux secteurs. Herman Lindqvist, historien, tempère : « Plusieurs écoles spécialisées pour les enfants présentant des

handicaps ou des retards n’auraient pas existé sans ces entreprises, certains établissements religieux non plus ». Dans le pays, 83% des écoles sont généralistes, 10% sont confessionnelles, 6% sont des écoles Steiner-Waldorf13. Des professeurs payés à la performance Chaque enseignant est sélectionné localement par le directeur de l’école. L’évolution de son salaire dépend de ses performances et de sa motivation. Le salaire de base, discuté entre syndicats de professeurs et municipalités14, est fixé selon la conjoncture économique locale. La formation académique des enseignants dure entre 3 et 5 ans ; l’étudiant choisit alors deux matières qu’il enseignera au


Loup arctique, Ellesmere (Canada) 40

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Portfolio

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nature

à l’état

pur Portfolio Vincent Munier

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COMBIEN

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PHOTOS PATRICK EVESQUE

Jacques Véron est directeur de recherches à l'INED, auteur de Démographie et Ecologie, éditions La Découverte, mars 2013.

Aujourd'hui 7 milliards d’individus peuplent la Terre, nous serons 10 milliards en 2060 selon le dernier rapport des Nations Unies. Pourra-t-on décemment vivre aussi nombreux sur la planète ? Barnabé Binctin : Lorsqu'on s’interroge sur la soutenabilité de notre mode de développement actuel, on évoque souvent la croissance économique, les inégalités sociales, la destruction de la biodiversité, mais beaucoup plus rarement l'augmentation du nombre d'habitants sur la planète. Y a-t-il un tabou à ce sujet ? Jacques Véron : La question de la population déroute, on ne sait pas comment la traiter. La démographie est un champ interdisciplinaire, c’est ce qui fait sa force et sa faiblesse. Elle touche à la biologie, à l'économie, à la sociologie, à l'histoire, etc. Divers univers scientifiques se confrontent. Par exemple, lorsque les biologistes parlent de démographie, ils le font de façon simple ; cela ne diffère guère pour eux de la reproduction des lapins. Pour les démographes en revanche c’est tout autre chose : la fécondité humaine dépend de facteurs culturels, de processus historiques et d'autres données. La rencontre de ces disciplines ne facilite pas la reconnaissance de la démographie en tant que telle. C'est pourquoi les démographes ont fini par adopter une position de retrait au sujet de la pression exercée par

l’accroissement de la population sur les ressources naturelles. Les débats à ce sujet se réduisent à un conflit entre optimistes et pessimistes...

L’optimiste, dans ce cas, estimerait selon vous que la population ne représente pas une menace pour l'environnement ? Oui, mais je pense que là n'est pas le sujet. La démographie est affaire de scientifiques, il est question de chiffres, on fait de la prospection. En tant que démographe, il faut éviter les jugements de valeur et les termes engagés comme « menace ».

devient plus politique si l’on considère la qualité de vie et non pas la faisabilité : on ne peut pas dire que ces 10 milliards d’humains seront nécessairement bien nourris et en bonne santé. Le véritable enjeu, c'est de savoir dans quel contexte la population mondiale va poursuivre sa croissance. Deux questions essentielles se posent : la première concerne le coût environnemental des augmentations de productivité, qui seront inévitables. Aujourd'hui les révolutions vertes des années 1970 sont l'objet de critiques ; elles ont certes permis d'améliorer les rendements de manière significative, mais elles ont eu un impact important sur l'eau, l'irrigation, l'assèchement des fleuves, l'utilisation d'engrais, le

─ La destruction des écosystèmes résulte d’une demande économique mondiale peu attentive ─ Que dit justement la science quant à la perspective d'atteindre les 10 milliards d’individus sur Terre ? Est-ce possible ? C'est possible avec nos modes de production actuels. C'est du moins ce qu'indiquent plusieurs rapports, notamment ceux de la FAO. Le propos

mode de vie de paysans déboussolés par un système de production très différent... Il faudrait revenir à des manières de produire plus douces, plus respectueuses de la planète. Le second enjeu, c'est la solvabilité des populations, c'est-à-dire la possibilité pour les plus pauvres de disposer de la ressource alimentaire nécessaire. Dans quelle mesure les gens pourront-ils accéder à cette nourriture effectivement | jan.- février 2014 |

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IDÉE REMUANTE

INTERVIEW DE JACQUES VÉRON PAR BARNABÉ BINCTIN


© DR

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Un peu de sexe ? merci, juste pour vous être agréable ! par Lézarts Cie 58

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AMAC Riga

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Les AMAP de la culture


Créateurs de culture

Après les AMAP1, qui resserrent le lien entre producteurs et consommateurs, voici les AMAC par lesquelles des groupes de citoyens reprennent la culture en main sur leur territoire. Nous avons rencontré l’une de ces associations dans le Loiret.

S

amedi 22 novembre, fin d’après-midi. J’ai rendezvous avec les bénévoles de l’(H)AMAC de Lailly-en-Val, près d’Orléans. Comprenez « L’(Heureuse) association de maintien d’actions culturelles ». Si le H comme Heureuse est en option, il rappelle néanmoins que l’essentiel réside bien dans le plaisir de partager et d’agir ensemble. La gaieté est perceptible dès l’entrée dans la salle de spectacle municipale, la Lisotte. Une dizaine de personnes s’affairent, on apporte des sièges, des lampes ou encore les objets qui feront office de décor. Ce soir a lieu le quatrième et dernier spectacle de la saison. Comme toujours, les bénévoles veillent à concocter un accueil chaleureux pour les spectateurs, transformant le hall impersonnel en salon familial - on se croirait chez soi. Bien vite, chacun s’interrompt pour venir à ma rencontre. Nous nous installons dans ce salon « tout de même un peu kitsch » selon l’un de mes hôtes. Roland, Cécile, Christophe, Aurélie, Linda, Olivier et les autres commencent à raconter leur aventure.

Un groupe de citoyens pour une culture accessible En 2011, la troupe « Jeux de vilains », de Lailly-en-Val, organise une rencontre internationale autour des marionnettes. Elle sollicite à cette occasion l’aide de la population, notamment pour l’hébergement et l’intendance. « On a vécu une aventure humaine très riche, explique Roland, il y a eu une

belle synergie entre bénévoles et on a eu envie de poursuivre ». La troupe lance alors l’idée de l’AMAC, qui après de longues discussions finit par séduire les bénévoles. Si la notion de solidarité est partagée par tous, les motivations ne sont pas toujours exactement les mêmes. « Action citoyenne » pour Roland, « action militante pour que la culture continue d’exister en France » selon Jean-Marc ; Aurélie veut « contribuer à importer la culture en milieu

─ Importer la culture en milieu rural ─ Vers un réseau national des AMACCA* ? Olivier Lanoë est l’initiateur d’une vaste réflexion sur le lien entre culture et citoyenneté. Celle-ci s’appuie à la fois sur les débats de l’Agenda 21 de la culture, qui prend en mains la question culturelle (grande absente de la mouvance développement durable), et sur la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels. Il va entamer en janvier une tournée de présentation des AMACCA, animée de conférences « gesticulées » suivies d’ateliers ouverts à tous ceux qui souhaitent se pencher sur la politique culturelle de leur territoire. Plus d’informations sur : www.reseauculture21.fr/amacca

* Associations pour le maintien des alternatives en matière de culture et de création artistique

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AU cŒur de Montpellier :

l’Ecusson bio

Q

u’il fait bon flâner sous le soleil méditerranéen dans l’Ecusson, centre historique de la ville, à travers les petites rues, sur les terrasses, loin du tumulte des voitures... Premier effet de ce bien-être : Montpellier figure régulièrement en tête des classements de villes où il fait bon vivre. Deuxième effet : la croissance démographique de la ville et de l’agglomération est l’une des plus fortes de France, elle a doublé en quarante ans (on dénombre aujourd’hui 258 000 montpelliérains et 7000 nouveaux arrivants s’installent chaque année). Effet collatéral : avec un chômage à 14%, la ville est au-dessus de la moyenne nationale (11%). Que vous visitiez ou que vous vous installiez, voici quelques repères pour vous accompagner dans vos premiers pas.

Pour recycler

Comme l’aurez lu page 56, les Français ne recyclent que 2 kg de vêtements par an, contre une moyenne européenne de 4,5 kg. La ressourcerie Erca est une bonne adresse pour combler ce retard. Outre les vêtements de seconde main à donner ou acheter, vous y trouverez un peu de tout. Erca ne se contente pas de donner une seconde vie aux objets, l’association offre aussi une seconde chance aux personnes en rupture professionnelle, avec un dispositif d’insertion bien rodé.

Texte et photos Pascal Greboval

Elle emploie ainsi 174 personnes dans ses différentes branches. La boutique voisine, Interlude, illustre cette diversification : elle propose un service de repassage mais également la vente de sacs et pochettes très originaux conçus à partir de bâches publicitaires recyclées. Dans ce même quartier cohabitent moult autres friperies où déposer ou acheter des vêtements d’occasion.

Pour les Filles

Restons dans les fringues : direction le quartier Saint-Roch et la boutique Ekyog. Comme dans les autres points de vente de l’hexagone, la marque conjugue chic et bio pour le plaisir des femmes vigilantes sur les matières utilisées (100% bio) et les conditions de production. Dans ce sympathique quartier aux ruelles entrelacées, vous trouverez bon nombre de créateurs et artisans en tout genre. N’hésitez pas à demander à l’office du tourisme la carte des ateliers boutiques du quartier Saint-Roch.

La librairie Le Grain des mots

La Boutique nature

A quelques pas de là, Florame, la marque de St-Rémy-de-Provence qui produit des huiles essentielles depuis 20 ans, a pignon sur rue dans une charmante boutique. Des huiles de massage aux parfums d’ambiance, découvrez toute la gamme de ce pionnier de la cosmétique bio.

Le magasin Ekyog 66

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D.I.Y fais-le toi-même

L’amande a plus d’un tour dans sa COQUE… Texte Sylvie Hampikian / Photos Pascal Greboval

Pendant la quasi-totalité du XXe siècle, l’industrie cosmétique chimique a agi comme un rouleau compresseur, détruisant sur son passage tout un savoir-faire ancestral. Seuls quelques produits ont toujours su lui résister, parmi lesquels l’huile d’amande douce, tant prisée pour la toilette des bébés. Mais l’amande a bien d’autres petits secrets à nous livrer… L’ACTIF « AMANDE » SOUS LA LOUPE L’amande douce (Prunus amygdalus dulcis) fait partie des fruits secs oléagineux ou fruits à coque. La graine, ou amandon, est riche en fibres, en protéines (20%) et en matières grasses (50 à 60%). La partie huileuse contient environ 65% d'acides gras monoinsaturés et 20 à 27% d'acides gras polyinsaturés – principalement de l’acide linoléique (oméga-6). Elle contient également, dans sa fraction insaponifiable (substances non grasses solubles dans la partie huileuse) des traces de vitamine E, laquelle est particulièrement utile à la peau. L’huile d’amande douce, obtenue par pression à froid des amandons, est une des huiles cosmétiques les plus réputées, notamment en raison de son usage facile, de sa grande douceur et de son arôme très discret voire inexistant. Pour les soins du visage et du corps, elle convient à tous les types de peaux et à tous les âges, incluant les nourrissons et jeunes enfants. Elle est dotée de propriétés nourrissantes, protectrices (antidéshydratantes), adoucissantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires (calmantes). Elle convient également au démaquillage, y compris du contour des yeux, mais peut laisser une légère sensation 70

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de gras. Il suffira de la rincer avec une lotion tonique, comme de l’eau de rose tout simplement. En raison de son caractère polyvalent, l’huile d’amande douce est une base incontournable des cosmétiques maison, de type baumes ou cérats (huile + cire d’abeille), laits ou crèmes. C’est une huile de choix pour débuter dans ce domaine – les prochains numéros de Kaizen vous proposeront des recettes… Autre produit dérivé : la poudre d’amande, ou amande râpée, très employée en pâtisserie mais injustement méconnue en tant qu’ingrédient cosmétique. Or elle peut s’avérer très utile pour confectionner des gommages simples et efficaces tout en étant respectueux pour la peau et non irritants (voir recette). Les grains de la poudre ont un effet exfoliant mécanique, facilitant l’élimination des débris de cellules épidermiques mortes, qui ternissent le teint et peuvent favoriser les imperfections. La poudre d’amande constitue également un support inattendu pour les huiles essentielles, permettant de confectionner des sachets parfumés destinés principalement au bain. On pourra alors l’associer à d’autres produits naturels destinés à adoucir l’eau, tels que lait d’amande en poudre, son ou flocons d’avoine, bicarbonate de soude : les combinaisons sont nombreuses (voir recette).


Cuisine SAUVAGE &DÉLICIEUX !

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Les graines germées … à dévorer vivantes

En cette période hivernale, faute de plantes sauvages, faisons germer des graines ! Ingrédients phares du bio, elles forment un potager miniature prêt-à-manger et facile à entretenir. Texte et Photos Linda Louis

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es petites graines juste écloses, aux couleurs et aux formes variées, ne sont-elles pas jolies ? Avec leur germe ondulé, elles évoquent pour certains une autre graine, celle que les hommes portent en eux. La comparaison est loin d'être hasardeuse, car toutes deux symbolisent la fécondité. Pour comprendre leur intérêt, parlons un peu botanique. La graine, préalablement en dormance, se réveille peu à peu au contact de l'eau et lance son processus de germination. Elle 74

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libère ainsi toute son énergie dans un seul et unique but : impulser la vie en vue de produire une plante, qui à son tour produira des graines. Ainsi, après la phase de trempage, le tégument de la graine (enveloppe) s'ouvre, laisse apparaître le germe (petite racine) puis les cotylédons (premières feuilles, doublées). C'est à ce stade de développement que la jeune pousse est consommée car riche en nutriments, facilement assimilables par l'organisme. L'amidon est transformé en sucre simple, les protides en acides aminés, les lipides en acides gras et les vitamines décuplées.


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