Kaizen 20 : La beauté sauvera le monde

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kaizen

nouveulllee form

construire un autre monde … pas à pas

20

La beauté

sauvera le monde Axel Kahn Raymond Depardon Pierre Rabhi Patrick Chamoiseau Les points de vue de

Dossier

Enfance

LES PNR,

OBSERVER

LABORATOIRES ÉCOLOGIQUES ?

LA NATURE AVEC LES ENFANTS

M 05148 - 20 - F: 5,90 E - RD Belgique 6,50 € Suisse 9,40 CHF

Nos bonnes adresses

NICE


Magazine bimestriel numéro 20 Mai-juin 2015 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Courrier des lecteurs et abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel 75010 Paris Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Photo de couverture © Biosphoto/Dominique Delfino Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs : Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

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Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège Social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

La beauté sauvera le monde. Oui, mais comment ?

E

n invitant Axel Kahn, Patrick Chamoiseau, Raymond Depardon et Pierre Rabhi à prendre la parole dans ce numéro, nous n'avions pas imaginé que, chacun à leur façon, ils évoqueraient tous la beauté. Bien qu'ils parlent depuis des endroits différents, tous la placent au centre. Et cela est devenu une évidence, un fil conducteur ; nous devions titrer sur cette citation énigmatique de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde. » Quel rapport avec Kaizen ? La beauté, qu'elle se manifeste dans le fémur d'une femme, le rire d'un vieux ridé, la danse d'un dandy, la libido d'une libellule ou une arabesque arabe, a la capacité de nous sensibiliser, le pouvoir de nous réunifier. S'estompe alors la frontière entre l'être et le paraître, pour laisser place à l'humilité et à la sagesse. La beauté nous invite à l'exigence de la cohérence, l'interrogation de nos intentions, la quête du sens. Trop philosophique, pas assez pragmatique ? Regardons l'histoire des parcs naturels régionaux en France. Comme vous le lirez dans notre dossier, les parcs naturels régionaux sont nés de la volonté de préserver une forme de beauté : l'harmonie entre l'être humain et la nature. Ils sont devenus aujourd'hui des laboratoires de transition écologique. Car la beauté invite à donner le meilleur de soi-même. Elle est à nos yeux essentielle pour changer de paradigme. Que vos mois de mai et de juin soient les plus beaux possible. Pascal Greboval, Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

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mai-juin 2015

Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

10 Rencontre Patrick Chamoiseau

34 Et si on le faisait ensemble ? Pour relocaliser leur agriculture, les Allemands remettent les mains dans la terre.

62 Je vais bien, le monde va mieux La salutation au soleil

15 Les pièces du puzzle La voiture électrique

66 Do It Yourself Cosmétiques à base d'aloès

38 Portraits Bioélectricien : la chasse aux pollutions électromagnétiques

70 Nos bonnes adresses Nice

18 Portfolio

40 Dossier

74 Cuisine

Raymond Depardon sur les routes de France

Les parcs naturels régionaux, laboratoires écologiques ?

Le robinier faux-acacia

28 Une nouvelle Une chute dans les carottes sauvages

54 Vent du Sud La révolution bio de Sahaja Samrudha

81 Les rendez-vous

30 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber

56 Le goût de l’enfance Dois-je être un naturaliste pour observer la nature avec mes enfants ?

88 Paroles de Colibris

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83 Le sourire d’Yvan

90 La chronique de Pierre Rabhi


Š Michael Clement/Photononstop


ELLES-ILS PENSENT DEMAIN Rencontre • 10 Les pièces du puzzle • 15 Portfolio • 18 Une nouvelle • 28 La voie du Kaizen • 30


© Aldo Sperber/Picturetank

« Le recours à l'imaginaire n'est pas une fuite dans l'inconsistant, la chimère stérile ou l'irréel absurde. L'imaginaire est le lieu exact où ce que nous avons de plus humain rencontre le réel, le dévisage, l'envisage, et commence par là même à le transformer. » Patrick Chamoiseau dans Restitution des rencontres et ateliers d'imaginaire sur le Grand Saint-Pierre, 2012 - www.gspe3i.fr

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elles-ils pensent

Rencontre

Patrick Chamoiseau Du Manifeste à l'urbanisme, la politique poétique se lève en Martinique Le Martiniquais Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992 avec son roman Texaco, est l'auteur, entre autres, des Neuf consciences du Malfini (2009), roman dont l'un des protagonistes n'est autre qu'un… colibri. Pour Kaizen, il revient sur le Manifeste pour des « produits » de haute nécessité publié en 2009 suite à la grève générale qui a touché les Antilles françaises et évoque les traces laissées par cet événement dans la société martiniquaise. Entretien réalisé par Clara Breteau

Clara Breteau Votre Manifeste pour des « produits » de haute nécessité appelle à prendre conscience de la dimension poétique et existentielle d'un mouvement pourtant initié comme une lutte contre la vie chère… Patrick Chamoiseau Oui, le Manifeste est une incantation poétique. Bien souvent, les seuls qui sont convoqués à la barre des experts dans des circonstances comme celles de cette grève générale sont des économistes ou des sociologues. Or je crois qu'une clarification poétique, en tout cas une connaissance poétique des choses – qui ne soit pas de la pensée de système, mais qui réintroduise du sensible, de l'imagination, de l'intuition – s'avère très importante dans ces cas-là aussi. L'enjeu est de replacer l'humain au centre. Il s'agit de signaler la route poétique qui va au centre de l'humain, en affirmant que celui-ci ne se résume pas à son chariot de supermarché et à l'activité de consommation. En 2009, les gens avaient de réelles difficultés matérielles. Mais, en même temps, leur comportement était un comportement poétique. Pendant les

44 jours qu'a duré la grève, ils chantaient, ils dansaient, ils se tenaient par la main, ils étaient ensemble. Il y avait donc une sorte de contradiction entre la pauvreté de la revendication et la plénitude de la réaction collective. C'est cela, en partie, que le Manifeste a voulu exprimer. Que reste-t-il de cette mobilisation, six ans après ? Je suis persuadé que si l'on faisait une enquête approfondie, on pourrait dire qu'il y a un avant et un après. Globalement, la société de consommation domine encore en Martinique, mais il y a quand même eu une sorte d'ensemencement. De nombreuses empreintes, petites et intimes, sont restées, qui touchent justement à la dimension poétique et à l'autonomie. Ce sont des traces laissées, comme ces jardins familiaux et ces fontaines qui se sont créés, ces potagers auxquels les gens sont revenus. Les jardins créoles sont aujourd'hui mieux vus et mieux connus scientifiquement, ils font partie de la conscience écologique contemporaine qui, par ailleurs, grandit et vient s'ajouter aux suites des évé-

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Portfolio

Raymond Depardon

Sur les routes de

France

En 2004, le reporter-photographe et cinéaste Raymond Depardon fait un pari un peu fou : partir seul, en fourgonnette, pour photographier à la chambre 20 x 25 la France des sous-préfectures. Pendant quatre ans, ce fils de paysans a sillonné le pays pour immortaliser les mutations des petites villes et des villages. Entretien réalisé par Pascal Greboval

Alsace • Haut-Rhin • Colmar

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elles-ils pensent

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merci aux kissbankers 32 • kaizen • numéro 20


ELLES-ILS FONT LEUR PART Et si on le faisait ensemble ? • 34 Portraits • 38 Dossier • 40 Vent du Sud • 54 Le goût de l’enfance • 56

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Et si on le faisait ensemble ?

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elles-ils font

Agriculture durable, la déclinaison allemande Comment les Allemands s'organisent-ils pour relocaliser leur agriculture ? Ils remettent les mains dans la terre. Reportage dans une coopérative de production et de consommation à Fribourg-en-Brisgau, dans le Sud-Ouest du pays. Texte et photos : Philippe Bohlinger

E

n France, plus de 1 600 AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) contribueraient à l'alimentation de 200 000 personnes 1. En revanche, de l'autre côté du Rhin, le mouvement n'en est qu'à ses balbutiements. On y comptait seulement 144 structures de type AMAP en fonctionnement ou en cours de création fin 2014 2. « Les AMAP françaises résultent de la convergence, vers la fin des années 1990, des mouvements pour une agriculture paysanne et des associations de consommateurs engagés à l'image d'Attac. En Allemagne, ce rapprochement a été plus tardif, vers 2010 », analyse le chercheur allemand Peter Volz de l'association Die Agronauten (« Les Agronautes »), spécialisée dans l'agriculture durable. Nos cousins germaniques ont de fait choisi une voie plus audacieuse. Ils visent l'autonomie alimentaire ou chacun s'implique davantage afin d'acquérir collectivement les terres et le matériel agricole. Ainsi, à Tunsel, à 20 km de Fribourg-en-Brisgau, une association d'agriculture solidaire baptisée GartenCoop approvisionne ses 280 membres en légumes. S'inspirant des Jardins de Cocagne, coopérative genevoise fondée en 1978, les fondateurs de GartenCoop ont interprété à leur manière le concept d'Agriculture soutenue par la communauté (ASC). Depuis 4 ans, ils rendent la relation producteur-consommateur encore plus étroite en exploitant leur propre terre, en impliquant davantage les adhérents et en visant l'autosuffisance en légumes. « À l'inverse d'une AMAP où une communauté vient soutenir un maraîcher, notre objectif est la propriété collective. Si ce n'est pas encore le cas des terres, c'est déjà vrai pour les moyens de production »,

affirme Luciano Ibarra, l'un des fondateurs. Pour le moment, les 9 hectares de surface agricole sont loués à un exploitant, mais le matériel – caissettes, tunnels de culture, matériel d'irrigation, etc. – a pu être acquis grâce aux crédits accordés par les membres lors de l'adhésion (voir encadré page suivante).

Plus loin que le bio Faisant faire le tour du propriétaire, Luciano s'excuse de l'aspect « un peu précaire » de la ferme, constituée de deux baraquements, d'un local et d'une cuisine provisoires. Mais cette impression disparaît à la vue des parfaits alignements de poireaux, de choux verts ou encore de concombres. Ici, les plantations sont mises en musique selon un équilibre vertueux : un tiers de maraîchage, un tiers de céréales et un tiers d'engrais verts. « Le bio s'est bien trop rapproché de l'agriculture conventionnelle. Il se résume désormais à produire trois variétés de légumes sur d'immenses surfaces agricoles. Nous voulions renouer avec la mixité des cultures et aussi soutenir les producteurs de semences paysannes », poursuit Luciano. Activiste écologique, maraîcher salarié de GartenCoop, Lukas Schmidt caresse le sol, égraine la terre et commente sa couleur. Après trois années d'exploitation, la ferme a atteint son rythme de croisière et réalisé sa petite révolution copernicienne. « L'idéalisme subsiste dans notre décennie, même s'il n'est pas démesuré », se félicite Lukas. À Tunsel, l'idéalisme est teinté de pragmatisme. En effet, GartenCoop a su profiter des connaissances du maraîcher et semencier voisin Piluweri et a appris à kaizen • mai-juin 2015 • 35


© Pascal Greboval

Dossier


elles-ils font

Les parcs naturels régionaux, laboratoires écologiques ? Dossier réalisé par Aude Raux et Xavier Crépin

Le parc naturel régional est une entité un peu floue dans bon nombre d'esprits : on le résume souvent à un panneau signalétique situé près de chez soi ou sur son lieu de vacances. Il ne fait pas partie du mille-feuille administratif français, et nous n'y sommes pas confrontés au quotidien. Pourtant, cette entité hybride mérite qu'on s'y intéresse. Car un parc naturel régional a pour mission de réaliser la difficile synthèse entre protection de l'environnement et développement humain et économique. Vaste programme ! Avec ce dossier, nous vous proposons de découvrir ces laboratoires de la transition écologique, et de constater qu'à l'échelle de territoires, intelligence collective et pouvoir public arrivent à proposer des solutions durables. Exemples à suivre ?

Caps et Marais d'Opale

Chiffres clefs :

Belgique

Lille

Scarpe-Escaut Avesnois

Marais du Cotentin et du Bessin

Boucles de la Seine Normande

Ardennes

Amiens

Luxembourg Oise-Pays de France

Rouen

Vexin français

Caen

Reims

Perche

Vosges du Nord

Montagne de Reims

Paris

Normandie-Maine

Armorique

Lorraine

Haute-Vallée de Chevreuse

Strasbourg

Allemagne

Gâtinais français

Rennes

51 parcs naturels régionaux

Metz

Forêt d'Orient Ballons des Vosges

Golfe du Morbihan Orléans

Brière Nantes

Besançon

LoireAnjou-Touraine

Morvan Dijon

Brenne Marais Poitevin

Suisse Haut-Jura

Poitiers

Fort-de-France

Millevaches en Limousin

Clermont -Ferrand

Périgord-Limousin

Martinique

Lyon

Livradois -Forez

Limoges

Volcans d'Auvergne

Massif des Bauges

Kourou

Pilat

Cayenne

Grands Causses SURINAME

GUYANE Montpellier

BELGIQUE

Toulouse

Haut-Languedoc ALLEMAGNE

BRÉSIL

Queyras Italie Baronnies Provençales

Luberon Préalpes Verdon d·Azur Alpilles Camargue

ITALIE

Cayenne

Guyane française

Pyrénées Ariégeoises

Espagne

SURINAME

87 000 km2, soit presque 14 % de la surface de la France (DOM et TOM inclus) 4 millions d'habitants

SUISSE

Fort-de-France

(Echelle des DOM non représentative)

(Echelle des DOM non représentative)

Montsinéry-Tonnegrande

Monts d'Ardèche

Causses du Quercy

Landes de Gascogne

Le plus récent : Baronnies provençales (à cheval sur les régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur ; départements Drôme et Hautes-Alpes) créé en janvier 2015. Environ 20 projets de parcs sont actuellement à l'étude.

Chartreuse

Vercors Bordeaux Saint-Laurent du Maroni

Le plus ancien : Scarpe-Escaut (Nord-Pas-de-Calais ; Nord) créé en 1968

Marseille

GUYANE BRÉSIL

Narbonnaise en Méditerranée ESPAGNE

Corse

Ajaccio

4 386 communes

Pyrénées Catalanes

Corse Ajaccio

Pour aller plus loin www.parcs-naturels-regionaux.fr

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Le goût de l'enfance Aller à la rencontre de la nature fascine les enfants et leur offre de multiples clefs pour comprendre le monde. Vous n'êtes pas naturaliste ? N'ayez crainte ! Nous avons chacun notre vision de la nature, et cela ne doit pas nous empêcher d'aller à la rencontre de ses habitants.


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Dois-je être un naturaliste pour observer la nature avec mes enfants ? Texte et photos : François Lasserre

S

i les textes scientifiques sont pratiques et restent indispensables pour nous aider à garder un esprit critique, ils n'empêchent nullement toute autre approche, au contraire. Surtout lorsqu'il s'agit d'élever des enfants dans un monde habité par des non-humains divers et nombreux qui sont autant d'occasions de faire des rencontres bluffantes, rares et mémorables !

Règle no 1 : on se détend « Papa, maman, c'est quoi cette bête ? — Euh… » Est-il utile de savoir nommer les espèces ? Aucun naturaliste ne connaît le nom exact de tous les oiseaux, papillons, fleurs, abeilles, libellules… Les êtres vivants sont trop nombreux. Même en France, leur diversité est prodigieuse. Les oiseaux ? Il en existe plus de 400 espèces. Les abeilles ? 1 000. Les fleurs ? Plus de 1 500. Les papillons ? 5 000. Et ainsi de suite. Les entomologistes – les spécialistes des insectes – peuvent passer des heures à observer une mouche avec une loupe puissante pour savoir s'il s'agit de telle ou telle espèce. Côté oiseaux, les ornithologues recherchent des critères d'identification pendant de longues minutes derrière leurs longues-vues, leurs jumelles et leurs guides. Pourquoi ? Pour différencier parfois… deux goélands ! Ce sont des professionnels ; à quoi bon rivaliser ? À moins de se former durant de longues années, il est presque vain de vouloir pouvoir répondre à son enfant : « C'est un goéland leucophée. » D'ailleurs, une fois que l'on a cette information, nous voilà bien avancé. Il est leucophée, et alors ? En revanche, que fait-il dans le coin ? Que mange-t-il ? Où dort-il ? À quoi passe-t-il ses journées ? A-t-il peur de nous ? Est-il vieux ? Mieux, on pourra imaginer que c'est un Breton volant, et qu'il habite, comme nous, à Saint-Brieuc. Qu'il fait plein de choses, comme faire des crottes, voyager, élever ses enfants, se reposer, crier… Ces observations singularisent et individualisent les habitants de la nature. Un criquet n'est plus une bestiole, mais « le criquet capturé dans la prairie de mamie, tu sais, celui qui avait du rouge sur les pattes ».

Règle no 2 : on ose Comme les enfants, nous débutons. Une bestiole ? Argh ! Par où commencer ? Je n'y connais rien, moi ! Aucune importance, rappelons-nous que c'est la rencontre qui compte, alors rencontrons. Pour démarrer, approchons, tripotons, capturons… Et si ça pique ou si ça mord ? Pas grave, aucune bestiole n'est dangereuse, excepté pour les personnes allergiques aux abeilles ou aux guêpes. Un ver, un mille-pattes, un cloporte, une grenouille, un scarabée, un orvet, un criquet, un lézard, une punaise, un serpent… toutes ces bêtes – on laisse la vipère de côté ! – s'observent facilement ou se capturent délicatement. On apprend vite à manipuler une bête, à reconnaître celles qui mordillent, qui fuient en courant ou en se laissant tomber dans les herbes. Une fois capturée, on la regarde dans les yeux, on l'observe et on parle de tout. Elle court, elle vole, kaizen • mai-juin 2015 • 57



JE SUIS LE CHANGEMENT Je vais bien, le monde va mieux • 62 Do It Yourself • 66 Nos bonnes adresses • 70 Cuisine • 74 Les rendez-vous • 81 Le sourire d’Yvan • 83 Paroles de Colibris • 88 La chronique de Pierre Rabhi • 90


Je vais bien, le monde va mieux

La salutation au soleil Pour retrouver de l'énergie En partenariat avec le Centre Qee Photos : Patrick Lazic

I

ssue du yoga, cette succession de 12 mouvements est un exercice complet en soi. Vous pouvez la pratiquer à tout moment de la journée pendant une dizaine de minutes sans faire une séance complète de yoga. Cependant, le matin, pour bien démarrer la journée, ou le soir, avant de vous coucher, sont deux moments propices. L'exercice est à répéter 2 ou 3 fois, sachant qu'il est important de « faire » les deux jambes pour que le cycle soit complet et équilibrant. Si vous ne pratiquez pas le yoga, travaillez séparément chaque posture, puis les transitions. Pendant la salutation au soleil, la respiration est tout aussi importante que les postures. Les mouvements s'effectuent sur les inspirations et les expirations.

Les bienfaits : La salutation au soleil agit sur la partie musculaire, sur les organes et sur les chakras. Pratiquée régulièrement, elle redonne de la souplesse, du tonus, régularise le souffle, facilite la concentration, réduit l'anxiété et favorise le sommeil.

La position de départ : Debout, tête et corps droits, les pieds joints, les jambes tendues, les bras le long du corps, sans raideur. Inspirez.

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je change

2) Inspirez. Tendez les bras vers le plafond, et étirez-vous en arrière. Les bras collés aux oreilles, les jambes droites. Le bassin est poussé vers l'avant, sans forcer dans le bas du dos, poitrine ouverte vers le ciel.

1) Expirez. Joignez les mains en position de prière contre la poitrine. Les coudes tournés vers l'extérieur. Épaules basses, poitrine ouverte.

3) Expirez. Pliez-vous en avant et placez les paumes des mains près du sol, près des pieds. Au besoin, pliez les genoux.

4) Inspirez.

5) Retenez votre souffle.

Tendez le pied droit le plus loin possible vers l'arrière. Posez le genou droit au sol, regardez devant vous, vers le plafond, et posez les mains près du pied gauche. Ici, une variation pour commencer : les bras sont tendus perpendiculaires au sol.

Tendez l'autre jambe en arrière. Le corps forme une ligne droite, le bassin ne doit pas être soulevé. La tête ne tombe pas vers l'avant.

7) Inspirez. 6) Expirez. Posez les genoux, puis la poitrine et le menton. Le bassin reste soulevé. Posez uniquement les doigts de pied.

Faites glisser le corps vers l'avant jusqu'à poser le bassin au sol. Relevez le buste et la tête sans forcer dans le bas du dos. Les coudes sont légèrement pliés, les épaules basses. Il faut reposer sur le cou-de-pied (par rapport à la posture précédente), les bras bien le long du corps, la poitrine ouverte, les trapèzes abaissés.

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Nos bonnes adresses

Nice À Nice, les anges de la baie sont plus verts qu'on ne le croit. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret

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r e t Cafés & épiceries Proposer aux consommateurs des produits venant directement du producteur et créer du lien avec des animations riches, variées et intelligentes, tel est le concept du Court-Circuit Café e, un caférestaurant-lieu de rencontres, comme on en trouve de plus en plus en France. C'est d'ailleurs en s'inspirant du café marseillais l'Équitable Café – voir Kaizen no 8 – que le Court-Circuit Café a vu le jour en juin 2013, sans que son principal moteur, Laurent Bouvier, parti trop tôt, ait pu voir « son » projet aboutir. Alors, bien sûr, ici, on mange des produits locaux de saison, même le dimanche matin, avec le brunch « La cantinette du dimanche ». Ici, on réfléchit, on se divertit en conjuguant éclectisme et goût des autres, avec des conférences, des cinémas citoyens, des concerts, du théâtre, des repair cafés – voir Kaizen no 16 : ce moment où des bénévoles mettent leurs savoir-faire à disposition pour réparer des objets en panne –, des cafés parentaux, des cours de yoga, des cours de bande dessinée... Bref, l'endroit à découvrir pour voir que le monde peut être différent et joyeux ! Dans la même veine existe la Falabrack Fabrik. « Ici, on offre une manière de consommer autrement », explique Laurence, une des fondatrices. Pour développer cette « autre manière », le lieu propose un joyeux mélange de diverses activités : c'est à la fois un café-cantine associatif, pour se restaurer avec des produits locaux de saison et bio à des prix très abordables ; une boutique de créateurs qui favorisent le recyclage ; une friperie ; une épicerie de produits locaux... Mais c'est aussi un lieu ouvert à la rencontre, avec des concerts, des expos et des sessions de repair cafés. Enfin, on y trouve un coin pour les enfants, un espace de troc de jouets et de livres et une bibliothèque. La Falabrack Fabrik est également un point de rendez-vous régulier pour les AMAP du Vieux-Nice. Inspirant ! À Argane bio r, c'est 50 % restaurant, 50 % magasin, 100 % sourire bio. Dans sa petite échoppe où vous trouverez de tout, Soumiya propose une res-

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tauration bio, végétarienne et conviviale, de saison, colorée et aux parfums méditerranéens. À la barre depuis 16 ans, elle cuisine tous les jeudis un couscous végétarien. Situé à deux pas du centre, Argane bio est une bonne adresse pour acheter à emporter. Sur la petite mezzanine, vous pourrez aussi passer un moment agréable à discuter entre amis ou à écouter une conférence organisée par Soumiya. Envie de boire un jus de fruits frais, mais pas n'importe lequel ? C'est ici qu'il faut venir, au Nice Life t : proche du port, cette cantine bio et végétarienne devient l'après-midi un lieu propice pour déguster un jus de fruits frais, bien installé dans l'un des canapés. Inspirés par Norman Walker, précurseur du crudivorisme, Barbara et Nicolas composent avec leur presse hydraulique des jus à base de trois légumes et un fruit. Ne manquez pas aussi le brunch du dimanche, 100 % végétal, et les apéros bien-être : le temps d'un soin de réflexologie, vous dégusterez un jus de fruits. C'est le pied ! BREAD u, acronyme de Boulangerie Responsable Et Amitié Durable, a ouvert en 2013 et propose un concept global des plus sympathiques. Outre la fabrication avec de bons produits, bio si possible – mais, « pas question de faire venir de l'autre bout du monde des produits bio alors qu'à proximité des producteurs proposent de bons produits, bien que pas forcément labélisés » –, l'attention est aussi portée sur les prix, la limitation des emballages et le kaizen • mai-juin 2015 • 71


Cuisine

Le robinier faux-acacia… comme un parfum d'enfance Dans les cours d'écoles, dans les jardins des villes ou en bordure des forêts, le robinier faux-acacia souffle ses effluves de bergamote et de fleur d'oranger. Dépêchons-nous de glaner ses grappes parfumées ! Textes et photos : Linda Louis 74 • kaizen • numéro 20


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Sauvage & délicieux !

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'avez-vous jamais posé une feuille d'acacia sur votre bouche et soufflé de l'air dessus pour émettre un sifflement ? Joué à la dînette ou fait des colliers avec ses fleurs nacrées ? Pour beaucoup d'entre nous, l'acacia fait partie de notre enfance, probablement du fait de sa présence dans de nombreux établissements scolaires, aires de jeux et parcs. Rien d'étonnant à cela, l'arbre est « né » à Paris, dans un jardin de la place Dauphine appartenant à un certain Jean Robin (d'où son nom de « robinier » 1). Botaniste attitré du roi Henri IV, Jean Robin reçut un jour d'un ami naturaliste les graines d'un arbre originaire des Appalaches, chaîne de montagnes située dans l'Est de l'Amérique du Nord. Il en fit tout de suite bon usage en plantant le premier spécimen chez lui en 1601. Celui-ci ne résista pas, mais on put transplanter deux autres individus, l'un au square René-Viviani (1620) et l'autre au Jardin des plantes (1636), aujourd'hui encore vivants ! La culture du robinier s'est ensuite développée pour de multiples raisons : il croît rapidement, fixe les talus avec ses grosses racines (qui encouragent également la prolifération de bactéries fixatrices d'azote) et offre un bois dur et imputrescible (utilisé pour réaliser des piquets et palisser vignes et vergers). Il fait partie également de nos plus beaux arbres d'ornement avec ses fleurs et ses feuilles qui, en automne, se parent d'une robe jaune d'or. Mellifère grâce à ses belles et nombreuses grappes de fleurs, le robinier attire les hyménoptères et permet de produire un miel particulièrement délicat, parfumé et très recherché. Les amateurs guettent chaque année sa floraison, car elle n'est que de courte durée et exposée, selon les années, à des conditions climatiques printanières très aléatoires (souvenir d'une année où un orage fit table rase sur toutes les fleurs justes écloses). Alors, guettez les premières grappes et prévoyez une échelle… Monsieur Robinier aime prendre de la hauteur ! 1

Pseudoacacia – signifiant « faux-acacia » – indique que l'arbre a

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Identification de Robinia pseudoacacia (Fabacées) Grand arbre pouvant atteindre 25 m de hauteur, à cime ample, asymétrique, aux branches irrégulières et épineuses (certains cultivars ou espèces hybridées ne contiennent pas d'épines). Écorce gris taupe, profondément crevassée dans la longueur. Feuilles composées de 7 à 25 folioles parfaitement ovales, de 2 à 5 cm de long, vert clair, molles et lisses. Fleurs en forme de papillon, blanc nacré (ou roses pour certains cultivars) avec une pointe de vert clair à cœur, odorantes et regroupées en grappes pendantes comme la glycine. Fruits en forme de gousses sombres et aplaties (comme des haricots plats). Racine pivotante, ramifiée, volumineuse, blanche et aromatique. Habitat dans les parcs, les jardins, les haies et les lisières de forêts. Récolte des grappes florales de fin avril à mi-juin.

été confondu autrefois avec des espèces du genre Acacia (mimosa,

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sensitive…), qui ont, comme le robinier, des feuilles composées de nombreuses paires de folioles.

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je change

JUIN

1er au 3 mai / Loré (61) Éco-festival L'Appel au Bois Normand Conférences, débats, théâtre, concerts, balades, expositions, disco soupe… lappelauboisnormand.fr 07 87 60 67 34

1er au 15 juin / France entière Printemps BIO, 16e édition www.printempsbio.com

[CONFÉRENCE KAIZEN] 5 mai / Paris Les parcs naturels régionaux : à la découverte des laboratoires de la transition écologique. Avec Axel Kahn et Pierre Weick. Une conférence animée par Cyril Dion. Goethe-Institut, 17, avenue d'Iéna 75116 Paris Réservations sur : www.kaizen-magazine.com

2 au 5 juin / Nantes (44) Velo-city, 5e édition Conférence internationale du vélo urbain et des politiques cyclables, plaçant le vélo comme sujet de débat mondial. www.velo-city2015.com 5 juin au 30 septembre / La Gacilly (56) Festival Photo Peuples et Nature de La Gacilly www.festivalphoto-lagacilly.com 6 et 7 juin / France entière Fête du vélo, 19e édition www.feteduvelo.fr • 01 49 35 69 34

L’AGENDA KAIZEN MAI-JUIN 2015

26 au 28 juin / Rognes (13) E-cyclette, salon du vélo à assistance électrique www.e-cyclette.fr 27 juin / La Roche-sur-Grane (26) Fête pour la Terre et l'humanisme Les Amanins fêtent leurs 10 ans ! www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05

PASSEZ À L’ACTE ! L'écoconstruction, ça vous tente ? Ça tombe bien, plein de stages et de salons vous attendent en mai et en juin !

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S U O V Z E D N E R

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MAI

8 mai / La Roche-sur-Grane (26) Conférence de Philippe Mérieu Quelle éducation pour relever les défis d’aujourd’hui ? www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05

10 au 13 juin / Montpellier (34) Forum international Désertif'actions 2015 : changement climatique et sauvegarde des terres arides. www.desertif-actions.fr • 04 67 55 61 18

16 mai / Breuillet (91) Stage Enduits et reliefs : réalisation d'enduits naturels, variation de matière en terre, plâtre et chaux. www.terra-originalis.com • 09 50 27 35 06

13 et 14 mai / La Roche-sur-Grane (26) Initiation à l'Holacracy dispensée par Bernard Marie Chiquet www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05

13 juin / Saint-Martin-de-Castillon (84) Les Estivales de Berdine, festival d'arts vivants. Avec une conférence de Pierre Rabhi. berdine.fr/estivales-de-berdine-2015 07 86 76 31 12

18 au 22 mai / La Tour-de-Salvagny (69) Formation Ossature bois et construction paille www.oikos-ecoconstruction.com 04 77 71 34 72

[ÉVÉNEMENT KAIZEN] RETROUVEZ-NOUS SUR PLACE ! 14 au 17 mai / Colmar (68) Foire éco bio d'Alsace, 34e édition Parc des expositions www.foireecobioalsace.fr 20 au 24 mai / France entière Fête de la nature, 9e édition Des milliers de manifestations sont prévues. www.fetedelanature.com 29 mai au 1er juin / Paris Salon Naturally, 14e édition Paris Expo, 75015 www.vivez-nature.com 30 mai au 5 juin / Europe Semaine européenne du développement durable www.developpement-durable.gouv. fr/Edition-2015 • 01 40 81 27 06

13 au 28 juin / Yvelines (78) Paroles de jardiniers, 4e édition Rencontres, conseils, visites, ateliers… www.paroles-de-jardiniers.fr 14 juin / Limoges (87) Foire bio-écologique Coccinelles et compagnie Lac d'Uzurat www.foire-bio-coccinelles-et-cie.org 06 32 05 48 92 16 et 17 juin / Paris 2es Assises de l'économie circulaire Maison de la Chimie, 75007 www.institut-economie-circulaire.fr

22 au 24 mai / Montargis (45) 19e Rencontres nationales de la construction en paille rfcp.fr • 09 74 74 82 30 15 au 20 juin / Saint-Simeux (16) Formation Construction en paille, terre crue et chaux www.lamaisonenpaille.com • 05 45 66 27 68 22 au 26 juin / Saint-Vérain (58) Formation Taille de pierre et sculpture www.acali.eu • 03 86 24 00 94 22 au 27 juin / Lusignan (86) Formation à l’auto-écorénovation atelierdusoleiletduvent.org • 09 50 86 32 89

19 au 21 juin / Nice (06) Salon Bionazur, 17e édition Promenade du Paillon www.bionazur.com

kaizen • mai-juin 2015 • 81


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