Kaizen 28 : Biomimétisme, le vivant comme modèle

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septembre octobre 2016

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DOSSIER

BIOMIMÉTISME, LE VIVANT COMME MODÈLE

Voyage au cœur de l’Inde avec les thés Jardins de Gaïa

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KAIZEN NO 28 SEPTEMBRE - OCTOBRE 2016

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Magazine bimestriel numéro 28 Septembre - octobre 2016 Imprimé sur papier certifié PEFC Fondateurs Cyril Dion, Yvan Saint-Jours, Patrick Baldassari et Pascal Greboval Directeur de la publication Patrick Oudin Directrice d’EKO LIBRIS Françoise Vernet Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Diane Routex Éditeur Web Simon Beyrand Stagiaires pour ce numéro Jessica Robineau & Léa Esmery Direction artistique • hobo@hobo.paris Tél. 06 12 17 87 33 Maquette et mise en pages Schuller-Graphic Contact info@kaizen-magazine.fr Tél. 01 56 03 54 71 Abonnements et commandes Camille Gaudy camille@kaizen-magazine.fr 19, rue Martel - 75010 Paris Photo de couverture : © Alberto Ghizzi Panizza/Biosphoto Prépresse Schuller-Graphic 18, rue de l’Artisanat 14500 Vire Tél. 02 31 66 29 29 Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières-les-Vallées SIREN : 539 732 990 • APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 92284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Régie de publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse • Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Vente au n° pour les diffuseurs Groupe HOMMELL Tél. 01 47 11 20 12 diffusion-hommell@sfep.fr Aucun texte ni aucune illustration ne peut être reproduit-e sans l’autorisation du magazine. Merci.

ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss

Éditeur SARL EKO LIBRIS au capital de 142 720 € Siège social 95, rue du Faubourg-Saint-Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.com

Édito

Inspiration nature

S

«

i l’on veut s’inscrire dans une démarche biomimétique, il faut vivre nu dans les champs, les forêts », m’a confié Yvan Saint-Jours cet été, dans un élan lexical dont il a seul le secret. « Tu vois, la plus grosse erreur d’Homo sapiens, c’est d’être passé de chasseur-cueilleur nomade à cultivateur-éleveur. Depuis, tout n’est que possession et l’avoir a supplanté l’être. Retrouvons ce mode de vie, si l’on veut sauver l’humanité. On est allés trop loin. Alors, copions la nature, mais vraiment ! T’as déjà vu une sauterelle en robe de soirée ou un têtard en costume ? » Comme nous n’avons pas l’intention de nous appeler Nu magazine, nous n’allons pas vous inviter à tomber la robe et le costume tout de suite. Pourtant, le panorama sociétal et environnemental, après cet été tourmenté, nous indique que le mur approche et que nous continuons d’accélérer, pour paraphraser Edgar Morin. Alors, pour accompagner davantage le changement de société auquel nous aspirons, nous avons décidé de vous offrir quatre pages supplémentaires, dès ce numéro, sans augmenter nos tarifs. Car si le mur approche, les initiatives pour l’éviter se multiplient aussi. Face aux forces mortifères, nous voulons valoriser les énergies de vie. Se reconnecter à la, à notre nature, est sans doute un premier pas. C’est le principe du biomimétisme, que nous explorons dans le dossier de ce numéro. Sans pour autant vivre nu, peut-être pouvons-nous vivre un peu plus en symbiose avec la nature. La voie est à la fois courte et longue. Passer du « tout cerveau » au « tout naturel », ça s’apprend, question d’éducation ! C’est ce que proposent, par exemple, Céline Alvarez, les Mooc et la ME3C. Autant de points de vue, d’outils, à lire dans ce numéro, pour envisager une autre manière d’être au monde. Sur la terrasse où je rédige ces lignes, le vent souffle dans les arbres. Le souffle, voilà ce dont nous avons besoin, pour nous élever au-dessus du mur. Alors, en ce mois de septembre, courez dans la forêt, dans les champs, inspirez, soufflez : la vie est un souffle à entretenir. Pascal Greboval Rédacteur en chef

Kaizen, késako ? Kaizen est un mot japonais signifiant littéralement « changement bon ». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un deuxième puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.

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Dans la boîte aux lettres de Kaizen

ELLES-ILS PENSENT DEMAIN

ELLES-ILS FONT LEUR PART

JE SUIS LE CHANGEMENT

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34 Dossier

68 Je vais bien, le monde va mieux La sauge

Rencontre Céline Alvarez Transformons l’école

13 Les pièces du puzzle Le vinaigre, à utiliser sans modération ?

17 Portfolio

72 Do It Yourself Farines, fécules et flocons en cosmétique 76 Nos bonnes adresses La Rochelle Habitez Saint-Cyr-en-Arthies, Le biomimétisme : la nature comme mentor et modèle de durabilité

Laurent Baheux : dans les traces des éléphants d’Afrique 26 Créateurs de culture Les Mooc : une salle de classe ouverte sur le monde 30 La voie du Kaizen Florence Servan-Schreiber 32 Une nouvelle Le Message du serpent de Claire Gratias

50 Portraits Auxiliaires de vie scolaire : ils apportent aide et tendresse aux élèves en situation de handicap 52 Vent d’ailleurs À Rome, un restaurant où la cuisine est sociale 57 Politisons ! par Cyril Dion

58 Et si on le faisait ensemble ? V’île fertile, un maraîchage urbain « dont vous êtes le héros » 63 Goût de l'enfance La méthode éducative 3C : des enfants heureux qui réussissent

l’éco-hameau du vexin français ? Concevez votre maison et définissez les espaces mis en commun. Partagez vos passions, mutualisez vos savoirs-faire.

Le rosé des prés 87 Le sourire d’Yvan Saint-Jours

Pour en89savoir plus : Les rendez-vous Kaizen

67 Écologie intérieure par Gilles Farcet 4 • kaizen • numéro 28

80 Cuisine

ET SI VOUS HABITIEZ

92 Paroles de Colibris 94 La chronique de Pierre Rabhi

VOUS RÊVEZ D’UN HABITAT ÉCOLOGIQUE ET PARTICIPATIF, A LA CAMPAGNE TOUT EN ÉTANT PROCHE DE PARIS ?

Rejoignez les familles déjà engagées. Encore quelques places disponibles.

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Rencontre

Céline Alvarez Transformons l’école Pendant trois ans, Céline Alvarez a porté un projet de classe unique dans la maternelle d’un établissement classé REP (Réseau d'éducation prioritaire) et plan violence à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Son expérience visait à montrer, grâce à un suivi scientifique1 des progrès des enfants, qu'une proposition pédagogique basée sur les mécanismes naturels d'apprentissage leur serait hautement bénéfique. Entretien avec une passionnée de l’éducation. Entretien réalisé par Pascal Greboval. À retrouver en intégralité sur www.kaizen-magazine.com/celine-alvarez-transformons-l-education

© Aï Barreyre

Pascal greboval Pourquoi avez-vous décidé de mener une telle expérience ? Céline Alvarez J'étais indignée par les chiffres alarmants de l'échec scolaire. Il faut savoir que, chaque année, 40 % de nos enfants sortent du CM2 avec des acquis fragiles ou insuffisants en mathématiques et en lecture. Les rapports de 2007 et de 2012 du Haut Conseil de l'éducation précisent que ces lacunes empêcheront les enfants de poursuivre une scolarité normale au collège. J'ai toujours été convaincue que l'école nous imposait un fonctionnement inadapté, contraire à nos « lois » d'apprentissage et d'épanouissement, mais ce chiffre fut un déclencheur. Après mes études de linguistique, il m'a décidée à infiltrer le système en passant le concours d'enseignante, et à obtenir carte blanche dans une maternelle où les trois sections étaient mélangées pour « voir » ce que donnerait un environnement de classe plus respectueux des mécanismes naturels d'apprentissage. Les enfants seraient-ils encore autant en difficulté ? Avant de mener cette expérience, j'ai étudié longuement la recherche cognitive, les neurosciences sociales et affectives, la linguistique, ainsi que les travaux de Maria Montessori.

Qu'est-ce que cela vous a appris sur le fonctionnement des enfants ? Une chose merveilleuse : que ce dont ils ont besoin pour apprendre et s'épanouir est d'une simplicité insolente. Encore mieux : nous savons déjà intuitivement ce qui leur est nécessaire. C'est tout l'objet de mon livre 2, inviter tout un chacun à se faire confiance en montrant que nos intuitions sont scientifiquement validées : oui, le jeune être humain possède une intelligence plastique extraordinaire et doit pouvoir bénéficier d'un environnement riche et de qualité ; il apprend en réalisant les expériences qui le motivent, dans un cadre bienveillant, soutenant et encourageant, au sein duquel il ne se sent pas jugé, et où il peut interagir avec des enfants plus jeunes et plus âgés. Ces quelques principes – environnement riche, autonomie, bienveillance et diversité sociale – sont en quelque sorte des lois non négociables de développement. Ils devraient devenir le dénominateur commun de toute initiative pédagogique. La grande révolution de l'éducation aura lieu lorsque nous appliquerons massivement ce que nous savons déjà intuitivement. kaizen • septembre-octobre 2016 • 9


Rencontre

Céline Alvarez Transformons l’école Pendant trois ans, Céline Alvarez a porté un projet de classe unique dans la maternelle d’un établissement classé REP (Réseau d'éducation prioritaire) et plan violence à Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Son expérience visait à montrer, grâce à un suivi scientifique1 des progrès des enfants, qu'une proposition pédagogique basée sur les mécanismes naturels d'apprentissage leur serait hautement bénéfique. Entretien avec une passionnée de l’éducation. Entretien réalisé par Pascal Greboval. À retrouver en intégralité sur www.kaizen-magazine.com/celine-alvarez-transformons-l-education

© Aï Barreyre

Pascal greboval Pourquoi avez-vous décidé de mener une telle expérience ? Céline Alvarez J'étais indignée par les chiffres alarmants de l'échec scolaire. Il faut savoir que, chaque année, 40 % de nos enfants sortent du CM2 avec des acquis fragiles ou insuffisants en mathématiques et en lecture. Les rapports de 2007 et de 2012 du Haut Conseil de l'éducation précisent que ces lacunes empêcheront les enfants de poursuivre une scolarité normale au collège. J'ai toujours été convaincue que l'école nous imposait un fonctionnement inadapté, contraire à nos « lois » d'apprentissage et d'épanouissement, mais ce chiffre fut un déclencheur. Après mes études de linguistique, il m'a décidée à infiltrer le système en passant le concours d'enseignante, et à obtenir carte blanche dans une maternelle où les trois sections étaient mélangées pour « voir » ce que donnerait un environnement de classe plus respectueux des mécanismes naturels d'apprentissage. Les enfants seraient-ils encore autant en difficulté ? Avant de mener cette expérience, j'ai étudié longuement la recherche cognitive, les neurosciences sociales et affectives, la linguistique, ainsi que les travaux de Maria Montessori.

Qu'est-ce que cela vous a appris sur le fonctionnement des enfants ? Une chose merveilleuse : que ce dont ils ont besoin pour apprendre et s'épanouir est d'une simplicité insolente. Encore mieux : nous savons déjà intuitivement ce qui leur est nécessaire. C'est tout l'objet de mon livre 2, inviter tout un chacun à se faire confiance en montrant que nos intuitions sont scientifiquement validées : oui, le jeune être humain possède une intelligence plastique extraordinaire et doit pouvoir bénéficier d'un environnement riche et de qualité ; il apprend en réalisant les expériences qui le motivent, dans un cadre bienveillant, soutenant et encourageant, au sein duquel il ne se sent pas jugé, et où il peut interagir avec des enfants plus jeunes et plus âgés. Ces quelques principes – environnement riche, autonomie, bienveillance et diversité sociale – sont en quelque sorte des lois non négociables de développement. Ils devraient devenir le dénominateur commun de toute initiative pédagogique. La grande révolution de l'éducation aura lieu lorsque nous appliquerons massivement ce que nous savons déjà intuitivement. kaizen • septembre-octobre 2016 • 9


Dossier

Le biomimétisme La nature comme mentor et modèle de durabilité S’inspirer de ce que la nature fait de mieux depuis plus de 3,8 milliards d’années, telle est la belle ambition du biomimétisme. Une approche révolutionnaire scientifique, technique, mais aussi philosophique, qui cherche à comprendre et imiter les « savoir-vivre » inventés par les autres espèces pour les adapter au service des savoir-faire humains, depuis l’industrie jusqu’à l’architecture, en passant par l’organisation de nos villes… Entrons dans l’univers passionnant d’une démarche qui nous reconnecte à l’intelligence de la nature ! Dossier réalisé par Delphine Evesque,

© François Gilson/Biosphoto

Tarik Chekchak et Pascal Greboval

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Dossier

Le biomimétisme La nature comme mentor et modèle de durabilité S’inspirer de ce que la nature fait de mieux depuis plus de 3,8 milliards d’années, telle est la belle ambition du biomimétisme. Une approche révolutionnaire scientifique, technique, mais aussi philosophique, qui cherche à comprendre et imiter les « savoir-vivre » inventés par les autres espèces pour les adapter au service des savoir-faire humains, depuis l’industrie jusqu’à l’architecture, en passant par l’organisation de nos villes… Entrons dans l’univers passionnant d’une démarche qui nous reconnecte à l’intelligence de la nature ! Dossier réalisé par Delphine Evesque,

© François Gilson/Biosphoto

Tarik Chekchak et Pascal Greboval

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Dossier

À l’éco-hack lab La Paillasse Saône, les idées de projets biomimétiques fusent !

Le biomimétisme : l’intelligence collective en action La démarche biomimétique invite à une approche systémique des méthodes de travail. Dans de nouveaux espaces, aux noms qui peuvent faire fuir certains – fab labs, hack labs, summer camps –, des femmes et des hommes œuvrent de manière collaborative pour créer un nouvel horizon. Rencontre avec ces agitateurs du futur. «

T

out a commencé en 2013 dans un garage, à quatre, cinq amis », témoigne Xavier Coadic, cofondateur du fab lab – « laboratoire de fabrication » – Le Biome, à Rennes. « Nous étions amis, mais de formations différentes : philosophie, biologie et design. La raréfaction du capital naturel nous a rassemblés pour cogiter autour de projets qui puissent préserver la biodiversité. » Le petit groupe commence alors par écrire un manifeste, avec des propositions qui conjuguent deux axes : le droit à la liberté du vivant et sa protection d’une part, la transmission et l’enrichissement mutuel des connaissances disponibles sur Internet d’autre part, en travaillant sous licence libre. « Il n’y a pas de 40 • kaizen • numéro 28

brevet qui privatise le travail d’une coccinelle ou d’une araignée », assène le trentenaire breton. Car, pour lui et ses amis, le numérique est au cœur des enjeux de demain : « Aujourd’hui, nous sommes à un moment charnière : il faut coder ou être codé. Le logiciel dévore le monde. Il faut que les usagers s’approprient les savoirs. » Dans son texte fondateur, Le Biome affiche une double volonté : communiquer sur la puissance du biomimétisme, pour inviter le plus grand nombre à entreprendre hors des sentiers battus, et démonter les mécanismes qui mènent à la peur. Car c'est elle qui fige les conceptions erronées et qui a toujours été l'ennemi des avancées sociales et sociétales.

biomimétisme, « la vocation de La Paillasse Saône est d’être à la fois un tiers-lieu open source de l’innovation citoyenne et un pré-incubateur de projets bio-inspirés ». De fait, avec ses 750 m 2, La Paillasse a la possibilité de proposer un laboratoire communautaire ouvert et gratuit, un fab lab et un espace de coworking. Derrière cet objectif, il y a aussi la volonté de construire un modèle économique pérenne  : une partie des fonds sont réinjectés dans la communauté et ses différents laboratoires. Bien que le fondateur, Rieul Techer, explique qu’il faille sortir d’une vision « science de garage » et « bidouille gadget » qui colle à la peau de ce type d’initiatives, ici, c’est récup’ de matériaux et do it yourself à tous les étages, mais avec des projets pour autant très sérieux, comme un système d’agriculture en aquaponie. Dans un assemblage de bacs et de tubes, les déjections des poissons rouges créent un engrais naturel. L’eau des poissons, par un circuit fermé, alimente les plantes, qui filtrent l’eau, qui rejoint le milieu de vie des poissons. Mais, comme à Rennes, open source et mutualisation sont au cœur du projet car, selon Rieul Techer, « il n’y a pas de monopole des grandes idées ». n

Mais pas question pour ces défricheurs de rester dans le verbe : leur moteur, c’est l’action. Parmi les divers projets sur lesquels ils travaillent, deux peuvent permettre de comprendre leur démarche : la transformation de sève de pissenlit locale en un latex non allergène et sans pétrole pour produire des préservatifs, des gants d'examen médicaux ou des pneus ; et le développement d’un abri à hautes performances environnementales pour les réfugiés en zones arides. Cet abri est inspiré de l’étude de l'exosquelette du scorpion, car ce dernier résiste à des conditions extrêmes : hautes températures, abrasion par le sable, vent fort... « Mais notre plus grande satisfaction est notre modèle de gouvernance : un système distribué qui favorise la multiplicité des interactions bienveillantes dans un écosystème, ce qu’on peut résumer par la symbiose. Nous apprenons en marchant », développe Xavier Coadic. En effet, Le Biome fonctionne collectivement depuis mai 2014 en regroupant différents statuts : autoentrepreneurs, étudiants et associations. Réciprocité, intelligence collective et confiance ont permis de créer presque trois équivalents temps plein. En parallèle, 14 personnes sont très actives dans le fab lab et près de 75 autres, âgées de 19 à 57 ans, aux profils très différents, collaborent hors les murs, dans le monde entier, aux divers projets portés par Le Biome. Une aventure humaine à laquelle tout le monde peut contribuer pour relever les défis sociétaux qui nous attendent. Le succès est tel qu’après trois ans de nomadisme, Le Biome travaille à la création d’un espace de vie permanent, une sorte de hack lab, un lieu où des gens avec un intérêt commun collaborent, libre et indépendant pour le prototypage de projets autour du biomimétisme.

Partager les idées Un peu plus au sud, à Lyon, se trouve une maison atypique, le Myne (Manufacture des idées et des nouvelles expérimentations, avec un Y qui représente l’ensemble des « fourches », ou nouveaux logiciels, qui s’y produisent). Bienvenue à La Paillasse Saône, un « éco-hack lab » qui a pour objet de faciliter l’innovation sociale et citoyenne et les modes de vie durables. Les projets qui s’y développent sont aussi importants que la communauté. Petite sœur de La Paillasse Paris, pionnière des bio hack labs, La Paillasse Saône partage la même philosophie : fluidifier les collaborations. Le but est d’accompagner des projets qui peuvent se transformer en entreprises. Pour Charlotte Rizzo, membre spécialisée en

© Michel Gunther/Biosphoto

© LPS Myne

Du scorpion à la symbiose

La solidité de l'exosquelette du scorpion a inspiré aux membres du Biome un abri à hautes performances environnementales pour les réfugiés en zones arides.

POUR ALLER PLUS LOIN lebiomefablab.wix.com/lebiome lapaillassaone.wordpress.co

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Dossier

Arbres sauveurs : le biomimétisme au service de la reforestation

Le biomimétisme : la nature comme mentor et modèle de durabilité

Daniel Rodary est biologiste et maraîcher. Il mène pour Biomimicry Europa un projet de reforestation et d’agroforesterie biomimétique à Haïti.

« Tout est parti de la découverte, par Eric Verrecchia, de l’université de Lausanne, des arbres oxalogènes, c’est-à-dire ayant la capacité de fixer du carbone dans leur sous-sol sous forme de concrétions calcaires. Ces arbres incroyables ont la capacité d’extraire du carbone de l’atmosphère et de l’injecter dans le cycle géologique où il restera séquestré pour 10 000 à 100 000 ans ! Ce calcaire augmente la qualité des sols acides, très fréquents sous les tropiques, en faisant remonter leur pH. Quand nous avons découvert que, en plus d’être le

Les écosystèmes comme modèles Dans une forêt tropicale ou un récif de corail, pas de patron ou d’ingénieur en chef. Et pourtant, quelles « créations de valeurs » à tous les étages ! C’est le jeu de la diversité qui produit de l’abondance. Comme l’a écrit Janine Benyus dans son livre de référence, « la vie crée et entretient des conditions propices à la vie » et, lorsqu’on intègre les principes de diversité et une approche écosystèmique en agriculture, les résultats sont épatants !

© ???????

Dans les forêts, le rôle de la mycorhize, ce réseau symbiotique entre le mycélium des champignons et les radicelles des arbres, est fascinant. L’arbre fournit les sucres produits par la photosynthèse et, en contrepartie, le champignon apporte de l’azote et du phosphore et, surtout, augmente considérablement la surface d’échange dans le sol. Plus impressionnant, il y a échange de sucres entre les arbres via les réseaux de mycélium, par exemple d’un plus grand vers un plus petit 1, et même entre espèces différentes ! Comme le dit Gauthier Chapelle dans son livre, « c’est un peu comme si la forêt avait inventé la sécurité sociale et les allocations familiales ».

arbressauveurs.wordpress.com

Passer d’une organisation conventionnelle à une organisation hybride permet l’auto-organisation. (Source : d’après Hutchins.)

© Florent Cardinaux/Biosphoto

L

a plupart des manuels de biologie mettent l’accent sur la compétition pour expliquer les performances du vivant. Les chercheurs ont, depuis la fin du xixe siècle, découvert que ce sont la symbiose et la coopération qui sont à l'origine de l’efficacité des écosystèmes. Ainsi, David Tilman, de l’université du Minnesota, a mis en évidence le rôle fondamental de la diversité dans les prairies. À partir de 1982, il a mesuré la productivité de 207 parcelles, en comparant des parcelles monospécifiques avec d’autres contenant plusieurs espèces. En 1988, à la suite d’une très grave sécheresse, Tilman constate que des parcelles ont spectaculairement résisté : les plus riches en biodiversité ont conservé une productivité six fois plus importante !

meilleur “candidat oxalogène” en Amérique latine ou en Inde, le noyer Maya produisait des noix hautement nutritives, faciles à sécher et à conserver, nous en avons conclu que nous avions plusieurs “boucles” positives à mettre en place : reforestation du milieu, stockage durable du carbone, amélioration des sols, cultures vivrières sous les arbres, arbres produisant une nourriture pérenne... Un ensemble de bénéfices impressionnant, d’où le nom du projet : Arbres sauveurs. »

Pas de patron dans un écosystème

Un outil au service d’une transition écologique humaniste

Observer les écosystèmes naturels présente un intérêt décuplé pour repenser le fonctionnement des organisations humaines. Dans son livre Reinventing Organizations 2, Frédéric Laloux décrypte des entreprises fonctionnant sur des principes proches des systèmes vivants. Elles semblent favoriser l’auto-organisation, prendre en compte les individus dans toutes leurs facettes, avoir une raison d’être évolutive en se mettant à l’écoute de ce que la structure cherche à devenir. Favi, fonderie picarde de 400 collaborateurs, a évolué dans les années 1980 vers un fonctionnement auto-organisé sans système hiérarchique. Pour redonner de l’autonomie aux ouvriers, l’entreprise est structurée en 21 équipes autonomes, des « mini-usines » de 10 à 40 personnes, chacune dédiée à un client ou à une mission transversale, comme la maintenance. À la tête de chaque équipe, pas de chefs, mais des ouvriers cooptés par leurs collègues. L’organisation ne repose plus sur des postes à occuper, mais plutôt sur des rôles à remplir, ce qui se rapproche des différentes fonctions à assurer pour qu’un écosystème existe – par exemple les plantes, les herbivores, les carnivores, les décomposeurs, etc. L’autogestion, mise en place avec intelligence, génère ainsi de jolis gains de productivité chez Favi : 3 % par an depuis trente ans.

Le biomimétisme est un outil permettant d’accélérer la transition écologique, mais, pour éviter les dérives, il se doit de respecter aussi un cahier des charges humaniste. Si l’organisation décentralisée d’une fourmilière peut être fascinante à imiter pour stimuler des processus collaboratifs, il n’est pas certain que le modèle soit pertinent pour structurer un groupe social avec une reine, des ouvrières et des soldats… Nous partageons avec toutes les espèces un espace commun, et il est crucial d’en comprendre les règles écologiques de copropriété, au risque de faire s’effondrer la « maison commune ». S’inspirer des recettes de durabilité issues de l’évolution et respecter notre interdépendance est, et doit rester, au cœur du biomimétisme. n Suzanne Simard et al., «  Net transfer of carbon between ectomycorrhizal tree species in the field », Nature, 1997 2 Reinventing Organizations, Vers des communautés de travail inspirées, éditions Diateino, 2015 1

POUR ALLER PLUS LOIN - www.favi.com

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nitié dans les années 1990, le projet a été imaginé par la communauté catholique de Sant’Egidio qui, depuis la fin des années 1960, soutient les personnes handicapées mentales. « Pour la plupart, leur handicap leur rend l’accès à l’emploi difficile, car ils quittent l’école sans aucune formation, explique Giuseppe Di Pompeo, responsable de la Trattoria de gli amici. En 1991, nous avons créé une coopérative et ouvert un petit local baptisé Pane, amore e fantasia – « Pain, amour et fantaisie » –, où l’on proposait salades et paninis. Nous avons embauché quatre personnes handicapées qui se sont pleinement investies, et leur vie a complètement changé. » En 1998, fort de son succès, le petit restaurant est devenu grand. Aujourd’hui, la salle de la Trattoria de gli amici peut accueillir plus d’une centaine de clients en même temps. Une véritable entreprise qui emploie vingt personnes, dont treize sont handicapées, sans compter la vingtaine de bénévoles qui mettent régulièrement la main à la pâte pour la gestion, le service ou la cuisine. « C’est ce mélange qui donne de l’âme au lieu », souligne Giuseppe. Si la région du Latium et des sponsors privés comme Birra Peroni ont permis le démarrage du projet, ce dernier s’autofinance depuis huit ans, avec un chiffre d’affaires d’ 1,2 million d’euros par an.

Vent d’ailleurs

À Rome, un restaurant

où la

cuisine est sociale

Ils s’appellent Maurizio, Fabrizio, Angela, Gianluca… Ils ont entre 23 et 52 ans et ont en commun de souffrir d’un handicap mental. C’est à la Trattoria de gli amici – « la trattoria des amis » –, un restaurant situé sur une charmante place du quartier du Trastevere, à Rome, qu’ils ont trouvé plus qu’un emploi : une reconnaissance. Texte et photos : Frédérique Basset

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Tous amis ! En cuisine, Angela Massa lave les salades à grande eau. Quand approche l’heure du déjeuner, elle file en salle pour le service. « J’étais aide-soignante dans une clinique avant de venir travailler à la Trattoria en 2004. Je ne céderais ma place pour rien au monde ! » Quand on lui demande pourquoi, la réponse ne se fait pas attendre : « Parce qu’ici, on est tous amis ! » Tous amis, c’est bien là le secret de ce restaurant. Les tee-shirts que portent les employés en témoignent. Au verso, trois mots sont imprimés : « Intelligent, apte, capable ? » Au recto, un seul : « Ami » ! « Ces vêtements reflètent notre philosophie, précise Paola Scarcella, professeur de médecine à l’université de Rome Tor Vergata et responsable de la formation des employés handicapés à la Trattoria. Nous ne croyons pas à un monde divisé en deux. Le restaurant est une réponse concrète à l’insertion professionnelle des personnes handicapées mentales. On a tendance à penser que celles-ci sont moins productives. Notre expérience prouve le contraire. Ce n’est pas un hasard si nombre de clients reviennent régulièrement. Il est temps que les mentalités changent : employer une personne handicapée est un plus, pas un moins. »

Le message est clair : tout le monde a des capacités, il suffit de les faire émerger. Et pour les mettre en valeur, des formations sont organisées avant l’embauche. Une formation théorique – histoire de la restauration, droit du travail et hygiène – et une formation pratique dispensée par des consultants extérieurs – mise en place des tables, découpe du fromage, service du vin, etc.

Des vins solidaires Les vins, c’est le domaine de Maurizio Valentini. Ce sommelier de 52 ans, qui a été l’un des premiers salariés en 1992, a une mémoire phénoménale. Lui qui ne trouvait pas de travail à cause de son handicap est aujourd’hui un professionnel dont les compétences œnologiques sont reconnues. Très méthodique, il a appris les vins tout seul dans les livres et sur Internet. « En discutant avec les gens, je sais ce qui va leur plaire. Au début, je me suis intéressé aux vins par curiosité, puis, au fur et à mesure, c’est devenu une passion. J’ai encore beaucoup à apprendre, je veux me surpasser ! » À la Trattoria de gli amici, la solidarité s’affiche même sur les murs. Les tableaux, abstraits ou figuratifs, ont tous été réalisés par des personnes handicapées qui fréquentent l’une des huit écoles de dessin de la communauté de Sant’Egidio. « En général, on pense que les handicapés mentaux sont stupides, déplore Giuseppe, alors que, derrière un handicap, il y a souvent une pensée profonde. Pas plus que le travail n’est une thérapie pour les employés du restaurant – même s’il est bénéfique –, l’art n’en est Grâce à sa mémoire phénoménale, Maurizio Valentini est devenu un œnologue professionnel aux compétences reconnues.

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I

nitié dans les années 1990, le projet a été imaginé par la communauté catholique de Sant’Egidio qui, depuis la fin des années 1960, soutient les personnes handicapées mentales. « Pour la plupart, leur handicap leur rend l’accès à l’emploi difficile, car ils quittent l’école sans aucune formation, explique Giuseppe Di Pompeo, responsable de la Trattoria de gli amici. En 1991, nous avons créé une coopérative et ouvert un petit local baptisé Pane, amore e fantasia – « Pain, amour et fantaisie » –, où l’on proposait salades et paninis. Nous avons embauché quatre personnes handicapées qui se sont pleinement investies, et leur vie a complètement changé. » En 1998, fort de son succès, le petit restaurant est devenu grand. Aujourd’hui, la salle de la Trattoria de gli amici peut accueillir plus d’une centaine de clients en même temps. Une véritable entreprise qui emploie vingt personnes, dont treize sont handicapées, sans compter la vingtaine de bénévoles qui mettent régulièrement la main à la pâte pour la gestion, le service ou la cuisine. « C’est ce mélange qui donne de l’âme au lieu », souligne Giuseppe. Si la région du Latium et des sponsors privés comme Birra Peroni ont permis le démarrage du projet, ce dernier s’autofinance depuis huit ans, avec un chiffre d’affaires d’ 1,2 million d’euros par an.

Vent d’ailleurs

À Rome, un restaurant

où la

cuisine est sociale

Ils s’appellent Maurizio, Fabrizio, Angela, Gianluca… Ils ont entre 23 et 52 ans et ont en commun de souffrir d’un handicap mental. C’est à la Trattoria de gli amici – « la trattoria des amis » –, un restaurant situé sur une charmante place du quartier du Trastevere, à Rome, qu’ils ont trouvé plus qu’un emploi : une reconnaissance. Texte et photos : Frédérique Basset

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Tous amis ! En cuisine, Angela Massa lave les salades à grande eau. Quand approche l’heure du déjeuner, elle file en salle pour le service. « J’étais aide-soignante dans une clinique avant de venir travailler à la Trattoria en 2004. Je ne céderais ma place pour rien au monde ! » Quand on lui demande pourquoi, la réponse ne se fait pas attendre : « Parce qu’ici, on est tous amis ! » Tous amis, c’est bien là le secret de ce restaurant. Les tee-shirts que portent les employés en témoignent. Au verso, trois mots sont imprimés : « Intelligent, apte, capable ? » Au recto, un seul : « Ami » ! « Ces vêtements reflètent notre philosophie, précise Paola Scarcella, professeur de médecine à l’université de Rome Tor Vergata et responsable de la formation des employés handicapés à la Trattoria. Nous ne croyons pas à un monde divisé en deux. Le restaurant est une réponse concrète à l’insertion professionnelle des personnes handicapées mentales. On a tendance à penser que celles-ci sont moins productives. Notre expérience prouve le contraire. Ce n’est pas un hasard si nombre de clients reviennent régulièrement. Il est temps que les mentalités changent : employer une personne handicapée est un plus, pas un moins. »

Le message est clair : tout le monde a des capacités, il suffit de les faire émerger. Et pour les mettre en valeur, des formations sont organisées avant l’embauche. Une formation théorique – histoire de la restauration, droit du travail et hygiène – et une formation pratique dispensée par des consultants extérieurs – mise en place des tables, découpe du fromage, service du vin, etc.

Des vins solidaires Les vins, c’est le domaine de Maurizio Valentini. Ce sommelier de 52 ans, qui a été l’un des premiers salariés en 1992, a une mémoire phénoménale. Lui qui ne trouvait pas de travail à cause de son handicap est aujourd’hui un professionnel dont les compétences œnologiques sont reconnues. Très méthodique, il a appris les vins tout seul dans les livres et sur Internet. « En discutant avec les gens, je sais ce qui va leur plaire. Au début, je me suis intéressé aux vins par curiosité, puis, au fur et à mesure, c’est devenu une passion. J’ai encore beaucoup à apprendre, je veux me surpasser ! » À la Trattoria de gli amici, la solidarité s’affiche même sur les murs. Les tableaux, abstraits ou figuratifs, ont tous été réalisés par des personnes handicapées qui fréquentent l’une des huit écoles de dessin de la communauté de Sant’Egidio. « En général, on pense que les handicapés mentaux sont stupides, déplore Giuseppe, alors que, derrière un handicap, il y a souvent une pensée profonde. Pas plus que le travail n’est une thérapie pour les employés du restaurant – même s’il est bénéfique –, l’art n’en est Grâce à sa mémoire phénoménale, Maurizio Valentini est devenu un œnologue professionnel aux compétences reconnues.

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La parcelle de légumes croquants – salades, blettes, radis, poireaux, carottes… – s’étend sur 600 m2, à laquelle s’ajoute une serre de 160 m2 qui abrite des tomates plantées dans des seaux en plastique récupérés auprès de la restauration collective.

Un maraîchage urbain participatif

Et si on le faisait ensemble ?

V’île fertile, un maraîchage urbain « dont vous êtes le héros » Produire une alimentation durable et valoriser les déchets organiques, telle est l’ambition de V’île fertile. Cette association maraîchère participative est implantée, depuis 2013, à Paris, dans le bois de Vincennes. Ses « héros » sont tous des urbains. Texte : Aude Raux • Photos : Éléonore Henry de Frahan

D

ans un potager abrité par un rideau d’arbres centenaires du bois de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement de Paris, des citadins se reconnectent à la terre nourricière. Sous la houlette de V’île fertile, une association maraîchère participative, ils se retrouvent bénévolement pour préparer le sol, réaliser du compost, semer, arroser, désherber

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et récolter. « Aucun n’a suivi de formation agricole en bio-intensif [conjugaison de différentes techniques, telles l’agroécologie et la permaculture, visant à produire une alimentation complète sur une petite surface], précise Raphaël Luce, l’un des fondateurs. L’objectif est d’apprendre et de faire ensemble : c’est plus rigolo et puis, tout seul, ce serait impossible. »

En 2013, Raphaël Luce entend parler de l’appel à projets Végétalisation innovante. L’initiative, lancée par la mairie de Paris, vise à promouvoir la biodiversité, l’agriculture urbaine et l’adaptation des villes au changement climatique. Épaulé par deux amis, Raphaël soumet l’idée d’un maraîchage urbain avec vente en direct au détail de légumes bio. Leur projet est sélectionné. Reste à trouver des terres fertiles. Justement, niché aux confins du bois de Vincennes, à 5 minutes à pied du RER A – arrêt Nogent-sur-Marne – se déploie l’incroyable Jardin d’agronomie tropicale, anciennement jardin René-Dumont, du nom de cet agronome engagé dans l’écologie. Cet espace vert a été créé quelques années avant l’Exposition coloniale de 1907. Un siècle plus tard, passée une porte à remonter le temps – d’inspiration chinoise, à la peinture rouge écaillée – on peut encore y voir les ruines d’un pavillon congolais, un pont khmer ou une serre exotique, vestiges du passé colonial de la France. C’est au cœur de ce jardin que V’île fertile est implantée. « Quand la division du bois de Vincennes [qui dépend de la direction des parcs, jardins et espaces verts de la mairie de Paris] nous a fait visiter ce terrain en friche de 1 100 m2 avec sa maison de jardinier, pour le mettre à notre disposition, on a eu un véritable coup de cœur », raconte Raphaël Luce.

indiqué dans la charte de V’île fertile. Puisque tout intrant chimique est banni, les membres de l’association font leur propre compost afin de nourrir le sol avec un engrais naturel riche en matières organiques. Le fait d’être dans le bois de Vincennes leur permet de se fournir en déchets de tonte et en broyat de bois et de concocter du purin d’ortie. Grâce à la proximité de la ville de Nogent-sur-Marne, ils peuvent facilement récupérer les invendus du marché dans un chariot à bras, soit 40 à 50 kilos de déchets organiques par semaine. Autre provenance : le fumier du centre équestre de Joinville-le-Pont. Si ces nouveaux jardiniers expérimentent la rotation des cultures et l’association des plantes, cela ne les empêche pas de commettre des erreurs de débutant, comme de repiquer les courgettes tous les 30 cm au lieu d’un mètre !

Renouer avec la tradition maraîchère francilienne Les membres de V’île fertile s’inspirent du maraîchage bio-intensif, qui consiste notamment à enrichir le sol en humus afin d’intensifier la production sur une petite surface. Ils puisent aussi dans les recherches en agriculture urbaine et les pratiques des maraîchers qui, jusqu’à la fin du xixe siècle, encerclaient la capitale d’une ceinture verte. « C’est une aventure de pionniers, constate Élodie Mourier, 26 ans, adhérente et assistante monteuse de profession. Quand on a débarqué ici, la parcelle était en friche, il pleuvait dans la serre et on a trouvé un renard mort dans la cave de la maison de jardinier.

Culture en bio-intensif En parallèle à sa candidature à l’appel à projets, l’équipe de V’île fertile avait lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme ­KissKissBankBank. Presque 6 000 euros avaient été récoltés, principalement pour acheter du matériel, en plusieurs exemplaires étant donné la dimension collaborative. Question main-d’œuvre, les trois amis parviennent à fédérer pas moins de 170 adhérents la première année. Des femmes et des hommes, d’une trentaine d’années en moyenne, habitant Paris et la proche banlieue. Mais, très vite, ce nombre fond à une soixantaine, dont une quinzaine de personnes très actives. Pas de quoi décourager cependant le noyau dur de l’association pour « passer du jardin d’agrément à la production maraîchère urbaine, du flâneur-cueilleur au glaneur-cultivateur », comme

Ici, on apprend à jardiner, mais à jardiner ensemble.

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La parcelle de légumes croquants – salades, blettes, radis, poireaux, carottes… – s’étend sur 600 m2, à laquelle s’ajoute une serre de 160 m2 qui abrite des tomates plantées dans des seaux en plastique récupérés auprès de la restauration collective.

Un maraîchage urbain participatif

Et si on le faisait ensemble ?

V’île fertile, un maraîchage urbain « dont vous êtes le héros » Produire une alimentation durable et valoriser les déchets organiques, telle est l’ambition de V’île fertile. Cette association maraîchère participative est implantée, depuis 2013, à Paris, dans le bois de Vincennes. Ses « héros » sont tous des urbains. Texte : Aude Raux • Photos : Éléonore Henry de Frahan

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ans un potager abrité par un rideau d’arbres centenaires du bois de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement de Paris, des citadins se reconnectent à la terre nourricière. Sous la houlette de V’île fertile, une association maraîchère participative, ils se retrouvent bénévolement pour préparer le sol, réaliser du compost, semer, arroser, désherber

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et récolter. « Aucun n’a suivi de formation agricole en bio-intensif [conjugaison de différentes techniques, telles l’agroécologie et la permaculture, visant à produire une alimentation complète sur une petite surface], précise Raphaël Luce, l’un des fondateurs. L’objectif est d’apprendre et de faire ensemble : c’est plus rigolo et puis, tout seul, ce serait impossible. »

En 2013, Raphaël Luce entend parler de l’appel à projets Végétalisation innovante. L’initiative, lancée par la mairie de Paris, vise à promouvoir la biodiversité, l’agriculture urbaine et l’adaptation des villes au changement climatique. Épaulé par deux amis, Raphaël soumet l’idée d’un maraîchage urbain avec vente en direct au détail de légumes bio. Leur projet est sélectionné. Reste à trouver des terres fertiles. Justement, niché aux confins du bois de Vincennes, à 5 minutes à pied du RER A – arrêt Nogent-sur-Marne – se déploie l’incroyable Jardin d’agronomie tropicale, anciennement jardin René-Dumont, du nom de cet agronome engagé dans l’écologie. Cet espace vert a été créé quelques années avant l’Exposition coloniale de 1907. Un siècle plus tard, passée une porte à remonter le temps – d’inspiration chinoise, à la peinture rouge écaillée – on peut encore y voir les ruines d’un pavillon congolais, un pont khmer ou une serre exotique, vestiges du passé colonial de la France. C’est au cœur de ce jardin que V’île fertile est implantée. « Quand la division du bois de Vincennes [qui dépend de la direction des parcs, jardins et espaces verts de la mairie de Paris] nous a fait visiter ce terrain en friche de 1 100 m2 avec sa maison de jardinier, pour le mettre à notre disposition, on a eu un véritable coup de cœur », raconte Raphaël Luce.

indiqué dans la charte de V’île fertile. Puisque tout intrant chimique est banni, les membres de l’association font leur propre compost afin de nourrir le sol avec un engrais naturel riche en matières organiques. Le fait d’être dans le bois de Vincennes leur permet de se fournir en déchets de tonte et en broyat de bois et de concocter du purin d’ortie. Grâce à la proximité de la ville de Nogent-sur-Marne, ils peuvent facilement récupérer les invendus du marché dans un chariot à bras, soit 40 à 50 kilos de déchets organiques par semaine. Autre provenance : le fumier du centre équestre de Joinville-le-Pont. Si ces nouveaux jardiniers expérimentent la rotation des cultures et l’association des plantes, cela ne les empêche pas de commettre des erreurs de débutant, comme de repiquer les courgettes tous les 30 cm au lieu d’un mètre !

Renouer avec la tradition maraîchère francilienne Les membres de V’île fertile s’inspirent du maraîchage bio-intensif, qui consiste notamment à enrichir le sol en humus afin d’intensifier la production sur une petite surface. Ils puisent aussi dans les recherches en agriculture urbaine et les pratiques des maraîchers qui, jusqu’à la fin du xixe siècle, encerclaient la capitale d’une ceinture verte. « C’est une aventure de pionniers, constate Élodie Mourier, 26 ans, adhérente et assistante monteuse de profession. Quand on a débarqué ici, la parcelle était en friche, il pleuvait dans la serre et on a trouvé un renard mort dans la cave de la maison de jardinier.

Culture en bio-intensif En parallèle à sa candidature à l’appel à projets, l’équipe de V’île fertile avait lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme ­KissKissBankBank. Presque 6 000 euros avaient été récoltés, principalement pour acheter du matériel, en plusieurs exemplaires étant donné la dimension collaborative. Question main-d’œuvre, les trois amis parviennent à fédérer pas moins de 170 adhérents la première année. Des femmes et des hommes, d’une trentaine d’années en moyenne, habitant Paris et la proche banlieue. Mais, très vite, ce nombre fond à une soixantaine, dont une quinzaine de personnes très actives. Pas de quoi décourager cependant le noyau dur de l’association pour « passer du jardin d’agrément à la production maraîchère urbaine, du flâneur-cueilleur au glaneur-cultivateur », comme

Ici, on apprend à jardiner, mais à jardiner ensemble.

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je change

« Nous avons des ruches nouvelles Faites d'un bois qui vous plaira ; La sauge les parfumera : Posez-vous, abeilles, mes belles ! »

Je vais bien, le monde va mieux

François Fabié, extrait du poème « Berger d’abeilles », 1920

Les plantes indispensables à votre santé

La sauge

Au début du xviie siècle, les Chinois échangeaient deux à trois caisses de thé contre une caisse de sauge venue d’Europe. Et ils avaient le sentiment d’avoir fait une bonne affaire, car ils considéraient la sauge comme une panacée, remplaçant à elle seule tout un cocktail de plantes médicinales. Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce et Amandine Geers

Son portrait La sauge officinale est une jolie plante veloutée, qui offre au printemps des hampes de fleurs violettes. Ses feuilles, d’un vert bleuté, sont portées par une plante herbacée devenant ligneuse en quelques années et donnant un air de garrigue au carré des simples. Lorsqu’on la froisse, elle libère un arôme puissant, caractéristique, voire quelque peu médicinal.

Ses propriétés Son nom latin Salvia – dérivé de salvus : « en bonne santé » – trahit son efficacité et sa polyvalence, car la sauge soigne tout ou presque. Cela s’explique par sa richesse en principes actifs variés : flavonoïdes anti-inflammatoires, terpènes antimicrobiens, cétones digestives, principes amers stimulant le foie, tanins astringents, etc. En pratique, la sauge est tonique et antifatigue, elle soulage les affections respiratoires et les troubles digestifs, facilite la digestion et atténue les bouffées de chaleur liées à la ménopause. On l’emploie aussi contre la transpira-

tion excessive, l’acné et de nombreux problèmes cutanés. Elle est très réputée pour les soins ­buccodentaires, notamment pour soulager les maux de gorge et les aphtes. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle donne de beaux reflets aux cheveux foncés.

On la prend comment ? Elle a tant d’usages que nous voilà partis pour les détailler dans un petit catalogue… Sauge fraîche : si vous avez un jardin, au moindre bobo – piqûre d’insecte, écorchure, coupure –, courez à votre pied de sauge et cueillez quelques feuilles qui, malaxées, formeront un cataplasme salutaire à appliquer là où ça fait mal. Infusion : ne le cachons pas, son petit côté amer peut gâcher un peu la tisane. Pour que celle-ci passe mieux, ajoutez-y une pointe de miel. En cas de digestion difficile, de rhume, de fatigue, de bouffées de chaleur, faites infuser environ 1 cuillère à café de feuilles fraîches ou séchées dans une tasse d’eau chaude, à prendre 2 ou 3 fois par jour pendant quelques jours si nécessaire. Mais ne prolongez pas kaizen • septembre-octobre 2016 • 69


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« Nous avons des ruches nouvelles Faites d'un bois qui vous plaira ; La sauge les parfumera : Posez-vous, abeilles, mes belles ! »

Je vais bien, le monde va mieux

François Fabié, extrait du poème « Berger d’abeilles », 1920

Les plantes indispensables à votre santé

La sauge

Au début du xviie siècle, les Chinois échangeaient deux à trois caisses de thé contre une caisse de sauge venue d’Europe. Et ils avaient le sentiment d’avoir fait une bonne affaire, car ils considéraient la sauge comme une panacée, remplaçant à elle seule tout un cocktail de plantes médicinales. Texte : Sylvie Hampikian • Photos : Olivier Degorce et Amandine Geers

Son portrait La sauge officinale est une jolie plante veloutée, qui offre au printemps des hampes de fleurs violettes. Ses feuilles, d’un vert bleuté, sont portées par une plante herbacée devenant ligneuse en quelques années et donnant un air de garrigue au carré des simples. Lorsqu’on la froisse, elle libère un arôme puissant, caractéristique, voire quelque peu médicinal.

Ses propriétés Son nom latin Salvia – dérivé de salvus : « en bonne santé » – trahit son efficacité et sa polyvalence, car la sauge soigne tout ou presque. Cela s’explique par sa richesse en principes actifs variés : flavonoïdes anti-inflammatoires, terpènes antimicrobiens, cétones digestives, principes amers stimulant le foie, tanins astringents, etc. En pratique, la sauge est tonique et antifatigue, elle soulage les affections respiratoires et les troubles digestifs, facilite la digestion et atténue les bouffées de chaleur liées à la ménopause. On l’emploie aussi contre la transpira-

tion excessive, l’acné et de nombreux problèmes cutanés. Elle est très réputée pour les soins ­buccodentaires, notamment pour soulager les maux de gorge et les aphtes. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle donne de beaux reflets aux cheveux foncés.

On la prend comment ? Elle a tant d’usages que nous voilà partis pour les détailler dans un petit catalogue… Sauge fraîche : si vous avez un jardin, au moindre bobo – piqûre d’insecte, écorchure, coupure –, courez à votre pied de sauge et cueillez quelques feuilles qui, malaxées, formeront un cataplasme salutaire à appliquer là où ça fait mal. Infusion : ne le cachons pas, son petit côté amer peut gâcher un peu la tisane. Pour que celle-ci passe mieux, ajoutez-y une pointe de miel. En cas de digestion difficile, de rhume, de fatigue, de bouffées de chaleur, faites infuser environ 1 cuillère à café de feuilles fraîches ou séchées dans une tasse d’eau chaude, à prendre 2 ou 3 fois par jour pendant quelques jours si nécessaire. Mais ne prolongez pas kaizen • septembre-octobre 2016 • 69


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Nos bonnes adresses

La Rochelle

Un nouvel élan vert La Rochelle est belle et rebelle. Laissez-vous transporter par cette ville ouverte sur la mer et découvrez quelques-unes des adresses tenues par des corsaires passionnés du goût et respectueux de la planète. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret Merci à Jérôme Henry pour son aide précieuse.

Se déplacer Qui dit La Rochelle, dit vélo. C’est dans la Ville blanche, sous l’ère Michel Crépeau, en 1976, que fut créé le premier système de vélos en libre-service de France, qui fonctionne toujours. L’association Vive le vélo, de son côté, propose des ateliers de réparation, ainsi que des balades touristiques et pédagogiques pour découvrir les itinéraires domicile-travail entre La Rochelle et les communes périphériques. Alors, tous en selle pour découvrir les adresses qui suivent !

Manger Étienne, cuisinier de formation, était lassé « de pas mal de choses dans [s]on métier ». En 2004, il crée son restaurant : « J’ai compris la différence entre l’espoir et le désir. On peut espérer qu’il fasse beau, 76 • kaizen • numéro 28

que la mer soit calme, mais on ne peut pas espérer ouvrir un restaurant, créer une autre société, il faut le désirer, et mettre tout en œuvre pour que ce désir se réalise ! La Petite marche, c’est cette notion d’élévation, de grandir pas à pas. » Ainsi poussé par cet élan, il peut se lancer dans ce qu’il appelle la fresh attitude. « Elle consiste à cuisiner des produits frais, de saison, de la région et si possible bio. » Et comme Étienne a envie d’échanger sur l’intérêt de cette démarche, il a pensé son restaurant comme un self-service. « Ça permet de donner les informations quand je sers les plats. » C’est donc dans une ambiance conviviale, en centre-ville, que vous pourrez savourer la cuisine d’Étienne, qui conclut dans un beau sourire : « Cuisiner, c’est résister. » Dans la même logique, il a mis en place, avec l’association Graines de troc, un petit présentoir qui permet d’échanger des graines afin de préserver et découvrir les semences locales. Un peu à l’écart du centre, Étienne a ouvert La Petite épicerie pour trouver un équilibre économique.

Jean-Yves, fatigué de travailler dans les produits surgelés, saute sur l’occasion lorsque Le Soleil brille pour tout le monde est à reprendre. « Les choix du couple créateur, qui favorisaient le bio et les producteurs locaux, me plaisaient bien ; je me suis donc inscrit dans cette démarche et j’ai conservé le même cuisinier, David. J’avais besoin d’être dans une économie de moyens, d’énergie, de soi. Cette forme de sobriété est positive pour tout le monde. Je préfère privilégier la relation avec les producteurs du territoire que d’avoir un congélateur. » Résultat : d’excellents plats midi et soir, accompagnés de bons vins naturels. Pensez à réserver tôt ! Dénaturer les aliments le moins possible, tel est le principe de la raw food, ou crudivorisme, notamment en ne les cuisant pas au-dessus de 42 degrés. C’est cette approche que Hania et Amjad ont développée au Rawcoco. Dans cette petite échoppe, vous pourrez manger sur le pouce ou prendre à emporter. Préparés avec des produits 100 % bio et de saison, les plats sont conditionnés dans des emballages en amidon de maïs ou en fibres végétales. Ouvert tous les jours depuis fin juin 2016, le restaurant propose quotidiennement trois plats et deux desserts – dont un de chaque végane et sans gluten – cuisinés sur place « avec beaucoup d’amour », insiste la jeune femme. Idéal pour un repas citadin sur le pouce. Dans le nouveau quartier entre le Vieux-Port et les Minimes, derrière la médiathèque, se cache un petit self-service à la cuisine fraîche : My'self e, créé par les aimables Xavier et Betty. Le concept est simple et efficace : on choisit le plat du jour ou une quiche, on compose sa salade et, de fait, on mange vite et bien, de saison et très majoritairement bio. « Nous voulions faire une cantine propre », résume Xavier, ancien navigateur. Pari Réussi. Juste en face se trouve un lieu atypique : The Roof,

e

ou comment passer de la mer à la montagne, enfin presque. Au Roof, on grimpe – sans corde –, comme dans une salle d’escalade classique. Les parents seront ravis de pouvoir laisser leurs enfants dès 2 ans dans un espace de motricité libre. Mais The Roof, c’est aussi un petit salon de thé et restaurant mis en place par Mélanie et Benoît où l’on peut manger bio et de saison tous les jours, à l’intérieur ou sur la petite terrasse camouflée derrière des bambous. Un peu plus loin, en se dirigeant vers le port des Minimes, trône un café culturel : Aiôn r. Symbole du temps illimité dans la mythologie grecque, Aiôn est aussi une Scop créée par quatre amis : Quentin, Thomas, Aymeric et Anne. « C’est un bar convivial, intergénérationnel, où le plaisir d’être ensemble n’est pas synonyme de beuverie, explique Quentin. C’est un lieu où la joie se mêle au respect, où l’étonnement côtoie la réflexion. » La programmation se veut donc éclectique : concerts, théâtre, slam, projections, débats, ateliers créatifs – aussi pour les enfants –, repair cafés et apéros Colibris. Et les événements artistiques sont à prix libre ! Pour favoriser les liens, les quatre amis ne servent que des produits locaux et ont mis en place un système de café suspendu. Après un début de carrière comme pâtissière dans les palaces parisiens et californiens, Julie se décide à investir la grande maison familiale pour créer son laboratoire à… chocolats, sous la marque La Cabosse enchantée. Végétarienne et sensible à l’environnement, elle se tourne naturellement vers des produits bio et équitables pour concevoir ses chocolats. « J’ai la chance d’avoir un grand jardin. Pour réaliser mes ganaches, je peux donc y cueillir menthe, sauge ou framboises et les incorporer au chocolat. » Goûter le chocolat de Julie, c’est l’adopter ! Tous les samedis et les premiers et troisièmes mercredis du mois, vous la trouverez sur le marché, rue de la Forme. Et si vous

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Nos bonnes adresses

La Rochelle

Un nouvel élan vert La Rochelle est belle et rebelle. Laissez-vous transporter par cette ville ouverte sur la mer et découvrez quelques-unes des adresses tenues par des corsaires passionnés du goût et respectueux de la planète. Texte et photos : Pascal Greboval • Dessin : Manu Thuret Merci à Jérôme Henry pour son aide précieuse.

Se déplacer Qui dit La Rochelle, dit vélo. C’est dans la Ville blanche, sous l’ère Michel Crépeau, en 1976, que fut créé le premier système de vélos en libre-service de France, qui fonctionne toujours. L’association Vive le vélo, de son côté, propose des ateliers de réparation, ainsi que des balades touristiques et pédagogiques pour découvrir les itinéraires domicile-travail entre La Rochelle et les communes périphériques. Alors, tous en selle pour découvrir les adresses qui suivent !

Manger Étienne, cuisinier de formation, était lassé « de pas mal de choses dans [s]on métier ». En 2004, il crée son restaurant : « J’ai compris la différence entre l’espoir et le désir. On peut espérer qu’il fasse beau, 76 • kaizen • numéro 28

que la mer soit calme, mais on ne peut pas espérer ouvrir un restaurant, créer une autre société, il faut le désirer, et mettre tout en œuvre pour que ce désir se réalise ! La Petite marche, c’est cette notion d’élévation, de grandir pas à pas. » Ainsi poussé par cet élan, il peut se lancer dans ce qu’il appelle la fresh attitude. « Elle consiste à cuisiner des produits frais, de saison, de la région et si possible bio. » Et comme Étienne a envie d’échanger sur l’intérêt de cette démarche, il a pensé son restaurant comme un self-service. « Ça permet de donner les informations quand je sers les plats. » C’est donc dans une ambiance conviviale, en centre-ville, que vous pourrez savourer la cuisine d’Étienne, qui conclut dans un beau sourire : « Cuisiner, c’est résister. » Dans la même logique, il a mis en place, avec l’association Graines de troc, un petit présentoir qui permet d’échanger des graines afin de préserver et découvrir les semences locales. Un peu à l’écart du centre, Étienne a ouvert La Petite épicerie pour trouver un équilibre économique.

Jean-Yves, fatigué de travailler dans les produits surgelés, saute sur l’occasion lorsque Le Soleil brille pour tout le monde est à reprendre. « Les choix du couple créateur, qui favorisaient le bio et les producteurs locaux, me plaisaient bien ; je me suis donc inscrit dans cette démarche et j’ai conservé le même cuisinier, David. J’avais besoin d’être dans une économie de moyens, d’énergie, de soi. Cette forme de sobriété est positive pour tout le monde. Je préfère privilégier la relation avec les producteurs du territoire que d’avoir un congélateur. » Résultat : d’excellents plats midi et soir, accompagnés de bons vins naturels. Pensez à réserver tôt ! Dénaturer les aliments le moins possible, tel est le principe de la raw food, ou crudivorisme, notamment en ne les cuisant pas au-dessus de 42 degrés. C’est cette approche que Hania et Amjad ont développée au Rawcoco. Dans cette petite échoppe, vous pourrez manger sur le pouce ou prendre à emporter. Préparés avec des produits 100 % bio et de saison, les plats sont conditionnés dans des emballages en amidon de maïs ou en fibres végétales. Ouvert tous les jours depuis fin juin 2016, le restaurant propose quotidiennement trois plats et deux desserts – dont un de chaque végane et sans gluten – cuisinés sur place « avec beaucoup d’amour », insiste la jeune femme. Idéal pour un repas citadin sur le pouce. Dans le nouveau quartier entre le Vieux-Port et les Minimes, derrière la médiathèque, se cache un petit self-service à la cuisine fraîche : My'self e, créé par les aimables Xavier et Betty. Le concept est simple et efficace : on choisit le plat du jour ou une quiche, on compose sa salade et, de fait, on mange vite et bien, de saison et très majoritairement bio. « Nous voulions faire une cantine propre », résume Xavier, ancien navigateur. Pari Réussi. Juste en face se trouve un lieu atypique : The Roof,

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ou comment passer de la mer à la montagne, enfin presque. Au Roof, on grimpe – sans corde –, comme dans une salle d’escalade classique. Les parents seront ravis de pouvoir laisser leurs enfants dès 2 ans dans un espace de motricité libre. Mais The Roof, c’est aussi un petit salon de thé et restaurant mis en place par Mélanie et Benoît où l’on peut manger bio et de saison tous les jours, à l’intérieur ou sur la petite terrasse camouflée derrière des bambous. Un peu plus loin, en se dirigeant vers le port des Minimes, trône un café culturel : Aiôn r. Symbole du temps illimité dans la mythologie grecque, Aiôn est aussi une Scop créée par quatre amis : Quentin, Thomas, Aymeric et Anne. « C’est un bar convivial, intergénérationnel, où le plaisir d’être ensemble n’est pas synonyme de beuverie, explique Quentin. C’est un lieu où la joie se mêle au respect, où l’étonnement côtoie la réflexion. » La programmation se veut donc éclectique : concerts, théâtre, slam, projections, débats, ateliers créatifs – aussi pour les enfants –, repair cafés et apéros Colibris. Et les événements artistiques sont à prix libre ! Pour favoriser les liens, les quatre amis ne servent que des produits locaux et ont mis en place un système de café suspendu. Après un début de carrière comme pâtissière dans les palaces parisiens et californiens, Julie se décide à investir la grande maison familiale pour créer son laboratoire à… chocolats, sous la marque La Cabosse enchantée. Végétarienne et sensible à l’environnement, elle se tourne naturellement vers des produits bio et équitables pour concevoir ses chocolats. « J’ai la chance d’avoir un grand jardin. Pour réaliser mes ganaches, je peux donc y cueillir menthe, sauge ou framboises et les incorporer au chocolat. » Goûter le chocolat de Julie, c’est l’adopter ! Tous les samedis et les premiers et troisièmes mercredis du mois, vous la trouverez sur le marché, rue de la Forme. Et si vous

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kaizen • septembre-octobre 2016 • 77


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Identification d’Agaricus campestris (Agaricacées)

Sauvage & délicieux !

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Cuisine

Le rosé des prés

… notre champignon de Paris sauvage ! C’est dans les vertes prairies et en automne que l’on distingue ces petits bouchons de champagne blancs et veloutés. Sous leur chapeau, des lames rose tendre indiquent leur appartenance à la famille des Agaricacées et leur confèrent leur si joli nom ! Textes et photos : Linda Louis

etournez un agaric champêtre, placez votre nez sur ses lames et humez son parfum brut de champignon blanc… Tout un poème ! C’est à la fin de l’été, quand la fraîcheur des jours commence à générer de la rosée dans les prairies que ce champignon sort le bout de son chapeau. Il forme ici et là des petites touches de blanc réparties en ronds de sorcières reconnaissables de loin. Avant de vous y aventurer, veillez à ce que le lieu ne soit pas privé ou habité par des chevaux ou des vaches qui n’apprécieraient peut-être pas cette intrusion ! Le rosé des prés fait partie de la famille des Agaricacées, comme le champignon de Paris – Agaricus bisporus – et partage avec lui un critère d’identification essentiel en mycologie : le dessous du chapeau, composé ici de lamelles roses lorsqu’il est jeune, brunes lorsqu’il vieillit. Ses spores – cellules de reproduction des champignons logées le plus souvent sous le chapeau – sont brunâtres. Elles nous sont clairement utiles pour déterminer cette espèce, ou du moins sa famille. Faisons un petit jeu étonnant et pédagogique. Prenez un spécimen de rosé des prés bien ouvert – ou un champignon de couche acheté dans votre épicerie bio. Retirez le pied et posez son chapeau côté lames sur une feuille de papier blanc. Laissez ainsi à température ambiante pendant quelques heures avant d'observer la couleur de la « sporée ». L’empreinte réalisée formera un anneau large et marron, caractéristique des Agaricacées ! Au-delà de son côté ludique, cette expérience permet d’écarter la confusion probable avec la sulfureuse famille des Amanitacées, dont la sporée est blanc crème – à tester donc sur un papier foncé. La cueillette des champignons n’est pas à prendre à la légère, mais, en suivant bien nos recommandations, vous pourrez récolter un petit panier de rosés des prés, tout frais, prêts à passer à la casserole !

• Champignon évoquant la forme, la couleur et la bonne odeur du champignon de Paris, et poussant en colonies. • Lames rose tendre à l’état jeune, vieux rose, bordeaux à brunes à maturité. • Chapeau d'abord globuleux puis hémisphérique, devenant convexe et s'étalant avec l’âge, d’un diamètre de 5 à 12 cm, blanc, velouté, parfois écailleux ; chair rosissant quand on l’écorche. • Pied cylindrique blanc de maximum 6 cm de haut avec un petit anneau blanc fragile et fugace, s’amincissant vers le bas. • H abitat dans les prairies, les pelouses où paissent les chevaux, plus rarement les bovins et les ovins. • Récolte d’août à novembre. Autre espèce comestible et très proche de l’agaric champêtre : l’agaric des jachères (Agaricus arvensis), dit « boule de neige », plus grand, plus dodu, à l'anneau plus large et plus épais, et au pied plus robuste.

À ne pas confondre avec… • L ’agaric jaunissant (Agaricus xanthoderma) – toxique : le haut du chapeau est aplati, formant un trapèze – bombé chez le rosé ; la chair écorchée vire au jaune citrique – critère déterminant, surtout au niveau du pied – et son odeur est désagréable. • L'amanite vireuse (Amanita virosa) et l'amanite phalloïde blanche (Amanita phalloides forma alba) – mortelles : à l’état jeune, elles peuvent pousser en lisière de prairie. Reconnaissables par leurs lamelles blanches – sporée blanche –, leur volve – sac engainant le pied – et leur anneau épais. • D’autres agarics comme l’agaric des bois (Agaricus silvicola) – comestible : ses lames moins rosées – presque blanches à l’état jeune – que l’agaric champêtre et l’habitat forestier peuvent susciter la confusion avec les amanites blanches ou phalloïdes. Faites le test de la sporée sur du papier. Comment (pré)parer les champignons ? Les rosés des prés sont rarement sales, il n'est donc pas nécessaire de les laver à l'eau. Coupez le pied. kaizen • septembre-octobre 2016 • 81


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Le rosé des prés

… notre champignon de Paris sauvage ! C’est dans les vertes prairies et en automne que l’on distingue ces petits bouchons de champagne blancs et veloutés. Sous leur chapeau, des lames rose tendre indiquent leur appartenance à la famille des Agaricacées et leur confèrent leur si joli nom ! Textes et photos : Linda Louis

etournez un agaric champêtre, placez votre nez sur ses lames et humez son parfum brut de champignon blanc… Tout un poème ! C’est à la fin de l’été, quand la fraîcheur des jours commence à générer de la rosée dans les prairies que ce champignon sort le bout de son chapeau. Il forme ici et là des petites touches de blanc réparties en ronds de sorcières reconnaissables de loin. Avant de vous y aventurer, veillez à ce que le lieu ne soit pas privé ou habité par des chevaux ou des vaches qui n’apprécieraient peut-être pas cette intrusion ! Le rosé des prés fait partie de la famille des Agaricacées, comme le champignon de Paris – Agaricus bisporus – et partage avec lui un critère d’identification essentiel en mycologie : le dessous du chapeau, composé ici de lamelles roses lorsqu’il est jeune, brunes lorsqu’il vieillit. Ses spores – cellules de reproduction des champignons logées le plus souvent sous le chapeau – sont brunâtres. Elles nous sont clairement utiles pour déterminer cette espèce, ou du moins sa famille. Faisons un petit jeu étonnant et pédagogique. Prenez un spécimen de rosé des prés bien ouvert – ou un champignon de couche acheté dans votre épicerie bio. Retirez le pied et posez son chapeau côté lames sur une feuille de papier blanc. Laissez ainsi à température ambiante pendant quelques heures avant d'observer la couleur de la « sporée ». L’empreinte réalisée formera un anneau large et marron, caractéristique des Agaricacées ! Au-delà de son côté ludique, cette expérience permet d’écarter la confusion probable avec la sulfureuse famille des Amanitacées, dont la sporée est blanc crème – à tester donc sur un papier foncé. La cueillette des champignons n’est pas à prendre à la légère, mais, en suivant bien nos recommandations, vous pourrez récolter un petit panier de rosés des prés, tout frais, prêts à passer à la casserole !

• Champignon évoquant la forme, la couleur et la bonne odeur du champignon de Paris, et poussant en colonies. • Lames rose tendre à l’état jeune, vieux rose, bordeaux à brunes à maturité. • Chapeau d'abord globuleux puis hémisphérique, devenant convexe et s'étalant avec l’âge, d’un diamètre de 5 à 12 cm, blanc, velouté, parfois écailleux ; chair rosissant quand on l’écorche. • Pied cylindrique blanc de maximum 6 cm de haut avec un petit anneau blanc fragile et fugace, s’amincissant vers le bas. • H abitat dans les prairies, les pelouses où paissent les chevaux, plus rarement les bovins et les ovins. • Récolte d’août à novembre. Autre espèce comestible et très proche de l’agaric champêtre : l’agaric des jachères (Agaricus arvensis), dit « boule de neige », plus grand, plus dodu, à l'anneau plus large et plus épais, et au pied plus robuste.

À ne pas confondre avec… • L ’agaric jaunissant (Agaricus xanthoderma) – toxique : le haut du chapeau est aplati, formant un trapèze – bombé chez le rosé ; la chair écorchée vire au jaune citrique – critère déterminant, surtout au niveau du pied – et son odeur est désagréable. • L'amanite vireuse (Amanita virosa) et l'amanite phalloïde blanche (Amanita phalloides forma alba) – mortelles : à l’état jeune, elles peuvent pousser en lisière de prairie. Reconnaissables par leurs lamelles blanches – sporée blanche –, leur volve – sac engainant le pied – et leur anneau épais. • D’autres agarics comme l’agaric des bois (Agaricus silvicola) – comestible : ses lames moins rosées – presque blanches à l’état jeune – que l’agaric champêtre et l’habitat forestier peuvent susciter la confusion avec les amanites blanches ou phalloïdes. Faites le test de la sporée sur du papier. Comment (pré)parer les champignons ? Les rosés des prés sont rarement sales, il n'est donc pas nécessaire de les laver à l'eau. Coupez le pied. kaizen • septembre-octobre 2016 • 81


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SEPTEMBRE 4 septembre / Saint-Martin-en-Coailleux (42) Festival Groseille et ciboulette www.facebook.com/Lejardinsecree42 12 au 16 septembre / Lablachère (07) Stage Le Potager agroécologique niveau 1 terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 17 septembre au 9 octobre / Gavarret-sur-Aulouste (32) Inauguration du théâtre Nouveau monde, construit en matériaux de récupération par les habitants de Cologne et des environs. la-langue-ecarlate.com/ TheatreTemporaire • 06 99 60 64 90 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 23 au 25 septembre / Montpellier (34) Festival pour l’école de la vie : 26 conférences sur l’éducation, 150 exposants, des ateliers… Château de Flaugergues www.festival-ecole-de-la-vie.fr 04 34 00 63 06

L’AGENDA KAIZEN 2016 SEPTEMBRE-OCTOBRE

[KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 29 septembre au 3 octobre / Paris Salon Zen. Lundi 3 octobre de 12 h à 17 h 30 : cycle de conférences sur l’éducation sous l’égide de Kaizen. Avec Emmanuelle Piquet, Catherine Schwennicke, Ramïn Farhangi, Yann Le Beguec et Bénédicte Fumey. Animation : Pascal Greboval Espace Champerret, 75017 www.salon-zen.fr • 01 45 56 09 09

OCTOBRE 1er et 2 octobre / Lablachère (07) Stage Plantes sauvages comestibles terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 7 au 9 octobre / Nantes (44) Salon Zen et bio Parc des expositions de la Beaujoire www.salon-zenetbio.com • 01 45 56 09 09 8 octobre / Paris Forum international de l’évolution de la conscience Université Paris-Sorbonne, 75017 www.evolutionconscience.com 09 52 03 65 64

RENDEZ-VOUS 24 septembre / France entière Journée de la transition : pour permettre aux citoyens d’identifier les acteurs de la transition. www.transitioncitoyenne.org [CONFÉRENCE KAIZEN] 26 septembre à 19 h 30 / Lyon Tous en selle ! Avec Marine Bigot (Pignon sur rue), Camille Pechoux (CEREMH) et Maël Meralli-Ballou (La Clavette). Animation : Pascal Greboval Goethe-Institut, 18, rue François Dauphin, 69002 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences [CONFÉRENCE KAIZEN] 28 septembre à 19 h 30 / Paris Le biomimétisme : apprendre à coopérer à l'image de la nature. Avec Gauthier Chapelle (Greenloop), Kalina Raskin (CEEBIOS) et Olivier Scheffer (Symbiopolis). Animation : Tarik Chekchak Goethe-Institut, 17, av. d’Iéna, 75116 Réservations : www.kaizen-magazine. com/conferences

[KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 8 et 9 octobre / Guichen (35) Salon Ille et Bio www.illeetbio.org • 02 99 52 02 90 [KAIZEN PARTENAIRE & PRÉSENT] 8 et 9 octobre / Paris Veggie world. Conférence Kaizen le dimanche 9 octobre à 15 h 15 : Une enfance sans sucre, c’est possible ? Avec Nathalie Petit, auteur des hors‑série Kaizen Pour une enfance joyeuse et Frédérique Cervoni, naturopathe. Le Centquatre, 75019 veggieworld.de/fr/paris-4 8 et 9 octobre / La-Roche-sur-Grane (26) Stage Psychologie & coopération, pour s’interroger sur l’écologie relationnelle www.lesamanins.com • 04 75 43 75 05 8 et 9 octobre / Paris Festival du livre et de la presse d’écologie, 14e édition Le 100, 75012 www.festival-livre-presse-ecologie.org 10 au 14 octobre / Lablachère (07) Stage Approche de la permaculture terre-humanisme.org • 04 75 36 65 40

[SÉJOUR KAIZEN] 23 au 29 octobre / Vernines (63) Séjour Randonnée et qi gong au gîte Le Bonheur dans le pré, associant marche douce et disciplines d’éveil corporel. Au cœur des volcans d’Auvergne, vous découvrirez l’art énergétique chinois. www.kaizen-magazine.com/vacancesqigong • 04 73 21 54 78 27 octobre au 1er novembre / Ménigoute (79) Festival international du film ornithologique de Ménigoute, 32e édition www.menigoute-festival.org 05 49 69 90 09

PASSEZ À L’ACTE ! Kaizen ne serait pas grand-chose sans ses lecteurs et lectrices qui portent avec eux les idées du changement ! C’est pourquoi nous vous proposons depuis quelques mois déjà de vous/ nous rencontrer régulièrement lors des Kawaa-Kaizen ! Venez participer à nos prochains Kawaa « spécial rentrée » qui auront pour thème « Je change pas à pas : comment et par où commencer ? Quels sont les freins et comment les lever ? » ou n’hésitez pas à créer le vôtre ! Pour tout savoir et vous inscrire : www.kaizen-magazine.com/rencontres 8 septembre à 19 h / Tours (37) Animation : Simon Beyrand Café le Court-circuit, 16 bis, place de la Victoire 13 septembre à 19 h / Rambouillet (78) Animation : Françoise Vernet. Inscriptions auprès de la librairie : equipe.labyrinthes@orange.fr ou 09 61 22 89 91. Librairie Labyrinthes, 2, rue Chasles 14 septembre à 19 h / Rennes (35) Animation : Pascal Greboval Le Panama, 28, rue Bigot de Préameneu 15 septembre à 19 h / Paris (75010) Animation : Françoise Vernet La Petite chaufferie, 32, rue de l’Échiquier 13 octobre à 19 h / Paris (75018) Thème : la parentalité positive Animation : Nathalie de Boisgrollier (OZE) et Antonella Verdiani (Printemps de l’éducation). La Recyclerie, 83, boulevard Ornano

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