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SOCIÉTÉ
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SANTÉ
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ÉCONOMIE
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AGRICULTURE
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HABITAT
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ÉNERGIE
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ÉDUCATION
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GOUVERNANCE
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CHANGER LE MONDE PAS À PAS
DOSSIER L’ÉCOLE À QUOI ÇA SERT ? PORTFOLIO OCÉAN, DERNIER ESPACE SAUVAGE
NUMÉRO 3 - JUILLET-AOÛT 2012
ENTRETIEN MICHEL ONFRAY : ANTISPÉCISME
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SI ON FAISAIT UN COMPOST COLLECTIF NUMÉRO 3 JUILLET-AOÛT 2012
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© Ulrike Skadow - Nicolas Leser
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Ils sont
Pierre Rabhi Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, il défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la nature. Il soutient le développement de l’agroécologie à travers le monde pour contribuer à l’autonomisation, la sécurité et la salubrité alimentaire des populations. Yvan Saint-Jours Objecteur de conscience, journaliste, fondateur du magazine La Maison écologique, je suis investi dans Colibris depuis quelques années. Si les questions d’habitat et d’énergie sont ma passion, je m’intéresse fortement à la place de l’enfant dans notre société. J’aime me promener au grand air souvent humide en Normandie.
Sandrine Novarino Fille de paysans, de formation agricole, passionnée de nature et de grands espaces, de lecture et de liberté… Je n’ai qu’un seul amour : Celui de la Terre ! Mon utopie, construire un monde meil leur où règnent beauté, harmonie et sagesse. Devant les causes défendues par le réseau Colibris et à travers l’équipe rédactionnelle du magazine, Alterrenat Presse a rejoint le navire , avec un grand enthousiasme! Lucile Vannier Un petit pas vaut bien mais deux petits pas amassent mieux mousse, va pour deux petits pas, puis trois. De pas en pas, peu à peu, je découvre les chemins des autres, des silhouettes se dessinent et je vais à leur rencontre. Derrière leurs mots et leurs mains j’apprends à les connaître. Linda Louis Épikurienne dans l’âme, je vois toujours la vie en Kaizen : préparer des boulettes de kasha, des cuirs de kiwi, du ketchup pour mes kids, chiner de la vaisselle kitsch, boire des kirs berrichons avec mes amis (et le lendemain du kéfir), bref ma spécialité, c’est la kuisine !
Cyril Dion Depuis que j’ai douze ans, je n’ai eu qu’une idée en tête : écrire. A dix-huit ans, je voulais créer la nouvelle revue «Les Temps Modernes» qui parlerait de notre temps, avec des penseurs, des artistes, qui nous aideraient à regarder le monde dans lequel nous vivons. Et écrire dedans. Aujourd’hui je fais beaucoup de choses passionnantes, parmi lesquelles : Kaizen !
Anne-Sophie Novel Anne-Sophie est une COrévolutionnaire de première ! EcoloGeek, elle a fondé le portail Ecolo-Info il y a 5 ans. Les liens entre numérique et écologie l’intriguent autant pour l’esprit que pour la philosophie de convivialité qu’ils soutiennent. Journaliste entrepreneuse, elle optimise sans cesse son temps pour vivre de sa passion.
Pascal Greboval Elevé dans la dichotomie manichéenne « des taiseux et des faiseux », plus tard sur le chemin, j’ai entendu la parole d’un indien : Gandhi « Il ne faut pas croire ce que les gens disent mais voir ce que les hommes font ». Alors je tente de faire… un pas : le kaizen
Nathalie Jouat Passionnée par le voyage, maman poule et éco-bricoleuse, j’écris pour partager et donner envie de suivre les projets qui rendent heureux. Dans ma nature périgourdine, je bâtis ma famille et mon habitat tout en appréciant la simplicité volontaire que nous avons choisie pour faire grandir nos enfants.
Patrick Baldassari La « finance » c’était pour moi ce qui devait permettre à chacun d’être heureux, et puis j’ai découvert que c’était tout le contraire… Que notre terre et notre mer étaient l’objet de convoitise, que le profit primait sur l’humain, que le pouvoir prenait le pas sur l’intérêt collectif… Fort de ces constats, je me suis joint à l’équipe de Kaizen pour défendre d’autres valeurs tout en essayant d’apporter mes compétences dans le domaine administratif et financier.
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Karine Maccagno Editrice spécialisée dans le développement durable, ce sont mes enfants qui ont déclenché mon envie d’informer, de donner à voir et à comprendre, de contribuer à faire en sorte que les consciences s’éveillent. Ecrire dans Kaizen est un prolongement cohérent du travail que je réalise avec ma Maison ELKA. Fanny Dion J’aborde chaque reportage à peu près de la même façon, par une rencontre.
C’est ce que j’aime dans ce que je fais créer une relation avec les personnes que je photographie. J’aime que les gens se ressemblent et à la fois se trouvent beaux. D’ailleurs la plupart des gens sont beaux. Je ne le voyais pas avant, mais maintenant oui. C’est une des raisons pour lesquelles je suis heureuse de faire ce métier. Muriel Fifils Du Canada à la Colombie, une même passion pendant plusieurs années : les gens qui survivent dans les marges de notre monde. De retour en France, curieuse de ceux qui font « un pas de côté » dans notre société. J’ai enseigné et gardé ce goût de construire ensemble. Des Indiens à Kaizen, une envie de sortir des sentiers trop bien balisés... Anne-Lore Mesnage Anne-Lore est photographe. Ce qu’elle aime, c’est mettre son imagination au service de la planète. Du reportage au studio, elle ajoute une pincée de fantaisie et beaucoup d’humour pour que l’écologie soit à la portée de tous. Julie Graux A Bruxelles, le jardin d’enfant où j’ai passé mes trois premières années d’école s’appelait «Le colibri»... Après j’ai butiné, comme lui, partout. Me voilà illustratrice et paysanne-boulangère bio dans le Perche avec Erik et nos trois filles Le Cil Vert Dessinateur de BD perdant inexorablement ses cheveux. Dans son panier : des strips dans les magazines Esprit Village, Macadam, des dessins pour le CCFD-Terre Solidaire, les presses d’Ile de France, prochainement pour le CFSI... Et une BD écolo écrite avec Jean-Fred Cambianica : «Braillane, on est tous des jambons». Vincent Rigassi Architecte, membre du réseau Ecobâtir depuis 1999, co-auteur du livre «Habitat passif et Basse consommation» (Ed. Terre Vivante). Après des études en Suisse dans les années 80, puis divers projets en terre, surtout en Afrique, j’exerce à Grenoble depuis 2002 en tant qu’architecte maître d’Ðuvre. Raphaël Souchier Anthropologue et manager de formation, j’anime depuis 30 ans des réseaux de coopération et d’intelligence collective entre collectivités, universités et entreprises européennes. Auteur de L’après-Wall Street sera local (ActesSud, 10-2012), je suis passionné de formation, d’économie locale, d’écriture et de nature.
KAIZEN «Changer le monde pas à pas» Editeur SARL EKO LIBRIS au capital de 10 000 €. 95 rue du faubourg Saint Antoine 75011 Paris www.kaizen-magazine.fr Magazine bimestriel numéro 3 Juillet-Août 2012 Imprimé sur papier recyclé blanchi sans chlore Directeur de la publication Yvan Saint-Jours Directeur de la rédaction Cyril Dion Rédacteur en chef Pascal Greboval Secrétaire de rédaction Lucile Vannier Contact contact@kaizen-magazine.fr Abonnements abonnement@kaizen-magazine.fr Comptabilité et administration administration@kaizen-magazine.fr Rédaction redaction@kaizen-magazine.fr Couverture Fanny Dion Maquette et mise en page Agence Saluces Avignon SIREN : 539 732 990 APE : 5814Z Commission paritaire : 0317 k 91284 Numéro ISSN : 2258-4676 Dépôt légal à parution Impression Via Schuller-Graphic Corlet Roto (imprim’Vert) ZA Les Vallées 53300 Ambrières les vallées
Régie de Publicité et distribution dans magasins spécialisés AlterreNat Presse, Sandrine Novarino Tél. 05 63 94 15 50 Distribution Presstalis Aucun texte et illustration ne peuvent être reproduits sans autorisation du magazine. Merci
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SOMMAIRE KAIZEN 3 JUILLET AOÛT 2012 3
ils sont Kaizen
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sommaire
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manifeste / edito
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ACTUS DES RÉSEAUX :
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DÉSENFUMAGE : le BBC
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ENSEMBLE ON VA PLUS LOIN : le carrot Mob
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PORTFOLIO : océans ; dernier espace sauvage par François Sarano
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INFOGRAPHIE : analyse de Cycle de Vie d’un livre
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ROUE LIBRE : Handicap ? En âne t’es cap !
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YES THEY CAN : une agriculture locale vivante
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IDÉE REMUANTE : l’anti-specisme par Michel Onfray
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LA MÉDIATHÈQUE deJean Jacques Fasquel
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LE DOSSIER : l’école ça sert à quoi?
CHANGEONS L’ÉCONOMIE: les fonds d’investissement citoyen
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ET SI ON LE FAISAIT : le compost collectif
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LE BON PLAN : Toulouse SAUVAGE ET DÉLICIEUX : le sureau CHRONIQUE de Pierre Rabhi
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MANIFESTE POUR UN CHANGEMENT DU MONDE PAS À PAS L
’humanité se trouve aujourd’hui face à un ultimatum, qui nous oblige à changer pour ne pas disparaître. La logique du progrès, qui aspirait à libérer l’être humain et à améliorer sa condition, est à l’évidence en train de l’incarcérer encore d’avantage. Dans un monde où l’indigence côtoie un superflu sans limite et où toute puissance est donnée à l’argent, les déflagrations sociales ne peuvent que s’amplifier et convulser l’ensemble de la société. L’ère de la technologie fondée sur les combustions énergétiques a relégué la nature, pourtant seule garante de notre survie, à un simple gisement de ressources à piller indéfiniment. Ce faisant, elle lui inflige des dommages considérables. Face à cet implacable constat nous aurions toutes les raisons de désespérer et pourtant, silencieusement, un nouveau monde est en marche. Tandis que la politique exerce une sorte d’acharnement thérapeutique sur un modèle obsolète, la société civile fait preuve d’un génie extraordinaire. Aux quatre coins du monde, des femmes et des hommes inventent une agriculture abondante, sans pétrole, fondée sur la diversité et l’interdépendance des espèces ; des modèles énergétiques utilisant les
forces inépuisables de l’eau, du soleil et du vent ; des bâtiments ultra économes, faits de matériaux sains et locaux, produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment ; des économies locales qui organisent une répartition équitable de nos richesses et encouragent l’autonomie du plus grand nombre ; des modèles industriels zéro déchet, utilisant les rebuts pour créer des produits nouveaux ; des lieux où chaque enfant peut s’épanouir et découvrir qui il est… Ces initiatives sont la preuve de vitalité de la vie qui veut vivre. C’est à ce monde que nous choisissons de donner la parole aujourd’hui, à ces personnes qui portent les (r)évolutions que nous attendons, à ces initiatives pionnières qui, par leur simplicité et leur bon sens, nous offrent de nouveaux horizons, de véritables raisons de croire en l’avenir. Pourtant, il ne s’agit pas de proposer ici un énième catalogue de solutions. Les initiatives, pour elles-mêmes, nous intéressent moins que l’esprit qui les porte. Car au delà de remplacer les énergies fossiles par les renouvelables ou l’agriculture chimique par la bio, c’est à l’âme humaine
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VACANCES
Avec créativité, humour, légèreté et rigueur, nous nous engageons, au fil des pages de Kaizen, à inventer un nouveau rêve, et à le concrétiser en même temps. Plus que jamais nous avons soif d’inspiration et de reliance, pour construire dès à présent ce monde nouveau, dans lequel vivront demain nos enfants, leurs enfants et les enfants de leurs enfants… Le temps est venu de placer l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations et de nous appuyer sur la puissance de la modération pour un vivre ensemble apaisé et heureux. L’argent peut acheter beaucoup de choses, mais pas la joie à laquelle chacune et chacun d’entre nous aspire de tout son être.
Kaizen késaco ? Kaizen est un mot japonais qui signifie littéralement «changement bon». Mais c’est également une méthode : celle du changement par les petits pas. La perspective de changer brutalement, de passer du tout au tout, réveille nos peurs et attise nos résistances. Commencer par un petit pas, prendre courage, en faire un second puis toute une multitude, chaque jour, avec régularité, peut nous conduire aux plus grandes transformations. Cela s’est déjà vu dans l’histoire et c’est ce que nous espérons, à nouveau.
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n.f. du latin vacare qui veut dire « être sans ». Pendant deux mois, les enfants scolarisés de ce pays vont donc être sans école. Une partie d’entre nous va être sans activité professionnelle pendant un temps raisonnablement moins long… Un moment salutaire pour prendre du recul et réfléchir. Faire le point. S’extraire de nos rythmes frénétiques et vivre à celui qui nous convient. L’école est à la mode. Notre nouveau président a décidé de faire de la jeunesse française sa priorité numéro un. Nous avons voulu contribuer à ce débat en en faisant le sujet du dossier du troisième numéro de Kaizen. A quoi sert réellement l’école et à quoi devrait-elle ressembler en ce début de XXIème siècle ? Si l’école enseigne « la conscience d’une époque », quelle école sera en mesure d’aider nos enfants à traverser les temps actuels et à construire l’avenir dans lequel ils passeront leurs années futures ? Dans ce nouveau numéro nous ouvrons également nos pages aux réseaux de plus en plus nombreux qui portent la transformation de la société : Une double page leur est désormais dédiée. Un moyen de montrer à nouveau la pluralité des forces qui s’investissent au quotidien sur nos territoires. Nous explorerons tout particulièrement ce que les fonds d’investissement citoyens réinventent pour mettre l’épargne au service de projets écologiques, sociaux, participatifs. Bonne lecture sur la plage, sous les arbres, sous la couette ou ailleurs…
édito
CYRIL DION, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
© M. Leynaud
que nous nous intéressons. Au sens que nous donnons à nos vies, à nos capacités d’empathie et d’émerveillement, à notre profond désir d’être libres. Plus que tout, nous croyons qu’il ne peut y avoir de réelle métamorphose de nos sociétés sans un profond changement de ceux qui la composent : chacune et chacun d’entre nous.
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désenfumage
BBC: LA PEAU DE L’OURS SE TRANSFORME EN GRILLE-PAIN, JE RÉPÈTE, LA PEAU DE L’OURS…
Texte : Vincent Rigassi dessin: Julie Graux
1974 À la suit e du pre mie 1973, la France a r choc pétrolier dopte un d mentatio e premiè e n therm re régleique (RT la facture ) afin de é réduire bâtimen nergétique. Elle ts neufs s’appliqu d e aux ’habitati instaure on. le tions glo coefficient G, co La RT 1974 mme «d bales» d éperdi’un loge ment. De 1988 à 2005 RT 1988 . bâtime nts neufs non résid résidenti entiels. els et RT 2000 . bâtime nts neufs tertiaire s résidenti els et RT 2005 . bâtime nts neufs nouvelle et aux p s. arties 2011 Définie p ar la loi sur la m Grenelle ise en œ de l’Env uvre du ironnem oblige le ent, la R s habita T2012 tions ne au maxim uves à c um 50kW onsomm reprend hep/m²/ er le niveau an. Cet o bjectif d tique sp écifié pa e performance é r le labe l BBC-E nergéffinergie .
Hé oui le Grenelle l’avait clamé haut et fort, la France allait maintenant faire figure de leader en matière de performance énergétique des bâtiments avec ses 50kWh/m2.an (lire 50 kiloWattheures de consommation par mètre carré et par an) et des bâtiments positifs, qui produisent plus qu’ils ne consomment, en 2020 ! Enfin on redevenait leader, ou presque, ils allaient voir tous ces ostrogoths. Bien sûr il restait quelques détails à régler : la surface en mètres carrés, tant qu’à faire plus il y en a, plus le quotient est bas. On a donc pris la SHON, à ne pas confondre avec schön (« beau » en allemand), car il n’est pas ici question d’esthétique, mais simplement d’un acronyme désignant la Surface Hors d’œuvre Nette avec un RT qu’on lui a accolé, qui signifie Réglementation Thermique… Sachez que cette SHON n’a pas de réalité physique, mais qu’il s’agit seulement d’un savant stratagème de règles et de conventions. Le principe est assez merveilleux puisque l’on calcule la surface extérieure d’un bâtiment, dite brute, incluant donc l’épaisseur des murs. On va ensuite faire différentes déductions (combles non aménageables, balcons, loggias…), y compris finalement la
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surface supplémentaire nécessaire à l’amélioration thermique. En effet calculer l’épaisseur des murs, puis déduire la surface supplémentaire c’est beaucoup plus simple que de calculer la surface intérieure… Calculer seulement des “mètres carrés chauffés” aurait, bien entendu, été trivial, nous sommes en France. Cette petite mise en jambe sur le calcul de la surface du bâtiment, qui a priori pourrait sembler assez simple, permet d’illustrer la façon dont la question est abordée. J’ai entendu il y a peu que “l’administration française c’est l’Union Soviétique qui a réussi” donc pas de raison que la performance thermique y échappe, non mais ! Le principal indicateur de performance se mesure en kWh/m2 comme vu précédemment, justement qu’y a-t-il derrière ces fameux kilowattheures, qui donnent la mesure de l’énergie consommée, mais convertie en énergie primaire ? Toutes les énergies ne sont pas disponibles matériellement dans la nature… on ne connaît pas de « mines d’électricité ». L’énergie primaire est donc supposée donner la mesure totale de l’énergie nécessaire pour mettre à disposition l’énergie finale. Le bois, l’électricité ou le soleil ne sont pas logés à la même enseigne, mais là aussi de savants coefficients permettent de convertir l’énergie finale supposée être celle que l’on comptabilise pour chauffer son logement en énergie finale additionnant
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tout ce qu’il y a “derrière la prise” ou “derrière le tuyau”. Sachez donc que l’énergie primaire de l’électricité s’obtient à l’aide d’un coefficient multiplicateur de 2,58, autrement dit, pour 1kWh final d’électricité, une fois additionné tout ce qu’il y a derrière la prise (rendement des centrales, transport…), on arrive à 2,58 kWh d’énergie primaire. Cependant sur ce point il y a débat puisque ce coefficient est estimé à 3,35 dans le dispositif européen Display, voire même à 4 pour l’association négaWatt. Pour le bois, par contre, nous passons d’un coefficient de 0,6 pour le label BBC Effinergie, à 1 dans la nouvelle Réglementation thermique… les rendements des poêles à bois ont certainement dû baisser entre-temps ? Là encore on constate que les valeurs et unités sont totalement tributaires de conventions. Voyons donc maintenant ce que signifie “être BBC” ou “RT 2012”… BBC, qui signifie Bâtiment Basse Consommation, et n’a donc rien à voir avec Radio Londres, est un label volontaire, incitateur mis en place en 2006 par l’association Effinergie en vue de préfigurer la future Réglementation thermique. Cette nouvelle RT 2012 se met en place progressivement tout au long de l’année et selon les types de bâtiments. Il y a peu, la consommation des bâtiments connus sous l’appellation BBC se calculait à partir de la RT 2005 (la
précédente). Le passage à la RT 2012 n’a pas seulement consisté à modifier les niveaux d’exigence attendus, mais aussi et surtout, à mettre en place un nouveau mode de calcul. Le label BBC est donc en train d’évoluer courant 2012 pour un niveau d’exigence supplémentaire à celui de la réglementation et pour traiter également les bâtiments existants. L’association Effinergie, responsable du label BBC, est constituée de la plupart des Régions en tant que collectivités, mais aussi de Centres techniques, d’industriels, de fédérations professionnelles, etc. On y trouve des représentants des métiers du bâtiment ou de l’amélioration thermique comme la Fédération Française du Bâtiment ou l’Agence Nationale de l’Habitat mais aussi des organismes dont les intérêts semblent d’emblée plus orientés, comme par exemple la Fédération des Laines Minérales, le Syndicat des fenêtres Aluminium, ou le Comité National de Développement du Bois. On peut imaginer que les consensus s’y obtiennent de haute lutte et que les objectifs publics défendus par les collectivités territoriales sont confrontés à des objectifs bien plus privés. Les enjeux au sein d’Effinergie sont finalement assez représentatifs des débats autour de la Réglementation thermique et des règles de calculs qui en découlent. La complexité abordée au sujet du calcul des surfaces ou des coefficients
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si on le faisait
CRÉONS DE L’HUMUS POUR L’HUMANITÉ ! Texte : Karine Maccagno photo : Anne-Lore Mesnage
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes agissent pour limiter la pollution générée par leur quotidien sur l’environnement. Certains deviennent « locavores » ou construisent une maison passive, d’autres renoncent à utiliser une voiture ou à prendre l’avion. Et puis il y a ceux qui pratiquent le compostage collectif…
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Ca composte pas mal à Paris Ça se passe au 107, rue de Reuilly, dans le 12ème arrondissement de Paris, au cœur d’une résidence de 560 logements du bailleur Paris Habitat, où vivent environ 2 000 personnes. Une résidence comme il en existe tant d’autres dans les villes ou leurs banlieues. Mais au détour d’une allée, on tombe sur un véritable petit havre de paix. Une végétation abondante, des petits jardins partagés, de la vigne, des arbres fruitiers, des ruches (si, si) et ce qui fait aujourd’hui l’objet de notre curiosité : huit grands bacs à compost. L’image semble saugrenue, nous sommes pourtant bel et bien au centre d’une formidable expérience éco-citoyenne, naturaliste et humaine : celle du premier compost collectif parisien en pied d’immeuble. Composter, un acte puissant de création Le grand organisateur de ce qui semble être à première vue un petit
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miracle est là, un bio-seau à la main, arborant fièrement un tablier sur lequel est inscrit « CompoSt’ory ». Jean-Jacques Fasquel n’est pas un locataire tout à fait comme les autres : conseiller et formateur en développement durable, il est aussi maîtrecomposteur et c’est à ce double titre qu’il a initié bénévolement, dès 2007, cette expérience de compostage collectif qui mobilise aujourd’hui plus de 75 locataires de 5 à 80 ans. Lorsqu’on lui demande comment lui est venue cette drôle d’idée, il répond par une question : « Quelle plus belle illustration du développement durable que le compost collectif ? Nous, ‘les composteurs du 107’, ajoute t-il fièrement, nous interagissons positivement avec les cycles naturels de la vie ; en valorisant nos déchets, nous créons de l’humus et de l’humanité, nous fertilisons les sols et le lien social. » Cette fonction créatrice de lien est primordiale aux yeux du maître-composteur qui précise, dans un large sourire :
« Et c’est bien plus sympathique de se retrouver autour de bacs à compost que dans un local à poubelles ! » Le compost, pierre philosophale des déchets ! La formule peut paraitre emphatique, il suffit pourtant de mesurer les bénéfices du compostage pour la planète. Car composter revient à transformer nos déchets organiques en ressources de vie, en riche amendement pour le sol, et à réduire dans le même temps la quantité de nos déchets. En effet, alors que nous générons 390 kilos de déchets par personne et par an, l’ADEME estime que 32% du contenu de nos poubelles sont compostables ! Les résultats des « Composteurs du 107 » en témoignent concrètement : ils détournent environ 8 tonnes de déchets chaque année et produisent 4 à 5 m3 de compost. « Au départ, explique Jean-Jacques Fasquel, quand nous n’avions pas de jardin, les participants employaient le compost pour
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ensemble, on va plus loin
CARROT MOB, UN POUR TOUS, TOUS GAGNANTS ! Texte : Nathalie Jouat photo : Carrot Community Alexandre Pommier
La gourmandise est vecteur de mutation dans bien des domaines, c’est sur ce constat que CarrotMob a bâti le succès de sa démarche. Natif des Etats-Unis, le concept est simple et audacieux : «tendre la carotte plutôt que le bâton» pour inciter à la conduite du changement écologique auprès des commerces à échelle locale. Des CarrotMob ont déjà eu lieu dans plus de 100 pays à travers le monde, y compris en France. Préparezvous, ça va bientôt arriver chez vous ! Véritable changement de société. Pourquoi ça marche ?
L
e principe est simple et fondé sur un échange gagnant-gagnant pour tous les acteurs de l’évènement. Plusieurs commerces de même nature (épiceries, restaurants, magasins, services...) sont consultés par l’équipe organisatrice du CarrotMob (mob comme mobilisation). On leur explique les règles du jeu : sur une période donnée, les organisateurs vont faire affluer un maximum de consommateurs dans le commerce
sélectionné. Une partie des bénéfices générés par cette fréquentation supplémentaire doit être investie dans de la restructuration écologique (installation d’ampoules basse consommation, réfection de l’isolation, changement de fenêtres, de mode de chauffage ou de matériel frigorifique ...). Pour choisir le commerce où le CarrotMob va avoir lieu, l’équipe organise des enchères. Le gagnant est celui qui réserve le pourcentage le plus
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L’ÉCOLE ÇA SERT À QUOI ? KAIZEN 3_ EXE.indd 23
A quoi sert l’école ? La question a de quoi surprendre tant l’institution scolaire et l’instruction obligatoire sont devenues incontournables dans nos vies, celles de nos enfants et dans la société en général. Officiellement, l’école sert à transmettre « l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. » Une définition proche de la vision exprimée par une majorité des français lors d’un récent sondage : Pour 41 % d’entre eux elle doit « permettre à chacun de trouver un travail à l’issue de sa scolarité et de s’intégrer dans la société » et pour 39 % « transmettre à chacun des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) ». Mais qu’est ce que cela veut dire exactement ? dossier réalisé par Cyril Dion, Muriel Fifils © F. Dion
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Nous enseignons la conscience d’une époque
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ans son dernier ouvrage La troisième Révolution industrielle, l’essayiste Jérémy Rifkin avance une analyse qui ne manque pas de sel : « Ce que nous enseignons vraiment (dans les écoles), c’est la conscience d’une époque ». En d’autres termes, l’école est le reflet de nos sociétés. On y forme les enfants à devenir les parties prenantes du monde dans lequel ils évoluent, avec ses croyances, ses dogmes, son organisation sociale. Pendant des siècles en Europe, l’instruction était majoritairement réservée à une élite, perpétuant ainsi un système de classes. Lorsqu’elle s’ouvrait aux classes populaires, l’école était très largement dispensée par l’Eglise, qui entretenait ainsi une vision chrétienne du monde. Avec l’institutionnalisation par Jules Ferry de l’école laïque, obligatoire et gratuite en 1880, c’est un grand mouvement de démocratisation qui eut lieu en France, ouvrant les portes de l’instruction au plus grand nombre et privilégiant la « liberté de conscience ». A première vue, un véritable progrès.
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Et c’est précisément de « progrès » que la société de la fin du XIXème siècle était éprise. Comme le souligne encore Rifkin, « L’un des grands objectifs du mouvement qui a créé l’école publique en Europe et aux Etats-Unis était de stimuler le potentiel productif de chaque être humain et de créer une main d’œuvre efficace pour promouvoir la révolution industrielle. » Ce qui a fait dire à nombre de détracteurs de l’école, dont Ivan Illich dans son livre Une société sans école, qu’elle était davantage un moyen de former de bons petits soldats du
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Apprendre autrement L
’appellation « écoles différentes » recouvre de nombreuses propositions pédagogiques. Si les écoles, collèges et lycées alternatifs résonnent encore pour certains comme l’apanage des années post-soixante-huitardes, on oublie que ces courants pédagogiques sont nés pendant la première moitié du XXème siècle. Ces institutions s’identifient à un lieu de vie et s’harmonisent autour d’une l’idée : l’apprentissage peut être une source de joie et de bien-être. Le suivi des élèves y est plus individualisé, des temps de régulation du collectif sont organisés. On y apprend aussi bien à gérer des questions de vie quotidienne de l’établissement qu’à s’approprier des outils pour s’exprimer ou mener un débat. On y est aussi persuadé que chacun, bien accompagné, peut réussir. Trois exemples, trois sites illustrent cette diversité. Des écoles qui osent repenser l’Ecole…
L’École du Colibri, Les Amanins
© J. Graux
(La Roche-sur-Grane, 26400) École privée hors contrat
Témoignage de Charlotte, en CM2 cette année. Elle évoque ainsi ce qu’elle y a découvert : « J’ai appris à gérer des conflits, à comprendre les autres, à les connaître, à dire à l’autre ce qui ne va pas, à savoir lui parler. J’ai appris à jardiner, à être connectée à la nature, à vivre avec les animaux, à les nourrir, à aller chercher des œufs au poulailler, à faire du pain... Et j’aime tout ce travail. Tout ça, ça me rend fière... »
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Valérie et Bertrand ont sept enfants : Hugo, 21 ans, Océane 19, Baptiste 17, Jules 15, Emma 13, Noé 7, et Louve 19 mois. Lui est chef d’entreprise. Elle, assure le conseil juridique de l’association « Les enfants d’abord » qui aide les parents désirant déscolariser leurs enfants. En 1999, alors que quatre de ses cinq enfants sont scolarisés, Valérie découvre que si l’instruction est obligatoire jusqu’à 16 ans, l’école ne l’est pas. Elle propose alors à ses enfants de vivre l’aventure avec elle. 13 ans plus tard, Valérie et Océane témoignent de leur expérience. Cyril : Qu’est-ce qui ne vous convenait pas dans l’école ? Valérie : Au départ, c’était la manière linéaire d’apprendre, sous la contrainte ; et puis les devoirs après des journées harassantes, la souffrance de mon fils ainé qui ne trouvait pas de réponse… Cyril : Comment vous y êtes vous prise pour leur prodiguer « l’école à la maison » ? Valérie : La première année j’ai passé du temps à les observer, à les écouter et à comprendre comment ils fonctionnaient, ce qui les intéressait. Petit à petit, je me suis informée sur les autres pédagogies qui existaient : Cuisenaire (pour le système des réglettes), Montessori (j’ai utilisé les dictées muettes par exemple), Singapore pour les maths, Les frères Lyons... J’adapte les méthodes en fonction des demandes.
Cyril : Et ça a marché ? Valérie : Oui ! D’autant plus que je me suis rendue compte que, quoi qu’il arrive, les enfants apprennent ! Ils apprennent seuls à marcher, à parler... Nous n’avons pas besoin de les contrôler pour cela, c’est avant tout une question de confiance. Ils s’initient en lisant des livres, en rencontrant des gens, en posant des questions, en regardant des films, en cherchant sur Internet, comme nous ! J’ai compris qu’il fallait lâcher prise sur cette idée bien enracinée selon laquelle l’adulte qui sait va apprendre à l’enfant qui ignore. Cyril : A quoi ressemble l’une de vos journées ? Valérie : En général, Baptiste, Jules, Emma et moi nous nous retrouvons pendant une heure le matin autour d’un livre (collection philo par exemple) ou d’un article et nous discutons ensemble du sujet abordé. Après je travaille avec chacun des enfants sur les
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Je n’ai pas été à l’école
projets en cours. Celui qui passe le de bac français, Emma qui s’intéresse aux oiseaux et avec qui l’on construit des nichoirs, un atelier pour apprendre à faire des fourchettes en bois tous ensemble, une sortie au Palais de la découverte… Dans la journée je joue avec Noé. En ce moment il lit une page par jour dans une méthode d’apprentissage de la lecture. La majeure partie de la journée il joue, regarde des livres, vient faire du sport ; il passe également beaucoup de temps à la ferme pédagogique du Piqueur (le mercredi et toutes les vacances scolaires). Nous sortons beaucoup (nous visitons des musées et des expos, assistons à des débats), nous voyageons...
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portfolio
OCÉAN, DERNIER ESPACE SAUVAGE François Sarano est un expert mondial des fonds sous
marins : Docteur en océanographie, il a participé à une vingtaine d’expéditions à bord de la Calypso en tant que conseiller scientifique du Commandant Cousteau. Il fut ensuite responsable du département «Ressources Halieutiques» au WWF France. Co-fondateur de l’association Longitude 181 Nature, il promeut la protection du milieu marin et le partage équitable de ses ressources, en s’appuyant sur la Charte Internationale du Plongeur Responsable. Conseiller scientifique et co-scénariste du film Océans réalisé par Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, coauteur avec Stéphane Durand du livre Océans (Ed. Seuil), il offre à Kaizen un avant-goût de ses 40 années de « Rencontres Sauvages ».
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© P. Kobeh Galatee films © P. Kobeh Galatee films
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CHANGEONS L’ÉCONOMIE 51
changeons l’économie
AUX FONDS CITOYENS ! Texte : Cyril Dion dessin : Le Cil Vert
L’ÉPARGNE CITOYENNE AU SERVICE DE LA MUTATION DE LA SOCIÉTÉ Problème : Des besoins écologiques et sociaux de plus en plus pressants émergent dans la société. De nombreux acteurs sont capables d’y répondre grâce à des pratiques et des initiatives pionnières. Malheureusement, la plupart de ces projets sont extrêmement difficiles à monter juridiquement et financièrement. Les cadres législatifs sont la plupart du temps inadaptés et les banques préfèrent accorder des prêts à des projets plus directement rémunérateurs et «dans la norme»
Solution : Puisque les banques n’investissent pas dans ces secteurs aussi nécessaires que novateurs, des citoyens ont décidé d’amorcer le mouvement en créant des fonds d’investissement solidaires, éthiques, écologiques, dans différents domaines. Pour cela, ils se sont associés à la NEF, organisme financier qui, depuis vingt ans, recueille l’épargne des personnes en quête de transformation sociétale et l’investissent exclusivement dans des projets d’utilité sociale et environnementale.
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Illustration avec trois d’entre eux : Bâti cités, Terre de liens et Energie partagée. L’habitat, budget numéro 1 des ménages Le secteur de l’habitat représente aujourd’hui la plus importante dépense des ménages avec 22% de leur budget consacré au logement1. Près de 3,6 millions de personnes sont mal logées en France2. Parallèlement, le prix de la facture énergétique a connu une augmentation de 50% en dix ans3, dont 60% consacrés au chauffage. 8 millions de français vivent dans la précarité énergétique. Le secteur du logement représente 23% des émissions de gaz à effet de serre dont 77% viennent du chauffage4. Enfin, ces logements sont de moins en moins adaptés aux mutations sociales : l’isolement des seniors, notamment, a triplé durant les cinquante dernières années5. A première vue, nous sommes confrontés à un sérieux problème.
Question : saurions-nous le résoudre ? Réponse : oui, assurément. Alors pourquoi ne le faisons-nous pas ? Selon Esra Tat, présidente de Bâti Cités, tous les projets différents, innovants, qui proposent de l’écoconstruction, des habitats partagés, qui mettent en avant le lien intergénérationnel, sont très difficiles à monter d’un point de vue juridique et financier. Ils sortent trop du schéma classique « j’achète un terrain et je construis ma maison. » Pourtant ils répondent à un réel besoin sociétal. Face à ce constat, la rencontre entre Terra Cités et la NEF a permis de mutualiser deux savoir-faire complémentaires : l’expérience dans l’épargne citoyenne et l’expérience dans l’éco-construction. Ainsi, depuis avril dernier, vous pouvez placer votre argent dans le fonds de Bâti Cités afin de permettre à des projets d’habitats écologiques, participatifs et sociaux de voir le jour. L’investissement peut se faire à partir de 100 euros et il rapporte une moyenne de 3% par an.
L’objectif de Bâti Cités est de lever 1,5 millions d’euros la première année puis de fonctionner à un rythme de croisière de 3 millions par an dans les trois prochaines années. En moyenne, un projet de 30 logements collectifs peut demander un investissement de l’ordre de 6 à 8 millions d’euros dans la plupart des villes. Il n’est donc pas question de résoudre l’ensemble du problème français à l’aide de ce seul modèle. Pour Esra Tat, « ce n’est pas une initiative qui vise à tout changer, mais plutôt à mettre un grain de sable dans le système. A soutenir des projets pionniers qui ne trouveraient pas de financements par la voie classique, à montrer qu’il est possible de procéder autrement, dans l’intérêt général. L’objectif est aussi de redonner à chacun une certaine forme de souveraineté sur notre argent, la possibilité d’en décider vraiment l’usage. » Du côté de la terre... Même démarche du côté de Terre de
(1) CREDOC, (2) Fondation Abbé Pierre, (3)ADEME, (4) ADEME, chiffres clés 2010, (5) Collectif « combattre la solitude »
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roue libre
HANDICAP ? EN ÂNE T’ES CAP ! Texte : Pascal Greboval
© J. Chevolleau/Randoline
Se promener en forêt, randonner en montagne, franchir un ruisseau d’un bond sont des moments simples… réservés aux personnes valides ; des joies inconnues pour les personnes à mobilité réduite. Aujourd’hui la randoline et la Joëlette ouvrent à tous les portes de ces paradis naturels : L’âne montre la voie.
Bunny attendrit tout le monde avec son oreille cassée, mais ce matin il avance le sabot sûr, le geste lent : Il emmène Evelyne sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Voilà bien longtemps qu’elle en rêvait ! Clouée sur une chaise roulante depuis 1995 suite à une maladie de la colonne vertébrale, cette randonneuse avertie (membre du Club Alpin avant son handicap), peut enfin repartir sur les sentiers. « C’est un plaisir immense, un moyen de se reconnecter à la nature. Randonner avec des amis procure une
intense satisfaction, j’éprouve une joie profonde à respirer de nouveau les odeurs de la terre, à traverser des champs de tournesols, à entendre les oiseaux… ça n’a l’air de rien, mais ce sont des sensations si précieuses ! ». Ces plaisirs retrouvés, elle les doit à des âniers professionnels (loueurs d’ânes de randonnée). En 2006 ils ont eu envie de réunir sur les chemins des ânes et des personnes ne pouvant pas ou plus marcher en créant la randoline, un véhicule tricycle doté d’amortisseurs et de suspensions sur les roues arrières pour atténuer les cahots du chemin. Elle permet ainsi de parcourir la plupart des chemins de randonnée. Mais la randoline n’est pas un attelage, elle n’est pas équipée de rênes : une personne librement choisie par le passager (conjoint, parent, ami) doit marcher à côté de l’âne pour tenir la longe et le guider au long du chemin. Repartir ensemble :
une autre source de bonheur. La randoline présente d’autres avantages : elle offre une part d’autonomie à la personne transportée, celle-ci étant à même de piloter l’engin en utilisant les freins si nécessaire. Un emplacement a été prévu sur le véhicule pour placer le fauteuil roulant, il devient alors possible de visiter les villes et les sites touristiques le soir après l’étape. Enfin pour garantir un maximum de sécurité le passager peut à tout moment actionner une poignée de séparation d’urgence qui découple la charrette de l’âne.
L’âne en tête Pourquoi privilégier l’âne pour tracter la randoline ? Bien que les « grandes oreilles » aient plutôt mauvaise réputation et se soient vues mises au ban dans l’imaginaire collectif, c’est l’animal parfait pour former un binôme
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yes they can
COMMENT RENAÎT UNE AGRICULTURE LOCALE VIVANTE. Texte et photo : Raphaël Souchier
Les Américains prennent conscience des dégâts causés par l’industrialisation de leur nourriture – en particulier sur la santé, et le besoin de retrouver une certaine autonomie alimentaire locale voit le jour. Le Mouvement pour une nourriture saine prend donc de l’ampleur. Mais souvent, il faut recréer sur les territoires une offre locale depuis longtemps disparue. Illustration dans le Michigan.
N
ous sommes à Ann Arbor, aux portes de Detroit, berceau de l’industrie automobile américaine. Pas vraiment une région agricole. Pourtant il s’y passe des choses étonnantes. Pour Kim Bayer, du mouvement Slow Food, le Système Local de Nourriture d’Ann Arbor qui se met spontanément en place depuis plusieurs années « ressemble plus à un patchwork qu’à un chemin direct. Un système complexe, sans aucun contrôle global, qui se développe par l’interaction organique de relations personnelles et d’opportunités de marché. »
David s’est initié à l’agriculture bio à Tantré Farm1 , chez Richard Andres et Deb Lentz. Une année, la production de choux fut excédentaire : « J’en
ferais bien de la choucroute ! » s’exclama David. C’est ainsi que débuta l’aventure de The Brinery2 , entreprise de lacto-fermentation. Ses excellents produits sont désormais disponibles sur le marché et chez les traiteurs. Certifiée bio depuis 1993, Tantré Farm est à la fois une famille accueillante, une entreprise saine et une pépinière de nouveaux talents. Elle produit sur 14 hectares légumes, fruits, lait et champignons pour les 400 membres de leur CSA3, les restaurants et le marché. Début 2012, Richard et Deb ont acheté une autre ferme qui accueillera bientôt la plateforme agricole bio du comté, offrant lavage, empaquetage, cuisine, etc. aux petits producteurs. L’autre locomotive du Système Local de Nourriture a pour nom Zingerman’s4.
En 1982, Paul Saginaw et Ari Weinzweig ouvraient leur échoppe de traiteur-épicerie fine. Au bout de 10 ans, ils décident de s’agrandir pour faire face à la demande croissante et créer des emplois sur place. Non pas en créant une franchise, car la qualité des produits et du service en aurait souffert. Et pour rien au monde ils n’auraient quitté leur ville. Ils choisissent de créer une famille d’entreprises, indépendantes et complémentaires (boulanger, fromager, confiserie, restaurant, vente par correspondance, formation) dirigées par eux ou par d’anciens employés et donnant la priorité aux producteurs locaux. Parallèlement, les initiatives les plus
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idée remuante
UNE ESPÈCE À PART Entretien avec Michel Onfray par Anne Sophie Novel, photos Pascal Greboval
Avez-vous déjà entendu parler de l’antispécisme ? Cette approche part du principe qu’il n’existe pas de différences entre les espèces et considère ainsi que rien ne justifie l’exploitation des animaux par les humains “de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines”, indiquent les Cahiers antispécistes, référence actuelle du mouvement.
L
e philosophe utilitariste Peter Singer, figure de proue de cette idéologie, estime en ce sens que tout être vivant sensible doit être protégé de la souffrance physique, et psychologique. En interrogeant directement les critères d’humanité et d’animalité, cette question a toujours soulevé de brûlants débats. Aussi le philosophe Michel Onfray signaitil en août 2009 dans Siné Hebdo un article qui a été largement repris dans la communauté végétarienne. Pour cause, il soulignait à quel point les idées antispécistes, dont les fondements sont justes, peuvent atteindre des extrêmes malheureux. Alors que l’exploitation excessive du vivant entraînée par la croissance de
consommation carnée de nos régimes alimentaires est de plus en plus pointée du doigt, nous avions envie de l’interroger à nouveau sur cette question. Anne Sophie Novel : Tout d’abord, pouvons-nous revenir sur les éléments qui conditionnent une vision spéciste ou antispéciste du monde, aussi bien dans les religions que dans les grands courants de pensée philosophiques ? Michel Onfray : Les fondations ontologiques de l’antispécisme sont radicalement antimonothéistes puisque les trois monothéismes proposent un récit légendaire de la création dans lequel l’animal est présenté comme une quantité
négligeable en regard de l’homme dont on affirme qu’il est le sommet de la création. Pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, le monde est séparé : entre Dieu et la nature, entre la nature et l’homme, entre l’homme et la femme, entre l’homme et l’animal. D’un côté le créateur, de l’autre, sa création. Dans la création, d’un côté les créatures humaines, de l’autre, toutes les autres créatures, dont les animaux. Il existe un certain nombre de philosophes, négligés par l’institution philosophique, qui pensent le monde en monistes et affirment qu’il n’existe pas une différence de nature entre l’homme et l’animal, mais une différence de degrés. Ainsi, l’homme et l’animal sont, pour les matérialistes (de Démocrite aux derniers épicuriens
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1 : A la boite à lutins, enfants et parents sont accueillis par le sourire de Céline 2 - 4 : Terra Nova et Floury Fréres deux librairies ouvertes sur le monde 3 : Une majorité des adresses accepte les sols violettes (monnaie locale de Toulouse, voir Kaizen 2)
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A Toulouse, tout est question de couleur : ville rose, cité des violettes, rugby en rouge et noir… Aujourd’hui une touche verte se répand dans la ville.
le bon plan
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TOULOUSE Texte et Photo Pascal Greboval
MobiCulture
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La maison du vélo Quatrième aire urbaine de France, Toulouse exige parfois de longs déplacements. La maison du vélo face à la Gare SNCF de Matabiau vous offre la possibilité de les effectuer tout ou partie à vélo, grâce à un système de location de vélos pliants qui s’adaptent bien à la mutlimodalité des transports. L’esprit de la maison est aussi de vous rendre autonome : des ateliers sont ainsi mis en place pour vous aider à bien entretenir vos bicyclettes. Vous trouverez également dans cette ancienne maison éclusière des remorques pour le transport des enfants, une vélocythèque riche en
informations et des conseils pour que votre entreprise favorise le vélo dans les déplacements professionnels. Cerise sur le gâteau, le restaurant « Vélo sentimental » offre deux espaces conviviaux pour déjeuner ou prendre un thé. Deux garages solidaires Ne cherchez pas l’enseigne de votre marque préférée, vous êtes dans un garage associatif. Le concept est simple : aider les gens dans la précarité financière à entretenir et réparer leurs véhicules à moindres frais en leur proposant de participer aux réparations, sans que cela soit impératif. L’objectif n’est pas de favoriser l’usage de la voiture, mais de le faciliter quand
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sauvage et delicieux
LE SUREAU NOIR Textes et photo : Linda Louis
Joliment appelé «arbre aux fées », le sureau noir détient trois trésors : des vertus médicinales remarquables, des fleurs délicieusement parfumées et à maturité d’exquises baies juteuses !
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