KEDGE Network Review N2 fr

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N°2 JAn 2022

DOSSIER L' I m p a c t & K E D G E / La Finance Responsable / La Supply Chain durable / L a Te c h f o r g o o d / L e V i n Responsable...

DOSSIER Accompagnement jeunes diplômés P.60

NOMINATIONS Les nominations Alumni 2021 P.64

1 AN APRÈS l'école entrepreneuriale P.66


formation.kedge.edu

KEDGE Global MBA

#45 mondial - #4 en France Classement Financial Times

Le programme Global Executive MBA de KEDGE offre aux cadres et managers à fort potentiel un diplôme prestigieux d’administration des affaires. La formation est dispensée au sein d’une institution d’enseignement supérieur en management de premier rang, reconnue à l’international et en parfaite synergie avec le monde de l’entreprise.


Network Review

Sommaire

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04.

20.

34.

49.

Edito Georges KLENKLE

Dossier KEDGE IMPAKT Thème 2 LA SUPPLY CHAIN DURABLE

Interview Quand la tech accélère la transition écologique

Interview Chateau Raymond Tapon, la viticulture ne peut être que biologique

37.

52.

Interview SULITEST : le toefl du développement durable

Rencontre AOC : l'association oenologique de

40.

54.

Rencontre

Article Il est maintenant prouvé que le vin écologique a meilleur goût.

06. Dossier KEDGE IMPAKT Ouverture

08. Dossier KEDGE IMPAKT Introduction

10. Dossier KEDGE IMPAKT Thème 1 LA FINANCE RESPONSABLE

13. Interview Le financement participatif au service de la transition agricole

18. Rencontre Cobfi : l'association bourse et finance de KEDGE BS

22. Interview OPENSC : créer de la transparence dans la supply chain

26. Interview VEJA : quand la sneakers rime avec éco-résponsabilité

30. Rencontre LOX : la plateforme qui apporte transparence et réduction des coûts dans le secteur de la logistique

32. Dossier KEDGE IMPAKT Thème 3 TECH FOR GOOD

TECHNOM'AIDE :

l'association du digitale et du numérique de KEDGE BS

42. Business Nursery Inclusivité & responsabilité ont le vent en poupe à la Business Nursery

44. Dossier KEDGE IMPAKT Thème 4 DU VIN RESPONSABLE ?

46. Interview Comment devient-on un vignoble responsable ?

KEDGE BS

58. Dossier KEDGE IMPAKT Conclusion

60. Dossier ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES DIPLÔMÉS

64. Nominations

66. 1 an après L'école entrepreneuriale : bilan et de belles perspectives


Network Review

4 E D I TO


Network Review

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G E O R G E S

K L E N K L E -

Président, KEDGE Alumni

2021 marque le début d’une nouvelle décennie riche en perspectives heureuses sur les plans sanitaire, culturel et économique, mais surtout écologique. Grâce à la formidable prise de conscience des enjeux climatiques qui s’est profondément ancrée dans les esprits, les leviers se mettent en place pour relever cet important challenge écologique nécessaire au maintien de notre écosystème et pour le bien de tous.

Tout en gardant en tête les dernières alertes du rapport du GIEC, je suis optimiste. Pourquoi ? Du fait que nous avons dépassé les phases de déni et autres effets d’annonce et de communication. Désormais, l’enjeu climatique a vraiment pris une dimension politique, culturelle, citoyenne et économique et nul ne peut l’ignorer.

Jamais un médicament n’a été mis au point aussi rapidement que le vaccin contre la Covid. Ceci, bien évidemment grâce à une formidable collaboration mondiale qui témoigne de la modernité de notre société. L’an dernier, 300 milliards d’euros ont été alloués en Europe par des investisseurs privés (Private Equity) sur des projets ESR (Entreprise Socialement Responsable).

Les enjeux liés au changement climatique, au sein de l’écosystème de KEDGE ont ouvert de nouvelles perspectives : enseignement, recherche, création d’entreprises, partenariats, etc. Nous sommes nombreux à nous engager pour relever ce défi ! En bourse également de nouveaux fonds ESR émergent chaque jour. Les États aussi rivalisent d’initiatives ambitieuses pour lutter contre le réchauffement climatique. L’écosystème des startups n’est pas en reste. Chaque jour, on voit éclore de nouveaux projets qui ambitionnent de nous rendre plus respectueux de notre environnement pour préserver notre Habitat en adaptant nos gestes et nos choix quotidiens. KEDGE est partie prenante de

ce nouveau challenge. En qualité de Président de KEDGE Alumni, je suis émerveillé par toutes ces initiatives de kedgers passionnés, telles que Sweep, Sulitest, Transition Evergreen, Mao Bao et tant d’autres...

La science évolue à très grande vitesse et va transformer notre avenir, à commencer par la décennie qui s’ouvre. La contribution de tous et en premier lieu celles des équipes de KEDGE Alumni nous garantit le meilleur des départs. Je vous souhaite une très bonne lecture de ce deuxième numéro. À travers celui-ci, découvrez 4 secteurs en pleine mutation au sein desquels étudiants, diplômés et enseignants passés à l’action, partagent leurs expériences et illustrent l’intégration de la notion d’impact social et environnemental dans leurs activités au sens large. L’équipe de KEDGE Alumni espère vous revoir bientôt à l’occasion d’un des 200 événements annuels du réseau.


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D O S S I E R


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KEDGE IMPAKT

P 8 . I N T R O D U C T I O N L’IMPAKT & KEDGE BUSINESS SCHOOL P 1 0 . T H È M E 1 LA FINANCE RESPONSABLE P 2 0 . T H È M E 2 LA SUPPLY CHAIN DURABLE P 3 2 . T H È M E 3 TECH FOR GOOD & ENTREPRENEURIAT P 4 4 . T H È M E 4 LE VIN RESPONSABLE P 5 8 . C O N C LU S I O N (RE)DONNER LE POUVOIR D’AGIR AVEC MAKESENSE !

Cet imposant dossier, représentant le cœur de ce deuxième numéro, est le fruit de nombreux mois de travail et de recherche auprès de toute la communauté KEDGE ainsi que du réseau des diplômés et étudiants de l’école. À travers celui-ci, pénétrez dans 4 secteurs en pleine mutation au sein desquels étudiants, diplômés et enseignants de KEDGE, partagent leurs expériences et illustrent l’intégration de la notion d’impact social et environnemental dans leurs activités au sens large.


I N T R O D U C T I O N

Introduction

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L ' I M PA C T

&

K E D G E


Dossier KEDGE IMPAKT

Introduction

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L ' I M PAC T & K E D G E INTRODUCTION

A N I L

B E N A R D - D E N D É

Directeur Général Adjoint, KEDGE BUSINESS SCHOOL

À mon sens, avoir de l’impact, c’est agir et modifier le réel, le cours normal des choses. Cela sous-tend une transformation et un passage à l’acte. La capacité à mettre en œuvre, mesurer les résultats, s’ouvrir et s’adapter pour transformer. Au sein de KEDGE Business School, cette volonté et cette recherche d’impact se déclinent de trois manières :

l’inclusivité avec nos enseignantschercheurs sous l’impulsion d’Anicia Jaegler, la doyenne à l’inclusivité, un index spécifique qui prend en compte les axes sociaux, territoriaux, de diversité ainsi que les différentes parties prenantes de l’École.

1. Par ce que nous faisons en tant qu’organisation pour l’accessibilité de l’École : KEDGE est une organisation qui compte plus de 600 salariés, qui est présente sur 4 campus en France. Nous avons donc décliné une politique en matière d’inclusion et de diversité afin d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes, l’inclusion des personnes en situation de handicap ou encore renforcer la diversité dans le recrutement de nos étudiants. Ensuite, nous travaillons activement à la diminution de notre empreinte sur les écosystèmes (et notamment en carbone) et la restauration de la biodiversité sur nos territoires. La réflexion autour des déplacements des salariés et surtout des étudiants (notamment à l’étranger dans le cadre de leurs études) est structurante pour notre capacité à atteindre le net zéro carbone de notre activité à horizon 2030. Enfin, nous adaptons nos modèles de gouvernance afin de les ouvrir à l’ensemble des parties prenantes.

Nous avons créé KEDGE IMPAKT, laboratoire des actions à impact positif, afin d’encourager, mobiliser et mettre en cohérence l’ensemble des actions visant à augmenter notre impact sociétal et environnemental. Ensuite, nous nous sommes fixé des priorités – et donc nous avons fait des choix – afin de concentrer notre énergie. Nous avons par exemple renforcé notre volonté d’inclusion sociale et territoriale. Un lycéen de zone rurale a aujourd’hui 3 fois moins de chance en proportion d’intégrer une formation à KEDGE. C’est une injustice pour les lycéens, une perte énorme pour le développement des territoires, un échec en matière d’inclusivité pour la collectivité, les entreprises et l’École. Nous aurons dans ce domaine une action résolue et avons pour cela nommé une doyenne à l’inclusivité afin de renforcer nos actions. Nous nous sommes donné des objectifs très clairs, annoncés dans le plan stratégique KEGDE25, que nous suivons de manière trimestrielle. Nous avons pour cela créé un comité développement durable qui intégrera dès la rentrée des représentants des étudiants.

2. Par nos contributions au débat public : KEDGE est reconnue par la qualité de sa recherche qui contribue fortement à alimenter le débat public, ouvrir de nouvelles voies de réflexion ou d’expérimentation. Je pense par exemple à nos travaux en termes de sustainable finance ou de supply chain décarbonée. 3. Par nos étudiants et leurs comportements dans leurs vies personnelles et professionnelles : plus de 4.000 étudiants quittent KEDGE

AUGMEN T ER L’ I M PA C T

chaque année et intègrent une entreprise, une organisation ou créent leur startup/activité. La pédagogie et les enseignements dispensés visent à ouvrir le champ des possibles et à former des managers responsables intégrant pleinement les enjeux de développement durable, d’inclusion dans leurs pratiques et priorités. « Apprendre à faire, réussir en faisant » : KEDGE est une école exigeante où l’on enseigne à avoir de l’impact au travers d’expériences, où l’on valorise les succès aussi bien que les échecs, où l’on apprend à faire. C’est bien là, par notre approche résolument tournée vers l’action et cet effet multiplicateur, que KEDGE a un impact très significatif sur la société. À ce titre, notre exemplarité et notre engagement en tant qu’organisation me semblent être des éléments indispensables à l’efficacité de notre démarche.

LA MESURE

KEDGE publie un rapport développement durable depuis 2009 dans lequel l’École s’engage et rend compte de ses actions et de leurs impacts. Le plan stratégique KEDGE25 s’articule autour de 5 piliers (engagement des salariés, satisfaction étudiante, durabilité, inclusivité et performance économique). Nous avons choisi comme indicateur synthétique le Positive Impact Rating pour la durabilité et construisons pour

Enfin, nous souhaitons mieux et plus mobiliser l’ensemble de la communauté KEDGE (étudiants, alumni, partenaires entreprises). Nous travaillons par exemple à la création d’un Pro-Act community au service des associations du territoire. C’est notre action résolue, constante et notre capacité à mobiliser l’ensemble de la communauté KEDGE qui nous permettront d’augmenter notre impact.


T H È M E

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Finance

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L A F I N A N C E R E S P O N S A B L E


Dossier KEDGE IMPAKT

Finance

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LA FINANCE RESPONSABLE T H È M E

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C H R I S TO P H E

R E V E L L I

Professeur en Finance responsable, titulaire de la chaire KEDGE/CANDRIAM Finance Reconsidered

Après plusieurs décennies de développement, de quête de légitimité, d’implémentation dans les processus de gestion financière la Finance durable ou responsable (ou investissement socialement responsable – ISR - initialement) est clairement aujourd’hui sorti d’un marché de niche pour tendre vers une gestion mainstream, globale et visible. D’un style de gestion pour investisseur pionnier et militant, il est maintenant devenu une méthodologie intégrée pour la plupart des gestionnaires d’actifs et fonds d’investissement en quête de responsabilité et favorable à une économie et une société plus durable. La gestion d’actifs est l’une des industries incontournables pour permettre ces réalisations, tant son pouvoir en termes de volume d’actifs gérés est colossal (74 300 milliards de dollars US au niveau mondial, selon les données Statista, 2021 ; 89 000 milliards de dollars US selon Boston Consulting Group…). Permettre une transformation verte et durable de ces capitaux alignés sur un seul et même objectif est certainement le cap à atteindre. De nombreuses initiatives vont dans ce sens et les données statistiques sur les engagements pris démontreraient une capacité des marchés financiers à allouer de manière vertueuse les capitaux vers ces objectifs de reconstruction écologique et sociale. Selon le dernier rapport du Global Sustainable Investment Alliance (GSIA, 2018), les encours mondiaux investis dans des actifs responsables ou durables représenteraient un montant de 30 683 milliards de dollars US (à travers les stratégies d’exclusion sectorielles et normatives, d’intégration ESG (Environnement, Social, Gouvernance), de best-in-class, d’investissements thématiques durables, d’impact

investing ou encore d’engagement actionnarial). En Europe et au Canada, près de 50% des actifs seraient ainsi gérés de manière durable ou responsable, contre 25% aux USA, et près de 63% en Australie…L’adage a pour coutume de dire que près d’un actif sur deux voire trois serait géré de manière durable dans le monde aujourd’hui. Une vague verte serait ainsi en train de déferler tel un raz de marée, avec une explosion exponentielle des encours et des stratégies d’allocation d’actifs durables, faisant de la finance durable un acte mainstream pour la majorité des acteurs financiers. Il est facile de conclure que l’investissement responsable s’est démocratisé et remporte un franc succès commercial dans les économies mondiales. Mais l’hyper-réalité financière nous rappelle que Blackrock, plus gros gestionnaire d’actifs mondial, a seulement soutenu en 2020 trois résolutions de lutte contre le réchauffement climatique sur 36 lors d’AG d’entreprises américaines cotées, a voté contre la résolution d’actionnaires qui demandait à l’entreprise d’aligner « ses activités avec l’accord de Paris » soumise à l’Assemblée générale de Total (dont Blackrock est actionnaire à hauteur

de 6,3 %), et a financé pour 87 milliards d’investissement dans les énergies fossiles en 2019. Par ailleurs, selon un rapport de l’organisation ShareAction, sur les 75 plus grandes sociétés de gestion mondiales, 38 négligeraient « les dommages écologiques et sociaux de leurs investissements ». Toujours selon l’ONG, les six plus importants d'entre eux (BlackRock, Vanguard, State Street Global Advisors, Fidelity Investments, Capital Group et JPMorgan Asset Management), sont tous considérés comme très en dessous des objectifs, voire médiocres sur le sujet, avec une « approche très limitée de la gestion des risques et des opportunités ESG, exposant des millions d'épargnants du monde entier à des pertes financières potentielles à long terme ». Récemment, Tariq Fancy, ancien responsable de l’investissement durable (Sustainable Investing CIO) de Blackrock, dénonçait l’immobilisme du « géant » d’actifs en ce qui concerne les politiques d’intégration d’objectifs de durabilité en son sein, c’est-à-dire les politiques d’investissement, exprimant ouvertement le terme de greenwashing. Il est donc important de maîtriser où résident les décalages entre les discours et les actes, et comprendre si la gestion d’actifs est bien une industrie qui permettrait de combler le sustainable finance gap identifié par l’ONU et les différentes institutions gouvernementales et supranationales (estimé entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars US par an à l’échelle mondiale, selon le CNUCED). Afin de combler ce gap, il s’agit de penser durabilité et responsabilité de la finance avant de penser finance responsable et durable. Faire de la finance autrement implique de changer de paradigme et de remettre la durabilité en son centre. L’enjeu est


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grand, l'effort commun doit l’être tout autant. Afin de surmonter les biais de greenwashing et de gestion d’effet réputation, dans un monde demandant d’afficher une coloration verte à ces activités dans un droit toujours non contraignant, le langage doit s’adapter aux enjeux écologiques et sociaux : comptabilité, régulation, enjeux prudentiels, fiscalité, politiques monétaires… L’effort des institutions publiques doit également être sans précédent afin d’inciter et d’encadrer les initiatives privées déjà existantes. L’exigence durable prioritaire doit être de tous les investissements, au-delà des enjeux de responsabilité fiduciaire qui font de la durabilité une variable de communication ou d’objectif de matérialité financière...

Afin de pousser plus loin, les nouvelles générations d’actrices et d’acteurs doivent également s’engager pleinement pour transformer les pratiques financières, et en cela l’éducation est clé. La communauté académique se doit de transformer les contenus pédagogiques pour plus d’intégration et de transversalité, faire des ODD la finalité des pratiques financières enseignées. Les cours en gestion des risques se doivent d’intégrer une compréhension de l’épistémologie des modèles financiers, de la pertinence des métriques, de l’intégration des critères ESG. Les enseignements en gestion d’actifs doivent intégrer les techniques de pricing ESG, une approche qualitative de la décision basée sur une triple vision stratégique, financière et ESG. Les cours de modélisation financière se doivent également d’inclure les enjeux de modélisation des risques climat (scénarios, stress tests) en réajustant les logiques temporelles vers du temps long. Les enseignements en capital-risque, capital-développement et capital-innovation doivent également insérer les techniques de mesure des impacts sociaux et ODD au sein des due-diligences et dans l’évaluation des deals… Autant de transformation nécessaire pour permettre l’évolution des métiers financiers vers les objectifs définis par l’Agenda 2030.

KEDGE BS peut être f ière d’avoir été la première école de commerce et université française et européenne à s’être engagée dans cette voie, en créant dès 2016 le premier master f inance 100% dédié aux enjeux de durabilité et de reconstruction écologique et sociale.

KEDGE BS peut être fière d’avoir été la première école de commerce et université française et européenne à s’être engagée dans cette voie, en créant dès 2016 le premier master finance 100% dédié aux enjeux de durabilité et de reconstruction écologique et sociale (MSc Sustainable Finance, récompensé en 2018 par le prix FIR-PRI de la meilleure innovation pédagogique européenne en finance et durabilité). L’école a ainsi pu former (et forme encore) des dizaines d’étudiantes et étudiants aujourd’hui parties prenantes de l’industrie de la finance durable, avec un niveau d’engagement et de conviction à la hauteur des enjeux. Notre école est ainsi prise en exemple dans ce champ par les entreprises et institutions publiques et privées pour la qualité de ses enseignements et de sa vision mais également pour sa visibilité internationale. En cela, notre responsabilité est et sera toujours de former une communauté d’actrices et d’acteurs fiers de porter ces valeurs et ayant la compétence de participer à la transformation durable de nos économies.


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Interview

F L O R I A N B R E TO N

Diplômé 2008, Fondateur de MiiMOSA et Co-fondateur de La Ferme Digitale


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F L O R I A N

Finance

Bonjour Florian, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous motive. Je suis natif des Pyrénées Orientales, j'ai grandi à Perpignan au contact du monde agricole, notamment auprès de mon grand-père, qui était viticulteur, où j'étais à ses côtés dans les vignes depuis mes premiers pas jusqu’à faire un petit peu de maraîchage et d’arboriculture. Cette proximité a fait naître en moi une réelle sensibilité et une admiration pour le monde agricole. J’ai, par la suite, quitté les Pyrénées Orientales pour poursuivre mes études entre Montpellier et Marseille. J’ai eu le privilège de vivre des moments extraordinaires sur le campus de Luminy, avant de partir en échange à Londres en me spécialisant dans l’univers des médias, un secteur qui m’intéresse énormément également. À la fin de mes études, j’ai atterri à Paris pour débuter ma carrière chez Orange, plus précisément dans le développement de l’offre TV d’O-range sport. J’ai évolué pendant près de 3 ans au sein d’Orange avant de rejoindre le groupe M6 pour travailler sur des missions de diversification de business model. Après 8 ans dans l'univers des médias, ma passion pour l'agriculture et l'agroalimentaire a pris le dessus. Animé par la volonté d'entreprendre depuis mon plus jeune âge, j'ai tout abandonné en 2014 pour créer MiiMOSA au début de l’année 2015 avec l'ambition de créer une plateforme (et une marque) qui soit le symbole des transitions sociales, économiques et environnementales des secteurs agricole et agroalimentaire. Ce qui me motive, au-delà de l'entreprenariat, c'est d'avoir un impact concret sur l'économie réelle et sur les enjeux et défis qui se dressent face à nous et qui malheureusement s'accélèrent.

B R E TO N

À mes yeux, l'agriculture est au cœur de tous les grands déf is du 21e siècle ; l’alimentation, la santé, le climat, l'environnement, les énergies renouvelables, etc. Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette formidable aventure qu’est MiiMOSA ? Au-delà de ma passion et de mon envie irrationnelle de m'engager dans ce secteur, je voyais un monde agricole se paupériser avec une marginalisation des acteurs. Et, en même temps, je constatais une trop forte déconnexion (et donc incompréhension) entre les consommateurs que nous sommes et l'agriculture. Il faut savoir qu’au début du 20e siècle, de manière directe ou indirecte, une très grande partie de la population française travaillait au sein du secteur agricole. Aujourd'hui, c'est à peine 2% de la population. Cela a créé une vraie distance et une réelle déconnexion. Mon envie était de rétablir le rôle central de l'agriculture et de construire un projet de société autour de l'agriculture. À mes yeux, l'agriculture est au cœur de tous les grands défis du 21e siècle ; l’alimentation, la santé, le climat, l'environnement, les énergies renouvelables, etc. De ce fait, pour accélérer la transition agricole, après avoir étudié le secteur de la distribution alimentaire, dominé par les grandes surfaces alimentaires, j’ai souhaité m'attaquer au financement de l'agriculture. En dehors du fermage et du métayage, qui date respectivement de l’Antiquité et du Moyen Âge, les principales sources de financement du secteur agricole sont : 1. La Politique Agricole Commune (subventions européennes datant du

milieu du 20e siècle), pilier central de la constitution de l’Europe, dont la France est la première bénéficiaire ; 2. Le crédit, datant de la fin du 20e siècle, très largement dominé à ce jour par les banques mutualistes territoriales, qui financent 97% de ce secteur. Ainsi, le marché du financement de l’agriculture n’a pas rencontré de réelle innovation depuis plus d’un siècle. Au regard des transitions de ce secteur, du désir de simplicité, rapidité, flexibilité des professionnels du secteur, l’évidence fut d’apporter une nouvelle offre, une alternative aux financements traditionnels. D’un autre côté, c'est aussi une plateforme qui répond au besoin de communication du monde agricole. MiiMOSA représente une vraie caisse de résonance pour chaque projet que nous accompagnons. Enfin, la plateforme répond également au désir des investisseurs et des financeurs de se connecter, de se reconnecter à la fois à l'agriculture et à l'agroalimentaire, mais aussi de flécher et diriger leur épargne vers un secteur qui répond aux défis du 21e siècle. Pouvez-vous nous en dire davantage sur le fonctionnement et les enjeux de cette plateforme ? La plateforme est finalement le lieu de rendez-vous entre les citoyens et les agriculteurs. Comment fonctionne-t-on ? Par le financement ! À travers notre site MiiMOSA.com, nous mettons en relation des financeurs avec les entrepreneurs des secteurs agricole et


Interview

Finance

agroalimentaire. Nous proposons deux outils de financement :

niveau mondial, la réussite et la thématique de MiiMOSA attirent.

1. Le don avec contrepartie en nature qui permet de financer des projets de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d'euros ;

En accompagnant 80 à 90% des financements online de notre thématique, la concurrence n’est pas très présente au niveau des plateformes de financement, nous sommes plutôt en conquête de part de financement aux côtés des banques.

2. Le prêt rémunéré qui permet de financer des projets allant de 15.000 euros à 3 millions d'euros. Ces deux outils de financement ont permis d'accompagner 4.500 projets en l'espace de 6 ans, plus de 60 millions d’euros de financement, un record mondial pour une plateforme thématique. Sur cette année 2021, nous accompagnons en moyenne entre 130 et 150 nouveaux projets chaque mois. D’ici 2024-2025, nous comptons cumuler près de 500 millions d’euros vers la transition agricole. Nous assumons pleinement être une alternative aux banques, mais essentiellement sur des projets inférieurs à 100.000 euros. Cependant, pour tous les projets supérieurs à 100.000 euros, nous sommes quasi systématiquement en cofinancement avec les banques. Ce qui est intéressant dans la complémentarité des offres entre les banques et MiiMOSA, c'est que là où les banques sont « bonnes », c'est finalement là où l’on ne se positionne pas et inversement.

Lors de la création et du développement de MiiMOSA, avez-vous rencontré des freins ou des difficultés ?  Les difficultés rencontrées au départ sont principalement liées au fait de la nature du marché agricole. Je le dis avec toute l’admiration et tout l’amour que j’ai pour les acteurs de ce secteur, mais il est vrai que c’est un marché assez conservateur qui hérite d’une tradition du financement. Il a fallu expliquer, évangéliser nos offres auprès des partenaires historiques de ce secteur pour faire bouger les mentalités. Paradoxalement, il est important de préciser que même si le secteur reste toujours un peu « conservateur », c’est aussi un marché extrêmement innovant qui représente un vrai berceau d’innovation qui a toujours su s’adapter à son époque (internet, numérique data, robotique, drones, etc.)

Notre génération et celle d'après ont la responsabilité de changer les choses, notamment en matière d'écologie, il y a urgence ! Nous souhaitons prendre une place de plus en plus grande, parce que notre proposition de valeur est vertueuse. Le sens de l’histoire, c’est vraiment l’hybridation des financements entre les banques traditionnelles et MiiMOSA. Présent en France et en Belgique, nous sommes un peu plus de 40 salariés. Nous avons bien sûr des projets d'expansion à l'international et sommes extrêmement sollicités au

Pour finir sur ce point, je peux aussi, forcément, mentionner les freins liés au monde de l'entreprenariat. Se lancer dans l'entrepreneuriat n’est pas une demi-décision, un demichoix : il faut être déterminé, passionné par le projet, extrêmement résilient, être prêt à faire d’importants sacrifices. Pouvez-vous nous parler de vos plus belles réussites, notamment vos trois levées de fonds et de votre

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nomination parmi 50 leaders de moins de 40 ans qui transforment la France et l'économie.

Tout d’abord, ce que j'aime bien rappeler, notamment aux jeunes ou moins jeunes qui veulent entreprendre, c’est que lever de l'argent n'est pas une fin en soi. Si on peut se passer de réaliser des augmentations de capital pour développer son activité c'est très bien ! De notre côté, avec un modèle à impact avec de petites marges et une recherche d’importants volumes, c’était indispensable pour atteindre nos objectifs.

Depuis notre lancement en 2015, nous avons donc réalisé 3 levées de fonds pour un montant total de 11.5M€. Tout d’abord, en 2016, notre premier tour de financement de 1M€ visait à accélérer notre activité de don avec contrepartie et diversifier notre modèle économique en lançant une offre permettant aux corporate de co-financer les projets sélectionnés par nos équipes ; Ensuite, notre seconde levée de fonds en 2018 pour un montant de 3M€, avait pour objectif de lancer notre offre de crédit, d’obtenir différents agréments auprès de régulateurs (ACPR et AMF) permettant aux particuliers et aux professionnels d’investir dans nos projets ;

Enfin, plus récemment en 2021, nous venons de clôturer un troisième tour de financement de 7.5M€ visant à mettre à une nouvelle échelle notre activité et à lancer de nouveaux projets stratégiques encore confidentiels, notamment par la constitution de fonds de financement pour ainsi accélérer notre modèle et atteindre, d’ici à fin 2024, près de 500 millions d’euros de financement. Depuis 6 ans, nous avons reçu un très grand nombre de prix, tels que :

2016 : le premier prix du « Google : Moteur de Réussites Françaises », ce qui nous a permis d’obtenir une belle mise en avant et de nombreuses retombées médiatiques : publicité offerte, dernière de couverture sur Le Figaro ou encore Le Monde, publicité sur du mobilier urbain, etc.


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2021 : j’ai intégré le « club » des 50 leaders de moins de 40 ans qui transforment la France et l'économie au niveau des enjeux sociaux et environnementaux. Même si nous ne courons pas après les trophées, c’est, bien sûr flatteur à titre personnel, mais c'est surtout la récompense de toute une équipe qui s'engage au quotidien et qui fait la réussite de MiiMOSA. Selon vous, quelles sont les tendances actuelles de l’investissement à impact ? Alors déjà, j'ai envie de parler plutôt de la finance solidaire. Aujourd'hui, c'est une thématique qui est en très forte croissance et la crise qu'on a traversée n'a fait qu'amplifier cette croissance. C'est une croissance de 30% à 40% chaque année. Cela peut sembler « énorme », mais en réalité, ça ne représente rien du tout. En effet, sur les plus de 5.000 milliards d'euros d'épargne des Français, uniquement une vingtaine de milliards sont déployés sur la finance solidaire qui répond à des enjeux sociaux et environnementaux. Suite à ce constat, MiiMOSA a notamment lancé, en début d'année, un mouvement qui s'appelle objectif 1% qui ambitionne d’éveiller les consciences et d’emporter dans un même mouvement toutes celles et ceux qui veulent croire que la transition écologique est possible et passe notamment par une finance plus durable. Son objectif est de sensibiliser les citoyens à l’importance de s’interroger sur le pouvoir de leur argent, d’apporter de la transparence sur les produits d’épargne et de donner des pistes d’actions concrètes pour une finance plus engagée.

En 2016, vous avez créé l'association “la ferme digitale”, pouvez-vous nous en dire davantage ? J’ai cofondé La Ferme Digitale aux côtés de 4 autres entrepreneurs et j'ai eu l’honneur de présider l'association jusqu’à début 2021. J’ai aujourd’hui passé le flambeau à Jérôme Leroy, fondateur et président de Weenat, qui œuvre dans le secteur de l'agriculture de précision. Le but principal de l’association était déjà de se regrouper afin de promouvoir l’innovation et le numérique pour une agriculture performante durable et citoyenne. Nous souhaitons notamment éveiller les consciences sur les enjeux agricoles auprès du monde politique, mais également informer sur la nécessité d'investir dans nos innovations. Au niveau mondial, la France ne représente que moins de 5% des investissements réalisés dans des startups de l’agtech, ce n’est bien évidemment pas suffisant au regard des enjeux de notre siècle et de la position de la France en matière d’agriculture. Pour finir, auriez-vous un conseil aux jeunes qui veulent se lancer dans la finance responsable ? Je les encourage à se lancer et à devenir des entrepreneurs du changement ! Il ne faut pas hésiter, surtout si vous avez en vous la flamme, la passion et le désir d'engagement. Notre génération et celle d'après ont la responsabilité de changer les choses, notamment en matière d'écologie, il y a urgence ! Enfin, la finance, comme l'agriculture et l'agroalimentaire, sont les grands sujets de rupture des 20 prochaines années, donc inévitablement, formez-vous et engagez-vous dans ces secteurs-là.

B R E TO N


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L'ASSOCIATION BOURSE ET FINANCE DE KEDGE BS

Fondée en 1989, COBFI a pour but de sensibiliser les étudiants au monde de la finance et de leur faire découvrir cet univers plein d’opportunités. Tout au long de l’année, l’association met en œuvre de nombreux projets pour créer un véritable lien entre le monde de la finance et l’univers universitaire, mais également pour satisfaire les professionnels avec lesquels ils travaillent. COBFI est composé de 6 pôles : Investissement, Salon de la Finance Responsable, Micromed, Macromed, Communication et Partenariats.

Bonjour Amandine, vous êtes présidente de l’association COBFI, pouvez-vous nous parler des évènements et des activités de l’association ? Bonjour, avec grand plaisir ! COBFI organise des conférences, rédige des articles hebdomadaires et mensuels sur la finance durable et forme des groupes d’étudiants au trading tout au long de l’année. Au-delà des évènements récurrents, nous organisons deux évènements phares : La Trading Cup et le Salon de la Finance responsable. En quelques mots, la Trading Cup est un concours étudiant de trading qui se déroule en octobre. Le Salon de la Finance Responsable, quant à lui, se tient en février à Marseille. La finance durable est un sujet de plus en plus présent. En tant qu’étudiants, quelle place donnez-vous à ce sujet au sein de l’association ? Au sein de COBFI, nous sommes tous conscients des défis environnementaux auxquels nos sociétés sont confrontées. C’est pourquoi, depuis deux ans, nous avons réorienté notre Salon de la Finance vers la finance durable. Il a notamment été le premier Salon de la Finance Responsable en France. En plus de ce salon, nous rédigeons des articles hebdomadaires et mensuels afin d’informer et de sensibiliser les diverses parties prenantes sur les tenants et aboutissants de la finance durable.

Vous nous avez brièvement parlé du Salon de la Finance responsable, pouvez-vous nous en dire davantage ? En février dernier s’est tenue notre sixième édition du salon. Comme dit précédemment, cela fait deux ans que notre Salon de la Finance est à 100% consacré à la finance durable d’où son nom : le Salon de la Finance Responsable. Ouvert à tous, il accueille aussi bien des étudiants que des entreprises en lien avec cette thématique ainsi que des experts en finance durable. Par le biais de diverses activités, nous mettons en perspective les enjeux de la finance durable et mettons en exergue les moyens qui sont à la disposition de tous pour participer à son développement. Notre objectif principal est d’expliquer l’importance du secteur financier dans la transition écologique. Comment sensibilisez-vous les visiteurs de votre salon à la finance responsable et quel est le programme de celui-ci pour valoriser cette thématique ? Notre salon est rythmé par des stands, des workshops ainsi qu’une grande table ronde. Cette année, nos conférenciers étaient Alix Faure (Directrice de l’Investissement Responsable de l’AFG), Lucie Pinson (Fondatrice de l’ONG Reclaim Finance), Cédric Merle (Expert en finance durable à Natixis Green & Sustainable HUB), Nicolas Mottis (Membre de la commission Climat et Finance Durable à


Rencontre

l’AMF) et Nicolas Sabatier (Co-fondateur de Time for the Planet). Le sujet de cette table ronde était « Pourquoi et comment la finance peut-elle soutenir le développement durable ? ».

Finance

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faisons déjà sur des thèmes divers et variés de la finance (simulation de trading, audit, conseils pour les stages en M&A et banque, etc.), mais plus axées sur la finance responsable.

En parallèle du Salon de la Finance responsable, réalisez-vous d’autres évènements en lien avec la finance responsable ?

Merci Amandine pour votre partage. Pour finir, pouvez-vous nous donner les canaux sur lesquels les étudiants et diplômés peuvent vous suivre ?

À ce jour, notre salon ainsi que la rédaction de nos articles sont les seuls évènements en lien direct avec la Finance responsable. Cependant, nous réfléchissons à la mise en place de conférences comme nous le

Merci à vous ! Nous sommes présents sur LinkedIn, Facebook et Instagram sous le nom de “Cobfi Bourse-Finance" et serions ravis d’échanger avec vous. Amandine Saint Loup, Présidente, Cobfi Bourse Finance, Étudiante PGE, KEDGE BS

LE MASTER SU STA I NA BL E FINANCE VU PA R U N ÉTUDIANT DE KEDGE : GABIN PRIMAULT

Actuellement stagiaire chez Amundi en tant qu’analyste ESG et titulaire d’un Master en économie du développement, Gabin a souhaité approfondir ses connaissances et compétences en finance en intégrant le Master piloté par Christophe Revelli. Le Master Sustainable Finance forme des professionnels maîtrisant parfaitement les outils financiers avec une double expertise financière et extra-financière. Persuadé que la finance est un levier majeur pour réaliser une transition juste, intégrer cette formation a été pour Gabin l’opportunité de devenir un acteur de la transition écologique. D’après ses dires, ces enseignements lui ont permis d'appréhender la transition écologique, d’in-

tégrer des critères environnementaux et sociaux dans une analyse financière, de comprendre la double matérialité du changement climatique sur les entreprises. Mais aussi, de mieux définir sa pensée. « La formation m’a aidé à appréhender mon avenir professionnel. Outre les outils clefs en main que j’ai pu acquérir, le Master m’a permis de développer ma réflexion et mon agilité. J’ai également pu entrevoir de nombreuses opportunités qu’apporte le domaine de la finance et la possibilité de « secouer » ce domaine » précise Gabin. Aujourd’hui, Gabin souhaite développer davantage ses compétences notamment dans le conseil en Finance durable.


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L A S U P P LY C H A I N D U R A B L E


Dossier KEDGE IMPAKT

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L A SUPPLY CHAIN DURABLE T H È M E

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A N I C I A

J A E G L E R

Professeure en supply chain durable, Doyenne associée à l’inclusivité, KEDGE BS

La globalisation et les nouvelles tendances de consommation influencées par la prise en compte des problématiques sociales et environnementales accroient la complexité des supply chains. Network for Business Sustainability (2020) propose cinq raisons de mettre en place une supply chain durable : les attentes des consommateurs, la compliance, les coûts, l’avantage compétitif et la contribution à l’indispensable effort collectif. Mais qu’est-ce qu’une supply chain durable ? L’AFNOR  retient comme définition de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) : « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et l’environnement, par un comportement transparent et éthique qui contribue au développement durable au sens du rapport Bruntland (1987) y compris à la santé et au bien-être de la société, prend en compte les attentes des parties prenantes, respecte les lois en vigueur et en accord avec les normes internationales de comportement, est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations ».

Transposer la RSE au management de la supply chain est un véritable enjeu pour les entreprises. En effet, la mise en place d’une supply chain durable est parfois perçue comme un luxe accessible uniquement aux entreprises disposant de ressources financières importantes. En réalité, les initiatives qui vont dans le sens du développement d’une démarche de supply chain durable se rencontrent aussi bien dans les grands groupes qu’au sein de toutes petites entreprises et ceci quel que soit la nature de leur(s) activité(s). L’une des raisons principales d’une telle diffusion des pratiques s’explique par la capacité des supply chain durables et responsables à allier la performance économique, l’efficience opérationnelle, la réduction des coûts et l'amé-

supply chain durable. 46 % des répondants de l’enquête du MIT3 répondent en subir. Les avantages sont nombreux en matière d’image, pour attirer les talents, pour limiter les risques internes, externes, etc. Parmi les objectifs visés en 2020 par les entreprises, tout secteur confondu, à travers la construction d’une supply chain durable, on retrouve :

lioration de l’image de l’entreprise. Une supply chain durable est à la fois une supply chain verte et une supply chain responsable. Une supply chain verte vise une démarche minimisant l’empreinte écologique d’un produit, tout au long de son cycle de vie. Toutes les phases du cycle de vie sont donc considérées : de l’extraction des matières premières jusqu’à son traitement en fin de vie en passant par la conception, la production et l’utilisation par le consommateur. Les principes de management d’une supply chain verte pourrait donc être assimilés à une application particulière de ceux de l’économie circulaire.

Une supply chain responsable commence par un engagement volontaire des entreprises à gérer leurs relations avec les fournisseurs de manière responsable. Les entreprises peuvent influencer de manière constructive les performances sociale et environnementale des fournisseurs. Elles doivent ensuite gérer et encourager une mise en œuvre de bonnes pratiques tout au long des cycles de vie des produits et des services. L'objectif d’une supply chain responsable est de créer, protéger et faire croître à long terme les valeurs environnementale, sociale et économique pour toutes les parties prenantes de la supply chain. Les entreprises subissent des pressions de leurs différentes parties prenantes pour mettre en place une

Pas de travail des enfants → Pas de travail forcé → Bien-être des salariés → Les déchets et la fin de vie des produits → La gestion de l’eau et de l’énergie → Les émissions de gaz à effet de serre. Ces objectifs sont à parts égales sociaux et environnementaux. Cela dit, l’étude du MIT montre que les objectifs environnementaux sont globalement financés là où les objectifs sociaux ne le sont pas. Les meilleures pratiques permettant l’atteinte de ces objectifs sont :

Le diagnostic (audit, supply chain mapping) → La structuration de la supply chain amont (éco-conception, → achats durables, collaboration avec les fournisseurs, code de conduite, audit fournisseur, certifications, etc.) → L’organisation de la supply chain interne (managementdurable, impact durable des bâtiments, process durable de fabrication) → Le déploiement de la supply chain aval (transports durables, logistique inverse). La supply chain durable constitue un pilier indéniable du développement des entreprises dans le monde de demain. S’il reste encore du chemin à parcourir, nombreuses sont celles qui ont déjà ouvert la voie grâce à des pratiques à la fois innovantes et respectueuses des enjeux environnementaux et sociétaux. De plus, elles pourront s’appuyer sur les compétences et les convictions de leurs futures forces vives formées à ces nouveaux enjeux durant leur parcours académique.


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S E B A S T I E N B L AV I E R

Diplômé 2009 et Directeur d’OpenSC


Interview

Bonjour Sébastien, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos années à KEDGE. Pendant mes années à Kedge (2005 à 2009), j’ai découvert l’urgence d’agir face au changement climatique. J’ai donc décidé de réaliser mes pro-acts et mon année de césure autour de l’impact et de l’environnement. J’ai fait un stage chez Greenpeace pour coordonner un de leurs programmes (Solar Génération) qui visait à réduire l’impact environnemental des campus à travers le monde. J’ai aussi rédigé et publié mon mémoire sur l’impact du business des assurances sur le climat. Une fois diplômé, j’ai décroché un job en tant que responsable du pôle international du Réseau Action Climat qui coordonne la voix des ONG mondiales dans les négociations de l’ONU sur le climat. J’ai consacré mes premières années à faire du plaidoyer dans ces négociations internationales avec l’objectif de décrocher un accord mondial qui nous permette de rester sous les 1.5 °C de réchauffement. Après l’échec de la conférence de Copenhague, je me suis dit que les cycles de négociations politiques avaient leurs limites et qu’il y avait d’autres moyens pour faire bouger les choses. J’ai donc rejoint Greenpeace en qualité de chargé de campagne climat et énergie. En 2015, j’ai pris la direction de la campagne de Greenpeace International en Australie sur la protection de la grande barrière de corail et contre les projets de méga mines de charbon. Pourquoi OpenSC ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette aventure ? En Australie, avec un gouvernement climatosceptique, il était extrêmement difficile de faire bouger les lignes et le changement est principalement insufflé par les business. J’ai donc signé chez le WWF en tant que responsable des partenariats entreprises avec un gros focus sur les énergies renouvelables, les chaînes de valeur agricole, et l’innovation.

Supply chain Peu après mon arrivée, nous avons lancé la plateforme Panda Labs, laboratoire d’innovation du WWF avec l’objectif de disrupter la manière de faire des ONGs face aux crises environnementales et sociales. Via Panda Labs, nous avons rencontré des gens passionnés du Boston Consulting Group et de BCG Digital Ventures. On s’est mis autour de la table avec l’ambition de répondre à une question : « Comment la tech pourrait permettre d’accélérer le travail mené par le WWF pour encourager la production et la consommation responsable ? ». Après une phase d’incubation et de validation, nous avons officiellement lancé OpenSC au sommet de Davos en 2019, avec notre premier produit « vérifié et tracé » sur la plateforme d’OpenSC. Quelles sont les missions et quel est le fonctionnement d’OpenSC ? OpenSC est une « start-up à impact ». Nous créons de la transparence radicale dans les supply chain, via les technologies, afin de récompenser la production responsable. Aujourd’hui, les humains détruisent la seule chose dont nous dépendons pour vivre : notre planète. Et il n’y a jamais eu autant de personnes qui vivent dans des conditions d’esclavage moderne (on estime ce nombre à approximativement 40 millions de personnes). D’un autre côté, les entreprises ou les consommateurs, si on leur donne le choix, choisissent pratiquement toujours les produits « bons », c’est-à-dire les produits plus respectueux de l’environnement et des producteurs. En fait, il y a une déconnexion fondamentale entre ceux qui produisent et ceux qui consomment. Ceux qui ont des pratiques destructrices prospèrent grâce à l’opacité du système et ceux qui produisent de manière responsable ou éthique, ont du mal à en bénéficier sur le marché. La mission d’OpenSC est de créer ce pont entre la production et la con-

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sommation responsable en utilisant les technologies. Via notre plateforme, nous automatisons la vérification des conditions de production durables ou éthiques de chaque produit. Au lieu que ce soit des auditeurs qui se déplacent de temps en temps sur une exploitation ou sur une ferme (parmi des milliers) pour effectuer une vérification manuelle on automatise la vérification, en temps réel, et pour l’ensemble de la production. On désigne des solutions qui combinent différentes tech (imagerie satellite, IoT, machine learning, blockchain, etc.) pour vérifier en temps réel qu’un produit spécifique est bien produit de manière durable ou éthique, et ce, pour l’ensemble de la production. Concrètement, on vérifie par exemple que votre poisson n’a pas été péché illégalement, ou que votre producteur de café a bien été payé pour ce qui lui est dû, directement sans intermédiaire ou corruption. Les données de chaque produit sont ensuite accessibles en scannant par exemple un QR code sur l’emballage. Qui sont vos clients aujourd’hui ? Du fait de notre statut de start-up à impact, on se concentre sur les chaînes de valeurs à plus fort impact environnemental et social telles que le café, le cacao, la viande rouge, etc. Grace à WWF et BCG, nous avons aussi un accès unique aux plus grandes entreprises pour s’engager dans cette démarche de transparence radicale à leurs côtés. Nous avons débuté dans l’industrie de la pêche où nous travaillons notamment avec une filière de Marua Nichiro, qui est le plus gros conglomérat de pêche mondiale. Nous avons aussi un partenariat avec Nestlé pour les filières d’huile de palme, de produits laitiers, etc. À l’origine, nous étions cinq (l’équipe fondatrice). Aujourd’hui, nous sommes 30 repartis entre Sydney et Berlin. On s’appuie aussi sur des équipes locales directement implantées dans les supply chain dans


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lesquelles on travaille comme en RD Congo, en Colombie, en Asie du Sud-est, en Amérique Centrale, dans le Pacifique, aux Fidji et évidemment en Australie. Êtes-vous précurseurs et avez-vous de la concurrence ? La proposition de valeur d’OpenSC est unique en son genre. Beaucoup d’acteurs utilisent les techs telles que la blockchain comme un élément marketing, pour se différencier vis-àvis des consommateurs. Bien souvent, ils font ce qu’on appelle du « blockchain washing », car il n’y a aucun moyen de vérifier que l’information partagée avec les consommateurs via la blockchain est vraie ! C’est faire du neuf avec du vieux sans changer les pratiques. Chez OpenSC, notre objectif est de supprimer le besoin de faire confiance à une institution (marque, certification, label, etc.). On ne veut pas que vous ayez confiance dans la marque OpenSC non plus. On veut que vous puissiez juger les conditions de production d’un produit, par vous-même, grâce à la data. Pour cela, on capte les données automatiquement à la source et on les stocke immédiatement sur la blockchain. Ensuite, via notre plateforme, nous analysons ces données pour vérifier les conditions de production (déforestation, travail illégal, etc.) et on rend cette analyse disponible aux consommateurs de manière simple et visuelle. C’est en cela qu’OpenSC est différent. Votre but est de rendre plus durables les Supply Chain, mais qu’en est-il de votre propre entreprise notamment par rapport aux émissions de gaz à effet de serre ? Tout d’abord, OpenSC est une B-Corp comme Patagonia ou les deux vaches par exemple. Être une B-Corp, c'est

B L AV I E R

Personnellement, je pense qu’il y a 1001 façons de créer des supply chain responsables de l’ultra-local à l’ultra-global. c’est mettre en place les meilleures pratiques environnementales et sociales. Par rapport aux émissions de gaz à effet de serre, nous limitons nos émissions au maximum, grâce à nos équipes locales notamment. Ensuite, nous compensons les émissions restantes en soutenant des projets de captation de carbone gérés par des communautés indigènes en Australie ou certifiés Gold Standard. L’impact environnemental de la blockchain, dans sa version « Bitcoin », utilise énormément d’électricité qui n’est pas forcément verte. Notre cas d’usage de la blockchain est très différent. Au lieu d’envoyer chaque mégabit de données sur la blockchain, on la stocke sur un serveur dont on enregistre uniquement l’empreinte digitale (son état exact à un instant T) sur une blockchain ouverte ; on appelle ça du « hashing ». C’est une approche qui permet à la fois d’être plus rapide, mais aussi de limiter la consommation d'énergie. Le modèle OpenSC est-il réplicable quel que soit le secteur ? OpenSC est né de la collaboration entre la plus grande ONG de conservation et un cabinet de conseil mondial. C’est le reflet d’une réalité où les frontières entre public et privé, business et société civile, sont de plus en plus floues. Ce qui à mon avis est une bonne chose. On ne créera pas les solutions aux défis d’aujourd’hui grâce aux corporatismes d’hier.

Oui ce modele est réplicable et est déjà répliqué sous de nombreuses formes. Un conseil à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la Supply Chain Responsable ? C’est un milieu dans lequel il y a énormément d’opportunités. Si vous souhaitez-vous lancer, demandez-vous : « à quoi vont ressembler la production et la consommation d’ici 15 ans ». Depuis la crise du COVID les modes et les tendances de consommation évoluent. Les gens sont demandeurs de savoir d’où viennent leurs produits et dans quelles conditions ils ont été récoltés ou fabriqués. De même, l’émergence des algorithmes dans notre vie pose de très nombreuses questions éthiques quant à leur contrôle qui doit être renforcé à tout prix ! Mais c’est une tendance lourde qu’il est difficile d’ignorer. Alors comment imaginer le monde de demain où ces technologies permettent une consommation plus respectueuse de la planète et des producteurs, notamment en excluant les produits qui leur portent atteinte ? Personnellement, je pense qu’il y a 1001 façons de créer des supply chain responsables de l’ultra-local à l’ultra-global.


Interview

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Supply Chain

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N AT H A S H A W I T H A N A

Diplômée 2019 et cheffe de projet Supply Chain chez VEJA


Interview

Bonjour Nathasha, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos années à KEDGE ? Je suis actuellement Cheffe de projet Supply Chain chez Veja. Après mon bac, j’ai réalisé 2 années de classe préparatoire aux grandes écoles avant d’intégrer le PGE de Kedge sur le campus de Bordeaux. Dès ma première année à l’école, j’ai intégré l’association Solid’Earth qui réalise des projets de solidarité internationale et de sensibilisation au développement durable. J’ai été membre d’un projet d’aide à l’autonomisation des femmes au Maroc puis présidente de l’association qui regroupait alors plus de 80 membres. Cette expérience a été passionnante et m’a permis de comprendre que je souhaitais poursuivre cet engagement environnemental et humain tout au long de ma carrière. Lors de mon premier cours de Supply Chain, j’étais assez subjuguée par la diversité des métiers que l’on retrouvait tout au long de la chaîne d’approvisionnement, les interconnexions entre les différents services et surtout, l’impact majeur que pouvait représenter ce domaine pour une entreprise et plus largement pour le milieu dans lequel elle réalise ses actions. Il m’a semblé, à cet instant, nécessaire de repenser la Supply Chain des entreprises afin de limiter les impacts majeurs qu’elle peut avoir lors des étapes de production, de transport ou de distribution. Ma volonté était d’intégrer de grands groupes, afin de réduire de façon significative les impacts de leurs activités. Vous êtes aujourd’hui Cheffe de projet au sein de VEJA, pourquoi cette entreprise ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette aventure ? Mon expérience dans des grands groupes m’a permis d’acquérir beau-

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coup de savoir-faire et de comprendre les enjeux stratégiques des Supply Chain globalisées. Néanmoins, je souhaitais contribuer à mon échelle au sein d’une entreprise qui partageait mes valeurs, d’autant plus face à l’urgence climatique. VEJA, son éthique et ses valeurs m’inspiraient grandement. L’écoresponsabilité n’est pas une contrainte, mais un choix chez VEJA. Cette entreprise me faisait « rêver », car elle a osé repenser les modèles existants dans l’industrie des sneakers dès 2004. Concernant la marque VEJA, pouvez-vous nous en dire davantage ? C’est une entreprise qui produit et commercialise des baskets conçues de façon éco-responsable à travers le monde. Il y a un constat très simple : 70% du coût d’une basket “normale” de grande marque est lié à la publicité. VEJA a pris parti de ne pas faire de publicité et d’investir directement sur le terrain, en amont de la chaîne de fabrication. De ce fait, une paire de VEJA coûte 5 à 7 fois plus à produire, mais parce qu’il n’y a pas de coûts de publicité, elles sont vendues au même prix pour le client final. Le coton bio utilisé par VEJA est produit par des associations d’agriculteurs au Brésil et au Pérou qui le cultivent dans le respect de l’homme et de l’environnement. Ce coton est acheté selon les principes du commerce équitable, à un prix décorrélé de celui du marché, fixé à l’avance. Il permet aux producteurs d’obtenir une sécurité économique et de réinvestir dans leur exploitation. Les impacts sociaux et environnementaux sont constamment optimisés, et les baskets fabriquées dans le respect de tous. Le transport maritime est le mode de transport privilégié par l’entreprise. Ainsi 93% du transport entre le Brésil et les entrepôts mondiaux en 2020

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ont été réalisés par bateau contre 81% l’année précédente. VEJA ne cesse de croître, malgré la crise sanitaire et économique (65,6M€ de CA en 2019 vs 33,9M€ en 2018). Les effectifs des bureaux parisiens ont presque doublé en un an. La marque est présente dans près de 2 500 boutiques dans plus de 60 pays. Quelle est la marge de progression pour VEJA et plus généralement du secteur de la Supply Chain ? L’une des valeurs défendues par VEJA est la transparence. Vous pourrez trouver toutes les informations nécessaires sur le site internet de la marque avec notamment tous les axes d’amélioration à apporter. En termes de Supply Chain, l’impact majeur se joue à la fois sur la production et le transport en termes d’empreinte carbone. L’agence UTOPIES, spécialisée dans le développement durable a accompagné notre équipe dans cette démarche. La part la plus importante au sein de notre empreinte carbone est celle liée aux activités menées par nos fournisseurs (matières premières, usines de production, transport, distribution), nos partenaires (bureaux, trajets, etc.), mais aussi à la fin de vie des baskets (collecte, recyclage, réutilisation). L’empreinte carbone de VEJA représente 36,867 tCO2e. Cette analyse complète permet à notre marque de comprendre quelles sont ses points faibles et comment les améliorer. Les expéditions se font majoritairement par voie maritime, mais la part d’aérien a un coût considérable en termes d’émissions de CO². Ainsi l’entreprise a décidé de se fixer comme objectif, pour 2021, d’interdire les expéditions par avion du Brésil vers nos revendeurs.


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N ATA S H A

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Selon vous, avoir une « image » durable implique-t-il une organisation Supply Chain durable ? Pas nécessairement, beaucoup d’entreprises en jouent avec ce qu’on appelle communément le « Greenwashing ». Mais, cela ne peut pas durer sur le long terme, les consommateurs sont de plus en plus soucieux de leurs achats et critiques visà-vis du comportement des entreprises. Une entreprise ou une marque réellement soucieuse de faire correspondre ses valeurs à son modèle sera amenée à repenser toutes les étapes de production et de distribution. Décrivez-nous les grandes lignes du Supply Chain Management de VEJA. VEJA achète du coton biologique et du caoutchouc amazonien directement auprès de coopératives et d'associations au Brésil et est impliquée dans toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement : du coton fibre à la production de textiles. Pour la production de la sneaker, VEJA travaille avec 4 usines au Brésil qui respectent les conditions de travail internationales. Les containers sont acheminés vers différents ports brésiliens puis sont expédiés par voie maritime sur nos différents dépôts monde. La réception de nos containers est réalisée par des entrepôts partenaires qui préparent, emballent et expédient nos commandes.

W I T H A N A

Il me parait nécessaire d’avoir des managers en Supply Chain durable profondément engagés, convaincus de prendre des décisions responsables. En France, l’association ARES d’aide à la réinsertion professionnelle a déployé sur le site de Log’Ins (Villabé) une vingtaine de personnes pour le flux e-commerce monde (hors US) de VEJA. Pensez-vous que ce mode de fonctionnement soit réplicable quel que soit le secteur et/ou l’activité ? Chaque industrie est spécifique, mais remettre l’homme et la nature au centre du business model d’une entreprise offre à mon sens beaucoup de cohérence pour une performance durable. Pour finir, avez-vous un conseil à donner aux jeunes diplômés qui veulent se lancer dans la Supply Chain responsable ? Allez-y ! C’est un métier d’avenir, le champ des possibles est immense. Il me parait nécessaire d’avoir des managers en Supply Chain durable profondément engagés, convaincus de prendre des décisions responsables. Il est essentiel de prendre en compte tous les acteurs, les modes et moyens de production, transport et distribution. C’est aux futures générations d’aider à changer les modèles existants, en intégrant au cœur des entreprises des décisions avec un impact réel sur leurs activités.

PROPORTIONS DES ÉMISSIO****************NS DE CO2 DE VEJA EN 2019 BUREAUX, MAGASINS, ESHOP

4,6%

TRANSPORT DES BASKETS

18%

USINES DE BASKETS

3%

TRANSPORT DES MATIÈRES PREMIÈRES

0,5%

FIN DE VIE

2,9%

MATIÈRES PREMIÈRES

71%


LES BASKETS LES PLUS ÉCOLA**GIQUES SONT CELLES QUE VO********US PORTEZ DÉJÀ ©ORYMINIE/VEJA

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Interview


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L A PL ATEFORME QUI APPORTE T R A N S PA R E N C E E T R É D U C T I O N D E S C O Û T S Anna Rouleau, diplômée 2020, co-fondatrice et COO de Lox

Bonjour Anna. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours, de vos années KEDGE et enfin, de ce qui vous a amené à créer Lox ? Après un baccalauréat scientifique, j’ai effectué une classe préparatoire qui m’a permis d’intégrer le Parcours Grande École de KEDGE. Durant mes années à KEDGE, je me suis investie dans la vie associative et en tant qu’ambassadrice de l’application de paiement Lydia qui m’a fait découvrir le milieu de la startup. Lors de ma césure, j'ai effectué un stage aux Pays-Bas dans l’entreprise e-commerce Helloprint en tant que responsable du développement Supply pour le marché français. C’est au cours de cette expérience en logistique que j’ai découvert le manque de transparence sur les coûts de livraison : alors que ces coûts représentent en moyenne 20% du chiffre d'affaires des entreprises e-commerces, il est très difficile d’obtenir de la visibilité sur le détail des dépenses logistiques. Nous avons alors cherché à mieux comprendre l’origine des coûts logistiques d’Helloprint et à vérifier les factures des transporteurs. Pour ce faire, nous avons créé un premier algorithme pour vérifier automatiquement chaque ligne des fac-

tures pour un transporteur. Nous avons alors découvert une erreur de facturation qui s’élevait à plus de 100,000€ ! C’est ainsi que l’idée de Lox est née, par la suite, nous avons testé la solution sur différents transporteurs, et avons décidé de nous lancer officiellement le 1er avril 2020. Vous développez actuellement une solution qui permet de vérifier automatiquement les factures de transport et d’optimiser les coûts de livraison. Dites-nous en plus. Exactement, Lox est un Saas (Software As A Service) qui permet aux entreprises e-commerce et retail d’identifier et de réclamer automatiquement les litiges de livraison et les erreurs de facturation transport. Nous couvrons aussi bien les réclamations liées à la livraison (colis perdus, endommagés ou livrés hors délai) que celles relatives à la facturation (grille tarifaire et surcharges incorrectement appliquées, vérification du poids et des dimensions, etc.). Il faut savoir que 100% des colis perdus, endommagés ou livrés en retard sont facturés aux entreprises e-commerce si aucune réclamation n’a été créée. En moyenne, nous permettons ainsi aux e-commerçants d’économiser 1% de

leur coût de transport ! Et ce, sans effort de leur part. En effet, l’intégration est “plug & play”, c’est-à-dire qu’aucune ressource informatique n’est nécessaire pour bénéficier de la solution Lox. Enfin, nous touchons uniquement une commission sur les remboursements récupérés grâce à l'action de Lox. C’est gagnant-gagnant. Aujourd’hui, c’est plus de 40 entreprises e-commerce et retail qui utilisent Lox et optimisent ainsi chaque mois leurs coûts de livraison. Notre solution est disponible sur le marché français où nous servons des marques telles que Leclerc, Cheerz, Bergamotte, Hardloop et sur le marché hollandais avec Vanmoof, Suitsupply et Otrium. Vous êtes incubée à KEDGE depuis octobre 2020, pourquoi avoir fait ce choix et que vous apporte la Business Nursery dans le développement de votre projet ? La première motivation pour rejoindre la Business Nursery était les nombreux avantages offerts par l'incubateur. Par exemple, ils ont un partenariat avec Google qui nous a permis de réduire considérablement nos coûts relatifs à Google Cloud.


Rencontre

Au-delà des avantages financiers, la Business Nursery propose un encadrement par des professionnels expérimentés qui est très précieux lors de la création d’une première entreprise. De nombreuses séances individuelles de coaching sur des problématiques ciblées sont disponibles, ce qui permet un accompagnement de qualité dans le développement du projet. Votre projet est prometteur ! Quels sont vos objectifs de développement pour l'avenir ? Pour les douze prochains mois, notre objectif de développement se concentre sur le marché français. À ce sujet, nous recrutons dans l’équipe commerciale en marketing et en vente, n’hésitez pas à nous contacter sur LinkedIn ou à postuler directement depuis notre site internet. Pour la partie tech, notre développement produit se décompose

Finance en deux axes. D’une part, nous intégrons de nouveaux transporteurs à notre plateforme afin de proposer notre solution à l’ensemble des e-commerçants et retailers. D’autre part, nous travaillons sur un nouveau module d’analyse des données logistiques. En effet, les données logistiques sont difficiles d’accès et souvent incomplètes. Or, ces dernières sont indispensables pour optimiser les dépenses logistiques et renégocier ces contrats avec les transporteurs. Grâce à l’analyse des factures opérée par notre algorithme, nous traitons de nombreuses données. Nous avons donc créé une plateforme où nos clients peuvent comprendre leurs coûts et prendre les décisions adéquates. Pour finir, que pensez-vous de la supply chain responsable et comment prenez-vous en compte cette dimension dans votre entreprise ?

En intégrant le Master of Science ISLI en “Long Track” (2 ans), Benjamin a abordé de nombreux sujets étroitement liés avec la Supply Chain, comme la production, l’inventaire ou encore les transports. “J’ai ainsi pu développer des connaissances spécifiques et comprendre le fonctionnement des entreprises tout en apprenant les techniques mises en œuvre au sein d'une Supply Chain efficiente” souligne-t-il.

LE MASTER ISLI V U PA R U N ÉTUDIANT DE KEDGE: BENJAMIN BASTONERO

Numéro 5 au classement mondial Best Masters - catégorie Supply Chain, le Master ISLI dispense également des cours avec une dimension plus générale, notamment sur le savoir-être. L’accent est mis, tout au long de l’année, sur les compétences de résolution de problèmes complexes, l’analyse critique, l’utilisation des technologies, ainsi que les soft skills comme le leadership managérial et le travail en équipe pluridisciplinaire.

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Je pense que c’est un sujet incontournable, d’autant plus avec l’explosion des flux logistiques avec la crise sanitaire. À côté de ça, de plus en plus de consommateurs sont attentifs à la question du développement durable, et souhaitent connaître l’ensemble de l’impact carbone des produits qu’ils achètent, de la production à la livraison jusqu’au choix de recyclage. Chez Lox, nous travaillons sur deux projets à ce sujet. Le premier est le développement d’un calculateur des émissions CO2 qui permettrait aux entreprises e-commerces de calculer les émissions carbones générées par leurs livraisons, de l'entrepôt au client final. Cela leur permettrait de connaître leur bilan carbone et de mettre en place des actions RSE pour le compenser.

Benjamin précise que la dimension écologique est omniprésente dans sa formation ; “un cours spécifique nous a été enseigné et l’ensemble des intervenants ont insisté sur ce point. L’objectif étant de nous sensibiliser et de nous transmettre les connaissances nécessaires pour être un acteur du changement de demain”. Enfin, le stage de fin d’étude, d’une durée de 6 mois, permet aux étudiants de mettre en application les points abordés au cours de l’année et de commencer à acquérir de l’expérience. Concernant Benjamin, il réalise son stage en consulting chez Accenture et travaille avec des entreprises dans le domaine de l’aéronautique et de la défense. Une fois son diplôme en poche, il souhaite travailler dans une grande entreprise à dimension internationale et contribuer au changement technologique et environnemental.


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Tech for good

T H È M E

&

T E C H F O R G O O D E N T R E P R E N E U R I AT


Dossier KEDGE IMPAKT

Tech for good

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TECH FOR GOOD THÈME 3

C H R I S TO P H E

GA R R O N E

Professeur entrepreneuriat, KEDGE BUSINESS SCHOOL

TECH FOR GOOD : QU'EST-CE QUE C’EST ? Le concept de Tech for good a fait une entrée remarquée et parfois fracassante dans la presse, dans l’écosystème entrepreneurial, dans les conférences internationales et même dans les rapports annuels de grandes entreprises. Qu’en est-il précisément ? Quelles réalités recouvre-t-il ? Où en est-on aujourd’hui ? Cet article propose de faire le point. Tech for good peut se traduire littéralement par « mettre la technologie au service du bien ». On complètera cette définition en rajoutant au service du bien commun, qu’il soit sociétal et/ou environnemental. La Tech for good est donc la mise au service de différentes technologies afin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) énoncés par l’ONU. Au vu de l’importance des enjeux sociétaux et environnementaux dans le débat public, la place croissante de la Tech for good chez les entrepreneurs et plus généralement dans les entreprises à impact se comprend aisément.

Cette nouvelle définition marque aussi le besoin de donner un nouveau souffle à l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) qui, si elle ne manque pas d’initiatives et de volontarisme, peine parfois à pérenniser ses ambitions et surtout à les mettre à l’échelle pour toucher le plus grand nombre. L’idée est donc d’utiliser les ressources et les capacités offertes par les technologies, et en particulier le numérique, pour démultiplier l’impact positif des entreprises sur la société et l’environnement. La Tech for good inclut donc différentes composantes tech qui font de l’impact positif leur cœur de cible comme par exemple la Cleantech, la Agtech, la Handitech, la Edtech ou encore la Lowtech qui promeut l’utilisation de technologies simples, à faible coût et respectueuses de l’environnement. Les enjeux sont conséquents et les besoins immenses. La Tech for good a investi de nombreux secteurs. La liste des 17 Objectifs de

Développement Durable donne une idée de l’ampleur des défis à surmonter. De multiples acteurs de la Tech for good se sont attaqués à l’objectif 2 « Faim zéro » par des angles différents. En amont, via des projets visant à produire différemment — comme le développement de la production de protéines d’origine végétale—, et à produire mieux via une meilleure gestion des besoins en eau et nutriment des plantes. D’autres solutions ont aussi été apportées en aval de la chaine alimentaire avec des projets visant à limiter le gaspillage alimentaire via des plateformes de redistribution de produits invendus et/ ou d’aliments avec une date de consommation courte ou encore pour informer les consommateurs sur l’origine des produits et les effets sur la santé via des applications mobiles. Les solutions apportées sont à la fois macro via les politiques publiques mais aussi micro via les entreprises ou le monde associatif. Les partenariats publics-privés sont aussi encouragés afin de mettre les résultats de la recherche scientifique au service du plus grand nombre et du bien commun. Les combinaisons de technologies issues du numérique, de l’intelligence artificielle ou encore de la blockchain permettent ainsi de proposer des solutions nouvelles à ces problèmes anciens. Les plateformes collaboratives développées par les acteurs de la Fintech sont un bon exemple de collaboration réussie entre les différents acteurs de l’écosystème afin de proposer des solutions de financement alternatifs, participatifs et

pérennes pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux. Un autre enjeu important est aussi de mesurer l’impact des nouvelles solutions proposées par la Tech for good. Définir une bonne mesure d’impact est un sujet complexe. Cela requiert la prise en compte des externalités positives et négatives de l’ensemble des actions menant à la solution. La complexité de cette mesure est encore renforcée par le caractère innovant et souvent très récent des solutions et des technologies employées rendant les outils traditionnels de mesure de performance inappropriés. Les indicateurs et les référentiels de mesure d’impact sont donc amenés à évoluer avec l’usage, la généralisation et la maturité des solutions. Enfin, il est important de définir des indicateurs et des référentiels qui puissent être facilement compris par le plus grand nombre afin de pouvoir communiquer clairement sur les progrès réalisés. Cette étape de communication est fondamentale afin de pérenniser le financement de la Tech for good dans son ensemble mais aussi de satisfaire les parties prenantes qui sont demandeuses de transparence et d’information de qualité. Les certifications B Corp et les différents labels témoignent de l’importance du reporting et de sa standardisation afin que les indicateurs puissent être facilement compris, comparés et vérifiés.

QUEL AVENIR POUR LA TECH FOR GOOD ? Les Objectifs de Développement Durable ont l’ambition d’être accomplis d’ici 2030. Les initiatives publiques et privées sont nombreuses à l’échelle planétaire. Des fondations, des centres de recherche, des programmes de formation, des entreprises ont été créés pour répondre à ces défis mondiaux. Le développement et l’accélération de ces initiatives combinant technologies, innovations et entrepreneuriat semblent indispensables afin de pouvoir tenir ces engagements.


Tech for good

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R AC H E L D E L AC O U R

Diplômée 2003 et CEO de Sweep


Interview

10 ans après la création et le développement incroyable de BIME Analytics avec votre conjoint, lui aussi diplômé de l'école, vous avez lancé en 2020 la startup Sweep, qui aide les entreprises à gérer leur empreinte carbone. Qu'est-ce qui vous a donné envie de prendre ce virage écologique, qui n'était pas forcément présent dans votre premier projet ? Tout d’abord, je dirai que démarrer un nouveau projet entrepreneurial après en avoir réussi un premier nous donne le luxe de pouvoir choisir ses combats, de choisir les engagements de cette nouvelle société. Ensuite, la décision est aussi venue d’un engagement de plus en plus personnel au sujet du changement climatique. Au départ, cette question devait être un simple exercice, mais elle est vite devenue prédominante à la lecture de certains rapports comme ceux du GIEC, qui montrent que des solutions existent. On a alors cherché à comprendre pourquoi ces solutions n’étaient pas appliquées dans les entreprises, et c’est de là qu’est née l’idée de Sweep. Nous ne souhaitions pas réinventer la roue ou nous muer en scientifiques, mais simplement faciliter l’accès aux données et aux solutions dont les entreprises disposent pour passer à l'action. Nous avons développé des compétences dans l’analyse de données et la business intelligence pendant plus de 10 ans grâce à notre premier projet, et nous souhaitons désormais les utiliser pour permettre à des sociétés de réduire leur impact environnemental rapidement. Est-il possible selon vous de faire rimer tech et écologie, et si oui, comment Sweep peut aider les entreprises à réduire leur impact ? Oui, et je dirai même que le digital permet d’accélérer les actions à mener pour la transition écologique. Il y a plus de 20 ans, le protocole de Kyoto, qui était plutôt bien pensé, proposait des solutions vertueuses et inventait la finance carbone, qui n’a pas vraiment réussi par manque de technologies adaptées. Les grandes

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L'équipe Sweep

entreprises ont besoin de plateformes technologiques pour mesurer et réduire leurs émissions carbonées à l'échelle, et le digital peut être cette huile qui va leur permettre de distribuer l'action climat sur toute leur chaîne de valeur. Le digital peut aussi donner de la visibilité à certains porteurs de projets qui font des choses superbes mais qui restent trop méconnus des grandes entreprises qui ont les moyens de les aider.

visible des solutions bonnes pour le climat pour aider les entreprises à ne pas détruire un peu plus la planète. Nous dire que nous pouvons aider des entreprises françaises comme australiennes en jour 1 grâce au digital, tout en étant basé à Hossegor comme je le suis, sera je l'espère un vrai accélérateur pour l'action climat. Mon rôle est d’utiliser la tech pour faciliter cette prise de conscience et de contact. Il y urgence.

Vous avez une forte connaissance du milieu de la tech, notamment aux USA, et avez côtoyé durant 10 ans des acteurs majeurs du secteur. Votre nouveau projet est-il également né en réaction à des constats effectués durant cette période ?

KEDGE forme chaque année les entrepreneurs de demain. Selon vous, cette nouvelle génération de décideurs est-elle plus sensible à la cause écologique dans le business ?

Il n’est pas né en réaction, mais plutôt suite à un exercice personnel que j'ai fait ne serait-ce que pour parler sereinement avec mes enfants du changement climatique. Je me suis questionnée sur ces 10 années passées dans la tech, pour me recentrer sur ce qui la définit vraiment. Le digital 'SaaS' n'a pas de frontières et nous permet de coordonner l'action à un seul et même endroit, de rendre

Complètement, et cela se ressent chez les personnes qui tapent à notre porte pour être recrutées. Certains profils sont impressionnants. Cela est bien entendu à mettre en lien avec la qualité de notre réseau existant, la réussite de nos précédentes expériences, et notre statut de Pending B Corp, mais pas que ! Beaucoup d’entre eux pourraient très bien gagner leur vie en travaillant pour de grandes banques, mais demandent à nous rejoindre : cela prouve que la nouvelle génération


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R AC H E L

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met un point d’orgue à travailler pour des sociétés agissant pour le bien commun. D’ailleurs, allier bon salaire et poste à impact positif est tout à fait possible vu les orientations de nombreux fonds d'investissements : de plus en plus de cerveaux vont rejoindre cette cause et nous nous en réjouissons !

De toute façon, si vous voulez créer une entreprise aujourd’hui, vous n’aurez pas le choix que d’y penser car la pression sera de plus en plus forte sur ces sujets.

La RSE est au coeur de la pédagogie de l'école. Selon vous, KEDGE a-t-elle un rôle à jouer dans l'orientation que prendront les projets entrepreneuriaux de nos futurs diplômés ? Quels devoir a-t-elle pour faire en sorte que le monde de demain soit plus à même de relever le défi écologique ? Les écoles ont en effet un rôle d'éducation, et de plus en plus d’entre elles ont désormais dans leur tronc commun imposé la thématique du changement climatique. Cela veut dire que quel que soit le sujet étudié, l’écologie doit être présente, et c’est très bien. Les écoles doivent montrer aux étudiants qu’on peut largement développer des projets impactants dans le monde capitaliste actuel. Il faut aussi montrer aux étudiants qu’il y a des carrières à faire dans ce secteur, car il faut penser la survie des entreprises qu’ils rejoindront. Par ailleurs les recruteurs seront de plus en plus sensibles au fait que les jeunes diplômés soient conscients et capables de les aider sur ces thèmes. C’est une raison de plus pour les former et les informer sur ces enjeux : il n’y a que du bon à en tirer !

D E L AC O U R

Enfin, le "good" peut-il et doit-il selon vous être désormais systématiquement présent dans la tech ? Le « for good » est une extension déjà trop utilisée pour tout et rien dire, donc attention. Ce qui est sûr, c'est que ce moteur doit être présent dans la réflexion de chaque entrepreneur. Il faut selon moi embrasser le monde actuel tel qu’il existe, avec ses défauts, car il ne changera pas du jour au lendemain, tout en y ajoutant cette dimension qui a tant manqué ces dernières décennies. De toute façon, si vous voulez créer une entreprise aujourd’hui, vous n’aurez pas le choix que d’y penser car la pression sera de plus en plus forte sur ces sujets. Les salariés, les investisseurs, les clients : tous vous attendront au tournant. Inclure cette dimension dans son projet d’entreprise, c’est s’inscrire dans le futur.


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Interview

J . C H R I S TO P H E CA R T E R O N

Diplômé 2007, Fondateur de SULITEST


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Tech for good

Bonjour Jean-Christophe, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de vos années à KEDGE ? Diplômé d’un MBA à Kedge, je viens d’avoir 52 ans et j’étais, jusqu’en août dernier, le directeur de la RSE de KEDGE Business School. J’ai évolué, pendant une dizaine d’années, dans la communication et l’événementiel dans les secteurs de l’aéronautique avant de partir aux États-Unis pour m’occuper du marketing d’une société d’exploitation de dirigeables. J’ai pris beaucoup de plaisir dans mon travail, mais c’est aussi à cette époque que j’ai pris conscience que notre monde « allait dans le mur » et que mon métier y contribuait parfois… De retour en France au début des années 2000, je me suis dit que je pouvais faire autre chose de mes neurones. J’ai eu l’opportunité de rejoindre KEDGE sur le campus de Marseille où j’ai eu la chance de créer la direction marketing & communication. À cette époque, nous avons énormément travaillé sur le positionnement de l’école et notamment sur une approche holistique du management. À 35 ans, j’ai pu reprendre mes études en parallèle de mon métier (MBA international - promo 2007) et cela m’a donné l’envie de me focaliser sur le développement durable. Pour la rédaction de mon mémoire, j’ai rencontré des gens géniaux qui ont finalement décidé de financer la première chaire de l’école sur la performance durable. C’est ce qui a probablement incité la DG à me proposer de créer la direction RSE de l’école. Kedge a véritablement été pionnière à ce niveau-là, et même s’il y a toujours eu des gens engagés dans le DD chez nos confères, j’ai été pendant très longtemps l’un des seuls directeurs RSE dans l’enseignement supérieur disposant d’une stratégie, d’une équipe superbe et d’un budget nous permettant d’enclencher plein de belles choses.

J E A N - C H R I S TO P H E

En tant de directeur de la RSE, mes missions consistaient à diffuser le développement durable partout  : dans la recherche, la pédagogie, les campus, etc. J’ai eu aussi la chance de représenter l’enseignement supérieur dans de nombreuses instances et notamment à l’ONU. En 2012, j’ai lancé avec mon équipe, l’initiative « HESI », Higher Education Sustainability Initiative, qui est devenue la plus importante contribution volontaire au Sommet de la Terre à Rio (avec plus de 300 présidents d’universités dans le monde) et qui a surtout permis de montrer le rôle et à la responsabilité des universités dans l’émergence, ou la résolution, des crises auxquelles l’humanité doit faire face. Grâce à ce mouvement, nous avons lancé différentes initiatives dont le Sulitest pour lequel j’ai récemment quitté KEDGE afin de me concentrer à 100% sur cette aventure entrepreneuriale. Pouvez-vous nous en dire davantage à propos de Sulitest ? Avec le cofondateur de Sulitest, Aurélien Decamps (professeur d’économie à KEDGE), nous avons deux convictions fortes. La première, c’est que la quasi-totalité des crises auxquelles l’humanité doit faire face (climatiques, économiques ou sociales) sont les conséquences de décisions humaines, prises généralement dans un cadre professionnel par des gens plutôt intelligents et souvent diplômés de l’enseignement supérieur… Et notre 2ème conviction, c’est qu’il y a très peu de gens qui se réjouissent à l’idée de détruire la planète. Il y a bien sûr des gens qui vendent des armes à des enfants ou d’autres qui rêvent de chasser le dernier ours polaire. Mais, la majeure partie des personnes qui ont contribué à l’émergence des crises sont des gens normaux, qui ne se sont juste pas posé les bonnes questions avant de prendre leurs décisions. Parfois par ignorance, parfois par paresse, mais globalement on croit que si on donne les clefs, la plupart des gens agiront mieux.

CA R T E R O N

Alors on a eu une idée très simple : Quand l’économie s’est mondialisée, on a eu besoin de vérifier que les gens avaient des rudiments d'anglais. Depuis des années pour rentrer dans n’importe quelle université, on vous demande de passer un test comme le Toefl par exemple. Puis l’économie s’est numérisée, il a fallu s’assurer que les gens maitrisaient les outils informatiques. La plupart des universités et certaines entreprises implémentent depuis quelques années maintenant des certificats digitaux.

On est à un moment absolument fabuleux dans l’histoire de l’humanité, un point de bascule. Les challenges sont bien réels... Et aujourd’hui, on assiste au troisième grand mouvement planétaire, et c’est celui autour du climat, de la biodiversité et des droits humains, des enjeux du développement durable en général. Alors on s’est dit qu’on allait créer LA norme internationale, le certificat qui permettrait aux entreprises, comme aux universités, de s’assurer que leur staff et leurs étudiants soient pleinement conscients des grands enjeux pour prendre des décisions éclairées. Quel est l’état d’avancement de ce certificat à l’heure actuelle ? Est-il déjà disponible ? Alors on n’en est pas encore tout à fait là, mais on n’a pas mal avancé. Nous travaillons sur ce fameux certificat qui sortira en 2022. Aujourd’hui, nous avons déjà conçu et déployé un certain nombre d’outils dont un test en ligne, disponible en


Interview

10 langues, diffusé dans plus de 50 pays et passé par 200 000 personnes. Ce test, qui comprend aussi bien des questions nationales qu’internationales, est devenu l’un des outils de suivi des objectifs du développement durable des Nations Unies. De ce fait, chaque année, au mois de juillet, nous sommes invités à l’ONU pour présenter la photographie de l’état de la connaissance dans le monde sur les grands enjeux du développement durable. Nous avons donc aujourd’hui une belle reconnaissance internationale. La majeure partie des grandes écoles intègrent le Sulitest au sein de leurs parcours de formation. KEDGE a notamment, depuis 2019, inscrit Sulitest à l’entrée et à la sortie de l’école, faisant de ce test un prérequis diplômant. Et les entreprises commencent à s’y intéresser. Quels liens existent entre KEDGE et Sulitest ? Entre KEDGE et Sulitest, on a sans doute déjà réussi un truc génial en concevant ensemble un outil collaboratif utilisé par d’autres écoles. On a prouvé que même dans un monde où la concurrence existe, il y a des zones de coopération et que le leadership n’était pas forcément lié à la propriété, mais à la capacité de tirer l’ensemble du secteur vers le haut. Si nous avions sorti un test « KEDGE », il est évident qu’aucune école ne l’aurait utilisé…KEDGE a aidé une association indépendante et autonome à développer un mouvement international qui ne lui appartenait pas. Mais si d’autres écoles ont elles aussi contribué, KEDGE, par son engagement et son leadership a pu se positionner à l’échelle mondiale comme celle ayant contribué à l’émergence d’un bien commun permettant de transformer les pratiques de l’ensemble de son secteur. Et maintenant, où en êtes-vous et quels sont les objectifs de développement de Sulitest pour l’avenir ?

Tech for good

Pour produire notre fameux certificat, le système associatif arrivait à ses limites. On a donc créé une entreprise de l’Économie Sociale et Solidaire et nous sommes en pleine finalisation de la levée de fonds. Le lancement l’année prochaine du certificat va nous permettre de changer d’échelle et d’augmenter notre impact. À 5 ans, nous visons 1 million de tests par an et on aura délivré 500 000 certificats ! Nous allons aussi lancer un badge permettant, via du tutorat, d’accompagner les gens à passer à l’action. Je crois que nous pourrons être fiers de notre impact. En effet, aujourd’hui, à partir du moment où nous sensibilisons, des comportements vertueux se mettent en place. Il est essentiel pour nous de transmettre les clés permettant de comprendre l’impact de nos actions afin d’agir de façon plus responsable. Quelle est votre plus grande satisfaction par rapport à ce projet ? Comme je l’ai mentionné précédemment, Sulitest a été évidemment accompagné par KEDGE, mais également par de nombreuses autres écoles et universités qui ont collectivement aidé à fabriquer un outil indispensable dans le monde d’aujourd’hui. Sulitest n’est pas le projet d’un individu ou d’une école, mais bien le projet d’une communauté.

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Pour finir, avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce domaine ? On est à un moment absolument fabuleux dans l’histoire de l’humanité, un point de bascule. Les challenges sont bien réels, le changement climatique c’est gros, la perte de la biodiversité c’est gros, l’éradication de la pauvreté c’est gros, etc. On pourrait prendre tous les objectifs du développement durable, chacun d'eux est assez « balaise ». Mais l’humanité est aussi à un moment où elle peut saisir des opportunités absolument magiques. On a un accès au savoir illimité, la tech nous permet de connecter des gens et des idées partout dans le monde pour collectivement trouver des solutions. Beaucoup de gens se posent des questions sur le sens de leur boulot. Le monde a besoin que de plus en plus de gens compétents se saisissent des grands enjeux du monde plutôt que « de perdre leur vie à la gagner ». Je voudrais finir avec une phrase de René Char qui m’accompagne depuis des années : “Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront.”


Tech for good

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L'ASSO CIATION DU DIGITALE ET DU NUMÉRIQUE DE KEDGE BS

A gauche : Alexis GUEGAN, Président de Technom'aide Étudiant à KEDGE BS A droite : Joseph CAMUS, Responsable RSE de Technom'aide. Étudiant à KEDGE BS

Depuis 2013, Technom’Aide agit au quotidien pour permettre aux étudiants de KEDGE Business School de mieux s’acclimater au monde du Digital. Aujourd’hui, son cœur d’activité s’élargit également aux entreprises ce qui lui permet de compter dans la sphère dynamique des acteurs du numérique dans la région Sud, notamment à travers l’organisation du Digital Day.

Bonjour à vous deux. Alexis, vous êtes le président de l’association Technom’Aide. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter l’association ? Technom’aide est l’association digitale de KEDGE Marseille. Nos activités sont multiples : création de site internet et d’applications mobiles, création de plateforme de vote pour les mandats BDS et BDE de KEDGE, etc. Nous proposons également des formations pour les étudiants sur divers logiciels : Excel, Photoshop, Streamlabset, etc. L’association dispose aussi d'une boutique I-Tech sur le campus. Et enfin, le meilleur pour la fin, le “Digital Day” ! Quant à vous, Joseph, en tant que responsable RSE, pouvez-vous nous parler de l’implication des sujets éco-responsables et sociaux dans la tech ? Effectivement, la Tech regroupe de nombreux sujets éco-responsables. Parmi eux, nous pouvons notamment citer des domaines tels que la “Tech for good” ou encore “Food tech”.

Au sein de l’association, nous définissons la “Tech for good” comme une démarche qui encourage les innovations qui agissent en faveur du développement durable et avec un impact sociétal positif. La Tech for good a pour objectif de faire face à des enjeux environnementaux et sociaux (pauvreté, inclusion, etc.). La “Food tech”, quant à elle, se compose de l’ensemble des initiatives numériques, technologiques et entrepreneuriales innovantes qui sont en lien avec l’alimentation. Elle couvre donc l’ensemble de la chaîne de valeur du produit alimentaire (depuis la production, jusqu’à la consommation, en passant par la transformation, et la distribution). Comment prenez-vous en compte cette thématique dans vos actions ? Tout d’abord, dans le cadre de cette démarche “tech-responsable“, l’association a récupéré du matériel informatique désuet appartenant à l’école, dans le cadre d’une utilisation de seconde main. Du fait de l’importance de cette thématique, Technom’aide a


Action étudiante / école

La “food tech”, quant à elle, se compose de l’ensemble des initiatives numériques, technologiques et entrepreneuriales innovantes qui sont en lien avec l’alimentation. décidé de créer un pôle spécifique et dédié à la RSE. Une partie de la stratégie de communication de l’association est également dédiée à la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Et ce, par l’intermédiaire de publications, stories et questionnaires sur nos réseaux sociaux dans le but d’informer et de sensibiliser l’ensemble des personnes qui nous suivent sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous nous parler du Digital Day. Comment impliquez-vous la dimension de l’impact dans cet événement ? Le Digital Day constitue l’événement phare de l’association. Concernant l’édition de cette année, il s’est étendu sur une semaine entière (du 22 au 26 mars 2020). Durant cette période, nous invitons des professionnels afin de présenter et débattre, autour de thématiques liées au monde du digital. Pour l’édition 2022, nous souhaiterions consacrer une journée entière à la prise en compte de la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Au cours de cette journée auraient lieu des conférences animées par des intervenants spécialisés et travaillant activement dans ce domaine, ainsi que des ateliers dédiés (si la situation sanitaire le permet, bien évidemment).

Tech for good

Existe-t-il des thématiques liées à la RSE et au digital que vous aimeriez mettre en avant ? En effet, nous aimerions désormais mettre en avant des aspects tels que l’impact du digital sur les relations humaines, et plus particulièrement en milieu professionnel. Nous aimerions également axer notre stratégie de communication sur l’évolution de l’encadrement légal de la RSE au sein de notre société. Plus concrètement, nous comptons mettre en avant l’ensemble des lois et normes en matière de RSE. Qu’est-ce qui vous a donné envie de rejoindre cette association ? Alexis : Étudiant en IBBA, cela fait longtemps que je suis passionné par les nouvelles technologies et tout ce qui touche au monde du numérique. Dès ma première année à KEDGE, j’ai tout de suite été intéressé par cette association, j’ai donc postulé pour celle-ci et j’ai été pris en tant que responsable accompagnement numérique. Aujourd’hui, j’ai l’honneur d’être le président. Joseph : Étudiant en Programme Grande École, les nouvelles technologies et les problématiques liées ont depuis longtemps suscité mon intérêt. Ainsi, je prends très à cœur ma place parmi les membres de l’Accompagnement Numérique, afin de dynamiser au mieux les activités de l’association.

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A C T I O N

Tech for good

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"Développer les capacités des entrepreneurs et entrepreneuses  à devenir de futurs générateurs/ trices de valeur durable pour les entreprises et la société, et à travailler pour une économie mondiale inclusive et durable, sont des axes majeurs de notre stratégie. Nous avons mis en place plusieurs actions concrètes, comme par exemple un partenariat entre la startup ZEI et nos incubateurs, ainsi qu’un accompagnement par des experts en ESS afin d’intégrer plus d’impact dans les business models des startups incubées et accélérées à KEDGE. Les incubateurs et le programme d'accélération de KEDGE offrent aux startups un accès à l'ensemble des fonctionnalités de ZEI : mesure d'impact sur l'environnement, le social et la gouvernance, catalogue de plus de 800 solutions concrètes, outils de mobilisation de leurs collaborateurs, communication de l'ensemble de leurs engagements." Feyrouz TRIPOTIN, Responsable des programmes d’incubation & d’accélération à KEDGE BS

É C O L E


Action école

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INCLUSVITÉ & RESPONSABILITÉ ONT LE VENT EN POUPE À LA BUSINESS NURSERY Au sein de ses trois incubateurs physiques à Paris, Bordeaux et Marseille et leur version digitalisée, l’école accompagne chaque année de nombreux entrepreneurs. Ce vivier de talents est une bonne façon de jauger l’importance donnée par nos étudiants, diplômés et équipes à l’impact généré par leurs activités. Tour d’horizon des actions, dispositifs et projets responsables de la Business Nursery de KEDGE.

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C’est la part de projets à vocation sociétale ou environnementale parmi nos incubés. À l’image du projet porté par Constant Muller-Bronn, diplômé de KEDGE en 2012 qui a lancé en 2020 sa propre marque de vêtements écoresponsable : RECIF. Ou encore Mao Boa, la startup lancée par Maxime Marchand, diplômé de KEDGE en 2013, qui aide les grands groupes à fédérer leurs collaborateurs autour de leurs valeurs d’entreprise avec des plantes. Au-delà de ces projets à vocation responsable, KEDGE Entrepreneurship met un point d’honneur à sensibiliser et responsabiliser chacun de ses incubés. Nous avons par exemple recruté cette année Eglantine Tuaillon, une nouvelle coach au sein des incubateurs experte en RSE et en développement personnel, afin qu’elle accompagne les kedgers sur les questions de responsabilité. Nous organisons par ailleurs pour nos incubés de nombreux ateliers sur des thématiques responsables telles que «  Qu’est-ce qu’être une startup à impact et/ou de l'ESS ? », « Comment devenir une entreprise engagée ? », « Sur quel volet travailler : social et/ou environnemental ? », ou encore « À quel niveau de la chaîne de valeur je souhaite/ peux intégrer de l'impact ? ». Tous nos coachs sont par ailleurs formés à l’économie circulaire, le business in-

clusif, l’innovation managériale, avec des exemples de business cases très concrets pour chaque sujet.  « Grâce à la Business Nursery nous avons eu l’opportunité de rejoindre le programme Les Défis créé par The Wonders x KEDGE BS nous invitant à relever 21 défis pour se développer et faire évoluer notre projet. Chaque défi nous a poussé à sortir de notre zone de confort et à être toujours plus audacieuses. (…) Grâce à l’incubateur de KEDGE et au programme Les Défis, nous avons eu accès à des intervenant(e)s et masterclass qui nous donnent les moyens d’avoir l’impact positif que nous recherchons » Laura Fabrègue, CEO de Oustao, start-up incubée à KEDGE.

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Des projets accompagnés sont portés par de femmes. Le fruit d’un engagement fort pour la parité et l’entrepreneuriat féminin, qui va s’intensifier : KEDGE souhaite devenir la 1ère grande école sur les sujets de parité, de mixité, et d’inclusivité. Cette ambition se traduit d’ores et déjà par nos partenariats avec The Wonders (programme pour les femmes entrepreneuses engagées), l’événement national Be A Boss (dédié à l’entrepreneuriat au féminin), ou encore notre signature de la Charte SISTA (qui favorise l’accompagnement des femmes entrepreneuses).

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PETITE LISTE NON-EXHAUSTIVE DES INCUBÉS METTANT LA TECH AU SERVICE DU GOOD : Shared ! Le réseau du dressing partagé Balance tes fringues : Service de vente de vêtements d’occasion sans que le client n’ait rien à faire Pess Energy : L'alternative écologique et silencieuse à l’utilisation de groupes électrogènes. Rise : Réseau social à destination des victimes de harcèlement scolaire, qui a pour objectif de libérer la parole des jeunes et de les aider à sortir du harcèlement qu'ils subissent. Telaqua : Solution simple pour surveiller, programmer et optimiser l'irrigation et ainsi lutter contre le gaspillage de l’eau. One Save/Day : Eco-challenge poussant à réaliser un geste écologique par jour pour un impact environnemental à grande échelle. Mao Boa : Plateforme collaborative qui implique vos équipes dans le financement de projets solidaires. Viji : Une app qui vous permet de scanner vos vêtements et ainsi simplifier la traçabilité dans la mode Oooly : Des milliers d'informations multimédia et de prestations sport, nutrition et développement personnel en une seule application. Zenmons Drop : Plateforme

digitale offrant des programmes complets de pleine présence et de bien-être pour femmes actives. SimpleFood : Solution

connectant restaurants et entreprises grâce à des frigos intelligents.


Vin reponsable

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T H È M E

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C O M M E N T L E V I N P E U T D E V E N I R P L U S R E S P O N S A B L E   ?


Dossier KEDGE IMPAKT

Vin responsable

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DU VIN RESPONSABLE ? T H È M E

J E R E M Y

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C U K I E R M A N

Master of Wine, Directeur KEDGE Wine School

Une vaste question, qui va bien plus loin que le débat sur la consommation ou la transformation des pratiques viticoles. La responsabilité est une notion qui implique la réparation des dommages causés, mais aussi et surtout la mesure des conséquences et l’évolution positive. Pour ce qui est de la réparation, l’évolution démographique et la révolution industrielle ont, malheureusement, fait des dégâts irréversibles. L’exode rurale, tout d’abord, qui a abouti à une désertion de certains vignobles familiaux. L’accès à un vaste panel de produits phytosanitaires ensuite, pour des sols affaiblis, bientôt saturés par la potasse ou marqués par l’érosion, et la santé de nos vignobles et de nos vignerons mis à mal. La surconsommation, avec des appellations parfois trop étendues, pour des niveaux qualitatifs parfois discutables, une perte de valeur et des équilibres économiques souvent menacés, pour ceux qui mettent les mains dans la terre. Le changement climatique, pour finir, qui impacte directement le monde agricole et viticole par voie de conséquence. Pour autant, c’est dans l’adversité que naît parfois le renouveau. Le monde du vin est en train de faire sa mue. Il doit changer, a déjà pris conscience et peut devenir un exemple. Pour cela, il faut une transformation en profondeur. Prenons les choses chronologiquement. Avant même de planter,

le futur vigneron peut éviter les écueils du passé. Cela passe notamment par le choix d’un matériel végétal plus judicieux. Adieu les sélections clonales sur-productives ou les individus à maturations rapides pour des vins aujourd’hui devenus trop capiteux et des vignobles qui dépérissent. Il faut penser à revenir aux recettes des anciens : des cépages adaptés aux conditions géologiques, topographiques et microclimatiques, des sélections massales et des porte-greffes qui respectent le lieu, permettent un meilleur enracinement et s’adaptent mieux aux extrêmes climatiques. Dans le vignoble ensuite, où le vigneron peut s’appuyer sur l’observation, sur la prophylaxie, le respect des sols, la gestion des surfaces foliaires, le renfort des défenses naturelles de la plantes, la séquestration du carbone, plutôt que de sombrer dans la facilité du curatif chimique. Oublier aussi la tentation de l’irrigation volontariste, qui favorise la dépendance et la sensibilité au stress hydrique. Au chai, où le vinificateur peut capturer et réutiliser le dioxyde de carbone des fermentations alcooliques, réapprendre à utiliser l’énergie avec discernement et parcimonie, mieux gérer les déchets et les effluents, ou encore réduire l’impact du conditionnement et du transport, qui

pèsent lourds dans l’empreinte carbone de la filière viti-vinicole. Mais la responsabilité va bien audelà, elle implique une évolution profonde, qui se joue aussi sur les marchés et dans les esprits. Elle passe par l’éducation, premier moteur du changement. Il faut partager le savoir, transmettre des visions nouvelles, donner de l’espoir, mettre en avant les initiatives, changer les modes de pensées. Il faut aussi accepter de consommer le vin différemment, de déguster en regardant devant nous avec espoir, plutôt que de boire pour oublier. Le moins mais mieux, mène vers la qualité et l’équilibre économique des exploitants. Il assure la pérennité sociale et économique, et donne ainsi les moyens à la filière d’être plus écoresponsable. A ce titre, nous avons tous, acteurs de la filière, un rôle à jouer. Les solutions existent à tous les étages de la chaîne de production et logistique, puis sur les marchés. Elles vont d’ailleurs continuer à se multiplier. La voie vers la responsabilité d’abord une remise en cause, mais aussi une perpétuelle projection. Un long chemin, qui commence dans les écoles, lorsqu’on apprend à penser et à faire différemment. La responsabilité est une graine qui se plante tôt, qui, à l’instar de la vigne doit pousser au bon endroit et avec les bons guides.


Vin responsable

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L AU R E CA N U

Diplômée 2012 et General Manager pour Les Châteaux Cantemerle et Grand Corbin.


Interview

Vin responsable

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Bonjour Laure, pour commencer pouvez-vous nous parler de votre parcours ainsi que de vos années KEDGE ? Après des études de droit, j’ai accédé au Barreau de Paris et j’ai exercé le métier d’avocat pendant quelques années dans la filiale parisienne d’un cabinet américain spécialisé en opérations de LBO. C’est une véritable quête de sens qui m’a menée à Bordeaux avec la volonté d’intégrer le monde du vin qui me faisait rêver, mais me semblait alors très difficile d’accès. Le MVS (Management Vins & Spiritueux) à KEDGE m’a permis d’acquérir des bases solides en marketing, commerce et management tout en travaillant au sein d’une propriété magnifique, le Château Beychevelle. Le partenariat entre KEDGE et l’ISVV a été extrêmement enrichissant, c’est un point fort de cette formation. Par ailleurs, j’ai depuis gardé contact avec des étudiants de mon Master, ce réseau est un soutien très important pour moi. Pouvez-vous nous en dire davantage à propos de votre métier et de vos missions et pourquoi avoir choisi cette voie ? Il est passionnant d’imaginer et de mettre en œuvre une stratégie qui nous permet de faire connaître et de partager nos vins partout dans le monde. C’est un travail d’équipe qui s’inscrit sur le très long terme et qui comporte de nombreuses facettes : recherche constante de l’amélioration de la qualité, bonnes pratiques environnementales et sociétales, implication dans la vie locale, commercialisation et promotion des vins, entretien et embellissement des propriétés, etc. La richesse des rencontres est une des belles facettes de notre métier. Nous sommes régulièrement au contact de particuliers de diverses origines qui viennent nous rencontrer à la propriété ou que nous croisons lors de nos nombreux déplacements. Les Châteaux Cantemerle et Grand Corbin sont des vins très qualitatifs,

mais également abordables. J’y suis très attachée, car cela en fait de véritables portes d’entrées vers l’univers des grands vins de Bordeaux, nos bouteilles sont ouvertes et dégustées, cette notion de partage est fondamentale, elle donne tout son sens à notre métier. Pouvez-vous nous dire, quels sont, selon vous, les avantages (et les inconvénients) d'être une femme à la tête d'un château ? J'ai d’abord eu la chance d’être élevée par des parents qui m’ont encouragée à relever tous les défis qui s’offraient à moi et d’avoir une grand-mère cadre dirigeante de grandes entreprises. L’égalité femme-homme n’a jamais été une question dans ma famille. J’ai ensuite été bien entourée professionnellement, tant de femmes que d'hommes, pour progresser sans barrière (pour l’anecdote, j’ai d’ailleurs même été recrutée au Château Angélus enceinte de mon deuxième enfant !). Malgré cela, on me demande encore trop souvent si je m’occupe de la communication ou des ressources humaines et jamais si je dirige

Cantemerle et Grand Corbin. J’aimerais que ce regard caricatural et réducteur sur les femmes change et qu’elles aient les mêmes opportunités de carrière, de promotion et de rémunération, à compétences égales. Comment devient-on un vignoble responsable ? Quels sont les atouts des Châteaux Cantemerle et Grand Corbin et des actions mises en place pour devenir un vignoble plus responsable ? Pour devenir un vignoble responsable tant en interne qu’en externe, notre principal atout est l’engagement de notre équipe à atteindre cet objectif. Les actions mises en place portent d’abord sur la nature qui entoure les propriétés. Le Château Cantemerle est bordé d’un parc de 28 hectares comptant une trentaine d’espèces forestières dont certaines essences rares. 21 hectares de forêts jouxtent la propriété et 300 arbres sont plantés tous les ans pour entretenir cette diversité. Enfin, une grande partie du vignoble de 95 hectares est délimitée par des haies. Ces espaces exceptionnels constituent un lieu de


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L AU R E

Vin responsable

vie privilégié pour une faune et une flore diversifiées. Une véritable prise de conscience a eu lieu et se traduit par une somme de gestes au quotidien : recyclage de tous nos déchets, transition du parc automobile vers l’électrique et l’hybride, traitement des eaux, présence de ruches, allègement du poids de nos bouteilles, projet d’implantation de panneaux photovoltaïques, etc. Grâce à ces efforts, nous estimons que notre bilan carbone sera positif dans un avenir proche. Concernant les vignobles des deux propriétés, nous pratiquons, depuis de nombreuses années, une viticulture raisonnée qui nous a conduit, notamment, à supprimer les produits CMR, les herbicides et à effectuer un travail des sols combiné afin de limiter le nombre de passages des tracteurs. Cette démarche exigeante s’accentue au fil des années. Au plan social, nous réfléchissons beaucoup à l’amélioration des conditions de travail en intégrant des équipements et des outils de plus en plus performants limitant la pénibilité des tâches. Le développement des compétences est proposé à l’ensemble des salariés, 20% de l’effectif est

composé d’anciens apprentis, un intéressement aux bénéfices a été mis en place. Cette réflexion porte ses fruits puisque l’ancienneté moyenne des collaborateurs est de 13 ans ! Où en êtes-vous aujourd’hui et quels sont vos objectifs de développement pour l’avenir ? Et comment votre stratégie durable sera plus efficace demain ? Les Châteaux Cantemerle et Grand Corbin sont membres de la 1ère association pour le SME du Vin de Bordeaux, les deux propriétés sont certifiées Haute valeur environnementale (HVE) garantissant que les pratiques agricoles préservent l'écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l'environnement (sol, eau, biodiversité, etc.). Nous avons également intégré la démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) proposée par le CIVB qui porte sur l’ensemble de nos actions en faveur de l’environnement, mais également des consommateurs, de la région, des salariés, des fournisseurs et des voisins. Ce label nous engage dans une démarche allant au-delà des actions environnementales et sociales mises en place en interne et nous interroge sur notre impact global.

CA N U

Ces certifications nous permettent d’accompagner et de structurer nos efforts individuels au sein d’une action collective afin de leur donner encore plus de poids. Je pense que c’est cette stratégie collective qui aura un véritable impact. Pour finir, avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce domaine ? La formation en alternance est une solution idéale pour construire un réseau tout en apportant des connaissances académiques. Au-delà de la formation, la curiosité et l’ouverture d’esprit sont fondamentales. Mais aussi, lire, écouter des podcasts, visiter des régions viticoles, discuter avec des vignerons, travailler, apprendre, être ouvert aux opportunités et bien sûr, ne pas avoir peur de relever des challenges tout en faisant preuve d’humilité.

Une véritable prise de conscience a eu lieu et se traduit par une somme de gestes au quotidien : recyclage de tous nos déchets, transition du parc automobile vers l’électrique et l’hybride, traitement des eaux, présence de ruches, allègement du poids de nos bouteilles


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Interview

N I C O L E TA P O N

Diplômée 1992 et Propriétaire du Château Raymond Tapon.


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N I C O L E

Vin responsable

Bonjour Nicole, pour commencer, parlez-nous de vous et de votre domaine. Vous avez repris le domaine familial. Comme votre grand-père et votre père, vous vous êtes engagée dans la viticulture biologique. Pourquoi vous êtesvous engagée dans cette voie ? J’ai repris, en 1999, le domaine familial qui était déjà en agriculture biologique, puisque mon grand-père et mon père avaient choisi de ne pas passer en agriculture dite conventionnelle. En réalité, historiquement, « la conventionnelle » a toujours été l’agriculture biologique. Avec mon mari, nous avons poussé un peu plus loin cet engagement. Nous avons choisi d’être certifiés, donc d’avoir un contrôle de cette agriculture biologique. Depuis 2020, nous avons initié une demande de certification « Fair for life ». Nous partons du principe, pour suivre Antoine de Saint-Exupéry, que nos vignes et nos terres, nous les empruntons aux générations futures. Avec la certification « Fair for life », nous avons choisi de mettre l’éthique en avant. Premièrement, cela veut dire que l’on fait attention à nos clients, en leur proposant des produits sains, en cherchant à les satisfaire par une émotion et par une qualité. Et pour faire de grands vins, il faut des petites mains expertes. Nous avons donc une main-d’œuvre importante surtout à une certaine période. L’éthique passe aussi par le respect de la vie des personnes que nous côtoyons au quotidien, c’est-à-dire l’équipe avec laquelle nous travaillons - ne pas les exposer, respecter leur rythme de vie… La nature dans son sens très large ! Quel bilan pourriez-vous faire de vos années à KEDGE ? Que retenez-vous ? Lorsque j’étais à KEDGE, nous étions dans une période où l’intérêt était d’avoir une vision globale, nous étions des généralistes. Et quand on prend la tête d’une toute petite entreprise, c’est fabuleux d’avoir cette notion d’une vue généraliste. Cela

nous permet de pouvoir mettre en place une politique d’entreprise et les stratégies qui en découlent, que ce soit au niveau de la production, de la finance, de la communication ou de la commercialisation. Ce que je retiens, c’est que j’ai eu un enseignement qui m’a permis de m’épanouir sur une toute petite entreprise, puisque je suis capable d’être partout. En revanche, quand on reprend un domaine viticole, ce qui est compliqué lorsque l’on a fait une école de commerce, c’est que l’on a cette idée de faire des prévisionnels. Et en viticulture, c’est impossible de faire un prévisionnel. On dépend juste du soleil et de la lune.

Vous avez dit dans une précédente interview que pour vous, "la viticulture ne peut être que biologique", pouvez-vous nous en dire plus ? Bien sûr que la viticulture ne peut être que biologique. Jusqu’à l’aprèsguerre, nous avons toujours fait du vin sans un tronc chimique. Nous avons la chance d’avoir un climat qui nous permet d’avoir de beaux raisins, même si cela peut changer et pose quelques interrogations aujourd’hui. Sur les beaux raisins, nous avons déjà des levures indigènes présentes, prêtes à travailler pour transformer les jus de raisin en vin. Et puis, nous avons la chance d’avoir une ancienneté dans les vinifications en Europe.

TA P O N

Nous avons déjà les techniques pour que ce vin soit amené à la consommation, avec des techniques d’élevage et de conservation qui permettent de ne pas utiliser la chimie. Mais c’est une deuxième économie et ce n’est pas l’économie à laquelle nous sommes habitués pour l’instant. Quelle est la plus grande difficulté rencontrée lorsque nous sommes à la tête d'un vignoble biologique ? On assiste à des changements climatiques aujourd’hui. Dans notre métier, on se bat contre les maladies cryptogamiques, développées par ces changements climatiques. Par exemple, on a eu un mois de juin et de juillet

très pluvieux, donc favorable au développement de champignons. Notre ennemi numéro un, c’est le mildiou. Aujourd’hui, on passe beaucoup de temps à faire en sorte que le mildiou ne se développe pas dans nos vignes. Nous avons l’impression de travailler avec des vignes qui sont un peu moins adaptées qu’avant au climat. Et pourquoi ces vignes sont moins adaptées qu’avant ? Parce que nous avons développé des clones en oubliant un peu la sélection massale. Mon avis, en tant que fille et petite-fille de pépiniériste viticole, c’est que l’on doit arriver à avoir, de manière naturelle, une sélection de pieds de vigne qui seraient plus résistants et adaptés à notre climat, et qui nous permettent de continuer à faire des vins de qualité.


Interview

Vin responsable

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Comment voyez-vous l’avenir de la culture viticole et quels sont vos objectifs de développement ? Aujourd’hui, je chouchoute mes vignes, nous avons des vignes centenaires. Nous prévoyons sur le domaine de replanter 2 hectares. Dans un premier temps, nous allons mettre nos terres au repos. Ensuite, nous aurons trois ans pour travailler sur notre massale, faire nos propres plans de vignes et planter des pieds de vigne sains et non pas des clones. Ces clones ont commencé à être plantés dans les années 70 et on commence à percevoir aujourd’hui leurs limites. Nous avons la chance à Bordeaux d’avoir plein de vignerons qui sont fiers de conserver des vieux cépages et il y a quelques mouvements qui se sont créés. On échange et on recrée un conservatoire naturel sans passer par des organismes officiels et reconnus. Ce qui est certain, c’est que la viticulture est dans une phase transitoire. Nous avons mécanisé à outrance et n’avons pas rendu le travail très drôle, alors qu’en réalité, c’est un métier passionnant ! On a des doutes sur le climat, c’est un fait. Mais ce dont je suis certaine c’est que si la viticulture continue, et elle continuera à Bordeaux, c’est une viticulture biologique et une production de vin de qualité qui va l’emporter. Aujourd’hui, on veut boire bon, on veut se régaler, on veut être ému lorsque l’on prend un verre de vin… On veut autre chose ! Bordeaux, c’est un cas particulier, puisque nous avons une viticulture qui a été partagée en 2. La production d’un côté, la commercialisation de l’autre, avec un modèle anglo-saxon, qui date d’Aliénor d’Aquitaine et de l’Aquitaine Anglaise. Aujourd’hui, nous voyons que ce système à des limites, sauf pour les 10 plus grands vins de Bordeaux et la centaine de crus classés. Mais, nous avons des moyens pour faire évoluer ce modèle. J’ai personnellement rejoint un collectif de vignerons qui s’appelle « Gabriel and Co ». Au sein de ce collectif, on se prête main forte à tous les niveaux, on échange des idées, des matériels qui, logistiquement, sont

difficiles à acquérir, qui coûtent cher et que l’on utilise peu. Par exemple, les machines à mettre les vins en bouteille. Pour la production de 180 000 bouteilles, nous en avons besoin 5-6 jours par an. D’une part, c’est du matériel qui coûte cher, mais en plus qui doit être renouvelé, car les progrès sont faits régulièrement. Rejoindre ce collectif, c’est aussi l’opportunité de mettre en place un collectif de commercialisation. Nous avons des produits qui ne sont pas concurrents, qui peuvent former un assortiment. Nous parlons d’assortiment, car nos productions sont toutes différentes, nous formons une union. Enfin, il y a des marchés que l’on ne peut pas prendre seul, car on ne produit pas assez, on n’est pas assez connu… Et que l’on peut gagner différemment grâce à ce collectif. Pour finir, avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ce domaine ? La première chose, c’est d’être passionné. Ce n’est pas un métier facile et il y a beaucoup d’aléas. Le vin, c’est aussi un produit stratégique. Au niveau du commerce mondial, il sert de levier, d’outils diplomatique quelque part, et les marchés à l’export ne sont jamais acquis. Donc, il faut vraiment être passionné parce que ce n’est pas toujours simple. Enfin, il faut partir avec l’idée que l’agriculture ne peut être que biologique… Et qualitative !

Bien sûr que la viticulture ne peut être que biologique. Jusqu’à l’aprèsguerre, nous avons toujours fait du vin sans un tronc chimique.


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L'ASSOCIATION OENOLOGIQUE DE KEDGE BS

Basile DEZEUZE, Président de AOC, étudiant à KEDGE BS

AOC est l’association œnologique de KEDGE Business School. Elle a été créée en 1998 dans l’optique de faire découvrir l’univers du vin aux étudiants et aux cotisants. L'association se positionne en tant que réel acteur dans le Bordelais en organisant de manière hebdomadaire des conférences et des visites de domaines.

Bonjour Basile, vous êtes le président de l’association AOC, pouvez-vous nous parler de l’association et de ses activités ? Depuis plusieurs années, nos évènements réunissent des étudiants venant de toute la France : parmi eux, on compte notamment le week-end vins « WEV » qui consiste à découvrir une autre région viticole française, la course dans le vignoble bordelais « le rallye des Vin'4 Heures » ou encore le concours de dégustation inter-écoles “L’Étiquette”. Tous rassemblés autour des valeurs telles que le partage, la découverte et la consommation responsable, c’est avec passion que nous souhaitons continuer à faire prospérer les liens que nous avons construits avec le monde du vin. La filière du vin a connu de nombreux changements au cours des dernières années et se dirige vers une production plus durable. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? En effet, ces changements étaient nécessaires et nous pensons que les efforts doivent être poursuivis. D’après certains experts, le réchauffement climatique pourrait faire disparaître plus de la moitié des régions viticoles du monde, ce qui est très inquiétant. D’une part, ces progrès autour d’une production plus durable permettront peut-être de prévenir et

d’anticiper les risques à venir, notamment en matière de pérennisation des vignobles. D’autre part, remettre l’Homme et la Terre au centre de la production pourra satisfaire les consommateurs de plus en plus désireux de connaître en profondeur les produits qu’ils achètent. Comment votre association promeut le développement durable, le bio, et toutes autres démarches à impact au sein de vos actions et évènements ? Tout d’abord, notre association comporte un pôle RSE, en charge de proposer des idées autour des thèmes du bio, du développement durable, etc. Cette année, nous avons construit un partenariat avec Agir Cancer Gironde, une association bordelaise qui collecte des bouchons afin de les vendre pour en faire des isolants thermiques. ACG remet ensuite les recettes dégagées à l’Institut Bergonié pour aider à financer la lutte contre le cancer. Nous avons donc participé à ces collectes en démarchant les étudiants et les châteaux avec lesquels nous sommes en contact. Au niveau événementiel, nous œuvrons de façon à organiser des évènements de plus en plus responsables, particulièrement en matière environnementale. Malgré une année limitée en évènements, nous avons pu organiser le rallye des 24heures. Nous avons donc travaillé en amont avec l’association Solidearth de KEDGE dans le


Action étudiante / école but d’obtenir la labellisation Ecofest. Cette labellisation est délivrée à condition de répondre à de nombreux critères, tels que le tri des déchets, l’utilisation de goodies non-polluants, la lutte contre le gaspillage, la communication numérique, etc. Après plusieurs audits, nous avons été labellisés et ferons en sorte de continuer à l’être sur nos prochains évènements ! D’après vous, comment la filière vin peut devenir encore plus responsable ? De nombreux labels existent actuellement : Terra Vitis, Bio, Haute Valeur Environnementale, etc. Mais tout cela concerne le vin en lui-même. Or, d’après l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), environ la moitié des émissions de CO2 générées par la production d’une bouteille seraient liées à la bouteille elle-même, c’est-à-dire l’utilisation du verre, la fabrication de la bouteille ainsi que son transport. Il faudrait donc trouver des solutions à ces thématiques. On pourrait par exemple développer le système de consignes de bouteilles, qui fonctionne d’ailleurs à merveille en Allemagne. Quelle place prend cette thématique et les nouveaux enjeux dans le développement de votre association et dans vos actions ? En premier lieu, l’école forme ses étudiants via le Carelab (des réunions régulières et des ateliers sur plusieurs thèmes éco-responsables) et encourage les associations à s’investir pleinement dans des projets liés à la RSE. Notre sensibilisation est donc grandissante vis-à-vis de ces thématiques et nous souhaitons montrer que notre association parvient à la fois à préserver les traditions et à s’adapter aux enjeux actuels. En effet, nous avions comme projet cette année de produire notre propre vin, que nous avons décidé biologique, et notre bière, fabriquée par une petite brasserie artisanale proche de Bordeaux. Cela répond à nos valeurs écologiques et notre volonté de privilégier la production locale. Nous souhaitons donc poursuivre dans cette philosophie, en espérant pouvoir organiser davantage d’évènements révélateurs de notre motivation !

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A C T I O N

É C O L E


Action école

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IL EST MAINTENANT PROUVÉ QUE LE VIN ÉCOLOGIQUE A MEILLEUR GOÛT* ARTICLE

L E

V I N

É C O L O G I Q U E

OLIVIER GERGAUD

Économiste à KEDGE BS

MAGALI DELMAS

Économiste de l’environnement à UCLA

D AV I D C O L GA N

Directeur de la communication à UCLA

La nouvelle étude de Magali Delmas, économiste de l’environnement à UCLA, et d'Olivier Gergaud, économiste à la KEDGE Business School de Bordeaux, en France, révèle que les vins certifiés biologiques par un organisme d'accréditation sont jugés meilleurs que les vins sans certification. Cette étude a été réalisée sur 128 000 vins français produits de 1995 à 2015, et évalués auprès de trois guides des vins réputés : Gault & Millau, Gilbert & Gaillard et Bettane Desseauve.

PRODUIRE EN B I O O U E N B I O D YNAMI E AMÉLIORE LA Q UALI T É DES VINS Les vins certifiés bio sont en moyenne mieux notés que les vins conventionnels (6,2% de plus) ou ceux ayant adopté un label sans contrôle par une partie tierce (lutte raisonnée). Des différences encore plus importantes ont été obtenues entre les vins biodynamiques certifiés soit par l'association Demeter ou Biodyvin. La différence par rapport aux vins conventionnels ou raisonnés est de l’ordre de 11,8%. Les producteurs de vins biodynamiques utilisent des méthodes différentes de celles de

l'agriculture biologique. Ils adaptent, par exemple, leurs méthodes de production (taille, récolte, etc.) en fonction des cycles saisonniers et lunaires ; ils intègrent également la vie animale dans le processus afin de créer et maintenir un écosystème équilibré et protecteur de la vigne. «Les vins biologiques et biodynamiques sont en général de meilleure qualité », déclare Magali Delmas, elle ajoute : « C’est un autre exemple de produits durables offrant des avantages supplémentaires aux consommateurs.» Cette nouvelle étude se focalise sur les cépages français afin de vérifier si les résultats restent valides pour le deuxième plus grand producteur de vin du monde (après l'Italie). Les traditions viti-vinicoles de la France remontent en effet à 2 600 ans et, en 2019, la France a produit près de 4 milliards de litres de vin – assez pour remplir 7,4 fois le Rose Bowl de 90 000 places de Pasadena !

VIN ET SANTÉ Magali Delmas indique que « Les raisins cultivés de manière conventionnelle utilisent plus de pesticides que la plupart des autres cultures ; cela met en danger la santé des travailleurs agricoles, de la faune et des communautés voisines ».

Les dangers de l’utilisation des pesticides dans la vinification ont été mis en évidence de façon spectaculaire en 2014, lorsque des enseignants et des élèves d’une école rurale de la région de Bordeaux ont été hospitalisés en raison d’une exposition aux produits chimiques toxiques. Des manifestations ont suivi et les vignerons ont dû faire face à une forte pression publique. Depuis, l'industrie du vin en France a évolué plus rapidement vers des méthodes respectueuses de l'environnement et développé la certification.

LES P ROMESSES NON TENUES DE LA LU T TE RAISONNÉE Plutôt que de se tourner vers des tiers pour certifier que leurs vins sont biologiques ou biodynamiques – ce qui impliquerait des inspections et des audits pour s'assurer que les produits répondent à certains critères – certains vignerons français ont élaboré leur propre norme de certification avec l'industrie. Or, l’étude de Delmas et Gergaud montre que ces vins sous label « Lutte raisonnée », sans partie tierce dans la plupart des cas n’ont pas tenu les mêmes promesses au plan gustatif que les vins labélisés par des tiercesparties (bio ou biodynamiques).


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Les vins labélisés sans partie tierce obtiennent en effet des scores similaires à ceux des vins conventionnels. De plus en plus de vignerons français choisissent de produire leurs vins selon des méthodes bio ou biodynamiques. Entre 2001 et 2019 les vignes en appellation biologique ont progressé de 1,5 à 14,1% en France soit 112 057 hectares (Source : Agence bio 2019). De même, parmi les 128 000 vins de l’étude, 3,9% étaient bio ou biodynamiques entre 1995 et 2000 contre 7.4% entre 2001 et 2014. Magali Delmas témoigne : « les propriétaires de petits vignobles ne veulent pas que leurs familles et leurs ouvriers agricoles soient exposés aux pesticides, et les grands vignobles, comme Château Yquem très récemment, commencent à suivre leur exemple ». Cela vaut la peine de trinquer pour l’environnement. «Dans certaines appellations comme Saint-Emilion, des collectifs de châteaux comme celui formé par les 6 châteaux « Corbin » ont vu la qualité de leurs vins s’améliorer de manière impressionnante depuis que ces derniers ont adopté des méthodes de production respectueuses de l’environnement.» précise Olivier Gergaud « Cela semble être un autre pas dans la bonne direction » convient Magali Delmas et elle précise « Pas seulement pour la santé et l'environnement, mais pour la qualité du vin.

*Selon l’étude « Les vins français issus de raisins biologiques sont mieux notés » menée à UCLA et KEDGE Business School.

COMMUNIQUER S U R L’ AT O U T Q UALI T É DES VINS BIO EST ESSENTIEL Cependant, le défi de faire savoir aux consommateurs que les vins biologiques ont meilleur goût est un autre obstacle. Dans son livre de 2018 «The Green Bundle: Pairing the Market with the Planet», Magali Delmas suggère que les producteurs de vin annoncent la qualité de leurs produits plutôt que leurs avantages environnementaux. Et qu'ils communiquent que les pratiques biologiques et biodynamiques sont en fait conformes à des pratiques séculaires – un clin d'œil au fait que l'industrie est si ancrée dans la tradition – alors que l'utilisation de pesticides synthétiques n'a commencé que dans les années 1930.

Les dangers de l’utilisation des pesticides dans la vinif ication ont été mis en évidence de façon spectaculaire en 2014, lorsque des enseignants et des élèves d’une école rurale de la région de Bordeaux ont été hospitalisés en raison d’une exposition aux produits chimiques toxiques.



C O N C LU S I O N

Makesense

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Laura : Il n’y a pas de job à impact dans l'absolu. Ce qui importe c’est d’être la bonne personne au bon endroit et de savoir pourquoi on se lève le matin. C’est pourquoi Christian, pour commencer, j’aimerais que tu nous dises ce qui te donne envie de te lever le matin ?

Christian : Étant originaire de la Polynésie

française, il est vrai que les problématiques environnementales me touchent depuis toujours. À l’époque, lors de mes années KEDGE, on commençait déjà à parler de la crise climatique et des enjeux sociaux et environnementaux. C’est à ce moment-là, que je me suis demandé comment je pouvais améliorer les choses à long terme grâce au monde de l’entreprise, et c’est comme ça que tout a commencé. Pour revenir à ta question, il est vrai qu’aujourd'hui, je me lève le matin avec un sentiment d’urgence ! Je ressens de plus en plus cette urgence dont tu parlais, il y a déjà 10 ans, lorsque tu

as lancé campus durable et installé des panneaux solaires sur le campus de Marseille afin de faire prendre conscience du changement climatique.

Laura : Concrètement avec MakeSense, que fais-

tu de tes journées ? Peux-tu nous dire comment tu as fondé ce projet et comment il s’est transformé au fil du temps ?

Christian : MakeSense est une association loi

1901, mais nous l’avons vraiment créée comme un projet entrepreneurial. Aujourd’hui, nous sommes une équipe de plus de 140 collaborateurs dans le monde ! J’ai grandi et évolué en même temps que MakeSense, j’ai commencé en tant que Community Manager avec la création de la communauté de bénévoles qui allait s’engager pour les projets. Ensuite, je suis devenu gestionnaire des Community Managers avant d'accompagner le lancement des différentes branches de l’association.


Interview croisée

Makesense

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( R E ) D O N N E R L E P O U V O I R D ’ A G I R AV E C M A K E S E N S E ! LAURA CANIOT-GENEVOIS

Diplômée 2009 et fondatrice de mon job de sens

D i p l ô m é 2 0 1 0 e t f o n d a t e u r d e M a ke S e n s e

Plus récemment, j’ai passé un an à New York afin de travailler avec la Fondation Obama, mais aussi pour nouer des relations nous permettant de décrocher des dons plus importants avec des fondations américaines.

Laura : Je reviens sur la partie “im-

de s'engager et une fois que tu commences, tu fais des rencontres et ça devient un peu une manière d'être et de vivre. D'ailleurs, j’en profite pour faire un peu de pub, n’hésitez pas à rejoindre nos programmes d'engagement citoyen via ce lien : pages.makesense.org/reaction

pact”, peux-tu nous expliquer comment l’engagement citoyen génère de l’impact ?

Laura : Quel(s) conseil(s) donne-

Christian : MakeSense propose

Christian : Le conseil que je donne-

plein de belles choses, nous faisons de l’entrepreneuriat social, nous avons un incubateur et nous disposons également d’un fond nous permettant d’investir dans des projets. Par exemple, à Paris, en 10 ans d’existence, il y a désormais des centaines de milliers de parisiens qui utilisent des services de start-up sociales et/ou environnementales qui ont été aidés par MakeSense. Je pense notamment à La Poste et ses vélos avec remorque électrique k-ryole que nous avons incubés ou encore à l’application Too Good To Go. Mais au final, il est important de comprendre que les projets et entreprises fonctionnent et prospèrent uniquement si les consommateurs eux-mêmes changent leur manière de consommer et de voir les choses. Aujourd’hui, pour avancer dans le bon sens, il faut que les citoyens soient demandeurs et qu’ils se questionnent. Chaque acte de consommation est un engagement, mais pour que les gens changent leur manière de consommer, il faut leur montrer que les enjeux sont urgents et importants. Et, en même temps, c'est plutôt “fun”

rais-tu aux personnes qui ont des métiers à impact ?

rais aux gens qui évoluent dans un métier à impact au sein d’une grande entreprise, c'est de regarder régulièrement si des changements politiques et concernant leur industrie voient le jour afin d’encourager l’entreprise à évoluer dans le bon sens, mais aussi pour être sûr de ne pas être en train de s'essouffler dans leurs missions.

Laura : D’après ton vécu et ton par-

cours, quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux gens pour qu’ils puissent trouver leur métier à impact et s’épanouir ?

Christian : Se poser les bonnes

questions, comme celle que tu viens de me poser au début de cet entretien: qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? Il est essentiel de trouver la cause ou la chose reliée à son histoire personnelle qui nous touche et qui nous donne envie de contribuer à cet enjeu. Pour ma part, comme j’ai pu le dire, ayant grandi sur une île magnifique avec les lagons et les coraux, j'étais (et je le suis toujours) attiré par l'environnement et sa protection. Il faut toujours puiser son inspiration dans son histoire personnelle, pour trouver son métier à impact, c’est pareil.

CHRISTIAN VANIZETTE

D'un point de vue très pratique, nous avons également lancé une plateforme dédiée aux jobs à impact, jetez-y un coup d’œil :

jobs.makesense.org

Laura : Pour finir, je suppose que tu as dû rencontrer certaines difficultés et obstacles avec la création et le développement de ce beau projet, je me trompe ?

Christian : Au tout début de

MakeSense, avec un autre alumni de KEDGE, Romain Raguin, dans le cadre de notre pro-act international, nous avons réalisé un séjour en Asie afin de rencontrer des entrepreneurs sociaux. Et, à la fin de ce beau périple, Romain m’a annoncé qu’il souhaitait revenir dans son entreprise qui lui proposait un super salaire qu’il s’installait avec sa conjointe à Genève. À ce moment, c’est vrai que j’étais au plus mal, c’est comme si je perdais mon associé. Je me suis retrouvé seul et je pensais à arrêter, mais la première chose que j'ai faite a été de me dire : “Je n’aime pas entreprendre seul, mais j'aime entreprendre si je le fais en équipe !” C’est ainsi que j’ai rencontré mon associée, Leïla, qui nous a notamment permis de rejoindre un incubateur à Paris et de poursuivre l’aventure. Tout ça pour vous dire de ne pas rester seul dans vos projets. Si par exemple, vous souhaitez vous réorienter dans le secteur de l'environnement, mettez-vous en relation avec d'autres personnes qui veulent aussi le faire afin de créer une petite communauté, soutenez-vous dans les moments compliqués comme dans les moments forts. Je pense réellement qu’on arrive à peu de chose seul, et qu’on est bien plus fort ensemble !


Accompagnement

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Interview

Accompagnement

D E S A C C O M PA G N E M E N T S SPÉCIFIQUES À LA RECHERCHE D’EMPLOI P O U R A C C O M PA G N E R NOS JEUNES DIPLÔMÉS L’accompagnement spécial jeunes diplômés, créé en 2017, est un service gratuit d’accompagnement à la recherche d’emploi dédié aux jeunes diplômés, proposé par KEDGE Alumni. Depuis le début de la crise sanitaire, ce service, réalisé à 100% en visioconférence, est accessible, en France comme à l’international, à tous les diplômés dès leur diplomation et durant les 3 ans qui suivent. Historiquement, celui-ci était composé d’heures de coaching individuel avec des professionnels permettant aux jeunes diplômés de travailler leurs outils de candidatures, identifier les offres pertinentes, mettre en place une stratégie de recherche d’emploi et même de faire une simulation d’entretien de recrutement. En 2020, face à la crise sanitaire, KEDGE Alumni a fait évoluer ce service pour mieux répondre aux attentes des jeunes diplômés. Désormais, celui-ci se compose de 3 briques : O***3h de coaching individuel pour un suivi et un accompagnement personnalisé ; O***L’accès à 4 webinars enregistrés par une coach professionnelle ; O** Une inscription à un atelier emploi – atelier collectif traitant une thématique liée à la recherche d’emploi – permettant de bénéficier de la dynamique de groupe. Cette année a également été l’occasion d’expérimenter un nouveau format d’accompagnement à la recherche d’emploi pour les jeunes diplômés : Le Labo Job. Complémentaire à l’accompagnement spécial jeunes diplômés, le Labo Job, animé

par Guylaine Di Giorgio, est un groupe composé de 10 participants maximum qui se retrouve une fois par semaine, en visioconférence, pour mener des actions concrètes dans leur recherche d’emploi. Le programme des séances est confectionné sur mesure en fonction du groupe et des besoins des participants. Les jeunes diplômés peuvent bénéficier de ce dispositif jusqu’à la signature de leur contrat.

227

c’est le nombre de jeunes diplômés qui ont bénéficié d’un service individuel ou collectif de KEDGE Alumni en 2020-21

545

c’est le nombre de jeunes diplômés qui ont participé à un événement de KEDGE Alumni en 2020-21

4,8/5

c’est la note moyenne donnée par les jeunes diplômés ayant participé à l’accompagnement spécial jeunes diplômés ou au Labo Job en 2020-21

100%

des jeunes diplômés ayant participé à l’accompagnement spécial jeunes diplômés ou au Labo Job en 2020-21 le recommandent et 100% estiment que ces services ont répondu à leurs attentes

61


Accompagnement

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C L É M E N C E C HAU V I N : L E SE RV IC E S J E U N E D I P '

Pourquoi avez-vous fait appel au réseau ?  J’ai fait appel au réseau de KEDGE pour m’aider dans ma recherche d’emploi. En effet, après avoir démissionné en octobre 2019 pour un autre CDI, j’ai eu une rupture de période d’essai pendant le premier confinement. Sur les réseaux sociaux de KEDGE Alumni, j’ai vu qu’il y avait des dispositifs d’aide à la recherche d’emploi et je me suis dit que ça pouvait m’être utile pour faire la différence dans les processus de recrutement, dans un contexte où le marché de l’emploi était difficile et imprévisible.

Racontez-nous votre expérience avec le réseau, en quoi vous a-t-il aidé ?  Dans un premier temps, j’ai pu bénéficier du dispositif d’accompagne-

ment spécial jeunes diplômés. Ce dispositif comprend l’accès à 4 webinars gratuits, 3h de coaching individuel et personnalisé et une inscription gratuite à l’un des ateliers emploi. Pour ma part, j’avais choisi de m’inscrire à l’atelier "mes motivations, mes valeurs, négocier son salaire".

à Guylaine, car la recherche d’emploi est souvent synonyme de doutes et de perte de confiance en soi. J’aimerais remercier le réseau  KEDGE Alumni pour la création du Labo Job qui a grandement contribué à ce que je retrouve un job, ce qui a enclenché un cercle vertueux !

Concernant le coaching individuel, Philippe Destanque m’a aidée à améliorer mon CV et ma lettre de motivation. Dans un second temps, j’ai suivi les ateliers du Labo Job, lancés en novembre 2020 et animés par Guylaine di Giorgio. Chaque mardi, le groupe, constitué d’environ 5 personnes, bénéficiait des conseils personnalisés de Guylaine pour avoir la meilleure stratégie de recherche d’emploi. On échangeait ensemble sur nos candidatures et on partageait nos astuces pour faire la différence lors des phases de candidature ou d’entretien. C’était aussi l’occasion de faire le plein de bonnes ondes, grâce

Etes-vous en poste actuellement ? À l'issue de mon CDD, j'ai commencé début septembre un CDI en tant que Chef de projet marketing opérationnel au sein d'une entité du Groupe VYV, la MNT, la première mutuelle de la fonction publique territoriale. Je vais piloter les campagnes d'acquisition et de fidélisation de la clientèle BtoC et développer une expérience omnicanale de qualité.


Témoignages

Accompagnement

63

LE LABO J O B PA R GUYLAINE D I G IO R G IO, E X P E RT E E T C OAC H KEDGE A LUM N I . Cette année, vous avez coaché 47 diplômés dont 30 sur des dispositifs spécialement conçus pour les jeunes diplômés comme le Labo Job. Pourquoi avoir mis en place ce dispositif ? Ce dispositif est une véritable expérience, un test que j’avais envie d’expérimenter à la suite de plusieurs constats : le coaching individuel est, comme son nom l’indique, individuel. L’objectif est d’apporter un coup de «  boost  » dans le quotidien, de codévelopper, de se rendre compte que l’on n’est pas seul face à une recherche d’emploi compliquée liée notamment à la crise sanitaire. Il est important de préciser que la forme est très informelle et conviviale. Je donne les ressources et je transmets des connaissances, ils font leur propre programme. Le but premier est de coconstruire au fil des séances !

Quels sont les avantages du Labo Job pour les jeunes diplômés ? C’est un rendez-vous, un peu comme si on se retrouvait entre amis pour parler de la vie, sauf qu’ici, c’est pour échanger sur son chemin vers l’employabilité. Au fil de l’atelier, je recense les points importants et je mets en perspective dans la bonne humeur et la “positive attitude” !

Déjà 8 mois que ce dispositif a été mis en place. Vous avez accompagné 6 groupes de jeunes diplômés. Quel bilan pouvez-vous faire de cette première année ? Le bilan est extrêmement positif, c’est une réussite ! Les participants repartent tous avec une vision plus encourageante de l’avenir et se sentent désormais plus confiants. Il est important de dédramatiser certaines visions. Il y avait une certaine lassitude, « zoom fatigue » ancrée en eux, j’ai fait de la visioconférence un simple outil, mais j’ai créé le lien pour libérer leur potentiel !

Comment les participants ressentent ces rendez-vous mensuels ? Pour la plupart, avant de commencer les rendez-vous, ils se sentent perdus, car ils essaient de répondre ou de suivre tous les conseils que l’on a pu leur donner, ils ont participé à plusieurs conférences, ils ont visionné des vidéos, etc. Pour faire simple, les principes de base, ils les ont. Mais, à trop vouloir « performer », ils oublient qui ils sont et ce qu’ils ont vraiment à proposer. Avec l’aide du Labo Job, ils se rendent compte que revenir à l’essentiel est plus

efficace. Pour eux, ces rencontres riment avec “bol d’air”. Dans une recherche qui peut être oppressante, bonne humeur, résultats rapides et concrets sont les clés.

Quelles sont les attentes des recruteurs aujourd’hui ? Aujourd’hui, les recruteurs cherchent la transparence. Il faut savoir que 64% des recruteurs sont prêts à recruter sur la personnalité. C’est la garantie de fidéliser et de garder leurs talents. C'est assez bête à dire, mais un recruteur rassuré est un recruteur qui recrute ! Je me souviens que recruter des jeunes diplômés était difficile à une époque, ils avaient tous le même niveau, le même discours formaté, etc. Aujourd’hui, on veut du vrai, du concret. Et ce type de dispositif unique le permet.

Et à l’avenir, comment imaginez-vous l’évolution de ce dispositif ? Je suis enthousiaste de redémarrer avec de nouveaux groupes ! C’est aussi très riche pour moi. Je le vois perdurer et se coupler avec du coaching individuel pour approfondir certains thèmes abordés en groupe. Mais, toujours dans la bonne humeur.


Alumni

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N O M I N AT I O N S


Nominations

LAURE CANU - MVS 2012 a été nommée, en avril dernier,

Alumni

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chez Antidox, rejoint Epoka en qualité de Directeur Conseil (mai 2021).

responsabilité directe d'Hervé Hélias, Chief Executive Officer. Elle est ainsi chargée de renforcer l'intégration opérationnelle et la mesure des performances de l'entreprise, afin de continuer à accompagner la croissance continue du groupe. Elle travaille en étroite collaboration avec le Conseil de gérance (GEB, Group Executive Board). A ce titre, elle est membre de l'équipe de management Groupe (Group Management Team).

THIBAULT TESTOT-FERRY - PGE 2000 vient récem-

EMILIE-LAYE BIRKUI - PGE 2010 a été nommée Lead

Directrice des Châteaux Cantemerle et Grand Corbin, propriétés du Groupe SMA depuis 1981. Elle succède ainsi à Philippe Dambrine après 28 ans à la tête des vignobles.

EDOUARD DU CLOSEL - PGE 1997 jusque-là associé

ment d’être promu Directeur Général Nordic au sein du groupe Moët Hennessy.

BENJAMIN COSTEMEND - PGE 2006 été nommé Key Account Manager de Berlitz France Licorne, à ce poste depuis mars 2021. Il est sous la responsabilité directe de Dina Hessissen, Président Directeur Général.

Generation Manager de Concilio, à ce poste depuis décembre 2020, sous la responsabilité directe d'Alban de Renty, directeur marketing et business development. Elle est ainsi en charge de la définition et de l'implémentation de la stratégie d'acquisition, du pilotage des leviers d'acquisition, ainsi que du suivi des performances.

ISABELLE BÉNARD - PGE 2009

PASCAL DUPERRAY - PGE 1996  a été nommé Directeur

est nommée Chief Product Officer de Mirakl, à ce poste depuis mai 2021. Elle est ainsi chargée de superviser l’équipe de développement produit B2C et B2B. A ce titre, elle est membre du comité exécutif.

JÉRÉMIE CAULLET - PGE 1993  a rejoint McKinsey & Com-

pany en tant que Directeur associé au bureau de Paris, le 2 avril 2021. Expert mondial des transformations technologiques, il s'investit tout particulièrement dans la stratégie IT, les grands programmes ERP, le design d'organisation IT agiles, le cloud, et la reconfiguration des modèles opérationnels.

PIERRE ARNAUD - PGE 2012 est promu Directeur Général de Galia Gestion depuis le 1er mai 2021. Pierre a intégré l’équipe de Galia Gestion début 2015 en qualité de Directeur de Participations après une expérience en M&A à l'issu de son cursus KEDGE.

AMAURY DESTREBECQ - PGE 2003 est nommé Mana-

ger of Global Procurement Regional de Sartorius Stedim FMT, à ce poste depuis le 22 février 2021.

AURORE BRIERE - PGE 2008 est Directrice Générale Adjointe Europe de Bandai Namco Entertainment, à ce poste depuis janvier 2021. Elle est sous la responsabilité directe d'Arnaud Muller, Directeur Général Europe. Elle est ainsi chargée de gérer les fonctions administratives des départements Finance, RH, Opérations, Informatique et Juridique, et l'intégration des studios et des entreprises.

JORIS CAILLAU - IMPI 2017 est promu Responsable

d'actifs immobiliers de Perial Asset Management, à ce poste depuis février 2021. Il est sous la responsabilité directe de Dimitri Maillard, Directeur de la gestion des actifs immobiliers. Il est ainsi chargé de manager une business unit de 7 collaborateurs (3 asset managers, 3 gestionnaires locatifs, 1 analyste) responsable d'un patrimoine de bureaux situé à Paris intra-muros et dans les principales métropoles régionales de l'Ouest et du Nord de la France.

THIBAULT SAVARY - PGE 2015 est promu Managing Director France d'Adot, à ce poste depuis janvier 2021, sous la responsabilité directe de Yannis Yahiaoui, Président cofondateur. Il est ainsi chargé de superviser l'ensemble de l'activité commerciale, l'approche verticalisée, les partenariats stratégiques avec les agences média et les annonceurs, ainsi que la gestion de la relation client.

ARIANE ROSSI - PGE 1992 est promue Directrice Financière de Mazars Group, à ce poste depuis janvier 2021, en remplacement d'Eric Albrand. Elle est sous la

Général de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, à ce poste depuis octobre 2020. Il est ainsi chargé de développer des accompagnements et des prises en charge en direction des publics les plus précaires et les plus fragiles. Reconnue d’utilité publique, la fondation gère 34 établissements de santé avec 1700 salariés et 250 bénévoles. Elle a l’ambition de se développer dans les territoires où elle est présente Paris, Grand Ouest et Sud Est.

MARION FORESTIER - PGE 2005 est nommée Directrice

new business design packaging d'Extrême, à ce poste depuis janvier 2021. Elle est sous la responsabilité directe de Julien Puerta, Directeur Général. Elle est ainsi en charge des marques nationales FMCG et MDD, en packaging et digital.

ERIC DEMANGE - IMR 1993 est promu Directeur des

divisions affinitaires et marchés spécialisés chez Gras Savoye, à ce poste depuis mars 2021, en remplacement d'Olivier Porte. Il est sous la responsabilité directe de Cyrille de Montgolfier, Directeur Général France. Il conserve également ses fonctions de directeur de la région Nord - Ile-de-France - Centre, et directeur marketing et coresponsable du département Sales & Client Management en charge des segments PME et ETI pour la France.

NICOLAS DUJARDIN - IBBA 2011 a été promu Directeur des opérations d'Océinde, à ce poste depuis janvier 2021. Il est sous la responsabilité directe de Nassir Goulamaly, Président.

CLAIRE VERMION - MAI 2016 a rejoint le Groupe Rocher

en novembre 2020 en tant que Global Category Manager Professional Services. Elle est ainsi en charge des achats de prestations RH, building services et retail.

OLIVIER BANI - PGE 1995 est nommé au poste de Directeur Général Délégué du Groupe Mare Nostrum à compter du 1er juillet 2021. Après avoir occupé les fonctions de Directeur Administratif et Financier pendant près de 2 ans, il aura en charge au sein de cette nouvelle fonction de piloter les fonctions Finance, Ressources Humaines, Risques et Qualité.

MATTHIEU CORDIER – PGE 2000 est promu CFO head of

corporate development and M&A groupe de Devoteam, à ce poste depuis février 2021. Il est ainsi chargé des fusions-acquisitions et du développement corporate.

ENGUERRAN BAZIN DE CAIX - MAI 2006 est nommé

Directeur délégué au développement de Marignan Immobilier, à ce poste depuis mai 2021.


1 an après

66

É C O L E

E N T R E P R E N E U R I A L E

L’ E C OL E E N T R E P R E N E U R IA L E , U N A N A P R È S : B I L A N P O SI T I F E T D E B E L L E S P E R SP E C T I V E S Dans notre première édition, nous vous présentions l'Ecole Entrepreneuriale, un projet inclusif, philanthropique qui nous permet depuis octobre 2020 d’accueillir des jeunes entre 18 et 30 ans, titulaires à minima du BAC et porteurs d’un projet entrepreneurial. Les mécènes et la Fondation KEDGE rendent possible cette aventure en décernant des bourses couvrant l’intégralité des frais de scolarité et en attribuant, sur dossier, des bourses de vie, permettant de lever les freins liés au logement, à la mobilité, à la fracture numérique ou encore à l'accès aux soins.

preneurs sont désormais incubés à la Business Nursery de Kedge ou montent en compétences au sein de programmes partenaires comme Les défis The Wonders, Make The Choice de l’UPE13, ou l’école du numérique La Plateforme. « Ma première année à l’Ecole Entrepreneuriale m’a énormément appris sur moi-même, et sur ce qu’il fallait faire pour réaliser ses rêves. Le programme m’a permis de développer mon projet au mieux et de me poser de nouvelles questions sur celui-ci, pour le rendre meilleur. Je pense sincèrement que c’est un programme qui mérite d’être vu et reconnu. J’ai hâte de voir ce que les deux prochaines années nous réservent ! » témoigne Hanane Riah, élève de l’Ecole Entrepreneuriale à Marseille.

NOTRE BILAN UN AN APRÈS

Tout d’abord, le campus de Bordeaux accueillera sa 1ère promotion. Le campus de Marseille lui, accueillera sa 2ème promotion à partir d’octobre 2021. À noter qu’en 2022, nous projetons d’ouvrir également le programme sur notre campus de Paris.

A l’issue de cette première année exceptionnelle en raison du contexte sanitaire, le bilan est très positif et des projets variés, portés par 8 étudiants-entrepreneurs se construisent en ce moment dans l’Ecole Entrepreneuriale : chanvre industriel, chaussures en impression 3D et cuirs végétaux, plateforme de mise en relation des savoir-faire, conciergerie et location de biens court séjour et haut de gamme, mobiliers et vêtements de seconde main, influenceur et conseil produit sur les réseaux sociaux, garage et carrosserie, réseau de distribution sur le dernier kilomètre à Marseille. Certaines actions positives se sont même ajoutées à la longue liste des points forts de l’Ecole Entrepreneuriale : certains étudiants entre-

QUELLES NOUVEAU TÉS POUR LA RENTRÉE PROCHAINE ?

Juliette et Jean-François Thunet, tous deux diplômés de KEDGE et mécènes, se réjouissent de la réussite de ce projet ambitieux : « Nous sommes fiers que notre école soit à l’origine de ce projet innovant qui lève quelques barrières et sommes très heureux de pouvoir apporter notre pierre à ce bel édifice. Longue vie à l’Ecole Entrepreneuriale ! » Un grand merci à nos mécènes dont le soutien est essentiel, ainsi qu'à nos partenaires sur le terrain pour détecter les talents. En complément de notre partenaire historique, la Fondation Apprentis d’Auteuil, de nombreux partenaires se joignent à l’aventure tous les jours, à Marseille et à Bordeaux : Les Déterminés, Synergie Family, Le Carburateur, Make The Choice, L’Institut de l’Engagement, Entrepreneur dans la ville, Cap D’Agir, Télémaque, Ticket For Change, Article 1.

Les candidatures étaient ouvertes jusqu’en septembre et une cinquantaine de bourses d’études étaient proposées avec :

20 places, entrée en année 1 à Marseille

20 places, entrée en année 1 à Bordeaux

10 places, entrée en année 2

à Marseille : cet accès direct est une nouveauté, il permet de nous ouvrir à des entrepreneurs dont les projets sont plus matures.

@KedgeEntreneuship @kedge.entrepreneurship ecole-entrepreneuriale.org


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Mão boa est une startup co-fondée par Maxime Marchand, diplômé de KEDGE et accélérée par la Business Nursery.


N E T WO R K

R E V I E W

Janvier 2022

N°2

FA I T E S - L E POUR VOUS: Recevez toutes les informations du réseau Profitez des services et événements Soyez visible par les recruteurs et recrutez des talents

FA I T E S - L E POUR LES AUTRES: Venez en aide à nos étudiants Partagez vos expertises

FA I T E S - L E P O U R N O U S : Permettez-nous de vous inclure dans nos projets de développement Permettez-nous d'être plus efficaces dans nos communications


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