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Le ravitaillement sanitaire au plus près des conflits
Le pharmacien Mélissa, projeté au Tchad dans le cadre de l’opération Barkhane de janvier à juin 2017, témoigne de son parcours et de son expérience en tant que chef de l’Unité de Distribution de Produit de Santé de N’Djamena.
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
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En aout 2009, j’ai intégré l’École de Santé des Armées de Lyon-Bron en tant qu’élève officier pharmacien. Après une formation intégrant à la fois un cursus universitaire classique dans le domaine pharmaceutique et des stages de formation militaire, j’ai soutenu ma thèse d’exercice et obtenu mon diplôme un an plus tard en 2016 à l’issue d’une dernière année de formation à l’École du Val-de-Grâce. J’ai été affectée en sortie d’école à la Pharmacie Centrale des Armées (PCA) au poste d’adjointe au département de contrôle analytique et j’exerce toujours ces fonctions aujourd’hui. La PCA occupe un rôle crucial au sein de la chaîne du ravitaillement sanitaire puisqu’elle permet de fabriquer des médicaments qui répondent à des besoins opérationnels spécifiques. Mon rôle au sein de cette structure est de m’assurer que les médicaments que nous produisons satisfont bien aux critères de qualité, d’efficacité et de sécurité définis par la réglementation.
Pourquoi avoir choisi d’exercer le métier de pharmacien militaire ?
Quand j’étais au lycée, mon intérêt pour la chimie et le domaine de la santé m’avait d’ores et déjà permis de m’orienter vers le métier de pharmacien puisqu’il me semblait concilier ces deux aspects. Mon vœu d’exercer dans l’armée est venu ensuite. Je viens d’une famille de militaire. Les particularités du métier de militaire m’ont donc toujours été familières et m’ont été transmises avec beaucoup d’enthousiasme par mon père. De plus, le métier de pharmacien dans l’armée revêt de nombreux avantages. Il permet de cultiver une grande polyvalence au sein de chacun des postes et tout au long de sa carrière. Les postes sont très diversifiés. Il nous est possible d’exercer en laboratoire d’analyse, en établissement de production, à l’hôpital ou encore dans des structures logistiques. À cela s’ajoute aussi l’opportunité d’effectuer des missions à l’étranger dans le cadre des opérations extérieures. Quand j’ai appris qu’il m’était possible d’exercer ce métier dans l’armée et dans quelles circonstances, c’est tout naturellement
que ce choix s’est imposé à moi. Je ne l’ai jamais regretté.
Pourriez-vous nous expliquer quel est le rôle du pharmacien en opération extérieure ?
En opération extérieure, le pharmacien est garant de l’approvisionnement en médicaments, dispositifs médicaux et matériels médicaux des antennes médicales et chirurgicales. En tant que chef de l’UDPS de N’Djamena j’étais responsable de l’approvisionnement du fuseau Est de l’opération Barkhane, un autre pharmacien étant en charge du fuseau Ouest. Pour remplir sa fonction, le pharmacien doit constituer un stock stratégique au niveau de l’UDPS lui permettant de disposer d’une autonomie suffisante pour prendre en compte les délais d’acheminement des produits depuis la métropole et pour parer aux éventuelles ruptures médicamenteuses. À partir de ce stock, le pharmacien répond aux demandes émanant des antennes médicales et chirurgicales, renouvelle les dotations de lots prépositionnés et prépare les trousses individuelles du combattant qui sont distribuées à tous les soldats en opération. L’organisation de l’acheminement des commandes est à sa charge et nécessite des collaborations avec certaines unités supports notamment le CCITTM en charge de la logistique des frets aériens. Pour m’aider dans cette tâche, j’étais accompagnée d’une équipe constituée d’un SASS responsable principalement de la partie logistique, un technicien biomédical qui assurait l’ensemble des maintenances préventives et curatives des appareils biomédicaux et quatre magasiniers dont deux militaires et deux personnels civils tchadiens pour effectuer les réceptions et la préparation des commandes.
Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
Beaucoup de choses. Etant sortie d’école six mois seulement avant cette projection, je n’avais encore qu’une expérience professionnelle limitée. Ce poste était idéal, à la fois intéressant dans sa mise en œuvre au quotidien et stimulant de par les aléas et les difficultés qui pouvaient parfois se présenter. J’ai appris à travailler en équipe et à collaborer avec des interlocuteurs de tous les horizons. Le contexte opérationnel et l’isolement imposent aussi nécessairement d’apprendre à réagir rapidement et à faire preuve d’imagination pour essayer de trouver des solutions alternatives afin de répondre au mieux aux besoins exprimés par les antennes médicales. C’était une expérience très enrichissante.
Un dernier mot pour finir, quels sont vos projets pour l’avenir ?
Une nouvelle mission, je l’espère ! Je commence aussi depuis peu la préparation du concours de l’assistanat « Développement et sécurisation des produits de santé », anciennement PIBM (Pharmacie Industrielle et Biomédicale) pour me spécialiser en industrie. Ces trois années passées à la PCA ont réussi à me convertir.