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1er cadre de santé en OPEX

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L’Hôpital médico-chirurgical (HMC) de KAIA (1) est le premier hôpital construit par l’OTAN sur une de ses zones d’opérations. La France en assure le commandement, depuis son ouverture en juillet 2009. L’Infirmier cadre de santé (ICaS) Lionel Lopez livre le témoignage de ses premiers pas à KAIA.

© ICAS Lopez

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ACTUSANTÉ :

Comment avez-vous vécu la montée en puissance de l’HMC ?

ICaS Lionel Lopez :

J’ai fait partie de l’équipe qui a effectué un état des lieux pour la NAMSA (2) afin d’identifier les questions qui nécessitaient une réponse avant l’ouverture de l’HMC. Cet établissement, construit selon des normes anglo-saxonnes, a ouvert ses portes et ses vingt-neuf lits d’hospitalisation, avec les soucis inhérents à toute nouvelle structure de soins. Le scanner a été mis en place fin juillet et la télémédecine fin août. L’absence d’eau potable a été résolue ultérieurement avec l’arrivée d’une unité de traitement de l’eau.

AS : Quel a été votre rôle ?

LL : L’HMC KAIA présente les particularités d’un hôpital, installé sur un étage mais éclaté en neuf services. Il accueille aussi bien des militaires de l’ISAF (3) que ceux de l’Armée nationale afghane (ANA), ainsi que la population locale. Son bon fonctionnement nécessite 124 personnels, dont 81

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Français. Les autres professionnels de santé sont portugais, allemands, belges, bulgares, américains et espagnols. À travers la fonction fédératrice du cadre de santé, j’ai essayé de garder une certaine polyvalence pour décloisonner les services et améliorer la communication. Les équipes ont été confrontées aux blessures de guerre, aux injustices des attentats, à la peur des roquettes, mais également à l’attente des blessés. En effet, l’isolement créé par la zone aéroportuaire rend difficile les consultations dans le cadre de l’Aide médicale à la population (AMP). À l’entrée du camp, les mesures de sécurité sont strictement appliquées. En période d’attente, j’ai fédéré les personnels par des exercices de secourisme, la rédaction de protocoles ou de fiches techniques, l’élaboration du dossier de soins commun, réalisé en concertation avec l’équipe portugaise. Les pratiques différentes selon les nations, n’ont pas rendu l’exercice facile.

AS : Que retenez-vous de cette expérience en contexte opérationnel et multinational ?

LL :Les quatre exercices MASCAL, simulant l’arrivée massive de blessés, ont mis en évidence que l’activité de l’hôpital reste tributaire des moyens d’évacuation en amont, qui ne comprennent que deux ambulances à l’intérieur du camp et deux Véhicules de l’avant blindés (VAB) pour les transports extérieurs. Les équipes médicale portugaise et chirurgicale allemande se sont montrées indispensables au bon fonctionnement de la structure. Une dynamique de travail s’est instaurée, renforçant la complémentarité des équipes entre nations. Le manque de pratique de la langue anglaise par l’équipe française a été un frein à la communication. À l’HMC, le dispositif d’évacuation du linge et des déchets souillés est traité par une société turque. Avec un cadre de référence bien différent du nôtre, force est de constater que la réglementation concernant la gestion des risques ne peut s’appliquer en OPEX comme en métropole. Le cadre de santé ne se contente pas de rendre compte au médecin-chef des difficultés rencontrées par les équipes, au gestionnaire des problèmes de locaux, au technicien supérieur hospitalier des soucis de matériel, il propose aussi des solutions.

Propos recueillis par la rédaction d’Actu santé

(1) Kabul international airport (2) Organisme logistique de l’OTAN qui a construit la structure. (3) International security assistance force

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