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OMLT : une journée en poste avancé dans l’Uruzgan
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Dans la province de Dehravood en Uruzgan au centre de l’Afghanistan, un détachement français de six personnels encadre une compagnie de militaires afghans. L’infirmier en poste OMLT est responsable du soutien santé de l’ensemble des personnels et participe aux différentes activités du COY (1) . L’Infirmier de classe supérieure (ICS) Jean-Pierre Treussier nous fait partager une de ses journées.
5h00 : chacun se réveille à son rythme. Petit-déjeuner.
6h00 : vérification du matériel et essai des transmissions.
6h30 : rassemblement avec les militaires afghans et départ en véhicules. Aujourd’hui je pilote un Véhicule de l’avant blindé (VAB).
7h00 : arrivée sur les hauteurs. Un personnel de chaque VAB reste en position de tireur afin d’appuyer la patrouille à pied qui aura lieu en contrebas. Je participe à la patrouille, en fin de dispositif, avec un militaire de l’Armée nationale afghane (ANA) derrière moi.
En patrouille avec l’ANA
8h10 : la patrouille s’arrête. Le chef de COY va s’entretenir avec le Malek (2) du village. Les autres personnels se mettent en couverture afin de sécuriser la zone.
8h30 : la patrouille reprend sa progression sur l’itinéraire prévu. 10h30 : fin de la patrouille à pied, je reprends ma place de pilote pour le retour.
11h00 : arrivée au poste avancé. Lors du débriefing avec l’ANA, rien à signaler de particulier.
Entrée du poste médical
© ICS Treussier
12h00 : repas rapide en commun, chacun se prépare ce qu’il veut.
12h30 : reconditionnement, à notre guise : sieste, lecture, étirements…
15h00 : séance de sport à base de pompes, tractions, abdominaux et étirements, pour ceux qui ne les ont pas faits.
Bain et soins d’un enfant
Prise en charge d’un bébé de trois semaines
16h00 : des civils, dont quelques enfants, se présentent à l’entrée du camp afin de recevoir des soins. C’est un moment d’échange important qui permet de se faire accepter par la population locale et de se faire une idée sur ses sentiments à notre égard.
17h30 : douche.
18h00 : avec un autre équipier, nous préparons le dîner.
19h00 : réunion de l’ensemble du COY pour organiser la journée suivante.
19h10 : prise de repas en commun. C’est, le plus souvent, un moment de détente.
20h00 : fin du repas et début de la garde. Ce soir, je prends le tour de minuit à 2h00.
Infirmier de classe supérieure Jean-Pierre Treussier Centre médical des armées de Valence
(1) Compagnie (2) Représentant religieux
Actualités scientifiques
Maladie de Chagas : quel risque pour les militaires en Guyane ?
Due à un parasite, Trypanosoma cruzi, transmis par des punaises hématophages (1) , la maladie de Chagas sévit du sud des États-Unis au sud de l’Argentine. Des chercheurs de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) ont mené une étude afin d’évaluer le niveau de risque pour les militaires servant au sein des Forces armées en Guyane (FAG).
Avec près de 50 000 nouveaux cas par an, huit à neuf millions de personnes infectées et près de 100 millions de personnes potentiellement exposées à travers vingt et un pays d’Amérique centrale et d’Amérique du sud, la maladie de Chagas, ou trypanosomiase américaine, fait partie des grandes infections oubliées. En effet, il n’existe aujourd’hui ni vaccin, ni traitement totalement efficace contre cette maladie, qui présente des formes aiguës, latentes et chroniques.
Lors de l’infection, un nodule cutané peut apparaître au point d’inoculation. Mais, bien souvent asymptomatique, celle-ci peut passer inaperçue. Si la phase aiguë de la maladie peut être asymptomatique, elle se manifeste le plus souvent par une myocardite fébrile ou, à distance, une insuffisance cardiaque chez un sujet jeune. Au cours de l’infection chronique, les malades peuvent développer des lésions irréversibles du système cardiaque (26% des cas), de l’appareil digestif (6% des cas) ou encore des troubles neurologiques. En l’absence de traitement, la maladie peut s’avérer mortelle à la phase aiguë comme à la phase chronique.
Une évolution du risque infectieux
Alors que l’Amazonie était considérée comme hors de la zone d’endémie, une recrudescence du nombre de personnes infectées a été observée, depuis 2004, dans le bassin amazonien. La Guyane a, elle aussi, connu une augmentation du nombre de malades ces cinq dernières années. En 2007, un cas de maladie de Chagas est identifié pour la première fois au sein des Forces armées en Guyane. S’agissait-il d’un cas isolé, ou était-ce la manifestation d’un risque important chez les FAG ? Afin de le découvrir, une équipe d’entomologistes de l’IRBAantenne de Marseille a conduit une étude dans les différentes emprises des FAG, en partenariat avec l a f a c u l t é d e médecine de Cayenne. Les résultats sont en cours de publication dans la littérature scientifique.
Une étude des vecteurs de la maladie
Trypanozoma cruzi est transmis par des punaises hématophages appelées
1
SAINT-JEANDU-MARONI
Océan Atlantique
KOUROU
2
3
CAYENNE
SURINAM GUYANE FRANÇAISE
4 REGINA
BRÉSIL
© BCISSA
1 - Groupement du service militaire adapté (GSMA) de SaintJean du Maroni
2 - Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou
3 - Régiment du service militaire adapté (RSMA) à Cayenne - Base aérienne (BA) de Cayenne-Rochambeau
4 - Centre d’entraînement en forêt équatoriale (CEFE) de Regina
triatomes. Hommes, animaux sauvages ou domestiques, à l’exception des oiseaux, peuvent être touchés par le parasite lorsqu’ils sont en contact avec un triatome infecté ou ses déjections. À travers l’Amérique latine, les infections sont principalement dues à des triatomes domestiques vivant dans les maisons, notamment les habitations vétustes en zone rurale et péri-urbaine. Le réservoir de parasites est essentiellement humain. En zone amazonienne, dite non endémique, la transmission est assurée par des triatomes sauvages. Le réservoir de parasites est constitué par la faune sauvage et parfois domestique. Ces vecteurs sauvages sont peu connus mais certains d’entre eux montrent une tendance à pénétrer les habitations pour venir s’y nourrir.
CAPTURE DE TRIATOMES
à l’aide d’un piège Noireau
à l’aide d’un piège lumineux
Triatome responsable de la maladie de Chagas
Les travaux de recherche se sont donc naturellement concentrés sur l’étude des vecteurs présents dans les implantations des FAG. Deux missions, en 2007 et 2008, ont eu pour objectif d’identifier les différentes espèces de triatomes, leur densité et leur taux d’infection par le parasite. Les insectes étaient capturés à l’aide de différents pièges (lumineux, avec appât,...). Certains se trouvaient près des éclairages extérieurs, ainsi qu’à l’intérieur des logements. Contrairement aux triatomes responsables de la plupart des épidémies d’Amérique latine, les individus collectés n’avaient, a priori, pas élu domicile dans les habitations. « Les individus que nous avons capturés dans les logements étaient tous adultes et nous n’avons pas trouvé de larves, explique le Médecin en chef (MC) Frédéric Pagès, responsable de la mission. Cela indique que ces triatomes n’étaient pas “domestiqués” et qu’ils y pénétraient, sans doute attirés par la lumière.»
Les punaises ont ensuite été étudiées à la faculté de médecine de Cayenne et leurs intestins disséqués afin de rechercher le parasite T.cruzi. Résultats : six espèces différentes de triatomes ont été identifiées et 67% des individus capturés se sont révélés infectés par le parasite après identification moléculaire. Au CEFE de Regina, le taux d’infection des triatomes atteignait 71%. Par ailleurs, quatre spécimens infectés ont été retrouvés dans les cuisines, faisant courir le risque d’une contamination de la chaîne alimentaire par leurs déjections. Il existe donc un risque de contact avec des punaises infectées par le parasite ou leurs déjections sur l’ensemble des sites militaires étudiés par les entomologistes. Le risque de contamination alimentaire n’est, en outre, pas à négliger. « Dans le bassin amazonien, les épidémies de Chagas aiguës à partir d’aliments contaminés par des déjections de triatomes sont fréquentes, note le MC Pagès. Une épidémie d’origine alimentaire au sein des forces, identique à celle qui s’est produite en 2005 à Iracoubo en Guyane lors d’une fête familiale, pourrait survenir. »
Les moyens préventifs
E n l ’ a b s e n c e d e t r a i t e m e n t prophylactique, la seule mesure réellement efficace est d’éviter au maximum le contact avec les punaises. Lorsque le triatome effectue son repas de sang, il ne transmet pas l’infection par la piqûre, mais en vidant ses intestins. Le parasite pénètre alors dans l’organisme, soit par grattage et formation d’une plaie au niveau de la piqûre, soit par contact avec les muqueuses ou encore par ingestion.
Des conseils en matière de lutte antivectorielle ont donc été prodigués sur les différents sites des FAG. « En forêt, la prévention repose essentiellement sur l’usage de moustiquaires et de bâches imprégnées d’insecticides qui devraient être mises en place courant 2010 et sur la protection de la nourriture, indiquent les chercheurs. Dans les emplacements fixes, il faut diminuer les éclairages attirant les punaises, protéger la nourriture, protéger les couverts, ustensiles de cuisine, plats et assiettes, protéger les ouvertures par des moustiquaires et utiliser des moustiquaires de lit imprégnées d’insecticide. »
Actuellement, le traitement de première ligne contre la maladie de Chagas repose principalement sur un médicament délivré sous Autorisation temporaire d’utilisation (ATU), c’està-dire uniquement en milieu hospitalier et présentant potentiellement des effets secondaires importants. Le diagnostic parasitologique, sérologique ou moléculaire est aussi souvent difficile. Dans le cas d’une infection chronique, un traitement antiparasitaire est administré en plus du traitement symptomatique. Bien que peu fréquente en Guyane, cette infection est grave, avec parfois des séquelles irréversibles, voire une issue fatale. Les militaires ayant séjourné en Guyane sont désormais sensibilisés à la possibilité d’y être confrontés. Sur place, des dépliants sont mis à la disposition des résidents pour les informer sur les modes de contamination et les moyens de protection.
Emmanuelle Chartier EVDG - Cellule de formalisation des projets de recherche
Les directionsinterarmées
DU SERVICE DESANTÉ Situées dans des contrées lointaines aux parfums d’exotisme ou d’aventure, les sept Directions interarmées du service de santé (DIASS) sont des échelons intermédiaires du Service de santé des armées (SSA) bien particuliers.
Elles sont implantées dans les départements d’outre-mer (Antilles, Guyane, La Réunion), les collectivités d’outre-mer (NouvelleCalédonie, Polynésie française) et en Afrique (Djibouti et Sénégal) où stationnent des forces armées françaises. Ces forces sont placées sous l’autorité d’un Commandant interarmées (COMIA) dénommé Commandant supérieur (COMSUP) pour les forces de souveraineté ou Commandant des forces (COMFOR) pour les forces de présence à l’étranger.
Pionniers de l’interarmisation, les DIASS, organismes extérieurs du Service de santé des armées, occupent une situation originale. Elles sont en effet subordonnées pour emploi aux COMIA mais relèvent de la Direction centrale du service de santé en matière administrative et technique. Organes de direction à petit effectif, elles se voient toutes adjoindre une Unité de distribution de produits de santé (UDPS) en charge du ravitaillement et dirigée par un pharmacien ainsi qu’un vétérinaire qui est parfois mutualisé entre deux DIASS (zones Pacifique et Caraïbes). Pacifique interarmées, précurseurs des tout récents Centres médicaux interarmées (CMIA), leurs sont rattachés. La DIASS de Djibouti est la seule à avoir conservé une structure hospitalière, l’Hôpital médico-chirurgical (HMC) Bouffard, et à disposer d’un médecin épidémiologiste. De par leur situation, les DIASS sont en contact étroit avec les forces. Le directeur interarmées est l’adjoint santé du COMIA et ses personnels arment le J4 (logistique) santé du Poste de commandement interarmées (PCIA) lors des exercices et des opérations. Les services médicaux des forces qui, jusqu’à présent, ne leur étaient subordonnés que sur le plan technique, vont être réunis en Centres médicaux interarmées, placés sous l’autorité pleine et entière des DIASS. Cette évolution accompagne la réforme des bases de défense. C’est déjà le cas pour la DIASS de Djibouti qui a fait partie des onze bases de défense expérimentales et pour la DIASS de La Réunion qui est entrée, à son tour, au 1 er janvier 2010, dans le cercle des dix-huit bases de défense pilotes. Fortement imbriquées avec les forces dont elles s’assurent de la qualité du soutien médical, les DIASS sont de ce fait liées au devenir de ces forces et, en particulier, à l’évolution de leur format appelé à être modifié par la révision du dispositif militaire outremer et par les accords de défense pour l’étranger.
Médecin général Michel Sarthou-Moutengou Directeur interarmées du service de santé des Forces françaises
Des services médicaux
Localisation des 7 DIASS
Océan Atlantique
MARTINIQUE
FORT-DE-FRANCE
Mer des Caraïbes Océan Atlantique
DAKAR
MAURITANIE
SÉNÉGAL
GAMBIE
GUINÉE-BISSAU ÉTHIOPIE ÉRYTHRÉE
DJIBOUTI
Lac Assal
Lac Abhé Mer Rouge
DJIBOUTI
SOMALIE
PAPEETE
Océan stationnées à Djibouti
TAHITI
Océan Atlantique
CAYENNE
GUYANE FRANÇAISE
BRÉSIL
SAINT-DENIS
Océan Indien
ILE DE LA RÉUNION
Océan Pacifique
NOUVELLE-CALÉDONIE
NOUMÉA
© BCISSA
Missions amphibies
La Direction interarmées du service de santé des forces françaises du Cap-Vert (DIASSFFCV) remplit une mission particulière de soutien santé des à Dakar opérations amphibies.
Les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV) confirment sans discontinuer la vocation de point d’appui de Dakar. Celle-ci se décline sous l’angle du soutien opérationnel, avec ses atouts d’escales navale et aérienne, et au travers de la préparation à l’engagement militaire avec un effort marqué dans le domaine des opérations amphibies. Ces dernières consistent à amener les troupes, par voie maritime, au plus près de leur zone d’intervention où elles sont débarquées. Le service de santé est systématiquement impliqué dans les différents exercices mis en place par le commandant des FFCV.
La presqu’île du Cap-Vert se prête au déploiement amphibie avec une large ouverture sur l’océan Atlantique et un accès aisé vers le delta du Sine Saloum. L’Engin de débarquement d’infanterie et de char (EDIC) Sabre a été affecté en partie dans ce but et de façon pérenne dans la rade en eaux profondes de Dakar. Ce bâtiment et les Transports de chalands de débarquement (TCD) de la mission Corymbe apportent leur soutien afin d’assurer une présence française sur les côtes africaines.
Des exercices nationaux et internationaux
La DIASS met à profit ces exercices et ceux organisés tous les deux mois avec les troupes en mission de courte durée au 23 e Bataillon d’infanterie de marine (BIMa), pour s’entraîner à la prise en charge de blessés et à l’Évacuation de ressortissants (RESEVAC). Tout au long de ces exercices, une antenne médicale reste en alerte au Centre médical interarmées (CMIA) avec, si besoin, l’appui de l’Hôpital principal de Dakar (HPD). De la même façon, les FFCV et les forces armées sénégalaises réalisent, tous les ans, un exercice conjoint destiné à renforcer la coopération entre les deux armées. Cet exercice aéronavalo-terrestre se déroule sur une semaine et change de leadership un an sur deux. L’exercice amphibie Deggo (1) requiert un Véhicule de l’avant blindé (VAB) sanitaire avec un médecin, un infirmier et quatre brancardierssecouristes. Un conseiller santé est placé auprès du commandement.
En novembre 2010, le Sénégal a obtenu d’être le pays organisateur d’un exercice européen en partie amphibie, Emerald move, où plus de 3 000 militaires s’exerceront à des manœuvres dans un contexte multinational.
Une nouvelle qualification amphibie
Devant la place grandissante de l’amphibie dans les activités des FFCV, le général commandant les FFCV (COMFOR) a récemment créé un diplôme de reconnaissances de ces compétences. Le Stage de qualification aux opérations amphibies (SQOA), d’une à deux semaines, est proposé aux militaires français et sénégalais. Trois niveaux de qualification existent selon la durée du stage pratique. Le médecin-chef du CMIA a été diplômé en 2009. D’autres praticiens devraient suivre. À terme, ce brevet pourrait être ouvert aux infirmiers.
Vétérinaire principal Florence Calvet Officier communication de la DIASS-FFCV
(1) Deggo signifie « amitié » en ouolof, une des langues nationales du Sénégal.
Débarquement amphibie sur la presqu’île du Cap-Vert
Chefferiesanté
Médecin du CMIA opérationnelle auxAntilles auprès d’un blessé haïtien joué le rôle d’interface entre la de l’État en mer et la lutte contre le avoisinantes et les pays d’Amérique Centrale et du Sud. Les personnels des services médicaux des bâtiments de la Force d’action navale (FAN) naviguant dans la ZRP participent à l’action de l’État en mer. Cinq entités, dont le nouveau Centre médical interarmées (CMIA) de Fort-deFrance, assurent le soutien médical d’environ 4600 personnels. En temps de crise, la Direction interarmées du service de santé (DIASS) aux Antilles peut devenir chefferie santé opérationnelle. Ainsi, lors de l’opération Séisme Haïti 2010, le bureau technico-opérationnel a Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA), l’Unité de distribution de produits de santé (UDPS), le CMIA, le Centre opérationnel (CENTOPS) des FAA et le théâtre sur lequel étaient déployés L es missions prioritaires sont la protection du territoire national, la sécurité de la Zone Antenne médico-chirurgicale embarquée (AMCE) à bord du Siroco. Ce bureau a recueilli et traité les de responsabilité permanente (ZRP) (1) , informations nécessaires à l’expression la présence française en coopération des besoins logistiques et à la avec les pays de la Caraïbe, l’action communication des directives. narcotrafic. En temps de crise, les Véritable plateforme logistique militaires peuvent conduire des sanitaire entre la métropole et Haïti, opérations avec projection de forces l’UDPS a mis en place le lot de ou contribuer à des secours d’urgence, projection initiale, les lots tropicaux comme en janvier dernier, lors du et de lutte anti-vectorielle au profit séisme en Haïti. du PM. Elle a fourni des lots EVASAN L’action du service de santé des d’Evacuation médicale (MEDEVAC). armées s’inscrit dans le soutien des Durant toute la durée de l’opération, missions dévolues aux différentes cette unité a commandé, réceptionné composantes militaires : préparation et acheminé par voie aérienne opérationnelle, aguerrissement des militaire les lots spécifiques « antenne troupes et participation aux exercices, chirurgicale » puis les produits de échanges militaires avec les îles santé indispensables à l’AMCE.
un Poste médical (PM) et une et de convoyage sanitaire aux équipes
Deux régions, la Guadeloupe et la Martinique, constituent les Antilles françaises. La présence militaire regroupe les Forces armées aux Antilles (FAA), le Service militaire adapté (SMA) et la gendarmerie nationale, à raison d’un régiment et d’un commandement de gendarmerie (COMGEND) par région.
Le CMIA a démontré sa capacité o p é r a t i o n n e l l e . I l a a r m é simultanément un poste médical, avec sept personnels sur l’aéroport de Port-au-Prince et une antenne à l’ambassade de France, et des équipes MEDEVAC. Dans le même temps, il a continué d’assurer le fonctionnement médical de la base arrière sur le morne Desaix.
Ainsi cette opération, montée en moins d’une semaine par les FAA, montre bien la faisabilité de la mise en place d’un dispositif adapté aux secours d’urgence. Elle nécessite réactivité, adaptabilité et adhésion des personnels et des structures logistiques. Elle démontre qu’une DIASS peut se voir confier de telles attributions dans des circonstances exceptionnelles.
Médecin en chef Hervé Decoussy Directeur interarmées du service de santé des forces armées aux Antilles
(1) Essentiellement la Caraïbe
Opération
Les DIASS
Atalante
Chaque année, 20000 navires marchands et 30% des approvisionnements de pétrole à destination de l’Europe, transitent par le Golfe d’Aden. 90% de l’aide alimentaire destinée aux populations déplacées en Somalie est acheminé par cette route maritime. Face aux actes de piraterie dans cette région du monde, le Conseil européen a adopté, le 10 novembre 2008, l’action commune qui a permis le déclenchement, le 8 décembre, de l’opération Atalante menée par l’EU NAVFOR Somalie.
L’ intégralité du soutien santé de l’opération Atalante (du rôle 1 à 3) est assurée par l’Hôpital médico-chirurgical (HMC) Bouffard de Djibouti. En 2009, quarante-cinq militaires participant à cette opération ont consulté aux urgences, quinze ont été hospitalisés. Quarante actes de radiologie/scanner, une vingtaine de consultations spécialisées en ophtalmologie, chirurgie et ORL, trente interventions dentaires et vingt-six analyses de biologie médicale ont été réalisés. En tout, ce sont 127 militaires européens qui ont eu recours aux soins dispensés à l’HMC Bouffard, pour un montant total facturé de 54000 €. Cette prise en charge ne se limite pas à l’opération Atalante mais s’étend, en vertu d’accords bilatéraux, aux marins d’autres nations engagées dans la lutte contre la piraterie et aux victimes.
Pirates arraisonnés, victimes hospitalisées
Dans la nuit du 1 er au 2 janvier 2010, la Frégate légère furtive (FLF) Surcouf intercepte un boutre de pêche pakistanais piraté un mois plus tôt et s u s p e c t é d ’ a v o i r perpétré une attaque contre un navire de commerce le jour même, à environ 600 nautiques des côtes somaliennes. À son bord, les marins français portent secours à vingt-neuf membres d’équipage pakistanais abandonnés par les pirates. Un pêcheur, grièvement © MC Boete blessé, est évacué par hélicoptère et pris en charge sur la FLF Surcouf, puis transféré vers l’HMC Bouffard où il est hospitalisé six jours après. Guéri, il quitte l’hôpital trois semaines plus tard et a depuis regagné son pays. L’EU NAVFOR a supporté en totalité son hospitalisation.
Djibouti, place incontournable
Outre la force européenne, soit de sept à treize bâtiments à la mer, deux autres coalitions opèrent dans l’océan Indien : quatre navires de l’Ocean shield de l’OTAN et six bâtiments de l’US navy, en coopération avec les
Entrée du GMC devenu HMC Bouffard
marines russe, chinoise, indienne, espagnole, saoudienne, sud-coréenne et japonaise. La lutte contre la piraterie a contribué fortement à l’internationalisation de la place de Djibouti avec 360 escales de bâtiments de guerre de tous pays en 2009 et l’implantation d’une force japonaise. Dans ce contexte, le rôle de l’HMC Bouffard, déjà incontournable, s’en est trouvé conforté.
Capitaine Thierry Journet Officier supérieur adjoint HMC Bouffard - Djibouti
Dossier Les DIASS
Soutenir et former un bataillon somalien
En 2009, les Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) ont formé des jeunes recrues des forces de sécurité somaliennes.
Consultation d’un stagiaire somalien
Àla demande du président du Gouvernement fédéral de transition (GFT) de Somalie, la France a assuré, durant six semaines, la formation individuelle de 500 hommes des forces de ce pays. Il s’agit d’un engagement fort de la France pour soutenir le GFT somalien. La France a rempli cette mission en partenariat avec la République de Djibouti qui a permis que ce stage se déroule sur son territoire et a instruit le même nombre de recrues somaliennes dans son centre d’instruction situé à Hol-Hol.
Vérifier l’aptitude médicale
En quelques semaines, un camp de toile destiné à héberger les recrues et l’encadrement français est construit à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville de Djibouti. Dans des conditions de vie très difficiles, compte tenu de l’éloignement du camp, avec une chaleur entre 40 et 45°C pendant l’été et du vent, les personnels du Centre médical interarmées (CMIA), appartenant pour la plupart à l’antenne médicale du 5 e Régiment interarmes d’outre-mer (RIAOM), ont déterminé l’aptitude des candidats à suivre la formation. En effet, si la sélection des recrues est une responsabilité des autorités somaliennes, la visite médicale a permis d’écarter les individus qui n’étaient pas en mesure de suivre la formation pour diverses raisons telles que la tuberculose ou des séquelles fonctionnelles de blessures de guerre. Par ailleurs, une étude anthropométrique couplée à un entretien mené par les autorités militaires, a permis d’éliminer les stagiaires mineurs. Au total, trentesept recrues ont été remplacées. Le CMIA a également assuré le soutien sanitaire quotidien des activités et la formation au secourisme du personnel somalien. Ces missions ont mobilisé en permanence un médecin, un à deux infirmiers et deux brancardierssecouristes, ponctuellement renforcés lors des incorporations par un
© MC Boete
deuxième médecin du CMIA ou un médecin de la réserve opérationnelle venu de France pendant un mois. Au total, 535 visites d’incorporation, 1125 consultations et six hospitalisations à l’HMC Bouffard ont été effectuées au profit des stagiaires somaliens.
Médecin en chef Fabrice Boete Médecin-chef du centre médical interarmées - Djibouti
Camp de formation des forces somaliennes
Les DIASS Dossier
CMIA de Cayenne Guyane : des missions opérationnelles variées
Le Service de santé des Forces armées en Guyane (FAG) soutient plus de 4 000 militaires et gendarmes ainsi que leurs familles. Vivant, pour certains, dans des conditions isolées, ils sont confrontés à des pathologies tropicales comme la dengue, le paludisme ou la leishmaniose. Deux opérations particulières et deux éclairages différents sont présentés : l’opération Titan et l’opération Harpie.
Opération Titan
Depuis 1979, le 3 e Régiment étranger d’infanterie (REI) assure la protection externe des installations du Centre spatial guyanais (CSG) dans le cadre de l’opération Titan. Cette mission permanente de surveillance est renforcée lors du transfert des éléments du lanceur entre les différents halls de montage, de l’installation du lanceur sur son pas de tir et du lancement de la fusée. Opération Harpie Guyane ont participé à l’opération Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. Après un stage d’initiation à la vie en forêt de trois jours, elles ont alterné des séjours de deux à cinq semaines en base opérationnelle avancée et le travail dans les centres médicaux. Sans médecin, aidées d’un ou deux brancardiers-secouristes, elles ont soutenu des bases opérationnelles isolées, accessibles uniquement par pirogue, avion ou hélicoptère où sont déployés une quarantaine de militaires (1) . Guidées par des fiches pratiques validées, conseillées par les médecins d ’ u n i t é g r â c e à d e s l i a i s o n s téléphoniques par satellite, elles ont pris en charge des pathologies variées (ORL, digestives ou cutanées), des traumatismes et des accès palustres. Le soutien médical sur l’emprise du CSG est assuré par une équipe composée d’un médecin et de deux infirmiers appartenant au détachement de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Lors des phases de renforcement, une équipe du centre médical du 3 e REI est également mise en alerte. Elle peut déployer, sur ordre du PC militaire de Pariacabo, un poste médical avancé.
Poste médical
“BOA Chantal” Elles ont initié des évacuations médicales qui nécessitaient obligatoirement le déplacement d’un aéronef, parfois un hélitreuillage et souvent des vols et des atterrissages de nuit. Enfin, elles ont pris part à des patrouilles en forêt de cinq à sept jours en pirogue et à pied, portant non seulement le sac vie comme tout militaire mais également le sac de secours. Malgré des conditions de vie éprouvantes dans les bases opérationnelles, ces infirmières ont vécu une expérience et une aventure humaine inoubliables. Avec une dizaine de lancements Ariane par an, le début de la campagne de lancement des fusées Soyouz programmé en 2010, puis des fusées Vega en 2011, le service médical du 3 e REI restera particulièrement actif dans l’opération Titan.
Médecin principal Rémy Dubourg
Entre septembre 2009 et janvier 2010, six infirmières affectées en mission de courte durée en
Médecin-chef du 3 e REI - Kourou
En 2009, l’opération Harpie s’est soldée par la saisie de 6,7 kg d’or, l’arrestation de 300 travailleurs étrangers en situation illégale et la destruction de 200 mines et sites d’exploitation illégale. Cette opération se poursuit en 2010 et certaines infirmières envisagent de revenir en Guyane.
Infirmières de classe normale Tiphaine Bouloc et Laetitia Vernine
La Réunion, une fonction sur un territoire gigantesque
La zone d’influence des Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) s’étend sur une vaste étendue maritime, de l’Équateur jusqu’à la zone démilitarisée de la Terre Adélie et sur les pays de l’Afrique australe.
Dans cette zone, émergent des îles d’importance variable : Mayotte et les îles Éparses dans le canal du Mozambique à l’ouest de Madagascar, l’île de La Réunion et l’île de Tromelin à l’est de Madagascar, et les îles Crozet et Kerguelen plus au sud. Pour y assurer sa mission de souveraineté, la France y déploie 4200 militaires dont 1060 gendarmes, tous soutenus par le Service de santé des armées (SSA). Cette région du monde est particulièrement exposée aux catastrophes naturelles que ce soient des cyclones ou les éruptions volcaniques du Piton de la Fournaise sur l’île de La Réunion. Elle présente aussi des risques sanitaires particuliers tels qu’une potentielle épidémie de dengue dans la région et le paludisme autochtone dans le nord de l’île de Mayotte. Tous ces risques sont majorés par les migrations illégales de population.
Des compétences reconnues et un soutien aux autorités civiles
Le soutien santé des militaires positionnés sur les îles Éparses assuré par les Centres médicaux interarmées (CMIA) de Saint-Pierre et de Mayotte doit prendre en compte leur isolement. Le brancardier-secouriste dispose depuis peu d’un système de téléassistance médicale qui a amélioré la qualité des soins. À plusieurs reprises, un bilan complet de blessures a été effectué à distance par les médecins des CMIA permettant ainsi de guider le personnel paramédical dans ses soins et évitant également une Evacuation médicale (MEDEVAC). Par ailleurs, la DIASS prend en charge les MEDEVAC des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), en relation avec la préfecture qui gère ces territoires. À l’instar d’un Centre d’expertise médicale du personnel navigant (CEMPN) métropolitain, l’antenne de Sainte-Clotilde du CMIA de SaintDenis détermine l’aptitude de plusieurs centaines de personnels navigants au profit de la direction générale de l’aviation civile.
Des défis à relever maintenant
L’efficacité des forces européennes dans le cadre de l’opération Atalante et de celles de l’OTAN (1) a déplacé la piraterie des côtes somaliennes vers le sud de l’océan Indien, dans la zone des FAZSOI. Cette piraterie mobilise des bateaux de haute mer de la marine nationale mais aussi des équipes de protection embarquées à bord des chalutiers français basés aux Seychelles. Le soutien santé est assuré par la DIASS.
Dans le cadre de la modernisation du soutien des forces armées, la base de défense pilote des FAZSOI a été créée en début d’année, ce qui a nécessité de modifier en profondeur l’organisation locale. De façon concomitante, la fonction santé évolue par la création de trois CMIA, issus des services médicaux d’unité, et relevant dorénavant directement de la DIASS. Le CMIA de Saint-Denis au nord dispose de deux antennes (Le Port pour la marine et Sainte-Clotilde pour la base aérienne) auquel s’ajoutent ceux de Saint-Pierre au sud de l’île de La Réunion et de Mayotte à Dzaoudzi.
La France, via deux organisations internationales, la Commission de l’océan Indien (COI) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADEC), étend son influence militaire qui se concrétise par des demandes spécifiques de plusieurs pays de l’Afrique australe. Celles-ci concernent des équipements médicaux utilisés par le service de santé français ou son modèle d’organisation. Enfin, la situation politique à Madagascar est suivie par la France dans le cadre du lien historique qu’elle entretient avec ce pays. Les FAZSOI sont naturellement le relais militaire local qui participe à la perception de la situation et sont en charge d’une éventuelle récupération de ressortissants français d’Afrique australe en cas de troubles politiques ou sociaux.
Des défis pour l’avenir
Structures militaires relevant du ministère de l’Intérieur, le régiment du service militaire adapté de La Réunion et le groupement du service militaire adapté de Mayotte jouent un rôle majeur dans la réinsertion de jeunes non diplômés, constituant ainsi un réel facteur de stabilité sociale. L’augmentation du recrutement prévu dans les prochaines années entraînera une augmentation des visites médicales. Ces décisions ont des conséquences très concrètes pour le Service qui va devoir assurer ces nouvelles charges dans une situation contrainte.
médicale
La DIASS des FAZSOI agit sur un territoire maritime gigantesque. Elle relève en ce moment plusieurs challenges : le soutien médical des opérations militaires (lutte contre la piraterie et l’éventuelle évacuation de ressortissants français), sa réorganisation avec les nouveaux CMIA et la BdD, auxquels s’ajoute un support à la Tahiti et cinq atolls habités. atomique (AIEA) a effectué, à la demande de la France, le bilan radiologique des atolls de Moruroa et Fangataufa. Même si le rapport concluait à «l’impossibilité de pouvoir diagnostiquer médicalement un effet sanitaire attribuable aux doses de rayonnements reçues (doses estimées) » et n’estimait pas nécessaire de poursuivre la surveillance des atolls, le président de la République a décidé de poursuivre la surveillance de ces sites et de créer un comité de liaison
P4 sanitaire du 2 e
RPIMa en cours d’homologation
coopération militaire avec les pays de l’océan Indien et de l’Afrique australe.
Médecin chef des services Jean-Michel Clère Directeur interarmées du service de santé des forces armées de la zone Sud
Entre 1962 et 1996, 195 tirs nucléaires ont été réalisés par le Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) à Moruroa et Fangataufa, atolls isolés de la Polynésie française situés à 1200 km de Tahiti. Malgré les précautions prises à l’époque, des tirs sont à l’origine de retombées de radionucléides sur
Après l’arrêt des essais n u c l é a i r e s , l ’ A g e n c e internationale de l’énergie de l’océan Indien interministériel de suivi sanitaire des essais nucléaires français.
Le centre médical de suivi
Conformément aux recommandations du comité, un Centre médical de suivi (CMS) de l’état sanitaire des anciens travailleurs du CEP et des populations proches de Moruroa est créé le 30 août 2007. Il est chargé d’identifier l’impact sanitaire des essais nucléaires français. Placé sous la tutelle du ministère de la santé de Polynésie, il est situé à Papeete. Il est dirigé par un médecin des armées, assisté d’un infirmier et d’une secrétaire, personnel civil de la Défense. Trois lieux de consultation existent à Tahiti et l’équipe se déplace deux fois par an sur chacun des quatre atolls figurant aux recommandations du comité.
Un suivi épidémiologique difficile
La visite médicale annuelle reste classique avec la réalisation d’une numération-formule sanguine. Des examens complémentaires sont effectués à la demande du médecin. Le suivi des anciens travailleurs du nucléaire qui sont toujours en activité
au sein de la Défense est réalisé au cours de la visite de médecine de prévention. Lors du déplacement sur les atolls, le médecin du CMS examine les habitants de plus de vingt-cinq ans qui entrent dans le cadre du projet. Il reçoit aussi les autres habitants au titre de la protection maternelle et infantile, de la médecine scolaire, du suivi des affectations de longue durée, etc. Ces actions de santé publique sont coordonnées avec le dispensaire des Tuamotu-Gambier.
Malgré la campagne de communication du ministère de la santé en langues française et tahitienne, le CMS est peu sollicité à Papeete. Au terme d’un peu plus de deux années, 1 052 patients ont fait l’objet d’un suivi médical. Les données épidémiologiques recueillies sont donc partielles et émaillées de biais : les malades ont tendance à consulter plus fréquemment, les niveaux d’exposition aux rayonnements ionisants sont difficiles à évaluer, d’autres facteurs de risque sont présents (tabac, alcool,...). Par ailleurs, les comparaisons de morbidité et de mortalité sont difficiles avec les autres habitants de Polynésie car le registre des cancers est récent et les certificats de décès incomplets.
Activités du CMS
1 052 personnes suivies : - 739 anciens travailleurs, - 313 habitants des atolls 992 consultations de santé publique
L’actualité
En décembre 2009, la loi dite Morin, initiée par le ministre de la Défense, est votée. Elle prévoit d’indemniser les personnes souffrant d’une maladie radio-induite du fait des essais nucléaires. Tout malade bénéficie de la présomption de causalité dès lors qu’ il a séjourné ou résidé sur un lieu
© DSND
Les zones de protection mises en place lors d’un essai atmosphérique
Ministère de la Santé de Polynésie
géographique et à un temps précisés dans le décret d’application à paraître. La liste des maladies radio-induites retenues figurera également dans le décret. Un comité d’indemnisation composé de magistrats, de spécialistes en santé publique, radioprotection et réparation du dommage corporel, émettra une recommandation sur les suites qu’il convient de donner à la demande d’indemnisation. Le ministre de la Défense notifiera l’offre d’indemnisation au demandeur. Une commission consultative, élargie aux représentants des assemblées (France, Polynésie) et aux associations, est chargée du suivi de l’application de la loi et formule des recommandations comme la modification de la liste des maladies.
L’avenir en Polynésie porte sur la mise en œuvre de cette loi et sur la prise
© DIASS PF
en compte de mesures pour l’environnement : réhabilitation des anciens sites nucléaires et suivi radiologique et mécanique des atolls. Il faut souligner l’attachement des anciens travailleurs à la France et leur volonté de respecter les clauses de confidentialité prévues dans leur contrat de travail, y compris lors du colloque singulier avec le médecin. On a bien l’impression qu’ils ont vécu au CEP une “tranche de vie” qui restera gravée en eux à jamais.
Médecin en chef Bruno Massit Médecin chef des services Alain Leroux Direction interarmées du service de santé en Polynésie française
Crash aérien
Les DIASS Dossier
au Vanuatu
Dans l’après-midi du 19 décembre 2008, un avion de la compagnie Air Vanuatu s’écrase dans la chaîne montagneuse centrale de l’île de Santo (Vanuatu) avec, à son bord, huit passagers et deux membres d’équipage. Une mission d’assistance est déclenchée.
Les conditions météorologiques sont très défavorables en raison d’une forte dépression sur l’archipel. Dans cet environnement particulièrement hostile de sommets escarpés couverts d’une forêt tropicale dense, battus par les bourrasques de vent et les grains, un petit hélicoptère local arrive à repérer le lieu du crash à une altitude de 1 300 mètres.
Faute de treuil pour les déposer à terre, un infirmier canadien coopérant et un policier vanuatais sautent dans la végétation pour porter secours aux victimes. Sur place, ils découvrent le pilote décédé. Le copilote est grièvement blessé et présente un traumatisme thoracique. N’espérant aucun secours, les passagers, légèrement blessés, ont quitté l’avion.
Des plongeurs dans la forêt tropicale
Ne disposant pas d’hélicoptère lourd avec treuil capable d’intervenir, le Vanuatu sollicite alors l’aide de la France via sa représentation diplomatique. Les forces armées en Nouvelle-Calédonie sont chargées de cette mission d’assistance. Une intervention étant impossible de nuit, c’est le lendemain à cinq heures qu’un Puma de l’escadron de transport outremer décolle de la base de Tontouta. Chargé de deux réservoirs supplémentaires, il transporte deux plongeurs sauveteurs de la gendarmerie nationale, le médecin-chef et un infirmier de la base aéronavale.
Après avoir difficilement repéré le lieu du crash dans les rares trouées de la couverture nuageuse, une véritable course contre le temps débute. L’équipe médicale est hélitreuillée sur le site et procède rapidement aux gestes de stabilisation de la fonction respiratoire du blessé. Celui-ci est déplacé de quelques mètres en contrebas de l’épave de l’avion puis treuillé à travers la végétation. Transporté immédiatement à l’hôpital de Santo, puis à Port-Vila, il est ensuite évacué vers un hôpital australien de Brisbane. Les passagers sont ensuite retrouvés par le Puma et l’équipe médicale.
Cette opération exceptionnelle de sauvetage s’ajoute aux missions de secours menées par les personnels de la DIASS en Nouvelle-Calédonie : cyclone à Popondetta (Papouasie Nouvelle-Guinée) en novembre 2007, inondations à Guadalcanal (îles Salomon) en février 2009, tsunami à Niuatoputapu (Tonga) en octobre 2009 et éruption volcanique à Gaua (Vanuatu) en décembre 2009.
Médecin en chef Jean-Luc Tudal Directeur interarmées du service de santé des forces armées en Nouvelle-Calédonie
Survol de la zone du crash
Secours aux victimes
Être kinésithérapeutemilitaire
La France, comme les pays de l’OTAN, envoie des Masseurs-kinésithérapeutes (MK) en Opération extérieure (OPEX). Depuis septembre 2009, un kinésithérapeute portugais travaille au sein de l’HMC KAIA. Ces professionnels de la rééducation, encadrée au niveau du Service par le consultant national, permettent au militaire accidenté de réintégrer rapidement son emploi opérationnel. Le masseur-kinésithérapeute cadre de santé Michel Poujade témoigne.
À bord du Charles de Gaulle
© MKCaS Poujade
ACTUSANTÉ :
La profession de kinésithérapeute militaire est méconnue, pouvezvous nous en dire plus ?
MKCaS Michel Poujade :
C’est aux États-Unis, en 1926, que les premiers physiothérapeutes des armées sont recrutés pour répondre aux besoins en thérapie de reconstruction des soldats. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le concept de reconstruction et réadaptation médicale apparaît. Cette spécificité se développe grâce à une demande croissante au profit des blessés de guerre.
AS : Comment le SSA recrute-t-il ses kinésithérapeutes ?
MP :68 kinésithérapeutes travaillent pour le Service de santé des armées (SSA), dont quarante-quatre sous statut MITHA. Le MK est recruté sur titre parmi des candidats de nationalité française, titulaires du diplôme d’État et médicalement aptes. Le jeune engagé suit une formation militaire initiale d’un mois à Châteaulin et porte des galons d’apparence de sous-officier.
Fin 2009, un septième kinésithérapeute sous statut MITHA, a été recruté dans l’unité de Médecine physique et de réadaptation (MPR) de l’HIA Sainte-Anne de Toulon. Grâce à une annonce sur un site internet spécialisé, les critères de recrutement ont pu être affinés : pratique courante de l’anglais pour les OPEX, détention d’un Diplôme universitaire (DU) de sport et de connaissances en thérapie manuelle pour le suivi physique des militaires.
AS : Au sein de l’OTAN, comment sont employés les physiothérapeutes des forces ?
MP :Les physiothérapeutes des forces de l’OTAN sont régulièrement déployés sur les théâtres d’opérations. La France, en 2002, a embarqué le premier kinésithérapeute MITHA sur le porteavions nucléaire Charles de Gaulle durant la mission Héraclès, pour soutenir les personnels navigant et du bord. Depuis, trois pairs ont participé à des missions du groupe aéronaval. La prochaine mission est prévue d’octobre 2010 à février 2011. En 2000, des physiothérapeutes des forces canadiennes sont affectés, à l’essai, en Bosnie. Après avoir constaté qu’un militaire blessé pouvait reprendre son poste après traitement, au lieu d’être rapatrié et remplacé, ils sont envoyés sur la base de Kandahar en Afghanistan depuis 2009. Le domaine d’exercice des Américains est avant tout opérationnel. L’Irak, l’Afghanistan, les Balkans sont les principales zones d’intervention des physical therapists. Le cadre d’intervention des Anglais est large : en hôpital de campagne, en Afghanistan et dans les Balkans ou en unités régionales de réhabilitation. Hors OPEX, l’activité des physiothérapeutes ou kinésithérapeutes de l’OTAN s’exerce principalement au sein des hôpitaux militaires.
AS : Quelles sont les compétences spécifiques d’un physiothérapeute des forces ?
MP :Le candidat désigné pour une OPEX doit avoir une pratique hospitalière polyvalente, qu’il s’agisse de l’évaluation ou du suivi du sportif. Au-delà des compétences, les kinésithérapeutes militaires portent conseil, préviennent, éduquent et traitent les déficiences et incapacités. Ces paramédicaux contribuent par leur savoir-faire à soutenir efficacement les unités sur le terrain et dans les services hospitaliers. La qualité de leurs soins valorise et crédibilise notre profession dans le milieu militaire comme civil.
Propos recueillis par la rédaction d’Actu Santé