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Ambroise Paré, précurseur de la chirurgie
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Nous célébrons cette année les 500 ans de la naissance d’Ambroise Paré, que les médecins militaires français et européens considèrent comme leur ancêtre. Même s’il n’existait pas de service de santé militaire au XVI e siècle, sa vie et son œuvre, consacrées aux blessés des campagnes de la Renaissance puis des guerres de religion, font de lui le premier chirurgien des armées françaises. L’hôpital militaire de Rennes, fermé après plus de deux siècles d’existence portait son nom.
Ambroise Paré est né en 1510 à Bourg Hersent, en M a y e n n e . A p p r e n t i chirurgien à Angers, il devient ensuite compagnon barbier à l’Hôtel Dieu de Paris. « playes d’hacquebutes». Il est choqué par la pratique de l’époque leur faisait appliquer de l’huile bouillante. En 1541, il est incorporé dans la communauté des chirurgiens de Saint-Côme et Saint-Damien. Dès 1542 il repart en campagne. Au siège de Perpignan, il sauve le grand maître de l’artillerie, Monsieur de Brissac, en réussissant une difficile extraction de balle. Les hostilités étant suspendues l’hiver, Paré en profite pour écrire son fameux traité « Méthode de traicter les playes faites par hacquebutes et autres bastons à feu et de celles qui sont faites par flèches, dartz et semblables ; aussi des combustions espécialement faictes par la poudre à canon ». La campagne de 1545 contre les Anglais lui donne l’occasion de soigner le duc François de Guise, gravement blessé à la face par une lance lors du siège de Boulogne. Henri II le nomme « chirurgien du Roi ». Il suit son roi en Lorraine en 1552 et y applique la ligature des artères lors des amputations. En 1559, il ne peut rien faire pour sauver le souverain
Manquant d’argent pour passer ses Il sert ensuite François II, Charles IX examens, il rejoint les armées de puis Henri III. Ce chirurgien de quatre François 1 er . Il reçoit le baptême du rois s’éteint en 1590, après avoir feu au Pas-de-Suze où il découvre les participé à quarante campagnes de dégâts des « armes modernes », les guerre. qui, considérant ces plaies Ambroise Paré comme « vénéneuses », au siège de Metz, 1552
gravement blessé en tournoi. Son œuvre considérable, étonnamment moderne, le rend très proche des préoccupations des médecins des armées d’aujourd’hui : adaptation des soins aux conséquences de l’emploi des armes modernes, progrès techniques induits par la contrainte de l’exercice en situation précaire et soulagement des souffrances du combattant blessé.
Le manque d’huile pour brûler les plaies par armes à feu le conduit à utiliser avec succès un mélange de
© Musée du SSA
Portrait d’Ambroise Paré Huile sur toile par Cyprien-Eugène Boulet, 1919
jaune d’œuf, d’huile Rosat (1) et de térébenthine. Il en tirera la résolution de ne « jamais plus brusler ainsi les pauvres blesséz de hacquebutes ».
Il s’attache par contre à éliminer les corps étrangers « choses estranges comme portions d’habitz, pièces de harnoys, mailles, ballotte, dragée, esquilles d’os, chair dilatté ». L’extraction des projectiles l’amène à développer ou à améliorer des instruments qui seront © Musée du SSA utilisés pendant des siècles : pinces à bec de cane, tire fonds (qui deviendra ensuite tire-balles), etc. En appliquant la ligature des artères aux amputations de membres, il en améliore le pronostic et épargne aux blessés la cautérisation par fer rouge. L’amputation devient dès lors un geste majeur qui sauvera des centaines de vies.
Il est donc légitime que les médecins des armées du XXI e siècle reconnaissent Ambroise Paré comme leur précurseur, voire leur « père fondateur ».
Médecin général inspecteur Marc Morillon IRBA - antenne de Marseille, IMTSSA
(1) Huile extraite d’un géranium, réputée antibactérienne et hémostatique.